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Introduction
On va porter une appréciation sur la justice rendue en matière de Droit des affaires. On va
revenir sur la jurisprudence commerciale pour ce faire, voir quelle est son efficacité et
revenir sur la justice consulaire pour savoir si les particularités relevées peuvent ou non
conduire a douter de sa pertinence.
A – Appréciation de la jurisprudence commerciale
Dans chaque arrêt, on trouve une solution concernant un point de Droit particulier. Il
s’agit du point de Droit ayant été soumis à la juridiction qui rend la décision. L’arrêt va
s’imposer aux parties au litige. Si par la suite on a affaire à un autre procès concernant
d’autres parties mais qui traite du même problème de Droit, à la base le juge commercial
reste libre de prendre la décision qu’il souhaite, qui lui parait la plus juste. Il n’est donc
pas obligé de reprendre la solution qui a été adoptée lors de la précédente affaire. On dit
qu’il n’est pas « lié par le précédent ». Article 1351 c.civ. : chaque jugement a une
autorité relative. En théorie, chaque décision est dépourvue du caractère de généralité qui
est inhérent à toute règle de Droit.
Pourquoi considérer alors la jurisprudence comme une source du Droit ?
En réalité, il faut laisser de coté les principes juridiques et se préoccuper des faits. Très
souvent, le juge va être influencé par la décision rendue antérieurement. Il le sera d’autant
plus si cette décision émane d’une juridiction supérieure car celle-ci risque de réformer le
jugement et la C.Cass. risque de casser l’arrêt si l’on a affaire à une décision dissidente de
la politique juridique de la juridiction supérieure. On peut donc dire que les décisions des
juridictions supérieures et particulièrement celles de la C.Cass. en sa chambre
commerciale, ont une autorité non seulement à l’égard du procès particulier qu’elle
tranche mais encore à l’égard de tous les procès similaires qui vont se présenter dans
l’avenir. Les décisions de la C.Cass. acquièrent, en ce sens, le caractère de généralité
propre à la règle de Droit. Les arrêts de la chambre commerciale sont ainsi de véritables
règles de Droit que l’on suivra avec la plus grande attention. La jurisprudence de la
C.Cass. peut aussi être insérées dans les sources du Droit pour une autre raison : car très
souvent les décisions rendues par elle vont être reprises par le législateur, consécration
suprême pour une décision de justice. Il arrive ainsi souvent qu’une réforme législative
vienne consacrer une solution qui a été validée par les tribunaux depuis fort longtemps.
B – Appréciation de la justice consulaire
Cf. Intervention de M. le juge du tribunal de commerce Durand (28 octobre).
Sous section 2 : La justice arbitrale
En principe, la mission de trancher les litiges est une mission de service public. Les
juridictions de l’État peuvent voir leur compétence écartée quand les parties décident de
recourir à l’arbitrage en soumettant leur différend à un arbitre. On parle alors de justice
arbitrale, forme de justice privée.
§1 – Définition
Les juridictions arbitrales sont des juridictions privées auxquelles les parties à un procès
ont recours pour trancher leur litige. C'est leur caractère privé qui les oppose aux
juridictions commerciales, lesquelles font partie de la justice publique étatique. Les
juridictions arbitrales peuvent être utilisées pour régler des contestations issues du Droit
civil, mais surtout pour résoudre des litiges dans le domaine du Droit commercial.
§2 – Le recours à l’arbitrage
Les parties à un procès relevant du Droit commercial peuvent recourir à des arbitres pour
trancher leurs litiges. Mais elles ne peuvent faire ainsi que si elles sont d’accord sur ce
point. Si l’une des parties refusait de recourir à l’arbitrage, préférant ainsi saisir la
juridiction consulaire classique, l’autre partie ne peut que s’incliner devant cette
demande. Il doit donc exister un accord de volonté des parties sur la question même d’un
recours à l’arbitrage. Pour ce faire, les parties vont conclure une convention d’arbitrage.
Deux hypothèses et donc deux sortes de conventions. Il faut distinguer le compromis et la
clause compromissoire. Nous parlerons ensuite de leur admission en Droit commercial.
A – Distinction du compromis et de la clause compromissoire
On peut d’abord concevoir que les parties passent cette convention d’arbitrage alors
qu’elles sont déjà en procès : c'est ce que l’on appelle le compromis.
Deuxième hypothèse : deux parties qui concluent un contrat mais pour prudence on va
insérer une clause dans laquelle figure que dans l’hypothèse ou il y a aurait un litige, les
parties auraient recours à un arbitre. Cette convention est la clause compromissoire. Cette
convention attribue à l’avance à une juridiction arbitrale les litiges que pourrait susciter
l’exécution d’une convention.
B – L’admission en Droit commercial du compromis et de la clause compromissoire
Les deux conventions ne sont valables qu’en matière commerciale. Le Droit civil
reconnaît la validité du compromis mais déclare nul la clause compromissoire. Le Droit
commercial a toujours admis la possibilité de conclure l’une ou l’autre de ces
conventions d’arbitrage. Il faut ici rentrer dans les détails.
1) Les conditions de validité de ces deux conventions
Envisageons successivement les deux.
a) Le compromis
Trois conditions sont posées. Tout d’abord, le compromis doit être passé par écrit. Cela
peut être un acte notarié, un acte sous sein privé ou un acte signé par les parties ainsi que
par l’arbitre. Ensuite, il doit déterminer l’objet du litige. Enfin, il doit désigner le ou les
arbitres. Si toutefois il ne le fais pas, il doit pour le moins fixer les modalités de leur
désignation. Le compromis doit préciser le délai laissé à l’arbitre pour qu’il rende sa
décision. Si toutefois le compromis ne le précise pas, l’usage veut qu’il soit de 6 mois à
compter de l’acceptation de l’arbitre.
b) La clause compromissoire
Certaines conditions sont posées à peine de nullité de la clause. Tout d’abord, la clause
doit être passée par écrit. Un décret du 14 mai 1980 indique qu’elle doit être stipulée par
écrit dans la convention principale ou dans un documentation auquel elle se réfère.
Ensuite, la clause doit désigner le ou les arbitres ou bien elle doit prévoir les modalités de
leur désignation. Quant au délai pour rendre la sentence, la règle est la même que pour le
compromis. Préciser l’objet du litige est alors impossible.
2) Les effets de ces deux conventions
Ces deux conventions d’arbitrage ont pour effet très logique d’imposer le recours à la
juridiction arbitrale et de rendre incompétente la juridiction étatique. Depuis ce décret du
14 mai 1980, le compromis et la clause compromissoire produisent cet effet d’un recours
immédiat à l’arbitrage sauf à imaginer que les parties renoncent ultérieurement d’un
commun accord à ce qu’elles ont souhaité. IL se peut en effet que les parties changent
d’avis. Ce qu’elles ont voulu ensemble peut être détruit ensemble (article 1134 alinéa 1
c.civ.). Cet accord des parties pour renoncer à la juridiction arbitrale peut être expresse et
ainsi résulter d’un écrit qui va faire état de cette volonté commune. Cet accord peut aussi
être tacite auquel cas l’une des parties peut saisir le tribunal et l’autre peut ne pas
contester cette saisine.
§3 – La procédure d’arbitrage
A – Le choix de l’arbitre
Les parties choisissent librement leur arbitre. Toutefois, depuis le décret du 14 mai 1980,
la mission d’arbitre ne peut être confiée qu’a une personne physique ayant le plein
exercice de ses droits civils. Très souvent, les parties soumettent leurs litiges à des «
chambres d’arbitrage », juridictions privées permanentes créées par des organisations
syndicales, par des chambres de commerce. La plus connue est celle de la CCI (chambre
de commerce internationale de Paris). I toutefois c'est une personne morale désignée à
titre d’arbitre, celle-ci à seulement le pouvoir d’organiser l’arbitrage et donc la mission
est ainsi confiée a une ou plusieurs personnes qui devront être acceptées par les parties.
La personne nommée arbitre devra elle-même accepter sa mission. Une fois la mission
commencée, elle ne peut plus se rétracter, sauf pour raisons légitimes. L’arbitre ne peut
pas non plus s’abstenir, c'est à dire refuser de trancher le litige.
B – La procédure devant l’arbitre
Le décret du 14 mai 1980 énonce que les arbitres ne sont pas tenus de suivre les règles de
procédure prévues par les tribunaux sauf si les parties en ont décidé autrement dans la
convention d’arbitrage. Les arbitres sont néanmoins tenus de se soumettre à certains
principes fondamentaux du procès. Par exemple dans le cadre de la motivation de la
décision, le contradictoire doit être respecté, l’échange des conclusions, l’échange des
preuves.
Cette approche relative à la procédure a largement évolué, amplement aussi
comparativement à la période antérieure avant 1980. Dans l’ancien code de procédure
civile, les arbitres devaient respecter scrupuleusement les délais et les formes établis pour
les tribunaux.
Les arbitres n’avaient pas toujours à justifier, motiver leur décision.
C – La sentence arbitrale
Aux termes du décret du 14 mai 1980, la sentence arbitrale est signée par tous les
arbitres. Si une minorité d’entre eux refuse de la signer, les autres doivent en faire
mention et la sentence a le même effet que si elle avait été signée par tous les arbitres. La
décision est prise à la majorité des voix. Généralement, le nombre d’arbitres est impair.
Toutefois, si le nombre est pair, les parties doivent désigner un arbitre supplémentaire. Si
elles ne s’entendent pas, ce sont les arbitres qui conviendront de la nomination d’un autre
expert. A défaut d’accord de ces derniers, le président du TGI nommera l’arbitre
supplémentaire (ingérence de la justice étatique dans la justice privée qui n’est pas
cloisonnée).
La sentence arbitrale a une force moins grande que les décisions rendues par les
juridictions étatiques. Pour pouvoir être exécutées, ces sentences doivent être ratifiées par
une autorité publique. Il faut une décision d’exequatur qui émane du TGI dans le ressort
duquel la sentence a te rendue. Ce n’est que quand cette sentence a reçu cet exequatur,
qu’elle aura la force de la chose jugée. Dès lors que la sentence est établie, il faut
emporter la minute (ou grosse : sentence en elle-même) au greffe du tribunal et y sera
joint en annexe un exemplaire de la convention d’arbitrage. La sentence est en principe
susceptible d’appel. Par contre, elle ne peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation car la
décision intervient en équité.
§4 – L’arbitrage en Droit international
IL faut faire référence a deux conventions : celle de New York du 10 juin 1958 et celle de
Genève du 21 avril 1961 qui ont été ratifiées par la France. Ces deux conventions posent
un certain nombre de règles relatives à l’arbitrage international, précisent la procédure à
suivre, la reconnaissance de la sentence dans les États signataires.
Ces sentences sont complétées par un régime relativement développé visé aux articles
1492 à 1507 du N.C.p.c. Ces dispositions consolident les solutions dégagées par la
C.Cass. et donnent une définition de l’arbitrage international : litiges qui mettent en cause
les intérêts du commerce international. De même, elles consacrent la liberté des parties de
déterminer comme elles l’entendent les règles de procédure qui régissent l’instance mais
aussi les règles de fond selon lesquelles le litige va être tranché. Ces dispositions
organisent aussi le régime procédural de l’exécution des sentences et des voies de recours
contre ces sentences. Ces sentences sont empreintes au travers des dispositions évoquées,
d’un esprit très libéral conforme à l’idée de l’arbitrage international.
§5 – Bilan de la justice arbitrale
Cette justice fait l’objet d’un très grand engouement actuellement. Le bilan consistera
dans la recherche des justifications de cet engouement.
La justice arbitrale présente de nombreux avantages : la célérité qui résulte de la grande
disponibilité des arbitres lesquels ne connaissent pas l’encombrement des juridictions
étatiques ; le moindre coût : plus besoin de frais d’avocats ni de déplacement ; la
discrétion qui entoure la solution du différend : très souvent dans le monde des affaires
on cherche la discrétion pour préserver son image. L’arbitrage international est devenue
une procédure incontournable qui fait l »objet d’un livre entier dans le N.C.p.c.
Cependant, le champ d’application de cet arbitrage n’est pas illimité : on ne peut pas
compromettre sur toutes les affaires : état des personne, divorce, contestations relevant de
l’ordre public. Dès lors qu’une collectivité locale est partie à un litige, elle ne peut
recourir à l’arbitrage.
Parfois, certains diront que les arbitres sont de meilleurs juges car plus compétents que
les juges professionnels : ce qui est faux car ils ont formation et expérience. Dans des
affaires très pointues, cela est cependant vrai.