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Économie

« L’absence de loi sur les Partenariats


Public-Privé coûte des milliards à l’État »
« Aujourd’hui, alors même qu’il y a un consensus sur la nécessité d’instaurer les PPP au
Liban, les querelles politiques persistent », affirme Ziad Hayek, le secrétaire général du Haut-
Conseil de la privatisation. Photo D.R

Liban - Interview

Le secrétaire général du Haut-Conseil de la privatisation, Ziad Hayek, est intervenu hier à


l'École supérieure des affaires lors d'une conférence intitulée « Les Partenariats Public-Privé
ouvrent de nouveaux horizons ». Il revient pour « L'Orient-Le Jour » sur les avantages de cet
instrument.

Cyrille NÊME et Karen OBEID | OLJ


17/02/2016





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Vous êtes un fervent promoteur du développement des PPP au Liban. Quels seraient les
avantages concrets de cet instrument par rapport aux contrats administratifs existants ?
Le principal avantage des PPP tient au partage des risques présentés par les projets entre l'État
et les établissements privés. Actuellement, les contrats d'infrastructure existants sont attribués
via des appels d'offres dont le gouvernement définit les critères et les compagnies privées
présentent des offres pour gérer un service qu'elles factureront à l'État. Si l'on prend l'exemple
d'un projet de construction d'une usine de production d'électricité, le gouvernement prend en
charge les coûts de la construction dès la première étape. S'il y a un retard, il est contraint
d'attendre, de payer des intérêts sur les crédits qu'il a contractés pour le projet. S'il y a une
hausse des prix du béton, c'est encore le gouvernement qui va payer la différence. Les risques
sont donc entièrement assumés par l'État...
Dans le cadre d'un PPP, le gouvernement achèterait l'électricité produite par l'usine et non
l'usine elle-même. La compagnie privée assumerait les risques liés à la construction, à la
gestion du temps et du budget, ainsi que les risques financiers. Elle aurait donc pris en charge
l'ensemble des coûts et des dépenses supplémentaires. L'État, lui, se chargerait de fixer les
prix de vente aux utilisateurs, de décider de subventionner ou non le produit ou le service, et à
quelle hauteur. En résumé, le PPP n'est pas un partenariat de capital, de revenus ou de profits
mais un partenariat de risques.

L'adoption d'une loi encadrant les PPP est un serpent de mer depuis près d'une
décennie. Pourquoi ?
En 2007, nous avons proposé un projet de loi au gouvernement de Fouad Siniora qui l'a
approuvé, mais le Parlement a par la suite refusé de l'adopter, car son président Nabih Berry
considérait ce gouvernement illégitime. En 2010, le Premier ministre Saad Hariri nous
demande alors de faire une nouvelle proposition. En mai 2012, le Premier ministre Nagib
Mikati soumet cette version améliorée au Conseil des ministres. Un comité ministériel a
ensuite été créé et il était sur le point de valider le projet lorsque le gouvernement a
démissionné.
Aujourd'hui, alors même qu'il y a un consensus sur la nécessité d'instaurer les PPP au Liban,
les querelles politiques persistent : certains veulent revenir sur le projet de loi approuvé par le
gouvernement Siniora, même si la nouvelle version est meilleure... Entre-temps, le projet de
loi ne figure toujours pas sur l'agenda du Conseil des ministres et cela fait perdre des milliards
à l'État.

Que peut changer l'adoption de cette loi ?


Ce que nous essayons de faire avec ce projet de loi, c'est de mettre un cadre juridique aux
processus d'adjudications. La loi libanaise n'interdit pas les PPP mais il n'y en a pas vraiment
aujourd'hui : les ministères prennent chacun en charge leurs projets d'infrastructure, mais cela
se fait avec beaucoup d'amateurisme technique ou juridique, sans grande transparence ; ce qui
décourage les grands groupes de participer aux appels d'offres. Or ce texte renforcera la
transparence : souvent, lorsqu'un appel d'offres est lancé, le contrat n'est véritablement
négocié qu'après la désignation du gagnant. Dans le cadre d'une loi PPP, il y aura d'abord un
appel à propositions, et une fois celles-ci recueillies, une première version du contrat sera
étudiée, et c'est après que l'appel d'offres sera lancé.

Comment s'assurer qu'avec les PPP, les services proposés ne coûteront pas plus cher à
l'État ou à l'usager ?
Le gouvernement restera l'intermédiaire entre la société privée et l'utilisateur final. Il gardera
donc le contrôle des tarifs.
Pour ce qui est des finances publiques, dans le cadre d'un contrat administratif classique, les
coûts financiers sont a priori moins importants pour le gouvernement, car celui-ci peut
emprunter à un taux inférieur à celui imposé au secteur privé. Cependant, si l'on considère la
totalité des facteurs et des risques, le PPP revient moins cher à l'État. Aujourd'hui, certaines
compagnies proposent délibérément des prix relativement bas pour gagner un appel d'offres.
Résultat, les coûts d'un projet sont parfois supérieurs de 160 % à ceux convenus pendant
l'adjudication. Dans le cadre d'un PPP, l'entreprise couvrira toutes les dépenses, même
imprévues. Face aux risques financiers dus par exemple à une variation des taux d'intérêt,
l'entreprise devra s'adapter.

L'État pourra-t-il être actionnaire de la société issue d'un PPP afin de peser dans son
conseil d'administration ?
Nous nous sommes réservé cette option en prévoyant une clause qui permet à l'État d'être
actionnaire d'un projet, mais ce n'est pas toujours avantageux pour les raisons financières que
j'ai déjà exposées...

Certains soulèvent aussi le risque de collusion entre le nombre restreint d'opérateurs


privés concernés par les PPP. Comment éviter ces risques au Liban ?
Si deux ou trois compagnies arrivent à se partager le marché de la production d'électricité par
exemple, ce sera positif. D'autant plus que selon le projet de loi, c'est l'État qui négociera les
termes du contrat qui devra par ailleurs être rendu public. Ce projet de loi prévoit beaucoup de
transparence, c'est peut-être pour cela que les dirigeants politiques ne l'ont toujours pas
approuvé...

---

Hakim : les PPP, meilleur moyen d'améliorer la gestion des infrastructures

Organisée hier par le Haut-Conseil de la privatisation et le HEC Alumni Groupement Liban,


la conférence sur les Partenariats Public-Privé (PPP) a été l'occasion pour des experts
nationaux et internationaux de discuter des modalités de leur mise en place au Liban, ainsi
que des opportunités qu'ils pourront offrir pour le développement du pays. « L'adoption du
projet de loi sur les PPP est le seul et meilleur moyen de financer et d'améliorer la gestion des
infrastructures (...) en particulier dans les secteurs de l'électricité, de l'eau, de l'énergie
renouvelable et des transports. Ce qui pourra créer des milliers d'opportunités d'emploi et
permettre une croissance économique de 7 % », a affirmé le ministre de l'Économie, Alain
Hakim, dans son discours inaugural, ajoutant que l'État n'était plus en mesure de financer lui-
même des projets d'infrastructures. « Il est nécessaire que le Liban adopte le principe du PPP
en raison de ses contraintes budgétaires, de ses besoins de meilleures infrastructures, d'autant
plus que le secteur privé est à la recherche de nouvelles opportunités », a également insisté
Emmanuel Bonne, l'ambassadeur de France au Liban. Le président honoraire de la Chambre
de commerce et d'industrie de Paris, Pierre Antoine Gailly, a néanmoins rappelé que « la
qualité de la gouvernance publique est la seule garante contre l'échec ».

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