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Commentaire
1                    Marc 1 v. 1 à 13
 

L'Évangile selon Marc est celui du parfait Serviteur. Aussi n'y trouvons-nous pas le récit de
la naissance du Seigneur Jésus, ni non plus sa généalogie. Car pour apprécier un serviteur,
seules comptent ses qualités d'obéissance, de fidélité, de promptitude… Mais il est désigné
dès les premiers mots comme le Fils de Dieu pour que le lecteur ne se méprenne pas sur la
personne dont l'humble service va lui être raconté: il s'agit d'un esclave volontaire. Étant en
forme de Dieu, Jésus a lui-même pris la forme d'esclave (Phil. 2 v. 6, 7).

Précédé par le témoignage de Jean, le Seigneur commence donc immédiatement son


ministère, et ce premier chapitre est caractérisé par l'emploi du mot aussitôt (onze fois).

Jésus se soumet au baptême. Bien que «saint, innocent, sans souillure» (Héb. 7 v. 26), il prend
place au milieu des pécheurs repentants. Mais pour qu'il ne soit pas confondu avec eux, Dieu
fait du ciel une solennelle déclaration au sujet de son «saint serviteur Jésus» (Act. 4 v. 27 et
30), déclaration qui devance son ministère. Ce n'est pas: en toi je trouverai; mais «j'ai trouvé
mon plaisir».

Puis Jésus est poussé par l'Esprit au désert pour y lier l'Ennemi qui nous tenait asservis (voir
ch. 3 v. 27). Partout où le péché nous avait amenés, l'amour et l'obéissance ont conduit Jésus
pour notre délivrance.

2                    Marc 1 v. 14 à 28
 

Jésus ayant paru, le ministère de Jean le Baptiseur se trouve par là même terminé.

Le royaume de Dieu s'est approché; le Roi en personne se trouve au milieu de son peuple. Et
il fait une proclamation qui se résume à deux commandements toujours actuels: «Repentez-
vous et croyez à l'évangile». Le Seigneur lit dans le cœur de chacun la réponse donnée à
cette pressante invitation. Puis, à ceux qui l'ont écoutée et reçue, il adresse un autre appel
individuel à servir à sa suite: «Venez après moi», dit-il aux quatre disciples dont il connaît les
dispositions intérieures. «Et aussitôt ils le suivent». Ils vont avoir le privilège d’accompagner
Jésus tout au long de son ministère, d’être ainsi ses témoins de tout ce qu’ils ont vu et entendu
(1 Jean 1 v. 1), ses disciples, apprenant de Lui (Matt. 11 v. 29), ceci étant la condition pour
être aussi plus tard ses apôtres, autrement dit ses envoyés (Jean 20 v. 21) pour prêcher
l’évangile dans le monde!

À Capernaüm, Jésus guérit un homme possédé d'un esprit immonde qui se trouve dans la
synagogue même, preuve caractéristique du terrible état de ruine dans lequel Israël était
tombé. Dès le début du ministère du Seigneur, Sa puissance est aux prises avec celle de Satan
— à laquelle on croit si peu — et qui agit sur les corps aussi bien que sur les âmes.

3                    Marc 1 v. 29 à 45
 

Après la synagogue de Capernaüm, c'est la maison d'André et de Simon qui est la scène d'un
miracle de grâce. Jésus est toujours prêt à être reçu dans nos maisons et à nous accorder ses
délivrances. Faisons comme les disciples, parlons-Lui de ce qui nous tourmente (v. 30).

Sitôt guérie, la belle-mère de Simon s'empresse de servir le Seigneur et les siens. N'avait-elle
pas sous les yeux l'exemple du plus grand des services?

Le soir tombe; mais pour un tel serviteur la journée n'est pas terminée. On lui amène ceux qui
se portent mal et inlassablement il les soulage et les guérit. Quel était le secret de cette
merveilleuse activité? Où Jésus puisait-il des forces constamment renouvelées? Le v. 35 nous
apprend que c'est dans la communion avec son Dieu. Voyez de quelle manière cet homme
parfait commençait sa journée (comp. És. 50, fin du v. 4). Mais lorsqu'on l'informe de sa
popularité, il quitte ces foules qui sont seulement curieuses de voir des miracles, et s'en va
prêcher l'évangile ailleurs.

Puis Jésus guérit un lépreux et lui dit exactement de quelle manière il doit rendre son
témoignage, un témoignage selon la Parole (v. 44; Lév. 14). Malheureusement l'homme agit
selon ses propres pensées et c'est au détriment de l'œuvre de Dieu dans cette ville.

4                    Marc 2 v. 1 à 17
 

Dans la maison de Capernaüm, Jésus se fait reconnaître selon le Ps. 103 v. 3 comme celui qui
pardonne toutes les iniquités, qui guérit toutes les infirmités. À l'égard du paralytique, il
accomplit, et dans le même ordre, les deux parties de ce verset en témoignage à tous. Oui,
celui qui pardonne les péchés — œuvre spirituelle — et qui en donne une preuve matérielle
en guérissant aussi la maladie, ne peut être que l'Éternel, le Dieu d'Israël.

Les publicains percevaient les impôts pour le compte des Romains, ce qui leur procurait à la
fois richesse (ils en gardaient une partie pour eux)… et le mépris de leurs compatriotes. Mais
le Seigneur, en appelant Lévi et en acceptant son invitation, montre qu'il ne méprise et ne
repousse personne. Au contraire, il est venu pour les pécheurs notoires, ceux qui ne cachent
pas leur état (1 Tim. 1 v. 15). Et il est à table avec eux, s'étant fait leur ami. Car depuis la
chute, l'homme a peur de Dieu, et le fuit, à cause de sa mauvaise conscience. Avant de sauver
sa créature, le premier travail de Dieu consistait donc à s'approcher d'elle, à gagner sa
confiance. C'est ce qu'a fait Jésus en s'abaissant jusqu'à rencontrer l'homme misérable, afin de
lui faire comprendre que Dieu l'aime.

5                    Marc 2 v. 18 à 28
 

Si le mot du parfait Serviteur est «aussitôt», celui des Juifs incrédules est «pourquoi?» (v. 7,
16, 18, 24). Interrogé au sujet du jeûne, Jésus explique qu'il s'agit d'une marque de tristesse
qui, par conséquent, ne saurait convenir pendant qu'il était avec eux. Sa venue n'était-elle pas
pour tout le peuple un grand sujet de joie (Luc 2 v. 10)? Puis il saisit cette occasion pour
mettre en contraste les règles et les traditions du judaïsme avec l'évangile de la libre grâce
qu'il était venu leur apporter. Il est triste de constater que l'homme préfère à celle-ci des
formes religieuses, parce qu'elles lui permettent de se faire une bonne réputation aux yeux
d'autrui… tout en continuant à faire sa propre volonté. Inversement, le v. 22 nous suggère que
le chrétien est quelqu’un d’entièrement renouvelé. Si son cœur est changé, s'il est rempli d'une
joie nouvelle, son comportement extérieur doit nécessairement s'en trouver aussi transformé.

Les pharisiens blâment les disciples parce qu'ils arrachent des épis le jour du sabbat.
L'homme détourne toujours de son but ce que Dieu lui a donné. Le sabbat était une grâce
accordée à Israël, mais celui-ci s'en est servi comme d'un joug pour augmenter son esclavage
moral (Act. 15 v. 10).

6                    Marc 3 v. 1 à 19
 

Une seconde guérison a lieu dans la synagogue de Capernaüm et c'est de nouveau un jour de
sabbat (ch. 1 v. 21…). À ce malade dont la main est sèche, le Seigneur demande exactement
l'acte qu'il est incapable d'accomplir. En commençant par obéir, l'homme donne la preuve de
sa foi et c'est elle qui permet à Jésus de le guérir. Hélas, voyez la dureté de cœur des
assistants! Au lieu de se réjouir avec l'homme guéri, et d'admirer la puissance du Seigneur,
ces hommes méchants prennent prétexte de ce miracle pour chercher à Le faire périr. Mais lui
poursuit son ministère de grâce, et les foules, y compris des étrangers de Tyr et de Sidon (et
même des Édomites) continuent d'affluer vers lui pour l'entendre et trouver la guérison. Puis il
met à part douze disciples et les établit «pour être avec lui, et pour les envoyer…» (comp.
Jean 15 v. 16). Être avec Jésus: immense privilège, et, en même temps, condition
indispensable pour pouvoir ensuite être envoyé. Comment accomplir un service sans avoir
d'abord reçu ses directions (Jér. 23 v. 21, 22)?

Dans cet évangile chacun des douze est nommé seul, pour nous rappeler qu'un serviteur doit
s'attendre directement et personnellement à son Maître pour recevoir direction et secours.

 
7                    Marc 3 v. 20 à 35
 

Toujours prêt à se laisser approcher, le Seigneur permet à la foule d'envahir la maison dans
laquelle il est entré, de sorte qu'il recommence aussitôt de les enseigner sans même avoir le
temps de manger. Nous qui sommes souvent si peu disposés à ouvrir notre porte à des
étrangers, à nous laisser déranger et à changer quoi que ce soit de nos habitudes, prenons
exemple sur cet infatigable dévouement et sur ce complet renoncement. Pensons aussi que tel
visiteur indésirable nous est peut-être envoyé pour que nous lui parlions du salut de son âme.

Certaines personnes sont troublées par le v. 29. Elles craignent d'avoir prononcé une fois, sans
y prendre garde, une parole coupable qui ne pourrait jamais être pardonnée. C'est méconnaître
la grâce de Dieu. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1 v.
7). Le blasphème contre le Saint Esprit était le terrible péché d'Israël incrédule. Ce peuple
attribuait à Satan la puissance de l'Esprit Saint dont Jésus était revêtu. C'était d'une extrême
gravité et de plus contraire à tout bon sens (v. 26).

Dans le dernier paragraphe le Seigneur distingue nettement ceux qu'il considère comme
membres de sa famille. Faire la volonté de Dieu, c'était (et c'est encore) écouter le Seigneur
Jésus.

8                    Marc 4 v. 1 à 12
 

Jésus se tient près de la mer et enseigne les foules en se servant du langage imagé des
paraboles. La première est celle du Semeur. Il s'y présente lui-même comme celui qui
apporte et répand dans le monde la bonne semence de l'Évangile. Bien que connaissant les
cœurs et la manière dont ils recevront — ou ne recevront pas — la vérité, Il donne à chacun
l'occasion d'être en contact avec la Parole de vie. L'avez-vous reçue?

Le v. 12 ne doit pas nous déconcerter. Comme si le Seigneur pouvait craindre de voir les
hommes se convertir et qu'il soit obligé, malgré lui, de pardonner leurs péchés! Comprenons
que c'est du peuple juif dans son ensemble qu'il s'agit ici. Il a accusé Jésus d'avoir un démon,
rejetant ainsi le témoignage du Saint Esprit. Un tel péché ne peut lui être pardonné, et Israël
sera endurci en tant que peuple (ch. 3 v. 29; Rom. 11 v. 7, 8 et 25). Mais tous ceux qui
désirent interroger Jésus «en particulier» trouvent place «autour de lui» (v. 10), aujourd'hui
comme alors, pour entendre la révélation des mystères du royaume de Dieu (v. 11, 34; comp.
Prov. 28, fin du v. 5). Usons de ce grand privilège et en particulier ne nous privons pas des
réunions où nous entourons le Seigneur pour écouter sa Parole.

9                    Marc 4 v. 13 à 25
 

Le Seigneur explique à ses disciples la parabole du semeur. Elle est le point de départ de tout
son enseignement (v. 13). En effet, pour comprendre celui-ci, il est nécessaire que l'Évangile
ait d'abord pris racine dans le cœur.

Même si nous sommes de vrais croyants, craignons de ressembler parfois aux trois premiers
terrains, car ce n'est pas seulement la bonne nouvelle du salut que Satan cherche à ravir
aussitôt semée. Combien de paroles Dieu ne nous a-t-il pas adressées auxquelles notre cœur
n'a pas été sensible parce que nos contacts avec le monde l'avaient endurci comme le
chemin (voir ch. 6 v. 52)? Ou bien ne nous est-il pas souvent arrivé d'agir sous l'effet de nos
sentiments, jusqu'à ce qu'une épreuve manifeste notre manque de dépendance et de foi
(comp. v. 17)?

À l'opposé de l'insouciance, les soucis sont également nuisibles (Luc 21 v. 34)! Avec «la
tromperie des richesses et les convoitises à l'égard des autres choses», ils peuvent étouffer un
temps la vie spirituelle d'un enfant de Dieu et priver le Seigneur du fruit qu'il aurait dû porter
en sa saison (Tite 3 v. 14 fin). «Prenez garde à ce que vous entendez» — recommande le
Seigneur Jésus (v. 24). En Luc 8 v. 18 nous lisons: «Prenez garde comment vous entendez».
Oui, de quelle manière recevons-nous la divine Parole?

10               Marc 4 v. 26 à 41
 

La parabole des v. 26 à 29 qui correspond à celle de l'ivraie dans le champ en Matt. 13,
présente un enseignement sensiblement différent. Il n'est question ici que du travail de Dieu,
tandis qu'en Matthieu l'ennemi intervient aussi, à cause de la négligence des hommes qui
dormaient. Dans notre v. 27, le grand Semeur lui aussi paraît dormir. Mais en réalité, de jour
comme de nuit, sans être vu, il veille sur sa précieuse semence et l'entoure de tous les soins
nécessaires pour qu'elle croisse jusqu'à la moisson. Chers amis chrétiens, il peut nous sembler
quelquefois que le Seigneur est indifférent, qu'il n'entend pas nos prières, que son œuvre est
abandonnée. Mais levons les yeux, comme Jésus invite ses disciples à le faire par la foi. Les
campagnes sont déjà blanches pour la moisson (Jean 4 v. 35).

Pour passer à l'autre rive, ce qui correspond à la périlleuse traversée du monde, les disciples
ne sont pas seuls. Avec eux, dans la nacelle, ils ont pris le Seigneur «comme il était» (v. 36).
Que de personnes se font de Jésus une image fausse et lointaine. «Qui est celui-ci?»
demandent les disciples. — Le même qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains,
serré les eaux dans un manteau (Prov. 30 v. 4).

11               Marc 5 v. 1 à 20
 
Le Seigneur et les disciples abordent au pays des Gadaréniens. La première personne qu'ils y
rencontrent est un homme entièrement possédé par des démons qui le rendent furieux et
indomptable. Réalité terrible, nous avons dans ce forcené le portrait moral de l'homme
pécheur, jouet du diable, entraîné et tourmenté par ses passions brutales, demeurant dans la
mort (les sépulcres), ne pouvant que se faire du mal à lui-même, et danger pour ses
semblables. Ceux-ci avaient vainement tenté de le réduire à l’impuissance en le couvrant de
chaînes, images des règles morales par lesquelles la société cherche à réfréner les
débordements de la nature humaine.

Nous nous serions probablement écartés avec effroi et horreur d'une telle créature. Jésus ne
s'en détourne pas. Au contraire, il va s'occuper de ce malheureux, non pour le lier de chaînes,
comme l'avaient vainement essayé ses concitoyens, mais bien pour le délivrer de sa misère et
de son esclavage.

Les habitants de la ville, eux, ne semblent retenir de ce miracle que la perte de leurs
pourceaux! Sur leur demande le Seigneur s'en va, mais laisse maintenant derrière lui un
témoin, et lequel? «Celui qui avait été démoniaque». — N'est-ce pas l'image du temps actuel?
Rejeté par ce monde, Christ y maintient ceux qu'il a sauvés, et leur donne pour mission de
parler de Lui. Comment nous en acquittons-nous (lire Ps. 66 v. 16)?

12               Marc 5 v. 21 à 43
 

Un chef de synagogue, nommé Jaïrus, a fait appel à Jésus pour la guérison de sa fille. Mais
pendant que le Maître est en chemin, une femme qu'aucun médecin n'avait pu soulager va
secrètement recourir à sa puissance.

Cher ami, qui a cherché peut-être de divers côtés un remède à tes souillures morales, Jésus
passe encore aujourd'hui près de toi. Fais comme cette pauvre femme: saisis le bord de son
vêtement (comp. ch. 6 v. 56 fin)!

La femme sait qu'elle est sauvée, et le Seigneur le sait aussi. Mais il est nécessaire que tous
l'entendent; c'est pourquoi Jésus veut l'amener à vaincre sa timidité, à se faire connaître, à
confesser publiquement «toute la vérité». Ainsi obtiendra-t-elle, en réponse à sa foi, une
parole de grâce infiniment meilleure que la simple guérison: «Ma fille, ta foi t'a guérie; va en
paix…» (v. 34).

Durant ce temps, la maison de Jaïrus retentissait de lamentations et de cris de désespoir (sans


grande réalité; voir v. 40). Mais d'une parole Jésus réconforte le pauvre père (v. 36) tournant
vers Dieu les pensées de cet homme… et les nôtres: «Ne crains pas; crois seulement». Puis
d'une autre parole, si touchante que l'Esprit nous l'a donnée dans la langue même employée
par le Sauveur, il ressuscite la jeune fille.

 
13               Marc 6 v. 1 à 13
 

Pour les habitants de Nazareth, Jésus était «le charpentier». Durant trente années, il avait
caché sa gloire sous l'humble condition d'un artisan de village. Un tel abaissement est
incompréhensible pour l'homme naturel habitué à juger d'après les apparences.

S'il était difficile que le témoignage du Seigneur soit reçu «dans son pays et parmi ses
parents et dans sa maison», à plus forte raison est-ce le cas pour le nôtre là où nous sommes
connus… avec tous nos défauts et notre triste passé. Mais c'est aussi là que les fruits d'une vie
nouvelle seront les plus évidents et constitueront la plus puissante des prédications (Phil. 2 v.
15). Ayant été choisis au ch. 3 v. 13 à 19, les douze sont maintenant envoyés prêcher la
repentance. Le Seigneur les exhorte à ne rien prendre pour le chemin. Leur vie doit être celle
de la foi. Moment après moment, ils recevront ce qui leur est nécessaire et pour le service, et
pour leurs propres besoins. Se munir de provisions les priverait de riches expériences et leur
ferai perdre de vue le lien qui les unit à leur Maître absent. Par contre les sandales sont
indispensables. Elles suggèrent ce que Éph. 6 v. 15 appelle «la préparation de l'évangile de
paix». Tout croyant doit en orner sa marche pour confirmer le message de la grâce dont il est
porteur (comp. Rom. 10 v. 15).

14               Marc 6 v. 14 à 29
 

Tout est sujet d'effroi pour une mauvaise conscience (Prov. 28 v. 1). Lorsque Hérode, qui
avait fait décapiter Jean, entend parler de Jésus, il est terrifié à la pensée que le prophète
pourrait être ressuscité. Car cela signifierait que Dieu lui-même a pris fait et cause pour sa
victime. Pour la même raison les hommes seront saisis d'épouvante quand Jésus le crucifié
paraîtra sur les nuées du ciel (Apoc. 6 v. 2 et 15 à 17; voir aussi Apoc. 11 v. 10, 11).

Bienheureuse est la part de Jean, le plus grand des prophètes, et quel contraste avec le sort de
son misérable meurtrier! Ce dernier est lâche, plutôt que cruel comme son père, Hérode le
grand. Faible de caractère, dominé par ses convoitises, «il faisait beaucoup de choses» quand
il avait écouté Jean, excepté de mettre sa vie en accord avec la volonté de Dieu. Faire
beaucoup de choses, même de bonnes choses, ne suffit pas pour Lui être agréable. Mais voici
qu'arrive «un jour favorable», oui, favorable pour Satan et les deux femmes dont il va se
servir. Un banquet, la séduction d'une danse, une promesse inconsidérée tenue par amour-
propre,… il n'en faut pas davantage pour commettre un crime abominable, payé des plus
affreux tourments d'esprit.

15               Marc 6 v. 30 à 44
 

Les apôtres qui reviennent auprès du Seigneur sont tout occupés de ce qu'ils ont fait et
pressés de le raconter. Le Maître sait qu'ils ont besoin maintenant d'un peu de repos et il le
leur a préparé «à l'écart» avec lui. Nous qui invoquons parfois un peu légèrement la nécessité
de nous détendre, considérons quelques-unes des conditions dans lesquelles les disciples
goûtent ce repos: 1º Il succède à une activité pour le Seigneur. 2º Il ne peut s'agir que d'un
peu de repos, car la terre ne saurait en offrir de durable (voir Mich. 2 v. 10). 3º Il est pris à
l'écart du monde et non dans les distractions que celui-ci peut offrir. 4º On en jouit avec le
Seigneur.

Repos de courte durée en effet! Déjà les foules s'assemblent. Jésus va nourrir leurs âmes, puis
leurs corps (Matt. 4 v. 4); mais d'abord, il met ses disciples à l'épreuve. Ceux-ci venaient de
raconter tout ce qu'ils avaient accompli. Eh bien! C'était le moment de prouver leurs capacités
au lieu de vouloir renvoyer ces gens. «Vous, donnez-leur à manger», leur dit le Seigneur, pour
leur faire réaliser que tout pouvoir vient de lui. En même temps il les associe en grâce à son
geste de bonté. Sagesse, puissance, amour, une fois de plus nous voyons briller ensemble ces
caractères du parfait Serviteur.

16               Marc 6 v. 45 à 56
 

Lors de la première traversée du lac (ch. 4 v. 35 à 41), le Seigneur était avec ses disciples,
bien qu'il dormît dans la nacelle. Ici la foi des douze est encore plus profondément éprouvée,
puisque leur Maître n'est pas avec eux. Il est monté sur la montagne pour prier, pendant
qu'eux, seuls dans la nuit, luttent contre le vent et les vagues. Ils ont perdu Jésus de vue, mais
Lui, détail remarquable, les voit sur la mer agitée (v. 48). Et il vient à eux vers la fin de la nuit
(lire Job 9 v. 8). Combien ils sont peu préparés à le rencontrer! Alors, d'une parole, il se fait
reconnaître et les rassure: «Ayez bon courage, c'est moi; n'ayez point de peur» (v. 50; És.
43 v. 2). Que de croyants, traversant l'épreuve, parvenus au bout de leurs forces et ayant perdu
tout courage, ont pu entendre ainsi la voix connue du Seigneur leur rappeler sa présence et son
amour!

En abordant dans la contrée de Génésareth, Jésus est reçu avec empressement et fait de
nombreux miracles. Quel contraste avec le commencement du chapitre (v. 5, 6) !
«Reconnaître Jésus comme ces gens l’ont fait, même après l’avoir méconnu un temps, le
recevoir, cela suffit pour se trouver au bénéfice des trésors infinis de sa grâce, toujours à la
disposition de la foi» (SP).

17               Marc 7 v. 1 à 16
 
Les pharisiens sont jaloux du succès du Seigneur auprès des foules, mais craignant celles-ci,
ils n'osent pas lui tenir tête. Alors ils accusent ses disciples comme ils l'ont déjà fait au ch. 2 v.
24. Pour ces hypocrites, la pureté extérieure avait une importance d'autant plus grande que
celle de leur conscience les préoccupait moins. Tant il est vrai que la religion sans la sainteté
convient parfaitement au cœur naturel. Les pharisiens se souciaient de l'approbation des
hommes et nullement de celle de Dieu.

À l'inverse, le but des croyants est avant tout de plaire au Seigneur (voir Gal. 1 v. 10). Et
comme Lui regarde au cœur, cela nous conduira à pratiquer un soigneux «nettoyage»
intérieur, autrement dit à juger nos pensées, nos motifs et nos intentions à la lumière de la
Parole qui met la moindre souillure en évidence.

Jésus montre à ces pharisiens que leurs traditions vont jusqu'à contredire les
commandements divins et ceci dans un cas flagrant: celui des égards et du respect dûs aux
parents. Insistons sur le danger de la tradition. Faire quelque chose simplement «parce qu'on
l'a toujours fait» enlève tout exercice et peut gravement nous égarer. Nous devrions toujours
nous enquérir de ce que dit l'Écriture.

18               Marc 7 v. 17 à 37
 

Le Seigneur, qui connaît bien le cœur de l'homme met en garde ses disciples contre ce qui
peut en sortir. Ce cœur naturel est aussi le nôtre, mais, Dieu soit béni, il existe un remède à
cet état (Ps. 51 v. 10).

Après la constatation qu'il vient de faire, on peut penser quelle joie procure à Jésus sa
rencontre avec la femme syrophénicienne. La sévérité dont il paraît user d’abord envers elle
va mettre en évidence non seulement une grande foi que rien ne décourage, mais aussi une
vraie humilité, car, en contraste avec les pharisiens orgueilleux, cette femme ne fait valoir
aucun titre ni aucun mérite; elle prend sa vraie place devant Dieu et accepte le jugement porté
sur sa condition (És. 57 v. 15).

C'est ensuite un sourd-muet auquel Jésus rend l'usage de ses sens après l'avoir préalablement
mené à l'écart de la foule. Qui aurait eu le droit de se mêler à cette entrevue du Sauveur avec
celui dont il s’occupe? La conversion d'un pécheur exige un contact direct, personnel et
intime avec le Seigneur (voir aussi ch. 8 v. 23).

Notre lecture s'achève sur le témoignage rendu à Jésus par ces foules: «Il fait toutes choses
bien» (v. 37). Et chaque croyant regardant en arrière devrait pouvoir le confirmer pour son
propre compte: Oui, Seigneur, tu fais toutes choses bien!

19               Marc 8 v. 1 à 21
 

On peut avoir en faisant le bien différents motifs plus ou moins avouables: rechercher de la
considération comme les pharisiens, ou apaiser sa conscience en accomplissant un devoir
social. Et, dans la chrétienté, combien d'œuvres n'ont pas d'autres mobiles! Mais ce qui ne
cessait d'animer le Seigneur Jésus, c'était sa compassion pour ces foules qu'il nourrit une
seconde fois par un acte de puissance (v. 2; ch. 6 v. 34). Nos contacts quotidiens avec le
monde, ses convoitises, sa souillure, ont tendance à nous endurcir. Habitués à voir autour de
nous la misère matérielle, morale et par-dessus tout spirituelle, nous n'en souffrons plus
beaucoup. Mais Jésus conservait un cœur divinement sensible. L'état du sourd-muet au ch. 7
v. 34 le faisait soupirer (ou gémir) en regardant vers le ciel. Au v. 12 de notre chapitre, c'est
l'incrédulité des pharisiens qui le fait profondément soupirer. Et enfin, la dureté de cœur de
ses propres disciples l'afflige également (voir aussi ch. 6 v. 52; 7 v. 18). Les deux miracles
auxquels ils avaient participé n'avaient pas suffi à leur donner confiance en leur Maître (comp.
Jean 14 v. 8, 9)! Combien le Seigneur a souffert pendant sa vie par sympathie, mais aussi en
raison de l'incrédulité, de l'ingratitude des hommes… et quelquefois des siens!

20               Marc 8 v. 22 à 38
 

À Bethsaïda, cette ville dont le Seigneur souligne spécialement l'incrédulité (Matt. 11 v. 21),
il accomplit encore un miracle en faveur d'un pauvre aveugle. Une double intervention est
nécessaire pour le guérir; et de même c'est quelquefois progressivement que nous venons à la
lumière de Dieu (Ps. 138 v. 8; Phil. 1 v. 6).

Après cela, Jésus interroge ses disciples sur les opinions qui ont cours à son sujet. Puis il leur
pose la question directe et capitale: Qui suis-je pour vous? Oui, quelles que soient les pensées
des autres hommes au sujet du Seigneur Jésus, je dois avoir de lui une appréciation
personnelle. Mais celle-ci n'est que le point de départ du chemin dans lequel il m'invite à le
suivre: celui du renoncement à moi-même et de la croix où je suis mort avec Lui. Certaines
personnes éprouvées parlent de la croix qu'elles ont à porter, ou du «calvaire» qu'il leur faut
accepter avec résignation. Mais ce n'est pas ce que le Seigneur veut dire ici. Il demande à
chaque croyant de prendre volontiers le fardeau d'opprobre et de souffrance que le monde ne
manque pas de lui présenter s'il est fidèle (Gal. 6 v. 14). «Pour l'amour de moi», spécifie le
Seigneur Jésus, car tel est le grand secret qui permet au chrétien d'accepter la mort par rapport
au monde et à lui-même (v. 35; Rom. 8 v. 36).

21               Marc 9 v. 1 à 13
 

Selon la promesse du v. 1, trois disciples sont maintenant admis à contempler par avance «le
royaume de Dieu venant avec puissance». Ce royaume est représenté par le Roi lui-même,
en qui ils reconnaissent Jésus, leur maître, revêtu de majesté et de gloire resplendissante.
Celui qui habituellement voilait cette gloire et la cachait sous l'humble «forme d'esclave», la
découvre un moment aux regards des siens éblouis et stupéfaits (Ps. 104 v. 1). Alors une voix
sort de la nuée; elle est aussi pour nous: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le». Plus
une personne a de grandeur et de dignité, plus ses paroles ont d'importance. Or celui que nous
sommes invités à écouter n'est autre que le Fils bien-aimé de Dieu. Prêtons à son
enseignement une attention d'autant plus grande (Héb. 12 v. 25; rapprocher aussi Héb. ch. 1 v.
1, 2 et ch. 2 v. 1).

Si bon qu'il fasse sur la montagne (v. 5), il est nécessaire d'en redescendre, et le Seigneur fait
comprendre aux trois disciples que ce qu'ils ont vu n'aura son accomplissement que plus tard.
Ni Jean (qu'Élie représentait), ni Lui-même, n'ont été reçus. C'est pourquoi il est nécessaire
maintenant qu'il passe par la croix et souffre beaucoup avant d'entrer dans sa gloire.

22               Marc 9 v. 14 à 32
 

Descendu de la montagne, le Seigneur reprend son service d'amour dont l'apôtre Pierre, qui
en a été le témoin privilégié, fait dans les Actes un résumé merveilleux. Jésus de Nazareth,
dit-il, «a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait
asservis à sa puissance; car Dieu était avec lui» (Act. 10 v. 38, 39). Le Seigneur trouve un
grand rassemblement de gens discourant et disputant entre eux. L'objet de toute cette agitation
est un malheureux garçon, sujet depuis son plus jeune âge à de terribles crises nerveuses
provoquées par un démon. C'est en vain que le pauvre père a soumis aux disciples le cas de
son fils unique; ils n'ont pu chasser cet esprit. Avant d'opérer lui-même la délivrance, Jésus
met le doigt sur la raison de leur échec: l'incrédulité; car «toutes choses sont possibles à
celui qui croit». Alors, avec larmes, cet homme s'abandonne au Seigneur. Il comprend que ce
n'est pas un effort de volonté qui pourra lui donner la foi et s'en reconnaît incapable. L'aide
divine est nécessaire non seulement pour la délivrance proprement dite, mais même pour la
demander.

Au v. 26 la puissance démoniaque se manifeste encore une fois, pour que la victoire du


Seigneur soit évidente. Il prend tendrement l'enfant par la main et le fait lever.

23               Marc 9 v. 33 à 51
 

Pauvres disciples! Alors que leur Maître vient de les entretenir de ses souffrances et de sa
mort, la seule chose qui les intéresse, au point de provoquer une dispute entre eux, est de
savoir lequel sera le plus grand. Par sa question, le Seigneur les sonde (v. 33), puis avec
grâce et patience, il leur apprend ce qu'est l'humilité.
Cette leçon est suivie d'une autre. Les disciples avaient cru devoir empêcher un homme
d'accomplir des miracles au nom de Jésus. «Il ne nous suit pas», est le prétexte invoqué par
Jean. Le Seigneur leur montre qu'en cela aussi ils ont été occupés d'eux-mêmes et non de
Lui. Veillons à ne pas être sectaires! De nombreux chrétiens, tout en ne marchant par avec
nous, suivent le Seigneur de très près dans le chemin du renoncement et de la croix (ch. 8 v.
34).

Nous avons trouvé dans Matthieu ce qui correspond aux v. 42 à 51 (voir Matt. 5 v. 29; 18 v.
8). Mais d'une manière générale, nous remarquons dans l'évangile de Marc que les
enseignements du Seigneur tiennent peu de place par rapport à son activité. Nous n'y avons
pas par exemple l'équivalent du sermon sur la montagne. Peu de paroles, mais beaucoup de
dévouement, tel est bien le caractère du fidèle serviteur.

24               Marc 10 v. 1 à 22
 

Les pharisiens essayent de mettre Jésus en contradiction avec Moïse sur la question du
divorce. Mais Il leur ferme la bouche en remontant avant la loi, leur rappelant l'ordre des
choses tel que Dieu l'avait créé au commencement. Le monde a souillé et gâté tout ce que
Dieu avait établi dans sa belle création et en particulier l'institution du mariage.

La dureté de cœur, l'égoïsme qui conduisent les hommes à mépriser et à dénaturer tout ce qui
touche au mariage, se montre aussi souvent dans leur peu de considération pour les petits
enfants. Et les disciples n'échappent pas à cet esprit. Les v. 13 à 16 nous apportent par rapport
à Matthieu quelques détails supplémentaires qui sont bien touchants: Le Seigneur commence
par être indigné de l'attitude des disciples. Il prend ensuite ces petits tendrement entre ses bras
où ils sont en parfaite sécurité. Enfin il les bénit expressément (comp. Matt. 19 v. 13, 14).

Dans la scène qui suit, Marc est également le seul à mentionner un point de toute importance:
l'amour du Seigneur pour l'homme venu le rencontrer. Mais celui-ci y reste insensible et s'en
va, peut-être pour toujours, préférant ses vaines richesses à la compagnie présente et éternelle
de Celui qui l'a aimé.

25               Marc 10 v. 23 à 34
 

Dans l'Ancien Testament les bénédictions étaient terrestres et les richesses considérées
comme une preuve de la faveur de Dieu (Deut. 8 v. 18). D'où l'étonnement des disciples! Ils
venaient de voir un homme comblé, donc en apparence béni de Dieu, aimable, de conduite
irréprochable, et qui était disposé à faire beaucoup de bien. Et le Seigneur l'avait laissé partir.
Vraiment, si de tels avantages ne donnaient pas accès au royaume de Dieu, qui donc pouvait
être sauvé? En effet, leur répond Jésus, le salut est chose impossible pour les hommes; Dieu
seul a pu l'accomplir.

Le Seigneur condamne ici non les riches, mais «ceux qui se confient aux richesses». Au reste,
aller après Lui implique inévitablement des renoncements. Mais s'ils sont consentis pour
l'amour du Seigneur et de l'évangile, ils seront en même temps la source de joies
incomparables, dont la première sera le sentiment de Son approbation. Oui, le regard si
pénétrant du Seigneur (v. 21, 23, 27) lit dans notre cœur pour voir si c'est bien ce motif-là qui
nous fait agir. Juste réponse à l'amour de Celui qui a tout quitté pour nous (voir Zach. 7 v.
5).

Dans ce chapitre, nous trouvons la chair aimable (v. 17 à 22), présomptueuse (v. 28),
timorée (v. 32), jalouse (v. 41), enfin égoïste (v. 35 à 40).

26               Marc 10 v. 35 à 52
 

Ne manquons pas de remarquer la foi de Jacques et de Jean. Ils savaient que leur maître était
le Messie, l'héritier du royaume et qu'ils y auraient part avec lui. Mais leur demande trahit
l'ignorance et la vanité de leur cœur naturel. Plein de grâce, le Seigneur réunit ses disciples
autour de lui et fait servir à leur instruction (ainsi qu'à la nôtre) cette intervention malheureuse
des deux frères. Ne comprennent-ils pas qu'ils ont devant eux le Modèle par excellence de
l'humilité, celui qui, ayant tous les droits à être servi, a voulu se faire lui-même esclave pour
délivrer sa créature et payer de sa propre vie la rançon exigée par le souverain Juge? Ce v. 45
a pu être appelé le verset clé de l'évangile, et il le résume tout entier.

L'Esprit nous montre dans ce chapitre trois attitudes bien différentes: l'homme que le
Seigneur invite à le suivre et qui s'en va (v. 21, 22); les disciples appelés eux aussi, qui l'ont
suivi, en tremblant (v. 32) et font valoir leur renoncement (v. 28); enfin ce pauvre aveugle,
auquel Jésus n'a rien demandé en le guérissant, mais qui, sans un mot, et jetant loin le
vêtement qui pouvait entraver sa marche, le suivit «dans le chemin» (v. 52).

Observons l'inconstance de la foule qui d'abord reprend l'aveugle, mais l'instant d'après lui
dira: «Aie bon courage…»!

27               Marc 11 v. 1 à 14
 

Le chemin de Jésus approche de son terme. Il fait son entrée solennelle à Jérusalem et se rend
au temple où il commence par promener ses regards de tous côtés sur tout (v. 11) comme
pour demander: «Suis-je ici chez moi?». Ce détail, particulier à Marc, nous montre que Dieu
ne juge jamais hâtivement d'un état de choses avant de le condamner (comp. Gen. 18 v. 21).
Mais qu'ont dû être les sentiments du Seigneur en voyant à ce point profanée cette maison de
prière!

Il quitte ce lieu souillé et se retire à Béthanie avec le petit nombre de ceux qui le reconnaissent
et qui l'aiment. Béthanie signifie «maison de l'Affligé» ou aussi «des figues». Comme
souvent dans l'Écriture, ce double sens nous paraît caractéristique. Au moment où Jésus est
contraint de maudire le figuier stérile qui représente Israël tel qu'Il l'a trouvé, c'est comme si
Lui, l'Affligé, le Pauvre (Ps. 40 v. 17), rencontrait là, et seulement là, du fruit pour Dieu (de
«bonnes figues» selon l'expression de Jér. 24 v. 2), consolation pour son cœur, et avant-goût
du fruit du travail de son âme à la croix. En dépit d'une abondance de feuilles, image d'une
belle religion, «il n'y a pas de figues sur le figuier» d'Israël, comme le constate le même
prophète (Jér. 8 v. 13).

28               Marc 11 v. 15 à 33
 

Le Seigneur purifie ce temple qu'il avait inspecté la veille. Le zèle du parfait Serviteur le
dévore pour la Maison de son Dieu (Jean 2 v. 17).

Le soir venu, il quitte la ville souillée, mais il y retourne le jour suivant en passant devant le
figuier. En réponse à la remarque de Pierre, Jésus ne souligne pas son propre pouvoir, mais
dirige sur Dieu la pensée des disciples. C'est comme s'il leur disait: Celui qui m'a répondu est
prêt à exaucer aussi vos prières et à ôter tout obstacle de votre route, serait-il aussi grand
qu'une montagne. Avoir foi en Dieu, ce n'est pas nous forcer à croire à la réalisation de nos
désirs, c'est compter sur quelqu'un que nous connaissons, qui nous a fait des promesses et
est fidèle pour les tenir, et qui nous aime. Mais il est un cas où Dieu ne pourra absolument
pas nous répondre: celui où nous avons «quelque chose contre quelqu'un». Voilà sur le
chemin de nos relations avec Dieu une montagne infranchissable. Il faut nous en occuper
séance tenante afin de retrouver vers Lui, et aussi vers nos frères, ces «chemins frayés» du
cœur, dont parle le Ps. 84 v. 5.

Au v. 27 commencent les derniers entretiens du Seigneur, au cours desquels il va confondre


successivement tous ses adversaires.

29               Marc 12 v. 1 à 17
 

Les chefs du peuple sont contraints de se reconnaître dans la parabole accablante des
méchants cultivateurs.

Remarquez comment est désigné (dans Marc seulement) le dernier envoyé du Maître de la
vigne: «Ayant donc encore un unique fils bien-aimé…» (v. 6). Cette expression rappelle la
parole de l'Éternel à Abraham: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes» (Gen. 22 v.
2) et traduit d'une manière émouvante les affections du Père pour le Bien-aimé qu'il a sacrifié
pour nous!

Ainsi démasqués, les pharisiens et les hérodiens vont essayer de riposter. Avec des
compliments hypocrites, mais qui sont involontairement un témoignage à Jésus («tu es vrai…
tu enseignes la voie de Dieu avec vérité», v. 14) ils essaient de le surprendre par une question
des plus subtiles. Son oui l'aurait disqualifié comme Messie; son non, condamné auprès des
Romains. Il leur répond de la seule façon qu'ils n'attendaient pas, en s'adressant à leur
conscience. Divine et admirable sagesse! Toutefois combien le Sauveur en qui tout était
vérité et amour, a souffert de cette mauvaise foi, de cette méchanceté, oui, de cette continuelle
«contradiction de la part des pécheurs contre lui-même» (Héb. 12 v. 3; voir aussi Éz. 13 v.
22).

30               Marc 12 v. 18 à 34
 

À leur tour les Sadducéens tentent de se mesurer à la sagesse de Jésus. En réalité ils ne
croient pas à la résurrection (v. 18 ; voir Act. 23 v. 8), mais le Seigneur au v. 26 va les
chercher sur ce terrain-là et leur fermer la bouche par la Parole. La résurrection est
doublement attestée: par les Écritures et par la puissance de Dieu qui a ressuscité Christ (v.
24). Pourtant il est probable qu'aucune vérité ne s'est davantage heurtée à l'incrédulité des
hommes (voir Act. 26 v. 8). Or, comme le démontre Paul en 1 Cor. 15, il s'agit là d'un des
fondements essentiels du Christianisme; on ne peut y toucher sans que toute notre foi
s'effondre.

Contrairement aux disputeurs précédents, il y a de la droiture et de l'intelligence chez le scribe


qui interroge le Seigneur au sujet du commandement le plus grand. L'amour, répond Jésus,
voilà le premier commandement; l'amour pour Dieu et pour le prochain, qui constitue le
résumé de la loi (Rom. 13 v. 10; Gal. 5 v. 14). Chers amis, ne devrions-nous pas aimer
beaucoup plus qu'Israël, nous qui avons été cherchés plus loin que lui (du milieu des nations
étrangères aux promesses) et amenés plus près dans la relation d'enfants du Dieu d'amour
(Éph. 2 v. 13)?

31               Marc 12 v. 35 à 44
 

C'est maintenant à Jésus de poser un problème embarrassant à ses interlocuteurs. Comment le


Christ peut-il être à la fois le fils et le seigneur de David (voir aussi Ps. 89 v. 3, 4, 23, 36)? Ils
ne savent l'expliquer et leur orgueil les empêche de demander la réponse… au Christ lui-
même. Car c'est à cause de son rejet que le Fils de David va occuper la position céleste que lui
attribue le Ps. 110.
Pour mettre le peuple en garde contre ses chefs indignes, le Seigneur fait ensuite un triste
portrait des scribes, vaniteux, cupides et hypocrites. Hélas! Ces traits ont parfois caractérisé
d'autres chefs religieux que ceux d'Israël (1 Tim. 6 v. 5).

Le v. 41 nous montre Jésus assis près du trésor du Temple. De ce regard pénétrant que nous
l'avons déjà vu porter sur tout et sur tous, il observe non pas combien (seule chose qui
intéresse les hommes), mais comment chacun donne au trésor. — Et voici cette pauvre veuve
qui s'approche avec sa touchante obole: les quelques centimes qui lui restaient pour vivre.
Ému, le Seigneur appelle ses disciples et commente ce qu'il vient de voir. Ah! Cette offrance
extraordinaire — «tout ce qu'elle avait» — prouvait non seulement les affections de cette
femme pour l'Éternel et Sa Maison, mais aussi la totale confiance qu'elle avait mise en Dieu
pour subvenir à ses besoins (comp. 1 Rois 17 v. 13 à 16).

32               Marc 13 v. 1 à 13
 

Les disciples sont impressionnés par la grandeur et la beauté extérieure des bâtiments du
temple. Mais le Seigneur ne regarde pas «ce à quoi l'homme regarde» (1 Sam. 16 v. 7; És. 11
v. 3). Il était entré dans ce temple et avait constaté l'iniquité qui le remplissait (ch. 11 v. 11).
Aussi sa vue se porte-t-elle au delà, sur les événements qui, peu d'années après son rejet,
amèneront la ruine de la cité coupable. L'histoire nous apprend qu'en l'an 70, Jérusalem a été
l'objet d'un siège effroyable et d'une destruction quasi totale par les armées de Titus. Ce
châtiment terrible n'a pas été sans éprouver beaucoup la foi des croyants si attachés à la ville
sainte. Mais Jésus les avait encouragés d'avance par les paroles que nous avons ici. Combien
d'enfants de Dieu, traversant les persécutions, ont fait à cette occasion des expériences bénies.
Au moment de rendre témoignage, ce qu'ils avaient à dire leur a été dicté par l'Esprit Saint. Il
en a été ainsi de Pierre quand il a été traduit devant les chefs, les anciens et les sacrificateurs
au ch. 4 des Actes (v. 8) et d'Étienne au ch. 7 v. 55. Mais, dans notre mesure et selon nos
besoins, nous pouvons aussi réaliser cette puissance du Saint Esprit en le laissant agir en nous.

33               Marc 13 v. 14 à 37
 

L'Église n'aura pas à traverser les terribles tribulations que connaîtra le résidu juif (Apoc. 3 v.
10). En nous reposant sur cette certitude, craignons toutefois de nous endormir du sommeil
spirituel qui nous guette si dangereusement dans la longue et éprouvante nuit morale de ce
monde. Pensons au retour imminent du Seigneur et prenons pour nous les sérieuses
exhortations de ce chapitre. Une courte parabole nous présente le Seigneur comme un maître
de maison qui s'est absenté après avoir laissé son domaine à la responsabilité de ses serviteurs.
Chacun d'eux a reçu «son ouvrage…» précis, particulier. Et le Maître n'a pas fait de
restrictions non plus quant à la diversité des tâches à accomplir. Les points de suspension qui
suivent le mot «ouvrage…» ne suggèrent-ils pas un nombre illimité de services différents que
le Seigneur a préparés pour les siens (comp. Rom. 12 v. 6 à 8)?

La brève consigne reçue par le portier (fin du v. 34) s'adresse également «à tous»… donc à
vous et à moi (v. 37). Et, détail remarquable, c'est sur ce mot «veillez» que se termine dans
Marc le ministère de Jésus. Serrons-le précieusement dans notre cœur, comme on conserve
la dernière recommandation d'un être cher qui nous a quittés… mais qui revient!

34               Marc 14 v. 1 à 16
 

À l'approche de la mort du Seigneur, les sentiments des cœurs s'affirment et se manifestent.


Haine et mépris de la part des chefs du peuple qui complotent à Jérusalem! Amour et respect
dans la maison familière de Béthanie où cette femme accomplit à Son égard une «bonne
œuvre», fruit d'un amour intelligent. Belle illustration du culte des enfants de Dieu! Ils
reconnaissent dans un Sauveur rejeté celui qui est digne de tout hommage; ils lui expriment
par l'Esprit et dans le sentiment de leur indignité, cette adoration qui est pour son cœur un
parfum d'un prix inestimable (remarquons que ce sont les hommes qui font l'évaluation — v.
5 — ramenant tout à une affaire d'argent). Les critiques ne manquent pas à l'adresse de ces
adorateurs, même de la part de certains croyants qui placent la bienfaisance (v. 5) ou
l’évangile avant toute autre activité chrétienne. Sans négliger ces choses, n'oublions pas que la
louange est le premier de nos devoirs. Et contentons-nous de l'approbation du Seigneur pour
accomplir avec un esprit brisé (dont ce vase est le symbole) le saint service de l'adoration, le
seul qui soit directement envers Lui et pour l'éternité.

Les v. 10 à 16 nous montrent les dispositions que prennent les disciples pour préparer la
pâque… et Judas pour trahir son Maître.

35               Marc 14 v. 17 à 31
 

C'est l'instant du dernier souper. Dans cette heure intime des adieux, où Jésus voudrait laisser
parler librement ses affections, un fardeau accable son âme. Non pas la croix qui s'approche,
mais l'indicible tristesse de savoir que se trouve là, au milieu des douze, un homme qui a
décidé sa perte. «L'un d'entre vous… me livrera». À leur tour les disciples s'attristent et
s'interrogent. Ils n'ont pas ici la confiance en eux-mêmes qui apparaîtra aux v. 29 et 31 dans
leurs protestations de dévouement, en particulier de la part de Pierre.

Quand le traître est sorti, le Seigneur institue le saint repas du souvenir. Il bénit, rompt le pain
et le distribue aux siens; il prend la coupe, rend grâces et la leur donne. Et il leur explique la
portée de ces symboles simples et cependant solennels par les grands faits dont ils perpétuent
la mémoire: son corps donné, son sang versé, sûrs fondements de notre foi. Lecteur, n'auriez-
vous pas aimé vous trouver dans cette chambre haute auprès de votre Sauveur? Alors,
pourquoi ne pas vous joindre, chaque premier jour de la semaine, à ceux qui annoncent Sa
mort en attendant son retour?

Puis Jésus chante une hymne avec ses onze disciples et se rend au jardin des Oliviers.

36               Marc 14 v. 32 à 54
 

Il appartient maintenant à Celui qui a pris la forme d'esclave de montrer jusqu'où ira son
obéissance. Sera-ce jusqu'à la mort;… la mort même de la croix (Phil. 2 v. 7, 8)? Satan met
tout en œuvre pour faire sortir Jésus du chemin de sa perfection. Dans cette lutte décisive, il
se sert de l’effroi et de l’angoisse du Seigneur, qui mesure toute l'horreur de la coupe de la
colère de Dieu contre le péché. L'arme de Jésus, c'est sa dépendance. Un nom que nous ne
l'entendons employer qu'ici traduit l'intimité la plus profonde dans un tel moment: «Abba
Père», s'écrie-t-il dans la conscience que cette parfaite communion devra s'interrompre quand
il portera le péché. Mais précisément, son amour sans réserve pour le Père entraîne une
obéissance sans réserve. «Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux toi»!

En présence d'un tel combat, combien le sommeil des disciples est coupable! Peu de temps
avant, leur Maître les a exhortés à veiller et à prier (ch. 13 v. 33). Il le leur demande encore
instamment à trois reprises. En vain; mais lui est prêt. Voici le traître qui s'avance avec ceux
qui viennent Le prendre. Alors tous l'abandonnent et s'enfuient, y compris finalement ce jeune
homme enveloppé d'une toile de fin lin: image de la profession chrétienne qui ne résiste pas à
l'épreuve.

37               Marc 14 v. 55 à 72
 

En pleine nuit, le palais du souverain sacrificateur est en grande effervescence. Jésus se tient
devant ses accusateurs. De faux témoins font des dépositions qui ne s'accordent pas. Mais lui
n'en tire pas parti pour se défendre. Il est condamné, souffleté, frappé; on lui crache au visage.
Notre adorable Sauveur accepte tous ces outrages, annoncés par la prophétie (És. 50 v. 6).
Hélas! Une autre scène se joue dans la cour du palais. Pierre n'avait pas cru son Maître, à qui
il avait assuré: «Je ne te renierai point» (v. 31). Il ne l'avait ensuite pas écouté pour veiller et
prier à Gethsémané. Le secret de sa défaite est là. Pourtant le Seigneur les avait avertis que
«la chair est faible» (v. 38). Mais c'était une vérité que Pierre n'était pas prêt à accepter, aussi
doit-il en faire l'amère expérience. Ce que nous ne voulons pas apprendre avec le Seigneur en
recevant humblement sa Parole, nous pourrons avoir à l'apprendre douloureusement en ayant
affaire avec l'Ennemi de nos âmes.
Pour mieux confirmer qu'il ne connaît pas «cet homme», le pauvre Pierre profère des
imprécations et des jurons. Ne l'accablons pas; pensons plutôt de combien de manières nous
pouvons renier le Seigneur si nous ne veillons pas: par nos actes, par nos paroles, ou… par
nos silences (lire 1 Cor. 10 v. 12).

38               Marc 15 v. 1 à 21
 

L'œuvre de mort doit, elle aussi, s'accomplir aussitôt (v. 1). Pressés par l'approche de la
Pâque et dans leur hâte d'en finir avec ce prisonnier qui leur inspire de la crainte, les chefs du
peuple ne perdent pas un instant. Ils conduisent Jésus à Pilate après avoir lié ces mains qui
avaient guéri tant de misères et qui n'avaient jamais fait que le bien. Devant le gouverneur
romain, le Sauveur à nouveau garde un silence dont les Ps. 38 v. 13 à 15; 39 v. 9 et Lam. 3 v.
28 révèlent les profonds motifs. Sa prière dans le même moment est: «Je m'attends à toi,… toi
tu répondras, Seigneur, mon Dieu»… et: «c'est toi qui l'as fait».

Sous la pression des principaux sacrificateurs, tout le peuple dans sa folie aveugle réclame à
grands cris la mise en liberté du meurtrier Barabbas et la crucifixion de son Roi. Alors Pilate,
voulant contenter la foule, libère le criminel et condamne celui dont il reconnaît l'innocence.
Voilà jusqu'où peut aller le désir de plaire aux hommes (Jean 19 v. 12)!

Les soldats brutaux se moquent, feignant de se soumettre à Celui qui est en leur pouvoir
(parce qu'il s'est livré volontairement). Et l'homme couronne son Créateur des épines que la
terre avait produites comme conséquence de son péché (Gen. 3 v. 18).

39               Marc 15 v. 22 à 41
 

L'homme accomplit le plus grand forfait de tous les temps. Il crucifie le Fils de Dieu et ne lui
épargne aucune forme de souffrance et d'humiliation. Le Sauveur est sur le bois d'infamie où
le retient son amour pour le Père et pour les hommes. «Compté parmi les iniques», comme
l'annonçaient les Écritures (v. 28; És. 53 v. 12), il connaît en outre sur cette croix toutes sortes
d'insultes et de provocations. Le monde le rejette, se condamnant ainsi lui-même; mais voici
que le ciel se ferme aussi comme l'exprime le cri de son indicible détresse: «Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» (voir Amos 8 v. 9, 10). Le ciel est fermé pour lui afin
qu'il puisse s'ouvrir pour nous. Car c'est pour amener «plusieurs fils à la gloire», que le chef
de notre salut a été consommé par des souffrances (Héb. 2 v. 10). Cette page de l’Écriture
sainte, sur laquelle notre foi se fonde avec adoration, constitue le document incontestable qui
nous garantit l'accès du ciel de gloire; accès dont un signe est donné par le voile qui s'est
déchiré. Et le grand cri du Sauveur expirant est la preuve qu'il laisse sa vie de lui-même, en
pleine possession de sa force. C'est le dernier acte d'obéissance de Celui qui était venu ici-bas
pour servir, souffrir et mourir, donnant sa vie précieuse en rançon pour plusieurs (ch. 10 v.
45).

40               Marc 15 v. 42 à 47 ; 16 v. 1 à 8


 

Maintenant qu'est passée l'heure de la croix où le Sauveur a été seul, Dieu se plaît à relever
l'empressement et les égards de quelques personnes dévouées qui ont honoré son Fils. C'est en
premier lieu Joseph d'Arimathée qui demande à Pilate le corps de Jésus et s'occupe
pieusement de son ensevelissement. Puis l'aube du jour de la résurrection nous montre trois
femmes se hâtant vers le sépulcre. Elles étaient de celles qui «l'avaient suivi et l'avaient
servi», avant d'assister avec douleur à la crucifixion (15 v. 40, 41 ; Jean 12 v. 26). Dans leur
désir d'accomplir un dernier service envers celui qu'elles pensent avoir perdu, elles apportent
des aromates pour embaumer son corps. Mais elles ont à apprendre l'inutilité de ces
préparatifs, car un ange leur annonce la glorieuse nouvelle: Jésus est ressuscité. Or il est une
autre femme que nous ne trouvons pas au sépulcre: celle qui au ch. 14 v. 3 avait oint les pieds
de Jésus. Était-ce manque d'affection de sa part? Elle a donné la preuve du contraire. Mais elle
avait su discerner le moment de répandre son parfum. Souvenons-nous que le dévouement
de l'amour est d'autant plus agréable au cœur du Seigneur qu'il est accompagné du
discernement de sa volonté et de l'obéissance à sa Parole.

41               Marc 16 v. 9 à 20
 

Une parole de Pierre au début des Actes résume bien l'évangile selon Marc. L'apôtre évoque
«tout le temps que le Seigneur Jésus entrait et sortait au milieu de nous (deux verbes
caractérisant le service) en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu'au jour auquel il a
été élevé au ciel d'avec nous…» (Act. 1 v. 21, 22). Premier tableau de l'évangile: au Jourdain
le ciel s'ouvre sur Jésus; dernier tableau: ce même ciel s'ouvre pour le recevoir; entre les deux,
sa vie de service et de dévouement. Approuvé de Dieu, il occupe désormais à la droite de la
Majesté la place de gloire qui lui revient, son œuvre achevée. C'est aux disciples qu'il
appartient maintenant d'accomplir la leur en suivant les instructions des v. 15 à 18… et le
grand exemple qu'ils ont eu sous les yeux. Mais ils ne sont pas abandonnés à leurs propres
ressources. Le Seigneur est vu là-haut comme celui qui dirige le travail des siens. Le service
est un privilège éternel que son amour se réserve. Serviteur à toujours (Deut. 15 v. 17; Luc 12
v. 37) il va coopérer avec ses disciples et les accompagner de sa puissance (v. 20; Act. 14 v.
3; Héb. 2 v. 4). Et nous chrétiens, appelés à notre tour à suivre Ses traces, et témoins du même
évangile, nous pourrons aussi compter sur Lui si nous avons à cœur de le servir en
l'attendant.

 
Le Parfait Serviteur
1 Introduction
        

Dieu, dans sa bonté, nous a donné l’histoire de notre Seigneur Jésus Christ pendant sa vie
dans ce monde ; nous avons ainsi un récit inspiré, donc fiable, d’événements dans lesquels le
destin éternel de chacun est impliqué. Par ce récit, Dieu veut en outre attirer nos cœurs vers un
Christ vivant, en faisant passer devant nous toutes les gloires de sa vie, de sa mort et de sa
résurrection.

Pour nous faire apprécier ces gloires, Dieu veut nous amener à discerner les différents genres
de relations dans lesquelles Christ peut être vu, ainsi que les divers caractères dans lesquels il
est présenté. À cet effet, nous avons quatre évangiles, offrant chacun un aspect distinct de la
gloire de Christ. L’étude de l’évangile selon Matthieu montre clairement que les détails
particuliers donnés dans le récit des événements, comme aussi l’enseignement, ont en vue la
présentation du Seigneur comme le Messie promis depuis longtemps — le Fils de David en
relation avec Israël.

Dans l’évangile selon Luc, il est également clair que le Seigneur Jésus est présenté comme le
Fils de l’homme, venu faire connaître la grâce de Dieu à un monde de pécheurs perdus.

Dans l’évangile selon Jean, la gloire divine du Fils de Dieu nous est montrée.

Dans l’évangile selon Marc, tout le récit est en accord avec la présentation du Seigneur Jésus
comme le Serviteur de l’Éternel, servant les autres en amour. Des siècles avant la venue de
Christ, Ésaïe avait prédit que le Seigneur Jésus viendrait dans le monde comme le Serviteur
de l’Éternel ; en effet, la parole de l’Éternel était venue au prophète, disant : « Voici mon
Serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit
sur lui ; il fera valoir le jugement à l’égard des nations » (És. 42:1). Tous les détails de cet
évangile ont en vue la présentation de son service parfait répondant aux besoins de l’homme :
il est le Serviteur de l’Éternel accomplissant sa volonté.

2 La préparation du chemin du Seigneur


        

(Chap. 1:1-20)
Dans l’évangile selon Marc, le Saint Esprit présente le Seigneur Jésus dans toute sa grâce et
son humilité, comme le Serviteur de l’Éternel. Nous ne devons toutefois pas oublier que Celui
qui s’est abaissé pour devenir le Serviteur obéissant ne cesse jamais d’être ce qu’il est comme
Personne divine, alors même qu’il est devenu un humble Serviteur, étant fait à la
ressemblance des hommes. Aussi, pour sauvegarder sa gloire, l’évangile commence par un
septuple témoignage rendu à la grandeur de sa personne.

2.1       1:1

Le premier témoignage est celui de l’auteur de l’évangile. Marc, dont le Saint Esprit se sert
pour placer devant nous Celui qui s’est anéanti lui-même et a pris la forme d’esclave,
commence son évangile en nous rappelant qu’il est « Jésus Christ, Fils de Dieu ».

2.2       1:2, 3

Deuxièmement, les prophètes sont cités comme rendant témoignage à la gloire de sa


personne. Ils ne font pas que prédire sa venue, ils annoncent sa gloire. L’Éternel avait déclaré
à Malachie : « Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ». L’Esprit
applique ces paroles à Christ en disant ici : « Voici, moi j’envoie mon messager devant ta
face, lequel préparera ton chemin ». Le Jésus du Nouveau Testament est l’Éternel de l’Ancien
Testament (Mal. 3:1). Dans la seconde citation, qui est tirée d’Ésaïe, il est parlé de préparer le
chemin de l’Éternel. De nouveau, c’est le chemin de l’Éternel qui est préparé — parce que
Jésus est l’Éternel (És. 40:3).

2.3       1:4-8

Troisièmement, nous avons le témoignage de Jean, le Précurseur, à la gloire du parfait


Serviteur. Il rend témoignage, d’une part, de la condition de péché de l’homme et de la
nécessité de la « repentance en rémission de péchés », et d’autre part, de la gloire de Celui qui
était venu en grâce comme humble Serviteur, pour répondre aux besoins de l’homme. Il se
tient dans le désert, « et tout le pays de Judée et tous ceux de Jérusalem sortaient vers lui ».
De longs siècles auparavant, l’Éternel avait dit au prophète : « Voici, moi, je l’attirerai, et je la
mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur » (Osée 2:14). Comme quelqu’un l’a dit : « Dieu
n’avait pas parlé à son cœur... dans la ville florissante et belle... ; mais il l’a attirée dehors,
dans le désert froid, aride, désolé ». C’est là qu’il a parlé à sa conscience et a cherché à gagner
son cœur. Et aujourd’hui, que de fois n’agit-il pas ainsi envers des pécheurs, comme aussi
envers des saints. Nous cherchons notre confort et nos aises, et trop souvent nos cœurs
deviennent froids et indifférents ; le Seigneur intervient alors dans notre vie tranquille par des
peines et des épreuves, pour parler à notre cœur et nous attirer à lui.

S’adressant à la conscience, Jean montre que nos péchés ont transformé la création en un
désert moral et qu’ils ont séparé l’homme de Dieu. Son mode de vie, dans la séparation du
monde, était conforme à son témoignage. Avant tout, il rendait témoignage à la gloire de
Celui qui allait venir. Si Celui qui « n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à
Dieu » s’abaisse pour devenir un Homme et prend la forme d’esclave, Jean, le plus grand
parmi les prophètes, se plaît à reconnaître qu’un Serviteur plus grand encore est venu, duquel
il n’est pas digne de délier la courroie des sandales. Jean pouvait baptiser d’eau et, par ce
signe de la mort, séparer ceux qui venaient à lui de leurs associations antérieures avec un
monde corrompu, mais Jésus baptiserait de l’Esprit Saint — une Personne divine — sceau de
l’appartenance à Christ dans un monde nouveau.

2.4       1:9-11

Quatrièmement, nous avons le témoignage rendu par la voix venue du ciel à la gloire du
Christ. Dans une grâce infinie, le Seigneur se soumet au baptême, s’identifiant ainsi au résidu
pieux dans la séparation de la nation coupable. Aussitôt la voix du Père se fait entendre,
déclarant sa gloire comme « Fils bien-aimé », Celui en qui le Père trouve son plaisir.
Autrefois déjà, l’Éternel avait dit par le prophète : « Voici mon serviteur... en qui mon âme
trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui » (És. 42:1). Ainsi la voix venue du ciel peut
dire : « Mon Serviteur » est « mon Fils bien-aimé ». On a dit à juste titre qu’il a été « scellé du
Saint Esprit, comme nous le sommes ; lui, parce qu’il en était personnellement digne ; nous,
parce qu’il nous en a rendus dignes par son œuvre et par son sang » (J. N. D.).

2.5       1:12, 13

Cinquièmement, nous avons une brève allusion à la tentation dans le désert. La tentation de
nos premiers parents dans un jardin de délices manifesta leur faiblesse, qui permit à Satan de
les vaincre. La tentation de notre Seigneur, dans un désert, devint un témoignage à sa
perfection infinie, par laquelle il vainquit Satan.

Sixièmement, la création elle-même rend témoignage à la gloire de sa personne, car nous


lisons qu’il était « avec les bêtes sauvages ». Malgré la crainte que les bêtes peuvent éprouver
devant les hommes, elles ne craignent pas cet Homme béni, car il est en fait leur Créateur.

Enfin, nous lisons que « les anges le servaient ». Celui qui est venu pour être Serviteur est lui-
même servi par les armées angéliques. Il n’est rien moins que « le Fils », « le Premier-né »,
duquel il est dit lorsqu’il entre dans le monde : « Que tous les anges de Dieu lui rendent
hommage » (Héb. 1:5, 6).

Ainsi, chacun en sa saison, les cieux et la terre, les prophètes et les anges, déclarent la gloire
de Jésus comme Personne divine, et préparent de cette manière le chemin du Seigneur vers la
place d’abaissement qu’il allait prendre comme Serviteur parmi les hommes.

On remarquera que, dans cet évangile, il n’y a pas de généalogie de Jésus, ni aucun détail
quant à sa naissance ou aux circonstances des premières années de sa vie. Ces détails, si
précieux et nécessaires, dûment consignés par d’autres, ne seraient guère à leur place dans les
évangiles selon Marc ou selon Jean. Ici, comme Serviteur, il prend une place au-dessous de
toute généalogie, tandis que dans l’évangile selon Jean, il est au-dessus de toute généalogie
humaine.

À la suite de ce septuple témoignage à la gloire de sa Personne, nous avons, dans ces versets
d’introduction, le récit de l’événement qui ouvre la voie au service public du Seigneur, le
caractère de son service, et la grâce souveraine qui en choisit d’autres pour être ses
compagnons dans le service.

2.6       1:14

Il est significatif que ce soit après que Jean « eut été livré » que Jésus vint pour servir. La
nature pourrait arguer que le Précurseur étant rejeté, il était inutile que Jésus commence sa
mission. Mais les moments opportuns et les façons d’agir de Dieu sont très différents de ceux
des hommes. Le ministère de Jean, comme aussi d’ailleurs son rejet, étaient une
démonstration du péché et de la misère de l’homme ; mais cela ne faisait que préparer le
chemin pour un ministère de grâce qui était seul à même de répondre au besoin, et prouvait sa
nécessité. Lorsque le monde eut démontré son péché en rejetant Jean, Dieu proclama sa grâce
en envoyant Jésus.

2.7       1:15

Le grand but du service du Seigneur, tel qu’il est rapporté dans l’évangile selon Marc, est
résumé dans ce verset. Jésus était présent au milieu d’Israël pour proclamer que le royaume de
Dieu s’était approché — un royaume caractérisé par la justice, la paix et la joie (Rom. 14:17).
Déjà, Jean était venu dans la voie de la justice, convainquant les hommes de leurs péchés ;
maintenant le Seigneur était présent, non pour juger les hommes à cause de leurs péchés, mais
en grâce, appelant les hommes à se repentir en raison de la bonne nouvelle qui proclame le
pardon des péchés.

2.8       1:16-20

Nous découvrons ensuite la grâce du Seigneur qui associe d’autres hommes à lui-même pour
le service. Il ignore les sacrificateurs établis, les scribes instruits et les pharisiens religieux
pour choisir d’humbles pêcheurs. Simon est quelqu’un qui peut dire : « Je n’ai ni argent ni
or », et de qui le monde disait qu’il était un homme illettré et du commun (Actes 3:6 ; 4:13).
L’absence de richesses et d’instruction humaine n’est pas un obstacle pour être un compagnon
du Seigneur ou pour être employé à son service. Toutefois, aussi modeste que soit la
profession de ceux que le Seigneur se plaît à engager dans son service, ils ne sont pas sans
travail. Ces hommes simples vaquaient à leur occupation de pêcheurs lorsque le Seigneur les a
appelés à devenir pêcheurs d’hommes. Le service du Seigneur n’est pas destiné à ceux qui
n’ont rien d’autre à faire.

En outre, les serviteurs du Seigneur doivent être préparés pour le service, et cette formation ne
peut s’effectuer que dans sa compagnie ; aussi le Seigneur dit : « Venez après moi, et je vous
ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Cela est toujours vrai, selon cette parole du Seigneur :
« Si quelqu’un me sert, qu’il me suive » (Jean 12:26). Hélas ! nous pouvons nous contenter de
recevoir l’évangile pour le profit de nos âmes, et peu connaître ce que c’est que de persévérer
à la suite du Seigneur dans le sentier de foi et d’humble obéissance qui prépare le chemin pour
le service. Il ne nous est peut-être pas demandé de tout abandonner littéralement, comme ce
fut le cas pour les disciples quand le Seigneur était ici-bas sur la terre, mais si nous voulons le
servir, ce ne peut être que lorsqu’il devient, en esprit, l’Objet béni de notre âme. Tous ne sont
sans doute pas appelés à abandonner leur profession journalière. Ce chemin n’est en fait
réservé qu’à un petit nombre. Il est clairement enjoint à la majorité des enfants de Dieu de
demeurer dans leur vocation terrestre (1 Cor. 7:20). Toutefois le Seigneur a un service pour
chacun, car « à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ » (Éph.
4:7). Ce service implique le renoncement à toutes les choses qui nous embarrasseraient dans
les affaires de cette vie, et il ne peut être accompli que si nous restons près de Lui. Quant aux
disciples, ils ont répondu immédiatement à l’appel du Seigneur, car nous lisons qu’« ils le
suivirent », et encore qu’« ils s’en allèrent après lui ».

3 Le parfait Serviteur (Chap. 1:21-45)


        

Le chemin du Seigneur a été préparé et ceux qui l’accompagneront durant son service ont été
choisis. Dans ce qui suit, nous avons le récit de quelques événements qui placent devant nous
d’une manière admirable le parfait Serviteur. Dans la gloire de sa Personne, il doit toujours
être seul ; mais dans son service, nous avons le modèle parfait pour tout serviteur du Seigneur.
Pierre nous donne un très beau résumé de l’évangile selon Marc quand il dit : « Jésus qui était
de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en
lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car
Dieu était avec lui » (Actes 10:38). Certes, nous ne sommes pas appelés à accomplir des
miracles de guérison, car dans un jour de ruine, l’Église a été dépouillée de ses ornements ;
mais c’est dans la manière dont il a servi que nous sommes invités à le suivre.

3.1       1:21, 22

Accompagné de ses disciples, le Seigneur entre dans la synagogue à Capernaüm et y enseigne


le jour du sabbat. D’emblée nous voyons un trait marquant du parfait Serviteur, car nous
lisons qu’en contraste avec les scribes, « il les enseignait comme ayant autorité ». Sa parole
ne consistait pas en simples arguments faisant appel à la raison, mais il parlait avec l’autorité
de Celui qui proclame la vérité avec puissance et conviction. Dans nos jours, et selon notre
mesure, nous avons à user avec autorité de tout don donné de Dieu, car, dit Pierre dans son
épître, « si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu » (1 Pierre 4:10, 11 ). Si nous
présentons la doctrine avec tous les arguments pour ou contre, laissant aux auditeurs le soin
de juger ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, nous ne parlons pas avec autorité ; nous sommes
semblables à ceux qui tâtonnent à la recherche de la vérité. Nous devons parler comme ceux
qui, par grâce, sont convaincus de la vérité qu’ils proclament. Ce n’est pas incompatible avec
l’humilité d’esprit, car en fait ce sont les humbles qui connaissent la pensée de Dieu : « Il
enseignera sa voie aux débonnaires » (Ps. 25:9).

 
3.2       1:23-28

Le fait de chasser un esprit immonde met en évidence un autre trait du parfait Serviteur. S’il
parle avec autorité, sa parole porte en elle-même la puissance. Au sein de la profession
religieuse juive se trouvait un homme possédé d’un esprit immonde. La présence de Jésus lui
était intolérable ; aussi « il s’écria, disant : Ha ! qu’y a-t-il entre nous et toi ». Quelle que soit
l’ignorance des hommes, les démons, eux, savent que cet humble Serviteur — Jésus le
Nazarénien — n’est rien moins que le Fils de Dieu. Mais le Seigneur ne veut pas recevoir de
témoignage du diable. Il reprend le démon, le fait taire et lui commande de sortir. Après avoir
manifesté sa puissance sur l’homme en le déchirant, et en criant à haute voix, le démon doit se
soumettre à la toute-puissance du Seigneur et sortir de l’homme.

Déjà étonnés par le fait qu’il enseignait avec autorité, les auditeurs le sont maintenant devant
la puissance qui accompagnait sa parole, à laquelle même les esprits immondes doivent se
soumettre.

3.3       1:29-34

Un autre trait magnifique du parfait Serviteur apparaît encore devant nous dans la scène qui
suit. Bien qu’il ait toute autorité et toute puissance, il est accessible à tous. Alors qu’il entre
dans l’humble demeure d’un pêcheur où quelqu’un a besoin de sa puissance en guérison, nous
lisons : « Aussitôt ils lui parlent d’elle ». Puis, comme le soleil se couchait, « on lui apporta
tous ceux qui se portaient mal ». Quelle différence avec les grands de ce monde ! Plus ils ont
d’autorité et de puissance, moins ils sont accessibles aux pauvres et à ceux qui sont dans le
besoin. Le Seigneur n’a pas changé aujourd’hui : bien qu’il soit haut élevé dans la gloire
céleste, nous pouvons « lui parler » et « lui apporter » toutes nos peines et tous nos soucis.

Non seulement il guérissait les hommes de leurs diverses maladies, mais il les délivrait aussi
de la puissance des démons. Cependant, tout en manifestant sa puissance absolue sur ceux-ci,
il ne leur permettait pas « de parler parce qu’ils le connaissaient ». Comme quelqu’un l’a dit :
« Il refusait un témoignage qui n’était pas de Dieu. Bien que ce témoignage puisse être vrai, il
ne voulait pas l’accepter de la part de l’ennemi ».

3.4       1:35

La scène animée de cette soirée bien remplie est suivie par une scène très matinale :
longtemps avant le jour, nous voyons le Seigneur s’en aller dans un lieu désert pour prier.
Nous apprenons ainsi que la dépendance de Dieu, exprimée par la prière, est un autre trait du
parfait Serviteur. La puissance du service en public réside dans la prière faite dans le secret.
Par la bouche du prophète qui anticipe ce moment, nous entendons la voix de Jésus disant :
« Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une
parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute
comme ceux qu’on enseigne » (És. 50:4). Nous avons vu le Seigneur avoir la langue des
savants ; nous le voyons maintenant l’oreille ouverte pour écouter comme ceux qu’on
enseigne. Nous apprenons ainsi que la prière est à la base de son enseignement (v. 21) et de sa
prédication (v. 39). Cherchons à suivre son exemple parfait et à commencer nos journées avec
Dieu dans la prière, avant de rencontrer nos semblables en public, car sous le faix du jour et la
chaleur, il est difficile de trouver « un lieu désert ».

3.5       1:36-39

Les disciples suivent le Seigneur et, l’ayant trouvé, ils disent : « Tous te cherchent ». Cela met
en lumière un autre trait du parfait Serviteur — le refus de ce qui n’est que de la popularité.
La nature pourrait arguer que si tous nous cherchent, c’est qu’il faut rester là ; mais c’est à ce
moment que le Seigneur dit : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines ». Serviteur de
l’Éternel, il n’était pas là pour gagner de la popularité, mais pour faire la volonté de Dieu.

3.6       1:40-42

Nous avons vu la puissance du Serviteur et le secret de la puissance ; il nous est accordé


maintenant de contempler la grâce qui met la puissance au service du plus vil des pécheurs.
Un pauvre lépreux, poussé par sa misère et attiré par une puissance qu’il sait capable d’y
répondre, vient au Seigneur ; mais il doute de sa grâce pour user de sa puissance en faveur
d’un être que sa maladie repoussante rejetait hors de la société. Aussi dit-il à Jésus : « Si tu
veux, tu peux me rendre net ». Regardant à Christ, il n’avait aucun doute quant à Sa
puissance ; regardant à lui-même, il mettait la grâce du Seigneur en question. Nous-mêmes
aussi, lorsque nous réalisons la noirceur de notre cœur, nous pourrions parfois douter de la
grâce du sien, jusqu’au moment où, dans sa présence, comme le lépreux, nous découvrons que
le cœur de Jésus est « ému de compassion » envers le plus vil des pécheurs qui vient à lui. La
femme auprès du puits et le brigand sur la croix ont eux aussi trouvé en Jésus quelqu’un qui
connaissait les pires choses à leur sujet, et qui pourtant avait le cœur rempli de grâce pour eux.
Sa grâce est plus grande que notre péché. Dans le cas du lépreux, le Seigneur chasse le doute
en disant : « Je veux », exprimant l’amour et la compassion d’un cœur prêt à faire usage de sa
puissance en faveur d’un homme dans le besoin.

3.7       1:43-45

Ce qui suit présente un autre trait magnifique du parfait Serviteur. Il ne cherche pas sa propre
gloire, mais la gloire de Celui qu’il sert. Ainsi nous entendons le Seigneur dire au lépreux
guéri : « Prends garde de n’en rien dire à personne ». Toutefois, il doit se montrer au
sacrificateur, et la loi devient ainsi un témoin de la présence de Dieu en grâce. Sous la loi,
Dieu seul pouvait guérir le lépreux, et le sacrificateur ne pouvait que rendre témoignage de ce
que Dieu avait fait.

Ainsi dès le début du sentier d’humble service du Seigneur, sa perfection comme Serviteur est
placée devant nous. Son service est caractérisé par l’autorité, accompagnée de la puissance.
Cette puissance est combinée avec sa disponibilité envers les humbles et les nécessiteux, et
elle est exercée dans la dépendance de Dieu ; il refuse de l’employer pour acquérir de la
popularité ; elle est jointe à sa tendre compassion et il ne l’utilise jamais dans le but de
s’exalter lui-même.

4 Le ministère du Seigneur (Chap. 2)


        

Dans la partie de l’évangile que nous venons de considérer, nous avons vu le parfait
Serviteur ; cette nouvelle division place devant nous la perfection de son service, la foi qui en
bénéficie et l’opposition qu’il suscite. Il nous est accordé de voir que le ministère du Seigneur
est caractérisé par la justice et la grâce — la justice qui soulève la question des péchés (v. 1-
12) et la grâce qui bénit les pécheurs (v. 13-17). Un tel ministère suscite aussitôt l’opposition
des hommes, car la justice qui soulève la question des péchés dérange la conscience, et la
grâce qui bénit le pécheur offense l’orgueil religieux.

4.1       2:1, 2

Nous avons déjà vu le Seigneur et ses disciples à Capernaüm. Une nouvelle fois il entre dans
cette ville privilégiée et annonce la parole aux foules qui s’assemblent. On pourrait croire que
les âmes sont avides d’entendre la vérité ; hélas ! un peu plus tard le Seigneur doit dire : « Toi,
Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans le hadès ; car si les
miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits dans Sodome, elle serait demeurée
jusqu’à aujourd’hui. Mais je vous dis que le sort du pays de Sodome sera plus supportable au
jour de jugement que le tien ». C’est à Capernaüm que l’homme avait été délivré d’un esprit
immonde ; c’est là que la belle-mère de Simon avait été guérie ; c’est là qu’on lui avait
apporté la multitude de ceux qui se portaient mal et qu’il les avait guéris, et c’est là que le
paralytique recevait maintenant le pardon de ses péchés. Capernaüm avait véritablement été
placée très près du ciel, de la puissance et de la grâce du ciel, mais en vain pour ce qui
concernait la grande masse. En ce jour-là comme dans le nôtre, la seule présence des foules ne
signifie pas que les âmes sont exercées ou les consciences réveillées. La venue du Seigneur au
milieu d’eux n’était à leurs yeux que la merveille du jour ; mais devant Dieu, l’absence de
repentir en présence d’un tel ministère les mettait dans une condition plus terrible.

4.2       2:3, 4

Toutefois, là où il y avait de la foi en Christ, la bénédiction était reçue. L’œuvre de Dieu n’est
pas accomplie par des mouvements de masse, mais par le travail individuel dans les âmes ; et
là où il y a de la foi, il y aura des difficultés à vaincre. Le paralytique ne pouvait rien faire par
lui-même, aussi était-il « porté par quatre personnes » ; et même ainsi, ils ne pouvaient
« s’approcher de lui, à cause de la foule ». Mais la foi vainc tous les obstacles.

 
4.3       2:5

Le Seigneur reconnaît leur foi et, comme dans chacune de ses voies envers nous, il voit au-
delà du simple besoin extérieur qui peut nous avoir amené à lui, et s’occupe d’abord de la
racine du mal. Au-delà de la paralysie, comme au-delà de toute maladie, il y a la question du
péché qui a introduit la maladie et la mort dans le monde. Il se peut que l’homme et ceux qui
l’avaient amené n’aient été que peu exercés quant aux péchés ; cependant ils avaient foi dans
le Seigneur, et le Seigneur répond tout de suite à cette foi et commence à révéler les
bénédictions qui sont la part de ceux qui croient ; ainsi il peut dire : « Tes péchés sont
pardonnés ».

4.4       2:6, 7

Dès le moment où le Seigneur fait usage de sa puissance pour pardonner les péchés,
l’opposition se manifeste. Les hommes ne font pas d’objection à ce que des démons soient
chassés, ni à la guérison de maladies ou à la purification de lépreux, car de telles délivrances
soulagent l’homme d’épreuves physiques sans nécessairement troubler sa conscience. Mais
dès qu’Il parle des péchés, la conscience est atteinte et les hommes commencent à s’opposer.
Ils disent : « Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu ? » Leur argument était juste
quant au principe, car Dieu seul peut pardonner les péchés ; il était faux dans son application,
car ils ne discernaient pas la gloire de la Personne qui était présente — Dieu manifesté en
chair.

4.5       2:8

Les hommes qui raisonnaient ainsi sont laissés sans excuse, car le Seigneur agit de manière à
mettre en évidence la gloire de sa Personne. Il leur montre qu’ils sont en présence de Celui à
qui aucune pensée n’est cachée. Ils n’ont peut-être pas prononcé une parole, mais tout était
connu de Celui qui sonde les cœurs et peut dire : « Pourquoi faites-vous ces raisonnements
dans vos cœurs ? » La réponse à leurs raisonnements, comme à tous les raisonnements
humains, n’est-elle pas que, chez celui qui n’a pas conscience de ses besoins, il ne peut y
avoir d’appréciation de la Personne de Christ ?

4.6       2:9-12

Dans sa grâce le Seigneur prononce une autre parole qui manifeste sa puissance divine d’une
manière que même l’homme naturel peut apprécier. « Lequel est le plus facile, de dire... : Tes
péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, prends ton petit lit, et marche ? » Il a été dit à
juste titre : « Les deux étaient également faciles pour Dieu, également impossibles pour
l’homme ». Afin que les hommes « sachent » que le Seigneur avait le pouvoir de pardonner, il
dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison ». Cette manifestation
extérieure de puissance était le garant de la réception intérieure du don de la grâce. La foule
dit aussitôt : « Nous ne vîmes jamais pareille chose ».
 

4.7       2:13-15

La proclamation du pardon des péchés a excité le ressentiment des chefs juifs. Cette
opposition est le premier signe du rejet complet de Christ, rejet qui impliquait la mise de côté
des Juifs. C’est alors l’occasion de donner, dans l’appel de Lévi, une indication de la
dispensation nouvelle qui allait être introduite par le Seigneur. Ainsi nous lisons : « Et il sortit
encore et longea la mer ». Dans l’Écriture, la mer est souvent employée pour représenter les
nations ; elle suggère par conséquent la grande vérité que le Seigneur allait devenir le centre
de rassemblement du christianisme, pour les croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils.
La parole adressée à Lévi était : « Suis-moi ». En outre, le fait que Lévi était un publicain, ou
un percepteur d’impôts, met en évidence le grand trait caractéristique du christianisme en
contraste avec la loi. Aux yeux d’un Juif, aucune occupation n’était plus vile et plus
scandaleuse que celle d’un homme qui gagnait sa vie en extorquant le tribut pour les Romains
haïs. Que le Seigneur puisse appeler un tel homme, c’était la manifestation de la grâce
immense qui élève un pécheur de la place de dégradation la plus basse à la place la plus
élevée, au service du Seigneur comme apôtre. Lévi répond aussitôt à l’appel, et prépare dans
sa maison un festin auquel il invite beaucoup de publicains et de pécheurs, afin que ceux-ci
puissent rencontrer le Sauveur des pécheurs.

4.8       2:16

Une telle manifestation de grâce excite l’opposition de ceux que caractérisent l’orgueil
intellectuel et l’orgueil religieux. Ils sont profondément offensés par la grâce qui les ignore,
prend un pécheur beaucoup plus enfoncé qu’eux dans la dégradation morale, et l’élève à une
place bien supérieure à la leur en bénédiction et en puissance. Ces opposants ne s’approchent
pas de Christ, comme une âme exercée l’aurait fait, mais ils se tournent vers les disciples. Et,
de même que le serpent chercha à ébranler la confiance d’Ève en Dieu en posant ce qui
paraissait être une question toute simple, ces hommes essaient d’ébranler la confiance des
disciples dans le Seigneur en posant ce qui pouvait leur sembler une question très sensée :
« Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les pécheurs ? »

4.9       2:17

Le Seigneur répond à cette question par une simple analogie : « ceux qui sont en bonne santé
n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal ». Puis il en fait l’application en
disant : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». Ils insinuaient que le
Seigneur s’associait à des pécheurs ; il répond qu’il « appelait » des pécheurs à quitter leur
état pour le suivre. La grâce envers le pécheur ne signifie pas de l’indifférence à l’égard de ses
péchés.

 
4.10  2:18

Mais les pharisiens gagnent de l’assurance. Ils avaient essayé de saper la confiance des
disciples dans le Seigneur en leur posant des questions à son sujet ; maintenant ils vont
chercher à prendre les disciples en faute en soulevant devant le Seigneur des questions à leur
propos. « Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, mais tes disciples
ne jeûnent pas ? »

4.11  2:19-22

Le Seigneur a de nouveau recours à une analogie pour mettre au jour leur folie. Conviendrait-
il de jeûner en présence de l’Époux ? Pareillement, serait-il opportun de jeûner en présence de
Celui qui dispensait la bénédiction tout autour de lui ? Les jours viendraient où Christ ne
serait plus là. Considération solennelle pour ceux qui s’opposaient à la grâce ! Alors, certes, le
jeûne serait à sa place ; non simplement l’abstention de nourriture, mais le renoncement aux
plaisirs d’un monde qui a rejeté Christ. Comme toujours, le Seigneur fait davantage que de
répondre à leur question. Il prouve qu’elle révèle leur incapacité totale à entrer dans les voies
nouvelles de Dieu en grâce. Le nouveau caractère de la grâce manifesté dans la vie, la marche
et la conduite, ne pouvait pas davantage être lié à l’ancien ordre de choses qu’une pièce de
drap neuf ne peut être cousue à un vieil habit. La vie intérieure, et la puissance de cette
nouvelle vie, ne peuvent pas non plus être contenues dans de vieilles outres. Le vin nouveau
demande des outres neuves. La puissance et l’énergie du Saint Esprit n’ont rien de commun
avec la chair. Le Seigneur introduisait ce qui était entièrement nouveau, présenté en figure par
la « pièce neuve », le « vin nouveau » et les « outres neuves ». Quand ce qui est nouveau est
introduit, on ne peut pas retourner à ce qui est ancien. Hélas ! c’est ce que la chrétienté a
essayé de faire en attachant les formes du judaïsme au christianisme. Les doctrines de la grâce
ont été reçues, mais dans la pratique, les formes de la loi ont été adoptées.

4.12  2:23-28

Dans l’incident qui eut lieu un jour de sabbat, nous voyons une indication de plus que tout le
système représenté par le sabbat allait être mis de côté. En soulevant la question du sabbat, les
pharisiens professent un grand zèle pour l’observation extérieure d’un jour, alors qu’ils sont
absolument indifférents au fait que le Seigneur du sabbat et ses disciples peuvent avoir faim.
Ils prétendaient glorifier Dieu au moment même où ils rejetaient son témoin. Le Seigneur
démasque leur hypocrisie en rappelant l’histoire de David et de ses compagnons qui, au jour
de leur rejet, eurent faim. Dans cette circonstance, lorsque l’oint de Dieu était rejeté,
pourchassé et affamé, le pain de proposition perdait sa valeur à Ses yeux, et ainsi David et
ceux qui étaient avec lui ne commettaient pas de péché en agissant contrairement à la lettre de
la loi et en mangeant de ce pain. De même pour le sabbat : il était pour la bénédiction des
hommes et non pas pour augmenter les souffrances d’êtres affamés. En outre, « le Fils de
l’homme est Seigneur aussi du sabbat », et par conséquent au-dessus du sabbat qu’il a institué.

Dans le cours de ce chapitre, il nous est ainsi accordé de voir la justice qui soulève la question
des péchés, la grâce qui pardonne les péchés et appelle des pécheurs, et la foi qui obtient la
bénédiction. Puis nous voyons l’opposition que le cœur naturel, s’il est laissé à lui-même,
élève toujours contre un ministère de justice et de grâce. Enfin, cette opposition devient
l’occasion de montrer le changement de dispensation qui allait se produire.

5 Le changement de dispensation (Chap. 3)


        

Dans les chapitres précédents, nous avons vu le parfait Serviteur, dans son ministère de grâce
et de puissance, dispenser la bénédiction au milieu de la nation juive. Nous avons vu
également que si ce ministère mettait en lumière la foi d’un résidu pieux, il suscitait aussi
l’inimitié des conducteurs de la nation. Ils osèrent accuser le Seigneur d’être un
blasphémateur, de s’associer avec des pécheurs et de violer le sabbat.

Cette opposition annonçait le grand changement de dispensation qui allait avoir lieu. Les
Juifs, qui rejettent leur Messie et commettent l’impardonnable péché contre le Saint Esprit,
seront mis de côté, et la grâce se déversera sur les Gentils. L’ancien ordre de choses sous la
loi et le judaïsme cédera la place au règne de la grâce sous le christianisme. Ce changement de
dispensation est indiqué, dans cette nouvelle division de l’évangile, par une série
d’événements se déroulant dans la synagogue (v. 1-6), au bord de la mer (v. 7-12), sur la
montagne (v. 13-19), et dans la maison (v. 20-35). Chacune de ces places et de ces scènes a sa
signification particulière.

5.1       3:1-6

Le premier incident nous montre le Seigneur entrant « encore dans la synagogue », mettant
ainsi en évidence sa présence au milieu de la nation juive — car la synagogue était le lieu de
rassemblement de ceux qui étaient sous la loi. Quelle scène frappante n’avons-nous pas dans
cette synagogue de Capernaüm ! Le Serviteur parfait de Dieu — le Seigneur de gloire — est
là avec sa puissance pour bénir, et la grâce de son cœur pour faire bénéficier de cette
puissance celui qui en a besoin. L’homme est là dans toute la profondeur de ses besoins, mais
incapable de faire quoi que ce soit par lui-même, car il a la main desséchée. L’homme
religieux est là, sans aucune conscience de ses besoins, aveugle à la gloire du Seigneur et
indifférent aux besoins des autres.

De ces pharisiens, il est dit qu’« ils l’observaient », non pas pour apprendre quelque chose de
ses voies et de la grâce de son cœur, mais pour voir s’il ferait du bien « le jour de sabbat » en
guérissant le pauvre infirme qui se trouvait là. Cela leur donnerait ainsi l’occasion d’accuser
le Seigneur de travailler le jour de sabbat. Quel témoignage à la perfection de Christ : ses
ennemis n’attendent aucun mal de lui, mais savent qu’il fera du bien ! De nos jours, et dans
une certaine mesure, les hommes du monde ne rendent-ils pas inconsciemment témoignage à
la vérité du christianisme, en attendant des chrétiens qu’ils fassent le bien et agissent d’une
manière différente de la leur ? Si le christianisme était entièrement faux, pourquoi les
inconvertis voudraient-ils que les chrétiens agissent mieux qu’eux ?

Si le Seigneur n’était pas le Fils de Dieu et le Serviteur de l’Éternel, pourquoi ces Juifs
s’attendraient-ils à ce qu’il guérisse cet homme ? Inconsciemment, ils rendent témoignage à la
grâce de son cœur et à la dureté des leurs. Comme le Seigneur savait ce qui était dans leurs
cœurs et qu’ils cherchaient une occasion contre lui, nous pourrions penser qu’il aurait été
prudent de s’abstenir de guérir l’homme en public, et de priver ainsi ces hommes méchants de
ce qu’ils attendaient. Mais le Seigneur était là pour manifester la grâce de Dieu ; aussi agit-il
tout à fait ouvertement. Il dit à l’homme de se lever « là devant tous ». Par la question qu’il
leur pose, le Seigneur donne à ses adversaires la possibilité de formuler la difficulté qu’ils
éprouvaient à l’égard d’une guérison le jour de sabbat. Mais nous lisons : « Ils gardaient le
silence ». Ce silence n’était pas celui de l’humble grâce qui caractérisait le Seigneur lorsque,
en présence des insultes, il ne répondait pas un mot. C’était un silence purement politique.
Plus éloquemment que des paroles, il trahissait la haine impuissante de leurs cœurs. Le
Seigneur les regarde avec une juste colère. Mais derrière celle-ci, il y avait de la douleur. Il
était attristé de l’endurcissement de leurs cœurs, ces cœurs qui étaient tout à fait indifférents
aux besoins de l’homme, absolument incapables d’y répondre, et opposés avec acharnement à
Celui en qui étaient et la grâce et la puissance pour bénir. Ainsi, ces hommes qui ne voulaient
pas permettre au Seigneur de faire du bien le jour de sabbat étaient tout prêts à faire du mal.
Tout à l’heure ils l’avaient observé pour l’accuser, maintenant ils tiennent conseil pour faire
périr le Dispensateur de la bénédiction.

5.2       3:7-12

La méchanceté des Juifs ne peut pas arrêter la grâce du Seigneur, ni entraver son infatigable
service d’amour. En fait, elle dévie celui-ci dans d’autres canaux et amène la grâce à atteindre
un cercle plus large. Ce changement dans les voies de Dieu est suggéré par le fait que le
Seigneur se retire de la synagogue — le centre juif — et sort vers la mer, employée si souvent
dans l’Écriture comme une image des nations. Le rejet de Christ par les Juifs ouvre la porte à
la bénédiction des Gentils.

En outre, dans cette nouvelle position du Seigneur, nous avons une indication des principes
nouveaux qui caractérisent le jour de la grâce. Les Juifs dans la synagogue étaient dirigés par
la vue — « ils l’observaient » ; leurs cœurs étaient endurcis quant à leurs propres besoins, et
pleins d’inimitié à l’égard de Celui qui seul pouvait y répondre. Ce qui se passe au bord de la
mer est bien différent : « une grande multitude », comprenant des Gentils, est attirée vers le
Seigneur, « ayant entendu les choses qu’il faisait ». La foi vient de ce qu’on entend et résulte
d’un sentiment de besoin. En effet, s’ils étaient attirés vers Christ par sa grâce, ils étaient
poussés vers lui par leurs besoins. « Tous ceux qui étaient affligés de quelque fléau »
venaient. Salomon, dans sa prière, parle de tout homme reconnaissant « la plaie de son propre
cœur », et mentionne le seul moyen de guérison : la placer devant Dieu (1 Rois 8:38). Une
plaie dans le cœur est une chose connue seulement de celui qui en est atteint, et qui le prive de
sa joie. Ce peut être une question non réglée entre l’âme et Dieu, ou un péché caché non
confessé. La foi, consciente de la grâce qui est dans le cœur de Christ, peut découvrir sa plaie
devant lui et trouver la délivrance de tout ce qui la trouble.

 
5.3       3:13-19

La scène se déplace de nouveau de la mer à la montagne. Le Seigneur avait été avec les Juifs
dans leur synagogue et il n’y avait trouvé qu’une main desséchée, des cœurs endurcis et une
inimitié mortelle. Au bord de la mer, il avait été le centre d’attraction pour les âmes dans le
besoin, parmi les Juifs et les Gentils. Nous sommes maintenant élevés au-dessus du monde
des hommes pour apprendre, sur la montagne, quelque chose des nouvelles voies de Dieu.
Dans le choix souverain des douze, le fondement est posé pour le nouvel ordre de bénédiction
qui allait être introduit. L’Église est tirée d’entre les Juifs et les Gentils et est édifiée « sur le
fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin »
(Éph. 2:20). Lorsque, à la fin, nous avons une description de l’Église dans la gloire, nous
trouvons sur les fondements de la cité les noms des douze apôtres de l’Agneau (Apoc. 21:14).

Cette œuvre nouvelle ne découle pas de la responsabilité de l’homme. Elle est entièrement de
Dieu. Le Seigneur, s’étant retiré des hommes et de leur monde, « appelle ceux qu’il voulait »,
selon son choix souverain. Il les appelle, il les établit, il les envoie, et il leur donne de la
puissance. Mais avant tout, ils sont choisis « pour être avec lui ». L’objet le plus important et
le plus cher à son cœur est d’avoir les siens avec lui. Ici, toutefois, c’est spécialement en vue
du service, pour lequel la compagnie du Seigneur est la seule vraie préparation. Ainsi, dans
une scène antérieure, le Seigneur pouvait dire : « Venez après moi, et je vous ferai devenir
pêcheurs d’hommes ». (Et plus tard, en Jean 12:26 : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive »).
Comme le fait de le suivre sur la montagne l’indique, pour trouver Christ, nous devons être
séparés du monde comme il l’est lui-même. De là, de cette place de séparation dans sa
compagnie, les disciples sont envoyés pour prêcher la bonne nouvelle. C’était quelque chose
de tout à fait nouveau. Dans le système juif, il y avait bien la lecture et l’explication de la loi
dans les synagogues, mais il n’y avait pas de prédication. Cette chose nouvelle devait être
introduite avec la puissance de guérir les maladies et de chasser les démons. Non seulement
Christ fait lui-même des miracles, mais il peut donner à d’autres la puissance d’en accomplir.

5.4       3:20, 21

S’étant associé les disciples, le Seigneur entre maintenant dans la maison. En rapport avec la
maison, il est question de ses proches selon la chair. Si, sur la montagne, nous voyons posé le
fondement de ce qui est entièrement nouveau, dans la maison, nous apprenons que le Seigneur
ne reconnaît plus aucun lien avec Israël selon la chair. Ses proches éprouvaient de la honte à
être liés à un homme que leurs chefs condamnaient, et dont l’enseignement et les voies
condamnaient le monde. N’étant pas préparés à porter l’opprobre du Christ, ils cherchaient à
l’arrêter, car ils disaient : « Il est hors de sens ». Ils admettaient vraisemblablement toutes les
accusations que leurs chefs prononçaient contre lui, mais ils disaient : « il est hors de sens », il
faut le tenir sous garde.

5.5       3:22

Les scribes de Jérusalem qui, en raison de leur position officielle et de leur supériorité
intellectuelle, avaient de la puissance et de l’influence sur le peuple, refusent d’accepter le
prétexte de la folie. Ils savaient qu’il ne s’agissait pas de l’esprit d’un malade mental,
concentrant toute son énergie sur un seul point, mais d’une puissance très réelle qui chassait
les démons. Ils savaient que c’était une puissance au-delà de celle de l’homme. Ils ne
voulaient pas reconnaître qu’elle était de Dieu et, par conséquent, ils étaient obligés de
l’imputer au diable — la seule autre puissance possible.

5.6       3:23-30

Cette terrible accusation scelle leur condamnation. Et pourtant, avec quelle grâce et quel
calme parfaits le Seigneur ne répond-il pas à cette méchanceté. Sur la montagne, le Seigneur
venait d’appeler les douze à lui, pour se les associer dans un ministère de bénédiction. Il
appelle maintenant à lui ses ennemis pour prononcer leur condamnation. Quelle pensée
solennelle ! Celui qui appelle en grâce, appellera en jugement. Le Seigneur montre que leur
accusation n’était pas seulement folie et ignorance, mais un blasphème délibéré contre le
Saint Esprit. Il y avait ici Celui qui, plus puissant que l’homme fort, pillait ses biens, montrant
par là qu’il l’avait lié. Toute cette puissance était exercée par le Seigneur Jésus dans la
puissance du Saint Esprit (cf. Actes 10:38). Aussi, l’attribuer au diable, c’était traiter le Saint
Esprit de démon. Un tel péché ne pouvait pas être pardonné. C’était la fin de tout espoir pour
Israël sur le terrain de la responsabilité. Tel est le solennel aboutissement de tout le service de
grâce du Seigneur dans ce monde. « Dans l’activité de la bonté divine, l’homme ne peut rien
voir d’autre que folie et œuvre du diable » (J. N. D.).

5.7       3:31-35

La scène solennelle qui suit en est le résultat terrible pour la nation juive. Toute relation avec
Israël selon la chair est abandonnée. Tout lien avec la nation est brisé. En même temps le
Seigneur distingue un résidu, qui est en relation avec lui, non pas en raison de ses liens
naturels avec Israël, mais par la foi en Sa parole (voir Jean 6:39, 40).

6 Du fruit pour Dieu et de la lumière pour


        

l’homme (Chap. 4)
Dans le chapitre 4 de Marc, quatre paraboles et l’incident de la tempête sur la mer donnent un
tableau complet du service du Seigneur sur la terre lors de sa première venue, et le résultat de
ce service lorsqu’il est laissé à la responsabilité des hommes pendant le temps de son absence.

 
6.1       4:1-20

Le rejet de Christ par les chefs des Juifs, et — ce qui en est résulté — la rupture par Christ lui-
même de tout lien avec Israël selon la chair, ainsi que nous l’avons vu au chapitre 3, donnent
l’occasion de révéler le vrai caractère du service du Seigneur. Jusqu’à ce moment, dans son
ministère de grâce, il semblait chercher du fruit en Israël ; maintenant, la parabole du Semeur
montre clairement qu’il travaillait pour produire du fruit. Son ministère était en fait une mise à
l’épreuve d’Israël, prouvant qu’il n’y a pas de fruit pour Dieu dans l’homme déchu laissé à
lui-même. S’il doit y avoir du fruit, il ne peut être produit que par l’œuvre de Dieu lui-même
dans l’âme des hommes, ce qui est représenté par le travail du semeur.

En outre, si une œuvre de Dieu est nécessaire, elle ne peut pas être limitée à une nation. Cela
prouve que les besoins des Juifs sont aussi grands que ceux des Gentils, et que tous les deux
sont pareillement incapables d’assurer leur propre bénédiction. Ainsi le service de grâce du
Seigneur a en vue tous les hommes. Cette vérité est suggérée par le fait que le Seigneur « se
mit encore à enseigner près de la mer ».

Dans l’interprétation stricte de la parabole, nous devons tous reconnaître que le Seigneur est le
Semeur et que la semence est la parole de Dieu. Par conséquent, le Semeur était parfait,
l’ensemencement était sans défaut et la semence, bonne. Toutefois, à cause du caractère du
sol, dans trois cas sur quatre aucun résultat durable n’est produit. La parabole indique que
lorsque l’évangile est prêché, il peut être écouté par quatre classes différentes de personnes.
Pour employer le langage de la parabole, il y a des auditeurs caractérisés comme étant « le
long du chemin », des auditeurs pareils à « des endroits rocailleux », d’autres semblables à un
sol couvert d’« épines » et enfin ceux dont il est parlé comme étant de « la bonne terre ».

Ceux qui sont « le long du chemin » sont ceux qui entendent sans que leur conscience soit
atteinte. C’est comme de la semence qui tombe sur le sol dur, mais ne pénètre pas sous la
surface. Les oiseaux du ciel n’ont aucune peine à dévorer ces grains, et Satan peut enlever ce
qui n’est que d’un intérêt passager pour l’esprit et ne touche pas la conscience.

La semence qui tombe sur les endroits rocailleux lève et revêt une certaine apparence, mais
sous la chaleur du soleil elle se flétrit, parce qu’elle n’a pas une terre profonde. Le Seigneur
explique que ce sont là ceux qui, lorsqu’ils ont entendu la parole, la reçoivent aussitôt avec
joie ; mais il n’y a pas d’œuvre de Dieu dans leur âme. Recevoir la parole avec joie, sans
exercice préalable, n’est pas un bon signe. Lorsque Dieu travaille dans une âme, il agit dans la
conscience, réveillant un sentiment de péchés et de culpabilité. Ainsi le premier effet de la
parole n’est pas la joie, mais l’affliction. Cela conduit au jugement de soi-même et à la
repentance envers Dieu. À la suite du jugement de soi-même, les ténèbres se dissipent ; la
lumière de Dieu pénètre dans le cœur, produisant un exercice auquel répond l’amour de Dieu
inspirant la confiance, quand la lumière a fait son œuvre.

Dans le troisième cas, la bonne nouvelle est entendue, mais la parole est étouffée et ne produit
pas de résultat durable. Dans chacun des cas le Seigneur parle de ceux qui ont entendu la
parole, non pas de ceux qui n’ont jamais entendu l’évangile. Entendre la parole semble
impliquer une certaine profession qui permet d’espérer qu’il y a eu une vraie conversion,
jusqu’à preuve du contraire. Les auditeurs comparés à un sol couvert d’épines représentent
ceux qui sont tellement accablés par le souci quant aux choses présentes, ou si absorbés par la
poursuite des choses du monde, que leur profession s’évanouit. La convoitise à l’égard des
autres choses étouffe la seule chose nécessaire. Le pauvre peut être écrasé par les soucis ; le
riche, par la tromperie des richesses. Quelle chose solennelle pour une âme que d’être ruinée
par les soucis ou perdue par les richesses ! Que profitera-t-il à un homme de gagner le monde
entier s’il fait la perte de son âme ?

Le dernier cas est celui de l’auditeur comparé à la bonne terre. Une bonne terre est toujours
une terre préparée. La conscience a été touchée et par conséquent du fruit est produit, mais
même là, il y a différents degrés : l’un trente, et l’un soixante, et l’un cent. Les choses qui sont
fatales à l’incrédule peuvent gravement entraver la prospérité du vrai croyant.

6.2       4:21

Dans la deuxième parabole, nous apprenons que celui qui a reçu la bonne semence de la
parole dans son cœur est rendu capable d’être un témoin devant les hommes, et qu’il en est
responsable. Ce qui est fruit pour Dieu devient lumière pour l’homme. Faire briller la lumière
n’est pas une question de don, ni l’exercice d’une activité dans la prédication ou
l’enseignement ; c’est plutôt la vie nouvelle exprimant quelque chose de Christ, en étant
comme Christ, « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une
génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le
monde » (Phil. 2:15).

Le Seigneur nous prévient que s’il y a des obstacles à ce que la semence produise du fruit, il
peut aussi y en avoir à ce que la lumière brille pour les autres, une fois que la parole a
véritablement opéré dans le cœur. De même que la semence peut être étouffée par les soucis
du siècle ou la tromperie des richesses, la lumière peut être obscurcie, soit parce que nous
sommes absorbés par les affaires de la vie, représentées par le boisseau ; soit parce que nous
recherchons nos aises, comme le suggère le lit. Le chrétien n’est pas considéré comme étant la
lumière ; il est le pied de lampe. Christ est la lumière, le chrétien est le chandelier.

6.3       4:22

La mesure dans laquelle nous aurons été fidèles ou infidèles en rendant témoignage pour
Christ sera rendue manifeste à la fin. Le secret pour être un luminaire pour Christ, c’est
d’avoir Christ dans le cœur. « À moins que le cœur ne soit rempli de Christ, la vérité ne sera
pas manifestée ; si on a le cœur rempli de soi-même ou d’autres choses, Christ ne peut être
manifesté » (J. N. D.).

6.4       4:23

Comment alors nos cœurs peuvent-ils être remplis de Christ ? L’exhortation du Seigneur
indique que pour pouvoir en éclairer d’autres, il nous faut d’abord nous-mêmes écouter. « Si
quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Le Seigneur lui-même peut dire par le
prophète : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir
par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que
j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (És. 50:4). Si nous voulons avoir la langue des savants,
commençons par avoir l’oreille de ceux qu’on enseigne. Si nous voulons savoir comment
soutenir par une parole celui qui est las, écoutons d’abord la parole de Celui qui n’est jamais
las. Comme Marie autrefois, nous devons nous asseoir à ses pieds pour écouter sa parole,
avant de pouvoir rendre témoignage à d’autres.

6.5       4:24, 25

En outre, en rendant témoignage, nous serons nous-mêmes bénis, car le Seigneur peut dire :
« De la mesure dont vous mesurerez il vous sera mesuré ». Plus nous donnons, plus il nous
sera donné. Si nous permettons à la lumière que nous avons de briller, nous recevrons
davantage de lumière. On a dit très justement que la loi du ciel, c’est : « Disperser pour
augmenter ». Mais souvenons-nous aussi que si nous ne nous servons pas de la lumière que
nous avons, nous la perdrons. Ce n’est pas la vie que nous perdrons, mais la lumière.

6.6       4:26-29

Le Seigneur se sert d’une troisième parabole pour montrer que le temps durant lequel le
témoignage du croyant est rendu est celui de son absence. Le Royaume de Dieu allait prendre
une forme dans laquelle le Roi serait absent. C’est comme si un homme, après avoir jeté de la
semence sur la terre, ne faisait rien de plus jusqu’au moment de la moisson. Le Seigneur avait
répandu personnellement la semence lors de sa première venue et, à la fin du siècle, lorsque
ce monde sera mûr pour le jugement, il reviendra personnellement. Entre sa première et sa
seconde venue, il est à la droite de Dieu et, bien qu’il agisse toujours en grâce envers les siens,
il n’intervient pas publiquement et directement dans les affaires de ce monde. Toutefois la
semence que le Seigneur a répandue croît et produit du fruit.

6.7       4:30-34

La dernière parabole présente le résultat des semailles lorsqu’elles sont laissées à la


responsabilité de l’homme. Le christianisme qui, à son début, était de très petite apparence,
« semblable à un grain de moutarde », devient entre les mains des hommes une grande
puissance sur la terre. Mais dans sa grandeur, il devient un abri pour le mal. « Les oiseaux du
ciel peuvent demeurer sous son ombre ». Ce qui, au début, attirait des âmes hors de ce monde
pour les rassembler autour du Seigneur, devient à la fin un vaste système qui abrite toutes les
choses mauvaises.

6.8       4:35-41

La tempête sur la mer fournit un tableau qui vient compléter l’enseignement de ce chapitre.
Nous avons vu le Seigneur semer de la bonne semence, et nous avons appris que ceux dans le
cœur desquels la semence a été productive sont laissés dans ce monde afin d’y être des
lumières pour Christ. La troisième parabole nous a enseigné que ce témoignage aurait lieu
pendant l’absence de Christ. La dernière nous a indiqué que, pendant son absence, une vaste
profession religieuse allait se développer et devenir un abri pour le mal. Maintenant nous
apprenons que, dans un tel monde, ceux qui appartiennent véritablement au Seigneur
rencontreront des épreuves, mais que le Seigneur Jésus, bien qu’étant absent pour la vue, est
présent pour la foi, et qu’il domine toutes les tempêtes que les siens ont à rencontrer.

Cette scène touchante s’ouvre par les paroles du Seigneur : « Passons à l’autre rive ». Ses
dernières paroles à Pierre avant de quitter ce monde ont été : « Toi, suis-moi ». Attirés vers lui
par nos besoins et par sa grâce, nous le suivons dans un sentier qui mène à « l’autre rive » —
au cœur même de la gloire où il est allé. Cependant, si nous sommes en sa compagnie, nous
pouvons nous attendre à des luttes, car le diable est toujours opposé à Christ. Ainsi, dans ce
tableau, nous lisons : « Il se lève un grand tourbillon de vent ». Toutefois Jésus était avec eux,
mais il dormait sur un oreiller. De même que dans la parabole, après avoir jeté la semence, il
était comme un homme qui dormait (v. 27), maintenant, dans la tempête, il dormait
effectivement. Et il était ainsi, en apparence, indifférent aux épreuves des siens. De telles
circonstances mettent très réellement notre foi à l’épreuve et, comme les disciples, nous
pouvons même en arriver à nous demander si vraiment il se met en peine pour nous. Mais si
elles sont permises pour éprouver notre foi, ces circonstances deviennent aussi l’occasion de
manifester sa suprématie sur toutes les épreuves que nous devons rencontrer. De même
qu’autrefois, « s’étant réveillé, il reprit le vent, et dit à la mer : Fais silence, tais-toi ! »
aujourd’hui encore, à l’heure et de la manière qu’il voudra, il peut apaiser toute tempête et
nous introduire dans « un grand calme ». Dans l’esprit de ce tableau frappant, l’apôtre peut
écrire aux croyants de Thessalonique : « Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours
la paix en toute manière. Le Seigneur soit avec vous tous » (2 Thess. 3:16). La foi réalise que,
quelles que soient les tempêtes que nous ayons à traverser, le Seigneur est avec nous pour
nous donner la paix en tout temps et en toute circonstance. Préoccupés par « un grand
tourbillon de vent et les vagues » qui assaillent notre frêle embarcation, nous pouvons oublier
Christ et ne penser égoïstement qu’à nous-mêmes ; nous disons alors, comme les disciples :
Nous périssons. Mais une tempête soulevée par le diable parviendra-t-elle jamais à faire
échouer les conseils de Dieu à l’égard de Christ et des siens ? Aucune de ses brebis ne périra
jamais ; toutes atteindront le but à la fin. Hélas ! trop souvent, comme les disciples, nous
n’avons qu’un bien faible sentiment de la gloire de la Personne qui est avec nous. Ils ne
réalisaient guère que l’Homme qui était avec eux était aussi le Fils de Dieu.

7 La bénédiction individuelle (Chap. 5)


        

Nous avons vu le parfait Serviteur semant la bonne semence. Il nous est accordé maintenant
de voir une autre forme de Son service — sa manière d’agir avec les âmes individuellement.
Dans ce service de grâce, nous voyons non seulement la bénédiction spirituelle des âmes,
mais aussi la puissance divine triomphant du diable, de la maladie et de la mort. Il devient
ainsi évident que, dans la Personne du Seigneur, Dieu était présent en grâce et en puissance
pour délivrer l’homme des conséquences du péché ; mais même ainsi, la présence de Dieu est
intolérable à l’homme.

 
7.1       5:1-5

La première chose placée d’une manière frappante devant nous, dans l’histoire du
démoniaque, c’est la misère complète de l’homme sous la puissance de Satan. Nous voyons
un homme « qui avait sa demeure dans les sépulcres ». Les hommes meurent là où ils
habitent, et on trouvera toujours un cimetière avec ses tombes près de leurs habitations, pour
nous rappeler sans cesse que ce monde est sous l’ombre de la mort. Toute la puissance de
Satan se déploie pour entraîner l’homme à la mort. « Le voleur ne vient que pour voler, et
tuer, et détruire » (Jean 10:10). Il voudrait nous dépouiller de toute bénédiction spirituelle,
tuer le corps et détruire l’âme.

Deuxièmement, ce récit nous montre la totale incapacité de l’homme de se délivrer lui-même,


ou de délivrer autrui, de la puissance de Satan. Les efforts pour réprimer la violence de ce
pauvre homme ou pour le dompter, étaient tous vains. De même aujourd’hui, toute tentative
de refréner le mal ou de réformer la chair ne parvient jamais à délivrer le monde ni de sa
violence et de sa corruption, ni de la puissance de Satan, et est totalement incapable de
changer la chair.

7.2       5:6-13

Troisièmement, nous apprenons que, malgré notre ruine et notre incapacité, nous avons dans
la Personne de Christ Celui dont la puissance et la grâce peuvent nous délivrer de tout le
pouvoir de Satan. Le pauvre homme est si totalement identifié avec l’esprit immonde, que son
corps est la demeure et l’instrument du démon qui agit et parle par lui. Mais les démons
doivent s’incliner devant Celui qu’ils savent être le Fils de Dieu, Celui qui a la puissance de
les livrer à leur juste jugement. Les hommes peuvent ignorer la gloire et l’autorité de Christ,
mais pas les démons. Comme à la parole de Christ ils doivent sortir de l’homme, ils
demandent d’être envoyés dans des pourceaux. Apparemment, les mauvais esprits ont besoin
d’un corps naturel par lequel ils peuvent agir. Ayant obtenu la permission de le faire, ils
entrent dans les pourceaux. Leur méchanceté et leur désir de destruction se manifestent alors
immédiatement, car là, ils ne rencontrent pas de résistance dont ils ne puissent triompher
instantanément. Ainsi tout le troupeau se rue aussitôt dans la mer et est anéanti.

7.3       5:14-17

Quatrièmement, cet incident solennel nous apprend que si le pouvoir de Satan est terrible pour
l’homme, la présence de Dieu lui est intolérable, même lorsqu’elle se manifeste en puissance
et en grâce pour délivrer. Quelqu’un a dit que l’homme « redoute davantage Jésus et sa grâce
que le diable et ses œuvres ». Les hommes de la ville, qui sortent « pour voir ce qui était
arrivé », sont tout de suite mis en présence de la manifestation de la grâce et de la puissance
de Jésus. L’homme qui avait été pendant si longtemps un fléau pour le pays, ils le trouvent
« assis, vêtu, et dans son bon sens ». Magnifique image d’une âme véritablement convertie,
délivrée du terrible pouvoir de Satan, et amenée à goûter le repos aux pieds de Jésus ; elle
n’est plus nue et exposée au jugement, mais vêtue et libérée de toute accusation, justifiée
devant Dieu, Christ étant sa justice ; elle est dans son bon sens — réconciliée, toute inimitié
contre Dieu ayant disparu.

Alors nous lisons : « Ils eurent peur ». Quel commentaire sur l’état des hommes de ce monde !
Ils ont la preuve que Dieu est venu tout près d’eux, et ils ont peur. L’homme coupable a
toujours peur de Dieu. Adam, après la chute, a eu peur ; Israël, au Sinaï, a eu peur, et les
Gadaréniens ont peur. Peu importe la manière dont Dieu vient, que ce soit comme un visiteur
dans le jardin d’Éden, dans sa majesté comme au Sinaï, ou en grâce comme à Gadara : la
présence de Dieu est insupportable à l’homme coupable. Les hommes de Gadara préfèrent les
démons, le démoniaque et les pourceaux, au Fils de Dieu, même s’il est là en puissance et en
grâce pour délivrer. Aussi nous lisons : « Ils se mirent à le prier de s’en aller de leur
territoire ». Leur prière fut exaucée — il s’en alla.

7.4       5:18-20

Enfin, en contraste frappant avec les hommes de ce monde, nous voyons celui qui a été si
richement béni désirer être avec Jésus. En temps voulu son désir recevra une réponse
glorieuse, car nous savons que Christ est mort pour les croyants afin que « nous vivions
ensemble avec lui », et très bientôt, nous serons pour toujours avec le Seigneur. En attendant,
nous avons le privilège d’être pour lui dans un monde qui l’a rejeté. Aussi le Seigneur peut-il
dire à l’homme : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a
fait, et comment il a usé de miséricorde envers toi. » Et quel fut le résultat ? « Tous s’en
étonnaient ». Plus nous réalisons notre ruine totale sous le pouvoir de Satan, plus nous
prenons conscience de ce que Christ a fait pour nous, et de la compassion dont nous sommes
les objets, plus nous pouvons nous étonner.

7.5       5:21-23

Les incidents de ce chapitre cachent certainement un enseignement dispensationnel,


présentant les voies de Dieu envers Israël et les nations. Le récit du troupeau précipité dans la
mer n’a-t-il pas pour but de nous apprendre que les Juifs allaient être dispersés dans la mer
des nations, à cause du rejet de leur Messie ? Dans l’incident qui suit, celui de la jeune fille
mourante, n’avons-nous pas une image de la condition morale de la nation lorsque le Seigneur
était là ? Mais de même que le Seigneur ressuscite la jeune fille à la fin du récit, ainsi lorsqu’il
reviendra sur la terre, il fera revivre la nation. En attendant, l’histoire de la femme malade
nous enseigne que partout où des individus ont foi en Christ, ils obtiendront la bénédiction.

7.6       5:24

Dans l’histoire de cette femme, le Seigneur distingue entre la vraie foi et la simple profession
extérieure. Il nous est dit : « une grande foule le suivit, et elle le pressait » ; on pourrait en
conclure que le Seigneur était entouré par un grand nombre de croyants qui le suivaient. De
même aujourd’hui, les édifices religieux remplis de ceux qui professent adorer Christ, le nom
de Christ prononcé dans des cantiques et des prières par les lèvres d’hommes et de femmes du
monde, le nom de Christ attaché aux œuvres des hommes, tout cela pourrait nous faire penser
qu’il y a une multitude de personnes qui croient en Christ. En fait, les hommes en jugent ainsi,
car ils se disent chrétiens, ils appellent leurs contrées des pays christianisés, et leurs
gouvernements des gouvernements chrétiens. Mais cela implique-t-il que tous croient
véritablement au Seigneur Jésus ? Que tous ont une foi personnelle en Christ ? Non, hélas ! Il
y a encore aujourd’hui la grande foule de la profession extérieure ; et encore aujourd’hui le
Seigneur distingue ceux qui ont une foi personnelle en lui ; en effet nous lisons : « Le
Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Les gens qui l’entouraient étaient peut-être sincères,
car ils avaient vu ses miracles et goûté ses bienfaits, mais n’ayant aucune conscience de leur
besoin de Christ, ils n’avaient pas de foi personnelle en lui. Aujourd’hui aussi, on peut être
tout à fait sincère en embrassant, comme on dit, la religion chrétienne. Mais cette profession
extérieure de christianisme — se joindre à la foule pour suivre Jésus — ne sauvera pas l’âme,
et ne réglera pas la question des péchés, de la mort et du jugement ; elle ne brisera pas le
pouvoir du péché, et elle ne délivrera ni de la corruption de la chair et du monde, ni de la
crainte de la mort.

7.7       5:25

Pour qu’il y ait une vraie bénédiction, il doit y avoir une foi personnelle dans le Seigneur
Jésus. Dans le cas de la femme, ce contact personnel de la foi est illustré d’une façon
admirable. Premièrement, nous voyons que là où il y a de la foi, il y aura toujours une certaine
conscience du besoin d’un Sauveur personnel. Cette conscience peut varier beaucoup d’un cas
à l’autre, mais elle existera.

7.8       5:26

Deuxièmement, la femme n’avait pas seulement conscience de son besoin, mais elle réalisait
combien son cas était sans espoir, s’il était laissé à ses propres efforts et aux capacités des
hommes. Elle avait beaucoup souffert de la part d’un grand nombre de médecins et avait
dépensé tout son bien en vaines tentatives de trouver une guérison.

7.9       5:27-29

Troisièmement, la foi non seulement nous amène à la conscience de notre besoin et de notre
propre incapacité d’y répondre, mais elle perçoit quelque chose de l’excellence de la Personne
de Jésus. Elle découvre qu’il y a en lui la grâce et la puissance pour répondre à ses besoins. En
outre, la foi rend humble. L’âme qui vient pour demander est prête à s’abaisser et à dire,
comme la femme : « Si je touche, ne fut-ce que ses vêtements, je serai guérie ». Nous n’avons
pas à accomplir quelque grande chose pour nous assurer la bénédiction — cela ne ferait que
flatter notre orgueil ; mais nous sommes amenés à accepter de n’être rien, et à donner toute la
gloire à Christ. La vertu est en Christ, non pas dans la foi ; le contact de la foi assure la
bénédiction en nous mettant en relation avec Celui en qui est tout le mérite.
 

7.10  5:30-34

Nous voyons ensuite que le Seigneur se plaît à encourager la foi. Il ne veut pas que celui qui a
été l’objet de la bénédiction disparaisse sans bruit. Il introduit le croyant dans sa propre
présence pour lui dire là toute la vérité. Il aime que nous lui déclarions tout, qu’il n’y ait pas
de distance ni de réserve entre lui et les siens.

Enfin, nous voyons ce qui résulte du fait d’être amené dans la présence du Seigneur et de lui
ouvrir nos cœurs. Comme la femme, nous pouvons alors poursuivre notre chemin, non pas en
nous confiant dans nos sentiments ou dans quelque expérience, aussi réels soient-ils, mais en
nous appuyant sur sa propre parole. Ainsi la femme apprend de sa bouche même qu’elle est
guérie, car Il peut dire : « Ta foi t’a guérie ».

7.11  5:35-43

Pendant que le Seigneur s’occupe de la femme, quelqu’un vient de chez le chef de synagogue
et déclare : « Ta fille est morte ; pourquoi tourmentes-tu encore le maître ? » Le porteur de ce
message connaissait bien peu la puissance de sa main et le tendre amour de son cœur. Si
profondes soient nos peines, si grandes soient nos épreuves, nous n’avons pas à craindre de
« tourmenter » le Seigneur avec nos fardeaux. Il est venu pour porter nos langueurs et se
charger de nos douleurs. Entrant dans les sentiments du malheureux père, le Seigneur apporte
une parole de réconfort à son cœur — « Ne crains pas, crois seulement ». Pour l’homme, la
situation était manifestement sans espoir ; l’enfant était morte. Mais rien n’est trop difficile
pour Christ. Ayant répondu à ceux qui ne manifestaient que de l’incrédulité et mis dehors
ceux qui se riaient de lui, il ressuscite l’enfant et s’occupe de ses besoins.

8 Le service de Christ après son rejet


        

(Chap. 6)
Les grandes vérités placées devant nous dans le chapitre 6 se rattachent à des incidents qui ont
lieu dans le pays, à la cour du roi, dans un lieu désert, sur une montagne et sur la mer
déchaînée. Les deux premiers incidents nous font découvrir la mauvaise condition morale du
monde qui rejette Christ ; les trois derniers nous montrent la plénitude des ressources qui se
trouvent en Lui, pour ceux qui Le suivent dans la séparation de ce monde.

8.1       6:1-6

Dans la première scène, nous voyons le Seigneur dans son humble service d’amour,
s’associant avec les humbles de « son pays », parmi « ses parents » et dans « sa maison ». Il
vient au milieu d’eux avec la sagesse et la puissance divines, annonçant la vérité parmi les
pauvres du pays et guérissant quelques malades ; mais jamais il ne se plie à la vanité de la
nature humaine, qui aime l’ostentation et l’apparat, et rejette les hommes à cause de leur
origine humble. Le ministère de grâce du Seigneur met en évidence cette mauvaise condition
morale du peuple. Ils sont certes étonnés de son enseignement et de sa sagesse, et sont obligés
de reconnaître ses « miracles », mais « ils étaient scandalisés en lui ». La chair est toujours la
même ; ne sommes-nous pas parfois en danger, aujourd’hui aussi, même comme chrétiens,
d’entraver l’œuvre de Dieu par l’orgueil et la vanité de la chair en méprisant le ministère d’un
serviteur de Dieu parce qu’il est d’origine humble ? Comme serviteurs aussi, nous pouvons
manquer en cherchant à obtenir du crédit au moyen de la richesse ou de la position sociale.
Chez le Seigneur, tout était parfait ; le manque n’était que du côté du peuple. Ces gens
simples dépréciaient la sagesse de l’enseignement du Seigneur et la puissance de ses œuvres :
« Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » Et ils disaient : ses frères et ses sœurs
ne sont-ils pas « ici auprès de nous ? » Ils ne discernaient pas la gloire de sa Personne, ni la
grâce de son cœur : comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa
pauvreté nous soyons enrichis. Ainsi le Créateur était devenu le charpentier, et le Fils de Dieu,
le fils de Marie. Le Seigneur rappelle à ceux qui le rejettent à cause de son humiliation
qu’« un prophète n’est pas sans honneur, si ce n’est dans son pays et parmi ses parents et dans
sa maison ». Cela n’implique pas que le Seigneur était rejeté dans son propre pays, comme
cela pourrait nous arriver à nous, à cause de nos faiblesses ou à cause de manquements
connus, mais que cette proximité avec lui dans les choses de la vie quotidienne les conduisait
à rabaisser la mission divine qu’il avait reçue de la part de Dieu.

Le résultat fut qu’il ne put faire là que quelques miracles, à cause de leur incrédulité. Il est
solennel de considérer combien, de nos jours, l’incrédulité peut entraver l’œuvre de Dieu. Si
la foi, comme le montre le récit de la femme malade du chapitre précédent, attire la
bénédiction, il est tout aussi vrai que l’incrédulité l’empêche de se déverser. Toutefois, la
grâce de Jésus, s’élevant au-dessus de l’orgueil et de l’incrédulité, guérit quelques
« infirmes », même si la bénédiction est limitée à « un petit nombre ». « Il s’étonnait de leur
incrédulité ». Hélas ! ne lui donnons-nous pas quelquefois l’occasion de s’étonner de notre
incrédulité ? Cependant, il poursuit son chemin, enseignant dans les villages à la ronde,
inlassable dans son service, malgré l’orgueil et l’incrédulité.

8.2       6:7-13

Le rejet de son service peut empêcher que des miracles s’opèrent dans son propre pays, mais
il ne peut pas tarir la grâce qui jaillit de son cœur. Aussi le Seigneur envoie les douze comme
un nouveau témoignage à sa présence en grâce et en puissance pour la bénédiction des
hommes. Un témoignage frappant est rendu à sa gloire comme Personne divine dans le fait
qu’il « leur donna autorité sur les esprits immondes ». N’importe qui peut exercer une
puissance et accomplir des miracles si l’autorité lui en est donnée ; mais qui, sinon Dieu, peut
donner cette autorité ? En outre, la manière selon laquelle les disciples devaient s’en aller
était, en elle-même, un témoignage à la présence de Celui qui est Seigneur de tout. Ils
devaient partir sans rien prendre pour le chemin. Ils devaient se confier dans les soins et la
protection du Seigneur qui, présent sur la terre, inclinerait le cœur des hommes et dirigerait les
circonstances pour qu’ils ne manquent de rien.
Leur mission ne devait pas dégénérer en une tournée de visites mondaines. Ils étaient au
service du Seigneur : ils devaient par conséquent, en chaque endroit, demeurer dans la même
maison jusqu’à leur départ. La substance de leur prédication était la repentance, car la
présence du Roi et la bonne nouvelle du Royaume avaient déjà été proclamées, mais les chefs
religieux avaient rejeté Christ à cause de la grandeur de ce qu’il affirmait être, alors que le
peuple l’avait repoussé à cause de l’humilité de sa condition. Les chefs l’accusaient de faire
ses miracles par la puissance du diable ; le peuple disait qu’il n’était qu’un charpentier. La
nation est appelée à se repentir de cette méchanceté. En outre, c’était un témoignage ultime,
car le jugement allait être prononcé sur ceux qui rejetaient cette mission.

8.3       6:14-29

Le résultat de cette mission, accompagnée de signes de puissance, fut que « son nom était
devenu public ». Si seulement tous les prédicateurs annonçaient Christ de manière à laisser
derrière eux le parfum de sa Personne, et la connaissance de la valeur de son Nom. Hélas !
que de fois la publicité faite autour de celui qui prêche et l’utilisation de toutes sortes de
méthodes qui plaisent à l’homme naturel, font que c’est le nom du prédicateur qui est mis en
évidence plutôt que celui de Jésus.

Toutefois, aussi largement que la renommée de Jésus se répande, à moins qu’il n’y ait une
œuvre de Dieu dans l’âme, il ne s’ensuivra que des spéculations, comme dans ces jours-là, où
quelques-uns disaient qu’il s’agissait de Jean le Baptiseur ressuscité d’entre les morts, et
d’autres, d’un prophète. Mais les spéculations de l’esprit humain ne peuvent jamais arriver à
la vérité quant à la personne de Christ. Pourtant, la renommée de Jésus parvient jusqu’à la
cour. Nous avons déjà vu l’absence totale de discernement spirituel dans les classes
inférieures du peuple ; nous allons découvrir maintenant la mauvaise condition morale des
couches supérieures. Chez le roi Hérode, les nouvelles concernant Christ font davantage que
de conduire à des spéculations. Cela réveille sa conscience mal à l’aise, et l’amène au
souvenir de son péché. Il avait conclu un mariage illicite avec la femme de son frère et avait
été repris pour son péché par Jean le Baptiseur. Ce reproche avait suscité l’inimitié
d’Hérodias, l’adultère coupable. Elle aurait désiré faire mourir Jean, mais n’était pas parvenue
à ses fins, car Hérode craignait Jean, le sachant homme juste et saint. Bien qu’étant dépourvu
de principes, Hérode savait apprécier la bonté chez les autres ; il écoutait volontiers Jean et
faisait beaucoup de choses sur son conseil. Cependant Hérodias attend le moment propice, et
une fête à la cour lui fournit l’occasion cherchée. Séduit par une danse, le roi fait une
promesse téméraire, et plutôt que de manquer à sa parole, il fait mettre Jean à mort. Il a été dit
très justement : « Mieux vaut rompre une promesse diabolique que de la tenir ».

Le rejet et le meurtre du Précurseur sont une indication solennelle du fait que, le moment
venu, Hérode prendra une part dans le rejet et la crucifixion de Christ.

8.4       6:30-44

Après avoir accompli leur mission, les apôtres « se rassemblent auprès de Jésus ». Ils ont été
envoyés par le Seigneur et ils reviennent maintenant vers lui. Quel bienfait pour des
serviteurs, si — comme les disciples — après avoir accompli le moindre service, ils
reviennent auprès du Seigneur et lui disent tout ce qu’ils ont fait, et tout ce qu’ils ont
enseigné. Trop souvent nous sommes enclins à dire ces choses à d’autres, bien que parfois il
puisse être à sa place d’encourager les enfants de Dieu en leur parlant de l’œuvre du Seigneur.
Il y a toutefois cette grande différence à observer : si nous convoquons l’assemblée de Dieu,
comme le firent Paul et Barnabas à Antioche (Actes 14:27), cela doit être pour raconter toutes
les choses que Dieu a faites avec nous, et comment lui a ouvert la porte. Mais lorsque, notre
service accompli, nous nous approchons de Jésus, c’est pour lui raconter ce que nous avons
fait et enseigné. Il est bon pour nos âmes de passer en revue nos actes et nos paroles dans la
présence de Celui qui ne flatte jamais, devant qui il est impossible de se vanter, et à qui rien
ne peut être caché ; c’est là que nous découvrons nos faiblesses et nos défauts. Il se peut,
hélas ! que nous soyons remplis de nous-mêmes et de notre service ; mais dans la présence du
Seigneur, nous pouvons parler librement de tout ce qui occupe nos pensées et pèse sur notre
esprit ; nous sommes alors apaisés et pouvons avoir de saines pensées quant à nous- mêmes ;
nous pouvons nous oublier nous-mêmes — et notre service — pour être occupés de Lui.
Aucun commentaire n’est fait sur le ministère des apôtres, mais nous constatons la sympathie
et les soins du Seigneur pour ses serviteurs. Ils lui avaient parlé de leur service, mais lui
s’occupe d’eux et du repos dont ils ont besoin. Aussi peut- il dire : « Venez à l’écart vous-
mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ». Le repos éternel est à venir, mais pour la
terre il y a le « reposez-vous un peu ».

On a fait remarquer qu’il y a trois raisons pour lesquelles les disciples ont été conduits à
l’écart dans un lieu désert. Premièrement, le Seigneur s’était retiré dans le désert à cause du
meurtre de son témoin, un signe certain de son propre rejet et de sa crucifixion. Ce signe
indiquait que la dispensation allait changer ; ainsi le Seigneur se sépare, et se place en dehors
de la nation coupable. Cette raison dispensationnelle ressort clairement dans l’évangile selon
Matthieu (14:13). La deuxième raison pour laquelle le Seigneur prend une place de séparation
est en relation avec le service de ses disciples. Très naturellement, cela est mis en évidence
dans l’évangile selon Marc. Leur service les avait conduits dans le monde et avait provoqué
de tels remous qu’« il y avait beaucoup de gens qui allaient et qui venaient ». Dans de telles
circonstances, il est nécessaire que les serviteurs soient conduits à l’écart de l’agitation du
monde pour être avec le Seigneur et se reposer un peu. La troisième raison de cet incident est
présentée dans l’évangile selon Luc, où nous apprenons que les disciples sont menés à l’écart
pour être enseignés par le Seigneur (Luc 9:10, 18-27).

Aujourd’hui aussi, nous avons besoin d’être conduits hors du monde pour apprendre que nous
ne sommes pas du monde, même si nous y sommes envoyés pour le service du Seigneur. Nos
bénédictions sont célestes, non pas terrestres. De même que les disciples, nous avons aussi
besoin d’être seuls avec le Seigneur pour échapper à l’esprit du monde, avec toute son activité
remuante, et cela surtout lorsqu’un petit témoignage rendu à Christ a eu momentanément
quelque retentissement dans le monde. Et nous avons aussi besoin d’être dans l’intimité de la
présence du Seigneur pour apprendre quelle est sa pensée.

À la parole du Seigneur, les disciples s’en allèrent dans un lieu désert, à l’écart. Mais
« plusieurs les virent qui s’en allaient », et, dans leur empressement à être près de Christ,
« arrivèrent avant eux, et se rassemblèrent auprès de lui ». Les disciples allaient donc,
semblait-il, être privés de leur repos. Mais le Seigneur, dans ses tendres soins envers les siens
et dans sa compassion pour les foules, sortit de son lieu de retraite et vint au-devant de ceux
qui le cherchaient. Il pouvait y avoir du repos pour ses disciples ; pour lui, il n’y en avait pas.
Ses compassions ne lui en laissaient pas. Aussi nous lisons : « Il se mit à leur enseigner
beaucoup de choses ».

L’heure étant déjà fort avancée, les disciples viennent de leur retraite et disent au Seigneur :
« Renvoie-les ». Ils semblent considérer les foules comme des importuns venus troubler leur
repos, et ils voudraient bien se débarrasser d’eux. Mais le Seigneur ne va pas les renvoyer
affamés. N’est- il pas écrit : « Je rassasierai de pain ses pauvres » ? Aucun manquement de la
part d’Israël ne peut faire obstacle à la bonté et à la compassion du cœur de l’Éternel. Il leur
enseignera beaucoup de choses pour la bénédiction de leurs âmes, et il leur procurera des
pains et des poissons pour les besoins de leurs corps. Il est le même aujourd’hui ; malgré
toutes nos faiblesses et nos nombreux manquements, il prend soin de nos âmes et s’occupe de
nos corps. Et de plus, dans l’accomplissement de cette œuvre d’amour, il en emploie d’autres.
C’est ainsi qu’il dit aux disciples : « Vous, donnez-leur à manger ». Mais, comme c’est si
souvent le cas pour nous aussi, leur foi n’est pas en mesure d’utiliser sa puissance. Leurs
pensées ne vont pas au-delà de leur estimation du besoin et ils oublient les immenses
ressources qui sont en Christ. Après avoir rendu manifeste l’insuffisance absolue de leurs
propres ressources, le Seigneur met le peu qu’ils ont — les cinq pains et les deux poissons —
en contact avec l’abondance du ciel. Il y avait là cinq mille hommes ; « ils mangèrent tous, et
furent rassasiés ».

8.5       6:45, 46

Les événements rapportés dans les versets qui suivent placent de nouveau devant nous le
grand fait que le Seigneur allait laisser ses disciples dans un monde qui l’avait rejeté. Il venait
de nourrir la multitude, étant ému de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des
brebis qui n’ont pas de berger. Hélas ! non seulement ils n’avaient personne pour les conduire
dans de verts pâturages et pour prendre soin de leurs âmes, mais lorsque le Bon Berger vint au
milieu d’eux, ils n’eurent pas d’yeux pour discerner sa gloire, ni de cœur pour le recevoir.
Aussi le Seigneur, après avoir renvoyé la foule, « s’en alla sur une montagne pour prier ». En
figure, le peuple est renvoyé, tandis que Jésus prend une place nouvelle, en haut, pour
intercéder pour les siens, ceux-ci étant laissés pour lui rendre témoignage dans un monde qui
l’a rejeté.

8.6       6:47-52

Les disciples font l’expérience que non seulement ils sont privés de la présence physique du
Seigneur, mais qu’ils sont confrontés aux tempêtes de la vie et doivent se tourmenter à ramer.
Tout dans ce monde est contraire aux enfants de Dieu. Mais si le monde est contre nous et si
le diable s’oppose à nous, le Seigneur intercède pour nous depuis le ciel. Cependant, si le
Seigneur est absent, il n’est pas indifférent aux tempêtes et aux difficultés que les siens ont à
rencontrer. « Les voyant se tourmenter », il vient vers eux. Mais il vient d’une manière qui
manifeste sa supériorité à toutes les circonstances dans lesquelles ils se trouvent : il vient
« marchant sur la mer ». Le déploiement d’une puissance qui dépasse à ce point les
possibilités de l’homme remplit les disciples de crainte. « Ils furent excessivement frappés et
étonnés en eux-mêmes ». Mais Celui dont la puissance est au-dessus de toutes les tempêtes
que les hommes ou le diable peuvent soulever, est aussi Celui qui est pour nous. Il avait prié
pour eux sur la montagne, il les avait vus se tourmenter et maintenant il vient vers eux. Mais il
éprouve leur foi, comme souvent il éprouve aujourd’hui celle des croyants. Nous lisons en
effet : « Il voulait passer à côté d’eux ». Sa puissance, son intercession, ses soins d’amour sont
à leur disposition, mais ont-ils la foi pour faire usage de la plénitude qui est en lui ? Dans leur
trouble, ils poussent des cris, « et aussitôt il parla avec eux, et leur dit :... c’est moi ; n’ayez
point de peur ». Il vient vers eux dans la gloire de sa puissance, au-dessus de toute tempête,
mais il les assure que c’est Lui-même — Jésus, leur Sauveur, leur Berger, leur Ami. Celui
que, peu auparavant, les hommes avaient rejeté comme n’étant qu’un charpentier, se
manifeste maintenant comme le Créateur qui peut marcher sur la mer, et à qui les vents et les
vagues obéissent.

Hélas ! comme cela nous arrive trop souvent, les disciples « n’avaient pas été rendus
intelligents » par la grandeur de sa puissance et de sa grâce, qui venait d’être manifestée dans
une occasion précédente. Ils étaient occupés d’eux-mêmes et de leurs difficultés ; leurs cœurs
étaient endurcis et peu à même de se servir de leurs ressources en Christ.

8.7       6:53-56

Le chapitre se termine en nous présentant un avant-goût de la bénédiction d’un jour futur.


Lorsque Christ reviendra, il apportera la bénédiction à la terre, par le moyen d’un résidu pieux
d’entre les Juifs. Alors, en vérité, les tourments des fidèles auront pris fin, l’opposition
disparaîtra, les tempêtes cesseront, et Christ sera reçu là où autrefois il était rejeté.

9 L’homme mis à nu et Dieu révélé (Chap.


        

7)
Nous avons vu, au chapitre 6, la dénonciation et la condamnation du monde social et
politique. Dans ce chapitre, nous avons la condamnation de la religion de forme qui convient
à la chair (v. 1-13) ; la mise à nu du cœur de l’homme (v. 14-23) ; et la révélation du cœur de
Dieu (v. 24-37).

9.1       7:1-5

Au début de ce chapitre, nous voyons les chefs religieux de la nation venir à Jésus. Ils ne
viennent pas dans le sentiment de leurs besoins ou de sa grâce, mais hélas ! pour s’opposer à
Christ, accusant ses disciples parce qu’ils mangeaient du pain avec des mains souillées. La
religion de ces hommes consistait à respecter la tradition de leurs ancêtres, en se soumettant à
des formes et à des cérémonies extérieures qui sont à la portée de chacun, et qui donnent une
bonne réputation devant les hommes tout en laissant le cœur éloigné de Dieu.
 

9.2       7:6-13

Dans sa réponse à ces hommes, le Seigneur met en évidence le vide de leur religion qui ne
consiste qu’en simples formes extérieures. Premièrement, elle fait des hommes de purs
hypocrites, comme en témoigne l’Écriture. En effet, Ésaïe dit à leur sujet : « Ce peuple-ci
m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi ». L’hypocrisie, c’est la
prétention d’être ce qu’on n’est pas. Par leurs actes religieux, ils affichaient une grande piété
devant les hommes, et par leurs paroles, ils prétendaient honorer Dieu ; mais en réalité leur
cœur était fort éloigné de lui. (Ésaïe 29:13 ; Ézéch. 33:31).

Deuxièmement, le Seigneur montre qu’une telle religion est vaine. Elle peut valoir à ceux qui
la pratiquent une réputation de piété devant les hommes, mais elle est sans valeur aux yeux de
Dieu.

Troisièmement, elle met de côté les enseignements directs de la parole de Dieu au profit des
traditions des hommes. Le Seigneur donne un exemple de ce grand mal. La parole de Dieu
ordonne clairement aux enfants d’honorer leurs parents ; mais les Juifs avaient une tradition
selon laquelle ils pouvaient déclarer mettre leurs biens de côté pour Dieu en disant : « C’est
corban », c’est-à-dire un don réservé à Dieu. Et ces biens, par conséquent, ne pouvaient pas
être employés pour venir en aide à un parent dans le besoin. Ainsi, par leur tradition, ils
annulaient la parole de Dieu, se soustrayaient à leur responsabilité envers leurs parents
nécessiteux, et satisfaisaient leurs propres convoitises.

Ce passage est encore plus solennel si nous nous souvenons que ces pharisiens et ces scribes
de Jérusalem étaient les conducteurs religieux du résidu qui était remonté de Babylone. Il y
avait certes en Israël, au temps du Seigneur, un faible petit résidu au sein de ce résidu, qui
craignait l’Éternel, pensait à son nom et attendait la délivrance, mais hélas ! la masse du
peuple avait sombré dans la terrible condition que présentaient ses chefs. Ce n’étaient plus des
idolâtres. Extérieurement, ils étaient très pieux devant les hommes et, de leurs lèvres, ils
prononçaient de belles paroles devant Dieu, mais nous apprenons que tout cela est possible,
alors même que le cœur est fort éloigné de Dieu et que sa parole est remplacée par les
traditions des hommes.

9.3       7:14-16

Après avoir exposé l’hypocrisie de la religion extérieure qui est celle de la chair, le Seigneur,
s’adressant à « la foule », montre que la source de la souillure n’est pas en dehors de
l’homme, mais au-dedans de lui. Le lavage des mains, des coupes et des pots, n’a affaire
qu’avec la souillure extérieure, mais la souillure morale a sa source dans la méchanceté
intérieure du cœur. Cela condamne radicalement toute religion mondaine et charnelle, religion
qui s’attache seulement à ce qui est extérieur, et qui laisse le cœur insensible. Dieu travaille
depuis l’intérieur, et s’occupe de la conscience et du cœur. La véritable source de la souillure
n’est pas l’environnement de l’homme, mais lui-même. Il est vrai que, l’homme étant ce qu’il
est — une créature déchue —, ses convoitises sont éveillées au- dedans de lui par ce qui
l’entoure, s’il se place au milieu du mal et des tentations. Un ange pouvait traverser Sodome
sans être souillé, mais pas Lot. L’ange n’avait pas de cœur mauvais qui réponde au péché ;
Lot en avait un.

9.4       7:17-23

Seul avec ses disciples, le Seigneur développe ce thème et interprète l’illustration qu’il a
donnée. Le mal moral, quelque forme qu’il puisse revêtir, a sa racine dans le cœur, qu’il
s’agisse de mauvaises pensées, d’actes mauvais, — les adultères, les meurtres, les vols ou la
fraude —, de mauvais regards ou de mauvaises paroles — les injures, l’orgueil et la folie.
« Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ».

9.5       7:24-30

La méchanceté du cœur de l’homme ayant été mise à nu, maintenant, dans l’histoire de la
femme syrophénicienne, nous avons une précieuse révélation du cœur de Dieu — un cœur
plein d’amour, qui maintient la vérité tout en dispensant la grâce aux pécheurs. En traversant
ce monde qui l’avait rejeté, le Seigneur aurait voulu passer inaperçu, manifestant ainsi cet
esprit d’humilité qui l’a amené à s’anéantir lui-même. Mais sa perfection était telle, le
contraste avec tout ce qui l’environnait était si grand, qu’il ne pouvait rester caché. Quelqu’un
a dit : « La bonté jointe à la puissance est trop rare dans ce monde pour passer inaperçue » (J.
N. D.).

La femme était grecque, c’est-à-dire Gentile, mais son besoin profond l’a conduite au
Seigneur. Elle avait foi dans la puissance de Jésus, et dans sa grâce pour faire usage de sa
puissance en faveur de quelqu’un d’entre les Gentils, même si sa position était celle d’un
chien. Le Seigneur l’amène à manifester sa foi en lui disant : « Laisse premièrement rassasier
les enfants ; car il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ».
C’était une grande épreuve pour sa foi. Elle aurait pu dire : « Je ne suis donc qu’un chien et je
n’ai aucun droit à faire valoir devant le Seigneur ; la bénédiction n’est que pour les enfants ». 
Sa foi triomphe de cette difficulté en acceptant la vérité quant à elle-même, et en se rejetant
sur la grâce qui est dans le cœur du Seigneur. Elle peut dire, en quelque sorte : « Oui, en ce
qui me concerne, c’est exact, je ne peux pas prétendre à la position d’enfant. Je ne suis qu’un
chien. Mais je mets toute ma confiance dans ce que tu es, non pas dans ce que je suis. Il y a
une telle grâce dans ton cœur que tu ne refuseras pas des miettes à un chien ! » Telle est
toujours la manière d’agir de la foi : reconnaître la misère, la bassesse, l’indignité de notre
cœur, et nous confier dans la grâce parfaite du sien. La foi se saisit de Christ et se repose sur
ce qu’il est et sur ce qu’il a fait.

Le Seigneur ne voulait ni ne pouvait rejeter une telle foi. Il ne pouvait pas dire : « Je ne suis
pas aussi bon que tu le supposes » ou « ma grâce n’est pas aussi étendue que tu l’imagines ».
Béni soit son nom, sa grâce dépasse de loin notre foi, et il se plaît à y répondre, si faible soit-
elle. C’est ainsi que la foi en Christ s’assure la bénédiction. Jésus peut dire à la femme : « À
cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille ».

 
9.6       7:31-37

Dans cette dernière scène, le Seigneur est de nouveau en Galilée, au milieu du peuple d’Israël.
On lui amène un sourd qui parlait avec peine. Cet homme représente exactement la condition
à laquelle le péché avait réduit la nation. Christ est au milieu d’eux dans sa grâce et sa
puissance, prêt à répondre à leurs besoins ; mais le péché les a aveuglés à un tel point que la
nation, dans son ensemble, ne peut pas profiter de la puissance de guérison qui est en lui.

Toutefois leur péché ne peut pas changer son cœur d’amour ; aussi ne renverra-t-il pas celui
qui vient à lui dans sa misère. S’il n’a pas renvoyé une femme d’entre les Gentils, il ne
repoussera pas non plus une demande en faveur d’un pauvre Juif. Mais, dans les deux cas, en
dispensant la grâce, il prend soin de maintenir la vérité. Ainsi nous lisons qu’il le tire « à
l’écart, hors de la foule ». Il n’est pas indifférent au fait qu’ils l’ont rejeté. S’il travaille au
milieu d’eux, c’est à cause de leur misère et non pas parce qu’ils sont Juifs. Le péché a mis le
Juif et le Gentil au même niveau, et la grâce peut bénir l’un et l’autre en raison de leur misère.

En manifestant sa grâce, le Seigneur regarde vers le ciel et soupire. Il agissait toujours dans la
dépendance du Père et en accord avec la pensée du ciel. Si son cœur était brisé par les peines
de la terre, il était soutenu par le ciel. À nous aussi il peut bien arriver de soupirer lorsque les
peines de la terre accablent notre esprit ; mais trop souvent, nous soupirons sans regarder
vers le ciel, et alors nous sommes abattus et déprimés. Lorsque nous regardons autour de
nous, nous avons lieu de soupirer ; mais lorsque nous levons les yeux, nous sommes fortifiés.
Après avoir guéri l’homme, Jésus leur enjoint de ne le dire à personne. Il était là comme le
parfait Serviteur, aussi ne voulait-il pas utiliser sa grande puissance et sa grâce pour s’exalter
lui-même. La pensée qui était en lui était de s’anéantir lui-même. Mais il ne pouvait pas être
caché. Tous étaient extrêmement étonnés et disaient : « Il fait toutes choses bien ; il fait
entendre les sourds et parler les muets ».

10 Christ en dehors (Chap. 8)


   

Dans les chapitres 6 et 7, nous avons vu que la présence du Seigneur Jésus au milieu des
hommes avait mis en évidence la corruption et l’incrédulité du monde social, politique et
religieux. Tous les témoignages de sa grâce étant repoussés, le Seigneur quitte les endroits
fréquentés, et on le trouve « dans un lieu désert », seul sur « une montagne » et « marchant sur
la mer » (6:31, 46, 48).

Au chapitre 8, le Seigneur s’associe les siens dans cette position à l’écart et les exhorte à le
suivre (v. 1, 10, 27, 34). Nous découvrons en outre la plénitude des ressources qui sont en
Christ pour ceux qui le suivent dans le sentier de la séparation. Leurs besoins sont satisfaits
(v. 1-9) ; les opposants sont réduits au silence (v. 10-13) ; le discernement spirituel est donné
pour voir toutes choses clairement (v. 14-26). De plus, nous sommes avertis que le fait de
suivre Christ au travers d’un monde qui l’a rejeté entraînera de la souffrance, de l’opprobre et
des pertes dans le temps présent ; mais nous sommes aussi encouragés par la perspective de la
gloire du Royaume auquel ce chemin de souffrance conduit. Si nous souffrons avec lui, nous
régnerons aussi avec lui.

 
10.1  8:1-9

La première multiplication des pains, dans laquelle le Seigneur avait nourri cinq mille
hommes, avait une portée nettement dispensationnelle, car elle était un témoignage solennel
que Celui que la nation rejetait était véritablement leur Messie. Et c’est immédiatement après
que le Seigneur se retire sur une montagne, comme intercesseur, tandis que ses disciples ont à
rencontrer l’opposition du monde. C’est assurément un tableau du service actuel de Christ
dans le ciel en faveur des siens.

Le second miracle de la multiplication des pains a plutôt une signification morale, en ce qu’il
présente non seulement les ressources qui sont dans le Seigneur pour répondre aux besoins
des siens, mais aussi la compassion de son cœur pour ceux envers lesquels il intervient. Les
disciples ne viennent pas vers le Seigneur, comme dans le premier miracle, pour attirer son
attention sur les besoins de la foule. Ici, tout procède du Seigneur. Il voit les besoins ; il
appelle les disciples à Lui ; il exprime devant eux sa compassion ; il donne du repos à la foule
en la faisant asseoir ; il prend ce qui est à disposition et, rendant grâces pour cela, il le
distribue à la multitude par l’intermédiaire des disciples ; il satisfait ainsi leur faim.

Souvenons-nous qu’il est le même aujourd’hui. Il connaît nos besoins ; son cœur est là pour
aimer et sa main pour nourrir et chérir les siens (Éph. 5:23, 25, 29). Trop souvent, comme les
disciples, nous avons conscience des besoins et de l’insuffisance absolue de nos ressources
pour y faire face. Mais si, comme le Seigneur, nous mettions le peu que nous avons en contact
avec le ciel et que nous rendions grâces pour ce peu, ne ferions-nous pas l’expérience que
Dieu peut le multiplier, et non seulement satisfaire notre faim, mais même nous laisser
quelque chose de reste.

10.2  8:10-13

Dans une précédente occasion où les disciples étaient montés dans une nacelle, le Seigneur
était allé sur une montagne pour intercéder pour eux (6:45-47). Dans cette seconde occasion,
le Seigneur va « avec ses disciples », nous montrant ainsi qu’il n’est pas seulement dans le
ciel pour nous, mais qu’il est aussi avec nous pour nous soutenir dans les tempêtes de la vie et
lorsque nous avons à faire face à l’opposition de l’ennemi. Cette opposition est toujours
dirigée contre Christ ; aussi lisons-nous que lorsqu’il fut arrivé à terre, les pharisiens « se
mirent à disputer avec lui ». Il avait déjà donné de nombreux signes ; en demander un
supplémentaire ne faisait par conséquent que trahir l’inimitié et l’incrédulité de la chair.
Toutefois, la méchanceté de l’homme fournit une occasion de révéler la perfection du cœur de
Christ. Leur opposition malveillante ne provoque ni colère ni ressentiment chez le Seigneur,
alors que trop souvent nous réagissons ainsi à la moindre petite opposition. Chez le Seigneur,
elle éveille des sentiments de peine et de pitié ; en effet, nous lisons qu’il soupira
profondément en son esprit. Il pose une question qui les sonde : « Pourquoi cette génération
demande-t-elle un signe ? » Les signes ne servent à rien et les preuves sont inutiles pour ceux
qui, poussés par la méchanceté, refusent de croire. Les pharisiens scellent ainsi leur propre
jugement, car nous lisons que le Seigneur, « les laissant... s’en alla à l’autre rive ». Que les
hommes quittent le Seigneur est certes une chose solennelle, mais combien plus terrible
encore est la condition de ceux que le Seigneur laisse.
 

10.3  8:14-21

Nous apprenons que, lorsque les disciples montèrent pour la seconde fois dans la nacelle, ils
avaient oublié de prendre des pains et, chose plus grave encore, ils avaient oublié la grâce et la
puissance avec lesquelles le Seigneur avait répondu aux besoins de la foule affamée. Occupés
de leurs besoins matériels, ils ne comprennent pas l’avertissement du Seigneur concernant le
levain des pharisiens et le levain d’Hérode. Bien qu’associés à Christ dans un sentier de
séparation du monde corrompu, ils étaient en danger, comme les croyants le sont aujourd’hui,
d’être contaminés par l’esprit opportuniste du monde politique qui caractérisait les hérodiens,
ou par la forme de la piété sans sa puissance, qui caractérisait les pharisiens.

Comme cela nous arrive si souvent, les disciples raisonnent sur les paroles du Seigneur ; ils
passent ainsi à côté de leur portée spirituelle en les prenant de façon simplement matérielle et
en cherchant à les abaisser au niveau de la compréhension humaine. Le Seigneur leur
reproche leur manque de perception spirituelle et leur peu de mémoire à l’égard de sa grâce et
de sa puissance. Il leur pose quelques questions pénétrantes que nous pouvons bien nous
adresser à nous-mêmes : « Pourquoi raisonnez-vous ? » Pourquoi « n’entendez-vous pas
encore, et ne comprenez-vous pas » ? « Avez-vous encore votre cœur endurci ? » « N’avez-
vous point de mémoire ? »

Au lieu d’accepter les faits et de recevoir la vérité, il nous arrive de raisonner, et alors notre
raisonnement naturel obscurcit notre entendement spirituel. Derrière l’aveuglement de la
nature se cache trop souvent la dureté de cœur qui vient de ce que l’on oublie si rapidement la
grâce et l’amour de Son cœur — nous ne nous « souvenons pas ». Ces questions pénétrantes
parlent à la conscience de tous les croyants, car elles ont été adressées non pas à des
opposants, mais à de vrais disciples.

10.4  8:22-26

Le récit de la guérison de l’aveugle établit clairement la différence entre la nation et les


disciples. La nation comme telle était dans un aveuglement total. Les disciples, bien que
croyant véritablement dans le Seigneur, manquaient à ce moment d’intelligence spirituelle. Ils
ne voyaient qu’indistinctement sa gloire divine. Ils le reconnaissaient et le confessaient
comme le vrai Messie, mais leurs préjugés juifs et leur manière de penser les empêchaient de
discerner pleinement ses autres gloires de Fils de l’homme et de Fils de Dieu. Pour cela il
fallait qu’ils soient complètement séparés de la nation ; telle est la signification de l’acte du
Seigneur, menant l’aveugle hors de la bourgade, comme auparavant il avait tiré à l’écart, hors
de la foule, le sourd qui parlait avec peine.

Dès que le Seigneur le touche, l’homme recouvre la vue, mais il n’en reçoit pas
immédiatement le plein usage. Il dit : « Je vois des hommes, car je vois comme des arbres qui
marchent ». Spirituellement, les disciples étaient dans la même condition. La haute idée qu’ils
avaient de la grandeur et de l’importance de l’homme les empêchait de discerner la gloire du
Seigneur. Nous avons besoin non seulement de la grâce qui donne la vue, mais encore d’une
grâce supplémentaire qui nous rende capable d’utiliser cette vue pour voir « tout clairement »
— pour voir les hommes tels qu’ils sont réellement, pour nous voir nous-mêmes dans toute
notre faiblesse, et par-dessus tout, pour voir Jésus dans toute sa perfection.

Le Seigneur renvoie l’homme dans sa maison. Il ne devait pas retourner dans la bourgade, et
ne dire à personne ce qui lui était arrivé. Le moment de rendre témoignage à la nation dans
son ensemble était passé.

10.5  8:27-33

L’entretien du Seigneur avec ses disciples, que nous trouvons ensuite, montre non seulement
l’incrédulité de l’homme naturel, mais aussi combien peu les disciples discernaient sa
véritable mission et sa gloire. La grande question test, maintenant comme alors, c’est : « Qui
disent les hommes que je suis ? » Toute la gloire de Dieu et toute la bénédiction de l’homme
dépendent entièrement de la Personne de Christ. Il est alors évident que l’intelligence
humaine seule ne parviendra jamais à la vérité. Parmi les hommes de ce temps, il y avait
beaucoup d’érudits doués de grandes capacités intellectuelles ; pourtant toutes leurs réflexions
au sujet de Christ aboutissaient à des spéculations et à des incertitudes. Certains disaient qu’il
était Jean le Baptiseur ; d’autres, Elie ; d’autres enfin qu’il était l’un des prophètes. Aucun ne
parvenait à la vérité. En contraste, nous voyons en Pierre ce qu’opère une foi simple dans un
homme qui, en comparaison des intellectuels de ce monde, est ignorant et illettré. La foi ne
spécule ni ne raisonne, mais elle parvient avec la plus grande certitude à la vérité, car la foi est
le don de Dieu. Aussi Pierre peut-il dire : « Tu es le Christ ».

Le Seigneur leur défend expressément de dire cela de lui à personne. Il avait été rejeté par la
nation, aussi sa position comme Messie est-elle mise de côté pour le moment, et il prend le
titre plus large de Fils de l’homme. Ce titre implique des gloires plus étendues que la
domination terrestre en relation avec Israël, car, comme Fils de l’homme, il aura la
domination universelle sur toutes les choses créées. Mais avant qu’il puisse prendre sa place
comme Fils de l’homme ayant toutes choses assujetties sous ses pieds, et exercer sa grâce
envers tous les hommes, il doit entrer dans la mort, accomplir la rédemption, et briser la
puissance de Satan, de la mort et du tombeau. Pensant à la croix qui est devant lui, il
commence à enseigner à ses disciples qu’il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté et mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours. Le moment était venu de
parler ouvertement aux disciples de cette grande vérité, et non plus en paraboles.

Il apparaît tout de suite que les disciples, malgré la réalité de leur foi en Christ, ne discernaient
que bien imparfaitement la gloire du Seigneur comme Fils de l’homme, tout comme l’aveugle
qui avait recouvré partiellement la vue. Pierre ne pouvait pas supporter la pensée que son
Maître et Seigneur serait méprisé et rejeté des hommes ; c’est pourquoi il reprit le Seigneur.
Connaissant l’effet que les paroles de Pierre produiraient sur les disciples, le Seigneur, les
regardant, « reprit Pierre, disant : Va arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux
choses de Dieu, mais à celles des hommes ». Combien il est solennel que de vrais croyants
puissent, avec la plus grande sincérité, faire des déclarations qui proviennent de Satan. Pierre
pensait sans doute n’exprimer qu’un sentiment d’affection pour son Maître ; en fait, il faisait
l’œuvre de Satan en cherchant à détourner le Seigneur du sentier de l’obéissance à la volonté
de son Père, et en mettant une pierre d’achoppement sur le chemin des disciples. Il considérait
les choses d’un point de vue purement humain. En ce moment, il voyait des hommes comme
des arbres qui marchent.
 

10.6  8:34-38

Ayant appelé la foule avec ses disciples, le Seigneur détourne leurs pensées des « choses... des
hommes » et leur enseigne la pensée de Dieu. S’ils voulaient le suivre dans le monde nouveau
de bénédiction et de gloire qu’il inaugurait comme Fils de l’homme, ils devaient être préparés
à partager sa position de souffrance et de rejet dans ce monde. Ici il ne s’agit pas de ses
souffrances expiatoires, qu’il a endurées lorsqu’il a été abandonné de Dieu, mais de la
contradiction des pécheurs contre lui-même et des souffrances de la part des hommes ; dans
leur petite mesure, les croyants ont part à ces souffrances, qui peuvent même aller jusqu’au
martyre. Suivre Christ dans un monde qui l’a rejeté implique le renoncement à soi-même, la
perte de sa propre vie et le refus du monde. Mais quoi que ce chemin puisse comporter dans
ce monde, il conduit au jour glorieux dans lequel le Fils de l’homme viendra dans la gloire de
son Père, avec les saints anges.

En contemplant le Seigneur tel qu’il est présenté dans ce chapitre, nous le voyons prendre une
place à l’écart avec les siens. Nous voyons qu’il a une connaissance parfaite de nos besoins,
un cœur qui sympathise avec nous dans ces besoins et une main qui y pourvoit. De plus,
suivre Christ signifiera pour nous, non seulement marcher où il a marché, c’est-à-dire dans la
séparation, mais marcher comme il a marché. Dans notre petite mesure, nos cœurs seront
émus de compassion pour les besoins des autres ; nous rendrons grâces pour les bienfaits de
Dieu, et nous rencontrerons l’opposition de ceux qui disputeront avec nous, sans esprit de
ressentiment, mais avec des cœurs attristés. Nous nous renoncerons aussi nous-mêmes,
accepterons un chemin d’opprobre, et refuserons ce que nous offre la vie ici-bas et le présent
siècle mauvais, tout en fixant nos yeux sur la gloire du monde à venir ; comme Celui qui, « à
cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la
droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2, 3).

11 La puissance du monde à venir (Chap. 9)


   

En étant témoins de la grâce, de l’amour et de la puissance du Seigneur Jésus qui soulageait


les hommes de leurs misères, les disciples voyaient en fait quelque chose de la félicité du
Royaume de Dieu. Mais ils le voyaient dans des circonstances de faiblesse, car le Roi était au
milieu d’eux comme un Homme pauvre, méprisé et rejeté, n’ayant pas où reposer sa tête. Pour
soutenir leur foi et la nôtre, alors que nous suivons un Christ rejeté dans son humble chemin
de souffrances et d’opprobre, le Seigneur fait passer devant nous une vision de la gloire à
venir. Il nous montre ainsi que ce chemin de faiblesse apparente aboutit dans « le royaume de
Dieu venu avec puissance ».

11.1  9:2, 3

Pour qu’ils aient cette vision glorieuse, le Seigneur mène Pierre, Jacques et Jean « seuls à
l’écart, sur une haute montagne ». Si, comme croyants, nous devons savoir regarder au-delà
de la longue nuit présente et saluer le glorieux jour à venir, nous avons nous aussi besoin
d’être élevés en esprit au-dessus de l’agitation de ce pauvre monde, pour nous trouver seuls
avec Jésus. Dans de tels moments, comme ce fut le cas pour les disciples, notre âme sera
occupée, par-dessus toute autre chose, de la gloire de sa Personne. Ainsi, dans cette vision, les
disciples sont avant tout saisis par la gloire du Seigneur : « Il fut transfiguré devant eux ». Des
années plus tard, parlant de cette scène merveilleuse, Pierre peut écrire : « Nous vous avons
fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ ». Ils parlent non
seulement de sa venue, mais de « la puissance » de sa venue. Ils ont vu un échantillon de
l’immense puissance qui, à sa venue, en un clin d’œil, nous transformera à sa ressemblance.
En un instant il fut « transfiguré », et les vêtements de son humiliation furent changés en
vêtements « brillants et d’une extrême blancheur, comme de la neige ».

11.2  9:4

Nous apprenons en outre que, dans son règne de gloire et de puissance, le Seigneur aura avec
lui non seulement les saints de la période actuelle, représentés par les trois apôtres, mais aussi
tous les croyants qui ont vécu avant qu’il vienne sur la terre. Ceux-ci sont évoqués dans la
vision par Moïse et Élie, les deux principaux témoins de Dieu dans les temps de la loi et des
prophètes.

11.3  9:5-8

Ces deux témoins seront associés à Christ dans sa gloire terrestre ; mais aussi éminents qu’ils
aient été en leur temps, ils doivent s’effacer devant Christ. Sa gloire personnelle est affirmée :
il est Celui qui est au-dessus de tous ! La nation l’avait couvert de déshonneur et de honte. Les
disciples, sincères mais ignorants, lui rendent à peine plus d’honneur et de gloire qu’ils n’en
auraient rendu à Moïse et à Élie ; en effet, Pierre était prêt à mettre le Seigneur au même rang
que ces serviteurs éminents. Plus tard, après la venue du Saint Esprit, il discerne la vraie
signification de cette scène merveilleuse : il dit que le Seigneur Jésus « reçut de Dieu le Père
honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : « Celui-ci
est mon Fils bien- aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». L’honneur qu’il a reçu du Père, et du
ciel — la gloire magnifique — contraste avec ce qu’il a reçu de la part des hommes, du
monde et même de ses disciples. Aujourd’hui, les croyants ne sont-ils pas parfois en danger
de tomber dans le même piège et d’oublier que, aussi remarquables que puissent être la
consécration et la spiritualité de certains serviteurs, le Seigneur est infiniment au-dessus
d’eux ? Eux changent et disparaissent ; mais du Seigneur seul il peut être dit : « Tu
demeures », et « Tu es le même ». C’est ainsi que les disciples, après avoir entendu la voix
venant du ciel : « Celui- ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », « ne virent plus personne,
sinon Jésus seul ». De plus, ils virent qu’il était « avec eux ». Ils venaient de voir deux
hommes « avec Jésus » dans la gloire ; ils voient maintenant Jésus « avec eux », dans le
chemin qui mène à la gloire. Puissions-nous, pour notre bien, discerner la gloire de la
personne de Jésus — Celui avec lequel nous serons dans la gloire, et qui est avec nous tandis
que nous avançons vers la gloire.

 
11.4  9:9, 10

Pour que cela puisse se réaliser, il faut que le Seigneur meure et qu’il ressuscite d’entre les
morts. Aussi un apôtre peut-il écrire plus tard : Il « est mort pour nous, afin que, soit que nous
veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (1 Thess. 5:10). En ce
temps-là, cette grande vérité soulevait une difficulté dans l’esprit des disciples. Ils croyaient
bien en une résurrection générale au dernier jour (Jean 11:24) ; mais ils ne pouvaient pas
concevoir que quelqu’un puisse ressusciter d’entre les morts, tandis que d’autres resteraient
dans leurs tombeaux, attendant une résurrection ultérieure. C’est pourtant la vérité
fondamentale du christianisme. La résurrection de Christ d’entre les morts est la preuve
éternelle que Dieu a accepté son œuvre, que les croyants sont rendus agréables en Lui et qu’ils
auront part à la première résurrection, celle des justes. C’est ainsi que nous lisons : « Chacun
dans son propre rang : les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue » (1 Cor.
15:23).

Hélas ! comme nous le faisons trop souvent lorsque nous rencontrons des difficultés, les
disciples gardèrent la chose pour eux-mêmes, « s’entre-demandant ce que c’était que
ressusciter d’entre les morts », au lieu d’exposer leur problème au Seigneur.

11.5  9:11-13

Mais les disciples avaient une autre difficulté, et ils la placent cette fois-ci devant le Seigneur.
Les scribes disaient qu’Élie devait venir premièrement, et apparemment Élie n’était pas venu
avant le Seigneur. L’obstacle provenait du fait qu’ils acceptaient bien les Écritures qui
parlaient de Christ venant en gloire, mais qu’ils négligeaient celles qui concernaient sa venue
pour souffrir comme Fils de l’homme. La prophétie de Malachie déclarait qu’Élie précéderait
la venue de Christ en gloire. Cette prophétie aura certainement son accomplissement.
Toutefois, moralement, il était déjà venu dans la personne du Précurseur, Jean le Baptiseur ;
celui-ci était venu dans l’esprit d’Élie appelant le peuple à la repentance (voir Matt. 11:14).

11.6  9:14-19

Dans le chapitre précédent, les pharisiens s’étaient mis à « disputer avec » Christ (8:11).
Lorsque le Seigneur redescend de la montagne, il trouve les scribes « qui disputaient avec »
ses disciples. Plus tard, le Seigneur nous rappellera que « l’esclave n’est pas plus grand que
son maître », et ajoutera : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:20).
Si les hommes osent « disputer avec » Christ, il n’est guère étonnant qu’ils soient hostiles aux
croyants. Chez le Seigneur, cette opposition ne faisait que mettre en évidence sa perfection ;
mais chez nous, trop souvent, elle dévoile notre faiblesse. Ainsi dans cette scène, après avoir
pu contempler la gloire du Seigneur sur la montagne, nous trouvons, au pied de la montagne,
la misère de l’homme, la puissance de Satan et la faiblesse des disciples.

Lorsque le Seigneur envoya les douze, il « leur donna autorité sur les esprits immondes », et
pendant un temps ils firent usage de ce pouvoir, car nous lisons qu’ils « chassèrent beaucoup
de démons » (6:7, 13). Mais ici, leur foi fait défaut. Ils ne peuvent pas chasser l’esprit muet.
La puissance pour opérer des miracles et triompher de tout le pouvoir de Satan était là, mais
l’homme ne pouvait pas en bénéficier et les disciples n’avaient pas la foi pour y faire appel.

En face de cet échec, le Seigneur doit dire : « Ô génération incrédule, jusques à quand serai-je
avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? » — paroles qui indiquent la gravité
solennelle du manquement des disciples. Cela signifiait que le témoignage de Dieu par leur
moyen était ruiné, et, par conséquent, que la dispensation allait prendre fin. « Jusques à quand
serai-je avec vous ? » indique que le temps du séjour du Seigneur sur la terre était limité. Ce
n’était pas une génération plongée dans la misère et opprimée par le pouvoir du diable qui
chasserait le Seigneur ; au contraire, c’était la profonde misère de l’homme sous la puissance
de Satan qui l’avait fait venir dans le monde. « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour
sauver les pécheurs ». C’est une « génération incrédule », et non pas une génération dans la
misère, qui met fin à sa mission de grâce et de puissance sur la terre. Lorsqu’il n’y a plus
d’énergie pour faire usage des ressources qui sont en Christ, son service sur la terre est
terminé.

Cela ne parle-t-il pas aux chrétiens ? Car dans notre temps aussi, n’est-ce pas la faillite du
peuple de Dieu, plutôt que la méchanceté croissante du monde, qui va mettre fin au jour de la
grâce ? Ce qui professe être un témoignage public pour Christ sur la terre devient, dans sa
dernière phase, si odieux pour Lui qu’il doit dire : « Je vais te vomir de ma bouche ».

Toutefois, la bonté du Seigneur n’est pas tarie par l’opposition des hommes ou par les
manquements des siens. Parlant de l’enfant possédé d’un démon, le Seigneur peut ajouter ces
paroles réconfortantes : « Amenez-le-moi ». Quelqu’un a dit : « La foi, si petite soit-elle, n’est
jamais laissée sans réponse de la part du Seigneur. Quelle consolation ! Quelle que soit
l’incrédulité, non seulement du monde, mais des chrétiens, s’il se trouve une seule personne
ayant foi dans la bonté et la puissance du Seigneur Jésus, elle ne peut venir à lui avec un vrai
besoin et une foi simple, sans rencontrer son cœur prêt à la recevoir, et sa puissance suffisante
pour la secourir ». De même que sur la terre, en face des manquements de ses propres
disciples, il pouvait dire : « Amenez-le-moi », dans les tout derniers temps, lorsque le
Seigneur est sur le point de vomir de sa bouche l’église professante, il peut dire : « Voici, je
me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai
chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Aussi sombre que soit le jour, aussi grande
que soit notre ruine, Christ est le Même, et Christ demeure. Il se tient toujours à la porte, prêt
à bénir quiconque entend sa voix et lui ouvre. Puissions- nous être attentifs à son appel !

11.7  9:20-27

En réponse aux paroles du Seigneur, ils « lui amenèrent » l’enfant. Mais, comme cela nous
arrive trop souvent, ils viennent avec bien peu de foi dans la puissance du Seigneur. En effet,
le pauvre père dit : « Si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers
nous ». Le Seigneur lui répond : « Le "Si tu peux", c’est : Crois ! toutes choses sont possibles
à celui qui croit ». Quelqu’un a remarqué très justement à propos de ces paroles : « La
puissance est en rapport avec la foi ; la difficulté n’est pas dans la puissance de Christ, mais
dans la foi de l’homme : toutes choses sont possibles à celui qui croit. C’est un principe
important. La puissance de Christ ne manque jamais pour accomplir tout ce qui est bon pour
l’homme ; mais, hélas ! la foi peut manquer en nous pour en profiter » (J.N.D.).
 

11.8  9:28, 29

Lorsque le Seigneur est dans la maison, seul avec ses disciples, il leur enseigne cette vérité si
importante que la foi qui le fait intervenir dans toutes les difficultés ne peut être entretenue
que par une communion intime avec Dieu, représentée par la prière, et par l’abstinence des
choses de ce monde, figurée par le jeûne. Pour nous comme pour les disciples, derrière notre
manque de foi pour faire usage de la puissance du Seigneur se cache une absence de
communion avec lui dans la prière.

11.9  9:30-32

La gloire du Royaume avait été révélée ; la puissance et la grâce du Seigneur pour en


introduire les bénédictions avaient été manifestées. Mais cela n’avait fait que mettre en
évidence l’incrédulité du monde, et l’incapacité des disciples de profiter de la puissance qui
était au milieu d’eux. Le départ de Jésus était proche et le temps de s’adresser publiquement à
la nation dans son ensemble était passé. Certes, il répondra en grâce à des besoins individuels,
mais le moment de régner n’était pas encore venu ; aussi, traversant le pays, « il ne voulut pas
que personne le sût ». Le péché de l’homme allait atteindre son point culminant dans la mise à
mort du Fils de l’homme. Mais cela allait fournir l’occasion de manifester, par la résurrection
d’entre les morts, toute la puissance de Christ sur le péché, sur Satan et sur la mort. Les
paroles du Seigneur font de nouveau ressortir la faiblesse des disciples. Non seulement ils
manquaient d’intelligence spirituelle pour comprendre la vérité de la résurrection, mais ils
« craignaient de l’interroger ». Dans le cas de l’enfant possédé d’un mauvais esprit, leur foi
était trop faible pour utiliser la puissance de Christ ; maintenant leur confiance est trop petite
pour faire appel à la sagesse qui est en Lui. Souvent, hélas ! comme les disciples, lorsque les
difficultés surgissent, nous cherchons une solution en discutant entre nous (v. 10), au lieu de
nous tourner vers Christ, notre Tête, en qui est toute sagesse.

11.10 9:33, 34

Seul dans la maison avec les siens, le Seigneur, par une simple question, touche la conscience
de ses disciples et dévoile l’une des causes fondamentales de leur faiblesse. En chemin, ils
avaient disputé entre eux, et le sujet de leur dispute avait été « qui serait le plus grand ».
Hélas ! que de fois depuis ce jour, le désir d’être le plus grand a été la cause profonde de
disputes parmi les enfants de Dieu. Quel que soit l’objet premier de la discussion, il y a
souvent, de façon sous-jacente, une large part du « moi » ; car le « moi » non seulement désire
être grand, mais il veut être « le plus grand ». Si un croyant veut être le plus grand, tôt ou tard
cela amènera une dispute, et l’on se saisira du moindre petit faux pas chez un frère pour tâcher
de le rabaisser tout en s’exaltant soi-même. L’idée même d’être grand montre combien peu les
disciples avaient compris la vérité du Royaume. Ils ne discernaient pas que le but du
Royaume est la manifestation de tout ce que Dieu est en amour, en justice, en grâce et en
puissance. Aujourd’hui aussi, nous pouvons tomber dans ce piège et nous servir de
l’assemblée comme d’une sphère dans laquelle nous cherchons à nous exalter nous-mêmes.
C’est ce que faisaient les Corinthiens au moyen des dons reçus et par une activité charnelle ;
c’est ce que faisaient les Galates par le légalisme ; et c’est ce que les Colossiens étaient en
danger de faire en recherchant une religion selon la chair.

Mais si les croyants peuvent disputer entre eux, ils doivent garder le silence dans la présence
du Seigneur. Nous pouvons être certains que lorsque les croyants se mettent à disputer entre
eux, ils n’ont plus la conscience d’être dans sa présence.

11.11 9:35

Le Seigneur instruit ses disciples avec une patience infinie. Devant l’insensibilité des siens
qui recherchaient leur propre grandeur au moment même où il leur rappelait qu’il allait être
mis à mort, au lieu de se lever indigné et de les laisser, il s’assied, appelle les douze auprès de
lui, et leur enseigne avec bonté le chemin de la vraie grandeur. Si quelqu’un veut être le
premier dans le Royaume, qu’il soit le dernier dans le sentier qui conduit à la gloire — qu’il
devienne « le serviteur de tous ». Nous pourrions être parfois prêts à servir une personne
importante ou un croyant pieux, et à nous exalter nous-mêmes en le faisant ; mais sommes-
nous prêts à être le « serviteur de tous » ? On a dit très justement : « L’amour est la chose la
plus puissante qui soit, et il aime à servir, non pas à être servi », et encore : « Celui qui est le
plus petit à ses propres yeux, c’est celui-là qui est le plus grand » (J.N.D.).

11.12 9:36, 37

Le Seigneur a enseigné à ses disciples le chemin de la vraie grandeur ; il illustre maintenant


son enseignement en plaçant un petit enfant au milieu d’eux et en leur montrant comment lui-
même pouvait s’abaisser vers un petit enfant pour le prendre avec amour dans ses bras. Le
disciple qui recevra l’un de ces petits enfants en son nom, suivra ainsi le Seigneur dans le
chemin de la vraie grandeur. Il se penchera vers le plus humble au nom du Très-Haut. En
agissant ainsi, il se trouvera dans la compagnie de Christ ; et recevoir Christ, c’est recevoir
Celui qui l’a envoyé. Ainsi en nous renonçant nous-mêmes et en refusant de nous exalter
nous-mêmes, nous nous trouverons dans la compagnie des Personnes divines.

11.13 9:38-41

Nous avons vu le danger de s’exalter soi-même ; l’incident qui suit nous montre un autre
piège, le danger d’exalter une collectivité. Jean dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un qui
chassait des démons en ton nom, qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons défendu, parce
qu’il ne nous suit pas ». Eux-mêmes, bien qu’ils aient suivi Christ, n’avaient pas pu chasser
un démon, la prière et le jeûne ayant manqué. Maintenant ils défendent à quelqu’un de faire
ce qu’eux-mêmes n’ont pas pu faire, parce qu’il ne suit pas le Seigneur avec eux. Dans sa
réponse, le Seigneur montre que ce qui importe par-dessus tout à ses yeux, c’est la relation du
disciple avec Lui-même. Il est possible que l’homme n’ait pas eu assez de foi pour se joindre
aux disciples qui suivaient le Seigneur dans le chemin de la séparation ; mais s’il pouvait
accomplir un miracle au nom de Christ, il était clair que ce Nom avait de la valeur pour lui et
qu’il n’en parlerait pas avec légèreté.

Le monde avait rejeté Christ d’une façon si absolue que, dans sa sphère, il ne pouvait y avoir
que des adversaires de Christ. S’il y en a qui ne sont pas contre Christ, ils doivent donc être de
ceux qui sont pour lui, même s’ils n’ont pas suffisamment de foi pour s’identifier
publiquement avec lui. Pour Jean, ils n’étaient pas « avec nous », mais, même ainsi, le
Seigneur peut dire qu’ils ne sont « pas contre nous ». Les disciples attribuaient trop de valeur
à ce misérable « nous » — le faible petit groupe rassemblé autour de Christ — et en donnaient
trop peu à Christ — la Personne glorieuse autour de laquelle ils étaient rassemblés. Le
Seigneur leur rappelle que c’est son nom qui est tout. L’acte le plus insignifiant, même celui
de donner à boire une coupe d’eau froide à quelqu’un qui appartient à Christ, s’il est accompli
en son nom, ne perdra pas sa récompense.

11.14 9:42-48

Des avertissements suivent. Prenons garde qu’en condamnant les autres, nous ne mettions pas
une pierre d’achoppement dans le chemin d’un des petits qui croient en Christ. En outre,
veillons à juger soigneusement toute mauvaise tendance en nous, en rejetant tout ce qui
pourrait nous entraîner dans le péché. Cela peut conduire au refus rigoureux de ce qui est le
plus précieux pour la chair — la main, le pied, et toute forme de mal dans laquelle ces
membres peuvent nous mener. N’oublions jamais que ces choses mauvaises conduisent les
hommes au jugement éternel.

11.15 9:49, 50

Tout sera mis à l’épreuve. Le feu éprouvera aussi bien les saints que les pécheurs. « Car
chacun sera salé de feu ; et tout sacrifice sera salé de sel ». Le pécheur qui rejette Christ aura
sa part dans le feu qui ne s’éteint pas ; mais le vrai croyant sera éprouvé par le feu sous la
forme d’épreuves ou même de persécutions. L’apôtre Pierre nous dit que notre foi peut être
éprouvée par le feu, et nous avertit de ne pas trouver étrange d’avoir à passer par « le feu
ardent », mais plutôt de nous réjouir d’avoir part aux « souffrances de Christ », puisque ainsi
nous aurons part aussi à « sa gloire » (1 Pierre 1:7 ; 4:12, 13). En outre, la vie du croyant ici-
bas est considérée comme un sacrifice, car nous avons à présenter nos « corps en sacrifice
vivant, saint, agréable à Dieu » (Rom. 12:1). Mais le sacrifice doit être conservé pur, « salé de
sel ». Le chrétien, s’il marche dans la sainteté pratique, devient un témoin au milieu du
monde. Sans la sainteté, sa vie est pareille à du sel qui a perdu sa saveur. Nous devons avoir
du sel en nous-mêmes et marcher en paix les uns avec les autres.

Au cours de ce chapitre nous avons vu, d’une part, les perfections de Christ et, d’autre part, la
manifestation de ce qu’est la chair, même dans de vrais disciples — ceux qui aimaient et
suivaient le Seigneur. En présence de la gloire, les disciples « étaient épouvantés » (v. 6) ; en
présence du pouvoir de Satan, il leur manquait la foi pour faire usage de la puissance qui était
à leur disposition en Christ (v. 18, 19) ; derrière ce manque de foi se cachait la négligence
quant à la prière et au jeûne (v. 29) ; étant peu en communion avec Dieu dans la prière,
lorsque des difficultés surgissent dans leur esprit, ils en discutent entre eux, mais craignent de
l’interroger (v. 10, 32) ; loin de Christ, ils disputent entre eux, chacun voulant être le plus
grand, et condamnent ce qu’un autre accomplissait au nom de Christ, parce qu’il n’était pas
avec eux (v. 38).

Toutefois, si notre propre faiblesse nous est montrée dans les disciples, nous découvrons aussi
la plénitude de nos ressources en Christ. Sur la montagne, nous voyons la gloire et la
puissance du Royaume, et il nous est révélé que nous serons avec lui dans la gloire. Au bas de
la montagne, nous apprenons qu’au milieu de toute notre faiblesse et de toutes nos difficultés,
il est avec nous, notre ressource infaillible, Celui auquel nous sommes invités à apporter
toutes nos épreuves et toutes nos questions embarrassantes (v. 33), Celui qui nous enseigne (v.
31), Celui au Nom duquel nous nous rassemblons (v. 39), et qui récompensera l’acte le plus
insignifiant accompli en son Nom (v. 41).

12 Souffrances et gloires (Chap. 10:1-45)


   

Cette portion de l’évangile place devant nous trois principes importants. Premièrement, le
Seigneur reconnaît les relations naturelles telles qu’elles ont été établies à l’origine par Dieu,
et ce qu’il y a de bon dans la créature. Il respecte le mariage (v. 2-12) ; il reçoit les enfants (v.
13-16) ; il reconnaît la droiture et l’amabilité naturelles (v. 17-22). Deuxièmement, les
relations naturelles qui ont été établies et reconnues par Dieu ont été corrompues par
l’homme. La relation du mariage a été altérée par la dureté du cœur de l’homme (v. 5) ; les
enfants sont méprisés et ne comptent guère (v. 13) ; l’intégrité naturelle et les possessions
terrestres sont employées pour séparer l’âme de Dieu, et empêcher les hommes d’entrer dans
le Royaume de Dieu (v. 22, 23). Troisièmement, la faillite de l’homme naturel est telle que
ceux qui suivent Christ dans le royaume doivent être prêts à souffrir dans ce monde. Quelle
que soit l’étendue de ses richesses terrestres, celui qui suit Christ doit charger la croix (v. 21),
rencontrer la persécution (v. 30), et être prêt à prendre une place humble dans ce monde, en
vue du monde à venir (v. 44). Christ, l’humble Serviteur, donne l’exemple parfait d’un tel
chemin (v. 33, 34, 45).

12.1  10:1-12

Le sujet du mariage est amené par la question des pharisiens au Seigneur : « Est-il permis à un
homme de répudier sa femme ? » Il est clair qu’ils ne désiraient pas réellement apprendre la
vérité, car nous lisons qu’ils vinrent à lui « pour l’éprouver ». Apparemment, ils espéraient
que la réponse du Seigneur leur permettrait soit de l’accuser d’ignorer ce que Moïse avait dit
soit de sanctionner la pratique relâchée qui était répandue parmi eux. Mais comme toujours,
lorsque dans leur folie les hommes cherchent à éprouver le Seigneur, c’est leur propre état qui
se trouve entièrement dévoilé.

À la question : « Est-il permis ? » le Seigneur répond en faisant appel à la loi. « Qu’est-ce que
Moïse vous a commandé ? » Dans leur réponse, ils cherchent à détourner la question du
Seigneur, en parlant, non pas de ce que Moïse a commandé, mais de ce que Moïse a permis.
En agissant ainsi, ils démontraient à leur insu la dureté de leur cœur. Ils négligeaient les
commandements positifs de Moïse et ne parlaient que de préceptes spéciaux institués en
raison de leur propre dureté. Les commandements étaient en accord avec le cœur de Dieu
pour l’homme, tandis que les préceptes quant au divorce répondaient à l’état de leur cœur.

Après avoir dénoncé la dureté du cœur de l’homme, le Seigneur présente la vérité quant à la
relation du mariage selon l’ordre de la création, tel qu’il a été établi par Dieu dès le
commencement. Le Seigneur sanctionne ainsi le lien du mariage et permet au chrétien
d’envisager cette relation selon l’ordre de la création et non pas selon les préceptes des
hommes.

Dans la maison, le Seigneur souligne encore devant ses disciples combien il est grave pour un
homme d’annuler le lien du mariage afin de satisfaire à ses convoitises envers une autre
femme. Aux yeux de Dieu, c’est tomber dans le péché le plus dégradant.

12.2  10:13-16

L’incident suivant nous montre que même les disciples étaient étrangers à la pensée du
Seigneur quant aux petits enfants. Ils pensaient probablement que le Seigneur était trop grand
pour remarquer ces petits, et qu’ils étaient trop insignifiants pour attirer son attention. En
reprenant ceux qui apportaient leurs petits enfants pour que le Seigneur les bénisse, les
disciples donnaient une image tout à fait fausse de leur Maître ; ils ne voyaient pas ce qui est
si beau dans un enfant, et reniaient les principes du royaume qu’ils professaient prêcher.

L’action des disciples suscite la juste indignation du Seigneur. Il répond à leurs misérables
pensées en disant : « Laissez venir à moi les petits enfants ; ne les en empêchez pas ; car à de
tels est le royaume de Dieu ». Son cœur est prêt à accueillir les faibles et les simples. Bien que
la racine du péché soit en eux, leur simplicité et leur confiance sont bien les traits dominants
de ceux qui entrent dans le Royaume de Dieu. Et de même que le Seigneur prit entre ses bras
ces petits et les bénit, les bras éternels seront au-dessous de ceux qui placent leur confiance en
lui avec simplicité et foi, et ses mains seront levées pour les bénir (Deut. 33:27 ; Luc 24:50).

12.3  10:17-22

Nous apprenons dans l’incident suivant que les qualités naturelles et les possessions terrestres,
quelque valeur qu’elles aient à leur place, non seulement ne donnent pas l’entrée dans le
Royaume de Dieu, mais peuvent être un véritable obstacle à la bénédiction. La nature
humaine, même dans ce qu’elle a de meilleur, n’a aucun sentiment du besoin qu’elle a de
Christ, et ne parvient aucunement à comprendre la gloire de Christ.

Il y avait beaucoup de choses excellentes dans cet homme riche. Il était plein d’ardeur
juvénile — il est dit qu’il « accourut ». Il était prêt à admettre la supériorité de Christ, car il se
jeta « à genoux devant lui ». Il avait le désir de bien agir, puisqu’il demande : « Que ferai-
je ? » Extérieurement, il avait un caractère remarquable. Il n’avait pas été dépravé par la
complaisance à l’égard du péché. En apparence, il avait gardé la loi. Il y avait beaucoup de
choses aimables dans son caractère — fruit de la création —, des choses qui suscitèrent
l’estime et l’amour du Seigneur. Quelqu’un a dit : « Il était aimable, bien disposé, et prêt à
apprendre ce qui était bon ; il avait été témoin de l’excellence de la vie et des œuvres de Jésus,
et son cœur était touché de ce qu’il avait vu » (J.N.D.).

Pourtant, toutes ces qualités naturelles le laissaient sans vraie connaissance de la Personne et
de la gloire de Christ, et sans vraie conscience de l’état et du besoin de son propre cœur. Il
pouvait discerner la perfection de Christ comme Homme, mais non la gloire de sa Personne
comme Fils de Dieu. La nature, aussi excellente soit-elle, ne peut pas discerner Dieu en
Christ. Ainsi, dans une autre occasion, le Seigneur peut dire à Pierre : « Tu es bienheureux...
car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ». Le
Seigneur, prenant le jeune homme sur son propre terrain, ne peut pas admettre qu’un homme
soit bon : « Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu ». Effectivement, Christ était bon, mais il était
Dieu. « Il était toujours Dieu, et Dieu devint un homme sans cesser, et sans pouvoir cesser,
d’être Dieu » (J.N.D.).

En outre, n’ayant pas conscience de ses besoins, le jeune homme ne demande pas : « Que
dois-je faire pour être sauvé ? » mais « Que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? » Ses
belles dispositions naturelles le rendaient aveugle au fait que, malgré toutes ses qualités, il
était un pécheur perdu et avait besoin du salut. Le Seigneur soulève le voile et manifeste le
véritable état de son cœur en lui disant : « Va, vends tout ce que tu as... et viens, suis-moi ».
Cela met en lumière le fait solennel qu’en dépit de son caractère aimable et bon, il avait un
cœur qui préférait l’argent à Christ. C’est ainsi que nous lisons : « Et lui, affligé de cette
parole, s’en alla tout triste ». Quelle preuve éclatante que, pour Dieu, il n’y a aucun bien dans
l’homme ! Un caractère excellent ne donne aucune indication sur l’état moral du cœur. Il a été
très justement écrit : « C’est ce qui gouverne le cœur, c’est le mobile qui le fait agir qui est la
vraie mesure de l’état moral d’un homme, et non point ses qualités naturelles quelque
agréables qu’elles soient. On trouve de bonnes qualités même chez les animaux ; on doit les
estimer, mais elles ne font pas du tout connaître l’état moral du cœur » (J.N.D.).

Christ lui-même était l’exemple parfait de la voie qu’il proposait au jeune homme. « Vous
connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la
pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor. 8:9). N’ayant pas
discerné la gloire du Seigneur, ce jeune homme n’a pas vu sa grâce. Nous ne voyons jamais sa
grâce avant d’avoir vu sa gloire.

12.4  10:23-27

Connaissant l’effet de ses paroles sur les disciples, le Seigneur, après les avoir regardés,
souligne la leçon que nous avons à apprendre de ce jeune homme, en disant : « Combien
difficilement ceux qui ont des biens entreront-ils dans le royaume de Dieu ! » Les disciples
sont très étonnés de ces paroles, car selon leur conception juive d’une bénédiction terrestre, ils
considéraient les richesses et les biens comme une marque de la faveur de Dieu. En outre, ils
pensaient peut-être dans leur cœur, comme nous-mêmes trop souvent : si seulement nous
étions riches, que de bien nous pourrions faire ! Pour répondre à ces difficultés, le Seigneur
montre que le grand danger des richesses réside dans le fait que les hommes s’imaginent
pouvoir s’assurer le salut et les bénédictions du Royaume par le moyen des richesses, et
qu’ainsi ils placent leur confiance dans les richesses. Remarquons que le Seigneur ne parle
pas d’un homme littéralement riche, mais de quelqu’un qui se confie dans les richesses. C’est
un danger auquel le plus pauvre en biens matériels est exposé autant que le plus riche. Le
Seigneur se sert d’une image pour montrer combien il est difficile pour un riche d’entrer dans
le Royaume de Dieu. Étonnés, les disciples demandent : « Et qui peut être sauvé ? » Le
Seigneur nous répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu ».
Leur question semble indiquer qu’il subsistait dans leur esprit la pensée que, dans une certaine
mesure au moins, leur salut dépendait d’eux. Ils devaient apprendre, comme nous tous aussi,
que notre salut est entièrement l’œuvre de Dieu et que l’homme n’y est pour rien. Ni la loi, ni
la nature, ni les richesses, ni la pauvreté, ne sont pour quelque chose dans le salut de l’âme.
Celui-ci repose entièrement sur la puissance de la grâce de Dieu, et ce qui est impossible pour
l’homme est possible pour Dieu. Aussi nous lisons : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la
foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres, afin
que personne ne se glorifie » (Éph. 2:4-9).

12.5  10:28-31

Pierre fait remarquer que les douze avaient suivi la voie que le Seigneur avait indiquée au
jeune homme et, en quelque sorte, demande ce qu’ils en retireraient. Le Seigneur répond que
maintenant, en ce temps-ci, ils recevraient cent fois autant qu’ils n’avaient abandonné, avec
des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle. Si nous quittons le cercle de nos
parents inconvertis, nous réaliserons que nous sommes dans le cercle beaucoup plus vaste de
la famille de Dieu. Il en résultera peut-être des persécutions de la part du milieu mondain dont
nous sommes sortis, mais c’est le chemin qui mène à la vie. Les paroles du Seigneur indiquent
toutefois que ce n’est pas le simple fait de tout quitter qui sera récompensé, mais le motif qui
nous a fait agir ainsi. Cela ne doit pas être accompli pour s’exalter soi-même, ou même en vue
d’une récompense, mais comme le dit le Seigneur : « Pour l’amour de moi et pour l’amour de
l’évangile ».

Le Seigneur ajoute une parole qui nous sonde : « Mais plusieurs qui sont les premiers seront
les derniers ; et les derniers seront les premiers ». Voilà bien un avertissement contre la
suffisance à laquelle nous sommes tous si enclins et qui marquait apparemment les paroles de
Pierre lorsqu’il disait : « Voici, nous avons tout quitté ». Qu’avait-il quitté en fait, sinon
quelques vieux filets demandant à être raccommodés ! Veillons à ne pas nous vanter de ce que
nous avons abandonné pour Christ. On a dit justement : « Ce n’est pas le début de la course
qui est déterminant, c’est nécessairement son achèvement qui en est le point important. Dans
cette course, il y a beaucoup de changements et, en outre, bien des faux pas, des chutes et des
revers ». La vraie question n’est pas de savoir ce que nous avons abandonné dans le passé,
mais ce que nous faisons aujourd’hui.

12.6  10:32-34

Les douze avaient tout quitté pour suivre Christ ; mais ils avaient si peu calculé la dépense
qu’immédiatement après, ils se trouvent dans un chemin qui les remplit de crainte. « Ils
étaient stupéfiés » de voir le Seigneur s’engager délibérément dans un sentier qui comporterait
l’épreuve et la persécution, et ils craignaient pour eux-mêmes. Le Seigneur ne leur cache pas
les souffrances qu’il allait rencontrer. Il leur dit que, comme Fils de l’homme, il allait être
livré aux chefs de la nation et des Gentils, qui ne lui épargneraient aucune insulte et le
mettraient à mort, mais que le troisième jour il ressusciterait.

12.7  10:35-45

À ce moment-là, le Seigneur ne put pas trouver parmi les douze un seul disciple capable
d’entrer dans sa pensée, de sympathiser avec lui ou de comprendre la nécessité de ses
souffrances. Préoccupés par la pensée d’un royaume sur la terre, Jacques et Jean viennent
exprimer le désir d’y avoir une haute position, tout près du Seigneur lui-même. Il y avait en
eux une vraie foi quant à l’établissement du royaume, mais, comme c’est si souvent le cas
pour nous, la chair non jugée s’introduit vite dans le domaine de la foi. Ils considéraient le
royaume comme une occasion d’avoir un avancement personnel, au lieu de le voir comme la
sphère de la manifestation de la gloire de Christ. « Ce qui est né de la chair est chair », qu’il
s’agisse des saints les plus ignorés ou d’éminents apôtres. Que de fois depuis ce jour la laideur
de la chair ne s’est-elle pas spécialement trahie en ceux qui paraissent être quelque chose !

Le Seigneur saisit l’occasion de cette question charnelle pour instruire ses disciples. Il
souligne que le chemin menant à la gloire du royaume passe par la souffrance. Lui seul
pouvait accomplir la rédemption par les souffrances de la croix, étant abandonné de Dieu.
Mais les disciples auraient le privilège de boire la coupe des souffrances de la part des
hommes. En outre, s’il pouvait leur garantir le privilège de souffrir pour son Nom, il ne
pouvait pas leur donner une place à sa droite dans le royaume. Il avait pris la place de
Serviteur, et il laissait au Père le soin de déclarer qui recevrait une place privilégiée au jour de
la gloire.

La chair se trahit encore dans les dix ; leur indignation à l’égard de Jacques et de Jean montre
la jalousie à l’œuvre dans leur propre cœur. On a dit : « Ce n’est pas seulement par les
manquements de l’un ou de l’autre que la chair se manifeste, mais par notre comportement
vis-à-vis des manquements des autres, lorsqu’ils sont amenés au jour. L’indignation qui éclata
parmi les dix montrait l’orgueil de leur propre cœur, tout autant que la demande des deux
disciples qui désiraient la meilleure place ».

Jésus les appelle auprès de lui et reprend les pensées charnelles des deux disciples, comme
celles des dix, en plaçant devant eux le chemin de la vraie grandeur. S’il ne peut pas leur
donner la première place dans la gloire, il peut leur montrer le chemin qui y conduit. Celui qui
prend la dernière place sur la terre, comme étant l’esclave de tous, aura la première place dans
la gloire. Le Fils de l’homme était le modèle parfait dans un tel chemin.

13 Le rejet du Roi (Chap. 10:46 — 11:26)


   

Dans chacun des trois premiers évangiles, l’entrée du Seigneur à Jérusalem, et le miracle par
lequel un aveugle recouvre la vue, introduisent les événements qui aboutissent à Sa mort et à
Sa résurrection. Sa vie sur la terre comme Fils de l’homme venu servir dans la grâce et
l’humilité, est terminée. Maintenant, il se présente lui-même à Jérusalem comme le Fils de
David — le Messie promis. Après avoir été rejeté comme parfait Serviteur de l’Éternel, il est
rejeté comme Fils de David, et ces deux rejets ouvrent la voie à un service encore plus grand :
le don de Sa vie en rançon pour plusieurs, comme Fils de l’homme.

13.1  10:46-52

Le Seigneur entre à Jéricho — la ville maudite — non pas pour juger et exécuter la
malédiction, mais dans l’humble grâce de Celui qui allait porter la malédiction. Comme il
sortait de la ville, il rencontre un aveugle qui était assis sur le bord du chemin et mendiait. Ne
pouvons- nous pas dire que l’état physique de l’aveugle représente la condition morale de la
nation ? Le Messie était présent, il était venu en grâce et en puissance pour bénir, mais la
nation comme telle était aveugle, et ne discernait ni la gloire de sa Personne ni sa propre
misère. Ils ne voyaient en Jésus qu’un Nazarénien méprisé.

En contraste avec la foule, Bartimée était conscient de sa misère et de sa propre incapacité d’y
remédier. Comme toujours, c’est l’âme qui a des besoins qui est attirée vers Jésus et qui
discerne sa gloire. Si la foule parle de Jésus comme d’un Nazarénien, la foi discerne dans cet
Homme humble le Fils de David, Celui dont il est écrit qu’il serait donné « pour ouvrir les
yeux aveugles » (És. 42:7). Aussi l’aveugle peut-il crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de
moi ».

Comme toujours, lorsqu’une âme cherche Jésus, il y a des obstacles à vaincre. Plusieurs
reprennent l’aveugle pour qu’il se taise, ne voulant pas que le Seigneur soit importuné par un
mendiant. Mais sa foi s’élevant au-dessus de tous les obstacles, l’homme crie d’autant plus
fort ; et dans sa grâce, le Seigneur, « s’arrêtant », commande qu’on l’appelle. Jetant loin son
vêtement, il se lève et vient vers Jésus. Puissions-nous, lorsque nous sommes conscients de
notre misère et que nous discernons quelque chose de la gloire de Jésus, jeter loin tout
vêtement de propre justice dans lequel nous pourrions nous confier, et venir à Jésus tels que
nous sommes, dans toute notre misère et notre faiblesse. À la demande du Seigneur : « Que
veux-tu que je te fasse ? » l’aveugle répond : « Que je recouvre la vue ». Le Seigneur prend la
place de celui qui agit, et l’aveugle accepte d’être celui qui reçoit. Le Seigneur répond tout de
suite à cette foi simple. L’aveugle recouvre la vue et suit Jésus dans le chemin, devenant
désormais son disciple. Il n’a pas essayé de suivre Jésus pour recouvrer la vue ; mais ayant
reçu la bénédiction, il l’a suivi. Il nous faut d’abord recevoir les bénédictions du salut et du
pardon que nous apporte l’œuvre de Christ, avant de pouvoir le suivre comme étant l’objet du
délice de notre âme.

13.2  11:1-6

Comme ils approchent de Jérusalem, les préparatifs sont faits en vue de la présentation du
Seigneur à Israël comme Fils de David, en accomplissement de la prophétie de Zacharie
(Zach. 9:9). C’était un nouveau témoignage à la gloire du Seigneur et un dernier signe pour le
peuple. Se présentant comme Roi, Jésus agit avec une autorité royale. Si quelqu’un demandait
aux disciples pourquoi ils détachaient l’ânon, il leur suffirait de répondre : « le Seigneur en a
besoin », pour mettre immédiatement fin à toute question. C’est ce qui se passa, et il en sera
de même dans le jour de gloire à venir, où l’on pourra dire véritablement de Sion : « Ton
peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance » (Ps. 110:3).

13.3  11:7-11

Lorsqu’il entre à Jérusalem, le Seigneur se trouve environné d’une foule qui le salue comme
Roi, citant les versets 25 et 26 du Psaume 118 : « Sauve, je te prie...  ! Béni soit celui qui vient
au nom de l’Éternel ! » C’est le cri que poussera la nation dans un jour à venir, lorsqu’un
résidu repentant regardera à l’Éternel pour être sauvé. Ce moment-là n’était pas encore venu.
Mais si les chefs de la nation rejettent le Seigneur, il est donné aux petits enfants et à ceux qui
tètent de rendre un témoignage à sa gloire (Ps. 8:2). Étant entré dans la ville et dans le temple,
le Seigneur promène ses regards scrutateurs sur tout. Il ne le fait que pour mettre en évidence
les signes de rébellion, de corruption et d’incrédulité qui marquent un état qu’il refuse de
sanctionner par sa présence ; ainsi, le soir étant venu, il retourne à Béthanie, où il y en avait
quelques-uns qui l’aimaient et le reconnaissaient.

13.4  11:12-14

Le lendemain, alors que le Roi retournait à la ville avec ses disciples, nous lisons qu’il « eut
faim ». Il chercha du fruit sur un figuier, mais n’y trouva « rien que des feuilles ». Ne
pouvons- nous pas dire que, pour le Seigneur, il ne s’agissait pas seulement d’une faim
physique, mais d’une faim spirituelle qui cherchait quelque reconnaissance de la part d’Israël,
pour tous les siècles de bonté que Dieu avait accordés à la nation ? Quelque chose qui serait
du fruit pour satisfaire le cœur de Dieu. De même que sur l’arbre, le Seigneur trouva
abondance de feuilles mais pas de fruit, dans la nation, il rencontra une grande profession de
piété devant les hommes, mais rien dans la vie intérieure qui puisse être du fruit pour Dieu.

Quel résultat solennel ! Quelle que soit leur profession religieuse devant le monde, ceux qui
cessent de vivre droitement devant Dieu seront mis de côté en tant que témoignage devant les
hommes. Aussi le Seigneur doit-il dire : « Que désormais personne ne mange jamais de fruit
de toi ». C’est là certainement un principe d’une grande portée. Plus tard, le Seigneur doit dire
de l’Assemblée à Éphèse, qui, par ses œuvres, donnait une si belle apparence de piété, qu’elle
n’avait pas été fidèle dans ses affections envers lui ; et il lui déclare : « Tu as abandonné ton
premier amour ». Le Seigneur la prévient qu’il va par conséquent ôter sa « lampe de son
lieu ». Ces croyants n’étant pas droits de cœur envers Christ, ils allaient perdre leur
témoignage devant les hommes. C’est un avertissement solennel pour nous tous que le
véritable critère de la spiritualité n’est pas la profession extérieure de piété devant les
hommes, mais la vie intérieure vécue devant Christ.

13.5  11:15-19

Étant venu dans la ville, Jésus entre dans le temple et constate l’ampleur de la corruption de la
Maison de Dieu laissée entre les mains des hommes. Cette Maison, par laquelle Dieu
s’approche des hommes, et où l’homme peut s’approcher de Dieu, était devenue entre les
mains des Juifs religieux un moyen de satisfaire leur cupidité. Et ce que les chefs en Israël ont
fait, les conducteurs dans l’assemblée chrétienne sont en danger de le faire, si la grâce de Dieu
n’intervient. Quelques années plus tard, l’apôtre Paul nous met en garde contre l’intrusion,
parmi les chrétiens, d’hommes corrompus dans leur entendement qui « estiment que la piété
est une source de gain » (1 Tim. 6:5). L’apôtre Pierre aussi, qui présente l’Assemblée comme
la Maison de Dieu, exhorte les anciens à ne pas vouloir paître le troupeau de Dieu pour « un
gain honteux » (1 Pierre 5:2). Dans sa seconde épître, il nous avertit également que des
hommes s’introduiraient parmi les chrétiens et, « par cupidité », feraient « trafic » des
croyants. Nous apprenons ainsi que la chair ne change pas. La convoitise qui a corrompu la
Maison de Dieu à Jérusalem s’est insinuée avec son influence perverse dans la Maison
spirituelle de Dieu. Aussi « le temps est venu de commencer le jugement par la maison de
Dieu » (1 Pierre 4:17).

Le Seigneur condamne cette corruption en termes clairs. La Maison qui, selon les Écritures,
devait être une maison de prière pour toutes les nations, avait été transformée en une caverne
de voleurs (És. 56:7 ; Jér. 7:11). En dénonçant ce mal, le Seigneur ne fit que soulever contre
lui l’opposition la plus absolue. « Les principaux sacrificateurs et les scribes l’entendirent, et
ils cherchèrent comment ils le feraient mourir ». Et aujourd’hui, ceux qui, en présence de la
corruption de la chrétienté, cherchent à suivre le Seigneur en prenant position pour la vérité,
rencontreront en quelque mesure de l’opposition. « La vérité fait défaut, et celui qui se retire
du mal devient une proie » (És. 59:15).

13.6  11:20-26

Le Seigneur enseigne à ses disciples le principe important qui permet au saint le plus faible de
surmonter les plus grandes difficultés et de vaincre l’adversaire le plus subtil. Extérieurement
toute la puissance et l’autorité de l’ordre établi étaient entre les mains de ceux qui
s’opposaient au Seigneur et à son enseignement. Comment donc quelques pauvres pêcheurs
pourraient-ils résister à la sagesse et au pouvoir d’hommes haut placés ? La réponse du
Seigneur est : « Ayez foi en Dieu ». Toute la puissance de ceux que symbolisait le figuier
stérile disparaîtrait devant la puissance de Dieu dont la foi pouvait se saisir. La nation juive,
qui représentait tout le système de la loi, paraissait grande aux yeux des disciples, comparable
à une montagne établie depuis des siècles. Toutefois, même si pour la vue, la nation semblait
stable et durable, la foi pouvait discerner qu’elle allait être jetée dans la mer des nations. Mais
si la montagne devait être ôtée, Dieu demeurerait, la ressource infaillible de la foi.

En outre la foi s’exprime dans la prière à Dieu. Cependant elle n’implique pas seulement que
nous placions nos requêtes devant Dieu, mais qu’en le faisant, nous attendions une réponse.
Aussi l’Esprit de Dieu peut nous exhorter par l’apôtre Paul à prier « par toutes sortes de
prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute
persévérance » (Éph. 6:18). Nous sommes ainsi mis en garde contre la répétition de formules
et de requêtes générales.

De plus, le Seigneur nous avertit de ne pas nourrir, lorsque nous prions, des pensées de
vengeance contre ceux qui peuvent nous avoir offensés ou s’être opposés à nous. Rien
n’entravera davantage nos prières que l’incrédulité envers Dieu — Celui auquel nous nous
adressons —, et un esprit intransigeant à l’égard de ceux pour lesquels nous prions. On a dit
très justement que « le Seigneur joint à la prière de la foi la nécessité d’un esprit de douceur et
de pardon à l’égard de ceux contre lesquels notre cœur pourrait avoir quelque chose, de peur
que le gouvernement du Père ne soit amené à rappeler nos propres offenses » (F.W.G.).

14 Les chefs rejetés (Chap. 11:27 — 12:44)


   

Nous avons vu le Seigneur Jésus présenté à la nation comme le Roi — le Fils de David, mais
rejeté par les chefs du peuple qui cherchaient « comment ils le feraient mourir ». Dans cette
partie de l’évangile, les chefs des différentes classes composant la nation paraissent dans leur
véritable condition et sont rejetés par Christ.

14.1  11:27-33

Comme toujours, les adversaires les plus acharnés de Christ sont les chefs religieux d’un
système corrompu. Les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens sont les premiers à
être démasqués dans la présence du Seigneur. Par l’exercice de sa puissance et de sa grâce
divines, le Seigneur avait rendu la vue à un aveugle. Comme Fils de David, il était entré à
Jérusalem et avait purifié le temple. Hélas ! ces chefs religieux, préoccupés uniquement
d’eux-mêmes et de leur réputation en matière de religion, étaient aussi insensibles aux besoins
des hommes qu’à la sainteté de la maison de Dieu. Soucieux de maintenir leur propre autorité,
ils ne pouvaient supporter que, dans le domaine religieux, quelque chose se fasse
indépendamment d’eux. Indifférents à la corruption qui existait dans la maison de Dieu et
incapables d’y remédier, ils s’opposent à Celui qui peut et qui veut s’occuper du mal, et ils le
font en soulevant la question de son autorité.

Le Seigneur leur répond en les questionnant au sujet de Jean le Baptiseur. Puisqu’ils prennent
la place de chefs religieux, sont-ils en mesure de déclarer si l’autorité de la mission de Jean
venait du ciel ou des hommes ? La question du Seigneur, non seulement démontre leur
incapacité de juger en matière d’autorité, mais dévoile leur hypocrisie flagrante.

Le fait qu’ils raisonnent entre eux avant de répondre au Seigneur prouve qu’ils étaient
dépourvus de tout principe. En bons politiciens, ils étaient prêts à répondre d’une manière ou
d’une autre, indépendamment de leurs convictions. Mais ils étaient conscients que leur
réponse, quelle qu’elle soit, les exposait à être condamnés, ou par le Seigneur ou par les
hommes. Aussi se retranchent-ils dans le silence en déclarant : « Nous ne savons ». Leur
méchanceté et leur hypocrisie ayant été démasquées, le Seigneur refuse de répondre à leur
question.

14.2  12:1-12

La fourberie des chefs religieux qui, ne pensant qu’à leur propre réputation, « craignaient le
peuple » mais n’avaient aucune crainte de Dieu, a été manifestée. Le Seigneur place
maintenant devant eux, dans une parabole, l’histoire morale de la nation. Il montre que,
comme les principaux sacrificateurs de ce temps-là, ainsi dans le passé, les conducteurs
avaient toujours failli quant à leur responsabilité. En outre, considérant le proche avenir, le
Seigneur annonce le jugement qui allait venir sur les chefs et sur la nation. Comme la vigne
de la parabole, Israël avait été établi dans un pays choisi ; le peuple avait été séparé des
nations par une loi qui réglait sa vie et qui, semblable à une clôture, établissait des limites
autour de lui. De même que la fosse avait été creusée pour le pressoir, il avait été pourvu à
tout pour que la nation porte du fruit pour Dieu. Et, comme la vigne protégée par une tour, ils
avaient été mis à l’abri de tout ennemi. La nation avait donc reçu la responsabilité de
maintenir sa position unique et de produire du fruit pour Dieu.

« En la saison », Dieu vient chercher ce que la nation aurait à lui offrir en retour de toute sa
bonté. Hélas ! cette épreuve morale de l’homme, telle que l’histoire d’Israël la présente, ne
sert qu’à prouver sa ruine totale. Il n’y a rien pour Dieu dans le cœur de l’homme, même
quand il est aussi abondamment béni de Dieu et que tout lui est donné pour prendre
conscience de cette bonté.

C’est ainsi que toute tentative de la part de Dieu pour recevoir du fruit de la nation est non
seulement repoussée, mais traitée avec un ressentiment croissant. Le premier serviteur est
renvoyé à vide. Le deuxième est couvert d’outrages. Les suivants rencontrent non seulement
les outrages, mais la persécution, et même la mort. La nation manifeste de plus en plus l’échec
de l’homme laissé à sa propre responsabilité. Mais il reste une dernière épreuve à faire, pour
voir s’il est possible de toucher le cœur de l’homme. Dieu a un Fils, un Fils unique et bien-
aimé ; c’est lui qu’il enverra, et s’il y a une étincelle de bonté dans la race humaine, ils auront
certainement du respect pour lui. On aurait pu trouver des motifs d’antipathie, et même de
haine, dans les meilleurs des prophètes et des rois, mais dans le Fils il ne peut y avoir aucun
motif de haine. Hélas ! Il a dû dire : « Ils me font la guerre sans cause. Pour mon amour, ils
ont été mes adversaires... Ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour »
(Ps. 109:3-5).

La venue du Fils manifeste l’état réel du cœur de l’homme. Israël voudrait bien d’un royaume
sans Christ, et les Gentils, d’un monde sans Dieu ; c’est ce qu’expriment les cultivateurs de la
parabole : « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous ». Et aujourd’hui,
le monde entier se comporte comme ces chefs d’Israël aux jours du Seigneur. Il apparaît de
plus en plus clairement que la volonté de l’homme est d’exclure Dieu de Son propre monde.
Les évolutionnistes veulent évincer Dieu de Sa création ; les politiciens, l’éliminer du
gouvernement et les modernistes, le bannir de la religion.

Il nous est accordé de voir ici le vrai caractère de la chair qui est en nous. Elle peut être
patriotique, sociale et religieuse, mais si nous la laissons agir à sa guise, elle mettra Christ à
mort et le rejettera du monde. CHRIST — le Christ de la révélation (car la chair peut même se
forger un Christ selon sa propre imagination) — est la vraie pierre de touche ; cela démontre
que malgré la belle apparence extérieure que la chair peut parfois revêtir, elle est toujours
fondamentalement en opposition mortelle avec Dieu.

Ce rejet de Christ entraîne le jugement gouvernemental sur la nation juive et amènera Dieu à
en susciter d’autres chez lesquels il cherchera du fruit. Le Seigneur cite leurs propres écritures
(Ps. 118:22, 23), pour les convaincre du péché qu’ils commettaient en le rejetant. Par ce
terrible péché, ils s’opposaient directement à Dieu ; car Celui qu’ils allaient clouer à une
croix, Dieu l’exalterait à la gloire suprême. Le Seigneur indique toutefois que le moment vient
où un résidu repentant reconnaîtra que ce que le Seigneur a fait est une chose merveilleuse
devant leurs yeux.

L’homme dont la conscience est touchée sans que le cœur soit atteint n’en est que plus
exaspéré. Tel est le cas de ces hommes méchants ; ils cherchent à se saisir de Lui, mais pour
le moment ils s’en abstiennent par simple politique : ils craignaient la foule. Aussi, « le
laissant, ils s’en allèrent ». Quelle condition désespérée que celle de ceux qui tournent
délibérément le dos à Christ et qui s’en vont !

14.3  12:13-17

Toute la haine des chefs religieux contre Christ ayant été démasquée, c’est maintenant l’état
des différents partis divisant la nation qui est placé devant nous. Les pharisiens et les
hérodiens sont les premiers à venir se présenter devant le Seigneur. Bien qu’opposés entre
eux, ils étaient unis dans leur haine contre Christ et avaient le même désir de s’élever dans ce
monde. Les pharisiens cherchaient à se forger une réputation religieuse par l’observation
extérieure de formes et de cérémonies ; les hérodiens cherchaient leur propre avancement
dans le monde social et politique. Ils sont tous obligés de constater que Celui qui est là
exclusivement pour la gloire de Dieu ne peut que condamner de telles ambitions ; et c’est
pour cela qu’ils s’opposent au Seigneur. Tout ce qu’il était, chaque vérité qu’il enseignait,
chacun de ses actes, avait pour origine des motifs entièrement différents de ceux qui
dirigeaient leur vie. Aussi, s’ils viennent à Christ, ce n’est pas pour apprendre à ses pieds,
mais c’est avec l’espoir de le surprendre dans ses paroles. Les mobiles mondains qui les
animaient les avaient rendus tellement aveugles quant à la gloire de Christ et tellement
remplis d’eux-mêmes, par la haute estime qu’ils avaient de leurs propres facultés et de leur
importance, qu’ils pensaient réellement pouvoir surprendre le Seigneur de gloire dans ses
paroles.

Ils s’imaginent en outre que la tactique qui s’utilise souvent avec tant de succès envers les
hommes peut aussi être employée avec le Seigneur. Ainsi ils essaient de le prendre par la
flatterie et la fausseté. Ils disent : « Tu es vrai, et... tu ne t’embarrasses de personne ; car tu ne
regardes pas à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu avec vérité ».
C’était exact, mais ce n’était pas l’expression véritable de leurs mauvais cœurs. Ayant, selon
leur estimation, ouvert le chemin par la flatterie, ils posent leur question : « Est-il permis de
payer le tribut à César, ou non ? » Dans leur méchanceté, ils avaient imaginé une question qui,
selon eux, allait le compromettre aux yeux des Juifs ou à ceux des Gentils, quelle que soit la
réponse qu’il y donnerait, qu’il dise « oui » ou qu’il dise « non ».

Le Seigneur démasque leur hypocrisie par la question : « Pourquoi me tentez-vous ? » En


cherchant à le surprendre dans ses paroles, ils tombent dans leur propre piège ; ils manifestent
ainsi leur mauvais état, en fait devant les hommes et moralement devant Dieu. À la demande
du Seigneur, on lui présente un denier, « et il leur dit : De qui est cette image et cette
inscription ? Et ils lui dirent : De César ». De toute évidence, il appartient donc à César ; pour
cette raison, il n’est que juste de rendre « les choses de César à César, et les choses de Dieu à
Dieu ». Le pouvoir romain n’avait rien à redire au fait de rendre à César les choses de César ;
les Juifs ne pouvaient pas critiquer le principe consistant à rendre à Dieu les choses de Dieu.
Le fait même que la monnaie de César circulait dans le pays témoignait de l’abaissement de la
nation, asservie aux Gentils. Hélas ! malgré leur position humiliante, ils ne manifestaient
aucune vraie repentance, puisqu’ils se rebellaient constamment contre César et qu’ils
rejetaient leur propre Messie. Percevant la sagesse de la réponse du Seigneur, ils étaient dans
l’étonnement, mais hélas ! leur conscience n’était pas touchée, ni à l’égard de Dieu ni à
l’égard de l’homme.

14.4  12:18-27

Les pharisiens et les hérodiens ont été démasqués et réduits au silence dans la lumière de la
présence du Seigneur ; maintenant, ce sont les sadducéens qui viennent à lui, mais seulement
pour voir leur ignorance et leur incrédulité mises à nu. Les sadducéens étaient les matérialistes
de ce temps-là et personnifient l’incrédulité de la chair. On a dit très justement : « La force de
l’incrédulité consiste à créer des difficultés en soulevant des cas imaginaires qui n’ont rien à
voir avec la réalité, et en introduisant les raisonnements des hommes dans les choses de
Dieu » (W. K.). Ainsi dans cette occasion, ces hommes méchants cherchent à s’opposer à la
vérité en la ridiculisant. Ils présentent un cas imaginaire qui, à leur avis, démontre l’absurdité
de la résurrection. Comme c’est toujours le cas avec les incrédules, ils trahissent une grossière
ignorance de l’Écriture et méconnaissent la puissance de Dieu. Si l’Écriture avait dit qu’on se
mariait dans la résurrection, la situation qu’ils avaient imaginée aurait certes pu présenter une
difficulté. Et si Dieu n’avait pas de puissance, la résurrection elle- même serait impossible.

Pas une ligne dans l’Écriture ne permet de dire que les relations terrestres subsisteront dans le
ciel. Nous ne ressusciterons pas comme maris et femmes, parents et enfants, maîtres et
serviteurs, mais, à cet égard, nous serons comme les anges. Nous ne serons pas des anges,
comme on se l’imagine à tort, mais nous serons semblables à eux en ce que nous ne serons
plus soumis aux relations terrestres. Le croyant jouira de privilèges et de liens célestes,
infiniment plus élevés que les privilèges des anges et que les liens passagers qui concernent ce
temps-ci.

Quant à la résurrection, le Seigneur montre de nouveau leur ignorance des Écritures. Ils
avaient cité Moïse pour tenter de prouver que l’enseignement du Seigneur était en opposition
à celui de Moïse ; aussi le Seigneur recourt-il à Moïse pour démontrer leur ignorance de ce
que Dieu avait dit. N’est-il pas écrit dans le livre de Moïse, au titre : « Du buisson », comment
Dieu lui parla, disant : « Moi, je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de
Jacob » ? Lors de l’incident du buisson, Abraham, Isaac et Jacob étaient morts depuis
longtemps, mais Dieu parle encore de Lui-même comme étant leur Dieu : il n’est toutefois pas
le Dieu des morts, mais des vivants. Ils étaient bien morts en ce temps-là, et pourtant ils
vivent encore et ressusciteront pour jouir des promesses de Dieu ; promesses qui, le péché
étant intervenu, ne pourront se réaliser que sur le terrain de la résurrection. C’est pourquoi le
Seigneur peut dire aux incrédules d’alors comme à ceux d’aujourd’hui : « Vous êtes donc
dans une grande erreur ».

14.5  12:28-34

Aux sadducéens succède un représentant des scribes, qui étaient les commentateurs de la loi,
et qui croyaient que certains commandements avaient plus d’importance que d’autres. Il
demande au Seigneur de donner son avis sur le point suivant : « Quel est le premier de tous
les commandements ? » Dans sa sagesse parfaite, le Seigneur laisse de côté les dix
commandements qui viendraient naturellement à l’esprit de l’homme, et choisit certaines
grandes exhortations du Pentateuque qui résument la loi et expriment l’ensemble des devoirs
de l’homme envers Dieu et envers le prochain.

Premièrement, l’homme est responsable de maintenir la vérité de l’unité de la Déité,


conformément à l’Écriture qui dit : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul
Seigneur ». Il s’ensuit que l’homme a la responsabilité d’aimer Dieu plus que lui-même, et de
rejeter tout ce qui pourrait prendre la place qui Lui est due. Secondement, il doit aimer son
prochain comme lui-même. Tel est le résumé de toute la loi et la présentation de toutes ses
exigences à l’égard de l’homme sur la terre. Si ces deux commandements étaient gardés,
aucun autre ne serait transgressé.

Le scribe rend témoignage à la perfection de la réponse du Seigneur. Sa conscience lui dit que
le Seigneur a exprimé la vérité. Il reconnaît que rendre à Dieu ce qui lui est dû et agir
justement envers son prochain a plus de valeur que toutes les formes et les cérémonies
extérieures de la loi. Comme toujours, la condition morale de l’âme a infiniment plus
d’importance aux yeux de Dieu que les manifestations extérieures de piété.

Le Seigneur reconnaît l’intelligence de ce scribe. Pour ce qui en était de la compréhension et


d’une reconnaissance honnête de la vérité, il n’était pas loin du royaume de Dieu. Mais hélas !
il était en dehors. Il discernait la vérité de ce que Christ disait, mais il ne voyait pas Sa gloire,
ni ne s’inclinait devant la vérité quant à sa Personne. Comme quelqu’un l’a dit : « On peut
être près ou éloigné du royaume de Dieu, mais si on n’y entre pas, cela est également fatal »
(W. K.). Comme beaucoup d’autres, le scribe savait ce qui était dans la loi, mais il ne voyait
pas sa misère profonde comme ayant complètement manqué à satisfaire aux exigences de la
loi. Par conséquent, il ne discernait pas la gloire de la Personne de Christ, ni la grâce qui était
en Lui pour répondre aux besoins de ceux qui avaient totalement failli à leurs responsabilités.

Après cela, personne n’ose plus interroger le Seigneur. Des représentants de toutes les classes
— sacrificateurs, chefs du peuple, pharisiens, hérodiens, sadducéens et scribes — étaient
venus le tenter par leurs questions, et s’étaient trouvés démasqués et réduits au silence. Le
pharisien qui professait défendre la religion n’avait pas rendu les choses de Dieu à Dieu. Le
hérodien qui prétendait maintenir les intérêts politiques de César n’avait pas rendu les choses
de César à César. Le sadducéen qui glorifiait la raison s’était distingué par son ignorance. Et
le scribe qui expliquait la loi ne l’avait pas gardée. Quoique adversaires les uns des autres, ils
étaient unis pour s’opposer à Christ et manifester la ruine complète de l’homme responsable.

14.6  12:35-37

Après avoir répondu à toutes les questions et réduit au silence tous ses adversaires, le
Seigneur à son tour pose une question d’une importance capitale, — capitale parce qu’elle
touche à la gloire de sa Personne et que de sa Personne dépend toute bénédiction pour
l’homme. « Comment disent les scribes que le Christ est fils de David ? Car David lui-même
a dit par l’Esprit Saint : « Le Seigneur a dit à mon seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à
ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds. » Les questions de ses adversaires
étaient basées sur les raisonnements et les imaginations de leurs propres esprits ; celle du
Seigneur est fondée sur l’Écriture et révèle la gravité de leur situation, car elle met en lumière
le mystère de sa Personne qu’ils refusaient de reconnaître. Les scribes admettaient bien que le
Messie devait être le Fils de David, mais ils ne voyaient pas ce que l’Esprit Saint établit
clairement dans leurs propres Écritures : qu’Il n’était pas seulement le Fils de David, mais
aussi le Seigneur de David. Comment peut-il être à la fois le Fils de David et le Seigneur de
David ? Il n’y a qu’une seule réponse possible. Il est véritablement Homme, et tout aussi
véritablement une Personne divine. En refusant de reconnaître la vérité quant à sa Personne,
ils passent à côté de la bénédiction, et Celui qu’ils rejettent s’assied à la droite de Dieu, où il
attend que le moment soit venu de juger tous ses adversaires.

14.7  12:38-40

Après avoir manifesté l’état des chefs du peuple, le Seigneur prononce une mise en garde
contre ceux qui faisaient profession d’être très religieux, mais dont le seul mobile était de
s’exalter eux-mêmes. Ils aiment l’apparat — les « longues robes », l’honneur public — « les
salutations dans les places publiques », la prééminence religieuse — « les premiers sièges
dans les synagogues », les distinctions sociales — « les premières places dans les repas » ; ils
cherchent à s’enrichir, même aux dépens des veuves, et font preuve d’ostentation religieuse
lorsque « pour prétexte [ils] font de longues prières ». Quelle solennité dans les paroles du
Seigneur : « Ceux-ci recevront une sentence plus sévère » ! Plus les prétentions sont élevées,
plus le jugement sera grand.

14.8  12:41-44

En contraste avec ceux qui ont été démasqués comme étant des hypocrites religieux, il nous
est accordé de voir que, dans la nation, il y en avait quelques-uns que le Seigneur se plaisait à
reconnaître. Ils sont représentés par cette pauvre veuve. Dans cette femme dévouée qui a
donné tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance, pour l’entretien de la maison de Dieu, on
retrouve l’esprit du résidu pieux qui, aux jours d’Esdras, était revenu de Babylone pour bâtir
la maison de Dieu. Elle ignorait sans doute que le temple avait été corrompu par l’homme et
qu’il allait être détruit en jugement ; mais son cœur était droit devant Dieu et ses motifs
étaient purs. Elle n’a donné que deux pites, mais, aux yeux de Dieu, c’était plus que tout ce
que les autres avaient donné, bien qu’ils aient jeté abondamment au trésor. Ils avaient mis de
leur superflu ; elle « y a mis de son indigence, tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance ».
Dieu juge de la valeur d’un don, non pas d’après son importance, mais d’après ce que l’on
garde pour soi.

15 La grande tribulation (Chap. 13)


   

Le mauvais état des Juifs a été dévoilé et les chefs de chaque parti ont été condamnés en
présence du Seigneur. Ils avaient rejeté leur Messie et étaient sur le point de le crucifier. Cette
méchanceté suprême allait placer la nation sous le jugement gouvernemental de Dieu
conduisant à la grande tribulation annoncée par les prophètes. Cela entraînerait des difficultés
et des dangers, des souffrances et des persécutions pour les vrais disciples du Seigneur — le
résidu pieux au milieu d’une nation impie. Pour préparer ses disciples en vue de ces jours
terribles, le Seigneur, seul avec eux, prédit le déroulement des événements, les avertissant des
dangers auxquels ils seront exposés et leur enseignant comment agir lorsqu’ils les
rencontreront.

15.1  13:1, 2

Ces instructions sont introduites par la remarque d’un disciple qui attire l’attention du
Seigneur sur la beauté et la magnificence du temple. Le Seigneur reconnaît la majesté des
bâtiments, mais ce que les hommes admiraient tant était devenu aux yeux de Dieu une
caverne de voleurs, et était voué à la destruction. Il ne serait point laissé pierre sur pierre qui
ne soit jetée à bas.

15.2  13:3, 4

Cette déclaration, qui devait paraître bien étrange à ceux qui considéraient le temple comme la
maison de Dieu et le centre glorieux de leur religion, amène l’un des disciples à demander :
« Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe quand toutes ces choses devront
s’accomplir ? »

Dans le discours qui suit, le Seigneur fait bien davantage que de répondre à ces questions. Les
disciples pensaient aux événements, mais le Seigneur avait devant lui les siens, leurs
souffrances, et les dangers qu’ils rencontreraient au milieu de ces événements. En outre, dans
le récit que nous donne Marc, le Seigneur, en harmonie avec le but spécial de cet évangile,
exhorte d’une manière très particulière ses disciples à accomplir leur mission en lui rendant
témoignage au milieu de la nation par laquelle il a été rejeté.

Pour comprendre ces avertissements et ces instructions, il est nécessaire de se souvenir que les
disciples représentent ici le résidu juif pieux et que, par conséquent, le ministère dont le
Seigneur les entretient n’est pas à proprement parler le ministère chrétien, même si beaucoup
de principes et de vérités s’appliquent aussi bien au peuple terrestre de Dieu qu’à son peuple
céleste. C’est un ministère qui a été commencé par les douze au milieu des Juifs pendant que
le Seigneur était sur la terre, et qui, après son ascension, s’est poursuivi parmi les Juifs
jusqu’au rejet du témoignage du Saint Esprit, lors de la lapidation d’Étienne. Après
l’enlèvement de l’Église, il sera repris par un résidu pieux parmi les Juifs et s’étendra à toutes
les nations. L’évangile qu’ils ont prêché et qu’ils prêcheront encore n’est pas exactement celui
qui est annoncé aujourd’hui. Ce sera, bien sûr, Christ et son œuvre qu’ils proclameront, et la
grâce de Dieu qui pardonne aux pécheurs sur le fondement de l’œuvre de Christ. Mais ce sera
la bonne nouvelle qu’il vient pour régner, et que la repentance et le pardon des péchés par la
foi en Christ sont le chemin pour entrer dans les bénédictions du royaume terrestre (Apoc.
14:6, 7).

 
15.3  13:5, 6

Le Seigneur commence son discours par cinq avertissements. D’abord il met les disciples en
garde contre les faux christs. Plusieurs viendront au nom de Christ, certains allant même
jusqu’à dire : « C’est moi ! » et le Seigneur ajoute qu’« ils en séduiront plusieurs ». Cet
avertissement prouve que le Seigneur a très clairement en vue le résidu pieux au sein de la
nation juive. Des chrétiens, instruits dans la vérité chrétienne, ne se laisseraient pas séduire
par un homme qui prétendrait être le Christ ; car ils savent bien que c’est dans les nuées qu’ils
le reverront. Le résidu pieux attendra à juste titre l’apparition de Christ sur la terre, et pourrait
ainsi facilement se laisser séduire par l’annonce de sa venue.

15.4  13:7, 8

Deuxièmement, les disciples sont avertis de ne pas conclure que la fin est proche quand ils
entendront parler « de guerres et de bruits de guerres ». « Car il faut que ces choses arrivent »
dans un monde qui a rejeté Christ. Les guerres, les tremblements de terre, les famines et les
troubles sont des commencements de douleurs, non pas la fin.

15.5  13:9-11

Troisièmement, les disciples sont prévenus que leur témoignage les mettra en conflit avec les
autorités du monde. Mais ces persécutions seront le moyen dont Dieu se servira pour apporter
l’évangile devant les grands de la terre — un « témoignage » pour les gouverneurs et les rois.
De plus, cet évangile doit d’abord être prêché parmi toutes les nations avant la fin, — avant le
retour de Christ. En vue de ce témoignage et des persécutions qu’il entraîne, le Seigneur
enseigne ses disciples à ne pas être à l’avance en souci de ce qu’ils diront, quand ils
comparaîtront devant les grands de la terre, et à ne pas préparer leur défense. Il leur sera
donné en cette heure-là ce qu’ils auront à dire, car ce n’est pas eux qui parleront ; ils seront
simplement les porte-parole du Saint Esprit.

15.6  13:12

Quatrièmement, les disciples sont avertis que la présentation de la vérité dans la puissance du
Saint Esprit suscite une telle hostilité dans le cœur humain que la persécution surgira du sein
même de la famille. Et plus la relation sera étroite, plus la haine sera grande. Le frère
s’élèvera contre son frère, le père contre son fils, les enfants se dresseront contre leurs parents
et iront même jusqu’à les faire mourir.

 
15.7  13:13

Cinquièmement, les disciples sont prévenus que la persécution ne proviendra pas seulement
des autorités et des plus proches parents, mais qu’ils seront haïs de tous parce qu’ils
confessent le nom de Christ. Toutefois celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé —
quelle que puisse être la fin : la mort comme martyr ou la venue de Christ sur la terre. Comme
toujours, ce qui prouve la réalité, c’est la persévérance. Il peut certes y avoir des
manquements, et l’amour de beaucoup peut même se refroidir, mais ceux qui ont une foi
réelle persévéreront. Pierre est tombé, mais sa foi n’a pas failli ; il a persévéré jusqu’à la fin.

15.8  13:14-20

Dans la suite de son discours, le Seigneur parle d’événements qui sont encore futurs. Il passe
sous silence la période de l’Église et nous apprend ce qui aura lieu à Jérusalem pendant le
temps de la grande tribulation qui suivra cet intervalle de l’Église. Cette époque terrible est
expressément prédite par le prophète Jérémie qui dit : « Hélas ! que cette journée est grande !
Il n’y en a point de semblable ; et c’est le temps de la détresse pour Jacob » (Jér. 30:7). Daniel
a aussi cette période en vue quand il dit : « Ce sera un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas
eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là » (Dan. 12:1). Ainsi, dans le passage
correspondant de Matthieu 24:21, comme ici en Marc, le Seigneur nous dit que ces jours
d’affliction « seront une tribulation telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le
commencement de la création que Dieu a créée, jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura
jamais ».

La destruction de Jérusalem, avec toutes ses horreurs, est peut-être une préfiguration de
l’avenir, mais elle n’est en aucun cas l’accomplissement de la prophétie de ce temps de
douleur. Nous apprenons par ce passage que la venue du Seigneur sur la terre suit
immédiatement la grande tribulation ; et il est évident que le Seigneur n’est pas venu après la
destruction de Jérusalem. En outre, il ne peut pas y avoir deux périodes de tribulation « telle
qu’il n’y en a point eu de semblable ». Enfin, Daniel nous dit que ce temps de tribulation pour
la nation juive aura lieu pendant le règne de l’Antichrist, lequel sera reçu par la nation qui a
rejeté son propre Messie (Jean 5:43). C’est pendant le règne de cet homme inique que sera
établie la forme la plus terrible de l’idolâtrie ; le Seigneur en parle comme de « l’abomination
de la désolation ». Elle aura pour effet de répandre la désolation dans Jérusalem et dans la
Judée.

L’établissement de cette abomination sera le point culminant de l’hostilité de l’homme contre


Dieu. Ce sera le signe que le témoignage du résidu pieux a pris fin et que ceux qui sont en
Judée doivent s’enfuir dans les montagnes. Il n’y a rien eu dans le passé et il n’y aura rien
dans l’avenir qui puisse égaler les terribles afflictions de ces jours-là. Elles seront si grandes,
tant pour la nation que pour le résidu pieux, que si le Seigneur n’abrégeait pas ces jours, nulle
chair ne serait sauvée. Mais à cause des élus, les jours de cette grande tribulation seront
abrégés.

Comme toujours, le Seigneur pense aux siens au milieu des épreuves et des afflictions. Il les
avertit, il les instruit et il prend soin d’eux. Il pense aux ouvriers dans les champs et aux
femmes dans les maisons, et il n’est pas indifférent au temps qu’il fera.
 

15.9  13:21-23

Le Seigneur met les disciples en garde contre les faux espoirs de délivrance ; contre les
annonces trompeuses de faux christs ; contre les faux prophètes, les faux signes, et les
miracles apparents. Leur sécurité sera de se souvenir des paroles du Seigneur : « Voici, je
vous ai tout dit à l’avance ».

15.10 13:24, 25

« En ces jours-là », après la grande tribulation parmi les Juifs, toute autorité établie parmi les
Gentils sera renversée. L’ordre établi de Dieu pour le gouvernement du monde tombera dans
la confusion. Le pouvoir suprême, présenté figurativement par le soleil, est obscurci.
L’autorité dérivée, typifiée par la lune, perd toute influence ; et les autorités subordonnées,
comparées aux étoiles, perdent leur place et leur pouvoir. Malgré tous les progrès dont se
vantent les hommes, cette dispensation prendra fin dans une tribulation, une confusion et une
anarchie sans pareille.

15.11 13:26

La méchanceté des Juifs et des Gentils ayant atteint son paroxysme, Dieu intervient
publiquement par la venue de Christ comme Fils de l’homme, pour prendre possession de la
terre. Sa première venue a été marquée par la faiblesse et l’humiliation ; sa seconde venue le
sera par une grande puissance et par la gloire.

15.12 13:27

Le rassemblement des élus d’Israël dispersés parmi les Gentils suivra immédiatement la
venue du Fils de l’homme. Par d’autres versets de l’Écriture, nous savons que l’Église aura
déjà été enlevée à la rencontre de Christ en l’air, et qu’elle apparaîtra avec lui ; mais il n’en
est rien dit dans ce passage. Le Seigneur s’adresse ici à des disciples juifs ; il parle
d’espérances juives, non pas de vérités concernant l’Église, que ses auditeurs, à cette époque,
ne pouvaient pas connaître.

15.13 13:28, 29

Quand le figuier met ses jeunes feuilles, nous sommes assurés que l’été est proche. De même,
l’apparition du résidu pieux au milieu de la nation apostate d’Israël sera le signe que le temps
de la bénédiction pour la nation est tout proche.
 

15.14 13:30, 31

La génération perverse et incrédule des Juifs ne passera pas avant que toutes ces choses ne
soient arrivées. Ils ont certes été dispersés parmi les nations, n’ayant plus de patrie, mais,
comme nous le savons, jamais ils n’ont été absorbés par d’autres nations. De plus, les paroles
du Seigneur ne passeront pas avant que toutes ces choses ne soient accomplies. C’est
assurément vrai de toutes les paroles du Seigneur ; mais cela est spécifié ici en relation avec
sa seconde venue, à cause de l’incrédulité de nos cœurs au sujet de l’intervention de Dieu
dans le cours des événements de ce monde.

15.15 13:32-36

Quant au jour de sa venue, personne n’en a connaissance, pas même le Fils devenu Homme.
Parlant comme Serviteur, il pouvait dire qu’il n’en connaissait pas le jour. Ne sachant pas le
jour de sa venue, nous devons veiller et prier. Christ est comme un homme parti dans un pays
lointain, qui a donné autorité à ses esclaves, confié à chacun son ouvrage, et commandé au
portier de veiller. Que les serviteurs du Seigneur veillent donc, de peur que s’il arrive tout à
coup, il ne les trouve asservis par le monde, et spirituellement endormis.

15.16 13:37

Les dernières paroles du Seigneur sont une exhortation qu’il adresse à tous les siens. Les
détails concernant l’avenir peuvent ne pas tous avoir une application immédiate pour les
chrétiens, mais le dernier « veillez » est pour tous. Les croyants de toutes les dispensations
reçoivent leur autorité du Seigneur, et sont les serviteurs du Seigneur, chacun ayant reçu un
ouvrage de la part du Seigneur. Chacun doit veiller à ne pas tomber dans le sommeil spirituel,
et à ne pas négliger le travail pour le Seigneur.

16 L’ombre de la croix (Chap. 14)


   

Avec le chapitre 14, nous abordons les dernières scènes de la vie du Seigneur, scènes bien
solennelles dans lesquelles de nombreux cœurs se trouvent révélés. Nous y trouvons la
corruption et la violence des chefs juifs, l’amour d’une femme dévouée, la perfidie du traître
et la chute d’un vrai disciple. Au-dessus de tout cela, brillent l’amour infini et la grâce parfaite
de Christ, tandis qu’il institue la Cène, qu’il passe par l’agonie de Gethsémané et qu’il se
soumet en silence aux insultes des hommes.

 
16.1  14:1, 2

Le chapitre commence par une brève mention de l’hostilité meurtrière des chefs de la nation.
Déjà ils avaient entouré le Seigneur de paroles de haine, et lui avaient fait la guerre sans
cause ; ils lui avaient rendu le mal pour le bien, et la haine pour son amour (Ps. 109:2-5). À
chaque pas, il avait manifesté une grâce parfaite ; partout il n’avait fait que le bien. Il avait
guéri les malades, vêtu ceux qui étaient nus, rassasié les affamés, pardonné les péchés, délivré
du pouvoir du diable et ressuscité les morts. Il avait averti ces hommes, plaidé avec eux,
pleuré sur eux, mais tout cela était en vain.

Maintenant le temps est finalement arrivé où ils sont déterminés à se saisir de lui et à le mettre
à mort. Pour accomplir leur dessein, ils doivent recourir à la ruse, ce qui prouve bien que leurs
mobiles étaient mauvais, et que s’ils avaient quelque crainte des hommes, ils n’en avaient
aucune de Dieu. Si le peuple avait peu conscience d’un besoin personnel de Christ, il pouvait
du moins apprécier sa bonté et profiter de ses miracles. Craignant qu’il y ait du tumulte alors
que des foules étaient assemblées à Jérusalem pour la Pâque, les chefs du peuple décident de
ne pas se saisir du Seigneur le jour de la fête. Dieu, cependant, en avait décidé autrement et,
comme toujours, c’est sa volonté qui l’emporte, quels que soient la ruse et les complots des
hommes.

16.2  14:3-9

Après cette brève allusion aux chefs du peuple, nous arrivons à la scène merveilleuse de la
maison de Béthanie. Comme le Seigneur était à table dans la maison de Simon le lépreux, une
femme — que par d’autres récits nous savons être Marie, la sœur de Marthe — vient avec un
vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur de grand prix, et en répand le contenu sur la tête
du Seigneur. Marie exprime ainsi son appréciation de Christ, son affection pour Lui et son
discernement spirituel. À ce moment-là, son intelligence semble avoir surpassé celle des
autres disciples. Gagnée par sa grâce et attirée par son amour, elle s’était précédemment assise
à ses pieds pour écouter sa parole. Quelqu’un a dit : « La grâce et l’amour de Jésus avaient
produit de l’amour pour lui, et sa parole avait produit de l’intelligence spirituelle ».

Son amour pour Christ l’avait rendue sensible à la haine croissante des Juifs. Son acte était le
témoignage de son amour et de son appréciation de Christ au moment même où les complots
des hommes exprimaient leur haine contre Lui. L’acte d’adoration de Marie met en lumière,
hélas ! l’avarice de quelques-uns de ceux qui étaient là. Nous savons par le récit de l’évangile
selon Jean que Judas était à la tête de ceux qui se sont indignés contre Marie. Ce que Christ
estimait gain, Judas l’estimait perte. Les hommes peuvent apprécier les bienfaits accomplis en
faveur de leurs semblables, mais ils mesurent peu, ou pas du tout, la valeur d’un hommage
ayant Christ pour seul objet. Comme chrétiens, ne sommes-nous pas en danger d’être animés
du même esprit quand nous sommes actifs, et à juste titre, pour prêcher l’évangile aux
pécheurs ou prendre soin des croyants, et que nous attribuons peu d’importance à un acte
d’adoration qui donne toute la place à Christ ? N’oublions pas que ceux qui murmurent en
voyant le dévouement de Marie, déprécient Christ en réalité. Si l’acte de Marie n’est que pure
perte, alors Christ n’est pas digne de l’hommage des siens.
Mais si l’acte de Marie suscite l’indignation des hommes, il lui vaut l’approbation de Christ.
Le Seigneur se plaît à dire : « Elle a fait une bonne œuvre envers moi ». En Luc 10, nous
lisons que Marie a choisi « la bonne part ». Ici nous apprenons qu’elle fait « une bonne
œuvre ». La bonne part est de s’asseoir à ses pieds et d’écouter sa parole ; une bonne œuvre,
c’est une œuvre qui a Christ pour motif. Il peut y avoir beaucoup d’activité dans le service,
mais si Christ n’en est pas le mobile, cela aura peu de valeur dans le jour à venir. De plus, le
Seigneur approuve l’acte de Marie non seulement à cause de la pureté de ses motifs, mais
aussi parce qu’elle a fait « ce qui était en son pouvoir ». Dans le service pour Christ, il n’est
pas juste de négliger une occasion d’accomplir une tâche comparativement petite et obscure,
et d’aspirer plutôt à une grande œuvre publique qui, finalement, peut avoir le mauvais motif
de s’exalter soi-même. Cette belle scène n’est-elle pas un encouragement pour nous à faire ce
qui est en notre pouvoir, même le service le plus insignifiant, avec le motif pur d’exalter
Christ ?

Le Seigneur se plaît à nous donner la vraie signification spirituelle de l’acte de Marie. Elle
avait anticipé le moment d’oindre son corps pour sa sépulture. En effet, il sera trop tard quand
les autres viendront avec leurs aromates, pour exprimer leur appréciation de Christ, sincère
mais sans intelligence. Marie, avec plus de discernement spirituel, exprime son amour pour
lui avant qu’il soit mis dans le tombeau. Le Seigneur attribue une telle valeur à l’acte de
Marie qu’il dit : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on
parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle ». Son œuvre d’amour restera
dans tous les temps un exemple magnifique de ce que produit véritablement l’évangile. Non
seulement il nous apporte la connaissance du salut et le pardon des péchés, mais il attache
notre cœur à Christ, qui devient ainsi l’objet suprême de notre vie. Nous savons que la Cène
du Seigneur, repas célébré tout au long des âges, rappelle continuellement la perfection du
Sauveur et l’infini de son amour pour les siens ; mais ce repas-là, qui a eu lieu une fois à
Béthanie, rappellera toujours le dévouement d’une croyante, et son amour pour Christ.

16.3  14:10, 11

La « bonne œuvre » de Marie est suivie immédiatement par la mauvaise œuvre de Judas.
Poussé au-dehors par l’inimitié du diable, et au-dedans par la convoitise de la chair, sans
conscience envers Dieu, Judas s’en va vers les principaux sacrificateurs pour livrer le
Seigneur entre leurs mains. Eux, pareillement dépourvus de conscience et de crainte de Dieu,
promettent de lui donner de l’argent. Par appât du gain, Judas poursuit son mauvais dessein et
cherche à trahir le Seigneur à un moment qui puisse convenir aux principaux sacrificateurs.

16.4  14:12-16

Sans se laisser arrêter par les complots de ces hommes méchants, le Seigneur continue à
manifester son amour parfait envers les siens, et institue le repas par lequel nous pouvons tous
avoir le privilège d’imiter l’acte d’adoration de Marie. Les incidents qui précèdent le souper,
bien que tout simples en eux-mêmes, manifestent la gloire de la personne du Seigneur. Deux
disciples sont envoyés pour préparer la fête. Le Seigneur va au-devant de la mort, mais il n’en
est pas moins le Roi, ayant le droit de réclamer une chambre d’hôte ; et à sa volonté
souveraine tous doivent se soumettre. En outre, il est une Personne divine et toutes choses lui
sont connues. L’homme portant « une cruche d’eau », le « maître de la maison », la « grande
chambre garnie » sont tous devant ses yeux. Les disciples envoyés pour exécuter ses
instructions trouvent tout comme il leur avait dit.

16.5  14:17-21

Le soir étant arrivé, il vient avec les douze et ils se mettent à table pour manger la Pâque — la
commémoration de la délivrance des Israélites hors d’Égypte. Le Seigneur allait accomplir
pour les siens une délivrance infiniment plus grande. Pour cette rédemption éternelle, il fallait
sa mort, et celle-ci serait amenée par la trahison de l’un des douze. Le Seigneur, dans son
amour parfait, ressentait profondément le fait que l’un de ceux qui avaient vécu dans sa sainte
présence, qui avaient entendu ses paroles de grâce, qui avaient été témoins de son amour et de
sa patience infinis, puisse agir ainsi. Lorsqu’il dit : « L’un d’entre vous qui mange avec moi,
me livrera », il exprime l’angoisse de son cœur. Plus l’amour est grand et plus il est parfait,
plus l’angoisse en présence d’une telle trahison est grande. Jamais l’amour dans toute sa
perfection n’avait été exprimé comme il l’a été en Christ, et jamais personne n’avait vécu
extérieurement aussi près de Christ que Judas. Mais tout cela avait été en vain, car si même il
avait quelque peu apprécié l’amour de Christ, il aimait plus encore l’argent. La cruauté, la
méchanceté de cette trahison ressort dans le fait que celui qui allait trahir le Seigneur pouvait
tremper avec lui au plat. Le Seigneur désire que d’autres entrent dans ses souffrances. On a
dit : « Il ne les cache pas avec fierté, mais désire déposer dans des cœurs humains les douleurs
qu’il éprouve comme Homme ; l’amour compte sur l’amour » (J. N. D.). Nous ne pouvons
pas avoir part aux souffrances que le Seigneur a connues sur la croix, étant abandonné de
Dieu ; mais ici, il s’agit de souffrances causées par l’homme, et nous pouvons, en tant
qu’hommes, y entrer dans notre faible mesure. La trahison de Judas avait été annoncée
longtemps à l’avance ; tout se passait « selon qu’il est écrit ». Mais malheur au traître, car
comme on l’a dit : « L’accomplissement des conseils de Dieu n’ôte pas l’iniquité de ceux qui
les accomplissent ; autrement, comment Dieu pourrait-il juger le monde ? » (J. N. D.).

16.6  14:22-24

Nous trouvons ensuite l’institution de la Cène. Les mots « comme ils mangeaient »
distinguent nettement le repas de la Pâque auquel ils participaient, et la Cène du Seigneur.
Dans cette dernière, le pain représente son corps ; et la coupe, son sang versé, non seulement
pour les Juifs, mais pour plusieurs. C’est un mémorial. Nous sommes aimés d’un tel amour
que le Seigneur apprécie que nous nous souvenions de Lui. Le sang de Christ dans sa valeur
infinie est toujours devant les yeux de Dieu, et il désire que les siens s’en souviennent
toujours.

 
16.7  14:25

Le Seigneur se sert de la coupe comme symbole de son sang versé pour plusieurs. Le vin,
dans son sens naturel de fruit de la vigne, représente la joie terrestre. La mort de Christ rompt
Ses liens avec la terre et avec ce qui est terrestre, jusqu’au moment où le Royaume de Dieu
sera établi sur la terre. Aujourd’hui les croyants sont unis à un Christ céleste qui a souffert sur
la terre ; ils attendent le royaume futur pour avoir part avec Christ aux gloires et aux joies du
royaume terrestre.

16.8  14:26

Après le souper, « ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des
Oliviers ». L’association de ces deux choses est merveilleuse. Nous comprendrions mieux
qu’il chante une hymne et reste dans la chambre haute, ou bien qu’il sorte sans chanter. Mais
chanter une hymne au moment où il sort pour affronter ses ennemis, la trahison, le reniement,
l’agonie de Gethsémané et l’abandon de la croix, cela témoigne d’une tranquillité d’esprit qui
venait certainement de ce qu’il avait en vue la volonté du Père, et la joie qui était devant lui
au-delà de la croix.

16.9  14:27-31

Toutefois, les circonstances mêmes qui révèlent la perfection du Seigneur montrent la


faiblesse des disciples. Ils peuvent chanter ensemble en présence du Seigneur et néanmoins,
cette même nuit, lorsqu’ils ne seront plus avec lui, ils seront scandalisés et dispersés. Hélas !
ne présentent-ils pas d’une manière bien solennelle ce qui s’est produit parmi les enfants de
Dieu ? Nous ne pouvons chanter ensemble que dans sa présence, chacun de nos cœurs lui
étant attaché. Le prophète peut dire : « Elles élèvent la voix, elles exultent ensemble avec
chant de triomphe ; car elles verront face à face » (Ésaïe 52:8). Et c’est seulement lorsque tous
les yeux sont fixés sur lui que nous pouvons le voir face à face. Loin de sa présence, nous
sommes facilement scandalisés à cause de Christ et nous nous scandalisons les uns les autres ;
et les croyants scandalisés ne tarderont pas à se séparer et deviendront des brebis dispersées.
Plus jamais les croyants dispersés, qu’ils appartiennent à Israël ou à l’église divisée, ne
pourront chanter ensemble jusqu’au moment où ils seront tous réunis autour du Seigneur et le
verront face à face.

Mais, béni soit son nom, Il ne fait jamais défaut ; aussi la dispersion prendra fin et le moment
du rassemblement viendra. Ceci, les disciples allaient déjà l’expérimenter en leur temps ; ils
allaient apprendre que le Seigneur, après sa résurrection, était le même, manifestant toujours
l’amour et la grâce de son cœur. Lui, le grand Berger des brebis, irait devant eux et une fois
encore ses brebis le suivraient.

Le Seigneur a donné une parole d’avertissement, suivie d’une parole d’encouragement.


Hélas ! comme Pierre, à cause de notre confiance en nous-mêmes, nous sommes trop souvent
inattentifs à ses avertissements et nous perdons la bénédiction de ses paroles
d’encouragement. Ignorant notre faiblesse, nous pensons être à l’abri là où d’autres peuvent
faillir. Ainsi Pierre dit : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi ».
Ils allaient tous être scandalisés, mais le premier à exprimer sa confiance en soi est celui qui
connaîtrait la chute la plus grave. Nous tombons dans les choses mêmes dont nous nous
glorifions. Pierre se vante de ce qu’il ne serait jamais scandalisé. Le Seigneur dit : « Cette
nuit-ci... tu me renieras trois fois ».

Cette annonce de sa chute prochaine ne fait qu’augmenter la véhémence avec laquelle Pierre
proteste de son dévouement au Seigneur. Il dit : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne
te renierai point ». Il était sans aucun doute sincère, mais nous devons apprendre que la
sincérité ne suffit pas pour nous garder fidèles au Seigneur. Nous avons besoin d’être fortifiés
dans la grâce qui est dans le Christ Jésus pour pouvoir vaincre la faiblesse de la chair,
échapper aux ruses du diable et être délivrés de la crainte de l’homme. La simple question
d’une jeune fille suffit au diable pour entraîner la chute d’un apôtre, quand celui- ci n’est plus
en contact avec Christ. Les paroles de vanterie de Pierre, reprises par tous les disciples,
n’appellent pas de réponse de la part du Seigneur. Il est évident qu’il y a des occasions où les
déclarations des croyants sont si manifestement charnelles qu’il est inutile de chercher à y
répondre. Il y a un temps de se taire, et un temps de parler.

16.10 14:32-42

Le Seigneur éprouvait une profonde souffrance en voyant que la nation complotait pour le
mettre à mort, que l’un des douze était sur le point de le trahir, qu’un autre allait le renier, et
que tous seraient scandalisés à cause de lui. Mais à Gethsémané, le Seigneur se trouve devant
une douleur incomparablement plus profonde, celle qu’il allait endurer sur la croix lorsque,
étant fait péché, il serait abandonné de Dieu. En présence de cette terrible souffrance, comme
dans toutes les autres épreuves de sa vie parfaite, il s’adonne à la prière. Mais quel que soit le
soulagement que cette dernière puisse apporter, son effet immédiat est de rendre l’épreuve
plus sensible encore. La prière place toutes les circonstances dans la présence de Dieu, et là,
elles sont réalisées dans leur vrai caractère. La ruine d’Israël, la trahison d’un Judas, la
faiblesse et les manquements des siens, le pouvoir et l’inimitié de Satan, la réalité du
jugement, les justes exigences d’un Dieu saint, voilà certainement ce que notre Seigneur a
pleinement réalisé dans la présence du Père.

Le Seigneur prend avec lui dans le jardin Pierre, Jacques et Jean — ceux qui, le moment venu,
occuperont une place spéciale comme colonnes dans l’assemblée. Sur la montagne, ils avaient
déjà été choisis comme témoins de ses gloires ; maintenant, dans le jardin, l’occasion leur est
donnée de partager ses douleurs. Personne ne pouvait partager avec lui l’abandon effectif
qu’il devait subir sur la croix, mais d’autres pouvaient, dans leur mesure, avoir part à
l’exercice profond que connaissait son âme en anticipant la croix. Pour lui, notre saint
substitut, mourir c’était porter le jugement du péché ; c’est pourquoi il peut dire : « Mon âme
est saisie de tristesse jusqu’à la mort ». Ayant porté le châtiment de la mort, il a, pour le
croyant, dépouillé celle-ci de ses terreurs : Étienne peut se réjouir à la perspective de la mort,
et Paul peut dire que mourir et être avec Christ est de beaucoup meilleur. Redouter la croix
faisait partie de Sa perfection et, par conséquent, il peut dire au Père : « Toutes choses te sont
possibles ; fais passer cette coupe loin de moi ». Mais accepter la croix et accomplir la volonté
de son Père faisait également partie de Sa perfection ; aussi ajoute-t-il : « Toutefois non pas ce
que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! »
Pour la pauvre et faible nature humaine des disciples, les souffrances du jardin étaient trop
profondes, tout comme les gloires de la montagne avaient été trop grandes. Dans les deux
occasions ils se réfugient dans le sommeil. Lorsque le Seigneur vient et trouve les disciples
dormant, c’est à Pierre, qui s’était vanté plus que les autres de son dévouement pour lui, qu’il
s’adresse spécialement ; il lui demande : « Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure ? »
Seule la prière, expression de notre dépendance de Dieu, nous préparera à rencontrer la
tentation. La confiance en soi qui caractérise notre nature fait que, trop souvent, nous
redoutons peu la tentation et sommes par conséquent peu conscients de notre besoin de prier.
Pourtant, avec une tendre compassion, le Seigneur reconnaît la réalité de leur amour pour lui,
tout en constatant leur faiblesse : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible ».

De nouveau il s’éloigne, et il prie ; et quand il revient il trouve de nouveau ses disciples


endormis. Ils n’avaient pas pris garde aux avertissements du Seigneur, car leurs yeux étaient
appesantis. La troisième fois que le Seigneur revient vers eux, il doit leur dire : « Dormez
dorénavant et reposez-vous ». Ils avaient manqué l’occasion de veiller avec le Seigneur et
avaient démontré leur propre faiblesse ; aussi le Seigneur doit leur dire : « Il suffit ». Le temps
de veiller et de prier avait pris fin ; le moment de l’épreuve était là ; le traître s’était approché,
et Celui qui seul avait veillé et prié peut dire maintenant, dans la confiance et la dépendance
de Dieu : « Levez-vous, allons ».

16.11 14:43-45

Dans la scène solennelle qui suit, celle de la trahison, nous voyons la méchanceté de nos
propres cœurs lorsqu’ils sont laissés à eux- mêmes et endurcis par Satan. Sans la grâce de
Dieu, combien facilement nous pouvons céder à la chair et, donnant libre cours à nos
convoitises, nous placer sous le pouvoir de Satan et aller même jusqu’à trahir Christ. Ce fut le
cas de Judas ; il peut dire aux ennemis du Seigneur : « Saisissez-le, et emmenez-le
sûrement ». Il semblerait que Judas les trompait lorsqu’il leur disait : « Emmenez-le
sûrement ». Apparemment, il s’attendait à ce que le Seigneur passe au milieu de ses ennemis,
comme il l’avait fait en des occasions précédentes ; ainsi le Seigneur se délivrerait de ses
ennemis tandis que Judas obtiendrait l’argent convoité. Ne connaissant rien des conseils de
Dieu et ignorant la perfection de l’obéissance du Seigneur, Judas n’était pas préparé à ce que
Jésus se soumette à ses ennemis pour accomplir la volonté du Père, selon les paroles qu’il
venait de prononcer dans le jardin : « Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! »

Ainsi, tout à la satisfaction de sa propre convoitise et aveugle à la gloire de Christ, Judas ose
non seulement trahir le Seigneur, mais encore le faire par un baiser. Un peu plus tard, les
ennemis du Seigneur lui cracheront au visage. Avec une même grâce, le Seigneur se soumet à
l’horrible hypocrisie du traître qui l’embrasse, et au mépris insultant de ses ennemis qui
crachent contre lui. Sauveur merveilleux qui a enduré une telle contradiction de la part des
pécheurs contre lui- même !

 
16.12 14:46, 47

Mais si Judas, le traître, n’était pas préparé à la soumission du Seigneur à ses ennemis, Pierre,
un vrai disciple, ne l’était pas non plus. Bien que son nom ne soit pas mentionné ici, nous
savons que c’est lui qui tira son épée et frappa un esclave du souverain sacrificateur. Poussé
par la convoitise, Judas trahit le Seigneur ; poussé par l’amour, Pierre le défend. Toutefois,
malgré sa sincérité, Pierre entravait en fait le chemin du parfait Serviteur de l’Éternel. Dans
cet évangile, la guérison de la blessure n’est pas mentionnée, la pensée n’étant pas tellement
de présenter la puissance du Seigneur, mais plutôt sa soumission comme parfait Serviteur.

16.13 14:48, 49

Nous avons vu la convoitise de Judas, puis l’énergie charnelle de Pierre, qui était prêt à se
battre, s’il ne l’était pas à prier. Nous découvrons maintenant la lâcheté et la bassesse des
chefs des Juifs. Ils auraient pu se saisir du Seigneur tous les jours dans le temple,
ouvertement, car le Seigneur avait enseigné en public, sans se cacher ; mais leur lâcheté, leur
crainte du peuple, et l’absence en eux de tout principe, les conduisent à agir comme s’ils
avaient affaire à un brigand. Ils connaissaient les brigands et la manière de les traiter, mais les
perfections infinies de Christ dépassaient leur compréhension.

16.14 14:50-52

Nous voyons ici la faiblesse des disciples : « Tous le laissèrent et s’enfuirent ». Un jeune
homme pourtant se risque à le suivre, mais seulement pour se sauver ensuite d’une façon
encore plus honteuse.

16.15 14:53-65

Dans sa soumission à la volonté du Père, le Seigneur consent à être emmené pour comparaître
devant le sanhédrin. Pierre, animé d’un véritable amour pour lui, le suit ; mais agissant dans la
confiance en soi, il le fait sans avoir la pensée du Seigneur et, ainsi, il le suit « de loin ».
Comme cela nous arrive trop souvent à nous- mêmes, en marchant sans direction divine,
Pierre subit la tentation sans le soutien divin, et apprend alors la faiblesse totale de la chair.

Dans la scène qui vient ensuite, avec les principaux sacrificateurs et leur sanhédrin, nous
voyons à quelles profondeurs de méchanceté la chair religieuse peut atteindre. Ils avaient déjà
décidé de mettre Christ à mort ; aussi son procès n’avait pas pour but de déterminer s’il avait
commis quelque chose qui mérite la mort, mais n’était qu’un horrible stratagème pour couvrir
un meurtre d’un semblant de justice. Dans la méchanceté de leurs cœurs, ils ne recherchent
pas la vérité, mais « quelque témoignage contre Jésus, pour le faire mourir ». N’en trouvant
pas, ils ont recours à de faux témoignages ; ils doivent cependant constater que ceux-ci ne
serviront pas leur dessein, car ils se condamnent eux-mêmes en se contredisant l’un l’autre.
Finalement, le souverain sacrificateur est contraint d’interroger Christ lui-même. Face à toute
cette inimitié et cette méchanceté, le Seigneur « garda le silence, et ne répondit rien ». Pierre,
un témoin de ces scènes solennelles, peut nous dire des années plus tard que « lorsqu’on
l’outrageait, [Il] ne rendait pas d’outrage ». « Comme une brebis muette devant ceux qui la
tondent... il n’a pas ouvert sa bouche » (Ésaïe 53:7). Il n’avait rien à répondre à de méchantes
accusations ; mais lorsque la gloire de sa Personne est mise en cause, il rend témoignage à la
vérité, sans hésitation, quelles que puissent en être les conséquences — exemple parfait pour
tous ses serviteurs. N’étant pas parvenus à leurs fins par des mensonges, ils cherchent
maintenant à condamner le Seigneur pour son témoignage à la vérité. Tout ce que le diable
réussit à faire, c’est de mettre en lumière la vérité quant à la gloire de la Personne de Christ et
de manifester la méchanceté absolue de la chair religieuse. Si, pour un moment, il est permis à
ces hommes d’accomplir leurs mauvais desseins, ils ne sont que des instruments pour faire les
choses que le conseil de Dieu avait « à l’avance déterminé devoir être faites ».

Le Seigneur Jésus était effectivement le Christ, le Fils du Béni, mais il était également le Fils
de l’homme qui sera vu « assis à la droite de la puissance », et revenant sur la terre en gloire.
Rejeté comme Fils de Dieu selon le Psaume 2, il prend la place de Fils de l’homme selon le
Psaume 8.

Pour ces chefs, aveuglés par leur incrédulité, la vérité apparaît comme un blasphème et, à
l’unanimité, « tous le condamnèrent comme méritant la mort ». Dans une soumission parfaite
à la volonté du Père, Celui qui va bientôt être exalté à la droite de la puissance et revenir en
gloire, n’offre pas de résistance aux outrages de ceux qui lui crachent au visage et le frappent
de leurs mains.

16.16 14:66-72

Hélas ! le Seigneur ne doit pas seulement endurer les insultes d’hommes méchants, mais aussi
le reniement d’un de ses disciples. Plein de confiance en lui, Pierre n’a pas été attentif aux
avertissements du Seigneur et a négligé ses exhortations à veiller et à prier. La chair l’a
exposé à une tentation dans laquelle elle ne peut pas lui offrir d’appui. Tandis que le Seigneur,
en face de la méchanceté de ses ennemis, gardait le silence dans sa grâce, Pierre se taisait par
crainte, tout en se chauffant au feu du monde, en compagnie des ennemis du Seigneur, Et
tandis que le Seigneur parle pour confesser la vérité, Pierre parle pour la renier. Dans sa
confiance en lui-même, Pierre avait dit : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te
renierai point ». Mis à l’épreuve par la simple question d’une servante, alors que rien ne
suggère qu’un mal quelconque puisse lui arriver, et encore moins la mort, il pressent un
danger et renie le Seigneur. Mais sa conscience ne va pas lui permettre de rester avec ceux
auxquels il a menti. Il sort dans le vestibule et aussitôt, selon les paroles d’avertissement du
Seigneur, il entend le coq chanter. Mais de nouveau, la servante le voit et dit à ceux qui
étaient là : « Celui-ci est de ces gens-là. » Pour la deuxième fois Pierre renie le Seigneur. Un
peu plus tard, d’autres lui disent : « Certainement tu es de ces gens-là. » Et alors, non
seulement il renie le Seigneur pour la troisième fois, mais il le fait avec des imprécations et
des serments. Pierre avait à apprendre — ce que nous-mêmes sommes si lents à reconnaître
— que « le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable ». Trompé par sa confiance en lui-
même, il n’a pas réalisé que la méchanceté de son cœur était telle qu’il était prêt, si l’occasion
se présentait, à renier son Maître bien-aimé, même avec des imprécations et des serments.
Combien solennelle est la conduite de Pierre, dans ces scènes pleines de gravité ! Cela nous
est présenté, non pas pour que nous nous attardions sur sa chute et que nous rabaissions un
serviteur dévoué du Seigneur, mais plutôt pour que nous apprenions à connaître le mal qui est
dans nos propres cœurs et que nous soyons sur nos gardes. Lorsque le Seigneur le prévient
qu’il va le renier, Pierre, sûr de lui, reprend le Seigneur et se vante de son dévouement. Un
peu plus tard, tandis que le Seigneur veille et prie, Pierre est endormi. Lorsqu’en présence de
ses ennemis, le Seigneur est muet, comme une brebis devant ceux qui la tondent, Pierre utilise
l’épée. Pendant que le Seigneur fait la belle confession devant le souverain sacrificateur,
Pierre le renie devant une simple servante.

Pierre est tombé ; mais le Seigneur demeure, et Il reste le Même. Les souffrances qu’il a
endurées en étant rejeté par la nation, trahi par un faux disciple, renié par un vrai disciple et
abandonné par tous, ne pouvaient pas le détourner des siens, ni diminuer l’amour de son cœur.
En entendant le coq chanter pour la seconde fois, Pierre se ressouvint de la parole que Jésus
lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois ». Ces paroles
brisent le cœur du pauvre Pierre et lui font verser des larmes de repentance. « En y pensant, il
pleura ». On a dit très justement : « Si la vigilance et la prière sont toujours nécessaires, seul
sera irréprochable, innocent et n’aura pas à avoir honte celui qui marche avec la conviction
profonde qu’il doit craindre de tomber dans les pires péchés si son âme n’est pas occupée de
Jésus ». Nous ne connaissons pas la fourberie de notre propre cœur ; car le même passage qui
nous dit qu’il est trompeur par-dessus tout, et incurable, continue en posant la question : « Qui
le connaît ? » Le prophète donne immédiatement la réponse : « Moi, l’Éternel, je sonde le
cœur, j’éprouve les reins » (Jér. 17:9). Celui qui sonde et qui connaît nos cœurs peut seul nous
préserver de chute et nous relever quand nous sommes tombés. C’est ce que Pierre restauré
est amené à confesser, au jour de la résurrection, quand il dit : « Seigneur, tu connais toutes
choses ». Il ne parlera plus jamais de son propre cœur, ni ne se vantera de ce qu’il fera ou ne
fera pas. Il se remettra plutôt entre les mains de Celui qui sait toutes choses — toute la
méchanceté de nos cœurs et toute la puissance de l’ennemi — et qui seul peut nous garder de
chute.

« De toi que rien ne me sépare,

Ô mon Sauveur ! Enseigne-moi,

Si de nouveau mon pied s’égare,

À revenir bientôt à toi ».

17 La croix (Chap. 15)


   

Dans les scènes qui se rattachent à la croix, la méchanceté de l’homme déchu paraît dans toute
son horreur. Toutes les classes de la société y sont représentées — les Juifs et les Gentils, les
sacrificateurs et le peuple, le gouverneur et ses soldats, les passants et les brigands. Malgré
leurs différences sur le plan politique ou social, ils sont tous unis dans leur haine et leur rejet
de Christ (v. 1-32).
Quand l’homme et toute sa méchanceté disparaissent dans les ténèbres qui couvrent le pays, il
nous est accordé d’entendre le cri du Sauveur, exprimant son abandon de Dieu, au moment
où, comme la sainte Victime, il a été fait péché afin que nous devenions justice de Dieu en lui
(v. 33-38).

Enfin, après les heures d’abandon, nous avons le triple témoignage rendu au Seigneur Jésus
par le centurion, par quelques femmes pieuses et par Joseph d’Arimathée (v. 39-47).

17.1  15:1-15

Le Seigneur a déjà été condamné injustement par le sanhédrin des Juifs. Mais il faut que le
monde entier soit démontré coupable ; ainsi, comme le parfait Serviteur de l’Éternel, le
Seigneur consent à comparaître devant le tribunal de la puissance romaine, ce qui n’aura
d’autre résultat que de prouver la faillite totale du gouvernement placé entre les mains des
Gentils.

Pilate interroge de nouveau le Seigneur quant à la vérité, car la première chose qu’il demande
est : « Toi, tu es le roi des Juifs ? » Le Seigneur répond : « Tu le dis ». Comme quelqu’un l’a
dit : « Que ce soit devant le souverain sacrificateur ou devant Pilate, c’est la vérité qu’Il
confessait et c’est pour la vérité qu’Il a été condamné par l’homme » (W.K.). Aux accusations
des Juifs, il ne répond rien. Dans la perfection de sa marche, il sait quand parler et quand
garder le silence. Il parlera pour établir la vérité, mais quand il ne s’agit que de méchanceté
contre lui-même, il se tait. Puissions-nous tirer profit de son exemple parfait et suivre les
traces de Celui qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage. Il y a des moments où le
silence produit sur la conscience un effet beaucoup plus grand que n’importe quelle parole.
Pourtant, un tel silence est totalement étranger à notre nature déchue. Aussi Pilate s’en
étonne-t-il.

Sachant parfaitement que toutes les accusations des Juifs contre Christ n’avaient aucune
valeur, Pilate cherche d’une part à apaiser les Juifs et d’autre part à ne pas commettre
l’infamie de condamner un innocent. Pour cela il recourt à la coutume de relâcher un
prisonnier à la fête de la Pâque, quel que soit celui qu’ils demandaient. À cette époque, il y
avait un prisonnier célèbre, nommé Barabbas, qui était détenu pour cause de sédition et de
meurtre. Encouragé par la foule qui réclamait à grands cris qu’il soit fait selon cette coutume,
Pilate suggère de relâcher Jésus, le Roi des Juifs, plutôt que Barabbas, le meurtrier.

Le recours à cette coutume n’était qu’un compromis et ajoutait à la méchanceté du juge ; car
si le Seigneur était innocent — comme Pilate le savait —, un jugement juste aurait exigé qu’il
soit relâché indépendamment de toute coutume. En outre, l’injustice de Pilate en ne relâchant
pas immédiatement un innocent est aggravée par le fait qu’il était parfaitement conscient que
c’était par envie que ces hommes méchants avaient lié le Seigneur et l’avaient amené devant
le tribunal. Chez un pécheur ou chez un croyant, l’envie — ou la jalousie — est l’une des plus
puissantes incitations au mal dans le monde. C’est la jalousie qui a conduit au premier
meurtre, quand Caïn tua son frère ; c’est la jalousie qui a mené au plus grand des meurtres,
quand les Juifs ont mis à mort leur Messie. Le prédicateur peut bien dire : « La fureur est
cruelle et la colère déborde, mais qui subsistera devant la jalousie ? » (Prov. 27:4). Les cœurs
remplis de jalousie, ces chefs religieux excitent le peuple à choisir Barabbas plutôt que Christ.
Poussés par la jalousie, ils rejettent Christ, celui dont toute la personne « est désirable », et
choisissent un meurtrier et un rebelle. Puissent tous les croyants prendre à cœur les leçons de
cette scène solennelle, et être attentifs aux paroles de l’apôtre Jacques, qui nous met en garde
contre « une jalousie amère et un esprit de querelle » dans nos cœurs. Si ces choses ne sont
pas jugées dans le cœur, elles conduiront à du désordre et à toute espèce de mauvaises actions,
même parmi les croyants (Jacq. 3:14-16).

Pilate est peut-être un homme du monde endurci, mais du moins fait-il quelque faible
objection à la condamnation de Celui que tous savent être innocent. Et s’il doit relâcher
Barabbas, il demande : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez roi des
Juifs ? » Sans aucune hésitation, ils s’écrient : « Crucifie-le ! » Nous ne tenons pas à la
compagnie d’un rebelle et d’un meurtrier, mais l’inimitié de la chair contre Dieu est telle que
si nous sommes laissés à nous- mêmes, et que nous ayons à choisir entre un meurtrier et
Christ, nous préférons le premier.

Pilate demande encore : « Mais quel mal a-t-il fait ? » Leur réponse est ce seul cri irraisonné :
« Crucifie-le ! » Voulant contenter la foule, Pilate renonce à toute apparence de justice,
relâche Barabbas et, ayant fait fouetter Celui qu’il sait être innocent, il le livre pour être
crucifié.

17.2  15:16-20

Dans le traitement que les soldats infligent au Seigneur, nous voyons toute la brutalité de
l’homme prenant plaisir à outrager celui qui est sans défense. Il ne faisait pas partie du devoir
d’un soldat de maltraiter un détenu ; mais l’humilité, la grâce et la perfection de ce saint
Prisonnier les mettaient en présence de Dieu ; et cela, l’homme déchu ne peut le supporter.
Celui qui sera bientôt couronné de plusieurs diadèmes par la main d’un Dieu juste, consent à
ce que les mains d’hommes iniques mettent sur sa tête une couronne d’épines. Celui qui paîtra
les nations avec une verge de fer permet à de misérables hommes de le frapper avec un
roseau. Par dérision ils se mettent à genoux et rendent hommage à celui devant lequel ils
devront se courber au jour du jugement.

17.3  15:21

Ces soldats brutaux, ne se souciant ni de la liberté ni des droits des autres, contraignent un
homme venant des champs de porter la croix.

Simon le Cyrénéen a eu l’honneur de porter la croix pour celui qui, sur elle, a souffert pour le
monde entier. Apparemment, Dieu n’est pas resté indifférent à ce petit service rendu au
Seigneur, car il nous est dit que ce Simon était le père d’Alexandre et de Rufus. On peut voir
là une allusion au Rufus mentionné en Romains 16:13, ce qui impliquerait qu’Alexandre et
Rufus étaient des croyants bien connus à l’époque où Marc écrivit son évangile.

 
17.4  15:22-32

Aucun affront, aucune humiliation ne sont épargnés au Seigneur. Après l’avoir crucifié au
« lieu du crâne », les soldats partagent ses vêtements, en tirant au sort. Par dérision et par
mépris pour la nation, ils inscrivent sur l’écriteau portant le sujet de son accusation : « LE
ROI DES JUIFS », et en même temps, ils le crucifient entre deux brigands. À leur insu, ils
accomplissaient l’écriture qui dit : « Il a été compté parmi les iniques ».

On aurait pu penser que les passants au moins s’abstiendraient d’intervenir dans cette scène
terrible, mais même eux hochent la tête, se raillent de lui, déforment ses paroles, et le
provoquent en disant : « Sauve-toi toi-même, et descends de la croix ! »

Les principaux sacrificateurs aussi se moquent du Seigneur avec les scribes, disant : « Il a
sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ». C’était certes vrai, même s’ils réalisaient
bien peu la vérité de leurs paroles. Mais ce qu’ils ajoutent : « Que le Christ, le roi d’Israël,
descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! » est
entièrement faux. La foi vient de ce qu’on entend et non pas de ce qu’on voit. En outre, s’il
était descendu de la croix, la foi aurait été vaine. Nous serions encore dans nos péchés.

Finalement, le Christ de Dieu est rejeté et méprisé par les plus vils criminels ; nous lisons en
effet : « Ceux aussi qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient ».

17.5  15:33-36

Nous avons vu le Seigneur rejeté par tous les hommes, des plus élevés aux plus misérables, et
abandonné de ses disciples. Il nous est accordé maintenant de considérer des souffrances
infiniment plus profondes, celles qu’il endure lorsqu’il est abandonné de Dieu. Ce ne sont
plus l’envie, la méchanceté et la cruauté des hommes qu’il doit supporter, mais le châtiment
du péché alors qu’il est livré à la mort par un Dieu saint. Personne ne peut, ni ne doit, pénétrer
dans cette scène solennelle. Il y eut des ténèbres sur tout le pays. Christ était seul avec Dieu,
caché à tous les regards, quand il a été fait péché, Lui qui n’avait pas connu le péché. Fait
péché, il a dû endurer l’abandon de Dieu. Mais ne pouvons-nous pas dire que jamais il n’a été
plus précieux pour Dieu que lorsque, dans une obéissance parfaite, il a connu l’abandon de
Dieu ? Il a toujours glorifié le Père, mais jamais à un degré plus élevé que quand il a été fait
péché et qu’il a été abandonné. Qu’un tel sacrifice ait été nécessaire magnifie la nature sainte
de Dieu ; qu’un tel sacrifice ait pu être offert, exalte son amour. Rien de moins que ce
sacrifice ne pouvait satisfaire la gloire de Dieu ou obtenir le salut des hommes.

Mais qu’est-ce que cela a dû être pour sa nature sainte que d’être fait péché ! Lorsqu’il est
entré dans le monde, il a été désigné comme la « Sainte Chose » qui naîtrait ; lorsqu’il en est
sorti, il a été « fait péché ». Celui qui était l’objet des délices du Père de toute éternité est
abandonné. Le Psaume 22 nous apprend que celui qui a poussé le cri : « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? » peut seul donner la réponse : « Et toi, tu es saint, toi qui
habites au milieu des louanges d’Israël ». Si le propos du cœur de Dieu de demeurer au milieu
d’un peuple qui le loue doit trouver son accomplissement, il faut d’abord que la sainteté de
Dieu soit satisfaite. Et rien ne peut répondre aux saintes exigences d’un Dieu saint à l’égard
du péché, si ce n’est l’offrande sans tache de Christ.
 

17.6  15:37, 38

Lorsque tout fut accompli, « Jésus, ayant jeté un grand cri, expira ». Ce grand cri était la
preuve que sa mort ne résultait pas de la défaillance et de l’épuisement des forces naturelles.
On a dit : « Jésus n’est pas mort parce qu’il ne pouvait plus vivre, comme il en est pour tous
les autres hommes ». Pour que la sainteté de Dieu puisse être satisfaite, et que le salut des
pécheurs soit rendu possible, il fallait qu’il meure mais personne ne lui a ôté la vie, il l’a
laissée de lui- même.

Aussitôt le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le voile séparait
le lieu saint du lieu très saint. Il parlait bien de la présence de Dieu, mais montrait que
l’homme en était exclu. C’était là le caractère de la période de la loi : Dieu présent, mais
l’homme incapable de s’approcher de lui. Le voile déchiré proclamait que c’en était fini du
judaïsme ; mais de plus, il nous dit que Dieu peut maintenant, en toute justice, se révéler en
grâce et apporter à l’homme la bonne nouvelle du pardon ; et que l’homme lui- même peut
s’approcher de Dieu sur le fondement du sang précieux de Christ.

17.7  15:39

L’œuvre de la croix étant achevée, la première voix à se faire entendre en témoignage à la


gloire de la personne de Christ est celle d’un Gentil, précurseur du jour nouveau où une
grande multitude de Gentils reconnaîtront le Sauveur comme étant le Fils de Dieu. Ce
centurion avait certainement été témoin de bien des morts sur les champs de bataille, mais il
n’avait jamais vu une mort semblable à celle de Christ. Il reconnaît que Celui qui peut ainsi
rendre son esprit en jetant un grand cri, doit être plus qu’un homme. Aussi peut-il dire :
« Certainement, cet homme était Fils de Dieu ».

17.8  15:40, 41

Quelques femmes dévouées, qui avaient suivi le Seigneur et l’avaient assisté de leurs biens
dans les jours de sa chair, sont ensuite honorées d’une mention. Par amour, elles avaient suivi
le Seigneur pendant sa vie de service, elles ne l’avaient pas quitté au moment de sa mort sur la
croix et elles regardent lorsque son corps est déposé dans le sépulcre. On peut facilement
s’attarder sur leur manque d’intelligence, tout en étant bien loin derrière elles dans leur amour
plein de dévouement.

17.9  15:42-47

Si ces femmes dévouées se distinguent au jour du danger, alors que les disciples s’étaient
enfuis, ainsi aussi, un conseiller honorable prend sur lui d’aller demander le corps du Seigneur
pour l’ensevelir. Il était un vrai croyant qui attendait le royaume de Dieu ; toutefois sa
position sociale élevée l’avait peut-être retenu de s’identifier avec Jésus dans son abaissement
et de s’associer à ses humbles disciples. Mais, comme cela arrive si souvent, l’intensité du
mal contraint la foi à se manifester, et ceux que nous aurions pu considérer comme étant
spirituellement de peu de poids, se déclarent résolument pour le Seigneur, alors que d’autres
dont nous aurions pensé qu’ils montreraient l’exemple, faillissent entièrement.

Ainsi la parole de Dieu s’accomplit : bien que les hommes lui aient donné son sépulcre avec
les méchants, il a été avec le riche dans sa mort (Ésaïe 53:9). Et s’il a été permis aux hommes
de clouer ignominieusement Christ sur une croix, afin que le conseil de Dieu s’accomplisse, il
est pourvu — une fois cette grande œuvre achevée — à ce que son corps soit enseveli avec
tous les honneurs qui lui sont dus, et sans que des hommes méchants ne puissent lui infliger
davantage d’affronts.

18 La résurrection et l’ascension (Chap. 16)


   

18.1  16:1-3

Pour la troisième fois, ces trois femmes dévouées — Marie de Magdala, Marie la mère de
Jacques, et Salomé — sont placées devant nous. Apparemment elles avaient déjà acheté des
aromates pour embaumer le corps du Seigneur, une fois le sabbat passé. C’était de
l’incrédulité que de penser trouver le corps du Seigneur dans le tombeau, et de l’ignorance
que de chercher à le retenir là. Mais l’Esprit de Dieu se plaît à séparer ce qui est précieux de
ce qui est vil, et à s’attarder sur l’amour et le dévouement qui les ont amenées à acheter des
aromates et à venir au sépulcre de fort grand matin.

En chemin, elles se demandent entre elles : « Qui nous roulera la pierre de devant la porte du
sépulcre ? » Pour l’esprit raisonneur de l’homme naturel, il y a toujours une grande pierre
devant le tombeau de Christ. Éloigné de Dieu, l’homme déchu trouve une difficulté
insurmontable dans la vérité de la résurrection. Les philosophes grecs, comme d’ailleurs ceux
d’aujourd’hui, professent peut-être croire à l’immortalité de l’âme, mais ils refusent
d’accepter la résurrection du corps. Pour l’esprit humain il est agréable de penser que l’âme
continue à vivre après avoir quitté le corps ; mais si le corps doit ressusciter, il est évident
qu’il faut l’intervention de la puissance de Dieu ; et l’intelligence humaine repousse la pensée
d’être dépendant de ce Dieu que l’on hait. Laissez Dieu de côté — la résurrection est
impossible ; introduisez Dieu et sa puissance — toutes les difficultés disparaissent, la pierre
est roulée.

18.2  16:4-7

Arrivées au sépulcre, ces femmes découvrent que Dieu les a précédées, et que la pierre est
roulée ; non pas certes pour que le corps du Seigneur puisse sortir du tombeau, mais pour que
les disciples puissent y entrer et constater que le lieu où il avait été mis était vide. Aucune
pierre, aussi grande soit-elle, ne pouvait retenir le corps du Seigneur dans le sépulcre.

Entrées dans le sépulcre, elles se trouvent aussitôt en face d’un messager céleste, qui rassure
leur cœur et calme leurs craintes en leur disant : « Vous cherchez Jésus le Nazarénien, le
crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis ». Elles cherchaient
Jésus, et en cela, malgré beaucoup d’ignorance et d’incrédulité, tout était bien. Que
cherchons-nous ? Jésus est-il l’objet de notre cœur ? On a dit : « C’est la consécration du cœur
au Seigneur qui apporte la lumière et l’intelligence à l’âme » (J.N.D.). Que de fois notre
aveuglement quant à la vérité et notre incapacité à distinguer entre le juste et le faux viennent
de ce que nous n’avons pas cet œil simple qui a Christ pour son seul objet. Nous cherchons
souvent notre propre volonté et notre exaltation plutôt que Jésus et sa gloire. La mesure dans
laquelle nous « cherchons Jésus » est celle dans laquelle nous recevons la lumière. Il se peut
que nous cherchions beaucoup de choses qui sont bonnes en elles-mêmes, mais qui ne sont
pas Jésus ; nous pouvons chercher des âmes, le service, le bien de l’homme et la prospérité
des saints ; mais si nous « cherchons Jésus », chacune de ces choses trouvera sa vraie place, et
nous aurons la lumière pour notre sentier. En cherchant Jésus, ces femmes reçoivent la
lumière du ciel, et elles sont envoyées pour accomplir un service pour le Seigneur.

Elles devaient délivrer ce message « à ses disciples et à Pierre ». Il est touchant de remarquer
que cette mention spéciale du nom de Pierre se trouve dans l’évangile qui donne le plus de
détails sur sa grave chute. Si le message avait été adressé simplement aux disciples, Pierre
aurait pu dire : « Ce n’est pas pour moi, je ne suis plus un disciple ». La mention expresse de
son nom exclut une telle pensée. Les disciples doivent apprendre que, bien qu’ils aient tous
abandonné le Seigneur et se soient enfuis, et bien que Pierre l’ait renié, le cœur plein d’amour
du Seigneur n’a pas changé à leur égard. Maintenant qu’il est ressuscité, comme dans les jours
de sa vie ici- bas, il ira « devant » ses disciples pour leur montrer le chemin. « Vous le
verrez », leur est-il dit, et tout se passera « comme il vous l’a dit ». De façon plus générale ne
pouvons-nous pas dire que malgré la ruine de l’église responsable, la dispersion et les
manquements des enfants de Dieu, le moment vient où le Seigneur ressuscité et glorieux
rassemblera toutes ses brebis autour de lui ; alors nous le verrons face à face, et toutes les
paroles qu’il a dites seront accomplies.

18.3  16:8

Les femmes avaient vu le sépulcre vide, elles avaient écouté l’ange, mais elles n’avaient pas
vu Jésus. Dans l’évangile selon Luc, nous lisons : « Pour lui, ils ne l’ont point vu ». Sans la
présence de Christ lui-même, la grande pierre roulée, le sépulcre vide et la vision d’anges ne
font que nous laisser tremblants et troublés.

18.4  16:9-11

Nous apprenons maintenant que le Seigneur était déjà apparu à Marie de Magdala, de laquelle
il avait chassé sept démons. Celle qui était le témoin de la puissance du Seigneur sur les
démons, devient maintenant le témoin de sa puissance sur la mort. Elle annonce la bonne
nouvelle de la résurrection du Seigneur aux disciples qui étaient dans le deuil et pleuraient.
Hélas ! ils entendirent le message, mais ils ne le crurent point.

18.5  16:12, 13

La brève allusion à l’apparition du Seigneur aux deux disciples qui étaient en chemin vers
Emmaüs nous indique que leur témoignage ne fut pas reçu non plus.

18.6  16:14-18

Enfin nous avons le récit de l’apparition du Seigneur aux onze, comme ils étaient à table. Le
Seigneur leur reproche leur incrédulité qu’il attribue à leur dureté de cœur. Est-ce qu’une
grande part de notre incrédulité ne peut pas être imputée à la dureté de nos cœurs, qui, si
souvent, ne répondent pas à Son amour et sont bien peu sensibles à Sa parole ?

Cependant, bien que l’état de leurs cœurs ait été dévoilé, le Seigneur les envoie
immédiatement prêcher l’évangile. Nous pourrions peut-être penser que tant d’incrédulité et
de dureté de cœur prouvaient qu’ils étaient tout à fait inaptes pour le service de prédicateurs.
Mais cette manifestation même de l’état de leurs cœurs dans la présence du Seigneur était une
préparation pour le service. C’est lorsque nous découvrons quelque chose du vrai caractère de
notre cœur et apprenons que nous ne sommes rien en nous-mêmes, que Dieu peut nous
employer pour la bénédiction des autres.

Ils devaient aller dans tout le monde et prêcher l’évangile à toute la création. « Celui qui aura
cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru sera condamné ». Il serait
contraire à la vérité de déduire de ce passage que le baptême ait une puissance quelconque de
sauver devant Dieu, car le point essentiel est de croire à l’évangile. Aussi n’est-il pas écrit :
« Celui qui n’aura pas cru, et n’aura pas été baptisé, sera condamné ». Quelqu’un a dit :
« L’incrédulité était le mal fatal à redouter par-dessus tout. Qu’un homme soit baptisé ou non,
s’il ne croyait pas, il serait condamné ». Le baptême est important en ce qu’il est le signe
visible devant les hommes de la foi que Dieu seul voit. Celui qui professe croire, et qui
cependant refuse d’être baptisé, cherche pratiquement à cacher sa profession de foi pour rester
en bons termes avec le monde. On peut à bon droit douter de la réalité de la foi d’un tel
homme. Le vrai croyant confessera sa foi en se séparant du monde. Le baptême est le signe de
la mort, ce grand séparateur. En étant baptisé, le croyant quitte le monde pour entrer, sur la
terre, dans la sphère chrétienne parmi les enfants de Dieu.

Le Seigneur dit à ses disciples que des signes accompagneraient ceux qui auraient cru. Au
nom de Christ, ils chasseraient les démons, ils parleraient de nouvelles langues et ils
guériraient les malades. Remarquons que le Seigneur ne dit pas que ces signes
accompagneraient tous ceux qui auraient cru, ou qu’ils subsisteraient toujours. Il convient de
distinguer entre les dons-signes dont l’apôtre parle en 1 Corinthiens 12:29, 30, et les dons
pour l’édification (Éphésiens 4:11). Les dons-signes de l’épître aux Corinthiens ont été
donnés à l’église primitive pour servir de témoignage public, pour attirer l’attention d’un
monde incrédule. Les dons pour l’édification du corps ont été donnés par la Tête glorifiée.
L’église ayant complètement failli quant à sa responsabilité et étant ruinée, le Seigneur cesse
d’attirer l’attention sur elle par des signes miraculeux et extérieurs. Mais bien que l’église soit
dépouillée de ses ornements extérieurs, le Seigneur ne cesse pas de chérir et de nourrir son
corps ; aussi les dons de l’épître aux Éphésiens vont-ils jusqu’à la fin.

18.7  16:19, 20

Ayant donné ses instructions à ses disciples, le Seigneur fut élevé en haut dans le ciel, et
s’assit à la droite de Dieu. Son œuvre sur la terre, comme le Parfait Serviteur, est achevée.
Toutefois, il coopère avec ses disciples, confirmant la parole qu’ils prêchaient par les signes
qui l’accompagnaient.
Réflexions sur l’évangile selon Marc
1                         Chapitre 1
L’auteur de cet évangile est ce Jean, appelé Marc, dont nous parle Actes 15:37, qui avait
manqué dans son service, quand il avait accompagné Paul et Barnabas dans leur premier
voyage missionnaire, et qui par la suite était devenu entre eux un sujet de discorde. Il avait
d’abord manqué lui-même et puis était devenu aussi une occasion de défaillance pour d’autres
plus grands que lui. Triste début dans une carrière où il est plus tard si pleinement restauré
qu’il devient un instrument utile au Seigneur, dans ce travail éminent qu’est la rédaction de
l’évangile qui présente le Seigneur Jésus comme le parfait serviteur de l’Éternel, le vrai
prophète du Seigneur.

Il intitule son livre « évangile », ou « bonne nouvelle » de « Jésus Christ, Fils de Dieu » ;
ainsi, dès le début, il ne nous est pas permis d’oublier qui est ce parfait serviteur. Il est le Fils
de Dieu, et ce fait est encore souligné par les citations tirées de Malachie et d’Ésaïe aux
versets 2 et 3, où celui dont le précurseur devait préparer le chemin est présenté comme étant
d’origine divine : l’Éternel lui-même. La mission du messager, de celui qui crie dans le désert,
marque le commencement même de l’annonce de la bonne nouvelle qu’apporte le Seigneur.

Ce messager, c’est Jean le baptiseur, et dans les versets 4 à 8, nous avons un bref résumé de sa
mission et de son témoignage. Le baptême qu’il prêche est le baptême de repentance, en
rémission de péchés, et ceux qui s’y soumettent viennent, confessant leurs péchés. Il leur faut
reconnaître qu’en eux il n’y a rien de bon. Et donc, comme cela convient tout à fait, Jean se
tient entièrement séparé de cette société qu’il lui faut condamner. Ce dont il est vêtu, ce dont
il se nourrit, le lieu où il se tient, allant dans le désert, lui font prendre une place de séparation.

Moïse avait donné la loi ; Élie avait accusé le peuple de s’en être détourné, et l’avait appelé à
s’y soumettre à nouveau. Jean, bien qu’il vienne dans l’esprit et la puissance d’Élie, ne les
exhorte pas à garder la loi, mais plutôt à confesser honnêtement qu’ils l’ont entièrement
enfreinte. Cela les prépare pour la suite de son message concernant celui qui est infiniment
plus grand, qui est sur le point de venir et les baptisera du Saint Esprit. Le baptême dont il les
baptisera sera beaucoup plus grand que celui de Jean, exactement comme sa personne même
est bien au-dessus de lui, Jean. Celui qui peut ainsi répandre l’Esprit Saint ne peut être moins
que Dieu lui-même.

Le commencement de l’annonce de la bonne nouvelle dans l’œuvre de Jean étant ainsi décrit,
nous sommes ensuite amenés au baptême de Jésus, résumé par les versets 9 à 11. Ici, comme
dans tout cet évangile, une brièveté et une concision extrêmes caractérisent le récit. Jésus
vient de Nazareth, cet endroit humble et méprisé de la Galilée, et se soumet au baptême de
Jean, non pas qu’il ait quoi que ce soit à confesser, mais parce qu’il veut s’identifier avec ces
âmes qui, par la repentance, font un pas dans la bonne direction. Alors il convient, avant son
entrée dans le ministère public, que soit manifestée l’approbation du ciel sur le parfait
Serviteur, de peur que ne soit mal interprétée l’humilité dont il fait preuve en se laissant
baptiser. L’Esprit descend sur lui comme une colombe, et la voix du Père se fait entendre,
rendant témoignage à sa personne et à sa perfection. Le serviteur du Seigneur est lui-même
scellé de l’Esprit Saint, la colombe étant l’emblème de la pureté et de la paix. Étant devenu
homme, il faut qu’il reçoive l’Esprit lui-même ; bientôt, dans son élévation, il répandra cet
Esprit comme baptême sur d’autres. C’est dans la puissance de cet Esprit qu’il s’avance pour
servir. Il faut noter également que, pour la première fois, il y a une révélation claire de la
divinité comme Père, Fils et Saint Esprit.

La première action de cet Esprit en ce qui concerne le Seigneur nous est présentée aux versets
12 et 13. S’avançant pour répondre à la volonté de Dieu, il faut qu’il soit mis à l’épreuve, et
l’Esprit le pousse à cela. C’est ici que pour la première fois nous trouvons le mot « aussitôt »,
que nous rencontrons si souvent dans cet évangile. Pour être accompli comme il convient, le
service doit être caractérisé par une prompte obéissance ; c’est pourquoi nous voyons notre
Seigneur comme celui qui n’a jamais perdu un instant dans le sentier où il a servi.

Il faut qu’il soit mis à l’épreuve avant d’entrer dans son ministère public, et cette épreuve a
lieu tout de suite. Lorsque le premier homme est apparu, il a vite été mis à l’épreuve par le
diable et il est tombé. Le second homme est là maintenant, et lui aussi doit être également mis
à l’épreuve par le diable. Seulement, au lieu d’être dans un beau jardin, il est dans le désert —
c’est ce qu’avait fait de son jardin le premier homme. Il est avec des bêtes qui sont sauvages,
à cause du péché d’Adam. Il est mis à l’épreuve pendant quarante jours, un temps complet de
mise à l’épreuve, et il en sort vainqueur, car à la fin de saints anges le servent.

Aucun détail quant aux différentes tentations n’est mentionné ici, simplement le fait que la
tentation a eu lieu, dans quelles conditions, et ce qui en est résulté. Le serviteur du Seigneur
est pleinement mis à l’épreuve et sa perfection est rendue manifeste. Il est prêt à servir. Aussi,
au verset 14, Jean quitte la scène. L’introduction à l’annonce de l’évangile est finie, et sans
autre explication nous pénétrons tout de suite dans un bref récit du merveilleux service
accompli par le Seigneur.

Son message est décrit comme étant « l’évangile du royaume de Dieu », et un très court
résumé de ce qu’il comporte se trouve au verset 15. Dans l’Ancien Testament, il est parlé du
royaume de Dieu, en particulier dans Daniel. Au chapitre 9 de ce livre, une certaine période
avait été fixée pour la venue du Messie et l’accomplissement de la prophétie. Le temps était
accompli et, en lui, le royaume s’était approché. Il appelle les hommes à se repentir, et à
croire à l’évangile. C’est en proclamant cela qu’il vient en Galilée. Pour le moment, il est seul
dans ce service.

Mais il ne reste pas seul longtemps. Ici et là son message est reçu, et des rangs de ceux qui
croient, il commence à en appeler quelques-uns qui doivent être plus étroitement associés à lui
dans son service pour devenir à leur tour « pêcheurs d’hommes ». Lui-même est le grand
pêcheur d’hommes, comme cela est montré dans les deux circonstances rapportées aux versets
16 à 20. Il sait qui il veut appeler à son service. Voyant les fils de Zébédée, il les appelle
aussitôt, et il est dit des fils de Jonas que lorsqu’il les appela, « aussitôt, ayant quitté leurs
filets, ils le suivirent ». Comme grand serviteur de Dieu, Jésus a été prompt à adresser son
appel ; comme serviteurs placés sous ses ordres, ils ont été prompts pour obéir.

Il vaut la peine de remarquer que ces quatre hommes qui ont été appelés sont diligents dans
leur travail. Pierre et André sont occupés à pêcher, Jacques et Jean ne se prélassent pas
pendant leur temps de repos, ils raccommodent les filets.

Au verset 16 nous lisons : « il marchait », mais au verset 21, ils entrent. Les hommes qu’il a
appelés sont maintenant avec lui, écoutant ce qu’il dit et voyant ses œuvres de puissance.
Entrant dans Capernaüm, il enseigne « aussitôt » le jour de sabbat, et ce qu’il dit porte la
marque de l’autorité. Les scribes ne faisaient que répéter les pensées et les opinions d’autres
personnes, s’appuyant sur l’autorité des grands rabbins des siècles précédents ; aussi est-ce ce
signe d’autorité qui étonne les gens. Elle est si évidente qu’ils la remarquent immédiatement.
Il est vraiment ce prophète qui a les paroles de l’Éternel dans la bouche et dont Moïse avait
parlé en Deutéronome 18:18-19.

Et non seulement il y a en lui autorité, mais aussi puissance, une vraie force active. Cela se
manifeste à la même occasion dans la façon dont il s’occupe de l’homme possédé d’un esprit
immonde. Sous la dépendance du démon, l’homme le reconnaît comme étant le Saint de Dieu,
tout en le voyant comme celui qui est venu pour détruire. Devant cette provocation, le
Seigneur se révèle comme le libérateur et non pas le destructeur. C’est le diable qui est le
destructeur, et donc le démon, qui est son serviteur, fait ce qu’il peut dans ce sens en déchirant
le pauvre homme avant de sortir de lui. Il ne peut garder son emprise sur sa victime en
présence de la puissance du Seigneur.

De nouveau les gens sont saisis d’étonnement. Ils voient l’autorité qui s’exprime dans ce qu’il
fait, comme ils l’avaient auparavant sentie dans ce qu’il disait, d’où leur double interrogation :
Qu’est-ce que ceci ? Qu’est-ce que cette nouvelle doctrine ? Ces deux choses doivent toujours
être maintenues ensemble dans le service de Dieu. Ce que l’on dit doit être étayé par ce que
l’on fait. Lorsqu’il n’en est pas ainsi ou que, pire encore, nos œuvres contredisent nos paroles,
notre service est faible ou vain.

Dans le cas de Jésus, les deux choses sont parfaites. Son enseignement est plein d’autorité et,
avec la même autorité, il exige l’obéissance des démons ; de là vient que sa renommée se
répand avec une rapidité qui s’accorde à la promptitude avec laquelle il sert Dieu de façon
admirable en faveur de l’homme.

Nous n’en avons pas encore fini avec les activités de cette admirable journée à Capernaüm,
car le verset 29 nous dit qu’ayant quitté la synagogue ils entrèrent dans la maison de Simon et
d’André. Ils font cela « aussitôt », c’est toujours le même mot caractéristique, indiquant la
promptitude. Pas de perte de temps pour notre bien-aimé Maître, pas de perte de temps pour
ceux qui le suivent maintenant, car ils lui parlent aussitôt (même mot) du besoin qui se trouve
dans cette maison. Besoin humain, fruit du péché de l’homme, qui se présente à lui à tout
moment. Il se manifeste aussi bien dans la maison de ceux qui sont devenus ses disciples qu’il
s’est manifesté dans la synagogue, centre local de leurs rites religieux.

La puissance du démon était bien présente dans le cercle religieux, et la maladie dans le cercle
familial. Et Jésus peut répondre largement à ces deux besoins. Le démon quitte l’homme
complètement et aussitôt. La fièvre quitte la femme avec la même promptitude ; et il ne faut
aucune période de convalescence avant qu’elle reprenne ses tâches ménagères habituelles.
Rien d’étonnant si, rapidement, « la ville tout entière est rassemblée à la porte ».

Le tableau présenté aux versets 32 à 34 est très beau. « Le soir étant venu, comme le soleil se
couchait », le travail de la journée étant terminé, des foules se rassemblent, apportant un grand
nombre de personnes dans le besoin, et il dispense la grâce de sa puissance en guérison. Il ne
veut pas qu’aucun témoignage lui soit rendu de la part des puissances des ténèbres. La grâce
et la puissance qu’il manifeste sont un témoignage suffisant pour dire qui est celui qui sert
parmi les hommes. Dans son évangile, Jean nous dit qu’il y a beaucoup d’autres choses que
Jésus a faites et qui n’ont pas été rapportées. Quelques-unes sont indiquées ici sans que des
détails soient donnés.
Le récit tel qu’il nous est donné par Marc avance rapidement. Tard dans la soirée, l’œuvre de
grâce continue encore et puis, longtemps avant le jour, Jésus se lève et cherche la solitude
pour la prière. Nous venons de remarquer l’autorité et la puissance du parfait serviteur de
Dieu. Ici nous voyons sa dépendance de Dieu, sans laquelle il ne peut y avoir de vrai service.
Il faut que le serviteur reste étroitement attaché au maître, et quoique celui qui sert soit fils, il
ne se dispense pas de cette dépendance ; au contraire, il en est l’expression la plus élevée dans
son obéissance parfaite. En Hébreux 5:8, nous lisons qu’il apprit l’obéissance par les choses
qu’il a souffertes et ce mot, sans aucun doute, s’applique à tout son chemin sur la terre, et pas
seulement aux dernières scènes de souffrances d’un ordre plus physique.

Comme cela parle à tous ceux qui servent, si modeste que soit le service ! Sa journée était si
remplie d’activités, qu’il consacrait une grande partie de la nuit à la prière, et il était le Fils de
Dieu. Notre impuissance est causée principalement par notre insuffisance dans le domaine de
la prière individuelle dans le secret.

Les quatre versets suivants, 36 à 39, nous montrent la consécration du serviteur de Dieu.
Simon et d’autres semblent avoir considéré sa retraite à l’écart comme un inexplicable excès
de modestie ou peut-être comme une perte d’un temps qui était précieux. Tous le cherchaient
et il semblait laisser échapper ce flot de popularité grandissante. Mais la popularité n’était en
aucune façon ce qu’il poursuivait. Il s’était avancé comme serviteur pour prêcher le message
divin et ainsi, sans tenir compte des sentiments de la foule, il continue son service dans les
villes de la Galilée. Il se consacre à la mission qui lui a été confiée.

Et maintenant, dans les derniers versets de ce premier chapitre, nous avons un délicieux
tableau de la compassion de ce parfait serviteur de Dieu. Un lépreux vient à lui, et il ne peut y
avoir, quant à l’aspect physique, de spécimen plus repoussant de l’humanité. Ce pauvre
homme ne manque pas de foi, mais elle est imparfaite. Il a foi en la puissance de Jésus, mais
des doutes quant à sa grâce. Ce qui nous aurait animés, c’est le dégoût, accompagné
d’indignation devant la méconnaissance de nos sentiments bienveillants. Le Seigneur est ému
de compassion. Il est mû par elle, remarquez-le bien. Non seulement il regarde cette personne
misérable avec un amour plein de compassion, mais il agit. La source profonde de l’amour
divin qui est en lui jaillit et déborde. De sa main, Jésus le touche, de ses lèvres il parle, et
l’homme est guéri. Il n’était pas vraiment nécessaire qu’il le touche, car le Seigneur a guéri de
loin maint cas désespéré. Aucun Juif n’aurait songé à le toucher et à contracter ainsi la
souillure. Mais c’est ce qu’a fait le Seigneur. Il était absolument impossible qu’il soit souillé
et, s’il a touché le malade, c’est pour exprimer sa compassion autant que sa puissance. Cela
confirmait sa parole — « je veux » — et enlevait pour toujours de l’esprit de cet homme tout
doute quant à la volonté du Seigneur.

Nous voyons encore une fois comment notre Seigneur ne recherche pas l’enthousiasme des
foules, ni la notoriété. Les instructions qu’il donne à l’homme sont destinées à permettre que
le témoignage de sa guérison puisse se faire selon ce que Moïse avait prescrit. Mais lui, dans
sa grande joie, fait exactement ce qu’on lui avait dit de ne pas faire, de sorte que pendant
quelques jours le Seigneur doit éviter les villes et se tenir dans des lieux déserts. Peu de
choses suscitent davantage l’intérêt et la passion de l’homme qu’une guérison miraculeuse.
Mais le Seigneur recherchait des résultats spirituels. Il y a actuellement des mouvements
religieux pour la guérison qui sont à l’origine de beaucoup d’agitation, en dépit du fait que
leurs prétendues guérisons ressemblent bien peu à celles qu’opérait notre Seigneur. Les
acteurs, dans ces mouvements, ne fuient pas les projecteurs de la publicité, mais y trouvent
plutôt leur plaisir.
 

2                         Chapitre 2
Ce chapitre s’ouvre sur une autre œuvre de puissance qui s’accomplit dans une maison
particulière quand, après un certain temps, le Seigneur se trouve à nouveau à Capernaüm. Ce
qui apparaît ici, c’est une foi caractérisée par la ténacité et, ce qui est assez remarquable, ce
n’est pas celui qui souffre qui fait preuve d’une telle foi, mais ses amis. Le Seigneur est en
train de prêcher à nouveau la Parole. C’est là son service avant tout ; son travail de guérison
ne s’exerce que lorsque l’occasion se présente.

Les quatre amis ont cette sorte de foi qui se rit des impossibilités, qui dit : Cela se fera, et
Jésus le voit. Il s’occupe tout de suite du côté spirituel des choses, accordant le pardon des
péchés au paralytique. Pour les scribes raisonneurs qui sont présents, ce n’est que blasphème.
Il est bien certain qu’ils avaient raison en pensant que personne sinon Dieu ne peut pardonner
les péchés, mais ils se trompent entièrement en ne discernant pas que Dieu est présent au
milieu d’eux, et qu’il parle dans le Fils de l’homme. Le Fils de l’homme est sur la terre, et sur
la terre il a le pouvoir de pardonner les péchés.

Cependant le pardon des péchés n’est pas quelque chose qui est visible aux yeux des
hommes ; il faut qu’il soit accepté par la foi dans la Parole de Dieu. La guérison instantanée
d’un cas grave d’infirmité corporelle est visible aux yeux des hommes, et le Seigneur
accomplit ensuite ce miracle. Ceux qui sont là ne peuvent pas plus délivrer l’homme de la
maladie qui le tient prisonnier, qu’ils ne peuvent pardonner ses péchés.

Jésus peut faire les deux choses avec une égale facilité. C’est ce qu’il fait, présentant le
miracle accompli dans le corps comme preuve du miracle qui concerne l’âme. Ainsi il met les
choses en bon ordre. Le miracle d’ordre spirituel vient en premier lieu, celui qui concerne le
corps ne vient qu’après.

Ici encore le miracle est instantané et complet. L’homme qui avait été complètement impotent
se lève immédiatement, prend son lit et sort en présence de tous d’une manière qui fait rendre
gloire à Dieu par toutes les lèvres. Le Seigneur commande et l’homme n’a qu’à obéir, car la
possibilité de le faire lui est donnée en même temps qu’il reçoit le commandement du
Seigneur.

Cette circonstance, qui souligne le but spirituel du service qu’accomplissait notre Seigneur,
est suivie de l’appel de Lévi, qui nous est connu par la suite comme étant Matthieu le
publicain. L’appel de cet homme à suivre le maître nous montre la puissante attraction de la
parole de notre Seigneur. C’était une chose que d’appeler d’humbles pêcheurs à quitter leurs
filets et leur dur labeur. C’en était une autre d’appeler un homme qui avait de la fortune et la
tâche agréable de faire rentrer l’argent. Mais Jésus le fait avec deux mots : « Suis-moi », deux
mots qui tombent dans l’oreille de Lévi avec une telle force qu’il se lève et le suit. Dieu
veuille que nous sentions la puissance de ces deux mots dans notre cœur.

Quel merveilleux aperçu nous a été accordé du serviteur de Dieu, de sa promptitude, de son
autorité, de sa puissance, de sa dépendance, de sa consécration, de ses compassions, de son
refus de ce qui est superficiel et démagogique pour s’attacher à ce qui est spirituel et qui
demeure, et finalement des puissants attraits de sa personne !
S’étant levé pour suivre le Seigneur, Lévi montre bien vite qu’il est devenu disciple d’une
manière pratique. Il reçoit son nouveau maître dans sa maison en même temps qu’un grand
nombre de publicains et de pécheurs, manifestant par là quelque chose de l’esprit du Maître.
Lui qui était assis au bureau de recette fait montre maintenant de libéralité, afin que d’autres
puissent s’asseoir à sa table. Il se met à accomplir cette parole : « Il répand, il donne aux
pauvres » (Psaume 112:9), et cela sans qu’on lui dise de le faire. Il a commencé à exercer
l’hospitalité envers ceux de son entourage, afin qu’eux aussi rencontrent Celui qui a gagné
son cœur.

En cela il est un excellent modèle pour nous. Il a commencé par se dépenser pour les autres. Il
a fait la chose qui était le plus à sa portée. Il a rassemblé pour qu’ils rencontrent le Seigneur
ceux qui avaient des besoins et qui le savaient, plutôt que ceux qui étaient contents d’eux-
mêmes dans leur pratique religieuse. Il a découvert que Jésus est un donateur qui cherche
ceux qui sont disposés à recevoir.

Tout ceci est observé par les scribes et les pharisiens, propres justes qui expriment leur
désapprobation sous la forme d’une question posée aux disciples de Jésus. Pourquoi Jésus
fréquente-t-il des gens aussi vils, aussi dégradés ? Les disciples n’ont pas à répondre, car le
Seigneur lui-même répond à ces attaques. Sa réponse est complète et satisfaisante et elle est
presque passée en proverbe. Ceux qui se portent mal ont besoin de médecin, et les pécheurs
ont besoin du Sauveur. Ce ne sont pas des justes mais des pécheurs qu’il est venu appeler.

Peut-être les scribes et les pharisiens étaient-ils bien versés dans la loi, mais ils ne
comprenaient rien à la grâce. Or Jésus était le serviteur de la grâce de Dieu. Et Lévi avait saisi
quelque chose de cela. Et nous ? Bien plus que Lévi, nous devrions saisir cela dans la mesure
où nous vivons au moment où le jour de la grâce a atteint son plein midi. Cependant il peut
nous arriver d’avoir quelque ressentiment contre Dieu parce qu’il est si bon envers des gens
que nous aimerions dénoncer comme coupables : c’est ce que fit Jonas dans le cas des
habitants de Ninive, et ce que faisaient les pharisiens pour les pécheurs. Le grand Serviteur de
la grâce de Dieu est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui.

La circonstance suivante (versets 18 à 22) montre les contradicteurs encore à l’œuvre. Ils
s’étaient plaints du Maître aux disciples et maintenant c’est des disciples qu’ils se plaignent
au Maître. Évidemment ils manquent de courage pour dire les choses en face. Cette façon
détournée de critiquer est très courante, rejetons-la. Dans les deux cas, les disciples n’ont rien
eu à répondre. Quand les pharisiens ont soutenu le caractère exclusif de la loi, c’est Jésus qui
s’est opposé à eux en faisant valoir le caractère libéral de la grâce, et c’est Jésus qui les a
réduits au silence. Maintenant ils veulent mettre sur les disciples le joug de la loi, et avec
force Jésus revendique la liberté de la grâce.

La parabole, ou l’image dont il se sert implique de façon évidente que Lui est l’Époux, la
personne importante, au centre de tout. Sa présence gouverne tout et apporte une merveilleuse
abondance. Bientôt il sera absent et alors seulement il conviendra de jeûner. Notons cela, car
nous sommes en un temps où jeûner est une chose qui convient. Depuis longtemps l’Époux
est absent et nous l’attendons. Au moment où le Seigneur parlait, les disciples étaient dans la
position d’un résidu pieux en Israël, recevant le Messie à sa venue. Après la Pentecôte, ils ont
été baptisés en un seul corps, et ont été établis comme fondement de cette cité qui est appelée
« l’Épouse, la femme de l’Agneau » en Apocalypse 21:9. À ce moment-là, ils avaient la place
d’Épouse plutôt que celle de fils de la chambre nuptiale. Cette position, c’est la nôtre
aujourd’hui. Cela ne fait que rendre encore plus clair qu’il ne nous convient pas de festoyer,
mais de jeûner. Jeûner, c’est s’abstenir de choses légitimes pour être davantage consacré à
Dieu, et pas simplement s’abstenir de nourriture pendant un certain temps.

Les pharisiens ne pensaient qu’à maintenir intacte la loi. Le danger pour les disciples, comme
les évènements l’ont prouvé par la suite, n’était pas tellement cela, mais plutôt d’essayer de
mélanger le judaïsme à la grâce qu’apportait le Seigneur Jésus. Le système légal était comme
un vieil habit ou une vieille outre. Jésus apportait ce qui ressemblait à un solide morceau de
drap neuf, ou à du vin nouveau avec son pouvoir d’expansion. Dans les Actes, nous pouvons
voir comment les vieilles formes extérieures de la loi ont cédé devant la puissance débordante
de l’évangile.

En vérité, nous voyons cela dans l’incident qui suit immédiatement et qui termine le chapitre
2. De nouveau les pharisiens viennent se plaindre des disciples au Maître. Maintenant, ils sont
coupables de ne pas conformer leurs activités à la vieille outre qu’étaient certaines
prescriptions concernant le sabbat. Les pharisiens poussaient leur respect du sabbat si loin,
qu’ils condamnaient même le fait qu’on froisse des épis de blé dans la main, comme s’il
s’agissait d’actionner un moulin. Ils soutenaient une interprétation très rigide de la loi dans
ces questions mineures. Ils étaient de ceux qui observaient la loi avec un soin méticuleux,
tandis qu’ils considéraient les disciples comme peu zélés.

Le Seigneur reçoit leur plainte et défend ses disciples en rappelant aux pharisiens deux
choses. Premièrement ils auraient dû connaître les Écritures, qui rapportent comment il était
arrivé à David de se nourrir, lui et ceux qui le suivaient, dans une situation critique. Ce qui
normalement n’était pas selon la loi avait été permis en un jour où les choses n’étaient pas
normales en Israël, à cause du rejet du roi légitime. 1 Samuel 21 nous en parle. À nouveau les
choses ne sont pas normales et le roi légitime va être rejeté. Dans les deux cas, des besoins
concernant l’Oint du Seigneur devaient être considérés comme plus importants que des détails
qui se rapportaient aux exigences cérémonielles de la loi.

Deuxièmement, le sabbat a été institué pour l’homme et non l’inverse. Donc l’homme passe
avant le sabbat et le Fils de l’homme, qui a sous son autorité tous les hommes, selon le
Psaume 8, doit nécessairement être le Seigneur du sabbat et, en conséquence, il est habilité à
en disposer selon sa volonté. Qui étaient les pharisiens pour contester son droit de le faire,
même si Jésus était venu parmi les hommes sous la forme de serviteur ?

Le Seigneur du sabbat était parmi les hommes et on le rejetait. Dans ces circonstances, les
préoccupations de ceux qui étaient étroitement attachés au respect de la loi cérémonielle
étaient déplacées. Leurs « outres » étaient vieilles et incapables de contenir la grâce
débordante et l’autorité du Seigneur. L’« outre » de leur sabbat se perce devant leurs yeux
mêmes.

3                         Chapitre 3
Cependant les pharisiens n’étaient en rien convaincus, et ils ouvrent à nouveau tout le débat,
un peu plus tard, quand, un autre jour de sabbat, Jésus entre en contact avec un besoin de
l’homme, dans une de leurs synagogues. Le conflit se déchaîne autour de cet homme qui avait
la main desséchée. Ils regardent Jésus, escomptant que leur sera fournie une occasion de
l’attaquer. Il relève ce défi qui, quoique inexprimé, se trouve dans leur cœur, en disant à
l’homme : « Lève-toi là, devant tous », le mettant ainsi bien en vue pour que tous les
assistants soient témoins de ce défi.

Une autre question concernant le sabbat est maintenant soulevée. Par la loi Dieu a-t-il voulu
interdire de faire du bien comme de faire du mal ? Le sabbat fait-il d’un acte de miséricorde
une transgression ?

On peut rapprocher cette question : « Est-il permis de faire du bien... ou de faire du mal ? »,
de Jacques 4:17. Si nous savons faire le bien et si nous ne le faisons pas, c’est pécher. Fallait-
il que le parfait Serviteur de Dieu, qui connaissait le bien, et qui de plus avait toute la
puissance pour le faire, retienne sa main d’agir parce qu’il se trouvait que c’était jour de
sabbat ? Impossible !

C’est de cette manière frappante que le saint Serviteur de Dieu justifiait son ministère de
grâce, en la présence de ceux qui lui auraient lié les mains par des interprétations rigides de la
loi de Dieu. Il est important que nous apprenions la leçon que nous enseigne tout cela, au cas
où nous tomberions dans une erreur semblable. La « loi du Christ » est très différente dans
son caractère et son esprit de la loi de Moïse ; cependant, de la même façon on peut en faire
mauvais usage. Si le joug de Christ, qui est léger et aisé, est tordu pour devenir un fardeau
pesant et aussi un véritable obstacle à l’effusion de la grâce et de la bénédiction, cela devient
une perversion plus grave que tout ce que nous voyons dans ces versets.

Le cœur des pharisiens était dur. Il était bien sensible à tous les aspects techniques de la loi,
mais dur s’il s’agissait d’avoir de la sollicitude pour les besoins de l’homme ou d’avoir
quelque sentiment de leur propre péché. Jésus voyait dans quel état affreux ils se trouvaient et
il en était affligé, mais il ne retient pas la bénédiction. Il guérit cet homme et les laisse à leur
péché. Ils étaient indignés parce qu’il avait enfreint la loi sur un des points auxquels ils
tenaient tant. Eux-mêmes sortent pour enfreindre une des plus importantes prescriptions de la
loi en tenant conseil pour le faire mourir. Voilà le pharisaïsme !

Devant cette haine meurtrière, le Seigneur se retire avec ses disciples. Nous le voyons, à la fin
du chapitre 1, se retirer de tout l’éclat que donne la popularité. Il ne cherche pas à se faire bien
voir, il ne désire pas non plus attiser la contestation. Ici nous trouvons le parfait Serviteur
agissant exactement comme est exhorté à le faire l’esclave du Seigneur en 2 Timothée 2:24.

Mais sa personne a un tel pouvoir d’attraction que les hommes affluent vers lui, même quand
il se retire. Une grande multitude se presse autour de lui ; sa puissance et sa grâce se
manifestent de bien des façons, et des esprits impurs reconnaissent en lui le Maître auquel il
faut qu’ils obéissent, bien qu’il n’accepte pas leur témoignage. Il apporte la bénédiction aux
hommes et les délivre ; cependant il n’attend rien d’eux. D’abord il a à sa disposition sur le
lac une petite barque, dans laquelle il peut se retirer loin de la foule qui le presse ; et puis il
monte sur une montagne où il appelle à lui seulement ceux qu’il veut, et d’entre eux il en
choisit douze destinés à être apôtres.

Ainsi, non seulement il répond à la haine des chefs religieux en se retirant d’eux, mais aussi
en appelant les douze qui, le moment voulu, iront poursuivre son service incomparable. Ainsi
prépare-t-il l’élargissement du service et du témoignage. Les douze qui ont été choisis doivent
être avec lui, et puis, quand leur temps d’instruction et de préparation sera terminé, il les
enverra. Cette période d’instruction dure jusqu’au verset 6 du chapitre 6. Au verset 7 de ce
même chapitre, nous avons le récit du vrai début de leur mission.

Le fait d’« être avec lui » est d’une immense importance pour celui qui est appelé à servir.
Cela est tout aussi nécessaire pour nous que cela l’était pour eux. Ils avaient sa présence et sa
compagnie sur la terre. Nous ne l’avons pas, mais nous avons son Esprit qui nous est donné et
sa Parole écrite. Ainsi nous est-il permis, dans un esprit de prière, de garder le contact avec
lui, et de recevoir cette éducation spirituelle qui seule nous forme pour le servir avec
intelligence. Les douze furent d’abord choisis, puis formés, puis envoyés avec la puissance
qui leur était accordée. Tel est l’ordre divin, et nous voyons ces choses présentées dans les
versets 14 et 15. Ayant appelé et choisi les douze sur la montagne, il revient aux endroits
fréquentés par les hommes et se trouve dans une maison. Immédiatement les foules
s’assemblent. L’attirance qu’il exerce est irrésistible et l’on exige tant de lui qu’il n’y a pas de
temps pour prendre les repas. Aussi la première chose dont sont témoins les douze, quand ils
sont avec lui, est cette forte vague d’intérêt, et l’apparente popularité de leur Maître.

Cependant ils voient vite un autre aspect des choses, et en premier lieu que Jésus n’est
absolument pas compris de ceux qui sont les plus proches de lui selon la chair. Sans doute
sont-ils remplis de bienveillante sollicitude pour lui. Ils ne peuvent comprendre un tel labeur
incessant et ils ont le sentiment qu’il convient de le saisir pour l’arrêter comme s’il n’avait
plus son bon sens. Jean 7:5 éclaire cette attitude extraordinaire de leur part. Quand le Seigneur
est parvenu à ce point de son service, ses frères ne croient pas en lui et apparemment sa mère
n’a encore qu’une obscure idée de ce qu’il est vraiment en train de faire.

Mais en deuxième lieu, il y a des ennemis qui deviennent encore plus durs et qui ont encore
moins de scrupules. Au verset 6 de notre chapitre, nous avons vu les pharisiens s’allier à leurs
adversaires les hérodiens, pour tenir conseil contre lui afin de le faire mourir. Maintenant nous
trouvons les scribes qui descendent de Jérusalem pour s’opposer à lui et l’accuser. C’est ce
qu’ils font de la manière la plus irréfléchie, attribuant ses œuvres de grâce à la puissance du
diable. Il ne s’agissait pas simplement d’outrage grossier, mais de quelque chose de délibéré,
inspiré par la ruse. Ils ne pouvaient pas nier ce qu’il faisait, mais ils essayaient de noircir sa
réputation. Ils admettaient l’évidente réalité des miracles et puis, volontairement et
officiellement, déclaraient que c’étaient les œuvres du diable. Tel était le caractère de leur
blasphème, et il convient d’être au clair à ce sujet pour examiner les paroles du Seigneur au
verset 29.

Mais pour commencer il les fait venir à lui, et répond par un appel au bon sens. Leur
opposition blasphématoire comportait une absurdité. Ils suggéraient en effet que Satan s’était
mis à chasser Satan, que son royaume et sa maison étaient divisés contre eux-mêmes. Et si
c’était vrai, cela impliquerait la fin de tout ce qui est activité satanique. Satan est bien trop
avisé pour agir de la sorte.

Il nous faut admettre, hélas, que nous autres, chrétiens, n’avons pas été trop avisés pour agir
de la sorte. La chrétienté est pleine de divisions qui sont proprement suicidaires, et c’est Satan
lui-même qui, sans aucun doute, est à l’origine de cela. Sans la puissance du Seigneur Jésus
dans le ciel, qui est restée toujours la même, et sans la présence de l’Esprit Saint qui habite
dans la vraie Église de Dieu, le témoignage public de la chrétienté serait mort depuis
longtemps. Que la foi n’ait pas péri pour disparaître de la terre est à la louange, non de la
sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu. Après avoir démontré la folle absurdité de
leurs paroles, le Seigneur se met à donner la vraie explication de ce qui s’est passé. Il est celui
qui est plus fort que l’homme fort, et maintenant il est en train de piller ses biens en libérant
beaucoup de ceux qui ont été emmenés captifs par Satan. Celui-ci est lié lorsque le Seigneur
est là présent.

Troisièmement il avertit clairement ces malheureux scribes et pharisiens de l’énormité du


péché qu’ils ont commis. Le parfait Serviteur a délivré des hommes de l’emprise de Satan
dans la puissance de l’Esprit Saint. Pour éviter de l’admettre, ils taxent l’œuvre du Saint
Esprit d’œuvre de Satan. C’est pur blasphème, le blasphème aveugle d’hommes qui ferment
les yeux à la vérité. Ils se placent au-delà du pardon, avec comme seule perspective la
condamnation éternelle. Ils ont atteint cet affreux état d’endurcissement dans la haine et
l’aveuglement qui avait caractérisé autrefois le Pharaon en Égypte, et qui plus tard avait
marqué le royaume du nord d’Israël quand la Parole du Seigneur avait été : « Éphraim s’est
attaché aux idoles, laisse-le faire » (Osée 4:17). La volonté de Dieu est de laisser faire ces
scribes de Jérusalem et cela signifie : pas de pardon, mais condamnation.

Voilà ce qu’était le péché qui ne pouvait être pardonné. Comprenant ce qu’il est réellement,
nous pouvons facilement voir que les personnes qui ont une conscience délicate et qui
aujourd’hui sont troublées parce qu’elles craignent de l’avoir commis, sont les dernières qui
ont vraiment pu le commettre.

Le chapitre se termine avec l’arrivée des proches dont le verset 21 nous a parlé. Les paroles
du Seigneur concernant sa mère et ses frères ont paru à certains inutilement dures. Il y avait
certainement en elles une note de sévérité qui était la conséquence de leur attitude. Le
Seigneur saisissait l’occasion de donner à ses disciples l’instruction dont ils avaient besoin. Ils
l’avaient vu au milieu de beaucoup de labeur et apparemment populaire, et aussi au centre
d’une opposition blasphématoire. Maintenant il faut que les disciples aient une démonstration
frappante du fait que les relations que Dieu reconnaît et honore sont celles qui ont une base
spirituelle.

Autrefois, en Israël, les liens de parenté dans la chair comptaient beaucoup. Maintenant ils
doivent être mis de côté, pour faire place aux liens spirituels. Et la base de ce qui est spirituel
se trouve dans l’obéissance à la volonté de Dieu ; et pour nous aujourd’hui la volonté de Dieu
se trouve enchâssée dans les Saintes Écritures. L’obéissance est la chose fondamentale. Elle
est à la base de tout vrai service et il faut qu’elle nous caractérise, si nous voulons être liés au
seul vrai et parfait Serviteur. Ne l’oublions jamais.

4                         Chapitre 4
Le chapitre précédent se termine par cette déclaration solennelle du Seigneur, que les liens
qu’il allait maintenant reconnaître étaient ceux qui avaient une base spirituelle dans
l’obéissance à la volonté de Dieu. Cette déclaration a très certainement fait naître dans l’esprit
des disciples des questions sur la manière dont ils pourraient savoir quelle est la volonté de
Dieu. En commençant ce chapitre, nous trouvons la réponse. C’est par sa parole qu’il nous
fait connaître ce qu’il est et ce qu’il a fait pour nous. C’est de ces choses que découle sa
volonté pour nous.
Il y a encore de grandes foules rassemblées auprès de lui, si bien qu’il les enseigne en étant
sur une barque ; mais c’est à ce moment qu’il commence à parler par des paraboles. La raison
nous en est donnée aux versets 11 et 12. Les chefs du peuple l’ont déjà rejeté, comme l’a bien
montré le chapitre précédent ; les gens eux-mêmes sont, dans l’ensemble, indifférents, quand
ils ne sont pas attirés par la passion du sensationnel, la curiosité, « les pains et les poissons ».
Plus tard ils changeront de bord, ils soutiendront les chefs dans leur hostilité meurtrière. Le
Seigneur sait cela ; aussi commence-t-il à dispenser son enseignement sous une forme qui le
réserve à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il parle au verset 11 de « ceux qui sont
dehors ».

Cela montre que déjà une rupture se manifestait et qu’on pouvait distinguer ceux qui étaient
dedans de ceux qui étaient dehors. Ceux qui étaient dedans pouvaient voir et entendre,
percevoir et comprendre, et ainsi le « mystère » ou le « secret » du royaume de Dieu devenait
clair pour eux. Les autres étaient aveugles et sourds, et le chemin de la conversion et du
pardon se fermait pour eux. Si l’on ne veut pas entendre, vient un moment où on ne le peut
pas. Les gens voulaient un Messie qui leur apporterait prospérité et gloire dans ce monde. Ils
n’avaient que faire, comme les événements l’ont montré, d’un Messie qui leur apportait le
royaume de Dieu sous la forme mystérieuse de la conversion et du pardon des péchés.

Aujourd’hui nous avons le royaume de Dieu précisément sous cette forme mystérieuse et nous
y entrons par la conversion et le pardon, car c’est ainsi que l’autorité de Dieu s’établit dans
notre cœur. Nous attendons toujours le royaume dans sa manifestation en gloire et en
puissance.

La première parabole de ce chapitre est celle du semeur, de la semence et de ce qui est


produit. Ayant dit cette parabole, Jésus conclut par ces mots solennels : « Qui a des oreilles
pour entendre, qu’il entende ». Qu’on ait des oreilles pour entendre ou qu’on n’en ait pas,
montrerait immédiatement si un homme appartenait à ceux qui sont dedans ou à ceux qui sont
dehors. La grande majorité des auditeurs du Seigneur ont évidemment pensé que c’était une
jolie histoire agréable à entendre, mais ils ne vont pas plus loin, montrant qu’ils sont dehors.
Pour d’autres, comme pour les disciples, cela ne suffit pas. Ils veulent arriver au sens profond
de la parabole et s’informent plus avant. Ils appartiennent à ceux qui sont dedans.

Ce que dit le Seigneur au verset 13 montre qu’il faut comprendre cette parabole du semeur,
sinon ses autres paraboles ne nous seront pas intelligibles. Elle détient la clef qui ouvre toutes
les autres. Le Seigneur Jésus, quand il est venu, a tout d’abord soumis Israël à une épreuve
capitale. Allait-on recevoir le Fils bien-aimé et rendre à Dieu le fruit qui était dû sous le
régime de la loi ? Il devient évident que non. Eh bien, un second ordre de choses doit alors
commencer. Au lieu d’exiger quoi que ce soit de leur part, c’est le Seigneur qui sèmera la
parole ; celle-ci, au temps convenable, dans certains cas du moins, produira le fruit désiré.
C’est ce que montre cette parabole, et si nous ne saisissons pas ce qu’elle signifie, nous ne
comprendrons pas ce que le Seigneur a à nous dire par la suite.

Le Seigneur lui-même est le Semeur, sans aucun doute, et la Parole est le témoignage divin
qu’il répand, car le « si grand salut qui a commencé par être annoncé par le Seigneur, nous a
été confirmé par ceux qui l’avaient entendu » (Hébreux 2:3). Dans l’évangile selon Jean, nous
découvrons que Jésus est la Parole. Ici il sème la parole. Qui pouvait la semer comme lui qui
était la Parole ? Mais même quand c’est lui qui sème la parole, tous les grains qu’il sème ne
fructifient pas. Dans un cas sur quatre seulement du fruit est produit.
Il est également certain que la parabole s’applique dans ses principes à tous ceux qui sont
sortis après le Maître pour semer la parole, comme envoyés par lui, depuis lors jusqu’à
aujourd’hui. Donc tout semeur de la semence doit s’attendre à connaître ces différentes
expériences comme cela est indiqué dans la parabole. Les serviteurs imparfaits d’aujourd’hui
ne peuvent espérer mieux que ce qui a marqué les semailles du parfait Serviteur quand il était
sur la terre. La semence était la même dans chaque cas. La différence se trouvait dans l’état du
sol sur lequel tombait la semence.

Chez ceux qui ont entendu la parole et sont semblables aux grains tombés le long du chemin,
la parole n’a absolument aucune entrée. Leur cœur est comme un sentier où on est passé et
repassé. Il n’y a pas même une impression superficielle, et Satan, par ses nombreux agents,
ôte la parole. Le cas de ces auditeurs est celui d’une indifférence complète.

Les auditeurs assimilés à des terrains pierreux sont ceux qui sont impressionnables mais
superficiels. Ils reçoivent la parole aussitôt avec joie, mais ils ne sont pas du tout sensibles à
ce qu’elle implique réellement. Il a été dit, de vrais convertis, qu’ils ont « reçu la parole
accompagnée de grandes afflictions, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Thessaloniciens 1:6).
Cette affliction, qui avait précédé leur joie, résultait du fait qu’ils avaient été rendus
conscients de leur péché, convaincus par l’action puissante de la parole. L’auditeur du terrain
pierreux ne connaît pas ce temps d’affliction parce qu’il n’est pas conscient de ses vrais
besoins, pour s’établir dans une joie qui n’est que superficielle, et qui disparaît — et lui avec
elle — en présence de l’épreuve.

Les auditeurs assimilés à un terrain plein d’épines sont ceux qui sont préoccupés. Le monde
remplit leurs pensées. Sont-ils pauvres, ils sont submergés par ses soucis. Sont-ils riches, par
ses richesses et les plaisirs qu’apportent les richesses. Ne sont-ils ni pauvres ni riches, ils
convoitent d’autres choses. Ils ont réussi à se sortir de la pauvreté, et ils convoitent pour avoir
encore plus de ces bonnes choses du monde qui semblent être maintenant à leur portée.
Absorbée par le monde, la parole est étouffée.

Les auditeurs semblables aux grains tombés dans la bonne terre sont ceux qui non seulement
écoutent la parole, mais la reçoivent et portent du fruit. La terre a subi le travail de la charrue
et de la herse. Ainsi a-t-elle été préparée. Cependant, même ainsi, toute bonne terre n’est pas
également fertile. Il peut ne pas y avoir la même quantité de fruit, mais il y a du fruit.

Dans tout cela il y avait une grande instruction pour les disciples, il y en a une également pour
nous. Bientôt le Seigneur va les envoyer prêcher, et alors eux aussi deviendront semeurs. Il
fallait qu’ils sachent que c’était la parole qu’ils devaient semer, et à quoi ils devaient
s’attendre quand ils la sèmeraient. Alors ils ne seraient pas trop affectés quand une grande
partie de la semence semée semblerait s’être perdue, ou quand, après quelques résultats, au
bout d’un certain temps on ne verrait plus rien ; ou même quand, du fruit ayant été produit, il
n’y en aurait pas autant qu’ils l’avaient espéré. Si nous savons, d’un côté quel est le but
poursuivi, et de l’autre ce à quoi il faut s’attendre, nous sommes grandement fortifiés et
affermis dans notre service.

Nous devons nous souvenir que cette parabole s’applique tout autant à la parole qui est semée
dans le cœur des saints que dans le cœur des pécheurs. Aussi méditons-la avec des cœurs très
exercés quant à la manière dont nous-mêmes nous recevons la parole qu’il nous est donné
d’entendre, et aussi quant à la manière dont d’autres recevront la parole que nous leur
présenterons.
Dans les versets 21 et 22 suit la courte parabole de la lampe, et puis au verset 23 une autre
parole d’avertissement, afin que nous ayons des oreilles pour entendre. À première vue,
passer de la semence qui a été semée dans le champ à la parabole de la lampe allumée dans
une maison peut paraître bizarre et sans lien apparent. Mais si vraiment nous avons des
oreilles pour entendre, nous verrons vite que, dans leur signification spirituelle, les deux
paraboles vont bien ensemble et sont liées. Quand la parole de Dieu est reçue dans un cœur
exercé et préparé, elle produit du fruit que Dieu apprécie, et aussi de la lumière qui est vue et
appréciée des hommes.

Aucune lampe n’est allumée pour être cachée sous un boisseau ou sous un lit. Elle doit
rayonner tout autour d’elle à partir du pied de lampe. La deuxième partie du verset 22 est
assez frappante : « Et rien de caché n’arrive, si ce n’est afin de venir en évidence ». Le travail
de Dieu dans le cœur par sa parole a bien lieu secrètement, et le regard de Dieu discerne le
fruit lorsqu’il commence à apparaître. Mais lorsque c’est le moment, cette chose secrète qui a
eu lieu doit nécessairement être mise en lumière. Toute vraie conversion est comme une
nouvelle lampe qui s’allume.

Le boisseau peut représenter les affaires de la vie, et le lit, les aises et les plaisirs de la vie. On
ne doit permettre ni à l’un ni à l’autre de cacher la lumière, comme on ne doit pas permettre
aux soucis et aux richesses et aux « autres choses » d’étouffer la semence qui est semée.
Avons-nous des oreilles pour entendre cela ? Laissons-nous briller la lumière de notre petite
lampe ? Il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté ; aussi est-il tout à fait certain que, si une
lampe a été allumée, elle doit nécessairement briller. Si rien n’est manifesté, c’est parce qu’il
n’y a rien à manifester.

Cette parabole est suivie de l’avertissement qui concerne ce que nous entendons. Les voies de
Dieu dans son gouvernement des hommes font partie de ce sujet. De la mesure dont nous
mesurerons il nous sera mesuré. Si vraiment nous entendons la parole de telle manière que
nous nous en emparions, nous en aurons plus de profit. Sinon nous commencerons à perdre
même ce que nous avions. En Luc 8:18, nous avons des déclarations semblables qui se
rapportent à la « manière » dont nous entendons. Ici elles se rapportent à « ce que » nous
entendons.

L’accent est mis sur : « comment » nous entendons, dans la parabole du semeur, mais « ce
que » nous entendons est d’importance au moins égale. Bon nombre se sont vus enlever
même ce qu’ils avaient en prêtant l’oreille à l’erreur. Ils ont entendu et entendu très
attentivement, mais, hélas, ce qu’ils ont entendu n’était pas la vérité, et les a pervertis. Si, en
passant par notre oreille, l’erreur est semée dans notre cœur, elle produira des fruits
désastreux, et le gouvernement de Dieu le permettra et ne l’empêchera pas.

Les versets 26 à 29 contiennent la parabole qui concerne le travail secret de Dieu. Un homme
sème la semence et, quand la moisson est prête, il se remet au travail en y mettant la faucille
pour la récolte. Mais quant à la croissance elle-même de la semence, depuis le début jusqu’à
ce que le fruit soit produit, il ne peut rien faire. Pendant de nombreuses semaines il dort et se
lève, de nuit et de jour ; les opérations de la nature que Dieu a ordonnées font silencieusement
le travail, bien que l’homme ne les comprenne pas. Le : « sans qu’il sache comment » est vrai
aujourd’hui. Les hommes ont poussé très loin leurs recherches, mais le vrai comment de ces
opérations merveilleuses qui se déroulent dans le grand laboratoire de la nature de Dieu leur
échappe toujours.
Il en est de même dans ce que nous pouvons appeler l’atelier spirituel de Dieu et c’est une
bonne chose que nous nous en souvenions. Certains d’entre nous tiennent beaucoup à analyser
et à décrire exactement ce que sont les opérations de l’Esprit dans les âmes. Ces choses
cachées exercent parfois une grande fascination sur notre esprit, et nous voulons saisir
complètement tout ce qui se passe. C’est impossible. C’est notre heureux privilège de semer
la semence et aussi, au temps convenable, de mettre la faucille et de récolter. Ce que la parole
opère dans le cœur des hommes est secrètement accompli par le Saint Esprit. Son travail, bien
sûr, est parfait.

L’œuvre de l’homme porte toujours la marque de l’imperfection. S’il arrive qu’il nous soit
permis d’être pour quelque chose dans l’œuvre de Dieu, nous apportons l’imperfection dans
ce que nous faisons. C’est ce que nous montre la parabole suivante aux versets 30 à 32. Le
royaume de Dieu aujourd’hui existe d’une façon vitale et réelle dans l’âme de ceux qui, par la
conversion, sont passés sous l’autorité et le contrôle de Dieu. Mais on peut aussi le considérer
comme une chose plus extérieure qui se trouvera partout où des hommes font profession de
reconnaître Dieu. Le premier est le royaume tel qu’il est établi par l’Esprit. L’autre le
royaume tel qu’il est établi par les hommes. Ce dernier est devenu une chose grande et
imposante sur la terre, étendant sa protection sur beaucoup d’« oiseaux du ciel ». Et ce que ces
oiseaux représentent, nous venons de le voir aux versets 4 et 15 : des agents de Satan.

Cette parabole qui termine la série est pleine d’avertissements pour les disciples, comme les
autres ont été pleines d’instruction. Ils sont avec le Seigneur et formés avant d’être envoyés
pour leur mission. Nous avons vu au moins sept choses, à savoir que :

1 — Actuellement le travail du disciple est fondamentalement de semer.

2 — Ce qui doit être semé, c’est la parole.

3 — Les résultats du travail du semeur doivent être classés en quatre catégories ; et dans un
cas seulement il y a du fruit, et encore est-ce de façon variable.

4 — La parole produit de la lumière aussi bien que du fruit, et cette lumière doit être
manifestée publiquement.

5 — Le disciple lui-même est auditeur de la parole aussi bien que semeur de la parole, et à cet
égard il doit faire attention à ce qu’il entend.

6 — Le travail de la parole dans des âmes est le travail de Dieu et non le nôtre. Notre travail
est de semer et de récolter.

7 — Comme le travail de l’homme participe à ce travail actuel qui est d’étendre le royaume
de Dieu, le mal y pénétrera. Le royaume, considéré comme l’ouvrage de l’homme, donnera
quelque chose d’imposant et pourtant de corrompu. C’est l’avertissement solennel dont nous
avons à faire notre profit.

Il y a eu beaucoup d’autres paraboles exposées par le Seigneur et qui pourtant ne nous ont pas
été rapportées. Celles qui ont été exposées et expliquées aux disciples étaient sans doute très
importantes pour eux dans leurs circonstances particulières, mais pas de la même importance
pour nous. Celles qui nous concernent directement sont rapportées en Matthieu 13.
Avec le verset 34 se terminent les enseignements du Seigneur et, du verset 35 à la fin du
chapitre 5, nous reprenons le récit de ses actes merveilleux. Les disciples avaient besoin
d’observer attentivement ce qu’il faisait et sa façon d’agir, comme d’entendre les
enseignements sortant de ses lèvres ; et nous aussi.

La foule qui a écouté ce qu’il a dit, sans le comprendre, est alors renvoyée, et Jésus et ses
disciples passent à l’autre rive. C’est le soir, et Jésus est à la poupe, il dort sur un oreiller. Ce
lac est connu pour les tempêtes soudaines et violentes qui l’agitent et l’une d’elles, d’une rare
violence, se lève, menaçant de submerger la barque. Satan est « le chef de l’autorité de l’air »,
et donc nous croyons que sa puissance se trouvait derrière les forces déchaînées de la nature.
Immédiatement donc les disciples sont placés devant une épreuve et un défi. Qui est cette
personne qui dort à la poupe ?

Satan pouvait-il disposer des forces de la nature au point de faire couler une barque où
reposait le Fils de Dieu ? Mais le Fils de Dieu est vu dans son humanité et il dort. Eh bien,
quelle importance, vu qu’il est le Fils de Dieu ! L’action de l’adversaire soulevant la tempête
pendant qu’il dort est vraiment un défi qu’il lance. Jusqu’alors cependant les disciples n’ont
compris ces choses que d’une manière très obscure — et ce n’est même pas sûr. Par
conséquent ils sont remplis de crainte, car leurs ressources dans l’art de la navigation sont
épuisées. Et ils le réveillent avec un cri d’incrédulité qui est un affront à sa bonté et à son
amour, bien que témoignant de quelque foi dans sa puissance.

Le Seigneur se lève immédiatement dans la majesté de sa puissance. Il reprend le vent qui est
l’instrument le plus direct de Satan. Il dit à la mer de faire silence et de se taire, et elle obéit.
Comme un chien de chasse turbulent se couche humblement à la voix de son maître, ainsi la
mer se couche à ses pieds. Il est le Maître absolu de la situation.

Ayant ainsi repris les forces de la nature et la puissance qui se cache derrière elles, Jésus se
tourne vers ses disciples pour leur adresser de doux reproches. La foi a une vision spirituelle
des choses, et jusque-là leurs yeux s’étaient à peine ouverts, pour discerner qui il était. S’ils
avaient tant soit peu saisi ce qu’était sa gloire personnelle, ils n’auraient pas été si craintifs.
Ayant été les témoins du déploiement de sa puissance, ils sont encore craintifs et ils se
demandent encore quelle sorte d’homme il est. Un homme qui peut commander aux vents et à
la mer et les soumettre à sa volonté, n’est évidemment pas un homme ordinaire. Mais qui est-
il ? Voilà la question.

Aucun disciple ne peut s’avancer pour servir, tant qu’il n’a pas répondu à cette question une
fois pour toutes dans son âme. Voilà pourquoi, avant de les envoyer, Jésus doit présenter
d’autres témoignages de sa puissance et de sa grâce devant leurs yeux, comme cela nous est
rapporté au chapitre 5.

Nous aussi, de nos jours, nous devons être pleinement assurés de savoir qui il est avant
d’essayer de le servir. Cette question : « Qui donc est celui-ci ? » est une question qui
vraiment requiert notre attention. Tant que nous ne pourrons pas y répondre comme il
convient et de façon très claire, il faut que nous nous tenions tranquilles.

5                         Chapitre 5
« Qui donc est celui-ci ? » Lorsque la foi a été amenée à une pleine conviction en répondant à
cette question qui concerne le Seigneur Jésus, cela entraîne l’assurance qu’il doit
nécessairement être à même de répondre à n’importe quelle circonstance difficile. Cependant,
malgré tout, il est bon pour le disciple de le voir vraiment ayant affaire aux hommes et aux
peines qu’ils connaissent à cause du péché, dans sa grâce qui délivre. Dans ce chapitre, nous
voyons le Seigneur qui manifeste sa puissance et, par là même, continue la formation de ses
disciples. Cette formation peut être aussi la nôtre en parcourant le récit qui nous est donné.

Pendant la traversée du lac, la puissance de Satan a été à l’œuvre, cachée derrière la furie de la
tempête ; à l’arrivée sur l’autre rive, elle devient tout à fait évidente dans l’homme possédé
d’un esprit immonde. Ayant connu la défaite dans ses œuvres les plus secrètes, l’adversaire
maintenant lance ouvertement un défi sans perdre de temps, car cet homme rencontre
immédiatement Jésus au moment où celui-ci débarque. C’est une sorte d’épreuve-test. Le
diable a fait de ce pauvre malheureux une forteresse où il espère tenir bon à tout prix et, dans
cette forteresse, il a jeté toute une légion de démons. Si jamais il y a eu un homme qui a été
maintenu irrémédiablement captif des puissances des ténèbres, c’est bien lui. Dans son
histoire, nous voyons le reflet de la condition où a sombré l’humanité, sous le pouvoir de
Satan.

Il « avait sa demeure dans les sépulcres », et les hommes aujourd’hui vivent dans un monde
qui devient de plus en plus un vaste cimetière, à mesure qu’une génération après l’autre
disparaît dans la mort. Alors « personne ne pouvait le lier », car on avait souvent essayé fers
et chaînes, mais en vain. Il n’était pas question de le maîtriser. Ainsi aujourd’hui il ne manque
pas de mouvements, de méthodes qui ont pour but de refréner les mauvais penchants de
l’homme, de réprimer leurs actions les plus violentes et de soumettre ce monde afin de le
rendre agréable et d’y faire régner l’ordre. Mais rien n’y fait.

Alors, avec ce démoniaque, on a essayé autre chose. Et si on changeait sa nature ? Il est dit
cependant que « personne ne pouvait le dompter ». Ainsi cette idée s’est-elle révélée inutile et
il en a toujours été ainsi. Il n’est pas davantage au pouvoir des hommes de changer leur nature
que de lui mettre un frein et de l’empêcher d’agir, « La pensée de la chair... ne se soumet pas
à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Romains 8:7). Aussi ne peut-elle pas être
contrainte. Il est dit encore : « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6), quelles que
soient les tentatives pour l’améliorer. Aussi n’est-il pas question de la modifier ou de la
changer. « Et il était continuellement, de nuit et de jour, dans les sépulcres et dans les
montagnes », toujours agité, criant, toujours malheureux, se meurtrissant avec des pierres, se
détruisant lui-même dans sa folie. Quel tableau ! Et il nous faut ajouter, quel tableau
caractéristique de l’homme sous la puissance de Satan ! C’était un cas exceptionnel, il est
vrai. L’emprise de Satan sur la majorité des hommes se fait d’une manière plus douce et les
symptômes sont bien moins prononcés. Ils sont pourtant là. On peut entendre le cri de
l’humanité, alors que les hommes se font du tort à eux-mêmes par leurs péchés.

Quand l’homme parle, les mots se forment sur ses lèvres, mais l’intelligence qui est derrière
est celle des démons qui le contrôlent. Eux, ils savaient quelle sorte d’homme était le
Seigneur, même si d’autres ne le savaient pas. D’un autre côté, ils ne savaient absolument pas
à quoi correspondait son service. En vérité, il y aura une heure où le Seigneur livrera ces
démons avec Satan leur maître aux tourments, mais tel n’était pas son service à ce moment-là.
Encore moins était-ce son service à l’égard des hommes. Au démoniaque Jésus vient apporter,
non pas les tourments, mais la délivrance.
Le Seigneur a ordonné aux démons de sortir, et ils savent qu’ils ne peuvent pas résister. Ils
sont en présence du Tout-Puissant et ils sont obligés de faire ce qui leur a été ordonné. Il leur
faut même demander la permission d’entrer dans les pourceaux qui paissent non loin de là.
Les pourceaux, animaux impurs selon la loi, n’auraient pas dû se trouver là. Les esprits étant
également impurs, il y a affinité entre eux et les pourceaux, affinité qui a des conséquences
mortelles pour ces animaux. Les démons ont mené l’homme à l’auto-destruction en se servant
de pierres tranchantes ; avec les pourceaux, l’emprise est immédiate et complète. L’homme
est délivré, les pourceaux sont détruits.

Le résultat, en ce qui concerne l’homme lui-même, est merveilleux. Ses errances incessantes
sont finies, car il est « assis ». Autrefois il ne portait pas de vêtements, comme Luc nous le dit.
Maintenant il est « vêtu ». Ses hallucinations ont cessé, car il est « dans son bon sens ».
L’application qu’on peut faire de tout ceci pour l’évangélisation est tout à fait évidente.

Le résultat, en ce qui concerne les gens de la contrée, est cependant tout à fait tragique. Ils
montrent un état d’esprit qui laisse douter de leur bon sens, bien qu’aucun démon ne soit entré
en eux. Ils n’ont aucune compréhension ou juste appréciation de Christ. En revanche ils
s’accommodent fort bien de la présence des pourceaux. Si la présence de Jésus signifie la
perte des pourceaux, alors ils préfèrent s’en passer, même si cette présence fait disparaître un
démoniaque furieux. Et les voilà qui le prient de s’en aller de leur territoire.

Le Seigneur accède à leur désir et s’en va. Tout cela est une bien grande tragédie, même s’ils
ne s’en rendent pas compte à ce moment-là. Suivra une tragédie plus grande encore : le Fils
de Dieu sera chassé de ce monde ; et la conséquence, ce sont dix-neuf siècles remplis de mal
de toute sorte. Le départ du Seigneur a créé une nouvelle situation pour l’homme qui vient
d’être délivré des démons. Naturellement il désire la présence de son Libérateur, mais il
apprend que, pour le moment, il doit demeurer à la place où le laisse l’absence de Jésus et
témoigner pour lui, particulièrement auprès des siens.

Notre position aujourd’hui est tout à fait semblable. Bientôt nous serons avec Jésus, mais
actuellement il nous appartient de témoigner pour le Seigneur là où il n’est pas. Nous aussi
nous pouvons raconter aux nôtres quelles grandes choses le Seigneur a faites pour nous.

Ayant retraversé le lac, le Seigneur se trouve immédiatement en présence d’autres cas de


misère humaine. En chemin vers la maison de Jaïrus, où est couchée sa fille qui est à toute
extrémité, il est arrêté par la femme qui a une perte de sang. Son mal dure depuis douze ans et
échappe complètement à la compétence des médecins. Son cas à elle est désespéré, tout
comme l’était celui du démoniaque. Lui était irrémédiablement captif d’une foule de démons,
elle l’est d’une maladie incurable.

De nouveau, nous pouvons y voir une analogie avec l’état spirituel de l’humanité, et
particulièrement avec les efforts d’une âme réveillée, comme cela nous est décrit en Romains
7.

Beaucoup de luttes, beaucoup d’efforts sincères, mais aucun soulagement comme résultat ;
c’est plutôt une aggravation de l’état du malade qui décrirait le cas qui nous est présenté ici,
jusqu’à ce que l’âme arrive au bout de ses recherches et, après avoir tout dépensé, entende
parler de Jésus. Alors, quand elle a cessé tout effort pour obtenir une amélioration et qu’elle
est venue à Jésus, lui se révèle être le grand Libérateur.
Dans le cas du démoniaque, nous ne pouvons pas vraiment parler de foi, car il était
complètement dominé par les démons. Dans le cas de la femme, nous pouvons seulement
parler d’une foi qui est imparfaite. Elle a confiance dans la puissance de Jésus, puissance si
grande que même ses vêtements la communiquent. Cependant elle doute de pouvoir parvenir
jusqu’à lui. Les foules qui se pressent l’en empêchent et elle ne se rend pas compte à quel
point lui, le parfait Serviteur, est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui.
Cependant, la guérison dont elle a besoin, elle la reçoit en dépit de tout. L’accès dont elle a
besoin est rendu possible et la bénédiction lui est apportée. Satisfaite de cette bénédiction, elle
se serait éloignée furtivement.

Mais il ne doit pas en être ainsi. Elle aussi doit témoigner de ce que la puissance de Jésus a
fait, et par là elle doit recevoir une autre bénédiction pour elle-même. La façon qu’a notre
Seigneur d’agir envers elle est pleine d’instruction spirituelle.

La parfaite connaissance que Jésus a de toutes choses est révélée. Il sait que de la puissance
est sortie de lui et qu’on a touché ses vêtements. Il a posé la question, mais il connaît la
réponse, car il se retourne pour voir « celle » qui a fait cela.

Sa question révèle aussi le fait que beaucoup l’ont touché de bien des manières ; cependant
personne d’autre n’a fait sortir de lui de la puissance en le touchant. Pourquoi cela ? Parce
qu’entre tous, elle seule l’a fait dans la conscience de ses besoins et avec foi. Quand ces deux
choses sont là, ce n’est point en vain qu’on est en contact avec Jésus. Bon nombre d’entre
nous aimeraient être comme cette femme et souhaiteraient recevoir la bénédiction, sans
reconnaître publiquement celui qui les a bénis. Il ne doit pas en être ainsi. Le Seigneur mérite
que nous confessions la vérité et que nous fassions connaître sa grâce qui sauve. Dès que la
puissance est sortie de lui pour notre délivrance, vient pour nous le moment de témoigner. Et
comme l’homme a dû aller dans sa maison vers les siens, la femme doit s’agenouiller à ses
pieds en public. Tous deux lui ont rendu témoignage et, notons-le, tout à fait différemment de
ce que nous aurions pu attendre. La plupart des hommes trouveraient peut-être que rendre
témoignage chez soi est difficile. Pour les femmes ce serait plutôt rendre témoignage en
public. L’homme a dû parler à la maison et la femme en présence de la foule. Cependant ce
n’est pas à la foule qu’elle s’est adressée, mais à lui.

Comme fruit de sa confession, la femme elle-même reçoit une autre bénédiction : elle reçoit
l’assurance définitive, par la parole du Seigneur, que sa guérison est entière et complète.
Quelques minutes auparavant, elle a senti dans son corps qu’elle était guérie, et puis elle
déclare toute la vérité, sachant ce qui lui était arrivé. C’est très bien, mais pas tout à fait
suffisant. Si le Seigneur lui avait permis de s’en aller simplement avec ses bons sentiments et
cette connaissance de ce qui lui était arrivé, elle aurait pu être la proie de bien des doutes et de
bien des craintes dans les jours suivants. La moindre sensation de malaise aurait fait naître
l’inquiétude quant à une rechute éventuelle, mais en l’occurrence elle reçoit la parole
définitive de Jésus : « Sois guérie de ton mal ». Voilà qui règle tout, sa parole à lui était
beaucoup plus sûre que ses sentiments à elle.

Ainsi en est-il pour nous : quelque chose a été vraiment accompli en nous par l’Esprit de Dieu
à la conversion, et nous le savons, et nos sentiments peuvent être des sentiments de bonheur.
Mais cependant il n’y a pas une base solide sur laquelle puisse se fonder notre assurance, ni
dans des sentiments, ni dans ce qui a été fait en nous. Le fondement solide pour l’assurance se
trouve dans la parole du Seigneur. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui manquent
d’assurance, tout simplement parce qu’ils ont commis l’erreur que cette femme a été sur le
point de commettre : ils n’ont jamais vraiment confessé Christ et reconnu ce qu’ils lui
devaient. S’ils acceptent de réparer cette erreur, comme l’a fait cette femme, sa parole leur
donnera toute assurance.

Au moment même où la femme est délivrée, le cas de la fille de Jaïrus devient plus critique.
Arrive la nouvelle de sa mort, et ceux qui ont envoyé le message admettaient que la maladie
puisse disparaître devant la puissance de Jésus, mais ils estiment que la mort est un domaine
qui lui échappe. Nous avons vu Jésus triompher des démons et de maladie, même quand les
victimes ne pouvaient compter sur aucun secours humain. La mort est, de toutes les choses, la
plus irrémédiable. Jésus peut-il triompher de cela ? Il le peut et c’est ce qu’il fait.

La manière dont il soutient la foi vacillante du chef de synagogue est très belle. Jaïrus avait
été tout à fait confiant que Jésus pouvait guérir, mais maintenant, il s’agit de la mort. C’est la
grande mise à l’épreuve de sa foi et aussi de la puissance de Jésus. « Ne crains pas, crois
seulement », est la parole qui vient à lui. La foi en Christ ôtera la peur de la mort pour nous
comme pour cet homme.

La mort n’était qu’un sommeil pour Jésus ; cependant les pleureuses professionnelles se
moquent de lui dans leur incrédulité. Il les met dehors et, en la présence des parents et de ceux
de ses disciples qui sont avec lui, il ramène l’enfant à la vie. Ainsi, pour la troisième fois dans
ce chapitre, la délivrance est apportée à quelqu’un dont le cas est désespéré à vues humaines.

Mais le commencement du verset 43 s’oppose absolument aux versets 19 et 33. Il ne doit pas
y avoir de témoignage, cette fois-ci. Cela s’explique, nous le supposons, par l’incrédulité
méprisante qui vient de se manifester. En même temps, le Seigneur montre le plus grand souci
pour les besoins en nourriture de l’enfant. Tout comme il en a montré pour les besoins
spirituels de Jaïrus quelques instants auparavant. Jésus pensait à la fois à son corps à elle et à
sa foi à lui.

6                         Chapitre 6
Après ces choses, laissant le rivage de la mer, Jésus va dans la région où il a passé son
enfance. Comme il enseignait dans la synagogue, ses paroles étonnent les assistants. Ils
reconnaissent parfaitement la sagesse de ses enseignements, et la puissance de ses actes, et
cependant cela ne produit aucune conviction, aucune foi dans leur cœur. Ils le connaissaient,
lui et ceux qui étaient sa parenté selon la chair (lire v. 3), et cela ne faisait que les rendre
aveugles quant à sa réelle identité. Ils ne l’insultent pas par la façon dont ils expriment leur
incrédulité, comme ceux qui pleuraient dans la maison de Jaïrus, mais ce n’en est pas moins
pure incrédulité, et elle est si grande qu’il s’en étonne.

L’idée qu’ils se font de Jésus est exactement celle des unitaires modernes. Ils sont pleinement
convaincus de l’humanité de Jésus, car ils connaissent bien ses origines selon la chair. Ils la
voient si clairement que cela les rend aveugles à tout ce qu’il y a au-delà, et ils sont
scandalisés en lui. L’unitaire voit l’humanité de Jésus, mais rien au-delà. Nous, nous voyons
son humanité, aussi clairement que l’unitaire, mais au-delà nous voyons sa divinité. Cela ne
nous trouble pas, que nous ne puissions pas saisir intellectuellement comment les deux choses
peuvent se trouver en lui. Sachant que notre esprit est fini, nous n’espérons pas expliquer ce
qui comporte l’infini. Si nous pouvions saisir et expliquer, nous saurions que ce que nous
comprenons ainsi n’est pas d’essence divine.

Par suite de cette incrédulité « il ne put faire là aucun miracle », sinon qu’il guérit quelques
malades qui évidemment avaient foi en lui. Cela souligne ce que nous venons de remarquer à
propos du verset 43 du chapitre 5. De même qu’en présence de l’incrédulité grossière et
moqueuse le Seigneur a retiré tout témoignage pour lui, de même, en présence de ses
compatriotes incrédules, il ne fait aucun miracle.

Or nous pourrions être portés à penser qu’il aurait dû agir tout à fait différemment. Mais les
Écritures semblent bien montrer que, lorsque l’incrédulité s’élève à la hauteur de la moquerie,
le témoignage s’arrête. Voir Jérémie 15:17 ; Actes 13:41 ; Actes 17:32 jusqu’au premier
verset du chapitre 18. Il est également évident que si Jésus de Nazareth était « approuvé de
Dieu... par des miracles, des prodiges et des signes » (Actes 2:22), cependant le but principal
n’était pas de convaincre l’incrédulité obstinée, mais d’encourager et de fortifier la foi qui
était faible. Nous voyons en Jean 2:23-25 que lorsque les miracles de Jésus produisaient la
conviction intellectuelle chez certains hommes, lui-même ne se fiait pas à la conviction ainsi
produite. De là vient qu’il ne fait pas de grands miracles dans la contrée de Nazareth. Il ne
« peut » pas en faire. Il est limité par des considérations morales et non pas physiques. Dans
de telles circonstances, il ne convenait pas qu’il y eût des miracles, selon les voies de Dieu ; et
Jésus était le Serviteur de la volonté de Dieu.

Mais ce qui convenait, c’était de rendre fidèlement un témoignage clair, et alors « il visitait
l’un après l’autre les villages à la ronde en enseignant ». Un grand déploiement de miracles
aurait pu produire un changement dans les sentiments et une conviction intellectuelle qui
n’auraient été d’aucun profit. L’enseignement soutenu de la Parole signifiait : semer la
semence, et de cela il y aurait du fruit qui en vaudrait la peine, comme nous l’avons vu.

Cela nous amène au verset 7 de ce chapitre, où nous lisons que les douze sont envoyés pour
leur première mission. Leur période d’apprentissage est maintenant terminée. Ils ont écouté,
telles qu’elles sont données au chapitre 4, les instructions du Seigneur, et ils ont été témoins
de sa puissance telle qu’elle se manifeste au chapitre 5. Ils avaient également eu cette
illustration frappante de la place que doivent occuper les miracles, et du fait que, s’il y a des
moments où ils peuvent ne pas convenir, l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu
sont toujours de saison.

On ne voit guère de nos jours de miracles et de signes dignes de ce nom ; mais la Parole de
Dieu demeure. Soyons reconnaissants que la parole soit vraiment toujours de saison, et soyons
diligents pour la semer.

L’envoi des douze est le début d’un prolongement du ministère et du service du Seigneur.
Jusque-là, tout avait été entre ses propres mains, avec les disciples comme spectateurs.
Maintenant ils devaient agir en son nom. Le Seigneur tout seul peut répondre à tout. Eux ne
peuvent pas répondre à tout ; c’est pourquoi ils doivent aller deux par deux. Il y a aide et
courage dans le fait qu’on est deux, car là précisément où l’un est faible, l’autre peut être fort,
et celui qui les avait envoyés savait exactement comment les appareiller. Être deux est
particulièrement utile dans le travail missionnaire ; et ainsi dans les Actes nous voyons Paul
qui agit selon cette instruction du Seigneur. Le service est une affaire individuelle, il est vrai,
mais même aujourd’hui nous faisons bien d’estimer à sa juste valeur la communion dans le
service. « Nous sommes collaborateurs de Dieu » (1 Corinthiens 3:9).
Avant leur départ, il leur est donné pouvoir ou autorité sur toute la puissance de Satan. Il leur
est également commandé de se dépouiller même de ce qui semble normalement nécessaire
aux voyageurs de ce temps-là. De plus leur message leur est donné. De même que leur maître
avait prêché la repentance en vue du royaume (voir chapitre 1:15), ils devaient la prêcher.

Ceux qui servent aujourd’hui ne sont pas envoyés par un Christ qui est sur la terre, mais par
un Christ qui est dans le ciel, et ceci amène certaines modifications. Notre message porte
essentiellement sur la mort, la résurrection et la gloire de Christ, alors que le leur, dans la
nature même des choses, ne le pouvait pas. Ils mettaient de côté ce qui est nécessaire aux
voyageurs, vu qu’ils représentaient le Messie sur la terre, qui n’avait rien, mais qui était tout à
fait capable de les soutenir.

Nous, nous suivons un Christ qui a été élevé dans la gloire, et en général sa puissance est en
exercice pour libérer ses serviteurs de toute dépendance d’appui d’ordre spirituel, plutôt que
d’ordre matériel. Cependant, nous pouvons certainement être réconfortés à la pensée qu’il
n’envoie pas ses serviteurs sans leur donner de la puissance pour le service qui est placé
devant eux. Si nous sommes appelés à chasser les démons, il nous donne la puissance pour le
faire. Et si notre service ne consiste pas en cela, mais en quelque chose d’autre, la puissance
nous sera aussi donnée pour y répondre.

Eux, comme nous-mêmes, doivent être caractérisés par la plus grande simplicité. Il ne s’agit
pas de courir çà et là, de maison en maison pour chercher quelque chose de mieux. Ils sont ses
représentants. Lui agissait par procuration par leur moyen ; par conséquent, les rejeter, c’était
le rejeter lui. Ceux qui le servent aujourd’hui ne sont pas apôtres, et pourtant, à un degré
moindre, la même chose sans aucun doute demeure vraie. Le message de Dieu n’en est pas
moins son message, même s’il est donné par des lèvres que marque la faiblesse.

Leur service, que ce soit pour prêcher, chasser les démons ou guérir, produit un tel effet que
c’est son nom à lui, et non pas le leur, qui est rendu public, et même Hérode entend parler de
sa renommée. Ce misérable roi avait si mauvaise conscience qu’immédiatement il croit que
Jean le baptiseur, sa victime, est ressuscité. D’autres croient que Christ est Élie, ou l’un des
prophètes d’autrefois. Personne ne sait, car personne n’a l’idée que Dieu puisse faire une
chose nouvelle. À ce moment-là, Marc fait une petite digression pour nous raconter, dans les
versets 17 à 28, comment Jean a été mis à mort sur l’ordre d’une femme vindicative. Tout
méchant qu’il fût, Hérode possédait une conscience qui lui parlait, et nous voyons la ruse
magistrale par laquelle le diable s’empare de lui. Le piège est tendu par le moyen d’une jeune
femme belle de visage et de taille, d’une femme plus âgée, séduisante, qui rêve de vengeance,
ainsi que d’une vanité stupide qui fait que ce malheureux roi fait plus de cas de son serment
que de la loi de Dieu. Ainsi cet homme vaniteux et sensuel est, sans qu’il s’en rende compte,
poussé jusqu’au meurtre, avec pour fin le jugement éternel. Sa conscience mal à l’aise ne fait
naître que des craintes superstitieuses.

Au verset 29, Marc rapporte simplement que les disciples de Jean ont mis dans un sépulcre
son corps supplicié. Il n’ajoute pas comme Matthieu qu « ils rapportèrent à Jésus ce qui était
arrivé » (Matthieu 14:12). Il continue en relatant le retour des disciples de leur voyage,
racontant à leur Maître tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. C’est alors
que le Seigneur les fait venir à l’écart, dans un lieu désert, pour que, loin de la foule et du
service qui les a occupés, ils passent un moment de tranquillité en sa présence. Il est instructif
de remarquer que le passage de Matthieu laisse très certainement supposer que les disciples de
Jean, affligés, sont arrivés aussi exactement au même moment.
N’oublions jamais qu’une période de repos dans la présence du Seigneur, loin des hommes,
est nécessaire après une période où l’on a été occupé du service. Les disciples de Jean sont
revenus de leur triste service, affligés, le cœur lourd. Les douze sont revenus de triomphantes
rencontres avec la puissance des démons et de la maladie, et probablement tout exaltés par le
succès. Les uns et les autres ont besoin de la paix que procure la présence du Seigneur, qui est
bonne tout autant pour relever les cœurs abattus, que pour mettre un frein à un enthousiasme
exagéré.

Cependant cette période de calme n’est que de courte durée, car les gens cherchent le
Seigneur au milieu de la foule, et il ne veut pas se dérober à eux. Le cœur du grand Serviteur
se révèle de façon très belle au verset 34, où il nous est dit qu’il est « ému de compassion ».
Les voir « comme des brebis qui n’ont pas de berger » ne faisait naître en lui que de la
compassion, et non pas, comme si souvent dans notre cas, des sentiments de contrariété ou de
mépris. Et il est mû par la compassion qu’il ressentait. Voilà qui est merveilleux.

Sa compassion le pousse à agir dans deux domaines différents. D’abord à s’occuper d’eux
quant aux choses spirituelles, puis à subvenir aux besoins de leur corps. Remarquez l’ordre :
ce qui est spirituel vient en premier lieu. « Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses »,
bien que ne soit pas rapporté ce qu’il a dit. Puis comme le soir est venu, il calme leur faim.
D’après cet exemple, comment faut-il agir ? Si les hommes ont des besoins matériels, il est
bon que nous y subvenions, selon qu’il est en notre pouvoir. Mais donnons toujours la priorité
à la Parole de Dieu. Les besoins du corps ne doivent jamais prendre le pas sur les besoins de
l’âme dans notre service.

Nourrissant les cinq mille, le Seigneur met tout d’abord à l’épreuve ses disciples. Qu’avaient-
ils compris du pouvoir qu’il avait de répondre à tous les besoins ? Très peu de chose, semble-
t-il, car en réponse à ses paroles : « Vous, donnez-leur à manger », ils pensent seulement aux
ressources humaines et à l’argent. Or les ressources d’ordre humain ne sont absolument pas
négligées. Elles sont très insignifiantes, mais le Seigneur fait en sorte que sa puissance se
déploie en elles. Il aurait pu changer des pierres en pain ou, à la vérité, faire du pain à partir de
rien, mais sa façon de faire est d’utiliser les cinq pains et les deux poissons.

Son œuvre s’est continuée exactement de la même manière pendant toute l’époque actuelle.
Ses serviteurs possèdent certaines petites choses qu’il se plaît à utiliser. Et de plus il dispense
ses libéralités d’une façon bien ordonnée, les gens étant assis en rangées de cent et de
cinquante, et il emploie ses disciples à ce travail. Les pieds et les mains qui portent la
nourriture aux gens sont ceux des disciples. Aujourd’hui les pieds et les mains des serviteurs
sont employés, leur esprit et leur bouche sont mis à sa disposition pour que le pain de vie
parvienne aux nécessiteux. Mais la puissance qui produit des résultats est entièrement la
sienne. La faiblesse même des instruments employés rend cela manifeste.

Comme parfait Serviteur, Jésus prenait soin de rattacher au ciel tout ce qu’il faisait. Avant que
le miracle s’opère, il lève les yeux vers le ciel et il rend grâces. Par là les pensées de la foule
sont dirigées vers Dieu, source de tout, plutôt que vers lui, le Serviteur de Dieu sur la terre.
Une parole pour nous contenant un principe semblable se trouve en 1 Pierre 4:11. Le serviteur
qui dispense de la nourriture spirituelle doit la donner comme venant de Dieu, pour que ce soit
Dieu qui soit glorifié en elle, et pas le serviteur.

Nous pouvons aussi tirer encouragement du fait que, lorsque cette grande foule est nourrie, il
leur reste beaucoup plus que le peu avec lequel ils ont commencé. Les ressources divines sont
inépuisables et le serviteur qui compte sur son maître ne sera jamais à court. De ce point de
vue, il y a une très heureuse ressemblance entre les pains et les poissons placés dans les mains
des disciples, et la Bible placée dans les mains des disciples aujourd’hui.

Après avoir nourri la foule, le Seigneur envoie immédiatement ses disciples de l’autre côté du
lac et se consacre à la prière. Non seulement il rattachait tout au ciel en rendant grâces en
présence des hommes, mais il gardait toujours le contact pour lui-même comme serviteur de
la volonté divine. C’est dans Jean 6 que nous apprenons qu’à ce moment le peuple est
enthousiaste et l’aurait, de force, fait roi. Les disciples auraient pu se laisser prendre à ce
piège, mais pas Jésus.

La traversée de la mer fournit aux disciples une nouvelle preuve de l’identité de leur maître.
Le vent contraire fait obstacle à leur progression, et c’est péniblement et lentement qu’ils
avancent. À nouveau il se montre au-dessus du vent et des flots, marchant sur la mer et
pouvant passer à côté d’eux. Ses paroles calment leurs alarmes, et sa présence dans leur
barque met fin à la tempête ; et malgré tout, le sens profond de ces choses leur échappe. Leurs
cœurs n’étaient pas encore prêts à le comprendre. Néanmoins les gens en général avaient
appris à reconnaître le Seigneur et sa puissance. Abondance de besoins lui est présentée, et il
y répond avec abondance de grâce.

7                         Chapitre 7
En commençant ce chapitre, nous voyons se manifester à nouveau l’opposition des chefs
religieux. Les disciples, accaparés par le travail, comme nous l’a dit le verset 31 du chapitre
précédent, n’observaient pas certaines ablutions traditionnelles, ce qui irritait les pharisiens
qui montraient un attachement rigoureux à la tradition des anciens. Le Seigneur relève le défi
pour le compte des disciples et répond en mettant à nu, allant au fond des choses, la position
pharisaïque. C’étaient des hypocrites, et il le leur dit.

L’essence de leur hypocrisie était qu’ils faisaient profession d’un culte consistant en rites
extérieurs, alors qu’intérieurement leur cœur était complètement éloigné. Rien ne compte
pour Dieu si le cœur n’est pas droit.

Puis, en accomplissant leurs rites, ils mettaient de côté le commandement de Dieu pour le
remplacer par leur propre tradition. Le Seigneur ne fait pas qu’affirmer cela, mais il en donne
la preuve en prenant pour exemple la façon dont ils mettaient de côté le cinquième
commandement par leurs règles concernant le « corban », c’est-à-dire les choses consacrées
au service de Dieu. Sous prétexte de « corban », plus d’un Juif se débarrassait de tous ses
devoirs légitimes envers ses parents âgés et pauvres. Et il faisait cela avec une apparence de
sainteté, car apparemment n’y avait-il pas plus de piété à consacrer des choses à Dieu plutôt
qu’à ses parents ?

Les choses comprises sous le « corban » n’étaient pas des choses que Dieu exigeait. S’il en
avait été ainsi, ces exigences auraient dû prévaloir. Il y avait des choses qui pouvaient être
consacrées à Dieu si on le voulait, tandis que l’obligation de prendre soin de son père et de sa
mère était un commandement formel. La tradition pharisaïque permettait à un homme
d’utiliser une ordonnance facultative pour éviter d’observer un commandement formel. Ils
pouvaient bien essayer de justifier leur tradition avec des arguments fallacieux qui avaient une
apparence de piété, mais le Seigneur les accusait d’annuler la parole de Dieu. Ce qui est écrit
en Exode 20:12 était, pour Jésus, « la parole de Dieu ». Il n’y a dans ce passage aucune
justification pour cette religiosité tâtillonne qui refuse le titre de « parole de Dieu » à la parole
écrite.

Nous croyons que nous serions en droit de dire que toute tradition humaine dans les choses de
Dieu va finalement à l’encontre de ce qu’enseigne la parole de Dieu. Ceux qui sont à l’origine
de la tradition n’ont probablement pas une telle pensée, mais l’esprit du mal, qui régit tout
cela et qui est derrière, a précisément cette intention.

Ayant démasqué les pharisiens comme étant des hommes dont le cœur était éloigné de Dieu et
qui ont osé annuler la parole de Dieu, le Seigneur appelle la foule et proclame publiquement
la vérité qui coupe à la racine toute prétention religieuse. L’homme n’est pas souillé par le
contact avec les choses extérieures, mais c’est en lui-même que siège ce qui souille. Parole
dure que celle-là, et seuls ceux qui ont des oreilles pour entendre la recevront.

Les disciples l’interrogèrent à ce sujet en particulier et, du verset 18 au verset 23, nous avons
l’explication. L’homme est corrompu dans sa nature. Ce qui vient de son cœur même le
souille. De son cœur viennent les mauvaises pensées qui deviennent toutes sortes de
mauvaises actions. C’est l’acte d’accusation le plus terrible qui ait jamais été prononcé contre
la nature humaine. Rien d’étonnant que le cœur du pharisien soit loin de Dieu, mais quelle
chose terrible que des hommes, avec un cœur comme celui-là, déclarent s’approcher de Dieu
et l’adorer !

Ces paroles pénétrantes de notre Seigneur coupent à la racine tout orgueil humain, et montrent
le peu de valeur de toutes les démarches de l’homme sur le plan religieux comme sur le plan
politique, quand elles ne s’occupent que de choses extérieures et laissent le cœur de l’homme
tel qu’il est.

Les disciples ne comprenaient encore ces choses qu’à peine, et l’expérience nous montrera
que les chrétiens professants sont très lents à les accepter et à les comprendre de nos jours.
Mais nous n’irons pas très loin, sauf si nous les comprenons vraiment.

Cependant, c’est une chose de mettre à nu le cœur de l’homme, mais il faut encore autre
chose, il faut faire connaître ce qu’est le cœur de Dieu. C’est ce que va faire le Seigneur,
comme le montre le reste du chapitre.

Il va aux frontières mêmes de ce pays qui abritait tant d’hypocrisie, et là entre en contact avec
une pauvre femme des nations, qui a le plus grand des besoins. La renommée du Seigneur est
parvenue à ses oreilles et elle ne veut pas se voir opposer un refus. Cependant le Seigneur la
met à l’épreuve par sa petite parabole sur le pain des enfants et les chiens. Sa réponse : « Oui,
Seigneur, car même les chiens sous la table mangent des miettes », est heureusement exempte
d’hypocrisie. En fait elle dit : Oui, Seigneur, il est vrai que je ne suis pas un enfant du
royaume, mais un pauvre chien des nations, sans aucun droit à faire valoir ; pourtant, j’ai
confiance qu’il y a assez de puissance en Dieu, et assez de bonté dans son cœur, pour nourrir
un pauvre chien comme moi.
Voilà la foi. Matthieu, en vérité, nous dit que le Seigneur l’a appelée une « grande foi », et
elle le réjouit. Elle apporte à cette femme tout ce que son cœur désire. Sa fille est délivrée.
Combien est grand le contraste entre le cœur de Dieu et le cœur de l’homme ! L’un plein de
bonté et de grâce, l’autre plein de toutes sortes de mal. Comme c’est heureux pour nous
quand, au lieu d’entretenir l’hypocrisie, nous sommes caractérisés par la droiture et la foi.

Au verset 31, Jésus retourne à nouveau vers les contrées de la mer de Galilée, pour y
rencontrer un homme qui est sourd et muet, condition qui, de façon frappante, symbolisait
l’état dans lequel se trouvaient les Juifs. La pauvre femme des nations a eu des oreilles pour
entendre, et en conséquence sa langue s’est déliée, et a pu prononcer des paroles de foi ; mais
eux sont sourds, et n’ont rien à dire.

En guérissant cet homme, le Seigneur accomplit certaines actions qui, sans aucun doute, ont
un sens symbolique. Il le tire à l’écart, loin des foules, pour s’occuper de lui en particulier. Ses
doigts, symbole de l’action divine, touchent ses oreilles. Ce qui vient de sa bouche touche la
bouche du muet. C’est ainsi que s’accomplit l’œuvre, et le sourd-muet entend et parle tout à la
fois. S’il y a des oreilles qui s’ouvrent pour entendre la voix du Seigneur, c’est le fruit de
l’action divine qui s’opère en secret. Et si une langue peut prononcer la louange de Dieu ou la
parole de Dieu, c’est parce que ce qui vient de sa bouche a été amené en contact avec la nôtre.

Rien n’est dit quant à la foi de cet homme. Ce qu’il ressent, il ne peut pas l’exprimer, et
d’autres l’ont amené à Jésus. Cependant c’est une grâce pleine et sans réserve qui vient à sa
rencontre. Encore une fois c’est un cas où la bonté du cœur de Dieu est manifestée par Jésus.

Évidemment la foule, dans une certaine mesure, est consciente de cela, et dans leur
étonnement ils confessent : « Il fait toutes choses bien ». À ce point du récit, ces paroles sont
d’autant plus frappantes. Le début du chapitre nous révèle l’homme sous son vrai caractère, et
nous trouvons que son cœur est une source d’où ne sort que le mal. Il fait toutes choses mal.
Le parfait Serviteur révèle la bonté du cœur de Dieu. Il fait toutes choses bien.

Que de motifs nous avons nous aussi d’être d’accord avec ce verdict !

8                         Chapitre 8
Quand les cinq mille ont été nourris, comme cela nous est rapporté dans le chapitre 6, les
disciples ont pris l’initiative en attirant l’attention de leur Maître sur les besoins des foules. En
cette deuxième occasion, c’est le Seigneur qui prend l’initiative et qui attire l’attention des
disciples sur le dénuement des foules, exprimant sa compassion et son souci à leur égard. De
nouveau, comme la première fois, les disciples ont simplement l’homme devant eux, et ne
pensent qu’à ce qu’il peut faire, ce qui ne répond absolument pas à la situation. Ils n’avaient
pas encore appris à mesurer la difficulté en la rapportant à la puissance de leur Seigneur.

C’est pourquoi, l’enseignement que Jésus avait donné, en nourrissant une grande foule avec
des ressources matérielles vraiment infimes, est répété. Il y a de légères différences, aussi bien
dans le nombre de personnes que dans le nombre de pains et de poissons utilisés, mais pour
l’essentiel, ce miracle est une répétition de l’autre, et une fois encore le verset 15 du Psaume
132 est accompli, tandis que la puissance de Dieu se trouve manifestée devant leurs yeux.
Ayant nourri la multitude, Jésus la renvoie lui-même, et immédiatement après, part avec ses
disciples pour gagner l’autre côté de la mer, comme la fois précédente. À son arrivée viennent
certains pharisiens avec des intentions hostiles, demandant un signe du ciel. En fait, Jésus
vient de donner des signes du ciel impressionnants, en la présence de milliers de témoins. Les
pharisiens n’avaient aucune intention de le suivre, et donc n’avaient pas été là pour voir le
signe pour eux-mêmes ; cependant il y avait un témoignage suffisant, s’ils voulaient l’écouter.
Bien sûr le fait est que, d’une part, ils n’avaient aucun désir d’être témoins d’un signe qui
authentifiait Jésus et sa mission, et d’autre part, ils étaient incapables de voir et de reconnaître
le signe même quand il était manifesté devant leurs yeux. Leur complète incrédulité remplit le
cœur du Seigneur de chagrin.

Au verset 34 du chapitre précédent, lorsqu’il était confronté à la faiblesse humaine et à


l’infirmité corporelle, Jésus a soupiré. Ici, placé devant l’aveuglement spirituel, il soupire
profondément en son esprit. L’infirmité spirituelle est chose beaucoup plus grave que
l’infirmité corporelle. Ils étaient les conducteurs aveugles d’une génération aveugle, et qui à
tâtons cherchaient un signe. Aucun signe ne leur serait donné, car pour des aveugles, des
signes sont inutiles. C’est l’occasion où, comme cela nous est rapporté au commencement de
Matthieu 16, le Seigneur leur dit qu’ils savaient discerner l’apparence du ciel, mais pas les
signes des temps.

Ne laissons pas là ce sujet comme si c’était quelque chose qui ne concernait que les
pharisiens ; dans son principe, il nous concerne nous aussi. Combien de fois le vrai croyant a
été troublé et découragé, pensant que Dieu n’a pas parlé, n’a pas agi, n’a pas répondu, alors
qu’en réalité il l’a fait ; seulement nous n’avons pas eu des yeux pour voir. Peut-être avons-
nous continué à le supplier pour qu’il donne plus de lumière, alors que pendant tout ce temps-
là, tout ce qu’il fallait, c’était quelques fenêtres dans notre maison.

Le mobile qui faisait agir ces pharisiens était entièrement mauvais, puisque leur but était de le
tenter. Aussi le Seigneur les laisse brusquement et gagne de nouveau l’autre rive qu’il venait
de quitter peu de temps auparavant, et les disciples n’ont pas de pain. Ainsi, pour la troisième
fois, ils sont en présence du problème soulevé par les cinq mille et les quatre mille qu’il fallait
nourrir, mais à une toute petite échelle.

Hélas, les disciples n’affrontent pas dans la force de la foi un problème relativement petit, pas
plus qu’ils ne l’ont fait quand il s’est posé dans des proportions plus grandes. Eux également
n’avaient pas eu jusqu’ici des yeux pour voir la puissance et la gloire de leur Maître, comme
elles avaient été manifestées par deux fois dans la multiplication des pains et des poissons. La
foi véritable a une vision pénétrante. Ils auraient dû discerner qui il était, et alors ils auraient
regardé non pas à leurs pauvres pains ou à leurs pauvres poissons, mais à Lui, et toutes
difficultés se seraient évanouies. Dans les petites crises qui marquent notre propre vie, valons-
nous mieux qu’eux ?

L’accusation du Seigneur concernant le levain des pharisiens et le levain d’Hérode ne nous est
pas expliquée ici comme dans Matthieu, mais il nous faut noter ce qu’elle signifie. Jésus fait
allusion à la doctrine de ces deux factions, qui travaillait comme du levain dans ceux qui
venaient d’être placés sous l’influence de l’une ou de l’autre. Le levain des pharisiens était
l’hypocrisie, celui des hérodiens était une extrême mondanité. En Matthieu nous lisons ce qui
concerne le levain des sadducéens, et il s’agissait de l’orgueil intellectuel qui les amenait à
l’incrédulité rationaliste. Rien n’aveugle davantage l’esprit et l’intelligence que ces trois
sortes de levain.
L’aveugle de Bethsaïda, dont il nous est parlé dans les versets 22 à 26, illustre exactement
l’état des disciples à ce moment là. Quand on amène l’aveugle au Seigneur, celui-ci le prend
par la main et le mène hors de la bourgade, le séparant des lieux fréquentés par les hommes,
tout comme auparavant il a tourné le dos aux pharisiens, et à ceux qui étaient avec eux. En
dehors de la ville, le Seigneur s’occupe de lui, accomplissant son œuvre en deux temps. C’est
la seule fois, autant que nous nous en souvenions, qu’il a agi ainsi. Après avoir été touche une
première fois, l’aveugle voit « des hommes comme des arbres qui marchent ». Il voit, mais les
choses sont terriblement brouillées. Il sait que les objets qu’il voit sont des hommes, mais ils
ont l’air beaucoup plus grands qu’ils ne sont en réalité.

Il en était ainsi des disciples ; l’homme avait trop d’importance à leurs yeux. Même quand ils
regardaient le Seigneur lui-même, il semblait que, à leurs yeux, son humanité éclipsait sa
déité. Ils avaient besoin comme l’aveugle d’être touchés une seconde fois avant de voir toutes
choses clairement. La présence du Fils de Dieu parmi eux, dans le sang et dans la chair, a été
cette première fois où ils ont été touchés et où en conséquence ils ont commencé à voir. Après
sa mort, sa résurrection et son ascension dans la gloire, le Seigneur les a touchés une seconde
fois, en répandant son Esprit, comme cela nous est rapporté en Actes 2. Alors ils ont vu toutes
choses clairement. Nous pouvons bien prier avec ferveur que notre vision spirituelle ne soit
pas celle d’une vue basse et brouillée, de peur que les grands arbres que nous croyons voir ne
se révèlent être seulement de faibles petits hommes qui se pavanent. Nous pouvons connaître
un tel état, comme la seconde épître de Pierre (1:9) le montre. Et nous sommes inexcusables,
puisque le Saint Esprit a été donné.

L’aveugle, une fois guéri, ne devait pas entrer dans la bourgade, ni le dire à personne dans la
bourgade ; de plus le Seigneur lui-même se retire maintenant avec ses disciples à Césarée de
Philippe, la bourgade la plus septentrionale dans les confins du pays, et très proche de la
frontière des nations. Il est évident qu’il commence à se retirer et à retirer le témoignage rendu
à sa messianité, de devant ces aveugles et leurs chefs encore plus aveuglés. Ici il soulève
auprès de ses disciples cette question de savoir qui il était. Les hommes avaient avancé
différentes suppositions, mais tous imaginaient qu’il était quelque prophète d’autrefois,
revenu à la vie, tout simplement un homme, et personne ne s’intéressait assez à cette question
pour trouver vraiment la réponse.

Alors Jésus interpelle ses disciples. Pierre devient leur porte-parole et répond en confessant
qu’il est le Messie, mais ceci provoque seulement une réponse qui probablement les a
grandement étonnés, et qui peut nous étonner aussi lorsque nous la lisons aujourd’hui. Il leur
enjoint de ne dire à personne qu’il est le Messie et il commence à les instruire de son rejet, de
sa mort et de sa résurrection qui doivent arriver bientôt.

Tout témoignage qui lui a été rendu comme Messie sur la terre est maintenant officiellement
retiré. Dorénavant il accepte sa mort comme inévitable, et il commence à diriger les pensées
de ses disciples vers ce qui, en conséquence, va arriver. Tel est le déroulement régulier des
choses sur le plan humain, et cela ne contredit ni ne heurte le côté divin. Il sait dès le départ ce
qui est devant lui.

De plus les disciples ne sont encore guère qualifiés pour rendre plus ample témoignage, si
cela avait été nécessaire. Pierre, en vérité, a une certaine mesure de discernement spirituel, car
il vient de confesser Jésus comme étant le Christ ; cependant l’affirmation que son rejet et sa
mort approchent soulève dans cet homme même une véhémente protestation. Pour cela
l’esprit de Pierre était gouverné par Satan, et le Seigneur reprend cet esprit de mal qui était
derrière les paroles de Pierre. Les pensées de Pierre étaient aux « choses des hommes », et
ainsi il est tout à fait comme cet homme dont il nous a été parlé, et qui voyait les hommes
comme des arbres qui marchaient. Bien qu’en Jésus il reconnût le Christ, il avait encore des
hommes devant lui, et en cela les autres disciples ne valaient pas mieux que lui. Aussi
comment pouvait-il aller comme témoin efficace du Christ qu’il reconnaissait ? Rien
d’étonnant, après tout, qu’à ce moment Jésus ait enjoint à ses disciples de ne parler de lui à
personne.

Nous pouvons nous arrêter ici, chacun de nous, pour bien nous rendre compte que nous ne
pouvons pas aller témoigner efficacement, si nous ne connaissons pas vraiment celui à qui
nous rendons témoignage, et si nous ne connaissons pas et ne comprenons pas ce que sont les
circonstances dans lesquelles nous sommes appelés à témoigner.

Dans les derniers versets de notre chapitre, en présence de la foule, le Seigneur commence à
instruire ses disciples des conséquences qui suivraient son rejet et sa mort. Les disciples se
voyaient suivre un Messie destiné à être reçu et glorifié sur la terre, mais la réalité était qu’il
allait mourir et ressusciter, pour être alors glorifié dans le ciel. Cela entraînait un immense
changement dans leurs perspectives d’avenir immédiat. Cela signifiait renoncer à soi-même,
prendre sa croix, perdre sa vie dans ce monde, porter l’opprobre en étant identifié avec Christ
et ses paroles au milieu d’une génération perverse.

La force de l’expression « se renoncer soi-même » va plus loin que « se sacrifier », qui
exprime l’idée de se refuser quelque chose. Le Seigneur ne parle pas simplement de renoncer
à quelque chose, mais de dire « non » à soi-même. Également, « prendre sa croix » ne signifie
pas seulement supporter les épreuves et les difficultés. L’homme qui en ce temps-là prenait sa
croix était mené à l’exécution capitale. C’était un homme qui devait accepter la mort des
mains du monde. Dire « non » à soi-même, c’est accepter la mort intérieurement pour son
propre esprit ; prendre sa croix, c’est accepter la mort extérieurement des mains du monde.
Voilà ce que doit nécessairement signifier être disciple, puisque nous suivons le Christ qui est
mort, rejeté de ce monde.

Cette pensée est développée aux versets 35 à 37. Le vrai disciple de Christ n’aspire pas à
gagner le monde entier ; au contraire il est prêt à faire la perte de ce monde, et dans ce monde,
à faire la perte de sa propre vie, pour l’amour du Seigneur et de son évangile. Le parfait
Serviteur que dépeint Marc a donné sa vie pour qu’il y ait un évangile à prêcher. Ceux qui le
suivent et sont ses serviteurs doivent être prêts à donner leur vie en prêchant cet évangile.
S’ils avaient honte de Jésus maintenant, il aurait honte d’eux dans le jour de sa gloire.

9                         Chapitre 9
Ces paroles ont dû être un grand coup pour les disciples, si peu qu’ils en aient saisi la portée.
C’est pourquoi le Seigneur, tenant compte de cela dans la tendresse qu’il avait pour eux, se
met à leur donner toute assurance nécessaire quant à la réalité de la gloire à venir. Ils avaient
espéré que le royaume de Dieu viendrait avec puissance et gloire de leur vivant, et cette
illusion étant dissipée, ils risquaient facilement de tirer hâtivement cette conclusion qu’il ne
devait pas venir du tout. Alors les trois disciples qui semblent être au premier plan parmi eux
sont menés à l’écart sur une haute montagne, afin qu’ils soient témoins de la transfiguration
du Seigneur. Là, ils voient le royaume de Dieu venant avec puissance, non pas dans sa
plénitude, mais comme un échantillon. Il leur est accordé d’en avoir la vision à l’avance.

Dans le premier chapitre de sa seconde épître, Pierre nous montre l’effet que cette scène a eu
sur lui. Il avait été témoin oculaire de la majesté de Christ, et par cela il savait que sa
puissance et la promesse de sa venue n’étaient pas une fable ingénieusement imaginée, mais
un fait glorieux, et ainsi la parole prophétique était rendue « plus ferme », ou était
« confirmée ». Il savait, et nous pouvons savoir, que pas un iota ou un seul trait de lettre de ce
qui a été annoncé, concernant la gloire du royaume à venir de Christ, ne manquera.

Cette scène de la transfiguration elle-même était une prophétie. Christ doit être le centre
resplendissant de la gloire du royaume, comme il l’a été au sommet de la montagne. Les
saints seront avec lui dans des conditions célestes, tout comme l’étaient Moïse et Élie, certains
d’entre eux ensevelis puis ressuscités et appelés par Dieu comme Moïse, d’autres enlevés au
ciel sans mourir comme Élie. Dans le royaume il y aura également des saints en bas sur la
terre, jouissant de bénédictions terrestres dans la lumière de la gloire céleste, comme les trois
disciples étaient conscients qu’ils avaient une bénédiction, durant cette brève vision. Cela se
passa « après six jours », et six personnes seulement étaient présentes ; donc tout était à une
échelle réduite et incomplète, cependant l’essentiel s’y trouvait.

Pierre, prêt à parler comme toujours, laisse échapper ce qu’il croit être un compliment, mais
qui en réalité est tout autre chose. Cette scène de gloire ne pouvait pas se prolonger sur la
terre, et ni Christ, ni même Moïse et Élie, ne pouvaient être mis dans les limites étroites de
tentes terrestres. Mais plus grave que cette erreur était la pensée que Jésus n’était que le
premier parmi les plus grands des hommes. Il n’est pas le premier parmi les grands, mais « le
Fils bien-aimé » du Père, parfaitement unique, sans aucune commune mesure, au delà de toute
comparaison. On ne peut pas, dans la même seconde, parler de quelqu’un d’autre et de lui. Il
est à part. C’est ce que déclare la voix du Père, ajoutant que Jésus est celui qu’on doit écouter.

La voix du Père a été très rarement entendue par des hommes. Le Père a parlé au baptême de
Christ, et à nouveau maintenant il parle, lors de sa transfiguration, ajoutant cette fois-ci :
« Écoutez-le ». Depuis lors, sa voix n’a jamais été entendue par les hommes de façon
intelligible. Le Fils est le porte-parole de la divinité et c’est lui que nous devons écouter. Dieu
a parlé autrefois par les prophètes, Moïse et Élie ; maintenant il a parlé en son Fils bien-aimé.
Cela exclut Pierre, ainsi que Moïse et Élie, ce qui est important quand nous nous souvenons
de ce que le système catholique romain a fait de Pierre et de sa prétendue autorité. Dans cette
circonstance, Pierre a montré de nouveau qu’il était encore exactement comme l’homme dont
la vue était brouillée et qui voyait des hommes comme des arbres qui marchaient.

La voix du Père n’a pas plus tôt exalté son Fils bien-aimé, que toute la vision disparaît, et
qu’il ne reste plus que Jésus avec les trois disciples. Les saints disparaissent, mais Jésus reste.
Ces mots : « Ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul » ont beaucoup d’importance. Si
nous tendons vers cela dans notre vie spirituelle, nous ne serons plus semblables à un homme
qui voit les hommes tels des arbres qui marchent, mais nous serons comme a été cet homme
après avoir été touché une seconde fois, nous verrons toutes choses clairement. Jésus occupera
tout notre champ de vision en ce qui nous concerne, et tout ce qui est de l’homme sera éclipsé.

Tout cela a été révélé aux disciples, comme nous le montre le verset 9, en vue d’un temps où
sa mort et sa résurrection seront accomplies. C’est seulement alors qu’ils comprendront tout
cela, illuminés par le Saint Esprit, et qu’ils pourront efficacement s’en servir pour témoigner.
Mais avant, ils ne comprennent même pas ce que « ressusciter d’entre les morts » signifiait
vraiment, comme le montre le verset suivant. La résurrection des morts ne les aura pas
intrigués de façon particulière ; c’est cette résurrection « d’entre » les morts, qui a eu lieu pour
la première fois avec Christ, qui soulève de telles questions. La première résurrection des
saints, la résurrection de vie, est du même ordre. N’y en a-t-il pas beaucoup qui s’appellent
chrétiens, et qui se posent aujourd’hui bien des questions à ce sujet ?

La question des disciples quant à Élie et l’annonce de sa venue est naturellement née dans leur
esprit à la suite de la scène de la transfiguration. Le Seigneur s’en sert pour diriger encore une
fois leurs pensées vers sa propre mort. En ce qui concerne la première venue du Seigneur, le
rôle d’Élie avait été joué par Jean le baptiseur, et sa mise à mort indiquait bien ce qui devait
arriver à celui qui était plus grand que lui et dont il était le précurseur.

La scène sur la haute montagne se termine rapidement, mais il n’en est pas ainsi des scènes de
péché, de misère et de souffrance de l’humanité qui remplissent les plaines en bas. Il fallait
que, des hauteurs, ils descendent aux abîmes, pour trouver les autres disciples qui ont perdu la
bataille et qui sont très inquiets en l’absence de leur Maître. Dès que Jésus apparaît, les foules
sont saisies d’étonnement, et tous les regards quittent les disciples affolés pour se porter sur le
Maître, serein, et qui, à lui seul, peut répondre à tout. L’instant d’avant, les scribes avaient
posé des questions embarrassantes aux disciples ; maintenant c’est Jésus qui interroge les
scribes, invite le père troublé à la confiance et montre qu’il suffit à tout.

Heureux le saint qui peut apporter quelque chose de la grâce et de la puissance de Christ dans
ce monde troublé ! Toutefois, il nous faudra attendre sa venue et le royaume, pour voir
pleinement accompli ce que cette scène annonce. Alors seulement il transformera le monde
entier, et fera passer son peuple éprouvé et troublé, de la défaite et de l’inquiétude au calme de
sa présence, dans une victoire complète et manifestée.

Il y avait eu une manifestation particulière de la gloire de Dieu dans la scène paisible au


sommet de la montagne, tandis qu’au pied de la montagne la sombre puissance de Satan
s’était déployée avec toute la confusion qu’elle apporte. Un garçon possédé du démon, un
père déçu et égaré par la douleur, des disciples abattus après leur échec, des scribes qui ne
répugnent pas à exploiter en leur faveur cette circonstance. Le Seigneur arrive au milieu de
tout cela et tout est changé.

D’abord il met le doigt là où se trouvait la racine de l’échec. Ils étaient une génération
incrédule. La racine était l’incrédulité. Cela était vrai pour ses disciples comme pour les
autres. Si leur foi avait pleinement saisi qui il était, ils n’auraient pas été déconcertés par cette
épreuve, pas plus que lorsqu’il s’était agi de nourrir les multitudes. Ils étaient encore comme
l’homme du chapitre 8, avant de voir toutes choses clairement.

Mais maintenant le Maître lui-même est au milieu d’eux et sa parole est : « Amenez-le moi ».
Cependant, lorsque le jeune garçon a été amené, le premier résultat est décevant, car le démon
le jette à terre dans des convulsions terribles. Mais tout cela arrive pour servir les desseins du
Seigneur, car d’un côté cela ne fait que rendre plus manifeste le terrible état dans lequel se
trouvait ce garçon, juste avant qu’il soit délivré, et d’autre part cela sert à mettre en évidence
les sentiments et les pensées de ce père angoissé. Son cri : « Si tu peux quelque chose, assiste-
nous, étant ému de compassion envers nous », révèle qu’il manque de foi dans la puissance de
Jésus, en même temps qu’il n’est pas très sûr de sa bonté.
La réponse de Jésus est : « Le « Si tu peux », c’est : « Crois ! » Ce qui revient à dire : Il n’y a
pas de « si », de mon côté à moi, le seul « si » qui intervient ici est de ton côté. Ce n’est pas :
« si je peux faire quelque chose », mais « si tu peux croire ». Cela met tout dans la vraie
lumière et l’homme le voit en un éclair. En voyant il croit, tout en confessant son incrédulité
passée.

Ayant suscité la foi dans cet homme, le Seigneur agit. Son but n’est pas de faire sensation
parmi le peuple. Si cela avait été le cas, il aurait attendu que la foule se rassemble. Son but
évidemment est d’affermir la foi du père et de tous ceux qui ont des yeux pour voir. Le démon
doit obéir, bien qu’il fasse tout le mal qu’il peut avant de relâcher sa proie. Ce déploiement de
puissance démoniaque, après tout, ne fait que donner occasion à un plus grand déploiement de
puissance divine. Non seulement le garçon est complètement délivré, mais il est aussi délivré
pour toujours, puisque le démon reçoit l’ordre de ne plus entrer en lui.

Ayant ainsi manifesté la puissance et la bonté de Dieu, le parfait Serviteur ne recherche pas la
popularité parmi les foules, mais se retire dans une certaine maison. Là, dans la tranquillité,
ses disciples lui demandent la raison de leur échec, et reçoivent la réponse du Seigneur. Nous
ne devrions pas cesser de poser leur question, lorsque nous expérimentons notre faiblesse en
présence de l’ennemi. En le faisant, nous recevrons sans aucun doute la réponse même qu’ils
ont reçue, comme nous la trouvons au verset 29. Le Seigneur avait déjà déclaré qu’à la racine
de leur impuissance, il y avait l’incrédulité. Maintenant il désigne deux autres choses. Non
seulement la foi est nécessaire, mais aussi la prière et le jeûne.

La foi indique un esprit de confiance en Dieu, la prière un esprit de dépendance envers Dieu,
le jeune un esprit de séparation pour Dieu, sous la forme d’abstinence de choses légitimes.
Voilà les choses qui mènent à la puissance dans le service de Dieu. Leurs contraires,
incrédulité, confiance en soi, complaisance envers soi-même sont les choses qui amènent à la
faiblesse et à l’échec. Ces paroles de notre Seigneur jouent le rôle d’un projecteur sur nos
nombreux manquements dans notre service pour lui. Qu’à leur lumière nous considérions nos
voies.

Aux versets 30 et 31, nous voyons à nouveau le Seigneur se retirer loin de la foule et instruire
ses disciples de sa mort et de sa résurrection prochaines. C’est ce que nous avons vu, pour la
première fois, dans les versets 30 et 31 du chapitre précédent.

C’était le prochain grand événement du programme divin, et Jésus commence à le présenter


de façon continue à l’esprit de ses disciples, bien qu’à ce moment là ils soient incapables de le
comprendre. Leur esprit était encore rempli de l’attente de la venue d’un royaume visible.
Aussi sont-ils incapables de concevoir toute idée qui viendrait contredire cela.

L’idée que le royaume de Christ apparaîtrait immédiatement leur souriait, parce qu’ils
s’attendaient à y avoir une place d’honneur. Ils le concevaient de façon chamelle, et cela
éveillait dans leur cœur des désirs charnels. C’est pourquoi, pendant le trajet qui les mène à
Capernaüm, ils se mettent à discuter entre eux pour savoir qui serait le plus grand. La question
du Seigneur suffit à les persuader de leur folie, comme le prouve leur silence embarrassé.
Cependant il sait tout, car il se met à leur répondre, bien qu’ils ne fassent aucune confession.

Sa réponse se trouve avoir une double portée. D’abord le seul chemin qui mène à la vraie
grandeur est celui qui vous fait descendre au plus bas, pour être serviteur de tous. Et les
choses étant ainsi, nous pouvons voir comment le Seigneur Jésus est prééminent, même si
l’on met à part sa déité. Dans son humanité, il a pris la place la plus humble et est devenu
serviteur de tous, d’une manière qui va infiniment au-delà de tout ce qu’a pu faire qui que ce
soit. Et très vraisemblablement le premier est celui qui lui ressemble le plus.

En deuxième lieu, il montre que la personnalité du serviteur a peu d’importance : ce qui


compte, c’est au nom de qui il vient. Nous avons cette scène belle et touchante où il place
d’abord un petit enfant au milieu d’eux, et puis le prend dans ses bras pour bien faire
comprendre ce qu’il veut dire. Cet enfant n’est qu’un échantillon insignifiant de l’humanité ;
cependant, recevoir un de ces petits enfants, c’était recevoir le Seigneur lui-même et aussi le
Père qui l’avait envoyé. Recevoir mille enfants semblables, au nom d’un autre quel qu’il soit,
ou sur un tout autre terrain, n’aurait que peu de sens. Le fait est que le Maître est si
suprêmement grand que la position relative de ses petits serviteurs ne vaut pas la peine qu’on
en discute.

Cet enseignement semble avoir été comme une illumination pour Jean, et avoir aiguillonné sa
conscience quant à l’attitude qu’ils avaient eue envers un homme zélé qui agissait au nom de
Jésus, bien qu’il ne suivît pas les douze. Pourquoi ne les suivait-il pas, cela ne nous est pas dit,
mais il faut nous souvenir que chacun n’avait pas la latitude, s’il le voulait, de se joindre aux
douze. Le propre choix du Seigneur décidait de cela. De toute façon, la réponse du Seigneur
met tout l’accent sur la valeur de son nom. En agissant au nom de Jésus, l’homme était
évidemment pour Christ et non contre lui.

En fait, cette personne, qui n’avait pas été investie de mission officielle, avait fait la chose
même que les disciples n’avaient pas réussi à faire : il avait chassé un démon. La charge est
une chose, la puissance en est une autre, tout à fait différente. Elles devraient aller ensemble
dans la mesure où la charge est une institution dans le christianisme. Mais très fréquemment,
ce n’a pas été le cas. Et dans les derniers temps, où des charges ont été instituées de façon non
scripturaire, nous voyons bien souvent une personne simple, et qui n’a pas de charge
particulière, faire la chose que la personne investie d’une charge n’a pas la puissance de faire.
La puissance est dans le Nom, pas dans la charge.

Le verset 41 montre que le plus petit don fait au nom de Christ et pour l’amour de Christ a de
la valeur aux yeux de Dieu et recevra sa récompense de ses mains. Le verset 42 nous donne la
réciproque : être en piège au plus faible de ceux qui appartiennent à Christ, c’est mériter et
recevoir un jugement sévère. Perdre sa vie dans ce monde est une petite chose, comparée à la
perdre dans le monde à venir.

Cela mène à ce passage très solennel qui clôt ce chapitre. Quelques-uns des auditeurs ont
peut-être pensé que ce qu’avait dit le Seigneur en parlant de pierre de meule était un peu
outrancier. Il ajoute des paroles encore plus fortes qui ouvrent la perspective du feu de l’enfer
lui-même. Ses pensées, à ce moment-là, évidemment s’élargissaient et vont au-delà de ses
disciples, pour s’adresser aux hommes en général, et il montre que toute perte, dans ce
monde-ci, est très petite, comparée à la perte de tout ce qui est la vie dans le monde à venir, et
au fait que l’on soit jeté dans le feu de la géhenne. La main, le pied et l’œil sont des membres
de notre corps qui ont beaucoup de prix et dont on ne se sépare pas facilement, mais la vie
dans le siècle à venir n’a pas de prix, et les flammes de l’enfer sont une affreuse réalité.

La vallée de Hinnom, le champ d’immondices à l’extérieur de Jérusalem, où des feux


brûlaient toujours et où les vers faisaient continuellement leur travail, était connue sous le
nom de la Géhenne. Et ce mot, sur les lèvres du Seigneur, devenait une image qui convenait
parfaitement au séjour des perdus. En vérité, l’enfer sera le grand dépotoir de l’éternité, où
tout ce qui est irrémédiablement mauvais sera séparé de ce qui est bon, et restera à jamais
sous le jugement de Dieu. Ce fait terrible nous est communiqué par la bouche de celui qui a
aimé les pécheurs et a pleuré sur eux.

La première déclaration du verset 49 découle de ce que vient de dire le Seigneur. Le feu


sonde, consume, purifie. Le sel non seulement assaisonne, mais il conserve. Le feu symbolise
le jugement de Dieu, que tous doivent rencontrer d’une façon ou d’une autre. Le croyant doit
le connaître comme l’indique 1 Corinthiens 3:13, et par lui il sera « salé », puisque cela
signifiera que tout ce qui est bon sera conservé. Les impies y seront soumis dans leur
personne, et même ce jugement les salera, c’est-à-dire qu’ils y seront conservés en lui et non
pas détruits par lui.

La fin du verset est une allusion à Lévitique 2:13. On a décrit le sel comme le symbole de
cette puissance de grâce sanctifiante qui lie l’âme à Dieu et intérieurement la garde du mal.
Nous ne pouvons pas présenter notre corps comme sacrifice vivant à Dieu si cette grâce
sanctifiante est absente. En vérité le sel est bon, et rien ne pourrait compenser son absence. Il
nous faut avoir en nous-mêmes cette sainte grâce qui veut nous juger et nous séparer de tout
ce qui est mal. Si chacun veille à l’avoir en lui-même, il n’y aura pas de difficulté à être en
paix entre nous.

10                   Chapitre 10
Le début de ce chapitre, nous rapproche des dernières scènes de la vie du Seigneur. Il est au-
delà du Jourdain, mais près des limites de la Judée, et les pharisiens viennent pour s’opposer à
lui, le mettant à l’épreuve. En soulevant des questions sur le mariage et le divorce, ils
espéraient l’entraîner dans quelque contradiction avec les commandements donnés par Moïse,
et ainsi trouver un point sur lequel l’attaquer. Le Seigneur ne contredit pas Moïse, mais il
remonte bien avant lui, à ce qu’avait été la pensée de Dieu au commencement en créant
l’homme et la femme. Les pharisiens étaient des observateurs très scrupuleux de la loi de
Moïse, mais il leur montre que, dans ce cas, la loi n’était pas l’application de ce qu’était la
pensée de Dieu au commencement. Il est important de le remarquer, car cela nous fournit une
explication du fait que la loi ne constitue pas la règle de vie pour le chrétien.

La loi se plaçait à un niveau qui était en dessous de la pensée de Dieu. Le Seigneur maintenait
cette pensée dans sa plénitude. Le verset 9 élève toute cette question du mariage, du niveau de
l’homme et de ses convenances, au niveau de Dieu et de son œuvre. Il s’agit d’une institution
divine, et non d’un arrangement humain, c’est pourquoi l’homme ne doit pas y toucher. Si
Dieu unit, l’homme ne doit pas séparer.

Ce verset établit un grand principe qui est une vérité d’une portée générale. L’inverse aussi
serait vrai, l’homme ne doit pas unir ce que Dieu a séparé. C’est une triste réalité que, depuis
que le péché est là, l’homme n’a eu de cesse qu’il ait défait ce que Dieu a fait. C’est vrai pour
les choses naturelles, et beaucoup de maux dont nous souffrons viennent de ce que nous avons
touché aux choses données de Dieu, même en ce qui concerne la nourriture, etc., bouleversant
dans tous les domaines l’équilibre que lui avait établi. Il en est certainement ainsi dans le
domaine des choses spirituelles. Maintes difficultés, beaucoup de problèmes d’âme, qu’on
aurait pu s’épargner, viennent de la méconnaissance des choses que Dieu dans sa parole a
unies ou de celles qu’il a séparées.

Ayant placé devant eux le mariage sous son vrai jour, le Seigneur s’occupe, dans les versets
13 à 16, des enfants. En ce qui les concerne, les disciples partagent les idées habituelles du
monde, qui sont loin d’être au niveau des pensées de Dieu. Les disciples jugeaient que les
enfants ne méritaient vraiment pas de retenir l’attention du Maître, mais lui pensait bien
différemment. Il les reçoit avec joie, les prend dans ses bras, pose les mains sur eux, et les
bénit. Il montre aussi que la seule manière d’entrer dans le royaume de Dieu, c’est d’avoir
l’état d’esprit et l’état d’âme du petit enfant. Celui qui s’approche de ce royaume comme étant
quelqu’un qui a quelque chose à faire valoir, trouve l’entrée fermée. Celui qui vient comme
n’ayant rien à faire valoir, peut entrer.

Puis aux versets 17 à 27, nous avons l’enseignement du Seigneur en ce qui concerne nos
biens. Et il est frappant de voir comment le mariage, les enfants et les biens se suivent dans ce
chapitre, car une part si importante de notre vie dans ce monde est prise par ces trois choses.
Toutes trois sont perverties, mal employées entre les mains d’hommes pécheurs. Toutes trois
sont mises à la place qui convient dans les enseignements de notre Seigneur.

Celui qui accourt vers Jésus montre beaucoup de qualités louables. Matthieu nous dit qu’il
était jeune, et Luc que c’était un chef du peuple. Il était sérieux, plein de révérence, et
reconnaissait en Jésus un grand rabbi, qui pouvait montrer aux hommes le chemin de la vie
éternelle. Pour lui, il était entendu que cette vie éternelle devait s’obtenir par des œuvres
humaines, selon la loi. Évidemment il n’avait aucune idée de la divinité de Jésus, d’où les
paroles du Seigneur au verset 18. Celui-ci repoussait l’idée d’être bon à moins d’être Dieu,
disant en fait : Si je ne suis pas Dieu, je ne suis pas bon.

Comme le jeune homme lui posait sa question en pensant à la loi, le Seigneur le renvoie à la
loi, particulièrement aux commandements qui concernent les devoirs d’un homme envers son
prochain. Le jeune homme pouvait prétendre qu’il les avait observés, au moins en ce qui
concernait ses actes. Et Jésus, l’ayant regardé, l’aime. Cela montre que lorsqu’il prétend avoir
correctement observé les choses que la loi prescrivait, il dit la vérité. C’était une personne tout
à fait remarquable dont les traits de caractère, en eux-mêmes, étaient agréables à Dieu. Le
Seigneur n’a pas méconnu ces traits de caractère agréables. Il les reconnaît, et considère le
jeune homme avec le regard de l’amour.

Cependant, il le met à l’épreuve. Une chose lui manquait, et c’était la foi que Dieu donne,
celle qui aurait saisi qui était Jésus et l’aurait amené à prendre la croix et à le suivre ; la foi qui
aurait préféré un trésor dans le ciel à un trésor sur la terre. Il espérait que le Seigneur lui
indiquerait quelque œuvre de loi par laquelle il pourrait hériter de la vie éternelle ; au lieu de
cela, on lui a indiqué une œuvre de foi. Affligé dans son cœur, il s’en va. Il ne possédait pas la
foi, aussi il lui est impossible de montrer sa foi par ses œuvres. La même mise à l’épreuve
vient à nous. Comment y avons-nous répondu ?

C’est une question d’une portée immense. Comme nous sommes tous lents à renoncer à
l’observance de la loi pour avoir Christ, et à la terre pour avoir le ciel ! Rien d’étonnant à ce
que le Seigneur parle de la difficulté avec laquelle les riches entrent dans le royaume. Le
verset 23 parle de ceux qui « ont des biens » et le verset 24 de ceux qui « se confient dans les
richesses ». Le fait est, bien sûr, qu’il est très difficile d’avoir les richesses sans se confier en
elles. Par nature nous nous accrochons aux richesses et à la terre. Christ offre la croix et le
ciel.

Les disciples, habitués à considérer les richesses comme un signe de la faveur de Dieu, sont
tout étonnés de ces paroles. Ils ont le sentiment qu’elles font se dérober sous eux le terrain sur
lequel ils se tiennent. Et en vérité c’est bien cela. Et « qui peut être sauvé ? » est une question
capitale. Le verset 27 donne une réponse nette : Le salut est impossible pour les hommes,
quoique possible pour Dieu. En d’autres termes c’est comme si le Seigneur disait : s’il s’agit
de savoir ce que l’homme peut faire, personne ne peut être sauvé, mais s’il s’agit de savoir ce
que Dieu peut faire, il n’y a personne qui ne puisse être sauvé.

Nous mettons bien l’accent sur ce mot. Le salut pour les hommes n’est pas improbable, mais
impossible. La porte, en ce qui concerne nos efforts, nous est complètement fermée. Dieu a
ouvert une autre porte cependant, mais c’est par la mort et la résurrection, vers lesquelles le
Seigneur, maintenant, dirige les pensées de ses disciples.

Bien que la mort et la résurrection soient devant l’esprit du Seigneur, la gloire terrestre occupe
toujours l’esprit de Pierre, et il trahit cela par la remarque qu’il fait et qui est rapportée au
verset 28. Bien sûr il fait allusion à l’épreuve à laquelle le Seigneur vient de soumettre le
jeune chef des Juifs. Pierre a le sentiment que si le jeune homme riche a échoué devant cette
épreuve, il n’en a pas été de même pour lui et ses compagnons. En effet il a bien ajouté,
comme Matthieu le rapporte : « Que nous adviendra-t-il donc ? » Son esprit curieux et
impétueux veut voir à l’avance les bonnes choses à venir. La réponse du Seigneur montre
qu’en ce temps-ci il doit y avoir un grand gain, quoique avec des persécutions, et dans le
siècle qui vient la vie éternelle.

Ce que dit notre Seigneur est illustré par la vie de service de Paul, comme on le voit dans des
passages tels que : Actes 16:15 ; 18:3 ; 21:8 ; Romains 16:3, 4 et 23 ; 1 Corinthiens 16:17 ;
Philippiens 4:18 ; Philémon 22. Des maisons étaient à sa disposition dans plus d’une ville et
beaucoup estimaient que c’était un honneur de jouer auprès de lui le rôle de frère, de sœur, de
mère, ou d’enfant. Les persécutions ont certainement été sa part. La vie éternelle dans le
monde à venir est là devant lui. Voilà la condition de ceux qui suivent et servent le parfait
Serviteur de Dieu.

Ce que nous avons dans le verset 31 a évidemment été prononcé pour avertir et reprendre
Pierre. Être au premier plan sur la terre ne signifie pas obligatoirement la première place là-
haut. Tout dépend de ce qui, au fond, a poussé à servir. Si Pierre veut faire un marché — tant
de consécration pour tant de récompense — rien que cela révèle des mobiles qui ne sont pas
les bons. Mais le verset ne dit pas que tous ceux qui sont les premiers doivent nécessairement
être les derniers, et tous les derniers les premiers. Paul a dépassé tous ceux de son temps, et
qui peut mettre en doute la pureté de ses intentions, ou la réalité de sa consécration à son
Seigneur ?

Ce dont Pierre et les autres disciples avaient grand besoin, c’était de réaliser et de comprendre
que la mort et la résurrection de leur Maître approchaient rapidement. Dix-neuf siècles après
cet événement, c’est ce que nous avons encore grand besoin de réaliser et de comprendre
aujourd’hui. Non seulement c’est le fondement de toute bénédiction pour nous, mais cela
imprime son propre caractère à toute vie et tout service chrétiens. Aucun service intelligent ne
peut être accompli si ce n’est à la lumière de ce que nous avons là.
Les versets 32 à 34 nous donnent la quatrième occasion où le Seigneur a instruit ses disciples
au sujet de sa mort et de sa résurrection ; et la requête de Jacques et de Jean, rapportée au
verset 37, fournit au Seigneur une cinquième occasion. Leur esprit était encore plein de ce
qu’ils espéraient dans un royaume glorieux sur la terre, et ils veulent faire quelque chose qui
soit favorable à leurs intérêts dans ce royaume-là. Or le Seigneur Jésus était ici le parfait
Serviteur de la volonté de Dieu, et cela entraînait pour lui la coupe des souffrances et le
baptême de la mort. Des places d’honneur dans ce royaume à venir seront distribuées à ceux
qui auront servi ce merveilleux Serviteur, dans la mesure où ils auront accepté la souffrance et
la mort pour l’amour de son nom. Mais quoi qu’il en soit, Jésus ne distribue pas ces places de
distinction. Tout cela est laissé à la discrétion du Père, car Jésus garde cette place de Serviteur
qu’il a prise. Si nous ne gardons pas la place où nous avons été mis, cette place
d’identification à notre Seigneur rejeté, nous ne pouvons pas espérer de considération
particulière dans la gloire du royaume.

Cette chasse éhontée aux honneurs que font Jacques et Jean pourrait nous pousser à les blâmer
plus que les autres, s’il n’y avait pas le verset 41 qui montre que tous les autres nourrissaient
les mêmes désirs égoïstes, et qu’ils ont protesté, non pas parce que les deux disciples avaient
fait cette requête, mais parce qu’ils les avaient devancés par leur démarche. Leur contrariété,
cependant, ne fait que donner à la parfaite grâce de leur Seigneur une autre occasion de se
manifester.

Comme c’était facile, pour les disciples de Jésus, et comme ce l’est encore, d’accepter et
d’adopter les critères et les coutumes du monde qui nous entoure, de considérer comme
normal de faire ceci ou cela, puisque, apparemment, tout le monde le fait ! Mais notre
Seigneur ne se lassera pas de nous dire : « Il n’en est pas ainsi parmi vous ». Les nations ont
leurs grands hommes qui exercent leur autorité avec arrogance. Parmi les disciples du
Seigneur, la grandeur se manifeste d’une façon tout à fait différente. La vraie grandeur se
manifeste en prenant l’humble place de celui qui sert les autres — et qui sert le Seigneur en
les servant.

Le Fils de l’homme lui-même est l’exemple insigne d’un tel service. Qui est aussi grand que
lui dans la sphère d’où il vient ? « Mille milliers le servaient » (Daniel 7:10). Qui a pris une
place aussi humble que lui qui servait les autres ? Qui a accompli son service jusqu’au point
de « donner sa vie en rançon pour beaucoup » ? Pour cette seule raison, mise à part toute autre
considération, la place de prééminence doit nécessairement être la sienne. Ce sont ceux qui
maintenant le suivent de plus près dans un humble service qui seront les premiers en ce jour-
là.

Au verset 45, le Seigneur non seulement présente sa mort à ses disciples pour la cinquième
fois, mais explique ce qu’elle signifie. Auparavant il avait insisté sur le fait qu’il devait mourir
pour que l’esprit des disciples ne soit plus obsédé par l’attente de la venue d’un royaume
visible. Maintenant apparaît le pourquoi de sa mort. Il va mourir pour payer la rançon de
beaucoup. Nous avons donc ici, de sa bouche même, une déclaration claire que sa mort aura le
caractère de substitution et de propitiation. Ici c’est pour « beaucoup », car il est question des
résultats effectifs et réels de sa vie donnée en rançon. En 1 Timothée, où il s’agit de la portée,
du champ d’action qu’a sa mort, le mot est pour « tous ».

Le Seigneur s’occupait ainsi de ses disciples « alors qu’ils étaient en chemin, montant à
Jérusalem » (verset 32). Au verset 46, ils arrivent à Jéricho, et alors commencent les dernières
scènes de sa vie. Bartimée, le mendiant aveugle, fournit au Seigneur une occasion
remarquable de déployer la miséricorde de Dieu. La miséricorde, c’est ce dont avait grand
besoin cet aveugle, alors que ceux qui ne comprenaient pas la miséricorde divine auraient
aimé le faire taire. Cependant il reçoit la miséricorde, et bien au-delà de ce qu’il escompte, car
non seulement elle lui donne la vue, mais elle l’enrôle comme disciple à la suite de celui qui
faisait déborder la miséricorde. La foi de Bartimée se montre en ce qu’il appelle Jésus : Fils
de David, alors que d’autres ne parlaient de lui que comme Jésus de Nazareth. Peut-être que
sa foi était petite, car elle ne s’élève pas jusqu’à donner au Seigneur le titre élevé de Fils de
Dieu ; cependant une petite foi reçoit une réponse abondante aussi sûrement qu’une grande
foi. Soyons reconnaissants pour cela.

11                   Chapitre 11
Maintenant Jésus approche de Jérusalem. Ses disciples marchent à sa suite, et pas seulement
ceux qui avaient passé trois ans en sa compagnie, mais Bartimée aussi qui n’y est peut-être
que depuis trois heures. C’est à Béthanie qu’habitaient quelques personnes qui l’aimaient ; et
là il trouve l’ânon, pour entrer dans la ville de Jérusalem comme Zacharie l’avait annoncé. Le
Seigneur a besoin de cet ânon ; il en connaît le propriétaire et sait qu’il y aura une réponse
immédiate à ce dont il a besoin. Il était le serviteur de la volonté de Dieu, et il savait où
trouver tout ce qui était nécessaire pour accomplir son service, qu’il s’agisse de l’âne dans ce
chapitre, ou de la grande pièce garnie au chapitre 14, ou en d’autres occasions.

Jésus entre dans Jérusalem comme l’avait dit le prophète : « juste », « humble », et « ayant le
salut ». Il y a un élan d’enthousiasme éphémère, car les hommes n’ont aucun désir durable de
ce qui est juste, et la sainteté ne les attire pas. De plus, le salut qu’ils désiraient était un salut
simplement pour la terre : Ils auraient été contents d’être libérés de la tyrannie de Rome, mais
n’avaient aucun désir d’être délivrés de l’esclavage du péché. Leurs Hosannas concernaient le
royaume de David qu’ils espéraient voir venir, ce qui fait que bien vite s’éteignent leurs cris.
Le Seigneur va droit au fond des choses en entrant dans le temple. En ce qui concerne les
relations d’Israël avec leur Dieu, c’était le centre de tout ; et c’était là que se manifestait le
mieux leur état sur le plan religieux. Rien n’échappe à l’examen du Seigneur, car il est dit
qu’« il promena ses regards de tous côtés sur tout ».

L’incident concernant le figuier a lieu le lendemain matin. Le figuier est une figure d’Israël, et
plus particulièrement du résidu de la nation qui avait été rétabli dans la terre de leurs pères et
au milieu duquel était venu le Christ. Luc 13:6 à 9 nous le montre. La nation entière avait été
la vigne du Seigneur et le résidu restauré était comme un figuier planté dans cette vigne. Le
roi étant entré, selon la parole prophétique, le moment suprême de l’épreuve était venu. Il n’y
avait que des feuilles. Bien que ce ne fût pas le temps des figues, il aurait dû y avoir beaucoup
de figues vertes, promesse d’une fécondité à venir. Le figuier n’était bon à rien, et ne devrait
plus jamais porter de fruit.

Suite à cela, aux versets 15 à 19, nous avons ce que fait le Seigneur pour purifier le temple. La
pensée de Dieu, en établissant sa maison à Jérusalem, était que ce soit un lieu de prière pour
toutes les nations. Si un homme, quel qu’il soit, et à quelque race qu’il appartienne,
recherchait Dieu en tâtonnant, il pouvait venir à cette maison et entrer en relation avec lui. Les
Juifs l’avaient transformée en caverne de voleurs. Voilà l’effroyable spectacle que rencontre
le saint regard de Jésus quand il inspecte la maison de Dieu, le soir précédent.
Sans doute les Juifs auraient donné de bonnes raisons pour permettre de telles abominations :
les étrangers n’étaient-ils pas obligés de changer leurs différentes monnaies ? Ne fallait-il pas
des colombes pour les plus pauvres qui n’avaient pas les moyens d’offrir un sacrifice plus
important ? Mais tout cela avait été ravalé au niveau d’une entreprise lucrative. Celui qui
venait de loin chercher Dieu risquait, quand il arrivait au temple, d’être repoussé par la
malhonnêteté de ceux qui y faisaient leurs affaires. Terrible situation ! Les gardiens de la
maison étaient une bande de voleurs, et le Seigneur le leur dit. Cela met les scribes et les
principaux sacrificateurs en fureur et ils décident de le faire mourir.

Depuis bien longtemps, des maux exactement semblables se manifestent dans la chrétienté.
C’est une chose terrible à dire, mais la vérité exige que ce soit dit. De nouveau la religion a
été transformée en entreprise lucrative, au point que celui qui prétendait vouloir trouver Dieu
a souvent été complètement dégoûté. On peut voir cela, sous ses formes les plus outrées, dans
le grand système catholique romain, mais on peut le voir ailleurs sous une forme différente.
C’est l’erreur de Balaam, et beaucoup s’y abandonnent « pour une récompense », comme
nous le dit Jude. Veillons soigneusement à éviter cela. Aujourd’hui la maison de Dieu sur la
terre est formée de saints — non pas de pierres mortes mais de pierres « vivantes » — et il
faut que nous apprenions comment nous devons nous y conduire : la première lettre de Paul à
Timothée nous donne les instructions nécessaires. Dans cette lettre, sont tout à fait
remarquables des expressions comme : « n’aimant pas l’argent », « non avides d’un gain
honteux » ; « privés de la vérité, ils estiment que la piété est une source de gain... Or la piété
avec le contentement est un grand gain ». Si de telles expressions nous gouvernent, nous
serons gardés de ce piège.

Comme ils entrent dans Jérusalem, le lendemain matin, ils voient le figuier auquel le Seigneur
avait parlé, séché depuis les racines. Le mal qui l’a frappé a agi d’une manière qui n’est pas
naturelle ; sinon il aurait séché à partir du haut jusqu’en bas. Ce fait proclame que c’est Dieu
qui l’a fait et cela surprend Pierre qui attire l’attention sur ce point, invitant ainsi le Seigneur à
faire une double remarque sur ce qui est arrivé.

D’abord il dit : « Ayez foi en Dieu ». La tendance des disciples était d’avoir foi dans les
choses visibles, dans le système mosaïque, dans le temple, en eux-mêmes en tant que peuple,
ou dans leurs sacrificateurs et dans leurs chefs. Nous avons exactement la même tendance, et
ne nous arrive-t-il pas facilement d’accrocher notre foi à des systèmes, à des mouvements ou
à des conducteurs doués ? Aussi avons-nous besoin d’apprendre exactement la même leçon,
qui est que toutes ces choses-là viennent à manquer, mais que Dieu demeure. Il est fidèle, et il
reste comme l’objet de la foi quand une malédiction tombe sur le petit figuier que nous avons
chéri. Littéralement l’expression est : « Ayez la foi de Dieu ». C’est comme si le Seigneur
nous disait : Comptez fermement sur la fidélité de Dieu, peu importe ce qui peut sécher et
disparaître.

Mais cela conduit à ce que le Seigneur dit ensuite concernant la prière, et où l’accent est à
nouveau mis sur la foi. « Quiconque dira... et ne doutera pas dans son cœur... mais croira...,
tout ce qu’il aura dit lui sera fait ». Les expressions « quiconque » et « tout ce que » en font
une déclaration absolue et des plus saisissantes quand nous en mesurons la portée. Mais cela
se lie à la prière mentionnée dans le verset qui suit, où nous avons : « Tout ce que vous
demanderez... croyez... et il vous sera fait ». Dans ces deux versets, évidemment, il s’agit
avant tout de savoir si l’on croit.
Or croire, c’est avoir la foi, et la foi n’est pas simplement quelque chose qui vient de
l’homme, une sorte de chimère ou de produit de l’imagination. Le verset 24, par exemple, ne
signifie pas qu’il suffit que je réussisse à imaginer que je reçois ce que j’ai demandé pour que
je le reçoive effectivement. Mes prières, d’après le verset 24, et mes paroles, d’après le verset
23, doivent être le résultat d’une foi authentique ; et la foi est cette faculté spirituelle en moi
qui reçoit la Parole divine. La foi est l’œil de l’âme, qui reçoit et apprécie la lumière divine. Si
ma prière est fondée sur une foi intelligente, je croirai que je reçois et je recevrai
effectivement ce que je désire. Et il en sera de même de ce que je peux dire, comme nous le
trouvons au verset 23.

On pourrait citer des cas dans l’œuvre missionnaire contemporaine qui illustrent le verset 23.
Plus d’une fois, dans des contrées païennes, les serviteurs du Seigneur se sont trouvés en
présence de tristes cas de possession démoniaque, qui défiaient la puissance de l’Évangile.
Avec une pleine foi dans la puissance de l’Évangile, ils ont à la fois prié et parlé. Ce qu’ils ont
dit s’est accompli et le démon a été obligé de partir.

Les versets 25 et 26 introduisent une autre condition indispensable. La foi nous amène dans
des relations avec Dieu qui sont ce qu’elles doivent être, mais nos relations avec notre
prochain doivent être ce qui convient si nous voulons prier et parler, et qu’il y ait des résultats.
Ayant été nous-mêmes des objets de miséricorde, à qui il a été tellement pardonné, nous
devons être nous-mêmes remplis de cet esprit de miséricorde et de pardon. Sinon nous aurons
affaire au gouvernement de Dieu.

Comme le Seigneur, de nouveau à Jérusalem, se promène dans le temple, les principaux


sacrificateurs et autres responsables du temple viennent contester l’autorité par laquelle il a
agi la veille en purifiant ces bâtiments. Le Seigneur leur répond en leur demandant de se
prononcer sur une question préliminaire : le ministère et le baptême de Jean étaient-ils
recevables ou non ? Ils réclamaient les lettres de créance du Maître suprême, mais que fallait-
il penser de celles de l’humble précurseur ? Il serait bien temps de considérer le problème
capital, quand on aurait réglé celui qui était secondaire. Qu’ils tranchent la question en ce qui
concerne Jean.

Ils se trahissent par la façon dont ils répondent. Ils n’avaient pas l’intention de se prononcer
sur le fond ; pour eux la grande affaire était ce qui pouvait les servir sur le moment, et sur ce
point ils se trouvaient enfermés dans un dilemme. Se prononcer d’un côté ou de l’autre les
mettrait dans une position difficile. Ils sont assez avisés pour s’en rendre compte et ils
décident donc de plaider l’ignorance. Mais ce prétexte ne leur permet plus d’exiger que le
Seigneur soumette ses lettres de créance à leur examen rigoureux. Ils proclament leur
incompétence dans ce qui était facile et ainsi ne peuvent pas insister pour qu’on se rende à
leurs exigences dans ce qui était difficile.

« Du ciel ou des hommes ? » telle était la question en ce qui concernait Jean. C’est aussi la
question qui se posait au sujet de notre Seigneur lui-même. À notre époque, nous pouvons
aller plus loin et dire que cette question se pose pour la Bible. Jean n’était qu’un homme, et
pourtant son ministère était du ciel. Le Seigneur était vraiment venu sur la terre, étant né de la
Vierge, cependant il était du ciel, comme l’était aussi son ministère incomparable. La Bible
est un livre qui nous est donné par des hommes, cependant ce n’est pas une parole d’homme,
car ceux qui ont écrit « étaient poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:21).
Lorsque nous avons dans notre âme une conviction qui nous est donnée par Dieu, que la
Parole vivante et la Parole écrite sont toutes deux du ciel, leur autorité est bien établie dans
notre cœur.

12                   Chapitre 12
À la fin du chapitre 11, nous avons entendu les chefs des Juifs plaider l’ignorance. Le
baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes, ils ne pouvaient pas le dire ; et encore moins
pouvaient-ils comprendre le travail et le service de notre Seigneur. Nous ouvrons ce chapitre
12 pour y voir démontré de façon évidente que Jésus connaissait et comprenait parfaitement
ces hommes. Il savait ce qui les poussait, ce qu’ils pensaient, et le but qu’ils poursuivaient. Il
révèle qu’il sait bien qui ils sont dans une parabole remarquable.

Le premier verset nous parle de « paraboles », et l’Évangile selon Matthieu nous montre
qu’alors Jésus en a dit trois. Marc ne rapporte que la deuxième des trois, celle qui annonçait à
l’avance ce que ces chefs juifs allaient faire, et quelles en seraient pour eux les conséquences.
Dans cette parabole, les « cultivateurs » représentaient les chefs responsables en Israël, et un
résumé nous est donné de la manière dont, à travers les siècles, ils avaient refusé toutes les
exigences de Dieu.

En parlant d’une vigne, le Seigneur Jésus reprenait une image qui avait été utilisée dans
l’Ancien Testament au Psaume 80, en Ésaïe 5, et ailleurs. Dans ce Psaume, le cep représente
de façon évidente Israël, et de lui doit sortir « une branche », « un provin » qui est « le Fils de
l’homme que tu as fortifié pour toi ». Dans Ésaïe, il est tout à fait clair que Dieu n’a pas retiré
de sa vigne ce qu’il était en droit d’attendre. Et voilà que maintenant, bien des années après,
nous retrouvons cette histoire. Le maître de la vigne avait fait ce qui lui incombait en
fournissant tout ce qui était nécessaire, et la responsabilité quant au fruit reposait sur les
cultivateurs à qui la vigne était confiée. Ils n’ont pas été à la hauteur de leur responsabilité, et
puis ils se sont mis à nier les droits du Maître et à maltraiter ses représentants. Et finalement
ils ont été mis à l’épreuve par la venue du fils du Maître de la vigne. De la même manière, les
chefs d’Israël avaient maltraité les prophètes et en avaient tué quelques-uns. Et alors est
apparu le Fils, qui est cette branche dont parle le Psaume. Voilà la mise à l’épreuve suprême.

La position des Juifs placés sous la loi est décrite dans cette parabole. Donc la question est de
voir s’ils peuvent produire ce que Dieu exige. Ils ne l’ont pas fait. Non seulement il y a eu
absence de fruit, mais la présence d’une haine déclarée pour Dieu et ceux qui le représentent,
et cette haine a atteint son apogée quand le Fils est apparu. Les chefs responsables étaient
poussés par la jalousie et ils voulaient garder tout l’héritage pour eux seuls ; aussi se
préparent-ils à faire mourir Jésus. Un ou deux jours avant, ils avaient décidé de le faire
mourir, comme nous l’a appris le verset 18 du chapitre précédent. Maintenant le Seigneur leur
révèle qu’il connaissait leurs méchantes pensées.

Et il leur montre aussi quelles en seront pour eux les terribles conséquences. Ils seront
dépossédés et détruits. Cela s’est accompli historiquement à la destruction de Jérusalem, et
sans aucun doute aura plus tard un plein accomplissement qui sera définitif aux derniers jours.
Celui qu’ils ont rejeté deviendra la maîtresse pierre du coin de tout ce que Dieu est en train de
bâtir pour l’éternité. Quand se réalisera cette prédiction, ce sera, en vérité, une merveille
devant les yeux d’Israël.

Cette déclaration que le Maître de la vigne « donnera la vigne à d’autres » est une annonce de
ce qui est davantage mis en lumière en Jean 15. D’autres deviendront des sarments du vrai cep
et porteront du fruit. Seulement ce ne sera plus en étant sous la loi qu’ils le feront, et ils ne
seront pas choisis seulement parmi les Juifs. Les paroles du Seigneur les avertissent que,
puisqu’ils l’ont rejeté, Dieu les mettra de côté : d’autres seront assemblés et introduits, jusqu’à
ce que, à la fin, celui qu’ils rejetaient domine sur tout. Ils se rendent compte que cette
parabole a prononcé contre eux un jugement.

N’osant pas, pour l’instant, mettre les mains sur le Seigneur, ils se lancent dans une attaque
verbale contre lui, essayant de le surprendre dans ses paroles. Viennent d’abord les pharisiens
associés aux hérodiens. Leur question sur l’argent du tribut est habilement combinée pour
que, d’une manière ou d’une autre, Jésus offense les sentiments patriotiques des Juifs ou des
Romains. Cependant sa réponse les réduit à l’impuissance. Il les oblige à admettre leur
servitude à l’égard de César, en ayant recours à la frappe de leur monnaie. Et ce sont leurs
bouches et non la sienne qui déclarent qu’elle était l’image de César. Puis non seulement il
donne à leur question la réponse qui est parfaitement évidente, à la lumière de ce qu’ils ont
reconnu eux-mêmes, mais cela amène à introduire la question bien plus importante des droits
que Dieu avait sur eux. On comprend bien qu’ils soient dans l’étonnement à son sujet.

Nous pouvons remarquer, au verset 14, que ces adversaires rendaient hommage à sa parfaite
vérité d’une manière qui allait bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient concevoir, dans le sens
le plus absolu ; il était la vérité et enseignait la vérité, sans se laisser détourner par l’homme et
son petit univers. Cela n’a pu être dit d’aucun autre serviteur de Dieu. Même Paul a été
influencé par des considérations humaines, comme nous le montre Actes 21:20-26. Seul Jésus
est le parfait Serviteur de Dieu, et il était si pauvre qu’il a dû demander qu’on lui apporte un
denier.

Ensuite viennent les sadducéens, qui lui demandent de démêler l’imbroglio matrimonial qu’ils
lui exposent. C’est ce que Jésus fait et il les convainc de leur folie. Mais avant de le faire, il
révèle les causes profondes de cette folie. Ils ne connaissaient pas les Écritures — ce qui était
de l’ignorance. Ils ne connaissaient pas la puissance de Dieu — ce qui était de l’incrédulité.
Leur erreur incrédule reposait sur ces deux piliers. L’incrédulité moderne, qu’on peut
apparenter à celle des sadducéens, repose exactement sur ces deux mêmes piliers.
Continuellement on cite les Écritures, mais de travers, et on les interprète mal, ou on les
mutile et on conçoit Dieu comme s’il n’était pas vraiment le Tout-Puissant, comme si c’était
tout simplement un homme ayant seulement des pouvoirs plus grands que nous.

Le Seigneur prouve la résurrection des morts en citant l’Ancien Testament. La chose se trouve
de façon implicite en Exode 3:6. Dieu était toujours le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
des centaines d’années après leur mort. Bien que morts pour les hommes, ils vivaient pour
Dieu et cela signifiait qu’ils devaient nécessairement ressusciter. Le fait était là, dans les
Écritures. En le niant, le sadducéen démontrait tout simplement son ignorance.

Puisque ce fait se trouvait là dans les Écritures, le Seigneur, conséquent avec son caractère de
Serviteur, fait appel aux Écritures et ne l’affirme pas de façon dogmatique en se fondant sur sa
propre autorité. Ce qu’il déclare de façon dogmatique se trouve au verset 25, où il indique
clairement dans quel état ou dans quelle condition la résurrection nous introduira, allant ainsi
au-delà de ce qu’enseignait l’Ancien Testament. Le monde de la résurrection est différent du
monde où nous sommes. Les relations terrestres cessent, dans cet état céleste. Nous ne
sommes pas destinés à être des anges, mais à être « comme des anges qui sont dans les
cieux ». L’immortalité et l’incorruptibilité seront notre part.

Il est donc clair que, dans leur ignorance, les sadducéens avaient soulevé une difficulté qui, en
réalité, n’avait pas de raison d’être. Leur déroute était complète.

L’un des scribes qui écoutait s’en rend compte et se risque à soulever une question qui était
souvent sujet de discussion entre eux et portait sur l’importance relative des différents
commandements. La réponse du Seigneur balaye leurs laborieux raisonnements et disputes de
mots quant à l’un ou l’autre des dix commandements, en allant droit à ce qui se trouve en
Deutéronome 6:4-5. Il y a là un commandement qui englobe tous les autres. Dieu exige d’être
absolument au-dessus de tout dans les affections de ses créatures. S’il en est ainsi, tout le reste
prend la place qui convient. Il s’agit du commandement suprême qui gouverne tout.

Dans ce commandement se trouvait un élément de grand encouragement. Pourquoi Dieu se


soucierait-il de posséder sans partage l’amour de sa créature ? À cette question la foi répondra
en disant : Parce que lui-même est amour. Étant amour, et aimant sa créature, même si elle est
perdue dans ses péchés, il ne peut être satisfait sans l’amour de sa créature. Les fils d’Israël ne
pouvaient pas arrêter leurs yeux sur la consommation de la loi (2 Cor. 3:13). S’ils avaient pu
le faire, c’est ce qu’ils auraient vu.

Pour le second commandement, le Seigneur renvoie le scribe à Lévitique 19:18, autre passage
inattendu. Mais évidemment ce commandement découle du premier. Personne ne peut avoir la
capacité et le désir d’agir comme il convient avec son prochain, s’il n’est d’abord dans une
juste relation avec son Dieu. Mais l’amour est l’essence de ce second commandement tout
autant que du premier. Aimer son prochain comme soi-même est la mesure que donne la loi.
Seulement, sous la grâce, on peut faire un pas de plus. C’est ce qu’ont fait, par exemple,
Aquilas et Priscilla, comme cela nous est rapporté en Romains 16:4. Cependant « l’amour est
la somme de la loi » (Rom. 13:10), et cela est dit en rapport avec ce second commandement.

Le scribe sent la force de cette réponse, comme le montrent les versets 32 et 33. La série de
questions avait commencé avec cette déclaration : « Maître, nous savons que tu enseignes la
voie de Dieu avec vérité ». Cela avait été dit par les pharisiens et les hérodiens dans un esprit
d’hypocrisie. Elle se termine avec ce scribe qui dit en toute sincérité : « Bien, Maître, tu as dit
selon la vérité ». Cet homme voyait que l’amour qui amènerait au plein accomplissement de
ces deux grands commandements était bien plus important que l’offrande de tous les
sacrifices que prescrivait la loi. Les sacrifices avaient leur place, mais ils n’étaient qu’un
moyen pour arriver à une fin. « L’amour est la fin de l’ordonnance » comme nous le dit 1
Tim. 1:5. La fin est plus grande que les moyens. Ainsi ce scribe approuvait la réponse qui lui
avait été donnée.

La réplique du Seigneur au verset 34 est très frappante. Il déclare que cet homme n’est « pas
loin du royaume de Dieu », et cela montre deux choses. Premièrement : quiconque s’éloigne
de ce qui est extérieur et rituel pour se rendre compte de l’importance de ce qui est intérieur et
vital devant Dieu, n’est pas loin de la bénédiction. Deuxièmement : tout important que cela
soit, ce n’est pas suffisant pour entrer dans le royaume ; il faut quelque chose de plus. Il faut
avoir aussi la disposition d’esprit d’un petit enfant, comme nous l’avons vu en considérant le
chapitre 10. Ce scribe était près du royaume, mais il n’y était pas encore entré. Cette réponse,
nous semble-t-il, désarçonne cet homme, ainsi que les autres auditeurs, et à cause de cela
personne n’ose plus poser à Jésus d’autres questions. Un homme comme ce scribe, bien versé
dans la loi de Dieu, était considéré comme étant dans le royaume. Cela allait de soi. Les
paroles du Seigneur perturbent leurs pensées. Cependant, parce que ce scribe voyait que Dieu
cherche et apprécie ce qui est moral et spirituel, au-delà de ce qui est rituel et charnel, il avait
fait un bon bout de chemin en direction du royaume. Romains 14:17 souligne cela en ce qui
nous concerne, au moins dans le principe. L’avons-nous pleinement reçu ?

Ses adversaires en ayant fini avec leurs questions, le Seigneur leur pose, à eux, sa question
fondamentale sur ce qui est dit au Psaume 110. Les scribes savaient parfaitement que le
Messie devait être le Fils de David ; cependant voilà David qui parle de lui comme étant son
Seigneur. Parmi les hommes, en ce temps-là, un père ne s’adressait jamais à son fils en ces
termes. C’était plutôt le contraire. Le fils appelait son père : seigneur.

Comment le Christ pouvait-il être le Fils de David ? Les scribes avaient-ils tort d’affirmer
cela ? Ou alors, pouvaient-ils donner une explication ?

Ils ne peuvent pas donner d’explication. Ils se taisent. L’explication était extrêmement
simple ; mais confrontés au Christ, et ne voulant pas, de propos délibéré, reconnaître ses
droits, ils se refusent à la voir. Jésus était le Fils de David et David l’appelait Seigneur par le
Saint Esprit ; aussi n’y avait-il pas à s’y tromper. L’explication, la voici : le Fils de Dieu
devenait le Fils de David selon la chair, comme cela est si nettement déclaré en Romains 1:3.
Une fois que la déité de Christ est pleinement reconnue, tout devient simple. Ces versets
jettent beaucoup de lumière sur ce qui est dit en 1 Cor. 12:3. « Nul ne peut dire : « Seigneur
Jésus », si ce n’est par l’Esprit Saint ».

Le Seigneur avait maintenant répondu à toutes les questions de ses adversaires et leur avait
posé une question à laquelle ils n’avaient pas su répondre. S’ils avaient été capables d’y
répondre, ils seraient entrés en possession de la clé de toute la situation. La foule prenait
encore plaisir à l’entendre, mais les scribes étaient aveugles et, aux versets 38 à 40, le
Seigneur met en garde le peuple contre eux. Ceux qui aveuglément se laissaient mener sont
mis en garde contre leurs conducteurs aveugles. Les mobiles et les buts véritables des scribes
sont démasqués. La Parole de Dieu qui sort de la bouche du Seigneur atteint jusqu’à la
division de l’âme et de l’esprit de façon infaillible.

Le péché qui les caractérisait était qu’ils recherchaient leur propre intérêt dans les choses de
Dieu. Que ce soit sur la place publique — centre des affaires, à la synagogue — centre
religieux, aux repas — cercle social, il fallait absolument qu’ils aient une position dominante,
et c’est dans ce but qu’ils portaient des habits qui les distinguaient des autres. Ayant obtenu
cette position prééminente, ils s’en servaient pour amasser des biens au détriment des veuves,
la partie la plus désarmée de la communauté. Acquérir le pouvoir et l’argent était la fin et le
but de leur religion. Ils suivaient « le chemin de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire
d’iniquité » (2 Pierre 2:15). Et ils sont trop nombreux, de nos jours, ceux qui foulent ce
mauvais chemin, dont la fin est « une sentence plus sévère ». Le qualificatif, vous le
remarquez, n’est pas : « plus longue », comme s’il pouvait y avoir des différences de durée
dans le châtiment. Mais il y aura bien des différences quant à la sévérité.

Les adversaires du Seigneur avaient provoqué cette discussion avec leurs questions. Mais
c’est lui qui a le dernier mot. Et les mots avec lesquels il clôt la discussion ont dû tomber de
ses lèvres avec la force d’un couperet. Calmement, il assume la fonction de juge de toute la
terre et prononce leur condamnation irrévocable. S’il n’avait pas été le Fils de Dieu, cela
aurait été folie et même pire.

Mais c’est aussi le Fils de Dieu qui s’assied vis-à-vis du trésor du temple et qui regarde les
dons de la foule, et c’est avec la même sûreté qu’il apprécie la valeur de ces dons. Une pauvre
veuve s’approche — peut-être une veuve qui avait souffert des escroqueries de scribes rapaces
— et elle jette au trésor tout le peu qu’elle a. Il ne lui restait que deux pièces de monnaie, les
plus petites qui soient, et elle les jette toutes les deux. Selon l’estimation des hommes, son don
était absurde et méprisable tant il était petit ; sa présence ne serait pas remarquée et son
absence n’aurait pas été ressentie. Selon l’estimation de Dieu, il avait plus de valeur que tous
les autres dons réunis. L’arithmétique de Dieu, dans de tels cas, n’est pas la nôtre.

Pour Dieu, les mobiles qui font agir sont tout. Voilà une femme qui, au lieu de faire des
reproches à Dieu à cause des méfaits des scribes qui prétendaient le représenter, consacre tout
ce qu’elle a au service de Dieu. Cela réjouit le cœur de notre Seigneur.

Il appelle ses disciples, comme nous le rapporte le verset 43, et leur montre cette femme,
proclamant la valeur de ce qu’elle a fait. Cela est particulièrement frappant si nous
remarquons comment s’ouvre le chapitre 13, car ses disciples désirent lui faire remarquer la
grandeur et la beauté des bâtiments du temple. Eux signalent les pierres magnifiques
façonnées par le travail de la main de l’homme. Le Seigneur, lui, souligne la beauté morale de
ce qu’a fait une pauvre veuve. Il leur dit que leurs grands bâtiments s’effondreront pour
devenir des ruines. C’est ce que cette veuve a fait qui sera rappelé dans l’éternité.

Et cependant, cette veuve a donné deux pites au trésor qui recevait les contributions pour
l’entretien des bâtiments du temple. Le Seigneur a déjà tourné le dos au temple et prononce
maintenant sa condamnation. Elle ne le sait pas ; mais même si son intelligence n’a pas encore
saisi cela, son don est accepté et estimé à la mesure du dévouement de son cœur qui l’a
poussée à le faire. Quel encouragement !

En faisant un don, elle a Dieu devant elle, et Dieu demeure, alors même que les temples sont
détruits. Les choses matérielles, dans lesquelles nous risquons de mettre notre cœur,
disparaissent. Dieu demeure.

13                   Chapitre 13
L’annonce faite par le Seigneur que le temple devait être complètement détruit introduit ses
discours prophétiques. Les disciples ne mettent pas en doute l’accomplissement de ses
paroles : ils veulent simplement connaître le temps où elles auront leur accomplissement et, en
bons Juifs qu’ils étaient, quel en serait le signe. Sa réponse à leurs questions est très
instructive.

En premier lieu, il ne fixe aucune date : toutes les réponses qui concernent le temps, il les
donne de manière indirecte. En deuxième lieu, il déborde les perspectives immédiates de leurs
questions pour aboutir à l’horizon plus vaste des derniers jours et de son propre avènement en
gloire. On trouve cette façon de faire dans beaucoup de prophéties de l’Ancien Testament qui
ont été données pour un événement historique proche, qui ont eu effectivement une
application directe à cet événement, et qui cependant ont été aussi formulées pour s’appliquer,
avec une portée plus étendue encore, à des événements qui doivent arriver au dernier jour.
Pour le cas qui nous concerne maintenant, il y a eu un accomplissement dans la destruction du
temple par les Romains en l’an 70 de notre ère. Cela ressort plus nettement dans le compte-
rendu de ce discours que nous fait Luc. Et cependant, l’accomplissement proprement dit de
cette prophétie est lié à la venue du Seigneur. C’est à cette particularité de la prophétie qu’il
est fait allusion dans ce que dit Pierre dans sa seconde épître, chapitre 1, verset 20 : « Aucune
prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même ».

En troisième lieu, il fait peser l’importance de la prophétie présentée sur la conscience et le


cœur de ses auditeurs. Si leur question est dictée en grande partie par la curiosité, le Seigneur
élève tout le sujet à un niveau bien supérieur par ses mots d’introduction : « Prenez garde que
personne ne vous séduise ». Le cours des choses que révèle la prophétie va à l’opposé de toute
l’attente naturelle des hommes. Ce qui attire chez de faux prophètes, c’est qu’ils prédisent
toujours des choses qui répondent aux désirs des hommes et qui paraissent tout à fait
raisonnables. Il nous faut être sur nos gardes, car les faux prophètes ne manquent pas
aujourd’hui dans les chaires de la chrétienté.

Le premier avertissement, au verset 6, concerne ceux qui viennent, se faisant passer pour le
Christ. C’est là que se trouve toujours le centre du conflit. Le diable sait que s’il peut tromper
les hommes en ce qui concerne le Christ, il peut les tromper sur tout le reste. Si nous nous
trompons sur ce qui est le centre, nous nous trompons forcément sur tout ce qui est autour.
Être enraciné dans notre connaissance du vrai Christ nous met à l’abri des séductions de ceux
qui sont de faux christs.

Ensuite nous sommes avertis qu’il ne faut pas attendre des temps faciles quant à l’état du
monde. On doit s’attendre à des guerres, des troubles parmi les nations et à des perturbations
dans l’univers. Il ne faut pas interpréter ces choses comme indiquant la grande conflagration
finale, car il ne s’agit que de commencement de douleurs. De plus, il faut que les disciples
s’attendent à être confrontés à des difficultés particulières. Ils seront en butte à l’opposition et
à la persécution ; ceux qui leur sont le plus proches se tourneront contre eux ; et la haine des
hommes doit être le plus souvent leur part. Mais en revanche, comme le Seigneur le montre,
ces circonstances adverses deviendront des occasions de rendre témoignage, et ils auront un
soutien particulier, une sagesse particulière, donnés par l’Esprit Saint, pour ce qu’ils auront à
dire.

Certains ont déduit du verset 10, en le rapprochant de Matthieu 24:14, que le Seigneur ne peut
pas venir chercher ses saints tant que l’Évangile n’a pas été apporté à toutes les nations
d’aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier que les disciples à qui s’adressait le Seigneur
étaient, à ce moment-là, le résidu pieux d’Israël, et qu’ils n’avaient pas encore été baptisés en
un seul corps, l’Église. Il ne faut pas oublier non plus que l’« Évangile », dans ce verset, est
un terme général qui se rapporte non seulement au message prêché aujourd’hui, mais aussi à
cet « Évangile du royaume » dont parle Matthieu, et qui sera annoncé par le résidu pieux qui
sera suscité après l’enlèvement de l’Église.

C’est le verset 14 qui nous donne le signe que demandaient les disciples. Daniel parle de
l’« abomination qui désole » (12:11) et c’est à quoi il est fait allusion dans notre verset, car ce
mot « désolation », nous dit-on, est un mot à sens actif, ayant le sens de : « qui cause la
désolation ».
Il doit y avoir l’installation publique d’une idole dans le sanctuaire de Jérusalem — comme
cela est annoncé en Apocalypse 13:14-15 — insulte à Dieu des plus grossières. Ce signe
indiquera deux choses : d’abord que le temps de détresse particulier, dont parle Daniel 12:1 a
commencé. Ensuite que la fin du temps présent et l’intervention de Christ dans sa gloire sont
très proches. Le reste du discours du Seigneur traite de ces deux choses. Les versets 15 à 23
traitent de la première ; les versets 24 à 27 traitent de la seconde.

La façon dont s’exprime le Seigneur au verset 19 montre qu’il parle de la grande tribulation,
et les versets qui précèdent montrent qu’elle aura son centre et sa plus grande intensité en
Judée. Les versets 15 et 16 semblent indiquer qu’elle commencera très soudainement. Une
fuite instantanée sera le seul moyen d’échapper pour ceux qui craignent Dieu. La violence de
cette tribulation sera telle que, s’il était permis qu’elle se prolonge cela signifierait
l’extermination. À cause des élus, cette détresse ne pourra pas se prolonger, mais elle sera
brusquement interrompue par l’avènement de Christ. En lisant Daniel 9:27, nous comprenons
que cette tribulation commencera au moment où le chef de l’empire romain rétabli fera
« cesser le sacrifice et l’offrande », au milieu des sept dernières années. Et ainsi il ne restera
que trois ans et demi à s’écouler jusqu’à ce que le Seigneur y mette fin par sa glorieuse
apparition.

Par cette tribulation, le diable cherchera à écraser et à exterminer les élus. Mais ce n’est pas
tout, comme le montrent les versets 21 et 22. Il y aura à ce moment-là un nombre
exceptionnel de faux christs et de faux prophètes qui apparaîtront et par lesquels il cherchera à
séduire les élus. Il le ferait « si c’était possible ». Grâce à Dieu, ce n’est pas possible. Les
vrais saints sauront que le Christ véritable ne va pas se cacher dans quelque lieu secret, de
telle sorte que les hommes doivent dire : « Voici, le Christ est ici, voici, il est là ». À sa venue,
il apparaîtra resplendissant dans sa gloire, et tout œil le verra.

Cette tribulation se terminera dans d’ultimes convulsions qui affecteront même les cieux,
comme le montrent les versets 24 et 25. Le soleil, la lune et les étoiles sont quelquefois
utilisés dans les Écritures comme symboles respectivement du pouvoir suprême, du pouvoir
conféré, et des puissances subordonnées ; et il est question ici des « puissances qui sont dans
les cieux », comme le montre la fin du verset 25. Pourtant le discours du Seigneur n’est pas
marqué par un grand emploi de symboles, comme l’est l’Apocalypse. Aussi pensons-nous
qu’il ne faut pas exclure qu’il y aura littéralement des convulsions qui affecteront les corps
célestes, d’autant plus que nous savons que le soleil a été vraiment obscurci quand Jésus est
mort. L’obscurcissement de ce jour-là servira à faire mieux ressortir l’éclat de son apparition,
quand il viendra sur les nuées avec grande puissance et gloire.

La glorieuse apparition du Fils de l’homme sera suivie par le rassemblement de « ses élus ».
Ceux-ci ont été mentionnés au verset 20 : il s’agit de ceux qui « persévèrent jusqu’à la fin »,
et c’est par l’apparition de Christ qu’ils doivent être sauvés. Ces élus sont le résidu pieux
d’Israël des derniers jours, car le Seigneur s’adressait à ses disciples qui étaient alors le résidu
pieux au milieu d’Israël, et c’est dans ce sens-là, sans aucun doute, qu’ils auront compris ses
paroles. Ces élus se trouveront dans toutes les parties de la terre, et les instruments qui
serviront à les rassembler seront des anges. Une fois rassemblés, ils deviendront l’Israël
racheté qui entrera dans le règne de mille ans. Tout cela doit être distingué de la venue du
Seigneur pour ses Saints, comme cela est annoncé en 1 Thessaloniciens 4, où le Seigneur lui-
même descendra du ciel et nous rassemblera vers lui.
L’allusion au figuier au verset 28 est une parabole ; nous devons donc nous attendre à y
trouver un sens plus profond que celui qui se rattache à une comparaison ou à une illustration.
Sans aucun doute le figuier représente Israël, comme nous l’avons vu en lisant le chapitre 11,
et donc le bourgeonnement de ses branches indique le commencement du réveil national de ce
peuple. L’été représente l’ère de bénédiction millénaire pour la terre. Quand une vraie
renaissance nationale commencera pour Israël, alors l’apparition du Christ et le Millénium
seront très proches.

Le mot « génération » au verset 30 est évidemment employé dans un sens moral et non pas
littéral. Il représente des personnes de même type et de même caractère, comme le Seigneur
l’emploie au verset 19 du chapitre 9 et en Luc 11 verset 29. La génération incrédule ne
passera pas avant la deuxième venue de Christ, ni même la génération de ceux qui cherchent
le Seigneur. La venue du Seigneur signifiera la disparition de la génération méchante, et en
même temps le plein accomplissement de toutes ses paroles, qui sont plus fermes et plus
durables que toutes les choses créées.

Le verset 32 a présenté beaucoup de difficulté à plus d’un, à cause de l’expression : « ni


même le Fils ». Il ne nous est sans doute pas possible de l’expliquer entièrement, mais nous
pouvons au moins dire deux choses. D’abord, dans cet évangile, le Seigneur est présenté
comme le grand prophète de Dieu, et il s’agit d’une affaire réservée par le Père et qu’il ne lui
est pas donné de révéler en tant que prophète. Ensuite, si nous lisons Matthieu 20:23 et Jean
5:30 en les comparant à notre verset, nous verrons que les trois passages sont parallèles mais
sur trois plans différents : respectivement donner, savoir et faire. En Matthieu nous avons :
« Ce n’est pas à moi pour le donner ». Nous pourrions résumer Marc par : « Ce n’est pas à
moi de savoir », et Jean : « Ce n’est pas à moi de faire ». L’incrédulité s’est beaucoup servie
de ce qui est dit en Philippiens 2:7 : « Il s’est anéanti lui-même », ou plus littéralement : « Il
s’est vidé lui-même », construisant là-dessus cette théorie qu’il s’est dépouillé lui-même de
connaissance, pour devenir un Juif avec les idées de son temps ; et ainsi, croient-ils, on peut
lui imputer des erreurs sur beaucoup de points. Il s’est bien « vidé de lui-même », car les
Écritures disent qu’il l’a fait. Les trois passages que nous avons cités nous donnent l’idée
exacte de ce qui était impliqué en cela, et nous amènent à bénir son nom pour son abaissement
plein de grâce. La théorie de l’incrédulité voudrait le dépouiller, lui, de sa gloire, et nous, de
tout respect pour ses paroles. Paroles qui, il vient de nous le dire, ne passeront jamais.

Les cinq versets qui terminent ce chapitre contiennent un appel très solennel qui devrait nous
atteindre tous. Au verset 33 nous avons pour la quatrième fois ces mots : « Prenez garde ».
C’est avec ces mots que le Seigneur a commencé son discours. C’est avec eux qu’il le
termine. Pendant le discours même, il les a prononcés deux fois (v. 9, 23). Les révélations
prophétiques qu’il a données sont toutes faites pour attirer l’attention de notre conscience et
influencer notre vie. Il nous prévient pour que nous soyons prémunis. Connaissant
l’infaillibilité de ses paroles, mais ne connaissant pas quand sera le temps, ce que nous avons
à faire c’est de « veiller », c’est-à-dire de ne pas dormir du tout et d’être très attentifs ; et il
nous convient aussi de « prier », car nous sommes une proie facile pour les puissances des
ténèbres, et ainsi il nous faut absolument rester dépendants de Dieu. Nous sommes laissés sur
la terre pour faire le travail qui nous a été assigné dans un esprit d’attente, ayant devant nous
la venue du Fils de l’homme.

La triple répétition du mot : « veillez » dans ces cinq versets, est très frappante. Il faut que
nous y apportions une attention toute particulière dans notre esprit, d’autant plus que notre
part est de nous trouver aux derniers jours de cette dispensation où sa venue ne peut pas être
très lointaine. C’est très facile de succomber aux séductions de ce monde quand notre esprit
s’assoupit et n’est plus sur ses gardes. C’est une expression de la plus haute importance que
cette expression :

« VEILLEZ », et le dernier verset de notre chapitre montre que certainement elle nous
concerne.

14                   Chapitre 14
En commençant ce chapitre, nous revenons à des détails historiques, et nous arrivons aux
derniers moments de la vie de notre Seigneur. Les versets 1 à 11 nous donnent une
introduction très remarquable à ces dernières scènes. Aux versets 1 et 2, une haine pleine de
ruse atteint son apogée. Aux versets 10 et 11 est brièvement rapportée la manifestation
suprême d’une trahison impitoyable. Et les versets qui séparent ces deux paragraphes
racontent l’histoire d’un amour plein de dévouement que témoigne une femme ordinaire. La
beauté de ce récit est rehaussée par le fait qu’il se trouve entre ce qui nous est dit d’une telle
haine et d’une telle trahison.

La haine des principaux sacrificateurs et des scribes n’avait d’égale que leur ruse ; cependant
ils n’étaient que des instruments dans les mains de Satan. Ils disent : « Non pas pendant la
fête », mais ce sera pendant la fête. Et encore : « De peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le
peuple », mais il y aura un tumulte parmi le peuple, seulement ce sera en leur faveur et contre
le Christ de Dieu. Ils connaissaient mal le pouvoir du diable auquel ils s’étaient vendus.

Cette femme de Béthanie — Marie, comme nous le savons d’après Jean 12 — ne comprend
peut-être pas pleinement elle-même la portée et la valeur de ce qu’elle fait. Elle est
probablement poussée par une intuition spirituelle, se rendant compte de la haine meurtrière
qui entoure celui qu’elle aime. Elle a apporté son parfum de grand prix et le répand sur Jésus.
Son geste est mal interprété par « quelques-uns ». Matthieu nous dit que ce sont des disciples,
et Jean ajoute que le traître Judas était à l’origine de cette critique. Ils pensent à l’argent et aux
pauvres, mais surtout à l’argent. Le Seigneur prend le parti de cette femme, et cela suffit. Il
accepte ce qu’elle a fait et l’estime selon la compréhension qu’il a de ce que cela signifiait, et
non selon son intelligence à elle, même si cette femme était, comme nous le pensons, la plus
intelligente des disciples. En cela nous pouvons voir l’annonce, pleine de la douceur de la
grâce, avec laquelle il passera en revue, à son tribunal, les actes de ses saints.

Son verdict est : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait », et c’est un très grand éloge. De
plus il annonce qu’il sera parlé de ce qu’elle a fait partout où sera prêché l’évangile. Son nom
est connu et ce qu’elle a fait est rappelé par des millions de personnes aujourd’hui, 19 siècles
plus tard et tout à son honneur, tout comme aussi Judas est connu, mais à sa honte, et son nom
est devenu synonyme de bassesse et de perfidie.

Ces versets d’introduction nous montrent alors que, comme s’approche le moment décisif,
chacun apparaît sous son vrai jour. La haine et la perfidie des adversaires deviennent plus
noires. L’amour vrai est avivé, bien que personne ne l’exprime comme Marie de Béthanie. Au
verset 12, nous passons à la préparation du dernier souper, au cours duquel le Seigneur donne
un témoignage bien plus émouvant à la force de son amour pour les siens. Il y a quelques
marques de leur amour pour lui, mais ce n’est rien en comparaison de son amour pour eux.

Le Seigneur Jésus n’avait pas de demeure personnelle, mais il savait bien comment se
procurer tout ce qui était nécessaire au service de Dieu. Le propriétaire de la grande chambre
garnie était sans aucun doute quelqu’un qui le connaissait et le révérait. Les disciples savaient
que leur Maître pouvait pourvoir à tout. Ils ne tentent rien de leur propre initiative. Ils
regardent simplement à lui pour avoir ses instructions et agissent en conséquence. Ainsi, celui
qui n’a pas un lieu où reposer sa tête ne manque pas du logement qui convient pour la
dernière réunion avec les siens.

Pendant bien des siècles on avait célébré la Pâque, et ceux qui la mangeaient savaient qu’elle
commémorait la délivrance d’Israël de l’Égypte ; il y avait peu d’Israélites, si même il y en
avait, qui se rendaient compte qu’elle annonçait la mort du Messie. Maintenant, pour la
dernière fois, elle doit être mangée avant de trouver son accomplissement. Ce qui occupait
l’esprit des disciples, nous ne le savons pas, mais de toute évidence l’esprit du Seigneur est
tourné vers sa mort, et c’est vers elle qu’il tourne leurs pensées en annonçant que celui qui le
livrera est parmi eux et qu’il était sous la malédiction. Puis il institue son propre Souper.

La concision caractérise tout le récit de Marc, mais elle n’est nulle part plus marquée que dans
la relation qu’il fait de l’institution de la Cène. Cependant tous les éléments s’y trouvent : le
pain et ce dont il est le signe ; la coupe, ce qu’elle représente et ce à quoi on peut l’appliquer,
ce qui fait qu’elle est désignée par Paul comme étant « la coupe de bénédiction que nous
bénissons ». Pour le Seigneur lui-même, le fruit de la vigne — et ce qu’il symbolise, la joie
terrestre — est entièrement passé. Plus jamais il n’en boira jusqu’à ce que, dans le royaume de
Dieu, il en boive d’une manière tout à fait différente. Toutes les espérances et toutes les joies
terrestres qui reposaient sur le fondement ancien sont pour lui fermées.

La leçon que nous avons à retenir est bien en harmonie avec ce que nous avons là. Dieu peut,
dans ses dons providentiels pleins de grâce, nous permettre de jouir sur la terre de beaucoup
de choses qui sont heureuses et agréables ; cependant toutes nos vraies joies de chrétien ne
sont pas d’ordre terrestre, mais céleste.

De la chambre haute, où il a institué son souper, le Seigneur mène ses disciples à Gethsémané.
Une hymne (ou psaume) est chantée, les Psaumes 115 à 118 étant, dit-on, la portion des
Écritures qui était généralement chantée alors. Pour les disciples, c’était sans doute
simplement ce qui se faisait d’habitude ; mais qu’est-ce que cela a dû être pour le Seigneur ?
Chanter, alors qu’il s’avançait pour accomplir ce qu’était la Pâque en type, en devenant le
sacrifice ; et le Psaume 118, dans ses derniers versets, parle de « lier avec des cordes le
sacrifice aux cornes de l’autel ». Il allait vers la souffrance et la mort, lié par les cordes de son
amour, et les disciples vers les défaillances, la défaite, la dispersion.

Il les avertit de ce qui les attend, les renvoyant à la prophétie de Zacharie, qui avait annoncé
que le berger de l’Éternel serait frappé et le troupeau dispersé. Mais le prophète avait ajouté :
« et je tournerai ma main sur les petits » ; c’est ce qui correspond au verset 28 de notre
chapitre. Ceux qui étaient ses brebis sur le plan national seraient dispersés, mais « les petits »,
que Zacharie appelle ailleurs « les pauvres du troupeau », seraient rassemblés encore sur une
base nouvelle, dès lors que le Berger serait ressuscité. C’est donc en Galilée et non pas à
Jérusalem qu’il doit les rencontrer.
Pierre, sûr de lui, affirme que lui ne bronchera pas, même si cela arrivait aux autres, et il dit
cela après la déclaration très explicite du Seigneur qui prévoit sa chute. Les autres ne veulent
pas rester en arrière et se lancent dans les mêmes affirmations que Pierre. Cela s’explique par
cette rivalité profane qu’il y avait entre eux pour savoir qui serait le plus grand. Marc fait
ressortir cela avec une netteté particulière, comme on peut le voir si on compare les versets 29
à 31 avec ce qui est dit aux versets 33 et 34 du chapitre 9, et aux versets 35-37, 41 du chapitre
10. Certainement, Pierre sent que maintenant lui est fournie l’occasion de démontrer, une fois
pour toutes, qu’il dépasse tous les autres d’une tête. Et ceux-ci sont bien décidés à ne pas lui
laisser prendre l’avantage. Ils doivent se maintenir à sa hauteur. La chute de Pierre semble
bien soudaine, mais tout cela nous montre que les racines secrètes de cette chute remontaient
loin dans le passé.

Les paroles téméraires de Pierre devaient rapidement être mises à l’épreuve, et tout d’abord à
Gethsémané où ils arrivent aussitôt après. À lui et à ses compagnons, il n’est demandé que de
veiller une heure. Ils sont incapables de le faire, mais ce n’est qu’à Pierre, qui s’est tellement
vanté, que le Seigneur adresse ses paroles de reproche pleines de douceur, employant son nom
d’autrefois, Simon. C’est ce qui convient car, à ce moment-là, Pierre n’est pas conséquent
avec son nouveau nom, mais il montre plutôt les caractères de la vieille nature qui est encore
en lui. Leur Maître est « saisi d’effroi », « fort angoissé », et « saisi de tristesse jusqu’à la
mort », et pourtant les disciples dorment, et non seulement une fois, mais à trois reprises.

Sur cet arrière-plan sombre de leur défaillance, brille cependant avec d’autant plus d’éclat la
perfection de leur Maître. La réalité de son humanité nous est présentée de façon très
frappante aux versets 33 et 34, ainsi que sa perfection. Étant Dieu, il savait, dans une
plénitude infinie, tout ce que cela comporterait que de mourir en portant le péché. Il était
parfaitement homme, et tout ce qui fait la sensibilité humaine était intact en lui. Notre
sensibilité à nous a été émoussée par le péché, mais en lui il n’y avait pas de péché. Il
ressentait donc tout dans une mesure cette infinie et c’est ardemment qu’il désirait que cette
heure passât loin de lui. Et cependant encore, ayant pris cette place de Serviteur, il est parfait
dans sa consécration à la volonté de Dieu et ainsi, bien qu’il désire que la coupe passe loin de
lui, il ajoute : « Toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ».

Nous pouvons peut-être tout résumer en disant « qu’étant parfaitement Dieu, il avait la faculté
infinie de savoir et de ressentir tout ce que signifiait pour lui cette heure de la mort qui
approchait. Étant parfaitement homme, il entrait pleinement dans la tristesse de cette heure-là
et ne pouvait faire autrement que de prier que cette coupe passe loin de lui. Serviteur parfait,
il se présentait lui-même pour le sacrifice, dans une entière soumission de cœur à la volonté
de son Père.

Trois fois notre Seigneur converse ainsi avec son Père, puis il revient pour affronter le traître
et sa troupe d’hommes pécheurs. Nous pouvons nous souvenir que trois fois il a été tenté par
Satan au désert au début de sa carrière, et il semble certain, bien que cela ne soit pas
mentionné ici, que le pouvoir de Satan était aussi présent à Gethsémané, car en sortant de la
chambre haute il avait dit : « Le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30).
Cela aide aussi à expliquer l’extraordinaire assoupissement des disciples. La puissance des
ténèbres était trop grande pour eux, comme elle l’est toujours pour nous, sauf quand nous
sommes activement soutenus par la puissance divine. N’oublions pas que non seulement la
puissance de Satan incite quelquefois les croyants à commettre de mauvaises actions mais
qu’aussi, quelquefois, elle se contente de les endormir.
En disant à Pierre : « l’esprit est prompt », le Seigneur reconnaît évidemment qu’il y avait
chez ses disciples ce qu’il pouvait apprécier et estimer. Cependant, « la chair est faible », et
Satan, à ce moment même, était terriblement actif, si bien que rien, si ce n’est veiller et prier,
n’aurait répondu à la situation. Prenons cela aussi pour nous. Alors que s’approche la fin des
temps, l’activité de Satan ne peut que croître et non diminuer, et il nous faut être éveillés, avec
toutes nos facultés spirituelles en alerte, et être aussi remplis d’un esprit de prière dans la
dépendance de Dieu.

Les versets 42 à 52 nous occupent de l’arrestation de Jésus par la populace envoyée par les
principaux sacrificateurs, sous la direction de Judas. Il ne s’agit pas, bien sûr, de soldats
romains mais de gens au service du temple et des classes dirigeantes des Juifs. Quel récit ! La
foule et sa violence, qu’elle montre par des épées et des bâtons, Judas avec la traîtrise la plus
abjecte, qui livre le Seigneur par un baiser, Pierre qui se lance brusquement dans une activité
chamelle, tous les disciples qui abandonnent le Seigneur et s’enfuient, un jeune homme
inconnu qui tente de suivre, mais qui finit par prendre la fuite, la honte s’ajoutant à sa panique
— violence, trahison, fausse activité qui s’égare, peur et honte. Nous le redisons : Quel récit !
Voilà ce que nous sommes quand nous sommes confrontés au pouvoir des ténèbres, sans être
en communion avec Dieu.

Quant à Pierre, c’est la troisième étape sur son chemin qui descend. Il s’est d’abord laissé
prendre dans cette rivalité qui cause tant de torts, pour avoir la première place parmi les
disciples, et qui a abouti à la confiance en soi et à l’affirmation de sa propre importance. Puis
c’est son manque de vigilance et de prière qui l’a amené à dormir, alors qu’il aurait dû être
éveillé. Troisièmement c’est sa colère et sa violence charnelles, suivies de sa fuite honteuse.
La quatrième étape, qui mettra un comble à tout cela, nous la trouvons à la fin de ce chapitre.

Mais, pour le Seigneur Jésus, tout est sérénité dans une soumission parfaite à la volonté de
Dieu, comme cela a été exprimé dans les Écritures prophétiques. Sa lumière ne cesse pas de
briller sans jamais vaciller :

« Fidèle parmi les infidèles

Seule lumière dans les ténèbres ».

Les versets 53 à 65 résument pour nous le procès qui se déroule devant les autorités
religieuses juives. Tous sont assemblés pour juger le Seigneur, et ainsi la chose se fait, en ce
qui les concerne, au vu et au su de tous. Cela montre à l’évidence quelles passions ont été
soulevées. Un sanhédrin au complet, et ceci en pleine nuit ! Un feu brûle dans la cour et nous
voyons Pierre qui se glisse au milieu des ennemis de son Seigneur, pour se réchauffer un peu.

Il n’est pas question de jugement impartial. Les Juges du Seigneur, avec cynisme, cherchent
des témoins qui leur permettront de prononcer contre lui la sentence de mort. Cependant la
puissance de Dieu est à l’œuvre derrière la scène. Toute tentative pour imputer à Jésus les
accusations forgées contre lui est vaine. Les efforts n’ont pas manqué. Un exemple nous est
donné au v. 58, et nous reconnaissons une déformation de ce qu’il a déclaré et qui nous est
rapporté en Jean 2:19. Une accusation après l’autre s’effondre, car ces parjures sombrent dans
la confusion et se contredisent. C’est comme si Dieu enveloppait leur esprit, d’ordinaire si
subtil, d’un brouillard qui les plonge dans le désarroi.

En désespoir de cause, le souverain sacrificateur se lève pour l’interroger, mais à sa première


question Jésus ne répond rien. Évidemment, pour la simple raison qu’il n’y a rien à répondre.
Lors-qu’on le somme de dire s’il est le Christ, le Fils de Dieu, il répond immédiatement et
dit : « Je le suis ». La question et la réponse sont toutes deux bien précises. Là se tient le
Christ, le Fils de Dieu, selon qu’il le reconnaît lui-même nettement ; et non seulement cela,
mais il affirme qu’en tant que Fils de l’homme, il aura tout pouvoir en sa main et qu’il
reviendra du ciel en gloire. En conséquence de cette confession, Jésus est condamné à mort.

Le prophète Michée avait annoncé que le juge d’Israël devrait être soumis au jugement des
hommes. C’est ce qui arrive. Cependant, il est tout à fait remarquable que, lorsque le grand
Juge est effectivement appelé à être jugé par des hommes, toute tentative pour le condamner
sur témoignage humain échoue. Tous ces hommes qui témoignent contre lui tombent dans une
confusion totale. On le condamne en se fondant sur le témoignage qu’il s’est rendu à lui-
même, et ce faisant ils transgressent eux-mêmes la loi. Il était écrit en Lévitique 21:10 : « Et
le grand sacrificateur d’entre ses frères ne découvrira pas sa tête et ne déchirera pas ses
vêtements ». Et de cela le souverain sacrificateur ne tient pas compte, tellement il est troublé
en présence de sa victime, et emporté par la colère et la haine.

Cette tempête de haine s’abat sur le Seigneur dès qu’ils ont découvert un prétexte pour le
condamner ; mais avec leurs soufflets et leurs crachats, ils ne font, sans s’en rendre compte,
qu’accomplir les Écritures. Cette parodie de procès devant le sanhédrin se termine par des
scènes de désordre, exactement comme la confusion avait marqué leurs premiers débats —
confusion mise d’autant plus en évidence par sa présence, pleine de sérénité, au milieu d’eux.
Les seules paroles que le Seigneur prononce, dans le récit de Marc, sont rapportées au verset
62.

Les versets 66 à 72 nous font voir dans une parenthèse jusqu’où aboutit enfin la défaillance de
Pierre. Nous avons déjà vu les premières étapes qui l’ont amené là. Le voilà maintenant en
train de se chauffer en compagnie de ceux qui servent les adversaires de son Seigneur, et, à
trois reprises, il le renie. Satan est derrière la scène, comme Luc 22:31 nous le montre, et c’est
ce qui explique la manière habile dont ces différents serviteurs, par leurs remarques,
l’empêchent de se dérober. La première servante affirme qu’il a été « avec » Jésus. La
seconde qu’« il est de ces gens-là », voulant évidemment dire par là qu’il est l’un de ses
disciples. C’est ce qu’affirme à nouveau le troisième serviteur, qui prétend en avoir la preuve
dans sa manière de s’exprimer, et il semble qu’il s’agisse d’un parent de ce Malchus dont
Pierre avait coupé l’oreille, comme le rapporte Jean.

À mesure que Pierre voit le filet d’accusations, avec ses mailles fines, se resserrer autour de
lui, ses dénégations deviennent plus violentes ; d’abord, il fait celui qui ne comprend pas ;
ensuite, il oppose un démenti formel ; et enfin il déclare qu’il ne connaît même pas le
Seigneur, « et il se met à faire des imprécations et à jurer ». Les autres n’étaient pas disposés à
accepter qu’il déclare ne pas être disciple de Jésus, mais ils ont dû être convaincus, par les
tristes œuvres qu’il accomplissait que Jésus est vraiment pour lui un inconnu. Méditons cet
avertissement que nous donne la conduite de Pierre, et veillons à avoir la foi qui s’exprime par
des œuvres qui la reflètent.
Mais si Satan est à l’œuvre en ce qui concerne Pierre, le Seigneur l’est aussi, comme nous le
montre Luc 22:32. Il a prié pour lui et le Seigneur fait que, dans l’esprit enfiévré de Pierre,
reviennent les paroles mêmes de l’avertissement qui a été donné. Lorsqu’il s’en souvient sa
conscience est réveillée ; il est amené à verser des larmes, et dans ce travail qui s’opère dans
son cœur et sa conscience, se trouve le point de départ de sa restauration. Quand il est permis
qu’un saint fasse une chute semblable et que son péché devienne public et fasse scandale,
nous pouvons être sûrs que ce péché a des racines cachées qui remontent dans le passé. Nous
pouvons bien être sûrs que le chemin du retour vers une guérison complète ne se fait pas en
un instant.

15                   Chapitre 15
Le premier verset de ce chapitre reprend le fil du récit au verset 65 du chapitre 14. Les
Romains avaient ôté aux Juifs le droit de prononcer la peine de mort et seul le représentant de
César était habilité à le faire. Les chefs religieux savaient donc qu’il fallait faire comparaître
Jésus devant Pilate et réclamer la peine de mort avec des motifs qui lui sembleraient fondés.
Le verset 3 nous dit qu’ils « l’accusaient de beaucoup de choses », mais Marc ne nous dit pas
de quoi il s’agissait. Nous sommes cependant frappés par la manière dont une expression
revient sans cesse dans la première partie de ce chapitre : « Le roi des Juifs » (versets 2, 9, 12,
18, 26). Luc nous rapporte expressément qu’ils disaient que Jésus « défendait de donner le
tribut à César, se disant lui-même être le Christ, un roi ». C’est ce qui semble être sous-
entendu dans le bref récit de Marc, bien que ce ne soit pas d’une manière précise.

De nouveau, devant Pilate, le Seigneur confesse qui il est. Sommé de dire s’il est le roi des
Juifs, il répond simplement : « Tu le dis », ce qui revient à dire : « Oui ». Pour le reste, de
nouveau il ne répond rien, parce qu’il n’y a rien à répondre aux accusations extravagantes des
principaux sacrificateurs. Il vaut la peine de remarquer que Marc ne rapporte que deux paroles
de notre Seigneur devant ses juges. Devant la hiérarchie juive, il confesse lui-même qu’il est
le Christ, le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Devant le gouverneur romain, il confesse qu’il
est le roi des Juifs. Aucun témoignage ne peut être retenu contre lui. Il est condamné à cause
de ce qu’il est et il ne peut se renier lui-même.

De plus, Pilate était suffisamment averti pour discerner ce qu’il y avait à la racine de toutes
ces accusations. « Il savait que les principaux sacrificateurs l’avaient livré par envie », d’où sa
vaine tentative pour amener la multitude à penser à Jésus, quand il s’agit du prisonnier qu’on
devait relâcher. L’influence des sacrificateurs sur le peuple est cependant trop forte pour lui,
et par conséquent, voulant plaire à la foule, Pilate renie tout sens de la justice qu’il pourrait
avoir. Il relâche Barabbas, rebelle et meurtrier, et ayant fait fouetter Jésus, il le leur livre pour
être crucifié.

La voix du peuple l’a emporté sur la meilleure appréciation des choses qu’a le représentant de
César. En d’autres termes, à cette occasion, l’autocratie a abdiqué en faveur de la démocratie
et c’est le vote populaire qui en a décidé. Un vieux proverbe latin dit que la voix du peuple est
la voix de Dieu. Ce qui s’est passé à la crucifixion du Seigneur dément absolument ce
proverbe. Ici la voix du peuple est la voix du diable.
Les versets 16 à 32 nous décrivent d’une manière très réaliste les terribles circonstances qui
entourent la crucifixion. Toutes les classes de la société sont unies contre le Seigneur. Pilate
l’a déjà fait fouetter. Les soldats romains se moquent de lui de manière aussi cruelle que
méprisante. Les gens du commun — simples passants — l’invectivent. Les sacrificateurs se
moquent de lui avec leurs sarcasmes. Les deux brigands crucifiés, qui représentent les
criminels, le rebut même de l’humanité, l’insultent. Qu’ils soient de noble extraction ou
d’humble naissance, tous, Juifs et gentils, sont impliqués. Et pourtant, en définitive, tous
contribuent à accomplir les Écritures, quoiqu’ils le fassent, sans aucun doute, à leur insu.

C’est particulièrement frappant dans le cas des soldats romains, des hommes qui ignoraient
l’existence des Écritures. Le verset 28 relève que la crucifixion des brigands de chaque côté
était l’accomplissement d’Ésaïe 53:12, mais ils ont fait beaucoup d’autres choses qui
accomplissaient aussi la Parole. Par exemple, son visage devait être « défait plus que celui
d’aucun homme » (Ésaïe 52:14), et il y a eu un accomplissement de cela avec la couronne
d’épines et les coups. Le juge d’Israël devait être « frappé avec une verge sur la joue » d’après
Michée 5:1 : c’est ce qu’ont fait les soldats, comme le montre le verset 19 de notre chapitre.
Le verset 24 rapporte comment ils ont accompli le verset 18 du Psaume 22. « Ils ont mis du
fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre », dit le Psaume 69,
verset 21. Et c’est également ce qu’ont fait les soldats, bien que l’accomplissement de cette
prophétie ne soit pas rapporté ici, mais dans Matthieu. Nous pensons que nous sommes fondés
à dire qu’au moins 24 prophéties ont été accomplies dans cette journée de 24 heures où Jésus
est mort.

Tous les hommes, à ce moment-là, se présentent sous l’aspect le plus noir et, dans ces versets,
nous ne lisons pas que Jésus ait dit quoi que ce soit. C’est exactement comme le prophète
l’avait dit : « Comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert sa
bouche ». C’est l’heure de l’homme et l’apogée de la puissance des ténèbres. La perfection du
saint Serviteur de l’Éternel se manifeste en ce qu’il souffre en silence tout ce qu’il endure de
la main des hommes.

Les souffrances que le Seigneur Jésus a endurées de la main des hommes ont été très grandes,
et cependant cela devient relativement insignifiant si nous nous mettons à considérer ce qu’il
a enduré de la main de Dieu, quand il était la victime, étant fait péché pour nous. Pourtant tout
ce sujet, d’une importance tellement plus grande, est condensé par Marc en deux versets : les
versets 33 et 34 ; tandis que le récit qu’il fait de ce qui est de moindre importance comprend
52 versets (du verset 53 du chapitre 14 au verset 32 du chapitre 15). C’est que, bien sûr, ce qui
est le moins important peut se décrire, tandis que ce qui est le plus important ne peut pas
l’être. Les ténèbres qui descendent à midi cachent au regard de l’homme le décor même de
cette scène.

Tout ce qui peut être raconté d’un point de vue historique, c’est que, pendant trois heures,
Dieu a mis le silence de la nuit sur la terre, et qu’il a ainsi rendu les yeux des hommes
aveugles, et qu’à la fin de ces heures, Jésus a poussé ce cri d’angoisse qui avait été écrit
comme prophétie mille ans plus tôt, au verset 1 du Psaume 22. Celui qui est saint et qui porte
le péché est abandonné, car il faut que Dieu juge le péché et le bannisse irrévocablement de sa
présence. Ce bannissement complet et éternel, c’est nous qui le méritions, et il tombera sur
tous ceux qui meurent dans leurs péchés. Lui, il l’a pleinement enduré, mais comme il
possédait la sainteté, l’éternité, l’infini de la déité dans sa plénitude, il a pu en sortir au terme
de ces trois heures. Cependant ce cri, sorti de sa bouche à ce moment-là, montre qu’il en a
ressenti toute l’horreur, et la mesure avec laquelle il pouvait tout ressentir était infinie.
Ce qu’il a souffert de la main de l’homme ne doit pas être estimé comme peu de chose.
Hébreux 12:2 dit : « Qui a enduré la croix, ayant méprisé la honte », mais il faut noter la
différence entre la honte et la souffrance. Plus d’un homme, physiquement courageux,
ressentira la honte plus que la souffrance. Le Seigneur a ressenti la souffrance, mais il a
méprisé la honte dans la mesure où il était infiniment au-dessus, et il savait qu’il était, selon
Ésaïe 49:5, « glorifié aux yeux de l’Éternel ». Nous croyons que l’on peut dire qu’il n’a
jamais été plus glorieux aux yeux de Dieu qu’au moment où il souffrait sous le jugement
divin comme celui qui porte le péché. C’est le paradoxe de la sainteté et de l’amour divins !

L’effet qu’a produit ce cri sur ceux qui sont là présents nous est donné aux versets 35 et 36.
On voit mal comment ils auraient vu une allusion à Élie dans les paroles de Jésus s’ils
n’avaient pas été juifs. Mais alors quelle profonde ignorance ils montrent, en ne reconnaissant
pas ce cri qui monte vers Dieu et qui se trouvait enchâssé dans leurs propres Écritures !

Ce qui concerne la mort même de Jésus est donné par Marc de la manière la plus brève. Il
expire et remet son esprit entre les mains de Dieu immédiatement après avoir crié d’une forte
voix. Ce qu’il a dit est rapporté dans Luc et dans Jean. Ici nous est simplement indiquée la
manière dont il l’a dit. Il n’y a pas eu peu à peu affaiblissement des forces pour que ses
dernières paroles ne soient plus qu’un faible chuchotement. L’instant d’avant il crie d’une
forte voix, l’instant d’après il est mort. Sa mort a été surnaturelle d’une façon si manifeste,
qu’elle impressionne grandement le centurion qui était de service et qui observait la scène.
Quel qu’ait pu être dans son esprit le sens exact de ses paroles, il a dû au moins sentir qu’il
était témoin de quelque chose de surnaturel. Nous souscrivons à ce qu’il a dit, et nous disons
de la manière la plus absolue : « Certainement cet homme était Fils de Dieu ».

Témoignage est aussi rendu à la vérité de ces paroles par le fait que le voile du temple se
déchire. Ce grand événement semble avoir eu lieu au moment même de la mort de Jésus.
C’est la main divine qui le déchire, car une main humaine aurait été obligée de le déchirer
depuis le bas jusqu’en haut. Tout le système minutieux des types institué en Israël concernant
les sacrifices et le temple, tout, à l’avance, annonçait la mort de Christ et lorsque cette mort
est accomplie, la main divine déchire le voile du temple pour signifier que le temps des types
a pris fin, et que le chemin pour entrer dans le lieu très saint est révélé.

En cas de besoin, Dieu a toujours en réserve un serviteur qui s’avancera pour accomplir sa
volonté. Des pierres crieraient ou seraient dressées pour devenir des hommes, si Dieu en avait
besoin en cas de difficulté ; mais cela n’arrive jamais, car jamais Dieu ne se trouve en
difficulté. Il a toujours un homme en réserve, et Joseph est cet homme à cette occasion. Ce
disciple timide et secret est soudain rempli de courage et affronte Pilate hardiment. Il est
l’homme qui est né dans ce monde pour accomplir en son temps la parole prophétique d’Ésaïe
53. 9, « avec le riche dans sa mort » ; et après qu’il l’a accomplie, on n’entend plus du tout
parler de lui. Il a manqué l’occasion de réaliser la communion avec Christ quand celui-ci était
vivant, mais cette communion, il l’a réalisée quand Christ était mort. Voilà qui est
remarquable, car c’est exactement le contraire de ce qu’ont fait les disciples. Ils s’étaient
associés à Jésus pendant sa vie, et ils ont manqué misérablement quand il est mort. La défaite
apparente de Jésus a eu pour effet d’enhardir Joseph. Cela a ravivé sa foi, comme s’embrasent
soudain les braises d’un feu qui couve. Il « attendait le royaume de Dieu » et nous pouvons
être sûrs qu’au jour du royaume, la foi et les œuvres de Joseph ne seront pas oubliées par
Dieu. Cette foi qu’il a est précisément celle dont nous avons besoin aujourd’hui, une foi qui
s’enflamme quand la défaite semble certaine.
Ce qu’a fait Joseph a incidemment pour effet d’attirer l’attention de Pilate sur le caractère
surnaturel de la mort de Christ. Personne ne pouvait lui ôter la vie, il l’a laissée de lui-même,
et au moment convenable, quand tout a été accompli. Pour les deux brigands, comme nous le
savons, la mort a été beaucoup plus lente ; l’agonie s’est prolongée encore pendant des heures
et elle a dû être abrégée par des moyens cruels. Pilate s’étonne, mais, après confirmation que
Jésus est déjà mort, il cède à la requête de Joseph. Ainsi s’accomplit la volonté de Dieu, et à
partir de ce moment-là, le corps saint du Seigneur est ôté des mains des incrédules. Des mains
guidées par la foi et l’amour lui rendent les derniers devoirs et le déposent dans le tombeau. Il
y a aussi des femmes, attachées au Seigneur, qui sont restées là comme témoins, alors que
même les disciples ont disparu, et elles voient où on l’a mis.

16                   Chapitre 16
L’amour et la foi, c’est évident, sont là, mais leur foi est encore lente et sans intelligence
quant à la résurrection du Seigneur. Même ces femmes dévouées ne pensent qu’à embaumer
son corps, comme le montrent les premiers versets de ce chapitre. Mais ce manque de
discernement qui les caractérise ne fait que mettre en valeur ce qu’il y a d’irréfutable dans ces
preuves, qui finalement leur imposent la conviction que le Seigneur est ressuscité. Comme le
soleil se lève, le premier jour de la semaine, elles sont au sépulcre pour découvrir seulement
que la grosse pierre qui ferme l’entrée a été roulée. Elles entrent et ne trouvent pas le corps
saint du Seigneur, mais un ange, ayant l’apparence d’un jeune homme.

Matthieu et Marc parlent d’un ange. Luc et Jean parlent de deux. Ceci ne représente, bien sûr,
aucune difficulté, puisque les anges apparaissent et disparaissent à volonté. L’ange qui
apparaît aux femmes effrayées sous la forme d’ « un jeune homme vêtu d’une robe blanche »
était apparu un peu avant aux gardiens comme quelqu’un dont l’aspect était « comme l’éclair,
et le vêtement blanc comme la neige », si bien qu’une sorte de paralysie s’était emparée
d’eux. Il apparaissait sous un aspect au monde et sous un autre tout différent aux disciples. Il
savait faire la distinction. Il savait que ces femmes cherchaient Jésus, même si elles croyaient
que Jésus était toujours dans la mort. Ignorantes, elles l’étaient. Cependant elles l’aimaient, et
cela changeait tout.

Pourtant le témoignage des anges n’a pas grand résultat sur le moment. Sans doute fait-il sur
elles une forte impression, mais celle-ci se traduit surtout par la peur, le tremblement, la
stupéfaction. Il ne produit pas cette calme assurance de la foi qui ouvre la bouche pour
témoigner aux autres. Elles ne pouvaient pas encore s’approprier ces paroles : « J’ai cru, c’est
pourquoi j’ai parlé » (Psaume 116:10 ; 2 Cor. 4:13). Bientôt elles partageront cet « esprit de
foi » qu’ont possédé Paul et le Psalmiste, mais ce sera quand elles seront personnellement
mises en contact avec le Christ ressuscité.

L’Écriture indique clairement que les anges ont un ministère à accomplir en faveur des saints,
comme en témoigne Héb. 1:14. Leur ministère, quand il s’adresse aux saints, n’est pas
fréquent, et provoque généralement une grande frayeur chez ceux qui en sont les objets,
comme c’est le cas ici. Leur message pourtant est très clair. « Il n’est pas ici » en est la partie
négative, et c’est ce que les femmes peuvent vérifier par elles-mêmes. La partie positive
c’est : « Il est ressuscité ». Cela, elles ne peuvent pas le vérifier à ce moment-là, et en
conséquence il ne semble pas qu’elles soient profondément convaincues.
Suit, aux versets 9 à 14, un bref résumé des trois apparitions marquantes du Seigneur
ressuscité, dont nous avons un récit plus détaillé dans les autres évangiles.

Il y a d’abord l’apparition à Marie de Magdala, qui nous est donnée avec tellement de détails
dans l’évangile selon Jean. Elle a été la première à voir vraiment le Seigneur ressuscité. Marc
ne permet aucun doute à ce sujet. Cela a son importance, car cela montre que le Seigneur a
d’abord pensé à celle dont le cœur est peut-être plus accablé que tout autre, parce qu’elle a
perdu le Seigneur. En d’autres termes, l’amour a les premiers droits à l’attention de Jésus. En
conséquence, elle croit vraiment et peut donc parler pour témoigner devant les autres.
Pourtant, ses paroles n’ont que peu d’effet. Les autres aiment vraiment le Seigneur, car ils
sont dans le deuil et pleurent, et la profondeur même de leur chagrin les rend insensibles à
tout témoignage qui ne les amène pas à le voir lui-même de leurs propres yeux.

Il y a ensuite son apparition aux deux qui s’en vont aux champs, ce qui nous est donné avec
tant de détails dans Luc. Ceux-là ne l’ont pas renié comme Pierre, mais ils ont tellement perdu
courage qu’ils s’en vont à la dérive, sans but, loin de Jérusalem, comme s’ils voulaient tourner
le dos à un endroit qui n’évoquait pour eux que des espoirs déçus, une perte et une
déconvenue des plus tragiques. La vue d’un Christ ressuscité leur fait faire demi-tour et les
ramène vers leurs frères avec cette bonne nouvelle. Pourtant, cela ne vient pas à bout de
l’accablement des autres, qui se refusent à croire. Et c’est une bonne chose pour nous qu’il en
ait été ainsi. La résurrection nous transporte en dehors du présent ordre de choses, et la
résurrection du Seigneur est un fait d’une portée si considérable qu’il faut absolument qu’il
soit établi par de multiples preuves irrécusables.

Troisièmement, son apparition aux onze. Il se peut fort bien que ce ne soit pas une de ces
occasions qui nous sont données de façon plus détaillée en Luc et en Jean, car il est dit :
« Comme ils étaient à table ». Prenez le récit de Luc par exemple. On conçoit mal que le
Seigneur ait demandé : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » s’ils avaient été à table.
La présence de nourriture aurait été trop évidente. Il se peut donc que ce soit une occasion qui
n’a pas été rapportée dans les autres évangiles. À cette occasion-là, il leur fait bien sentir leur
incrédulité en leur faisant des reproches, et pourtant, malgré tout, il leur confie une mission.

Il est remarquable de voir comment ces missions, qui sont rapportées dans les quatre
évangiles, différent l’une de l’autre. Ce qui nous est dit en Actes 1:3 nous amène à
comprendre pourquoi. C’est souvent, pendant les quarante jours, qu’il est apparu à ses
disciples, parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu. Évidemment, pendant cette
période, il leur a présenté leur mission selon différents points de vue, et Marc nous donne l’un
d’eux. On peut bien s’étonner qu’après avoir été obligé de leur reprocher leur incrédulité, il
les envoie prêcher l’Évangile afin que d’autres croient. Cependant, après tout, celui qui, par
dureté de cœur, s’est obstiné dans l’incrédulité est, lorsqu’il a été lui-même complètement
gagné, un précieux témoin pour d’autres.

Le champ d’application de cette mission qui est d’annoncer l’Évangile est on ne peut plus
vaste. C’est « le monde entier » et non pas seulement le petit territoire d’Israël. De plus,
l’évangile doit être prêché à « toute la création » et pas seulement aux Juifs. C’est, en d’autres
termes, pour tout le monde et partout. La bénédiction à laquelle amène cet Évangile est
spirituelle dans sa nature, car il apporte le salut quand la foi est là et qu’on se soumet au
baptême. Il ne nous faut pas transposer les mots baptisés et sauvés et dire : « Celui qui croit et
qui est sauvé sera baptisé ».
Dans aucun passage de la Parole le baptême n’est lié à la justification ou à la réconciliation,
mais il y a d’autres passages qui rattachent le baptême au salut. C’est parce que le salut est un
mot qui comprend beaucoup de choses et dont la portée inclut la délivrance pratique du
croyant, qu’il soit juif ou gentil, par rapport à tout le système de ce monde dans lequel il était
autrefois plongé. Ses liens avec le système de ce monde doivent être coupés, et le baptême
montre le fait que ces liens sont coupés, qu’il y a, en un mot, « dissociation ». Celui qui croit à
l’évangile et accepte la rupture des liens avec ce monde qui le tenait captif, est un homme
sauvé. Quelqu’un peut bien dire qu’il croit, et même le dire en vérité, cependant, s’il ne veut
pas se soumettre à cette rupture des liens d’autrefois, on ne peut pas parler de lui comme de
quelqu’un qui est sauvé. Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent, bien sûr, mais c’est
une autre question.

Quand il est question de « condamnation », le baptême n’est pas mentionné. C’est très
significatif. Cela montre sur quel terrain repose la condamnation. Même si quelqu’un est
effectivement baptisé, mais ne croit pas, il sera condamné. L’ordonnance extérieure est
prescrite par le Seigneur de façon claire, mais elle ne peut être administrée que s’il est fait
profession de foi ; et la profession, comme nous ne le savons que trop bien, n’est pas
synonyme de possession. Le salut n’est pas effectif indépendamment de la foi. Pierre peut
bien nous dire : « Le baptême vous sauve aussi maintenant » (1 Pierre 3:21), mais notez qu’il
s’agit de « vous » et que ce « vous » représente des croyants.

Les versets 17 et 18 ont fait l’objet de beaucoup de controverses acharnées. Les signes
miraculeux qui y sont mentionnés accompagnent, selon certains, ceux qui prêchent
l’Évangile, et il conviendrait qu’ils soient vus, sans restriction aucune, de nos jours. Il est
peut-être utile de faire remarquer deux ou trois points.

En premier lieu, ces signes doivent accompagner non pas ceux qui prêchent, mais ceux qui
croient.

En deuxième lieu, le Seigneur déclare que ces signes se manifesteront sans qu’il y ait de
conditions préalables pour celui qui prêche. Il n’est pas stipulé qu’il doit faire l’expérience
d’un « baptême de l’Esprit » particulier, comme on l’affirme souvent. Si des hommes croient,
ces signes les accompagneront ; c’est ce que dit le Seigneur. Tout ce qu’on pourrait déduire de
leur absence, c’est que personne n’a vraiment cru.

En troisième lieu, il y a des mots qui n’apparaissent pas dans cette déclaration, et certains,
dans leur esprit, semblent les y trouver dans la lecture qu’ils en font. Il n’est pas dit que ces
signes accompagneront tous ceux qui croient, en tout lieu et en tout temps. Si c’était le cas,
nous serions forcés d’en venir à la conclusion qu’aujourd’hui, pratiquement personne n’a cru
à l’Évangile : nous n’y avons même pas cru nous-mêmes !

Ces paroles de notre Seigneur, bien sûr, ont eu leur accomplissement. Sur les cinq signes
mentionnés, nous pouvons en indiquer quatre qui ont eu lieu et qui sont rapportés dans le livre
des Actes. Pour le cinquième, « boire quelque chose de mortel, sans que cela nuise », nous
n’avons aucun témoignage et cependant il n’y a pas l’ombre d’un doute que cela soit arrivé.
Le Seigneur a dit que cela arriverait et nous le croyons. Sa Parole nous suffit. Il donne les
signes selon son bon plaisir, et quand il voit qu’ils sont nécessaires.

Les deux versets qui terminent notre évangile sont d’une extrême beauté. Nous nous
souvenons qu’il a placé devant nous notre Seigneur sous le caractère du grand prophète qui
nous a pleinement apporté la Parole de Dieu, du parfait Serviteur qui a pleinement accompli la
volonté de Dieu. Tout a été rapporté avec une concision frappante, comme il convient à une
telle représentation de sa personne. Et maintenant, à la fin, avec la même brièveté, est placé
devant nous le terme de cette merveilleuse histoire. Le Seigneur, ayant communiqué aux
disciples tout ce qu’il désirait, « fut élevé en haut dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu ».

Sur la terre il avait été rejeté, mais il a été reçu dans le ciel. Ses œuvres sur la terre avaient
été refusées, et maintenant il s’assied à une place qui parle d’un gouvernement et d’un
pouvoir auxquels on ne saurait résister. Mais il est indiqué qu’il a été « élevé » et ainsi
l’accent est mis sur le fait que sa réception et sa séance à la droite de Dieu sont la
conséquence d’un acte de Dieu. Sur la terre le Serviteur parfait a bien pu être rejeté, mais par
l’acte souverain de Dieu, il prend cette place d’autorité, où rien n’empêchera sa main
d’accomplir le bon plaisir du Seigneur.

Le dernier verset indique dans quelle direction se déploie l’activité du Seigneur dans le temps
actuel. Il ne s’occupe pas encore de la terre rebelle pour la gouverner en justice. Il le fera
quand l’heure sonnera pour cela, selon les desseins de Dieu. Aujourd’hui, les pensées du
Seigneur sont tournées vers la propagation de l’Évangile, comme il venait de le leur dire. Ses
disciples sont bien allés prêcher sans observer ni frontières ni limites, mais la puissance qui a
rendu efficaces leurs paroles et leurs travaux était la puissance du Seigneur lui-même et non la
leur. Là-haut, de son trône élevé, il a coopéré avec eux, et leur a donné les signes qu’il avait
promis, comme cela est rapporté aux versets 17 et 18. Il a donné ces signes pour confirmer la
Parole, et cette confirmation était particulièrement nécessaire lorsque la Parole a commencé à
être proclamée.

Bien que les signes mentionnés aux versets 17 et 18 ne se voient que rarement de nos jours,
des signes accompagnent bien encore la prédication, signes du domaine moral et spirituel, des
caractères et des vies qui sont entièrement transformés. Le parfait Serviteur, à la droite de
Dieu, est toujours à l’oeuvre.

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