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UE Psy 111 : HISTOIRE DE LA
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines
*********** PSYCHOLOGIE
Département de Psychologie
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[Travaux Dirigés no 1]
Introduction
Pour comprendre l’état actuel d’une discipline, les questions qu’elle se pose, la manière dont elle
se les pose et tente d’y répondre, il faut en connaître l’historique.
La psychologie scientifique est née au milieu du XIX ème siècle bien après les autres sciences
naturelles. Comme celles-ci avant elle, il a fallu vaincre les barrières religieuses mais du temps
supplémentaire fut également nécessaire pour considérer l’homme, c’est-à-dire soi-même,
comme un objet d’étude, ou plutô t, un animal d’étude. Il a fallu des génies à la forte personnalité,
comme Francis Bacon (1561-1626) en Angleterre, Galileo Galilée (1564-1642) en Italie, René
Descartes (1596-1650) en France, Charles Darwin (1809-1882) en Angleterre, Sigmund Freud
(1856-1939) en Allemagne, John Broadus Watson (1878-1958) aux USA, pour imposer contre
l’opinion courante un regard objectif sur l’esprit humain et pour appliquer à cette étude les
méthodes scientifiques de la chimie et de la physiologie. Nous verrons que deux millénaires
séparent cette psychologie des penseurs philosophes grecs de la psychologie d’aujourd’hui, et
dans cette longue histoire, la psychologie scientifique n’occupe qu’un temps très court, un peu
plus d’un siècle.
3) Quelles sont les grands courants de pensée qui ont émaillés son évolution ?
En résumé :
1. Définition
Le mot « Psychologie » est dérivé du nom grec « psyché » = â me et du mot « logos » = discours,
science. Aujourd’hui, il est entendu que c’est l’étude scientifique du comportement et des
processus ou mécanismes mentaux : la perception, la mémoire, le langage, l’intelligence…
Après avoir été créé à l’époque de la Renaissance (entre le XIV ème et le XVIème siècle), le mot «
psychologie » n’apparaît vraiment qu’au XVIIIe siècle. De nombreux auteurs considèrent qu’il est
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introduit par le philosophe allemand Christian Wolff (1679-1754) dans deux de ses ouvrages
Psychologia empirica (1732) qui traite de l’étude empirique des manifestations de l’â me par
opposition à la psychologia rationalis (1734) qui a pour objet l’essence de l’â me (l’immortalité,
la relation avec dieu…).
Trois grandes périodes historiques durant lesquelles l’objet de la psychologie a évolué pour
être différent peuvent être distinguées.
Quoique le mot « psychologie » lui-même n’existâ t pas encore, l’intérêt pour les choses de
l’esprit remonte à très loin dans l’histoire car il est lié à celui de la philosophie, dont l’origine est
attribuée à Pythagore (VIème siècle av. J.-C.).
En effet, dans les temps anciens, la philosophie englobait toutes les connaissances de sorte que
certains penseurs étaient autant savants que philosophes. Un certain nombre d’auteurs ont
dominé cette période de l’histoire de la psychologie.
Les philosophes et savants grecs Platon (v. 428-347 av. J.-C.) et Aristote (v. 384-322 av. J.-
C.) ;
Le philosophe, mathématicien et physicien français René Descartes (1596-1650) ;
Aristote, successeur de Platon est quant à lui l’ancêtre de l’empirisme et de la science moderne. Il
rejette la théorie de la réminiscence et pense que nos idées viennent de la perception et de
l’entendement (intelligence). Il ne croit pas à une âme distincte du corps, pour lui : « Si l’œil était
un être vivant, la vue serait son â me » (De anima, cit. Mueller, 1968 p. 64), anticipant ainsi la
conception actuelle selon laquelle l’esprit est produit par le cerveau. Dans son livre, De la
mémoire et de la réminiscence, le seul livre grec sur la mémoire qui ait été conservé jusqu’à nos
jours, Aristote développe en peu de pages des idées en avance sur son époque :
Les associations : il pense que : « … les hommes passent facilement d’un point au point
suivant : de l’air à l’humidité, après quoi on se rappelle de l’automne, à supposer que l’on
essaie de se rappeler cette saison ». Il énonce les trois mécanismes des associations et
pose que pour arriver au souvenir, il faut partir de « quelque chose de semblable, ou de
contraire ou d’étroitement lié ». Ces principes ont été repris des siècles plus tard par les
associationnistes anglais sous la forme des trois lois fondamentales de l’association : la
similitude, le contraste et la contiguïté.
Philosophe, mathématicien et physicien, bien que croyant en l’â me comme ses contemporains,
Descartes fournit des explications très matérialistes en représentant l’homme comme animé par
des esprits animaux (ce que nous nommons aujourd’hui neurotransmetteurs).
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Dans son ouvrage, Discours de la Méthode (1637), Descartes préconise de n'admettre en sciences
que la raison. Il veut tirer toute vérité de la méditation du moi, c’est-à-dire de l’âme, sans
recourir à aucune aide externe, ni de l'autorité, ni de la tradition, ni de l'objet d'expérience.
Pour lui, les idées ne sont pas révélées mais le fruit de la raison. Elles sont innées puisque
d’origine divine (l’homme qui déraisonne ne peut qu’être un possédé). Le moi, c'est-à-dire l'â me,
par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps (dualisme). La raison est la
seule chose qui nous distingue des bêtes.
L’empirisme est un courant philosophique selon lequel l’esprit qui est vierge à la naissance et se
construit à travers l’expérience et les apprentissages. L’associationnisme stipule quant à lui que
les mots, les idées sont connectés entre eux et se déclenchent les uns les autres. Les images, les
idées, ne sont pas enregistrées en désordre mais associées entre elles, d’où les expressions «
association d’idées », « le fil de la pensée ».
Thomas Hobbes (1588-1679) : Dans The Leviathan (1660), il pose que toute
connaissance vient de l’extérieur, il n’existe pas d’idées innées. Les sens sont mis en
mouvement à partir d'une excitation extérieure, mouvement transmis au cerveau et au
cœur, d'où part un mouvement en sens inverse, dont le début est la sensation.
John Locke (1632-1704) – Dans un ouvrage de 1690, Essay concerning Human
Understanding, il affirme que les idées résultent des sensations que nous éprouvons.
Elles se combinent entre elles pour donner des idées plus générales, par un seul
mécanisme, l'association.
David Hume (1711-1776) – Dans A Treatise of Human Nature (1739), il explicite les lois
de l’association :
la ressemblance ;
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Pendant cette longue période, la psychologie qui peut être qualifiée de « philosophique » a pour
objet, l’étude de l’â me et de ses manifestations. En cela, elle est limitée par trois caractéristiques
essentielles qui l’empêcheront de devenir scientifique : elle est subjective, n’a pas d’objectif de
mesure et elle ne concerne que l’homme :
La psychologie philosophique est subjective, car le philosophe édifie son savoir principalement par
l’introspection, c’est-à-dire en analysant son propre esprit ou prêtant aux gens la capacité de
s’analyser en les interrogeant sur leurs mécanismes mentaux ; il n’y a pas de preuves basées sur
des faits observables. La méthode introspective a amené quelques bonnes hypothèses,
notamment chez Bergson sur la Mémoire mais a souvent conduit à des erreurs : qui peut deviner
le nombre de mouvements oculaires par seconde ou que notre vision des couleurs est une
combinaison de trois couleurs fondamentales ;
La mesure est absente : l’analyse intuitive alors à la mode ne permet pas de mesurer les
phénomènes mentaux ce qui empêche toute vérification précise.
La psychologie philosophique ne concerne que l’homme : dans la philosophie antique, l’â me pouvait
être un attribut non humain, Aristote pense qu’un ver de terre ou une grenouille ont autant
d’âme qu’un empereur : « Une grenouille vaut Alexandre. » C’est sous l’influence de la religion
judéo-chrétienne que l’âme devient une particularité spécifiquement humaine. La philosophie
comme « connaissance de l’âme » exclut cette fois l’animal. On ne peut faire appel à
l’introspection de l’animal pour l’étudier. Seuls quelques fabulistes, É sope dans l’Antiquité, La
Fontaine sous le règne de Louis XIV et Walt Disney au XX ème siècle prêteront une psychologie à
nos cousins les animaux. Il faudra l’avènement d’une psychologie objective pour étendre les
méthodes d’étude et de mesure à l’animal.