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Rapport d'enquête sur l'accès à l'eau potable

dans les quartiers de Douala, Cameroun

Mars 2020

Association OnEstEnsemble

1
INTRODUCTION........................................................................................................................................ 3
I. Gestion et fourniture de l'eau au Cameroun ................................................................................... 5
L'accès à l'eau potable au Cameroun................................................................................................... 5
Les acteurs nationaux de l'eau ............................................................................................................. 6
II. Inégalités face aux sources d'approvisionnement en eau de consommation .................................. 8
Qui a accès au réseau d'eau urbain ?................................................................................................... 8
Où s'approvisionnent les personnes qui n'ont pas accès au réseau d'eau ? ...................................... 12
Quelles sont les différentes options pour les habitants de Douala ? ................................................. 13
S'approvisionner en eau : un combat quotidien ................................................................................ 15
Qu'en est-il du service public d'eau gratuite à Douala ? .................................................................... 16
III. Le coût : principal facteur limitant dans l'accès à l'eau pour tous ................................................. 20
Se connecter au réseau d'eau urbain : à quel prix ? .......................................................................... 20
Comment faire quand on est éloigné du réseau ? ............................................................................. 21
Qu'en est-il lorsque l'on ne peut pas se connecter au réseau ? ........................................................ 22
VI. Les coupures : un autre calvaire pour les usagers du service public de l'eau ................................... 23
Elle nous raconte ............................................................................................................................... 24
CONCLUSION ......................................................................................................................................... 27
Recommandations du rapport pour l'amélioration de l’accès à l’eau potable ...................................... 28
ANNEXES ................................................................................................................................................ 29
Information sur les personnes enquêtées ......................................................................................... 29
Age des personnes enquêtées ....................................................................................................... 29
Localisation des personnes enquêtées .......................................................................................... 29
Répartition des genres des personnes enquêtées ......................................................................... 29
Devis de branchement camwater ...................................................................................................... 30
Facture d'eau ..................................................................................................................................... 31
Couverture du réseau d'eau au quartier de Makepe missoke – vue satellite ................................... 35

2
L'accès à l'eau potable est reconnu comme un droit humain fondamental1 et l'un des objectifs de
développement durable (ODD). Son absence constitue une menace importante pour la santé des
hommes et des femmes. Les maladies d'origine hydrique représentent le principal problème de santé
publique dans de nombreux pays. Le dernier rapport mondial des Nations Unies en la mise en valeur
des ressources en eau2 indique que plus de deux milliards de personnes dans le monde n'ont toujours
pas accès à l'eau potable et à l'assainissement en 2019. De plus, les changements climatiques appliquent
une pression de plus en plus forte sur les ressources mondiales en eau 3. Comme le Président d'ONU-
Eau l'indique, "les populations pauvres et marginalisées seront affectées de manière disproportionnée,
ce qui aggravera encore les inégalités". L'Afrique subsaharienne est l'une des régions les plus touchées
par ces difficultés d'accès à l'eau, avec seulement 24% de la population qui a accès à une source sûre
d'eau potable.
Selon un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé4, 319 millions de personnes en Afrique
subsaharienne n'avaient toujours pas accès à une eau potable en 2015. Trois ménages sur quatre vont
chercher de l'eau hors de leur domicile. L'Afrique Subsaharienne, l'Afrique du Nord, l'Asie centrale,
l'Océanie et la Caucase ont les niveaux de couverture les plus faibles en eau potable.

Ce présent rapport d'enquête se concentre sur la situation des habitants d'une grande métropole
africaine : Douala, au Cameroun. L'association OnEstEnsemble est implantée dans une dizaine de
quartiers dits "précaires", à Douala, et ses membres soulèvent depuis plusieurs années les difficultés
d'accès à l'eau potable. L'association ayant pour objectif la lutte contre les injustices et la défense des

1 UNESCO, 2003
2 WWDR 2019, "Ne laisser personne pour compte", UNESCO - https://fr.unesco.org/water-security/wwap/wwdr/2019
3 Rapports du GIEC - https://www.ipcc.ch/report/ar5/syr/

4 Rapport 2015 sur les progrès en matière d’assainissement et d’alimentation en eau : les principaux faits-
https://www.who.int/water_sanitation_health/monitoring/jmp-2015-key-facts/fr/
3
droits sociaux, économiques et environnementaux de ses membres, elle a cherché à travers un travail
d'enquête mené entre septembre 2019 et mars 2020, à rendre visible les difficultés d'accès à l'eau
potable et les inégalités dans l'accès à ce droit fondamental. Des entretiens auprès de 300 habitants de
Makepe Missoke (Arrondissement de Douala 5) ont été effectués, dans les secteurs couverts par le
réseau urbain d'eau ainsi que dans les secteurs qui en sont éloignés. Antoine Noubouwo5 identifie
Makepe Missoke comme faisant partie des « quartiers d’extension périphériques à étages » : construits
dans la deuxième couronne de la ville, ils sont caractérisés par la présence de deux parties bien distinctes
: un plateau non inondable où l’habitat est relativement de bonne qualité, bien connecté au réseau de
voiries primaires, et une zone marécageuse en contrebas composée d’un habitat en matériaux
provisoires et où les inondations sont fréquentes. La circulation dans cette zone est très difficile en
raison de l’absence de voirie tertiaire et des cheminements piétonniers qui se terminent souvent dans
les marécages. Près de 33 000 habitants6 vivent dans ce quartier, qui partage les caractéristiques de
nombreux quartiers précaires de Douala. Des responsables techniques de l'entreprise publique
Camwater ont également été rencontrés pour nourrir ce rapport. Le travail de recherche réalisé par
Virginie Nantchop en 20157 est également une source importante d'information.
Ce rapport se concentre ainsi sur trois dimensions qui constituent un frein à l'accès à l'eau potable pour
une partie de la population : l'absence de réseau d'eau, le coût de l'eau, qui est en lien direct avec la
qualité de l'eau, et les pannes sur le réseau d'eau.

Source : Google Earth

5"Developpement urbain et stratégies d'acteurs dans les quartiers précaires de Douala au Cameroun", Antoine
Noubouwo, Etudes urbaines, programme de l'INRS et de l'UQAM, Septembre 2014
6MAETUR 2018
7 NANTCHOP, V., 2015, « L’action publique urbaine à l’épreuve des réformes du service d’eau à Douala (Cameroun) »,
Géocarrefour, vol 90, n°1, p.61-71.
4
Depuis la Conférence de Dublin sur l’eau et l’environnement de juin 1992 et la conférence des Nations
Unies sur l’Environnement et le Développement de Rio de Janeiro la même année, la gestion des
ressources d'eau est identifiée comme un enjeu essentiel à l'échelle internationale.
Se fondant sur les recommandations du Sommet Mondial pour le Développement Durable (SMDD) de
Johannesburg de 2002 relative à l’élaboration des plans d’Action Nationaux de Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (GIRE) et dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), le Cameroun, comme plusieurs pays d’Afrique Centrale, s'est engagé dans le
processus de la GIRE19.
En 2005, le Cameroun se dote d’un Plan d’action national de Gestion intégrée des ressources en eau
(PanGire). La lettre de politique sectorielle d’hydraulique urbaine8, élaborée en 2007, précise les
engagements des autorités en matière d’hydraulique urbaine9, faisant de l’eau un bien du patrimoine
national dont l’Etat assure la protection et la gestion.
Pourtant, en 2010, un rapport sur le financement du secteur de l'eau au Cameroun10 souligne le manque
de prise en compte de l'eau comme un secteur stratégique du point de vue économique et social. Selon
le rapport, le Cameroun ne disposerait pas, à l'époque, d'une politique nationale de l'eau de manière
formelle, et les investissements n'auraient pas été à la hauteur des enjeux et des engagements.
L'accès à l'eau en 2010 au Cameroun est encore peu développé : le taux de desserte en eau potable
(réseau d'eau public) était de 33% en 2010 selon la Banque Africaine de Développement11. Ce taux est
très faible, si on le compare à celui du Sénégal pour la même année (98% en zone urbaine et 82% en
zone rurale). Le rapport du Global Partnership Central Africa explique que "les grandes villes sont dans
leur quasi-totalité équipées en système d'alimentation en eau potable, ce qui situe le taux de couverture
à environ 86,2%", mais qu'en réalité "la situation d'approvisionnement en eau potable en milieu urbain
est traduite par le taux d'accès direct des ménages à l'eau potable", qui serait, selon ce rapport, de
l'ordre de 29% (près de 227 000 abonnés en 2010).
Pourtant, les besoins en eau sont bien inférieurs aux ressources disponibles, correspondant aux
ressources en eau contenues dans les différents compartiments hydrologiques. L'étude indique que
pour l'ensemble du Cameroun, les besoins en eau correspondraient à seulement 4% des ressources
disponibles. Le Cameroun dispose en effet d'importantes ressources en eau (267,88km3 pour les eaux
de surface et 55,98km3 pour les eaux souterraines), et donc d'un immense potentiel.

En 2018, le taux moyen d'accès à l'eau potable est de 77% en milieu urbain et 45% en milieu rural, selon
L'INS. Selon les récentes données fournies par le Ministère de l’Eau et de l’Énergie, la production
nationale d’eau potable du Cameroun est de 824  456 m3/jour en 2019, et le réseau de 6 875 km. Les
interventions réalisées et les campagnes de branchements sociaux ont permis de porter le nombre
d’abonnés en milieu urbain à 446  976 en 2019.

8
https://www.pseau.org/outils/ouvrages/politique_sectorielle_d_hydraulique_Cameroun_urbaine_2007.pdf
9 La loi n°98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l’eau au Cameroun
10
Développement d'une stratégie de financement du secteur de l'eau en Afrique centrale – Etude nationale sur le
financement du secteur de l'eau – Global Water Partneship Central Africa, Juin 2010
11
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6814943/
5
Le Ministère de l’Energie et de l’Eau (MINEE), à travers la Direction de l’Hydraulique et de l’Hydrologie
(DHH), a en charge la conception, la formulation et la mise en œuvre des stratégies d’alimentation en
eau potable et d’assainissement dans les zones urbaines et rurales. Les actions de la DHH sont très
majoritairement orientées vers l’élaboration et le suivi des programmes d’approvisionnement en eau
potable.
Les activités de production et de distribution d'eau potable ont, elles, été assurées par différents acteurs
au Cameroun au cours du temps. En 1964, l'Etat décide de créer le Service Provisoire des Eaux du
Cameroun (SPEC), qui deviendra la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) en 1967, organisme
national chargé en régime de concessions des activités de production et de distribution d'eau potable
dans les agglomérations urbaines du pays. Le processus de privatisation par appel d'offres initié en 1999
échoue, et est remplacé par la mise en affermage du secteur, à travers un Partenariat Public-Privé,
organisant la gestion de l'eau en deux contrats principaux : la concession et la gestion des infrastructures
d'une part, et l'affermage de l'autre. La Camwater est créée en 2005 comme société de patrimoine, à
capital public, pour la gestion du patrimoine hydraulique et le contrôle de la qualité et de l'exploitation
du service de production, de transport et de distribution d'eau potable. L'exploitation elle-même de la
production et de la distribution d'eau en milieu urbain et périurbain est confiée à la Camerounaise des
Eaux (capitaux privés majoritairement marocains) par un contrat d'affermage. En milieu rural12, la
gestion est déléguée à une association d’usagers, chargée de superviser la gestion de l’ensemble des
points d’eau du village ou du quartier.
Le 1er mai 2018, le service est finalement renationalisé, pour répondre notamment aux nombreuses
critiques sur la qualité du service, avec la reprise du contrat d'affermage par la Camwater. Le Syndicat
National Autonome des Travailleurs de l'Energie, l'Eau et des Mines du Cameroun (SYNATEEC) conclut
ainsi fin d'un atelier organisé en juin 201913, que la privatisation a fait disparaitre les fontaines publiques
et que l'eau n'est plus en quantité et qualité suffisante. Le syndicat dénonce ainsi la naissance de conflits
sociaux liés à l'eau au sein des quartiers, la charge de travail pour les femmes et les enfants, et les
conséquences négatives sur la santé des forages créés par des particuliers. Deux ans après la
renationalisation, il est encore tôt pour constater l'ensemble des impacts que ce type de gestion va avoir
pour les usagers, mais cette enquête tente de mettre en lumière certains enjeux auxquels la Camwater
va devoir faire face, notamment dans les grandes villes.

12 Décret 2010/0239/PM transférant aux communes les compétences pour la réalisation et la gestion des puits et forages
13
https://publicservices.international/resources/news/leau-du-cameroun-doit-rester-en-mains-publiques?id=10212&lang=fr

6
Au quartier TSF-Cacao Barry, s'approvisionner en eau chaque jour est une épreuve pour de nombreux
habitants. Les bonnes fontaines sont inexistantes, les forages payants ne fonctionnent plus, et tout
le monde n'a pas pu se connecter au réseau d'eau géré par Camwater.
Stéphanie NGUEMALEU habite le quartier depuis 6 ans, au Bloc A. Pour la consommation, elle se
ravitaille à un seul point d’eau : le forage gratuit qui a été offert en 2015 aux habitants par la
Boulangerie Mado.
"Ce point d’eau est à environ 10 min de ma maison. On y trouve toujours du monde et, pour éviter du
désordre, nous devons puiser l’eau par ordre d’arrivée. Parfois tu arrives à 7h, et tu quittes le point
d’eau à 7h40".
Ainsi, il lui faut compter plus d'une heure chaque jour pour aller s'approvisionner en eau.
C’est le forage de la Boulangerie Mado qui ravitaille tout le quartier, pour les personnes qui ne sont
pas connectées au réseau. Stéphanie explique que parfois, les médecins interdisent de consommer
cette eau à des personnes qui tombent malades vraisemblablement à cause de l'eau. Autrefois,
Stéphanie se ravitaillait au point d’eau public offert par la Station Bocom à Bépanda Ambiance. Mais,
elle déplore sa qualité : "elle sent parfois le carburant, et même la rouille ».
De plus, pour accéder à ce point d'eau, la route est accidentée et cela nécessite plus d'effort.
Si la famille de Stéphanie n'est pas connectée au réseau d'eau urbain, ce n'est pas par choix. Elle
explique ses raisons :
"Je suis locataire et je n’ai pas de certificat de propriété comme le demande Camwater, encore moins
de taxe foncière à déposer dans la constitution du dossier. Notre bailleur dit avoir la volonté de nous
connecter, mais il déplore le montant très élevé de l’abonnement. Nous ne sommes donc toujours pas
branchés"

7
Comme on l'a vu, le réseau d'eau géré aujourd'hui par Camwater est loin d'être accessible à l'ensemble
de la population camerounaise, même en ville, où la couverture est pourtant plus importante qu'en
zone rurale. En se basant sur les chiffres les plus récents fournis par le MINEE, de 446  976 abonnés en
milieu urbain en 2019, on peut estimer le nombre de personnes étant connectées au réseau d'eau.
Les ménages camerounais ayant une taille moyenne de 5,9 personnes14, on peut estimer que 2,6
millions de personnes sont connectées au réseau urbain d'eau, dans l'ensemble du Cameroun. Les villes
de Douala et Yaoundé représentant à elles seules près de 8 millions d'habitants, tandis que 4 autres
villes dépassaient déjà les 200 000 habitants en 2001, une minorité de la population est effectivement
connectée au réseau d'eau urbain géré par Camwater.

Réseaux et infrastructures de distribution d'eau à Douala

Source : L'action publique urbaine à l'épreuve des réformes du service d’eau à Douala (Cameroun),
Virginie Laure Nantchop Tenkap 2005 - https://journals.openedition.org/geocarrefour/9686?lang=fr

14 Selon l'enquête auprès des ménages de l'Institut National des Statistiques Camerounais mise à jour en 2015 -
http://nada.stat.cm/index.php/catalog/26

8
Les Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages (ECAM 2 et 3), réalisées par l'Institut National de la
Statistique du Cameroun, indiquent que le pourcentage de personnes s'approvisionnant en eau de
boisson auprès du réseau Camwater a fortement diminué entre 2001 et 2007, passant de 75% à 6615%.
L'évolution peut être expliquée notamment par la forte croissance démographique. Si des données plus
récentes ne sont pas disponibles, on peut penser que la pression démographique continue de peser sur
le taux d'accès au réseau d'eau, avec une population estimée aujourd'hui à plus de 25 millions, et un
taux de croissance annuelle de près de 2,4%.

Douala, capitale économique du Cameroun, abrite près de 3,6 millions d'habitants. Le taux
d'accroissement annuel de la population est de 6,4%16. L'accès à l'eau est un enjeu croissant face à la
pression démographique. La ville de Douala a une capacité de production journalière d’environ 66 000
m3 d’eau17.

Ainsi, une partie importante des personnes n'ont pas accès au réseau urbain d'eau, particulièrement
dans les quartiers précaires, et tout particulièrement les poches urbaines en mutation à la périphérie
du centre (comme Camp Yabassi, New Bell, ou la partie basse de New Deido), dans les quartiers en
première couronne urbaine (comme Oyack, Diboum I ou Nklmintag), ou encore les quartiers
d'extensions périphériques (comme Mambanda, Maképé Missoké, Bepanda Yoyong et Petit Wouri)18.

15 Voir Tableau sur l’évolution du principal mode d’approvisionnement en eau de boisson entre 2001 et 2007
16https://populationstat.com/cameroon/douala
17L'action publique urbaine à l'épreuve des réformes du service d'eau à Douala (Cameroun), Virginie Nantchop, 2015
18Développement urbain et stratégies d’acteurs dans les quartiers précaires de Douala au Cameroun, Antoine Noubouwo,
2014
9
La situation dans les quartiers précaires de Douala : la couverture du réseau
d'eau urbain à Makepe Missoke

Source : Google My Maps

Cette carte a été effectuée à partir d'une enquête sur le terrain et la rencontre des représentants des
autorités locales, chefs de blocs et chef de quartier. On peut observer que de nombreux blocs,
représentants plusieurs milliers de personnes, sont situés hors secteur couvert par le réseau d'eau
urbains (voir détails en vision satellite en annexe). L'entreprise Camwater stipule, sur les documents
d'information concernant le branchement : "la longueur de votre branchement ne pourra pas excéder
50 mètres linéaires". Tout foyer se situant trop loin des canalisations principales ne pourra donc pas
être connecté.

10
Entre les personnes situées en dehors du réseau et celles qui ne sont pas connectées, une très faible
par (moins de 30%) des personnes interrogées sont connectées au réseau à Makepe Missoke.

Part des personnes connectées au réseau d'eau urbain


Makepe Missoke

29%
Connectées au réseau

Non-connectées

71%

Par ailleurs, de nombreux habitants ont témoigné de leur difficulté à constituer les dossiers pour
effectuer une demande de branchement : difficulté à accéder à l'information pour certains, difficulté de
rassembler les documents nécessaires pour d'autres.
En tant que propriétaire, les
documents à fournir pour un "J'ai décidé l'année dernière de me connecter au service
branchement ou abonnement à d'eau de la Camwater, à l'agence ils m'ont indiqué que je
Camwater sont la Carte Nationale devais fournir : une lettre manuscrite adressée au chef
d'Identité et le Titre de Propriété. Mais d’agence, une photocopie de la carte nationale d’identité,
aussi une autorisation écrite et un plan de localisation et le certificat de vente du terrain
légalisée de traverser les concessions légalisé, ou une photocopie du titre foncier, ou une
d'autrui. Ces documents ne sont pas photocopie du titre de propriété. En regroupant les pièces
toujours faciles à obtenir. constitutives, j’ai été bloqué car l’Etat ne délivre plus de
titre foncier. Je me suis rapproché d’un chef de bloc dans
mon quartier qui me demande 30.000 FCFA. N’étant pas à
mesure de lui donner cette somme, je suis actuellement
En tant que locataire, il faut fournir un coincé car les frais d’abonnement sont déjà exorbitants et
contrat de bail et l'autorisation écrite et plus cette somme que me demande le chef de bloc »
légalisée du propriétaire. Aujourd'hui
au Cameroun, et particulièrement dans Samuel, habitant de Bépanda Omnisports
une ville comme Douala où l'accès au
logement est très difficile, ces documents ne sont pas toujours faciles à fournir. Certains propriétaires
ne réalisant pas de contrat de bail, ou refusant de donner leur autorisation. Par ailleurs, le locataire doit
fournir une facture de l'ancien abonné ou ancienne liasse de devis de branchement. Les locataires ne
disposent généralement pas de ces documents, ce qui rallonge la procédure, et souvent les coûts, car
un agent doit se déplacer sur le terrain. De plus, si l'abonnement précédent présente un solde débiteur,
c'est au locataire de régler les impayés, pour pouvoir bénéficier d'un abonnement.

11
Les ménages qui n'ont pas accès au réseau urbain d'eau doivent pourtant s'approvisionner en eau. La
fourniture d'eau de consommation est l'enjeu principal. Les différentes options présentes chacune des
difficultés ou inconvénients spécifiques.

L'étude ECAM 3 menée par l'INS indique qu'en 2007, le mode principal d'approvisionnement à Douala
(derrière l'eau fournie par Camwater) est le forage (24,5%), le reste étant réparti entre les puits et
sources aménagées (6,8%) et les rivières, marigots, lac et autres (2,5%).

Evolution du principal mode d’approvisionnement en eau de boisson entre 2001 et 2007

Régions Eau CAMWATER Forage Puits, source Rivière, marigot,


géographiques aménagée lac et autres
2001 2007 2001 2007 2001 2007 2001 2007
DOUALA 75,7 66,2 8,0 24,5 11,4 6,8 4,9 2,5
LITTORAL SANS 53,2 55,0 1,8 10,8 9,3 16,1 35,7 18,1
DOUALA
REGION DU 67,9 63,3 5,8 20,9 10,7 9,2 15,6 6,6
LITTORAL
CAMEROUN 41,9 38,9 8,6 9,9 15,8 17,2 33,7 34,0
Source : INS, ECAM 2, 3

12
• Certaines habitations bénéficient d'un forage personnel : un captage vertical permettant
l’exploitation de l’eau d’une nappe phréatique. L’eau peut être remontée au niveau du sol grâce
à une pompe, manuelle ou motorisée. Un forage est fermé, contrairement à un puits. Son eau
n'est généralement pas traitée, et la qualité de l'eau fournie dépend notamment de la
profondeur, et de la composition du sol. Plus le forage est profond, plus l'eau est protégée de
la pollution des surfaces. Cependant, tous les foyers n'ont pas les moyens de creuser des forages
suffisamment profonds pour garantir la qualité de l'eau. Le coût pour ce moyen
d'approvisionnement correspond au coût du forage et à l'entretien de la pompe. L'eau est
librement accessible ensuite
• Des puits sont plus communément disponibles, cependant, leur eau est contaminée par la
pollution de surface, notamment via les cordes et seaux utilisée pour puiser l'eau. Cette eau
nécessite un traitement ou un filtrage pour être potable, ce qui n'est pas accessible à tous. Les
seuls coûts correspondent au forage et à l'entretien. Des puits privés peuvent être utilisées par
plusieurs personnes de la communauté, en échange d'une participation financière.
• L'eau des rivières, lacs et autres points d'eau est moins disponible en ville, et constitue donc
une source d'eau de boisson pour moins de monde (2,5% à Douala en 2007). Cette eau n'est
pas protégée de la pollution de surface, et ne peut pas être consommée sans traitement ou
filtre sans risques. Mais pour ceux qui n'ont pas de puits ou forage, elle constitue souvent la
seule source en libre accès.

Selon une étude menée en 2018 sur la commune de Douala V19 , 85% des personnes interrogées ne
traitent pas l'eau avant sa consommation. Les méthodes de traitement sont principalement le filtre (en
grande majorité), la chloration, et l'ébullition.

19
Accès à l'eau potable et à l'assainissement : cas de la commune d'arrondissement de Douala V (Cameroun),
Juillet 2019, D. D. Tekam, N. Vogue, C. C. Nkfusai, M. E. Ela, S. N. Cumber, The Pan African Medical Journal

13
Pour avoir accès à une eau de meilleure qualité, certaines
personnes qui ne disposent ni d'un forage personnel, ni du
réseau d'eau urbain, se tournent vers des intermédiaires : des
points d'eau sont parfois mis à disposition par des tiers à la
communauté, mais les conditions varient selon la source.
- Certains privés, souvent des commerçants (stations-
services, boulangeries, etc.) disposant d'un forage
mettent à disposition en libre-service leur eau, pendant
des créneaux limités sur la journée (souvent de 5h à 9h
puis de 16h à 22h).
- Des privés qui disposent d'un branchement au réseau
d'eau urbain revendent parfois l'eau à d'autres
personnes du quartier. A Makepe Missoke, 74% des
personnes interrogées ont déclaré se ravitailler à ce type
de robinet de tiers. Ces robinets privés mis à disposition
de la population sont à usage commercial. Cependant,
ces opérateurs privés ne disposent pas d'autorisation officielle qui leur permet de
commercialiser l'eau. Si au départ cette offre s’est développée dans les espaces "coupés" du
réseau, on observe de plus en plus sa généralisation à l’échelle de la ville.

Tableau des sources d’approvisionnement des ménages interrogés au quartier Makepe 1 Missoke
Sources d’approvisionnement en eau de Nombre de personnes
Pourcentage %
consommation enquêtées
Robinet personnel 20 6,66%
Robinet Privé à usage commercial 158 52,66%
Puits collectif 59 19,66%
Forage privé distribué gratuitement 17 5,66%
aux habitants
Forage personnel 46 15,33%
Total 300 100%

14
La qualité de l'eau est très différente selon chaque source. Sur les personnes interrogées, plus d'un
quart estiment que leur eau de consommation est de mauvaise qualité. Même concernant l'eau du
réseau urbain, gérée par Camwater, les informations sur la qualité de l'eau ne sont pas disponibles au
public et aux consommateurs, malgré ce qui est communiqué sur le site internet (aucun lien ne
fonctionnant pour la rubrique "Infos Pratiques").

Qualité de l'eau pour la consommation humaine

5%

26% 35% Bonne


Assez bonne
Mauvaise
Ne sait pas
34%

Pour la grande partie des habitants qui doivent s'approvisionner en dehors de leur foyer, la quête n'est
pas sans obstacle.
Tout d'abord, la distance : sur les personnes n'étant pas connectées au réseau urbain d'eau, 80% des
personnes interrogées déclarent se trouver à plus de 5 minutes à pieds d'un point d'eau potable, dont
15% sont à plus de 10 minutes, et 5% à plus de 30 minutes à pied. Certaines personnes doivent prendre
des mototaxis pour aller chercher de l’eau à plusieurs kilomètres. Selon l'étude citée plus haut20, environ
un ménage sur deux de la zone urbaine parcourt entre 1 à 5km pour avoir de l'eau à boire.

Ensuite, les points d'eau sont très


sollicités, et il faut faire la queue avec
des dizaines de personnes pour y
accéder.
Chaque jour à l'aube, les queues se
forment autour de ces points d'eau
mis à disposition pour quelques heures
en accès libre par des benfaiteurs.

20
Accès à l'eau potable et à l'assainissement : cas de la commune d'arrondissement de Douala V (Cameroun),
Juillet 2019, D. D. Tekam, N. Vogue, C. C. Nkfusai, M. E. Ela, S. N. Cumber, The Pan African Medical Journal

15
On constate que très peu de personnes déclarent s'approvisionner à des points d'eau publics gratuits.
Nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable via le réseau urbain, l'Etat contribue à l'accès à
ce service essentiel principalement à travers deux mécanismes en zone urbaine : les fontaines publiques
(ou bornes fontaines), et les cuves d'eau (appelées bâches).

Les fontaines publiques


Des habitants de Douala témoignent qu'il y a plusieurs années de cela, il existait plusieurs fontaines
publiques, où la population pouvait s'approvisionner librement en eau potable. D'après eux, la quasi-
totalité de ces fontaines a disparue, il est très difficile d'en trouver. Les habitants dans le besoin ont
donc pris l'habitude de se tourner vers les points d'eau de privés.

TABLEAU : CES FONTAINES PUBLIQUES QUI ONT DISPARU DE LA VILLE DE DOUALA

N° QUARTIER LIEU OBSERVATIONS


01 BEPANDA TSF-CACAO Carrefour Fermée depuis plusieurs années, les habitants
BARRY ambiance de ce secteur se ravitaillent pour la plupart au
forage de la station BOCOM installée depuis
peu et en libre accès sur des horaires définis
02 BEPANDA TSF Carrefour Fermée depuis plusieurs années, la borne a été
La Fontaine (one détruite et sur l’espace a été construit un
to one) espace commercial

16
03 BEPANDA Carrefour peuple Fermée depuis plusieurs années
BONEWONDA
04 BEPANDA TSF Carrefour fin- Fermée depuis plus de 5ans, l'ancienne borne
goudron Defosso est encore visible, mais inutilisable
04 DIBOUM 2 Carrefour Espoir, Fermée depuis plusieurs années
vers l’hôpital des
sœurs
05 MAKEPE MISSOKE Bloc 1 Forage public créé par la mairie, a été en panne
pendant près de 3 a été en panne, puis a été
réhabilité en 2019 à la demande des habitants
06 DEIDO GRAND En face foyer Fermée depuis plusieurs années
MOULIN BANA
07 BEPANDA YONYONG Petit marché Fermée depuis plusieurs années
08 NEW-BELL Vers carrefour Fermée depuis plusieurs années
Monkam
09 NEW-BELL Kassalafam, vers Fermée depuis plusieurs années
commissariat du
6ème
10 NEW-BELL Quartier source A été fermée il y a plusieurs années, avant
d'être réhabilitée par un particulier qui
aujourd'hui commercialise l'eau
11 AKWA Face polyclinique Fermée depuis plusieurs années
d’Akwa
12 NKONGMONDO Carrefour Femée depuis plusieurs années
Nkongmondo
13 NEW-BELL NKOLMITAG vers Fermée depuis plusieurs années
l’échangeur
14 NEW-BELL Eglise Bandjoun Fermée il y a plusieurs années, avant d'être
réhabilitée par un particulier qui aujourd'hui
commercialise l'eau
15 AKWA Fontaine Bebey Fermée depuis plusieurs années
Eyidi
16 MAKEPE MISSOKE Après école Fermée depuis plusieurs années
publique

Ce tableau est issu d'un travail d'enquête sur le terrain réalisé en février 2020, il ne reflète pas de manière
exhaustive l'ensemble des fontaines publiques qui ont disparues à Douala.

Ancienne fontaine publique


qui ne fonctionne plus

17
Les cuves de ravitaillement d'eau

Pour pallier au manque d’eau dans la ville,


l'entreprise publique Camwater a installé
en décembre 2016, 114 bâches (cuves
d’eau) de 5000 litres chacune sur 56 sites
couvrant l’ensemble des arrondissements
de Douala, et qui devaient être
rechargées trois fois par semaine.
Cependant, de nombreux habitants
dénoncent le non-respect de ce
programme de remplissage21 des cuves,
alors qu'elles sont vidées en à peine
quelques jours, la demande étant très
élevée.
Patrice GUCABOU, habitant du quartier
Bépanda TSF-Cacao Barry, raconte : "ici,
les cuves d’eau n’ont pas été rechargées
depuis deux mois, nous n’arrivons pas à
recueillir de l’eau potable. Moi je ne
dispose pas de robinet, et je ne consomme Photo 2 d’une bâche (cuve d’eau) asséchée au quartier
pas l’eau issue du forage. Je suis contraint Tsf Cacao Barry
d’acheter de l’eau minérale en bidons de
10 Litres à 1200 FCFA".
Un responsable technique de l’entreprise publique Camwater qui a souhaité garder l’anonymat,
interrogé sur la question, répond : "En principe, ce n’est pas du ressort de la Camwater de fournir de
l’eau gratuite à la population, cette initiative a été adoptée dans le cadre de la RSE [Responsabilité sociale
de l’entreprise] par notre entreprise. En effet, c’est la Communauté urbaine de Douala (CUD) qui devrait
assurer ce service notamment créer des fontaines publiques pour alimenter les habitants des quartiers
défavorisés".

Tableau : Etude sur le fonctionnement des cuves CAMWATER – mars 2020

N° QUARTIER SECTEUR OBSERVATIONS


01 BEPANDA TSF CACAO BARRY Derrière commissariat Non ravitaillée en eau depuis près
7ème de 5 semaines
02 BEPANDA TSF CACAO BARRY Rue en pavés Mallah Non ravitaillée en eau depuis près
de 3 semaines
03 BEPANDA BONEWONDA Bloc 5, Derrière le lycée Ravitaillée à une fréquence
de bepanda irrégulière selon les habitants,
parfois pas pendant plusieurs
semaines
04 BEPANDA BONEWONDA Carrefour Etoile d’Or Cuve enlevée pour cause des
travaux du boulevard de la
République

21
Voir courrier en annexe

18
05 BEPANDA TSF Carrefour pasteur N’est plus ravitaillée depuis
plusieurs mois
06 BEPANDA TSF Rue en pavés derrière N’est plus ravitaillée depuis des
one to one mois
07 BEPANDA TSF Face Ecole martin Luther N’est plus ravitaillée depuis des
King mois
08 MAKEPE MISSOKE Derrière chefferie N’est plus ravitaillée depuis des
mois
09 DEIDO GRAND MOULIN A côté de l’école Non chargée depuis près de 5 mois
maternelle Douala 1er pour cause d’aménagement de la
route

Ce tableau est issu d'un travail d'enquête sur le terrain dans 5 quartiers de Douala, mais ne reflète pas
de manière exhaustive le fonctionnement de l'ensemble des cuves disposées dans les quartiers.

Ainsi, la fourniture d'eau potable gratuite pour les personnes qui en ont besoin, comme service public,
s'est fortement détérioré pendant la période de privatisation de la gestion de l'eau au Cameroun, pour
les habitants des quartiers précaires de Douala. Avec l'installation de cuves, ce service est réapparu,
mais il est très insuffisant en comparaison aux besoins des habitants. Ces cuves sont en nombre
insuffisant et se sont pas ravitaillées à une fréquence suffisante pour répondre à la demande de la
population privée d'autres moyens de fourniture en eau potable à un prix accessible.

19
Comme on l'a vu, certaines personnes ont accès au réseau d'eau, tandis que d'autres non. Différentes
sources d'approvisionnement sont disponibles, mais les coûts correspondants à chacune de ces options
sont très différents. Ainsi, le prix de l'eau potable est un autre facteur d'inégalités.

Pour les personnes qui ont la chance d'être situées sur la zone couverte par le réseau de tuyaux
approvisionnant les ménages en eau traitée par Camwater, encore faut-il qu'elles puissent payer les
frais de branchement et d'abonnement. En effet, le tarif minimum pour la connexion au réseau
Camwater, sur le secteur de Douala, est de 120 000fcfa22, mais un devis est nécessaire avant chaque
branchement et détermine le prix. Le coût réel de branchement ou simplement d'abonnement n'est
pas clair pour la plupart des usagers. Comme l'enquête le montre, 90% des personnes interrogées disent
ne pas avoir d'idée précise du coût du branchement à Camwater, et aucun chiffre n'est disponible sur
le site internet de l'entreprise. Le devis détaille les frais de branchement (frais de fourniture et pose en
vigueur répertoriés dans le bordereau des prix23), les frais d'abonnement (avances sur la consommation
et les frais de pose compteur), et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), à hauteur de 19,25%. Or, au
Cameroun, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), est de 36 270fcfa, et ce depuis 2014.
Selon la Banque Mondiale (données 2016), le revenu
mensuel moyen au Cameroun est d'environ 70 000fcfa. "Se connecter au réseau d'eau
coûte plus de trois fois le SMIG"
Au Cameroun, le secteur informel occupe
officiellement 90% de la population active du pays. On
y rencontre des maçons, menuisiers, tapissiers, chauffeurs de taxi, aides de ménage, agriculteurs et
petits éleveurs, petits commerçants, coiffeurs, etc. Dans les quartiers précaires, la part de travailleurs
informels est particulièrement élevée. A Makepe Missoke, 73% des personnes interrogées déclarent
avoir un revenu mensuel inférieur à 40 000fcfa. Près de 95% des personnes interrogées déclarent
gagner moins de 80 000fcfa par mois.

22
Selon le chef d'Agence de Bonnamoussadi
23
Voir Annexe : Bordereau des Prix

20
Ainsi, 71% des personnes interrogées à Makepe Missoke déclarent que si elles ne sont pas connectées
au réseau, c'est faute de moyens.
Par ailleurs, l’entretien avec un agent technique de la Camwater, a révélé que le tarif du raccordement
des ménages au réseau d'eau urbain à Douala et Yaoundé est plus élevé que dans les autres villes et en
milieu rural.

Le coût du branchement simple, lorsque les tuyaux sont à 5 mètres maximum du logement, est déjà
conséquent pour bons nombre de ménages. Mais ce coût augmente encore dès que le logement
s'éloigne des canalisations principales, chaque mètre de tuyau de raccordement supplémentaire étant
à la charge du client. Ainsi, sur les personnes interrogées, les coûts de connexion payés vont jusqu'à 650
000fcfa. Plus de la moitié des personnes indiquent avoir payé plus que le montant minimum de 120
000fcfa pour pouvoir être connectées au réseau.

Je m’appelle Takam Brigitte, je vis au quartier Deido grand moulin, je suis abonnée à Camwater
depuis 2000. A l’installation de mon branchement, l’absence du conduit d’eau près de mon domicile
a forcé les agents techniques de Camwater à me connecter à plus de 50 mètres. Quelques années
ont passé, et j’ai constaté une surfacturation, alors que je n’avais pas régulièrement accès à l’eau à
la maison. Si le compteur était proche de mon domicile, je pourrais vérifier et contrôler ma
consommation en permanence. Entre les fuites et les vols, il est très difficile de sécuriser sa
consommation si le compteur est trop éloigné.
A cet effet, j’ai essayé de me rapprocher des agents de la Camwater et de l’agence par rapport à
cette situation, sans succès. Le problème a perduré et s’est empiré au fil du temps. Eu égard à cette
situation, j’ai arrêté de payer ma facture d’eau du fait de l’absence totale d’eau au pendant un mois.
Quelques semaines plus tard, un agent de Camwater m’a remis deux factures correspondant
respectivement à l’avis de coupure et à l’entretien compteur avec un montant global de 25 000
FCFA. Ce montant est exorbitant car je n’ai pas utilisé l’eau tout au long de ces semaines. Mais j’ai
dû régler ces factures, pour éviter la résiliation de mon abonnement, je n'avais pas le choix. Mais
après ça, la situation est restée inchangée. Découragée de payer inutilement ces montants irréels,
j’ai finalement décidé de résilier mon abonnement. Si les tuyaux principaux passaient plus près des
habitations, il n'y aurait pas ce genre de problèmes : on aurait une visibilité sur nos compteurs et sur
les pannes régulièrement causées par les véhicules qui cassent les tuyaux au long des ruelles.

21
Les personnes qui n'ont pas les moyens de se raccorder au réseau, ou celles qui sont trop éloignées, ou
totalement hors du secteur couvert par le réseau urbain, doivent recourir, comme on l'a vu
précédemment, à d'autres sources d'approvisionnement. Les sources qui assurent une meilleure qualité
de l'eau ont un coût (direct pour les robinets privés payant, ou indirect en temps pour les forages privés
mis à disposition pour lesquels il y a une très forte demande sur les créneaux ouverts).

Lorsque l'on bénéficie de l'eau du réseau urbain Camwater, le prix est de 293 fcfa le m 3 d'eau, toutes
taxes comprises, si l'on consomme moins de 10 m3 par mois (tranche sociale 1 sur laquelle la TVA n'est
pas applicable). En 2020, le tarif pour la tranche sociale 224, au-delà de 10m3, est de 364fcfa (pas de TVA
applicable). A cela s'ajoutent les frais mensuels de location compteur, qui s'élèvent à 1860 fcfa TTC25.
Cependant, il est important de noter que les tarifs de Camwater pour l'eau consommée et la location
du compteur ne sont pas transparents. En effet, ils ne sont pas disponibles sur le site internet de
l'entreprise, et les informations diffusées par différentes sources sont parfois contradictoires. Des chefs
d'agence commerciale de Camwater à Douala, ainsi
que des responsables techniques, ont répondu à la L'eau de consommation est 4 fois
question sur les tarifs de l'eau qu'il s'agissait d'une plus chère pour les personnes qui
"donnée confidentielle".
n'ont pas accès au réseau d'eau
Or, le tarif moyen à Douala pour s'approvisionner en urbain
eau à un revendeur privé est de 25f les 20 litres, soit
1250fcfa pour 1000 litres d'eau (1m3). Ce sont pourtant souvent les personnes les plus pauvres, qui
n'ont pas les moyens d'installer un branchement, ou qui se trouvent dans les quartiers les plus précaires
de la ville, non couverts par le réseau.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique : "Un minimum vital de 20 litres d’eau par jour et par
personne est préconisé pour répondre aux besoins fondamentaux d’hydratation et d’hygiène
personnelle". Il faudrait selon l'OMS 50 litres d'eau par jour et par personne pour vivre décemment. Les
pays qui consomment le plus (Canada, USA, Japon, Australie, Suisse) ont une consommation supérieure
à 250 litres par personne et par jour26. Les chiffres seraient de 10 à 20 litres / personne / jour en Afrique
Sub-Saharienne.
Selon l'étude menée sur l'arrondissement de
Douala V en 201927, chaque individu dans un
ménage consommait en moyenne 1,89 litre
d'eau/jour. Si l'on se contente de calculer
l'eau de boisson, sur une année, pour un
foyer moyen (5,9 personnes), le surcoût
pour l'eau de consommation est de
3800fcfa, pour un approvisionnement
auprès d'un revendeur, auquel il faut ajouter
l'effort du déplacement. C'est la double
peine des personnes les plus pauvres.

24
Voir factures en annexe
25
Voir factures en annexe
26
Sources Eurostat + Ifen + Conseil mondial de l’eau : Centre d'Information sur l'Eau
27
Accès à l'eau potable et à l'assainissement : cas de la commune d'arrondissement de Douala V (Cameroun),
Juillet 2019, D. D. Tekam, N. Vogue, C. C. Nkfusai, M. E. Ela, S. N. Cumber, The Pan African Medical Journal 22
Les personnes qui ont accès au réseau d'eau urbain (qui sont connectées directement ou
s'approvisionnent à ce réseau, à travers des intermédiaires), n'ont pas pour autant un quotidien sans
embuches, pour se fournir en eau. En effet, le service de distribution s’est considérablement dégradé à
Douala, et les pertes techniques enregistrées sont de l’ordre de 30% à 40%28. Mais surtout, le mauvais
état du réseau provoque des pannes très fréquentes : lors de l'enquête menée sur le terrain, près de
73% des personnes interrogées affirment avoir déjà été confrontés à une panne. Différentes pannes ou
problèmes sont cités par les habitants, clients de Camwater : dysfonctionnement du compteur, faible
débit, problèmes concernant les factures, coupures.
Mais 80% des personnes interrogées indiquent qu'il "Dans mon secteur, les tuyaux ne sont
s'agit le plus souvent de tuyaux cassés, provoquant des pas enterrés assez profondément, ils
coupures. sont régulièrement cassés, par les
passages sur la voie publique, et l'eau se
déverse parfois pendant plusieurs jours
avant que ce soit réparé"

La ville de Douala est alimentée par deux


canalisations de 800mm de diamètre,
captées à la station de traitement de
Japoma. Tout le réseau de Douala est
alimenté par ces deux canalisations : l’une
arrose la partie basse de la ville tandis que
l’autre alimente la partie haute. Un
responsable technique de la
Camwater explique : "la fréquence des
pannes varie en fonction du type d’ouvrage
réalisé dans la ville. Elle peut être causée par
le réaménagement des voiries urbaines
comme c’est le cas en ce moment de grands
travaux de route". Cependant, les habitants
témoignent de pannes beaucoup plus
fréquentes que celles dues aux travaux
urbains, même si ces derniers peuvent en
effet causer des coupures prolongées (voir
le témoignage de Rebecca Motie). Ils
expliquent l'existence de coupures
régulières, ou de périodes avec un très faible
débit.

28 Négocier les règles d’accès au marché d’eau urbain à Douala, Virginie Nantchop , 2017

23
Mon époux a souscrit à un
branchement au réseau en 1993,
auprès de la SNEC à l'époque.
Tout allait bien à cette période, il
y avait un fort débit en eau, et on
connaissait peu de coupures à la
maison. A partir des années
2000, j’ai commencé à observer
de nombreuses irrégularités :
faible débit, coupures d’eau
intempestives et changement de
la coloration de l’eau. Face à ce
problème, mon mari et moi
avons demandé au releveur des
index [agent SNEC] de nous
donner des explications. Ce Rebecca Motie épouse Foyou, 66 ans, habitante du quartier
dernier nous a expliqué que les Bépanda Bonewonda
grandes canalisations étaient
en chantier, raison pour laquelle l’eau avait une coloration presque jaune, mais que la situation allait se
rétablir d’ici peu. Nous avons patienté pendant trois mois, mais la situation est restée inchangée. Les
enfants étaient contraints de se lever à 4 heures du matin, pour parcourir 2 kilomètres à la recherche de
l’eau, et ensuite, faire la queue.
Dépassés par la situation, de coupures prolongées et très fréquentes – il ne se passait pas une semaine
sans qu'il y ait une coupure, des fois pendant plusieurs jours - mon mari et moi avons décidé de résilier
notre contrat d’abonnement en 2005, malgré l’énorme préjudice que cela pouvait nous causer, car il
n'est pas facile de s'approvisionner en dehors du réseau.
Après le décès de mon mari en 2008 et le déplacement des enfants vers d'autres villes, c'était très difficile
pour me ravitailler en eau potable compte tenu de la distance du forage privé où j’achetais de l’eau à 10
FCFA, le récipient de 20 litres à cette époque. Face à ce calvaire, j’ai décidé en 2010 de me réabonner au
service d'eau CDE [Camerounaise des Eaux]. J'espérais qu’avec l’arrivée de ce nouveau concessionnaire
la situation allait changer, que le service d'eau c'était amélioré. Mais les coupures d'eau persistaient et
ma facture était toujours élevée. Le calvaire recommençait.
En 2013, les travaux de construction de la route par le génie militaire sont venus aggraver la situation
avec la destruction de la canalisation principale qui alimentait ma maison : l'eau a été totalement
coupée. Malgré de multiples descentes à l’agence CDE Bonamoussadi pour signaler l’absence d’eau
pendant plusieurs semaines puis mois, rien ne changeait. Nous n'avions pas d'eau, et je continuais à
recevoir les factures d’entretien compteur à 930fcfa chaque mois. Mais je ne pouvais pas résilier une
nouvelle fois, et on ne savait pas quand l'eau allait être remise, ça pouvait arriver à tout moment. Mais
5 années se sont écoulées, avant que je fasse la découverte en octobre 2018 de l'association
OnEstEnsemble qui est au quartier. J'ai pu leur faire part de mon problème. Une vingtaine de ménages
étaient touchés par ce problème. Avec les autres personnes concernées, nous avons décidé, par le biais
de cette association dont je suis membre aujourd’hui, de nous organiser afin d’adresser le problème au
Directeur Général de Camwater. Nous avons dû persévérer, mais notre démarche a payé. Après plusieurs

24
courriers adressés aux responsables du service restés sans réponse, nous avons décidé de nous rendre
en collectif à la Direction Générale à Bonanjo, pour interpeller directement le Directeur. Grace à cette
mobilisation, nous avons pu le rencontrer le jour même, et nous avons été reconnectés au réseau d’eau.
De plus, les frais d’entretien compteur cumulés depuis ces 6 années passées sans eau ont pu être
compensés par de l’eau gratuite pendant la période qui a suivi.
Aujourd’hui, j’ai de l’eau qui coule de manière régulière et ne me donne pas de maladie hydrique, comme
la diarrhée. Il est important de se mettre ensemble car à plusieurs nous avons pu être plus forts et obtenir
la résolution de nos problèmes, lutter contre cette injustice.

"J'habite au quartier Bépanda Bonewonda, au lieu-dit Bonabo. Je suis abonné à la Camwater depuis une
quinzaine d’années. J’ai trop de difficultés pour m’approvisionner en eau, et pourtant je suis branché en
toute régularité et le château d’eau est à 5 kilomètres de mon quartier. La Camwater n’avertit pas, ne
donne aucune explication aux consommateurs. Parfois, il y a coupure le matin et ça ne revient pas avant
le soir. Souvent, l'eau est coupée durant une journée entière, revient à 2 heures du matin pour repartir à
5 seures, comme si en journée, la demande était trop élevée ailleurs pour pouvoir nous approvisionner.
Cela peut même se prolonger, avec des coupures d’eau qui durent 2 à 3 jours. Malgré cela, les factures
d’eau viennent toujours avec le même montant, je ne comprends plus ce qui se passe. Ma femme et moi
sommes obligés de nous affairer pour puiser de l’eau à 6h du matin dans un point de forage payant. Il faut
faire le ménage, apprêter les enfants qui vont à l’école, préparer le petit déjeuner. Et à cette heure de la
matinée, ce point d’eau est très fréquenté. Mes enfants qui se lèvent très tôt le matin ont du mal à obtenir
de l’eau pour prendre leur bain.
Cette eau du forage est vendue par les particuliers à raison de 25 FCFA le bidon de 20 Litres et 50 FCFA et
pour 30 Litres. Quand j’évalue, je me retrouve par mois à payer deux factures : celle de Camwater et celle
du forage. Même l’agence n’arrive pas à donner de solution à mon problème.
Par ailleurs, au sein de l’établissement où j’officie comme Infirmier, les enfants ont du mal à s’abreuver
en eau potable pendant les récréations au vu des coupures permanentes. Paradoxalement à la fin du mois,
les factures viennent avec des montants exorbitants, au grand désarroi du fondateur de l’école qui ne
comprend pas comment c'est possible. "

Joseph Attesse, 55 ans, infirmier de l’école privée palme d’or

25
Par ailleurs, les habitants qui témoignent expliquent que dans 75% des cas, ce sont eux qui assurent le
dépannage, contre seulement 25% des situations où c'est un agent technique de Camwater qui se
charge de la réparation. Le coût moyen de ces réparations par les particuliers est de 6000fca. Lorsque
c'est un agent Camwater qui doit intervenir, certains dépannages sont gratuits, mais d'autres peuvent
aller jusqu'à 150 000fcfa, parmi les exemples cités.
De plus, le délai de réaction de la Camwater, pour les pannes sur lesquelles les particuliers ne peuvent
pas intervenir, est très variable, et peut aller à plus d’une semaine.
Cependant, une fois le dépannage entamé, les clients indiquent que dans 95% des cas, le problème est
réglé en moins de 24h.
Plusieurs habitants de quartiers qui ne sont pas résidentiels ou administratifs déclarent que les coupures
sont beaucoup plus courantes dans leurs quartiers que dans d'autres secteurs, qui seraient préservés.
L'information sur les coupures n'étant pas disponible (les communiqués de panne sur le site internet de
l'entreprise Camwater ne font état d'aucune coupure sur la ville de Douala pour toute la période 2019-
mars 2020, alors que de très nombreuses coupures ont pu être observées), cette information est
impossible à confirmer ou démentir.

MBEMMO Sylvain, SIMEU-ABAZI Zineb et


TAMO TATIETSE Thomas expliquent que
dans un réseau de distribution d’eau potable
où les problèmes récurrents sont
généralement dus aux fuites, la
maintenance curative devient inefficace et
économiquement non viable29. Ils
recommandent l’implantation d’une
maintenance préventive, qui permet de
réduire les fuites au niveau des
canalisations.

29
Diagnostic et maintenance d’un réseau de distribution d’eau potable : Application au réseau principal
de BONABERI à Douala – Cameroun ; MBEMMO Sylvain, SIMEU-ABAZI Zineb et TAMO TATIETSE Thomas,
2007
26
En 2020 malgré les engagements qui sont pris depuis des années sur l'amélioration du service d'eau
potable, l'accès à l'eau potable n'est pas encore garanti pour une grande partie de camerounais et
camerounaises, même en ville, où le réseau d'eau est pourtant plus développé.
Ce droit fondamental n'est pas assuré, et ce sont les personnes les plus pauvres qui sont les plus
affectées, car non seulement elles doivent redoubler d'effort pour s'approvisionner en eau, mais elles
sont souvent victimes de surcoûts, de par la distance à leur compteur, à cause des pannes récurrentes
sur des réseaux mal entretenus, ou car elles doivent payer un intermédiaire pour avoir de l'eau potable.
Plus grave encore, elles le paient parfois par la qualité de l'eau, ce qui aura nécessairement un impact
sur leur santé et les frais liés. Différentes inégalités apparaissent ainsi en matière d'accès à l'eau potable.
Par ailleurs, la qualité du réseau semble être très disparate également selon les quartiers de la ville. Une
prochaine enquête pourra être menée sur cette question.
A Douala, la couverture du réseau d’eau reste insuffisante et il y a une très forte demande en matière
de branchements et d’extension du réseau.
Des quartiers comme Makepe Missoke sont caractérisés par un développement anarchique et dense
de l’habitat, sur des zones en pente, et à proximité de drains fluviaux. Il faut noter que ce quartier figure
parmi les 33 quartiers non structurés et sous-équipés qui ont été identifiés dans les arrondissements de
Douala 3, 4 et 5 pour bénéficier du projet PIGEDEA (Programme Intercommunal De gestion Durable de
l’Eau et de l’Assainissement), qui vise la réhabilitation des forages et l'amélioration de l’accès à l’eau
potable. En octobre 2017, le comité de gestion de l’eau et de l’assainissement de Makepe 1 Missoke a
été élu et les travaux de réhabilitation devaient commencer en janvier 2018. Deux ans plus tard, le
comité de gestion n’a toujours pas été officialisé par la Mairie de Douala V, qui pilote le projet, et un
seul forage a été réhabilité sur les 4 identifiés.

La réhabilitation du réseau d'eau semble également importante au


regard des nouveaux enjeux climatiques et environnementaux. Les
pertes importantes dans le circuit de distribution ne peuvent pas
être prises à la légère à l'aube des crises provoquées par le
changement climatique, mis explicitement en lien avec les
ressources en eau par les experts du GIEC dans leur rapport de
2008, l'eau étant impliquée à tous les niveaux du système
climatique (atmosphère, hydrosphère, cryosphère, surface des
terres et biosphère). Cette ressource essentielle doit être gérée
comme un bien commun, et son accès comme un service public.

27
A partir des observations effectuées lors de l'enquête, de la consultation des habitants des différents
quartiers où l'association OnEstEnsemble est implantée, et d'ateliers menés sur la question, voici
quelques pistes qui ont pu être identifiées pour améliorer le service essentiel de fourniture d'eau potable.

• Faciliter les procédures de branchement et d'abonnement au réseau pour les


propriétaires et mieux prévoir les modalités pour les locataires. Il a en effet été constaté
que de nombreux habitants désireux de se connecter au réseau, ne parvenaient pas à
constituer le dossier demandé. Les documents à fournir ne sont pas en adéquation avec
la réalité du foncier au Cameroun, particulièrement dans les quartiers d'habitat
précaire. En janvier 2020, une nouvelle pièce à fournir a été ajoutée dans la constitution
du dossier de branchement (reçu de la taxe foncière), qui va à l'inverse de cette logique.
La procédure est discriminatoire et ne permet pas l'accès à l'eau pour tous

• Mettre en place des tarifs sociaux de branchement au réseau, pour faciliter


l'accessibilité au réseau d'eau urbain pour les personnes à bas revenus

• Réduire les délais de connexion suite à la demande de branchement d’un client

• Améliorer la couverture du réseau d’eau dans la ville en multipliant les extensions dans
les quartiers

• Effectuer un contrôle et une maintenance permanents des infrastructures (grandes


canalisations et tuyauterie) pour améliorer le débit d’eau, enterrer plus profondément
les tuyaux pour les protéger sur les voies de passage

• Mettre en place une transparence totale des tarifs de l'eau (branchement, abonnement
et consommation) vis-à-vis du droit à l'information pour les citoyens-usagers, et pour
faciliter le travail des associations de consommateurs. Rendre visible à chaque instant
les prix réels, prenant en compte les évolutions, résultants notamment des nouvelles
lois de finances chaque année.

• Réguler et plafonner les prix de commercialisation de l'eau en dehors du réseau urbain

• Informer en amont quand c'est possible et sinon en temps réel de toutes les pannes et
coupures sur le réseau d'eau

• Information libre et accessible sur la qualité de l'eau fournie par Camwater

• Développer le service public d'eau gratuite : réaménager les fontaines publiques,


alimenter plus fréquemment les cuves à eau

28
Age des personnes enquêtées

Localisation des personnes enquêtées


Quartiers Blocs Nombre de répondants % des personnes
rencontrées par bloc
Makepe 1 Missoke Bloc 1 33 15,94%
Bloc 2 22 10,62%
Bloc 3 24 11,59%
Bloc 4 31 14,97%
Bloc 5 14 6,76%
Bloc 6 23 11,11%
Bloc 10 48 23,18%
Bloc 11 10 4,83%
Bloc 12 02 0,96%
Total 207 100%

Répartition des genres des personnes enquêtées

31% Hommes
Femmes
69%

29
30
31
32
33
Approvisionnement en eau potable et assainissement au Cameroun : Traduire les financements en
services, à l’horizon 2015 et au-delà, rapport CSO2 du Conseil des Ministres Africains en charge de l’Eau
(AMCOW) , 2009/2010 _ P 11

34

Source : Google My Maps

35

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