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souvent adéquates, mais, dans plusieurs cas, elles n’étaient pas fon-
dées sur un nouvel examen du manuscrit original, et elles ignoraient
certains aspects de la médecine indienne. Le passage qui nous inté-
resse contient la strophe 18 (= strophe 19 du texte sanskrit et de sa
traduction tibétaine, cf. Filliozat, 1979, pp. 8-9 et 91∞∞ ; Schmidt, 1978,
pp. 83-84)∞∞ : elle donne la recette d’une décoction (skr. kaÒaya-,
emprunté en tokh. B sous la forme kaÒay, PK AS 2A, a5), et son
application à des douleurs dans diverses parties du corps. Je reproduis
ici le texte du dernier vers de la stance, en séparant les mots sanskrits
du long composé∞∞ : sro∞y-aµsa-me∂hra-h®daya-stana-rukÒu peyaÌ
(peyaµ dans le manuscrit PK AS 2A, a 4) «∞∞ est à boire en cas de dou-
leurs à l’aine, à l’épaule, au pénis, au cœur et au sein∞∞ » (Filliozat,
1979, p. 91), «∞∞ soll bei Lenden-, Schulter-, Penis-, Herz- und Brust-
schmerzen getrunken werden∞∞ » (H. Schmidt, 1978, p. 83). La traduc-
tion de cette phrase en tokharien B est, selon la transcription révisée∞∞ :
PK AS 2A, a6 oñi[ne] (antsene) ts[ai]∞∞ : indrine . araµsne pis yikne
lakle wikäÒÒäµ «∞∞ elle [la décoction] fait disparaître une douleur dans
la hanche, (dans l’épaule), dans l’organe du bas-ventre, dans le cœur,
[une douleur] de cinq sortes∞∞ ». Le premier mot est sûr∞∞ : la lecture
erronée [sr]oñine par Filliozat (1948, p. 35), enregistrée dans le glos-
saire (p. 141), est malheureusement passée dans le récent dictionnaire
(Adams, 1999, p. 644)∞∞ : le mot est évidemment considéré comme un
emprunt au sanskrit. Les corrections, assez importantes, par rapport à
l’édition de Filliozat concernent aussi les autres lignes de cette feuille
(PK AS 2A = Y1), qui est constituée en fait de deux fragments rap-
prochés. Les déficiences de la première lecture étaient dues pour l’es-
sentiel à un mauvais placement du petit fragment de gauche, qui avait
été rapproché à l’excès du grand fragment de la feuille, comportant le
texte à droite du trou d’enfilage∞∞ : cette restauration erronée était en
quelque sorte officialisée par les photographies fournies avec l’édi-
tion de 1948. Ce fait invalide aussi les corrections de Sieg, qui repo-
saient sur les mêmes fac-similés∞∞ : avant indrine, il n’est plus possible
de restituer, comme il le proposait (1955, p. 65)∞∞ : (a)ts[e], avec une
variante du nom de l’épaule (B antse), à l’oblique singulier. Les
autres termes de cette énumération sont au locatif singulier, cf. oñi-
ne, indri-ne, araµs-ne. La syllabe qui précède indrine peut être lue
ts[ai], et complète l’énoncé du terme correspondant à skr. me∂hra-
«∞∞ pénis∞∞ » (MW, p. 832b)∞∞ : cette forme tsai est l’oblique singulier de
B tso «∞∞ bas-ventre∞∞ ». L’analyse d’un autre manuscrit médical (IOL
306 = StCh.00316a2) a permis de corriger le sens admis jusqu’à pré-
sent pour le substantif tso, à savoir «∞∞ pénis∞∞ » (cf. Winter, 1962,
p. 113 n. 10∞∞ ; K. T. Schmidt, 1997, pp. 247, 256∞∞∞; Adams, 1999,
p. 743). L’identification du contenu médical du texte, qui concerne
126 GEORGES-JEAN PINAULT
§2. La forme du locatif singulier tokh. B oñi-ne nous suffit pour pré-
ciser le statut morphologique de ce substantif. Rappelons qu’en
tokharien, les formes des cas «∞∞ secondaires∞∞ », à valeur concrète ou
circonstancielle, reposent sur la forme d’oblique, à laquelle sont ajou-
SANSKRIT KALYAıA- INTERPRÉTÉ À LA LUMIÈRE DES CONTACTS 127
thème *sal-i-, doublet du nom-racine *sal- «∞∞ sel∞∞ » (cf. lat. sal, salis,
gr. †lv, älóv), bien attesté par lat. sale, arm. a¥ (gén. sing. a¥i)
«∞∞ sel∞∞ », véd. sali-lá- (RV +) «∞∞ salé∞∞ », nt. «∞∞ mer, océan∞∞ » (cf. IEW,
p. 878 sq. et EWAia II, p. 712). Une explication alternative (avancée
également par Hilmarsson, 1989, pp. 90-92) consisterait à expliquer
le suffixe B –iye (ainsi que ses équivalents A –i et –e) par la recarac-
térisation du thème au moyen de l’addition de la finale flexionnelle à
la syllabe prédésinentielle, soit par ex. nom. sing. *-C-en refait, par
une sorte de réduplication, en *-C-en-en > tokh. com. *-C’äñæ(n) >
*-C’äyæ > B –iye. Les étymons possibles autorisent aussi ce scénario.
De toute façon, la relation de cette classe morphologique avec les
thèmes en nasale est indéniable.
«∞∞ coude∞∞ » (cf. gr. Ölénj, lat. ulna, arm. o¥n (gén. sing. o¥in), uln
(gén. sing. ulan), v.h.all. elina, got. aleina, v.irl. uilen, etc., voir IEW,
pp. 307-308∞∞ ; EIEC, p. 176∞∞ ; Mastrelli, 1976∞∞ ; André, 1991, pp. 91-
93) peut être maintenu, car les reflets de ce mot (peut-être dérivé
d’une racine signifiant «∞∞ courber, ployer∞∞ », cf. EWAhd II, col. 1045-
1049, avec la bibliographie antérieure) peuvent référer dans certaines
langues à des parties voisines des membres supérieurs∞∞ : «∞∞ avant-
bras∞∞ » (gr. Ölénj), «∞∞ bras∞∞ » (gr. Ölßn), «∞∞ colonne vertébrale, dos,
épaule∞∞ » (arm. o¥n), «∞∞ vertèbre dorsale, nuque, cou∞∞ » (arm. uln)∞∞ ; lat.
ulna «∞∞ aune∞∞ » fut employé pour mesurer la longueur depuis le coude
jusqu’à l’extrémité du médius, donc en intégrant la main. On conçoit
donc que le même terme ait pu désigner en tokharien la main étendue,
d’où la paume, par un phénomène de «∞∞ transfert∞∞ » vertical, selon la
même direction, dont les noms des parties du corps offrent de nom-
breux exemples (André, 1991, p. 257). Formellement, le thème
*(H)ol-en-/*(H)ol-en- (continué le plus directement par le grec et
l’arménien, cf. Lidén, 1906, pp. 127-9∞∞ ; GEW II, pp. 1146-7∞∞ ; DELG,
p. 1300∞∞ ; EWAhd II, col. 1048∞∞ ; laryngale entre parenthèses, car ne
jouant aucun rôle dans la présente démonstration) rend compte des
formes tokhariennes∞∞ : directement, si l’on reprend l’explication par
réduplication du suffixe en nasale, soit *(H)olen-en > *alyäñæ(n) >
*alyäyæ > B alyiye (cf. Hilmarsson, 1989, p. 91, voir aussi p. 92 pour
les formes de pluriel et de duel). Le premier scénario de Hilmarsson
(1987a, p. 46) consistait à poser une réfection de l’aboutissement
d’indo-eur. *(H)olen (> B *alye) sous l’influence du type en *-i-en >
*-iyen > B –iye attesté éventuellement par le nom du «∞∞ sel∞∞ », B
salyiye (voir plus haut). Dans ce cas, on aurait une analogie plus
directe si l’on reconstruit un thème élargi *ani-en pour une autre par-
tie du corps, à savoir la hanche. Quel que soit le scénario préféré,
l’appartenance de tokh. B alyiye et oñiye à la même classe flexion-
nelle n’est pas indifférente∞∞ : dans la mesure où le premier substantif
remonte à un thème indo-européen en *-en-, il a dû influencer la
réfection du radical *ani- en *ani-en-, qui référait également à une
partie du corps.
lat. anus «∞∞ anus∞∞ », par transfert figuratif à partir de «∞∞ anneau∞∞ »
(DELL, p. 37∞∞ ; André, 1991, p. 148), cf. arm. anur «∞∞ collier∞∞ », v.irl.
áinne «∞∞ anneau, bague∞∞ », même métaphore dans gr. daktúliov
«∞∞ bague∞∞ » et «∞∞ anus∞∞ » (cf. LSJ, p. 367b), cf. fr. rond, rondelle, etc.
Même en admettant qu’il ait existé un thème *ani-, doublet de ce mot
*ano- désignant un objet circulaire (IEW, p. 47), il serait très aventu-
reux de poser deux étapes supplémentaires pour le tokharien∞∞ : 1) la
même métaphore qu’en latin∞∞ ; 2) un transfert par contiguïté de l’anus
aux fesses, puis aux hanches. Les deux saillies symétriques que
constituent les hanches ne peuvent pas être conçues, et donc nom-
mées, à l’image d’un «∞∞ anneau∞∞ », d’un «∞∞ rond∞∞ ». Par conséquent,
s’agit-il d’un emprunt∞∞ ? La question n’a d’intérêt que dans la mesure
où l’on peut en identifier la source. Les mots empruntés en tokharien
proviennent le plus souvent de langues moyen-iraniennes (bactrien,
sogdien, khotanais), ou de l’indo-aryen, au stade du prakrit (gand-
hari), avec une tendance croissante à la sanskritisation∞∞ : plus les
emprunts à l’indo-aryen sont récents, plus ils reposent sur les formes
sanskrites, avec les adaptations à la phonologie tokharienne. Si l’on
se reporte à des périodes plus anciennes, on ne peut pas exclure que
le proto-tokharien, ou le tokharien commun, ait emprunté des mots à
une variété de l’ancien iranien, en particulier à une langue orientale
ou septentrionale∞∞ : des indices indirects sur l’existence de ces mots
en ancien iranien sont donnés par l’avestique et le vieux-perse, et par
leurs aboutissements dans des langues beaucoup plus récentes,
comme l’ossète (cf. Winter, 1971). Si nous cherchons des mots
proches aussi bien formellement que sémantiquement de la base
*ani-, l’enquête du côté iranien se révèle décevante. En fait, dans le
domaine indo-iranien, le seul vocable qui offre une possibilité de rap-
prochement est skr. (déjà védique) a∞í-, masc., mais dans un sens qui
n’est attesté que par les traités médicaux∞∞ : «∞∞ partie de la jambe immé-
diatement au-dessus du genou∞∞ » (PW I, col. 614∞∞ : «∞∞ der Theil des
Beins unmittelbar über dem Knie∞∞ »∞ ∞; MW, p. 134a∞∞ : «∞∞ the part of the
leg just above the knee∞∞ »). Cette définition figure dans la Susruta-
Saµhita, livre III (Sarirasthanam), chap. VI (analyse des «∞∞ points
vitaux∞∞ », marman-), §§5 et 40. Autrement dit, skr. a∞i- référait dans
la littérature médicale à une partie de la cuisse∞∞ : un rapprochement
avec un nom qui référait anciennement à la hanche est tout à fait
acceptable, selon le processus de transfert de haut en bas, illustré jus-
tement par fr. cuisse en regard de lat. coxa «∞∞ hanche∞∞ » (cf. André,
1991, p. 257), passé tardivement (VIe siècle ap. J.-C.) au sens de
«∞∞ cuisse∞∞ ». Voyons comment on peut expliquer ce rapprochement,
satisfaisant pour le sens, entre tokharien et sanskrit. Sur le plan pho-
nétique, il est exclu de voir dans la base *ani- du mot tokh. B oñiye*
SANSKRIT KALYAıA- INTERPRÉTÉ À LA LUMIÈRE DES CONTACTS 131
bras, aune, coude∞∞ », v.angl. eln, all. mod. Elle, got. aleina (germ.
*alino à côté de *alino), lat. ulna, gr. Ölénj, Ölßn (gén. sing.
-énov), formes thématisées *Öln-o- dans la glose d’Hésychius éol.
√llon, *Ölen-o- /*ôlen-o- dissimilés dans Ölékranon, ôlékra-
non «∞∞ tête de l’os cubitus, pointe du coude, coude∞∞ » et dans d’autres
langues, les mots déjà cités plus haut (§3). Le rattachement de skr.
a∞i- a d’abord été proposé (cf. Fortunatov, 1881, p. 216) par l’inter-
médiaire du sens anatomique et de l’emploi comme «∞∞ angle d’une
maison∞∞ », tous les mots apparentés se trouvant reliés par la notion
commune de «∞∞ courbure∞∞ » (all. Bug, cf. Ellen-bogen, angl. elbow,
v.angl. elnboga < *alino-bugon). Le rapprochement fut complété par
Fick (1883, p. 95), au moyen de v.h.all. lun «∞∞ esse, cheville d’es-
sieu∞∞ », v. sax. lunisa, all. mod. Lünse, v.angl. lynes (d’où angl. linch-
pin), qui permettait de rendre compte aussi de l’emploi de véd. a∞í-
pour désigner la même partie du char. De fait, à l’intérieur du germa-
nique, les groupes représentés respectivement par all. Elle et Lünse
sont toujours considérés comme apparentés (cf. Kluge-Mitzka, pp.
163 et 450∞∞ ; Kluge-Seebold, pp. 217-8 et 528∞∞ ; EWAhd II, col. 1046).
Parallèlement, en indo-aryen ancien, on croyait pouvoir établir une
relation entre véd. a∞í- et le substantif qui signifie incontestablement
«∞∞ coude∞∞ », véd. aratní- masc. (RV +), avec des correspondants en
iranien, av. duel ar¢‡nÇ, v. perse ar(a)snis, khot. arniñe, pers. mod.
aran(j), etc. (cf. KEWAi I, p. 47∞∞ ; EWAia I, p. 109). Cet ensemble de
dérivés se rattache très probablement au même radical que le thème
en *-en- continué par les autres langues, mais avec un élargissement
en dentale∞∞ : *(H)ol-tn- reflété par l’iranien, et sans doute *(H)ol-∞-tn-
comme base de véd. aratní- (cf. EWAhd II, col. 1047∞∞ ; implicitement,
AiGr II/2, §510, p. 696∞∞ ; un peu différemment, Szemerényi, 1967, p.
199, qui pose un thème *(H)ol-∞t-). Quant au substantif a∞í-, il est
reconstruit comme *(H)ol-n-i- ou *(H)ol-n-i- (dans une notation
actuelle), selon que l’évolution phonétique s’est accompagnée – ou
non – d’un allongement compensatoire∞∞ ; notons en passant que le
timbre /e/ ne serait pas exclu en théorie, mais qu’il s’impose moins
que le timbre /o/ reflété par les termes considérés comme apparentés
dans les autres langues. Avec des nuances, cette interprétation de véd.
a∞í- est entrée dans tous les dictionnaires étymologiques (Uhlenbeck,
p. 20∞∞ ; WP I, pp. 70, 157∞∞∞; LEW II, p. 812∞∞ ; IEW, p. 308∞∞∞; KEWAi I,
p. 72∞∞ ; EWAhd II, col. 1046). Dans son second dictionnaire, Mayrho-
fer semble plus hésitant (EWAia I, pp. 161-2), et déclare le mot
comme «∞∞ problématique∞∞ ». La tradition philologique sur ce terme fut
également liée aux discussions sur la loi de Fortunatov∞∞ : de fait, le
mot figure en bonne place dans l’article déjà cité (1881) où le lin-
guiste russe a énoncé cette loi, qui revient à expliquer une partie des
134 GEORGES-JEAN PINAULT
I, p. 35∞∞ : «∞∞ Glückbringender∞∞ »), car il est dit par ailleurs qu’Agni, le
feu divinisé, est «∞∞ beau∞∞ » à voir (e.g. subhrá-, aussi au vocatif sing.
en V.5.4c, vápuÒ- en I.141.2a, VIII.19.11a, darsatá- en I.144.7c,
III.1.3c, III.2.15c, III.10.6c, V.56.7b, VI.1.3c, VIII.74.5b, etc.). En
partant de «∞∞ beau (belle) à voir∞∞ », par l’intermédiaire du sens élargi,
non exclusivement physique, «∞∞ agréable, aimable, plaisant∞∞ », on est
passé, mais seulement en védique ultérieur, à «∞∞ bon, heureux, pro-
pice∞∞ », avec application au domaine moral (Oldenberg, 1918, p. 54).
Si un consensus s’est réalisé sur l’aspect sémantique, la difficulté
essentielle de ce mot réside dans le fait que la nasale de sa dernière
syllabe ne peut se rattacher à aucun type de suffixation connu. En
prenant pour point de départ le féminin kalya∞2-, E. Leumann (1893)
a proposé d’identifier sa dérivation à celle des noms propres féminins
en -ani-∞∞ : ceux-ci sont dérivés de noms propres masculins, théonymes
ou anthroponymes, e.g. indra∞2- «∞∞ épouse d’Indra∞∞ » en regard du
nom propre índra-, varu∞an2- en regard de váru∞a-∞∞ ; purukútsani- en
regard de purukútsa-, mudgal0ni- en regard de múdgala-∞∞ ; le suffixe
a servi aussi à former des noms de génies ou de déités secondaires à
partir d’appellatifs, cf. ara∞yan2- «∞∞ Dame de la forêt∞∞ » (ára∞ya-),
urj0ni- «∞∞ génie de la vigueur∞∞ » (4rj-). En dehors de ce dernier
exemple, la plupart de ces féminins ont pour base un nom thématique
(thème en –a-)∞∞ : c’est l’effet de l’extension de la coalescence des suf-
fixes (*-a-ani-) dans les noms les plus fréquents. Cette formation pro-
ductive est restée vivante en indo-aryen (AiGr II/2, §164, pp. 279-
81). Elle signifie littéralement «∞∞ celle de N∞∞ » («∞∞ celle d’Indra, celle
de Mudgala, celle de la forêt∞∞ »). La formation est le plus souvent
dérivée de noms thématiques, mais il est probable que cette associa-
tion est secondaire. Le suffixe complexe peut être reconstruit comme
la recaractérisation comme féminin au moyen du suffixe -i- (< *-iH2-)
d’une formation à nasale remontant à *-on-, dont il existe d’autres
reflets dans des noms féminins d’autres langues (cf. depuis Dunkel,
1991, pp. 20-25). Leumann reconstruisait un thème *kalyan-, qui
serait le dérivé d’un adjectif kalya-, apparenté à gr. kalóv «∞∞ beau,
bon∞∞ » (1893, p. 309, repris en 1907, p. 59∞∞ : kalya∞2- serait littérale-
ment «∞∞ eine Schönheit∞∞ »). Cette hypothèse n’était pas convaincante,
car 1) le suffixe -ani- fournit des féminins à des substantifs, et non à
des adjectifs, et 2) il relève de la flexion de type dev2- «∞∞ déesse∞∞ »
(nominatif sing. sans désinence, suffixe alternant -i-/-ya-), alors que
kalya∞2- suit la flexion du type v®k2- «∞∞ louve∞∞ » (nominatif sing. avec
désinence *-s, suffixe non alternant), cf. nom. sg. kalya∞2Ì (RV
III.53.6b), plur. kalya∞(í)yaÌ (IV.58.8b). Les formes du type dev2-
apparaissent plus tard (dans l’AV, cf. AiGr III, §88e, p. 174 et Zehn-
der, 1999, p. 147), conformément à la confusion des deux flexions et
SANSKRIT KALYAıA- INTERPRÉTÉ À LA LUMIÈRE DES CONTACTS 137
jaghána- masc. (RV +) «∞∞ postérieur∞∞ » (cf. EWAia I, p. 563∞∞ : «∞∞ Hin-
terbacke, Hinterteil, Schamgegend∞∞ »), avec son dérivé jaghána-
«∞∞ hanche, fesse∞∞ ». On trouve ce dernier dans le composé féminin
p®thu-jaghana-, employé par Indra pour célébrer la beauté du corps
de son épouse, Indra∞i, dans le célèbre hymne dialogué, dit de
V®Òakapi, à côté d’autres adjectifs composés pour d’autres parties du
corps, RV X.86.8∞∞ : «∞∞ Femme aux beaux bras (subaho), aux beaux
doigts (s(u)vangure), aux larges tresses (p®thuÒ†o), aux larges hanches
(p®thujaghane), pourquoi, femme d’un héros, t’en prends-tu si vio-
lemment à notre V®Òakapi∞∞ ?∞ ∞» (modification de la traduction de
Renou, HSV, p. 93, pour rendre littéralement p®thú- «∞∞ large∞∞ »). Le
discours d’Indra, qui s’adresse ici à une déesse conçue à l’image
d’une reine, n’a rien de vulgaire ou d’obscène. Les épithètes
employées appartiennent au style de la haute poésie, et trouvent des
parallèles dans les composés mélioratifs de la diction homérique
(Thieme, 1985, p. 244). Le «∞∞ postérieur∞∞ » est la partie du corps de la
femme qui est associée symboliquement à la fécondité (cf. Jamison,
1996, pp. 41-42 et 79 pour la traduction de cette strophe dans le cadre
d’une interprétation générale de l’arrière-plan rituel de l’hymne
X.86). Aux deux hanches (forme à restituer en jaghána) sont compa-
rées les deux meules du pressoir en RV X.28.2, par analogie avec les
organes génitaux. En AV XIV.1.36, dans un hymne nuptial, le poète
prie les dieux d’accorder à l’épousée la splendeur du jaghána- carac-
téristique d’une «∞∞ grande femme nue∞∞ » (maha-nagn2-), d’une courti-
sane. Le composé p®thú-sro∞i- «∞∞ broad about the hips∞∞ » apparaît
dans le SB (I.2.5.16, III.5.1.11) pour décrire une femme bien faite,
modèle de l’autel sacrificiel (la vedi-)∞∞ : «∞∞ s’élargissant par derrière,
amincie au milieu et large en avant∞∞ », Davantage∞∞ : nous pouvons
retrouver en indo-aryen ancien une «∞∞ traduction∞∞ » littérale de
l’épithète kalya∞2-∞∞ : Thieme a proposé (loc. laud.) gr. kallípugov
«∞∞ aux belles fesses∞∞ » comme équivalent de p®thu-jaghana- en RV
X.86.8b∞∞ ; la même idée est exprimée par le composé su-jaghaná-
(TS, etc., jusqu’en sanskrit classique) «∞∞ having beautiful hips∞∞ » (MW,
p. 1223b). Nous savons (voir les références, fin du §1) que le terme
qui réfère habituellement, et de manière précise, aux hanches est
sró∞i-, duel sró∞i (RV et bien attesté dans l’AV). Or, il existe un
composé, synonyme de su-jaghaná-, su-sro∞i- (attesté plus tard,
MBh), que les auteurs du premier dictionnaire occidental du sanskrit
traduisaient justement par kallípugov (PW VII, col. 1138, repris par
MW, p. 1237b). La convergence des avis de ces géants de l’indologie
est digne d’être exploitée. La segmentation du terme *kali- «∞∞ beau,
bon∞∞ » dans kalya∞2-, à la suite de Wackernagel, isole un adjectif
obsolète en indo-aryen, dont le correspondant supposé en grec ancien,
144 GEORGES-JEAN PINAULT
§12. Nous avons écarté plus haut (§4), pour des raisons de chrono-
logie des développements phonétiques et de vraisemblance histo-
rique, un emprunt de tokh. B oñiye* à l’indo-aryen, ancien ou
moyen. Mais il n’est pas question de remplacer cette hypothèse par
celle d’un emprunt de l’indo-aryen à une phase archaïque du tokha-
rien. De toute façon, la structure du mot *a∞i- (ou *ani-) le dénonce
comme non indo-européen. En fait, une autre hypothèse doit être
sérieusement envisagée∞∞∞: des emprunts indépendants du proto-indo-
SANSKRIT KALYAıA- INTERPRÉTÉ À LA LUMIÈRE DES CONTACTS 149
cès∞∞∞: il est plus probable que la culture des steppes s’est enrichie et
modifiée dans les rapports avec cette civilisation sédentaire et com-
merçante, pratiquant l’irrigation (cf. Mallory, 1998). La civilisation
bactro-margienne serait l’espace intermédiaire par lequel sont pas-
sés les Indo-Aryens, et avec lequel les ancêtres des Tokhariens ont
pu aussi entrer en contact, au cours de l’âge du Bronze. Des travaux
très récents suggèrent qu’aux langues donatrices de mots empruntés
en indo-aryen ancien et/ou en iranien ancien, voire déjà au stade
indo-iranien, il faudrait ajouter une langue (ou des langues) d’Asie
Centrale (cf. Witzel, 1999, p. 342 et 2000, p. 288) et que cette
source lexicale pourrait relever de l’aire du BMAC. Lubotsky a
dressé (2001, pp. 310-315) une liste de mots de l’indo-aryen ancien
qui ont des correspondants en iranien ancien, et qui peuvent donc
être reconstruits pour l’indo-iranien, mais qui ne sont pas d’origine
indo-européenne∞∞∞: des particularités de phonétisme et de structure
morphologique s’ajoutent au fait qu’ils n’ont pas de correspondants
directs dans d’autres langues indo-européennes. Lubotsky propose
d’appeler cet ensemble lexical le «∞∞∞substrat indo-iranien∞∞∞», et
considère (2001, p. 308) qu’un bon nombre de ces mots auraient pu
être empruntés à la civilisation urbaine du BMAC.
Cette idée peut s’appuyer sur au moins un exemple assez plau-
sible, qui a déjà été relevé (Witzel, loc. cit.∞∞∞; Lubotsky, 2001,
p. 311), et que j’ai discuté en détail dans une étude récente (2002,
pp. 327-331). Un groupe de mots de l’iranien et de l’indo-aryen
repose sur une base *ist(i)- qui n’a pas d’étymologie indo-euro-
péenne∞∞∞; ils désignent des objets fabriqués en argile∞∞∞: v.perse isti-,
m. perse et persan mod. xist «∞∞∞brique∞∞∞», av. réc. istiia- nt. «∞∞∞tuile,
brique∞∞∞», composé z¢moistuua- nt. «∞∞∞brique d’argile∞∞∞»∞∞∞; véd. íÒ†aka-
fém. «∞∞∞brique crue∞∞∞», doublet iÒ†ika- (CDIAL no 1600, p. 72∞∞∞;
EWAia I, p. 201). En tokharien, on trouve B iscem «∞∞∞argile∞∞∞» (déjà
rapproché des mots précédents par Van Windekens, 1976, pp. 184-
5), adjectif dérivé iscemaÒÒe «∞∞∞fait en argile∞∞∞». J’ai proposé d’ajou-
ter tokh. B iscake* (noté iÒcake dans un fragment bilingue tokh.
B/sanskrit conservé à St. Petersburg), qui désigne «∞∞∞une sorte d’ar-
gile∞∞∞» (contenant de l’alun), et qui présuppose une forme *isc∞∞∞:
celle-ci serait l’oblique sing. solidaire d’un nominatif sing. *isce, flé-
chi selon le type de meñe «∞∞∞mois∞∞∞»∞∞∞: obl. sing. meñ, asce∞∞∞: as(c)
«∞∞∞tête∞∞∞», etc. (classe V.2, cf. TEB I, p. 130 sq.). Cette forme se dis-
simule derrière iscem, qui est en fait un dérivé inverse de l’adjectif
isce-maÒÒe, avec un suffixe complexe connu par ailleurs. De plus,
l’équivalent de tokh. B *isce∞∞∞: *isc en tokh. A serait *isäc∞∞∞: ce mot
fut emprunté par le turc ancien sous la forme prévisible isic ou äsic,
qui désigne par synecdoque un pot, une marmite en terre. Le mot
SANSKRIT KALYAıA- INTERPRÉTÉ À LA LUMIÈRE DES CONTACTS 151
Georges-Jean Pinault
EPHE, Sciences historiques et philologiques
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(CNRS, Paris), qui m’a donné fort obligeamment d’autres informations utiles
sur les problèmes archéologiques.
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Körperteilbezeichnungen zur Benennung der Teile des Streitwagens.
Das Adjektiv aind. kaly0∞a-, welches im Grunde “∞∞ schön∞∞ ” bedeutet,
wurde von Wackernagel als ein altes Kompositum erklärt, das “∞∞ mit
schönen Ellbogen, schönarmig∞∞ ” bedeuten dürfte. Eine andere Deu-
tung, als *kaly-a∞i- “∞∞ mit schönen Hüften∞∞ ” (= su-sro∞i-), wird vor-
geschlagen, im Einklang mit der indischen Anschauung der weibli-
chen Schönheit. Der Ausgangspunkt war das Femininum kalya∞2-,
das dieses Kompositum *kaly-a∞i- widerspiegelt, und das Maskuli-
num wurde retrograd davon gebildet. In diesem Kompositum ist das
erste Glied *kal-i- vom Indogermanischen ererbt, aber das zweite
Glied stammt vermutlich von einer nicht-indogermanischen Sprache
aus Zentralasien∞∞ : *a∞i- (bzw. *ani-) “∞∞ Hüfte∞∞ ” wurde in unabhängi-
ger Weise von den Indoarien und von den Tocharen entlehnt.