Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
• Régime parce qu’il constitue un corps de règles cohérent, qui occupe près d’un
chapitre du Code civil.
Il ne doit cependant pas être considéré comme un régime matrimonial, qui soit
suffisant pour organiser les rapports pécuniaires des époux entre eux et à l’égard
s os
des tiers (v. s n 120.10 s.). Les conjoints devront nécessairement soumettre
leur union à l’un des régimes matrimoniaux visés par les articles 1387 et suivants
du Code civil. C’est pourquoi certains auteurs préfèrent parler de « statut
impératif de base » pour désigner les articles 214 à 226 du Code civil (1).
En outre, la loi du 3 décembre 2001 (2) est venue instituer en faveur du conjoint
survivant, à l’article 763 du Code civil, un droit au logement temporaire qui est à
la fois un effet direct du mariage et un droit impératif; cela représente une sorte
de prolongement matériel du régime primaire, qui survit à la dissolution du
mariage, à raison de la protection spécifique de l’habitation principale effective du
s o
conjoint survivant (v. s n 113.71).
• Primaire, le statut organisé par les articles 214 à 226 du Code civil se borne à
énoncer des principes élémentaires.
Ces principes sont pour la plupart de nature patrimoniale; mais ils sont en
relation si étroite avec la conception extrapatrimoniale du mariage qu’ils ont été
er
appelés au titre V du livre I du Code civil, sous l’intitulé « Du mariage », et non
au titre V du livre III, consacré à la question « Du contrat de mariage et des
régimes matrimoniaux ». Cette singularité autorise à prêter au régime primaire
une nature ambivalente, en considérant qu’il relève à la fois du droit du mariage
et du droit des régimes matrimoniaux.
En pratique, les règles du régime primaire exercent d’ailleurs une très forte
influence sur la vie de tous les jours des couples mariés. Leur incidence est sans
doute plus sensible que celle du régime matrimonial proprement dit.
• Impératif, le régime primaire l’est aux termes de l’article 226 du Code civil, qui
énonce :
« Les dispositions du présent chapitre, en tous les points où elles ne réservent
pas l’application des conventions matrimoniales, sont applicables, par le seul effet
du mariage, quel que soit le régime matrimonial des époux ». C’est la raison pour
laquelle on ne peut pas déroger par convention aux dispositions du régime
primaire. En particulier, les conventions matrimoniales doivent s’y conformer.
Notes
o
(1) V. NOT., Rép. civ., v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], et les auteurs cités.
o
(2) L. n 2001-1135, 3 déc. 2001, relative aux droits du conjoint survivant et des
enfants adultérins et modernisant diverses dispositions de droit successoral, JO
4 déc., p. 19279.
o
(3) L. n 2002-73, 17 janv. 2002, de modernisation sociale, JO 18 janv., p. 1008.
La jurisprudence admet donc que les dispositions des articles 214 à 226 du Code
civil s’appliquent immédiatement à tous les époux, sans égard pour la date de
leur mariage (1).
Notes
re o o
(1) EN CE SENS, V. Civ. 1 , 25 janv. 2005, n 96-19.878 , Bull. civ. I, n 35;
o
JCP 2005. I. 163, n 11, obs. Ph. Simler; Gaz. Pal. 2005. 3464, note G. Deharo;
o
AJ fam. 2005. 280, obs. P. Hilt ; Dr. fam. 2005, n 95, note V. Larribau-
Terneyre; D. 2005. Somm. 458, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; AJ fam.
2005. 234, obs. F. Chénedé ; RTD civ. 2005. 368, obs. J. Hauser ; 439, obs.
M. Grimaldi .
• Le droit commun du régime primaire est destiné à régler les principes
fondamentaux de la vie patrimoniale du couple marié.
L’autonomie de chaque conjoint trouve son expression aussi bien dans la vie
s os s
quotidienne (v. s n 114.10 s.) que dans la vie professionnelle (v. s
os
n 115.11 s.). En cas de crises conjugales de toutes natures, le régime
primaire impératif prévoit une gamme étudiée de modifications du jeu des règles
normales, soit par une extension des pouvoirs d’un époux, soit par une
s os
restriction des pouvoirs de l’autre (v. s n 116.11 s.).
Section 0 - Orienteur
111.01. Textes applicables.
C. civ., art. 220 et 226
C. civ., art. 220
Chacun des époux a pouvoir pour passer seul les contrats qui ont pour objet
l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants : toute dette ainsi contractée
par l’un oblige l’autre solidairement.
Elle n’a pas lieu non plus, s’ils n’ont été conclus du consentement des deux
époux, pour les achats à tempérament ni pour les emprunts, à moins que ces
derniers ne portent sur des sommes modestes nécessaires aux besoins de la vie
o
courante (L. n 2014-344, 17 mars 2014, art. 50) « et que le montant cumulé de
ces sommes, en cas de pluralité d’emprunts, ne soit pas manifestement excessif
eu égard au train de vie du ménage ».
C. civ., art. 226
Les dispositions du présent chapitre, en tous les points où elles ne réservent pas
l’application des conventions matrimoniales, sont applicables, par le seul effet du
mariage, quel que soit le régime matrimonial des époux.
111.02. Jurisprudence de référence.
> L’article 220 du Code civil s’applique à toute dette même non
contractuelle ayant pour objet l’entretien du ménage ou l’éducation des
enfants
re o
• Civ. 1 , 7 juin 1989, n 87-19.049, NP
s os
* V. s n 111.32 et 111.33
Attendu que ce texte, qui fait peser sur les époux une obligation solidaire, a
vocation à s’appliquer à toute dette même non contractuelle ayant pour objet
l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants; […]. »
> Dans les rapports entre deux concubins, l’article 220 est naturellement
inapplicable
re o o
• Civ. 1 , 11 janv. 1984, n 82-16.198, Bull. civ. I, n 12
s o
* V. s n 111.92
« Attendu que, pour condamner M. X, l’arrêt énonce qu’il n’apporte pas la preuve
que son épouse ait effectué, à l’époque des emprunts, des dépenses à usage
exclusivement personnel;
> L’obligation solidaire des époux dure jusqu’à ce que le divorce soit
transcrit en marge des registres d’état civil
re o
• Civ. 1 , 7 juin 1989, n 87-19.049, NP
s os
* V. s n 111.32 et 111.33
Attendu qu’en se déterminant ainsi, bien que le divorce ne soit opposable aux
tiers qu’à partir du jour où les formalités de mentions en marge prescrites par les
règles de l’état civil, ont été accomplies, la cour d’appel a violé le texte susvisé. »
111.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisables. Rép. civ., v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-J.
os
Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 163 s. – J.-Cl. Civ., F. Lefebvre,
o
art. 213 à 226, fasc. 20, n 40.
Ouvrages (1).
e
J. FLOUR et G. CHAMPENOIS, Les régimes matrimoniaux, 2 éd., coll. « U »,
A. Colin Éd., 2001 – F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes
e os
matrimoniaux, 7 éd., « Précis », Dalloz, 2015, n 79 s.
Articles.
C. Alleaume, « Achats à crédit et solidarité des époux », Dr. fam. 1999. Chron. 5
– M.-P. Baudin-Maurin, « L’avènement de la notion de dette ménagère “à
crédit” », RRJ 2000. 1471 – Ph. Daviaud, « De l’entretien du ménage aux besoins
de la vie courante (article 220 du Code civil) », D. 2003. Chron. 848 – A. Karm,
« Permanence et évolutions du régime primaire depuis 1965 », JCP N 2015. 1120
– J. Lasserre Capdeville et E. Naudin, « La modification de l’article 220 du Code
civil par la loi du 17 mars 2014 », D. 2014. 1606 – N. Rzepecki, « Les
opérations de crédit et la solidarité ménagère de l’article 220 du Code civil », JCP
o
1999. I. 148 – M. Vion, « Les dispositions transitoires de la loi n 85-1372 du
23 décembre 1985 relative à l’égalité des époux », Defrénois 1986. 81 –
G. Yamba, « Le sort de la solidarité ménagère en cas de séparation des époux »,
JCP N 1996. 148 – Dossier « Charges du ménage », AJ fam. 2015. 316 .
Thèses.
M. Martinez, Le train de vie en droit privé, th. Bordeaux, 2016 – N. Mouligner, Le
os
bail des époux, th. Limoges, 2003, n 51 s. – O. Vergara, L’organisation
patrimoniale en couple, th., coll. « Doctorat et Notariat », Defrénois, 2017.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des auteurs
figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les seuls noms des
auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
111.04. Questions essentielles.
> L’article 220 du Code civil édicte deux règles primordiales caractéristiques des
gens mariés, qui ménagent l’égalité entre les époux et augmentent le crédit du
foyer :
– la faculté pour chacun des époux de passer seul les dettes ménagères
s os
* V. s n 111.11 à 111.13
> La jurisprudence, nombreuse sur cette question, s’est formé une conception
extensive du champ de la solidarité, pourvu que la dette en cause présente un
caractère ménager suffisamment marqué.
s os
* V. s n 111.41 à 111.81
– soit l’éducation des enfants (il s’agit de l’éducation de l’enfant, et non de son
établissement).
s os
* V. s n 111.71 à 111.73
111.06. Esprit.
Les exigences de la vie quotidienne du couple, voire l’obligation de pourvoir aux
besoins matériels et à l’éducation des enfants s’il en naît, ont rendu nécessaire la
recherche d’une certaine marge d’action autonome qui engage cependant les
deux époux.
111.07. Histoire.
L’exacte égalité des époux qui apparaît d’emblée dans l’économie de l’article 220
du Code civil (et que l’on retrouvera dans l’article 214 du même code) n’a pas
toujours été de droit. Elle est le terme d’une évolution historique qui a vu reculer
progressivement la prépondérance maritale et, de façon corrélative, le pouvoir
ménager de la femme mariée.
D’un côté, en effet, la femme mariée a longtemps été investie d’une magistrature
domestique qui traduisait le rôle subsidiaire où son statut juridique prétendait la
confiner. Cette fonction ménagère, constamment reconnue à la femme avant la
loi du 13 juillet 1965, s’était adaptée aux évolutions successives du statut
juridique de la femme mariée. Tant que l’épouse était frappée d’incapacité, il était
convenu de faire reposer son pouvoir domestique sur la technique d’un mandat
tacite, justifiable par le principe suivant lequel aucune capacité n’est requise en la
personne du mandataire. Une fois acquise la capacité de principe de la femme
mariée par la loi du 18 février 1938, la loi du 22 septembre 1942 vint organiser
un système de représentation légale en énonçant que « la femme mariée a, sous
tous les régimes, le pouvoir de représenter le mari pour les besoins du ménage et
d’employer pour cet objet les fonds qu’il laisse entre ses mains ». En somme, si
l’explication a pu varier, la solution a duré jusqu’à la loi du 13 juillet 1965.
Surtout, la jurisprudence d’abord et la loi du 22 septembre 1942 ensuite admirent
que les actes accomplis au titre de ce pouvoir domestique engageaient le mari à
l’égard des tiers, sauf pour lui à révoquer le mandat tacite ou légal, ce qu’il lui
était loisible de faire ad nutum.
D’un autre côté, les textes imposaient au mari, avant que l’article 214 du Code
civil ne fût raccourci par la loi du 11 juillet 1975, une contribution supérieure aux
charges du mariage. L’article 214 édictait alors aux alinéas 2 et 3 : « Les charges
du mariage incombent au mari à titre principal. Il est obligé de fournir à la femme
tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie selon ses facultés et son état
». Au mari, en somme, de poser principalement le train de vie du ménage en sa
qualité de chef de famille, même si les deux époux devaient déjà contribuer à
s os
proportion de leurs facultés respectives (v. s n 112.11 s.).
Il n’est pas certain que la répartition légale des rôles avant l’entrée en vigueur
des lois du 13 juillet 1965 et 11 juillet 1975 eût concordé avec toutes les
pratiques sociales de l’époque. En tout cas, son économie déséquilibrée n’a pu
que heurter les conceptions de l’opinion contemporaine. Et dans la période
récente, l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe a surenchéri sur ce
mouvement égalitaire.
la faculté de passer seul des contrats ayant pour objet l’entretien du ménage et
l’éducation des enfants;
le droit de déclencher de ce fait la solidarité des époux, pourvu que la dette qui
en résulte remplisse certaines conditions.
En toute logique, les exigences de cet article, s’agissant d’un texte d’exception,
devraient être interprétées strictement par la jurisprudence. On observe
cependant une tendance des juges à étendre le champ de la solidarité en se
livrant à une interprétation indulgente des conditions requises.
Notes
re o
(1) Civ. 1 , 7 juin 1989, n 87-19.049 , NP; D. 1990. 21 note J. Massip .
111.33. Illustrations.
La Cour de cassation a ainsi laissé jouer la solidarité légale dans les cas suivants :
Notes
re o s o
(1) Civ. 1 , 9 oct. 1991, n 89-16.111 , préc. s n 111.33.
re o
(2) Civ. 1 , 9 janv. 2008, n 06-21.095 , NP; D. 2008. Pan. 1792, obs. J.-
J. Lemouland et D. Vigneau ; AJ fam. 2008. 128, obs. P. Hilt ; Dr. fam. 2008,
o
n 24, note V. Larribau-Terneyre; RJPF 2008-5/19, obs. F. Vauvillé.
1 - Notion d’entretien du ménage
111.51. Entretien actuel, futur, voire éventuel.
La jurisprudence ne se montre guère exigeante, non plus, sur l’immédiateté de
l’entretien du ménage. La Cour de cassation observe que l’article 220 n’opère
aucune distinction entre l’entretien actuel et futur du ménage (1). C’est encore
une interprétation extensive du champ de la solidarité, pourtant exceptionnelle en
droit civil. En effet, les cotisations d’assurance-vieillesse ne déboucheront sur une
pension que dans l’avenir. Qui plus est, la destination en est par force très
incertaine, car il n’est pas dit que l’union matrimoniale aura survécu au moment
du service de la pension. Il s’agit donc plutôt, en vérité, de l’entretien éventuel
du ménage.
Notes
re o s os
(1) Civ. 1 , 9 oct. 1991, n 89-16.111 , préc. s n 111.33 et 111.41.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 16 avr. 1996, n 94-13.803 , Bull. civ. I, n 180; JCP 1996. I. 3962,
o
n 3, obs. G. Wiederkehr; Defrénois 1996. 1443, obs. G. Champenois; RTD civ.
1996. 584, obs. J. Hauser – Sur la prise en compte de telles cotisations lors de
re o o
la liquidation, Civ. 1 , 23 mai 2006, n 05-11.512 , Bull. civ. I, n 259; D. 2006.
o
IR 1634 ; JCP 2006. I. 193, n 11, obs. Ph. Simler; RTD civ. 2008. 141, obs.
re o o
B. Vareille – Civ. 1 , 31 oct. 2007, n 06-18.572 , Bull. civ. I, n 333;
D. 2007. AJ 2879 ; AJ fam. 2007. 483, obs. P. Hilt ; RTD civ. 2008. 141, obs.
B. Vareille .
re o o
(2) Civ. 1 , 4 juin 2009, n 07-13.122 , Bull. civ. I, n 118; D. 2010. Pan. 728,
o
obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2009. 54, obs. M. Billiau; 391, n 1,
re
1 esp., obs. G. Wiederkehr; AJ fam. 2009. 303, obs. F. Chénédé ; Dr. fam.
o
2009, n 100, obs. V. Larribau-Terneyre; Defrénois 2009. 2184, obs. J. Massip;
o
Defrénois 2010. 333, obs. G. Champenois; RLDC 2009/63, n 3542, obs.
E. Pouliquen; RJPF 2010-1/23, obs. F. Vauvillé; Gaz. Pal. 23 janv. 2010; RTD civ.
2010. 800, obs. B. Vareille .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 11 janv. 1984, n 82-15.461 , Bull. civ. I, n 13; Gaz. Pal. 1984.
re
Pan. 206, obs. M. Grimaldi; Defrénois 1984. 933, obs. G. Champenois – Civ. 1 ,
o o
4 juill. 2006, n 03-13.936 , Bull. civ. I, n 351; D. 2007. Pan. 1567, obs. J.-
J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2006. I. 193, obs. G. Wiederkehr; AJ fam.
o
2006. 329, obs. F. Chénedé ; Dr. fam. 2006, n 83, note V. Larribau-Terneyre;
o
RJPF 2006-11/21, obs. F. Vauvillé; RLDC 2006, n 30, p. 12, note S. Doireau;
RTD civ. 2006. 811, obs. B. Vareille .
re o
(2) Civ. 1 , 29 mai 2001, n 99-15.415 , NP; RJPF 2001/12-19, obs.
F. Vauvillé; Defrénois 2002. 400, obs. G. Champenois; RTD civ. 2002. 556, obs.
B. Vareille .
re o
(3) Civ. 1 , 28 sept. 2004, n 02-17.469 , NP; D. 2005. Somm. 817, obs. J.-
o
J. Lemouland et D. Vigneau ; Dr. fam. 2004, n 195, obs. V. Larribau-Terneyre;
o
CCC 2005, n 18, note G. Raymond; RTD civ. 2005. 170, obs. B. Vareille .
Notes
re o s o re
(1) Civ. 1 , 11 janv. 1984, n 82-15.461 , préc. s n 111.53 – Civ. 1 , 4 juill.
o o
2006, n 03-13.936 , Bull. civ. I, n 351; D. 2007. Pan. 1567, obs. J.-
J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2006. I. 193, obs. G. Wiederkehr; AJ fam.
o
2006. 329, obs. F. Chénedé ; Dr. fam. 2006, n 183, note V. Larribau-Terneyre;
RJPF 2006-11/21, obs. F. Vauvillé; LPA 15 oct. 2007, note J. Antippas; RTD civ.
2006. 811, obs. B. Vareille .
Notes
(1) Font ainsi clairement partie des dettes solidaires celles relative à la santé d’un
re o o
époux : Civ. 1 , 17 déc. 2014, n 13-25.117 , Bull. civ. I, n 212; Dalloz
actualité, 9 janv. 2015, obs. R. Mésa; D. 2015. 1408, obs. J.-J. Lemouland et
D. Vigneau ; ibid. 2094, obs. J. Revel ; AJ fam. 2015. 109, obs. P. Hilt ; RTD
o
civ. 2015. 116, obs. J. Hauser ; JCP 2015, n 253, note J. Casey; Dr. fam.
o re o
2015, n 74, obs. B. Beignier – Civ. 1 , 10 mai 2006, n 03-16.593 , Bull. civ. I,
o
n 235; D. 2007. Pan. 1567, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2006.
I. 193, obs. G. Wiederkehr; AJ fam. 2006. 292, obs. F. Chénedé ; Dr. fam.
o e
2006, n 119, note V. Larribau-Terneyre – Ou d’un enfant : Civ. 2 , 10 juill. 1996,
o o o
n 94-19.388 , Bull. civ. II, n 204; JCP 1997. I. 4008, n 1, obs.
G. Wiederkehr.
e er o
(2) Civ. 3 , 1 déc. 1999, n 98-11.726 , NP; D. 2001. Somm. 346, obs.
o
C. Giverdon ; JCP 2000. I. 245, n 7, obs. G. Wiederkehr.
111.56. Bail.
Le loyer du logement de la famille pris à bail, assorti des charges locatives
correspondantes, notamment chauffage et fluides, est l’archétype de la dette
ménagère (1). L’enjeu est tel pour le ménage que la jurisprudence se montre
intransigeante sur ce sujet. Ainsi, il ne suffit pas que le bailleur accepte de
décharger un époux de ses obligations pour que cesse la solidarité : en effet, une
telle convention est susceptible de nuire à l’épouse au titre de la créance
résultant de la contribution à la dette locative (2).
La doctrine admet en général que la location d’une résidence secondaire, dès lors
s
qu’elle n’est pas disproportionnée par rapport au train de vie de la famille (v. s
o
n 111.123), devrait encore déterminer la solidarité. C’est déjà évoquer la
question des dépenses d’agrément.
Notes
e o o
(1) EN CE SENS, Civ. 2 , 3 oct. 1990, n 88-18.453 , Bull. civ. II, n 177;
re
D. 1992. Somm. 219, obs. F. Lucet ; Defrénois 1991. 1126, 1 esp., obs.
G. Champenois; RTD civ. 1991. 584, obs. F. Lucet et B. Vareille .
re o o
(2) Civ. 1 , 17 juin 2015, n 14-17.906 , Bull. civ. I, n 151; D. 2015. 1756,
note M. Nicolle ; ibid. 2016. 566, obs. M. Mekki ; JCP N 2015. 1185, note
o
L. Mauger-Vielpeau; JCP 2015. 994, note J. Casey; LPA 29 déc. 2015, n 259,
p. 8, note I. Sérandour; Defrénois 2016. 471, note G. Champenois; RTD civ.
2016. 436, obs. B. Vareille ; adde S. Piedelièvre, « Cotitularité du bail et
solidarité », Gaz. Pal. 10 déc. 2015, p. 7.
re o o
(3) Civ. 1 , 15 nov. 1994, n 93-12.332 , Bull. civ. I, n 333; Defrénois 1995.
434, obs. G. Champenois; RTD civ. 1995. 421, obs. B. Vareille .
Notes
o
(1) EN CE SENS, J.-Cl. Civ., F. Lefebvre, art. 213 à 226, fasc. 20, n 40.
111.58. Automobile.
Dans le même ordre d’idées, l’acquisition d’un véhicule automobile destiné à un
usage familial peut sembler compatible avec la solidarité de l’article 220 lorsque
s o
le modèle répond au train de vie domestique (v. s n 111.123). La principale
question est donc de savoir quelle est la finalité de l’achat. Si le véhicule est
destiné à un usage professionnel, il n’entre évidemment pas dans le champ de
la solidarité. S’il est voué à une utilité exclusivement familiale, on peut
admettre en revanche, comme l’ont fait certaines juridictions du fond, le jeu de la
solidarité; mais la solution reste controversée en doctrine, et la jurisprudence ne
s’est pas encore prononcée de façon décisive (1). À plus forte raison peut-on
hésiter sur le point de savoir ce qu’il conviendrait de faire dans le cas d’un usage
mixte.
Notes
e
(1) En faveur de la solidarité, v. Paris, 9 mars 1988, JCP N 1991. 57, 6 esp.,
obs. Ph. Simler.
2 - Cas incertains
111.61. Doutes : location-vente.
De façon plus générale, la distinction entre dépense ménagère d’entretien et
dépense non ménagère ou d’investissement n’est pas toujours aisée à mettre en
œuvre.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 9 oct. 1990, n 89-10.924 , Bull. civ. I, n 210; Defrénois 1991.
e
1126, 2 esp., obs. G. Champenois.
Or, autant l’embauche d’une femme de ménage par un époux seul peut faire
naître une dette ménagère solidaire, pourvu qu’elle ne soit pas manifestement
excessive, notamment par rapport au train de vie du ménage ou à l’utilité de
l’opération, autant il ne va pas de soi que l’on doive traiter de même les
indemnités liées à son licenciement abusif : il ne s’agit pas à proprement parler
de dettes contractées pour l’entretien du ménage et l’éducation des enfants; au
surplus, on peut trouver exagéré qu’un conjoint puisse être tenu à raison d’une
pareille faute de l’autre, même si la contribution aux dettes rétablira a posteriori
l’équilibre. En réalité, l’arrêt fait prévaloir une fois de plus la finalité ménagère de
la dette, ici largement entendue.
Cependant, dans une espèce ultérieure, la chambre sociale a même admis qu’est
une dette ménagère solidaire, au sens de l’article 220 du Code civil, la cotisation
retraite employeur relative à une employée de maison qui, après avoir exercé
cette activité durant trois années en étant déclarée par le mari employeur, a
poursuivi la relation de travail sans changement dans son poste, mais sans être
déclarée, sept années durant (2).
Notes
o o
(1) Soc. 8 juin 2005, n 02-47.689 , Bull. civ. V, n 197; D. 2005. 2509, note
J. Mouly ; D. 2006. Pan. 1421, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; AJ fam.
o er
2005. 324, obs. F. Chénedé ; Dr. fam. 2005, n 233, note P. Fadeuilhe; LPA 1 -
2 mai 2006, note G. Yildirim; RTD civ. 2005. 817, obs. B. Vareille .
o o
(2) Soc. 11 mars 2009, n 07-43.977 , Bull. civ. V, n 73; D. 2010. Pan. 778,
obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2009. II. 10098, note V. Larribau-
o e
Terneyre; JCP 2009. 391, n 1, 2 esp., obs. G. Wiederkehr; JCP S 2009. 1371,
o
note Lahalle; Dr. fam. 2009, n 51, obs. V. Larribau-Terneyre; RLDC 2009/60,
o
n 3428, obs. E. Pouliquen; Dr. soc. 2009. 736, obs. R. Savatier ; RTD civ.
2010. 802, obs. B. Vareille .
111.73. Dettes ménagères concernant l’enfant d’un seul des deux époux.
Il ne semble pas que la question se soit jamais présentée en jurisprudence de
caractériser le sort d’une dette contractée pour l’entretien et l’éducation de
l’enfant d’un seul des deux époux : enfant d’un premier mariage, enfant né hors
de tout mariage, ou enfant ayant fait l’objet d’une adoption unilatérale.
Quant aux dépenses d’éducation de l’enfant, qu’il serait plus aisé de matérialiser
isolément, leur spécificité ne saurait apparaître clairement aux yeux des tiers, qui
sont pour la plupart fondés à ignorer les clés d’une telle filiation. C’est pourquoi
on voit mal comment il serait possible que ces dépenses suivent un régime
particulier qui les soustrairait à la solidarité de l’article 220.
De plus, la famille recomposée est un phénomène d’une telle ampleur que l’esprit
de la législation contemporaine est à abolir les différences de traitement de
l’enfant selon qu’il est issu ou non des deux conjoints.
Il s’agit avant tout de savoir ce qui est par nature ménager et ce qui ne l’est pas,
afin de déterminer dans quelle mesure un époux engage solidairement
l’autre, du chef de son pouvoir ménager, à l’égard des tiers.
s o
Toutes autres considérations semblent désormais subsidiaires (v. s n 111.52).
Ou bien la dette est en soi ménagère, au point que la famille s’incarne en l’époux
qui agit, et la solidarité s’ensuit. Ou bien la dette n’est pas ménagère, et l’époux
qui engage la dépense est seul tenu de l’assumer.
Il en résulte que dans les rapports entre deux concubins, comme dans les
relations de l’un d’eux avec les tiers, l’article 220 est évidemment inapplicable
(1). Dans les recours entre concubins, la solidarité n’a pas lieu de jouer,
s’agissant d’une question de contribution à la dette. Et faute de mariage,
l’article 220 ne peut pas être invoqué en principe par les tiers qui traitent avec
eux.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 11 janv. 1984, n 82-16.198 , Bull. civ. I, n 12; Defrénois
1984. 933, obs. G. Champenois; Defrénois 1984. 1003, obs. J. Massip; D. 1984.
re
IR 275, obs. Martin; RTD civ. 1985. 171, obs. J. Mestre – Adde : Civ. 1 , 2 mai
o o
2001, n 98-22.836 , Bull. civ. I, n 111; D. 2002. Somm. 612, obs. J.-
o
J. Lemouland ; Defrénois 2001. 1003, obs. J. Massip; Dr. fam. 2001, n 79,
note L. Perrouin; RTD civ. 2001. 565, obs. J. Hauser ; RTD civ. 2002. 556, obs.
o
B. Vareille; RJPF 2001-9/20, note F. Vauvillé; JCP 2002, n 3, p. 133, note
re o o
R. Cabrillac – Adde : Civ. 1 , 27 avr. 2004, n 02-16.291 , Bull. civ. I, n 13;
D. 2004. Somm. 2968, obs. D. Vigneau ; JCP 2005. II. 10008, note G. Cavalier;
o
Defrénois 2004. 1232, obs. J. Massip; Dr. fam. 2004, n 140, note V. Larribau-
o
Terneyre; RTD civ. 2004. 487 ; et 510, obs. J. Hauser; RLDC 2004, n 7, p. 45,
note F. Leandri.
Notes
e o o
(1) Civ. 2 , 3 oct. 1990, n 88-18.453 , Bull. civ. II, n 177; D. 1992.
re
Somm. 219, obs. F. Lucet ; Defrénois 1991. 1126, 1 esp., obs.
G. Champenois.
re o s o
(2) Civ. 1 , 15 nov. 1994, n 93-12.332 , préc. s n 111.56; JCP N 1996.
1505, note G. Yamba; Defrénois 1995. 434, obs. G. Champenois; RTD civ.
re o
1995. 421 , avec nos obs. – Civ. 1 , 14 févr. 1995, n 92-19.780 , Bull. civ. I,
o o
n 83; D. 1995. Somm. 325, obs. F. Lucet ; Dr. et patr. 1995, n 33, p. 49,
note F. Dekeuwer-Défossez; RTD civ. 1996. 223, obs. B. Vareille .
(3) V. obs. B. Vareille, RTD civ. 1996. 223 et 225 .
Dans un arrêt du 13 octobre 1992 (2), la deuxième chambre civile approuve une
cour d’appel d’avoir décidé que le mari en instance de divorce demeure
solidairement tenu avec son épouse au paiement des loyers en vertu du bail
conclu par les époux pour assurer le logement de la famille, en dépit d’un congé
qu’il a fait délivrer au bailleur. Le congé donné par un seul des deux époux
est donc impuissant à interrompre la solidarité.
Notes
e o o
(1) Civ. 2 , 3 oct. 1990, n 88-18.453 , Bull. civ. II, n 177; D. 1992.
re
Somm. 219, obs. F. Lucet ; Defrénois 1991. 1126, 1 esp., obs.
G. Champenois.
re o o
(2) Civ. 1 , 13 oct. 1992, n 90-18.404 , Bull. civ. I, n 251; Defrénois 1993.
380, obs. G. Champenois.
e o o
(3) Civ. 3 , 13 déc. 1989, n 88-13.266 , Bull. civ. III, n 232.
D’autres font observer que le bailleur du second logement n’est guère en mesure
de vérifier que les locaux nouvellement pris à bail seront bien consacrés de façon
effective au logement de la famille, résidence principale ou secondaire; et que lui
refuser le bénéfice de la solidarité dans certains cas conduirait ipso facto les
bailleurs à faire preuve de méfiance en exigeant systématiquement le concours
des deux conjoints pour la signature de n’importe quel bail, au risque que soit
ruinée la première disposition de l’article 220, et que le bail fasse à cet égard
l’objet d’un traitement particulier. Dans cette seconde analyse, il faudrait
maintenir le bénéfice de la solidarité au profit de tout bailleur, sans distinction,
moins en songeant aux bailleurs de couples désunis que pour garantir
er
l’application de l’article 220 alinéa 1 aux couples unis désireux de se loger.
Notes
Distinguons entre la dette née avant toute séparation, celle née après une
ordonnance de non-conciliation, et enfin celle née après une simple séparation de
fait.
Notes
re o
(1) Civ. 1 , 27 avr. 2004, n 02-13.025 , NP; D. 2005. Somm. 817, obs. J.-
J. Lemouland et D. Vigneau ; RJPF 2004/9-35, obs. T. Garé; RTD civ. 2004.
763, obs. B. Vareille .
(2) Sur l’ensemble de la question, v. N. Mouligner, Le bail des époux,
os
th. Limoges, 2003, n 51 s.
111.105. 1) Dette née avant toute séparation.
La jurisprudence paraît exclure qu’on puisse se désolidariser d’une dette née
avant la séparation et relevant de l’article 220 du Code civil; ainsi la dette de
loyer, née au jour de conclusion du bail (1). Cela peut expliquer plusieurs arrêts
que l’on éprouve sinon du mal à concilier : ceux de la troisième chambre civile en
date du 2 février 2000 (2) et du 16 décembre 1998 (3). Cette dernière espèce
est particulièrement démonstrative : l’épouse, ayant quitté en compagnie de ses
enfants le logement familial pris à bail avant la séparation, n’en est pas moins
déclarée codébitrice solidaire de la dette de loyer. La règle vaut quand bien même
le conjoint est autorisé à résider séparément (4). Subsiste donc la solidarité
attachée à une dette ménagère passée (5).
Notes
(1) EN CE SENS, N. Mouligner, Le bail des époux, th. Limoges, 2003, note 66,
s o
s n 111.54, et les auteurs cités.
e o o
(2) Civ. 3 , 2 févr. 2000, n 97-18.924 , Bull. civ. III, n 18; Defrénois 2000.
1177, obs. A. Bénabent; D. 2001. Somm. 168, obs. CRDP Nancy II ; JCP 2000.
o o
I. 245, n 8, obs. G. Wiederkehr; Dr. fam. 2000, n 41, note B. Beignier.
e o
(3) Civ. 3 , 16 déc. 1998, n 97-13.195 , NP; JCP 1999. II. 10105, note
T. Garé; RJPF 1999-3/33, obs. F. Vauvillé.
re o s o
(4) Civ. 1 , 13 oct. 1992, n 90-18.404 , préc. s n 111.101; JCP 1993.
II. 22047, obs. J. Hauser; JCP N 1993. 110, obs. G. Wiederkehr; Defrénois 1993.
380, obs. G. Champenois; 708, obs. J. Massip; RTD civ. 1993. 180, obs. F. Lucet
et B. Vareille – Adde : B. Vial-Pédroletti, « Renonciation individuelle d’un époux
au droit au bail », JCP N 1993. Prat. 2675.
s e o
(5) COMP., note T. Garé s Civ. 3 , 16 déc. 1998, n 97-13.195 , JCP 1999.
II. 10105.
re o o
(6) Civ. 1 , 3 oct. 1990, n 88-18.453 , Bull. civ. II, n 177; D. 1992.
e
Somm. 219, obs. F. Lucet ; JCP 1991. II. 57, 2 esp. obs. Ph. Simler; Defrénois
re
1991. 1126, 1 esp., obs. G. Champenois.
e o s t o
(7) Civ. 3 , 2 févr. 2000, n 97-18.924 , préc. s prés n .
re o s os s t o
(8) Civ. 1 , 13 oct. 1992, n 90-18.404 , préc. s n 111.101 et s prés n .
En 2004, les juges se sont contentés des deux premières constatations : le bail
avait été conclu par le mari pour son usage exclusif et après l’ordonnance
de non-conciliation, ce dont il résultait qu’il n’était pas destiné à l’entretien du
ménage; d’où l’exclusion « à bon droit » de la solidarité. La Cour de cassation
paraît bien reprendre à son compte ce raisonnement.
Soit la dette souscrite par un seul demeure malgré tout d’intérêt commun,
et elle revêt un caractère ménager : ainsi du bail souscrit par le mari seul, mais
pour le logement de sa femme, à seule fin d’organiser ensemble la résidence
séparée (2).
Soit la dette est d’intérêt exclusif, et elle n’a pas un caractère ménager, quand
bien même elle aurait objectivement pour finalité le logement, l’habillement,
l’équipement de l’époux qui s’engage.
Notes
e o s o
(1) Civ. 2 , 24 nov. 1999, n 97-19.079 , préc. s n 111.103.
re o
(2) V. mutatis mutandis, Civ. 1 , 7 nov. 1995, n 92-21.276 , Bull. civ. I,
o
n 394; RTD civ. 1996. 225 avec nos obs .
111.107. 3) Dette née après une simple séparation de fait.
Ce qui est dit de la séparation de droit doit-il être étendu à la séparation de fait ?
Sans doute y a-t-il lieu d’être plus exigeant en se montrant ici davantage
protecteur du créancier, et en particulier du bailleur. Il est aisé pour ce dernier,
lorsqu’il consent une location à une personne mariée se présentant seule, d’exiger
qu’elle certifie l’absence d’instance en divorce; faute de quoi le bailleur sera en
situation d’exiger une caution solidaire. Au contraire, il est illusoire de solliciter du
même candidat à la location une déclaration certifiant l’absence de séparation de
fait, car la cohabitation ne tient qu’à la volonté unilatérale de chaque conjoint.
Notes
Un traitement à part est désormais ménagé aux dettes qui outrepassent certaines
limites. Ces limites sont en fait relatives : il appartient au juge du fond
d’apprécier souverainement l’excès en fonction des indications de la loi. La
solidarité n’a pas lieu pour les dépenses « manifestement excessives », le critère
de cet excès étant ainsi précisé : « eu égard au train de vie du ménage, à l’utilité
ou à l’inutilité de l’opération, à la bonne ou mauvaise foi du tiers contractant ».
Sensible est la différence, à ce point de vue, avec les articles L. 132-13 et L. 132-
16 du Code des assurances. C’est eu égard aux facultés des intéressés que ces
textes prescrivent de mesurer le caractère manifestement exagéré des dépenses
de primes d’assurances, afin de les prendre en compte par exception au titre du
rapport et de la réduction ainsi que des récompenses. Cela encourage les juges
du fond à une vue d’ensemble de la fortune et des ressources de l’assuré. En
sorte qu’un simple pourcentage suffit à exprimer l’excès.
L’achat de meubles d’un prix dispendieux par l’épouse seule a été considéré
comme excluant la solidarité, le couple ayant des revenus modestes (1).
Notes
(1) Metz, 14 nov. 1978, Defrénois 1980. 598, obs. G. Champenois.
(2) Paris, 21 mai 1982, Defrénois 1982. 1647, obs. G. Champenois.
Rappelons que la bonne foi, bien sûr, doit être présumée. En pratique, il faudra
que l’époux désireux de se dérober à la solidarité légale sache démontrer de
façon positive que le cocontractant de son conjoint a eu connaissance du
caractère excessif de la dépense.
C’est que la solidarité se trouve ici écartée dans un esprit tout différent :
le texte, dans sa rédaction actuelle, est résulté de l’affadissement d’une version
beaucoup plus radicale du projet de loi primitif, qui prévoyait la nullité des achats
à tempérament passés par un époux seul; cette disposition n’ayant pas survécu
au vote de la loi, il reste du moins dans l’exclusion de la solidarité ménagère un
moyen de sauvegarder le crédit du couple lorsqu’un époux se laisse entraîner
à des achats ménagers facilités par le fait que le vendeur lui permet d’échelonner
le paiement du prix sur une certaine durée. Il faut simplement y voir confirmation
que la vente à tempérament est tenue pour dangereuse pour les consommateurs.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 12 juill. 1994, n 92-16.659 , Bull. civ. I, n 252; D. 1996. 117,
obs. A. Guineret-Brobbel Dorsman .
Notes
(1) N. Rzepecki, « Les opérations de crédit et la solidarité ménagère de
l’article 220 du Code civil », JCP 1999. I. 148.
(2) M.-P. Baudin-Maurin, « L’avènement de la notion de dette ménagère “à
crédit” », RRJ 2000. 1471.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 6 juill. 1999, n 97-15.005 , Bull. civ. I, n 224; D. 2000. 421, note
R. Le Guidec ; JCP 2000. II. 10237, obs. J. Casey; Defrénois 1999. 1361, obs.
G. Champenois; RTD civ. 2000. 388, obs. B. Vareille .
(2) Adde, C. Alleaume, « Achats à crédit et solidarité des époux », Dr. fam. 1999.
Chron. 5.
Le consentement des deux époux à l’emprunt ménager semble bien, aux
termes mêmes de la loi, faire renaître la solidarité légale, quand bien même
aucune solidarité n’aurait été stipulée. La règle paraît résulter de l’analyse
grammaticale de l’article 220 alinéa 3 : l’incidente restrictive « s’ils n’ont été
conclus du consentement des deux époux » s’applique aussi bien aux achats à
tempérament qu’aux emprunts, traités en cela sur un même pied. Par
conséquent, un emprunt non modique ni destiné à faire face aux besoins de la vie
courante, s’il a recueilli le consentement des deux conjoints, est cependant
couvert par la solidarité légale plutôt que soumis à obligation conjointe, si du
moins il a pour objet l’entretien du ménage et l’éducation des enfants.
Toutefois, cette analyse ne fait pas l’unanimité en doctrine.
Encore faut-il en ce cas que le consentement donné par chacun des époux soit
exprès (1).
Entre clairement dans les visées de la loi, le crédit renouvelable utilisé à des
achats de faibles montants, afin de satisfaire aux besoins vestimentaires et
mobiliers du ménage (3).
Quant au reste, en dépit du fait que le texte peut paraître clair, la jurisprudence a
beaucoup varié lorsqu’il s’est agi de le mettre en œuvre en pratique (4).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 6 déc. 2005, n 02-17.819 , Bull. civ. I, n 481; JCP 2006. I. 141,
o o re
n 2, obs. G. Wiederkehr; Dr. fam. 2006, n 13, note B. Beignier – Civ. 1 ,
o
13 nov. 2008, n 07-19.284 , NP; D. 2010. Pan. 728, obs. J.-J. Lemouland et
D. Vigneau ; JCP 2009. 1140, obs. G. Wiederkehr.
o
(2) L. n 2014-344, 17 mars 2014, relative à la consommation, art. 50, JO
18 mars, p. 5400.
(3) EN CE SENS, v. le cas d’un crédit revolving ayant un tel objet, souscrit par un
époux avant son mariage, mais qui s’est renouvelé tous les ans pendant le
re o
mariage : Civ. 1 , 13 nov. 2008, n 07-19.286 , NP; D. 2010. Pan. 728, obs. J.-
J. Lemouland et D. Vigneau ; RJPF 2009-1/27, obs. F. Vauvillé; RLDC 2009/56,
o
n 3273, obs. Evenat.
re o
(4) Civ. 1 , 26 juin 2001, n 99-16.284 , NP; RJPF 2001-11/32, obs.
o
F. Vauvillé; Dr. fam. 2001, n 10, p. 26, note B. Beignier; RTD civ. 2002. 557,
re o o
obs. B. Vareille – Civ. 1 , 27 nov. 2001, n 99-20.546 , Bull. civ. I, n 294;
AJ fam. 2002. 32 ; D. 2002. 2910, note M.-P. Baudin-Marin ; JCP 2002.
o e
II. 10138, concl. av. gén. J. Petit; Dr. fam. 2002, n 17, 2 arrêt, note
H. Lécuyer; RJPF 2002-3/25, obs. F. Vauvillé; Defrénois 2002. 1017, obs.
G. Champenois; JCP N 2003. 324, note C. Petit; RTD civ. 2002. 558, obs.
re o s o
B. Vareille – Civ. 1 , 28 sept. 2004, n 02-17.469 , préc. s n 111.53;
D. 2005. Somm. 817, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; Dr. fam. 2004,
o o
n 195, obs. V. Larribau-Terneyre; CCC 2005, n 18, note R. Guy; RTD civ. 2005.
170, obs. B. Vareille – COMP. quelques décisions des juges du fond rendues au
lendemain de la loi du 23 décembre 1985, rapportées à la RTD civ. 1994. 924,
o
obs. B. Vareille : Orléans, 20 mai 1992, Juris-Data, n 044245; JCP 1993.
o
I. 3656, n 4, obs. G. Wiederkehr – Orléans, 24 févr. 1993, Juris-Data
o o
n 040187 – Bordeaux, 7 déc. 1992, Juris-Data n 048608 – Nîmes, 9 mars 1993,
o o
Juris-Data n 030189; JCP 1994. I. 3733, n 8, obs. G. Wiederkehr.
re o s o s t o
(5) Civ. 1 , 28 sept. 2004, n 02-17.469 , préc. s n 111.53 et s prés n , et
re o s t o
Civ. 1 , 27 nov. 2001, n 99-20.546 , préc. s prés n .
re o s t o
(6) Civ. 1 , 26 juin 2001, n 99-16.284 , préc. s prés n .
re o o
(7) Civ. 1 , 4 juin 2007, n 05-15.351 , Bull. civ. I, n 220; D. 2007. AJ 1790,
o
obs. P. Guiomard ; AJ fam. 2007. 403, obs. F. Chénedé ; RLDC 2007, n 41,
p. 42, note G. Marraud des Grottes; RTD civ. 2007. 617, obs. B. Vareille ; RTD
com. 2007. 573, obs. D. Legeais .
Section 4 - Situation des créanciers
111.151. Intérêt des créanciers.
Les créanciers du couple, fournisseurs ou prêteurs, ont évidemment tout intérêt à
se prévaloir de la solidarité. C’est donc pour eux une affaire de preuve, avant
d’être une question de gage.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 17 janv. 1990, n 87-19.462 , Bull. civ. I, n 18; Defrénois
re o
1990. 553, obs. G. Champenois – V. AUSSI, Civ. 1 , 28 févr. 2006, n 03-
o
12.540 , Bull. civ. I, n 122; JCP 2006. I. 193, obs. G. Wiederkehr; AJ fam.
2006. 212, obs. F. Chénedé .
L’obligation solidaire détermine tous les effets secondaires que la loi lui attache
(C. civ., art. 1200 à 1216-3).
C. civ., art. 214
Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux
charges du mariage, ils y contribuent à proportion de leurs facultés respectives.
Si l’un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l’autre
dans les formes prévues au Code de procédure civile.
C. civ., art. 226
s o
* V. texte complet de cet article s n 111.01, > Pouvoirs de gestion et solidarité
des époux
> Contribution aux charges du mariage et séparation
[C. civ., art. 258 et 1449]
C. civ., art. 258
Lorsqu’il rejette définitivement la demande en divorce, le juge peut statuer sur la
contribution aux charges du mariage, la résidence de la famille et les modalités
de l’exercice de l’autorité parentale.
C. civ., art. 1449
La séparation de biens prononcée en justice a pour effet de placer les époux sous
le régime des articles 1536 et suivants.
Le tribunal, en prononçant la séparation, peut ordonner qu’un époux versera sa
contribution entre les mains de son conjoint, lequel assumera désormais seul à
l’égard des tiers les règlements de toutes les charges du mariage.
C. pén., art. 314-9
Pour l’application de l’article 314-7, les décisions judiciaires et les conventions
judiciairement homologuées portant obligation de verser des prestations,
subsides ou contributions aux charges du mariage sont assimilées aux
condamnations au paiement d’aliments.
112.02. Jurisprudence de référence.
> L’occupation par un époux et les enfants du domicile conjugal que
l’autre a abandonné constitue une modalité d’exécution par ce dernier de
son obligation de contribuer aux charges du mariage, une telle
contribution étant compatible avec l’absence de ressources personnelles
re o o
• Civ. 1 , 6 mars 1990, n 88-17.555, Bull. civ. I, n 61
s o
* V. s n 112.34
« […] Attendu que par motifs propres et adoptés, la cour d’appel relève qu’après
l’abandon par la femme du domicile conjugal, le mari y est demeuré avec les cinq
enfants issus de l’union, du 4 janvier 1967 au 31 octobre 1976, date à laquelle le
bien a été mis en location, et retient, par une appréciation qui est souveraine,
que cette occupation constituait une modalité d’exécution par la femme de son
obligation de contribuer aux charges du mariage; qu’une telle contribution étant
nécessairement compatible avec l’absence de ressources personnelles, l’arrêt
attaqué est légalement justifié, abstraction faite du motif justement critiqué par la
troisième branche du moyen; que le pourvoi ne peut donc être accueilli;
Attendu que, pour statuer comme il a fait, l’arrêt attaqué prend en considération
les seules ressources en revenus des parties sans tenir compte de la valeur du
me
domaine appartenant à M X. au motif, adopté du premier juge, qu’il appartenait
à cette dernière de décider de la manière dont elle devait en disposer;
112.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisables. Rép. civ., v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
os o
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 111 s. – Rép. pén., v Abandon de
famille, par A. Gouttenoire, mars 2001 [màj juin 2012] – J.-Cl. Civ., F. Lefebvre,
o
art. 213 à 226, fasc. 20, n 40.
Ouvrages (1).
e
J. FLOUR et G. CHAMPENOIS, Les régimes matrimoniaux, coll. « U », 2 éd.,
A. Colin, 2001 – F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux,
e os
« Précis », 7 éd., Dalloz, 2015, n 52 s.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des auteurs
figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les seuls noms des
auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
112.04. Questions essentielles.
> Les charges du mariage, notion beaucoup plus vaste que celle de dettes
ménagères, sont en général réparties équitablement entre les deux époux, c’est-
à-dire au prorata de leurs facultés respectives; seules les conventions
matrimoniales peuvent déroger à ce principe.
s os
* V. s n 112.22 à 112.25
– en deniers
s o
* V. s n 112.32
– en industrie
s o
* V. s n 112.33
– ou en nature
s o
* V. s n 112.34
> La contribution des époux aux charges du mariage peut inclure l’acquisition
d’un immeuble, ainsi même une résidence secondaire, mais pas un
investissement immobilier.
s o
* V. s n 112.34
> Dans l’éventualité d’un conflit, on peut recourir au juge pour obtenir une
exécution convenable de l’obligation contributive.
s os
* V. s n 112.41 à 112.48
Comme on l’a vu, l’article 214 du Code civil a connu une évolution égalitaire qui
n’est pas sans corrélation avec la bilatéralisation de l’article 220 du même code
s o
(v. s n 111.07).
civ. 2010. 305, obs. J. Hauser ; RTD civ. 2010. 363, obs. B. Vareille – COMP.
re
TOUTEFOIS, à la motivation moins nette sur ce point : Civ. 1 , 25 sept. 2013,
o o
n 12-21.892 , Bull. civ. I, n 189; D. 2013. 2682, note A. Molière ; AJ fam.
2013. 647, obs. P. Hilt ; RTD civ. 2013. 821, obs. J. Hauser .
Pour l’application de la loi du 11 juillet 1975, la Cour de cassation a admis que les
besoins de l’époux bénéficiaire du devoir de secours ne se limitent pas aux
premières nécessités; ils sont déterminés en fonction du niveau social des époux
(1). Voilà qui a paru opérer un rapprochement, puisque le devoir de secours
compense quelque peu, en pareil cas, la disparité de niveaux de vie. De plus, de
son côté, le régime de la contribution se rapproche parfois de celui des pensions
s o
alimentaires (v. s n 112.22).
Surtout, il est désormais avéré que la contribution aux charges du mariage peut
s o
survivre à la séparation de fait (v. s n 112.42), ce qui rend la distinction plus
malaisée.
Toutefois, un arrêt important est venu admettre que « la contribution aux
charges du mariage, distincte, par son fondement et par son but, de l’obligation
alimentaire, peut inclure des dépenses d’investissement ayant pour objet
l’agrément et les loisirs du ménage » (2). Cela aboutit à reconnaître une réelle
s o
singularité à la contribution aux charges du mariage (v. s n 112.35).
Notes
e o o
(1) Civ. 2 , 11 juill. 1979, n 78-14.620 , Bull. civ. II, n 207.
re o o
(2) Civ. 1 , 18 déc. 2013, n 12-17.420 , Bull. civ. I, n 249; AJ fam. 2014.
129, obs. P. Hilt ; D. 2014. 527, note F. Viney ; ibid. 1342, obs. J-J.
Lemouland et D. Vigneau ; RTD civ. 2014. 698, obs. B. Vareille ; ibid. 704,
o o
obs. B. Vareille ; JCP N 2014, n 1117, obs. F. Vauvillé; Dr. fam. 2014, n 61,
obs. B. Beignier.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 3 févr. 1987, n 84-14.612 , Bull. civ. I, n 41; D. 1987.
IR 37.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 22 juin 2004, n 02-20.398 , Bull. civ. I, n 179; AJ fam.
re o
2004. 365, obs. F. Bicheron – Civ. 1 , 25 janv. 2005, n 97-20.308 ,
NP; JCP 2005. I. 128 obs. M. Storck – Sur ces deux décisions v. RTD civ.
2006. 361, obs. B. Vareille .
Notes
re o o re
(1) Civ. 1 , 6 mars 1990, n 88-17.555 , Bull. civ. I, n 61 – Civ. 1 ,
o o
31 mars 1992, n 90-18.760 , Bull. civ. I, n 97; JCP N 1992. 383, obs.
M. Storck.
re o o
(2) Civ. 1 , 14 mars 2006, n 05-15.980 , Bull. civ. I, n 160; JCP 2006.
re
I. 193, obs. G. Wiederkehr; AJ fam. 2006. 293, obs. P. Hilt – Civ. 1 ,
o o
15 mai 2013, n 11-26.933 , Bull. civ. I, n 94; D. 2013. 2242, obs.
V. Brémond ; D. 2013. 1208 ; AJ fam. 2013. 383, obs. S. Blanc-
o
Pelissier ; RTD civ. 2013. 582, obs. J. Hauser ; Dr. fam. 2013, n 110,
re o
obs. B. Beignier – Civ. 1 , 12 juin 2013, n 11-26.748 , Bull. civ. I,
o
n 126; D. 2013. 2242, obs. V. Brémond ; AJ fam. 2013. 448, obs.
re o
B. de Boysson – Civ. 1 , 24 sept. 2014, n 13-21.005 , Bull. civ. I,
o
n 152.
re o o
(3) Civ. 1 , 18 déc. 2013, n 12-17.420 , Bull. civ. I, n 249; AJ fam.
2014. 129, obs. P. Hilt ; D. 2014. 527, note F. Viney ; D. 2014. 1342,
obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; RTD civ. 2014. 698, obs.
o
B. Vareille ; RTD civ. 2014. 704, obs. B. Vareille ; JCP N 2014, n 1117,
o
obs. F. Vauvillé; Dr. fam. 2014, n 61, obs. B. Beignier.
re o re
(4) OUTRE : Civ. 1 , 15 mai 2013, n 11-26.933 , et Civ. 1 , 12 juin
o s t o re
2013, n 11-26.748 , préc. s prés n – V. AUSSI, Civ. 1 , 25 sept. 2013,
o o
n 12-21.892 , Bull. civ. I, n 189; D. 2013. 2682, note A. Molière ;
AJ fam. 2013. 647, obs. P. Hilt ; RTD civ. 2013. 821, obs. J. Hauser .
s
(5) La présomption conventionnelle est en effet réfragable : v. s
o
n 112.13 in fine et la jurisprudence citée en note.
s re o
(6) V. NOT., J. Hauser, obs. préc. s Civ. 1 , 25 sept. 2013, n 12-
s t o
21.892 , préc. s prés n .
re o
(7) Civ. 1 , 5 oct. 2016, n 15-25.944 , P; Gaz. Pal. 29 nov. 2016, p. 18,
note S. Piedelièvre; ibid. 3 janv. 2017, p. 62, chron. « Droit de la
famille », note É. Mulon; Dr. fam. 2016. Comm. 256, obs. S. Torricelli-
o
Chrifi; RJPF 2017-1, n 31, note E. Fragu; Defrénois 2017. 366, obs.
G. Champenois; RTD civ. 2017. 469, obs. B. Vareille .
Notes
re o
(1) Civ. 1 , 25 juin 2008, n 07-17.349 , NP; RJPF 2008-11/21, obs.
s o
F. Vauvillé; RTD civ. 2008. 529, obs. B. Vareille (v. s n 112.13).
Notes
o
(1) Décr. n 2004-1158, 29 oct. 2004, portant réforme de la procédure en
matière familiale, JO 31 oct., p. 18492.
o
(2) L. n 75-618, 11 juill. 1975, relative au recouvrement public des
pensions alimentaires, JO 12 juill., p. 7178.
Tout d’abord, on observera que la demande n’a pas à être écartée par
principe, car la contribution n’a pas un caractère alimentaire, qui
justifierait l’application de la maxime « aliments ne s’arréragent pas »
(1). Dans les rapports entre les conjoints, en effet, la contribution aux
charges du mariage, contrairement au devoir de secours de l’article 212,
ne nécessite pas une situation de besoin en la personne du demandeur
s o
(v. s n 112.13).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 8 nov. 1989, n 87-19.768 , Bull. civ. I, n 341; Defrénois
re o
1990. 296, obs. J. Massip – Civ. 1 , 9 mai 1967, Bull. civ. I, n 160.
Notes
o
(1) L. n 2004-439, 26 mai 2004, relative au divorce, JO 27 mai, p. 9319.
re o o
(2) Civ. 1 , 20 mai 1981, n 80-11.544 , Bull. civ. I, n 175; R. p. 42;
RTD civ. 1982. 784, obs. J. Patarin.
re o o
(3) Civ. 1 , 16 juin 1981, n 80-11.923 , Bull. civ. I, n 217.
re o o
(4) Civ. 1 , 3 mars 2010, n 09-11.005 , Bull. civ. I, n 50; AJ fam.
o
2010. 188, obs. F. Chénedé ; Procédures 2010, n 170, note Perrot; RTD
civ. 2010. 363, obs. B. Vareille .
Section 0 - Orienteur
113.00. Plan du chapitre.
Division. Même si certains de ces trois textes se recoupent parfois, ou
qu’à l’inverse ils répondent à des préoccupations différentes, il convient
de les étudier de façon successive pour dresser un tableau complet de la
protection, qui intéresse : le logement de la famille avec l’article 215
alinéa 3 du Code civil (sect. 1); le local pris à bail pour servir
effectivement de façon exclusive à l’habitation des deux époux, avec
l’article 1751 du Code civil (sect. 2); l’habitation principale effective du
conjoint survivant, avec l’article 763 du Code civil (sect. 3).
113.01. Textes applicables.
C. civ., art. 215, al. 3, 226, 763 et 1751
> Cogestion forcée entre époux du logement de la famille quel que soit le
régime matrimonial [C. civ., art. 215, al. 3, et 226]
C. civ., art. 215, al. 3
Les époux ne peuvent l’un sans l’autre disposer des droits par lesquels
est assuré le logement de la famille, ni des meubles meublants dont il est
garni. Celui des deux qui n’a pas donné son consentement à l’acte peut
en demander l’annulation : l’action en nullité lui est ouverte dans l’année
à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans pouvoir jamais
être intentée plus d’un an après que le régime matrimonial s’est dissous.
C. civ., art. 226
s o
* V. texte complet de cet article s n 111.01, > Pouvoirs de gestion et
solidarité des époux
> Cotitularité du droit au bail entre époux
C. civ., art. 1751
Le droit au bail du local, sans caractère professionnel ou commercial, qui
o
sert effectivement à l’habitation de deux époux, (L. n 2014-366,
24 mars 2014, art. 4) « quel que soit leur régime matrimonial et
nonobstant toute convention contraire et même si le bail a été conclu
avant le mariage, ou de deux partenaires liés par un pacte civil de
solidarité, dès lors que les partenaires en font la demande
conjointement, est réputé appartenir à l’un et à l’autre des époux ou
partenaires liés par un pacte civil de solidarité ».
113.02. Jurisprudence de référence.
> L’article 215 alinéa 3 vise les actes qui anéantissent ou réduisent les
droits réels ou personnels d’un conjoint sur le logement familial
re o o
• Civ. 1 , 16 mai 2000, n 98-13.441, Bull. civ. I, n 144
s o
* V. s n 113.22
« […] Attendu que, comme l’ont retenu à bon droit les juges du fond,
l’inscription d’hypothèque judiciaire, qui n’est que l’exercice d’une
prérogative légale accordée au titulaire d’une créance, même
chirographaire, n’est pas un acte de disposition au sens de l’article 215,
alinéa 3, du Code civil, et que, hors le cas de fraude, non établie en
l’espèce, cette disposition légale, qui ne rend pas insaisissable le
logement de la famille, ne permettait pas d’annuler ou de rendre
me
inopposable a M X. l’engagement de caution pris par son mari à l’égard
de la banque Y. »
« […] Attendu que pour rejeter cette demande, la cour d’appel énonce
que le contrat d’assurance portant sur le logement familial était un
contrat que chacun des époux pouvait passer seul en application de
l’article 220 du Code civil et que sa résiliation par un seul des époux était
opposable à l’autre;
Qu’en statuant ainsi alors que l’époux ne pouvait pas résilier sans le
consentement de son conjoint le contrat d’assurance garantissant le
logement familial, la cour d’appel a violé les textes susvisés. »
> Un époux reste cotitulaire du bail conclu par son conjoint au titre de
l’article 1751 du Code civil dès lors que le logement a servi effectivement
à l’habitation des deux époux et qu’aucun jugement de divorce n’est
intervenu
e o o
• Civ. 3 , 31 mai 2006, n 04-16.920, Bull. civ. III, n 135
s o
* V. s n 113.64
« […] Attendu que pour dénier à M. Y. tout droit au bail sur le local,
l’arrêt retient que M. Y. a résidé dans les lieux loués jusqu’en 1983, date
à laquelle il a été hospitalisé jusqu’en 1987, que s’il justifie de son
souhait d’exécuter des travaux d’aménagement en raison de son
handicap lourd, il ne peut valablement imputer aux bailleurs une
prétendue impossibilité d’effectuer les travaux nécessaires à son état
ayant fait obstacle à une communauté de vie avec son épouse, que
l’ensemble des courriers et documents produits adressés à M. Y. portent
mention d’une adresse distincte de celle des lieux loués, plus de dix ans
après son hospitalisation;
Qu’en statuant ainsi, tout en relevant que le logement donné à bail à
me
M Y. avait servi effectivement à l’habitation des deux époux et alors
que les époux demeurent cotitulaires du bail jusqu’à la transcription du
jugement de divorce en marge des registres de l’état civil, la cour
d’appel, qui n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres
constatations, a violé le texte susvisé;
113.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisables. Rép. civ., v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
os
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 206 s. – J.-Cl. Civ., art. 212
à 215, fasc. 10, « Mariage », par V. Larribau-Terneyre – J.-Cl. Civ.,
art. 212 à 215, fasc. 30, « Mariage », par A. Karm – J.-Cl. Bail à loyer,
fasc. 220, par B. Vial-Pedroletti.
Ouvrages (1).
e
G. CORNU, Droit civil, Les régimes matrimoniaux, 9 éd., « Thémis
o
Droit », PUF, 1997, n 47 – N. Couzigou-Suhas, La famille et son
re
logement, « Axe droit », 1 éd., Lamy, déc. 2010 – J. FLOUR et
e
G. CHAMPENOIS, Les régimes matrimoniaux, coll. « U », 2 éd., A. Colin
o
Éd., 2001, n 124 et note 3 – J. PATARIN et G. MORIN, La réforme des
e o
régimes matrimoniaux, 4 éd., Defrénois, 1977, t. I, n 80 – F. TERRÉ et
e
Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux, « Précis », 7 éd.,
os
Dalloz, 2015, n 61 s. et 337 s.
Articles.
B. Beignier, « La loi du 3 décembre 2001 : achèvement du statut du
logement familial », Dr. fam. 2002. Chron. 5 – Y. Chartier, « Domicile
conjugal et vie familiale », RTD civ. 1971. 511 – M. Grimaldi, « Le
logement de la famille », Defrénois 1983, 1025 et 1105 – Y. Guyon, « Le
statut du logement familial en droit civil », JCP 1966. I. 2041 – A. Karm,
« Permanence et évolutions du régime primaire depuis 1965 », JCP N
2015. 1120 – R. Savatier, « La protection civile du logement de la famille
dans le concept juridique d’habitation familiale », Mél. P. Hébraud, PUSS
Toulouse, 1981, p. 799 – B. Vareille, « Variations futiles sur les droits au
logement du conjoint survivant », Mél. M. Prieur, Dalloz, 2007, p. 1721 –
F. Vauvillé, « Les droits au logement du conjoint survivant », Defrénois
2002. 1277 – C. Watine-Drouin, « Le statut du logement familial »,
Études offertes au Doyen Ph. Simler, Litec/Dalloz, 2006, p. 253.
Thèses.
G. Creff, Le logement familial en droit civil, th. Rennes, 1975 –
M. Martinez, Le train de vie en droit privé, th. Bordeaux, 2016 –
os
N. Mouligner, Le bail des époux, th. Limoges, 2003, n 51 s. –
O. Vergara, L’organisation patrimoniale en couple, th., « Doctorat et
notariat », Defrénois, 2017.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
113.04. Questions essentielles.
> La protection du logement, notamment du couple marié, est devenue
l’une des préoccupations essentielles de notre siècle; le dispositif
classique concernant la protection du logement de la famille se prolonge
désormais non seulement dans un texte relatif au droit des baux, mais
encore dans le dispositif concernant la dernière habitation principale
effective du conjoint survivant.
s os
* V. s n 113.08 et 113.09
Notes
o
(1) Ord. n 2011-1895, 19 déc. 2011 relative à la partie législative du
Code des procédures civiles d’exécution, JO 20 déc., p. 21464.
o
(2) L. n 2004-439, 26 mai 2004, relative au divorce, JO 27 mai, p. 9319.
o
(3) L. n 2015-990, 6 août 2015, pour la croissance, l’activité et l’égalité
des chances économiques, JO 7 août, p. 13537.
113.12. a) Premier objet : les droits par lesquels est assuré le logement
de la famille.
– Peu importe la nature juridique des droits concernés, droits réels ou
droits personnels, de quelque origine qu’ils soient.
Pour ce qui est des droits réels, le plus fort d’entre eux, la propriété, est
également le premier concerné. C’est dire le caractère impératif de
l’article 215 alinéa 3, qu’il puisse ainsi porter atteinte même au droit le
plus absolu. En particulier, il est clair que le conjoint propriétaire du
logement de la famille abdique, du simple fait de cette affectation, partie
de ses prérogatives de propriétaire, puisqu’il ne peut plus aliéner seul. En
cela également, l’article 215 alinéa 3 déroge à l’article 225 du Code civil,
qui édicte en principe la faculté pour chaque époux d’aliéner seul ses
s os
biens personnels (v. s n 114.121 s.). Tous les autres droits réels
relèvent a fortiori du texte : usufruit légal ou conventionnel, droit
d’habitation, etc.
Pour ce qui est des droits personnels, le droit au bail est le support le
plus répandu du logement de la famille : c’est à cet égard que le champ
d’application de l’article 215 alinéa 3 peut recouper celui de l’article 1751
s os
(v. s n 113.50 s.). Toutefois, sont concernés au même titre par
l’article 215 alinéa 3 : le droit de jouissance sur un logement attaché aux
parts d’une société civile immobilière, le droit personnel au maintien
dans les lieux, etc.
Notes
re
(1) V. une consécration jurisprudentielle avec : Civ. 1 , 12 févr. 2014,
o o
n 13-13.873 , Bull. civ. I, n 25; D. 2014. 482 ; AJ fam. 2014. 192,
obs. P. Hilt .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 4 oct. 1983, n 82-14.093 , Bull. civ. I, n 217; Defrénois
1983. 1601, obs. G. Champenois.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 26 janv. 2011, n 09-13.138 , Bull. civ. I, n 17; D. 2011.
Pan. 2624, obs. J. Revel ; ibid. 2012. 971, obs. J.-J. Lemouland et
o
D. Vigneau ; JCP 2011, n 503, obs. G. Wiederkehr; AJ fam. 2011. 261,
obs. S. David ; RTD civ. 2011. 330, obs. J. Hauser ; Dr. fam. 2011,
o
n 52, obs. V. Larribau-Terneyre.
(2) V. CEP., dans des circonstances de fait il est vrai un peu obscures :
re o o
Civ. 1 , 16 mai 2000, n 98-13.441 , Bull. civ. I, n 144; Defrénois 2001.
460, obs. G. Champenois; RTD civ. 2001. 416 et 418, obs. B. Vareille .
Notes
re o s o
(1) EN CE SENS, Civ. 1 , 16 mai 2000, n 98-13.441 , préc. s n 113.14;
D. 2000. IR 192 ; Defrénois 2001. 460, obs. G. Champenois; Dr. fam.
o o
2001, n 2, note B. Beignier; Loyers et copr. 2000, n 264, note B. Vial-
Pedroletti; RJPF 2000-12/23, note F. Vauvillé; RTD civ. 2001. 416 et
418, obs. B. Vareille .
re o s o s t o
(2) Civ. 1 , 16 mai 2000, n 98-13.441 , préc s n 113.14 et s prés n .
Les créanciers peuvent donc invoquer en pareil cas tous les droits qui
sont habituellement les leurs : ainsi, ils ont la faculté de prendre une
inscription d’hypothèque judiciaire (comp. l’hypothèque conventionnelle,
s o
s n 113.22) sur le logement familial, afin de garantir leur créance en
prévision de la saisie (3); ils peuvent provoquer le partage d’un
immeuble indivis même s’il est le logement de la famille (4).
Notes
re
(1) Civ. 1 , 21 juin 1978, D. 1979. 478, note Y. Chartier.
re
(2) Civ. 1 , 4 juill. 1978, D. 1979. 479, note Y. Chartier; JCP 1980.
19368, note J.-C. Labbouz; RTD civ. 1979. 585, obs. R. Nerson – V. AUSSI
Paris, 20 nov. 1984, JCP 1986. II. 20584, note M. Dagot.
re o o
(3) Civ. 1 , 4 oct. 1983, n 82-13.781 , Bull. civ. I, n 216; Defrénois
re
1983. 1593, obs. G. Champenois; JCP 1984. II. 20188 (1 esp.), note
re
Y. Chartier; Gaz. Pal. 1984. 2. 445, note M. Henry – Civ. 1 , 8 janv. 1985,
o o re o
n 83-15.647 , Bull. civ. I, n 7 – V. AUSSI, Civ. 1 , 5 févr. 1985, n 83-
o
14.697 , Bull. civ. I, n 53; JCP N 1986. 72, note Ph. Simler; Defrénois
1986. 186, note Ph. Théry.
re o
(4) Civ. 1 , 3 déc. 1991, n 90-13.311 , NP; Defrénois 1992. 396, obs.
G. Champenois.
re o o
(5) Civ. 1 , 24 févr. 1993, n 91-04.140 , Bull. civ. I, n 85; RTD civ.
1994. 664, obs. B. Vareille .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 22 oct. 1974, n 73-12.402 , Bull. civ. I, n 274; D. 1975.
645, note I. Foulon-Piganiol; Defrénois 1975. 907, obs. H. Souleau; JCP
1975. II. 18041, note Y. Chartier; RTD civ. 1975. 296, obs. R. Nerson.
Notes
(1) TGI Paris, 16 déc. 1970, Gaz. Pal. 1971. 1. 115.
re o o
(2) Civ. 1 , 16 juin 1992, n 89-17.305 , Bull. civ. I, n 185; Defrénois
1992. 1156, obs. G. Champenois; JCP N 1993. 109, obs. G. Wiederkehr.
Notes
re
(1) Civ. 1 , 4 juill. 1978, D. 1979. 479, note Y. Chartier.
re o
(2) Civ. 1 , 19 oct. 2004, n 02-13.671 , NP; D. 2005. Pan. 817, obs. J.-
o
J. Lemouland et D. Vigneau ; RJPF 2005, n 2, p. 16, note F. V.
Notes
e o o
(1) Civ. 2 , 10 mars 2004, n 02-20.275 , Bull. civ. II, n 100; D. 2004.
Somm. 2257, obs. V. Brémond ; Somm. 2963, obs. D. Vigneau ; JCP
o
2004. I. 176, n 3, obs. G. Wiederkehr; Defrénois 2004. 1462, obs.
G. Champenois; AJ fam. 2004. 188, obs. F. Bicheron ; Dr. fam. 2004,
o
n 64, note V. Larribau-Terneyre; RGDA 2004. 350, note L. Mayaux; RTD
civ. 2004. 270, obs. J. Hauser; et 538, obs. B. Vareille – Dans le même
re o o
sens, Civ. 1 , 14 nov. 2006, n 05-19.402 , Bull. civ. I, n 482; D. 2007.
349, note G. Raoul-Cormeil ; Pan. 1561, obs. J.-J. Lemouland et
o
D. Vigneau ; JCP 2007. I. 142, n 7, obs. G. Wiederkehr; AJ fam. 2007.
89, obs. F. Chénedé ; RJPF 2007-2/15, note F. Vauvillé; RLDC 2004,
o
n 5, p. 41, note F. Léandri.
Tout d’abord, il s’agit d’une nullité relative. C’est pourquoi, d’une part,
seul est en mesure de l’invoquer celui des deux conjoints dont le
consentement n’a pas été demandé et obtenu; d’autre part, ce conjoint
est toujours en mesure de consentir a posteriori à l’acte passé sans son
consentement, en confirmant ainsi l’acte irrégulier.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 11 oct. 1989, n 88-13.631 , Bull. civ. I, n 315; D. 1990.
310, note R. Le Guidec ; D. 1992. Somm. 219, obs. F. Lucet ; Defrénois
1989. 1420, obs. G. Champenois; JCP 1990. II. 21549, note M. Henry;
JCP N 1990. 261, obs. G. Venandet; RTD civ. 1991. 387, obs. B. Vareille .
re o o
(2) Civ. 1 , 3 mars 2010, n 08-18.947 , Bull. civ. I, n 54; D. 2010.
o
AJ 765 ; JCP 2010, n 487, § 2, obs. G. Wiederkehr; § 24, obs. M. Storck;
o o
Dr. fam. 2010, n 72, note V. Larribau-Terneyre; RLDC 2010/70, n 3764,
o
obs. Le Gallou; n 3782, obs. E. Pouliquen; AJ fam. 2010. 189, obs.
S. Milleville ; RTD civ. 2010. 367, obs. B. Vareille .
Pour ce qui est des immeubles relevant de l’article 215 alinéa 3, les tiers
évincés de leurs droits ont des recours très limités. Ils ne peuvent en
effet se prévaloir des clauses de l’acte nul, ni des engagements par
s
lesquels l’époux agissant seul prétendrait consolider leurs droits (v. s
o
n 113.33). Ils ne peuvent pas davantage songer à engager la
responsabilité civile de l’époux qui a outrepassé ses pouvoirs. En
revanche, lorsque l’acte de disposition sur les droits qui assurent le
logement familial a été conclu par l’intermédiaire d’un professionnel, le
tiers évincé peut mettre en jeu la responsabilité professionnelle de ce
dernier (1). Il aurait appartenu normalement à ce professionnel soit
d’informer le cocontractant du risque pesant sur l’opération, soit de
requérir le consentement préalable de l’autre conjoint avant la signature
de l’acte de disposition.
Notes
re o s o re
(1) Civ. 1 , 11 oct. 1989, n 88-13.631 , préc. s n 113.33 – Civ. 1 ,
o s o
3 mars 2010, n 08-18.947 , préc. s n 113.33.
113.35. Intérêt à agir en nullité.
Encore faut-il que l’époux qui se prévaut de l’article 215 alinéa 3 du Code
civil justifie, au moment où il introduit sa demande, d’un intérêt actuel à
poursuivre l’annulation de l’acte litigieux. Cet intérêt à agir peut
disparaître par exemple si l’intéressé a quitté le logement en question
(1). Par conséquent, la séparation volontaire qui a conduit à vider les
lieux d’un commun accord pourrait être objectée au demandeur comme
un obstacle à la recevabilité de son action, à moins peut-être qu’il n’y
aille de l’intérêt des enfants du couple, ou encore que l’époux en divorce
ne demande un « bail forcé », en vertu de l’article 285-1 du Code civil,
sur le logement appartenant à son conjoint (2).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 3 mars 2010, n 08-13.500 , Bull. civ. I, n 53; D. 2010.
o
AJ 765 ; 1608, note L. Mauger-Vielpeau; JCP 2010, n 487, § 3, obs.
G. Wiederkehr; Defrénois 2010. 1466, note J. Massip; Dr. fam. 2010,
o
n 61, obs. B. Beignier; AJ fam. 2010. 187, obs. F. Chénedé ; RTD civ.
2010. 365, obs. B. Vareille ; adde, V. Brémond, « Protection du
logement de la famille, La conformité de l’action en nullité de
l’article 215, alinéa 3, aux intérêts du conjoint demandeur », JCP N 2010.
1226.
D’un côté, l’action doit être intentée dans l’année à partir du jour où il a
connaissance de l’acte. La connaissance de l’acte, fait juridique, se
prouve par tous moyens. Le délai est celui d’une prescription extinctive
(1), susceptible d’interruption. Le cours de la prescription n’est
cependant pas interrompu si une assignation est intervenue dans le délai
utile, mais est devenue caduque par application de l’article 757 du Code
de procédure civile; par conséquent, une nouvelle assignation n’est
efficace que si elle a été délivrée dans le délai de l’article 215 alinéa 3
(2).
D’un autre côté, l’action en nullité doit être intentée dans l’année de la
dissolution du régime matrimonial. La doctrine s’est interrogée sur le
point de savoir si l’expression doit être strictement entendue.
o
Pour certains, à la suite de Ponsard sur Aubry et Rau, n 30, il faut
comprendre la formule comme faisant courir le délai seulement à
compter d’une dissolution de régime consécutive à la dissolution du
mariage lui-même (3). L’idée est que la protection organisée par
l’article 215 alinéa 3 faisant partie intégrante du régime primaire, survit
à un changement de régime, que l’origine en soit volontaire (C. civ.,
art. 1397) ou non (C. civ., art. 1443). Le même raisonnement devrait être
appliqué d’ailleurs à la séparation de corps, qui détermine une séparation
de biens sans dissoudre le mariage.
Notes
e o o
(1) Civ. 2 , 2 déc. 1982, n 80-15.998 , Bull. civ. II, n 158.
o o
(2) Cass., ass. plén., 3 avr. 1987, n 86-11.536 , Bull. ass. plén., n 3;
R. 231; D. 1988. Somm. 122, obs. P. Julien; JCP 1987. II, 20792, concl.
J. Cabannes; Gaz. Pal. 1987. 2. Somm. 486, obs. H. Croze et C. Morel;
RTD civ. 1987. 401, obs. R. Perrot.
Quel délai retenir ? La doctrine admet très généralement qu’en pareil cas,
la protection du bien étant renforcée en raison de son appartenance à la
communauté, le délai de deux ans prévaut (1). De fait, il serait
paradoxal que l’action en nullité fût plus favorablement accueillie lorsque
l’acte de disposition intéresse un immeuble insignifiant que lorsqu’il
concerne le logement de la famille.
Un arrêt a paru admettre que l’action en nullité ne peut être exercée que
dans les délais plus brefs prévus par l’article 215 alinéa 3 (2); mais
cette décision a été rendue concernant un acte qui ne relevait en réalité
que de l’article 215 alinéa 3.
Notes
o
(1) J.-Cl. Civ., art. 212 à 215, fasc. 30, Mariage, par A. Karm, n 61.
re o o
(2) Civ. 1 , 14 nov. 2006, n 05-19.402 , Bull. civ. I, n 482; AJ fam.
2007. 89, obs. F. Chénedé ; D. 2007. 349, note G. Raoul-Cormeil ; ibid.
1561, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; RTD civ. 2007. 378, obs.
B. Vareille .
Notes
re o
(1) EN CE SENS, Civ. 1 , 8 févr. 2000, n 98-10.836 , NP; Dr. fam. 2000,
o
n 89, obs. B. Beignier; RTD civ. 2000. 888, obs. B. Vareille .
C’est pourquoi l’on doit admettre que le consentement peut être tacite
pourvu qu’il soit certain.
113.43. Apparence.
Il faut tout de même réserver l’hypothèse où l’acte se trouverait
consolidé par le jeu de la théorie de l’apparence. La jurisprudence qui
s’est développée sur ce chapitre, en fait de cogestion d’immeubles
dépendant de la communauté, est probablement transposable.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 11 mars 1986, n 84-12.940 , Bull. civ. I, n 67; Defrénois
1987. 404, obs. J.-L. Aubert.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 16 juill. 1985, n 83-17.393 , Bull. civ. I, n 223; Defrénois
1985. 1470, obs. G. Champenois; JCP N 1986. 71, obs. Ph. Simler.
Ou bien celui qui aliène est seul titulaire des droits dont il dispose; ainsi
lorsqu’il aliène un bien propre en régime communautaire ou un bien
personnel sous tout autre régime matrimonial. En ce cas, le
consentement de son conjoint ne fait que valider l’acte de disposition,
sans qu’il puisse en résulter pour le conjoint qui a consenti une
quelconque obligation.
Ou bien les droits aliénés sont en communauté, et l’effet du
consentement est incertain. Il est seulement clair que celui qui accomplit
un tel acte de disposition sur un bien de la communauté engage ses biens
propres ainsi que la communauté, à l’exclusion des gains et salaires de
l’autre (C. civ., art. 1413 et 1414 combinés). En revanche, la portée du
consentement de l’autre au regard de ses propres obligations reste à
élucider. Les auteurs admettent que ce conjoint peut donner son
s o
autorisation sans être partie à l’acte (v. sur ce point s n 138.203).
113.46. Limite : recours à l’article 217 du Code civil.
L’article 217 du Code civil peut être invoqué par un époux désireux de
passer un acte de disposition sur le logement familial, afin de lever le
refus de l’autre d’y consentir.
La jurisprudence, quoique plutôt limitée sur ce point (1), rejoint
l’opinion répandue en doctrine.
Notes
(1) V. TOUTEFOIS, Paris, 26 nov. 1991, D. 1992. IR 23 ; RTD civ. 1992.
628, obs. F. Lucet et B. Vareille .
s t o
(2) F. Lucet et B. Vareille, obs. préc. s prés n .
D’un autre côté, la protection instituée par l’article 1751 est plus ferme
que celle organisée par l’article 215 alinéa 3, car il crée une véritable
cotitularité du droit au bail (là où l’article 215 se contente d’imposer la
cogestion).
Notes
e o o
(1) V. Civ. 3 , 13 mars 2002, n 00-17.607, Bull. civ. III, n 60; D. 2003.
Somm. 735, obs. N. Damas .
e o
(2) Civ. 3 , 10 janv. 2007, n 05-19.914 , NP; D. 2008. Pan. 1300, obs.
N. Damas .
e o
(3) Civ. 3 , 9 juin 2016, n 15-14.119 , P; D. 2016. 2086, obs.
V. Brémond ; AJDI 2016. 703, obs. N. Damas .
Notes
113.63. Signification aux deux époux des actes ayant une incidence sur
la location.
En principe, tout acte, pour être valide, doit être signifié à chacun des
deux conjoints.
Notes
e o o
(1) Civ. 3 , 12 mars 2014, n 13-14.403 , Bull. civ. III, n 36.
e o
(2) Pour une illustration, v. Civ. 3 , 29 oct. 2013, n 12-23.138 , Bull.
o
civ. III, n 135; Defrénois 2014. 182, note J. Mazure.
Ainsi un époux est-il resté cotitulaire du bail conclu par son conjoint, dès
lors que le logement a servi effectivement à l’habitation des deux époux
et qu’aucun jugement de divorce n’est intervenu; cependant, en l’espèce,
cet époux avait cessé par force de résider dans le logement depuis
plusieurs années, en raison d’une longue hospitalisation, suivie d’une
impossibilité de réinstallation dans le logement, inadapté à son handicap
lourd (2).
Notes
e o
(1) EN CE SENS : Civ. 3 , 22 oct. 2015, n 14-23.726 , Bull. civ. III,
o
n 100; D. 2015. 2616, obs. Y. Rouquet, note T. Lakssimi ; ibid. 2016.
674, obs. M. Douchy-Oudot ; ibid. 1028, chron. A.-L. Méano, V. Georget
et A.-L. Collomp ; ibid. 1102, obs. N. Damas ; AJ fam. 2015. 682, obs.
F. Bicheron ; Loyers et copr. 2015. Comm. 241, note B. Vial-Pedroletti;
JCP N 2016. 1083, note L. Mauger-Vielpeau; RJPF 2015-12/19, obs.
T. Garé; Defrénois 2016. 178, obs. G. Champenois; RTD civ. 2016. 90,
obs. J. Hauser ; ibid. 433 , obs. B. Vareille; adde S. Piedelièvre,
« Cotitularité du bail et solidarité », Gaz. Pal. 10 déc. 2015, p. 7.
e o o
(2) Civ. 3 , 31 mai 2006, n 04-16.920 , Bull. civ. III, n 135; R. p. 332;
er o
BICC 1 oct. 2006, n 1797, et la note; D. 2006. 2777, note N. Damas ;
o
Pan. 1568, obs. J.-J. Lemouland et D. Vigneau ; Dr. fam. 2006, n 147,
note V. Larribau-Terneyre; RJPF 2006-10/24, note A. Leborgne; AJDI
2006. 729, obs. Y. Rouquet ; Dr. et proc. 2006. 326, note G. Yildirim;
o
RDC 2006. 1143, obs. D. Lardeux; RLDC 2006, n 29, p. 44, note
o
G. Marraud des Grottes; n 30, p. 49, note F. Léandri; RTD civ. 2006. 812,
obs. B. Vareille .
e er o o
(3) Civ. 3 , 1 avr. 2009, n 08-15.929 , Bull. civ. III, n 72; D. 2009.
o
AJ 1090, obs. G. Forest ; Dr. fam. 2009, n 70, note V. Larribau-
o
Terneyre; Loyers et copr. 2009, n 140, obs. B. Vial-Pedroletti; AJ fam.
2009. 221, obs. I. Gallmeister ; Dr. et proc. 2009. 255, note G. Yildirim;
RJPF 2009-6/30, obs. T. Garé; RTD civ. 2009. 510, obs. J. Hauser ; 567,
obs. B. Vareille.
Notes
o
(1) L. n 2001-1135, 3 déc. 2001, relative aux droits du conjoint
survivant et des enfants adultérins et modernisant diverses dispositions
de droit successoral, JO 4 déc., p. 19279.
(2) EN CE SENS, B. Vareille, « Variations futiles sur les droits au
logement du conjoint survivant », Mél. Michel Prieur, Dalloz, 2007,
p. 1721.
113.72. Renvoi.
Néanmoins, par les affinités qu’il entretient avec le droit des successions
et en particulier avec le droit d’habitation viager de l’article 764 du Code
civil, le droit temporaire au logement sera traité, comme il est habituel,
parmi les questions de droit successoral. On se reportera donc sur cette
s os
question s n 233.21 à 233.36 pour le droit temporaire au logement et
s os
s n 233.41 à 233.78 pour le droit viager d’usage et d’habitation.
Section 0 - Orienteur
114.00. Plan du chapitre.
Division. La vie conjugale exige que l’on garantisse une certaine
autonomie à chaque époux, en particulier à la femme, qui a eu du mal à
s’affranchir de la tutelle maritale, dans les régimes matrimoniaux.
114.01. Textes applicables.
C. civ., art. 221, 222, 225 et 226
C. civ., art. 221
Chacun des époux peut se faire ouvrir, sans le consentement de l’autre,
tout compte de dépôt et tout compte de titres en son nom personnel.
À l’égard du dépositaire, le déposant est toujours réputé, même après la
dissolution du mariage, avoir la libre disposition des fonds et des titres
en dépôt.
C. civ., art. 222
Si l’un des époux se présente seul pour faire un acte d’administration, de
jouissance ou de disposition sur un bien meuble qu’il détient
individuellement, il est réputé, à l’égard des tiers de bonne foi, avoir le
pouvoir de faire seul cet acte.
C. civ., art. 226
s o
* V. texte complet de cet article s n 111.01, > Pouvoirs de gestion et
solidarité des époux
> Maîtrise par chaque époux de ses biens personnels
C. civ., art. 225
Chacun des époux administre, oblige et aliène seul ses biens personnels.
114.02. Jurisprudence de référence.
> Par application de l’article 221 du Code civil, l’épouse a, à l’égard de la
banque, le pouvoir suffisant d’encaisser sur son compte personnel un
chèque dont les deux époux sont bénéficiaires et qui a été endossé par
chacun d’eux
o o
• Com. 21 nov. 2000, n 97-18.187, Bull. civ. IV, n 177
s o
* V. s n 114.22
Attendu que la Caisse d’épargne fait grief à cet arrêt d’avoir ainsi statué,
alors que, selon le moyen, les titres figurant sur un compte d’épargne
ouvert au nom d’un des époux constituent des biens communs, de sorte
que leur emploi par l’autre époux est réputé avoir été fait dans l’intérêt
de la communauté; qu’en considérant que la faute commise par
l’établissement financier en ayant remis les titres à l’épouse de M. X.
était génératrice pour celui-ci d’un préjudice, la cour d’appel a violé
l’article 1421 du Code civil;
« Vu les articles 1421 et 1427 du Code civil dans leur rédaction de la loi
du 13 juillet 1965 applicable en la cause, ensemble l’article 222 du même
code;
Attendu qu’en se déterminant ainsi, alors, d’une part, que s’agissant d’un
acte relatif à l’acquisition d’un bien que l’épouse avait la faculté de
conclure seule, de sorte que les articles 1421 et 1427 du Code civil
étaient sans application en la cause, et sans rechercher, d’autre part, si
elle n’était pas réputée, selon l’article 222 du Code civil, avoir la libre
me
disposition des fonds remis par elle à M Y., la cour d’appel a violé ces
textes;
114.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisable. Rép. civ. v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
os
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 254 s.
Ouvrages (1).
e
J. PATARIN et G. MORIN, La réforme des régimes matrimoniaux, 4 éd.,
o
Defrénois, 1977, t. I, n 38 – F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les
e os
régimes matrimoniaux, « Précis », 7 éd., Dalloz, 2015, n 88 s.
Articles.
D. Martin, « L’indépendance bancaire des époux », D. 1989. Chron. 135 –
o
M. Vion, « Les dispositions transitoires de la loi n 85-1372 du
23 décembre 1985 relative à l’égalité des époux », Defrénois 1986. 81,
t os
spéc n 19 s.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
114.04. Questions essentielles.
La loi institue au régime primaire diverses présomptions, qui toutes
reposent sur le même système : rassurer les tiers avec lesquels les époux
ont à traiter, en réputant les époux investis du pouvoir d’agir.
Notes
o
(1) L. n 84-86, 24 janv. 1984, JO 25 janv.; D. 1984. Lég. 148.
Notes
o o
(1) Com. 21 nov. 2000,n 97-18.187 , Bull. civ. IV, n 177;D. 2001.
o
Somm. 2932, obs. V. Brémond ; JCP 2002. I. 103, n 23, obs. M. Storck;
Defrénois 2001. 1127, obs. G. Champenois; RJPF 2001-2/28, obs.
re
F. Vauvillé;RTD civ. 2001. 941, obs. B. Vareille – Civ. 1 , 16 mai 2013,
o o
n 12-12.207 , Bull. civ. I, n 100; D. 2013. 2242, obs. V. Brémond ;
AJ fam. 2013. 382, obs. P. Hilt .
re o s t
(2) EN CE SENS, v. Civ. 1 , 16 mai 2013, n 12-12.207 , préc. s prés
o
n .
re o o
(3) Civ. 1 , 3 juill. 2001, n 99-19.868 , Bull. civ. I, n 198; D. 2002.
1102, note L. Comangès ; Somm. 3262, obs. J.-V. Hallouin ; JCP 2002.
o
I. 103, n 17, obs. Ph. Simler; JCP N 2002. 1206, note V. Brémond;
o
Defrénois 2002. 397, obs. G. Champenois; Dr. fam. 2001, n 120, obs.
B. B.; RTD civ. 2001. 941, obs. B. Vareille – DANS LE MÊME SENS, Com.
o
11 mars 2003, n 00-20.866 , NP; D. 2004. 1479, note M. Laugier ;
JCP N 2003. 1732, note Casey.
re o o
(4) EN CE SENS, Civ. 1 , 6 mai 2003, n 00-18.891 , Bull. civ. I, n 106;
D. 2003. Somm. 1865, obs. V. Brémond ; JCP N 2003. 1608, obs. Casey;
o
AJ fam. 2003. 274, obs. S. D. B .; Dr. fam. 2003, n 91, note B. Beignier;
o
Banque et droit 2003, n 91, p. 75, note T. Bonneau.
re o o
(5) EN CE SENS, Civ. 1 , 8 juill. 2009, n 08-17.300 , Bull. civ. I, n 163;
D. 2009. 1970, obs. V. Égéa ; D. 2010. Pan. 728, obs. J.-J. Lemouland et
D. Vigneau ; 360, note F. Chénedé; AJ fam. 2009. 404, obs.
o
F. Chénédé ; JCP 2009. 353, note E. Naudin; 391, n 5, obs.
G. Wiederkehr; JCP N 2009. 1329, note T. Douville.
Notes
o
(1) L. n 2013-404, 17 mai 2013, ouvrant le mariage aux couples de
personnes de même sexe, JO 18 mai, p. 8253.
114.24. 3) Rapports entre les époux et les tiers non dépositaires, enfin.
La présomption ne joue pas non plus à l’égard des tiers autres que le
banquier dépositaire. La lettre de l’article 221 ne le permet pas.
Notes
o
(1) EN CE SENS, Com. 21 nov. 2000, n 98-10.247 , NP; RJPF 2001-
2/28, note F. Vauvillé.
Notes
o o
(1) Cass., ass. plén., 4 juill. 1985, n 83-17.155 , Bull. ass. plén., n 4;
D. 1985. 421, concl. J. Cabannes, note D. Martin; JCP 1985. II. 20457,
rapp. Ponsard; Defrénois 1985. 1130, note G. Champenois; RTD civ.
1985. 709, obs. J. Rubellin-Devichi; et 754, obs. J. Patarin.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 6 juill. 1999, n 97-15.005 , Bull. civ. I, n 224; D. 2000.
421, note R. Le Guidec ; JCP 2000. II. 10237, obs. J. Casey; Defrénois
1999. 1361, obs. G. Champenois; Gaz. Pal. 2000. Somm. 362, obs.
o
G. Dahan; Dr. fam. 2000, n 88, note S. Tougne; LPA 6 avr. 2000, note
Bernard; RTD civ. 2000. 388, obs. B. Vareille .
A - Meubles corporels
114.61. Meubles corporels détenus individuellement.
L’exigence d’une détention individuelle vise à éviter qu’un époux n’utilise
la présomption pour accomplir un acte de disposition sur un bien corporel
détenu en commun par les deux, dont le statut se trouve d’avance
entaché d’équivoque, voire sur un bien exclusivement détenu par l’autre
conjoint. C’est pourquoi le texte lui-même exclut certains meubles de la
présomption, et la doctrine allonge la liste, ce qui porte à trois les cas
d’exclusion.
Hors ces cas d’exclusion, tous les biens meubles corporels sont
concernés, y compris les sommes d’argent.
B - Meubles incorporels
114.71. Meubles incorporels « détenus » individuellement.
On a douté qu’il soit simplement possible de « détenir » individuellement
un meuble incorporel, et, partant, que la présomption mobilière soit
applicable à cette catégorie de biens. Il est vrai qu’en principe détention
dit emprise matérielle, ce qui paraît exclure par hypothèse un bien
immatériel. Toutefois, les catégories juridiques ont évolué, et, quelle
qu’en soit la présentation, une distinction est aujourd’hui envisageable.
Par exemple, c’est le cas lorsque le meuble incorporel est aux mains de
son détenteur par l’effet d’une remise directe : ainsi les effets de
commerce. On peut encore se contenter de ce qu’un titre à ordre a été
émis ou endossé à son profit, ou a fortiori de ce qu’un titre nominatif a
été immatriculé à son nom. Depuis la dématérialisation des valeurs
mobilières, c’est l’inscription sur le compte de l’époux qui réalise la
détention.
Notes
(1) Avis. min. Justice, Banque 1966. 399.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 5 avr. 1993, n 90-20.491 , Bull. civ. I, n 136; JCP N 1993.
375, note M. Henry; Defrénois 1993. 803, obs. G. Champenois; RTD civ.
1994. 403, obs. B. Vareille .
Notes
re o
(1) EN CE SENS, implicitement, Civ. 1 , 5 avr. 1993, n 90-20.491 ,
s o
préc. s n 114.82.
Les délais pour agir semblent bien être ceux de droit commun, hormis
dans le cas d’un dépassement de pouvoirs sur un bien commun, où
l’article 1427 alinéa 2 du Code civil enferme l’action en nullité dans le
double délai de deux ans à compter du jour où le demandeur a eu
connaissance de l’acte, et de deux ans après la dissolution de la
communauté.
Notes
En particulier, il est admis que le notaire qui rédige l’acte par lequel un
conjoint dispose seul d’un bien mobilier qui semble détenu
individuellement ne saurait voir sa responsabilité engagée si sa mauvaise
foi n’est pas démontrée. Reste que la bonne foi du notaire sera plus
sévèrement appréciée, en raison de son devoir de conseil et de sa
compétence technique.
Toutefois, en appelant dans le régime primaire une règle qui n’avait place
que dans des dispositions du régime matrimonial stricto sensu, la loi du
23 décembre 1985 lui a conféré un caractère impératif. Cela signifie donc
qu’on ne peut y déroger par convention.
114.126. Limite.
La règle trouve une limite dans les dispositions du régime primaire et
dans la logique du régime de communauté.
Section 0 - Orienteur
115.00. Plan du chapitre.
Division. L’autonomie passe également par la liberté de choisir sa
profession (sect. 1), qui va de pair avec une emprise naturelle sur les
revenus de son travail (sect. 2).
115.01. Textes applicables.
C. civ., art. 223 et 226.
C. civ., art. 223
Chaque époux peut librement exercer une profession, percevoir ses gains
et salaires, et en disposer après s’être acquitté des charges du mariage.
C. civ., art. 226
s o
* V. texte complet de cet article s n 111.01, > Pouvoirs de gestion et
solidarité des époux
115.02. Jurisprudence de référence.
> L’article 224 (ancien) du Code civil donne à chaque époux le pouvoir de
disposer librement de ses gains et salaires, sans qu’aucune distinction
soit faite suivant le régime matrimonial adopté ou selon que la
disposition a eu lieu à titre onéreux ou à titre gratuit
re o o
• Civ. 1 , 29 févr. 1984, n 82-15.712, Bull. civ. I, n 81
s o
* V. s n 115.25
me
« Attendu que M X., veuve d’André Y. avec lequel elle était mariée sous
le régime de la communauté légale, et son fils Luc Y. issu de cette union
font grief à l’arrêt attaqué d’avoir validé en leur principe les libéralités
me
consenties par André Y. à M Z. avec laquelle il avait vécu de 1960
jusqu’à son décès survenu en 1973, alors, selon le moyen, que d’une
part, en se bornant à affirmer que la carence du mari n’avait pas été
complète, l’arrêt n’a pas mis la Cour de cassation en mesure d’exercer
son contrôle sur le point de savoir si André Y. avait, intégralement
acquitte les charges du mariage et a ainsi violé l’article 224
er
alinéa 1 modifié du Code civil;
115.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisable. Rép. civ. v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
os
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 254 s.
Ouvrages (1).
e
J. PATARIN et G. MORIN, La réforme des régimes matrimoniaux, 4 éd.,
o
Defrénois, 1977, t. I, n 38 – F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les
e os
régimes matrimoniaux, « Précis », 7 éd., Dalloz, 2015, n 110 s.
Articles.
Ph. Simler, « La mesure de l’indépendance des époux dans la gestion de
leurs gains et salaires », JCP 1989. I. 3398 – M. Vion, « Les dispositions
o
transitoires de la loi n 85-1372 du 23 décembre 1985 relative à l’égalité
t os
des époux », Defrénois 1986. 81, spéc n 19 s.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
115.04. Questions essentielles.
> La liberté d’exercer la profession de son choix représente une conquête
pour la femme mariée; elle consiste désormais, pour l’un et l’autre
époux, à la fois, dans le libre choix de son métier et dans l’exercice de
cette profession en toute liberté.
s os
* V. s n 115.11 et 115.12
> La maîtrise de ses gains professionnels, dès l’instant que celui qui les a
perçus a contribué aux charges du mariage, se dédouble en une libre
perception et une libre disposition.
s os
* V. s n 115.21 à 115.26
115.08. Champ.
L’article 223 du Code civil repose sur deux principes simples : la liberté
d’exercer la profession de son choix; la maîtrise des gains professionnels.
Il édicte en effet : « Chaque époux peut librement exercer une
profession, percevoir ses gains et salaires, et en disposer après s’être
acquitté des charges du mariage ».
115.09. Histoire.
La question de l’exercice indépendant d’une profession et de la maîtrise
des gains qui en résultent a longtemps opposé le statut du mari et celui
de la femme : il a fallu attendre la loi du 13 juillet 1965 pour que la
femme mariée puisse exercer la profession de son choix sans le
consentement de son mari; et c’est par une dérogation notable au
principe de l’incapacité de la femme mariée que la loi du 13 juillet 1907
était venue permettre à la femme qui exerçait une profession séparée
d’acquérir avec les revenus de son travail des biens réservés à son
administration et à sa jouissance.
Les biens que la femme acquiert par ses gains et salaires dans l’exercice
d’une profession séparée de celle de son mari sont réservés à son
administration, à sa libre disposition, sauf à observer les limitations
apportées par les articles 1425 et 1503 aux pouvoirs respectifs des
époux.
115.12. Tempérament.
Reste l’hypothèse où l’exercice d’une profession par un conjoint mettrait
en péril les intérêts de la famille. En ce cas, le conjoint peut saisir le juge
d’une demande d’interdiction temporaire sur le fondement de
l’article 220-1 du Code civil, si du moins les conditions d’application de
s os
cet article se trouvent réunies (v. s n 116.71 s.).
En toute logique, les gains de jeu n’ont pas à entrer dans le champ
d’application de l’article 223, en dépit d’une décision isolée qui a déclaré
ce texte applicable aux gains procurés par un billet de Loto (2).
Notes
re o
(1) V. PAR EX. en dernier lieu : Civ. 1 , 29 juin 2011, n 10-23.373 ,
o
Bull. civ. I, n 135; D. 2011. Actu. 1897 ; AJ fam. 2011. 438, obs.
o
P. Hilt ; Dr. fam. 2011, n 128, obs. B. Beignier; RTD civ. 2011. 577, obs.
B. Vareille – Adde, sur cette question, nos obs. à la RTD civ.
2005. 819 .
(2) TGI Créteil, 19 janv. 1988, Defrénois 1988. 1244, obs.
G. Champenois; JCP 1989. II. 21385, note Ph. Simler.
C’est ainsi que la clause dite d’unité d’administration, déjà exclue par
s os
l’article 225 (v. s n 114.122 s.), ou encore la clause d’administration
conjointe, ne saurait déroger au pouvoir de libre disposition que l’époux
tire de l’article 223 sur ses gains et salaires.
Cette particularité a été illustrée dans une affaire où un mari avait utilisé
partie de ses salaires pour permettre à sa concubine adultérine
d’acquérir un immeuble (1). La validité de cette libéralité ne tombait pas
sous le sens si l’on s’en tenait au contenu des textes, car la règle
Specialia generalibus derogant pouvait être différemment appliquée,
l’article 223 étant spécial quant aux gains et salaires, et l’article 1422
quant aux actes de disposition à titre gratuit. En réalité, il faut faire
prévaloir le régime primaire impératif sur les règles supplétives du
régime de communauté.
Un arrêt récent confirme cette analyse en admettant de façon implicite
que l’époux commun en biens peut consentir seul une donation de ses
gains et salaires, mais qu’il en doit alors récompense si son conjoint ne
se porte pas co-donateur (2). En effet, dès lors que les conditions de
l’article 1437 sont réunies, il y a naturellement lieu à récompense.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 29 févr. 1984, n 82-15.712 , Bull. civ. I, n 81; D. 1984.
601, obs. D.-R. Martin; JCP 1985. II. 20443, note R. Le Guidec; Defrénois
re
1984. 1074, obs. G. Champenois – EN CE SENS, Civ. 1 , 25 janv. 2005,
o o
n 96-19.878 , Bull. civ. I, n 35; D. 2005. Pan. 458, obs. J.-
o
J. Lemouland et D. Vigneau ; JCP 2005. I. 163, n 11, obs. Ph. Simler;
Gaz. Pal. 2005. 3464, note G. Deharo; AJ fam. 2005. 234, obs.
o
F. Chénedé ; AJ fam. 2005. 280, obs. P. Hilt ; Dr. fam. 2005, n 95,
o
note V. Larribau-Terneyre; RLDC 2005, n 15, p. 44, note F. Leandri; RTD
Notes
o
(1) Sur ce point, v. M. Vion, « Les dispositions transitoires de la loi n 85-
1372 du 23 décembre 1985 relative à l’égalité des époux », Defrénois
t os
1986. 81, spéc n 19 s.
Section 0 - Orienteur
116.01. Textes applicables.
C. civ., art. 217, 219, 220-1, 226, 477, 494-1 et 494-2, 515-9, 515-11,
515-12
L’acte passé dans les conditions fixées par l’autorisation de justice est
opposable à l’époux dont le concours ou le consentement a fait défaut,
sans qu’il en résulte à sa charge aucune obligation personnelle.
> Restrictions des pouvoirs d’un époux par le juge aux affaires familiales
o o
C. civ., art. 220-1 (L. n 2004-439, 26 mai 2004, art. 22; et L. n 2010-
er
769, 9 juill. 2010, art. 1 )
Si l’un des époux manque gravement à ses devoirs et met ainsi en péril
les intérêts de la famille, le juge aux affaires familiales peut prescrire
toutes les mesures urgentes que requièrent ces intérêts.
Le juge peut, soit d’office, soit à la demande des parties, ordonner toute
mesure d’instruction.
Les parents ou le dernier vivant des père et mère, ne faisant pas l’objet
d’une mesure de curatelle ou de tutelle ou d’une habilitation familiale,
qui exercent l’autorité parentale sur leur enfant mineur ou assument la
charge matérielle et affective de leur enfant majeur peuvent, pour le cas
où cet enfant ne pourrait plus pourvoir seul à ses intérêts pour l’une des
causes prévues à l’article 425, désigner un ou plusieurs mandataires
chargés de le représenter. Cette désignation prend effet à compter du
jour où le mandant décède ou ne peut plus prendre soin de l’intéressé.
Le mandat est conclu par acte notarié ou par acte sous seing privé.
Toutefois, le mandat prévu au troisième alinéa ne peut être conclu que
par acte notarié.
C. civ., art. 494-1
Lorsqu’une personne est hors d’état de manifester sa volonté pour l’une
des causes prévues à l’article 425, le juge des tutelles peut habiliter une
ou plusieurs personnes choisies parmi ses ascendants ou descendants,
frères et sœurs ou, à moins que la communauté de vie ait cessé entre
eux, le conjoint, le partenaire auquel elle est liée par un pacte civil de
solidarité ou le concubin à la représenter ou à passer un ou des actes en
son nom dans les conditions et selon les modalités prévues à la présente
section et à celles du titre XIII du livre III qui ne lui sont pas contraires,
afin d’assurer la sauvegarde de ses intérêts.
La personne habilitée doit remplir les conditions pour exercer les charges
tutélaires. Elle exerce sa mission à titre gratuit.
C. civ., art. 494-2
L’habilitation familiale ne peut être ordonnée par le juge qu’en cas de
nécessité et lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la
personne par l’application des règles du droit commun de la
représentation, de celles relatives aux droits et devoirs respectifs des
époux et des règles des régimes matrimoniaux, en particulier celles
prévues aux articles 217, 219, 1426 et 1429, ou par les stipulations du
mandat de protection future conclu par l’intéressé.
C. civ., art. 515-9
Lorsque les violences exercées au sein du couple ou par un ancien
conjoint, un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un
ancien concubin mettent en danger la personne qui en est victime, un ou
plusieurs enfants, le juge aux affaires familiales peut délivrer en urgence
à cette dernière une ordonnance de protection.
o
C. civ., art. 515-11, 3°, 4°, 5° (mod. par L. n 2014-873, 4 août 2014,
art. 32)
L’ordonnance de protection est délivrée, dans les meilleurs délais, par le
juge aux affaires familiales […]. À l’occasion de sa délivrance, le juge aux
affaires familiales est compétent pour : […]
116.02. Jurisprudence de référence.
> L’article 219 du Code civil est applicable quel que soit le régime
matrimonial des époux
re o o
• Civ. 1 , 18 févr. 1981, n 80-10.403, Bull. civ. I, n 60
s o
* V. s n 116.31
> L’article 219 est applicable à l’ensemble des biens des époux, et vise
tous les pouvoirs d’ordre patrimonial
re o o
• Civ. 1 , 1er oct. 1985, n 84-12.476, Bull. civ. I, n 237
s o
* V. s n 116.31
Mais attendu que, sous couvert d’un défaut de base légale, le moyen ne
tend qu’à remettre en discussion, devant la Cour de cassation, les
constatations et appréciations de fait dont la cour d’appel a
souverainement déduit que la vente projetée apparaissait conforme aux
intérêts de la famille en vue d’apurer au mieux le passif important du
fonds, qu’elle a ainsi légalement justifié sa décision. »
116.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisables. Rép. civ., v Mariage (4° effets), par M. Lamarche et J.-
os
J. Lemouland, avr. 2014 [actu. avr. 2017], n 299 s. – J.-Cl. Civ.,
art. 1421 à 1432, fasc. 30.
Ouvrage (1).
Articles.
H. Lécuyer « L’urgence et les régimes matrimoniaux », États généraux
du droit de la famille, L’urgence et le droit de la famille, Gaz. Pal. 18-
20 avr. 2010, p. 13 – C. Philippe, « Régimes matrimoniaux et altération
des facultés mentales », Dr. fam. 2006. Étude 24 – G. Raoul-Cormeil,
« Le conjoint de la personne vulnérable », Defrénois 2008. 1303 – J.-
F. Sagaut « Empêchement ou impéritie d’un époux : les solutions du droit
des régimes matrimoniaux », Dossier Famille et handicap, AJ fam.
o
2003. 124 – M. Vion, « Les dispositions transitoires de la loi n 85-1372
du 23 décembre 1985 relative à l’égalité des époux », Defrénois 1986.
t os
81, spéc n 19 s.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
116.04. Questions essentielles.
La situation de crise n’est pas rare entre époux, soit qu’on ait le temps de
construire des dispositifs permettant d’y remédier efficacement, soit que
l’on soit condamné à prendre des mesures d’urgence.
> On a recours à des extensions de pouvoirs lorsque la situation est
bloquée par suite de l’empêchement de l’un des deux conjoints ou de
l’obstination que l’un ou l’autre met à refuser son concours ou son
consentement.
116.06. Sanctions.
Non-respect de l’ordonnance du juge restreignant les pouvoirs d’un
époux sur le fondement de l’article 220-1 du Code civil :
116.08. Esprit.
Le régime primaire et le régime matrimonial proprement dit définissent
certains actes que seul un époux peut accomplir, et d’autres qui
nécessitent pour leur perfection un accord plus ou moins poussé des
deux conjoints. Or, un tel dispositif comporte un risque majeur, qui est la
paralysie totale du système, dans le cas par exemple d’empêchement de
l’époux ayant qualité pour agir, ou de celui dont le consentement est
indispensable.
116.09. Méthode.
La loi organise deux ordres de mécanismes pour faire face aux situations
de crise.
116.12. Esprit.
Le conjoint doit démontrer l’inaptitude de son époux à manifester sa
volonté. Par suite, la représentation judiciaire de l’article 219 ne peut pas
servir de remède à un conflit conjugal; quant au reste, elle répond à une
grande diversité de situations.
Notes
o
(1) Ord. n 2015-1288, 15 oct. 2015, portant simplification et
modernisation du droit de la famille, JO 16 oct., p. 19304.
o
(2) L. n 2016-1547, 19 nov. 2016, de modernisation de la justice du
e o
XXI siècle, JO 19 nov., texte n 1.
er
116.24. Articulation de l’article 219 alinéa 1 du Code civil avec le
mandat de protection future.
Tout majeur ou mineur émancipé, s’il ne fait pas l’objet d’une mesure de
tutelle, ni d’une habilitation familiale, peut souscrire un mandat de
protection future, afin d’être représenté dans le cas où il ne viendrait à
n’être plus en mesure de pourvoir seul à ses intérêts en raison d’une
altération de ses facultés mentales ou corporelles médicalement
constatée (C. civ., art. 477 s.). Le mandataire peut être soit une personne
physique choisie par le mandant, soit une personne morale inscrite sur la
liste des mandataires judiciaires à la protection des majeurs.
Une telle solution n’a pas été remise en question de façon significative
par la loi du 23 décembre 1985; si ce n’est que la généralisation de la
gestion concurrente en régime de communauté sur les biens communs
er
ôte beaucoup de son intérêt à l’article 219 alinéa 1 , qui trouve surtout à
s’appliquer dans le cas où l’époux empêché exerce une profession
séparée, pour surmonter l’article 1421 alinéa 2 du Code civil.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 18 févr. 1981, n 80-10.403 , Bull. civ. I, n 60; Defrénois
1981. I. 964, obs. G. Champenois; JCP N 1981. 155, obs. Ph. Rémy.
re er o o
(2) Civ. 1 , 1 oct. 1985, n 84-12.476 , Bull. civ. I, n 237; JCP N
1986. 249, note Ph. Simler.
L’acte passé dans les conditions fixées par l’autorisation de justice est
opposable à l’époux dont le concours ou le consentement a fait défaut,
sans qu’il en résulte à sa charge aucune obligation personnelle ».
116.42. Esprit.
À la différence de l’article 219, l’article 217 organise une mesure
ponctuelle, destinée à dénouer une situation de blocage. En toute
logique, il est loisible d’y recourir dans des conditions plus faciles, car la
portée en est plus limitée.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 19 oct. 1999, n 97-21.466 , Bull. civ. I, n 284; D. 1999.
o
IR 259 ; JCP 2000. I. 245, n 4, obs. G. Wiederkehr; Defrénois
o
2000. 437, obs. G. Champenois; Dr. fam. 2000, n 42, note B. Beignier
e
(3 esp.).
re o o
(2) Civ. 1 , 31 janv. 1974, n 71-14.700 , Bull. civ. I, n 37.
re o s o
(3) Civ. 1 , 22 nov. 2005, n 03-13.621 , préc. s n 116.51.
D’autre part, elle est applicable quelle que soit la nature de l’acte
considéré. L’article 217 ne distingue pas suivant la nature de l’acte
autorisé. Aussi considère-t-on que le texte est applicable aussi bien à un
acte de disposition qu’à un acte d’administration.
D’un côté, l’acte est opposable à l’époux dont l’inertie ou le refus a été
surmonté. Il ne sera donc pas en mesure d’objecter la nullité de l’acte
passé sans son concours ou consentement.
116.72. Texte applicable.
Issu de la loi du 13 juillet 1965, l’article 220-1 édicte : « Si l’un des
époux manque gravement à ses devoirs et met ainsi en péril les intérêts
de la famille, le juge aux affaires familiales peut prescrire toutes les
mesures urgentes que requièrent ces intérêts.
116.73. Esprit.
Il s’agit ici de faire face à une situation difficile, qui correspond dans la
pratique le plus souvent à une séparation de fait conflictuelle, en cours
ou acquise. C’est cette situation grave que dépeignent les conditions
mises par l’article 220-1; cela autorise des mesures lourdes, dont la
portée est vaste.
§ 1 - Conditions
116.81. Manquement grave d’un époux à ses devoirs.
On sait qu’en pareil cas, lorsque le manquement est grave ou renouvelé,
le droit du divorce peut conduire à des mesures radicales. Sans aller
jusque-là, l’article 220-1 du Code civil autorise des mesures appropriées
à une situation conflictuelle qui s’accélère.
Le péril pour l’intérêt de la famille n’est pas plus précisément défini, ce
qui laisse une certaine latitude au juge pour en déterminer le contenu.
L’article 220-1 est autonome par rapport aux autres textes du régime
primaire, comme par exemple l’article 214 (1). Il est clair par ailleurs
que l’intérêt de la famille ne se résume pas à la collection des intérêts
individuels de chacun des membres de la famille, ni à l’intérêt égoïste de
l’un d’entre eux. Quant au reste, le juge est seul appréciateur du contenu
précis de la notion et de la réalité du péril qui menace.
er
L’urgence est évoquée à l’article 220-1 alinéa 1 in fine à propos des
mesures que requiert la protection de l’intérêt de la famille. Elle traduit
une particularité : l’article 220-1 organise des mesures de sauvegarde,
dont l’objet est surtout de prévenir un dommage plus important pour
l’intérêt familial. C’est pourquoi la procédure est celle du référé.
Notes
re o
(1) EN CE SENS, Civ. 1 , 18 nov. 1970, n 69-12.107 , Bull. civ. I,
o
n 307; JCP 1971. II. 16780, note J. Patarin; RTD civ. 1971. 697, obs.
P. Hébraud.
Notes
o
(1) L. n 2004-439, 26 mai 2004, relative au divorce, JO 27 mai 2004,
p. 9319.
o
(2) L. n 2010-769, 9 juill. 2010, relative aux violences faites
spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux
incidences de ces dernières sur les enfants, JO 10 juill., p. 12762.
o
(3) L. n 2011-525, 17 mai 2011, de simplification et d’amélioration de la
qualité du droit, JO 18 mai, p. 8537.
o
(4) L. n 2014-873, 4 août 2014, pour l’égalité réelle entre les femmes et
les hommes, JO 5 août, p. 12949.
(5) Orléans, 25 mars 1987, JCP N 1988. II. 66, obs. Ph. Simler – et en
re o o
dernier lieu, Civ. 1 , 5 nov. 1996, n 94-14.160 , Bull. civ. I, n 374; JCP
o
1997. I. 4047, n 11, obs. G. Wiederkehr; Defrénois 1997. 814, obs.
G. Champenois; RTD civ. 1997. 725, obs. B. Vareille .
er
(6) TGI Saint-Brieuc, 1 juin 1967, D. 1967. Somm. 89.
116.92. Durée.
Les mesures ainsi adoptées présentent un caractère temporaire.
Notes
o
(1) Versailles, 29 nov. 1991, JCP 1992. I. 3614, n 2, obs. G. Wiederkehr;
RTD civ. 1992. 630, obs. F. Lucet et B. Vareille .
re o o
(2) EN CE SENS, Civ. 1 , 25 oct. 1972, n 71-13.073 , Bull. civ. I, n 222.
S’il s’agit tout d’abord de biens dont l’aliénation est sujette à publicité,
l’ordonnance du juge est publiée par les soins du requérant. Ainsi, au
bureau des hypothèques pour un immeuble.
Section 0 - Orienteur
117.01. Textes applicables.
er
C. rur., art. L. 321-1, al. 1 s., L. 321-2, L. 411-68
Lorsque des époux exploitent ensemble et pour leur compte une même
exploitation agricole, ils sont présumés s’être donné réciproquement
mandat d’accomplir les actes d’administration concernant les besoins de
l’exploitation.
L’époux qui n’a pas donné son consentement à l’acte peut en demander
l’annulation; l’action en nullité lui est ouverte dans l’année à compter du
jour où il a eu connaissance de l’acte.
1° Conjoint collaborateur;
2° Conjoint salarié;
3° Conjoint associé.
IV. – Le chef d’entreprise déclare le statut choisi par son conjoint auprès
des organismes habilités à enregistrer l’immatriculation de l’entreprise.
Seul le conjoint collaborateur fait l’objet d’une mention dans les registres
de publicité légale à caractère professionnel.
Le conjoint qui n’a pas donné son consentement exprès à l’acte peut en
demander l’annulation. L’action en nullité lui est ouverte pendant deux
années à compter du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans pouvoir
jamais être intentée plus de deux ans après la dissolution de la
communauté.
Dans les rapports avec les tiers, les actes de gestion et d’administration
accomplis pour les besoins de l’entreprise par le conjoint collaborateur
sont réputés l’être pour le compte du chef d’entreprise et n’entraînent à
la charge du conjoint collaborateur aucune obligation personnelle.
117.03. Bibliographie indicative.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
117.04. Questions essentielles.
> Des législations spécialisées ont mis en place différents systèmes qui,
afin de conférer un statut juridique au conjoint collaborateur de certains
professionnels, prévoient notamment des présomptions de mandat, ou la
possibilité de délivrer mandat.
117.05. Esprit.
La collaboration professionnelle entre époux a donné lieu pour certaines
catégories socioprofessionnelles à des dispositions particulières,
destinées à s’appliquer quel que soit le régime matrimonial, à raison de
la nature même de l’activité : il s’agit de protéger le conjoint qui
collabore à une exploitation agricole, le conjoint qui collabore à une
entreprise commerciale ou artisanale, et celui qui collabore à une
entreprise libérale. Cette protection s’impose quel que soit le statut du
bien qui sert de support à l’exploitation (qu’il soit personnel, propre ou
commun).
Notes
o
(1) L. n 85-1372, 23 déc. 1985, relative a l’égalité des époux dans les
régimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des
enfants mineurs, JO 26 déc., p. 15111.
117.12. Conditions.
er
Les articles L. 321-1 alinéa 1 et suivants du Code rural et de la pêche
maritime prévoient que :
117.13. Étendue.
La présomption de mandat couvre les actes d’administration concernant
les besoins de l’exploitation. Il faut entendre par là que l’époux
mandataire est en mesure de se livrer au nom de l’autre à tous les actes
d’exploitation normale : achats (de petits outillages et de semences par
exemple), ventes de productions agricoles, emprunts courants, entretien
(du matériel et des bâtiments d’exploitation par exemple), etc. En
revanche, la conclusion et le renouvellement des baux sont interdits sur
ce fondement.
117.14. Durée.
La présomption prend fin de deux manières :
Cessation de plein droit (C. rur., art. L. 321-2) dans les cas d’absence
présumée d’un époux; de séparation de corps; de séparation judiciaire de
biens; de disparition des conditions donnant naissance à la présomption
légale (exploitation en commun, collaboration à l’exploitation).
Révocation volontaire du mandat. Chaque époux a la faculté de retirer à
son conjoint le pouvoir de le représenter. Il suffit d’une déclaration en ce
sens, opérée de façon unilatérale, mais après convocation de l’autre
conjoint, et devant notaire à peine de nullité. Cette déclaration doit être
portée en marge de l’acte de mariage des époux. La révocation ne prend
effet que trois mois après cette mesure de publicité. À défaut, d’une telle
mention, la révocation est inopposable aux tiers, sauf à prouver qu’ils en
ont eu connaissance.
117.22. Modalités.
Lorsque deux époux participent ensemble de façon habituelle à une
exploitation agricole, mais qu’un seul des deux époux est titulaire du bail
rural support de cette exploitation, le titulaire du bail ne peut, sans le
consentement exprès de son conjoint, accepter la résiliation, ni céder le
bail, ni même s’obliger à ne pas en demander le renouvellement.
Notes
o
(1) L. n 82-596, 10 juill. 1982, relative aux conjoints d’artisans et de
commerçants travaillant dans l’entreprise familiale, JO 13 juill., p. 2204.
Notes
o
(1) L. n 2002-73, 17 janv. 2002, de modernisation sociale, JO 18 janv.,
p. 1008.
Section 0 - Orienteur
120.01. Textes applicables.
C. civ., art. 1387 à 1399
o
Ord. n 2016-131, 10 févr. 2016, portant réforme du droit des contrats,
du régime général et de la preuve des obligations, art. 5, JO 11 févr.,
o
texte n 26
C. civ., art. 1387
La loi ne régit l’association conjugale, quant aux biens, qu’à défaut de
conventions spéciales que les époux peuvent faire comme ils le jugent à
propos, pourvu qu’elles ne soient pas contraires aux bonnes mœurs ni
aux dispositions qui suivent.
C. civ., art. 1393
Les époux peuvent déclarer, de manière générale, qu’ils entendent se
marier sous l’un des régimes prévus au présent code.
C. civ., art. 1387
* V. texte complet de l’article supra.
o
C. civ., art. 1387-1 (L. n 2005-882, 2 août 2005, art. 13)
C. civ., art. 1388
Les époux ne peuvent déroger ni aux devoirs ni aux droits qui résultent
pour eux du mariage, ni aux règles de l’autorité parentale, de
l’administration légale et de la tutelle.
C. civ., art. 1389
Sans préjudice des libéralités qui pourront avoir lieu selon les formes et
dans les cas déterminés par le présent code, les époux ne peuvent faire
aucune convention ou renonciation dont l’objet serait de changer l’ordre
légal des successions.
La stipulation peut prévoir que l’époux survivant qui exerce cette faculté
peut exiger des héritiers que lui soit consenti un bail portant sur
l’immeuble dans lequel l’entreprise attribuée ou acquise est exploitée. –
er
En vigueur le 1 janv. 2007.
C. civ., art. 1391
Le contrat de mariage doit déterminer les biens sur lesquels portera la
faculté stipulée au profit du survivant. Il peut fixer des bases
d’évaluation et des modalités de paiement, sauf la réduction au profit des
héritiers réservataires s’il y a avantage indirect.
La faculté ouverte au survivant est caduque s’il ne l’a pas exercée, par
une notification faite aux héritiers du prédécédé, dans le délai d’un mois
à compter du jour où ceux-ci l’auront mis en demeure de prendre parti.
Cette mise en demeure ne peut avoir lieu avant l’expiration du délai
prévu à l’article 792.
Si l’acte de mariage mentionne qu’il n’a pas été fait de contrat, les époux
seront, à l’égard des tiers, réputés mariés sous le régime de droit
commun, à moins que, dans les actes passés avec ces tiers, ils n’aient
déclaré avoir fait un contrat de mariage.
C. civ., art. 1395
Les conventions matrimoniales doivent être rédigées avant la célébration
du mariage et ne peuvent prendre effet qu’au jour de cette célébration.
Les personnes qui avaient été parties dans le contrat modifié et les
enfants majeurs de chaque époux sont informés personnellement de la
modification envisagée. Chacun d’eux peut s’opposer à la modification
dans le délai de trois mois.
Lorsque l’un ou l’autre des époux a des enfants mineurs, l’acte notarié
est obligatoirement soumis à l’homologation du tribunal du domicile des
époux.
Lorsque l’un ou l’autre des époux fait l’objet d’une mesure de protection
er
juridique dans les conditions prévues au titre XI du livre I , le
changement ou la modification du régime matrimonial est soumis à
l’autorisation préalable du juge des tutelles ou du conseil de famille s’il a
été constitué.
Il est fait mention de la modification sur la minute du contrat de mariage
modifié.
Les créanciers non opposants, s’il a été fait fraude à leurs droits, peuvent
attaquer le changement de régime matrimonial dans les conditions de
l’article 1341-2.
C. civ., art. 1397-6
Le changement de régime matrimonial prend effet entre les parties à
dater de la décision ou de l’acte qui le prévoit et, à l’égard des tiers, trois
mois après que les formalités de publicité prévues à l’article 1397-5
auront été accomplies.
C. civ., art. 1397-2
Lorsque les époux désignent la loi applicable à leur régime matrimonial
en vertu de la convention sur la loi applicable aux régimes matrimoniaux,
faite à La Haye le 14 mars 1978, il est fait application des dispositions
des articles 1397-3 et 1397-4.
o
C. civ., art. 1397-3 (Ord. 6 mai 2005, art. 9, et L. n 2007-1787, 20 déc.
2007, art. 26, V)
Lorsque la désignation de la loi applicable est faite avant le mariage, les
futurs époux présentent à l’officier de l’état civil soit l’acte par lequel ils
ont opéré cette désignation, soit un certificat délivré par la personne
compétente pour établir cet acte. Le certificat énonce les noms et
prénoms des futurs époux, le lieu où ils demeurent, la date de l’acte de
désignation, ainsi que les nom, qualité et résidence de la personne qui l’a
établi.
C. civ., art. 1397-4
Lorsque la désignation de la loi applicable est faite au cours du mariage,
cette désignation prend effet entre les parties à compter de
l’établissement de l’acte de désignation et, à l’égard des tiers, trois mois
après que les formalités de publicité prévues à l’article 1397-3 auront été
accomplies.
120.02. Jurisprudence de référence.
> Absence de présomption d’assujettissement au régime légal
re o o
• Civ. 1 , 24 mars 1987, n 85-15.816, Bull. civ. I, n 109
s o
* V. s n 120.11
120.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisable. Rép. civ., v Régimes matrimoniaux, par J. Revel, nov. 2016,
os
n 56 à 117.
Ouvrages (1).
e
A.-S. Brun-Wauthier, Régimes matrimoniaux, 5 éd., Larcier, 2016 –
e
R. Cabrillac, Droit des régimes matrimoniaux, « Précis Domat », 9 éd.,
Montchrestien, 2015 – I. DAURIAC, Les régimes matrimoniaux et le
e
PACS, 4 éd., LGDJ, 2015 – J. FLOUR et G. CHAMPENOIS, Les régimes
e
matrimoniaux, coll. « U », 2 éd., A. Colin, 2001 – Ph. MALAURIE et
L. AYNÈS, Les régimes matrimoniaux, 5e éd., LGDJ/Lextenso, 2015 –
e
N. Peterka, Régimes matrimoniaux, « HyperCours », 4 éd., Dalloz, 2015
– F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux,
e
« Précis », 7 éd., Dalloz, 2015.
Article.
G. Champenois et N. Couzigou-Suhas, « Charges du mariage et
acquisitions indivises : analyse et formules », Defrénois 2015. 367 –
R. Crône, B. Gelot et L. Ricco, « Choix d’un régime matrimonial »,
Defrénois 2010. 1226 – N. Duchange, « Pour une approche pratique des
avantages matrimoniaux », JCP N 2016. 1118 – H. Lécuyer, « Choix du
régime matrimonial », Dr. et patr. oct. 2004. 52 – C. Makosso et M.-
A. Tacussel, « Les outils de protection du patrimoine de l’entrepreneur :
o
les techniques des régimes matrimoniaux », Dr. et patr. 2010, n 190,
p. 40 – N. Mouligner-Baud, « Choix du régime matrimonial du chef
d’entreprise », LPA 8 mai 2014, p. 31 s. – M. Nicod, « Le droit
patrimonial des couples et la loi du 23 juin 2006 », JCP N 2016. 1203 –
N. Peterka, « Le changement de régime matrimonial à l’heure du jubilé
de la réforme du 13 juillet 1965 », JCP N 2015. 1126 – B. Vareille, « Les
avatars de la séparation de biens depuis la loi du 13 juillet 1965 », JCP N
2015. 1124.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
120.04. Questions essentielles.
> Quel régime matrimonial les époux peuvent-ils choisir ?
s o
* V. s n 120.11
> Quelle est la latitude offerte aux époux dans les clauses aménageant le
régime choisi ?
s o
* V. s n 120.12
Mais si les époux peuvent choisir l’un des régimes proposés par le Code
civil, ils peuvent aussi avoir recours à une combinaison de ces régimes.
Ainsi, ils peuvent adjoindre une société d’acquêts à la séparation de
s o
biens (v. s n 162.81). Bien que cette adjonction n’ait jamais été prévue
par la loi, la jurisprudence a toujours reconnu la validité de cette pure
création de la pratique notariale (2).
Par ailleurs, il est loisible aux futurs époux d’opter pour un régime non
réglementé par le Code civil. Un tel régime pourrait être le nouveau
régime matrimonial optionnel franco-allemand de participation aux
acquêts; il est ouvert à tous les couples auxquels est applicable le droit
matrimonial français ou allemand (3).
D’une manière plus générale, dans tout régime, le Code civil lui-même
prévoit deux types de clauses aménageant le régime matrimonial. D’une
part, en son article 214, il vise les clauses relatives à la contribution aux
charges du mariage. Ici encore, la liberté est grande puisque les époux
ont non seulement la faculté d’aménager le montant de leur contribution,
mais aussi d’en fixer les modalités d’exécution. D’autre part, les
articles 1390 à 1392 du Code civil sont relatifs aux clauses visant à
l’acquisition ou à l’attribution des biens personnels de l’époux prédécédé;
le principal avantage de ces clauses étant de garantir au conjoint
survivant le droit d’acquérir ou de se voir attribuer des biens auxquels il
attache une importance particulière sans craindre les aléas du partage
s os
(sur ce point, v. s n 121.80 s.). Et l’article 1390 alinéa 2, dans sa
rédaction issue de la loi du 23 juin 2006 (1), dispose que la clause
« peut prévoir que l’époux survivant qui exerce cette faculté peut exiger
des héritiers que lui soit consenti un bail portant sur l’immeuble dans
lequel l’entreprise attribuée ou acquise est exploitée ».
Notes
o
(1) L. n 2006-728, 23 juin 2006, portant réforme des successions et des
libéralités, JO 24 juin, p. 9513.
Notes
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 5 nov. 1985, n 83-16.738 , Bull. civ. I, n 285; JCP N 1986.
re o
II. 247, note Ph. Simler – Civ. 1 , 8 juin 2009, n 07-15.945, Bull. civ. I,
o
n 80; D. 2009 . 2528, note T. Pasquier; Somm. 1201, obs. V. Egéa;
o
AJ fam. 2009. 219, obs. S. David ; Dr. fam. 2009, n 59, note Beignier;
RTD civ. 2009. 516, obs. J. Hauser ; 769; et 771, obs. B. Vareille;
Defrénois 2009. 1483, obs. G. Champenois; la convention est illicite dès
lors qu’elle altère l’économie du régime de participation aux acquêts et
que de surcroît elle a été conclue avant l’introduction de l’instance de
o
divorce – Rép. min. n 11428, JOAN Q 18 mars 2008, p. 2404 – « Les
règles de l’article 1397 s’appliquent aux clauses de préciput ou de
partage inégal de la communauté », JCP N 2008. Actu. 341.
(2) Req. 17 mai 1938, D. 1938. 1. 78, note E. P.
La licéité des ventes entre époux doit être admise sous tous les régimes,
que les époux soient mariés sous un régime de séparation de biens ou de
participation aux acquêts. Lorsque les époux sont communs en biens, la
vente entre époux soulève certaines hésitations. La validité semble
acquise lorsque le conjoint acquiert avec des capitaux propres un bien
appartenant en propre à son époux. En revanche, une incertitude
apparaît lorsque la vente conduit à un transfert de biens entre le
patrimoine commun et un patrimoine propre : vente d’un bien propre à
un conjoint agissant pour le compte de la communauté, vente d’un bien
commun par l’un des époux avec des capitaux propres, voire affectation
d’un bien commun au patrimoine professionnel séparé de l’entrepreneur
individuel à responsabilité limitée (1). La validité de telles ventes divise
la doctrine, qui majoritairement, semble considérer que l’opération
relève de l’article 1397 du Code civil. En effet, une semblable opération
atteint nécessairement le jeu naturel des règles du régime matrimonial.
Notes
(1) Sur ce point, v. Ph. Simler, « EIRL et communauté de biens entre
époux », JCP 2011. 11.
Ainsi, les sociétés entre époux sont désormais valables sans qu’aucune
restriction ne soit apportée : les époux peuvent n’utiliser que des biens
communs pour réaliser les apports, être indéfiniment et solidairement
responsables des dettes sociales, enfin utiliser tous types de sociétés
connus du droit commercial (1). Il reste toutefois des restrictions
résultant des articles 1832-1 alinéa 2 et 1861 alinéa 4 du Code civil. Ces
textes n’excluent pas que les sociétés entre époux soient utilisées pour
déjouer les règles relatives aux libéralités entre époux et, tentent de ce
fait de déjouer la fraude.
Notes
o
(1) La loi n 2010-874 du 27 juillet 2010, de modernisation de
l’agriculture et de la pêche (JO 28 juill. 2010), a levé la dernière
restriction en permettant aux époux de constituer un groupement
agricole d’exploitation en commun (C. rur., art. L. 323-2).
Section 0 - Orienteur
121.01. Textes applicables.
C. civ., art. 1394 et 1395, 1398 et 1399
121.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisable. Rép. civ., v Contrat de mariage, par A. Colomer et
os
C. Vernières, mai 2016, n 8 à 140.
Ouvrages (1).
e
A.-S. Brun-Wauthier, Régimes matrimoniaux, 5 éd., Larcier, 2016 –
e
R. Cabrillac, Droit des régimes matrimoniaux, « Précis Domat », 9 éd.,
Montchrestien, 2015 – I. DAURIAC, Les régimes matrimoniaux et le
e
PACS, 4 éd., LGDJ, 2015 – J. FLOUR et G. CHAMPENOIS, Les régimes
e
matrimoniaux, coll. « U », 2 éd., A. Colin, 2001 – Ph. MALAURIE et
L. AYNÈS, Les régimes matrimoniaux, 5e éd., LGDJ/Lextenso, 2015 –
e
N. Peterka, Régimes matrimoniaux, « HyperCours », 4 éd., Dalloz, 2015
– F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux,
e
« Précis », 7 éd., Dalloz, 2015.
Articles.
N. Ballion-Wirtz, « Que reste-t-il de la prohibition des pactes sur
succession future ? À propos de la loi du 23 juin 2006 », Dr. fam. 2006.
Étude 44 – A. Delfosse et N. Baillon-Wirtz, « La protection des intérêts
personnels et patrimoniaux de la personne vulnérable », JCP N 2007.
1196 – N. Dufour et F. Vignal, « Le moment de la signature de l’acte
authentique : date unique ou pluralité de dates », JCP N 1998. 222 –
T. Fossier, « La réforme de la protection des majeurs. Guide de lecture de
la loi du 5 mars 2007 », JCP 2007. I. 118 – O. Langlès, « Vices du
consentement et droit du mariage : une rencontre originale », JCP N
1998. 483 – J. Massip, « Tutelle des mineurs et protection juridique des
t o
majeurs », Defrénois 2009. spéc n 459 – C. Philippe, « Régime
matrimonial et altération des facultés mentales », Dr. fam. 2006.
Étude 24.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
121.04. Questions essentielles.
> À quelles conditions de forme le contrat de mariage est-il soumis ?
s o
* V. s n 121.11
121.09. Présentation.
L’expression « contrat de mariage » revêt deux sens. C’est d’abord l’acte
juridique par lequel les époux décident du choix de leur régime
matrimonial. Mais c’est aussi l’acte, au sens de l’instrumentum, dressé
par le notaire, condition exigée pour la validité même du contrat de
mariage. Comme tout accord de volontés, le contrat de mariage est
soumis au droit commun des actes juridiques. Mais compte tenu de ses
caractères, il obéit à un certain nombre de règles qui sont édictées à
raison de son objet principal, à savoir le choix d’un régime matrimonial
par les époux.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 3 mai 1977, n 75-11.056 , Bull. civ. I, n 200; D. 1977.
IR 470.
Notes
re o
(1) Civ. 1 , 5 févr. 1957, Bull. civ. I, n 57; D. 1957. 196; Defrénois
1957. 89; JCP 1957. II. 10051, note A. Colomer – T. civ. Yvetot, 23 mai
1952, D. 1952. 503.
121.22. Représentation.
Chacune des parties a la faculté de se faire représenter par un
mandataire, lors de la conclusion du contrat. La procuration doit être
spéciale, authentique et doit contenir l’énumération détaillée des clauses
du contrat envisagé. De plus, si le mandataire a le pouvoir d’accepter ou
de consentir une donation contenue dans le contrat de mariage, la
procuration doit être établie en minute, une expédition étant annexée au
contrat.
L’on précisera aussi que le notaire n’est plus tenu de lire certains articles
du Code civil, les dispositions de l’ancien article 1394 alinéa 2 du Code
o
civil ayant été abrogées par la loi n 65-570 du 13 juillet 1965 (2). De
o
même, suite à l’abrogation de l’article 2135 du Code civil par la loi n 85-
1372 du 23 décembre 1985 (3), le notaire n’est plus tenu de donner
lecture aux futurs époux de l’article 2135 du Code civil, qui était relatif à
l’inscription de l’hypothèque légale de la femme. En revanche, dans le cas
où les époux adoptent le régime de la participation aux acquêts, le
notaire doit leur donner lecture de l’article 2402 du Code civil conférant
de plein droit à l’un et à l’autre des époux la faculté d’inscrire
l’hypothèque légale pour la sûreté de la créance de participation.
Notes
(1) Jugé que le notaire n’engage pas sa responsabilité, bien qu’il ait
donné des informations erronées aux futurs époux sur la liquidation de la
communauté universelle, dès lors que l’ex-époux ne justifie pas d’une
perte de chance raisonnable d’avoir pu choisir un régime matrimonial
re o o
plus adapté : Civ. 1 , 30 avr. 2014, n 13-16.380 , Bull. civ. I, n 76.
o
(2) L. n 65-570, 13 juill. 1965, portant réforme des régimes
matrimoniaux, JO 14 juill., p. 6044.
o
(3) L. n 85-1372, 23 déc. 1985, relative à l’égalité des époux dans les
régimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des
enfants mineurs, JO 26 déc., p. 15111.
Notes
(1) EN CE SENS, PARIS, 22 juin 1954, D. 1955. 662, note Weill; JCP 1954.
II. 8263.
(2) Civ. 18 août 1840, DP 1840. 327; S. 1840. 1. 785.
§ 2 - Capacité
121.40. Présentation.
Conformément au droit commun des actes juridiques, les époux doivent
avoir la capacité de conclure un contrat de mariage. Cette condition doit
être remplie au jour où l’acte est passé, c’est-à-dire au jour de la
signature de l’acte notarié, et non pas au jour du mariage. Au demeurant,
le lien établi entre la capacité de contracter mariage et la capacité de
conclure un contrat de mariage n’est pas absolu. En effet, si une
personne a la capacité civile de contracter, tout en étant incapable de
contracter mariage, l’on admet que le contrat de mariage conclu en
attendant la célébration effective du mariage, est valable.
Notes
o
(1) L. n 2007-308, 5 mars 2007, portant réforme de la protection
juridique des majeurs, JO 7 mars, p. 4325.
A - Mineur
121.41. Principe.
L’article 1398 du Code civil exige la même capacité pour conclure le
contrat de mariage que pour contracter mariage : le mineur doit donc
obtenir la même habilitation. Ce qu’exprime l’adage précédemment
s o
évoqué (v. s n 121.40). L’article 1398 du Code civil apporte ainsi un
certain nombre de dérogations au droit commun de l’incapacité.
Notes
o
(1) L. n 2006-399, 4 avr. 2006, renforçant la prévention et la répression
des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs, JO
5 avr., p. 5097.
Notes
o
(1) Ord. n 2005-759, 4 juill. 2005, portant réforme de la filiation, JO
6 juill., p. 11159.
121.45. Formes de l’assistance.
L’assistance suppose l’intervention des personnes désignées lors de la
signature de l’acte, lesquelles doivent donner leur autorisation en toute
connaissance de cause (1). Ainsi une autorisation postérieure à la
conclusion du contrat est nulle. Toutefois, les personnes chargées
d’assister le mineur peuvent se faire représenter par un mandataire.
Celui-ci doit alors être muni d’une procuration spéciale et authentique,
faisant référence au contenu de la convention matrimoniale. À ces
conditions, le consentement à la conclusion du contrat de mariage peut
donc être donné à l’avance (2). L’assistance du conseil de famille se
manifeste par une délibération de celui-ci, sous la présidence du juge des
tutelles, sur le projet de convention matrimoniale adressé par le notaire
au conseil de famille, et une expédition de cette délibération est annexée
à la minute du contrat de mariage.
Notes
(1) Civ. 20 juill. 1859, D. 1860. 1. 279.
(2) Civ. 29 mai 1854, DP 1854. 1. 207 – Civ. 20 nov. 1908, DP 1909.
1. 1948.
B - Majeur protégé
121.51. Principe.
L’article 1399 du Code civil dispose : « Le majeur en tutelle ou en
curatelle ne peut passer de conventions matrimoniales sans être assisté,
dans le contrat, par son tuteur ou son curateur.
§ 3 - Consentement
121.61. Nécessité du consentement.
Le consentement personnel des futurs époux est indispensable. À défaut,
le contrat serait privé d’une condition essentielle à sa formation. Et l’on
er
rappellera que l’article 1394 alinéa 1 du Code civil exige la présence et
le consentement simultanés de toutes les personnes parties au contrat
s o
ou de leurs mandataires (v. s n 121.21).
Notes
o
(1) EN CE SENS, v. Paris, 14 déc. 1999, Dr. fam. 2001, n 19, note
B. Beignier.
re o o
(2) Civ. 1 , 4 juill. 1995, n 93-15.005 , Bull. civ. I, n 291; D. 1996.
233, note F. Boulanger ; Defrénois 1996. 321, obs. J. Massip; et 407,
obs. G. Champenois; RTD civ. 1996. 392, obs. J. Mestre ; 866, obs.
J. Hauser; 205, obs. B. Vareille.
Les époux ne sont pas tenus d’adopter l’un des régimes types prévus par
le législateur et ils peuvent réaliser la combinaison de plusieurs de ces
régimes, voire élaborer un régime particulier qui leur serait spécifique.
De plus, l’on admet que les futurs époux choisissent un régime qui n’est
pas expressément prévu par le Code civil. Conséquence directe de la
liberté contractuelle de principe posée à l’article 1387 du Code civil, cette
solution doit s’entendre de façon large, sous réserve, bien entendu,
qu’aucune des règles empruntées à un modèle inconnu du Code civil ne
heurte les dispositions impératives du droit français. Dans cette limite,
qui reste évidemment décisive, les époux peuvent choisir le régime qu’ils
souhaitent. En particulier, il leur appartient, s’ils le veulent, de choisir un
modèle étranger, voire un modèle tiré des dispositions antérieures aux
réformes de 1965 et de 1985. Tout au plus, faut-il exiger des époux qui
font ainsi œuvre d’imagination qu’ils précisent dans le détail le régime
qu’ils adoptent. Ceci pour éviter toute difficulté d’interprétation en cours
de régime.
a - Donations
121.91. Donations.
Sont permises les donations de biens à venir (C. civ., art. 1082) ainsi que
les donations cumulatives de biens présents ou à venir (C. civ.,
art. 1084), que ces donations soient consenties par un tiers aux futurs
époux ou à l’un d’entre eux, ou que ces donations interviennent entre les
s os
futurs époux eux-mêmes (v. s n 34.00 s. et 35.00 s.).
b - Clause commerciale
121.101. Clause commerciale.
La clause est dite commerciale parce qu’ayant généralement pour objet
un bien servant à l’exercice d’une profession, en particulier un fonds de
commerce. Par cette clause, les époux stipulent qu’au décès de l’un
d’eux, le survivant aura la faculté d’acquérir ou de se faire attribuer des
biens personnels du prémourant. Cette clause a longtemps été annulée
par la Cour de cassation, sur le fondement de la prohibition des pactes
sur succession future. Seule était validée, à titre d’avantage matrimonial,
la clause de prélèvement de biens communs moyennant indemnité,
aujourd’hui expressément consacrée par les articles 1511 et suivants du
Code civil. La validité de la clause commerciale est désormais consacrée
par l’article 1390 du Code civil.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 29 avr. 1985, n 83-16.803 , Bull. civ. I, n 132; R. 80;
D. 1986. 365, note Beaubrun; Defrénois 1985. 1156, obs. G. Champenois;
JCP N 1986. II. 75, obs. Ph. Simler.
re o s t o
(2) Civ. 1 , 29 avr. 1985, n 83-16.803 , P, préc. s prés n .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 20 mars 1990, n 88-13.154 , Bull. civ. I, n 69; JCP N 1991.
II. 165, note Ph. Simler.
Notes
re
(1) Civ. 1 , 25 mai 1988, Defrénois 1988. 899, note F. Lucet.
Notes
re
(1) Civ. 1 , 24 juin 1969, D. 1969. 705, note Breton.
c - Clause alsacienne
121.111. Clause alsacienne.
En cas d’adoption d’une communauté conventionnelle, il peut être
conseillé aux époux de stipuler une clause de liquidation alternative, dite
clause alsacienne (car inventée par le notariat alsacien), par laquelle les
modalités de liquidation sont appelées à varier selon que la dissolution
provient du décès de l’un des époux ou d’une autre cause. Ainsi, en vertu
de cette clause, chacun des époux, lors de la liquidation, reprendra ses
apports si le régime matrimonial est dissous par une autre cause que le
décès.
La clause a été jugée licite par la jurisprudence (1). Mais son efficacité a
pu être remise en cause par un arrêt rendu par la première chambre
civile le 17 janvier 2006 (2). Rendu sous l’empire du droit antérieur à la
réforme du divorce du 26 mai 2004, l’arrêt décide que la clause de
reprise des apports, associée au régime de communauté universelle, ne
peut prévaloir sur les dispositions impératives de la loi relatives au sort
des avantages matrimoniaux à la suite du divorce (C. civ., anc. art. 267 et
269). Dans le prolongement de cette analyse, certains ont vu dans le
nouvel article 265, issu de la loi du 26 mai 2004, une cause d’inefficacité
de la clause : analysée comme une clause de prélèvement avant partage
ou attribution de la communauté, la clause constituerait un avantage
matrimonial prenant effet à la dissolution du régime matrimonial, et
serait donc révoquée de plein droit en cas de divorce (3). La loi du
23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités a mis fin
à la controverse en ajoutant à l’article 265 un troisième alinéa : « Si le
contrat de mariage le prévoit, les époux pourront toujours reprendre les
biens qu’ils auront apportés à la communauté » (C. civ., art. 265, al. 3).
Notes
re
(1) Colmar, 16 mai 1990, JCP N 1991. II. 17 (1 esp.), note Ph. Simler;
Defrénois 1990. 1361, obs. G. Champenois; RTD civ. 1992. 171, obs.
F. Lucet et B. Vareille – Colmar, 20 juin 1990, JCP N 1991. II. 17
e
(2 esp.), note Ph. Simler; RTD civ. 1992. 171, obs. F. Lucet et
re o o
B. Vareille – Civ. 1 , 16 juin 1992, n 91-10.321 , Bull. civ. I, n 181;
re
JCP 1993. II. 22108 (1 esp.), note Ph. Simler; Defrénois 1993. 34, note
M.-C. Forgeard; D. 1993. Somm. 220, obs. M. Grimaldi; RTD civ.
Notes
(1) EN CE SENS, Civ. 26 avr. 1869, DP 1869. 1. 246; S. 1869. 1. 297.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 4 juill. 1995, n 93-15.005 , Bull. civ. I, n 291; D. 1996.
233, note F. Boulanger ; Defrénois 1996. 321, obs. J. Massip; et 407,
obs. Champenois; RTD civ. 1996. 205, obs. B. Vareille ; 392, obs.
J. Mestre; et 866, obs. J. Hauser.
Notes
e o
(1) Poitiers, 3 ch., 6 mai 2009, JCP 2010, n 487, obs. Wiederkehr; le
prononcé en justice de la nullité de l’apport du mari prive de cause
l’apport de la femme : le contrat de mariage doit être annulé.
121.152. Commerçants.
Précédemment, une publicité spéciale propre à l’époux commerçant était
prévue par l’article 1394 alinéa 4 du Code civil. Ce texte a été abrogé par
o
l’ordonnance n 2005-428 du 6 mai 2005 en son article 7 (1). De plus, le
décret du 30 mai 1984 (désormais C. com., art. R. 123-31 s.), prescrivait
un certain nombre d’obligations destinées à faire connaître aux tiers la
situation matrimoniale du commerçant. Ces dispositions ont été pour
l’essentiel abrogées par le décret du 9 mai 2007 (2).
Notes
o
(1) Ord. n 2005-428, 6 mai 2005, relative aux incapacités en matière
commerciale et à la publicité du régime matrimonial des commerçants,
JO 7 mai, p. 7925.
o
(2) Décr. n 2007-750, 9 mai 2007, relatif au registre du commerce et
des sociétés et modifiant le Code de commerce, JO 10 mai, p. 8295.
121.160. Plan.
Le régime général de publicité commun à tous les époux (§ 1) sera
étudié préalablement aux règles de la publicité foncière (§ 2) et à celles
concernant les modifications apportées aux conventions matrimoniales
avant la célébration du mariage (§ 3).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 6 mai 1985, n 84-10.362 , Bull. civ. I, n 138; JCP 1985.
II. 20485, concl. Gulphe.
Section 0 - Orienteur
122.01. Textes applicables.
C. civ., art. 1395, 1498 al. 3
122.02. Jurisprudence de référence.
> Caducité du contrat de mariage en cas de non-célébration du mariage
re o
• Paris, 1 ch. C, 14 déc. 1999, Juris-Data n 104435
s o
* V. s n 122.12
122.03. Bibliographie indicative.
o
Actualisable. Rép. civ., v Contrat de mariage, par A. Colomer et
os
C. Vernières, mai 2016, n 205 à 222.
Ouvrages (1).
e
A.-S. Brun-Wauthier, Régimes matrimoniaux, 5 éd., Larcier, 2016 –
e
R. Cabrillac, Droit des régimes matrimoniaux, « Précis Domat », 9 éd.,
Montchrestien, 2015 – I. DAURIAC, Les régimes matrimoniaux et le
e
PACS, 4 éd., LGDJ, 2015 – J. FLOUR et G. CHAMPENOIS, Les régimes
e
matrimoniaux, coll. « U », 2 éd., A. Colin, 2001 – Ph. MALAURIE et
L. AYNÈS, Les régimes matrimoniaux, 5e éd., LGDJ/Lextenso, 2015 –
e
N. Peterka, Régimes matrimoniaux, « HyperCours », 4 éd., Dalloz, 2015
– F. TERRÉ et Ph. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux,
e
« Précis », 7 éd., Dalloz, 2015.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
122.04. Questions essentielles.
> Existe-t-il des tempéraments au principe selon lequel le contrat de
mariage ne prend effet qu’au jour de la célébration du mariage ?
s o
* V. s n 122.14
122.09. Présentation.
L’objet du contrat de mariage en définit les effets. Il s’ensuit que les
effets du contrat de mariage diffèrent selon la nature du régime retenu
par les époux et compte tenu des clauses ou aménagements variés que
les époux ont introduits dans leur contrat. Les effets du contrat de
mariage, envisagés d’un point de vue substantiel, seront donc étudiés
lors de l’analyse des différents régimes proposés aux époux en droit
s os
français (communauté légale, s n 13.00 s. et 14.00 s.; communautés
s os s os
conventionnelles, s n 15.00 s.; séparation de biens, s n 16.00 s.;
s os
participation aux acquêts, s n 17.00 s.). De plus, compte tenu de la
variété des clauses contenues dans le contrat de mariage, les effets du
contrat de mariage sont plus ou moins étendus selon que l’on admet ou
s os
non l’indivisibilité de tous ces éléments (v. s n 121.141 s.).
Seuls seront examinés ici les effets du contrat de mariage dans le temps,
étant entendu qu’il a déjà été rappelé que le contrat de mariage est
s
nécessairement antérieur à la célébration du mariage (v. s
os
n 121.31 s.). Le point de départ des effets du contrat de mariage
(sect. 1) doit être étudié avant la cessation des effets du contrat de
mariage (sect. 2).
Notes
re o
(1) EN CE SENS, Paris, 1 ch. C, 14 déc. 1999, Juris-Data n 104435.
Notes
(1) Req. 26 janv. 1847, DP 1847. 1. 63.
Notes
(1) Paris, 9 août 1870, DP 1871. 2. 113 – Colmar, 8 mars 1864,
DP 1864. 2. 85.
(2) Civ. 15 mai 1878, D. 1878. 1. 294.
Section 0 - Orienteur
123.01. Textes applicables.
C. civ., art. 1397
C. civ., art. 1397
s o
* V. texte complet de cet article s n 120.01, > Changement de
conventions matrimoniales ou de régime matrimonial
o
C. pr. civ., art. 1300 (Décr. n 2006-1805, 23 déc. 2006, art. 3)
Art. 2
L’avis publié conformément aux dispositions de l’alinéa 2 de
l’article 1397 du Code civil contient les mentions figurant à l’annexe II du
présent arrêté.
ANNEXE - I
Modification opérée
Date de l’acte
Informations concernant l’opposition
ANNEXE - II
Modification opérée
123.02. Jurisprudence de référence.
> Les époux peuvent décider seuls du changement de régime
matrimonial
o o
• Com. 20 déc. 1982, n 81-14.273, Bull. civ. IV, n 419
s o
* V. s n 123.33
« Une telle convention était illicite dès lors qu’elle altérait l’économie du
régime de participation aux acquêts et que de surcroît elle avait été
conclue avant l’introduction de l’instance en divorce. »
re o
• Civ. 1 , 17 juin 1997, n 95-16.942 , NP
s o
* V. s n 123.41
> L’intérêt de la famille doit être apprécié par les juges du fond dans sa
globalité
re o o
• Civ. 1 , 6 janv. 1976, n 74-12.212, Bull. civ. I, n 4
s os
* V. s n 123.51 et 123.63
Si l’intérêt fiscal ne constitue pas à lui seul une fraude, il ne peut justifier
le sacrifice que le changement imposerait aux enfants communs en
retardant leur vocation successorale.
Articles.
J.-D. Azincourt, « La procédure de changement de régime matrimonial en
présence d’un petit-enfant mineur », JCP N 2012. 1122 – C. Barthelet et
A. Thurel, « Le notaire et les changements de régimes matrimoniaux »,
JCP N 2012. 1386 – M. Beaubrun, « Le nouvel article 1397 du Code civil :
un texte transitoire ? (Réflexions autour de la déjudiciarisation du
changement de régime matrimonial) », Defrénois 2007. 95 – B. Beignier,
J. Combret et E. Frémont, « Le changement de régime matrimonial
er
depuis le 1 janvier 2007 – Questions diverses. Éléments de réponse »,
JCP N 2007. 1163 – J. Casey, « Changement de régime matrimonial
er
après le 1 janvier 2007. Quand faire signer les époux ? », JCP N 2007.
1013 – B. Gelot et R. Crone, « La nouvelle procédure de changement de
régime matrimonial issue de la loi du 23 juin 2006 portant réforme des
successions et libéralités », Defrénois 2006. 1736 – E. Naudin, « Du Code
civil au Code de procédure civile : la procédure de changement de régime
matrimonial et les tiers », Mél. Wiederkehr, Dalloz, 2009, p. 561 – J.-
F. Pillebout, S. Durteste, V. Gaftoniuc et R. Glon, « Changement de
régime matrimonial, Formules », JCP N 2007. 1043 – J. Revel, « Le
changement de régime matrimonial : quelle déjudiciarisation ? »,
D. 2006. 2591 – B. Vareille, « La loi du 23 juin 2007 et les régimes
matrimoniaux », JCP N 2007. 1200.
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
123.04. Questions essentielles.
> Qui peut procéder à la modification du régime matrimonial en cas de
procédure collective des époux ?
s o
* V. s n 123.33
123.09. Présentation.
er
Jusqu’au 1 janvier 2007, date d’entrée en vigueur de la loi du 23 juin
2006 portant réforme des successions et des libéralités (1),
er
l’article 1397 alinéa 1 du Code civil disposait : « Après deux années
d’application du régime matrimonial, conventionnel ou légal, les époux
pourront convenir dans l’intérêt de la famille de le modifier, ou même
d’en changer entièrement, par un acte notarié qui sera soumis à
l’homologation du tribunal de leur domicile ». De ce texte, il résultait que
tout changement conventionnel de régime matrimonial supposait d’une
part une convention modificative, d’autre part une homologation
judiciaire de cette convention.
Notes
o
(1) L. n 2006-728, 23 juin 2006, portant réforme des successions et des
libéralités, JO 24 juin, p. 9513.
Notes
o
(1) Rép. min. n 18469, JOAN Q 13 avr. 1987, p. 2160.
§ 2 - Exigence d’un acte notarié
123.21. Description.
er
L’article 1397 alinéa 1 du Code civil exige que la convention entre les
époux soit constatée par acte notarié, à l’instar de ce qu’il en est pour le
choix initial du régime matrimonial. De même, il semble que la présence
et le consentement des époux doivent être simultanés. Toutefois, le
parallélisme des formes n’est pas respecté totalement puisque n’est
requise que la présence des époux : la présence des personnes qui
avaient participé au contrat initial n’est pas exigée. Ces personnes
doivent néanmoins être informées du projet de changement afin – le cas
s os
échéant – de s’y opposer (sur ce point, v. s n 123.71 s.). En outre,
aucune obligation n’est imposée aux époux quant au choix du notaire,
qui peut n’être pas celui qui a établi le contrat de mariage initial des
époux. Conformément au droit commun, l’acte notarié fait l’objet d’un
enregistrement.
Notes
o o
(1) Com. 20 déc. 1982, n 81-14.273 , Bull. civ. IV, n 419; Defrénois
1983. 1475, obs. Honorat.
o s t o
(2) Com. 20 déc. 1982, n 81-14.273 , préc. s prés n .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 21 janv. 1992, n 90-14.459 , Bull. civ. I, n 24; R. 244;
o
D. 1993. Somm. 218, obs. F. Lucet ; JCP N 1992. II. 375, n 7, obs.
G. Wiederkehr; Defrénois 1992. 844, obs. G. Champenois; Journ. not.
1992, art. 60584, obs. Laroche de Roussane; RTD civ. 1992. 812 ; et
813, obs. F. Lucet et B. Vareille.
re o o
(2) Civ. 1 , 31 janv. 2006, n 02-21.121 , Bull. civ. I, n 48; D. 2006.
Pan. 2073, obs. M. Nicod ; AJ fam. 2006. 209, obs. P. Hilt ; Dr. fam.
o
2006, n 60, note B. Beignier; Defrénois 2006. 1607, obs. G. Champenois
re o o re
– Civ. 1 , 8 avr. 2009, n 07-15.945 , Bull. civ. I, n 80 – Civ. 1 , 17 juin
o o
1997, n 95-16.942 , NP; Dr. fam. 1997, n 126, note B. Beignier.
123.42. Limites à la modification conventionnelle du régime matrimonial
proprement dit.
La liberté laissée aux époux dans la modification conventionnelle de leur
régime matrimonial, ne leur permet pas pour autant de porter atteinte à
l’ordre public. Les époux sont ici tenus par les mêmes limites que pour
leur contrat de mariage initial. Ainsi s’imposent aux époux l’article 1096
du Code civil comme les prohibitions, avec leurs tempéraments, liées aux
pactes successoraux.
Notes
(1) Civ. 22 janv. 1894, D. 1894. 1. 394.
re o o
(2) Civ. 1 , 29 oct. 1974, n 72-12.823 , Bull. civ. I, n 288; D. 1976.
re
189, note Casanova; Defrénois 1975. I. 363, note G. Morin – Civ. 1 ,
o o
14 mai 1975, n 74-10.879 , Bull. civ. I, n 163; R. 18; JCP 1975.
IV. 212.
Notes
s re o
(1) G. Champenois, obs. s Civ. 1 , 29 mai 2013, n 12-10.027 , Bull.
o
civ. I, n 115; Defrénois 2013. 1146.
A - Nature du contrôle
123.51. Principe.
Les juges du fond apprécient souverainement si cet intérêt de la famille
est respecté, en tenant compte des circonstances de l’espèce et des
différentes données en présence. Aussi bien, la Cour de cassation a-t-elle
précisé que « l’existence et la légitimité de l’intérêt de la famille doivent
faire l’objet d’une appréciation d’ensemble… » (1). Afin de pouvoir
apprécier la situation dans sa globalité, les justifications et les
informations qui sont nécessaires doivent être fournies au notaire, et le
cas échéant au juge. On ne saurait toutefois considérer que l’intérêt de la
famille reste une question de fait dominée par l’appréciation souveraine
des juges du fond. La Cour de cassation exerce en effet un contrôle en
s’efforçant d’assurer une certaine uniformisation de l’interprétation de
l’intérêt de la famille.
Notes
re o o e
(1) Civ. 1 , 6 janv. 1976, n 74-12.212 , Bull. civ. I, n 4; GAJC, 12 éd.,
o
Dalloz, n 90; D. 1976. 253, note A. Ponsard; JCP 1976. II. 18461, note
J. Patarin; Defrénois 1976. 787, note A. Ponsard.
re o o
(2) Civ. 1 , 24 nov. 1993, n 92-21.712 , Bull. civ. I, n 342; D. 1994.
342, rapp. Thierry ; D. 1995. Somm. 325, obs. F. Lucet ; Defrénois
1994. 896, obs. Champenois; RTD civ. 1995. 673, obs. B. Vareille .
Il importe peu que le régime antérieur soit satisfaisant ou non. Ce qui est
décisif c’est que le régime nouvellement adopté par les époux soit
davantage adapté à l’intérêt de la cellule familiale que ne l’était le régime
précédent.
Notes
(1) Poitiers, 2 juill. 1969, JCP 1969. II. 16075.
re o o
(2) Civ. 1 , 25 mai 1982, n 81-12.972 , Bull. civ. I, n 192; R. 47;
D. 1982. IR 425; Defrénois 1983. 918, note G. Champenois.
(3) Paris, 11 juill. 1978, et Paris, 18 déc. 1978, Defrénois 1979. 481, note
G. Champenois.
(4) TGI Chaumont, 12 juill. 1969, JCP 1969. II. 16075.
Notes
re o s o
(1) Civ. 1 , 6 janv. 1976, n 74-12.212 , préc. s n 123.51.
re o
(2) Sous certaines conditions, Civ. 1 , 14 juin 2005, n 02-20.840 ,
o
Bull. civ. I, n 264; Defrénois 2005. 1511, obs. G. Champenois; Dr. fam.
o er
2005, n 218, note B. Beignier; LPA 1 -2 mai 2006, note N. Petroni-
Maudière; RTD civ. 2005. 818, obs. B. Vareille .
(3) Paris, 18 nov. 1997, Defrénois 1998. 1222, note J.-M. Plazy.
re o o
(4) Civ. 1 , 29 mai 2013, n 12-10.027 , n 115; D. 2013. 2088, note
o
J. Souhami ; D. 2013. Pan. 2245, obs. V. Brémond; LPA 2013, n 134,
note J.-G. Mahinga; RJPF 2013-9/17, note F. Vauvillé; Defrénois
2013. 1146, obs. G. Champenois; Defrénois 2014. 14, note Rousseau.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 5 juill. 1989, n 87-15.957 , Bull. civ. I, n 279; Defrénois
1989. 1143, note G. Champenois; JCP N 1991. II. 59, obs. Ph. Simler;
RTD civ. 1991. 390, obs. F. Lucet .
re o o
(2) Civ. 1 , 12 déc. 2000, n 98-19.147 , Bull. civ. I, n 318; D. 2001 .
1496, note T. Garé; D. 2002. Somm. 1879, obs. D. Autem ; JCP 2001.
II. 10478, note J. Casey; Defrénois 2001. 604, obs. J. Massip; Dr. fam.
o
2001, n 32, note B. Beignier; RTD civ. 2001. 120, obs. J. Hauser ; et
425, obs. B. Vareille.
re o
(3) EN CE SENS, Civ. 1 , 22 juin 2004, n 02-10.528 , NP; Dr. fam.
o o
2004, n 182, obs. B. Beignier; JCP 2004. I. 176, n 11, obs. Wiederkehr;
RTD civ. 2005. 172, obs. B. Vareille .
re o o
(4) Civ. 1 , 17 févr. 2010, n 08-14.441 , Bull. civ. I, n 42; D. 2010.
o o
AJ 582, obs. V. Égéa ; JCP 2010, n 243, obs. Hilt; n 487, obs.
G. Wiederkehr; JCP N 2010. 1220, obs. Vassaux-Barège; Defrénois
2010. 1159, obs. J. Massip; AJ fam. 2010. 191, note P. Hilt ; RLDC
o re o
2010/70, n 3787, obs. E. Pouliquen – Civ. 1 , 19 déc. 2012, n 11-
o
25.288 , NP; JCP 2013. I. 721, n 4, obs. G. Wiederkehr.
Notes
re o s o
(1) Civ. 1 , 6 janv. 1976, n 74-12.212 , préc. s n 123.51, 123.63 et
123.64.
re o o
(2) Civ. 1 , 8 juin 1982, n 81-13.877 , Bull. civ. I, n 214 – Adde,
re o s o
Civ. 1 , 5 juill. 1989, n 87-15.957 , préc. s n 123.65.
123.67. Limites.
La modification conventionnelle du régime matrimonial ne saurait être
considérée comme conforme à l’intérêt de la famille lorsque, en dépit du
respect des paramètres précédemment examinés, la convention porte
atteinte aux droits des créanciers ou à des règles d’ordre public.
Notes
re o o re
(1) Civ. 1 , 4 janv. 1977, n 74-14.990 , Bull. civ. I, n 5 – Civ. 1 ,
o o
2 avr. 1996, n 94-15.298 , NP; JCP 1996. I. 3962, n 7, obs.
G. Wiederkehr.
re
(2) Civ. 1 , 6 mai 1985, D. 1985. IR 432.
re o
(3) Civ. 1 , 22 févr. 2000, n 97-16.895 , NP; JCP 2000. I. 245, p. 2368,
obs. Ph. Simler.
(4) TGI Seine, 17 mars 1967, Defrénois 1968. 218.
(5) Amiens, 9 mai 1977, Gaz. Pal. 1978. 2. 390, note M. M. – Rouen,
3 févr. 1981, Defrénois 1981. 969, obs. G. Champenois.
re o o
(6) Civ. 1 , 5 janv. 1999, n 96-22.914 , Bull. civ. I, n 11; D. 1999 .
o
242, note J. Thierry; JCP 1999. II. 10094, note J. Casey; I. 154, n 3, obs.
o
G. Wiederkehr; Dr. fam. 1999, n 17, note B. Beignier; Defrénois
1999. 805, obs. G. Champenois; RTD civ. 2000. 151, obs. B. Vareille .
re o o
(7) Civ. 1 , 17 févr. 2010, n 08-14.441 , Bull. civ. I, n 42; D. 2010.
o o
AJ 582 ; JCP 2010, n 243, obs. P. Hilt; n 487, § 8, obs. G. Wiederkehr;
AJ fam. 2010. 191, note P. Hilt ; Defrénois 2010. 1159, note J. Massip;
o
RLDC 2010/70, n 3787, obs. E. Pouliquen.
Notes
o
(1) Décr. n 2006-1805, 23 déc. 2006, relatif à la procédure en matière
successorale et modifiant certaines dispositions de procédure civile, JO
31 déc., p. 20370.
123.73. Information.
Le nouvel article 1397 du Code civil compense l’absence de contrôle du
juge par un renforcement de la protection des tiers, ou tout au moins de
certains d’entre eux, qui bénéficient d’une obligation d’information. Les
tiers concernés sont tout d’abord les enfants majeurs des époux et les
personnes qui avaient été parties au contrat de mariage dont la
modification est projetée, mais aussi les créanciers des époux.
Notes
(1) Arr. 23 déc. 2006, fixant le modèle de l’information délivrée aux
enfants des époux et aux tiers, dans le cadre d’une procédure de
changement de régime matrimonial, JO 31 déc., p. 20378.
123.74. Opposition.
La finalité de cette information est de permettre à ses bénéficiaires de
s’opposer au projet de changement de régime dans le délai de trois mois
à compter de la notification qui leur en aura été faite (1). Cette
opposition rendra alors l’homologation judiciaire nécessaire. Notifiée au
notaire, l’opposition devra être portée à la connaissance des époux
(C. pr. civ., art. 1300-1).
Notes
(1) Les enfants ne peuvent renoncer au délai pour former opposition au
changement de régime matrimonial de leurs parents : Rép. min.
o
n 28467, JOAN Q 23 déc. 2008, p. 11172.
Notes
(1) TGI Chaumont, 23 nov. 2009, Defrénois 2010. 320, obs. Massip.
B - Instance en homologation
123.91. Compétence.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 12 mai 2009 (1), le juge du
tribunal de grande instance compétent pour homologuer un changement
de régime matrimonial est le juge aux affaires familiales de la résidence
de la famille (COJ, art. L. 213-3 et C. pr. civ., art. 1300-4) qui devra
statuer conformément aux principes généraux qui gouvernent la matière
gracieuse (2). La formulation de l’article 1300-4 du Code de procédure
civile est différente de celle de l’article 1397 du Code civil. Le premier de
ces textes retient la compétence du juge aux affaires familiales de la
résidence de la famille, le second la compétence du tribunal du domicile
des époux. Ces deux textes reçoivent une application combinée, le cas
échéant, lorsque les époux ont des domiciles distincts. Ainsi, l’on admet
que puisse être saisi le tribunal de l’un ou l’autre domicile. La résidence
de la famille est celle-là même qui est définie par l’article 215 alinéa 2 du
Code civil, c’est-à-dire le lieu choisi d’un commun accord par les époux,
étant entendu que cette résidence doit être effective.
Notes
o
(1) L. n 2009-526, 12 mai 2009, de simplification et de clarification du
droit et d’allègement des procédures, JO 13 mai, p. 7920.
re o o
(2) Civ. 1 , 19 mars 2008, n 05-21.924 , Bull. civ. I, n 87; D. 2008.
o
Chron. 2042, note D. Le Ninivin ; JCP 2008. I. 144, n 8, obs.
G. Wiederkehr; JCP N 2008. 1295, obs. G. Wiederkehr; Defrénois
o
2008. 2187, note G. Champenois; Dr. fam. 2008, n 75, note V. Egéa;
o
RJPF 2008-6/20, obs. F. Vauvillé; RLDC 2008/5, n 2999, obs. Jeanne;
Gaz. Pal. 2008. 44, note J. Casey; RTD. civ. 2008. 725, note R. Perrot.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 14 avr. 2010, n 09-11.218 , Bull. civ. I, n 97; D. 2010.
o
Actu. 1087 ; JCP 2010, n 1220, note G. Wiederdehr; JCP N 2010. 1274,
note J. Massip; Defrénois 2010. 1367, note J. Massip.
re o o
(2) Civ. 1 , 27 avr. 1982, n 81-12.459 , Bull. civ. I, n 148; D. 1982.
IR 416; Defrénois 1982. 1371, obs. G. Champenois.
Notes
o
(1) Rép. min. n 43872, Defrénois 1981. 1018.
re o o e
(2) Civ. 1 , 6 janv. 1976, n 74-12.212 , Bull. civ. I, n 4; GAJC, 12 éd.,
o
Dalloz, n 90; D. 1976. 253, note A. Ponsard; JCP 1976. II. 18461, note
J. Patarin; Defrénois 1976. 787, note A. Ponsard; RTD civ. 1978. 123, obs.
R. Nerson.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 5 janv. 1999, n 96-22.914 , Bull. civ. I, n 11; D. 1999 .
242, note J. Thierry; RTD civ. 2000. 151, obs. B. Vareille ; JCP 1999.
o
II. 10094, note J. Casey; I. 154, n 3, obs. G. Wiederkehr; Dr. fam. 1999,
o
n 17, note B. Beignier; Defrénois 1999. 805, obs. G. Champenois.
Section 3 - Publicité du changement de régime matrimonial
123.101. Présentation.
Le législateur a prévu toute une série de mesures de publicité, conditions
d’opposabilité aux tiers du changement de régime matrimonial, qui, à
tous les stades de la procédure de changement de régime matrimonial,
doivent assurer la protection des tiers. En particulier, le décret du
23 décembre 2006 (1), relatif à la procédure en matière successorale et
modifiant certaines dispositions de procédure civile, a adapté le Code de
procédure civile aux nouvelles règles et mis en place les nouveaux
articles 1300 à 1303. De plus, l’arrêté du 23 décembre 2006 a fixé le
modèle de l’information délivrée aux enfants des époux et aux tiers, dans
le cadre d’une procédure de changement de régime matrimonial.
Notes
o
(1) Décr. n 2006-1805, 23 déc. 2006, relatif à la procédure en matière
successorale et modifiant certaines dispositions de procédure civile, JO
31 déc., p. 20370.
Notes
o o
(1) Décr. n 55-1350, 14 oct. 1955, pour l’application du décret n 55-22
du 4 janvier 1955 portant réforme de la publicité foncière, JO 15 oct.,
p. 10125, art. 33.
o o
(2) Com. 10 févr. 1998, n 95-16.924 , Bull. civ. IV, n 66; D. 1998.
IR 67 ; AJDI 1999. 207, obs. J.-P. Maublanc ; JCP N 1998. 1532, obs.
J. Lafond; Defrénois 1998. 822, obs. G. Champenois; 1450, obs.
A. Chappert; RTD civ. 2000. 155, obs. B. Vareille .
os
(3) Instr. 3 juill. 2000, BOI 10 G-5-00, n 5 s.
re o o
(4) Civ. 1 , 6 juill. 2005, n 01-17.542 , Bull. civ. I, n 315.
os
(5) Instr. 3 juill. 2000, BOI 10 G-5-00, n 1 s.
Section 0 - Orienteur
124.01. Texte applicable.
o
C. civ., art. 1397, al. 6 (L. n 2007-308, 5 mars 2007, art. 11)
124.02. Jurisprudence de référence.
> Sur l’utilité de procéder au partage dès la dissolution du régime
matrimonial
re o
• Civ. 1 , 8 févr. 2000, n 98-10.817, NP
s o
* V. s n 124.21
> Le changement de régime ayant produit effet s’impose aux époux, sauf
vice du consentement ou fraude
re o o
• Civ. 1 , 29 mai 2013, n 12-10.027 , Bull. civ. I, n 115
s o
* V. s n 124.23
> Les héritiers des époux, et les héritiers réservataires, étaient exclus du
bénéfice de la tierce opposition avant la loi du 23 juin 2006, comme ils le
sont depuis cette loi de l’action paulienne
re o o
• Civ. 1 , 24 nov. 1993, n 92-21.712, Bull. civ. I, n 342
s o
* V. s n 124.42
Notes
(1) NB : les ouvrages les plus fréquemment cités et dont le nom des
auteurs figure en petites capitales en bibliographie sont cités par les
seuls noms des auteurs en petites capitales en notes de bas de page.
124.04. Questions essentielles.
> Les époux disposent-ils d’un délai pour tirer toutes les conséquences
concrètes du jugement d’homologation et du changement de leur
régime ?
s o
* V. s n 124.13
124.09. Présentation.
Dès lors que les conditions précédemment exposées ont été remplies, le
changement doit produire toute son efficacité. À cet égard, l’article 1397
alinéa 6 du Code civil fait une distinction selon les personnes concernées
par le changement de régime matrimonial. Seront donc successivement
examinés les effets du changement à l’égard des parties (sect. 1) et à
l’égard des tiers (sect. 2).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 8 avr. 2009, n 07-15.945 , Bull. civ. I, n 80; D. 2009.
1201, obs. V. Égéa ; Pan. 2508, obs. J. Revel; 2528, note T. Pasquier;
JCP N 2009. 1234, note J.-G. Mahinga; AJ fam. 2009. 219, obs. S. David
o
; RLDC 2009/61, n 3475, obs. E. Pouliquen; Defrénois 2009. 1483, obs.
G. Champenois; RTD civ. 2009. 516, obs. J. Hauser ; 769 et 771, obs.
B. Vareille.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 9 oct. 1979, n 78-13.757 , Bull. civ. I, n 237.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 14 janv. 2009, n 07-17.191 , NP; JCP 2009. I. 140, n 18,
o
obs. G. Wiederkehr; RLDC 2009/58, n 3347, obs. E. Pouliquen; le
changement de régime matrimonial n’emportait pas renonciation
implicite de l’un ou l’autre des époux à se prévaloir du régime de
communauté antérieur.
re o o
(2) Civ. 1 , 8 févr. 2000, n 98-10.817 , NP; JCP 2000. I. 245, n 28,
obs. Simler.
124.23. Recours.
La modification du contrat de mariage s’impose à chacun des époux dès
qu’elle produit effet, à la date de l’acte ou du jugement qui le prévoit. De
là il résulte, selon la Cour de cassation, que, « à défaut d’invoquer un
vice du consentement ou une fraude, aucun d’eux ne peut être admis à le
contester sur le fondement de l’article 1397 du Code civil » (1). Viole
donc l’article 1397, ainsi que les articles 1103 et 1128, la cour d’appel
qui annule l’acte modificatif du régime matrimonial au motif qu’il ne
satisfait que les seuls intérêts de la femme et qu’il est excessivement
défavorable au mari, ce qui établirait la non-conformité du changement
convenu à l’intérêt de la famille (en l’espèce, un peu plus de deux ans
après leur mariage, les époux conviennent par acte notarié d’adjoindre à
leur régime une société d’acquêts, constituée par une partie de
l’important patrimoine du mari, l’épouse ne contribuant en rien à
l’extension de cette société).
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 29 mai 2013, n 12-10.027 , Bull. civ. I, n 115;
D. 2013. 2088, note J. Souhami ; D. 2013. Pan. 2245, obs. V. Brémond;
o
LPA 2013, n 134, note J.-G. Mahinga; RJPF 2013-9/17, note F. Vauvillé;
Defrénois 2013. 1146, obs. G. Champenois; Defrénois 2014. 14, note
Rousseau.
124.24. Autres situations.
En principe, la modification du régime matrimonial n’entraîne pas ipso
facto, de plein droit, la révocation des libéralités qui avaient été
consenties aux futurs époux par le contrat de mariage (1). La solution
est identique pour les donations faites entre époux pendant le mariage
qui ne sont donc pas révoquées par le seul effet de la convention
modificative (2). Si le principe est celui de l'absence de résolution de
plein droit de la donation consentie dans le contrat de mariage, des
tempéraments subsistent néanmoins. D’une part on peut admettre que la
caducité ou la résolution de la donation peut jouer dès lors qu’il existe
une incompatibilité entre la donation conclue et le nouveau régime
matrimonial (3). D’autre part, il peut être stipulé une clause aux termes
de laquelle la modification du régime initial entraînera résolution de plein
droit de la donation. Incontestée pour la donation entre futurs époux, la
solution est moins certaine en ce qui concerne les donations consenties
par un tiers. En effet, il est permis de considérer que la clause est
contraire à une liberté d’ordre public, dans la mesure où elle conduit à
empêcher la modification du régime matrimonial, même si celui-ci n’est
pas conforme à l’intérêt de la famille.
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 14 mai 1975, n 74-10.879 , Bull. civ. I, n 163; R. 18; JCP
1975. IV. 212.
re o o
(2) Civ. 1 , 29 oct. 1974, n 72-12.823 , Bull. civ. I, n 288; D. 1976.
189, note Casanova.
re o
(3) IMPLICITEMENT, Civ. 1 , 14 mai 1975, n 74-10.879 , Bull. civ. I,
o
n 163; R. 18; JCP 1975. IV. 212.
124.32. Sanctions.
Le défaut d’accomplissement de ces formalités de publicité est
sanctionné par l'inopposabilité aux tiers du changement de régime
matrimonial. Les tiers doivent donc considérer que les époux sont
toujours soumis au régime initial, en particulier en ce qui concerne les
pouvoirs des époux, avec toutes les conséquences que cela comporte.
Toutefois, à l’instar de ce qui a été vu à propos de la publicité du contrat
s os
de mariage (v. s n 121.151 s.), l’inopposabilité doit être écartée
lorsque le tiers a eu connaissance de la modification par une déclaration
des époux lors d’un contrat conclu avec eux. Ces solutions conduisent à
recommander aux tiers qu’ils exigent la production d’un extrait de l’acte
de mariage, délivré depuis moins de trois mois.
Notes
re o
(1) EN CE SENS, Civ. 1 , 24 nov. 1993, n 92-21.712 , Bull. civ. I,
o
n 342; D. 1994. 342, rapp. J. Thierry ; D. 1995. Somm. 325, obs.
F. Lucet ; Defrénois 1994, 896, obs. Champenois; RTD civ. 1995. 673,
obs. B. Vareille .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 4 janv. 1977, n 74-14.990 , Bull. civ. I, n 5.
re o o
(2) Civ. 1 , 23 févr. 1972, n 70-11.658 , Bull. civ. I, n 62;
D. 1973.157, note Poisson; Defrénois 1972. I. 195, note Guimbellot.
re o o
(3) Civ. 1 , 3 nov. 1982, n 81-14.692 , Bull. civ. I, n 313; D. 1983.
593, note E. Poisson Drocourt; Defrénois 1983. 912, obs. G. Champenois
re o o
– Civ. 1 , 2 avr. 1996, n 94-15.298 , NP; JCP 1996. I. 3962, n 7, obs.
G. Wiederkehr.
re o s t o
(4) Civ. 1 , 23 févr. 1972, n 70-11.658 , préc. s prés n .
Notes
re o o
(1) Civ. 1 , 22 janv. 1980, n 78-15.551 , Bull. civ. I, n 32; D. 1980.
IR 400, obs. D. Martin.
re o o
(2) Civ. 1 , 14 janv. 1997, n 94-20.276 , Bull. civ. I, n 20; D. 1997.
273, rapp. X. Savatier ; Defrénois 1997. 420, note G. Champenois; JCP
o
1997. II. 22912, note Paillet; I. 4047, n 12, obs. G. Wiederkehr; RTD civ.
re o
1997. 985, obs. B. Vareille – V. AUSSI, Civ. 1 , 5 janv. 1999, n 96-
o
22.914 , Bull. civ. I, n 11; D. 1999. 242, note J. Thierry ; JCP 1999.
o
II. 10094, note J. Casey; I. 154, n 3, obs. G. Wiederkehr; Defrénois
o
1999. 805, obs. G. Champenois; Dr. fam. 1999. n 17, note B. Beignier;
RTD civ. 2000. 151, obs. B. Vareille ; admettant une action en révision
du jugement d’homologation pour la même raison de la dissimulation de
re
l’existence d’un enfant né d’une précédente liaison – Adde Civ. 1 ,
o o
25 juin 2002, n 00-15.119 , NP; JCP 2003. I. 111, n 7, obs.
G. Wiederkehr.