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L’obligation (lien de droit entre créancier et débiteur) est plus restreinte que l’obligation
générale (ou devoir) incombant à chacun de se conformer aux prescriptions légales et
réglementaires.
L’obligation est un droit de créance qui permet à son titulaire d’exiger une prestation ou une
abstention de la part d’une personne déterminée ou d’un groupe de personnes déterminées
(= le(s) débiteur(s)).
Les droits réels sont ceux qui portent sur des biens matériels, des choses. Ils créent un rapport
direct et immédiat entre une personne et une chose sur laquelle le sujet peut exercer certains
pouvoirs.
Le droit personnel, lui, s’exerce par l’intermédiaire d’une personne. Il met son titulaire en
contact avec le débiteur dont il peut exiger l’exécution de la prestation.
Seul la loi peut créer des droits réels, la volonté des individus est impuissante à en créer de
nouveaux mais elle est efficace pour transmettre ou démembrer un droit réel. Par contre, tous
les types de droit de créance peuvent être imaginés sous réserve du respect des mœurs et de
l’ordre public.
Les droit réels ont deux attributs qui font défaut aux droits de créance : le droit de suite et le
droit de préférence.
On classe les droits réels en deux grandes catégories : les droits réels principaux (la propriété,
l’usage, l’usufruit, l’habitation, la servitude, l’emphytéose) et les droits réels accessoires (le
gage, l’hypothèque, les privilèges).
On dit que le droit réel est absolu ou opposable à tous (erga omnes) alors que le droit de
créance est relatif càd opposable à la seule personne du débiteur. Le droit de créance ne peut
en effet être invoqué que contre le débiteur mais il n’en doit pas moins être respecté de tous.
Il vaut donc mieux dire que le droit de créance est un droit à réalisation médiate càd qu’il
transite par l’intermédiaire d’une personne tandis que le droit réel est un droit à réalisation
immédiate càd qu’il établit entre son titulaire et la chose un contact lui permettant d’en tirer
profit directement.
Le droit de créance relève des droits patrimoniaux càd des droits qui sont évaluables en argent
=> cette évaluation se fait en référence au prix qui peut être retiré de la transmission du droit
en question.
=> la distinction entre droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux n’a pas un caractère absolu
(exemple : le droit du nom).
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Entre l’obligation juridique et non juridique, il existe un autre type d’obligation : l’obligation
naturelle qui est une obligation dépourvue d’action en justice mais qui comporte certains
effets de droit. Elle ne confère à son créancier aucune action d’exécution forcée toutefois, en
cas d’exécution volontaire par le débiteur, le paiement est juridiquement efficace et le
débiteur ne peut répéter l’indu (art.1235, al. 2, Code Civil). Aussi, si le débiteur d’une
obligation naturelle reconnaît celle-ci et s’engage à l’exécuter, il y a mutation de l’obligation
naturelle en obligation civile et la dette devient donc susceptible d’exécution forcée.
=> série d’obligations naturelles dégagées par la jurisprudence cfr page 11 et 12.
L’existence d’obligations de donner a été contestée car elles s’effacent quand le contrat porte
sur le transfert de propriété d’un corps certain. En cas de vente, l’acheteur devient
automatiquement propriétaire dès que les parties sont d’accord sur la chose et sur le prix
(art.1583). Toutefois, l’obligation de donner subsiste dans le cas de choses de genre dont le
transfert ne s’opère que par l’individualisation ou la spécification future des choses faisant
l’objet du contrat. De plus, l’obligation de donner peut être l’objet d’une exécution en nature
contrairement aux obligations de faire ou de ne pas faire.
L’article 1370 du Code Civil est assez confus mais il suggère une distinction entre les
conventions et les engagements qui se forment sans convention.
Les conventions ou les contrats sont des accords de volonté destinés à produire des effets de
droit (pour le législateur de 1804, la convention est la source normale d’obligations) tandis
que les engagements formés sans convention sont ceux qui résultent de la seule autorité de la
loi ou d’un fait personnel de l’homme.
La doctrine contemporaine ajoute une autre distinction : celle des actes juridiques et des faits
juridiques.
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Dans certains cas, le débiteur s’engage à atteindre un résultat précis (= obligation de résultat)
et dans d’autres cas, il s’engage à faire tout son possible pour y parvenir (= obligation de
moyens).
Cette distinction sans être absolue et invariable, a une portée pratique importante puisqu’elle
conditionne l’attribution de la charge de la preuve en cas d’inexécution de l’obligation.
Lorsqu’il s’agit d’une obligation de résultat qui n’est pas atteinte, la faute du débiteur est en
partie présumée et ce dernier ne peut échapper à sa responsabilité qu’en prouvant que
l’inexécution de l’obligation ne lui est pas imputable.
Lorsqu’il s’agit d’une obligation de moyen, le débiteur n’est responsable que si le créancier
insatisfait ne parvient à démontrer qu’il n’a pas agi avec toute la prudence et la diligence
requises càd qu’il n’a pas agi en tant que bonus pater familias.
Remarque : la question se pose surtout avec les obligations de faire qui sont soit de résultat
soit de moyens; les obligations de donner ou de ne pas faire sont des obligations de résultat.
Une obligation peut avoir plusieurs sujets, soit du côté passif (= pluralité de débiteurs), soit du
côté actif (= pluralité de créanciers).
La solidarité active est celle qui existe entre les créanciers. Chacun peut poursuivre
l’exécution de la totalité de sa dette contre le débiteur.
La solidarité passive concerne les débiteurs. Chacun de ceux-ci est tenu pour la totalité de la
dette à l’égard du créancier qui peut choisir à qui il va réclamer le remboursement. Il s’agit
d’une garantie pour le créancier qui évite ainsi le risque d’insolvabilité d’un des débiteurs.
Il faut distinguer deux moments : celui de l’obligation à la dette qui concerne les rapports
entre les débiteurs solidaires et le(s) créancier(s) et celui de la contribution à la dette qui
concerne les rapports entre les codébiteurs.
Remarque : la solidarité passive doit être expressément stipulée sauf si elle a lieu de plein
droit (art.1202, al.1, C.C).
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Une obligation peut être pure et simple càd exigible immédiatement mais elle peut aussi être
affectée par le temps dans son exigibilité ou son existence.
La condition n’est qu’une modalité et elle ne peut porter que sur un élément essentiel du
contrat. Par ailleurs, l’événement qui déclenche la condition ne peut dépendre de la volonté
d’une partie
=> distinction entre différentes espèces de conditions : casuelle, potestative et mixte.
De plus, la condition accomplie a un effet rétroactif du jour où l’engagement a été contracté.
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Les contrats ou les conventions sont des accords de volontés conclus entre deux ou plusieurs
personnes ayant l’intention de produire les effets juridiques prévus ou admis par le droit. La
rencontre des volontés fait naître le contrat et déclenche des effets de droit qui y sont associés.
Les quasi-contrats se distinguent des contrats non pas par leurs effets de droit mais par leur
origine car les droits et obligations qu’ils créent ont pour source un fait volontaire ou
involontaire d’une personne et non un accord de volontés.
=> deux hypothèses : la gestion d’affaires (art.1372 à 1375) et le paiement de l’indu (art.1376
à 1381).
Les délits et les quasi-délits sont des concepts utilisés en droit de responsabilité civile
extracontractuelle (art.1382 et suivants du C.C). Le délit est une faute intentionnelle tandis
que le quasi-délit est une faute non intentionnelle.
Toute faute, quand elle cause un dommage à autrui, engage la responsabilité
extracontractuelle ou délictuelle ou encore aquilienne de son auteur.
Cependant, cette classification est critiquable. En effet, le quasi-contrat présente une analogie
avec le contrat alors le quasi-délit n’en présente aucune puisque le régime de réparation est le
même que celui du délit. Il a donc été crée dans un souci d’asymétrie avec les quasi-contrats.
L’acte juridique se définit comme une manifestation de volonté visant à produire des effets de
droit càd à créer, modifier, transmettre ou éteindre un droit subjectif. La notion englobe les
contrats et les actes juridiques unilatéraux càd ceux qui sont l’œuvre d’une seule volonté.
Le fait juridique désigne tout fait quelconque de l’homme (volontaire ou non), auquel la loi
rattache des effets de droit, sans que ceux-ci aient été voulu par l’intéressé. Certains faits
juridiques sont de simples événements dépourvus de tout contenu volontaire et d’autres faits
juridiques sont volontaires, tout en produisant des effets de droit non directement recherchés
par leur auteur, ce qui les différencie des actes juridiques.
Dans un arrêt du 9 mai 1980, la cour de cassation a admis qu’une personne puisse s’engager
par une déclaration de volonté unilatérale (= autre source d’obligations).
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Mais, dès le moment où il est admis qu’une volonté seule a le pouvoir de se lier, pourquoi
refuser à cette même volonté le pouvoir de se délier ?
Cependant, si l’on admet que la volonté unilatérale peut se lier et se délier selon le bon
vouloir de l’auteur, on n’aperçoit plus la spécificité de la reconnaissance d’une telle source
d’obligation.
En droit belge, la volonté unilatérale est une source autonome mais subsidiaire d’obligation.
Dans son arrêt du 20 juin 1988, la Cour de cassation reconnaît une force obligatoire à
l’apparence malgré l’absence d’une faute du pseudo mandant.
Selon l’arrêt, « le mandant peut être engagé sur le fondement d’un mandat apparent, non
seulement dans le cas où il a fautivement crée l’apparence mais également en l’absence d’une
faute susceptible de lui être reprochée si la croyance du tiers à l’étendue des pouvoirs du
mandataire est légitime ».
Dans un autre arrêt du 20 janvier 2000, la Cour de cassation précise que l’apparence doit
pouvoir être imputée au pseudo mandant pour que celui-ci puisse être tenu sur la base d’un
mandant apparent. La notion d’imputabilité permet d’écarter la théorie de l’apparence dans
des hypothèses où l’apparence ne découle en aucune manière du comportement du pseudo
mandant.
Le droit des obligations est traité par les articles 1101 à 1386bis du Code Civil, il faut y
ajouter l’étude de la prescription extinctive (art.2119 et suivants).
Le droit des obligations est une des branches fondamentales du droit patrimonial, il entretient
un rapport privilégié avec la matière des contrats et celle des sûretés.
La théorie générale des obligations s’applique aux différents contrats dont les principaux sont
réglementés par les articles 1582 à 2010. Elle subit aussi un choc en retour de la part des
contrats spéciaux qu’elle régit et qui l’oblige parfois à revoir ses concepts, ses principes et ses
mécanismes.
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Les sûretés garantissent l’exécution d’obligations à l’aide soit de droits réels, soit d’autres
droits de créance ou encore à l’aide de privilèges.
Le droit des obligations relève du droit privé càd que la matière concerne surtout les rapports
entre particuliers (commerçants ou non). Mais, suite à une évolution jurisprudentielle
inaugurée par l’arrêt « La Flandria »du 5 novembre 1920, les trois pouvoirs sont de plus en
plus soumis à la norme de prudence déduite des articles 1382 et suivants.
Remarque : le droit public concerne les rapports des citoyens avec les pouvoirs publics ou les
rapports entre pouvoirs publics.
Le droit des obligations est rattaché au droit civil mais il ne faut pas opposer trop strictement
le droit civil au droit commercial au sein du droit privé.
Le droit des obligations est le fondement juridique de tous les échanges économiques. Il
trouve son champ d’application privilégié en matière commerciale.
Tout système économique repose sur une structure juridique. La mise en œuvre d’une
économie décentralisée va de pair avec un laisser faire et un « laisser contracter » qui trouve à
s’exprimer dans les principes de la responsabilité individuelle, de l’autonomie et de la
convention loi.
Les principes de base du droit des obligations (surtout ceux du droit des contrats) traduisent la
philosophie d’un système économique et visent à l’efficacité de son fonctionnement par le
décentralisation.
- de nombreux textes spéciaux ont remodelés le droit des obligations; en effet, le législateur
est souvent intervenu pour modifier ou compléter les règles de certains contrats spéciaux ainsi
que des textes dans le domaine de la responsabilité civile.
De plus, le Code de 1804 reflétait les conceptions de l’époque, dès lors, il est normal que le
changement de philosophie social et économique ait également provoqué un important
changement dans les deux institutions de base du droit des obligations càd le contrat et la
responsabilité civile (exemples page 30).
Aussi, le droit des obligations s’étend à d’autres disciplines mais, il est travaillé de l’intérieur
par le droit des contrats spéciaux ou le droit commercial sur lesquels il exerce son hégémonie.
Le droit des obligations subit également les apports extérieurs s’expliquant par le souci de
protection d’une catégorie particulière d’agents (exemples : les lois sur les clauses abusives et
sur la responsabilité du fait des produits défectueux).
Ces lois (dérivant souvent de directives européennes) introduisent des concepts et des
principes appartenant à des traditions juridiques différentes et dont la transposition n’est pas
toujours aisée. Ainsi, le droit communautaire devient une source de plus en plus importante de
droit des obligations.
Titre 1.Le fait juridique dommageable comme source d’obligation:la responsabilité délictuelle
Le droit de la responsabilité civile couvre l’ensemble des règles suivant lesquelles une
personne est tenue de réparer le dommage qu’elle a causé par suite de l’inexécution d’une
obligation qui lui incombe.
Si cette obligation est imposée par la loi, son inexécution est sanctionnée par la responsabilité
délictuelle ou quasi-délictuelle.
Si l’obligation provient d’un contrat entre les parties, son inexécution est sanctionnée par une
responsabilité contractuelle.
A l’origine, la notion de délit visait la faute volontaire ou intentionnelle alors que la notion de
quasi-délit visait la faute involontaire commise par imprudence ou négligence. Toutefois, cette
distinction est devenue théorique car l’action en responsabilité obéit au même régime
juridique que l’auteur du dommage soit tenu ex quasi delicto ou ex delicto.
Les textes du Code Civil qui forment la matière sont peu nombreux et c’est pourquoi, le droit
de la responsabilité civile se construit, se transforme en permanence au fil des décisions
judiciaires.
En conclusion, l’ordre moral et l’ordre juridique poursuivent des objectifs différents; ils ne
sont pas non plus totalement étrangers l’un de l’autre; mais il ne coïncident pas non plus
complètement.
B/ La responsabilité politique
Elle varie selon les évolutions de la « culture politique », elle dépend de la conception que se
font les citoyens et les élus de la fonction politique et elle est fondée sur l’honneur qui amène
l’homme politique à assumer personnellement la responsabilité exclusive d’une décision, d’un
acte ou d’un oubli qui s’est révélé être une erreur dommageable. Cette reconnaissance de
responsabilité se traduit souvent par la démission du politicien « fautif » mais elle peut aussi
être sanctionnée par un vote de méfiance au Parlement ou par un vote sanction lors des futures
élections.
Il existe encore une série de différences entre ces deux types de responsabilité :
- la notion de « délit » recouvre des réalités différentes selon la matière considérée.
Le délit pénal constitue une catégorie spécifique d’infractions aux côtés des contraventions et
des crimes.
Le délit civil vise tout comportement à l’origine d’un dommage pour autrui et qui oblige son
auteur à le réparer.
- la responsabilité pénale ne peut être engagée que pour certaines fautes définies dans un texte
légal. En effet, le droit pénal est régi par le principe de légalité des infractions et des peines
alors que la responsabilité civile peut être engagée par toute faute (même la plus légère) et
parfois même sans qu’aucune faute ne puisse être reprochée à l’auteur du fait dommageable.
- l’existence d’un dommage est une condition d’existence de la responsabilité civile alors que
cette condition n’est pas toujours requise pour justifier une sanction pénale.
- la responsabilité pénale est en principe personnelle alors qu’on trouve de nombreux cas de
responsabilité du fait d’autrui en matière civile.
- la faute civile est appréciée in abstracto alors que le comportement de l’auteur d’une
infraction pénale est apprécié in concreto.
- en matière pénale, la peine est proportionnée à la gravité de la faute tandis qu’en matière
civile, la faute la plus légère suffit à obliger son auteur à la réparation intégrale du dommage.
A cette question répond le principe d’identité des fautes civile et pénale qui repose sur l’idée
que l’infraction de coups et blessures ou d’homicide dépend des mêmes éléments que la faute
civile.
2. la prescription de l’action civile résultant d’une infraction pénale (cfr page 37)
Nouvel article 26 du Titre préliminaire du Code d’instruction criminelle dû à une différence
de traitement entre les victimes d’une faute civile.
2. au plan du dommage
Le principe de réparation intégrale du dommage vaut pour les deux ordres de responsabilité
bien que ceux-ci diffèrent en ce qui concerne la détermination du dommage pris en
considération.
Même en matière contractuelle, il est indifférent que le lien de causalité soit direct, indirect,
médiat ou immédiat pourvu qu’il soit nécessaire.
La responsabilité de la faute prouvée remplit donc une fonction de réparation mais aussi de
prévention voire même de répression.
La responsabilité est en partie liée à la responsabilité morale puisqu’un dommage est sujet à
réparation seulement si son auteur peut se voir reprocher une faute.
Enfin, la responsabilité pour faute est conçue comme un rapport de droit entre deux personnes
mais cette approche est limitée lorsqu’il s’agit de faire face aux dommages collectifs qui se
multiplient dans nos sociétés modernes.
Cependant, des tempéraments ont été apportés à ce principe :
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- dès 1804, les rédacteurs du Code Civil ont énoncé différentes présomptions de responsabilité
afin de faciliter l’indemnisation des victimes (art.1384 à 1386).
- de plus, les juges disposent d’une marge d’appréciation pour déterminer le degré de
diligence due et venir ainsi en aide aux victimes.
- enfin, grâce au développement des assurances, les juges sont plus enclins à retenir la
responsabilité de l’auteur d’un dommage lorsqu’ils savent que ce dernier est assuré et ne
devra donc pas supporter seul le poids de la réparation.
Les responsabilités fondées sur le risque sont favorables à la victime mais elles pénalisent
l’esprit d’initiative et d’entreprise.
Cette évolution est la conséquence des transformations de notre mode de vie et des relations
sociales depuis 1804 et elle s’explique surtout en raison des risques dans nos sociétés
modernes dues à la révolution industrielle.
En effet, si la fonction réparatrice de la responsabilité civile a été accentuée c’est afin de
résoudre le problème de l’indemnisation des victimes de l’industrialisation et du machinisme
càd des nouveaux types de dommages parfois purement accidentel et difficiles à rattacher à la
défaillance coupable de l’homme.
Section 1. Le dommage
§1) La notion de dommage réparable
En plus du fait générateur et du lien de causalité, la victime devra prouver qu’elle a subi un
dommage. Le dommage consiste en la lésion d’un droit subjectif ou d’un intérêt pourvu qu’il
soit stable et légitime. Pour être réparable, il faut que le dommage soit certain et personnel.
2. …stable et légitime (= deux éléments que la victime doit prouver; exemples page 47)
La victime doit montrer au juge qu’elle a perdu un avantage sur lequel elle pouvait compter
de façon durable (notion d’intérêt stable) et elle ne peut en aucun cas invoquer un avantage
illicite càd un avantage contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs (notion d’intérêt
légitime).
Remarque : cette 2ème exigence sera appréciée en fonction du contexte social puisque l’ordre
public et les bonnes mœurs sont des concepts évolutifs.
Toutefois, le dommage peut être futur à condition qu’il se réalise avec certitude dans l’avenir.
Il en va ainsi chaque fois que le dommage implique des répercussions dans le futur (exemple
page 48).
Enfin, la perte d’une chance peut constituer un préjudice réparable si elle est certaine et
évaluable économiquement (exemple page 48).
Ces deux types de dommages sont en principe réparables et peuvent même se cumuler,
toutefois, l’évaluation du dommage moral n’est pas aisée c’est pourquoi les tribunaux statuent
souvent en équité, ex aequo et bono et, dans certains cas, la réparation n’est pas financière
mais symbolique.
tant la chaîne des relations de causes à effets peut être remontée ou redescendue presque à
l’infini (causalité en amont et en aval).
Les juges tranchent souvent en équité ou par sentiment comme s’il s’agissait du question de
bon sens plus que de science (Demogue). Ils sont donc condamnés au pragmatisme avec pour
seul guide le critère général de nécessité. De nombreuses décisions font l’économie de toute
appréciation motivée du lien de causalité, les juges se contentant d’affirmer l’existence ou
l’inexistence du lien causal.
§2) Théories relatives à l’appréciation du lien causal (ne sont plus d’actualité)
A/ Les théories de la causa proxima et de la causalité efficiente
Selon la théorie de la causa proxima, seule doit être retenue la cause fautive la plus proche
du dommage.
Selon la théorie de la causalité efficiente, seule doit être retenue la faute qui a pesé le plus
lourdement càd la faute qui a joué un rôle prépondérant dans la réalisation du dommage.
Dans une telle situation, deux types de relations doivent être distinguées :
1. l’obligation à la dette
Le droit belge prône le principe de la responsabilité in solidum des auteurs de fautes
concurrentes. Chaque auteur est tenu à la réparation intégrale du dommage quelle que soit la
gravité des fautes respectives ou le fondement de la responsabilité de chacun. La victime peut
donc réclamer à l’un d’eux une indemnisation entière.
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La victime a donc le droit à la réparation intégrale de son dommage mais elle ne peut pas
obtenir plus que la réparation du dommage. L’indemnisation totale effectuée par un des
codébiteurs libère tous les autres vis-à-vis de la victime tout comme le paiement partiel
effectué par un des codébiteurs diminue ce que la victime pourra encore réclamer aux autres.
Il existe également la notion de faute collective qui est appliquée lorsqu’un dommage a été
causé par un individu non identifié faisant partie d’un groupe déterminé. Dans ce cas précis, la
jurisprudence retient parfois la faute collective de l’ensemble des membres du groupe. Tous
les membres du groupe sont donc responsables in solidum en raison de la faute qu’ils ont
commise en participant à une activité dangereuse (exemple : une bagarre).
2. la contribution à la dette
Il s’agit ici, d’examiner les possibilités de recours offertes au coresponsable qui a indemnisé
la victime à l’égard des autres coobligés. Celui-ci pourra se retourner contre les autres
responsables pour que chacun supporte la dette qui correspond à sa propre part de
responsabilité dans l’accident (= recours contributoire).
Celui des codébiteurs qui a réparé la totalité du dommage est donc subrogé dans les droits de
la victime contre les autres coobligés. Il pourra poursuivre chacun des codébiteurs pour leur
propre part contributoire. Ce recours subrogatoire ne pourra avoir lieu que déduction faite de
la part contributive du subrogé.
Remarques : autres fondements cfr page 57
b) portée du recours contributoire
Les différents responsables partageront la charge de la réparation proportionnellement à la
part de responsabilité qui incombe à chacun (cette part est déterminée par le juge du fond).
Le critère de répartition entre les différents coobligés in solidum est de partager les
responsabilités en fonction de la gravité des fautes respectives. Toutefois, on reproche à ce
critère de ne pas tenir compte de l’influence des fautes sur le dommage tel qu’il s’est produit.
D’autres critères ont également été avancés par la doctrine :
- une première alternative consiste à effectuer le partage des responsabilités en fonction du
pouvoir causal de chacune des fautes càd en fonction de leur incidence sur la réalisation du
dommage.
- une autre alternative est celle du partage des responsabilités par parts viriles (càd par parts
identiques) puisque chacune des fautes étaient indispensables à la réalisation du dommage,
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elles ont donc un rôle causal identique mais cette solution est contraire à l’équité surtout
lorsque les fautes commises diffèrent trop en nature ou en gravité.
La rigueur de ce principe est atténuée lorsque la victime est privée de discernement même si
elle a commis un acte objectivement illicite; le tiers responsable sera tenu à la réparation
intégrale du dommage.
Pour certains, le partage de responsabilités n’a pas lieu lorsque le tiers responsable du
dommage a commis une faute intentionnelle. La faute délibérée absorberait toute la causalité.
Enfin, dans le cadre de l’indemnisation des usagers faibles de la route, la victime bénéficiera
d’une indemnisation complète sans qu’il soit tenu compte de sa faute, à moins qu’elle soit
intentionnelle.
Il existe trois types de causes étrangères exonératoires : la faute d’un tiers, la faute de la
victime et la force majeure.
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Un événement peut parfois être qualifié de force majeure alors même qu’il était prévisible, si
cet événement est d’une nature telle qu’il était impossible à la personne de l’éviter ou d’éviter
ses conséquences dommageables.
b) un événement irrésistible
L’événement doit être irrésistible ou insurmontable de sorte que le défendeur en responsabilité
était dans l’impossibilité d’empêcher la survenance du dommage.
c) un événement indépendant de la volonté du défendeur
L’événement qui a été provoqué ou favorisé par une faute, une imprudence ou une négligence
de défendeur ne peut être qualifié d’événement de force majeure puisqu’il n’est pas
irrésistible.
L’article 1382 du Code Civil précise que l’obligation de réparer concerne les dommages
causés non pas par un fait quelconque de l’homme mais par son fait fautif et l’article 1383
ajoute qu’une négligence ou une imprudence peut engager la responsabilité civile.
Remarque : la sobriété de ces articles montre la philosophie juridique des rédacteurs du Code
Civil qui est de fonder un principe général de responsabilité civile sur un concept unitaire,
susceptible d’appréhender la diversité des comportements moralement répréhensibles qui
portent préjudice à autrui.
Cependant, pour L. Cornelis, une contravention à la loi ne suffit jamais en soi à constituer une
faute, encore faut-il que les deux autres éléments de la faute soient présents.
Il faut donc établir en 1er lieu que le défendeur en responsabilité disposait de la faculté de
discernement et que son comportement devait être l’expression de sa volonté. En effet, il n’y a
pas de faute s’il apparaît que le défendeur n’a été que l’instrument d’un événement
imprévisible et invincible auquel il est resté étranger.
La question se pose aussi de savoir si la prévisibilité d’un dommage est une condition
nécessaire pour pouvoir conclure à l’existence d’une faute en cas de violation de la loi. Quand
le législateur prend l’initiative de promulguer une loi, c’est pour encourager un comportement
ou pour l’interdire lorsqu’il constate que l’absence de ce comportement pourrait causer un
dommage, il faut donc conclure qu’un dommage est normalement prévisible en cas de
violation de la loi.
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2. l’imputabilité
a) généralités
La violation d’une norme de conduite doit avoir lieu librement et sciemment. Autrement dit, il
faut que l’acte illicite puisse être imputé à son auteur càd rattaché à sa volonté libre, éclairée
par la raison. Il est donc requis que l’acte critiqué ait été accompli volontairement.
Il s’agit d’une question de fait laissée à l’appréciation souveraine du juge du fond.
Contrairement au premier critère de la faute, le discernement est apprécié in concreto càd
moyennant un examen des circonstances subjectives de chaque enfant.
Cette exigence de discernement traduit l’affinité entre la faute civile et la faute morale
=> pour être jugé fautif, un comportement doit pouvoir être reproché à son auteur.
Toutefois, la faute est parfois séparée de son élément moral et conçue objectivement dans le
but de faciliter la réparation du dommage. Dans ce cas, un individu privé de discernement
peut commettre un acte objectivement illicite et se trouver obligé de réparer le dommage.
Le problème de l’imputabilité se pose surtout pour les enfants (mineurs), les malades mentaux
et pour les personnes qui perdent le contrôle de leurs actes.
b) enfants
On considère qu’à partie de 7 ans, l’enfant a la capacité aquilienne càd le discernement
suffisant pour que ses actes puissent lui être imputés (il s’agit là d’une présomption de fait).
c) déments et anormaux
En principe, les déments et les malades mentaux ne peuvent être condamné à réparer le
dommage qu’ils ont causé et c’est pourquoi, le législateur a inséré dans le Code Civil l’article
1386bis fondé sur l’équité. Cet article déroge à un double titre au droit commun :
1° la condition de la faute est évacuée au profit d’une notion d’acte objectivement illicite càd
un acte qui aurait été jugé fautif s’il avait été accompli par un individu doué de discernement
2° la réparation du dommage est facultative tant dans son principe que dans son montant.
Le juge, qui fonde son appréciation, prendra en compte différents facteurs tels que la
solvabilité de l’auteur de l’acte dommageable, l’existence d’une couverture assurance,…
De plus, l’article 1386bis s’applique aussi bien en matière contractuelle qu’en matière
délictuelle et, pour qu’il soit d’application, l’auteur de l’acte dommageable doit se trouver,
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au moment des faits, dans un état de déséquilibre mental de façon à le priver du contrôle de
ses actes c’est pourquoi la Cour de cassation a rejeté l’application de cet article dans le cas
d’une perte passagère de conscience.
Toutefois, les personnes qui perdent momentanément le contrôle de leurs actes ne sont pas
responsables sur base de l’article 1382 du Code Civil à moins que cette perte de conscience
soit causée par un acte fautif.
Enfin, l’article 1386bis ne profite qu’au dément et seulement au dément.
3. la prévisibilité du dommage
Elle constitue un élément de la faute en matière extracontractuelle (cfr 1150 C.C)
Quelqu’un n’est responsable du dommage causé que s’il a pu prévoir que son imprudence
pouvait créer un préjudice quelconque ou s’il a dû le prévoir. La faute comporte donc soit la
prévision soit la prévisibilité du dommage. L’imprévisibilité du dommage supprime la faute et
donc la responsabilité.
Remarque : la prévisibilité du dommage concerne son éventualité et non sa nature ou son
étendue.
B/ Typologie
1. la légitime défense
Selon l’article 416 du Code pénal, « il n’y a ni crime, ni délit, lorsque l’homicide, les
blessures ou les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de
soi-même ou d’autrui ».
2. l’état de nécessité
Selon l’arrêt de la Cour de cassation du 15 mai 1930, l’état de nécessité peut être invoqué
comme fait justificatif, cette jurisprudence a été confirmée dans un arrêt du 19 décembre
1980.
L’état de nécessité permet d’exonérer celui qui cause un dommage en vue d’écarter un danger
actuel et imminent. Encore que la bien ou la valeur sauvegardés doit être supérieur ou égal à
l’intérêt sacrifié. La notion suggère que, de deux maux, on peut choisir le moindre, même si
celui-ci entraîne un dommage, à condition que l’acte posé soit proportionné au bien que l’on
veut préserver ou au mal que l’on prétend éviter.
justifié càd purgé de son aspect fautif, dès l’instant où il a été contraint par un événement
imprévisible, irrésistible et indépendant de la volonté du défendeur.
Remarque : pareille considération vaut également pour la légitime défense.
3. la contrainte
Qu’elle soit physique ou morale, elle peut être une cause de justification pourvu qu’elle ait
anéanti la volonté libre de l’auteur du fait dommageable. Toutefois, il faut également que le
défendeur n’ait pas eu la possibilité d’adopter un comportement différent que celui qui a
entraîné le dommage (= condition d’irrésistibilité).
Cependant, tout ordre de la loi ou de l’autorité légitime n’est pas toujours considéré comme
un fait justificatif (exemple page 79).
Pour être considéré comme un fait justificatif, il faut que l’ordre émane d’une autorité
compétente, qu’il ne soit pas illégal, qu’il soit exécuté sans imprudence ni abus de droit et
dans les limites de la permission légale.
Dans son arrêt du 10 septembre 1971, la Cour de cassation refuse de limiter l’abus de droit à
l’hypothèse où le droit est exercé avec la seule intention de nuire. De plus, elle définit l’abus
de droit comme « l’exercice d’un droit qui dépasse manifestement les limites de l’exercice
normal de celui-ci par une personne prudente et diligente ».
Le principe de cette matière est que certaines personnes réputées plus solvables sont
présumées responsables des fautes commises par d’autres personnes.
Ces responsabilités sont appelées complexes ou indirectes en ce sens qu’elle sont fondées sur
une double faute : celle du civilement responsable et celle de la personne dont il répond.
Pour que la présomption de responsabilité à charge des répondants produise ses effets, il faut
que la victime prouve la faute personnelle de l’auteur de l’acte dommageable, le préjudice
subi et le lien de causalité entre les deux. La faute du civilement responsable est présumée
ainsi que le lien de causalité entre cette faute présumée et le dommage.
Si l’auteur direct de l’acte dommageable n’a pas le discernement, aucune faute ne peut lui être
imputée, par conséquent, sa responsabilité ne pourra être mise en cause par la victime, ni par
le civilement responsable. Toutefois, grâce à la théorie de l’acte objectivement illicite, la
présomption pourra jouer à l’égard du civilement responsable moyennant l’absence de
discernement de la personne dont il doit répondre.
Aussi, les différentes présomptions ne peuvent être invoquées que par les tiers victimes d’un
dommage causé par la personne dont on répond (cfr page 85).
La responsabilité des père et mère est régie par les alinéas 2 et 5 du Code Civil et repose sur
une faute présumée consistant en un manquement soit dans l’éducation soit dans la
surveillance de l’enfant. Il s’agit d’une présomption réfragable (ou juris tantum) càd que
chacun des parents est admis à renverser la présomption, en administrant la preuve de son
26
absence de faute. Pour rapporter cette preuve contraire, les parents doivent établir qu’ils ont
bien éduqué et bien surveillé leur enfant.
Le but de cette responsabilité est d’offrir à la victime des débiteurs plus solvables que ne le
sont les enfants mineurs et de stimuler la vigilance des parents dans l’éducation et la
surveillance de leurs enfants.
On considère que la responsabilité présumée des parents est fondée sur l’autorité parentale.
Cela est conforme avec l’idée d’une présomption reposant sur une faute dans la surveillance
et l’éducation : les parents sont censés exercer l’autorité dont ils sont investis par la loi afin
d’empêcher que leurs enfants ne causent des dommages à autrui.
Toutefois, différents facteurs conjugués ont contribué au déclin de l’autorité parentale :
- la multiplication des situations dans lesquelles le mineur n’est plus sous la surveillance de
ses parents
- la diversification des systèmes et méthodes éducatifs
- l’accent mis sur l’autonomie de l’enfant dans la pédagogie moderne
- l’abaissement de l’âge de la majorité
A/ La minorité de l’enfant
Depuis le 1er mai 1990, l’âge de la majorité a été abaissé de 21 à 18 ans.
On assimile à un mineur, l’enfant majeur placé sous statut de minorité prolongée lorsque
celui-ci demeure soumis à l’autorité parentale de ses parents. Par conséquent, la présomption
de faute continue de peser sur eux.
A contrario, dès que le mineur émancipé n’est plus sous l’autorité de ses parents, il est
considéré comme majeur et, dès lors, a responsabilité des parents n’est plus présumée si
l’enfant était déjà émancipé au moment du dommage.
B/ La qualité de parents
Ola deuxième condition est celle de l’existence d’un lien de filiation entre le mineur (auteur
de l’acte dommageable) et la personne appelée à en répondre.
Seuls sont visés les père et mère à l’exclusion du tuteur ou de toute autre personne qui exerce
la garde de l’enfant.
Aussi, la présomption pèse sur les parents légitimes et sur les parents naturels ainsi que sur les
parents adoptifs (car les parents d’origine ne sont plus visés puisqu’ils ont perdu l’autorité
parentale au profit des parents adoptifs).
27
Toutefois, les cours et tribunaux belges admettent que les parents échappent à leur
responsabilité en faisant la preuve qu’ils n’ont commis aucune faute ni dans la surveillance ni
dans l’éducation.
De plus, le fait que l’enfant ait été confié à une personne de confiance peut être un indice
important de l’impossibilité matérielle de surveiller l’enfant sans pour autant qu’on puisse en
déduire l’absence de faute (cfr page 91).
La surveillance est impossible lorsque l’enfant est engagé sous les armes, lorsqu’il a fait
l’objet d’une mesure de placement ou encore lorsqu’il est à l’école. Par conséquent, la
surveillance est transférée aux éducateurs et aux professeurs cependant, la faute (éventuelle)
de l’enfant peut être rattachée à la présomption de faute dans l’éducation.
Pourtant, on a longtemps considéré que les parents ne sont pas responsables des fautes
commises par leur enfant pendant le temps où il se trouve à l’école (sous la surveillance d’un
professeur) mais, en 1978, la Cour de cassation s’est prononcée contre le cumul des
présomptions de responsabilité à charge des parents et des instituteurs.
En effet, il est contradictoire de fonder la responsabilité des parents sur une présomption de
faute dans l’éducation de l’enfant et de faire fi de la mauvaise éducation lorsque l’acte illicite
et dommageable est commis à l’école mais, depuis un arrêt du 23 février 1989, la Cour de
cassation admet le cumul de la responsabilité des parents et celle de l’instituteur (cfr page 92).
Lorsqu’un enfant est en internat, lorsqu’il vit dans une chambre d’étudiant ou encore lorsqu’il
est sous la surveillance d’un mouvement de jeunesse, les parents sauront facilement
démontrer l’impossibilité matérielle de le surveiller mais ils devront encore prouver leur
absence de faute dans l’éducation de l’enfant.
Dans le cas d’un divorce, le fait qu’un enfant soit confié à la garde d’un des parents n’est pas
la preuve que l’autre parent n’a commis aucune faute de surveillance cependant, lorsque le
droit de visite est très limité et donc que la surveillance ne s’exerce que de manière lointaine,
une telle preuve sera plus facile à apporter.
b) l’impossibilité morale de la surveillance (cfr page 93 et 94)
c) l’impossibilité d’éviter le fait dommageable
Les parents peuvent aussi prouver que le comportement de l’enfant a été tellement
imprévisible et soudain que même une surveillance de tous les instants n’aurait pu empêcher
l’accident (cfr exemple page 94).
D’un point de vue théorique, certains y voient une rupture du lien de causalité entre la faute
dans la surveillance et la survenance du dommage.
D’autres estiment que la preuve de l’impossibilité d’éviter le dommage permet de renverser la
présomption de faute dans la surveillance.
La Cour de cassation estime que le juge du fond peut considérer que la preuve contraire est
administrée si le caractère imprévisible du dommage démontre l’impossibilité d’empêcher le
fait à condition qu’il soit établi que les parents ont bien éduqué leur enfant.
Toutefois, si elle était poussée à l’extrême, cette jurisprudence priverait l’efficacité de l’article
1384, alinéa 2 du Code Civil. En effet, les actes dommageables commis par des enfants sont
généralement inattendus, soudains, involontaires et inévitables.
29
D’autant que la plupart des dommages causés par des enfants mineurs sont sans rapport avec
la qualité de l’éducation qu’ils ont reçue. Soit ces dommages sont imputables à l’insouciance
ou à la frivolité du jeune âge, soit ils sont purement accidentels.
b) une jurisprudence incohérente, entre rigorisme et laxisme
Il existe deux courants jurisprudentiels opposés utilisés pour l’appréciation de la bonne
éducation :
- Le premier tend à déduire automatiquement la mauvaise éducation du caractère grave de
l’acte illicite du mineur.
- Le second considère que la preuve de la bonne éducation est faite dès lors que les parents
établissent qu’ils ont fait de leur mieux
=> cfr page 95 et 96
Aussi, le fait que l’enfant a dû être placé dans une institution de protection de la jeunesse ne
suffit pas pour établir le défaut d’éducation puisque même les éducateurs de ces institutions
n’ont pu empêcher le mineur de commettre des infractions.
En cas de séparation de fait ou de divorce des parents, le fait que l’enfant soit confié à la
garde d’un des deux parents ne fait pas disparaître le devoir d’éducation de l’autre. Toutefois,
certains estiment que la présomption de faute dans l’éducation est renversée si la séparation a
eu lieu peu de temps après la naissance et si les visites avec l’enfant sont tellement limitées
que le rôle éducatif peut être considéré comme quasi nul dans le chef du parent privé du droit
de garde.
Selon cette disposition, l’instituteur ou l’artisan est présumé responsable des faits
dommageables causés à un tiers par un élève ou un apprenti pendant le temps où ce dernier est
sous sa surveillance.
prouvant qu’ils ont exercé une bonne surveillance ou qu’une surveillance correctement
effectuée n’aurait pas pu empêcher le dommage.
Le critère déterminant est le devoir de surveillance dans la mesure où il est lié à une charge
d’enseignement. Par conséquent, ne sont pas responsable les surveillants qui n’assume aucun
enseignement, ni le directeur d’un établissement scolaire (qui organise la surveillance).
2. l’artisan
L’artisan est celui qui procure une formation professionnelle à un apprenti apprenant un
métier sous sa surveillance.
Remarque : le fait qu’il dispense un enseignement théorique et pratique permet de le
distinguer de commettant qui n’a pas la qualité d’enseignant.
Cette faute ou cet acte objectivement illicite doit avoir été commis pendant le temps où l’élève
ou l’apprenti se trouvait effectivement sous la surveillance de l’instituteur ou de l’artisan. Ces
derniers verront leur responsabilité engagée lorsqu’un dommage est causé par un élève en
dehors des locaux de cours ou de l’école pour autant que l’élève ou l’apprenti se trouvait bien
sous leur surveillance à ce moment-là.
Par contre, la présomption de responsabilité ne pourra jouer lorsque l’acte illicite a été
commis à l’occasion d’une interruption de cours, lors d’une fugue (à moins que la victime ne
prouve qu’elle résulte de la faute de l’instituteur) ou lorsque l’élève est en vacances.
§3) Effets
A/ Une présomption réfragable
L’article 1384, alinéa 2 instaure une présomption de responsabilité. Donc, dès que les
conditions d’application de cette disposition sont réunies, l’instituteur ou l’artisan est présumé
31
avoir commis une faute dans la surveillance de l’élève ou de l’apprenti qui a causé le
dommage. Le lien causal entre cette faute et le dommage est également présumé.
Toutefois, cette présomption est réfragable; dès lors, l’instituteur ou l’artisan peut s’exonérer
de sa responsabilité en apportant la preuve qu’il n’a pas commis de faute dans la surveillance
exercée ou qu’une correcte surveillance n’aurait pu empêcher le dommage.
Aussi, le civilement responsable peut contester la réunion des conditions de mise en œuvre
de la présomption.
Enfin, l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 consacre une immunité en faveur de l’instituteur
sous contrat de travail en vertu de laquelle il ne peut voir sa responsabilité civile engagée pour
les fautes qu’il commet vis-à-vis des tiers dans l’exécution de son contrat de travail hormis
des fautes intentionnelles (dol), des fautes lourdes et des fautes légères et habituelles (pg 101).
C/ Autre recours
Le civilement responsable qui a indemnisé la victime dispose d’un recours contre l’élève ou
l’apprenti.
La victime, elle, peut toujours agir contre l’élève ou l’apprenti qui lui a causé un dommage à
condition qu’il ait le discernement nécessaire ou contre les parents de celui-ci (= cumul
horizontal) ou encore contre le commettant de l’instituteur (= cumul vertical).
C’est la théorie du risque profit : le commettant devrait assumer les risques liés à l’activité
dont il tire profit.
- enfin, certains justifient cette responsabilité par l’idée de garantie : il s’agit de donner à la
victime un débiteur plus solvable que le préposé (qui serait donc cautionné par le
commettant).
Tenant compte de ces divers éléments, on peut conclure que le législateur à instaurer le
régime de l’article 1384, alinéa 3 di Code Civil dans le but de réparer les dommages et
prévenir les fautes.
Remarque : la subordination est un fait juridique et donc, la preuve de son existence peut être
rapportée par toutes voies de droit par la victime. La Cour de cassation vérifie si le juge du
fond a pu légalement déduire l’existence de ce lien de subordination.
2. situations particulières
Dès que les conditions sont réunies, il importe peu que le commettant ait été présent ou qu’il
ait exercé ses prérogatives au moment où la faute à l’origine du dommage a été commise. Il
suffit qu’il ait le pouvoir virtuel d’agir de la sorte mais il n’est pas indispensable qu’il en ait
vraiment usé.
Il n’est pas non plus nécessaire que ce pouvoir soit exercé directement par le commettant qui
peut éventuellement recourir à des intermédiaires.
Aussi, la subordination n’est pas incompatible avec une certaine autonomie dont le préposé
jouirait dans l’exécution de son travail. Le préposé pourrait se trouver dans un rapport de
subordination alors même que ses connaissances techniques seraient supérieures à celle de
son commettant.
Enfin, on ne tient pas compte d’éléments tels que l’existence ou l’absence de rémunération, le
caractère permanent, temporaire ou occasionnel de l’activité,…
Le lien de subordination peut exister sans rapport contractuel. Il suffit que le commettant
puisse exercer son autorité ou sa surveillance sur les actes du préposé. En général, les
employés ou ouvriers sous contrat de travail sont considérés comme des subordonnés bien que
l’existence d’un lien de subordination ne se déduit pas nécessairement de l’existence d’un
contrat de travail (cfr page 104).
En cas de prêt de préposé, on considère que le préposé prêté devient un préposé du patron
emprunteur si il y a eu déplacement d’autorité. Il ne suffit pas que le commettant originaire ait
33
chargé son préposé d’exécuter un travail chez un client, il faut qu’il ait réellement placé son
préposé au service du tiers qui exercera le pouvoir d’autorité (exemple page 105).
B/ La faute du préposé
1. principes
Pour que la responsabilité du commettant soit engagée, il faut que le préposé ait commis une
faute causant un dommage à un tiers. Il appartient à la victime de prouver (par toutes voies de
droit) l’existence de cette faute et son lien causal avec le dommage. Toutefois, la
responsabilité du commettant peut être engagée même si le préposé fautif n’est pas
personnellement identifié.
La responsabilité du commettant peut être engagée pour une faute légère, lourde voire
intentionnelle.
Aussi, la responsabilité du commettant peut être engagée (par le jeu d’une responsabilité en
cascade) lorsque la faute du préposé est présumée (cfr page 105).
L’exonération prévue dans cet article est personnelle au travailleur. Elle ne profite pas au
commettant qui en pourrait invoquer l’immunité de son préposé pour échapper à la
présomption de responsabilité qui pèse sur lui. Par conséquent, l’article 18 n’empêche pas la
victime d’agir contre le commettant pour toutes les fautes que son préposé aurait commises.
L’article 18 immunise le travailleur vis-à-vis des tiers mais également vis-à-vis de son
employeur; ce qui empêche toute action récursoire que l’employeur voudrait exercer contre
son travailleur après avoir indemnisé la victime.
Remarque : une loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité des agents des services
publics accorde un régime similaire à celui de l’article 18.
L’acte sera considéré comme accompli pendant la durée des fonctions s’il intervient pendant
les horaires de travail du préposé mais également pendant les heures supplémentaires qu’il
presterait à la demande ou avec l’accord du commettant. Si le préposé commet une faute
pendant une interruption de travail, le commettant sera responsable si la suspension du travail
peut être considérée comme rentrant dans l’exercice normal des fonctions.
34
Le lien est évident et direct lorsque le préposé a exécuté sa mission bien que de manière
imprudente ou négligente mais, le lien de connexité (entre l’acte et les fonctions) peut être
ténu notamment lorsque l’acte a été commis à l’occasion des fonctions. Dans ce cas, la
responsabilité du commettant pourrait être engagée alors que le préposé n’exécute pas les
tâches qui lui sont dévolues mais qu’il agit dans le cadre du lien de subordination et pendant
la durée de ses fonctions (exemple : abus de fonction).
2. l’abus de fonction
Remarque : l’abus de fonction n’exonère pas (à lui seul) le commettant de sa responsabilité.
En cas d’abus de fonction, la Cour de cassation considère que le commettant reste tenu si le
préposé n’a pas agi en dehors de ses fonctions, sans autorisation et à des fins étrangères (cfr
page 108 et 109).
§3) Effets
A/ Une présomption irréfragable
Si les conditions sont réunies, le commettant est présumé responsable de la faute de son
préposé (= véritable responsabilité objective).
La responsabilité du commettant n’efface pas celle du préposé. Les deux sont responsables in
solidum de sorte que la victime peut choisir d’agir contre le commettant, contre le préposé ou
contre les deux simultanément. De plus, après avoir indemnisé la victime, le commettant peut
exercer un recours contre son préposé.
Dans un arrêt du 29 mars 1991, la Cour de cassation française a découvert dans l’alinéa 1er, un
principe général selon lequel on est responsable des faits des personnes dont on doit répondre
=> cfr page 111
Dans cet arrêt, on peut remarquer que la Cour de cassation ne déduit pas formellement un
principe général de responsabilité du fait d’autrui mais se contente d’admettre que l’alinéa 1er
de l’article 1384 fonde la solution retenue par l’arrêt attaqué. De cette manière, elle pose
implicitement une règle générale dont la portée ne peut être limitée au seul cas du même
genre. Toutefois, l’arrêt n’en dit pas plus sur les conditions de la règle générale posée et sur le
régime de la responsabilité du fait d’autrui.
35
Ensuite, la notion de garde n’a pas la même consistance suivant qu’elle est rapportée aux
choses ou aux personnes. Elle fait référence aux pouvoirs des choses alors qu’elle renvoie aux
devoirs pour ce qui est des personnes.
Cependant, tous sont d’accord sur le fait qu’il n’appartient pas aux juges de créer des règles
nouvelles pour pallier les lacunes de la loi ou la faire évoluer selon les mouvements de la
société mais, l’importance des bouleversements sociaux peut justifier que les juges prennent
prétexte des termes de la loi pour faire évoluer le droit.
Sur le plan des principes et de la technique juridique, l’admission d’un principe général de
responsabilité du fait d’autrui semble possible mais, force est de constater qu’une fois le
principe énoncé, de nombreuses zones d’ombre subsistent (notamment) concernant la
36
L’adoption d’un tel principe est-elle pour autant opportune ? En effet, on peut craindre que
des personnes (investies d’une autorité sur d’autres) se montrant moins vigilantes puisque leur
responsabilité pourra être invoquées même s’ils n’ont commis aucune faute; on peut redouter
que beaucoup de personnes ne veulent plus assister les êtres fragiles par crainte de voir leur
responsabilité trop facilement invoquée; on peut également rencontrer ces préoccupations par
le biais des assurances de responsabilité mais il n’est pas sûr que toutes les personnes
veuillent ou puissent supporter la charge financière qu’elles représentent; enfin, le droit créé
par la jurisprudence n’est pas toujours très convaincant comme en témoigne les vices de la
jurisprudence Blieck ou celles de la jurisprudence relative à la responsabilité du fait des
choses.
B/ Synthèse et perspectives
Il est incontestable qu’à la révolution industrielle de la fin du 19ème siècle ont suivis (au cours
du 20ème siècle) d’importants bouleversements sociaux et, dans le même temps, on assiste à
une multiplication d’établissements destinés à la prise en charge des personnes fragiles,
déviantes ou laissées pour compte.
De toute évidence, l’énumération de l’article 1384 est hors contexte par rapport aux réalités
sociales actuelles. Les hypothèses dans lesquelles une personne est appelée à exercer une
autorité sur une autre personne sont nombreuses. Par conséquent, l’actualisation de l’article
1384 est vivement souhaitable.
Ensuite, faut-il créer une responsabilité objective et directe du civilement responsable pour
tous les dommages causés par les personnes sur lesquelles il exerce un pouvoir d’autorité ou
une responsabilité à deux degrés (analogue à celles prévues par les alinéas 2 et suivants de
l’article 1384 du Code Civil).
La mise en cause de la responsabilité des parents, instituteurs ou commettant suppose la
démonstration préalable d’une faute dans le chef de l’enfant ou du préposé.
Dans notre hypothèse, il faut (au moins) admettre que l’acte objectivement illicite soit
assimilé à la faute prouvé. Si l’adaptation de l’article 1384 s’opère moyennant une
intervention du législateur, la solution la plus logique serait d’adopter une responsabilité
objective et directe du répondant. Si la création prétorienne est privilégiée, sans faudra-t-il
opter pour une responsabilité à deux degrés comme pour les parents, instituteurs et
commettants.
37
Cette interprétation fut « battue en brèche » sous l’influence des progrès de l’industrie et de la
fréquence des accidents dus à la multiplication des choses inanimés dangereuses.
Il fallait donc prévoir une meilleure protection aux victimes d’accidents du travail qui
s’étaient multipliés avec le développement du machinisme et de l’industrialisation. Les cours
et tribunaux ont alors découvert dans la finale de l’article 1384, alinéa 1er du Code Civil le
principe de responsabilité générale du fait des choses.
B/ Le vice de la chose
1. digression historique
Il faut encore que la chose soit affectée d’un vice (condition propre au droit belge).
Le système créé par la Cour de cassation s’inspire de la pensée de LAURENT qui est fondée
sur une analogie entre l’article 1384, alinéa 1er du Code Civil et l’article 1386 du Code Civil :
« la victime doit prouver le vice de la chose pour mettre en cause la responsabilité du gardien
de celle-ci ».
Dans un arrêt du 26 mai 1904, la Cour défend l’idée que le législateur a (dans l’article 1384)
assimilé le fait des choses à celui des personnes.
Or, dans les cas de responsabilité du fait d’autrui, la présomption de responsabilité n’existe
qu’à la condition de prouver une faute de la personne dont on doit répondre. La Cour en
38
déduit donc que la responsabilité du gardien doit être subordonnée à la démonstration d’une
faute de la chose càd d’un vice de la chose (cfr page 121).
R-O DALCQ a montré combien étaient discutables les arguments de texte invoqués à l’appui
de cette solution. Dès lors qu’ils tombent, celle-ci n’est plus justifiée d’autant qu’aujourd’hui,
la théorie du risque est admise
=> plus logique de reconnaître que la responsabilité du gardien soit engagée en cas de
dommage causé par le fait de la chose et ce, à raison du risque créé par lui en usant de la
chose. Toutefois, la jurisprudence persiste à requérir de la victime qu’elle fasse preuve d’un
vice de la chose.
2. notion
La jurisprudence interprète largement la notion de vice afin d’étendre le domaine de la
responsabilité du fait des choses. Elle exige la preuve d’un vice inhérent ou intrinsèque et a
par la suite considéré que le vice extrinsèque suffisait pour engager la responsabilité du
gardien (cfr remarque page 121).
C/ Le gardien de la chose
La personne responsable (sur base de l’article 1384, alinéa 1er, in fine du Code Civil) est le
gardien de la chose càd celui qui pour son propre compte, use de la chose, en jouit ou la
conserve avec un pouvoir de surveillance de direction et de contrôle.
Remarque : la garde est un fait juridique càd qu’elle n’implique pas l’existence d’un droit sur
la chose.
Il n’ait pas nécessaire que la personne ait les compétences techniques pour remédier au vice
de la chose, ni qu’elle ait pu découvrir celui-ci. Le gardien ne peut donc échapper à sa
responsabilité en invoquant l’ignorance invincible.
Si la garde est commune à plusieurs gardiens, chacun est tenu envers la victime à la réparation
intégrale du dommage. En principe, la garde est alternative mais, dans certaines circonstances,
elle peut être collective ou conjointe.
§3) Effets
A/ Une présomption irréfragable
Dès que la victime a prouvé le vice de la chose, son dommage, le lien causal entre le vice et le
dommage et la qualité de gardien du défendeur, ce dernier est automatiquement responsable
du dommage que la chose a causé.
Aux termes de l’article 1385 du Code Civil, le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert
est responsable des dommages que l’animal a causés. Il importe peu que l’animal soit sous sa
garde ou qu’il se soit égaré ou échappé. Cette disposition consacre une responsabilité
irréfragable de faute à charge du propriétaire ou du gardien de l’animal.
Remarque : il existe quelques lois particulières concernant la responsabilité du fait des
animaux (cfr page 124).
B/ Conditions d’application
1. la notion de gardien
La personne qui est responsable du dommage causé par un animal est celle qui, au moment de
la survenance du dommage, a la garde juridique ou la pleine maîtrise de l’animal càd un
pouvoir non subordonné de direction et de contrôle sans intervention du propriétaire.
La maîtrise complète de l’animal suppose plus qu’une simple garde matérielle : le critère
décisif est la transmission par le propriétaire d’un pouvoir égal à celui qu’il possède lui-même
sur l’animal.
Il convient donc de déterminer qui, au moment du fait dommageable, détenait un pouvoir de
commandement à l’égard de l’animal (indices pris en considération cfr page 124).
La garde est un fait juridique dont l’appréciation appartient au juge du fond. La Cour de
cassation vérifie si le juge du fond a légalement pu déduire des faits dans l’existence de la
garde.
En pratique, les juges ont tendance à partir du présupposé que le propriétaire doit être tenu
pour gardien. Par conséquent, il incomberait à celui-ci de prouver qu’au moment des faits, il
avait transféré à un tiers un pouvoir égal au sien. La victime peut ainsi assigner soit le
propriétaire soit celui qui a la qualité de gardien au moment des faits mais elle ne pourra
obtenir leur condamnation in solidum.
Remarque : la notion de garde au sens des articles 1384, alinéa 1 et 1385 est différente :
cfr page 125
3. un fait de l’animal
Le gardien voit sa responsabilité engagée dès le moment où le dommage a été causé par le fait
de l’animal dont il a la garde. Le fait de l’animal est différent du fait de l’homme qui conduit
l’animal. Il n’y a pas de vice à démontrer : le caractère normal ou anormal du comportement
de l’animal est sans importance sur la responsabilité du gardien.
40
Pour ce qui est du lien causal entre le fait de l’animal et le dommage subi par la victime, il
n’est pas indispensable qu’il y ait un contact direct entre eux. Conformément à la théorie de
l’équivalence des conditions, il est nécessaire et suffisant que le fait de l’animal ait causé le
dommage (cfr page 126).
Le fait de l’animal ne doit pas être la cause directe du dommage. Il est possible qu’une cause
intermédiaire s’insère entre ce fait et le dommage subi. Ce qui importe, c’est que la victime
prouve que, sans le fait de l’animal, le dommage ne se serait pas produit tel qu’il s’est produit
in concreto (cfr page 127).
C/ Effets
Le propriétaire ou le gardien de l’animal est responsable de plein droit du dommage causé à
autrui par ce dernier. Il s’agit d’une présomption irréfragable de faute établie à charge de
celui-ci. La victime n’a plus qu’à établir le lien de causalité entre le fait de l’animal et le
dommage.
2. un bâtiment
Sera considéré comme bâtiment (au sens de l’article 1386 du Code Civil) toute forme de
construction immeuble, élevée par l’homme à l’aide de matériaux unis au sol de manière
durable et fixée au sol.
Les immeubles par destination n’étant pas attachés au sol, ils ne peuvent être considérés
comme des bâtiments au sens de l’article 1386 du Code Civil. Pour ce qui est des immeubles
par incorporation, la jurisprudence a tendance à les considérer comme des bâtiments.
41
3. un bâtiment en ruine
Il y a ruine du bâtiment lorsque ce dernier se trouve dans un état de délabrement avancé ou
de dégradations graves provoquant la chute ou l’effondrement soit de la construction entière
soit de matériaux qui en sont parties intégrantes (cfr page 129).
La victime doit établir le lien de causalité entre la ruine du bâtiment et le dommage subi par la
victime. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait un contact direct entre la ruine et la victime. De
même, une causalité indirecte est suffisante.
C/ Effets
Le propriétaire du bâtiment est responsable de plein droit du dommage causé à autrui par ce
dernier. Il s’agit d’une présomption irréfragable de faute établie à charge de celui-ci.
Pour se dégager, le gardien peut seulement s’attaquer aux conditions même de sa
responsabilité. Il peut donc contester le lien causal entre le vice de construction ou le défaut
d’entretien et la ruine ou entre la ruine et le dommage. Pour cela, il doit apporter la preuve
d’une cause étrangère exonératoire à l’origine de la ruine ou du dommage et peut donc
invoquer la force majeure, le fait d’un tiers ou la faute de la victime.
D/ Recours du propriétaire
Après avoir indemnisé la victime, le propriétaire peut se retourner contre le tiers responsable
du défaut d’entretien ou du vice de construction ainsi que contre tout tiers qui aurait contribué
à la survenance du dommage.
s’attendre, compte tenu d’une série de circonstances énoncées et pour autant qu’il n’arrive pas
à invoquer l’une des six causes étrangères exonératoires.
Il ne faut pas non plus perdre de vue l’article 13 dont il résulte que « la présente loi ne port
préjudice aux droits dont la victime peut se prévaloir par ailleurs au titre du droit de la
responsabilité contractuelle ou extracontractuelle ». Le régime nouveau de responsabilité se
superpose aux divers régimes de responsabilité déjà existants susceptibles d’être invoqués par
les victimes de produits défectueux. Par conséquent, alors même que le régime de la loi est
applicable, le recours de droit commun subsiste lorsqu’ils sont plus favorables à la victime.
1. notion de produit
Au sens de la loi, par produit, il faut entendre tout bien meuble corporel, même incorporé à
un autre bien meuble ou immeuble, ou devenu immeuble par destination.
Le produit est tout bien mobilier corporel. Les matières premières et les parties composantes
sont visées en dépit de leur incorporation dans un produit final. Il en est de même des meubles
et matériaux qui sont incorporés à un immeuble.
Remarque : le législateur précise que l’électricité est également un produit au sens de la loi.
Les biens corporels sont exclus de la notion de produit ainsi que les biens artistiques et de
l’artisanat.
43
Malgré l’importance de la notion, la directive européenne n’a pas jugé important de définir la
notion de mise en circulation mais, selon l’article 6 de la loi du 25 février 1991, il faut
entendre par mise en circulation : « le premier acte matérialisant l’intention du producteur de
donner au produit l’affectation à laquelle il le destine par transfert à un tiers ou utilisation au
profit de celui-ci ».
En ce qui concerne l’utilisation au profit d’un tiers, l’exposé des motifs de la loi mentionne la
démonstration ou l’essai effectué par le producteur ou son préposé à la demande d’un client
potentiel et l’exposition dans une foire (cfr page 136).
3. le dommage réparable
La loi ne retient (en son article 11) que deux catégories de dommages réparables :
- ceux causés aux personnes (y compris les dommages moraux)
- ceux causés aux biens sauf les dommages causés au produit défectueux lui-même
Tous les dommages causés aux personnes sont donc couverts : non seulement les dommages
financiers découlant du décès ou de la survenance d’une incapacité mais aussi les dommages
moraux.
La réparation des dommages causés aux biens, meubles (corporels) ou immeubles est soumise
à une double condition :
Les dommages doivent concerner des biens « qui sont d’un type normalement destiné à
l’usage ou à la consommation privés » (= critère objectif) et qui « ont été utilisés par la
victime principalement pour son usage ou sa consommation privés » (=critère subjectif).
La réparation des dommages causés aux biens est soumise à la déduction d’une franchise de
557,76 euros justifiée par le souci d’éviter un nombre excessif de litiges.
44
Enfin, les dommages causés au produit défectueux ne donnent droit à aucune indemnisation.
De plus, un recours fondé sur le droit commun demeure possible chaque fois que l’on se situe
en dehors du champ d’application de la loi. Ainsi, la réparation des dommages causés aux
biens à usage professionnel reste régie par les divers droits nationaux. Il en est de même des
biens à usage privé, mais utilisés par la victime pour son usage professionnel.
4. le défaut du produit
L’article 5 définit le défaut comme suit : « un produit est défectueux s’il n’offre pas la sécurité
à laquelle on peut légitimement s’attendre compte tenu de toutes les circonstances ». Il ressort
de cette définition que la notion de défaut est liée au concept de sécurité.
a) le manque de sécurité
Le défaut correspond à un manque de sécurité du produit.
Le critère réside dans le caractère potentiellement dommageable du produit pour l’intégrité
physique des individus ou pour les biens. Le régime de la loi conduit à centrer le débat sur le
produit et non sur le processus de production ni sur le comportement du fabricant.
La notion de défaut se distingue du vice de la chose (au sens de l’article 1384, alinéa 1er, in
fine du Code Civil). Dans le système de la loi du 25 février 1991, il s’agit de comparer le
produit à une norme de sécurité. Toutefois, il n’est pas certain que les critères d’appréciation
que les juges usent soient (en pratique) différent selon le dispositif légal de référence qui est
de comparer le produit à son modèle afin d’y trouver une caractéristique anormale susceptible
d’engendrer un dommage.
Il faut également remarquer que la seule survenance du dommage ne suffit pas à établir la
défectuosité du produit. En effet, la victime est tenue d’apporter la triple preuve du dommage,
du défaut et du lien causal entre les deux.
Aussi, il ne faut pas confondre le concept de produit défectueux avec celui de produit
dangereux : la notion de défaut est plus précise que celle de danger du produit, dans la mesure
où elle s’apprécie en fonction de la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre compte
tenu des circonstances.
b) l’appréciation du défaut
Selon l’article 5, pour juger de l’état défectueux d’un produit, il faut apprécier la sécurité
offerte par ce produit mais il y a lieu d’observer que la seule référence à l’insécurité eût été
insuffisante pour stigmatiser le défaut. En effet, en l’absence d’autres précisions, la
survenance d’un préjudice causé à la personne ou aux biens aurait suffi à rendre évident le
manque de sécurité du produit. La solution aurait été sévère envers les producteurs. Dans un
souci d’équilibre des intérêts en présence, les auteurs de la directive ont opté pour une
approche plus nuancée de la notion de défaut celle-ci doit être appréciée d’une manière
objective càd en fonction de l’attente légitime du public et en tenant compte des
circonstances.
45
L’éventuel défaut du produit doit être évalué par rapport au critère de la sécurité à laquelle on
peut légitimement s’attendre.
Le pronom « on » est utilisé pour indiquer que le défaut de sécurité est à apprécier eu égard à
l’attente du public en général, et non pas en considération de l’attente subjective de la victime
ou d’un consommateur déterminé.
Ainsi, le terme « on » invite à une appréciation objective in abstracto du défaut ce qui a pour
effet de renforcer l’effacement du caractère subjectif de la responsabilité du fait des produits
et de centrer celle-ci sur l’accident de consommation.
Pour apprécier la défectuosité d’un produit, le juge est invité à tenir compte de toutes les
circonstances et notamment de la présentation du produit, de l’usage normal du produit et du
moment auquel il a été mis en circulation.
Remarque : c’est en fonction de toutes ces circonstances que la sécurité doit être appréciée.
Ainsi, le manque d’information sur le produit peut être prise en compte pour conclure au
défaut de ce dernier. Il s’agit là d’une allusion à l’obligation de renseignement ou
d’information qui accompagne généralement les contrats. L’information doit présenter
différentes qualités :
- elle doit être complète afin d’attirer l’attention sur tous les dangers que présente le produit
- elle doit être claire explicite et non ambiguë
- elle doit être « incorporé » au produit càd figurer sur le produit lui-même du moins sur son
emballage ou ses emballages successifs
Dans l’appréciation du défaut, le juge évaluera si l’utilisateur a bénéficié d’une information
voire d’une mise en garde ou de conseils suffisants, complets et clairs en vue d’une utilisation
efficace et sûre du produit. Pour cela, il tiendra compte de la nature du produit (en particulier
de sa dangerosité) et de la qualité des parties.
De plus, l’usage abusif du produit peut être constitutif d’une faute dans le chef de la victime.
Faut-il donc que la victime établisse son absence de faute ? Non, car la nécessité
d’administrer une telle preuve n’a aucun sens dans un système de responsabilité objective par
contre, le producteur peut établir une telle faute afin de se décharger de sa responsabilité en
cas de concours entre le défaut du produit et la faute de la victime.
C/ Parties à l’action
1. le débiteur de la réparation : le producteur
Selon l’article 1 de la directive ou de la loi, le producteur est considéré comme étant à
l’origine du risque et le mieux à même de prévenir les défauts et de prendre une assurance.
Toutefois, dans un souci de protection de la victime, le concept de producteur est défini très
largement afin que celle-ci trouve presque toujours un responsable. Il a été fait en sorte
qu’elle puisse se retourner contre quelqu’un situé dans l’U.E mais sans rendre le simple
fournisseur ou vendeur responsable.
Si le producteur du produit n’est pas établi dans l’U.E, l’importateur peut être assigné par la
victime car il est considéré comme producteur au sens de la loi et est donc responsable au
même titre que ce dernier. Le but est de permettre à la victime d’agit contre quelqu’un qui est
situé dans l’U.E (et ce, dans tous les cas).
Aussi, la responsabilité du fournisseur n’est retenue qu’à titre subsidiaire càd lorsque la
victime ne peut identifier le producteur ou l’importateur du produit. Cependant, le fournisseur
peut échapper définitivement au recours de la victime en lui indiquant (dans un délai
raisonnable) l’origine du produit. Si l’action contre le producteur ou l’importateur échoue, la
victime ne peut plus revenir vers le fournisseur qui lui a fourni les renseignements exacts pour
mettre en jeu sa responsabilité sur base de la loi.
Par conséquent, il est possible qu’un très grand nombre de personnes soient considérées par la
victime comme producteurs responsables des dommages subis; dans ce cas, leur
responsabilité est solidaire sans préjudice de leurs droits de recours respectifs.
Pourvu que le dommage soit réparable, la qualité de victime est indifférente. Les
consommateurs sont protégés par le dispositif et la loi; autrement dit, dès que l’intégrité
physique d’une personne est en jeu, elle peut être considérée comme une victime au sens de la
loi, qu’elle soit consommateur ou non, que le bien ait été utilisé dans la sphère professionnelle
ou à titre privé ou que le dommage soit intervenu dans le cadre du travail ou ailleurs.
Pour s’exonérer, il faut donc que ce soit le respect des normes impératives qui ait entraîné le
défaut du produit, de sorte que le dommage est imputable au législateur ou au pouvoir
réglementaire.
c) le risque de développement
Selon l’article 8e) de la loi, le producteur échappe à sa responsabilité s’il prouve « que l’état
des connaissances scientifiques et techniques au moment de la mise en circulation du produit
par lui ne permettait pas de déceler l’existence du défaut » (cfr page 149).
Remarque : cette cause d’exonération pourrait surtout s’appliquer dans certains secteurs tels
que la chimie ou l’ingénierie.
d) l’absence de défaut d’une partie composante ou d’une matière première
Selon l’article 8f) de la loi, le producteur d’une partie composante ou d’une matière première
échappe à sa responsabilité s’il prouve « que le défaut est imputable à la conception du
produit dans lequel la partie composante ou la matière première a été incorporée ou aux
instructions données par le producteur de ce produit » (cfr page 149 et 150).
Cet article ne présente pas un grand intérêt mais a cependant un effet utile : le fabricant d’un
produit fini pouvait se libérer en prouvant qu’il n’avait commis aucune faute dans
l’assemblage des produits mais qu’elle incombait à un tiers. Cette possibilité d’exonération ne
figure pas dans l’article 8 de la loi or, les causes d’exonérations sont énumérées de manière
limitative; par conséquent, le producteur du produit fini ne peut plus s’exonérer à l’égard de la
victime en invoquant un défaut d’une partie composante d’un produit (il est responsable de la
sécurité globale du produit). En cas de défaut d’une partie composante, la loi retient le
principe de la responsabilité solidaire du producteur du produit fini et du producteur de la
partie composante (chacun d’eux sera tenu à la réparation intégrale du dommage).
Passé le délai, la victime est privée de son droit d’obtenir réparation sur le fondement de la loi
du 25 février 1991. Elle peut éventuellement exercer un recours fondé sur le droit commun de
la responsabilité.
2. le délai de prescription
A partir du jour où la victime a eu (ou aurait dû avoir) connaissance du dommage, du défaut et
de l’identité du producteur, elle dispose d’un délai de trois ans pour introduire son action sur
la base de la loi du 25 février 1991 (art.12,§2,al.1er).
difficile à rapporter par la victime. De plus, celle-ci, parfois lourdement frappée dans son
intégrité physique, doit supporter la charge de son dommage dans l’attente d’une
détermination des responsabilités qui peut durer des années et lui être défavorables.
En France, la loi du 5 juillet 1985 dite « loi Badinter » crée, en faveur de certaines victimes
d’accidents de la circulation, un régime d’indemnisation autonome, indépendant de la faute,
sous réserve de la faute inexcusable de la victime.
En Belgique, le législateur a introduit (par une loi du 30 mars 1994) un article 29bis dans la
loi du 21 novembre 1989 relative à l’assurance obligatoire de la responsabilité en matière de
véhicules automoteurs. En fait, cette loi avait pour objectif de réduire les coûts importants que
les accidents de la route occasionnaient à la sécurité sociale en les transférant aux assureurs en
responsabilité civile automobile. La protection des usagers faibles n’était qu’un objectif
second. Cet article sera modifié par une loi du 13 avril 1995 et par une loi du 19 janvier 2001.
2. philosophie du système
La loi vise à faciliter l’indemnisation de certaines victimes d’accidents de la circulation causés
par un véhicule automoteur et instaure un régime d’indemnisation dissocié de la faute. Les
victimes visées sont les usagers faibles càd les piétons, les passagers ou les cyclistes.
1. un véhicule automoteur
Il s’agit de « tout véhicule destiné à circuler sur le sol et qui peut être actionné par une force
mécanique, sans être lié à une voie ferrée; tout ce qui est attelé au véhicule est considéré
comme en faisant partie » (cfr page 153).
2. un accident de la circulation
L’accident est un événement soudain et imprévu, générateur d’un dommage. Il faut qu’il
s’agisse d’un accident de la circulation, et non d’un accident du travail ou de compétition.
Il faut que l’accident implique un véhicule se trouvant sur la voie publique, sur un terrain
ouvert au public ou sur les terrains non publics mais ouverts à certaines personnes ayant le
droit de les fréquenter. Il faut aussi un fait de circulation ce qui suscite davantage de
discussions. Le choc de deux voitures en mouvement ne pose pas de problèmes mais qu’en
est-il du jet de pierre sur un autocar par des tiers non identifiés ?
3. la notion d’implication
La loi belge ne définit pas en quoi consiste l’implication d’un véhicule. En introduisant cette
notion, le législateur a tenté d’éviter les discussions relatives au comportement du conducteur
et au lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.
50
L’implication repose sur un système de rattachement plus souple que celui du lien causal. Il
faut une participation du véhicule dans l’accident. La seule preuve de son intervention
matérielle, à quelque titre que ce soit, ouvre à la victime un droit à l’indemnisation à charge
de l’assureur du responsable. Cette condition ne suscite pas de difficultés d’interprétation
quand il y a un contact matériel entre la victime et un véhicule en mouvement.
Les problèmes d’interprétation sont nombreux lorsque des véhicules en stationnement sont
impliqués dans l’accident.
C/ Parties à l’action
1. bénéficiaires du régime légal
Seules certaines victimes peuvent bénéficier de la facilité d’indemnisation offerte par le
régime légal. Il s’agit des usagers faibles à savoir : les piétons, les passagers ou les cyclistes.
Selon l’article 29bis de la loi, le conducteur d’un véhicule automoteur et ses ayants droit ne
peuvent se prévaloir de la loi. Tel est le principe, compréhensible si l’on admet que le
conducteur du véhicule est créateur du risque de circulation et que l’objectif est de protéger
les usagers faibles, ce que n’est pas le conducteur.
2. débiteurs de l’indemnisation
L’obligation d’indemnisation incombe à l’assureur de la voiture impliquée et non au
responsable de l’accident (propriétaire ou détenteur du véhicule). Cela conduit à douter que le
régime instauré soit vraiment un régime de responsabilité civile.
Plusieurs assureurs peuvent être solidairement assignés si plusieurs véhicules sont impliqués
dans le dommage causé à la victime. Une fois la victime indemnisée, les assureurs
procéderont entre eux au règlement contributoire.
D/ Dommages couverts
La loi ne s’applique qu’à certains types de dommages, ceux qui résultent de lésions
corporelles ou du décès.
Les dommages occasionnés aux prothèses fonctionnelles sont considérés comme des lésions
corporelles. Les dégâts causés au véhicule et ceux causés aux choses transportées sont réglés
par le droit commun.
On peut hésiter sur le dommage moral subi par la victime : s’il se situe dans le prolongement
de la lésion corporelle, on peut soutenir qu’il relève de l’article 29bis.
51
La notion de faute étant limité, le législateur belge à créer la théorie de troubles de voisinage
qui consacre une responsabilité sans faute à charge de celui qui impose à son voisin des
inconvénients excessifs.
Après avoir cherché à sanctionner l’auteur des troubles anormaux de voisinage par le biais de
la faute, la jurisprudence belge a consacré une certaine « liberté de nuire » au profit de ceux
qui entreprennent ou développent sans faute une activité préjudiciable pour leurs voisins. Ces
derniers, victimes d’un trouble excessif pourront obtenir non pas la réparation du dommage
subi mais une compensation destinée à rétablir l’équilibre rompu par l’activité licite
dommageable.
L’obligation de compenser le trouble, elle, est fondée sur la tradition et sur un principe
général, énoncé notamment à l’article 11 (actuel art.16) de la Constitution qui prévoit une
juste et adéquate indemnité en cas d’expropriation pour cause d’utilité publique.
L’article 544 du Code Civil peut être invoqué tant à l’égard de particuliers que des pouvoirs
publics. L’article 16 de la Constitution fournit un argument de plus vis-à-vis de ces derniers.
Ces justifications ont servi à conforter une solution qui était audacieuse à une époque où les
responsabilités sans faute n’avaient pas le succès qu’elles ont maintenant. Bien qu’elle soit
considérée avec méfiance, l’équité est parfois proposée par la doctrine comme le véritable
fondement du rééquilibrage imposé par la théorie des troubles de voisinage.
Si l’on considère la sanction du trouble, la responsabilité créée apparaît autonome, dérogatoire
aux principes de droit commun qui gouvernent la réparation des dommages. Le propriétaire
qui, par un fait non fautif, rompt l’équilibre en imposant à un voisin un trouble anormal ne lui
doit pas réparation intégrale du dommage. La sanction se limite à une compensation juste et
adéquate destinée à rétablir l’équilibre entre les propriétés. Seul l’excès de désagréments càd
ce qui dépasse les inconvénients normaux du voisinage doit être compensé.
52
Aussi, contrairement à une mesure de réparation, la compensation n’aboutit pas à faire cesser
le trouble (cfr page 159).
La théorie des troubles de voisinage ne fait pas obstacle à l’application d’autres régimes de
responsabilité civile. Ainsi, la victime du trouble anormal peut choisir de fonder son action sur
l’article 1382 ou 544 du Code Civil. Elle peut également invoquer simultanément les deux
dispositions contre l’auteur du trouble ou en faire une application sélective.
B/ L’extension de la théorie
Depuis les arrêts de 1960, la théorie des troubles de voisinage a connu un franc succès qui ne
devait faire que croître avec les problèmes environnementaux contemporains (cfr page 160).
Tantôt urbaines, tantôt champêtres, la jurisprudence belge a au l’occasion d’appliquer la
théorie des troubles de voisinages aux nuisances sonores, olfactives ou encore à une pollution
de l’air ou de l’eau dommageables aux fonds voisins.
Telle que conçue par les arrêts de 1960, la théorie ne s’appliquait qu’aux titulaires du droit de
propriété mais, par la suite, la Cour de cassation a considéré que « la rupture de l’équilibre
provoquée par un trouble excédant les inconvénients ordinaires du voisinage oblige à
compensation non seulement le propriétaire de l’immeuble où le trouble naît mais également
celui qui en raison d’un droit réel ou personnel accordé par le propriétaire dispose à l’égard
dudit bien d’un des attributs du droit de propriété ».
Par conséquent, la théorie des troubles de voisinage s’applique désormais à tout titulaire d’un
droit réel ou personnel relatif à l’immeuble générateur ou victime du trouble.
Cette théorie s’étend à nouveau suite à un arrêt de la Cour de cassation du 7 décembre 1992.
Désormais, la compensation ne sanctionne plus uniquement le fait non fautif provoquant une
rupture de l’équilibre foncier mais également toute omission ayant cette conséquence(pg 161).
Même la notion de voisinage ne constitue plus une limitation de la théorie. La contiguïté des
deux fonds n’est pas requise. « la notion de voisinage s’entend d’une proximité suffisante
pour qu’un événement se produisant sur un fonds puisse avoir sur l’autre une répercussion
directe, tel le bruit ». cela signifie que le voisinage peut s’étendre à mesure de l’extension de
la nuisance (cfr page 162).
53
Le dommage est une notion de pur fait et il appartient au juge du fond d’apprécier
souverainement l’existence et l’étendue du dommage en tenant compte de trois principes :
- le principe de la réparation intégrale du dommage
- le principe de la réparation du dommage in concreto
- le principe du primat de la réparation en nature
En cas d’atteinte à l’intégrité physique, le juge doit apprécier toutes les conséquences de
l’accident pour la victime (càd les conséquences professionnelles aussi bien que les
conséquences personnelles et familiales) autrement dit, il doit tenir compte de toutes les
caractéristiques propres de la victime, susceptibles d’avoir une incidence sur la réparation.
Il existe des barèmes des indemnités qui favorisent une certaine cohérence au sein de la
jurisprudence mais, il faut admettre qu’ils contredisent le principe de l’évaluation in concreto.
De plus, toute comparaison avec d’autres espèces similaires ne saurait être qu’indicative.
Le principe est la réparation en nature alors que la réparation par l’équivalent est l’exception.
Hormis cette hypothèse, la victime est libre de choisir le mode de réparation qu’elle préfère, le
juge demeurant libre d’ordonner la condamnation qui lui paraît être la forme de réparation la
plus adéquate. Ainsi, s’il juge que le défendeur fait preuve de mauvaise foi ou
d’incompétence, il peut le condamner à une réparation pécuniaire.
Le principe du primat de la réparation en nature est écarté si elle n’est pas possible (décès,
lésions corporelles,…) ou si elle dépasse les limites de l’exercice normal des droits de la
victime (abus de droit).
Si les pièces produites par la victime ne permettent pas d’apprécier l’étendue du dommage, le
juge fera une évaluation ex aequo et bono ou forfaitaire. Cette méthode a un caractère
subsidiaire et le juge doit motiver sa décision d’y recourir en précisant l’impossibilité dans
laquelle il est de déterminer avec certitude l’étendue du dommage ainsi que les raisons de ne
pas se satisfaire des pièces présentées par les parties.
Aussi, le juge ne peut statuer ultra petita car l’article 1382 du Code Civil n’étant pas d’ordre
public, le juge ne peut procurer à la victime une indemnisation supérieure à celle qu’elle
réclame.
S’il est connu, le dommage passé peut être évalué sans capitalisation, en considération de la
perte professionnelle réellement subie par la victime depuis le jour de l’accident et réévalué à
la date du jugement afin de tenir compte de l’érosion monétaire.
Le dommage futur est plus difficile à déterminer au moment où le juge statue. On procédera
donc soit à une capitalisation, soit à l’octroi d’une rente viagère en fonction de la perte
certaine de revenus futurs appréciés sur la base de la survie lucrative probable.
Lors de l’évaluation du dommage au jour du jugement, faut-il tenir compte des variations
survenues entre le moment de la réalisation du dommage et le moment de l’évaluation
judiciaire ? On distingue : - les variations intrinsèques qui vise l’hypothèse où c’est le
préjudice initial qui subit une évolution (3 types : connues, prévisibles et probables).
Le juge doit prendre ne considération les variations connues càd déjà intervenues au moment
de déterminer l’indemnité due sauf s’il s’agit d’éléments sans rapport avec la faute à l’origine
du dommage.
Il doit également tenir compte de toutes les variations prévisibles mais ne peut tenir compte de
simples conjectures.
Enfin, les variations du dommage sont possibles sans être certaines c’est pourquoi, la victime
peut faire acter des réserves dans le jugement fixant l’indemnisation. Dans le cas où l’état de
santé peut évoluer, la victime pourra demander un complément d’indemnité pour compenser
l’aggravation de son état sans que l’autorité de chose jugée qui s’attache au jugement ne
puisse être opposée.
- les variations extrinsèques concernent les circonstances
extérieures ayant une incidence sur le préjudice subi. On distingue l’érosion monétaire passée
et l’érosion monétaire future. Si la victime le demande, le juge doit tenir compte de l’érosion
monétaire passée (cfr page 7 et 8); par contre, il est difficile de tenir compte de l’érosion
monétaire future vu son caractère incertain (mais le problème est évité si l’indemnité est
allouée sous forme de rente viagère).
La valeur de remplacement est définie comme étant la somme nécessaire pour acquérir une
chose semblable et elle se distingue de la valeur vénale qui correspond au prix que le
propriétaire aurait pu obtenir en vendant son bien avant la survenance du dommage.
Toutefois, si la chose est simplement endommagée et qu’elle peut être réparée, la victime ne
peut exiger du responsable la valeur d’achat d’un bien similaire. Dans ce cas, l’indemnisation
consiste en une somme d’argent permettant de couvrir le coût de la remise en état cependant,
la victime dispose librement de l’indemnité sans obligation à réparation.
Néanmoins, si le coût total des réparations excède la valeur de remplacement du bien sinistré,
son propriétaire doit se contenter de la valeur de remplacement sans pouvoir exiger le coût de
la remise en état même si le bien est réparable. Mais la victime a droit au coût des réparations
au-delà de la valeur de remplacement, s’il est impossible de trouver une chose semblable pour
remplacer le bien endommagé. C’est à la victime d’établir l’impossibilité de remplacement.
Cette disposition concerne surtout les objets rares ou uniques.
le préjudice occasionné par une indiscrétion de la presse, laver l’atteinte portée à l’honneur ou
encore effacer la douleur liée à la perte d’un proche,…
C’est pourquoi, le dommage moral n’est pas susceptible de compensation pécuniaire.
La réparation est impuissante à effacer le préjudice quelle que soit sa nature; elle doit donc
tendre à procurer à la victime une situation équivalente à celle dont elle aurait bénéficié si le
préjudice ne s’était pas produit. La réparation suppose une équivalence qualitative et
quantitative càd une commune mesure entre la compensation et le préjudice.
Malgré toutes ces considérations, la réparation du dommage moral est désormais admise bien
que le dommage moral soit rebelle à toute tentative de mesure et d’évaluation précise. On se
contente donc d’une évaluation ex aequo et bono.
Dans l’évaluation du dommage moral lié au préjudice résultant d’une atteinte à l’intégrité
physique, il existe différents postes spécifiques :
- le dommage moral général couvre toute atteinte aux intérêts extra-patrimoniaux de la
victime fait l’objet d’une évaluation ex aequo et bono proportionnellement au taux et aux
jours d’incapacité.
- le pretium doloris désigne le préjudice lié à la souffrance physique causée par les blessures
et traitements. Il s’agit d’un aspect particulier du dommage moral lié au traumatisme, sans
constituer un préjudice économique. Sa réparation est évaluée selon l’importance de la
douleur par l’expert médecin + classement d’intensité des douleurs sur échelle de 7 degrés.
- le préjudice esthétique renvoie à la souffrance morale liée à la disgrâce physique résultant
de lésions corporelles. Il peut présenter un aspect matériel lorsque l’activité professionnelle de
la victime suppose un contact régulier avec le public. L’expert médical évalue objectivement
le préjudice et le juge fixe l’indemnité en fonction de divers paramètres : l’âge, le sexe, la
profession, la localisation des cicatrices et leur caractère plus ou moins apparent,…
L’évaluation se fait sur la base d’une échelle de 1 à 7 représentant les différents degrés de
gravité (cfr page 12).
- le préjudice d’agrément concerne la diminution des plaisirs de la vie résultant du préjudice
corporel subi. Il vise le fait que la victime ne pourra plus pratiquer son sport habituel,…
- le préjudice sexuel (ou pretium voluptatis) désigne la perte de l’espoir de fonder un foyer et
d’avoir une vie familiale et sexuelle normale (cfr page 12). La réparation de ce type de
dommage peut être demandée par la victime mais aussi par son partenaire (dommage de
répercussion). L’indemnisation tient compte de toutes les circonstances particulières de la
victime : son âge, son état civil, sa situation,…
Remarque : il n’est pas exclu que le dommage au bien se double d’un préjudice moral
susceptible d’une réparation.
En effet, la jurisprudence a admis dans certains cas de prendre en compte l’atteinte aux
sentiments d’affection qui le propriétaire avait pour son bien disparu ou détérioré. Ce type de
dommage est pris en considération en cas d’atteinte portée à un animal ou à une chose
inanimée, unique et irremplaçable.
La victime doit démontrer la valeur affective du bien perdu et le caractère certain du préjudice
qu’elle déclare avoir subi. Pour ce qui est des choses inanimées, le pretium affectiones ne sera
admis que pour des choses d’espèces, non fongibles, irrémédiablement perdues ou
endommagées.
Encore que bien que l’acte médical présente un but thérapeutique pour le patient, le médecin
doit veiller à ce que les risques encourus par le patient en raison du traitement ne soient pas
excessifs par rapport au bénéfice escompté pour celui-ci.
Il suffira au créancier d’une obligation de résultat de prouver que le résultat promis né pas été
atteint alors que le créancier d’une obligation de moyens devra prouver une faute de son
débiteur càd que celui-ci n’a pas tout mis en œuvre pour exécuter ses engagements.
La jurisprudence belge qualifie les obligations du médecin envers son patient d’obligations de
moyens. En effet, le médecin ne promet la guérison du patient mais seulement qu’il mettra en
œuvre tous les moyens à sa disposition pour tenter d’améliorer l’état du patient.
La médecine n’étant pas une science exacte, il serait impensable que le médecin s’engage à
une guérison inconditionnelle du patient.
A/ Le devoir d’information
1. débiteur du devoir d’information
L’obligation d’informer le patient repose sur le médecin exécutant le traitement ou
l’intervention.
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2. contenu de l’information
L’article 7, §1er de la loi du 22 août 2002 prévoit que « le patient a droit, de la part du praticien
professionnel, à toutes les informations qui le concernent et peuvent lui être nécessaires pour
comprendre son état de santé et son évolution probable ».
L’article 8, §2 de la même loi précise que les informations fournies au patient en vue de la
manifestation de son consentement à une intervention concernent « l’objectif, la nature, le
degré d’urgence, la durée, la fréquence, les contre-indications, effets secondaires et risques
inhérents à l’intervention et pertinents pour le patient, les soins de suivi,… ». Cette liste n’est
pas limitative et le médecin pourra ajouter toute autre information qui lui paraît souhaitable
compte tenu de la situation du patient.
Un des éléments d’information les plus délicats à apprécier et qui suscite un grand nombre de
litiges est celui des risques de l’intervention ou du traitement à communiquer au patient. Le
médecin doit-il révéler tous les risques à son patient même ceux d’une extrême rareté ?
Une seconde théorie défend l’obligation du médecin de communiquer à son patient tous les
risques significatifs càd ceux dont le médecin sait ou doit savoir qu’ils sont importants et
pertinents, pour une personne normale placée dans les mêmes circonstances que le patient,
appelée à consentir en connaissance de cause au traitement proposé.
Un risque sera considéré comme significatif sur base de différents critères : la fréquence du
risque, la gravité du risque, la nécessité thérapeutique de l’intervention et la situation du
patient. Le médecin devra révéler à son patient un risque grave même hypothétique ou
exceptionnel.
Le moment où l’information est communiquée est aussi important car il peut influencer le
processus de prise de décision du patient. L’article 8, §3 de la loi du 22 août 2002 prévoit que
l’information est fournie en temps opportun. Sauf impossibilité, l’information doit être
fournie à un moment où le patient dispose encore de sa capacité de discernement et lui
laissant un temps de réflexion suffisant avant l’intervention projetée.
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2. formes de consentement
L’article 8, §1er de la loi du 22 août 2002 prévoit que le consentement doit en principe être
donné de manière expresse par le patient (oralement ou par écrit).
Un consentement tacite suffit pour des actes médicaux courants et ne comportant que peu de
risques afin de ne pas paralyser l’exercice normal de la médecine alors qu’un consentement
exprès sera exigé pour des actes médicaux moins ordinaires et plus risqués.
Le médecin sera responsable si son patient prouve une faute, un dommage et un lien causal
entre les deux.
§1) La faute
A/ Notion de faute et critère d’appréciation
Le médecin répond de sa culpa levis in abstracto. Son comportement sera donc apprécié de
manière objective et abstraite par rapport au comportement qu’aurait adopté une personne
normalement prudente et diligente placée dans les mêmes circonstances.
Toute erreur médicale n’est pas fautive et n’entraîne pas forcément la responsabilité du
médecin qui l’a commise. Ce n’est que si ce bonus paterfamilias n’aurait pas commis la
même erreur dans les mêmes circonstances que le médecin sera considéré comme fautif.
Le modèle abstrait du bonus pater familias doit être adapté aux circonstances de fait. Le
comportement du médecin sera comparé au comportement qui peut être attendu d’un médecin
de la même spécialisation normalement prudent et diligent (= bonus medicus).
- en vertu de la règle « le criminel tient le civil en état », le juge civil devra surseoir à statuer
tant que la juridiction pénale n’a pas rendu sa décision.
- l’autorité absolue de la chose jugée au pénal sur le civil impose au juge civil de tenir pour
vrai ce qui a été définitivement jugé par le juge répressif. Par conséquent, si le juge pénal
condamne le médecin pour infraction, la victime ne devra plus démontrer une faute au civil
pour être indemnisée. Par contre, si le médecin a été acquitté au pénal, il ne sera plus possible
pour la victime d’établir l’existence d’une faute civile et d’obtenir réparation de celle-ci.
Toute erreur de diagnostic ne constitue pas forcément une faute. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’un
diagnostic compliqué, le médecin ayant commis une erreur ne sera pas considéré comme
fautif si un médecin normalement prudent et diligent aurait pu conclure au même diagnostic
erroné dans les mêmes circonstances.
Cette obligation est la source de nombreux procès où il est reproché au médecin de ne pas
avoir suffisamment informé son patient, comme l’aurait fait médecin normalement prudent et
diligent. Un tel défaut d’information en lien causal avec un dommage, ouvrira la voie à la
réparation pour la victime (cfr page 26).
3. le traitement
Le médecin jouit de la liberté thérapeutique. Il ne pourra pas faire l’objet de « limitations
réglementaires dans le choix des moyens à mettre en œuvre, soit pour l’établissement d’un
diagnostic, soit pour l’institution du traitement et son exécution… ».
Le médecin est donc le seul juge dans le choix du traitement qui convient à son patient.
Cependant cette liberté n’est pas absolue.
Même si le traitement est adapté, une faute peut être commise dans son exécution. Le médecin
n’est en principe pas soumis qu’à une obligation de moyens et, par conséquent, l’échec d’un
traitement ou d’une intervention n’induit pas forcément une faute de sa part. En cas
d’incident, le patient devra prouver qu’une telle erreur n’aurait pas été commise par un
médecin normalement prudent et diligent.
Ainsi, même si l’opération a été réalisée sans faute, le manque de suivi médical adéquat
pourra constituer une faute susceptible d’engager la responsabilité du médecin (cfr page 27).
Le dommage doit être certain; cependant, la médecine n’est pas une science exacte et le
dommage n’est jamais absolument certain vu qu’on compare la situation du patient avec l’état
dans lequel il aurait dû se trouver si l’acte dommageable ne s’était pas produit. Cet état est
toujours hypothétique en raison de l’aléa thérapeutique. Le juge devra dons se contenter d’une
certitude judiciaire pour déclarer un dommage établi selon le degré de probabilité.
avoir été réelle ou sérieuse et pas hypothétique. Il faut qu’une possibilité effective d’obtenir la
guérison, la survie,… ait été perdue par la faute du médecin.
Remarque : la théorie a été reconnue par un arrêt de la Cour de cassation du 19 janvier 1984.
Elle est souvent appliquée lorsque la faute du médecin consiste en un défaut d’information. Le
patient devra donc prouver que s’il avait été correctement informé sur les risques d’une
intervention il aurait eu une chance de refuser cette dernière et donc d’éviter le dommage.
A cet égard, le juge pourra tenir compte du caractère vital de l’intervention, de la fréquence,
de la gravité du risque,…
Lorsque le juge reconnaît que le patient a perdu une chance par la faute du médecin, il doit
évaluer cette chance pour chiffrer la valeur de l’indemnisation. Cette évaluation est délicate et
le juge se retranchera derrière une évaluation ex aequo et bono càd en équité.
Pour aider le patient dans sa recherche de la vérité, la loi du 22 août 2002 a consacré le droit
du patient de consulter et d’obtenir une copie de son dossier médical.
Le juge apprécie souverainement les preuves qui lui sont remises; il n’aura souvent pas de
certitude absolue quant à l’existence d’une faute c’est pourquoi, il arrive qu’il accepte comme
preuve de cette faute l’application de critère du cours normal des choses càd que la victime ne
devra démontrer la faute du médecin mais pourra se contenter de prouver que le dommage ne
serait pas survenu dans le cours normal des choses sans une faute du médecin.
En Belgique et en France, le patient qui prétendait ne pas avoir été bien informé par son
médecin et ne pas avoir consenti librement à l’acte médical devait prouver ce défaut
d’information et de consentement. Mais, un arrêt de la Cour de cassation française du 25
février 1997 opéra un important revirement en affirmant que « le médecin est tenu d’une
obligation d’information vis-à-vis de son patient et qu’il lui incombe de prouver qu’il a
exécuté cette obligation ». L’argument de cette solution est celui de la meilleure aptitude à la
preuve (cfr page 30).
L’existence de ce lien de subordination est une question de fait examinée au cas par cas. Des
éléments tels que l’absence de liberté du médecin de choisir ses patients, des horaires ou des
équipes, la soumission à un règlement de travail ou la détermination de la rémunération
pourront être prises en considération pour conclure à l’existence d’un lien de subordination
entre l’hôpital et le médecin.
Si un tel lien existe, le médecin sera considéré comme préposé de l’hôpital lequel devra donc
répondre des fautes de celui-ci sur base de l’article 1384, alinéa 3 du Code Civil.
§3) La responsabilité du médecin et/ou de l’hôpital pour des choses vicieuses ou des produits
défectueux
Selon l’article 1384, alinéa 1er du Code Civil, toute personne est responsable du dommage
causé par une chose placée sous sa garde, pour autant que ce dommage résulte d’un vice de la
chose. Il s’agit d’une responsabilité pour risque : la victime ne doit donc pas prouver la faute
mais le vice de la chose en lien causal avec le dommage subi.
Lorsqu’un accident se produit à l’hôpital, celui-ci sera désigné comme gardien de la chose
vicieuse. Il arrive que le médecin soit considéré comme gardien ou la garde sera considérée
commune à l’hôpital et au médecin (tous deux étant responsables envers la victime).
Toutefois, il est parfois difficile d’identifier le manquement qui est à l’origine d’une pollution
déterminée. En effet, une pollution peut avoir pour source différents rejets autorisés par les
autorités publiques ce qui exclut l’existence d’une faute dans le chef du pollueur. La pollution
peut également remonter à une époque si lointaine que l’auteur de la faute ne peut plus être
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identifié ou ne peut plus être inquiété car ses actes ne constituaient pas un manquement à
l’époque où il les a posés.
Dans le domaine de l’environnement, le pollueur pourra soutenir qu’il s’est conformé à l’état
de l’art càd qu’il a respecté le niveau de connaissances techniques utilisés dans un système
donné
=> doit-on s’en tenir à la technique habituellement utilisée ou exiger le recours à la technique
la plus performante, la moins polluante mais la plus onéreuse ?
Les communautés européennes paraissent encourager le critère d’appréciation fondé sur un
compromis entre la meilleure technique disponible pourvu qu’elle n’entraîne pas un coût
excessif.
Comme autre fait justificatif, le pollueur pourra également invoquer l’état de nécessité en
avançant que le coût d’un procédé moins polluant provoquerait la fermeture de l’entreprise et
donc la suppression d’emplois. Face à cet argument, le juge doit opérer une véritable balance
d’intérêts en tenant compte de l’état de l’art, de l’argument tiré de l’intérêt économique de
l’entreprise et de la région dans laquelle cette dernière s’insère.
Enfin, le pollueur pourra invoquer l’erreur invincible càd l’erreur que commettrait tout
homme normalement prudent et diligent placé dans les mêmes circonstances de fait.
c) preuve (cfr page 34)
2. le dommage
L’article 1382 requiert l’existence d’un dommage càd la perte d’un avantage ou l’atteint à un
intérêt pourvu qu’il soit stable et légitime. Le dommage doit être certain et personnel.
Il n’est pas facile de déterminer à quel moment une atteinte à l’environnement constitue un
dommage. En effet, toute activité humaine est génératrice de pollution mais le soin de
déterminer si cette pollution constitue un dommage appartient au juge.
3. le lien causal
Après avoir établi l’existence d’une faute ou d’un dommage, il faut encore prouver le lien de
causalité entre les deux
=> nouveau problème : comment établir ce lien dans les cas d’atteinte à l’environnement ?
En effet, le lien causal peut être presque impossible à déterminer lorsque le dommage a pour
origine l’activité de plusieurs parties ou lorsque l’atteinte se manifeste longtemps après l’acte
polluant. De plus, la jurisprudence a tendance à considérer certaines incertitudes scientifiques
en faveur du prévenu.
B/ La réparation
Une fois, les conditions de responsabilité civile du pollueur établies, il faut encore déterminer
l’étendue du dommage et le montant de la réparation due.
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Le régime de responsabilité prévu par les articles 1382 et 1383 du Code Civil s’applique
facilement au premier type de dommages puisque l’évaluation de ces préjudices peut se faire
selon les critères utilisés par la jurisprudence.
Il n’en est pas de même pour le préjudice subi par le milieu en tant que tel. Ce préjudice ne
peut pas réellement s’évaluer selon des critères d’ordre patrimonial. De plus, se cela pouvait
se faire, encore faudrait-il déterminer comment répartir les sommes et à quoi les affecter.
La responsabilité in solidum a souvent été critiquée car elle favorise un effet dit de la vache à
lait càd que la victime choisirait de poursuivre uniquement le responsable le plus solvable
même si la responsabilité de ce dernier est moins importante ainsi qu’un effet dit de shopping
juridique càd que la victime qui se retrouve face à plusieurs responsables de nationalité
différente attaquera celui dont le pays aura la législation la plus favorable.
A/ Conditions
1. une chose vicieuse
La victime devra établir que son préjudice a pour origine un vice affectant une chose.
La notion de vice se définit comme une caractéristique anormale susceptible de causer un
dommage. Le vice ne peut être un élément extrinsèque sans qu’il soit pour autant nécessaire
qu’il soit permanent inhérent à la chose.
En ce qui concerne les dommages causés par les activités industrielles, la victime se trouve
dans une situation défavorable. En effet, ces activités sont généralement polluantes
=> il ne suffit pas d’invoquer l’existence de cette pollution pour se prévaloir de l’article 1384
du Code Civil
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B/ Effets
Dès que la victime prouve que la chose était affectée d’un vice, le gardien est responsable du
dommage qu’elle a causé. Aucune cause d’exonération ne peut être invoquée dès que les
conditions de la responsabilité sont établies. Le défendeur ne peut se dégager qu’en
s’attaquant aux conditions mêmes de sa responsabilité en démontrant que la chose n’est pas
vicieuse, que le dommage n’est pas dû à la chose vicieuse ou que la chose n’est pas sous sa
garde.
La responsabilité du fait des choses vicieuses est plus avantageuse à la victime que la
responsabilité du fait personnel. Toutefois, le problème de la réparation adéquate reste le
même : on ne répare pas le dommage subi par le milieu lui-même.
A/ Conditions
1. un trouble porté au droit de propriété
La victime devra prouver qu’un trouble est apporté à son droit de propriété sans qu’il lui soit
nécessaire d’établir une quelconque faute émanant de l’auteur du trouble. En matière
d’environnement, la jurisprudence belge applique la théorie des troubles de voisinage aux
nuisances tels que le bruit, les odeurs,…
Dans de nombreux litiges, l’article 544 du Code Civil est invoqué en combinaison de l’article
1382 du Code Civil (cfr page 39).
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2. un trouble excessif
Pour qu’un trouble soit retenu, il faut qu’il excède les inconvénients normaux du voisinage et
que l’équilibre devant exister entre les propriétés voisines soit rompu par le comportement du
propriétaire voisin.
Une certaine jurisprudence paraît encline à appliquer le critère dit de préoccupation selon
lequel l’appréciation du caractère anormal du trouble varie suivant le lieu d’installation et son
taux d’exposition préalable à la pollution (cfr page 39 et 40).
Enfin, la définition du voisinage est susceptible d’interprétations diverses. Il est admis qu’une
stricte contiguïté des fonds n’est pas requise toutefois, des discussions surviennent quand il
s’agit d’appliquer la théorie à des troubles créés à grande distance (cfr page 40).
B/ La compensation
L’application de la théorie des troubles de voisinage n’entraîne pas la réparation du dommage
mais seulement le droit à une juste compensation de celui-ci (cfr page 40).
Il semble souvent impossible de faire cesser une atteinte à l’environnement autrement qu’en
faisant cesser la nuisance qui en est la cause.
A/ Droit national
Au niveau du droit national, on trouve certains régimes de responsabilité objective insérés
dans diverses législations particulières. Ces régimes comportent de nombreux avantages pour
la victime qui ne doit plus établir la preuve d’une faute du pollueur tenu à une obligation de
résultat ainsi que des avantages pour le pollueur qui voit sa responsabilité limitée à un certain
plafond d’indemnisation.
B/ Droit européen
Un des premiers instruments de la responsabilité environnementale fut la convention du
conseil de l’Europe du 8 mars 1993 qui ne fut jamais ratifié mais qui influença d’autres
travaux de la commission européenne.
Parmi ceux-ci, il y a le livre vert sur la réparation des dommages causés à l’environnement
(= document de réflexion) ainsi que le livre blanc sur la responsabilité environnementale
(portée plus opérationnelle et vise la mise en place d’un système de responsabilité
environnementale).
Ces deux livres ont été concrétisés par la directive du 21 avril 2004 sur la responsabilité
environnementale en vigueur depuis le 30 avril 2004 et dont l’objectif est de mettre en place
un cadre de responsabilité environnementale fondée sur le principe « pollueur-payeur » afin
de prévenir et de réparer les dommages environnementaux.
Le dommage environnemental couvre les dommages causés aux espèces et habitats naturels
protégés ainsi que les dommages affectant les eaux et les sols. Le régime instauré tient pour
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Toute personne relevant de la juridiction d’un état partie à la Convention peut revendiquer le
respect de la liberté d’expression. Les opinions et informations peuvent être exprimées de
diverses manières et peuvent concerner tous les domaines de la vie sociale (cfr page 45).
c) l’ingérence doit être nécessaire dans une société démocratique (cfr page 47)
D’après la jurisprudence de la Cour, « la vérification du caractère nécessaire dans une société
démocratique de l’ingérence litigieuse impose à la Cour de rechercher si celle-ci
correspondait à un besoin social impérieux, si elle était proportionnée au but légitime et si les
motifs poursuivis par les autorités nationales pour la justifier sont pertinents et suffisants ».
démocratique, en vertu duquel « il lui incombe de communiquer dans le respect de ses devoirs
et responsabilités, des informations et des idées sur toutes les questions d’intérêt général ».
La Cour reconnaît que « les méthodes permettant de faire des reportages objectifs et
équilibrés peuvent varier considérablement, en fonction notamment du moyen de
communication dont il s’agit; il n’appartient pas à la Cour, ni aux juridictions nationales de se
substituer à la presse pour dire quelle technique de compte rendu les journalistes doivent
adopter ».
Pour ce qui est du contenu de l’obligation de vérification incombant aux journalistes, la Cour
admet que « lorsqu’elle contribue au débat public sur des questions suscitant une
préoccupation légitime, la presse doit pouvoir s’appuyer sur des rapports officiels sans avoir à
entreprendre des recherches indépendantes. Sinon, la presse pourrait être moins à même de
jouer son rôle de chien de garde ».
Pour la Cour, l’exercice de cette liberté journalistique implique « le recours à une certaine
dose d’exagération, voire de provocation ». Cette affirmation est vraie en matière politique et
la Cour relève à cet égard que « l’invective politique déborde souvent sur le plan personnel :
ce sont les aléas du jeu politique et du libre débat des idées, garants d’une société
démocratique ».
Pour trancher les conflits entre vie privée et liberté d’expression, on peut se demander si
l’information transmise au public « satisfait un intérêt légitime, si elle présente une utilité
sociale et si elle n’inflige pas à la personne mise en cause une souffrance disproportionnée ».
En ce prononçant dans des affaires où la presse et le pouvoir judiciaire ont des intérêts
contradictoires, la Cour estime que les journalistes ont tendance à s’ériger en juge et porter
atteinte à l’impartialité du pouvoir judiciaire lorsqu’ils rédigent des articles qui « préjugent
d’une question litigieuse soumise à une juridiction, entraînant un manque de respect pour les
voies légales ou une immixtion dans l’administration de la justice; qui sont de nature à
exposer une partie au litige à un examen public et préjudiciable de sa thèse, dissuadant ainsi
les plaideurs dans leur ensemble à s’adresser aux tribunaux; ou qui, en portant atteinte au
secret de l’enquête, peuvent affecter la bonne marche de celle-ci ». la diffusion de telles
informations risque de porter atteinte à d’autres droits garantis par la Convention et
notamment le droit à un procès équitable et la présomption d’innocence de l’article 6.
C/ Textes belges
L’article 19 de la Constitution garantit la liberté de manifester ses opinions en toute matière
sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de cette liberté.
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L’article 25 de la Constitution rappelle que la presse est libre et édicte certaines règles pour
garantir l’effectivité de cette liberté. En ce sens, la censure et le cautionnement sont interdits.
Ensuite, un régime de responsabilité en cascade visant à prémunir le journaliste contre la
censure de la part des auxiliaires de la presse est organisé. Enfin, le délit de presse bénéficie
d’un régime répressif de faveur : pour garantir une publicité renforcée aux procès de presse, le
jury d’assises est établi en cette manière sauf pour les délits inspirés par le racisme et la
xénophobie et le huis clos ne peut être prononcé qu’à l’unanimité ».
A/ La faute
Comme la réparation des dommages causés par les médias relève du droit commun de
responsabilité civile, les cours et tribunaux apprécient la faute de l’auteur de l’information
diffusée par référence au paradigme du bon père de famille placé dans les mêmes
circonstances externes de fait. En pratique, « il appartient au juge de vérifier, dans chaque cas,
s’il y a eu ou non violation des obligations qui sont celles d’un journaliste normalement
prudent et avisé et de comparer, avec la conduite de ce dernier, celle de l’auteur de l’article
incriminé ».
Comme il s’agit de règles professionnelles, elles se situent aux deux niveaux de l’activité
d’information : la recherche et la communication càd que la faute commise s’apprécie soit au
moment et dans la manière de recueillir et traiter l’information soit au moment et dans la
manière de la communiquer. Mais, la nature du contrôle exercé par les cours et tribunaux
varie selon que la faute invoquée est relative à un fait précis ou à l’expression d’un jugement
de valeur.
Cette obligation d’investigation et de contrôle est regardée comme une obligation de moyens.
Elle s’apprécie « compte tenu de la précarité de leurs moyens » (selon une formule utilisé les
décisions judiciaires). Cela signifie que les juges tiennent compte des conditions de travail des
journalistes et de la relative carence de moyens de la presse belge. Ces contraintes conduisent
la jurisprudence à ne pas ériger en faute un manquement à l’objectivité ou au devoir de
véracité à l’égard des faits dès que le journaliste mis en cause a procédé à un travail
raisonnable de vérification.
Le journaliste doit s’adresser à des sources fiables et vérifier celles-ci avant de rendre
publiques ses affirmations, surtout si elles s’avèrent graves. Par ailleurs, en aucun cas, le
journaliste ne peut faire l’écho de rumeurs non vérifiées, ni affirmer qu’elle ne fait que
rapporter l’existence de bruits en tant que témoin neutre et passif. En plus de faire preuve
d’une intention loyale, le journaliste est tenu de vérifier la provenance des bruits et rumeurs
ainsi que leur conformité à la réalité surtout lorsqu’ils sont susceptibles de porter atteinte à
l’honneur ou à la bonne réputation de la personne visée.
Le journaliste n’est pas à l’abri de toute responsabilité sous prétexte qu’il n’aurait fait que
reproduire des informations préalablement rapportées par d’autres médias car ces
circonstances ne le dispense pas d’effectuer un travail de vérification.
L’obligation de prudence du journaliste se marque également sur le ton employé. Ainsi, les
journalistes doivent s’abstenir de propos méchants, malveillants, injurieux,… (cfr page 53).
La prudence conduit souvent des journalistes à utiliser le conditionnel ou les guillemets pour
suggérer que celle-ci est sujette à caution. Ces précautions de forme, si elles peuvent s’avérer
utiles, ne les dispensent pas de leurs devoirs sur le fond.
La jurisprudence rappelle que les médias ont un devoir de véracité à l’égard des faits. Etant
donné que la matérialité des faits peut se prouver, il est du devoir du journaliste de réaliser un
travail de recherche sérieux avant de faire état de faits précis. Cela étant, le journaliste n’est
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pas automatiquement fautif dès lors que les faits avancés sont inexacts. Son obligation
d’investigation est de simples moyens.
Par contre, lorsque les reproches adressés à une publication visent moins les faits rapportés
que les commentaires ou les jugements de valeur exprimés par son auteur, les tribunaux se
contentent d’exercer un contrôle marginal càd qu’ils sanctionnent les excès manifestes
commis dans l’expression des opinions ou jugements querellés.
3. approche thématique
a) atteinte à la vie privée
- éléments constitutifs de la vie privée
La liberté de la presse peut entrer en conflit avec la protection de la vie privée. Pour cette
raison, toute divulgation es éléments relevant de la vie familiale, professionnelle,… (pg 55)
est en soumise à une autorisation. A défaut, la responsabilité du journaliste peut être engagée.
Les atteintes à la vie privée concerneront les membres de la famille et les informations se
cristalliseront sur certains événements qui les affectent (tantôts heureux, tantôt tragiques).
Toute révélation d’éléments relevant de la sphère privée devra donc présenter un intérêt
indiscutable pour l’information du public.
La vie et l’orientation sexuelle d’une personne concernent sa vie privée et sont donc
protégées en tant que telles. Commettent une faute les médias qui rendent publique cette
orientation sans le consentement de la personne concernée.
Si la révélation des convictions religieuses d’une personne doit être condamnée, la mise en
cause de pratiques religieuses suspectes doit être approuvée. Les journalistes veilleront
toutefois à vérifier leurs sources et à utiliser un ton mesuré surtout s’ils imputent des
comportements pervers, voire criminels aux personnes en cause.
La jurisprudence a aussi reconnu un droit à l’anonymat. Certains juges ont ainsi considéré
qu’il y avait atteinte au droit à la vie privée et familiale lorsque l’identité des membres de la
famille d’une personne décédée était révélée et que cette divulgation ne présentait pas la
moindre utilité.
A côté de cette hypothèse, les magistrats ont aussi sanctionné les journalistes qui, sans donner
expressis verbis le nom de la personne concernée permettent au public de l’identifier.
Vis-à-vis des personnes sujets de l’actualité parce qu’elles exercent une fonction publique, la
liberté de presse est plus large et le critère du journaliste normalement prudent et diligent
s’apprécie différemment. Ainsi, la Cour d’appel de Bruxelles estime que « celui qui recherche
et obtient un mandat politique sait que sa conduite sera mise sur la sellette par les médias ».
mais, bien qu’elle soit plus large, la liberté de la presse n’est pas pour autant absolue : les faits
rapportés doivent être établis et vérifiés et le journaliste doit se garder de tenir des propos
calomnieux, injurieux,… au risque de voir sa responsabilité engagée.
Des personnes privées vont aussi être placées sous les feux de l’actualité, et en devenir ainsi
l’objet : « la conception actuelle plutôt extensive du droit à l’information oblige certaines
catégories de personnes à être plus exposées que d’autres aux révélations concernant leur vie
privée (comme les particuliers mêlés de près ou de loin à un événement public dans le champ
de l’actualité et les personnes impliquées dans des affaires judiciaires) ». Ne commet pas de
faute le journaliste qui publie l’identité d’une personne à qui on reproche certaines infractions
dans la gestion de son patrimoine locatif privé dans la mesure où ces faits devenus publics par
le fait des poursuites n’ont rien d’intimes.
Tout est une question de nuance et mise en balance des droits et libertés en présence et le juge
doit se référer à un critère de nécessité. Comme le rappelle le tribunal de 1ère instance de
Charleroi, même si des personnes ont acquis une certaine notoriété et si « l’immunité de leur
vie privée doit céder devant l’exigence de l’information, il n’en reste pas moins que les
journalistes se doivent de donner au public des renseignements exacts, relativement objectifs
et complets » (cfr page 58 et 59).
b) justice et médias
Des affaires judiciaires défraient la chronique signe de l’intérêt que le public leur témoigne.
Dans ce cadre, diverses tensions pourraient surgir entre la liberté de presse et d’autres droits
concurrents tels la présomption d’innocence, le droit au procès équitable ou le secret de
l’instruction et de l’information. Le droit du prévenu à la vie privée et familiale peut aussi être
menacé.
Le Code d’instruction criminelle dispose que l’instruction et l’information sont secrètes. Cette
obligation de secret pèse sut « toutes les personnes qui ont connaissance des éléments de
l’information. Elle ne s’applique donc pas aux journalistes ni aux particuliers.
Néanmoins, le journaliste qui diffuse des informations obtenues à la faveur d’une violation de
secret peut être considéré comme fautif au sens des articles 1382 et 1383 du Code Civil.
En effet, il est légitime de se demander si un journaliste normalement prudent et diligent
aurait publié les informations recueillies par cette voie. Il est légitime de se demander si un
journaliste normalement prudent et diligent aurait publié les informations recueillies par cette
voie.
Pour apprécier la responsabilité des journalistes, il faut être conscient que le public non averti
a parfois tendance à considérer comme coupable une personne qui fait uniquement l’objet
d’actes d’instruction. Clairement, le droit à l’information du public entre en conflit avec la
présomption d’innocence. Ce conflit devra être réglé en utilisant la technique de la
pondération des intérêts en présence « le juge ayant à vérifier dans les faits si chacun des
principes a été respecté proportionnellement à la raison qui le sous-tend ». Dans ce cadre, on
gardera à l’esprit que « tout soupçon formulé publiquement à l’égard d’une personne
déterminée laissera une tache sur sa réputation même si ce soupçon se révèle non fondé ».
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Le journaliste peut émettre des critiques à l’égard du pouvoir judiciaire et des magistrats.
Lorsqu’il se prononce sur la justice et son fonctionnement, divers devoirs lui incombent,
tenant principalement à l’obligation de fournir des renseignements exacts et à ne pas diffuser
des propos calomnieux,… On constate que des journalistes ont pris l’habitude d’effectuer des
enquêtes parallèles. Leurs articles sont le résultat de rumeurs, de déclarations des
enquêteurs,… Si on ne peut reprocher aux journalistes la précarité de leurs moyens
d’investigations, la mise en cause, méchante et sans nuance, de magistrats ou policiers sur
cette base et sans réserve qui s’imposent peut s’avérer fautive.
B/ La réparation du dommage
Si la faute des acteurs des médias peut parfois provoquer un dommage matériel, sa réparation
ne posera pas de problème particulier. Il en va autrement lorsque les victimes cherchent à
obtenir la réparation d’un dommage moral résultant d’une atteinte à l’honneur ou à la
réputation, d’une intrusion dans la vie privée,… La réparation sous forme pécuniaire est
préférée même si elle semble a priori artificielle. On constate une certaine disparité dans les
montants alloués. Parfois, les victimes réclament aussi la publication du jugement ou
l’exercice d’un droit de réponse.
Afin de ne pas céder à l’arbitraire et d’objectiver un peu l’évaluation des dommages moraux,
certains tribunaux se réfèrent à divers critères qui les guident :
- les circonstances dans lesquelles la faute a été commise
- la gravité de l’atteinte à l’honneur et à la réputation de la victime
- les moyens
- l’ampleur et la durée de cette atteinte et le public touché
-…
Pour louables qu’ils soient, ces efforts d’objectivation dans l’évaluation des dommages
moraux ne sont pas décisifs. Indépendamment du fait que la pertinence des critères choisis est
discutable, force est d’admettre qu’ils contribuent de façon médiocre à réduire l’inévitable
part de subjectivité inhérente à l’évaluation ex aequo et bono.
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Il est clair qu’en règle, les dommages et intérêts alloués à la victime ne peuvent représenter
une peine privée. Certains tribunaux se plaisent à le rappeler (cfr page 63).
La réalité n’est pas toujours conforme aux intentions affichées. Tout porte à croire que les
juges ne résistent pas à la tentation de déterminer le montant de la réparation en proportion de
la gravité de la faute.
2. la publication du jugement
Une majorité de victimes d’articles de presse portant atteinte à leurs droits de la personnalité
demande au juge la publication de la décision de condamnation dans un ou plusieurs
périodiques aux frais du responsable. Il s’agit d’une réparation en nature.
3. le droit de réponse
Le droit de réponse est cité au titre des modes de réparation en nature. Cette qualification
participe de cette tendance à « tout enrôler sous la bannière de la réparation en nature ».
En fait, il ne faut pas voir dans le droit de réponse une hypothèse de réparation en nature.
L’exercice du droit de réponse intervient avant une action de mise en cause de la
responsabilité civile de l’auteur de l’article litigieux. A ce stade, il s’agit de prévenir la
survenance du dommage ou de limiter celui-ci grâce aux vertus du débat contradictoire.
Il convient de préciser que l’exercice préalable d’un droit de réponse n’est pas une obligation
légale et donc le fait de ne pas en faire usage ne prive pas la victime du droit de réclamer des
dommages et intérêts. Le droit de réponse étant une simple faculté, il ne peut lui être reproché
de ne pas avoir ainsi limité son dommage.
La constitution établit une imputabilité successive en manière telle que la responsabilité est
toujours centrée sur une seule personne : l’auteur et, à défaut, l’éditeur, l’imprimeur et enfin le
distributeur.
L’idée est que ceux qui n’ont pas participé à la rédaction du texte ne devraient encourir
aucune responsabilité. Il s’agit d’une garantie de la liberté de la presse dont l’objectif est
d’éviter la censure interne de la presse par les éditeurs, imprimeurs et distributeurs.
En effet, s’ils étaient en permanence exposé à une mise en cause de leur responsabilité au titre
de complices de la publication d’un écrit litigieux, c’est normal qu’ils auraient tenté d’exercer
une pression sur les auteurs, de les censurer ou de leur refuser leur concours.
Cette notion désigne des infractions ordinaires commises par voie de presse et non la violation
de règles spécifiques ressortissant au domaine de la police de la presse (cfr page 67).
Il faut encore que les différents éléments constitutifs de la notion soient réunis càd :
- la manifestation d’une opinion
- de nature délictueuse
- ayant reçu une publicité suffisante
- au moyen de la presse
Aussi, l’article 25, alinéa 2 de la Constitution n’empêche pas que l’éditeur, l’imprimeur et/ou
le distributeur engagent leur responsabilité dans certaines circonstances. L’économie du
système implique que l’éditeur, l’imprimeur et le distributeur soient restés dans les limites de
leur rôle se bornant à prêter matériellement leur concours aux auteurs.
Le principe de l’imputabilité personnelle recouvre tous ses droits lorsqu’ils s’immiscent dans
le travail de rédaction en participant à l’élaboration du texte, en le modifiant ou en le
retouchant; dans ce cas, ils ne sont plus complices mais coauteurs et, à ce titre, ils ne peuvent
plus se décharger de leur responsabilité sur l’auteur de l’écrit litigieux.
Cette thèse est répandue en jurisprudence. On ne s’étonnera pas que les juges favorables à la
non-application du principe de responsabilité en cascade en matière civile y soient attachés.
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Titre II. Le fait juridique profitable comme source d’obligation : les quasi-contrats
Selon l’article 1371 du Code Civil, « les quasi-contrats sont les faits purement volontaires de
l’homme, dont il résulte un engagement quelconque envers un tiers, et quelque fois un
engagement réciproque des deux parties ».
L’avantage procuré ou reçu est source de droits et d’obligations pour les parties.
Bien que s’apparentant aux contrats, les quasi-contrats s’en distinguent par leur origine car les
droits et obligations, auxquels ils donnent naissance, ont pour source un fait volontaire ou
involontaire d’une personne et non un accord de volontés.
Dans la gestion d’affaires, une personne (le gérant) s’occupe des affaires d’une autre personne
(le géré), de sa propre initiative, sans en avoir été chargé et sans avoir été mandaté à cet effet.
Si l’intervention du gérant dans les affaires du géré est altruiste, elle n’est pas gratuite;
d’ordinaire, il tient à être remboursé des frais exposés.
Section 2. Conditions
L’enjeu est de trouver un équilibre : il s’agit à la fois de ne pas décourager l’initiative, inspirée
par une intention louable et bienveillante et d’éviter des immixtions intempestives, injustifiées
ou inefficaces dans les affaires d’autrui :
- 1ère condition : une intervention volontaire et spontanée du gérant en l’absence de toute
obligation légale ou conventionnelle
- 2ème condition : l’absence d’opposition de la part du géré, sous peine, pour le gérant,
d’engager sa responsabilité. Il n’est toutefois pas requis que le géré ignore la gestion
- 3ème condition : l’intervention du gérant doit être désintéressée. Elle ne sera animée ni par
une intention libérale ni par un but de lucre
- 4ème condition : les actes du gérant doivent être urgents, nécessaires et de bonne
administration
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Section 3. Effets
§1) Relation entre le gérant et le géré
Le gérant est tenu d’agir en bon père de famille et de poser des actes de bonne administration.
Il doit continuer et achever ce qu’il a entrepris, jusqu’à ce que le géré puisse s’en occuper et
même, dans le cas échéant, au-delà du décès de celui-ci. Enfin, il doit aussi rendre compte de
sa gestion càd justifier les actes qu’il a accomplis.
Le géré, lui, est tenu d’indemniser le gérant des dépenses nécessaires que celui-ci a effectués
dans le cadre de sa gestion. Il doit indemniser le gérant des engagements personnels souscrits
par lui et remplir les engagements conclus en son nom.
Celui qui paie alors qu’il n’y était pas tenu (le solvens) peut réclamer la restitution (répétition)
à celui qui a reçu indûment (l’accipiens) et qui est obligé de rembourser.
Section 2. Conditions
Il faut un paiement indu ou sans cause. Tel est le cas du paiement qui intervient en l’absence
de toute dette entre le solvens et l’accipiens.
Remarque : techniquement, on n’a pas affaire à un paiement puisque tout paiement suppose
une dette.
Section 3. Effets
§1) Obligations de l’accipiens
Il est tenu de restituer ce qu’il a indûment reçu :
- s’il est de bonne foi, il ne pourra subir aucun préjudice de la restitution. Il peut conserver les
fruits civils et naturels. S’il a aliéné la chose reçue, il ne devra restituer que le fruit de la vente
quelle que soit la valeur de l’objet. Si la chose a péri par cas fortuit, il est libéré.
- s’il est de mauvaise foi, le solvens ne peut subir aucun préjudice. L’accipiens est tenu de
rembourser les intérêts et autres fruits depuis le jour du paiement. S’il a aliéné la chose, il doit
payer la valeur de celle-ci au jour de la répétition. Il en est de même en cas de détérioration ou
de destruction.
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Section 3. Effets
Si l’action est fondée, l’enrichi doit indemniser l’appauvri. Il y a lieu d’évaluer le montant de
l’appauvrissement et celui de l’enrichissement, l’enrichi devant payer le montant le moins
élevé. Cette appréciation se fait au moment de l’introduction de l’action in rem verso.