l'Agronomie
EXPOSÉS
A AG 503 E2 9100
Rédacteur : Mme Martine COULON
Ingénieur en Agriculture
e-mail : joc.michel@wanadoo.fr
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collectif, d'enseignement ou d'information. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit,
photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre constitue un délit passible des peines prévues par la
loi du 11 mars 1957.
INTRODUCTION
Les bovins sont des animaux qui naturellement se nourrissent en pâturant. Lorsqu'il en a
entrepris l'élevage, l'homme a progressivement essayé de leur fournir d'autres fourrages
notamment pour les nourrir convenablement à n'importe quelle époque de l'année.
A l'heure actuelle, la production de fourrages est devenue un point essentiel de la
réussite en élevage bovin. Les possibilités sont nombreuses de par l'adaptation de
nouvelles espèces, de nouveaux procédés de récolte et de conservation.
La fourniture d'aliments pour les bovins se situe donc dans un ensemble très complexe
où de nombreux facteurs interviennent : facteurs agronomiques, climatiques et
économiques sans oublier l'adaptation du système au type de production (lait ou
viande).
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................................. 3
Chapitre 1 : LE CLIMAT................................................................................................................... 9
CONCLUSION .............................................................................................................................139
LES BASES AGRONOMIQUES
ET PHYTOTECHNIQUES
Chapitre 1 :
LE CLIMAT
9
Chapitre 1 : Le climat
CLIMAT
MILIEU BIOLOGIQUE
(Ex. : parasites SOL
adventices)
PLANTE
Rendement
et qualité
Interventions
de l'homme
1.3.1. La lumière
La lumière est source d'énergie pour la plante.
1.3.1.1. Absorption
Une partie est absorbée par la plante (une autre est "perdue" par réflexion du
rayonnement et par la circulation de l'air).
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Chapitre 1 : Le climat
1.3.1.2. Transpiration
La plante "s'oppose" à une trop grande augmentation de sa température en transpirant
(application : le rayonnement sera pris en compte dans des formules permettant de
calculer le pouvoir évaporant et transpirant de l'air, ou ETP).
chlorophylle
↑
énergie lumineuse
Lumière
solaire
ROUGE
Couleurs visibles
de l'arc-en-ciel
VIOLET
Prisme
Ultra-violets (non visibles)
Ecran
11
Chapitre 1 : Le climat
12
Chapitre 1 : Le climat
1.3.2. La température
La plante nécessite une certaine chaleur pour sa croissance et son développement. Une
partie de ce développement se déroule dans le sol (germination, croissance des racines).
On mesurera donc la température de l'air et du sol (intéressante en particulier pour les
semis).
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Chapitre 1 : Le climat
Pour une espèce et variété donnée, le passage d'un stade à un autre nécessite une
somme de température constante (= somme des quantités de chaleur reçues par jour).
T Intérêts :
• En connaissant les besoins en sommes de températures des espèces et variétés
et en comparant avec les possibilités climatiques de la région, on pourra choisir la
variété la mieux adaptée pour qu'elle arrive à maturité sans problème. C'est le cas
du maïs : les besoins de chaque variété sont bien connus. Des cartes ont été
établies, donnant les sommes de températures disponibles par région et pour
certaines périodes.
Suivant les dates de semis et de récolte, le choix d'une variété adaptée est facile
à réaliser.
• On peut classer les espèces et variétés selon leurs besoins, c'est-à-dire selon leur
précocité.
• Les dates d'apparition des stades d'une variété donnée, pour une région
déterminée, peuvent être prévues selon les données climatiques moyennes (on
pourra éviter le choix d'une variété dont les stades sensibles coïncideraient avec
des périodes à risques de gel…).
T Applications
• Les besoins en froid des variétés de céréales (ou fourrages) influent sur leur date
de semis (production d'herbe uniquement ou d'épis selon la date de semis !) Il
existe des variétés d'hiver et alternatives avec toute une gamme entre les deux.
• Le forçage des tulipes est basé sur une bonne connaissance des exigences
thermiques du bulbe, etc.
Remarque : la température ou l'alternance de température peuvent intervenir également
sur des levées de dormance (dormance = l'organe ne croît pas, bien que les conditions
soient favorables) et sur la tubérisation.
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Chapitre 1 : Le climat
T Les gelées
Les basses températures entraînent la formation de glace dans les espaces inter-
cellulaires. L'eau sort des cellules pour geler à l'extérieur. Leur activité est alors
déséquilibrée et la mort des tissus peut s'ensuivre. Si le gel est très intense, l'eau gèle à
l'intérieur des cellules.
Conséquences : pendant la période d'arrêt végétatif, la plante est peu sensible, les
tissus étant assez secs. La résistance au froid dépend de l'espèce, de la variété de son
stade de développement. Il faudra donc choisir la variété en fonction des risques de
gelée. On diminuera également les risques en semant à une date qui permette à la
culture d'atteindre un stade de développement résistant au froid au moment où les
premières gelées apparaissent.
Cependant, si un froid brutal survient, une plante, même résistante gèlera. Le végétal
doit s'adapter peu à peu au froid (= phénomène d'endurcissement).
1.3.3. L'eau
15
Chapitre 1 : Le climat
l'extérieur). Le transport des substances élaborées par les feuilles vers les autres
organes (dont les racines) se fait par la SÈVE ÉLABORÉE.
En conséquence, la production de matière sèche est liée au taux de transpiration. Cette
dernière dépend en particulier de la "demande climatique" (ou ETP : voir plus loin), et de
la disponibilité en eau dans le sol (intervention du type de sol, de son humidité, etc.).
1.3.4. Le vent
Ce sont surtout ses effets nuisibles qui sont pris en compte lorsqu'il est important :
• Il peut lacérer le feuillage, faire verser les cultures, déformer les arbres mais
également éroder et endommager les bâtiments (serres, hangars).
• Il refroidit le sol, les bâtiments…
• Il augmente l'ETP et dessèche l'atmosphère : la plante, en fermant ses stomates,
diminue sa transpiration mais encore plus sa photosynthèse (= diminution de la
production de matière sèche et de l'efficacité de l'eau consommée).
• Il transporte le pollen mais également les graines de "mauvaises herbes".
Le seul moyen de lutter contre le vent consiste en l'installation ou le maintien de brise
vents (artificiels ou haies).
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Chapitre 1 : Le climat
2.1. La lumière
T En un lieu donné, le rayonnement (ou "énergie") que reçoit le sol est constitué du
rayonnement global à courte longueur d'onde (= rayonnement solaire – pertes
diverses).
T Par contre, le sol en perd une partie en le renvoyant dans l'atmosphère (réflexion). Il
émet également des radiations de grande longueur d'onde dont une partie est arrêtée
par les nuages et renvoyée vers le sol (soit Ra).
Bilan au niveau du sol :
Gains Pertes
Ce bilan est négatif la nuit (le rayonnement global est nul et le rayonnement réfléchi
aussi puisqu'il n'y a pas de soleil) : le sol se refroidit.
T Les mesures de rayonnements sont pratiqués surtout par les stations de recherches.
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Chapitre 1 : Le climat
2.2. La température
On mesure la température de l'air, mais également celle du sol.
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Chapitre 1 : Le climat
T Température de l'air
La température en général diminue avec l'altitude (sauf l'air en contact avec le sol qui
peut être plus chaud).
Un thermomètre placé en plein soleil absorbe de la chaleur selon ses propres caracté-
ristiques, en renvoie une partie… Il n'indique pas la température de l'air mais sa propre
température !
Cheminée
Donc, pour avoir une température repré-
sentative du lieu (et que l'on pourra comparer
à d'autres lieux), on place les thermomètres
dans un abri, en augmentant les échanges
avec l'air (= provoquer des remous). Air
Persiennes
Les caractéristiques de l'abri, la hauteur
(1,50 à 2 m), l'emplacement (à distance d'au
moins 3 fois la hauteur d'un obstacle, sur sol
enherbé, portes orientées vers le Nord…) Chicanes
sont standardisées.
Figure 1-7 : Coupe transversale de l'abri.
19
Chapitre 1 : Le climat
T Température du sol
Ses variations en surface sont importantes (il reçoit la chaleur du soleil le jour et se
refroidit la nuit). Ces variations en profondeur sont déphasées par rapport à la surface (le
temps que la chaleur soit conduite). On mesure donc la température à plusieurs
profondeurs (10 cm – 50 cm – 1 m), en plaçant les thermomètres dans des galeries.
Ces températures sont intéressantes en particulier pour les semis.
2.3. L'eau
L'eau se présente sous différentes formes.
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Chapitre 1 : Le climat
T Cette vapeur peut se condenser (= eau liquide) par refroidissement, donnant des
brouillards ou des nuages (la nébulosité est estimée 3 fois par jour dans les stations
météo). Les gouttelettes de petite dimension restent en suspension.
Elles peuvent grossir et tomber sous l'effet de leur poids sous forme de pluie, grêle,
neige (et rosée) = précipitations. Il faut des "impuretés" pour que ce phénomène se
produise (ex. : sel). C'est pourquoi on essaie d'inséminer les nuages avec divers produits
pour provoquer des pluies ou lutter contre la grêle en déclenchant la descente de petits
grêlons sans attendre leur grossissement. Mais la technique n'est pas au point !
2.3.3. Mesures
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Chapitre 1 : Le climat
T Précipitations
La quantité d'eau est mesurée par un pluviomètre en plastique répondant à des normes
strictes (ainsi que son emplacement : loin des obstacles, bord supérieur de la bague de
l'entonnoir horizontal et à 1 m au-dessus du sol…).
Les relevés sont quotidiens.
Réception
Pivot Evacuation
Figure 1-9
22
Chapitre 1 : Le climat
T ETP
Elle peut être calculée à partir de plusieurs
paramètres climatiques (dont le rayon-
nement global).
Ces informations sont disponibles dans les
stations départementales de la Météo-
rologie Nationale.
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Chapitre 1 : Le climat
2.4.1. Le vent
Sa direction est mesurée par des girouettes ; sa vitesse par des anémomètres à hélices
ou à moulinets directement reliés à la station.
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Chapitre 1 : Le climat
Echelle des données : pour l'agriculteur ou l'horticulteur, le climat devrait être étudié au
niveau de chaque parcelle (= microclimat). En fait, le producteur doit se référer au poste
météo le plus représentatif. C'est le climat local, défini au niveau de plusieurs
communes ou cantons qui est le plus intéressant.
Le climat régional, quant à lui, donne les grandes tendances et devient plus difficile à
utiliser au niveau de l'exploitation.
25
Chapitre 1 : Le climat
26
Chapitre 1 : Le climat
Certains paramètres climatiques sont également reportés sur des cartes (voir "Somme
des températures" - Atlas climatique).
3.1.3. Exemples
• Comparaison des sommes de températures disponibles 4 années sur 5, dans une
région, selon la date de semis et de récolte du maïs, et des besoins des variétés
de maïs. Choix d'une variété adaptée.
• Détermination des dates de réalisation des stades des cultures sur une région.
• Evaluation des risques d'accidents climatiques en fonction du développement des
cultures (et choix des espèces ou variétés).
• Choix d'assolement, d'équipement, d'organisation du travail grâce à la
détermination des jours disponibles 8 années sur 10 pour tel ou tel type de travail
(ils sont déterminés par l'observation sur le terrain sur plusieurs années).
• Choix d'équipement pour lutter contre le gel, pour irriguer, etc.
27
Chapitre 1 : Le climat
Il ne faut pas oublier que les facteurs climatiques sont liés et que la modification de l'un
d'eux peut entraîner la variation d'un autre (exemples : température et humidité –
rayonnement et température…)
Les agriculteurs agissent le plus souvent préventivement en adaptant cultures, variétés
et techniques culturales au climat local.
Les horticulteurs, par contre, possèdent de plus nombreuses possibilités d'action (dans
la mesure où elles sont rentables économiquement).
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Chapitre 1 : Le climat
4.3.1. L'hygrométrie
• Elle est augmentée par divers systèmes sous abri : bassinages, mist-system
(vaporisation d'eau) ou cooling system (= l'air de la serre s'humidifie en passant
à travers un matelas humide).
• Elle est diminuée par aération ou ventilation.
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Chapitre 1 : Le climat
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Chapitre 1 : Le climat
4.5.2. La grêle
La lutte n'est pas encore au point et fait l'objet de nombreuses recherches.
La détection des nuages à grêle peut se faire par les radars. On essaie d'inséminer les
nuages avec des particules (iodure d'argent) pour multiplier la formation du nombre de
grêlons. Ceux-ci seront donc plus petits et donc "moins dangereux".
La lutte passive consiste en la pose de filets mais leur coût est très élevée.
Le meilleur moyen de se prémunir contre cet accident climatique reste l'assurance
"Grêle".
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Chapitre 2 :
LE SOL
1.1.1.1. Origine
Au départ, la roche affleure en surface : on l'appelle la roche-mère. Elle va subir une
série de transformations physiques, chimiques, biologiques et donner naissance au sol.
La nature de la roche-mère (granitique ou calcaire, par exemple), influence donc le type
de sol formé. La consultation de carte géologique permet déjà de donner des indications
sur le sol à étudier.
T Sol jeune
La roche-mère est soumise aux
agents d'érosion (eau, vent, gel,
etc.)
• qui la désagrègent, donnant
naissance à des particules de
plus en plus petites ;
• ces dernières sont attaquées
chimiquement et donc trans-
Figure 2-1 : Sol jeune (profil pédologique).
formées ;
• en même temps, le sol est colonisé par des végétaux et animaux, qui contribuent
à son évolution et laissent à leur mort de la matière organique.
33
Chapitre 2 : Le sol
Conséquences : le sol jeune présente encore dans son profil (= coupe du sol) de
nombreux cailloux et est peu profond. Il est formé également de fines particules (plus ou
moins identiques à la roche-mère) dites minérales et de la matière organique.
T Sol évolué
La désagrégation se poursuit. Les pluies
"trient" les particules en entraînant en
profondeur les éléments les plus fins (et les
éléments solubles).
Conséquences : le sol s'approfondit et des
couches ou horizons se différencient sur le
profil. Certains sont appauvris (nommés A)
et d'autres enrichis (B).
Les cailloux disparaissent peu à peu des
horizons de surface. Figure 2-2 : Sol évolué (profil pédologique).
T Pédologie
La pédologie n'est donc pas orientée spécifiquement vers les productions agricoles (et
horticoles). Mais les cartes pédologiques peuvent donner quelques indications sur les
propriétés du sol vis-à-vis des cultures.
(ex. : sol jeune, donc peu profond. Le volume de terre disponible pour les racines est
peu important : risques de sécheresse, difficultés de nutrition possibles…)
Des études pédologiques sont aussi nécessaires pour entreprendre des actions d'amé-
lioration à long terme (ex. : drainage).
T Agrologie
Par contre, pour décider d'interventions culturales à plus court terme, il faut étudier le
sol en tant que facteur de productions agricoles : il s'agit de l'agrologie.
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Chapitre 2 : Le sol
Définition agrologique du sol : "Le sol agricole est la partie de la couche superficielle de
l'écorce terrestre qui, grâce à sa structure meuble et sa composition physico-chimique,
est en mesure d'assurer un développement normal des végétaux cultivés".
1.1.4. Conclusion
L'agrologie étudie donc le sol et ses propriétés physiques, chimiques, biologiques qui
interviennent sur les cultures ainsi que les moyens de les améliorer. C'est le plan que
nous suivrons dans les séries et séquences ultérieures.
La pédologie et l'agrologie ont quand même de nombreux points communs, le support
de leur étude étant identique. Mais les méthodes d'étude et leurs objectifs sont
différents (un exemple : l'observation du sol en profondeur s'appelle, en agrologie, profil
cultural et ne différencie pas les mêmes horizons que le profil pédologique. Le sol est
étudié en tant que milieu de développement des racines et non selon son évolution).
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Chapitre 2 : Le sol
T La fraction liquide
Elle est constituée d'eau contenant des substances dissoutes (en particulier éléments
nutritifs).
Les racines puisent ce liquide pour satisfaire les besoins nutritifs (en eau et éléments) de
la plante.
T La fraction gazeuse
Elle est constituée d'"air" auquel se sont mêlés des gaz provenant de la vie des
organismes vivant dans le sol (dont la respiration des racines) et de leur activité.
Les racines doivent y trouver suffisamment d'oxygène.
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Chapitre 2 : Le sol
T La fraction solide
On distingue, selon leur nature et origine : les constituants minéraux (origine = roches)
et les constituants organiques (origine = êtres vivants).
2.1.1.1. Classification
Cette classification doit permettre de caractériser le sol et son comportement vis-à-vis
du climat, des outils, des besoins des cultures et être facile à mettre en œuvre pour
analyser un échantillon de sol.
La classification répondant le mieux à ces exigences consiste à "trier" les éléments
minéraux selon leur grosseur = classification granulométrique.
Lors de l'analyse d'un échantillon, on déterminera la quantité d'éléments présents dans
chaque classe. De cette répartition dépendront en partie les propriétés du sol.
2 cm 2 mm 200 μ 50 μ 20 μ 2μ
éléments
grossiers terre fine
tamis
= refus au tamis
• Lorsque le sol contient beaucoup de sables, on peut déjà prévoir qu'il sera
perméable, séchant, facile à travailler, mais usant, se réchauffera vite…
• Les limons donnent au sol un caractère battant et asphyxiant :
– Le sol se tasse facilement sous les pluies et les outils.
– Les pluies forment en surface une croûte (en entraînant ces éléments fins
dans les pores de surface). Cette croûte est appelée croûte de battance.
• Les sables fins ont un comportement intermédiaire entre sables et limons.
• Graviers et cailloux rendent le sol filtrant mais diminuent le volume exploité par
les racines.
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Chapitre 2 : Le sol
La proportion des différents éléments présents dans un sol permet déjà de prévoir
quelques-uns de ses propriétés mais elle ne suffit pas. Il faudra tenir compte d'autres
facteurs (taux d'argile, de matières organiques, de calcium…).
T Définition
Un colloïde est formé de grosses molécules1 qui peuvent se maintenir en suspension
dans l'eau. Ces molécules sont chargées "d'électricité" négative et se repoussent
mutuellement dans l'eau, ce qui leur permet de rester en suspension. Le colloïde est
alors à l'état dispersé.
Floculation : si on ajoute des ions2 positifs (exemple : calcium), ils vont permettre la
création de liaisons entre les molécules négatives. Elles se séparent alors de l'eau.
T Intérêt agricole
L'argile forme une "colle" autour des autres éléments. Si elle est à l'état dispersé, la
pluie entraîne ses molécules qui vont boucher les pores.
1
molécule : plus petite portion d'un corps pur existant à l'état libre. Formée d'atomes liés entre eux.
2
ion : atome (ou groupe d'atomes) chargé électriquement. Ion positif = cation. Ion négatif = anion.
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Chapitre 2 : Le sol
T Les cristaux d'argile ont une structure feuilletée caractérisée par la distance entre
feuillets et les charges sur ces feuillets.
Selon cette distance, on distingue plusieurs types d'argile (kaolinite, illite,
montmorillonnite).
T Conséquences
• Les feuillets chargés négativement peuvent fixer à leur surface des ions positifs
(ex. : potassium K+ des engrais).
• Les feuillets peuvent bouger les uns par rapport aux autres. Ils s'éloignent ou se
rapprochent sous l'effet de l'humectation et de la dessiccation. L'argile sera
gonflante ou se rétractera (= phénomène de gonflement et retrait). Mouillée, elle
sera plastique et adhésive.
• Les feuillets peuvent emprisonner certains ions (ex. : potassium K+) qui ne
ressortiront que difficilement. C'est la rétrogradation qui soustrait une partie de la
fumure potassique aux racines.
39
Chapitre 2 : Le sol
Ces propriétés sont plus ou moins développées selon le type d'argile présent (ainsi que
l'état de floculation et la présence de matière organique).
Remarque : quelques charges positives existent également sur les argiles en particulier
celles dues à la présence de colloïdes électropositifs comme les "hydroxydes de fer et
d'alumine".
Applications agricoles
• Les argiles pourront jouer le rôle de réservoir pour les éléments nutritifs chargés
positivement (ex. : K+) et les phosphates.
Dans le cas du potassium, il faudra compenser, lors des apports d'engrais, la
quantité qui est rétrogradée.
• Elles sont floculées par le calcium qui permet aussi de réduire ses propriétés de
plasticité, d'adhésivité. Le sol est alors aéré, perméable et facile à travailler et
donc favorable aux cultures en présence d'une quantité suffisante de calcium.
• La quantité seule d'argile, donnée par l'analyse de sol, ne permet pas de porter un
jugement précis sur le comportement du sol : il dépendra également du taux de
calcium (de matière organique), du type d'argile prédominant, etc.
• Le sol abrite des êtres vivants (plusieurs tonnes à l'hectare !) qui, à leur mort,
donnent de la matière organique fraîche. Ces substances complexes sont
décomposées par l'activité biologique du sol en plus petites molécules.
• Cette décomposition aboutit à la formation de produits transitoires plus ou moins
simplifiés, mêlés à des corps microbiens, et à la libération de sels minéraux, gaz…
• Ces produits sont remaniés par l'activité microbienne (et des phénomènes
physiques), et donnent des produits plus complexes à grosses molécules :
l'humus.
• L'humus sera repris par des micro-organismes pour libérer des sels minéraux
utilisables par la plante : c'est la minéralisation.
40
Chapitre 2 : Le sol
animaux
matière organique
fraîche
plantes
décomposition
sels minéraux
minéralisation
humus
T Propriétés
• Acides gris et bruns peuvent être floculés par le calcium uniquement. Ce sont des
colloïdes.
• Ces colloïdes sont électronégatifs : ils retiendront plus d'ions positifs à leur
surface que l'argile (réservoir plus important).
41
Chapitre 2 : Le sol
• Hydrophilie : l'humus retient plus d'eau que l'argile (= réservoir d'eau) mais
freine la réhumectation d'un sol desséché.
• Acide : il est neutralisé dans le sol et ne l'acidifie pas. Il formera des "humates"
en particulier avec les phosphates, les rendant plus disponibles pour la plante.
42
Chapitre 2 : Le sol
2.2.1. La texture
2.2.1.1. Définition
La texture d'un sol est la proportion centésimale de ses éléments minéraux définis par la
granulométrie (ex. : 30 % sables grossiers – 20 % sables fins, etc.)
2.2.2. La structure
43
Chapitre 2 : Le sol
2.2.2.2. Intérêts
La structure influe donc sur le comportement du sol par rapport à l'eau, l'air, aux
racines, aux outils… et donc sur sa fertilité.
44
Chapitre 2 : Le sol
T Agents de dégradation
• Les gouttes de pluie entraînent, en surface, la dispersion des éléments fins (et la
formation d'une croûte de battance pour les limons).
• L'eau imbibe les agrégats. De l'air se trouve emprisonné puis comprimé dans
certains pores et entraîne l'éclatement de l'agrégat (d'autant plus si le complexe
est peu floculé, qu'il y a peu de matière organique ralentissant l'humectation).
• Les colloïdes tendent ensuite à se disperser et peuvent colmater les pores.
• Le tassement par les animaux ou les outils entraîne la soudure des agrégats
(formation de semelle en séchant). Le travail trop énergique d'un sol sec a pour
conséquence la formation de terre fine qui reprendra en masse lors de la
prochaine pluie.
T Mesure de stabilité
Elle peut se réaliser au laboratoire par différents tests utilisant l'action de l'eau.
45
Chapitre 2 : Le sol
eau de
gravité macroporosité
humidité
à la capacité
au champ
réserve eau
utile utilisable humidité
au point de microporosité
flétrissement
eau permanent
inutilisable
46
Chapitre 2 : Le sol
47
Chapitre 2 : Le sol
Applications :
La remontée de l'eau est limitée par tout ce qui rompt les films d'eau ou diminue
"l'appel d'eau" : soit par binage, qui diminue la cohésion, par sarclage (suppression de
l'appel d'eau par les mauvaises herbes), par couverture du sol (= mulch qui réduit
l'évaporation). Une évaporation brutale peut entraîner une rupture des films en surface,
l'eau ne parvenant pas à "monter" assez vite par rapport à la demande. Une couche de
terre sèche se crée alors en surface dite mulch naturel.
Inversement, on favorise la remontée par tassement (roulage qui met bien en contact les
particules de terre), en permettant l'installation profonde des racines. Une évaporation
lente entraîne un dessèchement sur une grande profondeur ainsi qu'un léger arrosage
qui raccorde les films rompus.
On cherchera à obtenir un sol stockant correctement l'eau mais permettant des
déplacements faciles et en particulier un bon drainage.
• L'air occupe les pores que n'occupe pas l'eau (à l'humidité à la capacité du
champ, il occupe la macroporosité). Améliorer l'aération revient à agir sur le drai-
nage qui dépend de la texture et structure (et l'absence d'obstacle dans le profil !)
• Composition : cet air se charge de gaz carbonique et s'appauvrit en oxygène suite
à la respiration et à l'activité des micro-organismes du sol et des racines.
• Nécessité : si l'atmosphère du sol est trop riche en gaz carbonique ou trop pauvre
en oxygène, les racines sont asphyxiées et la croissance des végétaux est
déficiente. De même, les micro-organismes responsables de l'évolution des
matières organiques produisent des substances défavorables ou toxiques.
• Renouvellement : l'air du sol se renouvelle en se mélangeant avec l'air de
l'atmosphère extérieur, en "circulant" dans la porosité qu'il faudra donc maintenir
(ou améliorer).
Aération et comportement de l'eau dans le sol sont donc très liés !
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Chapitre 2 : Le sol
T Cohérence
A l'état sec, les particules du sol sont très "soudées" entre elles et donc très résistantes
à la rupture. Le sol est alors à l'état cohérent. Cet état varie avec la texture (l'argile
augmente la cohérence) et l'humidité (le sol devient plastique puis liquide si l'humidité
devient importante). Le tassement du sol peut être grave lorsqu'un engin lourd passe
alors que la terre est à l'état plastique et, à l'état liquide, se posent des problèmes de
portance.
T Adhérence
• A une certaine humidité, la terre adhère aux outils et aux pneus. Elle augmente
avec l'humidité alors que la cohésion diminue. Elle atteint un maximum puis
décroît, mais le travail du sol pose alors des problèmes de gâchage de la terre.
• Plus le sol est argileux, plus l'adhérence est forte.
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Chapitre 2 : Le sol
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Annexe 1
DIAGNOSTIC TACTILE DE LA TEXTURE
Remarque :
Ces tests complètent l'observation de la terre en place, qui est aussi un élément du
diagnostic : forme des éléments structuraux, fissuration et fragmentation, cohésion à
l'état sec, battance et autres symptômes d'instabilité structurale…
Toucher de la terre
sèche :
- soyeux et Abondance de limons fins (2-20 μ). Un salissement jaunâtre
talqueux de la main peut aussi en être le signe (mais même salissement
en présence d'oxydes ferriques).
- savonneux Abondance de limons (20-50 μ).
- rugueux Sables grossiers (> 200μ) abondants ou argile cohérente à
l'état sec : humecter la terre et l'étaler dans le creux de la
main en couche très fine pour observer les grains, leur taille et
leur nombre.
3
On cherche à utiliser la plasticité que confère l'argile du matériau pour en apprécier la teneur. La
plasticité dépend de la teneur en eau : on amène la terre à une humidité comparable, la capacité au
champ, c'est-à-dire la teneur en eau maximale de l'échantillon avant que n'apparaisse de l'eau libre. On
cherche ensuite à réaliser un boudin avec la terre humectée, d'un diamètre de 5 à 8 mm et d'une
longueur d'une dizaine de centimètres. Puis on cherche à faire avec ce boudin (si on a pu le réaliser) un
anneau de 4 à 5 cm de diamètre.
51
Annexe 2
Teneur en limons : 30 %.
53
Annexe 3
55
Annexe 4
57
Chapitre 2 : Le sol
3.1.1.1. Définition
Nous avons vu que le complexe argilo-humique (CAH) chargé négativement peut fixer à
sa surface des ions positifs (cations). Cette propriété s'appelle pouvoir absorbant et con-
siste en la rétention, à la surface du complexe, d'ions provenant de la solution du sol.
3.1.1.2. Fonctionnement
Ces ions sont fixés temporairement et peuvent être échangés avec d'autres se situant
en solution (on parle alors d'adsorption et non d'absorption).
+ K
Ca K
Ca K Ca
Ca
+
CAH
K Ca échange Ca
— Ca
NH 4 Ca
Ca
solution du sol
complexe (baignant le complexe
k+ = potassium (ion)
Ca ++ = calcium (ion)
NH4+ = ammoniaque (ion ammonium)
Certains cations sont "rejetés" vers la solution et, inversement, d'autres se fixent.
59
Chapitre 2 : Le sol
d'autres ions dans la solution (en général du calcium qui sera entraîné en profondeur par
les pluies = décalcification).
Cet échange cesse après obtention d'un nouvel équilibre et la composition du complexe
sera toujours un reflet de la composition de la solution du sol.
60
Chapitre 2 : Le sol
1 milliéquivalent 40 mg
= = 20 mg de calcium
de calcium ou meq 2
Signification : 20 mg de calcium "occupent" 1 milliéquivalent (de charges).
Si la CEC d'un sol est de 40 meq, ce sol pourrait fixer au maximum 40 × 20 mg, soit
800 mg de calcium par 100 g de terre.
Inversement, si on dose 20 mg de calcium sur 100 g de terre, on peut dire que le
calcium "occupe" 1 meq.
61
Chapitre 2 : Le sol
NH4+
Fer
Na+
Oligo-
éléments Ca++ T – S représente la réserve
S
d'acidité ou acidité potentielle du
Mg++ sol.
T–S
H+ K+
S
V= × 100
T
Ce taux (en %) est variable selon le type de sol, son mode d'exploitation (apports
d'amendements, engrais, prélèvements par cultures), le climat (lessivage)…
S'il est faible, cela signifie que S est faible et donc le sol pauvre en éléments nutritifs.
S'il est trop élevé, nous verrons que le sol ne pourra plus réguler son acidité (H+ faible),
ce qui présente des inconvénients pour les cultures.
Ces différentes caractéristiques permettront de juger de la quantité et de la qualité du
complexe adsorbant d'un sol et d'apprécier la façon dont il joue son rôle de réservoir et
de régulateur de la solution du sol.
3.1.3.1. Définitions
T Le pH : potentiel hydrogène
Il représente la concentration d'ions H+ dans une solution.
• Un pH bas indique un sol acide, riche en ions H+.
• Un pH élevé indique un sol basique, pauvre en ions H+ (mais riche en ions OH–).
Dans une solution le pH peut varier de 0 à 14, 7 étant la neutralité. Voir cours de
Chimie.
62
Chapitre 2 : Le sol
T Variation de pH du sol
Les pH des sols varient de 3,5 (sols très acides) à 9,5 (sols très basiques).
Pour un sol donné, le pH varie :
• à court terme, avec la saison (l'activité biologique, intense au printemps, produit
des ions H+) ;
• à long terme, avec l'intensité de la culture qui entraîne une acidification (voir
amendements).
2) Addition
d'ions H+
Plus le complexe est important, moins le pH de la solution (et l'acidité potentielle) varie.
Le phénomène inverse se produit lorsqu'on ajoute une base dans le sol (ex. : la chaux).
Une base produit des ions OH– et relève le pH.
Exemple d'un apport de chaux : Ca(OH)
63
Chapitre 2 : Le sol
T Conséquences
• S'il n'y a pas de "pouvoir" tampon dans le sol, les variations de pH peuvent
devenir très importantes et causer des accidents de cultures (cas de certains
substrats).
• Il ne faut pas saturer complètement le complexe pour avoir une certaine "réserve
d'acidité" (et surtout en sol pauvre en complexe adsorbant = sol sableux ou
limoneux !).
• Les quantités d'amendements (produits agissant sur le pH) devront être plus
élevées sur des sols argileux que sableux, pour faire varier le pH de la solution
d'une unité !
3.1.3.3. Rôles du pH
Le pH a un rôle :
• sur les propriétés physiques du sol, un sol acide contenant généralement peu de
calcium (→ dispersion des colloïdes !) ;
• sur les propriétés chimiques, les échanges entre ions et la nutrition des plantes
devenant plus difficiles aux pH extrêmes ;
• sur les propriétés biologiques : des pH extrêmes ralentissent l'activité des micro-
organismes et ne permettent pas l'installation de certaines cultures (les plantes
peuvent être acidophiles ou basophiles ou neutrophiles).
64
Chapitre 2 : Le sol
Per
Solution tes
du sol
Lessivage
Cultures
65
Chapitre 2 : Le sol
T Formes organiques
Elles sont source de phosphore facilement utilisable et constituent souvent un moyen
d'améliorer la nutrition des cultures en phosphore.
Conséquences :
• La facilité de nutrition des plantes dépend du pH. Le choix des engrais qui
devront rester assimilables en dépendra également !
66
Chapitre 2 : Le sol
Solution
Lessivage
N organique NH4+ NO3–
Absorption cultures
CAH
T Conséquences :
• Les fournitures pour les plantes à partir de l'N organique varient avec l'activité
biologique. Les apports se baseront sur les périodes de besoins des plantes : cet
élément est peu retenu et les fournitures à partir des réserves ne coïncident pas
forcément avec les périodes de besoins.
• La réorganisation est intense au printemps. Si les matières organiques à
décomposer sont pauvres en azote (ex. : pailles), les micro-organismes prélèvent
l'azote en solution au détriment des cultures qui jaunissent : c'est la "faim
d'azote".
• La rapidité d'utilisation des engrais dépend de leur forme : les nitrates sont
utilisables immédiatement. L'ammoniaque, retenue par le complexe, a une durée
d'action plus longue. Urée et azote organique demandent plus de temps pour être
transformés en nitrates et de bonnes conditions de milieu.
67
Chapitre 2 : Le sol
3.2.3.2. L'aluminium
Il entretient l'acidité du sol. En excès, il est toxique pour les plantes.
3.2.3.3. Le manganèse
Comme pour le fer, son dosage donne des indications sur l'aération du milieu (le
manganèse, dit échangeable, est en quantité élevée lorsque le sol est asphyxiant ou
acide…) et sur sa disponibilité en tant qu'élément nutritif.
Sa carence peut être vraie ou induite (par un pH trop élevé par exemple).
68
Chapitre 2 : Le sol
4.1.1. La faune
4.1.1.1. Sa composition
• Vers de terre qui ont une action importante sur la porosité et l'association de
l'argile et de l'humus.
• Arthropodes (insectes, myriapodes, arachnides).
• Microfaune (protozoaires, nématodes), de très petite taille et souvent se
nourrissant de bactéries.
Cette faune comprend également des êtres vivants parasitant ou consommant les
cultures.
4.1.2. La flore
4.1.2.1. Sa composition
69
Chapitre 2 : Le sol
4.1.2.3. Conséquences
70
Chapitre 2 : Le sol
71
Chapitre 2 : Le sol
72
Chapitre 3 :
LES MOYENS D'ACTION DE L'HOMME
Introduction
T Le travail du sol
Ses objectifs. Les moyens d'y parvenir. Les principaux outils et leurs actions. Choix des
techniques et outils.
(Certains chapitres de cet exposé sont extraits et inspirés de Choisir les outils de travail
du sol, ITCF, 1987. Ils sont repérés par une astérisque*).
T Semis et plantation
Cette partie sera peu développée : elle sera reprise, appliquée et détaillée lors de cours
spécifiques à la spécialisation choisie (études de cultures, des modes de multiplication
des végétaux, etc.).
Seules quelques notions seront exposées ici.
Conseils
Essayez d'observer sur une exploitation (ou chez un concessionnaire) les différents
types de matériel, leurs réglages, le travail effectué (réalisation de profils…).
73
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1. LE TRAVAIL DU SOL
T Besoins de la culture
La graine, organe de conservation, est en général fortement déshydratée et vit "au
ralenti", ses échanges avec l'extérieur étant limités.
La germination constitue un passage à la vie active. Pour cela, la graine doit pouvoir
s'imbiber d'eau, trouver suffisamment d'oxygène pour assurer sa respiration et de la
chaleur. Aucun obstacle ne doit gêner la progression, en profondeur, de la jeune
radicule, et, en surface, de la jeune tigelle.
T Le lit de semences
Pour satisfaire ces besoins, celui-ci doit assurer un contact suffisant agrégats-graines
pour assurer leur imbibition tout en permettant une bonne aération. Le sol doit être
meuble, assurer l'écoulement de l'eau et la remontée de l'eau vers les graines (lors de
son dessèchement). En surface, la création de mottes évitera une reprise en masse,
surtout si le sol est battant.
74
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Besoins de cultures
Le système racinaire, pour se développer correctement, exige également de l'eau, de
l'oxygène, de la chaleur, des éléments minéraux, l'absence d'obstacle dans le profil et
une faible résistance mécanique du sol à la pénétration racinaire.
75
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
76
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.2.1. Pour atteindre ces divers objectifs, il existe trois grandes techniques de
travail du sol.
Soit :
• à base de travail profond :
– avec retournement : c'est le labour ;
– sans retournement : c'est le pseudo-labour ;
• à base de travail superficiel (sur les 10 à 15 premiers centimètres du sol) ;
• à base de semis direct.
Ces techniques sont composées d'opérations culturales dont la succession suit un ordre
bien précis et adapté à chaque situation.
1.2.2.1. Le décompactage
Il est destiné à éclater une éventuelle couche tassée située 5 à 10 cm juste sous le
labour. Cette opération doit être raisonnée quelle que soit la technique de travail choisie.
Elle est à proscrire dans le cas de sous-sol imperméable : l'eau ne s'évacuant pas en
profondeur, la zone reprise n'est plus portante et les machines s'enlisent.
Profondeur d'action : 20 à 40 cm.
77
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.2.2.2. Le déchaumage
Il a pour objectif de mettre en contact les résidus de la culture précédente avec le sol
pour accélérer leur décomposition. Il peut également être utilisé :
• pour faire lever les mauvaises herbes annuelles (pour une destruction ultérieure)
dans les 5 à 10 premiers cms ;
• pour faciliter la destruction des rhizomes (ex. : chiendent, avoine à chapelet…)
par le soleil et les herbicides ;
• pour préameublir le labour (= obtenir un labour très émietté rapidement). Un
déchaumage profond (10 à 15 cm) est réalisé.
Profondeur d'action : 5 à 15 cm. Cette opération est facultative, quelle que soit la
technique utilisée.
1.2.2.3. Le labour
Il peut y avoir différents objectifs :
T Ameublir le sol
C'est le cas de tous les labours, mais les labours précédents utilisent l'effet du climat et
l'ameublissement n'est pas immédiat.
Les labours recherchant cet effet immédiatement sont des labours "jetés" et précèdent
de peu les semis (cas le plus fréquent pour les sols battants : afin d'éviter d'exposer le
sol aux actions dégradantes des pluies, on le travaille très peu de temps avant le semis.
L'émiettement sera moins poussé qu'en sol argileux !)
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.2.2.4. Le pseudo-labour
Il a surtout pour fonction d'ameublir la couche arable (profondeur de travail : 20 à
30 cm comme pour le labour, mais sans retournement). Il peut éclater et émietter.
79
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.2.2.9. Le semis
Les graines doivent être placées le plus régulièrement possible à la profondeur idéale
pour leur germination.
Les exigences vis-à-vis du lit de semences sont variables selon chaque culture.
1.2.2.11. Le roulage
Il peut être réalisé après ou avant le semis. Il a pour buts de rappuyer le sol et de
compléter l'émiettement (meilleur contact graine-terre fine).
Les opérations culturales cherchent donc à modifier l'état du sol, d'un état initial vers un
état final souhaité. Les effets recherchés seront différents selon ces états.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
• de trier les mottes et la terre fine : les mottes étant placées en surface (protection
contre la battance), la terre fine (ainsi que les produits phytosanitaires épandus en
surface) dans le lit de semences ;
• de rappuyer, c'est-à-dire réduire la macroporosité (exemple en sol "creux") mais
sans excès pour ne pas entraver la circulation de l'eau de gravité.
Les effets obtenus résulteront de l'action des pièces travaillantes de l'outil(s) choisi(s).
Le mode d'action de ces pièces dépend de leur forme, disposition et mouvements (et
réglages).
T Le fendillement
Il se manifeste obliquement en avant de l'outil.
Il intervient pour obtenir l'éclatement, l'ameublis-
sement ou l'émiettement du sol.
Tous les outils travaillant en sol massif ont ce mode
d'action.
T Le sectionnement
Il est produit par des pièces tranchantes :
Ce mode d'action est utilisé pour obtenir l'ameublissement et l'émiettement par les
cultivateurs rotatifs, machines à bêcher, charrue, outils à disque.
T Le cisaillement
Les pièces sont mobiles les unes par rapport aux
autres et ameublissent ou émiettent efficacement les
grosses mottes ou les mottes dures.
Outils concernés : herses rotatives et herses alter-
natives.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Le déplacement latéral
Les mottes roulent en surface, se débarrassant de la terre fine.
Cette action permet de créer ou d'effacer un relief, d'enfouir et mélanger et de trier les
mottes et la terre fine.
Outils concernés : tous les outils à dents.
T Le déplacement vertical
La terre fine glisse vers le fond du sillon creusé par la
dent.
Les effets obtenus sont les mêmes que précédem-
ment, avec en plus l'obtention d'un rappuyage du sol.
Outils concernés : herses, cultivateurs, vibroculteurs.
T La projection
Les mottes sont envoyées au loin et ont tendance à
recouvrir la terre fine.
Les effets obtenus sont identiques au déplacement
latéral.
Outils concernés : cultivateurs rotatifs.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Le retournement
Mottes, terre fine, sont retournées avec tous les maté-
riaux en surface (matière organique, engrais, etc.).
Cette opération permet d'effacer ou de créer un relief,
d'enfouir et de mélanger (voir plus haut).
Outils concernés : charrues.
T Influence de l'humidité
Voir les propriétés mécaniques du sol et ses conséquences (en 2.3. ch. 2).
• Si le sol est sec, la cohésion est très forte, l'intervention est alors difficile. La
consistance du sol est dure, les mottes impossibles à briser entre les doigts.
• Lorsque l'humidité augmente, l'adhérence augmente alors que la cohésion
diminue. Le matériau de consistance dure devient friable (mottes s'émiettant
entre les doigts, en collant légèrement pour les sols argileux), puis semi-plastique
(mottes savonneuses pour sols battants ou sableux ; mottes se déformant et
s'émiettant difficilement entre les doigts pour les sols argileux, mottes
s'émiettant en collant pour les sols intermédiaires).
En consistance friable : les interventions sont recommandées, terre fine et mottes
peuvent être obtenues.
En consistance semi-plastique : les interventions sont plus risquées, pouvant
entraîner lissages, formation de lards ("langues" de terre compactes remontées en
surface) et compactage.
• Puis le sol devient plastique (motte liquide ou modelable entre les doigts) et
donne de la boue.
Les interventions sont à proscrire ou impossibles à réaliser (sol non portant).
Suivant l'humidité du sol, on obtient donc plus ou moins de terre fine, de mottes. Les
interventions à humidité excessive risquent d'aboutir à des effets néfastes. Le
raisonnement du travail du sol doit donc tenir compte de ce facteur (en surface mais
aussi en profondeur !) Autant que possible, le sol à travailler devra être de consistance
friable sur l'épaisseur reprise.
83
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Influence de la texture
Le comportement du sol, en fonction de l'humidité, varie selon sa texture. La période
d'émiettement facile pour les sols argileux apparaît pour des humidités plus élevées que
pour les sols sableux. Les limons, à l'état sec, sont beaucoup plus cohérents que les
argiles et sables et donc plus difficiles à rompre. On peut retenir que :
• Les sols argileux, se ressuyant souvent difficilement, risquent d'être travaillés à
une mauvaise humidité, entraînant lissages, moulages (et éventuellement
compactage). On les expose au climat pour aider à la formation de leur structure.
• Les sols limoneux sont fragiles car battants et sensibles au compactage (attention
aux passages répétés). Les outils ne doivent pas trop émietter. Le travail du sol
est par contre le seul moyen d'obtenir un milieu favorable aux cultures, le climat
ayant le plus souvent une action dégradante.
• Les sables posent moins de problèmes (sauf certains qui reprennent en masse).
Ils sont en général usants.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Profondeur de travail
Elle varie de la sous-soleuse aux herses, d'une profondeur supérieure à la couche arable
à un travail très superficiel. Plus les dents sont nombreuses (et faiblement écartées),
plus la profondeur de travail est limitée.
T Types d'outils
Sous-soleuses, décompacteurs, Chisels, Cultivateurs, Vibroconducteurs, Herses.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
• En sol humide, ils sont efficaces mais peuvent former des "copeaux" qui
durcissent en séchant.
En sol sec, ils créent trop de terre fine.
Ces outils peuvent être employés sur une plus grande gamme d'humidité mais les
risques de formation de semelle ne sont pas négligeables.
• Types d'outils : pulvériseurs dont le travail est plutôt superficiel et charrues à
disques pour le travail profond.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.3.2.2. Le labour
Objectifs, voir plus haut.
La charrue à soc
T Diverses pièces
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
• Les charrues simples où la terre ne peut être versée que d'un seul côté. Le labour
réalisé est un labour en planches (réalisé en adossant ou en refendant).
T Caractéristiques du labour
On distingue plusieurs types de labours :
88
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Profondeur de labour 3
Rapport = Æ le labour est dressé.
Largeur du corps 4
1
Rapport = Æ le labour est couché.
2
2
Rapport = Æ le labour est intermédiaire.
3
– Les versoirs hélicoïdaux : leur action est peu brutale et la bande est peu
émiettée (ils accompagnent la bande dans son retournement).
– Les versoirs cylindriques : sont plus agressifs. La bande est émiettée surtout si
le versoir est creux. Un versoir cylindrique plat donne un labour dressé.
89
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Outre leur forme, les versoirs peuvent être plus ou moins longs : les courts
émiettent plus, les longs sont plus adaptés au labour rapide.
• De nombreux réglages doivent être effectués au moment du labour pour que la
charrue réalise correctement le labour recherché.
Le choix du type de rasette intervient également dans l'émiettement et le
mélange des débris végétaux. Une rasette large, avancée par rapport au soc, une
vitesse élevée, placent les débris en fond de raie (et non sur le flanc de labour).
T Le labour recherché
Il dépend des objectifs (parfois contradictoires : pour installer une culture on cherche un
labour jeté mais il faut aussi faciliter l'écoulement de l'eau → labour plus dressé). Il faut
trouver des compromis.
De manière simplifiée, 3 cas se présentent :
• Les labours d'été ou de printemps juste avant un semis : un labour plat, émietté,
est recherché (moins en sol battant). La préparation du lit de semences doit
suivre rapidement (éviter que les mottes durcissent ou reprennent en masse).
• Les labours d'été (d'automne) avant semis d'automne : un labour avec des
mottes en profondeur est conseillé, les sols argileux étant labourés le plus tôt
possible (dès récolte du précédent). Les sols battants sont labourés avant semis.
Les labours sont de type arrondi, émietté en surface et plus motteux en
profondeur.
• Les labours de fin d'été - d'automne - d'hiver avant semis de printemps : il faut
éviter la terre fine. Plus le sol est argileux, plus le labour doit être précoce (le sol
battant est labouré au printemps !) Le labour est dressé, peu émietté pour
favoriser l'écoulement de l'eau et l'action du climat.
90
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Remarques :
– Le sens du labour : selon la pente en sol humide, et perpendiculairement s'il
existe des risques d'érosion.
– La profondeur dépend de la largeur des corps et du type de labour. Un
approfondissement entraîne un appauvrissement du sol.
Le labour peut être réalisé également par :
1.3.2.3. Le pseudo-labour
Il peut être réalisé par des décompacteurs légers ou rotatifs, des appareils à dents, type
Chisel – cultivateur lourd.
91
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
1.3.2.6. Le roulage
De très nombreux rouleaux (lisse ou ondulé, cultipackers, croskills, croskillettes,
rouleaux squelettes, cambridge, spirales, à disques, étoiles) tassent plus ou moins en
profondeur, émiettent plus ou moins, laissant ou non un relief en surface. Certains sont
intégrés à des outils de travail du sol (herses à cages roulantes, rouleaux packers ou à
barres ou multidisques). Les passages rapides réduisent l'extension de la zone tassée et
le degré de tassement mais accroissent la production de terre fine. (Le tassement est
d'autant plus fort que le sol est comprimé sur une base déjà tassée).
1.3.2.7. Le déchaumage
Déchaumeuses, chisels, pulvériseurs, cultivateurs lourds, cultivateurs rotatifs (hori-
zontal), outils auto-animés et bêches roulantes peuvent être employés.
92
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Objectifs
Les buts sont toujours bien précis.
Exemples : détection de l'origine d'un excès d'eau, à quelle profondeur se situe un
obstacle, quels horizons travailler et comment ? Quelle est leur humidité ? L'intervention
réalisée est-elle suffisante ?
T La technique classique
Elle consiste à effectuer (un déchaumage) un labour (une reprise), une préparation du lit
de semences et le semis. Elle est coûteuse en temps, carburant, main d'œuvre et très
dépendante du climat (et des interventions en sol humide entraînent l'obtention de
lissages, semelles et profils non adaptés !)
93
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
94
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Remarques :
– Seules les variétés inscrites au Catalogue officiel sont commercialisables.
– La faculté germinative représente le pourcentage de graines qui ont germé sur un
lot (de 50 à 100 graines) placé dans des conditions favorables, après un temps
déterminé. L'énergie germinative est mesurée par le nombre de plantules viables
obtenu en un temps moitié du précédent (= "vitesse de germination" qui doit
être élevée).
– Les semences peuvent être traitées contre les maladies et ravageurs. Les
légumineuses (ex. : luzerne, soja) peuvent être inoculées avec des bactéries
symbiotiques fixatrices d'azote (rhizobium).
95
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
96
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
2. LA FERTILISATION
T L'azote
L'azote est principalement un facteur de croissance. Celle-ci se traduit par une
augmentation de surface foliaire, donc une photosynthèse plus importante, d'où un
rendement supérieur. Il a également un rôle fondamental dans l'élaboration des
protéines, et donc des réserves azotées et de la chlorophylle. L'absorption d'azote se
fait surtout sous forme nitrique (ion NO3–) ou ammoniacale (NH4+). Cette dernière forme
concerne principalement les plantes jeunes ou "préférantes". Les carences en azote se
manifestent par un pâlissement généralisé, commençant par les feuilles jeunes, et une
réduction de la croissance. En excès, l'azote provoque des retards de maturité et une
sensibilité supérieure aux maladies et aléas climatiques (verse, échaudage…).
97
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Le phosphore
Comme l'azote, est très important pour la croissance et la formation des protéines. Il
permet le stockage de l'énergie, d'où un rôle fondamental dans la photosynthèse, la
respiration… Il favorise la mise à fleur, et son absorption diminue à partir de la floraison.
Les carences se manifestent par une réduction de la croissance, et une coloration vert
foncé à violacé des feuilles qui vieillissent prématurément. Ces symptômes apparaissent
d'abord sur les feuilles âgées.
T Le potassium
Contrairement à l'azote et au phosphore, le potassium n'intervient pas dans la
constitution des tissus, mais a un rôle essentiellement catalytique. Il va favoriser le
déclenchement et la rapidité de diverses réactions chimiques qui se produisent dans la
plante (photosynthèse, respiration, économie de l'eau, synthèse des protéines,
résistance aux maladies). Les carences se manifestent par des nécroses marginales, le
plus souvent, et d'abord sur les feuilles âgées.
T Le magnésium
C'est également un activateur enzymatique (rôle catalytique). Très important dans la
constitution de la chlorophylle, il stimule également l'absorption et le transport du phos-
phore dans la plante. Les carences se manifestent généralement par des décolorations
entre les nervures qui restent vertes. Les feuilles âgées sont les premières touchées.
T Le soufre
C'est un activateur des réactions de synthèse (vitamines, enzymes…). Il intervient dans
l'élaboration des protéines (acides aminés soufrés) et de lipides (huiles "essentielles"
odorantes). Les carences se manifestent par des pâlissements des parties jeunes, parfois
accompagnés de déformations (gaufrage, épaississement).
T Le calcium
Il a à la fois un rôle plastique dans la constitution et la résistance des parois des cellules,
et un rôle catalytique, comme le potassium et le magnésium.
T Le fer
Le fer est indispensable à la formation d'enzymes permettant la photosynthèse, la
respiration… Il permet l'élaboration de la chlorophylle, mais n'en est pas un élément
constitutif. Il joue également un rôle dans les divisions cellulaires. Les carences se mani-
festent par des pâlissements (ou chloroses) entre les nervures, apparaissant d'abord sur
les feuilles jeunes. En excès, il est rapidement toxique, surtout sur les jeunes plantes.
98
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Le manganèse
C'est un activateur d'enzymes de nombreuses réactions : photosynthèse, respiration,
oxydoréduction… Les symptômes de carences apparaissent d'abord sur les feuilles
âgées, et sont très variables selon les plantes : taches grises chez les céréales, jaunâtres
chez le maïs, en V pour les arbres fruitiers… La toxicité est fréquemment liée à un
manque de fer.
T Le zinc
Le zinc a un rôle catalytique, il est très important dans l'élaboration d'acides aminés
permettant la formation d'hormones végétales, et donc dans les processus de
croissance. Les carences se manifestent d'abord sur les organes jeunes : chlorose
internervaire jaune pâle virant au blanc le plus souvent, maladie "en rosette" chez les
arbres fruitiers.
T Le cuivre
C'est un composant de certaines protéines. Il intervient également dans la synthèse de
la chlorophylle. Lors de carences, on observe une réduction de croissance, ainsi qu'un
jaunissement des feuilles jeunes, commençant par les bords.
T Le bore
Le bore a un rôle catalytique, intervient dans la fixation du calcium, le développement
des cellules, le transport et l'utilisation des glucides. En cas de carence, on observe une
croissance retardée et anormale des points végétatifs. Les feuilles jeunes sont tordues,
épaisses, bleu vert sombre. La fertilité du pollen est réduite.
T Le molybdène
Il intervient dans la fixation et l'utilisation de l'azote dans la plante, ainsi que sur
l'activation d'enzymes. Les carences se manifestent d'abord sur les vieilles feuilles, qui
jaunissent et dont les bords se nécrosent.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
« Il est indispensable de restituer au sol, pour qu'il ne s'épuise pas, tous les éléments
fertilisants que lui enlèvent les récoltes. »
Cette loi ne tient compte que des exportations. Mais le sol peut subir d'autres pertes
(lessivage, blocage, rétrogradation, consommation de luxe). Il peut également bénéficier
d'apports naturels (fourniture d'azote par les micro-organismes, dégradation des
minéraux du sol).
« Des avances d'éléments fertilisants sont nécessaires pour couvrir en temps voulu les
besoins de la culture. »
Néanmoins, ces avances devront se faire sous des formes peu lessivables. Elles seront
donc tributaires de l'activité microbienne pour devenir assimilables par la plante, qui,
elle, a des besoins variables en fonction de son stade de développement.
« L'importance du rendement d'une récolte est déterminée par l'élément qui se trouve en
plus faible quantité relativement aux besoins. »
Cela revient à dire qu'on aura un rendement optimum si tous les éléments sont apportés
en quantité optimum. Si un élément minéral n'atteint pas ce niveau, c'est lui qui sera le
facteur limitant du rendement. Néanmoins, il peut y avoir interaction entre des éléments
minéraux qui, lorsqu'ils sont associés, peuvent augmenter (action positive) ou réduire
(action négative) le rendement. D'autre part, la fertilisation n'est pas seule à déterminer
le rendement : le sol, le climat, la faune, la flore, etc. jouent également un rôle
fondamental et peuvent aussi être des facteurs limitants.
100
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
« Quand on apporte au sol des doses croissantes d'un élément fertilisant, les
augmentations de rendement obtenues sont de plus en plus faibles au fur et à mesure que les
quantités apportées s'élèvent. »
Rendements
b
a
Quantité d'engrais
apportée
3 zones se différencient :
1 L'augmentation du rendement est proportionnelle aux quantités d'engrais
apportée.
2 Les doses d'engrais ont de moins en moins d'effet sur le rendement. Dans cette
zone, on déterminera "l'optimum économique" (a) : en effet, un apport d'engrais
supplémentaire doit être couvert, financièrement, par le supplément de rendement
qu'il permet. L'optimum économique correspond donc à un rendement inférieur
au rendement maximum (b), en général.
3 Malgré l'augmentation des doses d'engrais apportées, le rendement diminue. On
a alors apparition de phénomène de toxicité des éléments minéraux sur la plante.
101
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
102
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
103
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
104
ANALYSE DE TERRE Analyse
L'Analyse de Terre est faite sur la terre fine. A B
Les refus = graviers, cailloux, pierres sont
éliminés. Mais il est important de pouvoir
estimer leur importance en %. REFUS A 2 MM 0 155
Les refus ont une conséquence sur l'usure du
matériel, les façons culturales (pertes au
semis, conséquences sur le désherbage). ANALYSE PHYSIQUE (en ‰ ou gr/kg de terre sèche)
Ils diminuent la capacité du réservoir sol.
Sable grossier (0,2 à 2 mm) 185 86
Notez l'élément dominant : celui qui aura une Sable fin (0,05 à 0,2 mm) 92 71
incidence sur le comportement du sol.
Attention à la teneur en limons. Sable très fin (0,02 à 0,05 mm) appelés aussi 228 110 Appelés aussi limons
Limon (0,002 à 0,02 mm) limons totaux 243 269 grossiers
Complexe argilo-humique : pouvoir absorbant
du sol. Il donne une idée de l'importance du Argile (moins de 0,002 mm) 192 404
"garde-manger" du sol - la présence de CaO
permet d'avoir une bonne évolution des Calcaire total
matières organiques et une bonne structure Calcaire actif (méthode Drouineau) 249 Tous les sols ne
du complexe. contiennent pas du calcaire.
Matières organiques totales 141
Les matières organiques regroupent Azote total 58 61
l'ensemble des éléments organiques d'origine Relation directe.
animale ou végétale en cours d'évolution C/N
dans le sol jusqu'à la formation d'humus.
pH eau 5,5 7,9
Concentration d'ions H+ dans une solution pH KCl 4,6 6,9
du sol. C'est le pHeau qui nous intéresse le
plus. Résistivité (1/2,5) OH 7630 2529
Dosé en milieu neutre ou alcalin. ppm = partie pour million
Dosé en milieu acide. ANALYSE CHIMIQUE (en ppm ou mg par kg de terre sèche) = 1 mg/kg de terre sèche.
Elles se trouvent à la fois dans Phosphates Joret-Hébert La nutrition des plantes est
la solution du sol et fixées sur le complexe facile à pH de 6 à 7. En
A.H. Il y a équilibre entre éléments en solution Phosphates Dyer
milieu très acide ou
et éléments fixés. Elles sont absorbées par les fortement alcalin, les
plantes et peuvent être lessivées. Soufre
formes de phosphore sont
Provient de la solubilisation du calcaire actif Bases échangeables insolubles. Peu de lessivage
et de rétrogradation.
par le gaz carbonique. Chaux
Parfois l'ion K+ peut être coincé dans Magnésie
certaines argiles = rétrogradation. Potasse
Indicateur coloré de l'aération du sol et de Soude
son degré d'évolution.
Fer
Le pH, Fer, Manganèse, Soufre, matières Manganèse réductible Oligo-éléments :
organiques sont de bons indicateurs des l'interprétation de la teneur
conditions d'aération du sol et de Manganèse échangeable du sol n'est pas facile. Il
développement des racines. Cuivre oxalique faut être prudent avant de
Cuivre acétique décider un apport spécifique
d'oligo-éléments.
Zinc
105
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
106
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Autres
Forme Engrais % d'N Remarques Utilisation
éléments
soluble. au stade
8 feuilles.
Sulfate 20 23 % Surtout sur crucifères et Remplacé par
d'ammoniaque de soufre pommes de terre. les engrais
azotés soufrés.
Ammoniac > 80 Gaz utilisé en injection Peu utilisé
anhydre dans le sol avant ou Maraîchage
pendant les cultures.
Phosphate d'ammoniac 46 18 ou 10 % Engrais starter sur maïs Au semis en
ou 33 de phosphore ou sur blé en 1er apport. localisé.
107
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
108
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
% de
Solubilité Engrais Autres éléments Remarques Utilisation
P2O5
% de
Engrais Autres éléments Remarques Utilisation
K2O
109
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Attention :
Les engrais organiques de synthèse, produits à libération lente, ne sont pas
des engrais organiques au sens réel du terme : ils sont issus de l'industrie
chimique et n'apportent qu'un nombre d'éléments minéraux limités.
Les composts de produits végétaux sont considérés comme des engrais s'ils comportent
plus de 2 % d'azote et comme amendement si moins de 2 %. Ils s'utilisent en
agriculture biologique, en maraîchage, en viticulture et sur céréale pour résoudre des
problèmes de manque de matière organique.
110
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
111
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
3. LES AMENDEMENTS
A la différence des engrais, les amendements ne sont pas apportés pour nourrir la
plante, bien qu'une faible partie soit absorbée par les végétaux, mais principalement
pour améliorer le sol. Ils agissent sur les propriétés physiques (contrairement aux
engrais), chimiques et biologiques de celui-ci.
Lorsqu'on parle d'amendements, on considère le plus souvent deux grands groupes :
• les amendements calciques, libérant des ions calcium (Ca2+) ;
• les amendements humiques, permettant la formation d'humus.
Il y a également d'autres types d'amendements, peu utilisés en agriculture, mais
davantage en horticulture, que nous ne développerons pas ici, par exemple :
• les amendements siliceux, à base de sables grossiers, améliorant la porosité des
sols ;
• les marnes, mélange d'argile et de calcaire, permettant une meilleure structure
dans les sols sableux.
112
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Le calcium permet aussi la fabrication d'un humus colloïdal entrant ensuite dans la
formation du complexe argilo-humique. En effet, dans les sols pauvres en calcium,
l'humus formé est de mauvaise qualité et, en particulier, est incapable de floculation. Il
n'intervient donc pas dans la structure du sol.
113
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
114
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
3.1.5.2. Conclusion
Les amendements ont un rôle fondamental dans le maintien, sinon l'amélioration de la
fertilité du sol. Leur importance sur la structure du sol et sa stabilité en particulier
explique l'utilité d'apports périodiques et systématiques d'entretien.
115
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Minéraux Minéraux
118
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Humification
Matière organique Humus
fraîche
K1
1 000 kg × 20
= 200 kg de matière sèche
100
qui donneront 200 × 0,5 = 100 kg d'humus.
Minéralisation Eléments
Humus minéraux
K2
119
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Si le bilan est positif, les apports sont supérieurs aux pertes, mais l'élévation du taux
d'humus sera très lente (10 à 20 ans). Encore faut-il que l'humification se fasse dans de
bonnes conditions et donc qu'il n'y ait pas d'accumulation de matière organique.
Si le bilan est négatif, les pertes sont plus importantes que les apports, et on risque, à
moyen terme, une baisse de fertilité du sol.
Si le bilan est équilibré, l'apport régulier de matière organique maintient dans le sol une
activité biologique favorable aux productions envisagées.
120
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
d'humus. Il aura donc peu d'action durable sur la structure du sol mais favorisera la vie
microbienne et libèrera rapidement les éléments minéraux qu'il contient.
On parlera dans le premier cas d'amendement à rapport C/N élevé (ex. : pailles, 90 à
110) et dans le second d'amendement à rapport C/N faible (ex. : engrais vert, 15 à 20).
La dégradation des amendements à rapport C/N élevé nécessitera un complément
d'azote pour les micro-organismes. Cet azote est soit pris dans le sol (c'est ce qu'on
appelle l'effet dépressif car on a un manque d'azote momentané pour les cultures), soit
apporté par l'exploitant (apport d'engrais azoté ou semis d'engrais vert).
L'incorporation des matières organiques devra se faire de façon à favoriser au maximum
les organismes aérobies responsables de l'humification par :
• une incorporation superficielle permettant une bonne aération ;
• une richesse en azote suffisante ;
• des apports d'activateurs microbiens (très utilisés lors de compostages :
phosphates, carbonates de calcium… ou même de micro-organismes).
T Les fumiers
Ils sont très variables selon leur richesse en paille et le type de déjections animales. Ils
doivent être incorporés de façon à respecter l'aération du sol : incorporation
superficielle, labour moyen ouvert avant l'hiver par exemple. On peut utiliser soit du
fumier frais épandu au sol en couche fine et homogène, soit du fumier composté en tas
couvert, mais aéré. Ces techniques limitent les pertes importantes qu'il peut y avoir en
azote (ammoniaque) et potasse. Notons que les fumiers sont déficitaires en phosphore.
T Les prairies
Elles doivent d'abord être déchiquetées et subir un compostage de surface avant une
incorporation plus profonde. Elles ont un rôle très important dans le maintien de l'état
humique du sol.
121
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Attention :
Les produits d'origine animale (purin, lisier, déchets d'abattoirs, de
poissonnerie…) ne contiennent pas de lignine et de cellulose. Ils ne peuvent
donc former de l'humus, mais peuvent fournir en particulier l'azote nécessaire
à l'humification de produits végétaux à rapport C/N élevé.
3.2.7. Conclusion
L'humus, en tant que colloïde électronégatif, perméable et dégradable, joue de multiples
rôles dans le sol. Les cultures sans apports organiques ont conduit à un
appauvrissement progressif des sols. Il est lié à une baisse du pouvoir nutritif,
compensable par des fumures adaptées, mais aussi à une dégradation de la structure et
donc de l'ensemble des propriétés du sol. Ces techniques sont de plus en plus
abandonnées actuellement. Les techniques de compostage permettant de récupérer des
déchets de toutes sortes sont, elles, encore très souvent ignorées. Leur intérêt au
niveau de la production ou sur le plan financier n'est pourtant pas négligeable.
122
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
4. LA MAÎTRISE DE L'EAU
L'eau fait partie des facteurs climatiques influençant la production végétale, mais c'est
aussi sur ce facteur que les producteurs peuvent le plus fréquemment agir, qu'il s'agisse
de cultures en plein champ ou sous abri.
L'eau est intéressante pour la plante entre deux limites : la capacité au champ (ou point
de rétention, ou point de ressuyage), et le point de flétrissement. Celles-ci définissent la
réserve utile. Au dessus du point de rétention, il y a excès d'eau. C'est ce que nous
traiterons dans une première partie. En dessous du point de flétrissement, il y a manque
d'eau, étudié dans une seconde partie.
123
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
124
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
125
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
planche, ce qui favorise également l'écoulement de l'eau vers les fossés. La méthode
des planches bombées de grande largeur tend à remplacer les planches étroites ou de
moyenne largeur, beaucoup plus gênantes pour les travaux culturaux. Elle permet une
élévation du niveau du sol au-dessus du plan humide.
Une méthode de travail du sol un peu particulière, le sous-solage, permet de briser les
semelles de labour ou certaines couches dures qui empêchent l'écoulement de l'eau en
profondeur. Ce travail réalisé sur sol sec permet un fendillement du sol en profondeur
sans retournement, donc sans remonter en surface une terre située en profondeur.
4.1.3.5. Le drainage
Le drainage proprement dit concerne l'utilisation de canalisations enterrées (pour les
autres techniques, on utilise le terme plus général d'assainissement). On inclue parfois
les tranchées drainantes sous ce terme. Il s'agit, en fait, de fossés emplis de graviers
sur une certaine profondeur, et recouverts de terre. Elles sont intéressantes dans des
sols perméables et pour des drainages localisés (résurgences…).
Le drainage par canalisations enterrées est une opération coûteuse qui ne concerne que
les sols suffisamment profonds (au moins 50 cm), qu'ils soient peu perméables ou
reposant sur une couche imperméable. Il n'est pas réalisable par le producteur seul, et
nécessite l'intervention d'une entreprise de drainage et du bureau d'études hydrauliques,
qui établiront le plan de drainage, après un relevé topographique du terrain. Ensuite, des
drains de 5 à 6 cm de diamètre sont déposés au fond de tranchées et recouverts de
terre. Ils sont le plus souvent en PVC (chlorure de polyvinyle), mais peuvent également
être en poterie perméable. Ces petits drains débouchent dans des canalisations de
diamètre plus important, les collecteurs qui sont le plus souvent en poterie, qui
débouchent à leur tour dans des fossés ou rivières : les émissaires.
126
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Dans des sols à forte teneur en argile (15 à 20 %), le drainage-taupe peut être réalisé. Il
s'agit d'ouvrir une galerie à 40-60 cm de profondeur, à l'aide d'une sous-soleuse munie
d'un obus qui lissera et modèlera les parois de la galerie si le sol est suffisamment
humide. Cette galerie permettra, comme un drain, l'écoulement de l'eau en excès vers
un émissaire. Cette méthode économique est durable à condition qu'elle soit effectuée
correctement (pente augmentant régulièrement vers l'émissaire, sol suffisamment
humide et riche en argile…).
4.1.4. Conclusion
L'assainissement peut permettre de valoriser certains sols, mais il doit être réalisé de
façon réfléchie. En effet, les méthodes envisageables sont fonction des causes de
l'excès d'eau. Le producteur devra s'attacher à les connaître, dans un premier temps.
Ensuite, parmi les méthodes envisageables, il faudra choisir celle dont le rapport
qualité/prix sera le plus satisfaisant à moyen terme.
127
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
# EVAPOTRANSPIRATION =
Evaporation
du sol
+
Transpiration
de la plante
T Evapotranspiration potentielle
L'évapotranspiration potentielle (ETP) est une valeur théorique. Elle concerne la perte
d'eau qu'on aurait pour "une culture de végétation abondante, couvrant totalement le
sol, en pleine croissance, sur un sol largement pourvu en eau" (c'est-à-dire au point de
rétention). Seules les modifications du climat (en particulier température, insolation…)
peuvent alors modifier la perte en eau de l'ensemble sol-plante.
128
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Evapotranspiration maximale
Bien sûr, la culture ne couvre pas toujours le sol. C'est pourquoi on tient compte de
l'évapotranspiration maximale (ETm) qui correspond aux mêmes conditions que l'évapo-
transpiration potentielle, mais modulée par un coefficient k en fonction du stade de la
culture. k est inférieur à 1 en début de végétation, égal à 1 lorsque la culture couvre le
sol, supérieur à 1 quand la culture met en place des étages de feuilles supplémentaires.
C'est donc ce qu'il est possible de perdre par évapotranspiration à un stade précis.
# ETm = k × ETP
T Evapotranspiration réelle
Il se peut également que le sol ne soit pas au point de rétention, ou que les plantes
réduisent leur transpiration en fermant leurs stomates. L'évapotranspiration réelle (ETr)
prend en compte ces divers paramètres qui tendent à réduire l'évapotranspiration. C'est
ce qui se passe réellement dans la parcelle. L'évapotranspiration réelle sera donc au
maximum égale à l'évapotranspiration maximale.
# ETr ≤ ETm
129
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
130
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T L'irrigation souterraine
Elle s'applique à l'irrigation par drains enterrés, ou par fossés profonds, éventuellement
fermés par des vannes. L'eau remonte par capillarité. La première méthode est très
coûteuse et la seconde ne s'utilise que dans des cas très particuliers.
T L'irrigation localisée
Le "goutte à goutte" : l'eau est apportée par des goutteurs à proximité des racines de
chaque plante, ce qui limite les pertes d'eau et permet une grande précision des apports
(qui peuvent être couplés avec la fertilisation ; on parle alors d'irrigation fertilisante). Ce
système est insensible au vent et à la topographie. Il peut être automatisé, mais reste
très onéreux. Il s'applique aux cultures à fortes marges (cultures légumières et florales,
arboriculture…).
131
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
4.2.5. Conclusion
L'irrigation permet donc, par de nombreuses techniques, d'apporter de l'eau à des
plantes dans tous les types de situation. Néanmoins, pour être économiquement valable,
elle doit être utilisée conjointement aux méthodes d'économie d'eau, et dimensionnée en
fonction des besoins réels de l'exploitation. Son utilisation doit également être raisonnée
en fonction des plantes, du sol et du climat.
4.3. Conclusion
L'eau du sol n'est donc favorable que dans des limites assez restreintes qui délimitent la
réserve utile des sols. C'est entre capacité au champ et point de flétrissement qu'on a
les meilleures proportions entre eau et oxygène, qui sont tous deux indispensables à la
croissance et au développement des cultures et des organismes du sol. Les moyens
d'intervention sont très nombreux, et les plus sophistiqués ne sont pas toujours les plus
efficaces. Ils doivent avant tout être choisis en fonction des types de sol et de cultures
qui déterminent la durée et la fréquence des périodes de problèmes hydriques, donc la
nécessité ou non d'envisager des systèmes de contrôle de l'humidité du sol.
5. LE MILIEU BIOLOGIQUE
T Le profil pédologique
Réalisé sur toute l'épaisseur du sol (donc jusqu'à la roche mère), il étudie la formation et
l'évolution du sol, mais à long terme. Il est rarement utilisé par le producteur.
132
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Le profil cultural
Réalisé sur la couche explorée par les racines (30 à 60 cm en général), il étudie
l'influence des techniques de culture sur le sol. Ainsi, dans un profil cultural, on
observera :
• la texture, appréciée en roulant un fragment de sol entre les doigts ;
• la structure, appréciée au couteau et en rompant des mottes ;
• la matière organique, sa répartition et son état de décomposition, qui rensei-
gneront sur l'activité biologique (on note aussi la nature de cette matière
organique, son odeur…) ;
• les racines, en particulier leur répartition, leur abondance, leur profondeur, leur
état sanitaire… ;
• l'activité biologique (en particulier des vers de terre : abondance, répartition…) ;
• les anomalies : taches de gley, semelles de labour…
Le profil cultural donnera donc un certain nombre d'indications précieuses sur les
caractéristiques physiques et biologiques surtout. Ces observations faciliteront l'inter-
prétation des résultats des analyses faites en laboratoire.
133
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
• le dosage des matières organiques (le rapport C/N est parfois indiqué ;
• la mesure du pHeau et du pHkCl ;
• d'autres éléments peuvent être indiqués (humidité équivalente, densité, résistivité…).
L'analyse chimique peut donner des résultats différents d'un laboratoire à l'autre, les
méthodes d'extraction, en particulier, pouvant varier. L'interprétation devra donc se faire
en fonction des normes du laboratoire ayant réalisé l'analyse. L'analyse comprend le
plus souvent les dosages suivants :
• bases échangeables (calcium, magnésium, potasse, sodium) ;
• phosphore : la méthode JORET-HEBERT est utilisée seule dans les sols calcaires,
mais associée à la méthode DYER dans les sols à moins de 2 % de calcaire (le
dosage DYER indique alors le phosphore facilement utilisable) ;
• le soufre, indicateur de vie microbienne ;
• certains oligo-éléments (fer, manganèse, cuivre, zinc…)
134
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
Sol
A l'état naturel, il existe des relations
permanentes entre sol, climat et êtres
vivants.
Etres vivants Climat
Sol
Plante cultivée
Sol
Plante cultivée
135
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
136
Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme
T Sur le sol
Le travail du sol, le drainage, l'apport d'engrais ou d'amendements vont modifier les
caractéristiques du sol.
T Sur le climat
Le climat sera modifié, soit en compensant certains excès (utilisation de brise-vents, de
l'irrigation…), soit en créant un climat artificiel (utilisation d'abris) dans lequel les divers
paramètres peuvent être modulés.
T Sur la culture
La sélection cherche à obtenir des plantes moins exigeantes face au climat ou au sol,
plus résistantes aux êtres vivants défavorables au rendement, plus compétitives face
aux ressources nutritives (eau et lumière en particulier).
5.2.4. Conclusion
A chaque étape, les relations entre les divers facteurs sont modifiés, car les équilibres
sont déplacés. Le producteur doit être conscient de la pression qu'il exerce sur
l'écosystème en favorisant une culture par rapport au reste du milieu biologique. D'où
l'intérêt d'actions raisonnées à tous les niveaux : travail du sol, engrais, amendements,
traitements…
137
Conclusion
Pour améliorer la fertilité d'un sol, le producteur devra donc connaître les
caractéristiques actuelles de celui-ci. Il en déduira un certain nombre d'améliorations à
faire (ex. : engrais, amendements, travail du sol…) Celles-ci devront être effectuées de
façon rationnelle pour éviter de trop fortes perturbations du milieu biologique.
Les caractéristiques actuelles du sol permettront d'estimer les conséquences sur le
milieu des modifications envisagées. Celles-ci devront être réalisées suivant un ordre de
priorité logique qui est fonction du sol et de la culture envisagée. Le plus souvent, la
lutte contre l'érosion est le premier facteur à prendre en compte. Le maintien de
l'humidité du sol entre le point de rétention et le point de flétrissement viendra ensuite
(assainissement, économie d'eau, irrigation), au même niveau que l'amélioration de la
stabilité structurale et de la vie biologique (amendements). Ce n'est qu'après que l'on
pourra rechercher une structure favorable (travail du sol) et améliorer la valeur nutritive
du sol (engrais).
139
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ............................................................................................................................. 3
Chapitre 1 : LE CLIMAT................................................................................................................... 9
2. LA FERTILISATION .................................................................................................................97
2.1. La nutrition de la plante.....................................................................................................97
2.1.1. Les lieux d'absorption d'éléments minéraux ...................................................................97
2.1.2. Les éléments indispensables ........................................................................................97
2.1.3. Leur rôle dans la plante ...............................................................................................97
2.1.3.1. Les macroéléments ................................................................................................................ 97
2.1.3.2. Les oligo-éléments ................................................................................................................. 98
2.1.4. Les mécanismes d'absorption ......................................................................................99
2.2. Les principes de la fertilisation .........................................................................................100
2.2.1. La loi de restitution ..................................................................................................100
2.2.2. La loi des avances....................................................................................................100
2.2.3. La loi du minimum, également appelée loi des facteurs limitants .....................................100
2.2.4. Loi des suppléments de rendement moins que proportionnels .........................................101
2.2.5. Autres facteurs à prendre en compte ..........................................................................101
2.3. Le calcul de la fertilisation ...............................................................................................102
2.3.1. Le bilan global annuel ...............................................................................................102
2.3.2. Le bilan annuel pour chaque élément : fumure d'entretien..............................................102
2.3.3. Les fumures de redressement ....................................................................................102
2.3.4. La fumure azotée .....................................................................................................103
2.3.5. La fumure phospho-potassique...................................................................................104
2.3.6. Les autres éléments..................................................................................................104
2.4. Les engrais....................................................................................................................106
2.4.1. Les engrais simples ..................................................................................................106
2.4.1.1. Engrais azotés......................................................................................................................106
2.4.1.2. Engrais phosphatés...............................................................................................................108
2.4.1.3. Les engrais potassiques.........................................................................................................108
2.4.2. Les engrais complets ................................................................................................110
2.4.3. Les engrais organiques..............................................................................................110
CONCLUSION .............................................................................................................................139