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PSI - Lycée Bellevue Électronique - chap.

II
Physique L’amplificateur opérationnel

Électronique - chap.II
L’amplificateur opérationnel

En électronique, il est souvent nécessaire d’amplifier des signaux. En effet au niveau des antennes de
réception (poste de radio ou antenne de radioastronomie), il n’est pas rare que la puissance des signaux
détectés atteigne 10−11 à 10−12 W. Un étage d’amplification est alors indispensable pour pouvoir traiter
et/ou mesurer précisément ces signaux. Bien évidemment, l’amplification n’est possible que si de l’énergie
est prélevée à des sources d’énergie externes (secteur ou batteries).
Il existe différentes solutions pour amplifier un signal électrique. En électronique, la plupart des com-
posants réalisant une amplification reposent sur l’utilisation du transistor, mis au point en 1947. En
particulier, nous nous intéresserons à l’amplificateur opérationnel, qui permet non seulement d’amplifier
des signaux mais aussi, comme son nom l’indique, d’effectuer des opérations sur les signaux. Nous décrirons
son fonctionnement, sa modélisation électrique ainsi que son utilisation dans quelques montages de base.

I L’amplificateur opérationnel
I.1. Présentation
Comme le montre la figure 1, un amplificateur est un composant complexe, constitué de nombreux
composants passifs (résistances et condensateurs) mais aussi de composants actifs (transistors). De nos
jours, quel que soit le modèle, l’encombrement d’un amplificateur opérationnel est minime (voir figure 2).

Figure 1 – Schéma électrique d’un amplificateur opérationnel (AOµA741)

Vu de l’extérieur, l’amplificateur opérationnel (noté A.O.) est un composant électronique comportant


plusieurs bornes de connexion :
⋆ deux bornes d’entrée. Les deux bornes d’entrée ne jouent pas un rôle symétrique. L’une des bornes,
notée −, est appelée entrée inverseuse tandis que l’autre borne, notée +, est appelée entrée
non-inverseuse ;
⋆ une borne de sortie ;

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Figure 2 – Différents modèles d’amplificateur opérationnel.

⋆ trois bornes d’alimentation, que l’on relie aux bornes (Vcc+ , 0, −Vcc−) d’une alimentation continue
externe. On choisit généralement une alimentation symétrique telle que Vcc+ = 15 V et −Vcc− = −15 V ;
⋆ parfois des bornes de réglage externe.
Remarque
Un amplificateur opérationnel ne fonctionne que s’il est alimenté en énergie : c’est un composant
actif.
Les représentations normalisées d’un amplificateur opérationnel, indiquées sur la figure 3, ne
font généralement pas apparaître les bornes d’alimentation et les bornes de réglage.

+ +

− −

Figure 3 – Représentations conventionnelles d’un amplificateur opérationnel.

I.2. Caractéristique statique de l’amplificateur opérationnel


L’origine des potentiels étant fixée, notons :
⋆ Vs la tension à la sortie de l’amplificateur opérationnel ;
⋆ V + le potentiel de la borne non-inverseuse ;
⋆ V − le potentiel de la borne inverseuse.
On appelle ε = V + − V − la différence de potentiel entre les deux entrées (voir figure 4).
L’amplificateur opérationnel est un composant qui, à une entrée ε = V + − V − associe une tension
de sortie Vs . La caractéristique Vs = f (ε) d’un amplificateur opérationnel, obtenue en régime lentement
variable et pour is = 0 (sortie ouverte), est représentée sur la figure 5.

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i+
+ is
ε −
i
+ −
V
Vs
V−

Figure 4 –
Vs

SATURATION
+Vsat
RÉGIME
LINÉAIRE
Vs = µ 0 ε

−ε′sat
ε =V+−V−
0 εsat


−Vsat
SATURATION

Figure 5 – Caractéristique statique d’un amplificateur opérationnel.

Propriété
En régime statique et en sortie ouverte (is = 0), un amplificateur opérationnel
possède trois modes de fonctionnement :

Un fonctionnement linéaire Vs = µ0 ε = µ0 (V + − V − ). L’amplificateur


opérationnel joue alors le rôle d’amplificateur de différence et µ0 ≈ 105
est appelé gain différentiel. Le fonctionnement linéaire n’est valable que
pour −Vsat ≤ Vs ≤ Vsat ;


Une saturation négative Vs = −Vsat . On a alors ε ≤ −ε′sat ;

Une saturation positive Vs = Vsat . On a alors ε ≥ ε′sat .

Remarque

Dans la pratique, Vsat ≈ Vsat (et par conséquent ε′ ≈ ε). Si l’amplificateur opérationnel est
alimenté par une tension stabilisée +15 V/ − 15 V, on aura généralement 12 V ≤ Vsat ≤ 15 V.

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I.3. Modèle équivalent en régime statique


Entre les bornes inverseuse et non-inverseuse, l’amplificateur opérationnel est assimilable, en régime
statique, à une résistance d’entrée RE de l’ordre de 106 Ω , appelée résistance d’entrée différentielle.
La sortie de l’amplificateur opérationnel est équivalente, en régime statique, à un dipôle de Thevenin
constitué :
⋆ d’une résistance de sortie Rs ≈ 50 Ω ;
⋆ d’une source idéale de tension, de f.e.m. µ0 ε. Cette source est une source liée puisque sa f.e.m. est
proportionnelle à la tension différentielle d’entrée.
Ainsi, en régime statique (ou aux très basses fréquences), il est possible de modéliser l’amplificateur
opérationnel par le schéma de la figure 6.
Propriété
Aux basses fréquences, l’amplificateur opérationnel réel est caractérisé :
⋆ par un gain différentiel fini µ0 ≃ 105 ;
⋆ par une impédance d’entrée réelle et très grande (Re ≃ 106 Ω) ;
⋆ par une impédance de sortie réelle et très faible (Rs ≃ 50 Ω).

iµs
ε Re Rs
µ0 ε
− Vs

Figure 6 – Modélisation basse fréquence d’un amplificateur opérationnel.

Remarque
Il existe aussi une saturation en courant ! L’intensité iµs du courant de sortie ne peut pas
Vsat 12, 5
dépasser une valeur maximale iµs,max = ≃ ≃ 25 mA.
Rs 50

Remarque
Lorsque la saturation en courant est atteinte, la caractéristique de l’A.O. (figure 5) et sa mo-
délisation statique sont modifiées.

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II Le modèle de l’amplificateur opérationnel idéal


II.1. Définition
Compte-tenu des ordres de grandeur, la valeur de la résistance d’entrée Re ≈ 106 Ω est grande devant
les résistances généralement utilisées dans les circuits électriques, de l’ordre de quelques kΩ . On pourra
donc supposer Re infinie.
De la même manière Rs ≈ 50 Ω est suffisamment faible devant les résistances utilisées pour suppo-
ser Rs ≈ 0.
Enfin µ0 = 105 est très grand. La caractéristique de l’A.O. en régime linéaire correspond donc à une
droite quasiment verticale : le régime linéaire est caractérisé par ε ≈ 0.
Ces trois approximations constituent le modèle de l’amplificateur opérationnel idéal.

Définition :

Un amplificateur opérationnel idéal (ou parfait) est caractérisé par les


propriétés suivantes :

1. Les résistances d’entrée sont infinies Re± → ∞. On en déduit que les


courants de polarisation sont nuls i+ = i− = 0.

2. Une résistance de sortie nulle Rs = 0. On en déduit que la tension


de sortie Vs est indépendante du courant de sortie iµs .

3. Le gain différentiel statique est infini µ0 → ∞. En régime li-


néaire |Vs | = µ0 |ε| ≤ Vsat ⇒ ε = 0 : le régime linéaire est caractérisé
par ε = 0 soit V + = V − .

i+= 0
+ is
ε=0 −
i =0 + ∞

Vs indépendant de is −
V += V −

Figure 7 – L’amplificateur opérationnel idéal en régime linéaire (à gauche). À droite, représentation


conventionnelle d’un amplificateur opérationnel idéal. Noter le symbole infini.

La caractéristique d’un amplificateur opérationnel idéal est représentée sur la figure 8. Ses propriétés
en régime linéaire sont résumées sur la figure 7.
Remarque
En régime linéaire, la valeur de Vs est a priori quelconque. Nous verrons qu’elle est en fait fixée
par le circuit extérieur.

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Vs

SATURATION
+Vsat
RÉGIME
LINÉAIRE

ε =V+−V−
0


−Vsat
SATURATION

Figure 8 – Caractéristique statique d’un amplificateur opérationnel idéal en sortie ouverte.

II.2. Application au montage suiveur


a) Principe
::::::::::

Considérons le montage de la figure 9 où l’amplificateur opérationnel est supposé parfait.

En régime linéaire , les bornes + et − sont au même potentiel de sorte que ε = V + − V − = 0.


Comme V + = Ve et V − = Vs , on a Vs = Ve . Ce fonctionnement est valable tant que |Vs | ≤ Vsat ,
soit |Ve | ≤ Vsat .

Le régime saturé est atteint lorsque Vs = Ve = Vsat ou Vs = Ve = −Vsat .

Le montage de la figure 9 est appelé montage suiveur car



Vs = Ve pour − Vsat < Ve < Vsat

Ve

Vs

Figure 9 – Montage suiveur

b) ::::::::
Intérêt:::::::::::
pratique ::::
du :::::::::
suiveur
On souhaite alimenter un circuit d’utilisation, modélisé par une résistance de charge Ru = 10 Ω , par
un générateur de Thévenin, constitué d’une f.e.m. Eg et d’une résistance Rg = 50 Ω.
Le circuit d’utilisation doit fonctionner sous la tension constante Eg .

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Rg

Eg Ru Vs

Figure 10 –

Si la charge est branchée directement sur l’alimentation (voir figure 10), la tension à ses bornes vaut

Ru Eg
Vs = Eg ⇒
Ru + Rg 6

Le signal est donc atténué et plus sensible aux parasites.


Plaçons un suiveur entre les deux circuits (voir figure 11), l’amplificateur opérationnel étant idéal. Les
courants de polarisation étant nuls, on aura

Ve = Eg − Rg i+ = Eg et Vs = Eg (à condition que Eg ≤ Vsat )

Le circuit d’utilisation est alors alimenté à tension constante, égale à la f.e.m. du générateur.

Rg +


Eg Ve
Vs Ru

Circuit d’alimentation Circuit d’utilisation

Figure 11 – Le montage suiveur assure une adaptation d’impédance en découplant les circuits amont et
aval.

Propriété
Le montage suiveur permet une adaptation d’impédance entre deux circuits.

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Exercice
::::::::
Déterminer la puissance consommée par la charge Ru en l’absence puis en présence d’un sui-
veur.

En l’absence de suiveur, le générateur de courant débite à la fois dans la résistance Ru et dans sa résistance
interne Rg . La puissance fournie à la charge n’est donc pas maximale et
!2
Vs2 Eg2 Ru
Pu = =
Ru Ru Ru + Rg

En présence d’un suiveur, la puissance consommée par la charge vaut


!2
Vs2 Eg2 Rg
Pu′ = = = Pu 1+ > Pu
Ru Ru Ru

Bien entendu, la différence entre ces puissances est apportée par l’alimentation de l’amplificateur opérationnel.

III Utilisation de l’amplificateur opérationnel en régime linéaire


III.1. Montage amplificateur inverseur
Considérons le montage de la figure 12.
R2
i

R1
i b
− is
A

Ve
+
Vs

Figure 12 – Montage amplificateur inverseur

Comme i− = 0 (A.O. idéal), la loi des nœuds au point A conduit à

Ve − VA VA − Vs
i= =
R1 R2
Si l’amplificateur opérationnel fonctionne en régime linéaire :

VA = V + = 0

On en déduit
R2
Vs = − Ve en régime linéaire
R1
Ce montage réalise une amplification du signal d’entrée si R2 > R1 . Du fait du signe −, on parle d’un
montage amplificateur inverseur.

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Remarque
Le montage se comporte comme un inverseur car le signal d’entrée est appliquée sur l’entrée
inverseuse.

Remarque
Il n’est pas recommandé d’appliquer la loi des nœuds à la sortie de l’amplificateur opérationnel
car l’intensité du courant de sortie is n’est pas connue ! Pour connaître is , il faut disposer d’une
modélisation interne de l’A.O. .

III.2. Montage amplificateur non-inverseur


Considérons le montage de la figure 13.

+ is

i
A b
R2
Ve i Vs

R1

Figure 13 – Montage amplificateur non-inverseur

Appliquons la loi des nœuds au point A. Comme l’A.O. est idéal, i− = 0. On en déduit
0 − VA VA − Vs
i= =
R1 R2
Si l’A.O. fonctionne en régime linéaire

V+ = V− soit Ve = VA

On en déduit !
R2
Vs = 1+ Ve en régime linéaire
R1

Le montage réalise une amplification du signal d’entrée sans en changer le signe. On parle de montage
amplificateur non-inverseur.
Remarque
Le montage se comporte comme un non-inverseur car le signal d’entrée est appliquée sur l’entrée
non-inverseuse.

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R1 R0

V1
R2 b

A
V2
R3
+
Vs
V3

Figure 14 – Montage sommateur

III.3. Sommateur
Considérons le montage de la figure 14.
L’amplificateur opérationnel étant supposé idéal, il n’y a pas de courant de polarisation et i− = 0.
Appliquons le théorème de Millman au point A :

V1 V2 V3 Vs
+ + +
R R2 R3 R0
VA = 1
1 1 1 1
+ + +
R1 R2 R3 R0

En régime linéaire, V + = V − ce qui conduit à VA = 0. On en déduit


!
R0 R0 R0
Vs = − V1 + V2 + V3 en régime linéaire
R1 R2 R3

Ce résultat se généralise aisément à N signaux d’entrée

N
X
Vs = − Ai Vi avec Ai > 0 ∀ i
i=1

Ce montage réalise la somme, pondérée par des coefficients Ai positifs, des N signaux d’entrée Vi et
avec inversion du signe. C’est pour cette raison que ce montage est appelé sommateur. C’est un exemple
qui montre que l’amplificateur opérationnel est bien capable de réaliser des opérations.

III.4. Soustracteur
Considérons le montage de la figure 15.
Comme l’A.O. est idéal, les courants de polarisation sont nuls et i+ = i− = 0. Appliquons alors le
théorème de Millman au point A :

Vs V1
+
R R1 R1 Vs + R2 V1
VA = 2 =
1 1 R1 + R2
+
R1 R2

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R2

Ab
R1 −

R3 b
+
B
V1
Vs
V2 R4

Figure 15 – Montage soustracteur.

Par ailleurs, le potentiel du point B s’obtient par la formule du pont diviseur de tension (car i+ = 0) :
R4
VB = V2
R3 + R4
Si l’amplificateur opérationnel fonctionne en régime linéaire :
R1 Vs + R2 V1 R4
VA = VB soit = V2
R1 + R2 R3 + R4
On en déduit !
R1 + R2 R4 R2
Vs = V2 − V1
R1 R3 + R4 R1 + R2
Pour obtenir un amplificateur de différence, il suffit que les coefficients devant V1 et V2 soit égaux
R2 R4 1 1 R1 R3
= soit = d’où =
R1 + R2 R3 + R4 R1 R3 R2 R4
1+ 1+
R2 R4
Dans ces conditions,
R2
Vs = (V2 − V1 ) en régime linéaire
R1
Le montage réalise une amplification de la différence entre les signaux d’entrée. C’est pour cette raison
qu’on le nomme soustracteur ou, plus justement, amplificateur de différence. Ici encore, l’amplifica-
teur opérationnel permet de réaliser des opérations sur les signaux.

III.5. Intégrateur
Considérons le montage de la figure 16 où l’amplificateur opérationnel est supposé idéal.
Appliquons la loi des nœuds au point A. En appelant iR l’intensité traversant le résistor, iC celle
traversant le condensateur et i− le courant de polarisation, on a

iR = uR = Ve − VA



 R R

iR = iC + i avec duc d(VA − Vs )
iC = C = C
dt dt




i = 0 (pas de courant de polarisation)
−

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R b

A

Ve
+
Vs

Figure 16 – Montage intégrateur pur.

On en déduit
Ve − VA d(VA − Vs ) dVs dVA 1
=C soit = − (VA − Ve )
R dt dt dt RC
L’amplificateur opérationnel étant idéal, le régime linéaire est caractérisé par

V+ =V− soit VA = 0

On en déduit

t
dVs 1 1
Z
=− Ve soit Vs (t) = − Ve (τ )dτ en régime linéaire
dt RC RC

Le signal de sortie est, au facteur négatif −1/RC près, une primitive du signal d’entrée. Le montage
étudié réalise une intégration du signal d’entrée : on parle de montage intégrateur.

Remarque
Du fait de la présence du signe "−", on parle d’intégrateur inverseur.

Remarque
Un montage purement intégrateur ne peut pas être stable. En effet, si le signal d’entrée possède
une composante continue E0 , même infime, le signal de sortie va se comporter comme Vs ∝
E0 t → ∞. Le signal de sortie diverge.
En effet, dans le cas du montage de la figure 16, le courant d’intensité i = (Ve − VA )/R = Ve /R
qui traverse la résistance traverse aussi le condensateur (pas de courant de polarisation pour un
A.O. idéal). Si Ve est constante, la charge du condensateur augmente donc indéfiniment et la
tension Vs à ses bornes aussi. Afin de remédier à ce défaut, il faudrait permettre au condensateur
de se décharger dans une résistance, placée par exemple en parallèle avec le condensateur.

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Remarque
En régime sinusoïdal permanent de pulsation ω, on peut utiliser les notations complexes :

Ve = Ve,m ejωt et Vs = Vs,m ej(ωt+ϕ)

De la relation
dVs 1
=− Ve
dt RC
on déduit
1
Vs = − Ve
jRCω
En notations complexes, il est équivalent d’intégrer et de diviser par jω.

Exercice
::::::::
Retrouver le comportement intégrateur du montage en utilisant les notations complexes et le théorème de
Millman.

III.6. Dérivateur
Considérons le montage de la figure 17 où l’amplificateur opérationnel est supposé idéal.

R
C
b

A

Ve +
Vs

Figure 17 – Montage dérivateur pur

Utilisons les notations complexes et appliquons le théorème de Millman au point A (pas de courant de
polarisation) :
Vs Ve
+
R Zc
VA =
1 1
+
R Zc
Si l’amplificateur opérationnel idéal fonctionne en régime linéaire :

V+ =V− soit VA = 0

On en déduit
R
Vs = − Ve = −jRCω; Ve
Zc

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On en déduit l’équation différentielle reliant les tensions Vs et Ve (grandeurs réelles) :

dVe
Vs = −RC jω Ve =⇒ Vs (t) = −RC en régime linéaire
dt
Le signal de sortie est, à un facteur négatif −RC près, une dérivée du signal d’entrée. Le montage
étudié réalise une dérivation du signal d’entrée : on parle de montage dérivateur.
Remarque
Du fait de la présence du signe "−", on parle de dérivateur inverseur.

Exercice
::::::::
Retrouver le comportement dérivateur du montage en utilisant les notations réelles uniquement.

III.7. Bilan
Suite à l’étude des montages précédents, on notera avec intérêt les remarques suivantes.
Remarque

1. Tous les montages précédents possèdent une unique rétroaction qui va de la sortie vers
l’entrée inverseuse. On montrera que cette condition est un critère de fonctionnement
linéaire de l’A.O. ;

2. Lorsque l’entrée est appliquée sur la borne inverseuse, le montage se comporte comme un
inverseur (un signe "−" apparaît dans la relation entrée-sortie). Au contraire, lorsque le
signal d’entrée est appliqué sur la borne non-inverseuse, le montage est non-inverseur.

3. On évite généralement d’appliquer la loi des nœuds ou le théorème de Millman à la sortie


de l’amplificateur opérationnel car le courant de sortie de l’A.O. n’est pas connu !

IV Amplificateur opérationnel idéal en régime saturé


IV.1. Comparateur
a) Principe de fonctionnement
:::::::::::::::::::::::::::::::::

Considérons le montage de la figure 18.


Si l’A.O. est idéal, il n’y a pas de courants de polarisation : i+ = i− = 0. On en déduit
V + = V1 et V − = V2
A priori, V1 6= V2 . On en déduit que ε 6= 0. L’A.O., supposé idéal fonctionne alors en régime saturé :

(ε>0)
V1 > V2 =⇒ Vs = +Vsat

V1 < V2 =⇒ Vs = −Vsat
(ε<0)

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R1 +

R2 −
V1 Vs
V2

Figure 18 – Montage comparateur.


Vs

+Vsat

V2 = Vref
V1
0


−Vsat

Figure 19 – Comportement d’un comparateur.

Supposons que la tension V2 soit fixée à la valeur V2 = Vref . Le fonctionnement du comparateur peut
alors être représenté par le graphe de la figure 19.
Ce montage permet de comparer les deux tensions V1 et V2 :
⋆ si l’on observe une saturation positive, c’est que V1 > V2 ;
⋆ dans le cas d’une saturation négative V1 < V2 .
C’est pour cette raison que ce montage est appelé comparateur.

b) ::::::::::::::
Application :: à:::
la :::::::::::::
génération::::
de ::::::::::
signaux :::::::::::
créneaux
Les comparateurs de tensions sont utilisés dans de nombreuses applications. Mis à part les dispositifs de
déclenchement (oscilloscope) et de comptage, on peut citer en particulier la génération de signaux créneaux
à partir de signaux sinusoïdaux.
Fixons V2 = Vref à une tension de référence et imposons une tension d’entrée Ve = V1 sinusoïdale. Le
graphe de la figure 20 représente les signaux de sortie Vs et d’entrée Ve en fonction du temps.
On obtient des signaux de même période mais le rapport cyclique du signal de sortie n’est en général
pas égal à 1/2.

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Ve

Vref
t

Vs
Vsat


−Vsat

Figure 20 – Génération d’un signal en créneaux à partir d’un signal sinusoïdal.

IV.2. Comparateur à hystérésis


Afin de générer un signal créneau de rapport cyclique 1/2, on utilise le montage de la figure 21.

a) Principe de fonctionnement
:::::::::::::::::::::::::::::::::

Soit le montage de la figure 21.

Ve A b
R2 Vs

R1

Figure 21 – Comparateur à hystérésis

L’A.O. étant parfait, il n’y a pas de courant de polarisation. On en déduit, par application d’un pont
diviseur de tension :
R1
VA = kVs avec k =
R1 + R2
La différence de potentiel entre les bornes non-inverseuse et inverseuse vaut donc :

ε = V + − V − = kVs − Ve

La rétroaction sur la borne non-inverseuse va conduire à une saturation de l’A.O. . La tension de sortie
prendra donc les valeurs +Vsat et −Vsat

.
⋆ Supposons que l’A.O. soit en saturation positive : Vs = +Vsat . La saturation positive persiste tant
que Ve < VA , c’est-à-dire tant que Ve < kVsat .

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⋆ Supposons que l’A.O. soit en saturation négative : Vs = −Vsat



. La saturation négative persiste tant
que Ve > VA , c’est-à-dire tant que Ve > −kVsat

.
Le fonctionnement du montage est représenté sur la figure 22.

Vs
+Vsat


−kVsat kVsat
Ve
0


−Vsat

Figure 22 – Comportement d’un comparateur à hystéréesis.

On constate que l’amplificateur opérationnel fonctionne en comparateur. Toutefois, le signal de sortie


dépend non seulement de la valeur de Ve mais aussi de son évolution. Ce montage possède donc une fonction
mémoire. Comme la caractéristique du circuit dépend du sens d’évolution de Ve , on appelle ce montage
comparateur à hystérésis.

b) :::::::::::::
Génération::::de ::::::::::
signaux :::::::::::
créneaux
Imposons alors une tension Ve sinusoïdale et supposons que Vsat = Vsat′
(ce qui est généralement le cas).
Le graphe de la figure 23 représente les signaux de sortie Vs et d’entrée Ve en fonction du temps.
Ve

kVsat
t
−kVsat

Vs
Vsat


−Vsat

Figure 23 – Génération d’un signal en créneaux à partir d’un signal sinusoïdal.

La commutation entre les deux valeurs +Vsat et −Vsat de Vs n’a lieu que si
⋆ Ve atteint la valeur kVsat sur un front montant ;
⋆ Ve atteint la valeur −kVsat sur un front descendant.
De ce fait, le signal de sortie est un signal créneau de rapport cyclique 1/2.

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Remarque
C’est grâce à ce dispositif que les oscilloscopes déclenchent sur un front montant ou un front
descendant. La valeur du seuil de déclenchement s’ajuste alors en modifiant la valeur de k à
l’aide d’un potentiomètre.

V L’amplificateur opérationnel réel


Dans un précédent chapitre, nous avons étudié quelques montages utilisant un amplificateur opéra-
tionnel idéal. Toutefois, l’expérience montre que ces montages connaissent des limitations, principalement
dues aux "défauts" des amplificateurs opérationnels réels. Ces écarts au modèle idéal sont présentés dans
la suite.

V.1. Tension de décalage et courants de polarisation


a) Tension de décalage
:::::::::::::::::::::::

Expérimentalement, lorsque l’on connecte les deux bornes d’entrée à la masse, la tension de sortie de
l’amplificateur opérationnel n’est pas nulle. En réalité, l’A.O. ne fonctionne en régime linéaire que s’il existe
une petite tension entre les bornes d’entrée : cette tension est appelée tension de décalage, notée Vd .
Dans ce cas, la caractéristique d’un amplificateur opérationnel de gain infini est représentée sur la figure 24
(gauche). Ce défaut est modélisé par une source de tension représentée sur la figure 24 (droite).
Vs
SATURATION
+Vsat
RÉGIME
LINÉAIRE

0 Vd ε =V+−V− b
+ ∞
ε
b

Vd

−Vsat

SATURATION
Figure 24 – À gauche : caractéristique d’un amplificateur opérationnel de gain infini en tenant compte
d’une tension de décalage Vd . À droite : modélisation d’un amplificateur opérationnel possédant une tension
de décalage.

Remarque
La tension de décalage est principalement induite par une dérive thermique. Cependant, pour
des conditions de température "raisonnables", la tension de décalage reste généralement faible :
|Vd | . 10 mV.

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b) :::::::::::
Courants :::de:::::::::::::::
polarisation
Sur chacune des entrées d’un A.O., les courants ne sont pas rigoureusement nuls : on parle de courants
de polarisation i+ et i− . Les courants de polarisation sont modélisés par des sources de courant placées
entre la masse et chaque entrée (voir figure 25).

i+
i+
b
+ ∞
ε i−
b

i−

Figure 25 – Modélisation d’un amplificateur opérationnel possédant des courants de polarisation.

Remarque
Les courants de polarisation sont principalement induits par une dérive thermique. Cependant,
pour des conditions de température "raisonnables", ces courants de polarisation restent généra-
lement faibles : |i+ |, |i− | . 500 pA.

V.2. Slew rate


Lorsque les signaux varient rapidement, l’amplificateur opérationnel ne peut plus suivre. Il apparaît
alors un phénomène non-linéaire qui limite la vitesse de balayage (slew rate en anglais). La figure 26
montre l’effet du slew rate sur la forme des signaux dans le cas d’un montage amplificateur inverseur.
Bien que le signal d’entrée soit sinusoïdal à 20 kHz, le signal de sortie semble triangulaire. On parle de
triangularisation du signal.

Propriété
Les variations du signal de sortie d’un amplificateur sont limitées par un phéno-
mène non-linéaire de sorte que

dV
s
< σ avec σ ≃ 0, 5 V.µs
dt

On parle d’une vitesse de balayage finie ou de slew rate.

V.3. Variation du gain avec la fréquence


Cherchons à représenter la caractéristique Vs = f (ε) en utilisant des signaux sinusoïdaux. En augmen-
tant la fréquence f des signaux jusqu’à 1 MHz, on constate :

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Figure 26 – Influence du slew rate sur la forme des signaux (montage amplificateur inverseur).

⋆ qu’il apparaît un déphasage entre les signaux, qui varie de 0 à −π/2 ;


⋆ que le gain diminue en 1/f
En fait, l’amplificateur se comporte comme un filtre dont la réponse dépend de la fréquence. La figure 27
représente le diagramme de Bode d’un amplificateur opérationnel TL081.

Figure 27 – Diagramme de Bode associé à un amplificateur opérationnel TL081.

On voit qu’en bonne approximation, un amplificateur opérationnel réel peut être modélisé par un filtre
passe-bas du premier ordre dans un large domaine de fréquences.

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Modèle à bande passante limitée


Le gain d’un amplificateur opérationnel dépend de la fréquence. En première
approximation, un A.O. se comporte comme un filtre passe-bas du premier ordre,
de gain statique µ0 ≃ 105 et de fréquence de coupure f0 ≃ 10 Hz. Ainsi, en notations
complexes :
µ0
Vs = µ ε avec µ =
f
1+j
f0
avec
µ0 = 105 et f0 = 10 Hz

Ainsi, à l’aide de cette modélisation, en posant ω = 2πf et ω0 = 2πf0 , on a


!
ω
1+j Vs = µ 0 ε
ω0

En utilisant la correspondance entre les notations réelles et complexes

d
jω ↔
dt
la relation entre Vs et ε devient, en notations réelles :

1 dVs
+ Vs = µ 0 ε
ω0 dt

Conséquence
La réponse de l’amplificateur opérationnel, modélisé par un filtre passe-bas du
premier ordre, s’obtient par résolution de l’équation différentielle :

1 dVs
+ Vs = µ 0 ε
ω0 dt

Remarque
Pour de très hautes fréquences, on pourra utiliser un modèle du deuxième ordre :

µ0
µ= ! !
f f
1+j 1+j
f1 f2

avec f1 ≃ 10 Hz et f2 ≃ 1 MHz.

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