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Maryvonne Hecquard-Théron
p. 7-8
Présentation du colloque
Corinne Saint-Alary-Houin
p. 9-11
La naissance du Code de
commerce napoléonien
Fabien Valente
p. 15-36
7En avril 1801, il nomme à cette fin une commission qui lui
présente huit mois plus tard un projet de code communément
appelé le projet Gorneau, du nom de son président10.
8Ce projet est ensuite envoyé par le Ministre de la Justice aux
tribunaux de commerce et le Ministre de l’Intérieur aux chambres
et aux conseils de commerce pour qu’ils l’étudient et
transmettent leurs observations dans un délai de deux mois. Les
tribunaux d’appel et le Tribunal de cassation ont également été
consultés à l’initiative du Ministre de la Justice Abrial qui a
remplacé Cambacéres lorsque ce dernier est devenu deuxième
consul.
11 Révision du projet de code de commerce précédé de l’analyse
raisonnée des observations du Tribunal (...)
12 Ces deux projets étaient encore inconnus avant 1992. Ils sont
mentionnés pour la première fois et (...)
1808.
12Le Code de commerce de 1807 trouve donc principalement ses
fondements dans l’ancien droit, bien sûr modifié en certains
points par la Révolution (1), mais le processus de codification du
droit commercial ne sera relancé qu’au début de l’Etat
napoléonien, durant lequel il sera enfin concrétisé (2).
16 Ibid, p. 282-366.
19Le projet de Savary a ensuite fait l’objet d’un examen par une
commission appelée Conseil des réformes, auprès du Conseil de
la Justice, présidée par le conseiller d’Etat Henri de Pussort, oncle
de Colbert. Cette commission chargée de préparer l’ordonnance
sur le commerce est composée de treize membres : Pussort,
Gomont, Savary, Le Vieux, Bachelier, Bellinzani, Foucault, Bilain,
Ragueneau, Auzanet, Pelletier de la Houssaye, Hotman de
Fontenay et Voysin23. Savary nous apprend dans la préface
du Parfait négociant qu’un dénommé Robert Poquelin a été
amené à formuler des observations lors de la rédaction définitive
de l’ordonnance. Selon Levy-Bruhl, celui-ci aurait remplacé Bilain
décédé en 167224. Quelles que soient les incertitudes sur la
composition de cette commission, l’ordonnance sur le commerce
encore appelée “Code Savary”25 fut donnée à Versailles en mars
1673.
20C’est un texte bref, de quinze pages in-8°, qui comprend un
préambule et douze titres pour un total de 122 articles : Titre I :
“Des Apprentis, Négociants et Marchands, tant en gros qu’en
détail” ; Titre II : “Des Agents de banque et Courtiers” ; Titre III :
“Des livres et registres des négociants, marchands et banquiers” ;
Titre IV : “Des sociétés” ; Titre V : “Des lettres et billets de change,
et promesses d’en fournir” Titre VI : “Des intérêts du change et du
rechange” ; Titre VII : “Des contraintes par corps” ; Titre VIII : “Des
séparations de biens” ; Titre IX : “Des Défenses et Lettres de
répit” ; Titre X : “Des cessions de biens” ; Titre XI : “Des faillites en
banqueroutes” ; Titre XII : “De la juridiction commerciale”.
26 Dans certains territoires rattachés plus ou moins tardivement à la
couronne de France, les disposi (...)
40 Ibid, p. 48.
69 Ibid.
II – LA RELANCE ET LA
CONCRETISATION DU PROCESSUS
DE CODIFICATION DU DROIT
COMMERCIAL PENDANT L’ETAT
NAPOLEONIEN
49La relance du processus de codification du droit commercial
pendant l’Etat napoléonien va déboucher, comme nous le savons,
sur la rédaction de quatre projets de Code de commerce.
50D’abord, le projet Gorneau de l’an IX ou de 1801 donne lieu à
un certain nombre d’observations, parmi lesquelles figure un
projet de code complet rédigé en 1802 par le Tribunal et le
Conseil de commerce de Lyon. Ces observations analysées par
Gorneau, Legras et Vital-Roux aboutissent au projet Gorneau
révisé de l’an XI ou de 1803 sur la base duquel la Chambre de
commerce de Paris rédige à son tour un autre projet de code
complet en 1804.
95 Ibid, p. 4.
Université Jean Moulin Lyon III, 1992, dont cet article reprend en
grande partie les développements du chapitre préliminaire consacré
précisément aux origines du Code de commerce (p. 12 à 40). Voir
aussi P. PASCHEL, La portée de la codification dans l’histoire du droit
commercial français, thèse dactyl., Paris II, 1993. On peut également
consulter les trois manuels d’histoire du droit commercial ou d’histoire
du droit des affaires les plus récents sur la question : J.
HILAIRE, Introduction historique au droit commercial, PUF, Coll. Droit
fondamental, Paris, 1 éd., 1986 (ce manuel malheureusement
ère
12 Ces deux projets étaient encore inconnus avant 1992. Ils sont
mentionnés pour la première fois et présentés sommairement dans la
thèse de F. VALENTE, déjà citée.
16 Ibid, p. 282-366.
40 Ibid, p. 48.
41 J.-B. DELAPORTE, op. cit., p. 469.
45 Ibid, p. 10.
50 Ibid, p. 11.
65 Si cette question de fait aucun doute pour les rédacteurs du projet
Miromesnil, la solution semble cependant moins nette comme le
montre la jurisprudence rapportée par F. BOURJON dans son
ouvrage, Le droit commun de la France et la coutume de Paris réduits
en principes, Paris, 1770, p. 495.
69 Ibid.
82 Ibid, p. 142-143.
p. 117-122.
94 Ibid, p. 2.
95 Ibid, p. 4.
102 Ibid, p. 3.
107 Ibid.
AUTEUR
Fabien Valente
Maître de Conférences à l’Université de Montpellier I
La naissance de la doctrine
commercialiste au
XIX siècle e
Philippe Nélidoff
p. 37-54
II – LA DOCTRINE
COMMERCIALISTE A LA FIN DU
XIX SIECLE
E
1997.
p. 395-418.
17 Jean-Louis HALPERIN, article “exégèse”, Dictionnaire de la Culture
juridique, op. cit., p. 681 à 685.
Toulouse, p. 377-402.
p. 120.
“préface”, p. I.
AUTEUR
Philippe Nélidoff
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CTHDIP, UT1)
L’influence à l’étranger du
code de commerce français
aux XIX et XX siècles : du
e e
p. 55-71
à fait.
23 Denis VOINOT, art. cité, p. 160 ; L’influence internationale, p. 53.
C’est ensuite par l’intermédia (...)
II – DES PERSPECTIVES
ENCOURAGEANTES : LES VOIES
DU RAYONNEMENT D’UN DROIT
DES AFFAIRES FRANCOPHONE
AU XX SIECLE E
44 Il sera remplacé par un nouveau code de commerce adopté entre 1992
et 1997.
46 Idem, p. 35.
47 Ibidem.
31C’est dans ces conditions que les ministres des Finances des
pays de la zone franc, réunis à Ouagadougou en avril 1991,
prennent l’initiative d’entamer le processus de création d’une
organisation destinée à se doter d’un droit commercial commun,
projet avalisé lors du sommet franco-africain de Libreville, en
octobre 1992. Finalement, la création de l’OHADA résulte d’un
traité signé à Port-Louis, à l’île Maurice, le 17 octobre 1993,
regroupant quinze Etats d’Afrique francophone ou assimilée 48.
L’instrument juridique principal utilisé par l’organisation consiste
en l’adoption d’“actes uniformes” couvrant les divers aspects du
droit commercial. Ils sont préparés par le secrétariat permanent
qui siège à Yaoundé. Ils doivent être acceptés à l’unanimité par le
conseil des ministres chargés de la justice et chargés des
Finances.
49 Titres II “Les actes uniformes” (art. 5 à 12) et III “Le contentieux
relatif à l’interprétation et (...)
50 Il faut aussi ajouter une Ecole régionale de la magistrature dont le
siège est à Porto Novo (Bénin) (...)
33Les matières régies par les sept actes uniformes sont les
suivantes : “droit commercial général”, “droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique”,
“organisation des sûretés”, “organisation des procédures
simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution”,
“organisation des procédures collectives d’apurement du passif”,
“droit de l’arbitrage”, enfin “contrat de transport des
marchandises par route”51. Ces textes sont d’autant plus proches
du droit français que le secrétariat fait fréquemment appel à des
experts venus de Paris au point de susciter parfois le
mécontentement des juristes africains : “C’est à croire […] qu’il a
été procédé à l’harmonisation des législations européennes […]
est-ce simplement le mythe de l’occident qui subsiste
toujours ?”52. Pour autant, l’OHADA retrouve son unité avec
l’ancienne puissance coloniale et s’applique à défendre le
caractère opérationnel de son droit des affaires francophone face
à des organisations internationales très férues de droit anglo-
saxon comme la Banque mondiale.
53 R. LA PORTA, F. LOPEZ-DE-SILANES A. SHLEIFER et R. VISHNY,
“Legal determinants of external finance” (...)
32 Idem, p. 138.
p. 103-104.
46 Idem, p. 35.
47 Ibidem.
51 Les trois premiers actes uniformes ont été adoptés par le conseil
des ministres le 17 avril 1997, les deux suivants le 10 avril 1998,
l’avant-dernier le 11 mars 1999, le dernier en date le 22 mars 2003.
Actuellement est en discussion un projet d’acte uniforme “relatif au
droit du travail”. Le texte tel qu’il a été élaboré lors de la réunion de
Douala en novembre 2006 est extrêmement ambitieux avec 299
articles et des dispositions sur le contrat de travail, les conditions de
travail, la santé et la sécurité au travail, la représentation du personnel
et le droit syndical, les conventions et accords collectifs, les différends
du travail, les organismes et moyens d’exécution, enfin les
dispositions pénales.
52 Aïssatou K. Kane DIALLO, ouvr. cité, p. 324. Dans le même sens :
“Est-ce pour cette raison que les autorités de l’OHADA ont voulu
associer des experts étrangers, français notamment à la mise en œuvre
de l’organisation ? […] Nous avons été choqués d’apprendre que
certaines commissions d’experts de l’OHADA se réunissaient au
Canada, en France… pour l’élaboration des actes uniformes. Le
continent africain serait-il trop étroit pour nos experts ?” (ibidem).
AUTEUR
Béatrice Fourniel
Docteur en histoire du droit à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CTHDIP, UT1)
Le développement du droit
commercial en dehors du
Code et l’influence des droits
étrangers 1807-1925
Jean-Pierre Allinne
p. 73-101
INTRODUCTION : LA BOITE
NOIRE DE LA PRODUCTION
LEGISLATIVE
1 Travaux préparatoires du Code civil. Sur Portalis “commercialiste” et
codificateur, F. TERRE, “L’ar (...)
I – L’AVENEMENT DE LA
LIBERTE D’ENTREPRENDRE.
MERCURE CONTRE JUPITER,
1830-1870
8Par nature, le monde des affaires est soumis à un impératif de
rentabilité. Toutes les énergies, mais aussi les structures
juridiques sont utilisées à cette fin. L’entreprise est alors aux
prises avec deux impératifs contradictoires : celui de la rapidité,
donc de la liberté des réactions sur le marché, d’une part. Celui
de la sécurité des transactions d’autre part. Toute l’évolution du
droit des affaires est, on le sait, dominée par cette double
contrainte jusqu’à nos jours. D’où le fait que les praticiens vont
se tourner vers l’Etat et la loi, garantie suprême de la sécurité
même en période d’épanouissement de la concurrence. Nous
évoquerons ainsi le poids persistant du juge et de la loi en pays
de tradition légaliste (B).
9Pour le moment, attachons-nous à la prégnance de la pratique
dans un pays réputé “colbertiste” mais marquée aussi par une
culture libérale des affaires et par un code de commerce bien
effacé (A).
40 Dans les trois journaux les plus lus, Le Nouvelliste, La Petite Gironde,
La France de Bordeaux.
46 “(…) ces compagnies (les chambres) sont en contact direct, dans leur
circonscription, avec les élé (...)
100Encore aurait-il fallu sous cet angle que le Code soit exhaustif
et codifie réellement des lois éparses. Jupiter ne peut justifier son
existence que s’il tonne effectivement du haut de l’Olympe les
commandements des dieux. La “recodification” voulue en 2000,
effectuée à “droit constant”, est déjà dépassée. Il n’entre pas dans
notre propos de revenir sur un débat déjà bien alimenté 62. On
peut seulement relever que la mondialisation n’implique
aucunement de ne plus appliquer le droit français 63. Jupiter a
encore de beaux jours devant lui. Reste une question ouverte et
aujourd’hui non réglée, celle de la production d’une lex
mercatoria par la mondialisation, vieux rêve des juristes idéalistes
du début du XIX siècle.
e
60 G. BENKO et A. LIPIETZ (dir.) Les régions qui gagnent, op. cit., 1992,
pp. 35-56.
61 J. DOMAT, Les lois civiles dans leur ordre naturel, Paris, 1689.
AUTEUR
Jean-Pierre Allinne
Professeur à l’université de Pau et des pays de l’Adour
occasions manquées1
Rémy Cabrillac
p. 103-109
Reprenant le fil brillamment tissé par mes prédécesseurs, on ne
peut que s’interroger, pour clore cette matinée consacrée à
l’histoire du Code de commerce, sur les occasions manquées, qui
jalonnent l’histoire des codifications en général et celle de la
codification commerciale dans la seconde moitié du XX siècle en e
particulier.
2 G. CORNU, Codification contemporaine : valeurs et langage, L’art du
droit en quête de sagesse, PUF (...)
27La commercialité n’est pas une étiquette que l’on colle pour le
plaisir de satisfaire à une mode, elle emporte des conséquences
particulières, l’application de règles spécifiques dégagées
progressivement au fil des siècles. Par exemple, il est un principe
général de notre droit privé selon lequel la solidarité ne se
présume pas, sauf en matière commerciale 16. L’abandon du Code
de commerce au profit d’un Code des affaires n’aurait-il pas
conduit à transformer cette règle en principe selon lequel la
solidarité ne se présume pas, sauf en droit des affaires, source
d’imprécisions ou de solutions inopportunes ? La certitude est
l’âme du droit et troquer le droit commercial contre la nébuleuse
que constitue le droit des affaires nous semblerait ainsi quelque
peu hasardeux…
28Quelle que soit la réponse apportée, la question ne pouvait en
tout cas être éludée par un codificateur dans la dernière moitié du
XX siècle, tant les données juridiques, économiques et sociales
e
livre V du Code civil suisse régit les obligations civiles comme
e
18 A. WALD, “Le droit civil brésilien”, D., 2007, p. 1192. Ad., d’une
manière plus approfondie, Le droit brésilien hier, aujourd’hui et
demain (dir. A. WALD et C. JAUFFRET-SPINOSI), SLC, 2007.
p. 113-125
18 En ce sens J.-F. BARBIERI, note sous Cass. com., 9 mai 2001, Bull.
Joly, 2001, p. 1021, sp. no 2 ; (...)
21 Cass. com., 20 mai 2003, Bull. civ., IV, no 84; Bull. Joly, 2003, p. 786,
§ 167, note H. Le NABASQ (...)
34http://www.courdecassation.fr/jurisprudence_publications_documentati
on_2/actualite_jurisprudence_2 (...)
10En second lieu, l’emprise des techniques du droit commercial
se traduit également parfois par l’extension de la
compétence ratione materiae des juges consulaires. A ce titre,
l’article 127 de la loi du 15 mai 2001 relative aux nouvelles
régulations économiques, en même temps qu’il rétablissait la
compétence des tribunaux de commerce malencontreusement
abrogée, a prévu une extension du champ de la compétence des
tribunaux de commerce dans deux directions. Il résulte en
premier lieu de l’article L. 721-3 1° que tous les établissements
de crédits relèvent désormais de la compétence des tribunaux de
commerce, y compris lorsqu’ils ne poursuivent pas un but
lucratif. Ainsi, les caisses de crédit mutuel ou les caisses de crédit
agricole relèvent aujourd’hui de la juridiction consulaire, à l’instar
des sociétés commerciales de crédit, ce qui a permis de
concentrer une grande partie d’une matière entre les mains d’une
seule juridiction. De même, il résulte désormais de l’article L.
721-3 2° du Code de commerce que les tribunaux de commerce
sont compétents pour connaître des contestations “relatives aux
sociétés commerciales”, là où l’ancien article 631-2° de l’ancien
code de commerce disposait que les tribunaux de commerce
connaissaient “des contestations entre associés pour raison d’une
société de commerce”. Or, la Cour de cassation vient de tirer les
conséquences de cette modification opérée par la loi NRE en
décidant le 10 juillet 2007 que relèvent désormais de la
compétence des tribunaux de commerce les litiges relatifs à toute
cession de titres d’une société commerciale 33, ce qui –souligne la
Cour dans un communiqué accompagnant l’arrêt– n’a toutefois
“qu’un effet limité à la compétence juridictionnelle, les cessions
n’emportant pas contrôle de la société étant toujours soustraites
au régime dérogatoire des obligations commerciales”34.
11Or, précisément, ainsi que ce communiqué le souligne, les
conquêtes du droit commercial et de ses techniques pourraient
bien n’être que des victoires à la Pyrrhus. En effet, si le droit
commercial demeure et si ses techniques continuent d’avoir une
réelle emprise sur le droit civil, encore faut-il savoir ce que
recouvre l’étiquette “droit commercial”. A première vue, la
codification à droit constant du Code de commerce a cristallisé
l’état du droit français, celui-ci demeurant le code des
commerçants, définis comme les personnes qui effectuent des
actes de commerce à titre habituel. Pourtant, la pénétration des
techniques du droit commercial en droit civil se manifeste
également par leur absorption par le droit civil. Or que cette
absorption s’analyse comme une expansion du droit commercial
au-delà de ses frontières ou comme une dilution de ce dernier au
sein du droit civil, elle est de nature à faire bouger des lignes de
partage trop bien établies.
II – L’ABSORPTION PAR LE
DROIT CIVIL DES TECHNIQUES
DU DROIT COMMERCIAL
12Le phénomène est connu. Il a été décrit dès le début du
XX siècle et depuis n’a cessé de se confirmer, voire depuis
e
48 Y. CHARTIER, “La société dans le Code civil après la loi du 4 janvier
1978”, JCP G, 1978, I, 2917, (...)
53 Art. 1257-1.
55 Art. 1253 et s.
2 E. THALLER, “De l’attraction exercée par le Code civil et par ses
méthodes sur le droit commercial”, Le code civil, Livre du centenaire,
1904, p. 224.
archives du droit français, 1808, p. 317 : “Dans le Code, tel qu’il vous
sera soumis, tout commerçant, tout agent du commerce trouvera
l’ensemble de la législation à laquelle sa profession l’assujettit”.
18 En ce sens J.-F. BARBIERI, note sous Cass. com., 9 mai 2001, Bull.
Joly, 2001, p. 1021, sp. n 2 ; comp. E. SCHOLASTIQUE, Le devoir de
o
diligence des administrateurs de sociétés, thèse, LGDJ, Bib. dr. privé,
t. 302, 1998, n 256, p. 147 et n 267, p. 154.
o o
VIDAL, Bull. Joly, 2001, p. 995, note J.-F. BARBIERI ; Cass. com., 19 juin
2001, Bull. Joly, 2001, p. 1093, note B. SAINTOURENS; Cass. com., 18
déc. 2001, Dr. soc., 2002, comm., n 68, obs. D. VIDAL, JCP G., 2002, I,
o
34http://www.courdecassation.fr/jurisprudence_publications_docume
ntation_2/actualite_jurisprudence_21/chambre_commerciale_financier
e_economique_574/arrets_575/arret_no_10619.html
53 Art. 1257-1.
55 Art. 1253 et s.
AUTEUR
Matthieu Poumarède
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, Centre de Droit privé, UT1)
p. 127-155
INTRODUCTION
1“Les nations ont un droit public, avant que d’avoir des lois
civiles”.
1 Dont le texte est reproduit JCP, Ed générale, no 13, 24 mars 2004,
Etude I, 122, p. 554.
24L’une des moindres n’était pas cette théorie de la loi écran 16,
qui permettait au Conseil d’Etat de construire tout un édifice
juridique à l’abri des lois nationales et de valider la légalité de
textes profondément contraires non seulement à la lettre, mais
plus encore à l’esprit du droit communautaire. Cette théorie a
progressivement cédé17, le Conseil reconnaissant par étape la
force contraignante du droit communautaire, jusqu’à se faire
juge, au cours de l’année 2007, en deux décisions Arcelor et
Gardedieu, de son respect par l’administration 18. Il aura bénéficié
de l’apport du Conseil constitutionnel, qui s’est reconnu et pour
ainsi dire, “forgé”, une nouvelle prérogative : celle de contrôler les
erreurs manifestes commises par le législateur dans la
transposition du droit communautaire en droit national 19.
25Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le périmètre des secteurs
protégés – un temps, appelés, de manière très significative, dans
la terminologie des marchés publics, “secteurs exclus”– se soit
considérablement réduit, au cours des dernières années. Ont ainsi
progressivement disparu au profit de règles de marché, le
monopole du transport aérien (1993-97), celui des
télécommunications (1998), celui du transport ferroviaire (2005),
du gaz et de l’électricité (2007) et sans doute demain, celui de la
poste (2011). Ce sont de nouvelles places de marché qui se
constituent, ouvertes à l’initiative privée, en un processus, que
l’on connaît bien et qui conduit de la régulation sectorielle (sorte
de législation d’exception, nécessairement temporaire) à
la régulation concurrentielle. Elle marque le stade ultime de la
banalisation d’un secteur d’activité par l’assimilation de son
régime juridique au droit commun.
26Les règles du Code de Commerce sont alors substituées à
celles du droit public. L’organe de régulation constatant que les
asymétries de marché ont disparu au profit d’une situation de
concurrence pleine et entière, cède sa place au tribunal de
commerce. Ce passage de relais est parfait, encore qu’en fait de
comparaison sportive, l’actualité de la Coupe du monde de rugby
invite à parler plus simplement de “passe”, “croisée” ou “sautée”,
comme on voudra.
et suivants.
23 Loi n 96-659, JO.
o
42D’où cette “césure”, qui faillit devenir une “fracture” : elle fût à
l’origine d’un contentieux majeur, parce qu’il traversait les
compétences respectives des juridictions, entre des activités de
nature commerciale et celles qui relèvent de l’exercice de
prérogatives de puissance publique31. Quand une collectivité
publique choisit son cocontractant, par exemple son délégataire
de service public, accomplit-elle ou non un acte de commerce et
relève-t-elle à ce titre des dispositions précitées du Code de
commerce ? Quel juge saisir au cas de contentieux ?
32 Voir note 32 ci-dessus.
91A preuve, cet arrêt du Conseil d’Etat, en date du 31 mai 2006 55,
Ordre des Avocats au Barreau de Paris, qui fixe le standard du
Conseil d’Etat : “Les personnes publiques (en principe) sont
chargées d’assurer les activités nécessaires à la réalisation des
missions de service public dont elles sont investies et bénéficient
à cette fin de prérogatives de puissance publique. En outre, si
elles entendent, indépendamment de ces missions, prendre en
charge une activité économique, elles ne peuvent légalement le
faire que dans le respect tant de la liberté du commerce et de
l’industrie que du droit de la concurrence ; à cet égard, pour
intervenir sur un marché elles doivent non seulement agir dans
les limites de leurs compétences, mais également justifier d’un
intérêt public, lequel peut résulter notamment de la carence de
l’initiative privée ; une fois admise dans son principe, une telle
intervention ne doit pas se réaliser suivant des modalités telles
qu’en raison de la situation particulière dans laquelle se trouverait
cette personne publique par rapport aux autres opérateurs
agissant sur le même marché, elle fausserait le libre jeu de la
concurrence sur celui-ci”.
1) Le débordement du juge
109Ce n’est pas que le juge administratif, et d’une manière plus
générale, le juge de l’administration (lorsqu’il est judiciaire) soit
incompétent pour cerner les litiges liés à la financiarisation de
l’économie. C’est tout simplement que cette dernière le déborde,
à la fois du point de vue juridique et du point de vue culturel.
a) Le débordement juridique
110Le débordement juridique du juge de l’administration par la
finance internationale est réalisé de plusieurs façons :
par l’externalisation des prestations, qui fait échec à la
compétence du juge national ; cette externalisation est d’autant
plus facile que la majeure partie des transactions internationales se
fond par voie électronique ;
par le recours à la transaction, que le juge administratif national
français s’efforce de soumettre à son homologation et dont il sait
aussi qu’elle peut aussi exister et être pleinement exécutoire,
indépendamment de toute procédure d’homologation ;
par la généralisation de la pratique de l’arbitrage
international des litiges, qui correspond davantage aux nécessités
et aux besoins des milieux d’affaires internationaux.
59 Rapport du groupe de travail sur l’arbitrage, 22 mars 2007, Ministère
de la justice, consultable su (...)
b) Le débordement culturel
116La difficulté vient ici de ce qu’à supposer que le juge adapte sa
compétence pour régler les différends liés au fonctionnement du
capitalisme financier, il éprouverait rapidement les limites de ses
méthodes traditionnelles. Ce n’est pas que ces méthodes soient
inadaptées ou que le juge ne soit pas susceptible de les
perfectionner. C’est plus généralement que le capitalisme
financier repose sur des règles inspirées pour une large part de
concepts ou de précédents anglo-saxons (américains,
britanniques ou australiens).
117La finance internationale étant dominée par des opérateurs
établis au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou en Australie, il était
logique que ces opérateurs imposent au reste du monde les
règles et pratiques de leurs propres systèmes juridiques
d’origine. Un méta-système juridique s’est ainsi constitué en
marge des systèmes juridiques nationaux, qu’ils ne croisent
qu’occasionnellement. Ce méta-système est à base de
conventions, le plus souvent rédigées en anglais et qui font
expressément référence à des notions étrangères au droit
national français. Pour cette raison notamment, les parties les
soumettent à l’arbitrage, quand elles ne prévoient pas elles-
mêmes des mécanismes de règlement transactionnel entre elles.
118Ces pratiques pénètrent les systèmes juridiques nationaux,
avec le risque que les opérateurs économiques manient des
concepts mal assimilés par leurs propres services et non
assimilable par leur droit national.
119Le droit des sociétés connaît depuis plusieurs années les
apparences d’une gouvernance strictement conforme au droit
national, comme en témoignent les statuts soigneusement
déposés au greffe et la réalité d’une répartition du pouvoir entre
ses actionnaires, par le biais de conventions d’actionnaires, de
pactes de préférence ou de conventions d’associés. Ces
conventions mettent en place des techniques dites de “ tag along”
ou de “drag along” qui limitent considérablement le droit de leurs
signataires de disposer librement de leurs actions. Elles
organisent des systèmes sophistiqués de tirage au sort obligeant
l’actionnaire que le sort désigne, à racheter les actions de son ou
de ses associés au prix qui a été défini dans la convention.
Aucune de ces techniques ou de ces solutions juridiques ne font
l’objet de dispositions dans le Code de Commerce qui en fixerait
le régime. Elles relèvent pudiquement du principe de la liberté
contractuelle. Et ce n’est qu’occasionnellement que quelques
années plus tard, le droit national français les accueille à sa
manière, comme la fiducie française est un écho du trust anglo-
saxon.
120Peut-on seulement imaginer le désarroi qui s’emparerait du
juge national français, notamment du juge administratif, s’il lui
était demandé d’arbitrer un différend lié à une convention d’IRU.
Cette convention fait expressément référence à un concept
d’origine américaine, adapté au cas particulier des câbles de
télécommunication sous-marins et auxquels il est difficile de
trouver un équivalent français, sauf celui de l’usufruit qui ne lui
correspond pas exactement. Et que dire de ces “ joint venture” que
l’on traduit imparfaitement en français par “sociétés conjointes”
et qui renvoient plus fondamentalement à un concept anglais
hésitant entre le trust et l’indivision.
121On mesure ainsi qu’au-delà de l’obstacle de la langue, il s’agit
bien d’un problème culturel qui interdit de recourir aux
techniques juridiques traditionnelles classiques et expliquent le
débordement du juge.
129La discussion porte sur les premières mesures prises par cet
organisme, et à sa suite, par la Banque Centrale Européenne. Ces
mesures visent à injecter des liquidités sur le marché afin d’éviter
un assèchement financier qui pourrait avoir des conséquences
désastreuses sur le niveau de l’activité économique et contenir les
taux d’intérêt pour tenter de réduire les effets d’une hausse sur la
croissance économique. En procédant de la sorte, la Banque
centrale américaine aurait en réalité, comme une conséquence
très indirecte de ses décisions, donné un signal favorable aux
spéculateurs et contribué à la poursuite des causes qui sont à
l’origine de la crise financière. D’où, un débat très vif outre-
atlantique autour de la théorie dite du “ moral hazard” qui conduit
à la mise en cause au-delà des évènements de l’été dernier, 20
ans de politique de la FED63.
1) L’extériorisation géographique
131Un bon exemple peut en être donné avec l’apparition d’une
nouvelle catégorie d’opérateurs financiers : les “fonds souverains”
constitués, par un certain nombre d’Etats émergents, à partir de
leurs excédents de réserves de change, qu’ils investissent, via ces
fonds souverains, sur le territoire d’autres pays, voire sur ces
territoires, dans des secteurs d’activités traditionnellement jugés
stratégiques. C’est une somme de 1,5 à 2,5 milliards de milliards
de dollars, que mobilisent actuellement ces fonds et qu’ils sont
susceptibles d’investir, à la manière du fonds chinois, qui le 21
mai 2007, investissait 3 milliards de dollars dans le fonds
américain, Blackstone et se donnait ainsi accès à quelques 300
milliards de dollars d’actifs industriels ou financiers gérés par ce
fonds. Les fonds souverains défient la vieille théorie de
l’entreprise publique. Ils n’entrent pas dans sa définition et
remettent en cause les motifs généralement avancés à l’appui de
son utilité.
2) L’extériorisation matérielle
142Une fois encore, c’est par l’exemple que l’on peut illustrer la
portée du mouvement d’extériorisation matérielle. Celui fourni
par ce que l’on a pu appeler au cours de l’été 2007 l’“Affaire
Metronet”, en constitue un exemple pertinent. Cette affaire offre
en effet l’opportunité d’une interrogation majeure sur les contrats
de partenariat et d’une manière plus générale, sur le partenariat
public-privé (PPP), puisqu’elle permet d’en souligner la spécificité
en même temps qu’elle est exemplaire des limites de cet
instrument juridique.
a) Affaire Metronet et spécificité des PPP
143L’ordonnance du 17 juin 2004 a introduit dans le droit
français –d’une manière que l’on peut juger opportune– une
nouvelle forme de contrat public : le contrat de partenariat. En
réalité, le contrat de partenariat est la transposition en droit
français d’un instrument juridique du droit anglais communément
dénommé : “partenariat public-privé” (PPP), et dont la spécificité
tient à un certain nombre d’éléments que l’on aurait tort
d’oublier :
le PPP s’inscrit tout d’abord dans un contexte juridique dominé
par l’absence de tradition juridique de service public. A la différence
du droit français qui consacre la notion de service public, depuis de
nombreuses années, le droit anglais n’a pas d’équivalent et ne
connaît pas le mouvement jurisprudentiel et doctrinal qui s’est
développé en France, depuis plus d’un siècle, autour du service
public ;
66 En ce sens, les réflexions de P. BIRKINSHAW, RFDA, 2006,
p. 1013 et s.
CONCLUSION
154On voit ainsi que dans les succès, comme dans l’adversité, le
Droit public et le Code de Commerce font bon ménage. Certes le
Droit public, pour reprendre l’expression de Portalis a “précédé
les lois commerciales”, que rassemble le Code de Commerce.
Mais il a su également s’inspirer de leur exemple, épousant, avec
elles, successivement deux révolutions majeures du capitalisme,
celle du capitalisme commercial et celle du
capitalisme concurrentiel.
155Aujourd’hui, avec les mêmes lois commerciales, il est
confronté aux excès du capitalisme financier qui se met en place.
Comme elles, il éprouve les limites de ses moyens traditionnels.
156Ils doivent, l’un et l’autre, revisiter leurs instruments
juridiques et leurs méthodes d’appréhension des réalités
économiques et surtout, financières du moment. Mais en le
faisant, encore faut-il qu’ils n’oublient pas cette exigence, très
française, d’un équilibre nécessaire entre la puissance publique et
l’initiative privée, l’intérêt général et les intérêts particuliers, à
quoi se résume finalement le droit public.
71 Nicolas SARKOZY, Discours à l’Université d’Eté du MEDEF, 30 août
2007.
157C’est de la fidélité à cet équilibre que dépend pour une large
part leur capacité à maîtriser leur avenir et avec lui, celui de
l’économie, elle-même, car, comme on le rappelait aux
principaux opérateurs, réunis en université d’été au début de
l’automne 2007 : “Depuis que le capitalisme existe, la croissance
est toujours le fruit d’une coopération réussie entre la puissance
publique et l’initiative privée, entre l’intérêt général et l’intérêt
particulier”. Avant de conclure : “C’est dire s’il nous faut être
collectivement ambitieux”71.
158Une grande année plus tard, au cœur d’une crise sans
précédent du capitalisme financier qui peut conduire à la remise
en cause du capitalisme lui-même, qui ne concèdera pas que ces
propos avaient un accent prémonitoire ?
NOTES
1 Dont le texte est reproduit JCP, Ed générale, n 13, 24 mars 2004,
o
suivants.
suivants.
23 Loi n 96-659, JO.
o
34 Voir note 7 ci-dessus.
41 Voir supra.
42 Rec., p. 133.
58 Rec. p. 724.
60 Loi n 2004-575.
o
61 Loi n 2004-669.
o
suivants.
65 Dans son édition du 26 mai 2007, l’hebdomadaire The
Economist risque le terme d’“internationalisation” pour qualifier la
démarche des fonds souverains.
AUTEUR
Lucien Rapp
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, IDETcom - IEID, UT1)
p. 157-162
AUTEUR
Corinne Mascala
Professeur à l’Université de Toulouse. Responsable du DELFIN (Faculté de Droit, CDA -
Groupe de recherche sur la délinquance financière, UT1)
De la complémentarité des
rapports entre droit social et
droit des affaires :l’exemple
du contrat d’appui au projet
d’entreprise
Lise Casaux-Labrunée
p. 165-172
Lorsque l’on cherche à mesurer l’influence du Code de commerce
sur les différents domaines juridiques qui touchent de près
l’entreprise, et que l’on tente spécialement d’analyser les
rapports entre le droit des affaires et le droit social, il est
certainement plus habituel de faire état de rapports de force que
de complémentarité. Dans une vision des choses très classique, si
ce n’est simpliste, chacun poursuit son propre objectif : le droit
des affaires s’occupe de l’organisation, du développement et de
la régulation des activités économiques à but lucratif ; le droit du
travail défend les intérêts des salariés et protège le capital
humain nécessaire à l’exploitation, au succès et au rendement de
ces mêmes activités.
1 A. SUPIOT, “Le droit du travail bradé sur le “marché des normes””, Dr.
soc., 2005, 1087.
18Le CAPE est, sous peine de nullité, un contrat qui doit être
obligatoirement écrit, conclu pour une durée maximale de douze
mois, renouvelable deux fois. Son contenu, dont les grandes
lignes ont été dessinées par le décret n 2005-505 du 19 mai
o
AUTEUR
Lise Casaux-Labrunée
Professeur à l’Université de Toulouse
Laboratoire “Droit et changement social” (UMR CNRS 31) (Faculté de Droit, LIRHE, UT1)
p. 173-179
CONCLUSION
61Voilà quels sont les trois contrats qui peuvent être utilisés pour
tenter de détourner la réglementation du droit du travail, il peut y
en avoir d’autres (location gérance fictive par exemple…).
62Il ne faut pas croire que tous ces contrats sont nécessairement
utilisés à cette fin ou aboutissent à ce résultat pratique.
63Ce sont des contrats classiques qui correspondent à des
réalités économiques bien connues de sous-traitance réelle, de
commissionnaire de transports, de franchise ou de droits des
sociétés avec plusieurs co-gérants, les uns majoritaires, les
autres minoritaires, etc.
64Mais le caractère par trop contraignant du droit du travail, sa
rigidité excessive, l’importance des charges salariales, amènent
nécessairement, en pratique, certains à tenter de trouver le
moyen de contourner ce droit en utilisant des conventions tout à
fait classiques et licites ayant fait leur preuve en droit
commercial, comme les trois que je viens de vous décrire.
65Si le droit du travail se rééquilibrait, ces pratiques
disparaitraient.
AUTEUR
Charles Vincenti
Avocat au barreau de Toulouse
L’intégration des
préoccupations sociétales
dans le Code de commerce :
informations extra-
financières et commerce
équitable
Isabelle Desbarats et Marie-Pierre Blin-Franchomme
p. 181-201
I – FONCTIONNEMENT
SOCIETAIRE : LA CONSECRATION
D’UNE INFORMATION EXTRA-
FINANCIERE
4 A. VAN LANG, Droit de l’environnement, Thémis, Droit Public, PUF,
Droit, 2006.
5 M.-P. BLIN-FRANCHOMME et I. DESBARATS, “Le droit des affaires saisi
par le développement durable”, (...)
II – ECHANGES MARCHANDS :
LA RECONNAISSANCE DU
COMMERCE EQUITABLE
22 G. CANIVET, “L’histoire sans fin des lois éphémères, ou de la
régulation des relations entre la pr (...)
41 V. supra, I.
51 Rapport précité.
38Ces critères ne sont pas toujours remplis par les acteurs du CE,
même si l’on assite depuis quelques années à un travail
conséquent d’autorégulation à travers l’édiction de Chartes
(Artisans du Monde, Plate-forme du Commerce équitable…) ou de
standards communs de certification (par exemple Max Havelaar,
lequel vient d’ailleurs d’obtenir la certification ISO 65)… Pour
apporter plus de garantie à la filière, les pouvoirs publics français
ont choisi non pas la voie de la labellisation des produits mais
celle de la reconnaissance des acteurs du commerce équitable –
les acteurs économiques en sont formellement exclus pour éviter
toute récupération marchande– par une Commission nationale ad
hoc65. Son rôle n’est pas de certifier directement les entreprises
du secteur : il ne s’agit donc pas d’un organisme certificateur, et
elle se rapproche davantage d’un organisme d’accréditation… Or
en matière de labels agricoles, il existe en France un système
d’agrément par l’Etat des organismes certificateurs couplé à un
système d’accréditation par le COFRAC (Comité français
d’accréditation)... La création de la CNCE apparaît donc comme un
élément de complexification dans le paysage de la labellisation66.
67 W. ABDELGAWAD, “Le commerce équitable : l’éthique de l’économie
solidaire”, L’éthique dans les rel (...)
76 Ibid.
41 V. supra, I.
p. 9440.
51 Rapport précité.
56 Ibid.
concurrence.
76 Ibid.
AUTEURS
Isabelle Desbarats
Maître de conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, EJERIDD, UT1)
Marie-Pierre Blin-Franchomme
Maître de conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, EJERIDD, UT1)
Le bail commercial
Hugues Kenfack, Yassila Ould-Aklouche, Solène Ringler et Isabelle Tortosa
p. 207-229
Le droit français des baux commerciaux est composé d’un statut.
Ce dernier est très rigoureux s’il est comparé au droit des autres
pays européens qui laisse un large champ à la liberté
contractuelle. Depuis le décret de 19531, le statut fait l’objet de
“multiples retouches parcellaires et hétérogènes 2”. Le
bicentenaire du code de commerce donne l’occasion de s’y
intéresser une nouvelle fois.
3 Dictionnaire Larousse. Voir également, G. CORNU, Dictionnaire
juridique, PUF, coll., Quadrige, 8ème(...)
4 GAFFIOT, Dictionnaire latin-français.
5 “Le louage des choses est un contrat par lequel l’une des parties s’oblige
à faire jouir l’autre d (...)
7 Article 1737 du Code civil : “Le bail cesse de plein droit à l’expiration du
terme fixé, lorsqu’il (...)
1) La rigidité du statut
10La défense des intérêts du locataire passe-t-elle par des
dispositions impératives ? L’interprétation jurisprudentielle doit-
elle être négligée ?
13 Article. L. 145-4 du Code de commerce.
19 La règle du plafond est exclue quand le bail expiré a été conclu pour
une durée supérieure à neuf (...)
23 Ibid.
45 La seule obligation qui pèse sur lui est d’informer le bailleur.
47 Cette demande doit être faite par acte extra-judiciaire ou par exploit
d’huissier.
20Par ailleurs, même dans le domaine des loyers, les parties ont
une liberté d’action. D’abord, la fixation du loyer initial est libre.
Puis, en matière de loyer révisé et de loyer du bail renouvelé, la
fixation judiciaire de la valeur locative est subsidiaire. En effet, le
locataire et le preneur peuvent stipuler des clauses d’échelle
mobile pour une révision conventionnelle 48. De plus, le locataire
peut céder son bail lors de la cession de son fonds de
commerce49 et avoir recours à la sous-location50, dans les
conditions déterminées par le bail, si le contexte économique
l’exige. Enfin, la souplesse du statut résulte de la possibilité de
mettre fin à la relation contractuelle.
21Le statut des baux commerciaux est protecteur des intérêts du
preneur. Ce rôle explique l’originalité du statut qui réside dans sa
rigidité et sa flexibilité. La suppression du statut n’est pas à
l’ordre du jour en droit interne. Elle ne l’est pas davantage au
regard du droit international.
22Pour autant, le statu quo n’est pas la meilleure solution. De
lege ferenda, nous devrions assister à une réforme du statut des
baux commerciaux, à l’instar des pratiques du droit international,
communautaire et comparé.
B – Les apports du droit international, du
droit communautaire et de droit comparé
23Il convient d’analyser la compartibilité du statut du droit
international et communautaire (1) pour constater l’influence que
pourrait avoir le droit comparé sur la législation française (2).
59 Rép. Quest. Ecrite no 35. 134, JO, Déb. Ass. Nat., 9 mai 1988, p. 1982.
La même opinion est partag (...)
76 Infra, p. 13.
II – LA CONTESTATION :
PRIMAUTE DU STATUT ET FREIN
A LA VIE DES AFFAIRES ?
77 Rapport RUEFF-ARMAND, Rapport sur les obstacles à l’expansion
économique, 1960 ; “Faut-il supprime (...)
A – La pérennisation du bail
35Pour être soumis au statut des baux commerciaux, la loi
impose que le contrat soit conclu pour une durée minimum (1). A
l’échéance, le bailleur ne dispose généralement que d’une
alternative : le renouvellement du bail ou le paiement d’une
indemnité d’éviction (2).
1) La durée du bail
81 art L. 145-15, C. com.
2) L’échéance du bail
42Au terme du bail et après une longue période d’indisponibilité
de son bien, le propriétaire peut ne pas récupérer l’ensemble de
ses prérogatives sur le local.
43En vertu des articles L. 145-8 et suivants du code de
commerce, le preneur bénéficie d’un droit au renouvellement du
bail. Cette faculté d’exiger la prolongation du lien contractuel
appartient exclusivement au propriétaire du fonds exploité. Le
preneur est de nouveau largement privilégié quant au choix de la
durée du bail commercial : il peut imposer au propriétaire de
poursuivre son activité dans les locaux, y compris contre la
volonté de ce dernier, sauf le paiement d’une indemnité
d’éviction. Le locataire peut aussi bien imposer au bailleur
d’écourter ou d’allonger la durée minimum du bail en fonction
des besoins de son activité.
44D’un point de vue formel, le locataire souhaitant rester dans les
lieux a tout intérêt à délivrer six mois avant l’expiration du bail,
un congé aux fins de renouvellement de celui-ci. En effet, ce
congé permet la conclusion d’un nouveau bail commercial et
l’application des dispositions protectrices du statut des baux
commerciaux.
83 Et avec le maintien des garanties Cass. 3ème civ., 7 février
2007, Juris-data, no2007-037242, D., (...)
86 Par exemple : sur la prise en compte du droit au bail, Cass. 3ème civ.,
11 juin 1992, RJDA, 8-9/92 (...)
B – Le coût du bail
50S’il est dépossédé d’une partie de son droit de propriété, le
bailleur n’est pas lésé pour autant au regard des loyers (1) et des
frais mis à la charge du locataire (2).
1) Le loyer
87 Rappelons qu’en 2006 à Paris, les baux commerciaux des magasins les
mieux placés et les mieux valo (...)
103 Op. cit.
105 En tout état de cause, une réforme en la matière n’a pas été
privilégiée pour relancer la croissan (...)
d) La clause de préférence
82Il convient d’inciter les parties à stipuler un droit de préférence
au profit du preneur en cas de vente du local commercial et au
profit du bailleur en cas de cession du fonds de commerce.
116 H. KENFACK, “Le renforcement de la vigueur du pacte de
préférence”, Défrénois, 2007, no 13-14, art (...)
CONCLUSION
119 CARBONNIER, “L’avenir du droit”, Mélanges offerts à F. Terré, Dalloz,
PUF, Juris-Classeur, Paris, (...)
4 GAFFIOT, Dictionnaire latin-français.
5 “Le louage des choses est un contrat par lequel l’une des parties
s’oblige à faire jouir l’autre d’une chose pendant un certain temps, et
moyennant un certain prix que celle-ci s’oblige de lui payer”.
7 Article 1737 du Code civil : “Le bail cesse de plein droit à l’expiration
du terme fixé, lorsqu’il a été fait par écrit, sans qu’il soit nécessaire de
donner congé”.
19 La règle du plafond est exclue quand le bail expiré a été conclu
pour une durée supérieure à neuf ans, ou lorsque par l’effet d’une
tacite reconduction, la durée du bail excède douze ans (article L. 145-
34 du Code de commerce). Le plafonnement ne s’applique pas aux
terrains nus, aux locaux construits en vue d’une seule utilisation, et
aux locaux à usage exclusif de bureaux. Voir, F. DEKEUWER-DEFOSSEZ,
E. BLARY-CLEMENT, Droit commercial, Activités commerciales,
commerçants, fonds de commerce, concurrence, consommation ,
Montchrestien, 9 éd°, 2007, p. 318, § 403.
ème
23 Ibid.
et suiv.
32 Loi MURCEF, portant mesures urgentes de réformes à caractère
économique et financier n 2001-1168 du 11 décembre 2001, JO, 12
o
45 La seule obligation qui pèse sur lui est d’informer le bailleur.
59 Rép. Quest. Ecrite n 35. 134, JO, Déb. Ass. Nat., 9 mai 1988,
o
74 Infra, p. 19.
76 Infra, p. 13.
101 V. supra, p. 10.
103 Op. cit.
105 En tout état de cause, une réforme en la matière n’a pas été
privilégiée pour relancer la croissance française.
106 Cass. 3 civ., 27 fév. 1991, Bull. civ. III, n 67, JCP G, 1991, IV,
ème o
158.
BLATTER.
RUET ; D., 2007, art. 648, obs. A. LIENHARD ; Cass. 3ème civ., 14 févr.
2007 : pourvoi n 05-21. 814, JCP E, 2007, 1523, n 21, obs. J.
o o
AUTEURS
Hugues Kenfack
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDP, UT1)
Yassila Ould-Aklouche
Allocataire-Moniteur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, UT1)
Solène Ringler
Allocataire-Moniteur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, UT1)
Isabelle Tortosa
Ater à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, UT1)
p. 231-254
I – DE LA CAPACITE
D’ORGANISATION…
16Le fonds de commerce est traditionnellement assimilé aux
éléments qui le composent : un regroupement de biens corporels
et de biens incorporels. Pourtant, la définition d'une politique
commerciale, la sélection de produits et de services, le
recrutement du personnel et la gestion des compétences,
l'agencement des points de vente… déterminent bien davantage
l'attractivité du commerce exploité. Avec l'avènement de
nouveaux modes d'exploitation commerciale, les compétences
déployées par le commerçant apparaissent peu à peu comme une
composante essentielle du fonds de commerce.
17Dorénavant, l’activité et la capacité d'organisation se trouvent
davantage valorisées dans le cadre d’une approche plus
économique et dynamique du fonds de commerce.
18On trouve trace de cette évolution en droit positif. C’est ainsi
qu’une conception rénovée du fonds se dégage peu à peu du
contentieux relatif à des contrats aussi essentiels que le bail
commercial et la vente du fonds de commerce (A). Par ailleurs, la
notion comptable de goodwill ou survaleur témoigne de la prise
en compte de cette nouvelle valeur (B), qui correspond aux
concepts déjà retenus par certains droits étrangers (C).
A – La valorisation de l’activité du
commerçant en jurisprudence
19La Cour de cassation adopte, parfois, une vision rénovée du
fonds de commerce, plus conforme à la réalité économique, selon
laquelle l’existence et la valeur du fonds de commerce et de la
clientèle sont davantage dépendantes de l'activité personnelle et
des compétences du commerçant. Cette évolution peut être
décrite à l’aide de deux exemples extraits du contentieux
contractuel.
5 V. par exemple, Cass. ass. plén., 24 avril 1970 : JCP éd. G, 1970, II,
16489, obs. B. BOCCARA ; D., (...)
B – La valorisation de l’activité du
commerçant dans l’analyse financière et
comptable
33La valorisation de l’activité et de la capacité d’organisation du
commerçant occupe désormais une place privilégiée en matière
financière. L’évolution dans le calcul de la valeur des entreprises a
débuté dans les années 70.
34L’apparition d’une “surprime” à l’occasion de la cession d’une
société met en évidence la propension de nombreux dirigeants à
“surpayer” l’entreprise cible. C’est ainsi que la notion
de goodwill a connu une certaine popularité dans la “nouvelle
économie” tandis que se multipliaient les achats d’entreprise à
des prix sans véritable rapport avec la valorisation de l’actif net
ou avec les perspectives réelles de rentabilité.
23 Survaleur : terme traditionnel français dont l’usage était encore
dominant dans les années soixante (...)
35D’un point de vue comptable, cette surprime apparaît sous la
forme d’un écart d’acquisition : la “survaleur”23 ou le goodwill.
Sous la notion de goodwill se cache une sorte de prime ajoutée à
la valeur de toute entreprise en dehors d’un calcul analytique du
bilan. C’est le supplément que doit débourser l’acheteur d’une
entreprise en plus de la valeur comptable des actifs, une fois les
dettes déduites. Cet écart de valeur constitue l’écart de première
consolidation. Il peut être composé de différentes valeurs : l’écart
d’évaluation et l’écart d’acquisition ou goodwill. L’écart
d’évaluation correspond à la différence entre la valeur
économique des actifs et leur valeur comptable. L’écart
d’acquisition représente donc le solde entre la valeur
d’acquisition et l’écart d’évaluation. On en vient alors à se poser
la question de la composition du goodwill : quels sont les
éléments qui ont une influence sur la valeur d’une entreprise sans
être identifiés au bilan ?
24 A. LORRAIN, Mémoire Master Finance Internationale sous la Direction
de H. RAZAFITOMBO (Docteur en F (...)
C – La valorisation de l’activité du
commerçant en droit comparé
1) L’exemple italien et la notion d'“avviamento”
29 V. BUONOCORE, “L’imprenditore”, Enciclopedia del diritto, vol. XX,
p. 515, no3, Giuffre, Milano 19 (...)
30 G. FERRARI, “L’azienda”, Enciclopedia del diritto, vol. IV, p. 682, no 2,
Giuffre, Milano, 1959.
39 Idem.
II –… A LA LIBERTE
D’AFFECTATION
61Le commerce s’inscrit dans le mouvement, la conquête de la
clientèle, la recherche de débouchés, la négociation des crédits
ou des marchés, le recrutement et la formation des
collaborateurs, la compétition avec les concurrents,… L'exclusion
des moyens de cette action, comme les contrats, les créances et
les dettes, ou l’élimination du point d’ancrage de cette action et
de sa principale source de crédit, à savoir l’immeuble, sont
inopportunes dans une perspective d’efficacité économique.
62Une appréhension fonctionnelle et dynamique du fonds,
organisation entrepreneuriale, conduit à une valorisation des
capacités d’organisation du commerçant. Il s’infère tout
naturellement de cette vision une nécessaire liberté dans la
composition du fonds de commerce, c’est-à-dire la faculté pour
le chef d’entreprise d’inclure ou d’exclure tel ou tel élément selon
les besoins de son activité. Cette liberté d’affectation, déjà
consacrée comme un principe en matière comptable (A), pourrait
être opportunément étendue à la matière juridique (B).
80Dès lors qu’il est admis que les dettes peuvent faire partie du
fonds de commerce, plus rien ne s’oppose à l’inclusion des
créances. En effet, leur exclusion trouve sa justification,
notamment, dans la corrélation existante entre créances et
dettes73. Toutefois, en droit positif, certaines créances voient
déjà leurs sorts liés à celui du fonds, les parties étant libres de les
céder en même temps que celui-ci. La prise en compte d’une
approche rénovée du fonds de commerce suppose donc que les
créances ayant pour cause l’exploitation du fonds puissent y être
incluses74.
81b) En droit italien, la cession du fonds de commerce produit,
d’une part, l’obligation de répondre des dettes anciennes, et de
l’autre de bénéficier des crédits antérieurs mentionnés dans
l’acte.
75 B. LIBONATI, L’impresa e le società, préc., p. 93.
77 Selon l’article 1264 du Code Civil, la cession des dettes est effective
pour le débiteur lorsque ce (...)
83Les crédits transférés ne sont que ceux qui sont prévus dans
l’acte de cession. L’immatriculation au registre des entreprises
produit automatiquement cette cession, sans nécessiter
l’acceptation du débiteur76. Cette solution contraste avec les
principes du droit commun, selon lequel toute cession de crédit
n’est parfaite qu’après acceptation du débiteur77.
3) Les contrats
84Officiellement, les contrats ne sont pas inclus dans le fonds de
commerce, mais la doctrine, la jurisprudence, et le législateur ont
tendance à les y inclure.
78 L’article L. 121-10 du Code des assurances dispose en effet qu'“en cas
de décès de l'assuré ou d'al (...)
5 V. par exemple, Cass. ass. plén., 24 avril 1970 : JCP éd. G, 1970, II,
16489, obs. B. BOCCARA ; D., 1970, jurispr., p. 381, note R. L.
7 CA Paris, 4 octobre 2000, Sté Nicogi c/Sté Gan Vie, JCP E, 2001,
p. 324, note B. BOCCARA ; D., 2001, jur., p. 1718, note H.
KENFACK ; Les Petites Affiches, 16 novembre 2000, n 229, p. 11, note
o
J. DERRUPE.
p. 148.
37 Idem.
39 Idem.
40 L. CHATAIN-AUTAJON, La notion de fonds en droit privé, Bibl. de
droit de l’entreprise, Litec 2006, n 10.
o
n 343.
o
préc., p. 132.
76 Selon l’article 2560 du Code civil le cédant n’est libéré des dettes
liées à l’activité antérieures au transfert que si les créanciers donnent
leur consentement dans le contrat de cession. L’acheteur est tenu
aussi des dettes liées à l’activité contenue dans les “livres comptables
obligatoires”.
77 Selon l’article 1264 du Code Civil, la cession des dettes est effective
pour le débiteur lorsque celui-ci l’a acceptée ou lorsqu’elle lui a été
notifiée. FERRARA – CORSI, Gli imprenditori e le società, préc., p. 157.
84 Juris-Data, no 2004-235809.
Milano, 1959.
AUTEURS
Jacques Larrieu
Professeur à l’Université de Toulouse
Président de l’IFR (Faculté de Droit, CDA-EPITOUL, UT1)
Didier Krajeski
Maître de conférences (Faculté de Droit, UT1)
Alexandra Mendoza-Caminade
Maître de conférences (Faculté de Droit, UT1)
Rhislène Seraiche
Docteur en droit, Avocate
Céline Mangin
Doctorant (Faculté de Droit, UT1)
Marie Daeron
Doctorant (Faculté de Droit, UT1)
Anna-Lisa De Grandi
Doctorant (Faculté de Droit, UT1)
Laure Soule
Doctorant (Faculté de Droit, UT1)
p. 255-263
3En dépit des réserves qui pouvaient être avancées, le thème des
sociétés unipersonnelles se révèle particulièrement instructif pour
mettre le code de commerce français en perspective avec les
droits des autres pays européens et même, au-delà de la
communauté européenne. Les enjeux sont évidents au regard de
la théorie du patrimoine et des discussions toujours nourries
qu’elle suscite.
2 Y. CHAPUT et A. LEVI (sous la dir.) L’EURL, Droit, pratique et
perspectives, CREDA, LITEC ; coll. L (...)
4L’instauration des sociétés unipersonnelles et l’élaboration de
leur régime juridique ont certainement été des sources de
discussions très riches en droit des sociétés car elles touchent
tout particulièrement aux principes fondamentaux du droit des
sociétés, comme l’analyse de la société comme un contrat ou une
institution ou bien la réalité ou la fiction de la personne morale.
En outre, le contentieux et le législateur alimentent régulièrement
les interrogations sur les sociétés unipersonnelles. Cette question
reste d’actualité et une réflexion approfondie et modernisée doit
s’initier2.
5On le sait, on n’y reviendra pas en détail dans cette
communication, la création des sociétés unipersonnelles a généré
dans les années 80 des discussions doctrinales relativement vives
qui ne se sont pas achevées avec l’adoption de la loi du 11 juillet
1985. Cette évolution, révolution du droit des sociétés a pour
certains menacé l’édifice alors que d’autres y voyaient un simple
outil réparant l’infirmité du droit français inexorablement attaché
à la théorie de l’unité du patrimoine.
6L’encre séchée, les arguments les plus acerbes retombés, le
législateur a, au fil des réformes depuis 1985, fait entrer la forme
unipersonnelle de société dans le paysage français… SEL, SAS et
jusqu’à la société européenne dernière entrée dans le Code de
commerce (art. L. 229-6) et elle est devenue une forme
systématique, une variante de création des sociétés. Cette
généralisation est-elle le signe d’une parfaite adaptation de cette
figure au panorama ambiant ? Rien n’est moins sûr comme les
développements qui vont suivre le révèleront. En effet, la
reconnaissance de la société unipersonnelle atteste d’une
intégration qui n’est pas sans difficulté (I) et son fonctionnement
soulève encore des réserves qu’il convient d’aborder dans un
second temps (II).
I – RECONNAISSANCE DE LA
SOCIETE UNIPERSONNELLE
7La réflexion sur la reconnaissance de la société unipersonnelle
passe, dans un premier temps, par un tour d’horizon
géographique des pratiques en matière de société unipersonnelle
(A) avant de se pencher sur sa coexistence avec le patrimoine
d’affectation (B).
a) Les précurseurs
12Ainsi le Danemark a le premier consacré par deux lois du 13
juin 1973deux modèles de sociétés unipersonnelles : la SARL et
aussi la SA.
4 Voir en annexe la contribution de K. KROLOP et M. BITTLINGER,
Humboldt Université, Berlin.
199610.
12 Crées par la loi de finances pour 2004, art 91, JCP éd. E. 2004, 201,
p. 221.
II – FONCTIONNEMENT DE LA
SOCIETE UNIPERSONNELLE
32Lorsqu’on se penche sur le fonctionnement de la société
unipersonnelle, après avoir dressé un constat en demi-teinte sur
son adaptation au milieu sociétaire (A), il convient de s’interroger
sur d’éventuels changements à opérer (B).
7 Source : http://www.etudes.ccip.fr/archrap/pdf03/cou0310.pdf,
annexe1, page 22.
9 Source : http://www.lexinter.net/LOTWVers4/dt-societes-
it.htm#_ftnref1, pour la SRL.
http://www.etudes.ccip.fr/archrap/pdf03/cou0310.pdf, annexe 1
p. 22, pour la SPA.
10 Source : http://www.missioneco.org/Portugal/documents_new.asp?
V=7_PDF_123615.
12 Crées par la loi de finances pour 2004, art 91, JCP éd. E. 2004, 201,
p. 221.
n 400 et s.
o
17 www.admin.Ch.
22 Art. 1844-5 al. 3 modifié par l’article 103 de la loi NRE du 15 mai
2001 ; B. ROLLAND, “Dissolution des sociétés unipersonnelles : une
intervention législative opportune”, JCP éd E, 2001, p. 1761.
n 59.
o
AUTEURS
Marie-Hélène Monsèrié-Bon
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Julien Théron
Maître de conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Anne-Laure Thomat-Raynaud
Maître de conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Camille Marie Bénard
Maître de conférences à l'Université d’Orléans
Sébastien Jambort
Maître de conférences à l’Université de Grenoble
Yann Puyoo
Juriste au CRIDON Bordeaux/Toulouse
Myriam Cazajus
Doctorante à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, UT1)
La société unipersonnelle et
l’idée d’un patrimoine
d’affectation en Allemagne
Kaspar Krolop et Marion Bittlinger
p. 265-277
I – A PROPOS DE L’EXISTENCE
DE LA SOCIETE
UNIPERSONNELLE EN
ALLEMAGNE
A – Quand la société unipersonnelle est-
elle apparue ?
1Pour répondre à cette question, il faut distinguer entre les
sociétés de personnes et les sociétés de capitaux. L’idée d’une
société de personnes avec un associé unique (ici désigné comme
société de personnes unipersonnelle) n’a jamais existé et est
étrangère au droit allemand.
3 Loi du 20/04/1982 concernant les GmbH dans l’édition de la publication
au Reichsgesetzblatt du 20/0 (...)
bb) AG
II – SOCIETE UNIPERSONNELLE
ET PATRIMOINE D’AFFECTATION
A – La définition du Zweckvermögen en
droit allemand
a) Terminologie : Zweckvermögen et
Sondervermögen
19En cherchant un pendant du patrimoine d’affectation en droit
allemand, les notions les plus proches
sont Zweckvermögen (“patrimoine servant pour un certain but”,
voir aa) et Sondervermögen (“patrimoine spécifique”, voir bb)
aa) Zweckvermögem
20Le terme du Zweckvermögen est restreint à la fondation en
droit allemand. Il désigne le patrimoine d’une fondation qui est
juridiquement indépendant. Il sert à la poursuite du but à
atteindre selon la volonté du fondateur pour une certaine durée.
30On peut conclure de ce que l’on a dit plus haut en 2. que cela
est impossible en droit positif. Pourtant cette question a été
abordée récemment par le public. Le Land de Bavière a en effet
essayé d’introduire le commerçant individuel bénéficiant d’une
responsabilité limitée. Ce projet se rapproche du patrimoine
d’affectation connu en droit français (pour des détails V. IV 1. 1.
b). Cette idée n’est pas tout à fait neuve dans l’espace germano-
autrichien. Déjà le juriste d’affaires autrichien Pisko écrivait sur ce
sujet. Aussi la doctrine allemande ancienne a proposé des projets
ressemblants15. Mais cette conception a été refusée par la
majorité. La discussion autour de cette proposition a montré que
le droit allemand ainsi que la doctrine ont des difficultés à
accepter deux patrimoines chez une personne physique sans que
le patrimoine séparé soit affecté à une personnalité juridique
nouvelle.
31Actuellement en droit allemand, il y a un manque d’instruments
assurant clairement et précisément la séparation des deux
patrimoines. De l’autre côté, on perçoit la nécessité d’offrir aux
entrepreneurs la possibilité de limiter leur responsabilité sans
qu’ils aient besoin de se procurer un capital social minimum. La
solution du problème ne consiste pas dans l’introduction d’un
“commerçant individuel bénéficiant d’une responsabilité limitée”
ou d’une autre conception qui ressemble au patrimoine
d’affectation à la française.
A – La fondation
16 Entwurf eines Gesetzes zur Modernisierung des GmbH-Rechts und zur
Bekämpfung von Missbräuchen.
1) la fondation
41Le problème concernant la société en formation se pose moins
dans la pratique que dans la théorie. Il s’agit de la GmbH et
de l’AG unipersonnelle entre la signature des statuts et
l’enregistrement au RCS (l’accomplissement de la fondation). La
société n’obtiendra la personnalité juridique qu’avec
l’enregistrement. Mais avec la signature des statuts, la société
existe déjà. En droit allemand, une société qui n’a pas la
personnalité juridique ne peut être fondée qu’avec au moins deux
associés. Comment faut-il alors qualifier juridiquement
la GmbH en formation unipersonnelle ? La société en formation
n’a pas encore la personnalité juridique car cela nécessite
l’enregistrement de la société. Elle ne peut pas être non plus
une Gesamthandgesellschaft car il n’y a qu’un associé (v. I 1 a).
Une doctrine minoritaire définit cet état particulier comme un
“patrimoine spécifique” du fondateur. Ainsi pourrait exister une
sorte de patrimoine d’affectation pendant la période de fondation
de la société. Le BGH et la doctrine majoritaire ne la suivent pas.
Le BGH évite toute discussion doctrinale et a décidé qu’il
s’agissait d’une forme juridique sui generis, qui a une
personnalité juridique partielle et à laquelle sont appliquées en
partie les dispositions de la société civile ( Gesellschaft
bürgerlichen Recht – GbR) et en partie les dispositions concernant
la GmbHou l’AG.
Bibliographie sélective
▪ Flume, Werner Bürgerliches Recht Allgemeiner Teil.
NOTES
3 Loi du 20/04/1982 concernant les GmbH dans l’édition de la
publication au Reichsgesetzblatt du 20/04/1892, p. 846. pour toutes
les lois citées (sauf ALR) voir http://www.gesetze-im-internet.de.
11 GREIFELDS, dictionnaire juridique.
AUTEURS
Kaspar Krolop
Wiss. Assistent, Juristische Fakultät, Institut für deutsches und europäisches Unternehmens,
Wirtschafts-und Arbeitsrecht, Lehrstuhl für Handels, Wirtschafts-und Arbeitsrecht Prof. Dr.
Christine Winbichler
Marion Bittlinger
Doctorante, Humboldt-Universität zu Berlin
Le patrimoine professionnel
Arnaud De Bissy, Constant Djama, Karim Amari et Grégoire Loustalet
p. 279-305
INTRODUCTION
1 Loi no 2007-211 du 19 février 2007, JO, 21/02/2007, p. 3052.
3 M. LEROY, “Le passif fiduciaire”, Droit & Patrimoine, no 171, juin 2008,
p. 585.
1La simple évocation du patrimoine “professionnel” choquera
nombre de juristes dans la mesure où on reconnaît implicitement
qu’un même individu pourrait avoir deux patrimoines, l’un privé
et l’autre professionnel, ceci en violation du principe d’unicité du
patrimoine en droit français. Or, selon ce principe, le patrimoine a
vocation à recevoir l’ensemble des biens présents et à venir d’une
personne, ce qui a notamment pour corollaire la responsabilité
illimitée aux dettes tant professionnelles que privées (selon
l’article 2284 du code civil en effet, “Quiconque s’est obligé
personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous
ses biens mobiliers et immobiliers, présents et à venir”). La
récente consécration par le droit français de la fiducie 1 ne porte
pas vraiment exception au principe de l’unicité du patrimoine, en
dépit de son extension aux personnes physiques 2, puisque le
constituant ne peut pas être le fiduciaire et qu’il répond des
dettes du patrimoine fiduciaire3.
2Pourtant, et c’est pour cela que nous en traitons dans le cadre
d’une publication consacrée au bicentenaire du code de
commerce, c’est le code de commerce lui-même qui, en son
article L. 123-12 alinéa 1 dispose que “Toute personne physique
er
I – RECONNAISSANCE DU
PATRIMOINE PROFESSIONNEL
PAR OPPOSITION AU
PATRIMOINE PRIVE ?
6La connaissance du patrimoine professionnel suppose que
soient tracées ses frontières. Comment faire la différence entre le
patrimoine professionnel et le patrimoine privé ? Les comptables,
rejoints par les fiscalistes, nous apprennent que c’est
l’entrepreneur individuel qui détermine librement les contours de
son patrimoine professionnel en prenant une décision
d’affectation (A). Par suite, ils vont au bout de leur logique et
considèrent qu’il peut y avoir des relations entre les deux
patrimoines ainsi identifiés, ce que les civilistes pourraient
appeler des “contrats avec soi-même”, entraînant des effets sur le
résultat de l’entité (B).
b) L’affectation matérielle
31Le critère de l’affectation matérielle est caractérisé par le fait
qu’il existe un lien plus ou moins fort entre un bien et l’activité
professionnelle. Ainsi cette affectation matérielle est, selon les
cas, caractérisée par la nécessité (i), l’utilité (ii) ou encore la cause
(iii).
i. L’affectation matérielle caractérisée par la nécessité
12 Ph. SIMLER, ibid.
18 Section 62 de l’IRC.
85Le Code civil est muet sur le principe de la validité des contrats
dans lesquels une même personne contracte seule sous deux
qualités distinctes, mais cette validité “est admise par la
jurisprudence, en l’absence de disposition générale contraire de
la loi. Ce n’est que dans des cas particuliers que le contrat avec
soi-même est prohibé (…) ou soumis à des conditions
particulières”24.
86Le “contrat avec soi-même” est donc prohibé, en principe,
lorsqu’une même personne agit sous une seule qualité pour le
droit civil. La notion fiscale de contrat avec soi-même recouvre
une réalité proche des hypothèses civilistes, sans pour autant être
similaire.
b) La notion fiscale de “contrat avec soi-même”
87On peut poser que la notion fiscale de contrat avec soi-même
est proche de la définition civiliste, en ce sens qu’une même
personne agit sous deux qualités distinctes, pour des patrimoines
d’affectation. Mais ces patrimoines d’affectation sont uniquement
reconnus par le droit fiscal, et permettent exclusivement de
calculer l’impôt.
25 Y. BENARD, “Patrimoine professionnel et dépenses déductibles : utilité
fait loi”, RJF, 7/06, Chron. (...)
II – GLISSEMENT DU
PATRIMOINE JURIDIQUE VERS
LE PATRIMOINE ECONOMIQUE ?
107Si l’on veut bien accepter l’idée d’un “patrimoine économique”
(formulation que les juristes jugeront hérétique, tant la notion de
patrimoine est par essence liée aux droits et obligations qu’il
renferme), il signifie que le bilan de l’entreprise n’est plus conçu
en termes juridiques (eu égard à la valeur intrinsèque des
éléments qu’il contient), mais en termes économiques (eu égard
aux avantages financiers générés par les éléments qui le
compose).
108Le droit comptable français a dû s’adapter aux évolutions
comptables internationales qui tendent vers un modèle unique
d’inspiration anglo-saxonne (A). Simple évolution ou véritable
révolution ? Nous essaierons de montrer que les évolutions du
droit comptable n’ont pas, pour l’heure, bouleversé les solutions
traditionnellement admises en droit positif (B).
53 G. CORNU, Droit civil, Les biens, Domat droit privé, 13ème éd., 2007,
no 4.
CONCLUSION
66 P. GOUR, Les biens professionnels : contribution à l’étude d’une notion
émergente en droit fiscal,(...)
2008, p. 585.
n 56991, RJ 12/90, n 1434.
o o
11 Ph. SIMLER, J. Class. Civil, Code, art. 1131 à 1133 du Code civil,
Fasc. 10, “Contrats et obligations – La cause – notion, preuve,
sanctions”, n 42.
o
12 Ph. SIMLER, ibid.
18 Section 62 de l’IRC.
p. 978, n 117.
o
53 G. CORNU, Droit civil, Les biens, Domat droit privé, 13 éd., 2007, ème
n 4.
o
AUTEURS
Arnaud De Bissy
Maître de Conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Constant Djama
Maître de Conférences en science de gestion à l’Université de Toulouse
Karim Amari
Allocataire de recherche chargé de travaux dirigés à l’Université de Toulouse
Grégoire Loustalet
Chargé de travaux dirigés à l’Université de Toulouse
p. 309-322
2Stabilité est en effet le mot qui convient car la stabilité n’est pas
l’immobilisme, elle exprime la capacité à maintenir une
permanence dans les fluctuations de l’environnement : c’est bien
la capacité illustrée par les tribunaux de commerce.
3Pourtant, dès leur création, ces juridictions d’exception se sont
heurtées à l’hostilité des juridictions de droit commun.
4Ainsi dès l’attribution du pouvoir juridictionnel de plein exercice
à la Bourse des Marchands de Toulouse par l’ Edit Royal de juillet
1549, enregistré par le Parlement en Décembre de la même
année, les conseillers au Parlement vont tenter de contrôler
l’élection des consuls, ces “pieds poudreux” dont le roi faisait des
magistrats ! Il faudra, sur l’insistance des marchands toulousains
une nouvelle lettre patente du Roi du 27 mai 1551pour mettre un
terme à cette tentative. Ainsi était posé dès l’aurore de cette
nouvelle juridiction un principe d’autonomie des sources de sa
légitimité fondée sur l’élection dont elle ne se départira pas tout
au long de sa longue histoire. Affirmation forte et originale d’une
oction démocratique sur la modernité de laquelle nous
reviendrons.
5Mais les juridictions inférieures, en l’occurrence les présidiaux,
cherchaient à récupérer l’appel des sentences consulaires alors
que l’édit Royal l’avait dévolu au Parlement. Cette procédure
aurait multiplié les appels pour les affaires importantes : devant
le présidial puis devant le Parlement. Les marchands Toulousains
font valoir auprès du Roi que l’on s’éloigne du principe posé par
l’ordonnance de 1549 de pouvoir procéder “sommairement sans
longue figure de procès”. Le Roi en convient et par un édit du 7
décembre 1551 écarte les présidiaux des affaires commerciales
confirmant les principes d’un seul degré d’appel et de procédures
rapides. A nouveau dès l’origine de nos juridictions les
marchands, soucieux d’efficacité – de modernité pourrait-on dire
– établissent les principes de la rapidité et de la simplicité de la
procédure pour les procès commerciaux que le droit processuel
prendra définitivement en compte.
6Une dernière image, enfin, qui est celle du lieu même de la
juridiction. L’Edit organique de juillet 1549 autorisait les
marchands à réclamer un immeuble indépendant aux Capitouls
toulousains, institution de démocratie municipale propre à la
ville. Ces derniers s’y refusent et leur tentative d’influence sur la
juridiction consulaire est telle que celle-ci en est réduite à tenir
ses délibérés dans des arrières-boutiques. Nouvel appel au Roi :
par lettre patente du 3 mai 1557 il ordonne une nouvelle fois aux
Capitouls d’accorder aux prieurs et aux consuls un immeuble
indépendant “tant pour le décorement de nostre dicte de ville de
Tholoze que pour l’utilité des dicts marchands ”. Rien n’y fait et il
faudra une nouvelle lettre du Roi, dans laquelle ce dernier
prudent précise que l’immeuble doit être propre et commode,
pour que enfin le 22 avril 1559 les Capitouls se rendent aux
injonctions sévères du Roi. L’institution s’insérait désormais dans
le tableau institutionnel de la Justice à l’égal des autres
juridictions.
1 C. SAINT ALARY-HOUIN, La Légitimité des Juges, p. 173, Presses de
l’Université des Sciences social (...)
I – UNE MODERNITÉ
RÉCURSIVE
13Du droit des marchands, élaboré sur la base d’usages, au droit
des affaires de notre temps composé de multiples dispositions
dont l’origine est nationale, européenne ou internationales,
l’environnement juridique de l’économie est marqué par une
sorte de course poursuite entre le développement des activités et
la nécessaire régulation de celles-ci. La solution des difficultés ne
peut attendre et c’est le Juge qui, le temps que la Loi étende son
domaine, assurera la légitimation ou le rejet, d’une pratique
nouvelle, d’une formulation inédite, créera même la procédure
judiciaire manquante.
14Tout au long de leur histoire les Tribunaux de commerce,
fondés sur leur plénitude de juridiction et le sens aigu des
nécessités de la vie économique, ont apporté à la construction du
droit des affaires maintes solutions juridiques ou procédurales
que la Loi entérinera par la suite (A). Mais leur rôle ne s’est pas
limité à cette seule fonction de réponse aux exigences de
modernités successives, ils ont aussi suscité la modernité en
enrichissant leurs procédures et le traitement des difficultés des
entreprises (B).
II – UN NOUVEL ELAN
A – Les problématiques nouvelles
5 P. BEZARD, Colloque Bicentenaire, déjà cité, p. 517.
Industrie et
31 %
manufactures…………………………...
Assurances………………………………………… 4 %
CONCLUSION
85Le constant effort des juridictions pour accompagner les
évolutions rapides et variées de l’économie doit prendre
aujourd’hui une nouvelle dimension. L’inflation juridique liée à la
multiplication des normes et le métissage juridique croissant lié à
la mondialisation augmentent le besoin de sécurité. C’est
l’exigence fondamentale du justiciable, relayée par les institutions
politiques nationales et internationales. En outre la stabilité
nécessaire aux flux économiques suppose cette sécurité au risque
de grands désordres ; on voit bien dans les crises actuelles la
carence inouïe des facteurs de sécurité.
86La sécurité ne s’obtient que par l’amélioration constante des
processus d’élaboration des décisions, c’est-à-dire par une
recherche permanente de la qualité.
87La qualité n’est pas qu’un mot, elle doit pouvoir se lire dans les
pratiques, on doit pouvoir en suivre la trace, en apprécier la mise
en oeuvre et la valeur. La Justice consulaire à son tour doit se
soumettre à cette exigence de la modernité. C’est ce que nous
entreprenons, c’est notre nouvelle frontière : Installer toute la
chaîne juridictionnelle consulaire, greffes, tribunaux,
administrateurs et mandataires dans une démarche d’acquisition
des normes de qualité.
88Déjà quelques juridictions, des greffes, de nombreux
mandataires et administrateurs se sont avancés dans cette voie.
Des groupes de travail communs viennent d’être créés à
l’initiative de la Conférence et réfléchissent d’ores et déjà à la
généralisation de ces démarches.
10 Guy HORSMANN, “Le sourire des hommes”, Colloque du Bicentenaire,
déjà cité, p. 157.
2 Ibid., p. 174.
3 Ibid., p. 181.
AUTEUR
Jacques Raibaut
Président de la Conférence Générale des Tribunaux de Commerce
La juridiction commerciale
d’un juge du commerce a un
juge de l’économie
(approche comparatiste)
Gérard Jazottes, Christine Mas-Bellissent, Sabrina Delrieu, Anna-Lisa De Grandi, Hélène Poujade,
Beyza Baydur, Laetitia Franck et Dominika Lawnicka
p. 323-330
I – L’ABSENCE DE MODELE
6Un examen rapide de certains systèmes juridiques nationaux
permet de se persuader de l’absence de modèle. Certains sont
dotés de juridictions commerciales ou économiques, aux
compétences diverses, mais qui ne présentent pas les
caractéristiques de nos tribunaux de commerce. Les autres ne
connaissent pas de juridictions affectées au contentieux
commercial ou économique, mais procèdent le plus souvent à une
spécialisation au sein des juridictions de droit commun pour
certaines catégories de contentieux de nature économique.
L’Histoire, les choix politiques, mais aussi, plus techniquement,
l’existence ou non d’une distinction entre droit commercial et
droit civil peuvent expliquer cette diversité.
II – L’EMERGENCE DE
TRAITS COMMUNS
16Cette diversité, connue et facile à constater, ne doit pas cacher
des points communs dans le traitement du contentieux
économique. Dans tous les systèmes juridiques présentés
précédemment, il est apparu nécessaire de confier le contentieux
économique ou, tout au moins, certaines de ses matières, à un
juge spécialisé, quel que soit son statut et sa place dans
l’organisation judiciaire. Cette présence constante d’un juge de
l’économie doit être précisée (A). Toutefois, ce contentieux n’est
pas confié à un seul juge. De nombreuses autorités, autre qu’un
tribunal au sens strict, exercent une magistrature économique (B).
A – La présence d’un juge de l’économie
19 M.-A. FRISON-ROCHE, Le modèle du marché, Arch. Phil. Droit, T. 40,
éd. Sirey, p. 286. Pour C. CHAMP (...)
1) La généralisation du phénomène
20 Règlement relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence
prévues aux articles 81 et 82 du tra (...)
2) La spécialisation
22 G. CANIVET, op. cit., no676.
19Le terme de spécialisation recouvre deux phénomènes. D’une
part, il est incontestable que le contentieux économique donne
lieu à une spécialisation qui consiste à attribuer le ou une partie
du contentieux économique à un juge déterminé, sans parler des
autorités de régulation. Cette spécialisation prend des formes
diverses : la création d’une véritable juridiction, autonome, ou
d’une section au sein d’une juridiction de droit commun, ou
encore l’élaboration d’une liste de matières confiées à un juge
particulièrement compétent et appartenant à une juridiction
organiquement non spécialisée. Cette spécialisation a pu être
qualifiée de “fondamentalement irréductible” par M. G. Canivet 22.
Elle résulte des besoins propres à ce type de contentieux : la
rapidité, la souplesse et une compétence particulière dans les
matières en cause.
23 Décret no 2005-1756 du 30 décembre 2005 fixant la liste et le ressort
des juridictions spécialisées (...)
2) La concurrence de l’arbitrage
25 Comme a pu le relever L. CADIET, “Ordre concurrentiel et
justice”, L’ordre concurrentiel, Mélanges (...)
26 CA Paris 19 mai 1993, Labinal, Europe 1993, no 300, obs. L. IDOT : “Si
le caractère de loi de polic (...)
p. 5.
p. 1.
26 CA Paris 19 mai 1993, Labinal, Europe 1993, n 300, obs. L. IDOT :
o
AUTEURS
Gérard Jazottes
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Christine Mas-Bellissent
Maître de conférences
Sabrina Delrieu
Docteur en droit
Anna-Lisa De Grandi
Allocataires-moniteurs
Hélène Poujade
Allocataires-moniteurs
Beyza Baydur
ATER
Laetitia Franck
Doctorantes (Faculté de Droit, UT1)
Dominika Lawnicka
Doctorantes (Faculté de Droit, UT1)
p. 331-348
4 P. 41.
I – L’ANTICIPATION : UN SOUCI
PARTAGE, UNE MISE EN OEUVRE
DIFFERENCIEE
27Il apparaît que le droit français, plus tôt que d’autres droits du
continent européen, a eu le souci de la prévention, de
l’anticipation des difficultés des entreprises. Cette recherche
récente est passée d’une volonté timide à un véritable objectif
servi par des moyens divers. Néanmoins, notre droit ne s’est
peut-être pas encore doté de toutes les mesures propres à
satisfaire cette ambition.
10 La présente étude a porté sur le droit allemand, le droit belge, le droit
espagnol, le droit itali (...)
28Cette recherche a été peu à peu partagée par nos voisins 10, qui
ont emprunté d’autres voies. Ce n’est en effet pas le droit
français qui a constitué la source principale d’inspiration, ce qui
ne surprendra pas, le droit français s’étant lui-même inspiré du
grand cousin d’Amérique, plus spécialement du fameux Chapter
Eleven et de la procédure de réorganisation instituée par celui-ci.
19 Cf. http://www.vbo-feb.be/index.htlm?file=2055.
23 Article 10 § 2 al. 3
24 M. TANGER, La faillite en Droit fédéral des Etats-Unis, Economica
2002, “Préface” J. LARRIEU, p. 60 à 81. La recevabilité de l’assignation
est subordonnée en principe à une introduction conjointe par au moins
3 créanciers dont l’ensemble des créances doit atteindre un certain
montant et être certaines et non litigieuses. Les créanciers doivent par
ailleurs démontrer un état de difficultés général du débiteur.
Il est singulier de constater que la procédure de suspension provisoire
des poursuites de l’ordonnance de 1967 pouvait elle aussi être ouverte
à l’initiative des créanciers dans des limites assez semblables : il fallait
en effet que le créancier ou le groupe de créanciers agissant
représentent au moins 15 % du montant des créances (Art. 7). Le
législateur américain ne se serait-il pas inspiré de l’ordonnance de
1967 !
AUTEUR
Francine Macorig-Venier
Professeur à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, CDA, UT1)
Prévention et sauvegarde
Jean-Bertrand Drummen
p. 349-354
La caractéristique première de la loi de sauvegarde du 26 juillet
2005entrée en vigueur le 1 janvier 2006 est d’avoir introduit
er
I – LA DETECTION
5Elle doit être active et s’effectuera notamment à partir des
éléments suivants :
la convocation du chef d’entreprise par le Président du Tribunal
et la concertation qui s’en suivra,
l’éventuelle investigation sur la situation économique et
financière de l’entreprise auprès des commissaires aux comptes,
des membres et représentants du personnel, des administrations
publiques, des organismes de sécurité sociale, des services chargés
de la centralisation des risques bancaires et des incidents de
paiement et de la société elle-même,
la procédure d’injonction pour la publication des comptes
annuels, le cas échéant, sous astreinte,
les différents signaux que sont les inscriptions de gages, de
nantissements, de prises de garanties, les ordonnances d’injonction
de payer à répétition,
les renseignements fournis par le Greffe à partir des ratios de
gestion,
l’alerte du Commissaire aux comptes qui est désormais tenu
d’impliquer davantage le Président du Tribunal de Commerce (ou du
Tribunal de Grande Instance).
II – LE TRAITEMENT
6Une première observation doit être faite : l’entretien ou les
entretiens qui suivront la convocation seront souvent salutaires
pour le chef d’entreprise car ils pourront être à l’origine d’une
prise de conscience de la situation de l’entreprise par son
responsable, lequel par ailleurs, sorti de son isolement, aura un
échange utile avec le juge de la prévention.
7Ceci étant, des outils sont mis à la disposition du Président du
Tribunal –ou du Tribunal– pour aider efficacement l’entreprise. Ce
sont : le mandat ad hoc (A), la conciliation (B) et la procédure de
sauvegarde proprement dite (C).
A – Le mandat ad hoc
8D’origine prétorienne, puisqu’il fut créé en 1984 par le Tribunal
de Commerce de Paris, le mandat ad hoc a aujourd’hui acquis ses
lettres de noblesse. L’article L. 611-3 de la loi de sauvegarde lui
est consacré et dispose que “le Président du Tribunal de
Commerce ou du Tribunal de Grande Instance peut, à la demande
du représentant de l’entreprise, désigner un mandataire ad
hoc dont il détermine la mission”.
9Ainsi, à la demande du responsable de l’entreprise en difficulté,
le Président du Tribunal de Commerce pourra désigner un
mandataire ad hocqui sera un professionnel qualifié, la plupart du
temps un administrateur judiciaire dont la mission définie dans
l’ordonnance de désignation par le Président résultera de
l’entretien que celui-ci aura eu avec le requérant (et ses conseils)
et du dossier qui lui aura été présenté.
10La mission est définie simplement, sans formalisme, elle
consistera souvent à aider l’entreprise à faire face à ses besoins
de trésorerie, à obtenir un rééchelonnement ou une remise de
dettes mais pourra être considérablement plus large et viser par
exemple la recapitalisation de l’entreprise, la recherche d’un
investisseur, l’apaisement d’un conflit entre associés ou encore le
règlement d’un conflit social.
11La mission dont la durée est fixée par l’ordonnance et peut être
prolongée est confidentielle. C’est là un point essentiel.
12La désignation du mandataire ad hoc n’interviendra que si
l’entreprise n’est pas en cessation de paiement. Le mandataire
sera tenu de le vérifier, en fera rapport au président comme il
tiendra informé régulièrement celui-ci de l’accomplissement de
sa mission.
13Enfin, la rémunération du mandataire sera convenue avec le
requérant et l’accord joint à l’ordonnance.
14Le mandat ad hoc rencontre un grand succès, plus de 60 % des
missions confiées à un mandataire ad hoc se terminent
heureusement.
B – La Conciliation
15L’article L. 611-4 du Code de Commerce définit cette procédure
comme il suit : “Il est institué devant le Tribunal de Commerce,
une procédure de conciliation dont peuvent bénéficier les
personnes exerçant une activité commerciale ou artisanale qui
éprouvent une difficulté juridique, économique ou financière,
avérée ou prévisible, et ne se trouvant pas en cessation de
paiements depuis plus de quarante-cinq jours”.
16Selon l’article L. 611-6, le Président du Tribunal est saisi par
une requête du débiteur exposant sa situation économique,
sociale et financière, ses besoins de financement ainsi que, le cas
échéant, les moyens d’y faire face. L’article 15 du décret énumère
les pièces devant être jointes à la requête (extrait K bis, état des
créances et des dettes –avec échéancier et liste des principaux
créanciers–, état actif et passif des sûretés et engagements hors
bilan, comptes annuels, tableau de financement, situation de
l’actif réalisable et disponible, valeurs d’exploitation exclues et
passif exigible des trois derniers exercices).
17L’article L. 611-6 alinéa 4 dispose que “la décision ouvrant la
procédure de conciliation n’est pas susceptible de recours”.
18L’objet de la conciliation vise à obtenir un accord avec les
principaux créanciers de l’entreprise destiné à mettre fin à ses
difficultés. Le conciliateur aura pour mission, selon les termes de
l’article L. 611-7 de “favoriser” la conclusion d’un tel accord. Il
pourra également présenter toute proposition se rapportant à la
sauvegarde de l’entreprise, à la poursuite de l’activité
économique et au maintien de l’emploi.
19Le conciliateur peut être proposé par le débiteur et désigné par
ordonnance, par le Président du Tribunal de Commerce. Il sera le
plus souvent comme le mandataire ad hoc un administrateur
judiciaire ; sa mission à bien des égards sera semblable.
Toutefois la mission du conciliateur sera plus encadrée et surtout
une conciliation pourra être ouverte si même le débiteur est en
cessation de paiement pourvu que celle-ci n’existe pas depuis
plus de 45 jours.
20Le débiteur conserve tous ses pouvoirs et n’est pas placé sous
la surveillance du conciliateur.
21La durée de la conciliation ne pourra excéder 4 mois avec le cas
échéant une prolongation d’un mois et se terminera en cas de
succès soit par un constat par le Président de l’accord obtenu ou
par son homologation à la demande du débiteur par le Tribunal
qui devra s’assurer qu’il permet la pérennité de l’entreprise.
22Procédure confidentielle, la conciliation perdra ce caractère s’il
y a homologation de l’accord par le Tribunal puisqu’il s’agira
alors d’un jugement avec la publicité qui l’accompagne.
23Sans doute est-ce cette publicité –laquelle ne concerne
d’ailleurs que le jugement homologuant l’accord et non celui-ci–
qui est redoutée car elle dévoile les difficultés de l’entreprise
concernée, ce qui explique que peu d’homologations sont
demandées par le débiteur alors pourtant que le privilège de
l’argent frais, la new money, en dépend.
24Notons également ici :
que l’accord homologué suspend toute action en justice, toute
poursuite –tant sur les meubles que sur les immeubles du débiteur–
dans le but d’obtenir le paiement des créances qui en font l’objet et
ce, pendant la durée de son exécution,
que les co-obligés et les cautions peuvent se prévaloir de
l’accord homologué,
que l’accord homologué entraîne la levée de plein droit de toute
interdiction d’émettre des chèques –conformément à l’article L.
131-73 du code monétaire et financier– mise en œuvre à l’occasion
d’un chèque émis avant l’ouverture de la procédure de conciliation
et que, le cas échéant, la date de cessation des paiements ne
peut être reportée à une date antérieure à la décision définitive
d’homologation.
(art 4).
28L’ordonnance désignant le conciliateur sera communiquée au
Parquet, ce qui n’est pas le cas pour l’ordonnance désignant un
mandataire ad hoc. Et la décision ouvrant la procédure de
conciliation n’est pas susceptible de recours (art L. 611-6).
29Enfin, comme pour le mandat ad
hoc, l’accord sur la
rémunération du conciliateur convenu avec le requérant sera
annexé à l’ordonnance de désignation.
C – La Sauvegarde
30C’est la mesure phare qui a donné son nom à la loi du 26 juillet
2005.
31La Sauvegarde est une procédure de prévention judiciaire mais
elle est aussi une procédure collective qui reprend bon nombre de
dispositions du redressement judiciaire.
32Selon l’article L. 620 – 1 du Code de Commerce “il est institué
une procédure de sauvegarde ouverte sur demande du débiteur
mentionné à l’article L. 620-2 qui justifie de “difficultés” qu’il
n’est pas en mesure de surmonter de nature à conduire à la
cessation des paiements. Cette procédure est destinée à faciliter
la réorganisation de l’entreprise afin de “permettre la poursuite
de l’activité économique, le maintien de l’emploi et l’apurement
du passif”. “La procédure de sauvegarde donne lieu à un plan
arrêté par jugement à l’issue d’une période d’observations et le
cas échéant à la constitution de deux comités de créanciers,
conformément aux dispositions des articles L. 626-29 et L. 626-
30”.
33L’ouverture de la procédure intervient donc à l’initiative du
débiteur ou plus précisément du débiteur potentiel puisque la
cessation des paiements n’existe pas lors de la demande
d’ouverture de la procédure et que celle-ci a pour objet de
l’éviter.
34Le plan de sauvegarde qui ne pourra excéder une durée de 10
ans sera arrêté par le Tribunal après la période d’observation à
laquelle il mettra fin et le plan qui est un plan de continuation
sera opposable à tous.
35Il est important de souligner que la contractualisation est la
voie choisie par le législateur pour remédier aux difficultés des
entreprises et, à cet égard, le rôle confié aux comités de
créanciers, établissements de crédit et fournisseurs, dans la
phase d’élaboration et d’adoption du plan, doit être réel.
36Si la procédure de sauvegarde a un peu tardé à s’imposer, le
recours à cette procédure semble s’être accentué depuis le
second semestre 2006 ainsi que l’observe Monsieur Xavier de
Roux dans le rapport d’information sur la mise en application de
la loi de sauvegarde des entreprises , déposé par la Commission
des lois de l’Assemblée Nationale, enregistré à l’Assemblée le 31-
01-2007 et présenté par ses soins.
1 Page 41 du rapport.
2 Page 42 du rapport.
2 Page 42 du rapport.
3 page 43 du rapport.
4 Page 43 du rapport.
5 Page 44 du rapport.
AUTEUR
Jean-Bertrand Drummen
Président du Tribunal de Commerce de Nanterre
Relations du droit pénal et
du droit des affaires dans les
procédures collectives
Christophe Léguevaques
p. 355-358
Le droit allemand de
l’insolvabilité et
l’anticipation des difficultés
des entreprises
Laetitia Franck
p. 359-364
Bien que le législateur ait souhaité anticiper les difficultés des
entreprises pour éviter les procédures tardives, le droit allemand
de l’insolvabilité ne prévoit pas de système de prévention des
difficultés en amont de la procédure collective, tels que le
mandat ad hoc prévu par le droit français par exemple1.
2 Publiée au Bundesgesetzblatt, 1994 I S. 2866.
A – L’incapacité de payer
4 § 17 Inso.
5 § 130 HGB, Il en est de même pour les sociétés dont aucun associé
n’est une personne physique.
7 § 17 al. 2
C – Le surendettement (Überschuldung)
22 § 19 al. 2, InsO : le surendettement existe, quand le patrimoine du
débiteur ne couvre plus les de (...)
II – LES CONSEQUENCES
PRATIQUES DE LA DIVERSITE
DES CRITERES D’OUVERTURE
26La multiplicité des critères fait l’objet de nombreuses critiques.
Ces dernières concernent notamment la difficulté qu’il existe de
distinguer les deux critères permettant l’ouverture anticipée de la
procédure (A). Toutefois, les statistiques tendent à montrer un
résultat plutôt encourageant (B).
4 § 17 Inso.
5 § 130 HGB, Il en est de même pour les sociétés dont aucun associé
n’est une personne physique.
7 § 17 al. 2
32 § 26 InsO.
AUTEUR
Laetitia Franck
LL. M. (Osnabrück). Doctorante en droit comparé (Faculté de Droit, Université Nancy
2/Université de la Sarre)
p. 367-376
Ce texte a été élaboré avec la participation de Mme Céline CASTETS-
RENARD (Maître de conférences, Université de Toulouse) et de Melle
Sabrina BRINGUIER (doctorant, ATER à l’Université de Toulouse).
Qu’elles en soient ici vivement remerciées.
1Le bicentenaire du Code de commerce est manifestement
propice à la réflexion doctrinale, et à l’expression de positions
parfois vives. L’opinion est assez largement répandue que le
Code de commerce est un instrument obsolète, lacunaire. Ce
dernier point, à savoir que le Code de commerce ne comprend
pas l’ensemble du droit des affaires, incite habituellement à
réfléchir, non pas sur le contenant (un Code incomplet, souvent
peu cohérent), mais sur le contenu théorique (le droit des affaires
en général).
2Il s’agirait donc d’évaluer, non pas seulement
l’internationalisation des sources des règles du Code de
commerce, mais plutôt l’internationalisation du droit des affaires.
A cet égard, il apparaît effectivement vain et connu de constater
que certaines règles du Droit français sont clairement issues
d’instruments internationaux. Il semble plutôt pertinent de
s’intéresser à l’influence que peuvent exercer les situations
internationales sur les règles de droit français. Par exemple, en
matière d’émission d’obligations, notre ordre juridique prévoit
des règles différentes selon que la société émet l’emprunt à
l’étranger ou en France (article L. 228-90 du Code de commerce :
la société émettrice d’obligations ne peut pas réunir les porteurs
en une masse lorsque l’emprunt est émis à l’étranger).
3Toutefois, une réflexion sur les sources peut s’avérer fructueuse,
si son objet concerne, non pas le droit des affaires, mais bien le
Code de commerce lui-même, en tant qu’instrument regroupant,
ne serait-ce que partiellement, des matières extrêmement
diverses telles que la comptabilité des commerçants, le statut des
agents commerciaux, les sociétés à responsabilité limitée, les
valeurs mobilières, les ventes aux enchères publiques, la lettre de
change, les difficultés des entreprises, ou encore les juridictions
consulaires.
4La particularité, pour rester neutre, du Code de commerce en
tant qu’instrument réside en ce que, non seulement il touche à de
nombreuses matières, mais surtout en ce que certaines des règles
qu’il contient sont de source interne, et d’autres sont de source
internationale. Il ne s’agit pas bien sûr d’effectuer un
recensement des normes contenues dans le Code en fonction de
leur source. Néanmoins, un tel recensement peut présenter une
utilité dans le cadre d’une appréciation de la pertinence d’un
instrument tel que le Code.
5En effet, s’il s’avère que le Code rassemble une majorité de
règles de source internationale, quelle serait l’utilité de les
regrouper dans un instrument national, si ce n’est pour maintenir
l’apparence d’une construction juridique traditionnelle ? Au
contraire, si les règles de source internationale contenue dans le
Code sont minoritaires, alors un Code national peut garder une
raison d’être.
6L’analyse sera menée à partir de deux exemples topiques, car
parfaitement révélateurs de l’extrême diversité des normes
contenues dans le Code, parfois au mépris de toute logique.
L’étude concernera ainsi le droit de la concurrence (réglementé
aux articles L. 410-1 et s. du Code de commerce), ainsi que le
droit des sûretés (contenu pour partie dans le Code de commerce,
aux articles L. 521-1 et s.).
7Le choix de ces matières est bien sûr empreint d’un certain
arbitraire. Il aboutit cependant à étudier deux des matières dont
le régime est le plus susceptible d’être bouleversé par
l’intervention d’un élément d’extranéité, soit parce que les
frontières géographiques ne signifient plus rien (c’est le cas du
droit de la concurrence), soit parce que les territoires nationaux
constituent encore théoriquement des barrières infranchissables
(c’est le cas du droit des sûretés).
8Il sera notamment constaté que la pertinence d’un instrument
national ne dépend pas vraiment de l’instrument lui-même, mais
bien plutôt de la matière considérée : l’insertion d’un droit de la
concurrence de plus en plus internationalisé dans un Code
national apparaît ainsi de plus en plus contestable (I), tandis que
ce même Code peut être un réceptacle acceptable pour des règles
relatives aux sûretés (II).
I – LE DROIT DE LA
CONCURRENCE DANS LE CODE
DE COMMERCE : UNE INSERTION
CONTESTABLE
2 U. IMMENGA, “Le droit de la concurrence dans l’économie
globale”, Philosophie du droit et droit éco (...)
CONCLUSION
40En conclusion, il est difficile d’énoncer une proposition
unitaire. Le Code de commerce regroupe-t-il des règles de
source internationale ? Oui en droit de la concurrence, non en
droit des sûretés.
41En revanche, il est possible d’affirmer qu’un Code national ne
constitue pas, en tant que tel, une entrave à une coordination
inter-étatique réaliste des règles. Un Code national devient inutile
en cas d’unification totale des législations nationales : cela sera
vraisemblablement un jour le cas s’agissant du droit de la
concurrence. Un Code national n’empêche pas une harmonisation
des législations nationales, autour de standards minimums ou de
règles de reconnaissance : le droit des sûretés, dont une
unification totale paraît extrêmement délicate, ne souffre donc
pas d’être inclus dans le Code de commerce.
42Comme le Droit en général, le Code de commerce n’est que le
reflet de choix politiques, économiques ou sociaux d’un pays,
d’une société. Il n’est donc en lui-même, ni un accélérateur, ni un
frein à une collaboration inter-étatique…
NOTES
2 U. IMMENGA, “Le droit de la concurrence dans l’économie
globale”, Philosophie du droit et droit économique – Quel dialogue ?
Mélanges en l’honneur de Gérard Farjat, éd. Frison-Roche, 1999,
p. 405 s. ; C. PRIETO, “Quelle concurrence face à la mondialisation
économique ? L’Europe entre audace et ralliement”, RDLC, n 1, 2005,
o
AUTEURS
Michel Attal
Maître de conférences à l’Université de Toulouse (Faculté de Droit, IRDEIC, UT1)
Avocat à la Cour
Céline Castets-Renard
Maître de conférences à l’Université de Toulouse
Sabrina Bringuier-Fau
Doctorant, ATER à l’Université de Toulouse
p. 379-383
AUTEUR
Arnaud Raynouard
Professeur à l’université de Toulouse (Faculté de Droit, IRDEIC, UT1)
Le Code de commerce au
Japon : une brève histoire ou
le Code sans esprit
Jean-Louis Halperin
p. 387-396
I – UNE CONCEPTION
ECLECTIQUE
3Pour comprendre le Code de commerce japonais de 1899
(ou Shoho), il faut revenir à la personnalité de Roesler, à ses
objectifs et au contexte de l’ère du Meiji au Japon
4 R. DOMINGO, “Hermann Roesler (1834-1894)”, R. Domingo,
(ed), Juristas universales, Madrid-Barcelon (...)
II – DE LA REVISION A LA
DECODIFICATION
15L’histoire des transformations de ce Code de commerce jusqu’à
nos jours nous paraît aussi digne d’intérêt dans une comparaison
avec les destinées de notre code de commerce. Plus que les codes
civils, les codes de commerce sont susceptibles de révisions
précoces. Ce fut le cas en France avec la réforme de 1838 sur la
faillite.
11 R. CLARK, The Japanese Company, New Haven-London, Yale
University Press, 1979, p. 23-24, 41-42.
p. 216-262.
AUTEUR
Jean-Louis Halperin
Professeur à l’École normale supérieure, UMR CNRS 7074 – Centre Théorie et Analyse du
Droit
p. 397-399
II – INVESTISSEMENTS DIRECTS
ETRANGERS EN FRANCE
16Aujourd’hui, la France reste un pays qui attire pour les
investissements étrangers. Elle conserve la deuxième position
pour l’implantation d’investissements directs étrangers en Europe
– juste derrière le Royaume Uni – et se place au troisième rang
des économies développées derrière les Etats-Unis et le
Royaume-Uni.
17Parmi les implantations étrangères, la France n’accueille que
57 % de nouvelles implantations, le reste correspondant à des
extensions d’implantations existantes.
18En termes de création d’emplois, en 2006 les investissements
en France ont en moyenne créé 53 emplois par projet contre 101
au niveau européen.
19La France occupe ainsi le dixième rang pour les pays d’accueil
en termes de création d’emplois derrière la Pologne et la
Slovaquie. Cela peut s’expliquer par l’importance des extensions
d’implantations existantes et un nombre d’implantations
nouvelles plus restreintes.
20Selon les statistiques préliminaires des Nations Unies, la France
a bénéficié en 2006 d’un total d’investissements directs étrangers
de 88 milliards de dollars.
2156 % de l’investissement direct étranger en France est d’origine
européenne, contre 14,3 % en Allemagne et 9,9 % pour le
Royaume Uni.
22Les entreprises américaines conservent leur position de premier
investisseur en France (23,8 % des emplois créés).
23Viennent ensuite l’Allemagne, puis le Royaume Uni et la Suède.
24En ce qui concerne la région d’accueil, viennent en tête par
ordre d’importance :
l’île de France,
Rhône,
Alpes,
Alpes de Haute Provence,
Côte d’Azur.
27La France ne brille pas dans tous ces domaines. Bien que des
réformes aient été entreprises, il y a encore un bon bout de
chemin à faire, et surtout en ce qui concerne le droit du travail, la
fiscalité et la facilité de création d’entreprises où d’autres états
présentent un image considérablement plus favorable que la
France.
28En fait aujourd’hui on peut même se poser la question de
savoir pourquoi la France attire autant d’investissements avec un
climat réglementaire fiscal et social qui n’est pas le plus attractif
pour les investisseurs étrangers ?
29La France est, néanmoins, un pays avec une très bonne
infrastructure et une maind’oeuvre de gens très compétents. Son
Code de commerce établit une base juridique solide et équitable
pour les actes de commerce.
30Il est peu pensable pour une société avec une envergure
internationale de ne pas avoir une implantation en France.
31On pourrait dire aujourd’hui que la France ne rayonne pas
forcément grâce à son climat réglementaire fiscal et social, mais
malgré les inconvénients que cela implique.
AUTEUR
George Yates III
Orrick, Association d’Avocats au Barreau de Paris
Conclusion
Corinne Saint-Alary-Houin
p. 401-402
Au terme de ces échanges, “la malédiction”1 dont semblaient être
frappés les codes de commerce français a été levée. Le Code de
commerce de 1807 s'est révélé être un code utile, pratique, qui a
consacré le particularisme de la matière commerciale et qui a
justifié l'autonomie de son enseignement dès le XIX siècle. Son ème
AUTEUR
Corinne Saint-Alary-Houin
Professeur à l’Université de Toulouse
Directrice du Centre de droit des affaires (Faculté de Droit, CDA, UT1)