propriété
intellectuelle
Elle s'entend du droit des personnes sur les œuvres de l’esprit, dont elles sont les
auteurs. Le traité de STOCKHOLM en date du 13 juillet 1967 qui crée l'OMPI précise
cette notion lorsqu'elle la définit comme étant "les droits afférents à l'activité
intellectuelle dans les domaines industriels, scientifique, littéraire et artistique."Une telle
définition justifie que traditionnellement on distingue deux volets principaux dans la
propriété :
- La propriété industrielle ;
La propriété littéraire et artistique consiste dans le droit des auteurs sur les œuvres
relevant des beaux-arts. La propriété industrielle est caractérisée par la diversité des
objets sur lesquels il porte.
La première raison est qu’il est à la fois juste et approprié qu’une personne investissant
travail et efforts dans une création intellectuelle en retire un certain bénéfice. La
seconde raison est que, en protégeant la propriété intellectuelle, on encourage les
activités de ce genre et le développement d’entreprises fondées sur l’exploitation de
ces créations, car d’aucuns constatent que celles-ci rapportent de l’argent.
Les droits de propriété intellectuelle peuvent aussi contribuer à protéger des éléments
de l’expression culturelle orale ou non enregistrée de nombreux pays en
développement, connus généralement sous le nom de folklore. Grâce à cette
protection, ces éléments peuvent être exploités légalement et des bénéfices reversés
aux pays ou aux cultures d’origine.
PLAN DU COURS
Chapitre I :
L'objet de la protection est l'œuvre. En réalité, on doit reconnaître que l'auteur est
autant protégé que l'œuvre elle-même ou tout au moins admettre que l'auteur est le
bénéficiaire de la protection.
A - L’œuvre protégée
L'œuvre protégée est une œuvre originale qui figure généralement dans une des
catégories énumérées par la loi.
1 - La qualité d'œuvre
La qualité d'œuvre de l'esprit est reconnue au résultat d'une activité créatrice exprimé
dans une forme extérieure sans égard pour le support. Une telle définition permet
d'exclure de la protection le simple savoir-faire, le tour de main. L'œuvre ne peut
exister en droit qu'à partir du moment où l'idée a pris corps, à partir du moment où
l'idée est devenue une forme sensible.
L'œuvre peut relever du genre littéraire ou musical ou des arts plastiques. L'œuvre peut
être écrite ou verbale. Il peut s'agir également d'œuvres de dessin, de peinture, de
sculpture, d'architecture, de gravure, etc. Sont cependant exclus de la protection les
textes officiels de nature législative, administrative ou judiciaire et leurs traductions
officielles. Il en va de même pour les nouvelles du jour et les simples faits et données
ainsi que le précise l’article 7 de l’Annexe VII de l’Accord de Bangui révisé.
Le bénéfice de la protection dont jouit une œuvre n'est pas accordé en fonction de sa
qualité ou encore de sa destination (culturelle, esthétique ou utilitaire).
L’essentiel, c’est que l'œuvre doit être originale pour être protégée.
L'œuvre originale n'est pas celle créée ex nihilo, c'est-à-dire une œuvre "sans origine".
L'œuvre originale est plutôt celle qui a "sa propre origine", celle qui découle de
l'arbitraire du créateur, celle dans laquelle il a déployé un minimum de fantaisie:
l'originalité est une notion subjective, en cela elle se distingue de la nouveauté qui est
une notion objective bien connue dans la propriété industrielle.
Il est revenu au juge saisi d’esquisser les contours de l’originalité au fil des affaires qui
lui sont soumises. Ainsi il a été retenu notamment que l’œuvre est originale lorsqu’elle
est « le reflet de la personnalité du créateur » ou qu’elle porte son « empreinte
personnelle » ou encore que celui-ci a réalisé « un travail purement personnel ».
L’originalité apparaît comme une notion cadre tant les formules utilisées sont floues et
larges (voir P. SIRINELLI, notions fondamentales du droit d’auteur). Elle n’est pas
toujours appréciée de la même façon. Ainsi la notion d’originalité doit être adaptée au
genre de l’œuvre concernée. La liberté du créateur peut être limitée par la destination,
par exemple utilitaire, de l’œuvre ou par la nature du sujet traité. On en arrive à
retenir que l’originalité n’est la même, pour les œuvres graphiques, dans un tableau et
dans une carte géographique et que ce qui compte c’est que l’auteur a pu avoir un
choix arbitraire ou fantaisiste.
S’agissant de cartes routières, la Cour d’appel de Paris (7janvier Dalloz 1991, p.13) a pu
retenir : « Si une carte géographique…n’est pas en soi une œuvre originale dès lors
qu’il existe des points communs à toutes les cartes, en l’espèce, la carte révèle l’effort
créateur de l’éditeur et reflète sa personnalité par la combinaison et le choix de
plusieurs éléments qui la distinguent des autres cartes, notamment dans le
sectionnement des kilométrages, le choix des localités, curiosités et symboles, la
sélection et la classification routes…l’éditeur démontrant ainsi qu’il est possible
d’opérer sur le réseau routier des sélections différentes.. ».
L'œuvre originaire ou première est celle qui ne fait pas d'emprunt à une création
antérieure.
L'œuvre dérivée ayant un caractère original est protégée sans préjudice des droits de
l'auteur de l'œuvre originaire
Les législations ont pris l'habitude, certaines s'inspirant des articles 2 et suivants de la
Convention de Berne, d'énumérer les différentes catégories d'œuvres protégeables.
Cela ne signifie aucunement que seules les œuvres citées bénéficient de la protection
légale. Les énumérations légales n'ont qu'une valeur indicative: après l'adjonction du
logiciel et des bases de données, rien ne s'oppose, compte tenu des progrès techniques,
que de nouvelles catégories d'œuvres apparaissent. Pour l'heure, les catégories
d'œuvres protégées sont les suivantes:
Le terme littéraire est entendu au sens large, il regroupe aussi bien les œuvres écrites
que les œuvres orales.
* Les œuvres écrites sont constituées par les livres, les brochures et autres écrits. Il s'agit
de façon générale des écrits littéraires proprement dits (romans, nouvelles, poésies...),
des écrits a caractère technique ou scientifique, des titres de livres, d'articles de
journaux, de films, etc, des annuaires, catalogues, des dictionnaires...
* Les œuvres orales sont protégées qu'elles émanent d'hommes célèbres ou de simples
particuliers. Sont généralement visés: les allocutions, les plaidoiries, les cours des
enseignants, les interviews.. .Leur reproduction est assujettie a l'autorisation de leur
auteur.
Il 'agit des compositions musicales avec ou sans paroles, les œuvres dramatiques ou
dramatico-musicales en tant que formant un tout, mais aussi en tant qu'éléments du
tout. Ainsi le droit protège la mélodie définie comme l'enchaînement de sons simples
et successifs, l'harmonie, c'est-à-dire la combinaison de plusieurs accords et le rythme.
Elles forment la catégorie la plus vaste. Ce sont les œuvres d'art et les œuvres d'art
appliqué. Cette catégorie inclut également les œuvres radiophoniques et
audiovisuelles.
On peut ranger sous cette rubrique : le programme d’ordinateur défini par l’article 2
comme un ensemble d’instructions exprimées par des mots, des codes des schémas ou
par toute autre forme pouvant, une fois incorporés dans un support déchiffrable par
une machine, faire accomplir ou faire obtenir une tâche ou un résultat particulier par
un ordinateur ou par un procédé électronique capable de faire du traitement de
l’information ; les bases de données qui constituent une compilation de données et
faits ; et l'œuvre multimédia.
1 - La notion d'auteur
Dans les systèmes dits de droit d'auteur (par opposition au système de copyright), le
droit a la protection naît sur la tête de la personne physique qui a créé l'œuvre au
moment même où elle l'a créée (et cela sans aucune formalité préalable). Le titulaire
du droit d'auteur est donc la personne physique qui a fourni l'essentiel de la création.
A ce niveau, il convient de distinguer le "nègre" de l'auteur (dans le domaine de la
littérature). Le juge français qui a eu l'occasion de statuer sur la question semble dénier
la qualité d'auteur à celui qui se borne à mettre en forme "commercialement
acceptable" une relation d'événements ou de souvenirs fournis par un tiers. En
définitive, le "nègre" ne peut se voir reconnaître la qualité de coauteur que lorsque son
apport est original.
2 - La pluralité d'auteurs
L'œuvre protégée n'est pas seulement celle créée par un auteur isolé ou seul. L'œuvre
peut être une œuvre de collaboration ou une œuvre collective.
a- L’œuvre de collaboration est celle dont la réalisation est issue du concours de deux
ou plusieurs auteurs. Il n'est pas exigé que l'œuvre ainsi créée constitue un ensemble
indivisible ou qu'à l'évidence elle se compose de parties ayant un caractère de création
autonome.
Selon la conception duale du droit d'auteur, celui-ci comporte des attributs d'ordre
intellectuel et moral et des attributs d'ordre patrimonial. Il convient de distinguer
d'une part le
A - Le droit moral
L'idée fondamentale est que l'œuvre reflète la personnalité de l'auteur et qu'à travers
l'œuvre, il peut être porté atteinte à l'auteur; il faut donc protéger l'œuvre afin de
protéger l'auteur. L’étude du moral suscite deux questions: qu'est-ce qui le caractérise?
En quoi consiste-t-il ?
Le droit moral est un droit attaché à la personne même de l'auteur. De son vivant, il
ne peut être exercé que par l'auteur lui-même. Il est perpétuel puisqu'il porte sur une
œuvre ayant elle- même vocation à la perpétuité. Le droit moral ne peut être cédé, il
est inaliénable. Sauf cas particulier (publication sous un pseudonyme ou cession de
droit d'adaptation), toute clause stipulant une cession du droit moral est nulle.
L'inaliénabilité du droit moral entraîne deux conséquences importantes : l'auteur ne
peut en perdre le bénéfice par suite de l'écoulement du temps, il est imprescriptible; il
ne peut non plus faire l'objet d'une procédure de saisie cela même si l'œuvre sur
laquelle il porte est parfaitement saisissable en tant que bien matériel.
Ces différents caractères n'autorisent pas un exercice du droit moral laissé à l'entière
discrétion de l'auteur: les tribunaux contrôlent l'exercice du droit moral et
sanctionnent les abus commis par l'auteur, ils déterminent cependant son contenu
- le droit de divulgation;
- le droit au nom;
- le droit au respect de l'œuvre;
- le droit au retrait et au repentir.
a - Le droit de divulgation signifie que seul l'auteur a le droit de divulguer son œuvre.
Ille fera au moment où il le jugera bon de le faire. Il est également seul juge du
procédé de divulgation. Ce droit est ignoré par la Convention de Berne de sorte que
les législations nationales ne le mentionnent pas ou lorsqu'elles le mentionnent, le
contenu connaît quelques nuances. Ainsi, par exemple, le droit allemand admet plus
facilement la possibilité de céder ce droit.
Dans une affaire soumise à la Cour d’appel de Paris (CA Paris 20 novembre 1996, JCP
1997, II, 22937), l’acquéreur d’un immeuble a décidé de créer une galerie d’art et a
confié la maîtrise d’œuvre à un architecte. L’architecte soutenait que le maître de
l’ouvrage a porté atteinte à ses droits moraux et patrimoniaux d’auteur en omettant,
dans plusieurs articles de presse ainsi que sur la plaquette relative à la galerie, de
mentionner sa qualité d’architecte et que le maître de l’ouvrage s’est présenté comme
étant l’auteur des travaux d’aménagement.
La Cour a retenu que les travaux réalisés constituent une œuvre protégeable au sens de
la loi et a condamné le propriétaire de l’immeuble à déposer un panneau apposé sur
l’immeuble ou à le modifier en faisant apparaître le nom de l’architecte et à verser des
dommages intérêts à l’architecte.
Un auteur salarié a conçu pour le compte d’un éditeur un certain nombre d’ouvrages
de bandes dessinées dont il a écrit le texte et dont les dessins ont été réalisés par un
tiers ; au cours d’une instance prud’homale, consécutive à son licenciement, l’auteur à
notifié à l’éditeur son interdiction de publier, sans son autorisation, les ouvrages dont
il est l’auteur ou le coauteur ; néanmoins l’éditeur procéda à la réimpression des
ouvrages. L’auteur soutient qu’il peut, nonobstant la cession de son droit
d’exploitation, exercer son droit de repentir ou de retrait à l’égard du cessionnaire à
charge pour lui de l’indemniser du préjudice qu’il a pu lui causer.
La Cour de cassation rejette le pourvoi contre l’arrêt de la Cour d’appel qui a interdit
à l’auteur d’exercer son droit de retrait ou de repentir : « le droit de repentir et de
retrait constitue l’un des attributs du droit moral de l’auteur ; ayant constaté que
l’auteur se bornait a alléguer, pour justifier sa demande, l’insuffisance du taux de 1
pour 100 appliqué par la société d’éditions pour le calcul de ses redevances, la Cour
d’appel a retenu, à bon droit, qu’étranger à la finalité de l’article 32 de la loi du 11
mars 1957 (article 121-4 du Code de la propriété intellectuelle), un tel motif, quel que
puisse être par ailleurs son mérite, caractérise un détournement des dispositions de ce
texte et un exercice abusif du droit qu’il institue ».
L'importance du droit moral n'est certes pas négligeable, mais il ne suffit pas à lui tout
seul à assurer une bonne protection de la propriété littéraire et artistique.
- le droit de reproduction;
- le droit de représentation;
- le droit de suite
La reproduction consiste d’abord, dans la fixation matérielle ; elle peut être réalisée
par tous procédés permettant de la communiquer au public. On a coutume
d’énumérer tous les modes de reproduction (imprimerie, gravure, dessin,
photographie, enregistrement mécanique, cinématographique...), cela signifie qu’en
réalité le support importe peu et que le changement de support ne fait pas disparaître
le droit de l’auteur. Pour chacun de ces procédés de reproduction, l'accord préalable
de l'auteur est requis et donne lieu à rémunération à l'auteur. Ainsi, la reproduction
photographique sous forme de carte postale d’un spectacle visuel sans l’autorisation de
son auteur est illicite (Cass. 1ère Ch. Civ. 3 mars 1992).
La loi exige également une fixation matérielle. Si l’hésitation n’est pas possible
s’agissant des modes traditionnels de fixation tels que la gravure, le dessin, la
photographie ou l’imprimerie…, en revanche on peut se demander si l’image fugitive
que donne l’affichage sur un écran revêt les caractères d’une fixation au sens de la loi.
Une chose reste cependant certaine depuis longtemps déjà, le stockage des œuvres
dans les systèmes informatiques constitue une fixation matérielle au sens de la loi.
La reproduction, c’est ensuite, tout emprunt même partiel non autorisé dès lors qu’il
porte sur des éléments que l’auteur peut s’approprier. En clair, la loi interdit la
reproduction partielle. Une reprise partielle d’une œuvre reste soumise au monopole
de l’auteur si, dépassant l’emprunt des idées, elle contient une partie de la
composition et/ou de l’expression de l’œuvre première (Cass., 1ère Ch. Civ.4 février
1992).
L’auteur peut interdire tout emprunt portant sur des éléments protégés, il suffit que
dans l’œuvre nouvelle, on retrouve l’œuvre préexistante en tant qu’elle est
appropriable. Cela vise notamment l’adaptation réalisée sans l’autorisation de l’auteur.
Les idées étant de libre parcours, elles échappent à toute appropriation, elles peuvent
être reproduites sans qu’il y ait atteinte au droit de reproduction. Cependant, la
jurisprudence estime que l’emprunt à une œuvre préexistante constitue une
contrefaçon dès qu’il porte sur le choix du sujet, la composition et le développement
des scènes.
Il en résulte qu’en pratique, une protection une protection plus accrue ou plus
étendue est accordée aux œuvres de fiction qu’aux œuvres à caractère scientifique.
Dans les œuvres graphiques et plastiques, on recherchera si l’œuvre seconde reprend
Par ailleurs, la fixation visée doit être destinée une communication publique, a
contrario
2 - Le droit de représentation
La communication de l'œuvre peut être directe ou indirecte. Elle est directe lorsque les
artistes se produisent devant le public (récitation publique, exécution d’œuvres
musicales, chorégraphiques, variétés, mimes, etc.). Elle est indirecte lorsqu'elle
emprunte des supports comme le film, le disque, les émissions de télévision ou de
radio...
3 - Le droit de suite
Il peut être défini comme un droit inaliénable qu'ont exclusivement les auteurs des
œuvres graphiques et plastiques de percevoir un pourcentage sur le prix de revente
ultérieure de l'œuvre aux enchères publiques ou par l'intermédiaire d'un commerçant.
L’article 10 de l’Annexe VII précise que le droit de suite ne s’étend pas aux œuvres
d’architecture et aux œuvres d’art appliqué.
- cas des œuvres d'un seul auteur: la protection dure tout au long de la vie de l'auteur
et pendant 70 ans après son décès.
- Cas des œuvres de collaboration: les œuvres de collaboration sont protégées durant
toute la vie des coauteurs, et ce, pendant une durée de 70 années à compter du décès
du dernier survivant des coauteurs.
Les droits voisins sont ceux situés dans le voisinage du droit d’auteur. Il appartient à
ceux qui, sans être titulaires du droit d’auteur, permettent la diffusion des œuvres.
Entant qu’intermédiaires indispensables dans la diffusion de l’œuvre, la loi leur accorde
des prérogatives particulières : il s’agit d’une catégorie hétéroclite de bénéficiaires dont
il faut préciser les droits.
L’artiste interprète est défini comme une personne qui représente, chante, récite,
déclame, joue ou exécute de toute autre manière, une œuvre littéraire et artistique, un
numéro de variété, de cirque... La protection qui lui est reconnue au titre des droits
voisins ne peut bénéficier qu’à l’interprétation d’une œuvre de l’esprit. Cela signifie,
d’une part que toute interprétation implique l’existence d’une œuvre. La conséquence
en est que les sportifs ne pourront se voir reconnaître la qualité d’artistes interprètes
faute d’existence d’une œuvre. Cela signifie, d’autre part que le professionnel dont la
prestation n’est pas directement liée au service de la création littéraire et artistique
comme les simples techniciens, ne sont pas admis à se prévaloir de la qualité d’artiste
interprète.
Le recours à la notion de fixation paraît judicieux dans la mesure où elle est susceptible
de s’appliquer aux nouvelles technologies notamment la numérisation.
L’objectif est de déterminer la consistance des droits voisins dont jouissent ceux que
l’on a coutume d’appeler les auxiliaires de la création. Ils bénéficient de droits
différents qui seront examinés successivement.
La protection des artistes interprètes est particulière dans la mesure où ils fournissent
une prestation qui a un caractère personnel comme l’œuvre littéraire et artistique. La
plupart des législations nationales ont fini par leur reconnaître un droit moral.
Cependant, le contenu de ce droit moral n’est pas identique à celui de l’auteur qui
comporte (faut-il le rappeler) quatre attributs : le droit de divulgation, le droit au
respect du nom, le droit à la paternité de l’œuvre et le droit de repentir.
Il est rare que le droit de divulgation soit reconnu aux artistes interprète. La raison
réside, semble-t-il, que les artistes interprètent, concluent des contrats avec des
producteurs qui valent autorisation de divulgation. De a même manière, la
reconnaissance d’un droit de divulgation risquerait de paralyser une exploitation déjà
commencée.
- la distribution au public de telles copies par la vente ou par toute autre transfert de
propriété ou par location.
La loi prévoit des limites à ce droit exclusif. Celles-ci étant identiques à celles des
organismes de radiodiffusion, elles seront examinées en même temps que les droits
conférés aux organismes de radiodiffusion.
Cours de M. Emmanuel KOMBATE
14
C/- Les droits conférés aux organismes de radiodiffusion et de télévision
Mais l’exercice de ce droit est subordonné à deux conditions : d’abord, il faut que la
fixation ayant servi à réaliser la reproduction n’ait pas été préalablement autorisée ;
ensuite, il faut que la copie ait été faite à des fins commerciales ou qu’elle soit
destinée à être utilisée publiquement.
- la durée de la protection ;
- certaines utilisations ;
- l’intérêt général ;
- un territoire.
La durée
Certaines utilisations
- Deuxième utilisation :
L’autorisation des titulaires des droits voisins n’est pas non plus nécessaire lorsqu’il
s’agit de rendre compte ou de faire des citations. Cette limitation ne s’applique qu’à
de courts fragments de l’émission. On considère généralement qu’une reprise de la
quasi-totalité de l’émission n’est pas conforme aux usages et ne constitue pas un court
fragment au sens de la loi.
L’intérêt général
Le territoire national
La protection des droits voisins de radiodiffusion n’est possible que dans deux cas :
Deuxième cas : l’émission est transmise à partir d’une station située sur le territoire
national.
Cette limitation est relative dans la mesure où l’Etat signataire de nombreux accords et
conventions a pu s’engager à protéger sur son territoire les droits des organismes de
radiodiffusion d’autres Etats signataires des mêmes accords.
De façon générale, les droits reconnus aux artistes interprètes ou exécutants, aux
producteurs de phonogrammes, des organismes de radiodiffusion peuvent être cédés
ou concédés gratuitement à des tiers, mais le plus souvent, ces actes seront rémunérés,
soit sous forme de quote-part des recettes réalisées, soit sous forme de forfait
déterminé par les partie.
La violation de droits voisins pourra donner lieu à une action civile permettant aux
titulaires des droits lésés d’obtenir le paiement de tous profits réalisés par le
contrevenant.
LA SANCTION DE LA PROTECTION
La protection des œuvres n'aura pas de sens si elle n'est pas assortie de sanctions.
L'atteinte au droit d'auteur constitue des infractions donnant lieu il des sanctions civiles
et pénales. Mais préalablement à ces sanctions disposent d'une procédure spécifique lui
permettant de défendre son droit contre toute atteinte: il s'agit de la saisie-
contrefaçon. La saisie- contrefaçon et les infractions au droit d'auteur constituent les
deux points essentiels qui seront envisagés successivement.
La saisie- contrefaçon
La saisie- contrefaçon permet à l'auteur d'une œuvre protégée (ou à ses ayants droit)
de faire cesser rapidement toute reproduction illicite de son œuvre, soit en obtenant la
saisie des exemplaires constituant une reproduction illicite ou une contrefaçon, soit en
demandant la suspension de toute fabrication en cours tendant à la fabrication illicite,
soit encore en obtenant la saisie des recettes produites par l'exploitation illégale, Elle
permet également à l'auteur de rapporter la preuve des griefs qu'il entend formuler
ultérieurement à l'encontre de ses adversaires.
La procédure allégée est une procédure qui ne nécessite pas une autorisation judiciaire.
Dans la loi ivoirienne, compétence est donnée aux officiers de police judiciaire ou à
l’agent assermenté.
Cette voie de saisie contrefaçon est ouverte à l’auteur d’une œuvre protégée, à ses
ayants droit ou à l’organisme d’auteurs.
Cette procédure ne peut donc être mise en œuvre qu'en cas d'atteinte au droit de
reproduction. Elle a essentiellement pour objet d'empêcher le contrefacteur de
dissimuler les objets contrefaits ou encore de transporter ceux-ci a l'étranger.
La procédure normale est une procédure qui nécessite une autorisation judiciaire
préalable. En effet, la saisine du Président du tribunal de grande instance par voie de
requête est obligatoire dans les cas suivants:
- s'il est prévisible, dès le départ, que la saisie-contrefaçon est susceptible d'avoir des
conséquences préjudiciables pour le saisi ou le tiers;
La contrefaçon simple
- l'utilisation différente de celle qui a été autorisée par l'auteur, d'une reproduction
même licite;
Le débit consiste, par exemple, dans la vente par des commerçants, d'exemplaires
d'œuvres passibles de contrefaçon.
L’élément intentionnel
Aux termes de l’article 64 de l’Annexe VII, « Toute violation d’un droit protégé en
vertu des dispositions de la présente Annexe, si elle est commise intentionnellement ou
par négligence grave et dans un but lucratif, est punie.. ». Cette infraction générique
suppose pour être établie la mauvaise foi du prévenu ou tout au moins une négligence
grave. En droit français, la Cour de cassation a créé une présomption de mauvaise afin
de faciliter la preuve de l’élément intentionnel : « l’élément intentionnel résulte, sauf
preuve contraire, de l’existence même du fait matériel ». Le prévenu a cependant la
possibilité de renverser cette présomption simple en administrant la preuve contraire
de sa bonne foi et du fait qu’il n’a pas agi sciemment et n’a commis aucune faute
d’imprudence ou de négligence. Ainsi, la preuve de la bonne du prévenu pourra
résulter de l’absence de recherche de profits. La preuve de la bonne permettra
d’échapper aux sanctions pénales, mais la réparation reste due.
Il faut préciser que les délits assimilés au délit de contrefaçon sont punis des mêmes
peines que celui-ci.
Aux termes de l’article 63 de l’Annexe VII, les titulaires de droits violés ou leurs ayants
droit, l’organisme national de gestion collective des droits et les associations
professionnelles ayant régulièrement constituées pour la défense des intérêts collectifs
de leurs adhérents ont le droit d’obtenir de l’auteur de la violation, des dommages-
intérêts en réparation du préjudice subi par elles. Elles pourront, en outre, obtenir le
paiement des frais occasionnés par l’acte de violation y compris les frais de justice.
- Les dessins et modèles industriels: ce sont des dessins ou des formes qui servent
à l'ornementation des objets utilitaires.
Les droits de propriété industrielle ne sont pas non plus des droits réels parce que
ceux-ci sont perpétuels alors que les droits de propriété industrielle ont une durée
limitée [vingt (20) ans à compter du dépôt pour les brevets] : ce sont des droits
intellectuels.
La Convention d'Union de Paris signée à Paris le 20 mars 1883 réunit aujourd'hui une
centaine d'États dont la quasi totalité des États africains. Elle institue une union, cela
signifie que les pays adhérents forment fictivement un territoire unique, pour
l'application des dispositions de la convention.
L'Accord sur les aspects des droits de la Propriété Intellectuelle touchant au Commerce
(ADPIC)
Trade related aspects of intellectual property rights including trade counterfeit goods
(TRIPS)
Chaque État doit avoir une législation comportant à la fois des procédures susceptibles
de faire respecter les droits et les mesures correctives, préventives et dissuasives.
Les décisions rendues au fond par les instances administratives et judiciaires doivent
être écrites motivées et contradictoires. La législation doit ménager des recours pour
les parties contre les décisions rendues. Il n'y a cependant pas d'obligation à créer un
système judiciaire spécialisé en la matière.
L'Accord exige que l'accès la justice soit facilité pour les détente~ des droits de
propriété intellectuelle. Les États en voie de développement restent à cet égard
tributaires du problème de l'encombrement des tribunaux et de la pénurie de
magistrats. A cela s'ajoute l'ignorance des magistrats qui, bien souvent, ne savent
même pas qu'il existe une réglementation protectrice de la propriété intellectuelle.
La législation à mettre en place devra adopter des mesures susceptibles de garantir les
droits de la défense. A ce titre, l'information du défendeur doit être assurée par écrit
dans des délais raisonnables et fixés à l'avance. Le droit à la représentation et à
l'assistance en justice doit également être assuré.
Le principe de l'allocation de dommages intérêts à l'auteur lésé est prévu par l'article
45- 1 de l'accord qui précise d'une part que le juge pourra ajouter aux dommages
intérêts les frais de justice et d'autre part, que l'allocation des dommages intérêts est
possible même au cas d'atteinte involontaire au droit d'auteur.
Il résulte de l'Accord qu'en ordonnant les mesures, le juge doit tenir compte de la
gravité de l'atteinte pour éviter toute sanction disproportionnée. Ce souci d'équité
justifie aussi l'indemnisation du défendeur en cas de procédure abusive. De même, en
cas de mauvaise foi des autorités ou des agents chargés de l'application de la législation
relative au droit d'auteur, ceux-ci peuvent voir leur responsabilité engagée.
L'Accord envisage sous cette rubrique les mesures rapides en attendant une décision
définitive pour empêcher la mise sur le marché de produits contrefaits ou la
destruction des éléments de preuve. Ces mesures peuvent être adoptées sans que
l'autre partie ne soit entendue en cas de risque manifeste de destruction des éléments
de preuve et de préjudice irréparable.
Le requérant qui sollicite l'application de telles mesures doit prouver qu'il est détenteur
du droit et qu'il y a atteinte ou imminence d'atteinte à ce droit. Il doit aussi constituer
une caution ou une garantie équivalente.
Ces mesures sont provisoires, elles doivent aboutir à la saisine du tribunal compétent
par le saisissant dans les vingt jours ouvrables ou 31 jours civils.
Par ailleurs, le défendeur saisi et toutes les parties doivent être informés sans délai. Le
requérant pourra être condamné à réparer les dommages causés par les mesures
lorsqu'il est constaté qu'il n'y a ni atteinte ni menace. L'Accord souligne (article 50-8)
que les règles applicables aux procédures judiciaires sont également applicables aux
procédures administratives.
Tout titulaire de droit ayant fourni les éléments de preuve suffisants peut demander au
service douanier compétent notamment, la suspension de marchandises pirates portant
atteinte au droit d'auteur pendant un délai de 10 jours renouvelable une fois. Cette
procédure ne s'applique pas aux marchandises sans caractère commercial et en petites
quantités. Le requérant doit constituer une caution ou une garantie équivalente. La
mesure ainsi décidée doit être portée à la connaissance des parties sans délai. Les
parties ont un droit égal à l'information et à l'inspection des marchandises faisant
l'objet de la suspension. En cas de suspension injustifiée, le requérant pourra être
condamné à verser des dommages intérêts à l'importateur en réparation du préjudice
causé.
Il est également prévu une suspension d'office décidée par les autorités compétentes
lorsque celles-ci disposent d'éléments suffisants. Elles seront dès lors tenues d'informer
Dans l'étude des droits de propriété industrielle chaque composante de ces droits
retrouve son originalité et sa complexité qui se traduisent par des régimes distincts,
d'où la nécessité de les envisager successivement. Au premier plan il y a le brevet,
composante majeure de la propriété industrielle (chapitre I), il y a ensuite les dessins et
modèles industriels (chapitre II) qui se situent à mi-chemin entre le brevet et les signes
distinctifs (chapitre III).
Chapitre I :
LE BREVET D’INVENTION
L'histoire de l'humanité est illustrée par les matériaux, les engins et les ouvrages que
l'homme a créé. Il est banal de dire que ce sont les inventions qui font de notre société
ce qu'elle est aujourd'hui. La nécessité de les protéger est l'objet du droit des brevets.
Plusieurs systèmes de protection peuvent exister.
L'invention peut être protégée par le secret. Cela suppose que l'inventeur évite toute
divulgation en gardant son invention secrète. Le secret garantit un monopole de fait, il
est cependant précaire. Il ne peut éventuellement exister que pour un procédé puisque
le secret relatif au produit disparaît avec la commercialisation.
- les modèles d'utilité constituent des "petits brevets" accordés à des conditions
moins sévères et conférant des droits moins étendus. Les modèles d'utilité sont définis
L'importance des droits conférés par le brevet d'invention justifie que l'invention
remplisse un certain nombre de conditions pour être brevetable (Section I). Toutefois,
l'auteur doit en faire la demande (Section II).
Pour être brevetable, l'invention doit avoir certaines qualités, ce sont les conditions de
brevetabilité.
1. L'application industrielle
Cette exigence figurant dans l'article 2 de l'Annexe I est définie plus loin dans l'article
5. Elle est remplie lorsque l'invention est industrielle d'abord dans son objet, c'est-à-
dire qu'elle se situe dans le domaine de l'industrie et non de l'art; ensuite dans son
application, c'est-à-dire que l'objet de l'invention peut être fabriqué ou utilisé
industriellement ce qui exclut, par exemple, la découverte d'une loi naturelle. Le terme
industrie est utilisé ici dans son sens large incluant l'agriculture. Cette condition vaut
également pour les modèles d'utilité.
2. La nouveauté
Selon l'article 3 de l'annexe I, une invention est nouvelle si elle n'a pas d'antériorité
dans l'état de la technique. La nouveauté est détruite par tout fait ayant eu pour
conséquence de mettre l'invention à la disposition du public. Cela peut se produire de
deux façons : ou bien l'auteur lui-même révèle le contenu de son invention avant de
solliciter le brevet, on parle de divulgation, ou bien l'invention était déjà dans le
domaine public sans que l'auteur l'ait voulu, on parle d'antériorité au sens strict.
L'exigence de la nouveauté est la même s'agissant du modèle d'utilité.
L'invention doit se trouver telle qu'elle dans l'état de la technique constitué par ce qui
a été rendu public à la date du dépôt de la demande de brevet. L'invention nouvelle
doit en plus résulter d'une activité inventive.
L'octroi d'un brevet ne se justifie pas pour des inventions mineures qui ne relèvent pas
de l'invention au sens véritable du mot. C'est la raison pour laquelle l'enregistrement
du modèle d'utilité ne nécessite pas que l'invention qui en est l'objet résulte d'une
activité inventive. L'exigence de l'activité inventive posée par l'article 4 de l'Annexe II
apparaît dès lors comme une exigence nécessaire ; elle doit cependant être contenue
dans de bonnes proportions pour éviter de décourager la recherche. Cette nécessaire
mesure se trouve dans la loi puisque celle-ci précise que l'activité inventive doit être
appréciée par rapport à un homme de métier ayant des connaissances et une habileté
moyennes. C'est dire qu'en réalité l'activité inventive comporte trois éléments
constitutifs que sont : l'homme du métier, l'état de la technique et l'évidence.
- Les races animales : le législateur n'ayant pas défini la notion, des problèmes ont
été soulevés sur le point de savoir si une souris oncogène est brevetable.
- Les œuvres abstraites : On range sous cette rubrique les théories scientifiques et
les méthodes mathématiques et plus généralement les découvertes qui ne sont pas
envisagées explicitement par l'Annexe I de l'Accord de Bangui.
- Les plans, principes et méthodes : Le caractère abstrait des plans, des principes
et méthodes tels que par exemple les méthodes de comptabilité entraînent leur
exclusion de la brevetabilité dans la mesure où il n'y a pas obtention d'un produit ou
d'un résultat industriel.
Les procédures d'obtention des titres comprennent trois phases:le dépôt, l'examen et la
publication.
1. Le dépôt de la demande
Le dépôt est effectué par l'inventeur lui-même (personne physique ou morale) ou par
son mandataire muni d'un pouvoir. La demande doit, sous peine de rejet, respecter la
règle de l'unité d'invention contenue dans les articles 15 de l'Annexe I pour le brevet et
12 de l'Annexe II pour les modèles d'utilité. Selon cette règle, la demande doit être
limitée à un seul objet principal. On considère qu'elle est satisfaite lorsque les
Le dépôt direct s'effectue auprès de l'OAPI sous la forme d'un dossier comprenant :
- Les pièces précitées doivent être fournies en deux exemplaires, l'un original et
l'autre certifié conforme. Le déposant les met sous pli cacheté portant son nom et son
adresse, le titre de l'invention, la liste des pièces fournies et la signature du déposant.
Le déposant doit aussi acquitter les taxes de dépôt et de publication.
Le dossier est transmis dans les cinq jours à l'OAPI aux frais du déposant et
accompagnée de la justification du paiement des taxes. Le déposant désireux de se
prévaloir de la priorité d'un dépôt antérieur dispose d'un délai de six mois pour faire
parvenir les pièces justificatives à l'OAPI sous peine d'irrecevabilité. Une fois le dépôt
effectué, l'OAPI procède à l'examen.
2. L'examen de la demande
b) L'examen technique
Le terme n'est pas expressément utilisé par le législateur de Bangui qui prévoit
dans l'article 20 de l'Annexe I deux types de rapport de recherche : un rapport de
recherche préliminaire obligatoire et un rapport de recherche simplement éventuel
quant au fond.
Le rapport peut conclure au rejet lorsque les conditions de l'article 6 (bonnes mœurs,
ordre public ou invention exclue de la brevetabilité) ne sont pas remplies. Pour l'unité
d'invention, le déposant est invité à diviser sa demande dans un délai de six mois à
compter de la notification. Pour la traduction dans une des langues de travail de
l'OAPI, le délai est de trois mois.
Le rapport de recherche quant au fond est prévu par l'article 20-2, mais sa mise en
œuvre relève d'une décision du Conseil d'Administration. On comprend aisément cette
réserve du législateur, car ce rapport qui doit examiner la brevetabilité nécessite
d'importants moyens humains et matériels.
L'OAPI vérifie si la demande n'est pas "antériorisée" par une demande antérieurement
déposée ou une demande bénéficiant d'une priorité valablement revendiquée. Elle
vérifie en outre :
Ces conditions sont cumulatives parce que l'examen technique actuellement en vigueur
à l'OAPI ne couvre pas ces conditions de brevetabilité. Dans tous les cas lorsque
l'examen s'avère concluant, l'OAPI procède à la délivrance du brevet sans publication
préalable de la demande.
La délivrance du brevet
La délivrance du brevet a lieu sur décision du Directeur de l'OAPI sous la forme d'un
arrêté qui précise que le brevet est délivré aux risques et périls des demandeurs et sans
garantie des gouvernants des États membres soit de la réalité, de la nouveauté ou du
mérite de l'invention, soit de la fidélité ou de l'exactitude de la description.
L'acte de délivrance indique également que la durée de vie du brevet est au maximum
de vingt (20) ans et rappelle que ce délai a commencé à courir à compter de la date
du dépôt.
Le brevet délivré fait l'objet d'une publication sous forme de fascicule contenant
notamment les éléments d'identification du brevet, de l'inventeur et de la date de
délivrance.
L'étude des procédures d'obtention du brevet d'invention et des titres voisins montre
qu'elles sont essentiellement administratives, voir article 33 du traité à propos de la
commission supérieure de recours. Cela n'empêche pas cependant qu'elles puissent être
éventuellement remises en cause devant le juge. Il en va différemment des autres titres
de propriété industrielle où le juge intervient très tôt dans la procédure.
Ce droit exclusif connaît cependant des limites ; d'abord quant à son contenu. En effet,
le droit exclusif cesse lorsque l'objet breveté a été mis dans le commerce sur le
territoire par le breveté lui-même ou avec son consentement. Par ailleurs l'article 8 de
l'annexe I réserve le droit de possession personnelle antérieure. Cela signifie que le
droit du breveté est limité par la possibilité reconnue au tiers de bonne foi qui avait
connaissance de l'invention au moment du dépôt de la demande de l'exploiter. Il est
ensuite limité dans le temps : la durée de validité du brevet est limitée à vingt (20) ans
pour le brevet proprement dit, à huit (8) ans pour le modèle d'utilité et à la durée du
titre principal pour le certificat d'addition. Le droit est enfin limité dans l'espace
puisqu'il ne s'exerce que sur le territoire pour lequel la protection a été demandée.
Le brevet fait l'objet d'un droit de propriété au profit du breveté. En tant que
propriétaire, celui qui a obtenu la délivrance du brevet peut exercer tous les droits que
confère la propriété. Il peut user de son droit en exploitant l'invention, le céder ou en
concéder une licence à condition de le faire par écrit (article 7.4°.).
Aux termes de l’article 1er de l’annexe IV de l’accord de Bangui est considéré comme
dessin, tout assemblage de lignes ou de couleurs, et comme modèle toute forme
plastique associée ou non à des lignes ou à des couleurs, pourvu que cette assemblage
ou forme donne une apparence spéciale à un produit industriel ou artisanal et puisse
servir de type pour la fabrication d’un produit industriel ou artisanal. On désigne
généralement par cette notion, toute disposition de traits ou de couleurs, représentant
des images ayant un sens déterminé. En application de cette définition, le dessin
nouveau consiste en un assemblage particulier de lignes et de couleurs qui aboutit à un
effet décoratif original (Exemple : disposition des fils dans un tissu).
Le modèle industriel est d'abord toute forme plastique nouvelle : il peut s'agir d'un
modelage ou d'un montage ou d'une sculpture et généralement de tous modèles
nouveaux d'objets divers et variés (chapeaux, lampes ou meubles…. Le modèle
industriel est ensuite, "tout objet industriel qui se différencie de ses similaires, soit par
une configuration distincte et reconnaissable lui conférant un caractère de nouveauté
soit par un ou plusieurs effets extérieurs lui donnant une physionomie propre et
nouvelle". Cela signifie que toute différence d'aspect donnée à un produit
(configuration ou effet extérieur) peut être protégée à condition que certaines
conditions soient réunies.
1. La nouveauté
a) La notion
La nouveauté est aussi relative dans la mesure où la création n'a pas à être entièrement
nouvelle. Elle peut emprunter des éléments connus si l'auteur fait preuve d'un effort
personnel de création.
b) Appréciation
2. Le caractère apparent
Cette condition n'est pas exprimée par la loi, mais elle résulte à l'évidence de la nature
des objets protégés. Il faut que la création matérialisée par le dessin ou le modèle
puisse être visible extérieurement. Seuls les effets extérieurs peuvent attribuer à l’objet
une spéciale apparence.
B. Le dépôt et l'enregistrement.
Lorsqu'il est constaté une irrégularité de forme ou le défaut de paiement des taxes
exigibles, l'OAPI est tenue d'inviter le déposant à y remédier dans un délai de deux
mois en moyenne. Ce délai est susceptible de prolongation en cas d'excuse légitime.
Faute de régularisation dans le délai imparti, la demande est rejetée par décision du
Directeur de l'OAPI après que les observations du déposant aient été recueillies.
S'agissant des dessins ou modèles industriels, les formalités du dépôt présentent une
importance capitale et constituent la cheville ouvrière des garanties instituées par
l'Annexe IV puisque son article 4 dispose : "Les dessins ou modèles régulièrement
déposés jouissent seuls du bénéfice de la présente annexe".
L'OAPI constate que le dépôt est régulier, procède à son enregistrement et fait
parvenir au déposant un certificat d'enregistrement. Il est publié pour chaque dessin ou
modèle industriel dans le bulletin officiel de l'Organisation, les données suivantes :
Les dessins ou modèles sont reproduits et une épreuve de la reproduction est mise à la
disposition du public au siège de l’organisation. Des épreuves mentionnant la publicité
A. Droits et obligations
En contrepartie, il doit exploiter son œuvre au plus tard dans un délai de trois ans à
compter du dépôt. A défaut et sauf excuse légitime, toute personne intéressée peut
solliciter une licence obligatoire en présentant une requête au Tribunal civil du
domicile du titulaire de l'enregistrement.
B. L'étendue de la protection
La protection est accordée pour une ou plusieurs classes de produits définies par
l’Arrangement de LOCARNO du 03/10/25.
Comme l'envisage l'article 1er, 2°. de l'Annexe IV, un même objet peut être considéré à
la fois comme un dessin ou modèle nouveau et comme une invention brevetable. Ce
texte interdit tout cumul de la protection offerte par le brevet avec celle des dessins ou
modèles. L'Annexe IV cesse d'être applicable au profit de l'Annexe I sur les brevets dès
lors que l'aspect ou la forme d'un objet n'est plus ornemental, mais a pour effet de lui
donner un résultat industriel. Cette règle marque la volonté du législateur d’éviter que
des inventions utilitaires ne soient déguisées en dessins ou modèles industriels
bénéficiant d’une protection plus longue et moins coûteuses. Il faut que le caractère
esthétique soit exclusif
La règle de non cumul n'existe pas s'agissant du droit d'auteur. Si une œuvre remplit à
la fois les conditions pour bénéficier du droit d'auteur et de la protection des dessins et
modèles, elle peut être protégée à la fois par les deux systèmes. Ce cumul est prévu
par l'article 1er 3°.
Les signes distinctifs peuvent être définis comme des formes ou des dénominations
destinées à individualiser des produits, services ou établissements commerciaux vis-à-
vis de leur clientèle.
Bien que répondant à des définitions différentes, les signes distinctifs ont des
caractéristiques communes.
D’abord, les droits sur les signes distinctifs concourent à la conservation de la clientèle,
qui se fixe sur certains signes lui permettant de reconnaître un produit, un service ou
une entreprise par rapport à tous les autres existant sur un même marché.
Ensuite, ce sont des droits privatifs en ce sens qu'ils assurent à leurs titulaires une
exclusivité de reproduction. Cette exclusivité est relative parce que les concurrents
peuvent fabriquer des produits similaires ou exercer une activité identique, mais sous
une marque différente ou sous un nom commercial différent. Par ailleurs, les droits
portant sur les signes distinctifs lorsqu'ils sont renouvelés ont vocation à la pérennité.
Trois signes distinctifs font l'objet de protection dans le système de l'OAPI. Il s'agit de
la marque (Annexe III), du nom commercial (Annexe V) et des indications
géographiques (Annexe VI).
- La marque et les dessins et modèles : le signe choisi à titre de marque peut être
un dessin ou modèle industriel. Si ce dessin ou ce modèle a déjà fait l’objet d’une
appropriation par un tiers, il sera nécessaire de requérir son autorisation avant d’en
effectuer le dépôt à titre de marque.
Selon l'article 3, les signes dont l'utilisation serait contraire à l'ordre public, aux bonnes
mœurs ou aux lois ainsi que les emblèmes des États ne peuvent constituer une marque
valable.
Lorsque le signe choisi n'entre pas dans une catégorie prohibée, le choix reste libre.
L'article 2 énumère de manière indicative les différents signes susceptibles de constituer
une marque valable. Il peut s'agir de signes dénominatifs (termes courants, termes de
fantaisie, lettres, chiffres, noms patronymique et géographique) et de signes figuratifs
(combinaisons ou dispositions de couleurs, dessins ou forme caractéristique du produit,
on parle dans ce dernier cas de marque figurative).
Le caractère distinctif de la marque est fondé sur son aptitude à distinguer les objets
auxquels elle s'applique. Une marque n'est pas distinctive lorsqu'elle constitue une
désignation ordinaire de l'objet ou de ses qualités essentielles. Cette exigence n'est pas
satisfaite lorsque l'emploi du signe choisi est imposé par la nature ou la fonction de
l'objet qu'il désigne, on parle de marque générique. La marque doit comporter une
part d’arbitraire et de non signifiant qui lui permet de revendiquer un caractère
distinctif minimal.
c) Le caractère disponible
L'exigence du caractère disponible signifie que le signe choisi comme marque ne doit
pas avoir été approprié comme marque par autrui. Celui qui a l'intention de déposer
une marque, s'il veut être à l'abri de toute contestation, doit procéder à la recherche
des signes déjà appropriés (antériorités) quant au secteur commercial envisagé et quant
au territoire où le commerce est localisé.
2. Le dépôt et l'enregistrement.
Toute personne qui le désire peut faire elle-même le dépôt ou par mandataire auprès
du greffe du tribunal de son domicile. Il doit produire une demande accompagnée des
pièces énumérées à l'article 8. Le greffier transmet dans les cinq jours le dossier à
l'OAPI.
Dans le système de l'OAPI, l'acquisition de la marque par l'usage est précaire y compris
pour les marques notoires. La propriété de la marque s'acquiert par le dépôt et à
compter du dépôt. Ce dépôt est suivi d'un enregistrement.
- le cliché de la marque ;
- le cliché de la marque ;
Le nom commercial est comme la marque, un signe distinctif, c'est un terme destiné à
individualiser un fonds de commerce. Il est défini par l'article 1er de l'Annexe V
comme "la dénomination sous laquelle est connu et exploité un établissement
commercial, industriel, artisanal ou agricole".
Le nom commercial doit revêtir certains caractères qui s'apparentent à ceux exigés
pour la marque et éventuellement faire l'objet d'un dépôt suivi d'enregistrement.
Le nom commercial est librement choisi par le commerçant. Il peut donc être constitué
par un terme quelconque (dénomination de fantaisie, nom patronymique, prénom ou
pseudonyme, etc). Cette liberté de choix est cependant atténuée par la loi. Ainsi, le
nom choisi ne doit pas être contraire à la loi, à l'ordre public ou aux bonnes mœurs. Il
ne doit pas non plus être destiné à tromper le public.
De même, le nom générique n'est pas non plus susceptible de protection puisque selon
l'article 5, 2°, le titulaire d'un nom commercial ne peut interdire à autrui l'usage de
bonne foi d'un nom générique. Par ailleurs, le nom commercial ne doit pas être
approprié par autrui dans un secteur d'activité similaire, il doit être disponible.
A la différence de la marque, le nom commercial peut être acquis soit par l'usage soit
par le dépôt. Un nom commercial utilisé de manière continue sur le territoire national
pendant cinq ans sans contestation est considéré comme appartenant à celui qui
l'utilise. Cette preuve doit être apportée par des écrits.
L'avantage du dépôt est que seul le nom commercial enregistré peut permettre à son
titulaire d'engager des poursuites pénales à l'encontre de celui qui l'utilise sans
autorisation.
Le dépôt se fait par pli postal adressé au greffe du tribunal civil qui transmet le dossier
à l'OAPI. Il se fait également auprès de la structure nationale chargée de la protection
industrielle ou de l’OAPI.
- le lieu où est situé l'établissement commercial ainsi que le genre d'activité de cet
établissement.
Ce sont les mêmes renseignements qui figurent dans la publication faite par
l'Organisation.
Le titulaire du nom commercial exerce sur celui-ci un droit exclusif lui permettant de
prévenir la violation de son droit, d'en interdire l'utilisation et poursuivre pénalement
l'utilisateur si ce nom a fait l'objet d'un dépôt valable article 16 de l’annexe V.
toutefois, précise l’article 5 , le titulaire d’un nom commercial ne peut interdire aux
tiers l’usage de bonne foi de leur nom, le leur adresse, d’un pseudonyme, d’un nom
géographique ou d’indications exactes relatives à l’espèce, la qualité, la quantité, la
destination, la valeur, le lieu d’origine ou l’époque de la production de leurs produits
ou de la prestation de leurs services, pour autant qu’il s’agisse d’un usage limité à des
fins de simple identification ou d’information et qui ne puisse induire le public en
erreur sur la provenance des produits ou des services. Le nom commercial peut faire
l'objet d'une cession mais seulement avec tout ou partie de l'établissement qu'il
désigne. Il ne peut faire l'objet d'un contrat de licence.
Le nom de domaine s’est imposé depuis quelques années comme un système dont la
fonction essentielle est de faciliter la navigation sur le réseau internet. Il permet
d’identifier un site web/ exemple : www.wipo.int. En réalité, pour naviguer sur le
réseau Internet, il faut le nom du réseau proprement dit et l’adresse IP (Internet
Protocol) correspondante. Le nom du domaine peut être défini comme la traduction
alpha numérique du numéro d’un ordinateur connecté au réseau. Ce nom est
beaucoup plus commode à retenir et à utiliser que l’adresse IP essentiellement
numérique. Le nom de domaine a la nature et la fonction de signe distinctif.
Cependant le législateur de l’OAPI ne l’a pas réglementé, les Etats non plus. Sa gestion
est assurée par des organismes privés qui n’ont pas de reconnaissance étatique. Bien
que ces organismes n’ont pas le droit de créer des droits intello ils bénéficient d’une
situation de fait qui s’impose à tous et qui est donc juridiquement protégé. Il convient
de s’interroger sur les modalités du choix du nom de domaine (paragraphe I) et sur
son régime (paragraphe II).
Ces noms de domaine doivent être licites, c’est-à-dire conformes à l’ordre public et
aux bonnes mœurs.
Cours de M. Emmanuel KOMBATE
46
Quant à la disponibilité, la question se pose de savoir si les signes distinctifs
préalablement enregistrés sont susceptibles de constituer une antériorité rendant le
signe indisponible. L’hypothèse est la suivante : une marque Alice avait été déposée et
enregistrée. Par la suite, un nom de domaine, Alice.fr a été admis par une société. La
Cour d’appel de Paris (4 décembre 1988) a estimé qu’en l’espèce, il s’agit d’un prénom
commun et qu’en raison des activités différentes des deux sociétés il ne peut y avoir de
confusion dans l’esprit du public. Il reste qu’un droit commun, si le nom du domaine
porte atteinte aux droits d’un titulaire d’un signe distinctif déposé, son inscription peut
être constitutif d’une faute ou d’un acte de concurrence déloyale pouvant engager la
responsabilité du possesseur du nom du domaine.
L’acquisition repose sur le principe du « premier arrivé, premier servi ». il s’agit d’un
contrat d’enregistrement par lequel l’autorité compétente, en l’occurrence l’IANA
(Internet assigned number autority), ou un organisme délégué alloue un nom de
domaine avec l’engagement de faire jouir le demandeur de cet objet moyennant le
paiement d’un prix.
Le titulaire du nom de domaine acquiert un droit sur ce nom dont le contenu n’est pas
formellement défini. Dans tous les cas, le nom de domaine peut faire l’objet d’un
contrat et de ce fait, être cédé à un tiers.
A. La notion
B. L'acquisition de la protection
L'annexe VI régissant les indications géographiques n'a pas prévu de procédure devant
le greffe du tribunal comme pour le nom commercial. Le dépôt se fait soit auprès de la
structure nationale soit auprès de l'OAPI.
Le déposant doit avoir une qualité spécifique. Ainsi que le précise l'article 6 de
l'Annexe VI, il doit s'agir d'une personne physique ou morale ou d'un groupement de
ces personnes exerçant une activité dans l'aire géographique indiquée dans la
demande. Il peut également s'agir d'une autorité compétente, on pense ici à une
collectivité locale.
Le déposant doit, en plus des renseignements habituels exigés à propos des autres
titres, indiquer sa nationalité et la qualité en laquelle il sollicite la protection. Ce peut
être par exemple le président de l'association des producteurs de miel de la région X
ou Y. La demande doit comporter par ailleurs la désignation de l'aire géographique,
les produits à couvrir par l'appellation et leurs caractéristiques.
L'OAPI vérifie la qualité du déposant et si celle-ci ne correspond pas aux exigences qui
y sont relatives, la demande est rejetée. Pour les autres exigences, l'Organisation
impartit un délai dans lequel, le déposant est invité à y remédier sous peine de rejet.
Par ailleurs, on peut retenir que l'OAPI concourt à rendre effectif le droit du titulaire
du titre à travers le système de licence de plein droit prévu en matière de brevet et
consistant à porter cette inscription dans le brevet pour inviter toute personne
intéressée à prendre une licence du titre.
IL convient d'observer que les décisions de l'OAPI sont des décisions administratives
unilatérales d'un organisme ayant en charge la gestion d'un service public. L'accord de
Bangui révisé a créé dans son article 33 la Commission Supérieure de Recours
composée de 3 membres (magistrats) chargée de statuer sur les recours consécutifs au
rejet des demandes de titre de protection concernant la propriété industrielle, le
maintien ou de prolongation de la durée de la protection, de restauration et aux
décisions concernant les oppositions. L'Accord ne précise pas la portée des décisions
Il y a d'abord, l'octroi d'une licence obligatoire. Elle peut être octroyée par le tribunal
civil à la requête d'une personne capable d'exploiter l'invention brevetée ou le dessin
ou le modèle protégé ayant sollicité vainement une licence auprès du titulaire du
droit. Il faut en plus qu'un délai de quatre ans à compter du dépôt de la demande du
titre ou de trois ans à compter de sa délivrance se soit écoulé sans exploitation ou sans
exploitation suffisante du titre sur le territoire.
Le tribunal intervient aussi dans la reconnaissance lorsqu'il statue par exemple sur
l'opposition faite par un tiers à l'enregistrement d'une marque ou du dessin ou modèle
industriel. Aux termes de l’article 18 de l’Accord de Bangui révisé, « les décisions
judiciaires définitives rendues sur la validité des titres dans l’un des Etats membres en
application des dispositions du texte des annexes I à X au présent Accord font autorité
dans tous les Etats membres, exceptées celles fondées sur l’ordre public et les bonnes
mœurs ». En clair, lorsque le tribunal d’un Etat X membre de l’OAPI requis pour
statuer sur la validité d’un brevet se prononce favorablement, il ne sera plus possible à
un tiers de saisir le juge d’un Etat Y pour demander la nullité du même brevet.
La protection des droits est caractérisée par deux actions principales : l’action en
contrefaçon et l'action en concurrence déloyale et quelques actions spécifiques.
LA CONTREFACON DE BREVET
Il faut toutefois signaler que l’Accord sur les ADPIC édicte aussi des mesures destinées à
faire respecter les droits. C’était d’ailleurs là un des principaux enjeux de cet accord
pour les pays développés qui estiment que de telles dispositions font défaut dans le
cadre de l’OMPI. Après avoir énoncé les principes généraux, le texte s’intéresse aux
procédures judiciaires et administratives, aux mesures aux frontières et aux procédures
et sanctions pénales.
- l’introduction sur le territoire national de l’un des Etats membres des produits
contrefaits (c’est l’importation des produits, que la fabrication et la commercialisation
aient été licites ou non. De même, l’exportation vers l’étranger est une contrefaçon) .
Le droit français cite en outre des actes de contrefaçon que l’on ne retrouve pas en
droit OAPI, à savoir :
Les droits du breveté sont sanctionnés par le droit d’agir en contrefaçon, c’est-àdire, de
poursuivre judiciairement ceux qui accomplissent les actes qui lui sont réservés sans son
consentement.
L’Accord de Bangui révisé ne fait plus aucunement référence à l’élément moral, dans
l’un ou dans l’autre cas. Il aligne sur la situation des fabricants, celle des auteurs des
autres actes illicites, tels que le recel,…. Doit-on conclure à une infraction purement
matérielle, ce qui correspondrait à un singulier renforcement de la répression. Tel est
en tout cas le sens de la lettre du texte.
L’action en contrefaçon
Elle peut être exercée, exceptionnellement, par le licencié si le titulaire du droit lui en a
laissé l’initiative dans le contrat de licence.
Le Ministère public ne peut agir que sur plainte de la partie lésée et non de sa propre
initiative. La prescription de l’action est celle retenue pour les délits, à savoir 5 ans, à
compter des faits ; la prescription court à compter de chaque acte illicite.
La preuve des actes de contrefaçon se fait par tous moyens ; cependant, le moyen
privilégié est la saisie-contrefaçon, saisie réelle ou saisie descriptive.
Dans la saisie descriptive, il n’y a pas une appréhension des objets saisis, mais
simplement une description détaillée de ceux-ci.
La saisie peut être réalisée par les douaniers, les huissiers ou officiers publics ou
ministériels.. Une autorisation du Président du Tribunal de Première Instance dans le
ressort duquel les opérations doivent être effectuées est nécessaire. Elle est accordée
par ordonnance sur requête Le demandeur peut être tenu de consigner une certaine
somme ; lorsqu’il est un étranger ce cautionnement est obligatoire.
Le saisissant est tenu d’assigner en contrefaçon, par voie civile ou correctionnelle, dans
un délai de 10 jrs, à compter de la saisie. A défaut, la saisie est nulle de plein droit sans
préjudice et des dommages-intérêts peuvent être prononcés contre le saisissant.
Il faut ajouter que la contrefaçon est d'abord une faute civile et que de ce point de
vue, elle engage la responsabilité civile de son auteur. Le titulaire d'un droit de
propriété industrielle victime de la contrefaçon peut donc légitimement saisir le
tribunal statuant en matière civile.
De façon générale, différentes sanctions sont prévues pour assurer la protection des
victimes des atteintes aux droits de la propriété industrielle.
Elles sont civiles comme la nullité du titre, les dommages-intérêts ou pénales comme
l'emprisonnement, les amendes, la confiscation des produits suivie de leur remise à la
victime, la destruction des produits et la publication dans la presse aux frais du
condamné./.