3,00 € mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO - N° 23 761 - www.lefigaro.

fr - France métropolitaine uniquement Première édition

lefigaro.fr
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

BRUNO LE MAIRE MUSIQUE

Julien Doré

DANS « L’ANGE ET LA BÊTE », LE PALMARÈS 2020 DES

LE MINISTRE DE L’ÉCONOMIE LIVRE CHANTEURS QUI ONT VENDU
SES RÉFLEXIONS SUR LE POUVOIR PAGE 14 LE PLUS D’ALBUMS PAGES 28 ET 29 Angèle

Islamisme : les enseignants

OUTRE-MER
Tentative de sortie
de crise en

contraints à l’autocensure
Nouvelle-Calédonie
PAGE 8

CAUCASE
Chournoukh,
village balafré par
la frontière entre Près de trois mois après l’attentat islamiste qui a coûté la vie à Samuel Paty, le poison de la peur
l’Arménie et continue de se diffuser dans les rangs d’enseignants souvent bien seuls sur le front de la laïcité.
l’Azerbaïdjan PAGE 9
Un jour, c’est à Lyon, le len- « discrimination » quand bre dernier de Samuel Paty, de ses troupes. Mais le pro- è LES ENSEIGNANTS
ÉTATS-UNIS demain à Toulouse… Forcés ils dénoncent les agisse- ils ont tous pris conscience blème est peut-être plus DÉSARMÉS FACE À LA
Trump de nouveau ici de quitter leur établisse- ments de certains élèves, les que l’école est la cible de profond. Certains profes- PRESSION ISLAMISTE
è L’ÉCOLE, CIBLE
menacé de ment pour avoir parlé de la enseignants ne peuvent plus choix du terrorisme islamis- seurs préfèrent ainsi se réfu- DE PRÉDILECTION DU DISCOURS
liberté d’expression, soumis compter que sur leur seul te. Sur ce terrain, le ministre gier dans le relativisme
destitution PAGE 10 ailleurs à la pression de syn- courage pour défendre la de l’Éducation, Jean-Michel culturel plutôt que de pren-
RADICAL
è L’URGENCE DE LA
dicats qui les accusent de laïcité. Blanquer, ne cesse de rap- dre le risque d’affirmer les FORMATION DES ENSEIGNANTS
FOOTBALL « stigmatisation » et de Depuis l’assassinat en octo- peler qu’il se tient aux côtés valeurs de la République. PAGES 2 À 5 ET L’ÉDITORIAL
Un entretien avec
Laurent Nicollin,
président du club
de Montpellier
PAGE 12
Covid : les
ROYAUME-UNI
oppositions
Le Brexit multiplie dénoncent
les tracas
logistiques PAGE 23 le flou du
AUTOMOBILE gouvernement
Pourquoi
les voitures sont Comme promis fin novem-
bre, le premier ministre a
blanches ? PAGE 31 convoqué lundi matin une
nouvelle réunion avec le
L’industrie « comité de liaison », compo-
CHAMPS LIBRES

n
SEBASTIEN SORIANO/LE FIGARO

sé de tous les responsables

européenne parlementaires, pour échan-
peut-elle ger sur la crise sanitaire.
produire plus L’occasion pour nombre de
propre ?
Un entretien
Paris, Bordeaux, Lyon... Frappés par la crise représentants de l’opposition
de se faire entendre. Mais les

sanitaire, les centre-villes dépérissent réponses apportées lundi ma-

n

avec tin ont été jugées, une fois de

Dominique plus, insuffisantes par la droi-
L’absence des touristes, la fermeture des bars-restaurants et le télétravail ont fait chuter la fréquentation du cœur te et par la gauche.
Reynié des grandes villes françaises, où de nombreux locaux commerciaux sont en vente. PAGES 20 ET 21 PAGES 6 ET 7
n
La tribune
de Christophe
Deloire ÉDITORIAL par Laurence de Charette ldecharette@lefigaro.fr
DES CONDITIONS
La chronique
Rien n’a changé
IRRÉSISTIBLES
n

de Renaud SUR LES PLUS GRANDES

Q
MARQUES DE LITERIE
Girard
n
L’analyse uelle forme d’amnésie frappe
l’école ? Samuel Paty n’était-il
l’école dans tous les domaines, elle s’est infil-
trée par tous ses pores.
VEN
de Jim Jarrassé
PAGES 15 À 17
pas devenu, selon les mots
d’Emmanuel Macron, « le visage
Il y a vingt ans déjà, professeurs et inspecteurs
dénonçaient dans le vide le déferlement de
TESPRI
VÉES
JUSQU’AU

@
de la République » ? Celle-ci l’obscurantisme, de l’antisémitisme, du rela- 19•01
n’avait-elle pas solennellement tivisme, de la violence dans les classes. Face à
FIGARO OUI juré, par la voix du président, devant la tom- la pression des parents, au rejet de la nation, à
FIGARO NON be d’un homme « tombé parce qu’il avait fait le l’héroïsation des djihadistes, les enseignants
Réponses à la question choix d’enseigner », de ne plus jamais rien cé- cherchent encore sur qui s’appuyer. Leurs té-
de lundi : der ? Ne reprenions-nous pas en chœur ce joli moignages en disent long sur la lâcheté de
Approuvez-vous « Nous continuerons, professeur » ? l’institution, qui,
la décision de Twitter Las ! Ni l’indignation ni les serments n’ont eu En finir avec quand elle ne dé-
de bannir Donald Trump ? raison de cette « dynamique de l’abominable » le déni et tourne pas le regard
OFFRES *

dénoncée par Jacques Julliard. Trois mois à devant leurs diffi-

l’évitement
COCOON

OUI NON peine après l’assassinat de Samuel Paty, cultés, se demande

52 % 48 % l’Éducation nationale reste, comme « avant » qui, du professeur ou du promoteur de la cha-
TOTAL DE VOTANTS : 145 174 - avant ce crime si barbare qu’il devait mar- ria, elle va bien désavouer… Quant aux syndi-
*Cocon

quer un irréversible tournant - hantée ou cats, les derniers démêlés de Fatiha Boudjah-
Votez aujourd’hui plutôt habitée par les démons qui depuis si lat, enseignante toulousaine priée par SUD- André Renault, Bultex, Dunlopillo,
sur lefigaro.fr longtemps sapent ses fondements. éducation de se taire après avoir dénoncé le Duvivier, Emma,Epéda, Mérinos,
Faut-il instaurer Les travaux de la Fondation Jean-Jaurès éta- non-respect de la minute de silence en hom- Simmons, Tempur, Treca...
3’:HIKKLA=]UXUUW:?k@l@b@c@a";

un « passeport vaccinal » blissent ce que tous, en réalité, savent sans mage à Samuel Paty, trahissent leur trop fré-
pour autoriser l’accès l’avouer : du menu des cantines au contenu quente allégeance à l’islamo-gauchisme… ©

aux lieux de culture, des enseignements, en passant par le calen- Pour que l’école reste un lieu du savoir et non
M 00108 - 112 - F: 3,00 E

restaurants et avions ? drier et l’organisation des cours, la régression de soumission, une étape d’émancipation et
56-60 cours de Vincennes Paris 12e
de la condition féminine… la pression de l’is- de croissance, qu’elle continue de « faire des
01 43 41 80 93 - 7j/7 - M° Pte de Vincennes ou Nation
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE
lamisme radical est omniprésente ; elle a républicains », il faut en finir avec le déni et
FIGARO - LAURENT VU/NMA2020/SIPA - aujourd’hui pénétré et trop souvent asservi l’évitement. ■ 66 rue de la Convention Paris 15e
DAVID HIMBERT/HANS LUCAS VIA AFP 01 40 59 02 10 - 7j/7 - M° Boucicaut, parking gratuit
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A

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 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
2 L'ÉVÉNEMENT
Les enseignants désarmés
SILVERE GERARD/AGENCE1827/RTL
face à la pression islamiste
Alors qu’ils sont en première ligne pour expliquer et défendre la laïcité,
les professeurs cèdent de plus en plus à l’autocensure. Par peur ou par négligence.
Il ne doit y
avoir aucune CAROLINE BEYER
autocensure. £@BeyerCaroline
ET MARIE-ESTELLE PECH
Personne ne sera £@MariestellPech
lâché quand il fait VOILÀ trois mois que Samuel Paty,
professeur d’histoire-géographie, a
son travail. été décapité aux alentours de son
L’institution est collège pour avoir fait étudier à ses
élèves des caricatures du Prophète
forte et elle est publiées dans le journal Charlie
là pour aider Hebdo. Un assassinat qui a mis en
chacun. Ce qui lumière l’autocensure des ensei-
gnants sur les questions laïques et
a pu produire ce religieuses. Par peur, par désinté-
phénomène dans rêt, par crainte de stigmatiser. Une
autocensure qui progresse, selon
les décennies l’enquête réalisée par l’Ifop du 10 au
passées, c’est 17 décembre pour la Fondation
Jean-Jaurès, et publiée le 6 janvier.
le fait que le Pas moins de 49 % des enseignants
professeur du secondaire affirment s’être déjà
autocensurés dans leur enseigne-
pouvait se sentir ment des questions religieuses,
seul et pouvait pour ne pas provoquer de possibles
incidents dans leur classe, soit
sentir comme 13 points supplémentaires depuis
une sorte de raz- 2018.
Un chiffre qui atteint 70 % dans
de-marée dans les banlieues populaires. « Le reli-
les territoires gieux s’est immiscé dans la vie pro-
fessionnelle des enseignants », esti-
où l’islamisme me Iannis Roder, professeur
radical a conquis d’histoire-géographie et directeur
de l’observatoire de l’éducation de
les esprits. Cette la fondation. Il faut espérer une prise
période, nous la de conscience quant à la progression
de l’islam radical dans notre pays.
voulons révolue. Tout enseignant sera confronté à
Nous affichons cette réalité. »
Quatre professeurs sur cinq di-
des principes sent avoir été confrontés, au cours
clairs et nous de leur carrière, à des revendica-
tions religieuses. Des revendica-
mettons chaque tions présentes aujourd’hui dans
personnel tous les espaces, à la cantine, avec
les demandes de repas confession-
de l’Éducation
nationale en
nels mais aussi en cours. Au collège
et au lycée, plus de la moitié des
professeurs expliquent que des en-
situation de force seignements ont déjà été l’objet de
quand c’est contestations, en sport d’abord
nécessaire » (pour 49 % des enseignants), mais
aussi dans le cours d’enseignement
JEAN-MICHEL BLANQUER,
DIMANCHE, AU « GRAND
JURY LE FIGARO-RTL-LCI »
moral et civique (29 %) et en scien-
ces (29 %). « Des enseignements qui
peuvent heurter de front des visions
absolutistes de la religion », observe
Iannis Roder. Face à ces difficultés,
les professeurs oscillent entre
793
« sentiment de manque de soutien,
autocensure et complaisance ».
incidents “ La laïcité, c’est
toujours les professeurs
signalés au ministère
de l’Éducation de français et d’histoire-
géo qui s’y collent
nationale après
” soutien. « La clé, ce n’est pas la laï-
la minute de silence UNE PROFESSEUR DE LETTRES
en hommage
« Peut-être qu’à l’avenir les inci-
à Samuel Paty dents remonteront davantage »,
glisse Iannis Roder. Dans le cadre
de l’hommage à Samuel Paty,
42 %
793 faits, plus ou moins graves, ont
été remontés au ministère de l’Édu-
cation nationale. Essayiste et pro-
fesseur d’histoire-géographie dans
des un collège d’éducation prioritaire
enseignants toulousain, Fatiha Boudjahlat, au
lendemain de l’hommage à Samuel
se sont Paty, a raconté sur Facebook que
autocensurés dans cinq élèves - parmi les 380 de son
leur enseignement établissement - ayant refusé de fai-
sur les questions re la minute de silence apparte-
de religion
naient à la « classe d’accueil » (des
élèves récemment arrivés en Fran-
ce et ne maîtrisant le français) et
57 %
venaient du monde « arabo-musul-
man ». « Intéressant de constater
que les plus véhéments à l’égard de la
laïcité sont ceux qui n’y connaissent
rien », raconte aujourd’hui l’ensei-
des jeunes gnante au franc-parler, très active
musulmans sur les réseaux sociaux. Ses propos
n’ont pas été du goût du syndicat
placent la loi Sud et de la CGT. Dans une lettre
islamique au-dessus ouverte adressée fin décembre au
de la République recteur de l’académie de Toulouse
et au président du conseil départe-
mental, les syndicats se sont insur-
A
gés contre des mots « mettant en
cause des enfants », relevant « d’une
stigmatisation et d’une discrimina-
tion », et « divulguant des informa-
tions sensibles ». « Ils veulent que je
me taise. Je suis dans une position où
j’ai davantage peur des “anftifas”
que des islamistes », lâche l’ensei-
gnante, qui vient de demander la
protection fonctionnelle. Une si-
tuation jugée « surréaliste », di-
manche, par le ministre de l’Édu-
cation, qui l’a assurée de son
cité et les leçons de morale laïque.
C’est la mixité », affirme aujour-
d’hui Fatiha Boudjahlat. « Je vois
des gamins nés en France qui parlent
comme des “blédards”. Ils sont com-
plètement intoxiqués par la religion.
Et face à cela, j’observe une grande
lâcheté dans l’Éducation nationale.
Chez les profs, il y a un noyau de
gauchistes et une grande majorité
d’indifférents. Le jour de l’hommage
à Samuel Paty, beaucoup étaient oc-
cupés à faire des photocopies. »
« La laïcité, c’est toujours les pro-
fesseurs de français et d’histoire-géo
qui s’y collent. Les autres se réfu-
gient derrière leurs matières », ra-
conte une professeur de lettres d’un
collège rural picard. Pour rendre
hommage à Samuel Paty, elle a
choisi de faire une séance autour du
film La Journée de la jupe, « un huis
clos où la professeur met ses élèves
face à leurs contradictions et qui il-
lustre la rencontre malheureuse en-
tre la religion et le sexisme ordinai-
re ». Après l’indignation qui a suivi
l’assassinat de Samuel Paty, elle
craint aujourd’hui une « avancée de
la peur et de la censure » chez ses
collègues. « Et l’on ne peut pas les en
blâmer », ajoute-t-elle. Si le minis-
tre Blanquer donne, selon elle, une
bonne impulsion sur le sujet, le
soutien de la hiérarchie est loin
Enseignement moral d’être acquis. « Tous ces intermé-
et civique dans une diaires, toute cette bureaucratie. Et
classe de 4e du collège cela n’empêchera pas de se faire cas-
Jean-Philippe-Rameau à ser la figure, voire pire. » Professeur
Paris suite aux attentats des écoles à Montpellier, Julia s’in-
du 13 novembre 2015. quiète pour sa part de l’interven-
BRUNO AMSELLEM /
tionnisme des parents : « Depuis
DIVERGENCE
deux, trois ans, des parents nous de-
mandent de supprimer la lecture des
Trois Petits Cochons, de façon par-
fois assez vindicative, parce que ce
serait un livre indigne. Nous avons eu
SÉBASTIEN LEBAN POUR LE POINT
aussi cette année, un débat en conseil
d’école sur le sapin de Noël que des
parents jugent trop chrétien pour
être exposé à l’entrée de l’école…
Surréaliste. »
Philippe Vincent, responsable du
Snpden-Unsa, principal syndicat
de chefs d’établissements, s’étonne
des résultats du sondage de la Fon-
La clé, dation Jean-Jaurès. « Un certain
ce n’est pas
nombre de disciplines comme les lan-
la laïcité
gues, les mathématiques et la physi-
que sont censées être nettement
et les leçons moins concernées par des contesta-
de morale
tions religieuses que l’histoire. Cela
ne peut a minima qu’interroger, voire
laïque. C’est inquiéter, observe-t-il. S’agit-il de
la mixité »
FATIHA BOUDJAHLAT,
craintes, de manques de connaissan-
ces ? Cela concerne-t-il toutes les
générations ? La solidité didactique
ESSAYISTE
ET PROFESSEUR
des professeurs peut être plus ou
D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE moins forte. ». Quoi qu’il en soit,
l’accent doit être mis sur « la forma-
tion des enseignants, la didactique, la
laïcité », insiste-t-il. Les réponses
données par Jean-Michel Blanquer
après l’assassinat de Samuel Paty
permettront, certes, « d’apporter
une réponse immédiate aux cas d’at-
taques frontales d’élèves ou de pa-
rents mais elles ne peuvent résoudre,
à elles seules, ce qui se passe en cours
lorsqu’un élève conteste l’enseigne-
ment de la République car ce dernier
vient frotter leurs convictions reli-
gieuses. Cela demande un outillage
quasi idéologique. »
Pour Sophie Vénétitay, profes-
seur responsable au Snes, syndicat
d’enseignement du secondaire, la
situation n’a guère évolué depuis
trois mois : « Nous n’avons pas ob-
servé de dynamique particulière
concernant l’accompagnement ou la
formation des enseignants. » Qu’une
proportion importante de ses collè-
gues élude les questions sensibles
ne l’étonne guère. Ceci dit, « on en
parle peu mais de nombreux profes-
seurs nous ont aussi assuré qu’ils ne
renonceraient pas et continuent de
parler de laïcité avec leurs élèves ».
Il n’empêche. Les faits divers se
poursuivent sans relâche. Au collè-
ge des Battières, à Lyon, en grève à
la rentrée de janvier, des ensei-
gnants de cet établissement public
relativement favorisé ont rapide-
ment établi un lien « symbolique »
entre l’affaire terroriste de Con-
flans-Sainte-Honorine et l’agres-
sion verbale subie par l’un des leurs
en novembre. Une semaine après
l’hommage rendu à Samuel Paty,
un professeur d’histoire-géogra-
phie des Battières donnait un cours
sur la liberté d’expression, confor-
me aux programmes scolaires, à
une classe de cinquième. Il y expli-
quait, entre autres, qu’Emmanuel
Macron n’était pas « islamophobe »
et que ses propos avaient été défor-
més, contrairement à ce que lui de-
mandait un élève. Deux garçons,
des jumeaux fraîchement arrivés de
l’étranger et parlant mal le français,
ont compris l’inverse et raconté à
leurs parents que le professeur as-
sociait terrorisme et islam, était is-
lamophobe. Le père est venu voir
“ Nous n’avons pas
observé de dynamique
particulière concernant
l’accompagnement
ou la formation
des enseignants
SOPHIE VÉNÉTITAY, DU SNES
”
l’enseignant, le prenant à partie
verbalement, devant témoins, de
façon très virulente. Le professeur,
qui avait alors vainement tenté
d’expliquer son cours de façon pé-
dagogique, a aussitôt porté plainte
pour diffamation. Depuis, il a été
affecté, à sa demande, dans un
autre établissement scolaire. Une
décision mal acceptée par ses collè-
gues qui ont dénoncé « l’insuffisan-
ce » du soutien hiérarchique. Même
si l’administration, de son côté, af-
firme avoir « pleinement soutenu
l’enseignant dans toutes ses démar-
ches » et avoir pris au sérieux ce
« grave incident ».
Le sondage réalisé pour la Fon-
dation Jean-Jaurès montre aussi
qu’un quart des enseignants pen-
sent que Samuel Paty a eu tort de
faire un cours sur la liberté d’ex-
pression à partir de caricatures de
presse. Un taux qui atteint 34 %
dans l’enseignement privé (contre
24 % dans le public). Les jeunes
professeurs sont aussi plus critiques
que leurs aînés. Dans le monde syn-
dical, FO se démarque nettement :
20 % donnent tort à Samuel Paty.
Dans ces débats, certains ensei-
gnants et parents pointent aussi le
rôle de la FCPE. La première fédé-
ration de parents d’élèves de l’en-
seignement public serait-elle en
proie à des influences « commu-
nautaristes » ? Son positionnement
sur la laïcité fait débat. L’affiche
mettant en scène une mère voilée,
en 2019, avait, par exemple, forte-
ment déplu dans plusieurs sections
départementales… L’union locale
de Paris 9 a demandé la convoca-
tion « d’un congrès national excep-
tionnel » afin qu’un « large débat
autour des valeurs fondamentales de
la FCPE puisse se tenir ». ■

La production locale d’énergie, un levier majeur
de la transition énergétique des territoires
Utiliser les ressources locales pour produire des énergies décarbonées et alimenter les territoires : un
cercle vertueux qui apparaît comme un puissant levier de la transition énergétique. Le Groupe EDF,
pionnier dans le secteur des énergies bas carbone, propose des solutions aux collectivités afin de réduire
leur empreinte énergétique et lutter contre le changement climatique.
S
oleil ou hydrogène bas
carbone, méthanisation ou
chaleur fatale, le groupe
EDF valorise l’ensemble
des potentiels énergétiques des
territoires. Analyse de trois solutions
de production d’énergie à l’oeuvre
pour réduire l’empreinte carbone des
collectivités.
Valoriser la chaleur de récupération
La valorisation de la chaleur fatale
consiste à récupérer l’énergie
résiduelle des process industriels, de
la combustion des déchets ou émise
par les data centers. Elle alimente en
chauffage et en eau chaude sanitaire
immeubles et quartiers suivant un
principe d’économie circulaire. À
partir d’énergies de récupération,
Dalkia, filiale d’EDF, crée des synergies
entre les industries et les collectivités.
À Charleville-Mézières, par exemple,
Dalkia récupère la chaleur perdue
issue de neuf fours de l’usine PSA
pour la réinjecter dans le réseau de
chaleur de la ville. Avec un potentiel
de chaleur valorisable de 28 GWh
par an, ce réseau peut alimenter en
chauffage trois quartiers de la ville
dont un hôpital et permet une baisse
de 15 % du prix du kWh. L’utilisation
de cette chaleur composée à plus de
60 % d’énergie renouvelable et de
récupération évite l’émission de 7 000
tonnes de CO2.
Transformer les rayons du soleil en
énergie
Autre ressource clé pour la transition
énergétique, le solaire qui, avec la
baisse des coûts du photovoltaïque,
devient une opportunité dans toutes
les régions. Les installations peuvent
être optimisées suivant plusieurs
critères : le bon dimensionnement
du générateur, au plus proche de la
« Des activités agricoles à l’industrie, du bâtiment aux transports,
les territoires sont un levier pour un développement plus durable »
TRIBUNE
Si nous savons assez peu à quoi
ressembleront nos modes de vie
d’ici 2050, nous pouvons avoir
quelques inspirations ! Nul doute
que notre économie sera plus
sobre en ressources naturelles
et plus circulaire. Les démarches
d’autoconsommation se seront
démocratisées. Nos infrastructures
seront plus résilientes pour faire
face à un climat plus contrasté.
Et je suis persuadé que nos
concitoyens seront encore
plus attentifs à l’utilisation de
ressources locales propres à
l’identité de leurs territoires.
C’est le sens de l’histoire, et les
collectivités territoriales l’ont bien
compris. Elles mesurent combien
Publi-communiqué réalisé par 14HAUSSMANN
en partenariat avec
consommation, la qualité de l’étude
du profil de consommation, le taux
d’ensoleillement, l’état du bâti,
l’objectif thermique ou électrique
du dispositif. Dans le lycée public
des Mauges (Loire-Atlantique), par
leurs sources d’énergie constituent
d’ores et déjà un levier pour un
développement plus durable qui
mobilisera tous les secteurs, des
activités agricoles à l’industrie,
du bâtiment aux transports.
L’affaire de tous
Cinq ans après l’Accord de Paris
sur le climat, la lutte contre le
réchauffement climatique n’est plus
réservée aux seuls diplomates et
négociateurs internationaux. C’est
devenu l’affaire de tous. Et parce
qu’elles offrent un cadre d’action
décentralisé, les collectivités
deviennent des acteurs-clés pour
produire de l’énergie, planifier les
politiques de décarbonation des
territoires, ou encore sensibiliser
et impliquer nos concitoyens
Dans une ferme photovoltaïque de Massangis (Yonne). © DIDIER MARC/PWP/EDF
exemple, EDF ENR, filiale d’EDF, a
développé un projet écoresponsable
d’autoconsommation et de vente
d’énergie à partir de panneaux
photovoltaïques en toiture. Avec
un potentiel de production annuel
dans la transition écologique
et énergétique. Sans compter
que la nouvelle PPE fixe des
objectifs ambitieux de production
d’électricité d’origine renouvelable,
et que la stratégie nationale
bas carbone donne une place
prépondérante à l’ électricité, en
substitution aux énergies fossiles.
Les collectivités en première ligne
Et c’est bien là que le groupe
EDF, avec toute son expérience
et sa capacité d’écoute, entend
accompagner les collectivités.
Nous leur proposons des solu-
tions d’économie ou de produc-
tion d’énergie renouvelable locale
au plus proche du terrain. Com-
ment ? En intégrant leurs besoins
que nous couplons naturellement
de 52 000 kWh, soit l’équivalent
de la consommation moyenne de
11 foyers par an, l’installation évite
l’émission d’une tonne de CO2/
an. De même, le site de l’ancienne
centrale thermique d’Aramon
aux caractéristiques énergé-
tiques propres à leur territoire.
En veillant à la faisabilité tech-
nique du projet et à sa viabilité
économique. On ne peut imaginer
la présence des ENR de la même
façon dans les Bouches-du-Rhône
et en Meurthe-et-Moselle. J’en
veux pour preuve le réseau intel-
ligent marseillais Massiléo conçu
par notre filiale Dalkia Smart Buil-
ding, qui utilise l’eau de la mer Mé-
diterranée comme source d’éner-
gie. Je pense aussi aux solutions
biomasse comme à Vandœuvre-
lès-Nancy avec la mise en place
par Dalkia d’une nouvelle chauf-
ferie multi-énergies qui alimente
le réseau de chauffage urbain
et permet ainsi d’éviter l’émis-
sion de 20 000 tonnes de CO2.
(Gard) – transformé en centrale
solaire photovoltaïque par EDF
Renouvelables, filiale d’EDF – illustre
les nouvelles stratégies régionales
à énergie positive qui contribuent à
la redynamisation économique du
territoire. D’une capacité installée
de 5 MWc, la centrale compte plus
de 14 000 modules photovoltaïques.
Sa production équivaut à la
consommation électrique annuelle de
3 500 Gardois.
Produire de l’hydrogène décarboné
Avec son plan de relance, la France
mise sur l’hydrogène comme énergie
d’avenir afin de décarboner les usages
dans les secteurs les plus émetteurs
de CO2. Aujourd’hui fabriqué à 95 % à
partir d’énergies fossiles, l’hydrogène
peut être produit de façon décarbonée
par électrolyse de l’eau. Grâce au mix
énergétique français, lui-même bas
carbone, le H2 apparaît comme un
important levier pour réduire les
émissions de CO2 des territoires et
décarboner l’économie.
Avec sa filiale Hynamics, producteur
et distributeur d’hydrogène bas
carbone et renouvelable, le groupe
EDF ambitionne de devenir un
partenaire incontournable des
industriels et des collectivités
pour les accompagner dans les
projets de décarbonation de leurs
activités. L’enjeu du développement
de l’hydrogène décarboné est
triple : « ll est à la fois écologique,
économique et technologique, confie
Christelle Rouillé, directrice générale
d’Hynamics, le but étant de créer et
de structurer un écosystème alliant
les usages industriels et de mobilité
permettant de faire émerger une
filière française et européenne qui
soit compétitive. »
La réalité quotidienne de l’action
régionale et territoriale d’EDF est
là. Avec nos équipes, aux côtés des
territoires, nous sommes plus que
jamais les architectes-ensembliers
de la transition énergétique.
Jean-Pierre Frémont,
Directeur de l’Action régionale
et territoriale d’EDF
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

4 L'ÉVÉNEMENT
L’école, cible de prédilection
du discours islamiste
Du discours contestataire aux attaques terroristes, l’institution scolaire
est visée en priorité par les activistes.
JEAN CHICHIZOLA
L’ÉCOLE est depuis toujours une ci-
ble du terrorisme islamiste. À
l’étranger, avec des attaques depuis
de longues années en Afrique, en
Afghanistan, au Pakistan et ailleurs.
Et en France avec deux attentats,
combinant l’antisémitisme et la
haine du savoir, contre des écoles
juives en 1995 (14 blessés) et 2012 (4
victimes de Mohamed Merah, dont
trois enfants et un professeur). Ou
encore un projet en 2019 contre une
maternelle par un homme se vou-
lant le « fils spirituel » de Merah.
Ce constat donne tout son sens au
sommet européen de la lutte contre
la radicalisation islamiste et le ter-
rorisme organisé lundi, six ans
après la manifestation pour Charlie
Hebdo. Un événement organisé par
le think-tank European Leadership
Network pour le dialogue stratégi-
que entre l’Europe et le Moyen-
Orient, en partenariat avec la Fon-
dation Jean-Jaurès et la Fondation
pour l’innovation politique. Avec la
participation des anciens premiers
ministres français et britannique
Manuel Valls, coconcepteur de la
manifestation, et David Cameron
ainsi que des ministres Gérald Dar-
manin, Marlène Schiappa et Sarah
El Haïry. Le but était de partager les
“ Six ans après
l’abominable attentat,
un jeune sur cinq dit ne
pas se sentir Charlie
SARAH EL HAÏRY, SECRÉTAIRE D’ÉTAT
” cisé qu’un autre chiffre la préoccu-
expertises avec la participation de
politiques, d’intellectuels français
et étrangers venus d’Europe, du
Maghreb et du Machrek. Les ques-
tions de la jeunesse, de l’éducation,
de l’école ont occupé une place si-
gnificative dans les échanges.
Ministre déléguée auprès du mi-
nistre de l’Intérieur, chargée de la
Citoyenneté, Marlène Schiappa, a
souligné qu’avec la décapitation de
Samuel Paty, « l’école et le savoir
ont été attaqués » rappelant que
« l’esprit critique et la raison »
étaient les « ennemis de l’islamisme
qui se fonde sur l’ignorance ».
Interrogé sur un sondage récent,
où 57 % des jeunes musulmans in-
terrogés déclarent que la charia est
plus importante que la loi de la Ré-
publique, Sarah El Haïry, secrétai-
re d’État chargée de la Jeunesse et
de l’Engagement auprès du minis-
tre de l’Éducation nationale, a pré-
pait également : « Six ans après
l’abominable attentat, un jeune sur
cinq dit ne pas se sentir Charlie. »
Pour elle, la riposte « passe avant
tout par l’école » et par un renfor-
cement « de la chaîne éducative ».
« Il ne faut plus accepter des petites
concessions, mettre la poussière
sous le tapis. » Iannis Roder, pro-
fesseur d’histoire-géographie en
Seine-Saint-Denis et directeur de
l’Observatoire de la laïcité de la
Fondation Jean-Jaurès, rappelle
que « l’école n’est pas étanche » et
note que « si (l’Éducation nationale)
ne fait pas bloc avec les enseignants
pour lutter de manière cohérente,
cela sera considéré comme une mar-
que de faiblesse par les ennemis de la
République ». Il rappelle la récente
étude pour la fondation et Charlie
Hebdo : seuls 56 % des enseignants
interrogés se tournent vers leur di-
rection en cas de problème (16 %
ne signalant pas les incidents).
Voilà qui explique peut-être
pourquoi, alors que 19 % des ensei-
gnants interrogés (34 % en réseau
d’éducation prioritaire) ont connu
ou ont été témoins d’un incident
lors de l’hommage à Samuel Paty,
l’Éducation nationale a seulement
comptabilisé un peu plus de 793 in-
cidents (après une première évalua-
tion à 400). En 2015, le ministère
avait officiellement recensé 200 in-
cidents pendant la minute de silence
pour les morts de Charlie Hebdo. ■

L’urgence de la formation des enseignants

CAROLINE BEYER £@BeyerCaroline
LA FORMATION des enseignants
passe à la vitesse supérieure. Voilà
deux ans que le Conseil des Sages de
la laïcité, installé par Jean-Michel
Blanquer, conçoit des sessions de
formation à la laïcité pour l’Institut
de formation des cadres de l’édu-
cation nationale (IH2EF), à Poitiers.
Chaque année, environ 2 000 fu-
turs chefs d’établissement et futurs
inspecteurs suivent ces formations
obligatoires d’une journée. Au pro-
gramme : des études de cas, issues
de situations réelles. Comme ces
trois élèves refusant de visiter une
cathédrale au motif qu’ils ne sont
pas catholiques, donc pas concer-
nés ; ces parents demandant des
dispenses de cours d’éducation
sexuelle ; cette élève informant son
conseiller d’éducation de son ab-
sence le jour de Vesak, une fête reli-
gieuse bouddhiste, ou encore ce
professeur d’origine grecque expli-
quant qu’il sera absent car il fête le
Noël orthodoxe. Ces mises en situa-
tion visent à apporter des pistes de
réflexion, en revenant sur le cadre
légal et la loi de 1905, loin de toute
posture idéologique.
Constat pressant
Cette semaine, ce sont 800 futurs
chefs d’établissement et 250 futurs
inspecteurs qui seront formés à la
prévention de la radicalisation à
l’école. Une session fortement en-
couragée par le ministère, qui sera
animée par Bernard Rougier, so-
ciologue spécialiste de l’islamisme,
et Iannis Roder, professeur d’his-
toire, membre du Conseil des Sa-
ges. Car il faut outiller les profes-
seurs. Un constat pressant depuis
l’assassinat de Samuel Paty, qui a
mis à jour la pression des parents et
l’autocensure des enseignants, dès
lors qu’il est question de laïcité. Les
enseignants sont mal à l’aise avec
elle, faute de connaissances suffi-
santes. Un constat récurrent et peu
étonnant, au vu de l’ignorance gé-
nérale de la population à l’égard de
ce principe bien français et de son
fondement, la loi de 1905, un texte
de conciliation.
« Avec cette loi, il n’y a plus une
religion, mais des religions et des in-
croyances, résume Jean-Louis
Auduc, directeur honoraire des
études à l’Institut du professorat
(Inspé) de Créteil et membre du
Conseil des Sages. La laïcité est un
savoir, pas une opinion. Le problè-
me, c’est que les enseignants, com-
me une grande partie de l’opinion, la
ressentent comme une opinion »,
poursuit cet agrégé d’histoire, qui
est de plus en plus sollicité par les
académies pour former les person-
nels de l’Éducation nationale.
Cette semaine, il formera une
quarantaine d’enseignants stagiai-
res de l’académie de Créteil, où
exerçait Samuel Paty, mais aussi
des inspecteurs et des directeurs
d’école de celle de Nice. « Les chefs
d’établissement réclament des for-
mations sur place, qui concernent
tous les personnels, explique-t-il.
Ils s’interrogent beaucoup sur la
manière de présenter la laïcité aux
parents. Lesquels la perçoivent sou-
vent comme une restriction de leur
liberté. Les professeurs, eux, se de-
mandent comment aborder le sujet
pour que leurs élèves s’approprient
réellement la laïcité », ajoute Jean-
Louis Auduc.
Il travaille à leur transmettre une
« pédagogie de la laïcité », au-delà
des simples incantations et des
grandes idées creuses. Car les
grandes leçons de morale laïque,
les plantations d’arbres de la laïcité
le 9 décembre ou la promotion à
tous crins du « vivre ensemble »
glissent sur les élèves et passent à
côté de l’objectif. Tout comme
l’histoire du fait religieux qui, à
l’école primaire publique, peut
parfois se résumer à l’apprentissa-
ge des cinq piliers de l’islam. Une
série de confusions qui mettent
l’école en difficulté. ■

L’Alsace mise sur le dialogue interreligieux

YOLANDE BALDEWECK £@YBaldeweck
STRASBOURG
« COMMENT mettre à distance les cari-
© Patrick Pachod catures pour évoquer l’assassinat de Sa-
muel Paty ? » Confronté à ce délicat
exercice, cet enseignant dans un lycée de
Guebwiller, dans le Haut-Rhin, n’a pas
omis, face à une classe de première, « la
responsabilité de l’élève qui n’avait pas as-
sisté au cours, mais aussi des élèves qui ont
désigné leur professeur, en échange de
300 euros ». « Cela s’est animé à ce mo-
ment-là. Mais d’après certains collègues
mulhousiens, les débats ont suscité plus de
vagues dans leurs établissements »,
constate-t-il avec philosophie. Mais une
professeur d’anglais a préféré s’en tenir à
« la liberté de la presse dans le monde
anglo-saxon ». Moins piégeux…
« Beaucoup de professeurs ont été mal
à l’aise pour parler de Samuel Paty », re-
connaît une enseignante qui travaille
depuis vingt ans dans des collèges en
ZEP, d’abord dans une banlieue de
Strasbourg, puis dans une ville moyen-
ne. « Nous respectons les convictions des
élèves, mais l’inverse est plus compli-
qué », soupire cette professeur aguerrie
qui s’en tient à « une stricte neutralité ».
Face à des élèves qui souvent maîtrisent
mal le français et sont prisonniers « des
schémas familiaux », elle ne parle pas
COURCHEVEL, Y AVEZ-VOUS PENSÉ ?
« d’homosexualité, ni de caricatures, ni
même de la place de la femme de façon
w w w.c ourchevel .com trop différente de ce qu’ils sont prêts à ac-
cepter ». Et de déplorer que « les ré-
A
« Des contestations des valeurs de la
République existent partout, y compris
dans la ruralité », nuance Christophe
Marchand, référent laïcité depuis 2014
de l’académie de Strasbourg, qui diffé-
rencie les réactions donnant lieu à « des
investigations plus fines sur une possible
radicalisation islamiste » du « dialogue
pour offrir aux élèves une autre percep-
tion de ce qu’ils entendent chez eux, dans
leur quartier ou lisent sur internet ».
« Les radicalités sont aussi d’extrême
droite, nationalistes, antisionistes »,
constate celui qui est aussi en charge du
pôle civique de l’académie, en lien avec
le Mémorial de la Shoah, le Centre
européen du résistant déporté du
Struthof et les collectivités.
“ Ces rencontres sont
possibles parce qu’on
n’a pas le même rapport
à la laïcité qu’ailleurs
LE PÈRE ETIENNE UBERALL
” religions existe même en dehors des cri-
Dès 2005, après les premières profa-
nations de cimetières juifs, le président
de la région Alsace, Adrien Zeller, avait
lancé le Mois de l’autre, consacré à l’al-
térité. De cette époque date aussi le co-
mité interreligieux. « Cette année, le fil
rouge du Mois de l’autre est l’égalité
hommes-femmes », souligne Elsa
Schalck, en charge de la jeunesse du
Grand Est jusqu’à son entrée au Sénat,
rêtés aussi les « rallyes intercultes », qui
permettaient à une centaine de classes
par an de visiter, avec leurs enseignants
et des responsables religieux, une église,
la grande synagogue de Strasbourg et
une mosquée.
« On n’arrivait plus à répondre à toutes
les demandes », se souvient le père
Étienne Uberall, en rappelant que « ces
rencontres sont possibles parce qu’on n’a
pas le même rapport à la laïcité
qu’ailleurs ». Pour des enseignants d’un
lycée professionnel de Strasbourg, « ces
rallyes intercultes permettent aux élèves de
réaliser ce qui est commun à ces tradi-
tions ». « Ils enrichissent leur culture reli-
gieuse et développent leur esprit critique »,
ajoute Driss Ayachour, membre du CFCM
jusqu’en 2019. Chargé de l’accueil à la
Grande Synagogue, Salomon Lévy a in-
sisté, durant les visites, sur « le respect dû
à chacun, quelle que soit sa pensée… »
Pour Philippe Ichter, chargé de l’in-
terreligieux pour la Collectivité euro-
péenne d’Alsace, « ce dialogue entre
ses, pour autant il permet aussi de se re-
trouver plus facilement par temps de
crise… » Il a mis en place, avec plu-
sieurs institutions, une exposition sur
l’engagement et les comportements
éthiques en médecine, autour d’Adé-
laïde Hautval. Médecin, protestante,
déportée à Birkenau, puis à Ravens-
brück, elle a été la première Alsacienne
Juste parmi les Nations. « Tous les évé-
nements terribles de ce monde débutent
par de simples actes de lâcheté », avait-

seaux sociaux contribuent à répandre des en regrettant que, pour des raisons sani- elle écrit, après la Libération. De quoi
théories de plus en plus extrémistes ». taires, le lancement ait été reporté. Ar- inspirer la réflexion des élèves. ■

« L’islam accepte la critique », assure le CFCM aux députés
JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois
C’ÉTAIT immanquable. Audition-
né lundi par la commission des
lois de l’Assemblée nationale qui
prépare la loi « sur le respect des
principes de la République » et
auparavant dénommée « sur le
séparatisme musulman », Mo-
hammed Moussaoui, président du
Conseil français du culte musul-
man, a été questionné sur le statut
de la critique dans l’islam. « L’is-
lam accepte volontiers que des cri-
tiques lui soient portées, a-t-il
répondu, y compris dans ses fon-
dements, ses croyances, son credo.
Cela n’est pas incompatible avec la
liberté d’expression. Elle est fonda-
mentale, elle est un outil et une va-
leur importante pour les musul-
mans également. »
Le responsable musulman a
alors précisé : « Je pense que nos
concitoyens qui veulent critiquer
notre religion, ses fondements, ou
qui veulent s’étonner sur certaines
pratiques ont le droit de le faire en
toute liberté. Et les musulmans ne
doivent pas s’offusquer de cela. Ils
doivent par contre répondre avec
dignité, dans un débat intellectuel
contradictoire, ils doivent répondre
sereinement. »
Il a également insisté sur le fait
que « tous les enfants de la Répu-
blique bénéficient d’une éducation
et d’une scolarisation auxquelles
ils ont droit » car il faut « lutter
contre des formes d’endoctrine-
ment dont sont victimes des en-
fants de la République ».
Ce professeur de mathématiques
à l’université a d’ailleurs salué au
passage l’action du « personnel de
l’Éducation nationale » pour « pré-
server nos enfants contre la propa-
gande des prêcheurs de la haine ».
Celui qui a dit représenter « un
million de musulmans qui vont à la
mosquée chaque vendredi » a glo-
balement considéré que le projet
« Des professeurs ont sombré dans
une forme de relativisme culturel »
PROPOS RECUEILLIS PAR
MARIE-ESTELLE PECH
£@MariEstellPech
BRUNO MODICA, enseignant d’his-
toire-géographie au lycée Henri-IV
de Béziers (Hérault), est porte-parole
des Clionautes, association regrou-
pant 3 000 professeurs d’histoire.
LE FIGARO. - Dans une enquête,
la fondation Jean-Jaurès fait état
d’un évitement des questions
religieuses chez les enseignants.
Êtes-vous étonné ?
Bruno MODICA. - Absolument pas.
Dans son collège, quand il a été
confronté à ce père virulent, Sa-
muel Paty n’a pas franchement été
soutenu par ses collègues. Beau-
coup ne sont pas clairs sur la ques-
tion de la laïcité et ils sont nom-
breux à adopter une position
d’esquive. Ils ne parlent pas des
Pancarte en hommage
à Samuel Paty lors questions qui fâchent, ou de façon si
d’un rassemblement, superficielle que leurs élèves ne s’en
le 18 octobre à rendent pas compte. Le conflit is-
Toulouse, en mémoire raélo-palestinien, par exemple, est
maltraité dans les cours en raison
du professeur d’histoire
assassiné. F. SCHEIBER d’une mauvaise connaissance des
enseignants, confrontés à des élè-
ves pleins d’idées toutes faites de-
puis les années 1990. Bien avant in-
ternet… L’ignorance, le déficit de
formation des professeurs sont in-
quiétants. Ils sont devenus très lé-
gers sur les questions idéologiques,
ont sombré dans une forme de rela-
tivisme culturel. Et ils ont de sur-
croît une absence totale d’esprit
collectif. Ils font plus confiance à
leurs groupes Facebook qu’à leurs
syndicats. Leur proposer de lire la
presse, c’est pire. Ils réagissent
comme si on imposait des photos
pornos à des religieuses ! La paresse
intellectuelle, c’est le fléau de cette
profession. Le débat d’idées est
remplacé par des éructations sur les
réseaux sociaux. Mais comment
voulez-vous attirer des étudiants de
qualité avec des salaires si faibles ?
Comment expliquez-vous cette
augmentation des contestations ?
La montée de la radicalisation, je
l’ai constatée tout au long de la dé-
cennie 2000, avec l’augmentation
du port du voile. Mais mon premier
signalement à ma hiérarchie con-
cernait Lionel Dumont, en 1991, un
djihadiste français qui avait partici-
pé à la fondation du gang de Rou-
Des enseignants suivent baix. Il purge actuellement sa peine
une formation à la laïcité de prison à Loos. Il était particuliè-
dans un collège rement attentif à la question pales-
de Seine-Saint-Denis. tinienne… Les contestations de
M. AWAAD/IP3/LE MONDE cours sont devenues beaucoup plus
Mohammed Moussaoui, de loi était « utile et nécessaire »,
président du CFCM, même si l’un de ses axes majeurs
lors de son audition,
- transformer les associations loi
lundi, par la commission 1901, actuel support administratif
des lois de l’Assemblée de la plupart des mosquées, en as-
nationale. sociation loi 1905, cultuel - ne lui
ASSEMBLÉE NATIONALE
paraissait pas « réalisable ».
Il ne faudrait pas non plus que
cette nouvelle action législative
donne « l’occasion à certains d’en-
tretenir la confusion et l’amalgame
entre islam et extrémisme ». Sur ce
point il n’est « pas judicieux » pour
L'ÉVÉNEMENT
« L’ignorance et le déficit
de formation sont inquiétants »,
souligne Bruno Modica. RADARIS
fréquentes et beaucoup moins ar-
gumentées. Les questions liées à la
religion, au hallal, au voile, au ra-
madan reviennent sans cesse. L’an
dernier, une de mes classes contes-
tait de façon virulente ce que
j’avançais : pas le droit de remettre
en question le droit au burkini, le
port du voile. Celui qui a une mau-
vaise note accuse le prof de racis-
me, etc. J’ai eu aussi le problème de
ce jeune qui fréquentait l’école co-
ranique le mercredi après-midi et
refusait l’autorité des femmes. Au
moment du massacre de Charlie
Hebdo, il récitait le discours de
l’imam local. J’ai réussi à le retour-
ner en lui parlant du soufisme, des
miniatures persanes… Un autre
était soufflé lorsque je lui ai expliqué
que 30 % des Israéliens étaient ara-
bes. Existent aussi des oppositions
larvées, comme celle de cette jeune
fille que j’ai eu récemment en cours,
une salafiste piétiste. Elle n’était pas
d’accord avec ma conception de la
laïcité mais ne disait rien. Brillante,
elle n’a pas voulu s’inscrire en clas-
se prépa à Montpellier car il était
impensable pour elle de quitter
Béziers sans un homme…
Le ministère de l’Éducation nationale
apporte-t-il une réponse adaptée ?
Blanquer dit des choses avec les-
quelles on ne peut qu’être d’accord
mais je suis déçu. Je pensais, car il
connaît très bien l’institution, qu’il
réussirait à la secouer. Or cette der-
nière est plongée dans un déni de
réalité. Les équipes rectorales de
laïcité et autres valeurs de la Répu-
blique peuvent bien intervenir.
Mais je pense qu’elles ne servent pas
à grand-chose au quotidien. C’est
un peu pipeau. L’essentiel reste les
contenus disciplinaires. Des têtes
bien faites sont armées et suscepti-
bles de s’en sortir correctement. ■
lui de « désigner l’idéologie » qui
conduit aux excès dans l’islam par
le mot « islamisme ». Il faudrait
plutôt employer « les adjectifs “ra-
dical” ou “extrémiste” ». Car, a-t-
il assuré, « le combat contre l’ex-
trémisme se réclamant de l’islam est
aussi notre combat. Nous sommes
résolument déterminés à le mener
avec toutes nos forces. Nos cadres
religieux, notamment les imams et
les aumôniers, sont en première li-
gne depuis bien longtemps. De
nombreux jeunes ont pu être sauvés
des griffes de cet extrémisme grâce
aux efforts des imams de France ».
“ Le combat
contre l’extrémisme
se réclamant
de l’islam est aussi
notre combat
MOHAMMED MOUSSAOUI,
” une certaine crise
Outre sa critique majeure de la
transformation des associations loi
1901 en associations loi 1905, Mo-
hammed Moussaoui a aussi de-
mandé quelques « ajustements ».
Précisant par exemple que « les
mariages forcés, l’excision, les
certificats de virginité, pratiques
prétendument musulmanes et qui
portent atteinte à la dignité de la
femme, sont prohibées par l’islam
car en totale contradiction avec ses
principes et ses valeurs ». ■
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
5
JEAN-PIERRE
CHEVÈNEMENT
AU « TALK »
« Dans un pays qui a subi
des attaques terroristes
avec plus de 300 tués
depuis quelques années,
on ne peut pas faire
comme si ça n’existait
pas », a martelé
Jean-Pierre Chevènement,
lundi, sur le plateau
du « Talk Le Figaro ».
Il y a trois mois, Samuel
Paty, professeur de
collège, a fait les frais
de la barbarie islamiste
pour avoir montré les
caricatures de Mahomet
dans le cadre d’un cours
sur la liberté d’expression.
Selon un sondage
réalisé par l’Ifop pour
la Fondation Jean-Jaurès,
un enseignant sur deux
s’autocensurerait.
« L’islam est présent
en France métropolitaine.
Il ne l’était pas au temps
de Jules Ferry. C’est
une religion susceptible,
ce qui implique des efforts
sur l’enseignement de
la liberté d’expression »,
fait valoir l’ancien ministre
de l’Éducation nationale.
« Je ne critique pas la
politique de M. Blanquer,
FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO
je considère qu’il fait
le maximum,
c’est un travail délicat. »
Il rappelle toutefois
que l’État est responsable
de la sécurité publique,
de la cohésion sociale
et de la santé publique et,
« à ces différents titres,
il est fondé à intervenir »,
juge-t-il. Dans le projet
de loi sur le renforcement
des principes républicains,
le mot islam n’est pas
prononcé : « Il faut
distinguer l’islamisme
radical, qui est clairement
notre adversaire, qu’il faut
éradiquer, et puis l’islam
en tant que religion
pratiquée par 1,8 milliard
d’êtres humains qui,
en général, la pratiquent
de façon tranquille »,
insiste l’ancien ministre
de François Mitterrand.
Convaincu qu’il faut
compléter la loi de 1905
car à l’époque « l’islam
n’était pas présent
sur le sol métropolitain »,
Chevènement rappelle
que la laïcité n’est pas
tournée contre les
religions, mais permet
leur libre expression
dès lors que l’on admet
qu’il y a un espace
commun, « l’espace
républicain ». Soulignant
de l’islam à l’échelle
mondiale, il plaide pour
que le Conseil français
du culte musulman (CFCM)
se réforme : « Si l’on
n’obtient pas de ce dernier
qu’il mette sur pied
un Conseil national
des imams, on aura
fait chou blanc », met
en garde l’ancien ministre
A
de l’Intérieur. V. L. T.
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

6 CRISE SANITAIRE
Covid : Castex face aux
critiques de l’opposition
Les responsables parlementaires ont interrogé le premier ministre
sur la vaccination, le troisième confinement et les régionales.
EMMANUEL GALIERO, SOPHIE
DE RAVINEL ET MATHILDE SIRAUD
SANTÉ PUBLIQUE C’est l’un des pi-
liers de la « méthode Castex » : la
concertation. Le premier ministre a
donc convoqué lundi matin une nou-
velle réunion avec le « comité de
liaison », composé des responsables
parlementaires, pour échanger sur la
crise sanitaire. L’occasion pour nom-
bre de représentants de l’opposition
de se faire entendre, dans un contex-
te de fronde des élus locaux contre la
lenteur de la campagne de vaccina-
tion et contre certaines décisions
comme le couvre-feu avancé.
Lundi, Emmanuel Macron prési-
dait une nouvelle réunion sur la vac-
cination pour « voir toute la chaîne et
continuer la mise sous tension », a in-
diqué l’Élysée. Un Conseil de défense
sanitaire est prévu mercredi matin,
et Jean Castex pourrait s’exprimer
jeudi. Ses réponses apportées lundi
matin ont été jugées, une fois de plus,
insuffisantes par les oppositions.
Trop de sujets sont restés « en sus-
pens », regrette Damien Abad, chef
de file du groupe Les Républicains à
l’Assemblée, qui a voulu assumer le
« coup de gueule » de la droite ayant
“ On voit bien
que le gouvernement
n’envisage pas
d’amélioration avant la
fin du premier semestre
et dans ces conditions,
faire campagne semble
bien compliqué...
”
PATRICK KANNER, CHEF DE FILE
DES SÉNATEURS SOCIALISTES
permis, selon lui, de pousser le gou-
vernement à changer de braquet et à
accélérer sur la vaccination. Le par-
lementaire a interrogé le gouverne-
ment sur le nombre de congélateurs
(commandés et prêts à fonctionner),
le retard pris dans l’organisation des
centres de vaccination, la possibilité
de se faire vacciner sans rendez-
vous, le variant anglais du virus.
L’élu aurait aimé connaître les objec-
tifs chiffrés des vaccinations et l’état
des connaissances sur leur capacité à
empêcher la transmission, mais il est
resté sur sa faim.
Hervé Marseille, président du
groupe Union centriste au Sénat, sa-
lue pour sa part un échange
« constructif et apaisé ». Au moment
de conclure, Gérard Larcher a
d’ailleurs souligné le fait qu’en « dé-
mocratie », il était normal d’avoir des
« échanges », voire des confronta-
tions. En prenant l’exemple de l’Alle-
magne, le gouvernement a rappelé
qu’une politique sanitaire était défi-
nie par l’État, tout en s’appuyant sur
les collectivités. Manière à peine voi-
lée de repousser la proposition des
régions qui s’étaient dites prêtes à
acheter des doses directement auprès
des laboratoires.
Quand le gouvernement a annon-
cé la mise en place de six centres de
vaccination par département, cer-
tains à droite ont vu là aussi une ma-
nière polie de refuser la main tendue
des collectivités. Bruno Retailleau, a
de nouveau réclamé la « transparen-
ce » hebdomadaire du calendrier des
vaccinations concernant les Ehpad et
des chiffres quotidiens par publics
traités à intégrer dans l’application
TousAntiCovid. « Jean Castex juge
l’idée bonne mais je ne sais pas quelle
suite lui sera donnée », confie le prési-
dent du groupe LR au Sénat. Ce der-
nier préconise une différenciation
territoriale dans la mise en place des
centres de vaccination. Jean Castex à Matignon, sième confinement du pays. « Soyons
en septembre.
Pour la droite, la seule information clairs, c’est un outil envisagé », rap-
réellement nouvelle aura été l’accé- JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/ porte Patrick Kanner, chef de file des
lération du calendrier concernant LE FIGARO sénateurs socialistes, qui a interrogé
l’état d’urgence, qui sera examiné le premier ministre sur cette option.
mercredi en Conseil des ministres Les élections régionales, fixées en
pour être présenté à l’Assemblée et théorie au mois de juin, ont aussi été
au Sénat le 25 janvier. Et compte tenu évoquées. « On voit bien que le gou-
des incertitudes qui planent sur la vernement n’envisage pas d’améliora-
circulation du virus, Jean Castex n’a tion avant la fin du premier semestre et
pas exclu de devoir imposer un troi- dans ces conditions, faire campagne

CONTRE-POINT
PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard À Roubaix, un dépistage massif
L’exécutif veut aussi à la recherche du variant anglais
mener la bataille politique
équipes chargées de casser les chaî- génétiques dont 17 majeures. Ce va-
MARC CHERKI £@mcherki nes de transmission du virus. Il a été riant 50 % à 74 % plus contagieux
ENVOYÉ SPÉCIAL À ROUBAIX
décidé de proposer aux personnes risque de supplanter en France les

D
ans Les Tontons
flingueurs, on appelle
ça un « bourre-pif ».
Dans le langage
médiatique actuel, on parle
de « punch line ». Anne Hidalgo
critique-t-elle les carences
logistiques de la campagne de
vaccination, estimant que, dans de
telles conditions, « le Débarquement
aurait échoué » ? « Si le
Débarquement avait été géré comme
les Vélibs les bateaux n’auraient
toujours pas quitté l’Amérique »,
réplique Gabriel Attal. Un coup
à gauche. Deux jours plus tôt,
le porte-parole du gouvernement
avait répliqué sur le plateau de
« C à vous » au LR Philippe Juvin,
pointant des contradictions entre
son livre Je ne tromperai jamais
leur confiance, et certaines de
ses déclarations d’alors : « À quel
moment dites-vous la vérité ? »
Un coup à droite. Jeudi dernier,
c’est Jean Castex qui, dans sa
conférence de presse, maniait
l’ironie grinçante contre ceux qui
lui reprochent un jour d’en faire
trop, et le lendemain de ne pas en
faire assez. Pour l’exécutif, l’heure
est à la réplique. Et s’il prétend
n’avoir opéré aucun changement
de stratégie en matière de
vaccination, il a à tout le moins
changé de tactique. En allant
sur le terrain politique.
Au fond, depuis le début
de la crise, le gouvernement est sur
la défensive. Contraint de naviguer
entre les incertitudes sur
l’évolution de la pandémie
et la nature inévitablement
contraignante de ces décisions,
il s’est retrouvé ballotté par les
polémiques ; parfois contradictoires
entre elles, mais faisant souvent
mouche dans l’opinion.
C’est flagrant en ce début
d’année avec la lenteur du
démarrage des vaccinations.
Le duo Castex-Véran a vite compris
que les justifications et le rappel
des engagements initiaux
ne suffiraient pas à convaincre.
Il y a donc eu la promesse
de rattraper le retard ; avec le
triptyque « accélérer, amplifier,
simplifier ». De l’art de témoigner
d’une prise de conscience,
sans confesser un tournant.
Mais même si la France
A
le gouvernement sait que cette
querelle de début d’année sur les
vaccins laissera des traces durables ;
comme celle du printemps sur
les masques, et celle de l’automne
sur les tests. Et il anticipe aussi
la querelle suivante : celle qui,
après l’avoir accusé de ne pas aller
assez vite, lui reprochera de
ne pas disposer d’assez de doses.
Sans parler de l’impact
d’un troisième confinement.
C’est ce qui convainc l’exécutif
qu’il lui sera toujours insuffisant de
se contenter de rendre des comptes
sur son action. Puisque les
oppositions se servent de la gestion
de la crise pour instruire leur procès
politique, il a décidé d’aller
à son tour sur le terrain de la joute
politique pour, d’une certaine
manière, protéger son action
sanitaire. Ce qu’a commencé à faire
Attal, même s’il serait plus logique
que ce rôle revienne au parti,
LREM, étrangement discret.
Car ce qui est en jeu, c’est encore
la mobilisation du socle militant
de la macronie. Dans la bataille
de l’opinion, l’affichage de la
combativité est en effet une arme
essentielle. Et sur ce terrain aussi,
l’exécutif a du retard à combler. ■
L’exécutif a
décidé d’aller
à son tour
sur le terrain
de la joute
politique
pour, d’une
certaine
manière,
protéger
son action
»
sanitaire
La population a
commencé à se faire
dépister dans
l’un des six sites
(ici, dans la salle de sport
Vincent-Gernigon, à
l’Épeule), lundi à Roubaix.
STÉPHANE MORTAGNE/
PHOTOPQR/VOIX DU NORD/
MAXPPP
À ROUBAIX, dans le quartier défa-
vorisé des Trois-Ponts, trônent de
grandes barres HLM de 10 étages.
C’est ici que l’ancien député du Nord
Laurent Pietraszewski, secrétaire
d’État chargé de la retraite et de la
santé au travail, est venu lancer la
troisième campagne massive de dé-
pistage du Covid-19 : après ceux du
Havre et de Charleville-Mézières en
décembre, l’ensemble des habitants
de cette commune du Nord se voient
proposer, jusqu’à la fin de la semai-
ne, un test de dépistage systéma-
tique du Covid-19. Objectif : faire
une « photographie » de l’épidémie,
et évaluer la circulation du nouveau
variant anglais. L’ensemble des
résultats positifs subiront des ana-
lyses complémentaires pour déter-
miner quelle souche virale infecte
les patients.
Du côté de Roubaix en ce lundi
11 janvier, le secrétaire d’État visite
les 3 box de prélèvements installés
dans la salle Louis-Lejeune. L’at-
troupement de journalistes et d’offi-
ciels ne respecte pas les gestes bar-
rières ni les règles de distanciation.
Peut-être se rassurent-ils en enten-
dant Philippe Bouquet, responsable
de l’Assurance-Maladie à Roubaix-
Tourcoing, affirmer que dans le dé-
partement « le nombre de nouveaux
cas hebdomadaires est 6 fois moins
élevé qu’au début du deuxième confi-
nement ». Il est venu soutenir ses
positives qui ne pourraient pas s’iso-
ler chez elles, d’être logées à l’hôtel.
Il est aussi prévu, comme au Havre,
d’envoyer des infirmières au domi-
cile de personnes testées positives
dans un centre de dépistage, pour
proposer le test à toute la famille.
50 % à 74 % plus contagieux
Des initiatives particulièrement né-
cessaires dans ce quartier défavorisé.
Le centre Lejeune, bien aménagé
avec le concours de l’Agence régio-
nale de santé (ARS), de pharmaciens
et de la société Synlab, contraste
avec la salle Watremez, au centre de
Roubaix, où les 8 box de prélève-
ments sont disposés dans un très
vaste espace. Il avait été constaté lors
de la campagne de dépistage à Liver-
pool (Angleterre) menée en novem-
bre que moins de 5 % des personnes
des quartiers populaires étaient al-
lées se faire tester, contre plus d’un
tiers parmi les plus aisés.
« Le nombre de personnes testées à
Roubaix et le taux de positivité seront
des critères pour renouveler, éven-
tuellement, l’opération dans deux ou
trois semaines », explique le Pr Benoît
Vallet, directeur général de l’ARS des
Hauts-de-France. Il envisage d’éva-
luer « les premiers tests salivaires.
Car nous avons le “go” de notre tutel-
le », explique-t-il. Benoît Vallet sur-
veille surtout de très près l’étendue
du variant anglais, cette souche bap-
tisée B.1.1.7, qui porte 23 mutations
autres souches du virus, comme il l’a
déjà fait en Angleterre. « Deux cas
dans la région lilloise, chez deux pro-
fessionnels de santé qui avaient eu des
contacts avec l’Angleterre » ont été
détectés, assure le responsable de
l’ARS. Pendant le dernier week-end,
il a demandé l’analyse complémen-
taire de résultats de patients positifs
sur le littoral, à cause d’un taux d’in-
cidence en forte augmentation et
d’un taux d’occupation des réani-
mations de 45 % pour le Covid.
L’un des intérêts scientifiques de
la campagne à Roubaix est d’essayer
d’évaluer la distribution du variant
anglais parmi les nouveaux cas. Pré-
senté comme un « agitateur d’idées
et un stimulateur », par Benoît Vallet,
et comme « celui qui propose depuis
des mois » la campagne de tests par le
maire de Roubaix, Philippe Froguel,
professeur au CHU de Lille-2 et à
l’Imperial College de Londres, a éla-
boré un ambitieux projet « pour sé-
quencer les virus des personnes positi-
ves ». En lien avec Jean-François
Deleuze, directeur du Centre natio-
nal de recherche en génomique hu-
maine à Évry, il souhaite que les
échantillons positifs bénéficient d’un
séquençage très poussé, qui permet-
tra d’établir la présence éventuelle
du variant anglais et d’autres sou-
ches en examinant précisément les
génomes retrouvés. Pour cette étu-
de, Jean-François Deleuze espère
obtenir un financement du nouvel
institut sur les maladies infectieuses
émergentes, créé le 1er janvier. Ce
serait bien plus précis que l’analyse
intermédiaire souhaitée par l’ARS
pour faire un « pre-screening » au
CHU de Lille. Les résultats positifs
seront triés au moyen d’un test PCR
de l’américain Thermo Fisher, qui
permet d’identifier des mutations
sur la protéine S, affectée par le va-
riant anglais. Le problème est que ce
test virologique a une faible spécifi-
cité (environ 30 %) pour le variant
anglais, c’est-à-dire qu’il peut le
confondre avec d’autres souches,
moins contagieuses, qui ont muté.
L’autre originalité de cette cam-
pagne de tests est de proposer à tou-
tes les personnes à la fois un test an-
tigénique et un test PCR. Un
prélèvement est alors effectué dans
chaque narine. Le premier est lu sur
place, au moyen d’un test d’Abbott.
Le second est envoyé pour un test
PCR, qui livre un résultat en 12 heu-

parvient à combler son retard sur res. Cela permettra de mesurer la

l’Allemagne, d’ici la fin du mois, fiabilité de chaque technique. ■
 LE FIGARO mardi 12 janvier 2021

CRISE SANITAIRE 7

Le vaccin de Moderna arrive, très

semble bien compliqué… », décrypte
Patrick Kanner. « Si on ne peut pas
faire campagne, comment voulez vous
maintenir des élections », abonde le
député communiste Fabien Roussel.
Pour le secrétaire national du PCF,
« le gouvernement navigue à vue ».
« Le gouvernement va ouvrir des cen-
tres mais les doses de vaccin ne seront
pas là », proteste-t-il, soulignant que
les parlementaires communistes ont
semblable à celui de Pfizer/BioNTech
PAULINE FRÉOUR £@p_freour
ET DE DEUX. Depuis hier, la France
dispose d’une nouvelle arme contre
le Covid-19 avec la livraison des pre-
miers lots du vaccin de Moderna, une
semaine après sa validation par
l’Agence européenne du médica-
ment (EMA) et à peine plus de quin-
ze jours après la mise en circulation
du Comirnaty de Pfizer/BioNTech.
Plus de 50 000 doses vont être ache-
minées dans le Grand Est, en Auver-
gne-Rhône-Alpes et en Paca, régions
les plus fortement touchées par l’épi-
démie actuellement, a annoncé le
ministère de la Santé. Les publics ci-
bles (plus de 75 ans, résidents d’Eh-
pad, personnes handicapées en éta-
blissements spécialisés, soignants,
pompiers et aides à domicile de plus
de 50 ans) peuvent donc désormais
s’attendre à être vaccinés indiffé-
remment par l’un ou l’autre vaccin.
Les différences sont en effet minimes,
du moins en termes de technologie,
mis en valeur durant le rendez-vous, d’efficacité et d’effets indésirables.
« les sévères manquements logisti- Comme Pfizer/BioNTech, Moder-
ques ». Bref, habitué des « emmerde- na a mis au point un vaccin à ARN
ments », Jean Castex en a encore pris messager visant la protéine Spike si-
un seau complet sur la tête. « Il a eu le tuée à la surface du Sars-CoV-2. Le
sentiment que ça s’est bien passé, il a principe : injecter une séquence gé-
fait passer les messages sur la situa- nétique inoffensive qui sera utilisée
tion sanitaire », affirme pourtant son comme une notice d’assemblage
entourage. Mardi, le chef du gouver- pour la fabrication de cette protéine
nement participera à la rentrée des virale par nos propres cellules. Le
députés La République en marche. ■ spicule (spike) ainsi créé sera recon-
Moderna vs Pfizer : qu'est-ce qui différencie les deux vaccins ?
nu et mémorisé par notre système
immunitaire comme étranger et
dangereux en cas de contact ultérieur
avec le virus. « Pour schématiser, je
dirais que la séquence d’ARN utilisée
par Moderna est similaire à 99 % à
celle de Pfizer/BioNTech. Les différen-
ces minimes relèvent de l’ingénierie
vaccinale, chaque équipe ayant cher-
ché à sa façon à rendre la protéine pro-
duite plus visible par notre système im-
munitaire », explique le Dr Nicolas
Vers des
rendez-vous
en ligne
Une semaine avant le début
de l’élargissement de la
vaccination, trois plateformes
de téléconsultations ont été
mobilisées par le gouvernement.
Doctolib, Keldoc et Maiia seront
chargées dès ce mercredi
de gérer la prise de rendez-vous
en ligne des plus de 75 ans,
des pompiers et aides-soignants
de plus de 50 ans qui pourront être
vaccinés à partir du 18 janvier.
Après avoir été géolocalisés,
les patients pourront prendre
rendez-vous sur le site sante.fr
dans l’un des 300 centres de
vaccination mis en place d’ici là. K. L.
Manel, immunologiste virologiste à
l’Institut Curie.
Côté efficacité, les données pré-
sentées à l’Agence européenne du
médicament (EMA) sont du même
ordre. Avec 94,1 % de formes symp-
tomatiques évitées par rapport au
groupe placebo chez Moderna et 95 %
chez Pfizer/BioNTech, « on atteint des
niveaux identiquement spectaculaires,
estime Nicolas Manel. C’est rassu-
rant, car, étant si proches, ils se vali-
dent l’un l’autre. » Si proches que
« nous avons estimé possible d’utiliser
un vaccin de l’autre marque pour faire
le rappel, en cas d’indisponibilité ex-
ceptionnelle du premier », indique le
Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du ser-
vice des maladies infectieuses à l’hô-
pital Henri-Mondor (AP-HP) à Cré-
teil et membre de la Commission
technique des vaccinations de la
Haute Autorité de santé (HAS).
Conservation différente
Les données obtenues lors des essais
de phase 3 n’ont pas conduit la HAS à
recommander l’un ou l’autre pour tel
ou tel profil de patients. Moderna af-
fiche 90,9 % d’efficacité chez les per-
sonnes à risques de forme grave (dia-
bétiques, malades chroniques pul-
monaires, obèses…), contre 95 %
chez son concurrent. Du côté des ef-
fets indésirables, les deux laboratoi-
res ont rapporté des « profils de tolé-
rance similaires et satisfaisants »,
estime la HAS. Autant de raisons qui
font dire à Nicolas Manel qu’il n’y a
pas lieu d’espérer pouvoir choisir son
vaccin. « Ce sera plus une question de

Les pharmaciens Pfizer

ARNm codant pour la protéine Spike
Moderna
ARNm codant pour la protéine Spike
disponibilité, et donc de logistique. »
La principale différence concerne
les conditions de conservation, avec

impatients de vacciner Autorisé pour...

Groupes de
... 16 ans et plus
Vaccin à Placébo
... 18 ans et plus
Vaccin à Placébo
des implications organisationnelles et
financières. Le Comirnaty de Pfizer/
BioNTech requiert une conservation
Or pour l’instant, les pharmaciens l'essai clinique ARNm (solution saline) ARNm (solution saline) à - 80 °C et ne peut être gardé que
KEREN LENTSCHNER £@Klentschner n’y sont pas légalement autorisés. En 5 jours dans un frigidaire. Le vaccin
Cas 8 cas / 18 198 162 cas / 18 325 11 cas / 14 134 185 cas / 14 073
décembre dernier, la Haute Autorité de Moderna est bien moins contrai-
« NOUS SOMMES à disposition des de santé (HAS) s’est dite « favorable
symptomatiques gnant : conservable en longue durée
EFFICACITÉ

pouvoirs publics pour vacciner. »
Philippe Besset, président de la Fé-
dération des pharmaciens de Fran-
ce (FSPF), indique que 84 % des of-
ficines sont prêtes à s’impliquer
dans la vaccination, selon un son-
dage interne. « Il serait important
d’envisager la vaccination dans les
officines et les cabinets médicaux
pour toucher ceux qui n’iront pas
dans les centres de vaccination », es-
time Philippe Besset, convaincu que
à ce que des évolutions réglementaires Cas de Covid-19 à - 20 °C, donc dans un congélateur
1 cas 9 cas 0 cas 30 cas
puissent rapidement permettre aux sévère classique, il peut rester 30 jours au
pharmaciens qui ont la formation né- réfrigérateur. Mais cet avantage
cessaire de réaliser la vaccination sur Évènement 0,6 % 0,5 % 1% 1% pourrait n’être que temporaire.
prescription médicale ». Ces derniers indésirable sérieux « Moins 80 °C, c’est la température à
font valoir que, pour la deuxième laquelle on conserve l’ARN en labora-
Efficacité vaccinale
année consécutive, ils sont habilités
moyenne
95 % 94 % toire pour éviter qu’il ne se dégrade,
à vacciner contre la grippe. « Il man- explique Nicolas Manel. Par ailleurs,
que aujourd’hui un arrêté ministériel 30 µg - soit 0,3 ml de solution 100 µg soit 0,5 ml de solution - BioNTech a d’abord développé sa tech-
ajoutant le vaccin Covid à la liste des
Doses nologie contre le cancer, un domaine
5 à 6 doses par flacon 10 doses par flacon
vaccins administrables pour nous dans lequel la conservation à très basse
permettre de participer à la cam- Utilisation Ajout de 1,8 ml de chlorure de sodium prêt à l’emploi température ne pose pas de problème
LOGISTIQUE

le gouvernement devrait « miser sur
la proximité » pour accélérer la
campagne. « Tout a été fait pour
nous écarter », s’agace Gilles Bon-
nefond, président de l’Union des
syndicats de pharmaciens d’offici-
ne (Uspo), estimant qu’« il est temps
d’ouvrir la vaccination aux infirmiers
et aux pharmaciens sans supervision
des médecins. »
pagne, déclare Philippe Besset. En
un jour, le réseau pharmaceutique
peut vacciner 400 000 à 500 000 per-
sonnes ».
Quelque 6 000 officines sont im-
pliquées à ce stade dans les premières
étapes de la vaccination au niveau
logistique. Les pharmaciens atten-
dent avec impatience l’extension de
leurs compétences vaccinales. ■
logistique. Il est donc possible que Pfi-
zer/BioNTech n’ait pas pris le temps de
Intervalle d'injection Entre 21 et 42 jours 28 jours démontrer sa stabilité à plus haute
température pour ne pas retarder son
dépôt de candidature. » Même analyse
Transport Jusqu'à 6 mois entre -60°C et -90°C. -20°C (-15°C à -40°C)
chez le Pr Lelièvre : « Il se pourrait que
Entre 2°C et 8°C pendant 5 jours. dans quelques semaines, les conditions
Conservation 2h à température ambiante. 5°C (frigo) 30 jours. de conservation ne soient plus très dif-
(flacon non ouvert) Ou 12h à température ambiante. férentes entre les deux vaccins, ce n’est
Source : Thibault FIOLET, Université Paris-Saclay Infographie pas quelque chose de définitif. » ■

Une immunité d’au moins huit mois pour les malades du coronavirus
montrent qu’au moins trois compo- lymphocytes B sont présents en protection soit plus longue, com- Si ce n’est pas encore le cas avec
VINCENT BORDENAVE £@bordenavev sants de la mémoire immunitaire quantité plus importante 7 mois mente Vincent Feuillet. Bien enten- le variant récemment découvert en
sont présents de cinq à huit mois après l’infection que dans le pre- du, nous n’avons pas encore assez de Angleterre, une mutation présente
ALORS que l’épidémie semble re- après apparition des symptômes », mier mois. Les lymphocytes T sem- recul pour en être sûr, mais si une dans un variant sud-africain in-
partir, une bonne nouvelle est à si- souligne Shane Crotty, qui a codiri- blent aller en régressant, mais res- primo-infection déclenche une ré- quiète les spécialistes. Des scientifi-
gnaler sur le plan de l’immunité in- gé le travail. tent présents chez près de neuf ponse immunitaire durable à 6 ou ques ont montré in vitro qu’elle blo-
dividuelle. Selon une étude menée La réponse immunitaire est en patients sur dix à six 8 mois, ce serait très que l’action de certains anticorps

par une équipe de l’institut d’im-
munologie de La Jolla (San Diego,
Californie) publiée dans Science, les
personnes ayant été malades du
Covid-19 bénéficient d’une protec-
tion contre une réinfection pour
une durée d’au moins huit mois.
« C’est une information importante
et rassurante qui confirme que le Co-
vid-19 induit une réponse immune
relativement prévisible, raconte
Vincent Feuillet, chercheur au
Centre d’immunologie de Mar-
seille-Luminy. Au début de l’épidé-
mie, il y avait des interrogations sur
la durée de la protection, et on parlait
même d’une réponse très courte de
trois à quatre mois. Finalement, on
est sur un schéma plus classique. »
Les scientifiques américains ont
étudié les différents mécanismes du
système immunitaire d’environ
200 malades guéris du Covid-19,
dont 43 infectés depuis plus de six
mois. La plupart ont développé des
formes modérées de la maladie et
n’ont pas été hospitalisés. Chez
effet un phénomène complexe al-
lant au-delà de la production d’an-
ticorps par les lymphocytes B, qui
gardent en mémoire les propriétés
de l’agent infectieux pour pouvoir
le combattre. En parallèle, l’orga-
nisme développe une réponse
qu’on appelle cellulaire, les lym-
phocytes T, qui vont cibler les cel-
lules infectées pour s’en débarras-
ser. Selon l’article de Science, les
95%
mois de l’infection. surprenant qu’elle sur la protéine Spike, la clé qui per-
Un patient atteint « Cette étude n’est n’aille pas au-delà. met au virus d’entrer dans nos cel-
du Covid-19 est pris pas la seule à aller dans Pour le Sars-CoV-1, on lules. « Il faut surveiller cette muta-
en charge par des ce sens, commente Éric parle d’une immunité tion car à terme elle peut avoir un
médecins de l’unité
Vivier, professeur d’un ou deux ans. » Cela véritable impact sur notre immunité,
de sevrage ventilatoire des anciens reste court comparé à
de l’hôpital Raymond- d’immunologie à Aix- raconte Éric Vivier. À cause d’elle,
Poincaré, à Garches Marseille et chercheur malades étudiés d’autres maladies certains anticorps ne reconnaissent
(Hauts-de-Seine), au Centre d’immuno- comme la rougeole ou plus la protéine Spike. Mais d’autres,
présentent « au moins
en avril 2020. logie de Marseille-Lu- la varicelle, mais suffi- qui se fixent à d’autres points de cet-
trois composants de la
miny. Il y a toujours des
JEAN-CHRISTOPHE
mémoire immunitaire sant pour espérer voir te protéine, continuent de bloquer le
MARMARA/LE FIGARO exceptions, mais la lit- s’éteindre l’épidémie. virus. Le système immunitaire peut
de cinq à huit mois
térature scientifique est après l’apparition Si le virus continue donc être affecté par ce variant, mais
assez claire : en règle des symptômes » de circuler dans la po- devrait rester assez efficace. »
générale, une personne pulation, nos systèmes Si dans les mois qui viennent
infectée une seconde fois immunitaires seront trop de mutations venaient à tou-
a moins de risque de tomber malade. régulièrement sollicités et les an- cher la protéine Spike, l’efficacité
En tout cas, son système immunitai- ciens malades ne devraient donc vaccinale serait alors questionnée.
re la protège généralement contre les pas perdre leurs défenses immuni- Faudra-t-il, comme pour la grip-
formes graves. » taires. En revanche, le virus sera pe, mettre régulièrement à jour les
Si aucune étude ne permet enco- soumis à une pression sélective plus différents vaccins ? Nous n’en
re de l’affirmer avec certitude, la forte, ce qui augmentera les muta- sommes pas encore là, et si à court
protection induite par la vaccina- tions et l’apparition de nouveaux terme la vaccination de masse est
tion devrait être d’une durée au variants. C’est à ce moment que les notre meilleur remède contre
moins équivalente. Les analyses des réinfections peuvent devenir plus l’épidémie, il est important de ne
laboratoires ont en effet montré fréquentes, si les anticorps et lym- pas négliger les autres pistes. « Le
une réponse forte en production phocytes ne reconnaissent plus le vaccin n’est qu’une part de l’arse-
d’anticorps, mais aussi sur le plan virus et ne parviennent plus à le nal, commente Éric Vivier. Un des
A

95 % des anciens malades ayant cellulaire chez les personnes vacci- bloquer. C’est le schéma de la grip- enjeux est de réussir à éviter les for-
participé à l’étude, « les données nées. « Il est assez probable que cette pe saisonnière. mes graves. » ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
8 POLITIQUE
Tentative
de sortie
de crise
en Nouvelle-
Calédonie
Après des semaines de violences
autour d’une usine de nickel, l’exécutif
veut relancer le processus politique.
LORIS BOICHOT £@lboichot
OUTRE-MER L’État tente de re-
prendre la main en Nouvelle-Calé-
donie. Après un mois de violences
autour de la reprise d’une usine
cruciale de nickel, le gouvernement
a avancé, lundi, d’inédites proposi-
tions de sortie de crise. Deux objec-
tifs sont affichés : régler l’avenir de
l’usine du brésilien Vale, symbole
d’une industrie du nickel en péril
dans l’archipel ; et relancer un pro-
cessus politique au point mort, dans
la perspective d’un éventuel troi-
sième référendum sur l’indépen-
dance d’ici à octobre 2022.
Pour la première fois, le ministre
des Outre-mer a publiquement es-
quissé une prise de participation de
l’État dans le capital du site métal-
lurgique, où 3 000 emplois sont en
jeu. Soucieux de « tendre une der-
nière fois la main », Sébastien Le-
Florian Philippot fait le choix d’une radicalité alternative
L’ancien chantre de la « dédiabolisation » mène désormais contre la politique sanitaire une stratégie jusqu’au-boutiste.
CHARLES SAPIN £@csapin
OPPOSITION Sous les fenêtres du
ministère de la Santé, ils sont quel-
ques dizaines à agiter, comme pour
se réchauffer, chaque vendredi les
mêmes banderoles : « Non à la Co-
ronafolie ! Liberté ! ». Au milieu
d’eux, Florian Philippot, blouson
noir sur les épaules, s’empare du
mégaphone : « C’est résistance in-
tégrale ou soumission inévitable.
Nous exigeons la réouverture de tout
le pays, de tous les bars, de tous les
restaurants… Nous exigeons la fin
des masques, ces bâillons ! Nous ré-
clamons la liberté totale ! »
Il paraît loin le temps où, costu-
me cintré et CV en bandoulière, le
haut fonctionnaire diplômé de
l’École nationale d’administration
(ENA) se faisait l’apôtre de la « dé-
diabolisation » du Front national.
Vantant sur tous les plateaux cette
« rigueur » nouvelle qui devait
l’emmener jusqu’aux portes du
pouvoir. Du FN, dont il était la plus
sérieuse caution, le quadra aurait
muté en extravagant rejeton.
Mis sur la touche après l’échec à
la présidentielle, l’ancien numéro 2
du parti de Marine Le Pen a préféré
en claquer la porte. Refusant le rôle
de bouc émissaire que tous vou-
laient le voir endosser. Trois ans
après avoir monté son propre
mouvement, Les Patriotes, Florian
Philippot stupéfie ses anciens ca-
marades : « Soit il a viré dingue, soit
il est devenu complètement cynique.
L’un n’excluant pas forcément
Les informés
1
de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi de 20h à 21h
A
cornu s’est dit « prêt à discuter d’une
implication plus forte de l’État »,
dans ses vœux télévisés aux 270 000
habitants de l’archipel du Pacifique,
français depuis 1853. Cet engage-
ment est conditionné à la fin du
boycott des réunions multilatérales
par les indépendantistes. Il sera re-
tiré si la Nouvelle-Calédonie de-
vient indépendante.
Consultation des partis
L’annonce se veut une réponse à
l’impasse dans laquelle se trouve le
site industriel Vale NC, à l’arrêt de-
puis le 10 décembre et placé sous
protection policière. Au cœur des
tensions : sa vente annoncée à un
consortium calédonien et interna-
tional - 50% des capitaux seraient
détenus pas des « intérêts calédo-
niens » et 25% par Trafigura, négo-
ciant suisse en matières premières.
Cette reprise est contestée par le
collectif « Usine du Sud = usine
l’autre », cingle un haut cadre du
RN après l’avoir entendu asséner
des formules, telles que « la macro-
nie fait davantage de victimes que le
coronavirus », sur les plateaux de
Russia Today ou TV libertés. Cette
dernière antenne, dont il a long-
temps interdit l’accès aux cadres
du FN, lorsqu’il en avait l’autorité.
« Le RN ? C’est devenu Macron à
quelques nuances près, confie
aujourd’hui Florian Philippot au
Figaro. Je dénie à tous ceux qui nous
parlent de couvre-feu, de confine-
ment ou de se mettre à six à table,
d’avoir un discours sérieux et ra-
tionnel. C’est de la pseudoscience,
du charlatanisme, du niveau des
saignés du Moyen Âge ! »
Le conseiller régional du Grand
Est qui pressait, encore en mars, de
mettre « la France en quarantaine »
et d’opter pour un « confinement
total au plus vite » a fait sa révolu-
tion. Il soutient désormais que
« l’impact réel du couvre-feu ou du
confinement sur l’épidémie n’a tou-
jours pas été démontré » par le gou-
vernement.
Quand la patronne du RN pointe
« l’incompétence » de l’exécutif,
son ancien bras droit préfère, lui,
croire à un dessein totalitaire : « Je
ne sous-estime pas l’intérêt pour le
pouvoir d’avoir la population sous
contrôle, confinée. C’est pratique,
on peut faire tout un mandat comme
ça. Si tout le monde se soumet, ils
n’ont aucune raison de s’en priver.
Pensez-vous qu’un pouvoir préfère
subir un flot de manifestations dans
les rues ou au contraire que les gens
chaque mardi avecc
Des opposants au projet pays » et par les indépendantistes
de vente de l’usine du Front de libération nationale ka-
Vale NC installent nak et socialiste (FLNKS), désireux
un barrage filtrant de contrôler les richesses minières
surmonté du drapeau du territoire.
indépendantiste kanak Des incendies, destructions et in-
aux abords de Nouméa, trusions sur le site classé Seveso,
le 8 décembre dernier.
THEO ROUBY/HANS LUCAS
condamnés par le FLNKS, ont été
VIA AFP
commis par des activistes radicaux,
de début décembre à début janvier,
contraignant les forces de l’ordre à
tirer à balles réelles. Aucune victi-
me n’a été déplorée, mais ce climat
a fait resurgir le souvenir de la qua-
si-guerre civile des années 1980 en-
tre Kanaks indépendantistes et
loyalistes caldoches, au cours de la-
quelle 80 personnes sont mortes.
En proposant un engagement de
l’État dans le capital de l’usine, en
plus des aides (prêt, garanties, dé-
fiscalisation) déjà prévues à hauteur
de 500 millions d’euros, Sébastien
Lecornu a satisfait les non-indé-
pendantistes. Il a en revanche mis
Florian Philippot lors restent terrorisés chez eux et n’osent
d’un rassemblement poser aucune question sur l’après ? »
de son parti, À la question de savoir s’il estime
samedi à Paris. encore vivre en démocratie, l’an-
MAGALI COHEN/HANS LUCAS cien parlementaire européen ré-
VIA AFP
pond sans fard : « Non. Nous som-
mes dans une oligarchie qui gère les
masses comme du bétail. »
Marine Le Pen « prête à se faire vacciner » contre le Covid
La présidente du Rassemblement
national, Marine Le Pen, s’est dite,
André Ventura, la présidente du
Rassemblement national, est revenue
samedi au micro de RFI, « prête à se sur ses réserves initiales : « J’ai dit
faire vacciner » contre le Covid-19. En (en) décembre que je ne me ferais pas
marge d’un déplacement, ce week-end vacciner tant que mon médecin
au Portugal, pour soutenir son allié n’aurait pas reçu les études du vaccin.
candidat à l’élection présidentielle, (…) Aujourd’hui, on a les études. »
les indépendantistes au pied du
mur. Dépourvu de solution de rem-
placement - le projet de reprise
« local » qu’il soutenait a été retiré -,
le FLNKS a demandé fin décembre à
l’État de prendre le contrôle du site
industriel « à titre transitoire », le
temps de trouver un autre repre-
neur. Une surprenante position de
la part des indépendantistes, égale-
ment défendue par la droite modé-
rée de « Calédonie ensemble ».
Moins ambitieuse, la participa-
tion de l’État évoquée par l’exécutif
est toutefois suspendue à la reprise
du processus politique. « Il ne peut y
avoir de destin commun sans que tout
le monde soit autour de la table », a
averti le ministre des Outre-mer
dans son allocution, à l’adresse des
dirigeants du FNLKS, qui ont boy-
cotté la dernière réunion avec les
forces politiques calédoniennes,
dite « format Leprédour », en dé-
cembre. « Chacun doit prendre ses
Une ligne frisant le complotis-
me, selon laquelle « vaccination »
rime moins avec guérison que
« corruption ». Au point de con—
vaincre certains fidèles de la pre-
mière heure, de ceux ayant claqué
en 2017 la porte du FN pour le sui-
vre, à tourner maintenant les ta-
lons : « J’ai toujours apprécié la mo-
dération de Florian, j’admirais son
sérieux, sa sincérité, livre Pascal
Bauche, conseiller régional du
Grand Est et ex-coordinateur des
“ Soit il a viré dingue,
soit il est devenu
complètement cynique.
L’un n’excluant pas
forcément l’autre
UN HAUT CADRE DU RN
”
référents départementaux Les Pa-
triotes. J’ai quitté le mouvement en
octobre parce que je ne voulais plus
être associé à ce nouveau discours
qui défie l’entendement… Il y a trop
de calcul politique derrière tout ça. »
Qu’importe. Grâce à son nou-
veau positionnement d’une « radi-
calité assumée », anti-confine-
ment, anti-masque et vaccino-
sceptique, Florian Philippot se
retrouve à la croisée des antisystè-
mes de tous bords, qu’il rêve de fé-
dérer. Allant jusqu’à supplanter,
en ce domaine, François Asseli-
neau et son Union populaire répu-
blicaine (UPR), dont il emprunte
les codes.
Dotés en janvier 2020 d’environ
La chef du RN n’a toutefois pas retenu
ses flèches contre les retards
enregistrés par le gouvernement dans
la vaccination de la population. Elle
laisse toutefois les Français « libres »
de se faire vacciner ou non. Et s’oppose
à toute vaccination obligatoire.
responsabilités », insiste-t-on au
ministère des Outre-mer.
Pour la classe politique calédo-
nienne, le temps presse. À partir du
4 avril prochain, un troisième et ul-
time référendum pourra être récla-
mé par un tiers des membres du
Congrès, l’organe législatif de l’ar-
chipel. Lors de la précédente
consultation, le 4 octobre dernier,
les électeurs avaient rejeté l’indé-
pendance à 53,3 %. En vue du nou-
veau scrutin, l’exécutif demandera
aux forces politiques calédoniennes
d’expliciter les conséquences du oui
et du non, a indiqué le ministre des
Outre-mer. Un cycle de consulta-
tions des partis politiques nationaux
sera aussi engagé, a-t-il aussi pro-
mis. Les yeux tournés vers la der-
nière étape du processus de décolo-
nisation amorcé par les accords de
Matignon de 1988, puis prolongé en
1998 par l’accord de Nouméa. Il y a
vingt-trois ans. ■
2 000 adhérents à jour de cotisa-
tion, Les Patriotes en revendiquent
désormais plus de 14 000. Soit une
multiplication par sept depuis le
début de la crise du Covid-19.
« Depuis octobre, on est sur un ryth-
me de 2 000 nouvelles adhésions par
mois », savoure Philippot qui, pour
preuve, exhibe un graphique mon-
trant la hausse des cotisations per-
çues sur l’année. « C’est pour ça que
le RN est un peu jaloux. Si ça conti-
nue, dans six mois, j’ai plus d’adhé-
rents qu’eux », veut croire celui qui
n’avait obtenu que 0,65 % des voix
aux dernières européennes.
Une question lancinante taraude
pourtant nombre de ses actuels et
anciens compagnons de route :
quelle part d’opportunisme et de
conviction cache ce virage radical ?
« Ce petit côté gourou, ça draine
beaucoup d’adhérents, relève un de
ses anciens cadres. Florian est en
train de créer un gagne-pain.
30 euros d’adhésion multipliés par
20 000 personnes, ça fait de quoi
voir venir quand on a ni siège, ni
charges. »
Le chef de file Les Patriotes ba-
laye : « Si j’ai quitté le Front, avec
tous les risques et les pertes que cela
représente, on peut au moins me re-
connaître d’avoir quelques convic-
tions ! » Des convictions qu’il ne
défendra pas lors des prochaines
élections régionales. Sans totale-
ment écarter quelques candidatu-
res ciblées aux départementales.
Pour l’heure, c’est davantage You-
Tube que les urnes que vise Florian
Philippot. ■

INTERNATIONAL
Chournoukh, village balafré par la frontière
entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Ce hameau se retrouve coupé
en deux après l’offensive
de Bakou contre le Haut-Karabakh.
MARINE DE TILLY
CHOURNOUKH
CAUCASE Une route nationale
est « une route importante qui
traverse tout ou une grande partie
d’un pays », dit le dictionnaire.
En Arménie, c’est la « Nationale
2 » qui relie Goris à Kapan et tout
le sud du pays jusqu’à l’Iran.
Dans la région de Syunik, elle
longe la frontière azerbaïdjanaise
et traverse plusieurs villages ar-
méniens, dont celui Chournoukh
- 207 âmes. Depuis le 5 janvier,
« en vertu du cessez-le-feu qui a
mis fin à la deuxième guerre du
Haut-Karabakh », selon les ter-
mes du communiqué du ministè-
re des Affaires étrangères, elle
matérialise, sur certaines por-
tions dont celle de Chournoukh,
la nouvelle frontière arméno-
azerbaïdjanaise.
« Niaiserie d’une époque où cha-
cun cherche les événements dans le
journal au lieu de les voir sur la
route », écrivait le poète Joë
Bousquet. Ce jour-là, à Chour-
noukh, c’est en effet sur la route
qu’a eu lieu l’« événement ». À
minuit, le ruban d’asphalte « na-
tional », cordon, trait d’union en-
tre le haut et le bas d’un village
sans histoires deviendra une
fracture, une blessure, un infran-
chissable Rubicon. « Ce soir,
conclut l’arrêté, quiconque
- homme, femme, enfant ou bête -
passera la ligne, deviendra azer-
baïdjanais. » Il se trouve que « ce
soir » est celui du 5 janvier et,
pour les Arméniens de Chour-
noukh comme pour ceux du
monde entier, c’est Noël. Alors,
plutôt que d’allumer des bougies
pour rapporter la lumière du
Christ-né chez eux, comme le
veut la tradition apostolique, « ce
soir », il faudra, pour la dernière
fois, traverser cette route.
Et tant pis pour Khatchik - lit-
téralement, « petite Croix » en
arménien -, Tigrane, Melina et les
11 familles dont les maisons se
trouvent du mauvais côté de la
chaussée et de l’Histoire. Tant pis
pour cet homme qui, toute la
journée, s’est épuisé à décons-
truire, planche après planche, la
maison qu’il a lui-même bâtie il y
a trente ans. « Avons-nous d’autre
choix que d’obéir ? Regardez-les,
leurs snipers ne se cachent même
pas, ils sont à 30 mètres ! Devant le
fort, c’est toujours le faible le res-
ponsable. » Tant pis aussi pour la
Au monastère de Gandzasar, première messe de Noël après la défaite
PERCHÉ sur une montagne à
plus de 1 300 mètres d’altitude,
serti d’à-pics et de pentes boi-
sées, le monastère de Gandzasar
trône en majesté au-dessus de la
vallée de Khatchen. À ses pieds,
le petit village de Vank, à une
quarantaine de kilomètres de
Stepanakert. Gandzasar. Litté-
ralement, « montagne aux tré-
sors » en arménien, refuge du
catholicosat du XVe au XIXe siè-
cle ; chef-d’œuvre de l’archi-
tecture et de la spiritualité mé-
diévale arménienne où, selon
une tradition locale, reposerait
la tête de Jean le Baptiste.
Dans le jardin du monastère,
deux soldats soufflent dans leurs
mains en attendant l’ouverture
de la porte. Le plus âgé raconte à
l’autre comment, au début de
l’année 1993, l’édifice fut détruit
par les roquettes azéries. « Ils
l’ont salement endommagé ; un
peu comme Chouchi aujourd’hui ».
Depuis, Gandzasar a été restauré
et rouvert ; il revit, le cœur bat-
source d’eau du village, qui, hé-
las, se trouve en bas, et « qu’ils
n’hésiteront pas à empoisonner si
on s’y aventure ! », balance une
voix sans visage depuis la fenêtre
d’à-côté. Tant pis pour les enclos,
les terres, les vaches, qui devront
désormais s’entasser dans les jar-
dins des habitants du haut. « À
moins de les déguiser en mou-
tons… », ironise Khatchik en
s’envoyant un troisième shot
d’alcool de mûre – il est 10 h 30 du
matin. « Et tant pis pour le ballon
du petit, ajoute-t-il enfin. Quand
il dégringolera de l’autre côté, on
lui en rachètera un neuf ! » Si ses
yeux sont « imprégnés d’une in-
quiétude obscure et infinie », com-
me disait Zabel Essayan dans
Dans les ruines, son humour, lui,
ne se résigne pas.
L’accord de cessez-le-feu du
9 novembre a créé de nombreu-
ses « zones grises » entre l’Azer-
baïdjan et le Haut-Karabakh
ainsi qu’entre l’Azerbaïdjan et
l’Arménie. Soumises à l’appétit
territorial de l’alliance turco-
azerbaïdjanaise, les lignes de dé-
marcation postsoviétiques de-
viennent poreuses. Pourtant,
depuis que la nouvelle est tom-
bée, les habitants, comme le
maire de Goris venu ce matin les
rassurer - « N’ayez pas peur ! Ou
ne leur montrez pas ! » - s’y ac-
crochent comme à une bouée.
« Nous retrouverons les docu-
ments, nous donnerons les preuves
que ces frontières sont historiques
et inviolables. » À qui ? Aliev ?
Erdogan ? Poutine ? L’espoir a
parfois de bouleversantes et
puissantes racines.
Maisons abandonnées
Du haut de son poste tout neuf
dont l’on s’approche à pas lents,
les mains en l’air, sous le regard
anxieux des soldats et carrément
paniqué des villageois, le colonel
azéri n’est pas causant mais fort
en réitération : « Vous êtes en ter-
ritoire azéri. Ils sont en territoire
azéri. Ceci est le territoire azéri. »
« Merci… », lui répond notre
fixeur arménien du bout des lè-
vres et du cœur en tournant les
talons. Jamais il n’avait été si près
de l’ennemi. Quant aux Russes,
qui ont refusé de nous escorter
sur les quelques mètres qui sépa-
rent leur blindé de celui des
« Turcs » mais nous ont surveillés
à la jumelle, ils n’ont qu’un mot à
la bouche : « le GPS ». Le GPS a
donné son verdict, il est souve-
tant de son histoire, de sa com-
munauté et de sa bibliothèque
aux mille manuscrits - l’un des
principaux centres intellectuels
de la région.
« Et maintenant l’heure est ve-
nue ! », dit le prêtre en accueillant
les fidèles et serrant quelques
mains. « Après des heures obscu-
res, que la plus noble et la plus im-
portante des fêtes, la Nativité,
nous éclaire ! » Sur le parking, un
convoi de cinq voitures coiffées
du drapeau d’Artsakh débarque
sans ménagement. C’est Arayik
Haroutiounian, le président de la
République d’Artsakh, avec fem-
me, filles et lourd service de sé-
curité. Initialement et comme
chaque année, c’était au monas-
tère de Dadivank que le président
devait venir fêter Noël. Passé
sous le contrôle de Bakou depuis
le traité tripartite du 9 novembre,
Davivank reste géré par l’Église
arménienne mais « cette année,
trop risqué » nous glisse, laconi-
que, un garde du corps. Nous
Désemparés, rain : la ligne passe ici, dans ce bon côté, ses ruches du mauvais.
des villageois arméniens
de Chournoukh
village exactement, et « notre
mission n’est pas de la commenter
S’il ne finit pas le déménagement
à minuit, ses abeilles seront azé-
déménagent
leurs meubles
mais d’y maintenir la paix » ; une ries. De part et d’autre de la rou-
« drôle » de paix, froide et impla- te, kalach en bandoulière et ci-
pour se réinstaller cable comme la défaite. garettes turques au bec, les
dans la partie Tandis que les hommes du vil- officiers russes et azéris conti-
du hameau
qui ne reviendra pas lage se remettent au travail et nuent de se regarder en chiens
à l’Azerbaïdjan, empilent meubles, caisses, cana- de faïence, et les quelques (très)
en vertu pés, fenêtres, foin, animaux et jeunes soldats arméniens qui pa-
du récent lames de plancher dans des ca- trouillent ressemblent à des
cessez-le-feu. mions antiques et surchargés, zombies.
CHRIS HUBY leurs femmes les réinstallent de Sous le soleil tiède de midi à
l’autre côté de la ligne où elles le Chournoukh, ce 5 janvier 2021,
peuvent, dans les maisons inha- l’Histoire d’hier et la géographie
bitées ou abandonnées. Un type d’aujourd’hui se sont carambo-
joue les funambules en haut du lées. L’absurde s’est ajouté à la
poteau électrique : « Nous ne leur cruauté de la situation de ces vil-
laisserons rien. De rien. Surtout lageois-Sisyphe qui continuent
pas la lumière. » Un autre nous de pousser leur rocher et que l’on
invite à boire le thé dans sa mai- peine – n’est pas Camus qui
son, laquelle est traversée par la veut - à imaginer un jour heu-
frontière. Sa salle à manger du reux. « Pourquoi êtes-vous venus
nous voir ? demande, en nous
quittant, la mère de Khatchik. Le
30 km monde se fiche du sort de notre
peuple, vous le voyez bien, pour-
quoi s’intéresserait-il aujourd’hui
Territoire sous à l’histoire de notre village minus-
contrôle russe cule ? » Sans doute parce qu’il dit
tout de la violence de la guerre,
Dadivank Territoire
psychologique quand elle n’est
Erevan Gandzasar
reconquis par
plus « physique », qui perdure
l’Azerbaïdjan
depuis cent ans à chaque point de
ARMÉNIE Stepanakert contact entre l’Arménie et
Chouchi l’Azerbaïdjan. Chournoukh ou la
désolation des vaincus et la tou-
Goris AZERBAÏDJAN te-puissance des vainqueurs ;
TURQUIE
Chournoukh ou la pression, létale
Nakhitchevan Chournoukh et continue, exercée sur tous ceux
Kapan
(AZERB.) que l’on balance d’un côté ou de
l’autre des frontières et qui ten-
IRAN tent de survivre aux lisières de la
Infographie
guerre. ■
n’obtiendrons pas beaucoup plus pour hocher du bonnet mais le
du premier homme de l’État- message est clair : le calme, la sé-
fantôme, sinon une brève décla- curité, le salut, reposent sur l’en-
ration émue et chuchotée du bout gagement et la présence des
Le père Sahak porte
l’eucharistie aux fidèles, des lèvres : « Aujourd’hui plus que troupes russes du maintien de la
au monastère jamais, nous souhaitons la paix. paix.
de Gandzasar, Une paix totale, une paix durable.
qui fut le refuge Nous la souhaitons tous ici et je re- « Il nous reste notre foi »
du catholicosat mercie nos frères russes d’accom- Il fait douze degrés en dessous de
du XVe au XIXe siècle. pagner le peuple d’Artsakh sur ce zéro dehors et dans l’église
CHRIS HUBY chemin. » Aucun Russe n’est là culmine la solennité de la pre-
mière messe de la Sainte-Nativité
depuis la fin des combats. Dans
les volutes d’encens et de fumée,
des faisceaux de lumière illumi-
nent les figures recueillies et les
pierres sculptées. Des hommes en
treillis prient, les enfants cher-
chent leur mère dans la forêt des
jambes tandis que le père Sahak
achève son homélie : « Tenons-
nous forts face à l’épreuve, avec
espoir et foi, ceints de la puissance
vivifiante du Seigneur. Ces lumiè-
res que nous allumons doivent
briller à l’intérieur de chacun de
nous. Soyez bénis, bénie soit l’âme
de nos soldats morts en défendant
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
9
Poutine pousse
ses pions
au Haut-Karabakh
Vladimir Poutine, « faiseur
de paix », acte II. Après
avoir présidé à l’accord qui,
le 9 novembre, a mis fin
aux affrontements au Haut-
Karabakh, le président russe
a reçu lundi au Kremlin les
dirigeants arménien et azéri,
Nikol Pachinian et Ilham Aliev.
Le groupe de Minsk (France,
États-Unis, Russie) apparaît
hors jeu. L’accord tripartite
de novembre dernier constitue
un « préalable pour régler
ce conflit sur le long terme »,
s’est félicité Poutine devant
les deux adversaires qui ne se
sont pas serré la main. Certes,
les armes se sont tues, mais
la crise est loin d’être terminée.
L’Azerbaïdjan retient
des prisonniers arméniens
et met toujours sous pression
le Haut-Karabakh, fort
de l’appui de la Turquie !
Le statut de ce territoire
reste à régler, Nikol Pachinian
s’est dit prêt à la discussion.
Moscou poussera une solution
qui préservera son influence,
notamment à travers
sa présence militaire.
C’est cet objectif qui dicte
le jeu de billard à plusieurs
bandes que Moscou poursuit
dans le Caucase du Sud. A. B.
notre droit d’exister, d’avoir exis-
té et d’exister demain. »
Avant de quitter le monastère,
une jeune fille s’attarde dans le
« gavit », la petite chapelle aux
bougies à l’entrée de l’église. Ori-
ginaire de Chouchi, elle s’est réfu-
giée « à l’étage d’en dessous » dit-
elle, à Stepanakert. « Ce Noël est le
plus important de ma vie. Le Christ
est né, et nous, comme Lui, nous
devons renaître. Nous avons perdu
notre maison. Jusqu’au dernier
jour, mes frères et mon père se sont
battus, ils ont perdu aussi. Mais il
nous reste notre foi, et notre patrio-
tisme. » Cette résilience, les Armé-
niens la connaissent bien : recons-
truire, restaurer, instruire, créer,
inventer ; ils l’ont toujours fait.
« Nous sommes le peuple des mon-
tagnes », chante la célèbre sculp-
ture de Stepanakert devenue le
symbole de la République auto-
proclamée. « Nous sommes le peu-
ple des montagnes, nous sommes
A
les gardiens de la terre. » ■ M. D. T.
(AU MONASTÈRE DE GANDZASAR)
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

10 INTERNATIONAL

Trump de nouveau cible d’un impeachment

Les représentants démocrates à la Chambre ont accusé lundi le président sortant « d’incitation à la violence
contre le gouvernement des États-Unis » après l’assaut de ses partisans contre le Capitole.
ADRIEN JAULMES £@AdrienJaulmes
CORRESPONDANT À WASHINGTON
ÉTATS-UNIS Donald Trump fait face à sa
deuxième procédure de destitution par le
Congrès. Le président sortant a été accusé
officiellement lundi d’« incitation à la vio-
lence contre le gouvernement des États-
Unis », dans une résolution présentée par
les représentants démocrates à la Cham-
bre. Un peu plus tôt, les républicains
tion, ajoutée à la dernière minute, qui
« interdit à toute personne ayant participé
à une insurrection ou à une rébellion contre
les États-Unis » d’occuper une fonction
officielle. Cet amendement avait été voté
après la guerre de Sécession américaine.
À neuf jours de la fin du mandat de Do-
nald Trump, les démocrates doivent agir
à un rythme accéléré s’ils veulent voir
cette procédure aboutir. « Il faut agir im-
médiatement, car ce président représente
une menace imminente », avait déclaré la
après qu’il a fait pression sur l’Ukraine par
un coup de téléphone à son président,
n’est pas nécessaire dans ce cas. Les par-
lementaires ont tous assisté en direct à
l’irruption des émeutiers dans le Capitole.
Mais malgré sa formulation juridique,
la destitution reste avant tout une procé-
dure politique. Et le vote des deux tiers du
Sénat, nécessaire pour condamner et dé-
mettre Trump de ses fonctions, reste plus
hasardeux à obtenir.
Le Sénat n’a pas prévu de siéger
avant le 19 janvier, soit la veille de la fin
du mandat de Donald Trump. La
Chambre haute étant divisée presque à
égalité entre démocrates et républi-
cains, les démocrates auraient besoin
du soutien de 17 sénateurs républicains.
Certains d’entre eux pourraient cette
fois être plus favorables à une destitu-
tion. Mais il n’est pas certain qu’ils se
rallient en nombre suffisant. La majo-
rité de ces élus, dont les électeurs res-
tent largement acquis à Donald Trump,
restent réticents à se prononcer contre
lui. Beaucoup espèrent que Trump dé-
missionnera de lui-même avant le
vote, comme l’avait fait Richard Nixon
en 1974. Ce que l’intéressé aurait déjà
exclu de faire. ■
+ » Lire aussi PAGES 16 ET 17
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

avaient bloqué une mesure demandant au présidente de la Chambre, Nancy Pelosi,

vice-président, Mike Pence, d’appliquer
le 25e amendement, qui aurait permis de
démettre le président de ses fonctions.
Trump devient donc le premier prési-
dent de l’histoire des États-Unis à faire
l’objet de deux procédures de destitution.
Longue de quatre pages, la mise en ac-
cusation souligne le rôle joué par Trump
dans les émeutes de la semaine dernière
au Capitole. Elle mentionne ses déclara-
tions répétées selon lesquelles il aurait ga-
gné les élections, et son discours à la foule
de ses partisans le 6 janvier, avant que les
émeutiers ne pénètrent dans le Capitole.
Le document cite même les paroles de
Trump ce jour-là : « Si vous ne vous battez
pas comme des diables, vous n’aurez plus
de pays. » Il cite également l’appel télé-
phonique de Trump au secrétaire d’État
de la Géorgie, Brad Raffensperger, le
2 janvier, lors duquel le président l’avait
exhorté à « trouver » suffisamment de
voix pour renverser le résultat de l’élec-
tion présidentielle dans cet État.
« Dans tous ces actes, le président
Trump a gravement mis en danger la sécu-
rité des États-Unis et de ses institutions
gouvernementales, indique la résolution.
Il a menacé l’intégrité du système démo-
cratique, entravé la transition pacifique du
pouvoir et mis en péril une branche du gou-
vernement. Il a ainsi trahi son rôle de prési-
dent, au détriment manifeste du peuple des
États-Unis. »
La résolution fait également une réfé-
rence au 14e amendement de la Constitu-
dans une lettre adressée à ses collègues.
Les deux raisons invoquées par les démo-
crates sont le risque de voir de nouvelles
actions imprévisibles de Trump avant
qu’il ne quitte la présidence, et la nécessi-
té de l’empêcher d’occuper de nouvelles
fonctions officielles dans l’avenir.
Une longue enquête
De nombreux républicains, même s’ils
condamnaient le rôle de Trump dans
l’émeute du 6 janvier, se disaient plus fa-
vorables à le laisser finir son mandat, ta-
blant sur le fait qu’il était à présent large-
ment discrédité. « Le mieux serait qu’il
aille jouer au golf », avait commenté John
Bolton, l’ancien conseiller à la Sécurité
nationale de Trump. « Je pense que le pré-
sident s’est disqualifié lui-même pour ne
plus jamais, certainement, occuper de pos-
te, avait déclaré Pat Toomey, sénateur. Je
ne pense pas qu’il puisse être élu de quelque
façon que ce soit ».
Mais d’autres ont critiqué une mesure
politique qui n’a pas beaucoup de sens à la
fin du mandat présidentiel. Le sénateur
Marco Rubio a reproché aux démocrates
de s’occuper de sujets « ridicules », com-
me de mettre en accusation un président
alors qu’il ne reste plus que quelques
jours au pouvoir.
La résolution a toutes les chances d’être
adoptée par la Chambre, où les démocra-
tes détiennent une courte majorité. Une
longue enquête, comme celle qui avait
précédé le vote de destitution de Trump

Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, lors d’une conférence

de presse, jeudi, à Washington. ERIN SCOTT/REUTERS

Yémen : l’Amérique
complique la donne en
écartant les houthistes
L’Administration Trump a qualifié de « terroristes »
les rebelles soutenus par l’Iran.
GEORGE MALBRUNOT £@Malbrunot
« C’EST la décision d’un fou avant de quit-
ter le pouvoir », s’emporte un habitant de
Sanaa, la capitale yéménite, joint au té-
léphone lundi, quelques heures après
que l’Administration Trump a décidé de
qualifier de « terroristes » les rebelles
houthistes, alliés de l’Iran, qui gouver-
nent 70 % des 27 millions de Yéménites.
« Ce n’est pas une bonne chose pour nous,
ajoute Ali (un nom d’emprunt), ici à Sa-
naa (tenue par les insurgés soutenus par
Téhéran), les gens voient cela comme une
manœuvre des Américains avant le départ
de Trump, mais ils pensent que Joe Biden
annulera cette décision. »
En annonçant cette décision diman-
che, le chef de la diplomatie américaine,
Mike Pompeo, a expliqué que ces sanc-
A
res menaçant les populations civiles, les
infrastructures et le transport maritime »,
allusion aux attaques par des missiles et
des drones des houthistes contre le
royaume saoudien voisin, où s’est réfu-
gié le président yéménite, Abd Rabbo
Mansour Hadi, reconnu par la commu-
nauté internationale. L’Arabie et son
gouvernement se sont félicités de la dé-
cision américaine, mais pas les autres al-
liés, français et britanniques, du prési-
dent Hadi. L’ambassadeur de France au
Yémen, relocalisé à Riyad en Arabie, a
déjà rencontré des leaders houthistes à
Sanaa. Paris se pliera-t-il à l’oukase
américain ?
Si elle était attendue, cette décision
risque toutefois d’aggraver la crise hu-
manitaire, déjà profonde, qui touche le
Yémen, en proie à une guerre civile de-
puis 2015. Un pays – le plus pauvre de la
tiennent Sanaa et une moitié du territoi-
re ; et de l’autre une coalition hétéroclite
composée de partisans de Riyad, des
Émirats arabes unis, de proches des Frè-
res musulmans et de séparatistes qui lut-
tent pour l’indépendance du Sud Yé-
men. Cette guerre oubliée a déjà fait des
dizaines de milliers de morts.
La pire crise humanitaire
« Nous avons peur que cette décision af-
fecte notre capacité à apporter de l’aide
humanitaire aux Yéménites », confie de-
puis Aden, la grande ville du Sud, Riona
Judge McCormack, de l’ONG Norwegian
Refugee Council. Une crainte partagée
par la plupart des ONG qui opèrent dans
ce pays quasi failli où sévit, selon l’ONU,
la pire crise humanitaire. « Cela va nous
nourriture, de médicaments et de fourni-
ture d’hébergements aux déplacés de la
guerre », explique Riona Judge McCor-
mack, qui espère des dérogations à ces
sanctions.
« Nous condamnons cet acte et nous
nous réservons le droit d’y répondre », a
réagi sur Twitter un haut responsable
des houthistes, Mohamed Ali al-Houthi.
Trois chefs des houthistes sont égale-
ment inscrits sur la liste noire américai-
ne, dont leur dirigeant Abdel Malek al-
Houthi. Téhéran s’est également insurgé
contre cette décision. Alors que l’Arabie
est embourbée dans cette guerre et que
les violences se sont réduites ces der-
niers mois, cette décision risque de re-
lancer les combats en durcissant la posi-
tion des rebelles et en les poussant
une organisation, c’en est une autre de le
faire quand il s’agit d’une organisation qui
administre un pays », préviennent les
chercheurs Giorgio Cafiero et Kristian
Coates Ulrichsen.
« Qu’on les aime ou qu’on les déteste,
les houthistes font partie de la société yé-
ménite », renchérit l’ancien diplomate
américain Ryan Crocker, fin connaisseur
du Moyen-Orient. « Obtenir l’annulation
de cette décision par l’Administration Bi-
den ne sera pas aisé », avertit un huma-
nitaire joint au téléphone au Yémen. Ce
responsable d’ONG explique que « si une
telle décision avait été prise au cours des
sept jours précédant l’entrée en fonction
de Biden, programmée le 20 janvier, cela
aurait été en pratique plus facile », car au-
delà d’une semaine il est plus compliqué

tions visent à tenir les houthistes « pour péninsule arabique - coupé en deux, en- gêner pour recevoir des fonds pour finan- davantage dans les bras de l’Iran. « C’est de défaire ce qui a été décidé par l’admi-
responsables des attaques transfrontaliè- tre d’un côté des insurgés houthistes qui cer nos opérations de distribution de une chose de désigner comme terroriste nistration précédente. ■

SOCIÉTÉ
Un plaidoyer pour les juges
devant la Cour de cassation
Pour sa rentrée solennelle, ses plus hauts magistrats ont évoqué les défis de la justice.
PAULE GONZALÈS pgonzales@lefigaro.fr
JUSTICE Si l’on en doutait, la retransmis-
sion vidéo de la rentrée solennelle de la
Cour de cassation aura prouvé combien il
est difficile de faire passer un peu d’âme
dans un prétoire quand il y manque la
Affaire du « mur des cons » : décision attendue sur le pourvoi
STÉPHANE DURAND-SOUFFLAND
sdurandsouffland@lefigaro.fr
CHACUN se souvient de l’effet désas-
treux produit par le « mur des cons »
auprès d’une partie de l’opinion publi-
que : dans les locaux du Syndicat de la
magistrature (SM, classé à gauche), un
assemblage de photographies de per-
sonnalités politiques, de magistrats, de
journalistes - dont plusieurs du Fi-
garo -, mais aussi de parents de victi-
mes de crimes médiatisés, affublés
d’un qualificatif infamant.
Le tribunal correctionnel, puis la cour
d’appel de Paris, ont estimé que la prési-
chair et les os. Lundi, en cette fin d’après-
midi d’hiver, il se dégageait en effet de
cette audience filmée quelque chose de
grave et de crépusculaire. Sans doute
était-ce dû au rappel par les deux plus
hauts magistrats de l’ordre judiciaire
français, Chantal Arens, la première pré-
sidente de la Cour de cassation, et François
dente du SM, défendue par Me Antoine
Comte, s’était rendue coupable d’injure
publique. En décembre 2019, Françoise
Martres - qui n’était toutefois pas à la
tête de l’organisation quand le panneau
avait été initié - a été condamnée à
500 euros d’amende avec sursis, senten-
ce identique à celle de la première ins-
tance. Sur le volet civil, elle doit notam-
ment verser 5 000 euros de dommages et
intérêt à Philippe Schmitt, père d’Anne-
Lorraine, poignardée en 2007 dans le
RER, dont la photo figurait sur le
« Mur ».
La défense de Mme Martres, représen-
tée devant la juridiction suprême par
Me Claire Waquet, conteste, de manière
Molins, son procureur général, de cette
dure « année 2020 marquée par le terroris-
me » et par « cet état d’urgence d’un genre
nouveau, celui sanitaire » comme tous
deux l’ont évoqué. À cette occasion, tous
deux ont rappelé « les faiblesses de notre
institution et notamment ses failles numéri-
ques » et donc « l’urgence absolue et le défi
strictement juridique, la qualité de « di-
rectrice de publication » retenue pour la
magistrate condamnée. Elle discute éga-
lement le caractère public de l’infrac-
tion : selon elle, l’existence du panneau
n’avait pas vocation à être divulguée, et
le journaliste à l’origine du scandale
aurait agi de manière déloyale.
Un tort considérable
à l’image de la magistrature
Le pourvoi (plus précisément les trois
pourvois déposés) conteste par ailleurs la
recevabilité de plusieurs parties civiles,
dont celles du maire de Béziers Robert
Ménard et du Rassemblement national,
« rattrapées » en appel après avoir été
INTERNATIONAL
technologique » qu’il convient à la chan-
cellerie de relever. Mais cette ambiance
glaciale rappelait aussi les avertissements
répétés et les critiques à peine voilées que
les deux hauts magistrats n’ont cessé
d’adresser, depuis septembre, à Éric Du-
pond-Moretti, garde des Sceaux assis au
premier rang. Critiques lui reprochant ses
propos vis-à-vis des magistrats et d’avoir
diligenté une enquête administrative sur
trois d’entre eux. Sous son masque noir, ce
dernier devait également ruminer les
plaintes pour conflit d’intérêts que la
commission des requêtes de la Cour de
justice de la République a transmises, ven-
dredi dernier, à la commission d’instruc-
tion de cette dernière, sous l’égide du pro-
cureur général François Molins.
« Penser d’autres voies »
Lors de sa prise de parole, ce dernier a
rappelé combien la justice est mise à
contribution pour juger des politiques :
« La judiciarisation, par laquelle le juge de-
vient un régulateur de notre société, va tou-
jours croissant et contribue à alimenter les
critiques contre l’institution judiciaire. (…)
La justice est ainsi de plus en plus contestée,
brocardée, au risque de dresser la société
contre les juges. Ces derniers mois, ces at-
taques se sont multipliées pour dénoncer un
empiétement des magistrats dans le champ
de compétence des autres pouvoirs. » Il a
aussi rappelé que « dans notre démocratie,
la justice assure, en dernier ressort, la garde
de notre pacte social et la promesse de la
République, ce qui impose pour elle des ga-
ranties nécessaires. Il n’y a en effet pas de
justice sans séparation des pouvoirs ni sans
indépendance et impartialité du juge ». Et
d’en profiter pour plaider, à défaut cette
fois-ci de l’indépendance du parquet en
général, du moins que « les membres du
parquet général ne relèvent pas de l’autorité
du garde des Sceaux ». De son côté, alors
que son mandat s’achèvera à la fin de l’an-
née, Chantal Arens invite à « penser
d’autres voies pour demain » car, affirme-
t-elle, « l’allocation impérieuse de moyens
supplémentaires et l’augmentation des ef-
fectifs, toujours d’actualité, ne suffiront
pas ». « De nouveaux défis se présentent à
nous (…), poursuit-elle : la question de l’ac-
cès au juge, celle des méthodes de travail des
magistrats » et, plus loin, « de donner vie à
l’équipe autour de lui (…), pour lui permettre
de se recentrer sur son activité juridiction-
nelle, pour rompre avec l’isolement et pour
favoriser la réflexion collective ». ■
Le premier ministre, Jean Castex, et le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti,
sont accueillis, lundi, par Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation,
et François Molins, son procureur général, au palais de justice de Paris.
écartées par le tribunal correctionnel.
L’affaire du « mur des cons » a causé
un tort considérable à l’image de la ma-
gistrature, même si le SM est minoritaire
dans la corporation. Le fait d’avoir mêlé
à des personnages publics des parents de
victimes - on peut aussi citer Jean-Pier-
re Escarfail, dont la fille Pascale a été as-
sassinée en 1991 par le tueur en série Guy
Georges - constitue, pour beaucoup
d’observateurs, une faute impardonna-
ble. Lors des procès, Mme Martres a pré-
senté des excuses, jugées trop tardives
par M. Schmitt, présent à l’audience.
Très à cheval sur la notion de conflit
d’intérêts quand cela sert les siens, com-
me en témoigne l’actuelle action qui vise
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
11
ZOOM
L’Église autorise les filles
à servir la messe
C’était une pratique acquise
dans la plupart des paroisses :
sous couvert de l’autorisation de
l’évêque, les filles étaient admises
à servir l’autel pendant la messe
mais cette possibilité n’était pas
légalisée dans l’Église catholique.
Par un décret spécial, un motu
proprio intitulé Spiritus Domini
publié lundi, le pape François
a inscrit cette mesure dans le droit
interne de l’Église catholique :
les enfants de chœurs, comme
on les appelle communément,
pourront être indistinctement
des garçons ou des filles. Le pape
a également décidé que les lectures
de la messe - sauf celle de
l’Évangile, toujours lu par un prêtre
ou par un diacre - pourront aussi
être faites par des femmes. Il prend
soin de préciser que cette évolution
est seulement possible parce que
les « ordres mineurs », acolyte
et lecteur, sans ordination - sont
« clairement distingués » des
« ordres majeurs », diaconat
et sacerdoce, qui, eux, restent
réservés aux hommes. J.-M. G.
EN BREF
Strasbourg : plaintes
de restaurateurs contre
un livreur refusant
des commandes casher
Deux restaurateurs juifs de
Strasbourg ont déposé plainte,
ainsi que le Consistoire israélite du
Bas-Rhin, après le refus par un ou
deux livreurs Deliveroo de prendre
en charge leurs commandes
et la tenue de propos antisémites.
Un lycée fermé à la suite
de menaces de mort
Le lycée Pierre-Joël-Bonté de Riom
(Puy-de-Dôme) a été fermé lundi
en raison « d’insultes et menaces de
mort » visant des enseignants. Un
élève de 15 ans est en garde à vue.
Deux hommes
en possession d’explosifs
écroués à Belfort
Âgés de 30 et 38 ans, deux hommes
ont été interpellés vendredi
en possession d’un demi-pain
d’explosif, de fils détonateurs,
d’un fusil de chasse et d’environ
200 munitions de différents
calibres, dans un quartier sensible
de Belfort. Ils ont été placés en
détention. Le parquet national
antiterroriste ne s’est pas saisi.
STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP
le garde des Sceaux devant la Cour de
Justice de la République, le SM n’a jamais
reconnu que son patchwork, présenté
comme une simple blague d’esprit pota-
che, pouvait semer le doute sur l’impar-
tialité de ses membres, amenés à juger
des prévenus estampillés « cons ».
Parmi ceux-ci, Nicolas Sarkozy. L’an-
cien chef de l’État tire, notamment, ar-
gument de sa présence sur le panneau
injurieux pour affirmer qu’il fait l’objet
d’un acharnement de nature politique
de la part de magistrats dont il dénonce
la partialité supposée. Si le triple pourvoi
de Françoise Martres était rejeté, elle
pourrait encore se tourner vers la Cour
européenne des droits de l’homme. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
12 SPORT
Nicollin :
« Les lingots
d’or ne vont
pas tomber
du ciel, mais… »
Le club de Montpellier devrait disposer
de son nouveau stade à l’horizon 2024.
Son président s’explique.
PROPOS RECUEILLIS À MONTPELLIER PAR
CHRISTOPHE REMISE £@CRemisqe77
Divers sites de l’agglomération
montpelliéraine ont été étudiés pour
accueillir le nouveau stade souhaité
par Laurent Nicollin (47 ans), prési-
dent du MHSC, mais c’est finalement
à Pérols que cette enceinte de 25 000
places devrait voir le jour en 2024,
l’année des 50 ans du club. Un projet
que le président Nicollin présente
pour Le Figaro.
LE FIGARO. – Quel est votre
sentiment après l’annonce du lieu
où le stade Louis-Nicollin
sera érigé ?
Laurent NICOLLIN. – C’est une éta-
pe franchie, après plus de trois ans
et demi de discussions, d’avancées
et, pour nous au club, de travail au
quotidien pour sortir un projet
comme ça. Il y a encore beaucoup
d’autres étapes à franchir, notam-
ment quand on attaquera les dis-
cussions publiques pour avancer. Il
y aura un ouf de soulagement
quand le permis de construire sera
délivré, un second ouf de soulage-
ment quand les travaux commen-
ceront et un ouf de plaisir, de joie et
peut-être de fierté quand le stade
sera sorti de terre. Comme je ne suis
pas spécialement expansif, je ne
vais pas sauter au plafond. Il peut
encore y avoir beaucoup de rebon-
dissements. On ne va pas crier vic-
toire. On est simplement content
d’avoir franchi une étape.
Les clubs de foot veulent devenir propriétaires de leur stade
GUILLAUME MOLLARET
£@Newsdusud
L’OLYMPIQUE Lyonnais a montré
la voie. Seul club de football fran-
çais propriétaire de son stade, il est
en passe d’être imité par le Mont-
pellier HSC, le Stade Brestois et Nî-
mes Olympique qui vont, dans les
prochaines saisons, quitter leurs
stades municipaux pour de nou-
velles enceintes financées à 100 %
par des capitaux privés.
Vivant sous la perfusion des
droits télés - lesquels sont renégo-
ciés à la baisse depuis la défection
du diffuseur Mediapro -, les clubs
de football français cherchent le
moyen de diversifier leurs revenus
tout en se montrant plus attractifs
pour les supporteurs et les joueurs.
Le modèle lyonnais
fait des émules
Lundi, Laurent Nicollin, patron du
Montpellier HSC (9e de Ligue 1), a
présenté les contours de son nou-
veau stade. Le prix de cet aména-
gement, qui promet d’être inau-
guré fin 2024, oscille entre 150 et
180 millions d’euros. « Nous n’in-
vestissons pas seuls. Le Holding Ni-
collin va créer une société avec FDI,
Holding Tissot, GGL (des promo-
teurs-aménageurs régionaux,
NDLR), Oc Santé et l’architecte
François Fontès, qui apporteront
chacun leur expérience et des acti-
vités sur site. Elles permettront de
rembourser le crédit », détaille le
dirigeant. « Gagner de l’argent ?
A
C’est autre chose. On verra plus
tard », évacue le patron montpel-
Vous l’avez souvent dit :
ce stade est vital pour le club…
Ça crée une dynamique au sein du
club, des administratifs, des
joueurs, tout le monde. Ça prouve
que le club a de l’ambition et veut
continuer à grandir, se pérenniser
dans le top 10 du championnat de
France. On se donne un outil qui
nous permettra, je l’espère, de
continuer à franchir des paliers.
D’ici trois-quatre ans, j’espère que
ce ne sera pas trop tard. On aura
peut-être pris du retard sur certains
clubs. Mais on essaiera de le récu-
pérer avec ce nouvel outil. En tout
cas, ça stimule tout le monde et
c’est motivant pour l’avenir.
“
Si tout s’était passé
pour le mieux, le stade
aurait peut-être
pu être inauguré
en fin d’année 2021.
Mais on ne vit pas
avec le passé
LAURENT NICOLLIN
” privé. Pour mieux travailler, c’est
Pourquoi ce projet a mis
tant de temps à voir le jour ?
Il y a eu les élections au milieu, et les
gens ont voulu que ce soit dans le dé-
bat politique, tout simplement. Le
Covid ? On aurait pu attaquer les
travaux bien avant l’apparition du
Covid. Certaines personnes ont vou-
liérain qui estime « vital de pouvoir
organiser les hospitalités et les ves-
tiaires comme on le souhaite, sans
avoir à en référer à la collectivité. »
À Lyon, ce n’est pas un consor-
tium d’acteurs privés qui a porté le
projet d’aménagement autour du
Groupama Stadium de Décines
mais OL Groupe, maison mère de
l’Olympique Lyonnais. Au-delà de
la valeur de la marque OL et de
celle (volatile) de son effectif spor-
tif, présenter un stade dans ses ac-
tifs donne une autre envergure
économique au dernier demi-fi-
naliste de la Ligue des champions
dont le chiffre d’affaires s’élevait à
309 millions d’euros en 2019.
Avant le Covid, OL Groupe a
dégagé jusqu’à 15 millions d’euros
« On aura un outil lu mettre cela dans la campagne et ça
pour accueillir davantage nous a fait perdre un an, deux ans,
de monde dans
de meilleures conditions
trois ans sur les travaux. Si tout
s’était passé pour le mieux, le stade
et c’est là qu’on espère aurait peut-être pu être inauguré en
que le club gagnera fin d’année 2021. Mais on ne vit pas
un peu plus d’argent », avec le passé, on vit avec l’avenir et
confie Laurent Nicollin.
LOIC VENANCE/AFP
au moins le présent. C’est comme ça.
Pourquoi ce site plutôt qu’un autre ?
On a travaillé pendant des années
sur Cambacérès, qui n’avait pas les
faveurs du nouveau maire (Michaël
Delafosse). À un moment donné, on
n’allait pas se battre contre des
montagnes… Le maire nous a pro-
posé Ode à la mer et Odysséum, qui
pouvait nous convenir aussi. On a
fait faire une étude financière sur
Ode à la mer, parce qu’on avait
quelques doutes sur cette zone. Et
comme on n’est pas trop des abru-
tis, on s’est dit : « On a plus ou
moins ce qu’on voulait à Ode à la
mer, autant y aller, on va gagner du
temps, soyons constructifs. » Et
c’est toujours important d’avoir un
maire qui veut faire avancer les
choses et qui est derrière nous.
Le financement sera donc à la fois
privé et quasi intégralement local…
C’était notre projet dès le départ.
On essaie de faire un truc 100 %
quand même mieux quand on est
avec du privé que du public.
D’ailleurs, ce sera certainement
l’un des premiers projets 100 %
privé pour une telle infrastructure
et une enceinte sportive dans la ré-
gion, peut-être même en France. À
partir du moment où on avait trou-
vé des partenaires prêts à prendre
des risques financiers avec nous, on
de chiffre d’affaires avec la loca-
tion du stade, la coproduction de
spectacles, et l’intéressement
billetterie lié à l’accueil de matchs
de rugby. « En 2019, nous avons
également hébergé 450 séminaires
qui ont permis de dégager plus de
4 millions d’euros de recette. Par
Suivant la voie ailleurs, depuis que nous avons
défrichée par Lyon, quitté le Stade Gerland, la billette-
Montpellier, rie de l’OL a quadruplé. Être pro-
Brest et Nîmes priétaire de son outil de travail, ce
(ici, une vue d’architecte n’est que du positif », affirme
de la future enceinte Thierry Sauvage, le directeur gé-
gardoise) vont
néral d’un OL Groupe qui porte
construire de nouveaux
stades financés dans un futur proche la construc-
intégralement tion d’une Arena et l’accueil d’un
par des capitaux parc de loisirs.
privés. À l’épreuve des faits depuis cinq
VALODE & PISTRE ans, le modèle lyonnais – lui-mê-
a avancé. Il y avait des incertitudes
parce qu’avec les élections, certains
voulaient qu’on soit un peu privé un
peu public… Le plus simple pour
nous, c’était que ce soit 100 % privé.
Après, il faut quand même passer
par les collectivités pour acheter les
terrains. Mais quand on dit quelque
chose, on essaie d’aller jusqu’au
bout. C’est 100 % privé, on en est
très heureux et très fier.
“ On veut faire
du 100 % privé, créer
des emplois, c’est
un outil qui permettra
au club de grandir
et d’évoluer
LAURENT NICOLLIN
” C’est le but, que les gens viennent
Cela permettra au club de générer
plus de revenus…
Oui, mais il faudra rembourser le
crédit. On verra si ce sera extraor-
dinaire ou pas. Après, ce qui est sûr,
c’est qu’on aura un outil pour ac-
cueillir davantage de monde dans
de meilleures conditions et c’est là
qu’on espère que le club gagnera un
peu plus d’argent. Mais le club va
quand même largement contribuer
dans le loyer, dans les prêts, donc
les lingots d’or ne vont pas tomber
du ciel. Et on va payer les impôts.
Vous espérez 4 000 à 5 000 emplois
directs ou indirects avec ce projet…
C’est important d’avoir des sociétés,
des gens qui créent des emplois. Il y
a toujours des donneurs de leçons
qui expliquent que… Je ne vais pas en
me inspiré des plus grands clubs
européens -, fait donc désormais
école chez de plus modestes clubs
de Ligue 1. À Nîmes Olympique,
c’est plus de 200 millions d’euros
que compte investir le propriétai-
re Rani Assaf (par ailleurs direc-
teur général délégué d’Iliad) dans
une opération immobilière conju-
guant stade, logements, hôtel,
commerces et bureaux. « L’OL est
mon modèle (sur le plan économi-
que, NDLR), si on arrive à faire le
tiers de ce qu’ils font en chiffre d’af-
faires sur les séminaires, nous se-
rons contents », dit le dirigeant.
Ici, la Ville a cédé l’actuel stade
des Costières qui sera détruit, pour
faire place à une nouvelle enceinte
et à un nouveau quartier… le tout
sur la même emprise foncière.
Une maîtrise du sol que certaines
collectivités rechignent à céder. À
Brest, la Métropole négocie âpre-
ment avec la présidence du SB29
les termes de son futur « lieu de
vie », lequel se heurte aussi à des
considérations environnementa-
les et archéologiques.
Très politique, la cession d’un
stade permet aux communes de
recentrer leurs investissements sur
le sport amateur comme le pro-
mettent Nîmes et Montpellier. À
l’inverse, d’autres collectivités,
malgré le prix à payer, préfèrent
conserver la maîtrise de leurs in-
frastructures dédiées au sport pro-
fessionnel. À Strasbourg, l’Euro-
métropole a décidé de la
rénovation, pour 100 millions
d’euros, de l’antre du Racing. La
Meinau n’est pas à vendre. Pas plus
que le Parc des Princes, à Paris. ■
dire plus. On va créer des emplois,
c’est le but. On veut faire du 100 %
privé, créer des emplois, c’est un
outil qui permettra au club de gran-
dir et d’évoluer. C’est un outil assez
fabuleux pour la Métropole . Avec ce
nouveau stade, on ne va rien coûter
à la collectivité alors que la Mosson
coûte de l’argent. Quand j’entends
qu’on veut réhabiliter la Mosson à
- j’ai entendu des tarifs - 100 M€…
Qui paie ? À un moment donné, il
faut savoir raison garder. On amène
un projet. On ne demande qu’à
acheter des terrains et construire
notre stade, un plan économique
pour pouvoir payer notre crédit.
Plus qu’un stade,
c’est un lieu de vie…
toute la semaine. Il y aura des bu-
reaux, un hôtel, une crèche, des res-
taurants, un musée (autour de la col-
lection de maillots de Louis Nicollin,
NDLR)… Le but, c’est qu’il y ait plus
de monde les jours de match évi-
demment, mais que toute la semai-
ne, les gens prennent plaisir à venir.
Il y a un centre commercial autour,
toute une zone qui permettra de vi-
vre et de passer des bons moments.
On imagine que l’émotion
sera grande au moment
de voir l’inscription
« Louis Nicollin » sur ce stade…
On verra ça en 2024 (sourire). Vous
viendrez me voir le jour de l’inau-
guration, le jour où on posera les
grosses lettres au stade. Pour l’ins-
tant, ce n’est que du virtuel et je suis
quelqu’un de terre à terre. On aura
le temps de verser une larme dans
trois-quatre ans… ■
ZOOM
XV de France :
Delbouis et Taofifenua
invités surprises
Le sélectionneur des Bleus
a dévoilé lundi la liste des
37 joueurs retenus pour le début
du Tournoi des six nations
(Italie-France le 6 février,
Irlande-France le 13). Fabien
Galthié a dû faire face à un
problème de riche, son équipe
type puis les réservistes ayant
tour à tour brillé lors de la
Coupe d’automne des nations.
Après quatre jours de
discussions avec ses adjoints,
il en a fait la synthèse.
Le revenant Brice Dulin,
l’ailier de Toulon Gabin Villière,
le flanker de Castres Anthony
Jelonch ou encore le deuxième-
ligne de Pau Baptiste Pesenti
ont gagné leur place grâce
à leurs prestations face à
l’Angleterre début décembre.
Au final, deux petites surprises :
la convocation du jeune ailier
du Racing Donovan Taofifenua,
préféré au Montpelliérain
Vincent Rattez, et celle
du Parisien Julien Delbouis
au centre. Et un grand retour,
celui de Damian Penaud,
qui, blessé, n’avait disputé
qu’un seul match avec le XV
de France en 2020. À noter,
les absences de Romain
Ntamack et de Demba Bamba,
convalescents.
Le gouvernement français
se prononcera ce mardi sur les
conditions de tenue du Tournoi.
Il a annoncé lundi la suspension
des Coupes d’Europe jusqu’à fin
janvier. D. R.

LE CARNET DU JOUR
Heureux ces serviteurs
Les annonces sont reçues que le maître à son arrivée
trouvera fidèles à veiller.
avec justification d’identité Luc 12, 37.

du lundi au vendredi Le Seigneur a accueilli
dans la Paix et la Lumière
de 9h à 13h et de 14h à 18h
(excepté les jours fériés) M. Jean-Marie BONDUELLE
et tous les dimanches maire de Renescure (Nord)
de 1997 à 2008,
de 9h à 13h.
paisiblement endormi dans
l'espérance de la Résurrection,
par courriel entouré de l'affection de
tous les siens, le 9 janvier 2021,
carnetdujour@media.figaro.fr à l'âge de 92 ans.
De la part de
par téléphone
Nicole Bonduelle-de Quillacq,
01 56 52 27 27 son épouse,
Jean-Bernard et Sylvia
sur notre site Bonduelle-Becquet de Megille,
sœur Emilie
carnetdujour.lefigaro.fr et toute la communauté
de la Fraternité monastique
de Jérusalem,
Priscille et Grégoire Wallaert,
Reprise des annonces sur : Constance et Octave
Bosquillon de Jenlis,
carnetdujour.lefigaro.fr Daphné et Harold Souliez,
Apolline et Tanneguy Fournial,
www.dansnoscoeurs.fr
Marie-Laëtitia et Hervé
Lorthiois,
Rosalie et Ulrich Bedel,
Clarisse et Julien
Hebert de Beauvoir,
Victoire Lorthiois,
fiançailles
Sophie et Hubert Mulliez,
Gautier et Sophie-Charlotte
Mulliez-van Robais,
Charles et Amicie
M. et Mme Olivier CASTELLO
Mulliez-Savary de Beauregard,
sont heureux de faire part Adèle et Erwan Grumellon,
Laurent Mulliez,
des fiançailles de leur fils,
Vianney Bonduelle (†),
Julien
Florence et Frédéric
Marchant-Bied,
avec
Inès Bonduelle,
Baudouin et Manon
Mlle Sarah MESSENGER
Bonduelle-Vandenbulcke,
Diane, Alix, Foucauld
Bonduelle,
François et Caroline
deuils Bonduelle-Cafler,
César, Brieuc, Jeanne
Bonduelle,
Claire et Patrice Bricout,
Mme Michèle Desmottes,
Gaspard et Marie
sa compagne,
Bricout-Delerue,
Marie et Jean-Valère Alard,
Mme Christine Dal Vecchio,
Martin Bricout
M. Frédéric Dal Vecchio,
et sa fiancée Pauline Mouton,
M. Nicolas Dal Vecchio,
Nicolas Bricout,
ses enfants,
ses enfants et petits-enfants,
M. François Marguaritte,
son gendre,
ses 19 arrière-petits-enfants,
Mme Odile Dal Vecchio,
Mme Oriane Dal Vecchio,
les familles Bonduelle-Dalle
ses belles-filles,
et de Quillacq-du Rin.
Lola, Sidonie, Paul, Gabriel, La messe d'A-Dieu aura lieu
Lucie et Chloé, le jeudi 14 janvier, à 10 h 30,
ses petits-enfants,
dans l'intimité, en l'église
Mila, son arrière-petite-fille,
Notre-Dame-de-l'Assomption,
à Renescure,
M. et Mme Michel Degré,
suivie de l'inhumation
son frère et sa belle-sœur,
dans le caveau familial.
et l'ensemble de sa famille En raison des directives liées au
ainsi que ses amis Covid-19, un hommage pourra
lui être donné de 9 heures
ont la profonde tristesse
à 10 h 15 avant la cérémonie.
de vous faire part
de la disparition de
M. Gilbert DAL VECCHIO
président-directeur général Isabel Der-Agopian,
de l'imprimerie Frazier sa fille,
(1986-2006),
Nina, Angel,
Candice et Flore,
le 6 janvier 2021, ses petits-enfants,
dans sa 88e année.
les familles Der-Agopian,
La cérémonie religieuse Damlamian et alliées
sera célébrée
en l'église Saint-Vigor ont la tristesse
de vous annoncer le décès du
de Marly-le-Roi (Yvelines),
le jeudi 14 janvier, à 14 h 15,
suivie de l'inhumation, docteur
au cimetière de la Genêtrière. Nora DAMLAMIAN
DER-AGOPIAN
Cet avis tient lieu de faire-part.
survenu le 9 janvier 2021,
michele.desmottes@gmail.com dans sa 97e année.
christine@clb-a.com
fredericdalvecchio@gmail.com Elle a rejoint son époux,
ndv920@gmail.com Dork Der-Agopian
et son fils, le
docteur Eric Der-Agopian
La cérémonie aura lieu
le vendredi 15 janvier,
Un souvenir inoubliable ! à 14 heures, au cimetière
parisien de Bagneux
(Hauts-de-Seine),
Publiez l’annonce 45, avenue Marx-Dormoy.
Ni fleurs ni couronnes.
de sa naissance dans Les dons seront reversés
à une œuvre de bienfaisance,
en Arménie.
10, rue Joseph-Bara,
75006 Paris.
Chatou. Chartrettes.
Villeneuve-la-Raho.
Ses enfants, petits-enfants
et arrière-petits-enfants
ont la tristesse
© shutterstock
de vous faire part du décès de
Régine DENQUIN
née Planet,
en sa 91e année, à la maison
Notre-Dame du Pecq.
...et recevez
Le Figaro gracieusement La cérémonie sera célébrée
pendant 3 mois en l'église Saint-Wandrille
du Pecq,
Tél. 01 56 52 27 27 le mercredi 13 janvier 2021,
carnetdujour@media.figaro.fr à 11 heures.
denquin@noos.fr
Elisabeth Delahaye,
son épouse,
Lucile, Timothée, Pauline,
ses enfants, et leurs conjoints,
Joseph, Gabriel, Margaux,
Diego,
ses petits-enfants,
Catherine et Léopold-Henri
Schonbach,
sa sœur et son beau-frère,
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Francis DELAHAYE
survenu le 8 janvier 2021,
à l'âge de soixante-treize ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée dans l'intimité,
le mercredi 13 janvier,
à 10 h 30, en l'église
Notre-Dame-d'Auteuil,
à Paris (16e).
Cet avis tient lieu de faire-part.
M. Jean-François Drotkowski,
son époux,
Mme Natacha Mallac Koenig
et M. Frédéric Drotkowski,
sa fille et son fils,
Mme Alexandra Visconti
et M. Eric Mallac Koenig,
sa belle-fille et son beau-fils,
Manon, Alexandre et Léo,
ses petits-enfants,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Mme Jean-François
DROTKOWSKI
née Monique Nébel,
survenu le 5 janvier 2021,
à l'âge de 73 ans,
à Saint-Denis,
île de La Réunion, munie
des sacrements de l'Église.
79, rue Pasteur,
97400 Saint-Denis
(Île de La Réunion).
Metz. Bourg-en-Bresse.
Mme Michel Créhange,
née Francine Hess,
M. Henri Savidan
et Mme, née Annie Hess,
ses sœurs et beau-frère,
Corinne, Laurence et Laurent,
Emmanuelle et Olivier, Amélie,
Delphine et Bertrand,
Camille et Quentin,
ses nièces et leurs époux,
ses petits-neveux
et arrière-petits-neveux
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Mlle Claude HESS
survenu le 9 janvier 2021,
à l'âge de 76 ans.
Selon le contexte sanitaire
actuel, ses obsèques auront
lieu dans l'intimité familiale,
à Dijon.
La famille rappelle
à votre souvenir,
Hélène et Raymond
ses parents,
Jacqueline
sa sœur,
Michel
son beau-frère.
Janine Hoffman,
son épouse,
Olivier, Emmanuelle, Pierre,
ses enfants,
ses petits-enfants
et arrière-petite-fille,
Alexandra, Gabrielle, Sacha,
Igor, Eva, Paul, Charles,
Victoire, Noa,
ont la douleur de faire part
du décès de
Serge HOFFMAN
avocat au barreau de Paris,
ancien membre
du Conseil de l'ordre,
officier
de la Légion d'honneur,
survenu le 9 janvier 2021,
à l'âge de 86 ans, à Paris.
L'inhumation aura lieu
ce mardi 12 janvier, à 15 heures,
au cimetière parisien
de Bagneux, dans le respect
des consignes sanitaires.
Ni fleurs ni couronnes.
1, rue du Conseiller-Collignon,
75116 Paris.
Mme Philippe Mathieu,
son épouse,
Marie-Pascale et Pierre Mulin,
Sylvie Bahon,
Nicolas et Marie-Caroline
Mathieu,
ses enfants,
ses petits-enfants,
ses arrière-petits-enfants
et toute sa famille
ont la tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
M. Philippe MATHIEU
HEC 55,
licencié en droit,
dans sa 91e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Sainte-Jeanne-d'Arc,
à Versailles,
le vendredi 15 janvier 2021,
à 10 h 30.
M. et Mme Bruno Lorthiois,
M. et Mme Gildas Dugenet,
M. et Mme Bruno Moix,
le docteur Annaïk
Bouchart-Dugenet,
M. et Mme Yann Dugenet,
M. Erwan Dugenet,
M. Tanneguy Dugenet
et le docteur Joëlle Dugenet,
M. et Mme
Régis Angier de Lohéac,
M. et Mme
Paul de Launay de la Mothaye,
M. et Mme
Yves de Sallier Dupin,
ses neveux et nièces,
leurs enfants et petits-enfants,
ses cousins et toute la famille
ont la douleur
de vous faire part
du rappel à Dieu de
Solange
JOUAN de KERVÉNOAËL
en religion
sœur Marguerite-Marie
religieuse de La Providence,
endormie dans
la Paix du Seigneur
dans sa 90e année, dans
l'espérance de la Résurrection.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
ce mardi 12 janvier 2021,
à 14 h 30, en l'église
Notre-Dame de Cesson
de Saint-Brieuc, suivie
de l'inhumation au cimetière
de Cesson, à Saint-Brieuc.
Des prières et des messes.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Le Seigneur
a accueilli dans Sa Paix
et la Joie de la Résurrection,
Didier MEURISSE
le samedi 9 janvier 2021,
à l'âge de 91 ans, réconforté
par les sacrements de l'Église.
Il a rejoint
Annette Meurisse-Cuvelier (†)
son épouse.
De la part de
Anne Meurisse,
en religion sœur Anne-Samuel,
bénédictine
du Saint-Sacrement,
Jean-Luc et Isabelle
Meurisse-Capoul,
Claude Meurisse,
ses enfants,
Lorraine, Bertrand,
Blandine et Thomas,
Renaud,
ses petits-enfants,
Quitterie,
son arrière-petite-fille,
Monique Lambert-Meurisse,
sa sœur,
Sylvie Meurisse-Perrier,
Marie-Françoise
Dubeaux-Cuvelier,
Monique
Hannebelle-Mermilliod,
ses belles-sœurs,
ses neveux et nièces,
les descendants
des familles
Meurisse-Maroniez
et Cuvelier-Cardon.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le vendredi 15 janvier,
à 14 h 30, en l'église
Saint-Jean-Baptiste-
de-La-Salle,
70, rue Falguière,
Paris (15e).
L'inhumation aura lieu
le samedi 16 janvier,
à 11 heures,
dans le caveau familial,
au cimetière
de la Porte Notre-Dame,
à Cambrai (Nord).
182, rue de Vaugirard,
75015 Paris.
Cognac (Charente).
Anne-Véronique Portet,
née Sloman, son épouse,
Xavier et Sandrine,
Edward et Laura,
Marie-Caroline et Benoît,
Pierre-Alexandre
et Anne-Charlotte,
ses enfants,
Alexandre, Maïlys,
Pierre-Olivier, Eileen,
Domitille, Adrien et James,
ses petits-enfants,
Marie-Odile, Bernard,
Dominique,
sa sœur et ses frères,
ainsi que leurs familles,
les familles Portet, Boutinet,
Bergeron, Sloman, de Pury
ont la tristesse de vous
annoncer le rappel à Dieu du
bâtonnier Jean-Pierre PORTET
à l'âge de 75 ans.
La messe d'A Dieu
sera célébrée
le vendredi 15 janvier 2021,
à 10 heures, en l'église
Saint-Léger de Cognac, par
le père Pierre-Marie Robert.
L'inhumation aura lieu
au cimetière
de Cherves-Richemont.
mardi 12 janvier 2021
13
Sébastien, son époux,
   
Laurent et Laure,
Alexandre et Alexandra (†),
  
ses fils et belles-filles,
Eleonor, Clara, Zoé,
Oscar, Charles,
Charlotte
et son conjoint Pierre,
ses petits-enfants,
Nino, son arrière-petit-fils,
ont la profonde tristesse
de faire part du décès de
Josée PICCIOTTO
née Hugues,
rappelée à Dieu
le 8 janvier 2021,
en son domicile,
à l'âge de 90 ans.
La cérémonie religieuse
aura lieu
le vendredi 15 janvier, à 14 h 30,
en l'église
Saint-Germain-des-Prés,
3, place Saint-Germain-
des-Prés, Paris (6e),
suivie de l'inhumation
au cimetière du Montparnasse,
dans l'intimité familiale.
Isabelle et Gilles,
ses enfants,
Amélie, Aurélien, Aloïse
et Augustin,
ses petits-enfants,
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Liliane SICART
survenu le 3 janvier 2021,
à l'âge de 97 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Saint-François-Xavier,
à Paris (7e),
le jeudi 14 janvier, à 14 h 30.
Toulouse (Haute-Garonne).
Mme Bertrand Simonetta,
née Josée Zryd,
son épouse,
le docteur Marion
Simonetta-Moreau,
sa fille,
le docteur Georges-André
Moreau,
son gendre,
Julia et César Simonetta,
Ysé Moreau,
ses petits-enfants,
les familles Simonetta,
Beemelmans,
Vayssière-Cauret, Gamet
ont la tristesse
de faire part du décès de
Bertrand SIMONETTA
survenu le 8 janvier 2021,
à l'âge de 91 ans, à Toulouse.
Il a rejoint son fils Bruno,
décédé le 31 décembre 2020.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Sainte-Anne de Toulouse,
le jeudi 14 janvier 2021,
à 14 h 30.
Famille Simonetta,
2, rue du Coq-d'Inde,
31000 Toulouse.
La famille Trilles
a la tristesse
de vous faire part du décès de
Laurent TRILLES
survenu le jeudi 7 janvier 2021.
La cérémonie religieuse
se tiendra
en l'église Sainte-Madeleine
de Limeil-Brévannes,
le jeudi 14 janvier, à 14 heures.
L'inhumation aura lieu
au cimetière de Claira, le
vendredi 15 janvier, à 16 heures.
André Vertut,
Arielle et Olivier François,
Aline et Yukio Doï,
Capucine et José Laudarin,
ses enfants,
leurs enfants et petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Yvonne VERTUT
survenu à Compiègne,
le 7 janvier 2021,
à l'âge de 98 ans.
Une cérémonie religieuse
se tiendra
en la chapelle Saint-Charles
d'Asnières-sur-Seine,
le jeudi 14 janvier, à 11 heures,
suivie de l'inhumation
au cimetière de Guercheville,
dans l'intimité familiale.
arielle.olivierfrancois@gmail.com
souvenirs
Le 13 janvier 2017,
s'interrompait la vie de
Felix LANZMANN
à l'âge de 23 ans et demi.
Retrouvons-nous autour
de sa tombe, le mercredi
13 janvier 2021, à midi.
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
14 CHAMPS LIBRES
RENCONTRE
Vincent Tremolet de Villers
£@vtremolet
T
witter ne vous permet pas de vous
«
construire. Comme tous les ré-
seaux sociaux, on ne se construit
pas avec eux, on se noie avec
eux. » Donald Trump n’a pas en-
core été banni du continent nu-
mérique quand Bruno Le Maire,
le doigt pointé sur le smartphone qui l’enregistre, dé-
nonce le règne de l’algorithme. « Seule la culture peut
soutenir un être comme une nation. » Sur la table,
L’Ange et La Bête, ses mémoires provisoires publiés
chez Gallimard dans la prestigieuse collection « Blan-
che ». Un privilège quand les politiques, le plus sou-
vent, sont abonnés aux formes jetables du document.
Publier un livre entre deux confinements, au carre-
four de crises multiples, lui vaut les critiques sourdes
mais insistantes de ministres et de députés de la ma-
jorité. Il balaye le reproche en un mot : « nécessité ».
« Tout pouvoir est une représentation. Plus que n’im-
porte quel art, la littérature donne la meilleure repré-
sentation du pouvoir. » Pour étayer son propos, le mi-
nistre mobilise Saint-Simon, qui raconte la mort de
Louis XIII. Le roi est au plus mal, dans deux jours ce
sera la fin. Il reçoit son épouse, Anne d’Autriche. Elle
lui dit : « Voilà, sire, je tiens à ce que vous sachiez que
je n’ai jamais voulu attenter à votre vie, que jamais je ne
vous ai trompé et que jamais je n’ai monté de complot
contre vous. » Louis XIII lui répond : « Madame, dans
l’état où je suis, la charité chrétienne m’oblige à vous
pardonner, elle ne m’oblige pas à vous croire. »
Le Maire connaît par cœur ce passage, il ne s’en lasse
pas. Saint-Simon, Pascal, Proust… ce ne sont pas des
demi-sels qui traversent son ouvrage.
Dans le décor de verre et d’acier du ministère des
Finances, son grand corps se déploie. Haut, large
d’épaules, élégant, presque précautionneux dans
l’attitude, le ministre aime de plus en plus à trier, à
voix haute, le bon grain des hommes d’État de
l’ivraie des politiciens. Le temps a passé depuis la rue
d’Ulm et l’École nationale d’administration, les élec-
tions, les ministères, les succès, les échecs cinglants,
les renaissances spectaculaires, mais Bruno Le Maire
conserve l’onctuosité, la retenue qui caractérise les
élèves de Saint-Louis de Gonzague. Cette allure d’en-
fant sage est trompeuse : derrière les formes préve-
nantes, une discipline d’acier, une ambition déliée.
Hier, il assistait auprès de Dominique de Villepin,
Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy au fascinant théâtre
du pouvoir ; aujourd’hui, dans ce bureau qui sur-
plombe Paris, il en est l’un des principaux acteurs.
Entre les deux, la tentative présidentielle, le pour-
centage dérisoire à la primaire de la droite, le rallie-
ment à Macron, le ministère de l’Économie et des
Finances : Bercy patron !
Un souci de précision
Son débit est lent, réfléchi. Un souci de précision en-
trecoupé de courts silences. Une très grande assuran-
ce, celle que donnent les réussites manifestes (tout le
monde en convient, « l’État financier » a tenu le
choc), pointe derrière son sourire. Une forme de gra-
vité transparaît aussi. Les illusions de jeunesse se sont
dissipées. La mort qui rôde emporte les mentors (Jac-
ques Chirac, « l’être le plus vivant que j’ai connu est
mort »), les amis (« Paul », à qui Le Maire a consacré
un émouvant ouvrage), la famille. Tout passe et que
reste-t-il ? Ses Mémoires provisoires commencent le
jour de ses 50 ans. Le champagne est au frais, son
équipe l’entoure, quand, soudain, un nuage s’élève au
loin. Nous sommes le 15 avril 2019 : Notre-Dame est
en flamme. Le ministre reste silencieux devant le
spectacle fascinant et tragique. La flèche s’effondre
1
comme un signe de la pauvreté spirituelle d’une épo-
que omnipotente mais sèche. « Il n’y a jamais eu
autant de savoir, et on a jamais été aussi perdu »,
confie Le Maire en se remémorant la scène : « La
A
question du sens se fait obsédante. » Devant la cathé-
drale en flamme, le ministre se dédouble. Reviennent
Bruno Le Maire,
le pouvoir et la plume
Le ministre
de l’Économie publie
des « Mémoires
provisoires » (Gallimard)
dans lesquels il raconte
ses années
à Bercy et développe
sa vision de la crise
actuelle. Pour lui,
la littérature a le pouvoir
de restituer le secret
et le mystère
de la politique.
Un livre très personnel,
qui illustre la volonté
d’indépendance
d’un des poids lourds
du gouvernement.
Nous sommes
la seule nation
au monde
où la littérature
est une forme
»
du pouvoir
BRUNO LE MAIRE
dans son esprit le gamin, enfant de chœur avançant
lentement dans la nef, l’étudiant séducteur flânant
sur l’île de la Cité, le jeune ambitieux se jetant à corps
perdu dans la vie publique. À quoi bon ? Et Le Maire
d’écrire sa cruelle définition du responsable politi-
que : « Passer son temps en réunions interminables,
discussions creuses, en déjeuners et dîners (…) toujours
à l’affût de ce qui pourra être dit sur lui, son attention
engloutie par le flot continu des informations en ligne,
par les rumeurs, par les images, prenant le monde pour
son miroir, pérorant, vitupérant (…), jamais serein,
jamais en paix, s’accablant lui-même de nouvelles obli-
gations pour ne surtout pas voir que sa vie est vaine, son
influence nulle. » « Le Covid, explique le ministre, a fait
revenir la réalité en force dans la politique. J’ai retrouvé
ce que j’aime : à la fois un basculement historique et la
nécessité de gérer au quotidien l’approvisionnement en
pâtes, riz. Toucher les transformations géopolitiques et
rassembler la grande distribution pour vérifier qu’il y
aura bien de la nourriture dans les supermarchés. »
C’est donc un livre de réconciliation. Réconcilier
l’action et le pouvoir. « Comment faire de la politique
quand il n’y a plus de vérité ?, s’emporte-t-il. L’écritu-
re est une façon de revenir à une chose très classique : la
vérité est l’adéquation du mot à la chose. Et, faire de la
politique, ça consiste à persister à croire que le mot cor-
responde à la chose. Écrire, c’est s’efforcer le plus pos-
sible de faire coïncider le mot et la chose. »
Pas de notes, le flot des souvenirs et des impres-
sions. « Je me suis senti obligé de raconter ce que nous
avons fait humainement. Les débats, la lenteur, les nuits
blanches, les colères, les emportements, le soulage-
ment, la joie de l’aboutissement. J’ai pris la décision de
partir d’un projet économique pour arriver à un récit
littéraire et politique. » Dans sa trilogie – Le Ministre,
Des hommes d’État, Jours de pouvoirs -, la précision
des dialogues, du décor, témoignait d’un travail de
récapitulation. Le Maire piochait dans des dizaines de
carnets noircis tard le soir, tôt le matin. Désormais,
c’est l’inverse. Certains de ces souvenirs fragmentai-
res ne manqueront pas d’être contestés sur un chiffre,
une exagération, une ellipse. La scène de la vie d’un
ministre à Davos ou New York alterne avec des consi-
dérations plus profondes sur le capitalisme à bout de
souffle, la crise de nos institutions, l’affaiblissement
de l’Europe face à la Chine.
Un programme ? Une vision plutôt, affranchie de
certaines précautions, comme si le quinquennat
d’Emmanuel Macron était aussi le sien. « Ce qui nous
arrive fait songer aux années de la fronde. À l’époque
(avant 1650) le pouvoir est instable, le roi ne peut pas se
promener dans Paris. » Le mot est lâché : « Crise de
régime ». « Ce qui vient de se passer au Capitole confir-
me ce que j’écris dans mon livre. Nous vivons une crise
de régime généralisée. On peut s’en plaindre et dire que
tous les gens qui attisent cela sont des irresponsables.
C’est un peu court. Nos institutions sont caduques dans
leur fonctionnement, dans leur légitimité, dans leur ef-
ficacité. Comment peut-on accepter le Conseil consti-
tutionnel constitué d’anciens responsables politiques ?
Si nous voulons avoir une instance plus élevée, il faut
qu’elle soit dégagée de toutes options partisanes. Com-
ment peut-on dénoncer la monarchie technocratique
sans vouloir qu’un élu démissionne de la fonction publi-
que ? » L’impéritie administrative ? « Au XVIIe siècle,
l’État était une notion spirituelle qui dépassait ceux qui
le servaient. Ce n’est plus le cas. L’État est devenu un
instrument. L’instrument est trop souvent défaillant et
la source spirituelle est tarie. Il faut autre chose, la
culture, la mémoire, la langue, la civilisation. »
A-t-il prévenu le président de la République et Jean
Castex de la rédaction de ce livre ? Il répète l’élément
de langage : « Non, cela fait partie de ma liberté. Je suis
OLIVIER CORET/LE FIGARO MAGAZINE
Bruno Le Maire
à son bureau,
au ministère
de l’Économie
et des Finances
à Bercy, en avril 2020.
d’une parfaite loyauté, mais il n’y a pas de loyauté sans
liberté. » Qui peut croire qu’à ce niveau de responsa-
bilités une telle publication soit dénuée d’arrière-
pensées ? Ce livre est aussi une démonstration de for-
ce. « Nous sommes la seule nation au monde où la
littérature est une forme du pouvoir », poursuit inno-
cemment le normalien, spécialiste de Proust. « Michel
Houellebecq, son nom, son œuvre resteront davantage
que ceux de beaucoup de responsables politiques. » Il
correspond et rencontre régulièrement l’auteur de
Sérotonine, entretient une longue amitié avec Marie
Darrieussecq, comme avec Marc Dugain ou Jean-
Christophe Rufin. Dans le restaurant du Montalem-
bert, il tente, il y a quelques années, de réciter Le loup
et le Chien devant Fabrice Luchini. La diction ne va
pas, lui dit le comédien. Le Maire le reconnaît. Ren-
dez-vous est pris. Depuis, Luchini a lu Musique abso-
lue où l’écrivain, dit-il, « a trouvé la note juste ». Le
ministre lit Carrère, Marie N’Diaye, Handke qu’il a ré-
cemment rencontré. Avec le chef de l’État, grand lec-
teur lui aussi, en quatre ans, peu d’échanges littérai-
res. Quelques mots sur Stendhal en début de mandat…
Un long tiraillement
Entre littérature et politique, Le Maire assure avoir
longtemps été tiraillé. Pour preuve, c’est par la célè-
bre scène de « l’aquarium » de La Recherche (les
ouvriers et les pêcheurs regardent par la vitre le bal-
let du grand monde dans l’Hôtel de Balbec) qu’il clôt
sa réflexion sur les « gilets jaunes ». « Une grande
question sociale, écrit Proust, de savoir si la paroi de
verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleu-
ses, et si les gens obscurs qui regardent avidement dans
la nuit ne viendront pas les cueillir dans les aquariums
et les manger. » « Littérature et politique peuvent ne
faire qu’un, veut croire aujourd’hui le ministre, face
et revers d’un seul et même engagement au service de
son pays. » Camille Pascal, écrivain du pouvoir – son
dernier roman La Chambre des dupes (Plon) décrit
avec une fascinante justesse la cour de Louis XV -
partage ce point de vue. L’ancienne plume de Nicolas
Sarkozy, devenu conseiller de Jean Castex, poursuit :
« Les historiens ont une vision du pouvoir qui est fausse
parce qu’ils ne connaissent pas son fonctionnement.
C’est à la littérature de le restituer. Moi, je le fais dans
des périodes révolues, Le Maire dans l’histoire immé-
diate. Je suis un écrivain du pouvoir, il est un écrivain
au pouvoir. »
Dominique de Villepin renchérit. Un homme po-
litique ne cesse de lire et d’écrire – des notes, des
discours, des lois. Mais, sans le secours de la littéra-
ture, il est amputé. « C’est une tradition française qui
peut prendre des formes diverses – journal de bord, li-
vres d’histoire, essais » et l’ancien premier ministre,
à la tête d’une œuvre imposante, d’affirmer comme
une règle élémentaire : « L’homme politique doit
écrire pour savoir ce qu’il pense. » « J’écris pour
mieux comprendre ce que je fais, mieux expliquer ce
que je fais », répond Le Maire. Le ministre appar-
tient à l’école de l’économie de moyen. Pas de gras,
pas d’emphase, pas de délayage : du muscle. Son
style vif, acéré fait entendre, derrière la phrase, de
belles notes méditatives. Dans l’art du portrait,
dans lequel il jubile visiblement, l’écrivain se
contient. Sans les précautions d’usage, certains
croquis pourraient être dévastateurs. Le Maire ré-
pond d’abord par un long sourire avant de recon-
naître qu’« il y a des limites évidentes quand un hom-
me politique est en fonction et qu’il écrit un livre ».
Agir ou écrire ? Entre Louis XIV et Saint-Simon, ces
deux modèles absolus, il faudra choisir. ■
« L’Ange et la Bête - Mémoires provisoires »,
Gallimard, 345 p., 20 euros. En librairie le 14 janvier.

L’industrie européenne peut-elle
produire plus propre ?
Les États jugent
que la meilleure Emmanuel Egloff
£@eegloff
politique consiste
à lutter contre la Sur le papier, la France peut être fière
de son bilan carbone. Selon les statisti-
désindustrialisation,
ques de l’Agence européenne de l’éner-
gie (AEE), les émissions de CO2 en
à taxer le carbone France sont passées de 377 millions de
tonnes en 1990 à 332 millions en 2015.
aux frontières Ce qui représente une baisse de 11,7 %
sur une période de quinze ans. Cette
de l’Europe évolution semble montrer qu’il est pos-
sible d’améliorer le bilan carbone alors
et à soutenir que la croissance économique reste
globalement positive sur la dernière
les industriels décennie. Au niveau de l’industrie, la
performance est meilleure encore :
qui investissent « Les émissions de CO2 du secteur pro-
ductif ont baissé de 19 % entre 1990 et
pour réduire 2017, avec un recul de 30 % dans l’indus-
trie et de 12 % dans l’agriculture », sou-
les émissions ligne un rapport du Commissariat gé-
néral au développement durable publié
de carbone. en septembre 2019.
Sauf que cette performance est large-
ment en trompe-l’œil. Car l’empreinte
carbone réelle du pays dépend des
émissions produites sur place mais éga-
lement de celles importées, c’est-à-di-
re correspondant à des biens consom-
més dans l’Hexagone mais produits en
dehors des frontières. Or, ces émissions
importées sont importantes. En 2014,
elles pesaient pas moins de 55 % de la
consommation totale de la France. Sur-
tout, leur part ne cesse de croître. Elles
ont presque doublé entre 1995 et 2015 !
Chaque année, les Français consom-
ment de plus en plus de produits fabri-
qués en dehors des frontières hexago-
nales quand ils étaient fabriqués en
France auparavant. Que cela soit la
conséquence de délocalisations ou sim-
plement de disparition de producteurs
locaux qui n’arrivent pas à faire face à la
concurrence extérieure.
❙SONT
LES SOLUTIONS
TECHNIQUES
BIENTÔT LÀ
Dans un rapport publié début octobre,
le Haut Conseil pour le climat appelle à
réduire le volume de ces émissions im-
portées. Une production plus propre est
impérative mais il est encore plus ur-
gent finalement de stopper la désindus-
trialisation. Pour autant, l’époque étant
au « en même temps », ces mêmes in-
dustriels doivent s’attaquer à leurs
émissions de CO2. La plupart d’entre
eux y sont prêts. L’enjeu est d’envergu-
1 Les émissions de CO2 2 L'industrie contribue,
s'envolent dans le monde, au total, à un cinquième
elles baissent en France des émissions
et en Europe en France
Répartition des émissions de gaz
37 753 Émission de CO2 à effet de serre, en France, en %
en millions de tonnes Source : Agence européenne de l'environnement, 2018
En 1990
En 2015
Source : EDGAR, 2017
3 Les émissions de l'industrie
+ 59 %
ont chuté de 30 % en France
depuis 1990
22 450 Émission de l'industrie manufacturière et de la construction en France,
en millions de tonnes CO2 équivalent
Source : AEE, 2018
- 20,7 %
140
4 340
120
3 441
100
80
60
- 11,7 % 40
377 332 20
Monde Union France 0 non métalliques
européenne 1990
CHAMPS LIBRES
ÉCONOMIE
re pour les industriels européens et
français.
« ArcelorMittal est la première entreprise
sidérurgique mondiale et, à ce titre, nous
pensons qu’il est de notre responsabilité
de mener les efforts visant à décarboner
le processus de fabrication de l’acier, qui
présente aujourd’hui une empreinte car-
bone importante. » En septembre der-
nier, par la voix d’Aditya Mittal, le di-
recteur financier du groupe, le
sidérurgiste s’est fixé l’ambitieux ob-
jectif d’un bilan carbone zéro à horizon
2050. Les grands industriels européens
adoptent pour la plupart des stratégies
similaires.
Les entreprises se lancent dans ce mou-
vement parce que cela est de plus en
souvent possible techniquement. Dans
la filière traditionnelle (les hauts four-
neaux), ArcelorMittal mise sur le capta-
ge de carbone, pour ensuite le réutiliser
(CCU) ou le stocker (CCS). Dans le do-
maine du ciment, tous les grands d’Eu-
rope travaillent à réduire l’impact car-
bone en augmentant notamment la
teneur en matériaux réutilisés tout en
maintenant la qualité du ciment. Il
existe également des projets de ciments
alternatifs, avec des températures de
formation plus basses donc qui émet-
tent moins de carbone.
❙ LEDESCHOIX
ÉNERGIES PROPRES
L’énergie est un facteur fondamental
pour les réductions des émissions de
gaz à effet de serre. La fabrication de
l’acier, de l’aluminium, du ciment ou
du verre est énergivore. Le défi des in-
dustriels consiste à réduire cette quan-
tité d’énergie, notamment en tra-
vaillant l’amélioration du recyclage.
Mais le type même d’énergie peut
jouer. La France, avec le nucléaire,
énergie décarbonée, a un atout de choix
pour produire propre. D’autres éner-
gies sont prometteuses, c’est le cas du
renouvelable ou de l’hydrogène vert.
Cette stratégie concerne tous les indus-
triels, même les petites entreprises.
Changer la chaudière au fioul lourd
d’une usine pour une pompe à chaleur a
un impact immédiat sur le bilan carbo-
ne du site.
Au-delà de l’adoption des technolo-
gies pour produire plus propre, les in-
dustriels sont toujours plus nombreux
à estimer que la décarbonation peut
devenir un avantage compétitif. C’est
le cas de Liberty Steel, groupe sidérur-
gique britannique qui vient de prendre
le contrôle, en France, de l’aciérie de
3,5
Déchets
Agriculture
16,7
France
en 2016
Agroalimentaire,
boissons et tabac
Autres industries manu-
facturières et construction
Métallurgie
Chimie
Fabrication de minéraux
1995 2000 2005 2010 2016
Saint-Saulve et de l’usine de fabrica-
tion de rails d’Hayange. Sanjeev Gup-
ta, son président, est persuadé qu’at-
teindre la neutralité carbone, qu’il vise
dès 2030, représentera un réel avanta-
ge vis-à-vis de ses concurrents au ni-
veau mondial.
❙ UNE
TRANSFORMATION
COÛTEUSE
Au-delà de sa nécessité, qui ne se dis-
cute plus, une telle transformation im-
plique des investissements considéra-
bles. En juillet dernier, ArcelorMittal
estimait le coût de déploiement des
technologies en cours de développe-
ment dans le groupe entre 15 et 45 mil-
liards d’euros. Difficile de supporter de
tels sommes pour une entreprise opé-
rant dans un environnement compéti-
tif… Le géant de l’acier attend un sou-
tien des pouvoirs publics. Message
reçu. Dans le cadre du plan de relance
annoncée par le gouvernement français
début septembre, une enveloppe de
1,2 milliard d’euros sera consacrée à cet
objectif. Agnès Pannier-Runacher, mi-
nistre déléguée en charge de l’Indus-
trie, en a détaillé les contours et indiqué
ses ambitions lors d’un déplacement
récent sur le plus gros site français
d’ArcelorMittal, à Dunkerque. « Notre
objectif est de réduire de près de 9 mil-
liards de tonnes les émissions, soit 11 %
de l’industrie française », a indiqué la
ministre.
Plusieurs types de subvention seront à
disposition des entreprises. D’abord,
pour des projets de grande envergure,
au minium 3 millions d’euros, mais
pouvant aller beaucoup plus loin. Le
soutien accordé à un grand groupe
pourra représenter jusqu’à 30 % de
l’investissement total. Pour une entre-
prise de taille intermédiaire (ETI), ce
sera 40 %. Et même 50 % dans le cas
d’une PME. Les projets sélectionnés se-
ront « ceux qui présenteront la plus
grande baisse d’émissions par euro pu-
blic dépensé », indique-t-on à Bercy.
Des aides concerneront aussi les en-
treprises prêtes à faire évoluer leur
mix énergétique vers plus de « chaleur
verte » (biogaz, biomasse…). « Notre
objectif est de compléter l’aide à l’in-
vestissement par un soutien à l’exploi-
tation afin que les industriels ne perdent
pas en compétitivité », précise encore
Bercy. Le dispositif pourrait avoir une
durée de quinze ans, donnant une vi-
sibilité suffisante pour permettre aux
acteurs de se lancer dans une stratégie
d’efficience environnementale encore
très coûteuse.
Procédés industriels
et solvants
Dont :
9,5
70,3 Utilisation
de l'énergie
4 Mais les émissions de CO2 importées
ont plus que compensé la baisse
des émissions nationales
Évolution des émissions de CO2 , en millions de tonnes
Source : Citepa, FAO, Douanes, Eurostat, Insee. Traitements: SDES, 2018.
Émissions nationales
412
284
211
1995
mardi 12 janvier 2021
LE FIGARO
15
❙ TAXER
LE CARBONE
AUX FRONTIÈRES
La bataille pour décarboner l’industrie
se joue aussi aux frontières de l’Europe.
L’idée n’est pas neuve. Sur le papier,
elle est séduisante : il s’agit d’instaurer
des « mesures d’ajustement carbone aux
frontières », selon une note du Conseil
économique pour le développement
durable, afin d’éviter une délocalisa-
tion des industries fortement émettri-
ces de gaz à effet de serre ou un déficit
de compétitivité pour celles qui inves-
tissent en Europe pour réduire leur em-
preinte.
Cette idée de taxe carbone aux fron-
tières a été évoquée pour la première
fois par Jacques Chirac lorsqu’il était
président de la République. Elle a été
reprise par ses successeurs, Nicolas
Sarkozy, François Hollande et Em-
manuel Macron. À chaque fois, l’ac-
cueil a été plutôt froid à Bruxelles.
Jusqu’à la Commission actuelle. Ur-
sula von der Leyen a fixé comme
priorité la mise en place d’un Green
Deal. Avec, parmi les mesures princi-
pales, ce mécanisme d’ajustement
aux frontières.
La Commission entend présenter une
directive sur le sujet au second semes-
tre 2021. En septembre, le Belge Charles
Michel, président du Conseil européen,
a confirmé l’importance de cette mesu-
re, dont le contour exact est loin d’être
défini : droits de douane sur quelques
secteurs ou général, taxe carbone sur
les produits consommés, quotas
d’émissions…
En France, la plupart des industriels y
sont favorables. Ils estiment qu’elle
serait très efficace. Mais ce n’est pas
forcément le cas chez nos voisins. Les
principaux opposants se trouvent de
l’autre côté du Rhin. L’industrie
automobile représente un bon exem-
ple de cette force. La production alle-
mande atteint 5 millions d’unités,
alors que le marché national n’en
achète que 3,5 millions. Le secteur est
donc très fortement exportateur. Les
constructeurs allemands estiment ne
pas avoir grand-chose à gagner avec
une taxe carbone européenne. La
chancelière Angela Merkel y est offi-
ciellement favorable. Mais saura-t-
elle résister à la pression des entrepri-
ses qui doivent également faire face
aux conséquences de la pandémie ? Il
s’agira aussi de faire en sorte que la
mesure qui sera proposée par la Com-
mission ne soit pas simplement cos-
métique. Réponse en début d’année
prochaine… ■
Industrie
manufacturière 10,7
et construction
Industrie 9,9
de l'énergie
17,1
Résidentiel tertiaire
Transports 29
3,6
Autres
410 412 407
369
327 324
368
Émissions importées
A
2000 2005 2010 2015
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

16 CHAMPS LIBRES
DÉBATS

« Sans réaction de notre part, les Gafam

imposeront une orthodoxie idéologique »
+ » Lire aussi PAGE 10
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
PROPOS RECUEILLIS PAR
GUILLAUME PERRAULT £@GuilPerrault
le sentiment de gérer une crise de marque
depuis leurs sièges sociaux sans compren-
Pour les défenseurs de la décision
des plateformes, il appartient aux Gafam
opérations de requalification des conte-
nus, conduisant à reprocher à ceux qui
ont vécu jadis d’avoir franchi des limites
dre qu’ils étaient en train de bouleverser de lutter contre « les discours de haine ».
le cadre historique de nos libertés. L’argument vous paraît-il fondé ? qui ont été fixées depuis. C’est l’affaire du
LE FIGARO. - Jugeant que Donald Trump La bienveillance naïve de leurs propos Au premier abord, l’idée de censurer les déboulonnage des statues. Mais dès lors,
a appelé ses partisans à une insurrection, et de leurs justifications à ce sujet est « discours de haine » appelle l’approba- qui peut être certain que les propos qu’il a
Twitter, Facebook, YouTube et d’autres confondante, et très inquiétante. Peut- tion. Pourtant, cet élan initial se heurte tenus auparavant ne seront pas requalifiés
plateformes ont suspendu ses comptes on savoir qui a décidé cet acte majeur de aussitôt à la question de savoir comment aujourd’hui de « discours de haine » ? Qui
et certaines de ses vidéos. censure ? Dans quel cadre de discus- évaluer le contenu du discours. Qu’est-ce peut être assuré que les propos qu’il tient
Quelle appréciation portez-vous sion ? Avec qui ? Les grandes institu- qu’un « discours de haine » ? Sous certai- aujourd’hui, ceux qu’il tiendra demain,
sur leur décision et sur la polémique tions publiques – juridictionnelles, par- nes formes, le sens est évident. On son- ne seront pas requalifiés de « discours de
très virulente qu’elle a provoquée ? lementaires, académiques - ont-elles gera au racisme, à l’antisémitisme, aux haine » demain ou après-demain ?
DOMINIQUE REYNIÉ. - Donald Trump a été sollicitées ? Dans cet univers qui appels à la violence physique contre une
terminé son mandat de président des contribue si massivement à l’obsession personne ou un groupe de personnes. Que préconiser pour concilier liberté
États-Unis par des fautes d’une extrême de la transparence, peut-on au moins Mais qui sait où commence et s’arrête un et responsabilité sur les réseaux sociaux ?
gravité. Il serait bon qu’il en réponde de- lire, ne serait-ce qu’un compte rendu de discours de haine ? Chacun aura ses critè- Les caractéristiques des Gafam devraient
vant la justice de son pays. Pour autant, le ces débats ? res d’évaluation, tracera ses limites, mais suffire à nous dissuader de leur déléguer
rôle de censeur en dernière instance que les lignes de parta- ce pouvoir de régulation, et sûrement pas
se sont attribué à cette occasion les Gafam ge subjectives ne avant qu’ils soient eux-mêmes ferme-
est démesuré. Hélas, la crainte de voir ce
pays sombrer dans le chaos, la détestation
« Puisqu’il est question d’une passation
de pouvoir aux États-Unis, je peux dire toujours pour for-
convergeront pas ment contrôlés par un régulateur public :
ce sont des entreprises, elles exercent un
par Trump – cultivée par lui-même – mer une vision contrôle oligopolistique de l’espace pu-
d’une partie des Américains et de l’intelli- que, d’une certaine manière, elle vient collective en 2.0 ; blic numérique, lequel est devenu, de
gentsia planétaire, a permis aux big techs d’avoir lieu - en ce qui concerne parfois, elles s’op- fait, le soubassement de tout l’espace pu-
de faire valider leur acte inouï de censure
par une cascade d’approbations immé-
la régulation de la liberté d’opinion - entre poseront radicale-
ment. Les unes de
blic. Ce sont des entreprises étrangères,
sauf pour les Américains. Accepter la ré-
diates, bruyantes et enthousiastes. Or, ces
approbateurs ne sont pas moins irrespon-
pouvoirs publics et puissances privées » Charlie Hebdo sont
la manifestation
gulation de l’espace public par les Gafam
nous engage dans un processus histori-
sables. Ils se sont réjouis de la chute d’un D’après les partisans de Trump, même de la liberté d’expression quand que, l’avènement d’un gouvernement de
adversaire, mais ils n’ont pas réfléchi aux cette décision est arbitraire d’autres y voient un discours de haine. nos libertés global et privé.
conséquences de cette censure. Et ce sont et illustre la volonté des Gafam de refuser Notre espace public fourmille d’exemples Les Gafam ne posent pas seulement le
pourtant, dans bien des cas, des person- le pluralisme. Que pensez-vous montrant que nous tolérons de moins en problème de la régulation de nos libertés
nalités exerçant ou ayant exercé des fonc- de cette critique ? moins ces différences, que le point de vue par des plateformes numériques, elles
tions publiques, parfois éminentes. Sans réaction de notre part, les Gafam autre est de plus en plus souvent perçu américanisent la pratique des libertés et
Puisqu’il est question d’une passation de imposeront une orthodoxie idéologi- comme une agression, voire l’expression elles les façonnent selon un régime pla-
pouvoir aux États-Unis, je peux dire que, que. Je peux d’autant plus l’assurer que d’une haine. On voit bien comment un nétaire de tolérance dont ils sont les seuls
DESSINS CLAIRFOND

d’une certaine manière, elle vient d’avoir cela a déjà commencé. C’est dans la na- groupe, s’estimant insulté par un dis- arbitres et juges. On peut admirer ces en-
lieu - en ce qui concerne la régulation de ture de ces entités. Nos vies dépendent cours, pourrait, à certaines conditions de treprises, on peut être un admirateur de
la liberté d’opinion - entre les pouvoirs de plus en plus de ces entreprises plané- mobilisation, d’expression et de contex- la démocratie américaine tout en refu-
publics et les puissances privées. On pou- taires, ultraperformantes, omniscientes te, obtenir la requalification dudit dis- sant que nos libertés obéissent aux critè-
vait difficilement imaginer une manière et qui ne dorment jamais ; inversement, cours en « discours de haine ». C’est ainsi res américains, a fortiori lorsqu’ils éma-
plus spectaculaire de consacrer le rôle hé- elles sont de plus en plus sensibles à nos que peu à peu sera demandée la censure nent de ces puissances privées.
gémonique des pla- vies qu’elles connaissent de mieux en des points de vue différents et des points Les Gafam numérisent et américanisent
teformes numéri- mieux. Ce lien organique avec leur mar- de vue concurrents. nos libertés. Le démantèlement de ces
DOMINIQUE REYNIÉ ques sur nos vies.
Je crois que les diri-
ché les rend hypersensibles aux senti-
ments de leurs consommateurs, partout
Voilà une première conséquence drama-
tique du rôle croissant des plateformes
oligopoles est devenu nécessaire. Je note
avec espoir qu’il en est sérieusement
En « débranchant les micros » de l’hôte geants de ces entre- dans le monde. Ceux qui applaudissent numériques. En ouvrant la porte à des question aux États-Unis. Mais pour nous,
de la Maison-Blanche de leur propre initiative, prises n’ont même aujourd’hui à la censure infligée à mécanismes de censure offerts aux rap- cela ne suffira pas. Nous devons voir
les grandes plateformes apportent la démonstration pas conscience de la Trump pleureront demain lorsque ces ports de force, les plateformes numéri- émerger rapidement des plateformes
puissance qu’ils sont machines serviront une tyrannie. Les ques accouchent d’un monde où la notion européennes. Si l’on me dit que c’est im-
éclatante de leur pouvoir exorbitant sur nos vies, en train d’accumu- Gafam qui censurent Trump ne jugent de « discours de haine » sera l’objet d’une possible, alors c’est la liberté qui, chez
s’inquiète le directeur général de la Fondation ler. Dans le cas de pas nécessaire de censurer Erdogan ou évolution rapide et constante. Voyez nous, va devenir impossible.■
pour l’innovation politique (Fondapol)*. Trump, ils ont donné Khamenei. aujourd’hui comment se déploient des * Professeur des universités à Sciences Po.

Nos propositions pour empêcher les géants

d’internet d’exercer une censure privée

N
ous vivons une dystopie de Digital Services Act (DSA), présentée Un changement systémique suppose démagogues. Selon le Pacte relatif
(récit de fiction qui décrit en décembre par le commissaire maintenant d’affronter toutes aux droits civils et politiques des Nations
un monde utopique sombre, européen Thierry Breton, propose unies, l’exercice de la liberté
les questions les plus cruciales, et les plus
NDLR) politique : des avancées notables, mais ne semble compliquées. Celle des comptes d’expression comporte
la diffusion pendant pas à la mesure des enjeux. sur les réseaux sociaux suivis par « des responsabilités spéciales ».
quatre ans d’insanités Des propositions très concrètes sont des millions voire des dizaines Le fait de disposer de 89 millions
et de mensonges par un président pourtant sur la table. La Commission de millions de personnes est l’une d’elles. de followers ne saurait exonérer
américain sur ses comptes de réseaux sur l’information et la démocratie, initiée Dans un champ de l’information de ces responsabilités, au contraire. Il est
sociaux ; l’invasion du Congrès par Reporters sans frontières (RSF), désintermédié, les obligations sur essentiel de s’assurer que les comptes
des États-Unis par une foule convaincue composée de 25 personnalités, dont les médias demeurent, mais les autres dépassant certains seuils d’audience
d’un trucage électoral malgré l’absence quatre lauréats du prix Nobel, a édicté acteurs (responsables politiques, (directe ou indirecte) font l’objet
totale de preuves ; des entreprises des principes généraux pour définir personnalités diverses, entreprises, d’un traitement approprié. Les sociétés
privées qui après avoir négligé les responsabilités des plateformes, groupes religieux, etc.) s’adressent privées ne doivent pas être habilitées
la diffusion de fausses informations qui ne sont ni des hébergeurs, directement à leur public sans avoir à décider seules des retraits de comptes,
et d’appels à la haine, décident soudain, ni des éditeurs. Sur cette base, trente- de comptes déontologiques à rendre. sans contrôle ni transparence,
sans contrôle démocratique ou judiciaire, huit États ont signé un Partenariat en se fondant sur des
de supprimer les comptes
d’un président élu.
Nous assistons à un processus
international lancé en marge
de l’Assemblée générale des Nations
unies en septembre 2019.
« Il est possible de garantir le pluralisme conditions générales
et la neutralité idéologique d’utilisation vagues
et variables.
de destruction démocratique par Ce cadre pour l’instant des plateformes, en permettant Les comptes
les réseaux sociaux, quels que soient non contraignant est une première étape. à des organes de contrôle d’accéder les plus puissants,
leurs mérites en matière de
« communication horizontale ».
Si nous voulons nous prémunir
Pour produire la matière première
de la régulation, nous avons créé
le Forum sur l’information
aux boîtes noires des algorithmes » incluant ceux
de personnalités
ou de célébrités,
contre des tragédies politiques, liées et la démocratie, qui a formulé Acceptons-nous que la notoriété, y compris du président des États-Unis,
à l’amplification du ressentiment, en novembre dernier un premier paquet quelle qu’en soit la cause, soit un pourraient faire l’objet de cadres
de la haine et du complotisme, de 250 recommandations sur déterminant incontestable de l’influence procéduraux et d’obligations adaptés
nous devons imposer des obligations la transparence des plateformes, sur le débat public, sans exigence à leur audience, conformes aux principes
démocratiques aux acteurs du la modération des contenus, la particulière ? Cela peut sembler évident, généraux du droit. Si la justice n’est plus
numérique. L’organisation de l’espace promotion de la fiabilité de l’information et pourtant l’histoire des démocraties en mesure de traiter tout le contentieux,
public digital ne saurait relever d’une et les messageries privées, lorsque leur a développé la discussion de la parole largement délégué aux plateformes
logique marchande, ou discrétionnaire. usage massif dépasse la logique des personnalités par des intermédiaires, numériques, les magistrats doivent être
Jusqu’alors, les lois de l’espace public, de la correspondance privée. les médias. Les journalistes ont vocation saisis des dossiers revêtant
établies par les Parlements, étaient Il existe des moyens de sécuriser à être des tiers de confiance, pour éviter une importance capitale.
appliquées par les juges. Désormais, le pluralisme et la neutralité idéologique qu’une parole brute, le cas échéant Cela suppose une extrême précaution,
les entreprises privées s’en chargent. des plateformes, en permettant brutale, puisse être délivrée à la foule pour ne pas instaurer un gouvernement
Leurs normes ne à des organes de contrôle d’accéder sans prise de distance. des juges sur la délibération publique.
sont pas équilibrées aux boîtes noires des algorithmes. Par Nous ne reviendrons pas Il conviendra d’éviter toute restriction
CHRISTOPHE DELOIRE par des freins
et contrepoids,
ailleurs, des dispositifs concrets seront
bientôt disponibles pour favoriser dans
sur la désintermédiation d’une grande
partie du débat public. Elle a d’ailleurs
du pluralisme et risque de conformisme.
Mais pour apporter ce genre de garanties,
Les Gafam ne doivent pas garder le pouvoir de décider ne sont pas l’indexation algorithmique les médias des avantages démocratiques, en ce sens les institutions des démocraties libérales
de façon discrétionnaire des retraits de comptes transparentes, qui mettent en œuvre des méthodes qu’elle rend plus difficile la confiscation sont tout de même les mieux placées.
du débat. À l’inverse, il serait stupide Aux États-Unis comme en France,
sur le fondement de conditions générales d’utilisation et ne sont pas professionnelles et respectent des règles
susceptibles éthiques. Ainsi, au printemps, d’accepter de nouveaux mécanismes la justice a prouvé sa pertinence
vagues et variables, argumente le secrétaire général de recours en de la Journalism Trust Initiative (JTI), de domination fondés sur la capacité en matière de liberté d’expression.
A

de Reporters sans frontières (RSF), président justice. En Europe, à laquelle ont participé une centaine à manipuler les foules, aux mains Elle mérite plus notre confiance
du Forum sur l’information et la démocratie. l’ébauche d’entités dans le monde. d’organes de propagande ou de que des firmes en position dominante.
 mardi 12 janvier 2021

CHAMPS LIBRES
LE FIGARO

OPINIONS 17
CHRONIQUE
Renaud Girard
rgirard@lefigaro.fr
Que cherche donc à cacher la Chine ?

O
n croit rêver. Voici un
nouveau virus apparu
à Wuhan il y a treize mois,
qui a tué deux millions
de personnes dans
le monde depuis,
et la Chine fait des histoires pour délivrer
des visas aux scientifiques d’une mission
d’enquête dépêchée par l’Organisation
mondiale de la santé pour tenter
de comprendre l’origine exacte
de la maladie ! Même le médecin éthiopien
qui dirige l’OMS, le docteur Tedros
Ghebreyesus, élu en mai 2017 grâce au
soutien de la Chine, s’est dit « très déçu »,
dans un communiqué publié à Genève
le 5 janvier 2021.
Agence spécialisée de l’ONU pour
la santé publique créée en 1948, l’OMS, qui
comprend 194 États membres, est tout
sauf une organisation antichinoise.
Son souci de ménager la Chine populaire
lui a même fait commettre une faute
en décembre 2019 : elle a refusé de prendre
en compte une alerte circonstanciée sur le
danger du nouveau coronavirus, envoyée
par le ministère de la Santé de Taïwan,
sous prétexte que l’île n’est plus membre
de l’OMS, ayant perdu son siège à l’ONU
en 1971 en faveur de la Chine continentale.
Au lieu d’examiner en urgence l’alerte
en provenance de Taïwan, qui jouit
de l’un des meilleurs systèmes de santé
du monde, l’OMS a commis l’erreur
de faire de la politique, perdant ainsi
un temps précieux pour percer à jour
le début d’une épidémie, qui allait bientôt
se transformer en pandémie.
Cela fait des mois que l’OMS négocie
avec la Chine les conditions d’une telle
enquête internationale. N’est-il pas
légitime qu’à une pandémie internationale
réponde une enquête scientifique
internationale, afin de prévenir
la reproduction d’un tel fléau à l’avenir ?
Mais, au dernier moment, Pékin a freiné,
refusant de délivrer les visas. Que cherche
donc à cacher la Chine dans cette affaire ?
La Chine n’est pas censée se barricader
face aux savants biologistes étrangers,
puisqu’elle a accepté que ce soit
les Français de l’Institut Mérieux
qui lui construisent le laboratoire P-4
de l’Institut de virologie de Wuhan
et puisque sa grande spécialiste
des coronavirus des chauves-souris a été
formée à l’université de Montpellier. Dans
la recherche médicale, les flux doivent
être réciproques entre les grands centres
de Wuhan redoutaient et qu’ils tentaient
de prévenir par leurs expérimentations
sur les chauves-souris a-t-elle fini
par survenir, à la faveur d’un accident
de laboratoire ? Est-ce cela que la Chine
cherche à cacher ? Est-elle tétanisée
par le fait que des attachés scientifiques
de l’ambassade américaine à Pékin
avaient visité l’institut de Wuhan
au début de l’année 2018, puis envoyé à
Washington deux dépêches critiquant les
conditions de sécurité du laboratoire P-4 ?
Pourtant, il n’y a aucun consensus chez
les scientifiques occidentaux ayant étudié
le génome du virus pour dire qu’il pourrait
être le fruit d’un accident de laboratoire.
C’est juste une possibilité. La thèse
la plus largement partagée intuitivement
par les savants est aujourd’hui celle
d’une transmission naturelle à l’homme,
mais dont on ignorerait le mécanisme.

@
scientifiques de la planète. Le premier
savant qui trouve aura droit à un prix
100 000 citations
et proverbes sur evene.fr ENTRE GUILLEMETS Nobel, mais il partage immédiatement
ses trouvailles avec ses collègues
12 janvier 1876 : naissance de l’écrivain américain Jack London. PVDE/BRIDGEMAN IMAGES/LEEMAGE
étrangers. Les grandes revues scientifiques
du monde sont, dans leurs statuts,
à diffusion ouverte. La grande majorité des
chercheurs et médecins biologistes chinois
L’Appel de la forêt pensent d’ailleurs ainsi. Et lorsque surgit
Où se trouve l’origine du virus
du Covid-19 ? La réalité est que personne
n’en sait rien. D’où l’utilité d’une enquête
scientifique internationale, même tardive.
On se perd en conjectures sur les raisons
profondes des réticences du gouvernement
chinois. Est-ce inhérent au système
politique totalitaire de la Chine de cacher
des choses ? Est-ce un système qui veut

J’aime mieux être un problème médical nouveau (tel que

le passage à l’homme, en Afrique en 2015,
du virus Ebola, porté originellement par
tout savoir de la vie et des opinions
de ses citoyens, qui cherche à tout voir
à l’extérieur de ses frontières ; mais qui
un météore superbe (…), des chauves-souris puis par des singes),
les chercheurs du monde entier coopèrent
ne veut donner de lui-même au monde
qu’une image lisse, et qui ne se laisse
plutôt qu’une planète immédiatement pour le régler.
Au sein de l’Institut de virologie
regarder par les étrangers que comme
il veut, quand il veut et où il veut ?

endormie. La fonction de Wuhan, la Chine faisait des recherches

sur les possibilités de saut à l’espèce
humaine de coronavirus portés
de l’homme est de vivre, par les chauves-souris. Elle ne s’en cachait
Incarnée par les « nouvelles routes
de la soie », la stratégie économique
du président chinois, Xi Jinping,
est fondée sur encore plus de commerce

non d’exister»
pas : il y avait eu un reportage télévisé avec le monde extérieur. Ne se rend-il pas
sur une grande chaîne chinoise relatant compte qu’il la sabote en refusant
ces prouesses scientifiques. toute transparence sur un fléau
La zoonose que les biologistes chinois ayant affecté le monde entier ?

VOX
ANALYSE
Jim Jarrassé Twitter et politiques,
les liaisons dangereuses … LITTÉRATURE
£@jimjarrasse

« Madame Bovary,

I
l faut se souvenir du mythe
du Golem, ce monstre d’argile
façonné par un rabbin pragois pour
protéger la communauté juive des
pogroms, qui devient incontrôlable
et finit par se retourner contre
son créateur. Chaque génération
a son Golem. Le nôtre s’appelle Donald
Trump. Le président américain s’est
nourri de la puissance des réseaux sociaux
pour asseoir son influence. En quatre ans,
il est devenu l’homme politique le plus
suivi sur Twitter avec près de 89 millions
de followers, et l’un des plus prolifiques
avec plus de dix messages quotidiens.
La machine est devenue folle, au point
de prendre de court la plateforme
elle-même : la prise du Capitole
par des partisans du président a obligé
Twitter à réagir en catastrophe
en bannissant Donald Trump.
Si le cas est extrême, il illustre
l’interconnexion absolue entre le monde
politique et le réseau social. D’abord utilisé
comme un outil de campagne et perçu
comme une manière de « créer du lien »,
Twitter est devenu un élément structurant
du débat public, notamment
après la création en 2009 de la fonction
« retweet ». Depuis, politiques et Twitter
s’auto-alimentent. Les premiers y
trouvent un outil redoutable pour capter
l’attention de l’opinion dans un marché
de l’information de plus en plus
concurrentiel. La plateforme, elle, profite
de l’audience et de l’engagement générés
par les tweets clivants des politiques,
et les transforme en revenus financiers.
Cet effet d’entraînement a abouti à une
forme de dictature de la réaction.
Alors qu’à l’origine les politiques
se contentaient de transcrire sur Twitter
leurs communiqués de presse, les voilà
tenus, pour figurer dans le haut
des classements d’influence, de réagir
à tous les « trending topics » mis en avant
par le réseau. Leurs équipes
de communication s’organisent pour
assurer cette activité, qui fixe en partie
l’agenda médiatique. Place Beauvau,
Gérald Darmanin et Marlène Schiappa
sont connus pour leur réactivité
sur les faits divers, au risque de voir
leurs premiers messages démentis
par les enquêteurs, comme ce fut lors
de récentes agressions à Strasbourg
et Belfort. Au sein du gouvernement,
même les plus réticents s’y sont mis,
comme le ministre de la Justice, Éric
Dupond-Moretti, ennemi déclaré
des réseaux sociaux, dont l’équipe
s’est récemment félicitée de voir la vidéo
« Quitter Twitter ? Encouragé
par plusieurs intellectuels,
ce mouvement est pour l’instant
marginal »
d’un « clash » avec Marine Le Pen faire
un tabac sur Twitter. La présidente
du RN, deuxième personnalité politique
française la plus suivie, doit elle-même
comparaître dans un mois devant
le tribunal de Nanterre après avoir diffusé
sur le réseau des photos d’exactions
de Daech pour critiquer le journaliste
Jean-Jacques Bourdin.
Le risque de surchauffe n’est pas
négligeable. Et ses conséquences peuvent
s’avérer graves. En phagocytant
le monde du réel (les échanges sur
un marché, les débats parlementaires,
les meetings), la « twitterisation » de la vie un manque de courage politique
politique - qui touche aussi les sphères
médiatique et scientifique, comme
l’illustre la crise du Covid - peut aboutir
c’est nous » : l’éditorial
à un affaiblissement du débat public
dans une société hystérisée.
de Michel de Jaeghere,
C’est ce que décrit le sociologue
Gérald Bronner dans son dernier ouvrage,
directeur du
Apocalypse cognitive (PUF) : ou comment
le règne de l’immédiat et de l’intuitif
« Figaro Hors-Série »,
s’impose au détriment du temps long
et de la rationalité.
dont le nouveau
Pour Dominique Boullier, spécialiste
des technologies cognitives et auteur
numéro
de Comment sortir de l’emprise des réseaux
sociaux (Le Passeur), la « tyrannie
est consacré à Gustave
de la visibilité et de la réactivité va devenir
un signe de superficialité » qui finira par
Flaubert, né voilà
desservir les politiques. Joint par Le Figaro, 200 ans cette année.
… ÉTATS-UNIS
ce professeur de Sciences Po en appelle
à la « désintoxication » des élus. Sans aller
jusqu’à la censure des comptes, évidente
entrave à la liberté
« La fragmentation
d’expression, il juge que
les responsables publics
devraient s’astreindre culturelle est la plus
à un seuil maximal
grande menace qui pèse
de publications
sur le réseau. Voire,
pourquoi pas, organiser un départ groupé sur la démocratie »,
afin que, petit à petit, la plateforme
devienne « ringarde ». Quitter Twitter ? par Max-Erwann
Encouragé par plusieurs intellectuels,
comme l’Américain Jaron Lanier Gastineau, essayiste.
ou le Français Gaspard Koenig, qui appelle
Emmanuel Macron à montrer l’exemple,
ce mouvement est pour l’instant marginal.
… CHRONIQUE
En Allemagne, le chef de file des Verts, « Twitter est un censeur
Robert Habeck, a quitté le réseau en 2019
pour se « reconcentrer sur le long terme », intolérant mais sélectif »,
fustigeant un « outil de division ».
Sa décision a été critiquée par ses par Gilles-William
adversaires qui lui ont reproché
Goldnadel,
et une désertion face aux extrêmes.
Il a depuis rejoint Instagram… avocat et essayiste.

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions Philippe Gélie (International), Directeur artistique FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy
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Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal
A

Marc Feuillée Anne Huet-Wuillème (Édition, (Politique, Société, Débats Opinions) Tél. : 01 57 08 50 00
Rudi Roussillon est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous
Photo, Révision), direction.redaction@lefigaro.fr le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
18
Paul Sugy
psugy@lefigaro.fr
É Éric Salobir :
ric Salobir vit à la croisée des mondes.
Ce frère dominicain côtoie au quoti-
dien les géants de la tech, au cœur de
la Silicon Valley, véritable tour de Ba-
bel du XXIe siècle. Une manière d’al-
ler aux « périphéries », à l’appel du
pape ? Dans un livre insolite, Dieu et la Silicon Val-
ley (Buchet-Chastel), il cherche un délicat équili-
bre entre la fascination et l’anathème. La techno-
logie, plaide-t-il, n’est pas le veau d’or moderne
qu’on voudrait bien croire, mais elle ne nous
ouvrira pas, non plus, les portes du paradis.
LE FIGARO.- Aller évangéliser la Silicon Valley,
est-ce une façon de répondre à l’appel du pape
en allant aux « périphéries » de l’Église ?
Frère Éric SALOBIR. - Quand je vais dans la Sili-
con Valley, je ne sais pas vraiment qui évangéli-
ser. Je n’ai pas d’intention prosélyte et ne me
laisse pas fasciner en retour. Mais, comme le de-
mande le pape, j’essaie de perpétuer ce dialogue
entre science et foi, technologies et humanités,
qui est vieux comme l’Église, mais si nécessaire
aujourd’hui.
Vous décrivez le « miracle de la Silicon Valley »
comme un « mythe quasi biblique ».
N’est-ce pas davantage un mythe protestant
(proche de l’éthique du capitalisme
de Max Weber) plutôt que catholique ?
Umberto Ecco était d’avis que le Mac était catholi-
que et le PC protestant : selon lui, l’ordinateur
d’Apple guide l’utilisateur en le prenant en main à
la façon d’un catéchisme catholique, tandis que le
PC suppose davantage de créativité, l’utilisateur
est livré à lui-même. Je pense qu’il avait vu juste.
Au-delà des querelles de chapelles, le foisonne-
ment baroque de spiritualités diverses qu’est la
Silicon Valley, entre religions, « mindfulness » et
gourous de l’épanouissement personnel, se déve-
loppe sur le substrat d’une anthropologie judéo-
chrétienne qui nous est commune. Elle donne une
place centrale à l’humain, vu comme poursuivant,
par l’innovation, l’action de son créateur. Là-bas,
l’inventeur est roi. Pourtant, contrairement à
Dieu, nous ne sommes pas extérieurs à nos créa-
tions. Les technologies que nous développons
nous transforment en retour, quand nous les utili-
sons, et façonnent notre société. Nous sommes
produits par nos produits. D’où l’importance du
dialogue que j’évoquais et d’une analyse attentive
de l’impact des technologies numériques sur le
monde qui nous entoure comme sur nos propres
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A
« Les technologies
ne doivent pas
faire de l’humain
la variable
d’ajustement »
Le dominicain estime que la crise sanitaire, qui a montré la fragilité de l’homme,
doit être une opportunité pour repenser notre usage des technologies.
comportements et sur notre « vivre-ensemble ».
Le mythique garage dans lequel est censé naître
toute start-up à succès ne nous donnera pas forcé-
ment l’étoile de Noël.
Dans son encyclique sur la fraternité humaine,
le pape dénonce des « progrès historiques
qui détériorent l’éthique et affaiblissent les valeurs
spirituelles et le sens de la responsabilité ».
Comment la technologie peut-elle rapprocher
les hommes plutôt que les atomiser ?
L’appel à la fraternité du pape François passe
d’abord par un constat : dans notre société, il n’y
POUR L’AMOUR DU STYLE
Il rêvait d’être Cervantès, Montaigne et Voltaire à
la fois. Son œuvre ne ressemblerait qu’à lui-même :
corrosive, désenchantée, portée par un style qui
transfigurerait tout. Flaubert n’appartint à aucune
transfigurerait
école, aucune doctrine, et conspua son époque autant
qu’il put. Ce briseur d’idoles n’en eut qu’une, la langue,
qu’il servit comme un forçat pour « aller dans l’âme
des choses », des platitudes normandes aux sortilèges
de la Carthage antique et du Paris de 1848. Pour
célébrer le bicentenaire de sa naissance, Le Figaro
Hors-Série consacre un numéro spécial au créateur
de Madame Bovary et de L’Education sentimentale.
Analyse des ressorts de son génie, critique de ses
œuvres, dictionnaire des personnages qui peuplent
ses romans, panorama des films qui s’en sont inspirés,
promenade sur les lieux de sa vie, bibliographie : tout
Flaubert, en 114 pages.
Le Figaro Hors-Série, « Flaubert, la fureur d’écrire », 114 pages.
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a pas d’inutiles. Alors que la numérisation de
l’économie semble rendre obsolète une partie des
ressources humaines, et que le faible coût du ca-
pital par rapport au travail pousse à une automa-
tisation massive, il est bon de se souvenir que
l’autre, « le prochain » comme l’appelle le Saint-
Père, doit rester une finalité, et non un moyen ;
un acteur digne et non un consommateur assisté.
La formation et l’accompagnement de la popula-
tion doivent donc être au cœur des politiques pu-
bliques. Les technologies telles que l’intelligence
artificielle nous ont aussi offert la possibilité de
mettre en place des organisations hautement so-
« que
Les technologies
nous
développons
nous transforment
en retour, quand
nous les utilisons,
et façonnent
notre société.
Nous sommes
produits par
nos produits.
D’où l’importance
du dialogue
que j’évoquais
et d’une analyse
attentive
de l’impact
des technologies
numériques
sur le monde
qui nous entoure
comme
sur nos propres
comportements
et sur notre
« vivre-
ensemble »
ÉRIC SALOBIR
» Dans la langue tchèque qui l’a vu naître, le robot
RENCONTRE
« Nos contemporains
sentent bien
que notre société,
obsédée par le contrôle
et intolérante
au risque, ne prend
paradoxalement pas
JEFF PACHOUD/AFP
la mesure des défis
qui s’annoncent,
et notamment
du changement
climatique. »
phistiquées. Nous avons surtout utilisé cette
puissance pour réduire les coûts et augmenter les
profits. Biens et services sont devenus accessibles
au plus grand nombre, mais notre système a per-
du en résilience ce qu’il a gagné en efficience. La
pandémie et le confinement ont montré sa fragi-
lité, au détriment des plus démunis. Cette crise
est, à mon sens, une opportunité de repenser no-
tre usage des technologies, pour qu’elles nous of-
frent plus de flexibilité et ne fassent pas de l’hu-
main la variable d’ajustement.
« Notre révolution sera de rétablir la confiance
dans l’avenir », écrivez-vous dans votre livre.
Jésus, lui, disait à ses disciples de ne pas se soucier
du lendemain, car Dieu y pourvoira.
Alors, faut-il avoir peur de l’avenir ?
Jésus invitait au lâcher-prise, mais il n’a jamais
appelé à l’irresponsabilité. Préparer l’avenir, c’est
se soucier du présent des générations futures. Or
nos contemporains sentent bien que notre société,
obsédée par le contrôle et intolérante au risque, ne
prend paradoxalement pas la mesure des défis qui
s’annoncent, et notamment du changement cli-
matique. D’où une certaine anxiété. Alors, il est
urgent de recréer les conditions de la sérénité.
Quand, dans le livre de la Genèse, Dieu dit aux hu-
mains, fraîchement créés, « remplissez la terre et
dominez-la », nous avons peut-être mal compris
cet appel à être, non pas des tyrans profiteurs,
mais des intendants fidèles d’une création dans
laquelle nous sommes arrivés sur le tard. Nos
technologies ne doivent ni piller ni souiller. Et en-
core moins nous défendre contre une nature pré-
tendument cruelle, comme si les start-up à suc-
cès, couramment appelées licornes, devaient aller
combattre les pangolins.
D’ailleurs, Jésus, s’il était né au XXIe siècle,
aurait-il été un partisan du « modèle amish »,
ou aurait-il possédé un iPhone
et un compte Facebook ?
Qu’on se le dise, Jésus était disruptif : il bousculait
les idées reçues, comme les mauvaises habitudes.
Je l’imagine à mi-chemin entre un lanceur d’aler-
te et le fondateur d’une entreprise à mission. Car il
était aussi disruptif du modèle social et des injusti-
ces. Alors que les comités d’éthique édictent des
listes de conformité pour répondre à ce mantra de
la Silicon Valley, « don’t be Evil », ne soyez pas
malveillants, il nous aurait rappelé que, quand on
ne fait pas de mal, on n’a encore rien fait de bien.
Bernanos écrit dans La France contre les robots :
« Un monde dominé par la Force est un monde
abominable, mais le monde dominé par le Nombre
est ignoble. » Le règne de la machine, ce sont
les deux à la fois… N’est-ce pas précisément
la pente que nos sociétés technologiques
sont en train de suivre ? Comment remettre
la machine à sa place ?
est étymologiquement un travailleur servile. Il est
intéressant de constater que, lorsque l’humain
crée, ou imagine créer un autre être, il ne le fait
pas libre, à son image, mais esclave. Ou peut-être
est-il un peu à notre image, nous qui rendons si
facilement les armes face à qui nous propose de
décider à notre place. À nous de prendre nos vies
en main pour en garder le contrôle. Même si tout
asservissement contient en lui-même les germes
d’une libération, la prise de pouvoir par les robots
n’est pas pour demain. En revanche, il faut se de-
mander : de qui sont-ils les esclaves ? Car ceux-là
sont peut-être aussi nos maîtres. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO - N° 23 761 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> FOCUS
lefigaro.fr/economie LES FRANÇAIS
SE RUENT
SUR LA BOURSE
BREXIT FRENCH TECH Ignorant la crise sanitaire, les parti-
LES PROBLÈMES LES START-UP FRANÇAISES culiers reviennent en masse sur les
marchés : selon l’Autorité des mar-
DE LIVRAISONS N’ONT JAMAIS LEVÉ AUTANT chés financiers (AMF), près de
SE MULTIPLIENT PAGE 23 DE FONDS QU’EN 2020 PAGE 25 400 000 Français ont fait leurs pre-
miers pas en Bourse en 2020, am-
plifiant le mouvement déjà amorcé

économie
l’année précédente avec la privati-
sation de La Française des jeux
(FDJ). L’opération avait fait un véri-
table tabac auprès des particuliers,
puisqu’elle avait attiré près de
SEBASTIEN SORIANO/LE FIGARO, ALAN CROWHURST/GETTY IMAGES/AFP, FRÉDÉRIC REGLAIN/DIVERGENCE

500 000 petits porteurs, dont une

grande majorité de néophytes de la
Bourse.
Le beau parcours du titre a certai-
nement encouragé les vocations.
Ceux qui ont misé sur l’action FDJ à
19,50 euros par action, le prix ré-
servé aux « investisseurs particu-

Le cœur
liers » lors de la privatisation, ont
réalisé une très belle opération :
leur plus-value potentielle est
aujourd’hui proche de 90 % !

des grandes
Au total, en deux ans, les rangs des
investisseurs individuels actifs à la
Bourse de Paris se sont étoffés de
près de 800 000 personnes, selon

villes frappé
l’AMF. Euronext note de son côté
que les volumes moyens d’actions
échangés chaque jour par les parti-
culiers sur ses marchés ont plus

par le Covid
que doublé entre 2019 et 2020. Et,
contrairement aux idées reçues
selon lesquelles les particuliers ont
tendance à venir en Bourse lorsque
le marché est au plus haut, beau-
coup ont acheté cette fois lors du
premier confinement, au moment
où il était au plus bas. « Plus de
Confinement, couvre-feu, télétravail et crise du textile ont vidé les quartiers 150 000 Français ont acheté des
actions du SBF 120 au mois de mars
les plus vivants. Cette désaffection risque de durer après la crise sanitaire. PAGES 20 ET 21 dernier », constate ainsi l’AMF.
Autre bonne nouvelle pour la Bour-
se de Paris, qui peinait depuis de

Électricité : les prix pourraient augmenter de 1,7 % nombreuses années à recruter de

Les tarifs réglementés de l’électrici-
té pourraient augmenter au 1er fé-
vrier prochain de 1,7 % pour les
particuliers et de 3,02 % pour les
professionnels, d’après un docu-
ment préparatoire de la Commis-
sion de régulation de l’énergie
(CRE) dont Le Figaro a eu connais-
sance. « Cette hausse représenterait
16 euros par an en moyenne sur la fac-
ture d’un consommateur résidentiel »,
est-il précisé dans ce document.
La CRE doit faire une proposition de
hausse au gouvernement à partir
d’une évaluation des coûts des
fournisseurs, d’après une méthode
validée par le Conseil d’État. Avant
cela, elle doit auditionner mardi les
fournisseurs et les associations de
consommateurs. La proposition
d’augmentation devrait très vrai-
semblablement se concrétiser sur
les factures des Français encore au
tarif régulé de l’électricité.
Cette hausse est alimentée par de
nombreux facteurs, presque tous
liés à la crise économique et aux
conséquences sanitaires de la pan-
démie, qui perturbe encore la pro-
duction d’électricité nucléaire en
France et pèse sur les prix.
Le régulateur évoque notamment
« l’évolution des coûts de commercia-
lisation due aux effets de la crise sani-
taire liée au Covid-19 ». En effet, côté
entreprises, une grande partie de la
hausse s’explique par l’explosion
des impayés enregistrée l’année
dernière à cause de la crise. Pas
moins de 17 % des clients profes-
sionnels étaient en retard de paie-
ments, d’après les fournisseurs al-
ternatifs.Parmi les motifs de hausse,
la CRE évoque aussi « l’augmenta-
tion du coût de l’approvisionnement
en énergie » des fournisseurs sur le
marché de gros.
« La hausse du prix de gros de l’élec-
tricité s’inscrit dans un contexte glo-
bal de remontée du prix des commodi-
tés, avec des hausses du prix du
charbon de 12 %, du prix du gaz
(PEG) de 9 %, du prix du Brent de
19 % et du prix du quota CO2 de
20 % », relève-t-elle.
GUILLAUME GUICHARD
nouveaux adeptes : ces nouveaux
venus en Bourse « ont en moyenne
entre dix et quinze ans de moins
que les investisseurs habituels sur
les actions françaises », note le
gendarme des marchés financiers.
Avec des taux d’intérêt proches de
zéro, les Français ont bien compris
que la Bourse était aujourd’hui le
seul moyen d’espérer obtenir du
rendement pour leur épargne. À
condition toutefois d’accepter le
risque que cela comporte.
HERVÉ ROUSSEAU

le PLUS du L'HISTOIRE Galeries Lafayette va

FIGARO ÉCO
Les Dr Martens frappent à la porte supprimer 16 % des
SOCIAL
Ces soignants retraités de la Bourse de Londres effectifs de son siège

L
obligés de rembourser es derniers punks en auront Griggs, qui avait acquis les droits en exclusivité Fermés une centaine de jours siège du groupe, à Paris », dé-
une partie les cheveux qui se dressent de l’innovation d’un jeune Allemand pour en 2020, frappés par la quasi- taille Fouzia Ouaktouf, secré-
de leur pension PAGE 22 sur la tête. Icônes de la contre- une chaussure à coussins d’air. Après un disparition des touristes, les taire générale de la CGT Gale-
culture dans les années 1970 passage à vide au début des années 2000, grands magasins prennent des ries Lafayette Haussmann.
et 1980, les chaussures Dr Martens Dr Martens s’est relancé. La marque a multiplié mesures drastiques. Le groupe Au siège, où 16 % des effectifs
LA SÉANCE vont bientôt être cotées à la Bourse les collaborations avec les créateurs, comme Galeries Lafayette s’apprête seront touchés, les départs se-
DU LUNDI 11 JANVIER 2021 de Londres. L’entreprise a annoncé lundi Jean Paul Gaultier, et a lancé une gamme ainsi à supprimer 185 postes, ront d’abord volontaires.
CAC 40 sa volonté de s’introduire sur le marché, les végane. Forte de 11 millions de paires vendues selon des sources syndicales. « L’appel à volontariat devrait
5662,43 -0,78% actionnaires actuels cédant dans un premier par an, essentiellement fabriquées en Asie, la La direction, elle, ne fait aucun se faire en avril. S’il n’est pas
temps 25 % du capital, avec une option sur société est prospère. Elle a dégagé un chiffre commentaire. suffisant, il y aura un plan so-
DOW JONES 15 % supplémentaires. Cela fait longtemps d’affaires de 672 millions de livres (746 millions En novembre, le groupe Prin- cial », ajoute Fouzia Ouaktouf.
31021,81 -0,24% que la société est tout à fait capitaliste. d’euros) lors de l’exercice clos en mars 2020 temps avait annoncé la ferme- Signe de la confiance de la di-
Début 2014, elle a été rachetée à la famille et une marge opérationnelle de 27 %. Le Covid ture de sept magasins Prin- rection dans l’avenir, les sala-
ONCE D’OR fondatrice pour 300 millions de livres sterling a glissé sur elle. Au premier semestre clos fin temps et Citadium à Paris et en riés du vaisseau-amiral du
1847,80 (1891,30) province, entraînant la sup- boulevard Haussmann sont,
par le fonds d’investissement Permira, septembre, les ventes ont bondi de 18 %
pression de 428 postes en di- eux, protégés jusqu’à fin
également et le résultat brut
PÉTROLE (lond) rect et d’au moins 300 parmi août 2021 par un accord d’ac-
possesseur de d’exploitation les salariés des marques tra-
55,630 (56,260) tivité partielle de longue du-
la marque Hugo de 30 % ! vaillant sur ces sites. rée. Celui-ci permet 25 % de
EUROSTOXX 50 Boss. Le modèle Dr Martens Si les coupes sont bien moin- chômage partiel.
3621,37 -0,65% initiateur a pris le virage dres aux Galeries Lafayette, Les Galeries Lafayette ont ob-
de la marque de l’e-commerce. c’est qu’elles ne concernent tenu un prêt garanti par l’État
FOOTSIE et encore le plus Et mise sur la vente pas les magasins. « Par un plan de 300 millions d’euros en fin
6798,48 -1,09% vendu, la directe aux social, dix postes seront suppri- d’année, contre 150 millions
bottine 1460, consommateurs, més au centre de comptabilité de pour Le Printemps (mais le
NASDAQ est sorti le en développant son Lyon qui fermera, et 43 dans les groupe est plus petit). Mais ces
12994,79 -0,84% 1er avril 1960 de site et son réseau agences de voyages Galeries ajustements sont inévitables :
l’usine anglaise de magasins. ■ Lafayette Voyages, qui cesse- en 2020, les Galeries Lafayette
NIKKEI de la famille CÉCILE CROUZEL ront leur activité. Enfin, ont perdu la moitié de leur
A

28139,03 +2,36% 132 postes seront supprimés au chiffre d’affaires. C. C.

 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
20 L'ÉVÉNEMENT
Victimes du Covid,
les centres-villes
des métropoles
s’essoufflent
Confinement, couvre-feu, télétravail et crise
du textile ont vidé les quartiers les plus vivants
de l’Hexagone. Cette désaffection risque de durer
après la crise sanitaire. Les édiles s’inquiètent.
MARIE BARTNIK£@mariebartnik
JEAN-YVES GUÉRIN£@jyguerin
ET MATHILDE VISSEYRIAS
£@MVisseyrias
URBANISME La plus belle avenue
du monde s’est muée en une triste
vitrine de la crise. Depuis mars, la
vie a ralenti sur les Champs-Ély-
sées : touristes fortunés, hommes
d’affaires et badauds ne se pres-
sent plus sur ses larges trottoirs.
Les terrasses sont fermées, les
« flagships », ces magasins qui
sont la vitrine internationale
d’enseignes de mode, n’ont
qu’une activité résiduelle. Ils cô-
toient des locaux commerciaux
vacants, des restaurants et des ci-
némas fermés.
Frappés par le Covid-19, les
Champs-Élysées présentaient
plusieurs comorbidités : sur
100 visiteurs, 72 sont des touris-
tes ; une grande part des salariés
du quartier est en télétravail.
« L’impact sur l’activité est gigan-
tesque, déplore Jean-Noël Rein-
hardt, président du Comité
Champs-Élysées. L’avenue est une
loupe de la vie normale. Quand ça
va bien, ça va beaucoup mieux ;
quand ça va mal, c’est pire
qu’ailleurs. À long terme, les
Champs vont conserver toute leur
attractivité. »
À long terme, peut-être. Mais
pour le moment, il y a 20 % de va-
Les prix immobiliers commencent à baisser
EMMANUEL EGLOFF £@eegloff
La crise des centres-villes se traduit
tôt ou tard sur l’immobilier. Les
grandes métropoles n’y échappent
pas, à commencer par Paris. Dans la
capitale, même le logement, l’actif
immobilier le plus résilient, com-
mence à être affecté. L’effondre-
ment du nombre de transactions en
2019 montre l’ampleur de la crise :
- 35 % sur un an, selon Century21.
Le prix au mètre carré a marqué un
point haut et commence à refluer.
Selon les indicateurs issus de leurs
avant-contrats, les notaires esti-
ment que les prix ont commencé à
reculer en toute fin d’année. Ils pré-
voient un repli de 1,7 % sur les trois
premiers mois de l’année 2021.
« Dans les commerces, nous fai-
sons face à un véritable chamboule-
tout. » Selon Magali Marton, direc-
trice du service études chez
Cushman & Wakefield France, la
disparition des touristes, la ferme-
ture des restaurants et des bars, le
couvre-feu ont fait beaucoup de
mal. D’autant que « la situation était
déjà compliquée avant la pandémie,
avec les “gilets jaunes”, les grèves et
l’e-commerce », analyse l’experte.
Conséquence : un énorme déséqui-
libre entre offre et demande. Cela
va forcément avoir des conséquen-
ces sur les loyers.
Il n’y aura pas d’effondrement
généralisé, car des acteurs vont ti-
rer leur épingle du jeu. « En parti-
culier les enseignes capables de
s’adapter, par exemple en créant une
expérience pour les clients », précise
Marie-Laure de Sousa, directrice
A
agence France de JLL. Mais les
bailleurs vont faire preuve de sou-
cance commerciale sur l’avenue.
Une dizaine de magasins vides
n’ont même pas de repreneur en
perspective. De jamais vu. Les
Champs-Élysées sont le reflet de
l’essoufflement des grandes mé-
tropoles françaises depuis que la
pandémie de Covid-19 les a tou-
chées de plein fouet.
Paris, Bordeaux, Lyon, Lille,
Marseille et Nantes souffrent des
mêmes maux : absence des touris-
tes, salariés astreints au télétra-
vail, fermetures administratives
des restaurants, lieux culturels et
autres lieux de socialisation, bou-
leversement des habitudes de
consommation… Par un renverse-
ment de situation inimaginable il
y a un encore un an, les lieux jadis
les plus animés du pays, ceux où
les commerçants payaient très
cher pour l’assurance d’une clien-
tèle nombreuse, sont les plus tou-
chés. Les centres-villes des prin-
cipales métropoles ressemblent
parfois à ceux des petites et
moyennes villes de province.
Du fait de son attractivité tou-
ristique, Paris paie le plus lourd
tribut à la crise. L’Île-de-France
accueillait 48 millions de visiteurs
étrangers avant la pandémie ? La
Seine est désormais lisse sans
Bateaux-Mouches ; les grands
magasins pleurent l’absence de
leurs clients les plus dépensiers ;
privés de bars, restaurants, ciné-
plesse et accepter de négocier les
loyers. De plus, la fermeture de
commerce va libérer des emplace-
ments. « Il y aura des opportunités,
notamment pour profiter d’investis-
seurs qui ont besoin de relouer quitte
à faire des efforts sur le loyer », dé-
taille Marie-Laure de Sousa. L’ex-
perte espère qu’il n’y « aura pas
d’aberrations, tels des bailleurs qui
laisseraient des locaux vides pour ne
pas acter une baisse de valeur en ac-
ceptant un loyer moins élevé ».
Prime aux bureaux neufs
avec services associés
Dans les bureaux aussi, la situation
est tendue. « 2020 a été terrible avec
un effondrement des transactions de
45 %, constate Magali Martinon.
L’offre a, elle, augmenté de 36 %. »
Cet effet-ciseaux rend une baisse
Fermeture de magasins
avenue de l’Opéra.
Dans ce quartier,
comme dans ceux du
Marais, des Halles ou de
l’Odéon, les baisses de
chiffre d’affaires ont
été les plus fortes de la
capitale (entre 30%
et 50%). SEBASTIEN
SORIANO/ LE FIGARO
mas et salles de théâtre, même les
Franciliens désertent Paris. En
décembre, le trafic dans les trans-
ports en commun ne dépassait pas
la moitié de son niveau de 2019,
selon Île-de-France Mobilités.
Cercle vicieux
La fréquentation est en chute li-
bre : 46 % de moins depuis début
mars rue de Rivoli, un des princi-
paux axes commerçants de Paris,
selon le spécialiste mytraffic ;
- 50 % avenue Montaigne et sur
les Champs-Élysées. Les magasins
du Marais, des Halles, de l’Odéon
et de l’Opéra connaissent les bais-
ses de chiffre d’affaires les plus
fortes, entre 30 % et 50 %.
des loyers inévitable. Pour autant, Une offre de location
« Paris présente de réels atouts ». Le de bureaux dans
taux de vacances se situait à seule- une rue parisienne.
ment à 2,2 % dans la capitale en Le télétravail va
2019. La pandémie l’a fait remonter provoquer une
baisse de 25 %
à 4,3 % à la fin de l’année dernière,
à 28 % de la surface
mais cela reste modeste. recherchée par les
La conséquence principale de la entreprises. BENOIT
crise sanitaire a un nom : télétra- DURAND/BENOIT DURAND
vail. « Le télétravail va provoquer
une baisse de 25 à 28 % de la surface
recherchée par les entreprises. Elles
demanderont, en revanche, plus de
services associés », estime Marie-
Laure de Sousa. Cela signifie que les
bailleurs pouvant proposer des im-
meubles neufs ou totalement réno-
vés devraient tirer leur épingle du
jeu. Au quatrième trimestre 2020,
ce type d’actif (dit « prime ») est
ainsi parvenu à enregistrer une
hausse de ses loyers de 5 %. ■
« Compte tenu des coûts d’exploi-
tation (salaires, immobilier) plus
élevés l’effet ciseaux entraîne des
fermetures de magasins », souli-
gne Procos, fédération regroupant
300 enseignes et 60 000 points de
vente.
La situation est à peine plus
brillante en province. Bordeaux a
perdu 42 % de ses visiteurs depuis
mars, Lyon un tiers, mais bien
plus dans le quartier de la Part
Dieu, qui cochait toutes les cases
de l’emplacement rêvé avant-cri-
se. « Grande gare, grand centre
commercial et centre touristique :
la Part Dieu cumule aujourd’hui
tous les handicaps », note Emma-
nuel Le Roch, délégué général de
Vers une cadence réduite
des métros et des bus
Même si la crise sanitaire est loin
d’être finie, les acteurs des trans-
ports en commun se projettent déjà
dans le monde d’après. Selon eux,
on se déplacera différemment dans
les centres-villes. « Une partie des
passagers qui ont déserté le métro, le
tramway ou le bus n’y reviendront
pas, estime Thierry Mallet, prési-
dent de l’Union des transports pu-
blics (UTP) et PDG de Transdev. On
aura une fréquentation inférieure à
celle d’avant l’épidémie de 10 % à
30 %. » Ceux qui ont pris goût au té-
létravail continueront à le pratiquer
un à deux jours par semaine. Et la
grande majorité des nouveaux
adeptes du vélo, de la marche ou de
la voiture ne remonteront pas dans
les transports du quotidien.
Avec moins de clients, les collec-
tivités locales gérant ces moyens de
déplacement vont voir leurs recettes
fondre. En 2020, le Syndicat mixte
des mobilités de l’aire grenobloise
(Smmag) a enregistré un manque à
gagner de 10 à 20 millions d’euros,
sur un budget de 120 millions. La
présidente d’Île-de-France Mobili-
tés, Valérie Pécresse, anticipe que,
cette année, le trou atteindra encore
un milliard. Si l’État a en partie
compensé ces pertes pour 2020 avec
des avances remboursables, il ne
pourra pas le faire tous les ans.
Cela risque de se traduire par une
baisse du service. En clair, moins de
métros, de tramways ou de bus sur
certaines lignes. En Île-de-France,
Valérie Pécresse n’exclut pas cette
option si le gouvernement ne lui
vient pas en aide financièrement en
2021. « Baisser l’offre : c’est l’option
Procos. La rue Fouré, à Nantes, et
la rue Massena, à Lille, ne sont
plus que l’ombre d’elles-mêmes.
Dès lors, un cercle vicieux s’en-
clenche. Sans leurs clients habi-
tuels, nombre de commerces ren-
dent les clés ; la vacance s’installe,
dissuade les promeneurs.
« 2,5 millions de mètres carrés com-
merciaux ont été mis sur le marché
en 2020, note Christian Dubois, de
Cushman & Wakefield. Le stock de
locaux commerciaux disponibles est
particulièrement élevé sur les
Champs-Élysées, la rue de Rivoli, la
rue de Rennes, autant de rues où les
surfaces des commerces sont gran-
des, et où la concentration de bouti-
ques de mode est importante. »
privilégiée », a-t-elle expliqué ré-
cemment, étant donné qu’elle ne
veut pas augmenter le prix de la carte
Navigo ou renoncer aux investisse-
ments (nouvelles rames sur le RER B,
prolongement de la ligne 14…).
Suppression de ligne
Si l’on devait en arriver là, des li-
gnes de métro très empruntées par
les télétravailleurs, telle la ligne 1,
pourraient voir leur fréquence ré-
duite. Par contre, on ne toucherait
pas aux lignes comme la 13 qui tra-
verse des quartiers populaires où les
usagers doivent venir sur leur lieu
de travail. « L’expérience de la crise
sanitaire a montré que la baisse de la
demande se manifestait plutôt en hy-
percentre des grandes villes », esti-
me Thierry Mallet. Pour l’instant,
nulle part on n’a réduit l’offre de
transport en commun. Mais beau-
coup y réfléchissent.
« À Marseille, sur 80 lignes de bus,
une dizaine passant en centre-ville
pourrait avoir un cadencement d’un
bus toutes les 12 à 14 minutes contre
8 à 10 minutes aujourd’hui, sans que
ça lèse les usagers », avance Pierre
Durand, directeur d’exploitation de
la RTM (Régie des transports mé-
tropolitains) active à Marseille et
Aix-en-Provence. Une ligne pour-
rait même être supprimée car, à
tous les arrêts, il y a des alternatives
en transports en commun à
200 mètres maximum. Mais les élus
ne prendront ce type de décision
qu’en dernier recours. Car la ré-
duction du service en centre-ville
serait très impopulaire auprès des
usagers-électeurs. ■ J.-Y. G.

Les confinements ont aggravé
les problèmes des enseignes
d’habillement, en crise depuis
quinze ans. 2020 a été une année
noire. Dans tous les secteurs, les
magasins ont perdu du terrain au
profit de l’e-commerce. De quoi
faire craindre qu’après la crise
sanitaire, il n’y aura pas de retour
en arrière.
De même, le télétravail va
perdurer, risquant de faire fuir
des habitants et de bouleverser
durablement l’équilibre finan-
cier des commerces et restau-
rants. L’essoufflement des
grands centres-villes risque
donc d’être durable, avec ses
conséquences en cascade sur les
Au cœur de Marseille, six commerces sur dix risquent la faillite
REPORTAGE
PATRICK SAINT GILLES
£@Patrick_Gilles
MARSEILLE
L’ÉTÉ a pu faire croire aux com-
merçants marseillais qu’ils étaient
sauvés. Marseille avait alors, en
effet, vu sa fréquentation touristi-
que augmenter de 30 %, avec une
clientèle bien différente de celle,
internationale, des croisières
(2 millions de croisiéristes « per-
dus » en 2020). Il s’agissait de
Français venus principalement
des régions parisienne et lyonnai-
se. Hôtels (avec un taux d’occu-
pation record de 91 %), bars, res-
taurants et de très nombreuses
boutiques ont réalisé un chiffre
d’affaires exceptionnel.
« Pour la trésorerie de toutes ces
entreprises, l’impact a été réel,
mais la situation au dernier trimes-
tre s’est considérablement dégra-
dée », constate Jean-Luc Chauvin,
le président de la Chambre de
commerce et d’industrie de Mar-
seille Provence. Le second confi-
nement et la faiblesse de la
consommation des locaux sont à
l’origine de cet affaissement. Les
indicateurs dont dispose la CCI,
via des enquêtes auprès des com-
merçants, indiquent que quatre
commerces du centre-ville sur
dix ne passeront pas mars 2021.
« Nous pensons que c’est plutôt
six sur dix, confie Jean-Luc Chau-
vin. Quand on analyse en détail les
questionnaires sur la tendance au
quatrième trimestre 2020, on se
rend compte que, dans l’habille-
ment par exemple, les patrons se
montraient optimistes. Or la
recettes fiscales et la sécurité.
D’autant que le retour des tou-
ristes risque d’être lent.
Le pire est à venir
Les commerçants pointent le rôle
délétère des politiques de mobilité
urbaine, qui décourage la voiture
au profit du vélo. Depuis mi-mai,
1 000 km de « coronapistes » ont
fleuri dans les grandes métropoles
(50 km à Paris, 25 km à Bordeaux,
18 km à Grenoble…). La situation
ne va pas s’améliorer. « Si on reste
persuadé que les clients vont tous
faire leurs courses en vélo, on va
mettre en grand danger des pôles
commerciaux, avertit Emmanuel
Le Roch, qui cite la rue de Rivoli.
consommation durant les fêtes n’a
pas été au rendez-vous. »
L’Observatoire des métiers de
l’expertise comptable permet une
analyse encore plus pointue, via
les télétransmissions aux diffé-
rents services de l’État de données
comme la TVA ou l’Urssaf. Colette
Weizman, la présidente de cette
profession au niveau régional,
note au dernier trimestre une
baisse du chiffre d’affaires de l’or-
dre de 80 % pour les restaura-
teurs, de 40 % dans l’habillement,
de 30 % pour les coiffeurs. Cette
dernière catégorie illustre une
modification des comportements.
Couvre-feu à 18 heures
« Mes clients sont tous au rendez-
vous », observe Abbes Mokedem,
propriétaire d’un salon de coiffure
situé derrière la Canebière. Avant
de préciser, fataliste : « Mais les
hommes laissent pousser les che-
veux un peu plus. Les femmes vien-
nent moins souvent faire des cou-
leurs et les soins de manucure ne
sont plus systématiques. »
Sur dans les grandes artères
commerçantes piétonnes voisines
du Vieux-Port, les rideaux défini-
tivement baissés se multiplient.
Avec un paradoxe : il y a chaque
jour la queue sur le morceau de
trottoir que se partagent les bouti-
ques de luxe Hermès et Vuitton ;
et sur la rue Paradis, qui accueille
des enseignes haut de gamme,
aucune annonce de fermeture
prochaine. Mais rue Saint-Fer-
réol, l’artère parallèle, et dans les
rues transversales, les cessations
d’activité des magasins moyens et
bas de gamme sont légion.
Du côté des restaurants, bars et
La rue de Rivoli (en Limiter le nombre de voitures sur
haut), un des principaux les axes commerçants dans une pé-
axes commerçants riode aussi difficile n’était pas for-
du centre de Paris, cément nécessaire. »
enregistre 46% de Mais le pire est à venir. La mai-
visiteurs en moins rie de Paris, « très préoccupée par
depuis début mars. la progression de la vacance com-
Ci-dessus, annonce de merciale », redoute un raz-de-
la fermeture définitive
d’un chausseur, avenue marée de faillites au printemps.
Victor-Hugo, dans L’adjointe au commerce, Olivia
le XVIe arrondissement Polski, appelle les bailleurs à
de la capitale. baisser les loyers. Les bailleurs
SEBASTIEN SORIANO/ sociaux, propriétaires de 10 % des
LE FIGARO locaux commerciaux, ont accordé
jusqu’à six mois d’exonération.
« Le problème des centres-villes,
ce sont les loyers extrêmement
chers, qui ne sont pas payés, dé-
clare Hubert Jan, président de
Sur les grandes artères boîtes de nuit, peu de chiffres cir-
commerçantes culent, mais le tribunal de com-
piétonnes de Marseille,
les rideaux qui ferment
merce s’attend à voir exploser le
nombre de faillites. « Les adhé-
définitivement
se multiplient. LOUAI-
rents de l’Union des métiers de l’in-
dustrie hôtelière sont venus mani-
BARAKAT/SIPA
fester leur colère sous nos fenêtres,
s’énerve Jean-Marc Latreille,
président du tribunal de commer-
ce. Or nous sommes là pour les
aider, l’État nous en a donné les
moyens. » Le magistrat explique
que les nouveaux outils déployés
dans le cadre de la conciliation
permettent à sa juridiction de
stopper des procédures de saisie,
de résiliation, d’exécution, ou en-
core d’accorder des délais de
paiement.
« Pour répondre à cette crise
d’une ampleur inédite, nous avons
ouvert ce lundi une permanence de
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
L'ÉVÉNEMENT 21
EN RÉGION,
LES GRANDES
VILLES
TRINQUENT
La fréquentation
de la place de la Bourse
à Bordeaux est
en baisse de 43 %
(source : mytraffic).
Le Vieux Lyon est
délaissé par les touristes.
La fréquentation
y chute de 41 %.
l’Umih Restauration. Dès que les
restaurateurs seront autorisés à
rouvrir, beaucoup des bailleurs
risquent de saisir les tribunaux, ce
qui conduira à des dépôts de bilan.
On peut redouter que les bailleurs
décident de changer l’usage de
leurs locaux, en autre chose que
des restaurants. »
Pour prévenir les défaillances,
la maire de Paris, Anne Hidalgo,
veut créer une foncière, qui ra-
chètera des fonds de commerce
d’entreprises en difficulté, « quitte
à leur revendre ce patrimoine en La rue Fouré, à Nantes,
cas de retour à meilleure fortune ». a perdu un visiteur sur
En fait, les centres-villes eux-mê-
deux depuis début mars.
mes attendent ce retour à
meilleure fortune. ■
À Lille, la rue Masséna
a perdu 39 % de ses
visiteurs. Les Belges
voisins n’osent
plus venir en France. M. B.
PHOTOS DAVID THIERRY/PHOTO
PQR/SUD OUEST/MAXPPP, ROBERT
DEYRAIL/GAMMA RAPHO, COLLECTION
PARTICILIÈRE, PLM/PHOTOPQR/VOIX
DU NORD/MAXPPP
72 %
notre service de la prévention au
sein de la Maison de la justice et du
droit, poursuit le président du tri-
bunal de commerce. Nous allons des
au-devant des chefs d’entreprise
inquiets à l’idée de se retrouver
visiteurs
dans un tribunal. » Une initiative des Champs-
saluée par un patronat très inquiet Élysées sont
de la tournure des événements. des touristes
Le couvre-feu a été ramené à
1,7 %
18 heures dimanche et va encore
fragiliser les commerces. Pis. Les
marins-pompiers, qui réalisent
chaque jour des prélèvements
dans les eaux usées de Marseille,
annoncent une flambée des cas à de baisse
la fin de la semaine. Ce, alors que des prix immobiliers
le nombre de patients Covid-19 en à Paris selon
réanimation dans les hôpitaux de
les avant-contrats
la ville est au plus bas : ils n’étaient
A
plus que 31 hier, contre 108 mi- des notaires
novembre. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

22 ÉCONOMIE
Crédit d’impôt :
Bercy verse cette
semaine une avance
à 8,5 millions de foyers
Les ménages ayant bénéficié de cet avantage fiscal
en 2020 vont recevoir 5,5 milliards d’euros.
MANON MALHÈRE £@ManonMalhere
FISCALITÉ C’est plutôt une bonne
nouvelle en cette période de cri-
se sanitaire et économique. Le
15 janvier prochain, 8,5 millions
de foyers fiscaux qui ont déjà bé-
néficié de crédits d’impôt en 2020
recevront une avance pour cette
année. Le montant total du chèque
s’élève à 5,5 milliards d’euros. Les
ménages auraient sinon attendu
l’été prochain pour profiter de cet
avantage fiscal. « Cette avance
contribuera à préserver le pouvoir
d’achat des Français, notamment
pendant la crise sanitaire, avec un
montant moyen de 640 euros par
foyer concerné », explique Bercy
dans un communiqué publié
lundi.
En réalité, cette mesure s’appli-
que depuis le passage au prélève-
ment à la source (PAS) en 2019,
qui permet d’ajuster le niveau
d’imposition sur le revenu en
temps réel, chaque mois. Le gou-
vernement a en effet décidé de
verser plus tôt - en début d’année
- une partie de certains crédits et
réductions d’impôt qui visent des
dépenses effectuées l’année pré-
cédente et considérées comme ré-
currentes. C’est le cas des frais liés
à l’emploi d’un salarié à domicile,
à la garde des jeunes enfants, à
l’hébergement en Ehpad ou en-
core les dons. L’objectif est de
« faciliter l’emploi à domicile en
remboursant plus rapidement les
charges fiscales associées », rap-
pelle le ministère chargé des
Le plafond du fonds de solidarité va être relevé
Le plafond du fonds
de solidarité pourrait être
porté de 200 000 euros à
3 millions d’euros « pour faire
face à des situations qui sont
nouvelles », a indiqué Bruno
Le Maire ce lundi sur France
Inter. Il s’agit par exemple de
prendre en charge la situation
Depuis septembre dernier, Bercy expérimente le versement en temps réel, chaque mois, du crédit d’impôt
pour les services à la personne aux particuliers employeurs. JEAN-PHILIPPE WALLET/W PRODUCTION/STOCK.ADOBE.COM
Comptes publics. D’autant plus en
période de récession, où les ména-
ges risquent davantage de se sépa-
rer de leurs aides à domicile, voire
de recourir au travail non déclaré.
Seulement voilà, encore faut-il
définir le montant de cette avance
sans connaître les dépenses en-
gagées par les contribuables l’an
dernier. Pour cela, le fisc se base
des chaînes d’hôtels difficulté, le remboursement
ou de restaurants qui ont du PGE soit décalé du 1er mars
plusieurs établissements. 2021 au 1er mars 2022.
Les choses doivent être Par ailleurs, le ministère
précisées cette semaine. du Travail a annoncé que
Le ministre de l’Économie la diminution de la prise
a confirmé qu’il demanderait en charge de l’activité partielle
à la fédération bancaire que, de ces secteurs sera reportée
pour tous les secteurs en du 1er février au 1er mars.
donc sur les crédits d’impôt versés
l’an dernier au titre des dépenses
de 2019 et prévoit ainsi d’octroyer
60 % des sommes déboursées.
Une régularisation sera ensuite
effectuée à l’été prochain, une fois
que le fisc y verra plus clair lors-
que les ménages auront effectué
leur déclaration 2021 sur les reve-
nus et les dépenses engagées en
2020.
Une première étape
Concrètement, par exemple, si un
foyer a embauché une aide à do-
micile en 2019 qui est toujours en
poste en 2020 sans aucun change-
ment, il percevra alors 60 % du
crédit d’impôt dont il a déjà béné-
ficié l’an dernier dès ce mois de
janvier et le reste l’été prochain. À
l’inverse, si ce même ménage a
mis fin au contrat en 2020 et qu’il
n’a pas informé l’administration
fiscale, il percevra certes l’avance,
mais devra la rembourser lors de
la régularisation.
Cette avance de certains crédits
d’impôt n’est qu’une première
étape. Le gouvernement veut aller
plus loin. Depuis septembre der-
nier, Bercy expérimente le verse-
ment en temps réel, chaque mois,
du crédit d’impôt pour les services
à la personne aux particuliers em-
ployeurs. Ces derniers ne doivent
donc plus avancer l’argent perçu
au titre de cet avantage fiscal.
Quelques dizaines de ménages
dans deux départements sont
concernées et l’expérimentation
devrait monter en puissance d’ici
la fin de l’année.
Si l’exercice est concluant, le
gouvernement entend généraliser
le dispositif - qui vise les services à
la personne - sur l’ensemble du
territoire avec, à terme, l’idée
d’inclure d’autres crédits et ré-
ductions d’impôts. ■

La cotation Banque de France, casse-tête des entreprises

Nombre de sociétés vont présenter un bilan 2020 moins bon que l’an dernier et craignent d’être pénalisées.
de leur chiffre d’affaires, entre tion permet aussi aux banques qui allons demander aux patrons qu’ils temps - gage de stabilité pour

« pas
Nous n’allons
pénaliser
CORINNE CAILLAUD
£@corinnecaillaud
les entreprises COVID C’est une des nombreuses
simplement ondes de choc de la crise sanitaire.
Avec la baisse d’activité engen-
parce qu’il drée, nombre de dirigeants redou-
y a eu tent une détérioration de la cota-
un trou d’air tion attribuée à leur entreprise par
la Banque de France. Une inquié-
très violent tude que le président du Medef a
l’an dernier »
ALAIN GERBIER, DIRECTEUR
relayée à Bercy la semaine der-
nière. Il faut « essayer de travailler
DES ENTREPRISES AU SEIN avec la Banque de France, et éviter
DE LA BANQUE DE FRANCE une avalanche de dégradations de
notes de façon automatique, ce qui
serait catastrophique », prévient
Geoffroy Roux de Bézieux.
Chaque année, l’institution
cote sur leur bilan et en fonction
250 000 et 260 000 entreprises
réalisant plus 750 000 euros de
chiffre d’affaires. Cette cotation
permet d’évaluer la probabilité de
défaut de ces entreprises à l’hori-
zon d’un à trois ans. Celles-ci sont
répertoriées dans le fichier ban-
caire des entreprises (Fiben).
« Cette cotation est transparente,
puisqu’elle est adressée aux diri-
geants par lettre et par mail, et ils
peuvent venir en parler avec nos
services s’ils le souhaitent », pré-
cise Alain Gerbier, directeur des
Entreprises au sein de la Banque de
France.
Son importance est double. Se-
lon la note attribuée, les entrepri-
ses se voient accorder ou refuser
des prêts. Par ailleurs, cette cota-
accordent ces crédits, de se refi-
nancer auprès de la BCE. « Elle sert
donc à la fois au dynamisme du cré-
dit et à la supervision bancaire »,
souligne Alain Gerbier.
Remboursement des PGE
Le problème, dans le contexte de
pandémie, c’est que les bilans qui
vont progressivement arriver à
partir d’avril vont afficher moins
de chiffre d’affaires, moins de
rentabilité, et un endettement en
hausse. « Nous n’allons pas pénali-
ser les entreprises simplement
parce qu’il y a eu un trou d’air très
violent l’an dernier », assure le di-
recteur des Entreprises de la Ban-
que de France. « En revanche, nous
nous éclairent au maximum sur
leurs perspectives d’avenir »,
poursuit-il. Afin de recueillir un
maximum d’informations, la Ban-
que de France adressera un ques-
tionnaire aux entreprises, qui de-
vront indiquer quelles sont leurs
perspectives de reprise et de re-
bond de chiffre d’affaires.
D’autant que, sauf nouveau mo-
ratoire d’un an - ce qui n’est pas
exclu -, les entreprises vont de-
voir commencer à rembourser dès
cette année leur prêt garanti par
l’État (PGE). Et pour la Banque de
France, il est important que les
entreprises indiquent si, comme
le prévoit le dispositif, elles éta-
lent leur prêt sur six ans, afin de
lisser les remboursements dans le
l’institution.
Pour Emmanuel Drai, avocat
associé chez Simon Associés, il est
important que les entreprises
procèdent à un test de pérennité.
« Plus les entreprises seront dans
l’anticipation, plus elles auront des
relations normales avec les ban-
ques. Il est donc utile qu’elles
puissent présenter un business plan
détaillé. » Pour ce spécialiste, il est
aussi primordial que les entre-
prises acceptent les risques de
défaillances et surtout « qu’elles
n’attendent pas d’avoir un problè-
me de trésorerie pour basculer vers
des mesures de prévention, afin
qu’elles puissent se restructurer
tant qu’elles en ont encore les ca-
pacités ». ■

EN BREF
Inquiétudes sur les pensions des soignants retraités APPRENTIS : LES AIDES
À L’EMBAUCHE PAYÉES
Le cumul emploi-retraite est plafonné. Les professionnels mobilisés contre le Covid D’ICI LE 5 FÉVRIER
pourraient être amenés à rembourser une partie de leur pension. £ Les primes à l’embauche
d’apprentis, non encore versées,
le seront d’ici le 5 février,

9%
MARIE-CÉCILE RENAULT £@Firenault
SANTÉ Face à l’épidémie, des soi-
gnants retraités ont repris du servi-
Pourcentage ce pour venir prêter main-forte aux
de retraités parmi hôpitaux ou Ehpad débordés. Mais
les médecins actifs les règles complexes du cumul em-
ploi-retraite freinent les bonnes vo-
réguliers
au 1er janvier 2020, lontés, car certains pourraient avoir
la mauvaise surprise de devoir rem-
selon le Conseil
bourser une partie de leur pension.
de l’ordre
Les règles du cumul emploi-re-
traite instaurent en effet des pla-
fonds de revenus à ne pas dépasser
en cas de reprise d’activité, diffé-
rents selon les régimes de retraites.
Si les personnes liquident leur re-
traite à taux plein, puis reprennent
une activité ensuite, il n’y a pas de
restriction. En revanche, pour ceux
qui n’ont pas le taux plein ou à qui il
A
passé, la pension est réduite jusqu’à
suspension avec éventuellement
demande de remboursement.
Par exemple, une infirmière ou
aide-soignante de la fonction publi-
que (cotisant à la CNRACL) « ne peut
pas avoir des revenus d’activité supé-
rieurs à un tiers de sa pension, aug-
menté d’un forfait de 7 095 euros,
explique Valérie Batigne, présidente
de Sapiendo retraite, un cabinet
spécialisé. Donc, une infirmière re-
traitée qui aurait 15 000 euros de pen-
sion annuelle, ne peut pas dépasser
12 095 euros d’activité, sinon la caisse
va écrêter sa pension », poursuit-elle.
Pour les soignants contractuels
non titulaires du public (qui cotisent
à l’Ircantec), il ne faut pas dépasser
la moyenne des salaires des trois
derniers mois d’activité. « Un soi-
gnant qui avait 5 000 euros brut en
avoir un revenu lié à la reprise d’acti-
vité qui dépasse 3 000 euros par
mois », poursuit Valérie Batigne.
Complexe et peu incitatif
Enfin, pour les soignants libéraux -
médecins, pharmaciens, kinés, den-
tistes, sages-femmes etc. - qui coti-
sent à la CNAVPL, le nouveau revenu
d’activité ne doit pas dépasser le pla-
fond de la Sécu, soit 41 136 euros an-
nuels. « À ce jour il n’y a pas d’impact,
mais il peut y en avoir dans plusieurs
mois, après la déclaration de revenus,
met en garde le Dr Olivier Petit, en
charge des retraites à la Fédération
des médecins de France (FMF). À ce
jour, la loi s’applique telle quelle : les
médecins qui sont plafonnés gardent
l’argent qu’ils ont gagné mais ils ris-
quent d’avoir une retenue sur pension
s’ils dépassent le plafond. »
acquitter un forfait de cotisations
sociales, même si c’est à fonds perdu
car elles ne leur donnent pas de
droits supplémentaires. « La diffi-
culté quand un médecin retraité conti-
nue une activité, c’est que s’il ne fait
pas un nombre d’heures suffisant pour
payer le montant des charges, alors il
est de sa poche », indique Jacques
Battistoni, président de MG France,
premier syndicat de généralistes.
« Il faudrait que l’État accepte une
défiscalisation et exonération de
charges pour les médecins retraités
qui ont prêté main-forte durant le
Covid. Il est logique qu’ils ne se
retrouvent pas pénalisés pour avoir
aidé », note Olivier Petit.
Une chose est sûre : le cumul
emploi-retraite est complexe et peu
incitatif à la reprise d’activité.
Un point que la réforme des re-
a assuré la ministre du Travail,
Élisabeth Borne, en réponse
à des critiques sur un retard
de paiement aux entreprises.
HÔPITAL PUBLIC :
UNE NOUVELLE GRÈVE
£ À l’initiative du Syndicat
national des praticiens
hospitaliers anesthésistes
réanimateurs élargi (SNPHARE),
des praticiens hospitaliers
ont entamé lundi une « grève
illimitée » pour dénoncer
« l’inégalité » créée par la récente
réforme du « Ségur de la santé »
qui accélère les carrières des
nouveaux médecins mais pas
celles de ceux déjà en poste.
+@ » Bitcoin : la cryptomonnaie
chute après avoir enchaîné

manque ne serait-ce qu’un trimes- dernier salaire, et touche 2 000 euros En outre, les soignants retraités traites prévoyait de faciliter et les records
tre, le plafond s’impose. S’il est dé- de pension en retraite, ne doit pas qui reprennent du service doivent simplifier. ■ www.lefigaro.fr/economie
 LE FIGARO mardi 12 janvier 2021

ÉCONOMIE 23

Le Brexit multiplie les tracas logistiques

Pénuries de produits frais, fret ralenti, exportateurs dépassés... le Royaume-Uni face à la réalité de « pays tiers ».

10 000
FLORENTIN COLLOMP £@fcollomp

ROYAUME-UNI Brocoli, choux-

fleurs, salades, oranges, framboises
ou myrtilles commencent à man-
quer dans les rayons de certains
supermarchés britanniques. À l’in-
verse, les magasins Marks & Spen-
cer de Paris continuent de subir des
pénuries de sandwichs et salades
« made in Britain ».
Douze jours après la sortie bri-
tannique du marché unique euro-
péen, les premiers effets concrets
du Brexit sur l’économie commen-
cent à se matérialiser. « Dans les se-
maines à venir, nous nous attendons
à des perturbations supplémentaires
importantes, particulièrement sur
l’axe Douvres-Calais », prévenait
en fin de semaine dernière Michael
Gove, héraut de la campagne pour
le Brexit et numéro deux du
gouvernement de Boris Johnson.
Les premiers jours de janvier ont
été marqués par un trafic fluide,
quatre à cinq fois inférieur à la nor-
male, du fait d’une reprise progres-
sive après la trêve des confiseurs.
Les entreprises avaient aussi
constitué d’importants stocks de
précaution avant l’entrée en vi-
gueur des nouvelles normes. Cette
semaine pourrait être l’heure de
vérité sur le nouveau régime.
« Un accord de libre-échange sans
droits de douane ni quotas ne signifie
pas pour autant sans friction, rap-
pelle Georgina Wright, experte du
Brexit pour l’Institut Montaigne.
Les entreprises n’ont eu que très peu
de temps pour se préparer du jour au
lendemain aux nouvelles règles. Le
Royaume-Uni a annoncé une période
de grâce de six mois, mais l’Union
européenne traite désormais le
Royaume-Uni comme un pays
tiers. » De nombreux camions se
voient refuser l’accès faute de do-
cuments en règle. « On demande à
des chauffeurs qui transportent par-
fois une trentaine de lots d’importa-
teurs différents de vérifier la pape-
rasserie, mais ce n’est pas leur
travail ! » s’indigne John Shirley,
affréteur installé à Douvres, spé-
cialisé dans les échanges avec les
pays d’Europe de l’Est.
camions par jour
traversent la frontière
franco-britannique
Ces hoquets se constatent égale-
ment au sein même du marché in-
térieur britannique, sur les échan-
ges entre la Grande-Bretagne et
l’Irlande du Nord, qui reste assi-
milée au marché européen et donc
soumise aux mêmes procédures.
Livraisons interrompues
en Irlande du Nord
Les chaînes d’approvisionnement
dans les supermarchés sur place
sont « au bord de l’effondrement »,
selon une fédération de transport
routier. Le transporteur DPD, filiale
du groupe La Poste, a décidé d’in-
terrompre ses livraisons vers l’Ir-
Dans le port de Troon, Résultat : il se heurte de plus en C’est l’amère expérience que lande du Nord et toute l’UE : les
en Écosse, plus à des refus de transporteurs de se commencent à faire à leur tour formalités étaient erronées pour un
les bâteaux restent rendre au Royaume-Uni. L’essentiel les pêcheurs britanniques. Le colis sur cinq.
amarrés au quai. du fret à destination du pays est réa- ralentissement de l’acheminement Exportateurs et importateurs
Les pêcheurs lisé par des entreprises du continent, vers l’Europe de leurs langoustines, britanniques s’alarment. Ils ont
britanniques subissent
particulièrement de Pologne, Rou- saint-jacques et autres saumons alerté le gouvernement en fin de se-
le ralentissement
de l’acheminement manie, Hongrie ou Lituanie. « Leurs menace leur activité. Les lenteurs maine dernière sur leurs difficultés
vers l’Europe chauffeurs sont souvent payés au kilo- de dédouanement de poissons ces lors d’une réunion et l’ont pressé de
de leurs langoustines, mètre. S’ils se retrouvent coincés deux derniers jours ont conduit les auto- « renégocier » au plus vite l’accord
saint-jacques jours en douanes, ils ne gagnent plus rités écossaises à leur recommander de libre-échange post-Brexit. Cer-
et saumons. leur vie », précise-t-il. Quant aux de réduire les prises. Tous les pro- taines PME sont en train de renon-
R. CHEYNE/REUTERS marchandises, « une salade venue de duits frais exportés doivent subir cer au marché européen - et vice-
Hollande qui a une durée de vie de six des contrôles, en plus de la pape- versa. « Leur business model peut
jours ne peut plus être vendue si elle rasserie nécessaire. Impossible de devenir non viable », souligne Geor-
perd deux jours en transit ». garantir la livraison en 24 heures. gina Wright. ■

Plus de 14 milliards pour la « Grande Muraille verte » d’Afrique

Le « One Planet Summit » coorganisé par Emmanuel Macron a inscrit la biodiversité à l’agenda diplomatique.

ANNE-LAURE FRÉMONT
£alaurefremont
ET ANNE CHEYVIALLE
£@AnneCheyvialle
BIODIVERSITÉ « 2021 est l’année
de la réconciliation entre l’humanité
et la nature. » Le message porté par
le secrétaire général de l’ONU An-
tonio Guterres a rythmé la quatriè-
me édition du « One Planet Sum-
mit » qui s’est déroulé lundi à Paris.
Organisé en coopération avec les
Nations unies et la Banque mondia-
le, ce sommet en grande partie vir-
tuel était avant tout destiné à relan-
cer la diplomatie verte à l’aube
d’une année charnière pour l’envi-
(chefs d’État, acteurs du secteur
économique et ONG) qu’« au ni-
veau international, aucun des objec-
tifs fixés pour la décennie écoulée en
termes de protection de la biodiver-
sité n’a été atteint ». Antonio Gu-
terres a assuré que préserver la na-
ture permettrait de créer quelque
191 millions d’emplois d’ici à 2030.
100 millions d’hectares
de terres dégradées
Mécanismes de financement de
projets environnementaux, déve-
loppement de l’agroécologie, lutte
contre la déforestation ou l’appari-
tion de nouvelles pandémies, un
ensemble d’initiatives ont été dé-
de tonnes de dioxyde de carbone et
créer 10 millions d’emplois en mo-
bilisant aussi le secteur privé. Il
s’agit d’ériger une barrière végéta-
le, longue de 8 000 kilomètres dans
la zone Sahel, reliant Dakar à Dji-
bouti. « Mais quatorze ans après, le
rêve est estompé », déchante Faki
Mahamat, président de la Commis-
sion de l’Union africaine. « Seuls
4 millions d’hectares sont aménagés,
les investissements sont très en deçà
des engagements pris, la dynamique
est enrayée par les nombreux trafics
Le projet « Grande et les problèmes sécuritaires »,
Muraille verte », ajoute-t-il, dénonçant une « caco-
en Afrique, vise à lutter phonie » dans la gouvernance.
contre l’avancée du
désert et implique onze Le « One Planet Summit » doit
pays. Il s’agit d’ériger ainsi marquer une nouvelle étape
une barrière végétale pour ce projet pharaonique avec
longue l’annonce d’un programme-cadre
de 8 000 kilomètres sous l’égide du Fonds vert pour le
dans la zone Sahel, climat, la Convention des Nations
reliant Dakar à Djibouti. unies de lutte contre la désertifica-
tion et le Fonds international pour
le développement agricole (Fida),
ainsi que des engagements finan-
ciers supplémentaires.
Les deux principales annonces
sont venues de la Banque africaine
HOMOCOSMICOS/STOCK.ADOBE.COM
dans le monde, le sommet a égale-
ment été l’occasion d’élargir la
« Coalition de la haute ambition
pour la nature » chapeautée par la
France, la Grande-Bretagne et le
Costa Rica. Une cinquantaine de
pays s’engagent désormais à placer
30 % de leur territoire en espaces
protégés d’ici à 2030, parmi les-
quels le Japon, le Kenya, l’Irlande
ou l’Italie. La France promet, quant
à elle, d’atteindre cet objectif pour
les espaces terrestres et maritimes
de métropole et d’outre-mer dès
2022, en mobilisant notamment les
« services civiques que nous sou-
haitons développer pour les plus
jeunes », a annoncé le président de

ronnement, ponctuée de deux
grands rendez-vous internatio-
naux : la COP15 pour la biodiversité
prévue à l’automne en Chine, et
côté climat, la COP26 qui doit se te-
nir à Glasgow en novembre.
« L’avenir, et celui de notre pla-
nète, dépend de ce que nous faisons
ici et maintenant », a insisté Emma-
nuel Macron depuis l’Élysée, rap-
pelant à la trentaine de participants
voilées. Mais l’enjeu majeur de cet- de développement (BAD) pour la République. Une nouvelle coali-
te journée était de donner un coup 6,5 milliards de dollars et la Banque tion regroupant six pays, a par
d’accélérateur au projet phare en mondiale à hauteur de 5 milliards ailleurs été lancée pour la Médi-
Afrique de « Grande Muraille ver- sur les cinq prochaines années. terranée, très polluée et victime de
te » visant à lutter contre l’avancée L’Agence française de développe- surpêche.
du désert, et impliquant onze pays. ment a de son côté promis 600 mil- En marge du sommet, la Caisse
Un plan ambitieux lancé en 2007, à lions d’euros sur la même période. des dépôts a pour sa part annoncé
la fois écologique, économique et Au total, 14,3 milliards de dollars qu’elle allait mesurer l’empreinte
humain, qui vise à restaurer devraient être mobilisés d’ici à 2025. sur la biodiversité de l’ensemble
100 millions d’hectares de terres Alors que plus d’un million d’es- de ses portefeuilles d’actifs d’ici à
dégradées, séquestrer 250 millions pèces sont en danger d’extinction 2024. ■

Total rachète Fonroche Biogaz pour produire du biométhane

Le pétrolier confirme l’intérêt des grands producteurs pour ce secteur promis à un fort développement.
che Biogaz possède aussi un porte- rebaptisé BioZ depuis son rachat par Sauquet, directeur général Gas, Re- duelle. Il ne pèse que 1 % du gaz

« Biogaz
Fonroche
GUILLAUME GUICHARD
£@guillaume_gui
feuille de quatre projets en cours de
développement à court terme et de
onze autres à plus longue échéance.
Engie, est d’une taille un peu plus
petite (ses 17 sites produisent
0,3 TWh par an). Des fonds spéciali-
newables & Power de Total. Fonro-
che Biogaz constitue donc la pierre
angulaire de notre développement sur
consommé. Mais il pourrait, malgré
son surcoût, doubler de taille ra-
pidement au vu des projets dans
constitue ÉNERGIE Le biogaz attise les Avec cette acquisition, Total at- sés dans les infrastructures, comme ce marché. » les tuyaux et du soutien étatique,
la pierre convoitises des géants de l’énergie. teindra dans les deux ans un tiers de Meridiam ou Eiffel, investissent éga- Grâce à son propre savoir-faire et estime la profession. Total, comme
Après le rachat de Vol-V par Engie son objectif de 1,5 térawattheure lement dans les unités de production à celui des employés de la société les autres grands acteurs du sec-
angulaire en 2019, Total a annoncé lundi le ra- (TWh) de capacité de production de de biométhane. Mais les agriculteurs rachetée, la major française es- teur, voit d’ailleurs l’avenir du gaz
de notre chat d’un autre acteur important du biogaz d’ici à 2025, soit 0,5 TWh. restent les principaux pourvoyeurs compte réduire ses coûts de produc- en vert. Une façon de décarboner
développement petit secteur du biométhane, Fon- C’est peu : à titre de comparaison, le de projets en France, en indépen- tion de 20 % à 30 % ces dix prochai- une énergie fossile qui serait sinon
roche Biogaz, pour un montant non groupe vise une capacité de produc- dants ou regroupés à quelques-uns. nes années. Pas de quoi toutefois vouée à disparaître progressive-
sur divulgué. La major française du gaz tion d’électricité verte de 50 TWh rendre le biométhane compétitif ment d’ici la fin du siècle. Total dit
ce marché »
PHILIPPE SAUQUET,
et du pétrole met ainsi la main sur
une équipe de 85 personnes qui dé-
dans le même horizon de temps. Le
biogaz restera donc à moyen terme
Une production résiduelle
« Nous avons exprimé en 2020 notre
par rapport au gaz naturel. Aujour-
d’hui, ses tarifs de rachat sont trois à
entrevoir « des perspectives de
croissance rapides sur le marché
DIRECTEUR GÉNÉRAL GAS, veloppe de grands sites de méthani- une activité de niche pour Total - volonté de participer au développe- quatre fois supérieurs à ceux du gaz français et de déploiement à l’inter-
RENEWABLES & POWER sation et exploite déjà sept unités de comme pour ses concurrents. ment de la filière, dont les gains de fossile. national ». Le gouvernement a fixé
A

DE TOTAL production de gaz vert fabriqués à Fonroche Biogaz détient environ compétitivité sont attendus pour ces Pour l’instant, la production de un objectif de 10 % de biogaz
partir de déchets agricoles. Fonro- 10 % d’un marché très éclaté. Vol-V, prochaines années, explique Philippe biogaz en France demeure rési- consommé en 2030. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

24 ENTREPRISES
Suez passe à
l’offensive et investit
700 millions d’euros
en Chine
Le géant des services à l’environnement réalise

VINCENT BOISOT/LE FIGARO

sa plus grosse acquisition depuis deux ans.

« des
Si les plans EMMANUEL EGLOFF £@eegloff
ENVIRONNEMENT Alors que le
autorités se conflit avec Veolia ne baisse pas
maintiennent, d’intensité, Suez montre que l’ac-
nous pouvons tivité se poursuit. Et que le plan
stratégique défini par Bertrand Ca-
viser 8 à 10% mus, le directeur général, se dé-
de croissance roule. Lundi, le géant des services à
pour nos l’environnement a dévoilé une
opération très importante en
activités Chine : il va racheter la participa-
en Chine tion de son principal associé
dans les chinois dans ses deux coentreprises
locales, Suez NWS et Suyu, pour un
prochaines investissement global de 693 mil-
années »
BERTRAND CAMUS,
lions d’euros. Sur ce niveau de
prix, la valeur d’entreprise des so-
DIRECTEUR GÉNÉRAL ciétés de Suez en Chine atteint
DE SUEZ 1,7 milliard d’euros.
Le groupe français est présent en
Chine depuis 1985, via une coen-
treprise créée avec le chinois NWS
Holding. En 2017, Suez était passé à
58 % du capital. Il va grimper à
100 %. Parallèlement, les deux
partenaires avaient investi ensem-
ble, via une entreprise dénommée
Suyu, dans Chongqing Water et
Chongqing Sanfeng, deux acteurs
présents dans l’eau et les déchets
dans l’empire du Milieu. Là aussi,
Suez va reprendre la participation
de NWS, montant sa participation à
environ un quart du capital de cha-
que groupe. « C’est l’acquisition la
plus importante depuis ma prise de
fonction comme directeur général »,
s’enthousiasme Bertrand Camus
dans un entretien au Figaro.
En octobre 2019, le directeur gé-
néral avait présenté un plan straté-
gique faisant la part belle aux rota-
tions d’actifs. Le volet « cessions » a
été bien rempli, surtout depuis août
dernier, avec plus de 1,5 milliard
d’euros de ventes. Ont notamment
été cédées les activités de recyclage
en Suède, Allemagne, Pays-Bas et
Pologne. Il n’en était pas de même
pour les acquisitions. « Nous avons
beaucoup parlé de cessions,
convient Bertrand Camus. Mais
nous avons prévu de consacrer
1,5 milliard d’euros à des acquisi-
« Nous avons prévu de consacrer 1,5 milliard d’euros à des acquisitions, notamment sur des technologies ou des
géographies plus porteuses en termes de développement », explique Bertrand Camus, directeur général de Suez.
tions, notamment sur des technolo-
gies ou des géographies plus porteu-
ses en termes de développement ».
Cet investissement n’en représente
donc pas loin de la moitié.
Pays prometteur
« Cette opération en Chine corres-
pond bien à notre stratégie », préci-
se le directeur général de Suez. Le
groupe y est un acteur significatif.
Il y emploie plus de 8 000 salariés,
distribue de l’eau potable à 20 mil-
lions de personnes, dispose de 4
centres de recherche et dévelop-
pement. « Nos activités en Chine re-
présentent un chiffre d’affaires géré
de 1,5 milliard d’euros », précise
Bertrand Camus. Dans les comptes,
l’impact est plus faible, car de
nombreux minoritaires sont pré-
sents : en 2019, les entités chinoises
ont généré un excédent brut d’ex-
ploitation (Ebitda) de 193 millions
d’euros et un résultat net de
113 millions. Le rachat des minori-
taires va contribuer à l’augmenta-
tion du résultat net récurrent et du
free cash-flow. Pour autant, il y
aura encore des minoritaires dans
les sociétés opérationnelles : « En
Chine, sur chaque contrat, nous
avons un partenaire local, munici-
palité ou industriel, majoritaire »,
explique ainsi Bertrand Camus.
La Chine est une zone géogra-
phique jugée prometteuse par
Suez. Le pays, qui représente 20 %
de la population mondiale, est le
premier producteur de déchets
dans le monde, avec un milliard de
tonnes par an, et le premier émet-
teur de gaz à effet de serre. « La
Chine a de grandes ambitions pour
mieux gérer la ressource, notam-
ment l’eau, et réduire ses émissions
de gaz à effet de serre. Elle a réalisé
en trente ans ce que nous avons fait
en cent cinquante ans », détaille le
patron du groupe français. Et les
technologies qu’il peut apporter
sont appréciées.
En juillet dernier, Suez a rem-
porté un contrat portant sur la
construction et l’exploitation
d’une usine de déchets dangereux
dans le Huaibei. De quoi engranger
700 millions d’euros de chiffre
d’affaires cumulés sur trente ans.
Et de quoi justifier l’optimisme de
Bertrand Camus, qui estime que
« si les plans des autorités se main-
tiennent, nous pouvons viser 8 à
10 % de croissance pour nos activi-
tés en Chine dans les prochaines an-
nées ». ■

La course à la voiture électrique autonome relancée par Baidu

Le moteur de recherche chinois entre dans l’industrie auto en créant une entreprise avec son compatriote Geely.

VALÉRIE COLLET £@V_Collet

AUTOMOBILE La course de la voi-
ture électrique sans chauffeur est
engagée entre les géants de la tech
chinois et les Gafa américains.
Lundi, Baidu, le moteur de re-
cherche chinois (700 millions
d’utilisateurs), a annoncé une al-
liance avec son compatriote
Geely, constructeur automobile et
propriétaire de Volvo, pour pro-
duire en Chine des voitures élec-
triques sans chauffeur.
Baidu avait déjà fait ses pre-
miers pas dans l’automobile. Dès
2017, il avait mis au point Apollo,
des logiciels dédiés au véhicule
autonome. Baidu s’était associé à
Volkswagen, Toyota, Ford et
Geely. Le « Google chinois » a
même mis en service des robots
taxis à Pékin en octobre dernier,
après les avoir testés dans les villes
de Changsha dans le Hunan et
Cangzhou dans le Hebei. Il met
aussi au point un logiciel de sta-
tionnement sans conducteur.
Mais cette fois, Baidu veut aller
plus loin et faire son entrée dans
l’industrie automobile. Le géant
de l’internet va créer une entre-
prise conjointe, dont il sera majo-
ritaire, avec Geely. Ce dernier ap-
portera son savoir-faire industriel
avec sa plateforme électrique, et
Baidu le sien dans la technologie
de conduite autonome.
Mi-décembre, Reuters avait
évoqué les pourparlers entamés
par Baidu avec plusieurs indus-
triels : Geely, Guangzhou Auto-
mobile Cie et FAW Group.
Alibaba a pris les devants
Baidu n’est pas le premier géant
chinois de l’internet à créer une
entreprise avec un constructeur
automobile. Alibaba, le poids
lourd de l’e-commerce, et Didi, le
Uber national, ont aussi noué des
partenariats industriels. Il y a cinq
ans, Alibaba avait en effet créé
Baidu va créer une
entreprise conjointe,
dont il sera majoritaire,
avec Geely. Ce dernier
apportera son savoir-
faire industriel avec sa
plateforme électrique,
et Baidu le sien dans la
technologie de conduite
autonome. BAIDU
une entreprise conjointe avec
SAIC Motor, l’un des plus gros
constructeurs chinois. Et en no-
vembre dernier, SAIC a annoncé
avoir investi 820 millions de dol-
lars dans un fonds aux côtés de
Shanghai’s Zhangjiang Group, afin
de mettre en œuvre Zhiji Auto, un
projet de véhicule électrique in-
telligent. Les entreprises n’ont pas
perdu de temps. Leurs dirigeants
ont déclaré mi-décembre que les
premiers modèles seraient pré-
sentés dès janvier 2021, avec des
show rooms ouverts en mai et une
production en série dans la foulée.
Didi, le Uber chinois, a lui aussi
créé un partenariat il y a cinq ans
avec le constructeur BYD, plus
connu en Europe pour ses bus
électriques. Ensemble, les deux
entreprises ont mis au point le D1,
un véhicule qui ne sera pas dédié
au grand public. Il équipera la flot-
te de VTC de Didi, avec un objectif
d’un million de voitures d’ici à la
fin 2025.
Aux États-Unis, le pionnier
Google a très tôt misé sur des flot-
tes de robots taxis - actuellement
en service à Phénix en Arizona- et
lancé dès 2015 ses premières dé-
monstrations. Mais ses ambitions
sur la montée en puissance des vé-
hicules électriques et autonomes
ont été revues à la baisse. L’an
dernier, sa filiale Waymo a bien
conclu des accords avec Volvo,
Fiat Chrysler et Daimler. Mais
John Krafcik, le patron de Way-
mo, a déclaré au Financial Times
que mettre en service des véhicu-
les autonomes « est un défi plus
grand que de lancer une fusée et de
la mettre sur orbite autour de la
Terre… parce que cela doit être fait
en toute sécurité encore et encore ».
Pas de quoi décourager d’autres
géants de la tech. La semaine der-
nière, des discussions entre Apple
et le constructeur coréen Hyundai
ont été confirmées : « Nous avons
reçu des demandes de coopération
potentielle de la part de diverses en-
treprises concernant le développe-
ment de véhicules électriques auto-
nomes, a déclaré Hyundai Motor,
dans un communiqué. Aucune dé-
cision n’a été prise car les discus-
sions en sont à un stade initial ». Le
constructeur coréen avait annon-
cé il y a un an son intention d’être
le premier à lancer une voiture
autonome en 2027. Apple a dû le
prendre au mot. ■

Levée de fonds géante pour Checkout, spécialiste du paiement

La start-up britannique est désormais valorisée 15 milliards de dollars. La France est sa tête de pont en Europe.

450
DANIÈLE GUINOT £@danieleguinot
PAIEMENT La pandémie de Covid-
19 fait aussi des gagnants. « L’e-
millions commerce a d’un coup gagné 4 à
5 ans dans son développement »,
de dollars levés explique Guillaume Pousaz, PDG et
par Checkout.com fondateur de la start-up britan-
nique Checkout.com, spécialisée
dans les infrastructures de paie-
ment sur internet.
Checkout.com profite pleinement
de cette explosion. La jeune pousse
créée en 2012, qui sert d’intermé-
diaire entre les grands groupes com-
merçants (1 500 clients dont H&M,
Pizza Hut…) et leurs clients, vient de
A
seurs sont américains, avec notam-
ment Tiger Global Management et
Greenoaks Capital. Les investisseurs
historiques (Insight Partners, DST
Global, le fonds souverain de Singa-
pour…) ont suivi.
Cette nouvelle levée de fonds
permet à Checkout.com de tripler
sa valorisation estimée à 15 mil-
liards de dollars. Ce qui fait d’elle la
quatrième fintech la mieux valori-
sée au monde. « Les fintechs liées au
paiement comme Adyen, Stripe ou
Checkout surfent sur l’explosion de
l’e-commerce et sur le gain de parts
de marché face aux banques qui ne
sont pas en mesure de répondre aux
besoins des e-commerçants », expli-
ties. Le métier nécessite en effet de
nouvelles technologies. « Les pers-
pectives de croissance de ces start-
up sont fabuleuses ; et leur modèle
économique est simple (commissions
sur les transactions) et très rentable.
D’où les valorisations exorbitantes »,
ajoute Maxime Dubreil.
Métier rentable
En moins de deux ans, Chec-
kout.com vient de lever 830 mil-
lions de dollars, dont 150 millions
de dollars il y a six mois seulement.
« Contrairement à certains concur-
rents qui ont réalisé trop tôt des aug-
mentations de capital, nous avons
attendu d’être rentables et bien im-
Le tempo s’est accéléré en 2020,
qualifiée d’année exceptionnelle :
les volumes de transaction ont tri-
plé (plus d’un milliard) et le chiffre
d’affaires, dont le montant n’est
pas communiqué, a encore une fois
plus que doublé. L’entreprise, qui
compte 1 000 salariés aujourd’hui,
en a recruté 500 l’an dernier. Elle
prévoit d’en embaucher 700 de
plus cette année. Et entre 60 et
70 personnes devraient rejoindre le
bureau parisien de la start-up
(35 personnes aujourd’hui). De fait,
après le Brexit, la France est deve-
nue la tête de pont européenne de
Checkout.com. La start-up a obte-
nu du régulateur une licence
nuer à travailler avec ses clients du
Vieux Continent.
L’augmentation de capital est
aussi destinée à renforcer la solidité
de la jeune pousse. « En tant qu’ins-
titution financière, nous avons besoin
d’avoir un bilan solide », précise
Guillaume Pousaz. Checkout envi-
sage par ailleurs de continuer à
grandir, en ouvrant un bureau à
New York. Et en réalisant de nou-
velles opérations de croissance ex-
terne comme elle l’a fait l’an der-
nier en rachetant la start-up
française ProcessOut. « Nous ache-
tons avant tout des talents, car cela
prend du temps de trouver des
personnes talentueuses déjà spécia-

lever 450 millions de dollars pour que Maxime Dubreil, responsable plantés avant de nous développer », « d’émission de monnaie électroni- listes du paiement », avoue Guillau-
poursuivre son essor ! Les investis- de la recherche chez Invest Securi- justifie Guillaume Pousaz. que », ce qui lui permet de conti- me Pousaz. ■
 LE FIGARO mardi 12 janvier 2021

TECH 25

Malgré la crise, les start-up françaises ont

battu le record des levées de fonds en 2020
Les investissements dans la French Tech progressent de 7 %, à 5,4 milliards d’euros, selon le baromètre EY.
de Private Equity qui prennent le re-
ELSA BEMBARON £@elsabembaron Le secteur numérique en première ligne lais », note Franck Sebag. KKR est
entré au capital de Mirakl, CDC Ca-
START-UP Les chiffres sont éton- Top 5 des investissements 2020 par secteur, Top 5 des investissements 2020 par entreprise, pital et Goldman Sachs chez Ecova-
nants. Malgré la crise du Covid, les en millions d'euros (et nombre d'opérations par secteur) en millions d'euros dis, par exemple. À cela s’est ajouté
620 start-up françaises ont levé la prise de participation du chinois
5,4 milliards d’euros. Le montant Tencent au capital de Voodoo et de
total des investissements est en deux fintechs, Lydia et Qonto.
croissance de 7 % en un an, en dépit 1 420 1 400 Même si la fintech française n’a pas
d’un recul de 16 % du nombre 140 128
400* encore d’acteur de la taille de Revo-
d’opérations, selon le baromètre du opérations opérations lut ou de N26, elle commence à dis-
cabinet EY, publié ce lundi. poser de ses champions, capables
La French Tech se place devant de prétendre à un rôle de premier
l’Allemagne d’une courte tête. 851 256 plan.
Outre-Rhin, les start-up ont attiré
106 Accélération numérique
5,2 milliards d’euros. Mais les deux 622 602 190 182
pays sont encore loin derrière les 173 « La crise sanitaire est aussi un vec-
Britanniques, qui ont levé plus de 52 49 teur de numérisation des entreprises.
15 milliards d’euros. Les Anglais Plus de 50 % des fonds ont été levés
placent huit start-up dans le top dix par des sociétés qui proposent des
des plus grosses levées de fonds, services digitaux, logiciels ou plate-
Arrival, avec 574 millions de fonds formes », ajoute Franck Sebag. Le
levés est en tête. Laissant une place numérique est le secteur qui a le
aux Français (Voodoo, 400 mil- plus bénéficié de la crise sanitaire et
lions) et aux Allemands. « Les avec lui, toutes les sociétés propo-
start-up françaises ont pu bénéficier Logiciel Service Life Fintech Cleantech Voodoo Mirakl Ynsect Ecovadis Contentsquare sant des services pour aider les en-
de davantage d’aides publiques, de et services internet Sciences treprises à se numériser. Les bio-
prêts garantis par l’État, que leurs informatiques * Le montant total indiqué n'a pas été confirmé, il s'agit d'une estimation techs ont aussi profité du contexte
homologues britanniques. Outre- sanitaire… Mais dans ce domaine,
Manche, les investisseurs se sont plus les Allemands sont bien plus per-
mobilisés pour les soutenir », expli- Source : Baromètre EY du capital risque en France en 2020 Infographie formants que les Français.
que Franck Sebag, associé en char- Outre-Rhin, Curevac a levé plus
ge du secteur Fast Growing Compa- grandir, avec une nette augmenta- lions d’euros) et Contentsquare fonds doté de 350 millions d’euros. de 800 millions d’euros sur l’année,
nies chez EY. L’écosystème anglais tion des tours de table de plus de (optimisation du parcours client en Orange Ventures entre ainsi dans le dont 213 millions lors de son intro-
est aussi en avance sur celui des 100 millions d’euros. Il y en avait eu ligne, 173 millions d’euros). Un pa- top dix des plus gros fonds d’inves- duction en Bourse en août (somme
pays du continent. La bataille entre 3 en 2018, 5 en 2019, il y en a eu 9 en nel varié, qui illustre bien la riches- tissement d’entreprise en Europe. que EY ne comptabilise pas en levée
les deux, Grande-Bretagne et Fran- 2020, pour un total de 1,7 milliard se de la French Tech. Si la démonstration est faite que de fonds). Mais en France, le sec-
ce, se résume d’ailleurs aux deux d’euros. Dans le top 5 des levées les start-up tricolores trouvent des teur de la biotech a connu une
capitales. Londres et Paris - Île-de- 2020 figurent, Voodoo (jeux vidéo, Nouveau fonds financements, l’année 2020 a ap- croissance de 7 % « seulement »,
France concentrent l’essentiel des 400 millions d’euros) Mirakl (pla- pour Orange Ventures porté des éléments de réponse aux soit la même que l’ensemble de
jeunes pousses des deux pays, avec teformes e-commerce, 256 mil- Sous l’impulsion de Bpifrance, le d’autres interrogations. « Beaucoup l’écosystème. Il n’y a donc pas eu de
plus de 75 % des levées pour la ré- lions), Ynsect (190 millions, nourri- pays s’est doté des fonds capables de questions se sont posées sur les miracle de la biotech française en
gion de la capitale. ture animale à base d’insectes), d’accompagner ses jeunes entre- possibilités de sortie offertes aux in- 2020, faute aussi de disposer d’un
Nouvelle locomotive européen- Ecovadis (évaluation responsabilité prises. Orange a d’ailleurs annoncé vestisseurs en France. Une partie de environnement global suffisam-
ne, la French Tech continue de sociétale des entreprises, 182 mil- ce lundi la création d’un nouveau la solution est apportée par les fonds ment dynamique. ■

Atos doit convaincre du bien-fondé de son pari sur DXC

Si l’opération aboutissait, le groupe informatique français signerait la plus grosse acquisition de son histoire.

7,3
INGRID VERGARA £@Vergara_i
le Petit Poucet du CAC 40 - avec société Computer Sciences Corpo- clients sur le marché le plus por- Il reste à convaincre qu’au vu du
une capitalisation de 7,3 milliards ration en 2017 ? Technologique- teur en termes de transformation prix proposé, l’opération ne sera
d’euros - avaler un groupe améri- ment, les deux sociétés sont pro- digitale. Malgré son rachat de Syn- pas trop indigeste. « Atos applique-
INFORMATIQUE Atos débute l’an- cain en restructuration pour quel- ches, proposant de l’externa- tel en 2018 pour 3,4 milliards de ra la discipline financière qu’il a tou-
née 2021 par le plus gros pari de son que 10 milliards d’euros, dette in- lisation informatique, du cloud, de dollars, Atos reste loin derrière des jours respectée dans sa stratégie
milliards histoire. Le groupe de services in-
formatiques français a confirmé
cluse (elle s’élève à 3,1 milliards de
dollars). Le marché a très mal réagi
la sécurité, de l’analyse et de l’in-
génierie. Ce rapprochement des
concurrents comme Accenture.
De nombreux analystes s’in-
d’acquisitions », veut rassurer le
français. Depuis sa prise de fonc-
d’euros avoir approché la société américai- à cette perspective, faisant perdre activités aurait un sens en termes quiètent en revanche de voir Atos tion en novembre 2019, son direc-
Capitalisation d’Atos ne DXC Technology en vue d’une plus de 12 % à l’action Atos depuis de synergies et d’économies de miser si gros sur un groupe dont le teur général, Élie Girard, met ré-
« transaction amicale potentielle » que l’information a été révélée par coûts, comme le souligne une ana- chiffre d’affaires est en recul conti- gulièrement en avant que son
afin de créer « un leader des servi- Reuters le 6 janvier. lyse d’UBS. nu depuis 2017. En 2019, il s’est éle- absence de dette lui permet d’en-
ces digitaux (…) d’une envergure Pourquoi Atos s’intéresse-t-il à vé à 19,6 milliards de dollars. De- visager sereinement toute acquisi-
mondiale ». Il lui faut maintenant DXC, ce groupe américain né du Profonde restructuration puis 2016, l’Américain a entamé tion. Le conseil d’administra-
déployer toute son énergie pour rapprochement entre l’activité S’allier à DXC permettrait à Atos de une profonde restructuration, dont tion de DXC va évaluer la proposi-
convaincre du bien-fondé straté- services informatiques de faire un bond en avant aux États- Atos espère pouvoir récolter les tion « non sollicitée, préliminaire
gique de cette opération qui verrait Hewlett-Packard Enterprise et la Unis, en récupérant d’importants fruits dans les prochaines années. d’Atos ». ■

LA SÉANCE DU LUNDI 11 JANVIER

LE CAC JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 LES DEVISES MONNAIE 1 EURO=
L’OR JOUR VEILLE 31/12
AUSTRALIE ................................................................................
DOLLAR AUSTRALIEN 1,5783 AUD
AIR LIQUIDE ........................... 136,2 -0,69 137,2 135,05 0,184 +1,45 MICHELIN ..............................................
107,25 -0,69 107,95 105,95 0,242 +2,19 CANADA ................................................................................
DOLLAR CANADIEN 1,5551 CAD
COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR LOOMIS-CPOR
AIRBUS .............................................. 89,78 -0,36 91,78 89,06 0,282 ORANGE ..............................................10,065 -0,98 10,165 9,994 0,247 +3,4
www.cpordevises.com
GDE BRETAGNE ................................................................................
LIVRE STERLING 0,9024 GBP
ALSTOM ..............................................47,16 -2,6 48,68 47,1 0,265 +1,18 PERNOD RICARD ........................... 156,8 -0,73 158,6 156,2 0,171 HONG KONG ................................................................................
DOLLAR DE HONG KONG 9,433 HKD
LINGOT DE 1KG ENV .....................................................
49980 49990 -0,04
JAPON ................................................................................
YEN 126,76 JPY
NAPOLEON ..................................................... 307,2 307,2 +0,75
ARCELORMITTAL SA ........................... 20,155 -0,71 20,42 19,794 0,559 +6,75 PEUGEOT ..............................................21,73 -1,59 22,03 20,15 0,42 -2,86 PIECE 10 DOL USA .....................................................
880 880 -1,68
ATOS .............................................. 66,54 -1,77 68,66 65,9 0,982 -11,02 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 43 -1,56 44,1 42,97 0,486 +5,5 SUISSE ................................................................................
FRANC SUISSE 1,0838 CHF PIECE 10 FLORINS .....................................................
313 319,9 -3,54
ETATS-UNIS ................................................................................
DOLLAR 1,2163 USD PIECE 20 DOLLARS .....................................................
1730 1720 -1,14
AXA .............................................. 20,25 -0,56 20,38 20,045 0,187 +3,78 RENAULT ..............................................36,265 -1,02 36,5 35,195 0,757 +1,41
TUNISIE ................................................................................
DINAR TUNISIEN 3,275 TND PIECE 20F TUNISIE .....................................................
310 310 -2,21
BNP PARIBAS ACT.A ........................... 44,98 -0,67 45,535 44,615 0,292 +4,35 SAFRAN ..............................................116,5 +0,13 117,2 115,35 0,193 +0,47 MAROC ................................................................................
DIHRAM 11,103 MAD PIECE 5 DOL US (H) .....................................................
430 455 -5,49
BOUYGUES ..............................................
35,13 -1,46 35,72 34,97 0,217 +4,4 SAINT GOBAIN ........................... 42,93 -1,24 43,74 42,33 0,28 +14,48 TURQUIE ................................................................................
NOUVELLE LIVRE TURQUE 9,055 TRY PIECE 50 PESOS MEX .....................................................
1927,25 1926,25 -1,17
CAPGEMINI ..............................................
123,3 -2,91 127,7 122,5 0,23 -2,76 SANOFI ..............................................79,24 +0,57 79,88 78,5 0,165 +0,69 EGYPTE ................................................................................
LIVRE EGYPTIENNE 19 EGP PIECE FR 10 FR (H) .....................................................
166,2 169,9 -0,42
CARREFOUR ..............................................
15,325 +0,56 15,325 15,11 0,363 +9,23 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 126,8 -0,82 127,7 125,7 0,162 +7,19 CHINE ................................................................................
YUAN 7,8806 CNY PIECE SUISSE 20F .....................................................
303,2 298 +1,1
INDE ................................................................................
ROUPIE 89,346 INR
PIECE LATINE 20F .....................................................
301 306 -1,31
CREDIT AGRICOLE ...........................10,525 -1,36 10,685 10,435 0,136 +1,99 SOCIETE GENERALE ........................... 17,538 -1,35 17,84 17,326 0,481 +3,03 SOUVERAIN ..................................................... 373,2 373,3 -1,53
DANONE ..............................................52,68 -0,64 53,22 52,36 0,237 -2,01 STMICROELECTRONICS ..................... 33,38 +1,15 33,73 32,92 0,322 +10,24 ALGERIE ................................................................................
DINAR ALGERIEN 161,24 DZD KRUGERRAND .....................................................
1625,25 1625,25 -2,96
DASSAULT SYSTEMES ........................... 166,4 -0,45 168,8 166 0,074 +0,15 TELEPERFORMANCE ........................... 270,1 -0,11 274,3 268 0,257 -0,44
ENGIE .............................................. 13,165 -1,05 13,255 13,03 0,196 +5,15 THALES ..............................................75,2 -0,11 76,14 74,72 0,16 +0,4
VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS
ESSILORLUXOTTICA ........................... 129,35 -1,18 130,7 128,75 0,116 +1,41 TOTAL .............................................. 36,915 -1,52 37,225 36,49 0,227 +4,58 VALEUR DATE DE
HERMES INTL ........................... 888,2 +0,09 893,4 880,6 0,038 +0,98 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 62,64 -0,57 63,94 62 0,476 -3
RETROUVEZ
LIQUID. VALORISAT.
Cybèle Asset Management
KERING ..............................................583,1 -0,55 589,1 579,6 0,09 -1,9 VEOLIA ENVIRON. ...........................21,7 -1,36 22,01 21,57 0,33 +8,45 37 av. des Champs-Elysées
75008 Paris

L'OREAL ..............................................
305,1 -0,39 306,6 303,2 0,055 -1,83 VINCI .............................................. 82,48 -3,71 85,74 82,14 0,204 +1,38 Tel. : 01 56 43 62 50

LEGRAND ..............................................80,32 -0,77 81,22 79,96 0,198 +10,03 VIVENDI ..............................................26,14 +0,5 26,24 25,98 0,178 -0,91 BETELGEUSE ................................................
45,15 06/01/21 SITE D’INFORMATIONS EXCLUSIVES
BELLATRIX C ................................................
319,44 06/01/21
LVMH .............................................. 522,4 -0,55 525,1 518,1 0,078 +2,25 WORLDLINE ..............................................
74,8 -3,93 77,64 74,12 0,36 -5,44 SIRIUS ................................................53,79 06/01/21 WWW.WANSQUARE.COM

INTERPARFUMS S’OFFRE UN NOUVEAU SIÈGE SOCIAL EN PLEIN CŒUR DE PARIS hrousseau@lefigaro.fr

Le spécialiste français des parfums de vue à la fin de l’année 2021 ou au début d’évoluer dans un cadre exceptionnel Montblanc, Van Cleef & Arpels, Coach, cette entreprise qui dispose d’un
luxe sous licence vient de signer une de l’année 2022, explique l’entreprise. en ligne avec la qualité des marques du Boucheron, Karl Lagerfeld ou encore confortable matelas. À la fin du mois de
promesse de vente « sous conditions Le siège social d’Interparfums est portefeuille, de recevoir l’ensemble des Jimmy Choo. juin dernier, la trésorerie nette d’em-
suspensives » en vue de l’acquisition installé depuis une trentaine d’années partenaires dans les meilleures condi- Afin de préserver la trésorerie dis- prunts dépassait les 157,1 millions
de son futur siège social situé « en sur le rond-point des Champs-Élysées, tions et de développer le portefeuille ponible, cette opération, d’un montant d’euros. Le titre a particulièrement bien
plein cœur de Paris ». dans le 8e arrondissement de Paris. de licences. » de 125 millions d’euros hors taxes et tiré son épingle du jeu face à la crise
L’adresse ne sera connue que lors- « Cette acquisition constitue un vérita- Parmi celles qui lui ont concédé une frais annexes, sera financée à 90 % en- sanitaire. Sur les douze derniers mois, il
A

que l’opération sera finalisée, au prin- ble projet d’entreprise qui permettra à licence, on retrouve de nombreuses viron par un prêt bancaire, précise In- affiche une progression de près de
temps prochain. L’installation est pré- l’ensemble des équipes de travailler et marques de prestige, avec notamment terparfums. Un choix raisonné pour 13 %. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

26 MÉDIAS et PUBLICITÉ
Parler, Gab, MeWe… ces réseaux alternatifs
devenus les refuges des militants radicaux
En colère contre Twitter, des partisans de Donald Trump investissent des plateformes faiblement modérées.
CHLOÉ WOITIER £@W_Chloe
WEB Pour eux, la suppression du
compte personnel de Donald
Trump par Twitter a été la goutte
d’eau. Voilà des mois que ces élec-
teurs républicains déplorent la
« censure » exercée par les géants
de la tech à l’encontre des dis-
cours de droite. Ils veulent désor-
mais migrer vers des plateformes
où ils seront libres d’écrire ce
qu’ils veulent. Ils sont rejoints par
des personnalités de la droite al-
ternative et du mouvement com-
plotiste QAnon, qui ne sont plus
les bienvenues sur Twitter, You-
Tube ou Facebook.
Le classement des applications
les plus téléchargées aux États-
Unis illustre cette envie d’ail-
leurs : Telegram, MeWe ou Clout-
Hub sont entrés ce week-end
dans le top 10. L’application Parler
a été téléchargée 700 000 fois
outre-Atlantique entre le 1er et le
9 janvier selon le cabinet d’analy-
se SensorTower. Le réseau social
Gab clame, lui, avoir enregistré
600 000 nouvelles inscriptions sur
la seule journée de dimanche.
Mais ces nouveaux venus savent-
ils vraiment où ils mettent les
pieds ?
Ces plateformes, auxquelles
on peut ajouter Dlive (diffusion
en direct), Odysee et Rumble
(vidéos), ont un point commun :
elles affirment défendre une li-
berté d’expression totale, quitte
à être des déversoirs pour les
propos les plus haineux, violents
et complotistes. C’est ce qui a
valu à Parler d’être supprimé di-
manche de l’AppStore et du
Google Play Store, et de ne plus
être hébergé par Amazon Web
Services. Le site est inaccessible
depuis lundi.
« Cette migration est une vieille
utopie de la droite alternative,
l’“alt-right”. Ce fantasme d’un in-
ternet alternatif, d’une “alt tech”,
s’est popularisé en 2017 quand les
réseaux sociaux grand public ont
pris des mesures après les événe-
ments de Charlottesville (un ras-
semblement d’extrême droite qui
s’est soldé par la mort d’une mili-
tante antiraciste, NDLR) », expli-
que Tristan Mendès France, maî-
tre de conférences associé à
l’Université de Paris-I et spécia-
liste des cultures numériques. « La
question : “Où va-t-on partir ?”
revient depuis de manière récur-
rente », dès que Twitter, Facebook
ou YouTube suppriment en masse
des comptes radicaux, poursuit-
L’application Parler
a été téléchargée
700 000 fois aux
États-Unis entre le
1er et le 9 janvier, selon
le cabinet d’analyse
SensorTower. CHRISTOPH
E GATEAU/DPA PICTURE-
ALLIANCE VIA AFP
il. La demande était là. Et une of-
fre s’est créée.
« Tyrannie
de la Silicon Valley »
Gab en est la meilleure illustration.
Ce réseau social créé fin 2016 en
opposition à Twitter se décrit com-
me « le parrain d’Alt Tech » et « le
leader du marché dans la défense de
la liberté d’expression contre la ty-
rannie de la Silicon Valley ». Il s’est
fait bannir dès 2017 de l’AppStore
et de Google Play, avant d’être dé-
claré persona non grata par divers
hébergeurs. Et pour cause : Gab a
rapidement été investi par l’extrê-
me droite. Robert Bowers, un ter-
roriste ayant tué onze personnes
dans une synagogue de Pittsburgh
en octobre 2018, était un adepte du
réseau. La plateforme a depuis in-
vesti dans ses propres serveurs
pour ne plus risquer d’être mise
hors ligne par des tiers.
Rumble, un YouTube alternatif,
clame qu’il ne « censurera jamais
les contenus politiques et scientifi-
ques ». Le réseau social MeWe af-
firme aussi ne pas avoir de « biais
politiques ». Il refuse de modérer la
désinformation, qui ne serait que
l’expression d’une opinion. « Ces
sites ont une posture chevaleresque
sur la liberté, mais ils ont des limites.
Parler est très frileux vis-à-vis de la
nudité et de la pornographie », sou-
ligne Tristan Mendès France.
Le service de diffusion de vidéo
en direct Dlive, fondé en 2017, n’a
pas cherché, lui, à attirer l’alt-ri-
ght. Mais sa modération a minima
n’est pas passée inaperçue dans ce
milieu. Dans un e-mail interne
écrit l’an passé et obtenu par le
New York Times, le patron du site,
Charles Wayn, a expliqué à ses sa-
lariés avoir songé à suspendre des
comptes néonazis et suprémacis-
tes. « Mais bannir toutes les person-
nes controversées va causer dix fois
plus de problèmes à notre croissance
que de les garder. »
Ces sites voient affluer depuis ce
week-end un nouveau public
d’électeurs de Donald Trump lassés
des décisions de Twitter. « Ils vont
se retrouver au milieu des exclus des
autres réseaux sociaux, soit une po-
pulation radicalisée. Il y a un risque
d’accentuation des dérives extré-
mistes », prévient Tristan Mendès
France. « Ces plateformes peuvent
être peu fréquentées mais elles res-
tent dangereuses», ajoute Frédéric
Potier, délégué interministériel à la
lutte contre le racisme. Ce dernier a
déjà pu observer en France la mi-
gration de militants d’extrême
droite vers le réseau social russe
VKontakte. « Il n’y a aucune modé-
ration, ils n’ont aucun représentant
en France et nous n’avons aucun
moyen de les contacter », détaille-t-
il. De quoi singulièrement compli-
quer la tâche des autorités de police
et de justice pour identifier les élé-
ments les plus dangereux.
Tristan Mendès France pense
toutefois que les utilisateurs de Gab
ou MeWe ne quitteront jamais
vraiment les réseaux traditionnels.
« Le but de ces mouvances est de
“parler au peuple” et de le convertir
à leurs idées, pas de rester entre mi-
litants. Provoquer l’adversaire et
susciter l’indignation est aussi une
méthode de l’alt-right. Pour cela, ils
doivent être présents là où se trou-
vent les plus grandes audiences. » ■

Crise sociale ouverte à « L’Équipe »
Le quotidien ne paraît pas depuis samedi. Les salariés refusent le plan de la direction.
ALEXANDRE DEBOUTÉ £@axel_deb
Cette
brutale baisse PRESSE Ce qui semblait s’installer
des effectifs dans une guerre de tranchées de-
est un très puis l’été dernier se mue en guerre
ouverte. Depuis samedi dernier,
mauvais L’Équipe n’est pas paru en raison
signe. Cela d’un mouvement de grève, très
revient à se suivi par les salariés, avec un taux
de participation de 80 %, hors hié-
tirer une balle rarchie, selon les syndicats. Il a été
dans le pied renouvelé lundi après-midi pour
alors que 24 heures. Pour la première fois de
son histoire, le quotidien sportif
l’actualité n’est pas sorti quatre jours d’affilée,
sportive dont en particulier un lundi, jour de
en 2021 compte rendu des matchs de la Li-
gue 1 du week-end.
et 2022 sera Enjeu du bras de fer, un plan de
extrêmement transformation du journal qui pré-
riche »
RALF WOODALL,
voit la suppression de 40 à 50 em-
plois sur 330. Une coupe que la di-
rection justifie par la très forte
SECRÉTAIRE DU CE
dégradation des conditions écono-
miques l’an dernier et qui devrait se
poursuivre encore plusieurs mois.
L’Équipe est en effet sévèrement
touché depuis près de dix mois par
l’arrêt des compétitions sportives.
Outre des suppressions de postes, le
plan de la direction a aussi acté l’ar-
rêt du magazine Sport&Style et le
passage à un rythme mensuel de
l’hebdomadaire France Football.
Pour les salariés, qui doivent dé-
cider ce mardi s’ils poursuivent leur
mouvement, la direction refuserait
de discuter du bien-fondé de son
plan et voudrait même le faire pas-
ser en force, ce qui crée une situa-
tion de blocage depuis la première
réunion, début novembre, dans le
cadre du processus légal d’infor-
mation consultation. « C’est le si-
lence radio, constate Ralf Woodall,
secrétaire du CE de L’Équipe. En
réalité, le plan de la direction projette
de supprimer 48 ou 49 postes à la
SAS L’Équipe, dont 39 postes de
journalistes, sans compter les cinq
permanents du magazine
Sport&Style et les nombreux pigis-
tes. Cette brutale baisse des effectifs
est un très mauvais signe. Cela re-
vient à se tirer une balle dans le pied
alors que l’actualité sportive en 2021
et 2022 sera extrêmement riche.»
L’intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT,
UFICT-CGT et SGLCE-CGT) estime
notamment que l’objectif d’attein-
dre 300 000 abonnés payants
(contre moins de 100 000 actuelle-
ment) est irréaliste si l’on supprime
la couverture de certains sports ou
si l’on réduit trop celle donnée aux
matchs de Ligue 1 et Ligue 2 de
football. « Si l’on propose de moins
en moins de contenus, qui va s’abon-
ner ? », s’interroge Ralf Woodall.
Plusieurs réunions à venir
À ce stade, les syndicats demandent
le retrait du plan et l’élaboration de
nouvelles propositions : sans dé-
parts contraints et en améliorant les
conditions de départ pour qu’il y ait
des volontaires. Avant le début de
la grève, plusieurs services du jour-
nal (reporters, éditeurs, correc-
teurs, iconographes…) ont fait part
de leur incompréhension face à son
« timing » et son « contenu ».
En face, la direction du journal se
montre impavide, assurant qu’elle
« poursuit le calendrier de concerta-
tion fixé avec les représentants syn-
dicaux ». Des réunions sont pro-
grammées : ce mardi sur les
conditions de départ, mercredi sur
les conditions de travail liées au
plan de réorganisation et, enfin,
jeudi pour une cinquième réunion
d’information consultation du CSE
au cours de laquelle doit être faite
une présentation du rapport de
l’expert mandaté par le CE. Le pro-
cessus de négociation ayant dé-
marré le 3 novembre dernier, il est
censé se terminer trois mois après,
soit au plus tard le 3 février.
Au départ, la direction de L’Équi-
pe avait proposé un accord de per-
formance collective qui prévoyait
des baisses de salaire et une réduc-
tion des jours de RTT en échange
d’un possible maintien de l’emploi
jusqu’en 2024. Mais cet accord
ayant été refusé tout net par les sa-
lariés, un nouveau plan a été pro-
posé à l’automne, avec l’objectif af-
fiché par la direction de le mettre
en œuvre dès 2021.
Si les salariés réclament l’amorce
d’une vraie discussion, la direction
du journal estime de son côté que ce
plan est indispensable pour ne pas
laisser perdurer, avec la masse sa-
lariale actuelle, une situation struc-
turelle de pertes. ■
EN BREF
RADIO FRANCE VEUT
PLUS DE DIVERSITÉ
£ Radio France a dévoilé lundi
son programme Égalité 360°,
censé favoriser la diversité
sur ses antennes et dans
ses métiers pour « ressembler
davantage » à la société
française. Ce programme
repose sur une soixantaine
de mesures, en termes
de procédures de recrutement,
de diversification des profils
ou de parité tant parmi les
journalistes que les techniciens.
TOURNAGE ANNULÉ
DES « ANGES
DE LA TÉLÉRÉALITÉ »
£ La société de production
de l’émission de téléréalité
« Les Vacances des Anges »
a annulé le tournage sur
l’île de La Réunion. La Grosse
Équipe a estimé que la santé
et la sécurité des candidats
n’étaient pas assurées après
une altercation dimanche entre
des candidats et plusieurs
familles, dont celle du maire
de Saint-André. Une enquête
a été ouverte pour violences
volontaires en réunion.

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A
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO - N° 23 761 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
Le Soulor
LE SOULOR ; HONDA ; LP/O. LEJEUNE/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP ; L. VADAM /PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPPP ; X. LEOTY/AFP
NICOLAS BOUCHAUD,
MASQUE ET PLUME
●
NOS FIGURES DE LA RENTRÉE LE COMÉDIEN PUBLIE ●
UN SAVOUREUX RECUEIL SUR LE THÉÂTRE.
ÉTIENNE SORIN esorin@lefigaro.fr
N
icolas Bouchaud répète ces
jours-ci au TNS de Stras-
bourg Les Frères Karama-
zov de Dostoïevski, mis en
scène par Sylvain Creuze-
vault. Une création prévue pour mars à
la Comédie de Reims. Le 21 janvier, il
devait reprendre au Théâtre de la Bas-
tille Maîtres anciens de Thomas Bern-
hard, déjà reporté une première fois à
cause du premier confinement. « Je
viens d’avoir le théâtre, ils n’en peuvent
plus, explique le comédien au télépho-
ne. On attend de voir si je peux le jouer
début février, ou bien le décaler en juin. »
En attendant de voir l’acteur sur
scène, on peut le lire. Il publie Sauver le
moment, recueil de textes passionnants
sur la vie et le métier d’acteur. Bou-
chaud s’épanche peu sur sa biographie.
Il ne raconte pas ses échecs au
concours d’entrée du Conservatoire de
Paris et de l’école du Théâtre national
de Strasbourg. « J’allais au 2e tour mais
on me disait toujours qu’on ne savait pas
où me mettre. À l’époque, il y avait des
emplois au théâtre, comme cela peut
exister encore au cinéma et à la télévi-
sion. » Ni jeune premier ni valet, le
grand échalas au nez cassé et mal répa-
ré n’entre dans aucune case.
« Ça m’a conduit à aller plus vite vers
le théâtre que je voulais faire. » Un
théâtre très peu académique, radical.
Celui de Didier-Georges Gabily (1955-
1996) et du groupe T’Chan’G. « Des
spectacles monstrueux, qui débordent. »
Trente acteurs sur un plateau ou une
pièce de 9 heures. Un jeu à la fois for-
STYLE AUTOMOBILE
COMMENT LES CHAUSSURES DE MARCHE POURQUOI LA COULEUR BLANCHE
SONT-ELLES PASSÉES DES RANDONNEURS SÉDUIT LES CONSTRUCTEURS
AUX HIPSTERS ? PAGE 30 ET LES ACHETEURS PAGE 31
LES MEILLEURES
VENTES D’ALBUMS
EN 2020
NINHO, ANGÈLE, FRANCIS CABREL…
DÉCOUVREZ EN EXCLUSIVITÉ LE PALMARÈS DES CHANTEURS. De gauche à droite :
Francis Cabrel,
PAGES 28 ET 29 Ninho et Angèle.
mel et sauvage qui ferait passer Claude
Régy pour Feydeau. « Quand mes pa-
rents ont assisté aux premières, ils
étaient horrifiés, de façon touchante. »
Eux-mêmes comédiens, Jean Bou-
chaud et Danièle Girard ne savent pas
encore que le grand Nicolas réussira.
« On étouffe »
Après la mort de Gabily, en 1996, l’ac-
teur continue sa route avec l’un de ses
condisciples, Jean-François Sivadier.
L’un joue, l’autre met en scène. « Un
contrat tacite. On avance depuis
vingt ans tous les deux ensemble et les
rôles sont presque interchangeables. »
Ils signent des spectacles modernes à
partir d’un « matériau » ancien. Le
Mariage de Figaro, La Vie de Galilée, La
Mort de Danton, Le Misanthrope, Un
ennemi du peuple ou Le Roi Lear ren-
contrent un vif succès. Le Roi Lear, jus-
tement, Bouchaud l’a interprété au
Festival d’Avignon en 2007, dans la
Cour d’honneur du Palais des papes. Il
était en pleine dépression. Pendant un
an, il a joué la chute vertigineuse jus-
qu’à la folie de Lear. « Un acteur invente
sa propre vie avec les textes des autres, il
se raconte à travers un rôle et le jeu. »
Il choisit ensuite de faire un bout de
chemin avec le critique de cinéma Ser-
ge Daney dans La Loi du marcheur,
premier seul-en-scène d’une belle sé-
rie. Le Covid le prive aujourd’hui du sel
de son métier. « Répéter, ça va, mais
sans la rencontre avec le public, on
étouffe. Les théâtres sont en ordre de
marche mais ils dépérissent. » Les hom-
mes aussi. ■
Sauver le moment, Actes Sud,
A
208 p., 20 €.
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

28 L'ÉVÉNEMENT
LE PALMARÈS DES CHANTEURS
LENA LUTAUD £@LenaLutaud SI LE RAP SE TAILLE grâce à Brol, son premier album truffé
de tubes dont Balance ton quoi. Après

À
500 000 exemplaires en 2019, elle a
un mois des Victoires de
la musique, le 12 février à
LA PART DU LION, continué à en vendre 230 000 en 2020.
« Les gens se font toujours offrir son al-
La Seine musicale à Paris,
Le Figaro publie en ex-
ANGÈLE, FRANCIS bum et toute une partie de ses fans
l’écoute en streaming, ce qui s’ajoute au
clusivité le classement
des 200 meilleures ventes d’albums CABREL OU BENJAMIN cumul », détaille Olivier Nusse, PDG
d’Universal Music France.
en 2020 (*). En tête du palmarès,
Vitaa et Slimane. Charlotte Gonin, BIOLAY RÉSISTENT BIEN. La déception Louane
37 ans, et Slimane Nebchi, 31 ans,
se sont imposés grâce à Versus, un CERTAINS ARTISTES Dans cette année si difficile marquée
par l’interdiction des concerts, des fes-

1
album de duos sorti en août 2019. tivals et quatorze semaines de fermetu-
De Ça va, ça vient à Ça ira, ces
deux-là enchaînent les tubes et les
FIGURENT MÊME re des rayons de disques, avoir vendu
plus de 20 000 albums pour figurer dans
clips habilement marketés entre
sonorités orientales filmées dans
PLUSIEURS FOIS les 200 meilleures ventes est déjà nota-
ble. Louane, 80e (50 000 ventes), Carla
le désert et ballades romantiques
DANS LE TOP 100, AVEC Bruni, 185e (23 000), et David Hallyday,

VITAA ET SLIMANE en tenue de soirée sous les ponts qui n’entre même pas dans le top, peu-

417 000 albums

■ Avec Versus, sorti il y a plus d’un an,
relancé avec de nouveaux tubes, ce duo
de chanteurs passé par l’émission The Voice
est la star des hypermarchés. Leur tournée
des Zénith doit démarrer à Chambéry en
mai 2021 et s’achever à Lille en juin 2022.
ALAIN JOCARD/AFP, LIONEL VADAM /PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPPP, ALAIN LEROY/L’ŒIL DU SPECTACLE, FRED DUGIT/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
de Paris. Ils vendent à 80 % dans
les hypermarchés où leur album
est installé depuis seize mois. Le
rappeur Ninho, idole des moins
de 18 ans, occupe la seconde
place. « C’est aussi l’un des
meilleurs vendeurs de places de
concert, se félicite son producteur
Pierre-Alexandre Vertadier. En plein
confinement, j’ai vendu un second Bercy
en un claquement de doigts. » La troisiè-
me place revient à un autre rappeur,
Maes, 25 ans. Dans ce secteur florissant,
l’union fait la force : son second album,
Les Derniers Salopards, a attiré les ama-
teurs, notamment grâce à trois titres
avec les incontournables Booba, Ninho
et Jul. Reine du palmarès l’an-
née dernière, la
DIFFÉRENTS ALBUMS.
MÉTHODOLOGIE
Ce palmarès 2020 de
Gfk Entertainment/Snep est obtenu
en additionnant les ventes physiques
avec celles effectuées en ligne
(téléchargements et streams).
Pour arriver à l’équivalent d’une vente
en boutique, les streams
de tous les titres d’un album sont
additionnés. La moitié des streams du
titre le plus écouté est retirée
du total obtenu. Ce total est ensuite
vent être considérés comme des acci-
dents industriels. La chanteuse Louane
a eu la lourde tâche de basculer d’un
public de très jeunes filles aux 20-
35 ans. Malgré une collaboration avec
Damso, sa transformation, qui n’est
sans rappeler le parcours de Vanessa
Paradis, prendra du temps. Est-ce par-
ce qu’elle a fait appel à la styliste de Léa
Seydoux spécialiste des looks pointus et
au photographe britannique « décalé »
Martin Paar que ses fans ne connaissent
pas, que Louane a désarçonné ? Ou à
cause de la publication de selfies bou-
deurs loin de son image solaire de La
Famille Bélier ? Une chose est certaine,
l’absence de ventes à l’export et en
streaming n’a pas aidé. « Son album est
formidable, commente pourtant Olivier

jeune chanteuse divisé par 1 500. L. L. Nusse. C’est un disque de transition. Dès
belge Angèle se qu’elle pourra remonter sur scène, il
maintient à la trouvera un second souffle. »
quatrième place Hormis ces déceptions, le

FRANCIS
CABREL
208 200

2
■ À 67 ans, le troubadour
d’Astaffort (Lot-et-Garonne)

5
est le senior de ce top 10. Avec
un album tous les cinq-six ans,
chaque sortie est un événement.
Sorti mi-octobre,
À l’aube revenant
s’est imposé malgré

4
NINHO la fermeture
des magasins.
296 000
■ À 24 ans, William Nzobazola
s’impose comme l’idole des jeunes.
Le rappeur punchy décroche
la 2e place du classement et
occupe également la 17e place
grâce à deux albums, M.I.L.S 3
et Destin.
ANGÈLE

3
222 000
MAES ■ Après un raz de marée en 2019,
le phénomène Angèle van Laeken
276 000 se poursuit, toujours grâce à son
■ Un an après le succès premier album, Brol. En tête
de son premier album, Pure, du palmarès l’an dernier, la jeune
Walid Georgey, 25 ans, réitère artiste se maintient dans le top 5.
l’essai avec Les Derniers Chanteuse engagée contre les
Salopards sur lequel il a invité violences sexistes et sexuelles,
trois autres rappeurs, Booba, elle prépare un second album.
Ninho et Jul.

OÙ SONT LES FEMMES ?

Certes, le palmarès 2020 ne pouvait
commencer mieux avec un duo paritai-
re entre Vitaa et Slimane. À 37 ans, la
sculpturale franco-italienne Charlotte
Gonin (Vita signifie « vie » en italien)
connaît une seconde carrière à un haut
niveau. Auteur et compositrice, la diva
du R’n’B, qui a débuté grâce à Confes-
sions nocturnes, un duo avec Diam’s en
2006, compte 143 titres à la Sacem, a
désormais les honneurs de France Inter
et se prépare à une imposante tournée
des Zénith. Angèle 25 ans, Aya Naka-
mura 25 ans, et Clara Luciani 28 ans, que
personne ne connaissait, il y a encore
trois ans, se maintiennent également
dans le haut du palmarès. Leur succès
est impressionnant. Aya Danioko, qui a
adopté un nom de scène en référence
aux mangas japonais, est l’artiste fran-
A
tional. La percée de Clara Luciani a été
plus lente. Il y a cinq ans, elle jouait der-
rière Raphaël. Ses textes exigeants et
une image qui l’est tout autant ne l’ont
pas empêchée d’élargir son public. Ces
trois musiciennes qui écrivent et com-
posent sont parties pour durer.
« Un milieu machiste
à outrance »
Qu’elles soient toutes trois engagées
contre les violences sexuelles et sexistes
n’est pas un détail. Elles osent davanta-
ge que leurs aînées et savent hausser le
ton quand il le faut. « C’est encoura-
geant pour l’avenir », estime Alexandre
Lasch, directeur général du Syndicat
national de l’édition phonographique
(Snep).
Pour autant, il est tout de même dé-
La chanteuse malienne Aya Nakamura,
de son vrai nom Aya Danioko, inconnue
il y a encore trois ans, est l’artiste
francophone la plus écoutée sur Spotify
la suite du top 200, elles ne sont que 20 :
Dua Lipa (34e), Imen Es (38e), Lady
Gaga (40e). Mylène Farmer est 43e,
Wejdene 55e, Eva 62e, Pomme 73e,
Max 161e, Ariana Grande 165e, Camila
Cabello 178e, Elsa Esnoult 181e, Selena
Gomez 184e, Carla Bruni 185e, Suzane
193e, Carla 195e et, enfin, Jenifer 198e.
Pour Pierre-Alexandre Vertadier,
l’un des principaux producteurs de
concerts en France, les artistes fémini-
nes ont aussi du mal à percer à cause du
goût prédominant du grand public pour
la musique urbaine et donc le rap :
« Réussir dans ce milieu machiste à
outrance est très difficile. Ce qu’a réussi
Aya Nakamura est exceptionnel. » Dans
les mois qui viennent, Imen Es, 21 ans,
Wejdene, 26 ans, et Eva, 29 ans, qui
émergent sur la scène R’n’B, devraient
continuer à accumuler des centaines de
millions de vues et d’écoutes sur les
plateformes de streaming. Elles grandi-
ront en s’appuyant sur les garçons.

cophone la plus écoutée sur Spotify et a solant de ne compter que quatre artistes et a déjà réussi à se faire un nom Louane 80e, Melody Gardot 103e, Les L’idée est de multiplier les collabora-
à l’international. LOIC VENANCE/AFP
déjà réussi à se faire un nom à l’interna- féminines dans le top 30. Si l’on regarde Frangines 121e, Hoshi 126e, Ava tions avec des célèbres rappeurs. ■ L. L.

QUI VENDENT LE PLUS
palmarès consacre plutôt des chanteurs
installés. Julien Doré, Vianney, Kendji
Girac, M. Pokora paraissent solidement
ancrés. Benjamin Biolay signe son
grand retour et sa tournée, à guichets
fermés, va durer plus d’un an. Thomas
Dutronc s’impose avec Frenchy, une
performance avec un album de jazz.
Entre Rester le même sorti en septembre
et la fin de son premier album, Jean-
Baptiste Guégan, qui fut longtemps le
sosie vocal de Johnny, « n’a jamais
quitté le top 200, il est 45e », se félicite
Nicolas Renault, directeur du label
Smart chez Sony Music France.
La réussite de Nicola Sirkis
Grands Corps Malade a également
connu une année brillante avec Mesda-
mes. « Cet album totalise 200 000 ventes
et ira peut-être jusqu’à 400 000, se féli-
cite son associé, le producteur Jean-
Rachid Kallouche. C’est la preuve qu’en
travaillant comme des artisans dans un
40 m2 de l’Est parisien, on y arrive très
bien. Cinéma, pièce de théâtre, musi-
que… nous faisons tout de façon indépen-
dante et ce depuis quinze ans. » Autre
réussite, la performance du leader
d’Indochine, Nicola Sirkis, 61 ans, qui
sait rester dans l’air du temps. Sa com-
pilation de singles, dont 3X, nouvelle
version du Troisième Sexe avec Christi-
ne and the Queen, plaît aux jeunes
comme aux adolescents de l’époque.
Indochine fait mouche en 13e place.
Une certitude restera de l’année
2020 : les artistes du top 200 ont du mé-
rite. Si le premier confinement a eu peu
d’impact, le second a été difficile. « La
6
fermeture des magasins culturels nous a
causé beaucoup de tort, souligne Olivier
Nusse. Au moment des fêtes, l’e-com-
DADJU
208 000
■ Lancé fin 2017
avec l’album Gentleman 2.0,
le cadet de Maître Gims
est là pour durer. À 29 ans,
Dadju Nsungula se maintient
au sommet grâce à Poison
ou antidote, son second album
sorti en 2019.
LE RÈGNE DES ÉTOILES FILANTES
DÉCRYPTAGE
Olivier nuc
£@oliviernuc
2020 continue d’être marquée par la do-
mination des musiques dites « urbaines »
dans le paysage français. En s’emparant
des hit-parades, les artistes de cette es-
thétique font régner un son au croise-
ment du R&B et du hip-hop qui finit par
l’apparenter à la variété de notre époque.
À mille lieues du message et de l’innova-
tion qui ont accompagné l’émergence du
hip-hop américain à la fin des années
1970, cette formule ne conteste en rien
l’ordre établi. Aux États-Unis, le hip-
hop actuel est un domaine où l’expéri-
mentation est reine. En France, l’ambi-
tion de Gims et de tous ceux apparus
dans son sillage est de durer. Lorsque
merce ne remplace pas l’achat d’impul-
sion et les conseils des vendeurs. » L’ab-
sence des festivals et des concerts a eu
un impact artistique. On note égale-
ment l’absence de phénomène en haut
du classement comme Angèle et Aya
Nakamura l’an passé ou la chanteuse
Jain il y a deux ans. Si Hatik le rappeur
de la série Validé de Franck Gastambide
est 18e et Wejdene, idole des collégien-
nes, 55e, « les jeunes talents n’ont pas pu
aller sur le terrain à la rencontre du pu-
blic et installer leur univers », regrette
Olivier Nusse. À cela s’ajoute l’absence
des artistes internationaux. Sur les vingt
premières places, seuls les rockers aus-
traliens AC/DC se font une place.
Mais l’interdiction de voyager n’ex-
plique pas du tout. « C’est la troisième
année que cela arrive. Cette tendance se
renforce, constate Alexandre Lasch, di-
recteur général du Snep. Le public plé-
biscite les artistes francophones produits
en France. Le même phénomène s’obser-
ve dans les classements jazz avec Thomas
Dutronc, Ibrahim Maalouf… Et classique
avec Gautier Capuçon par exemple. La
part du répertoire local en France est très
importante comparé au reste du monde. »
Si l’on considère les genres musi-
caux, la chanson française, la pop et la
variété font de la résistance face à la do-
mination de la musique urbaine mais
comme le souligne Philippe Manœuvre,
« entre AC/DC et Johnny Hallyday, le
rock n’est pas mort ! ». Et d’expliquer :
« les ventes colossales d’AC/DC s’expli-
quent par leur très bon album. Quant au
coffret Johnny Hallyday, son rêve amé-
ricain, il est tout aussi magnifique avec
des films inédits et des titres supervisés
par Don Was, le producteur des Rolling
Stones. Les baby-boomers ont besoin de
LES ENFOIRÉS
207 000
■ Avec ce 30e album enregistré
à l’AccorHotels Arena à Paris,
la cote des Enfoirés s’effrite.
Les années passant,
leur concert caritatif devient
moins événementiel. Celui de 2021
sera enregistré à Lyon sans public
et diffusé à la télévision en mars.
nous l’avions rencontré il y a quelques
années, l’homme avouait rêver d’une
carrière à la Jean-Jacques Goldman. Il
est en train d’y parvenir, entraînant avec
lui des chanteurs qui diffusent une musi-
que archipopulaire, en particulier auprès
d’un jeune public.
Tour de force
Bien souvent, ces artistes sont d’ailleurs
à peine plus âgés que leurs auditeurs.
Ninho, 24 ans seulement, réussit le tour
de force d’être un des chanteurs les plus
écoutés du moment, avec Maes, qui n’a
qu’un an de plus. Il y a deux ans, ces gar-
çons étaient inconnus. Retourneront-ils
dans l’anonymat aussi vite qu’ils en sont
sortis ? Seul vétéran de l’affaire, Francis
Cabrel a commencé sa carrière à la fin
des années 1970, époque à laquelle ses
principaux compétiteurs n’étaient pas
encore nés. S’il vend beaucoup moins de
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
L'ÉVÉNEMENT 29
NEKFEU 11. JUL
177 000 176 000 albums vendus
■ Numéro 2 l’an dernier derrière
la chanteuse Angèle,
Ken Samaras, 30 ans, a une fois 12. JULIEN DORÉ
leur dose de rock et comme ils ont tous les de plus connu une bonne année. 172 000
albums précédents, ils achètent le nou- Le rappeur gagne de nouveaux
veau. » fans et son album Étoiles 13. INDOCHINE
2021 s’annonce riche vagabondes, sorti à l’été 2019, 165 000
en musique et en retrouvailles continue à se vendre à un rythme
Comme le rappeur Soprano, 40 % des
artistes figurent dans le top 40 grâce au
soutenu.
14. VIANNEY
reliquat de ventes d’un album sorti en 156 000
2019 (9 cas) et en 2018 (7 cas). « Ce n’est
pas rien. Normalement un album dure six
mois », souligne Alexandre Lasch. « Un
10
très bon album devient un classique et les
gens vont l’écouter régulièrement en
streaming, analyse Olivier Nusse. Les
streamings s’accumulent et finissent par
accroître les ventes. » Avec 85 milliards
d’écoutes, le Covid a certes favorisé ce
mode de diffusion mais « sa progression
de 19 % est en ligne avec les prévisions. Il
n’y a pas eu d’explosion comme dans les
films et les séries avec Netflix et autres
Amazon Prime », souligne néanmoins
Alexandre Nasch. AC/DC
Pour l’heure, 2021 s’annonce riche en 184 000
15. JOHNNY
musique et, on espère, en retrouvailles.
■ La sortie en fin d’année
Une foule d’artistes dont Juliette Arma-
net, Kimberly Rose, Véronique Sanson, de Power Up, le dix-septième
Angèle, Bernard Lavilliers, Booba, Big- album des infatigables rockers HALLYDAY
flo et Oli, Clara Luciani et Niska sorti- australiens, a été un 153 000
ront de nouveaux albums. Les autres événement. Dès la réouverture
dont Julien Doré, Benjamin Biolay, des magasins, les babyboomers
Soprano, Ninho et Kendji Girac atten- se sont précipités pour acheter
dent de retrouver enfin le contact avec cet album couvert d’éloges
le public. « Le vaccin contre le Covid-19
par la critique.
sera la clé », estime le producteur Jean-
Rachid Kallouche. « Il est compliqué de
se projeter, nous ne sommes pas à l’abri
9
d’un troisième confinement, dit Olivier
Nusse. Mais les producteurs et les artis-
tes vont multiplier les propositions. » ■
* L’intégralité du palmarès des 200 meilleures
ventes d’albums est publiée sur le figaro.fr
EDOUARD RICHARD/HANS LUCAS VIA AFP, MARC PIASECKI/GETTY IMAGES/AFP, MIKE COPPOLA/AFP, PATRIK STOLLARZ/AFP, MERYL CURTAT/HANS LUCAS VIA AFP, CHRISTOPHE CHEVALIN-TF1, NICOLAS GUYONNET/HANS LUCAS VIA AFP
GRAND CORPS 16. SOPRANO
148 000
MALADE
198 000 17. NINHO
■ Après le triomphe de son album 147 600
de duos avec des artistes
féminines, Mesdames, le slameur
de 43 ans va réaliser un biopic
18. HATIK
sur un chanteur dont le nom 147 500
8
est gardé secret. Sa tournée
des Zénith est prévue 19. PNL
de novembre à mars 2022. 146 000
20. KENDJI GIRAC
145 000
21. PLK
7
142 000
22. MAÎTRE GIMS
141 000
23. DAMSO
132 000
24. THE WEEKND
126 000
25. 13 ORGANISÉ
120 000
26. AYA
disques que dans les années 1990, l’hom- prenait d’assaut les hit-parades. Celle-ci
me d’Astaffort, auteur du deuxième al- est désormais à la marge. Les quadragé- NAKAMURA
bum le plus vendu en France - Samedi naires qui l’animaient alors ne flirtent 118 000
soir sur la terre - continue de peser. Il est plus avec les premières places du hit-pa-
la dernière incarnation d’un ancien
monde qui a effectué sa carrière avant le
rade. Ils ont construit des carrières, à
une époque où cette notion tend à dispa- 27. CALOGERO
streaming et la toute-puissance des ré- raître. Alors que l’on n’a jamais autant 114 000
seaux sociaux. Un des seuls à vendre valorisé le patrimoine musical à grand
autant d’albums dans une esthétique « à
l’ancienne » qui consiste à jouer des
renfort de rééditions et de coffrets de
luxe, on ne met guère l’accent sur les 28. LOMEPAL
chansons avec des instrumentistes, sans grands de demain. 113 000
renfort de programmation et de samples. En privilégiant des coups, l’industrie
Bien sûr, la technologie n’est pas en
cause, mais plutôt la manière de l’utili-
musicale mise à fond sur le court terme.
Qui pour bâtir des carrières au long 29. CLARA
ser. Plutôt que de l’exploiter de manière cours ? Peut-être la musique populaire
créative, en défrichant de nouveaux ter- est-elle revenue à sa mission ancienne, LUCIANI
ritoires sonores, trop de propositions celle d’offrir du divertissement facile et 110 000
déclinent un son d’usine interchangea- léger, fourni par des interprètes inter-
ble. Aucun ripolinage électro ne saurait
donner d’éclat à une chanson qui n’en a
changeables et inoffensifs ? À cela, il fau-
drait opposer une politique des auteurs 30. JUL
A
pas. On attend le grand réveil. Il y a vingt semblable à celle qui secoua le cinéma du 109 000
ans, une nouvelle chanson française temps de la Nouvelle Vague. ■
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO
30 STYLE
CES GODILLOTS NE SONT PLUS
SEULEMENT L’APANAGE
DES AMATEURS DU GR 20.
LES BRANCHÉS DES VILLES,
EN QUÊTE DE SENS ET DE
CONFORT, S’Y METTENT AUSSI.
VALÉRIE GUÉDON vguedon@lefigaro.fr
H
adrien, grand gaillard de
35 ans, a déniché sa paire de
Paraboot de rando, il y a
deux ans, dans une brocan-
te. « Des Avoriaz complète-
ment neuves, et encore dans leur boîte, té-
moigne-t-il. Depuis, l’hiver, je ne porte
quasiment plus que ça. Elles sont classes
mais aussi confortables et imperméables.
Et à moto, c’est le top ! Ce qui ne gâche
rien. » Pour ce Parisien du 11e arrondis-
sement, toutes les occasions sont bonnes
pour chevaucher sa bécane et filer dans
sa maison de campagne, sur les bords de
l’Yerres (Essonne), ses robustes brode-
quins de montagne aux pieds. « Mais en
ce moment, j’évite de les porter là-bas,
reprend-il, très sérieusement. Il a beau-
coup trop plu, je ne veux pas les salir. »
C’est là tout le paradoxe de ces godillots
plébiscités par les citadins pour leurs
qualités tout-terrain et qui finissent par
n’arpenter que le bitume. À l’instar des
parkas en Gore-Tex et des baskets de trail
très (trop ?) techniques sous nos latitudes
et nos dénivelés, ces grosses chaussures
de marche à semelles crantées (que l’on
trouve aussi chez Salomon, Millet ou en-
core l’italien Diemme) séduisent nombre
de branchés de Paris à Tokyo.
Increvable et authentique
Si ce détournement est particulière-
ment flagrant cet hiver, il était déjà à
l’origine du succès des Avoriaz, créées
pour équiper les alpinistes, à la fin des
années 1910, par la société Richard-
Pontvert (qui fondera par la suite les
marques Galibier et Paraboot). « Elle est
ce qu’on appelle une chaussure d’appro-
che, c’est-à-dire conçue pour atteindre le
premier campement lors de l’ascension
d’un sommet », précise Pierre Colin, di-
recteur de la communication de Para-
boot, aujourd’hui installé à Saint-Jean-
de-Moirans (Isère). Au début des
années 1990, un magasin japonais repè-
re le modèle (alors sous la griffe Gali-
bier) et l’importe au pays du Soleil-Le-
vant. L’Avoriaz devient un best-seller
sur les trottoirs de Tokyo !
L’entreprise française, sentant le po-
tentiel urbain de ce soulier patrimonial,
décide de l’estampiller Paraboot et de
garder ses caractéristiques techniques
tout en adaptant certains détails à l’usa-
ge en ville. Si l’engouement est très vite
au rendez-vous en Italie et en Belgique,
l’Avoriaz devra attendre 2015 pour ren-
contrer son public dans les métropoles
de France. Nul n’est prophète en son
pays… « À l’instar de la Michael (la plus
connue des Paraboot, NDLR), l’Avoriaz
est aimée par nos clients pour son
authenticité. Malgré les années, elle est
restée telle quelle, avec sa fabrication ar-
tisanale, son cuir costaud, sa semelle en
cousu norvégien et son esthétique sans
artifices. »
Outre leurs propriétés increvables,
nos citadins apprécient dans ces chaus-
sures le fait qu’elles incarnent un petit
bout du patrimoine français. À l’image
de celles du Soulor, fabriquant historique
depuis près d’un siècle implanté dans le
4 d’un luxe ultime. La William, référen-
A
1
CES CHAUSSURES (DE RANDO)
SONT FAITES POUR MARCHER
Béarn, au pied des Pyrénées, qui vit une
belle renaissance depuis 2015. « La mar-
2 que façonnait les godillots des bergers
du coin depuis 1925. Il nous était impossi-
ble de laisser disparaître ce savoir-faire
exceptionnel, explique Philippe Carrou-
ché, qui a racheté la marque avec son
associé Stéphane Bajenoff. Quand nous
avons repris cette petite manufacture
familiale, il ne restait plus qu’un ouvrier
de pied capable de fabriquer un soulier
de A à Z. »
Une alternative aux baskets
Aujourd’hui, les 2 000 paires annuelles
façonnées à la main par une dizaine
d’artisans sont portées principalement
par les « bergers des villes », dit-il de son
accent chantant. Une nouvelle généra-
tion d’amoureux de la montagne et de
3 collectionneurs de chaussures à histoi-
res raffole de ces modèles fabriqués in-
tégralement dans l’Hexagone, à la com-
mande et personnalisables, du lacet à la
semelle. « Le made in France n’est pas un
argument marketing pour nous, ajoute le
dirigeant. Notre atelier à Pontacq, à
20 kilomètres de Pau, est ouvert à la visi-
te. Chacun peut constater que toutes nos
matières premières viennent d’autres pe-
tites sociétés françaises, labellisées entre-
prises du patrimoine vivant, comme nous.
Nos clients y sont très sensibles. Tout
comme ils affectionnent le montage à la
main qui permet de réparer, élargir,
adapter n’importe quel modèle au fur et à
mesure de l’usage et des années.» Incre-
vable, on vous dit.
1. Modèle Ossau du chausseur
LA MARCHE VERS LA GLOIRE DE JOHN LOBB
Le Soulor, à partir de 375 €.
2. Chaussure Diemme x Gant, 399 €.
3. Modèle Avoriaz de Paraboot, 430€.
4. Publicité pour la marque Galibier,
1952. LE SOULOR ; GANT ; PARABOOT
Si l’on vous dit chaussures de randon-
née, John Lobb n’est probablement pas
le premier nom qui vous vient à l’es-
prit. Le bottier anglais est en effet sur-
tout réputé pour ses souliers de ville
ce du derby à double boucle, et le mo-
cassin Lopez font rêver plus d’un
homme, toutes générations confon-
dues, depuis des décennies. Pourtant,
avant de devenir le chausseur officiel
du prince Charles, de Cole Porter, de
Frank Sinatra ou encore de lord Oli-
vier, John Lobb était un petit gars sans
le sou, originaire des Cornouailles qui,
un beau jour de 1851, partit faire fortu-
ne à Londres… à pied.
Une pépite des archives
C’est donc une histoire de randonnée
- longue de plus 400 kilomètres tout
de même ! - qui donna naissance à l’un
des bottiers les plus exclusifs de l’in- mineurs qui y cachaient leurs précieu-
dustrie. « Ce périple pédestre est loin ses pépites.
d’être une anecdote pour nous, tient-on En 2017, le studio retrouve dans les
à préciser chez le chausseur dans le gi- archives un ancien modèle de chaus-
ron du groupe Hermès depuis 1976. Il sure de montagne commandé par un
fonde l’esprit frondeur, la culture de riche client dans les années 1940. Le
mouvement et d’innovation qui animent design est actuel, l’histoire embrasse
nos équipes chaque jour. » parfaitement celle de la marque… Voi-
Une fois installé à Londres, l’artisan là la bottine désormais nommée Alder
n’en resta pas là et rejoignit l’Austra- lancée dans la collection. Son succès
lie, alors en pleine ruée vers l’or, pour est tel qu’elle intègre dès lors le cata-
y inventer le talon creux, prisé des logue. Saison après saison, elle est de-
Ce que confirme M. Hoo, le Béarnais
(« c’est un nom de famille béarnais histori-
que », lance-t-il fièrement) derrière la
cordonnerie bien nommée À la ville à la
montagne, installée boulevard Richard-
Lenoir (Paris 11e) depuis 2003. « Les hom-
mes qui poussent ma porte sont de plus en
plus jeunes et je les vois abandonner leurs
baskets pour des modèles dits de petite ran-
donnée, durables et polyvalents. » Car, évi-
demment, toutes les chaussures de mar-
che ne sont pas appropriées à l’asphalte.
« Ce qu’ont bien compris les fabricants qui
proposent de plus en plus de déclinaisons
adaptées en termes de semelles, de ren-
fort, etc. à cette demande », confirme le
cordonnier qui vend très bien les souliers
alliant technicité et tradition, des chaus-
seurs italien Crispi et allemand Lowa.
Depuis déjà quelques années, l’équi-
pementier transalpin Diemme vise éga-
lement ce nouveau public à travers ses
collaborations avec des marques de
streetwear comme Supreme (2016) et de
sportswear tel Gant, cet hiver, dont le
directeur artistique, Christopher Bastin,
est lui-même fan des brodequins fabri-
qués à une heure de Venise. « J’ai tou-
jours trouvé leurs produits cool, rustiques
et masculins, confie le créateur d’origine
suédoise. J’ai donc sauté sur l’occasion de
collaborer avec eux. Peut-être est-ce dû à
mes racines scandinaves. Là-bas, la na-
ture n’est jamais bien loin, y compris si
l’on vit à Stockholm. D’autant qu’en ce
moment, nous avons tous besoin d’un peu
d’évasion même si ce n’est qu’à travers
une paire de chaussures. » ■
Modèle Alder de John
Lobb, 1 580 €. ALDER
venue l’un des best-sellers de John
Lobb. Ses lignes plus rustiques que cel-
les des traditionnels souliers maison,
sa bordure renforcée, sa languette à
soufflet, son laçage agrémenté de cro-
chets en métal et, surtout, sa double
semelle en cuir cousu Goodyear (on ne
se refait pas !) ont su séduire « une
clientèle en mouvement d’aventuriers
contemporains, aussi élégants à la ville
qu’à la campagne ». ■ V. G.
www.johnlobb.com

AUTOMOBILE
POURQUOI LES VOITURES SONT BLANCHES ?
SYLVAIN REISSER
sreisser@lefigaro.fr
D’
où vient ce goût du
blanc ? L’année der-
nière encore, selon
les statistiques des fa-
bricants de peinture,
cette teinte virginale est restée la plus
répandue dans le monde entier. Au
cours de la dernière décennie, le blanc
n’a cessé de grignoter des parts de mar-
ché au noir et au gris, au point de repré-
senter la majeure partie des couleurs
achromatiques. Au niveau mondial, le
blanc caracole donc en tête des coloris
préférés par les automobilistes avec
40 % de pénétration, contre 17 % pour
le noir, 13 % pour le gris et 8 % pour
l’argent (source BASF). S’il est surre-
présenté en Asie, flirtant avec les 50 %,
il connaît moins de succès auprès des
Européens (28 %), qui lui préfèrent la
palette des gris (30 %). Le blanc a pro-
gressé au rythme du succès des voitures
électrifiées. Le regard que l’on porte sur
cette teinte a changé. Décrié hier parce
qu’il était essentiellement associé aux
voitures achetées par les sociétés et aux
particuliers qui rechignaient à payer un
supplément pour une peinture métalli-
sée, il est devenu à la mode. La photo-
graphie du paysage automobile montre,
en effet, que les voitures hybrides re-
chargeables et 100 % électrique recou-
rent très fréquemment à cette teinte.
« La place prépondérante prise par les
TIBO
PORSCHE PANAMERA 4S E-HYBRID, LA PUISSANCE SANS MALUS
DANS SA NOUVELLE VERSION HYBRIDE RECHARGEABLE, LA BERLINE DE SPORT DU CONSTRUCTEUR ALLEMAND DONNE UN APERÇU DES PROGRÈS DE LA TECHNOLOGIE.
C
omme le bon vin, la Pana-
mera se bonifie avec le
temps. D’une berline de
sport un peu mièvre à ses
débuts en 2009, Porsche en a
fait une véritable 911 des familles. À la
faveur d’une cure de jouvence, la se-
conde génération revient plus en forme
que jamais. Côté style, les lignes de cet-
te grande berline s’accommodent de
quelques retouches - bouclier avant et
large bandeau lumineux à l’arrière -
pour préserver tout leur pouvoir de sé-
duction. Quelle que soit la carrosserie.
Porsche, qui ne fait pas les choses à
moitié, maintient le programme des
trois silhouettes : berline classique
5 portes à hayon, break de chasse Sport
Turismo et version à empattement long
de 5,19 m (+ 15 cm). En combinant ces
trois déclinaisons aux huit motorisa-
tions - cinq thermiques et trois hybri-
des rechargeables -, la gamme Pana-
mera compte jusqu’à 23 versions. Ce
n’est pas rien, mais, en France, la fisca-
lité étant devenue confiscatoire pour les
modèles à moteur thermique (jusqu’à
30 000 euros), les versions électrifiées
représentent 90 % des volumes.
Jusqu’à maintenant, la famille des Pa-
namera à batterie rechargeable faisait le
grand écart, entre la 4 E-Hybrid de
462 ch et l’exclusive Turbo E-Hybrid qui
DEPUIS UNE DIZAINE D’ANNÉES,
LA ROBE VIRGINALE EN FAIT
VOIR DE TOUTES LES COULEURS
AU RESTE DE LA PALETTE
CHROMATIQUE. PHÉNOMÈNE
DE MODE OU TENDANCE
JUSTIFIÉE PAR L’ÉVOLUTION
TECHNOLOGIQUE ?
EXPLICATIONS.
Vecteur de sérénité, le blanc
est passé, en quelques années,
d’une image dégradée à un symbole
de sophistication.
porte bien son nom avec sa puissance
cumulée de 700 ch. Porsche comble le
vide avec une variante intermédiaire
créditée de 560 ch et facturée 60 000 €
de moins (132 316 €) que la tonitruante
Turbo. Développée à partir du modèle
de base, la 4S E-Hybrid hérite de la
même machine électrique de 136 ch. Elle
est toujours associée au V6 2,9 turbo,
mais les motoristes ont réussi à en ex-
traire 110 ch de plus. Le couple en profite
pour gagner 50 Nm (750 Nm) et les per-
formances effectuent un bond spectacu-
laire. La Panamera 4S E-Hybrid rivalise
avec la 911. Les 100 km/h sont atteints
en 3,7 secondes et il suffit de 2,4 secon-
des pour passer de 80 à 120 km/h.
Une consommation variable
Pour améliorer son rendement énergé-
tique, ce vaisseau de la route s’offre une
batterie d’une plus grande capacité,
17,9 kWh au lieu de 14,1 kWh précé-
demment. Cela se traduit par un rayon
d’action électrique renforcé. Entre 49
et 54 km selon le constructeur. La véri-
té est plutôt autour de 42 km, comme
nous avons pu le constater durant notre
essai. Reste que selon le protocole d’ho-
mologation WLTP prenant en compte
l’autonomie zéro émission, la consom-
mation normalisée ressort à » Essai de la Cupra Formentor VZ 310
TIBO
2,2 l/100 km, ce qui équivaut à des
ventes d’automobiles de société sur le
marché explique sa forte pénétration. Les
entreprises ne prennent pas le risque de
choisir des teintes colorées plus difficiles
à revendre », assure Thierry Leclerc, de
BASF. Selon Benoît Morin, responsable
du département couleurs et matières de
Peugeot, « le blanc véhicule la pureté et
la propreté. Il fait également consommer
moins d’énergie. À la différence des tein-
tes sombres, il reflète la lumière et n’ab-
sorbe pas la chaleur. » On comprend
ainsi pourquoi il est plébiscité dans les
régions les plus chaudes du globe.
D’une manière plus générale, ce succès
mondial s’inscrit dans une tendance de
fond.
Tendance à l’épuration
Les bureaux de style des constructeurs
se nourrissent de l’influence du monde
extérieur et des cahiers de tendance
édités par les studios de design. « Ce
sont les éditeurs de textile qui inspirent
les marques automobiles », dit l’expert
de BASF. « Sentir l’air du temps fait par-
tie intégrante de notre métier. Chez PSA,
nous allons partout où nous pouvons ren-
contrer des courants de fond », explique
Jean-Pierre Ploué, le patron du design
des marques du groupe français. Depuis
quelques années, l’univers de la déco-
ration intérieure et du mobilier
contemporain s’en est également em-
paré. Dans ces domaines, ses vertus
sont réputées : outre le fait d’agrandir,
d’éclaircir, le blanc simplifie la percep-
tion de l’espace. La tendance à l’épura-
Beiges (1 %)
Violettes (1 %)
Marron (2 %)
Rouges
Bleues
Argentées
Grises
Source : BASF
La Panamera 4S E-Hybrid
rivalise avec la 911. Les 100 km/h
sont atteints en 3,7 secondes
et il suffit de 2,4 secondes
pour passer de 80 à 120 km/h.
tion lui profite aussi. L’automobile se
montre le miroir du monde qui nous
entoure. « D’une certaine manière, les
objets du quotidien orientent nos choix »,
assure Benoît Morin. De ce point de
vue, le succès des objets technologiques
comme les smartphones, notamment
les produits Apple, a eu une incidence.
Selon certains experts, le blanc est en
parfaite adéquation avec notre époque,
où besoin d’équilibre et recherche re-
vendiquée de douceur s’associent. Vec-
teur de sérénité, il est passé, en l’espace
de quelques années, d’une image dé-
gradée à l’incarnation de la sophistica-
tion.
De fait, il se revendique de l’univers
du luxe et de la technicité. Le blanc met
également en valeur les formes, les arê-
tes et les volumes et offre une liberté ex-
trême de composition, s’associant faci-
lement à toutes les autres couleurs.
Devenu une couleur à part entière et non
le reflet d’une absence de caractère et
d’originalité, le blanc se conjugue au
pluriel. Le Japon en compte quatre
nuances. « À côté du blanc opaque classi-
que, Peugeot propose en option un blanc
nacré tricouche », dit Benoît Morin.
L’avenir appartient-il au blanc ? S’il
ne devrait plus progresser qu’à la mar-
ge, il reste un basique de la palette des
constructeurs. Tombées en désuétude,
sauf sur les modèles des segments infé-
rieurs qui s’y prêtent bien, les teintes
chromatiques opèrent un retour en
fanfare. Le phénomène s’observe à peu
près partout. Chez Peugeot, où le nuan-
6%
8% 78% des voitures
sont blanches,
noires ou grises
8% Répartition des voitures
dans le monde,
par couleur
13 %
17 %
Noires
émissions de CO2 de 50 g/km. Tout ceci
est très théorique et la consommation
dépend de l’usage qui est fait du véhi-
cule mais aussi de la fréquence des re-
charges. On sait qu’idéalement, pour
tirer un maximum de profit de l’électri-
que, il faut recharger le plus souvent
possible. Et comme ses sœurs hybrides,
la 4S E-Hybrid échappe au malus.
LE FIGARO mardi 12 janvier 2021
31
cier de couleurs a été réduit à sept ou
huit propositions, au lieu de onze aupa-
ravant, la stratégie est originale.
« Ces dernières années, aiguillonnés
par Carlos Tavares, nous avons travaillé
pour que nos véhicules se voient et sor-
tent du lot. Nous avons développé des
teintes colorées que nous proposons gra-
tuitement. C’est le cas du jaune Faro de
la 208 et de l’orange Fusion de la 2008.
Notre démarche va se poursuivre avec la
prochaine 308. Si les teintes neutres sont
associées au haut de gamme, nous tes-
tons aussi d’autres voies. Les verts nous
intéressent beaucoup, même si en Europe
ce coloris souffre d’a priori. Dans tous les
cas, c’est un sacré challenge, car une
nouvelle teinte découle de trois orienta-
tions », explique le designer de la mar-
que sochalienne.
Derrière les couleurs achromatiques,
le rouge et le bleu s’arrogent un peu
moins de 10 % du marché mondial. En
fonction des régions du monde et à la
faveur de l’injection de pigments pola-
risant et trichromique qui favorisent le
dichroïsme, on peut s’attendre à une
plus grande richesse de couleurs. Une
évolution qui pourrait être nuancée
par l’arrivée de la voiture autonome.
Chez BASF, on prévient d’ores et déjà
que les radars Lidar et les capteurs, qui
vont permettre à ces véhicules de se si-
tuer dans leur environnement et de
communiquer avec les infrastructures
et les autres usagers de la route, ne se-
raient pas compatibles avec certaines
couleurs. ■
Vertes (1 %)
Or (1 %)
Jaunes (1 %)
Orange (1 %)
40 % Blanches
78 %
Total : blanc,
noir, gris,
argenté
Infographie
Même alourdie de 300 kg (2 300 kg)
par rapport à la version 4S, cette Pa-
namera conserve les gènes Porsche.
Elle se comporte comme une ballerine
sur les routes de montagne. Le châssis
à quatre roues motrices est redoutable
d’efficacité et l’agilité peut encore être
renforcée par les roues arrière direc-
trices (+ 2 100 €). Le confort souverain
s’appuie sur la suspension pneumati-
que adaptative. Secondée par un sys-
tème de récupération d’énergie vrai-
ment performant, la batterie se
recharge à la vitesse de l’éclair. C’est
particulièrement vrai dans une des-
cente de col et avec le mode Sport+ ac-
tivé. Comme souvent, le dosage des
fins de freinage n’est pas le point fort
et le coffre est amputé de près de 90 li-
tres (403 l). Trois fois rien pour cette
exclusive familiale. ■ S. R.
+ @ SUR LE WEB
» Voiture de l’année 2021,
les 7 finalistes
» Ce qui nous attend sur les routes
en 2021
» Le musée de Lohéac vend ses voitures
de rallye du Groupe B
A
www.lefigaro.fr/automobile
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

32 TÉLÉVISION
ZAPPING BORIS JOHNSON,
« DISTRICT Z », UNE
SAISON 2 DÉJÀ ACTÉE L’OPPORTUNISTE
La guerre contre les zombies n’est
pas près de s’arrêter. Malgré les
critiques, Arthur vient d’annoncer
que « District Z » reviendra
pour une deuxième saison sur TF1.
DU BREXIT
« Fier et heureux », le producteur NOTRE CONFRÈRE FLORENTIN COLLOMP ET WALID BERRISSOUL
de l’émission a indiqué que
la nouvelle salve d’épisodes
BROSSENT AVEC FINESSE ET SANS COMPLAISANCE
sera tournée au printemps. « J’ai LE PORTRAIT DU PREMIER MINISTRE BRITANNIQUE.
bien pris notes de vos remarques
bienveillantes pour l’améliorer
et nous allons revenir encore correspondant à Bruxelles pour le Daily
plus fort ! », a-t-il assuré dans BLAISE DE CHABALIER £@dechab Telegraph, et il ne manque pas une oc-

À
un message posté sur Twitter. casion d’écrire tout le mal qu’il pense de
quoi Boris Johnson rêvait-il l’Union européenne ! Ses articles sont à

DRÔLES DE enfant ? « Il a dit à un ami de

la famille qui lui demandait
l’image de l’impétueux rédacteur en
chef qu’il est : drôles et diablement bien

CHAMPIGNONS ce qu’il voudrait faire plus

Les enfants de 4 à 7 ans vont
se régaler ! Des épisodes inédits
de la série d’animation Mush-Mush
tard : ‘‘Je veux être roi du
monde !’’ », raconte la sœur de l’actuel
premier ministre britannique, Rachel
Johnson. Elle est interrogée dans le foi-
sonnant documentaire Boris Johnson,
l’illusionniste du Brexit, réalisé par Walid
Berrissoul et coécrit par le journaliste du
Figaro, ancien correspondant à Lon-
dres, Florentin Collomp. Cette ambition
est racontée et analysée en revenant sur
le parcours et sur la
personnalité charisma-
sentis. « Beaucoup de journalistes se
contentaient de retranscrire le contenu
des conférences de presse de la Commis-
sion. D’autres avaient une approche plus
sceptique, comme Boris, qui lui y ajoutait
une certaine dose d’humour », confie
Stanley Johnson, père de l’intéressé.
Quitte, pour le jeune polémiste, à pren-
dre ses aises avec la réalité, et à écrire ce
qu’on a appelé des euromythes, sorte
d’ancêtres des fakes news. Les convic-
tions anti-européennes
du jeune Boris apparais- nombre d’idées de gauche. Dire à chacun Boris Johnson, à Londres,

20.50
tique de celui qui appa- sent bien légères. « Il a ce qu’il veut entendre est sa méthode, le 7 janvier. Enfant, le premier
PIWI+

et les Champotes (notre photo),
première production de la jeune
société française La Cabane,
arrivent tous les matins sur Canal+
Family à 7 h 35 et sur Piwi+
à 8 heures, 13 heures et 17 h 30.
Ce programme plein d’humour et
d’aventures en forêt met en scène
de drôles de champignons. Il sera
également diffusé dans 150 pays
à partir de février via Boomerang.
raît comme ayant su
utiliser au mieux le ○○○○
Brexit pour accéder au
pouvoir. Un opportuniste, Boris John-
son ? Lui, le fils d’un haut fonctionnaire
européen, qui a passé son enfance à
Bruxelles jusqu’à l’âge de 11 ans, avant
d’intégrer le prestigieux collège d’Eton
puis d’entrer à Oxford. Ce savoureux
portrait, psychologique et politique,
fouillé et rythmé, apporte des éléments
de réponse à cette question.
En 1992, Boris Johnson a 28 ans et
n’est pas encore entré en politique. Il est
vu une opportunité, un
créneau inoccupé, c’est
une décision stratégique.
En privé, il ne s’en cachait d’ailleurs pas.
En réalité, il avait de l’affection pour le
projet européen », explique la journaliste
Sonia Purnell, qui a travaillé sous la
direction du rédacteur en chef Johnson.
Les doutes demeurent
Pour sa carrière politique, le choix du
parti conservateur est naturel pour ce fils
de famille. Mais, pour remporter la mai-
rie de Londres en 2008, il fait siennes bon
toute politicienne. Son optimisme et son ministre voulait être « roi
envie de plaire l’aident aussi. En 2016, il du monde ». POOL/REUTERS
mène campagne pour le Brexit, avant
tout par calcul politique. Surpris par
la victoire du « leave » (« quitter »), il
attend 2019 pour devenir premier minis-
tre, puis finaliser le Brexit par un accord.
Mais les doutes demeurent. Le petit-fils
de Winston Churchill, Nicholas Soames
conclut : « Je ne comprends toujours pas
pourquoi Boris Johnson a pris la tête de la
campagne du Brexit et je ne saisis pas non
plus pourquoi les Britanniques ont voté la
sortie de l’UE… » ■

LES « GG »
DU MOYEN-ORIENT
Présentée par Benjamin Petrover,
« Les Grandes Gueules Moyen-
Orient » (#GGMO) est la nouvelle
émission d’opinions et de débats
LA PASSION DE LA BIDOCHE
diffusée du lundi au jeudi à LOIN DES CLICHÉS, DES PROFESSIONNELS EXPRIMENT LEUR FIERTÉ D’ÊTRE DEVENUS BOUCHERS.
20 heures sur i24NEWS, la chaîne
d’information internationale
du groupe Altice. Comme lait devenir boucher et ses professeurs, la découpe, c’est son Lego : « Je suis
sa version française sur RMC, ANTHONY PALOU apalou@lefigaro.fr ces idiots, n’étaient pas tellement d’ac- heureux et j’ai un rêve, devenir meilleur

les « GGMO »font intervenir des
représentants de la société civile
sur des sujets d’actualité.
Parmi les invités, on retrouve
Abnousse Shalmani, Francis
Huster, Laurent Joffrin,
Arno Klarsfeld, André Bercoff
ou encore Élisabeth Lévy.
Chaque soir, Benjamin Petrover
est entouré de cinq « Grandes
Gueules » : trois dans les studios
d’i24NEWS à Tel Aviv et deux
dans ceux de la chaîne à Paris.
D’autres personnalités participent
également aux débats depuis
New York, Washington
ou Dubaï.
Pour les bouchers, travailler la viande
est tout un art. N. BREEN/STOCK.ADOBE.COM
Mardi 12 janvier
T
out d’abord, il y a Hervé. Il est
du genre costaud. Il est l’un
des bouchers à raconter la
passion qu’il voue à son mé-
tier dans le beau documentai-
re inédit de Philippe Lagnier, intitulé
Une vraie boucherie, diffusé ce soir sur
France 2. Hervé revêt chaque matin son
tablier. Il rêve sa vie. Il a raison. Il est
2 heures. Casquette vissée sur le crâne,
il sifflote, il est heureux. Il demande à
un de ses employés : « Dis-moi, tu as
combien de veaux pour lundi ? » « Qua-
tre », répond ce dernier. « Très bien ! »
Hervé tâte de la belle carcasse depuis de
belles années. Dès l’âge de 6 ans, il vou-
cord : « C’est un métier manuel, tu n’as ouvrier de France. » Jorge, boucher de-
pas à y aller ! » Hervé est fier de son puis douze ans, nous déclare que c’est
boulot, sublime, lorsqu’il travaille la l’un des plus beaux métiers du monde.
viande : « Je représente une profession Mustapha, qui travaille à Clichy,
noble. C’est compliqué, confirme.
vous savez, de prendre Et vint Amandine.
un couteau, de partir Amandine est bouchère.
d’une carcasse et d’en
faire un bifteck. » Mais ○○○○
23.10 Elle est toute menue et
offre son témoignage :
oui, Hervé rêvait faux- « Quand j’ai décidé de
filet, entrecôtes, onglets, carrés de me lancer, mes amis m’ont dit que c’était
veau, tendrons, jarrets… un métier sale. Que je ne sentirais pas
bon et que mes ongles seraient couverts
« J’ai un rêve » de viande. Bref, que ce n’était pas la pla-
Denis, lui aussi, est amoureux de la ce d’une fille. » La merveilleuse, la déli-
viande. Il a 46 ans. La bidoche est sa cieuse Amandine. Un documentaire
passion. Lucas, son apprenti, fait dans passionnant et vachement bien. ■
Mardi 12 janvier

MOTS CROISÉS Par Vincent Labbé BRIDGE Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com
1 2 3 4 5 6 7 8
LIGNE 1 : BESACE, TSÉ-TSÉ, USITÉS, PÉTRIS, INEPTE, POLLEN.
LIGNE 2 : ARÊTES, TENTER, TÉTINE, RELATÉ, PÉDALE, LUCIDE.

PROBLÈME N° 5560 PROBLÈME N° 3203 : SOLUTION DU PROBLÈME N° 3202 : Sur la corde raide
HORIZONTALEMENT 1 Secret bien caché Contrat : Sud joue 4 Cœurs.
1. Novice dans le métier. - 2. Impérial de cruauté. - 3. La séquence (E.-O. vuln.) : Est ouvre de 1, Sud intervient à 2, Ouest
Pressent le pas. - 4. Couvert de caillasse. - 5. Explosion 2
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

D94 soutient à 2 et Nord à 3, puis Sud conclut à 4.

de bombe. Instrument à corde, en un sens. - 6. Sanctuaire
shinto. Désir irrésistible de manger ce qui ne se mange
pas. - 7. Fortes en carcasse. - 8. D’agréable compagnie.
Mesure pour une pipette. - 9. Tel le bateau rimbaldien.
Rouge et noir. - 10. Trois du Titien. Arbitre du siège. - 11.
Concept à durée illimitée. - 12. Flaques en fond de cale.
VERTICALEMENT
R765 Entame : Roi de  (le 2 en Est).
3 DV76
R7 Commencez par prendre de l’As (si vous duquez, la contre-attaque à 
4 vous crucifie). Vous voyez dix levées sous la forme de deux , un ,
N
six atouts et un . Vous devez espérer le Valet de  en Ouest et le Roi
5 O E
d’atout en Est. Attention au timing !
S
6 Après l’As de , jouez tout de suite la Dame de . Sans surprise, Est
 R V 10 8 7 prend du Roi. Il encaisse le Valet de  et poursuit par As et Dame de ,
AD
RONDE DES MOTS :

1. Elles créent des précédents. - 2. État laxiste. - 3. Per- que vous prenez du Roi. Vous jouez ensuite  pour le 10 et là, vous ne
7  A R 10 3
sonnes incapables. - 4. Mise à feu. Support de colonne. tirez surtout pas l’As de  (mauvaise
Part de tarte. - 5. Tape dans l’œil. Brise de la pastille.  10 5 habitude, Est pourrait couper). Vous 653
8 8543
Conçu sans motif. - 6. Refuserais l’admission. Herbe poursuivez d’un petit  pour la Dame 965
tendre. - 7. Boule piquante à Madagascar. Religieuse 9 Contrat : Sud joue 4 Piques. qui tient, tirez l’As d’atout, retournez  A 10 2
cruelle. - 8. Sont dans une coalition. au mort au 8 d’atout et, seulement  R D 10 V9842
La séquence (E.-O. vuln.) : maintenant, encaissez l’As de  pour  7 N
10 Sud Ouest Nord Est O E
R9
effacer votre  perdant. Dix plis sur la  10 8 3 S ADV7
11 1 passe 2SA* passe corde raide. V86543 R7
4 Un coup inspiré d’une donne proposée  A 7
 A D V 10 6 2
12 *Fitté, limite. par Alain Tabard. R42
Entame : Dame de . D9

SOLUTION DU PROBLÈME N° 5559

HORIZONTALEMENT 1. Médiates. - 2. Aberrant. - 3. Rôles. Fi. - 4. Yuan. PLM. - 5. Prie-Dieu. - 6.
Ignées. - 7. CEE. Bêta. - 8. Korês. At. - 9. FNAC. Eue. - 10. On. Rompu. - 11. Remisier. - 12. Dentelés. WWW.BRIDGE-ESHOP.COM COMMANDEZ EN LIGNE !
VERTICALEMENT 1. Mary Pickford. - 2. Ébourgeonnée. - 3. Délainera. Mn. - 4. Irénée. Écrit. - 5. Ars. LIVRES • LOGICIELS • CARTES
A

Debs. Ose. - 6. Ta. Pisé. Emil. - 7. Enfle. Taupée. - 8. Stimulateurs. MATÉRIEL DE BRIDGE • JEUX • REVUES
 LE FIGARO mardi 12 janvier 2021

TÉLÉVISION Tous les programmes

dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag MÉTÉO PAR 33
À LA DEMANDE ÉPHÉMÉRIDE Ste-Tatiana
Soleil : Lever 08h40 - Coucher 17h18 - Dernier croissant de Lune

21.05 21.05 21.05 MATIN

S.W.A.T. Prenez soin de vous Quelque chose a changé 8
Série. Policière Magazine TV Film. Humoristique Les Incorruptibles 70
8
7 4 2
8 6
0 0
10
7 4 3
-1
5
7 2 -1
3
EU. 2019. Saison 3. Avec Shemar Prés. : Michel Cymes. 2h05. Fra. 2017. Réal. : Jacques Santamaria. Pour accepter de jouer Al Capone
Moore. Dans la gueule du loup. Inédit. Afin de lutter contre la sédentarité, 1h30. Avec Pierre Arditi. Exfiltré à sous la direction de Brian de 40 0
L’équipe du S.W.A.T. mène des Michel Cymes propose de remettre la campagne par son chauffeur, le Palma, qui ne voulait personne -1
-2
négociations tendues avec une le mouvement au cœur de la vie des président d’un puissant groupe, mis d’autre dans ce rôle, Robert De -3
famille menacée d’expulsion, Français et invite trois volontaires à en disgrâce par ses actionnaires, Niro s’est fait prier et a exigé un 2 -1
et qui a pris un officier en otage. renouer avec leur corps afin de leur retrouve par hasard son ex-femme. niveau de rémunération qui a 1 4
faire gagner des années de vie en bien failli faire capoter le projet. 0
21.55 S.W.A.T. Série. 3 épisodes. 22.35 Qui sème l’amour... Téléfilm. 2 -1
bonne santé. Mais une fois engagé, il s’est
00.25 Chicago Police Department. Sentimental. Avec Evelyne Buyle. 2 3
pleinement investi pour être
Série. Policière. Inédit. 2 épisodes. 23.10 Une vraie boucherie. Doc. 00.05 Le pitch cinéma. Magazine.
crédible dans la peau du plus 3 40
célèbre truand de l’histoire des
Etats-Unis, prenant douze kilos 4
et se faisant tailler des costumes APRÈS-MIDI
identiques. Sa performance
21.07 20.50 21.05 n’efface pas pour autant celle
70
9
La bonne épouse Les coulisses de l’histoire Lego Masters de Kevin Costner, impeccable
9
Film. Comédie dramatique Documentaire Jeu dans le rôle d’Eliott Ness, agent
fédéral intègre, déterminé à faire 10 7 5
11 9
tomber Capone. Ennio Morricone
4 2
compose la bande originale, pri- 12
mée aux oscars, de ce grand film 11 9 7
2
américain. 9
11 7 4
9

Fra. 2020. Réal. : Martin Provost. Fra. 2020. Le débarquement. 2h. Emission 4. Les binômes toujours 5 2
1h49. Avec Juliette Binoche, Yolande Le débarquement est passé à la en lice font voyager Eric Antoine Aujourd’hui, 40 4 1
Moreau. En 1968, la dirigeante postérité comme une victoire militaire et les brickmasters dans le temps. mardi 12 janvier, 9 4
d’une école ménagère, aux idées éclatante. Sa préparation a pourtant En 15 heures, ils doivent réaliser une sur lefigaro.fr 9 8
conservatrices et ruinée à cause de été compliquée et a bien failli tourner fresque sur le thème d’une période 8
son défunt mari, doit prendre en main au fiasco. - La décolonisation historique imposée : la Préhistoire, le 9 7
son destin. britannique, l’art de filer à l’anglaise. - Moyen Age, le western ou le futur. ➜ 12 h : « Le Talk » 9 9
Le plan Marshall a sauvé l’Amérique. – Invité : Stéphane Le Foll, 60
22.53 La cravate. Film. Documentaire. 23.05 Lego Masters : extra brique. 10
maire PS du Mans, président
de Le Mans Métropole 9
et ancien ministre.
Interviewé par Yves Thréard T (en °c)
<-10 à 0 0 à 10 10 à 20 20 à 30 30 à >40
20.43 Touche pas à mon poste ! 19.50 Les princes et les princesses 20.10 Quotidien. Divertissement. ➜ 17 h : « Points de vue »
de l’amour. Téléréalité. Prés. : Yann Barthès. – L’émission de débat
21.15 La tour 2 contrôle
infernale 21.05 C’est quoi cette famille ?! 21.15 90’ Enquêtes du Figaro, animée
par Vincent Roux. ALGER 7/11 AMSTERDAM 5/8 ATHÈNES 17/18
Film. Comédie. Fra. 2016. 1h28. Film. Comédie. Fra. 2016. 1h39. Magazine. Prés. : Tatiana Silva. 3/10 -1/1 0/3
Avec Alexis Brézet, BARCELONE BELGRADE BERLIN
Avec Ramzy Bedia, Eric Judor. Deux Avec Julie Gayet. Issus d’une famille Robots multifonctions, tutos et
anciens pilotes, devenus bagagistes à recomposée, un adolescent et ses chefs 2.0 : le nouveau business de la
directeur des rédactions BERNE -4/2 BRUXELLES 5/8 BUDAPEST -3/1
Orly, veulent empêcher une bande de nombreux demi-frères et sœurs im- cuisine. - Arnaques en cuisine : des
du Figaro, et Béatrice Giblin, COPENHAGUE 1/3 DUBLIN 6/8 LISBONNE 5/10
s’emparer de la tour de contrôle. posent à leurs parents de leur rendre poubelles dans nos assiettes ? -
directrice de la revue Hérodote. LONDRES 7/9 MADRID -3/4 PRAGUE -4/1
visite dans «leur» appartement. Intoxications alimentaires, plats RABAT 6/14 ROME 3/10 TUNIS 10/12
23.13 Transformers 4 : l’âge
cuisinés avariés : sommes-nous bien ➜ Chaque lundi, retrouvez
de l’extinction. Film. Action. 23.00 Demi-sœurs. Film. Comédie.
protégés ? « Audition publique », émission
politique de Public Sénat, MERCREDI JEUDI VENDREDI
de LCP-Assemblée nationale
et du Figaro, animée 3/7 5/6 2/3
par Francis Letellier.
20.20 Passage des arts. Magazine. 20.10 Aux frontières de l’Alaska. 19.30 Esclaves. Documentaire. Avec la participation 8/11 1/4 9/10 2/3 7/8 -3/0
Documentaire. Légende locale. de Brigitte Boucher (LCP),
20.50 Boris Johnson, 20.50 Nazis, la fabrique du mal 8/9 7/9
l’illusionniste du Brexit 21.05 Porte-avions, fleurons Magazine. Hermann Goering. Tâm Tran Huy (Public Sénat) 6/7
Doc. Fra. 2020. 1h10. A travers de la Marine Française Un portrait de Hermann Goering, haut et Yves Thréard (Le Figaro)
7/11 6/13 6/9 7/12 7/8
le portrait du Premier ministre Documentaire. Fra. 2017. Réal. : dignitaire nazi du IIIe Reich, qui s’est 6/9
britannique Boris Johnson se dessine Josselin Mahot, Fabrice Gardel. 0h56. suicidé en avalant une capsule de
un état des lieux de la Grande- Le porte-avion est au cœur cyanure. - Adolf Eichmann. - Joseph
Bretagne à la veille du Brexit. du dispositif de défense français. Goebbels. - Albert Speer. lachainemeteo.com
Par téléphone : LIVE 24/24 Sur L’APPLI
22.00 Le monde en face. Débat. 22.10 Charles de Gaulle, le porte-
00.05 Hitler vs Picasso et les autres GRATUITE
22.45 C dans l’air. Magazine. avions du futur. Documentaire. 2,99 €/appel La Chaîne Météo

MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°2795

DÉMENTI GONFLE PAS DEVENU CELA TEL UN COUP DE CONS- DÉBORDE BIEN ÉGARÉ DANS
LA GORGE KARATÉKA DÉPAR- CIENCE EN FLEUVE SUR
PRÉSENTE AIGRE DISPENSE HOMME TEMENT L’INTÉ- L’ANGOISSE
PARTAGEA DES RÉPÉ- EXPÉRI- D’EUROPE L’AUTRE RAIE OU
PAPILLON BONS DE FRANÇAIS RIEUR CENTRALE
EN DEUX COLORÉ COUTUMES LAMPION TITIONS MENTÉ SORTIE FAUVES DÉPOLIE INSECTE VER MARIN
SIGNE DE À VOLONTÉ
PUBERTÉ BALEINE
CHEMI- OU
SIERS DAUPHIN
CRÉATION AVOIR EN CONQUÉ-
HORREUR RIR (S’)
FAMILLE SUCCÈS PARTIE DE
LITTÉRAIRE DE RAVEL LA FLEUR
APPRÉ-
BOUCHON HENDER
SUR LA
ROUTE MONTAGE
DE PLANS
RENDRE COMPTAIT AUTEUR DU BORNÉES
SÛR EN MOINS NOM DE CIRCULENT
BROSSE FRONCE LA ROSE EN
D’ORFÈVRE D’UN HABIT BAS RELIEF ARMÉNIE
PRONOM INEPTIE
PERSON- VILLE DE PETITE CITÉ
NEL CROATIE ÉCOLE BOURGUI-
GRECQUE GNONNE
ÉVALUÉ
DES TISSU DE RÉGIME COMBAT
TRAVAUX COTON SOCIAL ÇA EXPRIME EST-
INSTRU- SUD-EST
MENT À BORDS DE DÉTIEN- LA
ROUE CANAL NENT SURPRISE
COURSE LATONE ARTICLE CHAMPION SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
PRASÉO- CYCLISTE DES TOUTES
DYME INDIQUE LA E F S A S R R T Z C I S A
D’ITALIE ROMAINS FAÇON DE CATÉGO-
SYMBOLISÉ A X I O M E C O O P E R A T I V E I S O I C I
PRÊTRE DIANA FAIRE RIES
A R R E T E S U A V E R E I N E D E S P R E S
ELLE EST
PARFUMER AIME À LA CONSÉ- JAMAIS O C R E S N N E S A N T O N S V L
À LA PRO- CROIRE QUENCE
SANS T E S S I T U R E S N E T A R E S
VENÇALE LOUISE
D’UN CHOC F E S T I V A L C A G E T T E A N A S
M O I R E R A R N O R E P A I T R E
POUR
QUI NE FAIT UN INCOR-
A

APPELER Z E L E E T A R A T A T A A V E U R
AVEC DIS- NI CHAUD RUPTIBLE N U R S E R I E S L U S T R E E V A
NI FROID À CHICAGO
CRÉTION O T E E P E R C E U S E E S C A L E S
 mardi 12 janvier 2021 LE FIGARO

34

Georges Georges Pernoud (ici en 2014)

a fait voyager les téléspectateurs
aux quatre coins du monde

Pernoud
pendant 42 ans.

quitte le navire

A
vec la disparition de Georges
Pernoud, la télévision perd
DISPARITION
l’une de ses grandes figures.
D’Élise Lucet à Delphine Er-
Le présentateur

JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO

notte, le petit monde du PAF a
rendu hommage au présenta-
historique de
teur décédé ce dimanche « des
suites d’une longue maladie ».
« Thalassa » s’est
Même Emmanuel Macron et Jean Castex
ont honoré sa mémoire sur Twitter.
éteint dimanche
Preuve que cet homme avait su faire
partager son amour de la nature et des
à l’âge de 73 ans.
mers.
Tout commence un 4 juin 1975, jour où PAR SARAH LECOEUVRE
Georges Pernoud, alors cadreur à
l’ORTF, dont sa première expérience sur
un bateau fut catastrophique tant il eut le

CHRONO
mal de mer, propose le concept de Georges Pernoud a sensibilisé ses fidèles écologiste mais, avant tout le monde, il a voilier pour suivre une course autour
« Thalassa » à la direction de FR3 (deve- à la défense du patrimoine et du littoral contribué à ces prises de conscience. du monde. Georges Pernoud était sur-
nue France 3). Son émission qui ouvre tout en les informant sur nombre de ca- C’était une façon d’aider la nature qui tout un homme du terroir. Lorsqu’en
un hublot sur le monde maritime voit le tastrophes écologiques (le drame de n’était pas culpabilisante », ajoute-t-elle. 1973, il épouse Monique, une Périgour-
jour au mois de septembre suivant. À L’Estonia ou le scandale des « boues Avec « Le Jour du Seigneur », « Auto- dine qui deviendra la mère de ses deux 1947 Naissance le 11 août à Rabat,
l’époque, pas de présentateur en pla- rouges » des Calanques). Il les a aussi fait moto » et « Des chiffres et des lettres », filles, Fanny et Julie, ce natif de Rabat au Maroc. Issu d’une famille
teau, Georges Pernoud assure la voix off. voyager au travers de paysages sublimes « Thalassa » figure parmi les program- tombe amoureux de la Dordogne et y de journalistes, il est le neveu
Il faut attendre le 4 janvier 1980 pour que aux quatre coins du monde. mes télé à la plus grande longévité. passe tous ses étés, dans sa propriété à de l’historienne Régine Pernoud
son visage apparaisse à l’image. Chaque « Tous ces reportages sont patrimo- Contrairement aux apparences, cet- Monestier.
et de la directrice littéraire
vendredi soir, des millions de téléspec- niaux, estime Patricia Loison à qui il a te passion de la mer est née sur le tard, Le capitaine tient bon la barre de
tateurs sont fidèles à ce rendez-vous de- confié les manettes de “Faut pas rêver” au début de sa carrière de cameraman, « Thalassa » sur sa péniche-studio Laurence Pernoud.
venu incontournable. Au fil des années, en 2009. Ce n’était pas du tout un militant alors qu’il avait embarqué à bord d’un amarrée en bord de Seine quarante- 1968 Devient cadreur à l’ORTF
deux années durant. En 2017, le vent et filme deux expéditions
tourne. En raison de désaccord avec sa d’Haroun Tazieff au Congo
direction, le vieux loup de mer décide de
ATTESTATION DE DÉPLACEMENT DÉROGATOIRE quitter le navire. Et c’est avec amertume
et en Éthiopie.
qu’il présente le 30 juin à Saint-Malo, 1975 Débuts de « Thalassa »
ENTRE 20 HEURES ET 6 HEURES son 1 704e et ultime rendez-vous, à
l’aube de ses 70 printemps. Ses fans ont
sur FR3 (devenue France 3).
eu du mal à digérer son départ. « On me 1990 Imagine « Faut pas rêver »
sur France 3.
En application de l’article 4 du décret n°2020-1310 du 29 octobre 2020 demandait souvent où était Georges,
confie Fanny Agostini, la journaliste qui
prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie lui a succédé à “Thalassa”. Cela me re-
2017 Départ de « Thalassa »
et de France Télévisions.
de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire mettait à ma place et me rappelait qu’il
était vraiment irremplaçable. » ■ 2020 Mort le 10 janvier.
Je soussigné(e),

Mme/M. :

Né(e) le : ,à:
Variant [va-rian] n. m.
Demeurant : Mutant muté à l’étranger.

certifie que mon déplacement est lié au motif suivant (cocher la case) autorisé en application
des mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état
d'urgence sanitaire :
Note : les personnes souhaitant bénéficier de l’une de ces exceptions doivent se munir s’il y a lieu, lors de leurs déplacements
hors de leur domicile, d’un document leur permettant de justifier que le déplacement considéré entre dans le champ de
l’une de ces exceptions.
1. Déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle ou le lieu
d’enseignement et de formation, déplacements professionnels ne pouvant être différés.
2. Déplacements pour des consultations et soins ne pouvant être assurés à distance
et ne pouvant être différés ou pour l’achat de produits de santé.
U
ne nouvelle forme du virus, dite variant anglais ou variant sud-africain,
débarque en France.
Le mot vient du latin varius, qui signifie moucheté, bigarré.
Véridique et navrant : le virus du Covid-19 varie. Non qu’il ne devienne variole
ou varicelle, mais il varie quand même, et avec lui son prix : nombre de malades,
gravité de leur état, etc. On aimerait attraper le virus - si l’on peut dire - et apposer
dessus un solennel « Ne varietur » : « afin qu’il ne change pas ».
Mais le virus vire, virevolte et finalement varie, rivalisant de virtuosité.
Il est insaisissable… Qui de nous ou du virus rivera le clou de l’autre ?
Et au rythme de ses mutations, le moral des Français varie aussi. Hausse
des contaminations, couvre-feu avancé, on préférerait que ce soit les plaisirs
et les jours qui varient. Et s’il faut absolument continuer des variations sur un même
thème, pourra-t-on un jour entonner des airs plus légers ?
Et pourquoi pas, de la variété ? ■

3. Déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables
ou précaires ou pour la garde d’enfants. FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ
4. Déplacements des personnes en situation de handicap et de leur accompagnant. L’ex-ministre Matthias Fekl
5. Déplacements pour répondre à une convocation judiciaire ou administrative.
lance son cabinet d’avocats
Sa nouvelle vie d’avocat avait déjà commencé en mars 2018,
SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO

6. Déplacements pour participer à des missions d’intérêt général sur demande quand Matthias Fekl (photo) avait rejoint le cabinet KGA.
de l’autorité administrative. Elle prend aujourd’hui un nouveau tournant : ce mardi,
l’ancien secrétaire d’État PS en charge du Commerce
extérieur, de 2014 à 2017, et éphémère ministre de l’Intérieur
7. Déplacements liés à des transits ferroviaires ou aériens pour des déplacements
de François Hollande lance son propre cabinet. Lui-même
de longues distances. expert en droit public, il s’associe avec Mathias Audit,
professeur à la Sorbonne, et Pierre Duprey, spécialiste
8. Déplacements brefs, dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile en arbitrage. Avec son équipe, Matthias Fekl partage
pour les besoins des animaux de compagnie. la conviction que « dans une économie mondiale marquée
par des tensions protéiformes et croissantes, l’anticipation,
l’approche stratégique, et le recours efficace aux règles de droit est plus indispensable
Fait à : que jamais ».
Pour lutter contre
l’épidémie, téléchargez
Le : ,à:
Séparatisme : le parti Agir reçoit Gilles Clavreul
(Date et heure de début de sortie à mentionner obligatoirement)
ERIC SPIRIDIGLIOZZI/SAIF IMAGES

Baptisé « Des idées pour agir », le cycle de conférences

du parti de centre droit, allié à la majorité présidentielle,
fait sa rentrée mercredi soir, avec Gilles Clavreul (photo),
Signature : ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme
et l’antisémitisme, comme premier invité de l’année.
Dans le cadre de l’examen parlementaire du projet de loi
contre le séparatisme – renommé projet de loi « confortant
les principes de la République » –, les membres de cette
formation politique, présidée par le ministre Franck Riester,
A

débattront avec le délégué général du think-tank L’Aurore.