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Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociale de Tunis

1ière année Mastère Professionnel en Droit Fiscal et Droit du


Contentieux

Cours : Fiscalité de Revenu


Titulaire du cours : Wafa CHAOUCH

Le régime fiscal des


associations

Elaboré par :
Ben Smida BEN SMIDA
Yassin BEN TAHBET
Asma JEMAA

Année universitaire 2020/2021


Liste des abréviations

Art. : Article
CIRPPIS : Code de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques et de l’Impôt
sur les Sociétés
DGELF : Direction Générale des Etudes et de la Législation Fiscale
J.O.R.T. : Journal Officiel de la République Tunisienne
OSBL : organisme sans but lucratif
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

2
Plan

I. Le caractère non-lucratif définit l’imposition des associations à l’IS


2. Le principe de non soumission à l’IS
1. La soumission à l’IS des associations exerçant leurs activités en
violation de la législation en vigueur

II. Régime fiscal des associations en matière d’impôt indirect


1. La TVA applicable aux associations
2. Impôts et taxes consacrés dans des dispositions diverse

3
Introduction :

Après la révolution du 14 janvier 2011, appelé révolution du « jasmin » ou plus


communément la révolution de « la Liberté et la dignité » faisant rupture avec l’ancienne
dictature, les Tunisiens voulaient plus que tout exprimer leur liberté, une liberté
d’expression mais aussi une liberté d’agir pour une quête honorable et humaine. Dans la
société Civile cette liberté s’est vue exprimée à travers la naissance d’une multitude
d’association civile dont les buts étaient multiples, opérant dans différents domaines
(sociale, sportif, humanitaire, culturelle, protection des minorités, la femme, etc.).

Cette profusion d’association est aussi le résultat de l’abrogation de la loi n° 59-154 du 7


novembre 1959, relative aux associations1 et l’instauration d’un nouveau cadre légal pour les
associations à savoir le décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011. Il s’agit d’un cadre légal
libéral et souple basé sur l’aspect déclaratif, n’imposant pas l’obtention d’une autorisation
du ministère de l’intérieur ou à une enquête au préalable, tel que c’était le cas avant 2011.
Ce cadre légal consacre « un régime largement conforme aux normes internationales
concernant la liberté d’association2 »

Par ailleurs, c’est sur proposition de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la
révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique qu’a été promulgué le
décret-loi n°2011-88 , ce décret-loi a « constitué une avancée notable à la faveur, d’une part
de la mise en place d’une « société civile structurée », et d’autre part, la « libéralisation
juridique des associations et la mise en place d’un ensemble de garanties lui permettant
d’exercer leurs activités dans les meilleures conditions. »3

Ainsi le tissu associatif Tunisien a connu une expansion remarquable après la révolution de
2011. Selon le centre d’information, de formation, d’études et de documentation sur les
associations en Tunisie (IFEDA), la Tunisie compte à la date du 17 novembre 2020, Vingt

Art 46 du décret-loi 2011-88 portant organisation des associations « Sont abrogées, la loi95-154 du 7
1

novembre 1959 relative aux associations et la loi organique n°93-80 du 26 juillet 1993 relative à l’installation
des organisations non gouvernementales en Tunisie » JORT n°74 du 30 septembre 2011
Rapport spécial de l’ONU sur le droit de réunion pacifique et d’association 2018, LAGHMANI(S.), écrits
2

politiques & constitutionnels depuis la révolution, Nirvana, 2020


Association Tunisienne de Gouvernance – ATG –, Rapport Annuel 2011.
3

4
Trois Mille Six Cent Quatre Vingt Dix (23 690) associations réparties entre les différentes
régions du pays.4

Bien que ce nouveau cadre a permis de faciliter l’accès à la création des associations, il a,
néanmoins, posé un cadre bien défini quant aux obligations d’ordre juridiques, comptables,
financières et organisationnelles. Mais qu’en est-il du cadre Fiscal ? quelle est le régime fiscal
applicables aux associations ?

C’est ce que nous allons essayer de rechercher à travers cet exposé, mais nous devons tout
d’abord comprendre la qualité juridique de l’association, ses obligations pour ensuite aller
chercher quelles sont ses obligations fiscales qui s’y imposent et voir enfin, s’il y aurait des
insuffisances à soulever.

1. Définition et caractéristiques

L’ancienne loi 59-154 du 7 novembre 1959 définit l’association comme suit « l’association
est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon
permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicables
aux contrats et obligations. ».

Cette ancienne définition s’est nettement inspirée de la définition de la loi française du 1er
juillet 1901 ayant pour objet de réglementer le fonctionnement des associations françaises,
selon laquelle une association est « la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un
but autre que de partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes
généraux du droit applicables aux contrats et obligation s »5.

De même, le deuxième article du Décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011, portant


organisation des associations, stipule que « L'association est une convention par laquelle

Centre d’information, de formation, d’études et de documentation sur les associations en Tunisie « IFEDA » -
4

Tableau Général des Associations au 17 Novembre 2020.


Article premier de la loi du 1er Juillet 1901 relative au contrat d'association - France.
5

5
deux ou plusieurs personnes œuvrent d'une façon permanente, à réaliser des objectifs autres
que la réalisation de bénéfices »6.
Le décret-loi prévoit aussi que toute personne physique ayant accompli 16 ans a le droit de
constituer une association7.

Nous remarquons donc que ces trois définitions se sont mises d’accord sur un certain
nombre de principes définissant l’association, à savoir :
- Le groupement de personnes « deux ou plus » ;
- Que cette association naît d’une volonté commune, réunie autour d’un projet
commun ;
- Que l’association entre les personnes doit être matérialisée par une convention
écrite. D’ailleurs dans l’article 3 dudit décret on parle de « statuts » de l’association ;
- L’association est un groupement permanant, c’est-à-dire que même si les membres
changent, l’association poursuit son fonctionnement8
- Que les personnes créatrices de l’association mettent en commun leurs
connaissances ou activités. ;
- Que l’association est à vocation non lucrative, que les personnes n’ont pas l’objectif
de réaliser des bénéfices.

Aussi, un autre caractère peut s’ajouter à ce qui a précédé, c’est celui de l’acquisition de la
personnalité morale. En effet, l’article 12 du décret 2011-88, stipule que « L’association est
réputée légalement constituée à compter du jour de l'envoi de la lettre mentionnée à
l'article dix (10) et acquiert la personnalité morale à partir de la date de publication de
l'annonce au Journal Officiel de la République Tunisienne. ».

Depuis la révolution plusieurs personnes ont voulu contribuer activement à la reconstruction


de la Tunisie, et se sont acharnées hardiment à développer et élever en chacun de nous les
valeurs humaines et de contribuer à la cohésion sociale, c’est pourquoi, il est aussi
important, de souligner que l’essence même de l’association est le respect total de l’Etat de

Article deuxième du Décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011, portant organisation des associations.
6

Art. 8 deuxièmement du décret-loi 2011-88 portant organisation des associations, JORT n°74 du 30 septembre
7

2011
Guide des associations – Tunasso – Version 1.0 – Avril 2011
8

6
droit, de la Démocratie, de la pluralité, de la transparence, de l’égalité et des droits de
l’homme.

C’est pourquoi l’association se trouve au cœur de la vie sociale de chaque individu, elle
touche à tous les domaines de la vie d’une personne, tel que le sport, la santé, la
citoyenneté, les animaux, l’environnement, la politique, etc.

2. association et Organisations sans but lucratif :

après une longue attente, vient d’être promulgué l’arrêté du ministre des finances du 13
février 2018, portant approbation de la norme comptable relative aux associations, aux
partis politiques et aux autres organismes sans buts lucratifs9 aussi nommée NC 45.

On trouve dans cet arrêté ministériel la définition suivante des OSBL :

« Les OSBL sont des organismes constitués notamment à des fins politiques, sociales,
éducatives, religieuses, humanitaires ou autres qui n’émettent généralement pas de titres
de propriété transférables et dont l’objet n’est pas de procurer un avantage économique
direct à leurs membres ou donateurs.

Les OSBL présentent généralement les spécificités suivantes :

- Ils recueillent des fonds de bailleurs qui n’attendent pas à retirer des dividendes ou des
avantages en proportion de leur argent fourni.

- Ils réalisent des activités autres que la vente de biens ou la prestation de services en vue
d’un bénéfice.

- Ils ne possèdent pas de titres de propriété définis pouvant être vendus, transférés ou
rachetés ou pouvant donner droit à une distribution résiduelle dans le cas d’une liquidation
de l’organisme sans but lucratif.

Contrairement à la définition du décret-loi 2011-88, cette approche met en relief la finalité


et l’objectif de ces entités. D’autant plus que la définition des OSBL est plus large que la
définition de l’association. En effet, elle couvre aussi toutes les organisations qui ont un but
non lucratif tel que les partis politiques.

JORT n°14 du 16 février 2018


9

7
De ce fait, il en résulte que toute association est une organisation sans but lucratif, mais les
OSBL peuvent prendre d’autres formes juridiques autres que les associations.

En revanche, le régime fiscal désigne le type d’imposition et le régime d’imposition auxquels


une entreprise ou une personne est soumise.

Le régime fiscal est l’ensemble des règles et des institutions qui régissent le statut fiscal
d’une personne physique ou morale. Il s’agit, par conséquent, de l’ensemble des droits et
des obligations découlant du développement de certaines activités économiques10.

De ce fait, le régime fiscal des associations trouve son fondement dans plusieurs principes

D’abord, l’association est un contribuable au même titre que toute autre personne morale.
Toutefois, elle peut échapper au paiement de certains impôts, sous réserve alors, au nom du
principe d’égalité de tous devant l’impôt, de remplir un certain nombre de conditions.

Ensuite, le régime fiscal ne pourra pas tolérer l’exploitation de l’association pour des fins
d’évasion fiscale ou de concurrence déloyale

Enfin, le régime fiscal opte pour un système déclaratif. Donc l’administration fiscale est
compétence pour effectuer le contrôle nécessaire pour éviter la fraude fiscale.

Ainsi se pose la problématique suivante :

Quel est le régime fiscal applicable aux associations en droit tunisien ?

Pour répondre à cette question, il convient d’étudier en un premier lieu le caractère non-
lucratif qui définit l’imposition des associations à l’IS (I.) et en second lieu, le régime fiscal
des associations en matière d’impôt indirect (II.)

Définition de régime fiscal - Concept et Sens, http://lesdefinitions.fr/regime-fiscal#ixzz6gE7xbQwI


10

8
I. Le caractère non-lucratif définit l’imposition des associations à l’IS :

La lecture de plusieurs dispositions relative au régime de l’imposition des associations à


l’IS a conduit la doctrine administrative à considérer que les associations sont soumises à
deux régimes d’imposition différents. Un régime où les associations ne sont pas soumises à
l’IS (1), et un autre régime où celle-ci sont soumises à l’IS si elles ne respectent pas la
législation en vigueur (2).

1. Le principe de non-soumission des associations à l’IS :

Les associations qui respectent la législation les régissant sans en dehors du champ
d’application de l’impôt sur les sociétés.

En effet, l’art. 45 du CIRPPIS tels que modifié par la loi des finances de 2015 prévoit que :

« Sous réserve des dispositions de l'article 4 du présent code, l'impôt sur les sociétés
s'applique aux sociétés et autres personnes morales ci-après désignées, quel que soit leur
objet, exerçant leur activité en Tunisie :

[…]

6- les associations qui n’exercent pas leur activité conformément aux dispositions de la
législation les régissant »

Il en découle que les associations ne sont pas tenues de payer l’IS et aussi elles ne sont pas
obligées de faire la déclaration annuelle.

Ainsi, les associations qui exercent leur activité conformément à la législation les régissant et
qui ne payent pas des montants qui font partie du champ d’application de la retenue à la
source tel que fixé par les articles 52 et 53 du CIRPPIS ou celles qui ne réalisent pas
d’opérations entrant dans le champ d’application de la taxe sur la valeur ajoutée demeurent

9
non tenues de déposer les déclarations mensuelles des impôts et de la déclaration
d’employeur11.

Ainsi, les associations sont excluent du champ d’application de l’IS en remplissant certaines
conditions.

Cette lecture est affirmée par la doctrine administrative. Plusieurs note communes et prise
de positions ont affirmé que les associations sont en dehors du champ de l’IS tant qu’ils
exercent leur activité conformément à la législation y relative.

Mais, il faut remarquer que la condition énoncée dans l’art. 45 CIRPPIS a un sens très large.

En fait, la notion « législation les régissant » vise principalement le décret-loi 2011-88


portant organisation des associations. Mais d’autres textes éparpillés peuvent être qualifiées
en tant que législation régissant les associations et par obligation, les associations doivent
prendre en considération pour que l’exercice de leur activité soit conforme à la législation.

Citons, à titre d’exemple, l’obligation de déclaration d’existence

L’obligation d’octroi d’une immatriculation fiscale a pris du temps pour arriver à la


consécration expresse.

En effet, même si décret-loi 2011-88 a obligé les associations crées avant12 et après 2011 de
tenir une comptabilité conforme au système comptable des entreprise13 et rompre avec la
comptabilité de caisse, de tenir des registres et d’instaurer des mécanismes de contrôle
interne, aucune disposition ne sert comme fondement à exiger la déclaration d’existence
chez l’administration fiscale.

La doctrine administrative, en un premier temps a considéré que cette obligation est


évidente14 pour pouvoir s’identifier auprès de l’administration fiscale pour pouvoir accomplir
leurs obligations fiscales.

Note commune 10/2019 du 15 février 2019, DGELF


11

Art. 48 paragraphe 2 « … Cependant, elles (les associations crée avant le décret-loi 88-2011) doivent se
12

conformer aux dispositions du présent décret-loi, à l'exception des dispositions relatives à la constitution, dans
le délai d'une année à compter de la date d'entrée en vigueur du présent décret-loi. »
Art. 39 du décret-loi 2011-88
13

Prise de position DGELF n° 1114 du 8 mai 2013


14

10
En suite, par l’adoption du décret n° 2013-5183 du 18 novembre 201315, fixant les critères,
les procédures et les conditions d'octroi du financement public pour les associations,
apparait une obligation qui servait comme fondement de l’obligation de la déclaration
d’existence.

En fait, pour pouvoir bénéficier de ce financement, l’association doit fournir « les documents
prouvant la régularité de la situation de l’association à l’égard de l’administration fiscale et
des caisses sociale16s »

Il en résulte que l’association doit avoir une situation régularisé et par conséquent elle doit
s’identifier auprès du bureau de contrôle et de la CNSS en qualité sa d’employeur.

Il a fallu attendre jusqu’à 2019 pour que l’obligation de déclaration d’existence soit
expressément prévue parla loi.

En effet, L’article 44 de la loi n°2018-56 du 27 décembre 2018 portant loi de finances pour
l’année 2019 a étendu l’obligation du dépôt de la déclaration d’existence à toutes les
associations nonobstant leur régime fiscal par l’ajout d’un paragraphe à l’art. 56 du CIRPPIS.

Aussi, et à titre d’exemple, La loi n° 2018-52 du 29 octobre 2018, relative au Registre


national des entreprises a prévu que les associations soient obligatoirement inscrites au
Registre national des entreprises.

Le Registre national des entreprises est une entreprise publique qui « vise à renforcer la
transparence des transactions économiques et financières en collectant des informations, des
données et des documents relatifs aux personnes physiques et morales et aux constructions
juridiques actives dans le domaine économique ainsi qu'aux associations afin de les conserver
et les mettre à la disposition du public et des structures de l'Etat concernées par ces
informations.17 »

De ce fait, il s’avère opportun de donner une définition claire du terme « législation les
régissant » de l’art. 46 du CIRPPIS.

JORT n°102 du 24 décembre 2013


15

Art. 7 du décret ° 2013-5183 du 18 novembre 2013 , fixant les critères, les procédures et les conditions
16 16

d'octroi du financement public pour les associations, JORT n°102 du 24 décembre 2013
Art.1 de la loi n° 2018-52 du 29 octobre 2018, relative au Registre national des entreprises, JORT n°89 du 6
17

novembre 2018

11
De son point de vue, la doctrine administrative a cerné des règles en violation desquelles les
associations seront soumises à l’IS.

2. Soumission des associations exerçant des activités en violation de la législation en


vigueur :

L’art.46 CIRPPIS applique l’IS aux les associations qui n’exercent pas leur activité
conformément aux dispositions de la législation les régissant.

La doctrine administrative a tenté de clarifier cette condition.

La DGELF a précisé que les associations exerçant dans le cadre du décret-loi n° 2011-88 du
24 Septembre 2011 portant organisation des associations se trouvent en dehors du champ
d’application de l’IS, doivent respecter les conditions requises dont notamment18 :

- Elles doivent œuvrer d’une façon permanente à réaliser des objectifs autres que la
réalisation de bénéfices ;

- Il leur est interdit d’exercer des activités commerciales en vue de distribuer des fonds au
profit de leurs membres dans leur intérêt personnel ou d’être utilisées dans un but d’évasion
fiscale ;

- Elles doivent consacrer leurs ressources aux activités nécessaires à la réalisation de leurs
objectifs.

Dans le même sens, elle considère que « les associations qui n’exercent pas leur activité
conformément à la législation les régissant, notamment celles qui exercent des activités
commerciales en vue de distribuer des fonds au profit de leurs membres dans leur intérêt
personnel ou celles qui utilisent l’association dans le but d’évasion fiscale, se trouvent dans le
champ d’application de l’impôt sur les sociétés et les bénéfices qu’elles réalisent, dans ce
cadre, sont soumis à l’impôt sur les sociétés.19 »

Prise de position n° 133 du 15 Janvier 2013,


18

Note commune n°10/2019 du 15 février 2019


19

12
Il en résulte que la doctrine administrative à tenté d’alléger l’interprétation large tout en
tenant compte de sanctionner les pratiques frauduleuse.

En revanche, le pouvoir discrétionnaire de l’administration fiscale (notamment les organes


chargés de contrôle) reste large en vertu de cette disposition et peut aller à prendre en
considération toutes les dispositions légales en rapport avec les associations.

Ainsi se pose la question suivante : l’administration fiscale comment elle va interpréter cette
disposition ? Est-ce qu’il suffira d’entendre par législation les dispositions de nature fiscales
seulement ? Ou d’aller plus loin et élargir le seuil vers d’autres dispositions ?

L’absence d’un régime fiscal spécifique aux associations et l’insertion des dispositions
fiscales dans différents textes juridiques ont conduit à la création d’un brouillard juridique en
matière fiscale.

En revanche, selon l’interprétation évoquée, il parait que doctrine a tenté d’instaurer un


critère de distinction entre les associations hors champ de l’IS et de celle qui se cache
derrière une association pour exercer des activités relevant du champ d’application de l’IS

Il est important de rappeler que le décret-loi 2011-88 interdit

De ce fait, il s’avère opportun d’étudier le caractère non- lucratif en droit comparé.

Le caractère non-lucratif de l’association est étroitement lié d’abord au caractère


désintéressé de sa gestion.

Le Code Général de l’Impôt fixe trois conditions auquel est subordonné le caractère
désintéressé de la gestion :

- « l’organisme doit être géré et administré à titre bénévole par des personnes n’ayant [...]
aucun intérêt direct ou indirect dans les résultats de l’exploitation » ;

- « l’organisme ne doit procéder à aucune distribution directe ou indirecte de bénéfices, sous


quelque forme que ce soit » ;

- « les membres de l’organisme et leurs ayants droit ne doivent pas pouvoir être déclarés
attributaires d’une part quelconque de l’actif, sous réserve du droit de reprise des apports ».

13
Il en découle que l’association ne doit concourir, ni directement ni indirectement, à
l’enrichissement de ses membres20.

La jurisprudence française estime que le caractère non désintéressé de la gestion est


toujours révélé par une appropriation privée des résultats de l’association21.

En addition, la réalisation d’excédents n’exclut pas que la gestion soit désintéressée, pourvu
que ceux-ci soient exclusivement affectés à la réalisation de l’objet social22.

Ce caractère désintéressé de la gestion des associations concerne les responsables élus dans
les organes de décisions de l’association et non pas les agents administratifs souvent salarié.

Mais ensuite, une association, même gérée de façon désintéressée, peut être considérée
comme un organisme à but lucratif.

En effet, en vertu de la loi du 1ier juillet 1901, un OSBL est soumis à l’impôt commercial si la
gestion est intéressée.

Si la gestion est désintéressée et qu’il n’entre pas en concurrence avec le secteur


commercial, l’OSBL n’est pas imposable

Si ma gestion est désintéressée et qu’il concurrence le secteur commercial, un OSBL est


imposable s’il exerce son activité selon les modalités de gestion similaire à celle des
entreprises commerciales.

On peut déduire de tout ce qui précède que la disposition précitée de l’art.46 du CIRPPIS est
une consécration timide, primitive du caractère non-lucratif consacrée en droit français et
développée par la jurisprudence.

Il en découle aussi, que l’évolution juridique des dispositions relatives aux associations
montre que le législateur commence à comprendre mieux les spécificités des entités à but
non lucratif.

Et même si le législateur à opté pour un régime qui exclue les associations exerçant leur
activités conformément à la législation les régissant du champ de l’IS et l’impose pour ceux

GOULARD (G.), Clarifier le régime fiscal des associations : rapport au Premier ministre,
20

Conseil de l’Etat n°65 du 26 avril 1965, GOULARD (G.), Clarifier le régime fiscal des associations : rapport au
21

Premier ministre,
Conseil de l’Etat n°62 du 14 octobre 1988, GOULARD (G.), Clarifier le régime fiscal des associations : rapport
22

au Premier ministre,

14
qui agissent en violation desdites lois, il consacre un régime commun d’impôts aux
associations quelque soit leur position par rapport à l’IS

15
II. Régime fiscal en matière d’impôt indirect :

Un impôt est réputé indirect lorsque la personne qui paye l’impôt n’est pas celle qui en
supporte réellement le coût.

De ce fait il convient d’étudier le régime applicable aux associations en matière de TVA


(Chapitre 1) avant de voir le reste des impôts et taxes imposées aux associations (Chapitre
2).

1. La TVA applicable aux associations

Les interventions législatives en matière de TVA, grevant l’activité des associations a été
fréquente depuis 2011 à ce jour, on compte pour l’année 2020 uniquement, plus d’une
quinzaine de prises de positions de la part de la DGELF.

En effet, le législateur n’a pas cessé d’aménager le régime fiscal des associations tout en
incitants les personnes à investir dans les associations, à travers des dons déductibles.

En effet, en 2011, la loi stipule que les associations sont soumises à la TVA au titre des
opérations qu’elles réalisent et qui font partie du champ d’application de ladite taxe,
d’autant plus que toutes les acquisitions de biens et de services faites par les associations
sont soumises à l’application de la TVA.

Néanmoins, certaines activités sont exonérées de la TVA suivant la liste relative au tableau
« A » annexé au code de la TVA à savoir :

- Les affaires effectuées par les œuvres reconnues d'intérêt humanitaire et social
agréées par décret,

16
- Les biens, marchandises, travaux et prestations livrés ou financés dans le cadre d’un
don dans le domaine de la coopération internationale aux associations.

Quant à la loi de finance 2012, celle-ci a apporté une légère modification permettant une
meilleure compréhension du caractère des associations concernées par l’exonération de la
TVA suivant la liste A annexé au code de la TVA. Cette modification vient en harmonisation
avec les dispositions de la loi n°2011-88 du 24 septembre 2011 relative aux associations.

La modification des numéros 6 et 16 du tableau« A » annexé au code de la TVA,


l’exonération de la TVA pour s’est faite comme suit :

- Les affaires effectuées par les associations à caractère philanthropique, de formation,


scientifique, de santés, sociales, culturelles ou écologiques et dont la liste est fixée par
décret.

- Remplacé l’expression « associations reconnues d’utilité publique » par l’expression « aux


associations à caractère philanthropique, de formation, scientifique, de santé, social,
culturel ou écologique et dont la liste est fixée par décret ».

Le plus grand apport a été fait dans le cadre de la loi de finance complémentaire pour
l’année 2012 et suite à la non fixation par décret de la liste des associations concernées par
cet avantage et ce du fait de la révolution de la liberté qui s’est exprimée par la création d’un
nombre incalculable d’association. Alors pour être en accord avec les principes de la notion
d’association à cette époque et conformément à la loi relative aux associations (n°2011-88)
le législateur a donné exonération aux associations de l’application de la TVA.

En effet, le point « 6 » et « 16 » du tableau « A » ont été reformulés comme suit :

- Point 6 : « Les affaires à caractère philanthropique effectuées par les associations »

- Point 16 : « et les associations créées conformément à la législation en vigueur. »

De ce fait, le champ de l’exonération de la TVA a été élargi pour couvrir les acquisitions
financées par un don dans le cadre de la coopération internationale par toutes les

17
associations créées conformément aux dispositions du décret-loi n° 2011-88 du 24
Septembre 2011 relatif à l’organisation des associations.

Concernant la loi de finance complémentaire de l’année 2014, celle-ci à instaurer la


suspension de la TVA sur les biens, marchandises, travaux et prestations financés ou livrés à
titre de don dans le cadre de la coopération internationale aux associations régies par le
décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011. Ainsi, la suspension est accordée pour les
achats locaux financés par un don dans le cadre de la coopération internationale au vu d’une
attestation délivrée à cet effet par le bureau de contrôle des impôts compétent.

En 2016, la note commune n° 14/2016 précise que les affaires à caractère philanthropique
effectuées par les associations sont exonérées de la TVA, bien qu’elles ne figurent pas dans
le tableau «A » nouveau des exonérations de TVA.

Et en fin, la loi des finances pour l’année 2020 a prévu que :

« Bénéficient de la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée les biens, marchandises,


travaux et prestations à l’exclusion des voitures de tourisme livrés ou financés à titre de don,
à l'Etat, aux collectivités locales, aux entreprises et établissements publics, aux instances
constitutionnelles et aux associations créées conformément à la législation en vigueur, dans
le cadre de la coopération internationale et ce, dans la limite du montant du don. L’avantage
susmentionné s’applique également au cas où les acquisitions nécessaires à l’exécution des
projets financés par un don dans le cadre de la coopération internationale sont réalisés par
les structures chargées, en vertu des conventions conclues à cet effet, de la gestion du don et
dans la limite du montant du don, à condition de mentionner sur les factures le bénéficiaire
final parmi les parties susvisées au paragraphe premier ci-dessus. La suspension de la taxe
sur la valeur ajoutée est accordée, pour les achats locaux figurant dans la convention du don
conclue à cet effet au vu d’une attestation délivrée préalablement à cet effet, par le bureau
de contrôle des impôts compétent au profit des parties bénéficiaires du don ou de la
structure chargée de la gestion du don sur la base des conventions conclues à cet effet, selon
le cas.23 »

Art. 28 de la loi n°2019-78 du 23 décembre 2019 portant loi de finances pour l'année 2020, JORT n°104 du 27
23

décembre 2019

18
Cette modification s’inscrit dans le cadre de la clarification des dispositions applicables aux
dons en matière de la TVA et des autres droits et leur harmonisation avec les conventions
internationales.

2. Impôts et taxes consacrés dans plusieurs dispositions diverses :

Il est important de rappeler que ce qui différencie l’association aux sociétés commerciales
est certainement sont but non lucratif.

En effet l’article 2 du code des sociétés commerciales définit les sociétés comme suit : « la
société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d'affecter en
commun leurs apports, en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui
pourrait résulter de l'activité de la société ».

On constate que contrairement à l’association, les sociétés ayant aussi la personnalité


morale, sont à but lucratif, leur objectif fondamental est la création de richesse à l’effet de
partager ses bénéficies.

Cependant, rien n’interdit aux associations de réaliser des bénéficies, fruits des différentes
activités organisées, leur permettant de développer en plus leur activité, mais la loi leur
interdit de partager ces bénéficies entre les membres de l’association.

Il se peut même que les associations réalisent des bénéfices exceptionnels tels que des
bénéfices provenant de manifestation culturelle ou sociale, de publicité, de sponsoring,
loyers d’immeubles, la plus-value sur cession d’immeuble…même ceux-là ne sont pas soumis
à l’impôt direct.24

DGELF - prise de position n° 84 du 20 Janvier 2012 relative au régime applicable aux revenus et bénéfices
24

réalisés par les associations.

19
En regardant de plus près certains textes et articles collectés sur les différents codes et
publications en matière fiscale, on retrouve un certain nombre d’obligations fiscales
auxquelles sont assujetties les associations.

Taxe sur les immeubles bâtis :

Les associations sont soumises annuellement au paiement de la taxe sur les immeubles
bâtis à l’exception des « immeubles appartenant ou occupés sans contrepartie par les
associations de bienfaisance ou de secourisme ou des associations reconnues d'utilité
publique, à condition qu'ils soient réservés à l'exercice de leurs activités » selon l’art. 3 du
code de la fiscalité locale.

Taxe sur les spectacles :

Selon les articles 46 à 51 du code de la fiscalité locale, ne sont pas soumises à la taxe sur les
spectacles :

- les spectacles exceptionnels organisés au profit des organisations de bienfaisance


bénéficiant d’une subvention de l’état
- les spectacles de théâtre ou de musique organisés par les associations artisitiques
agréées, ne comportant pas de présence d’artistes professionnels, ayant pour but le
développement de l’art
- les foires et les manifestations non payantes
- les spectacles dont le prix d’entrée n’excède pas 5 dinars25

Droit d’enregistrement et des timbres

Les documents constituant le dossier juridique de constitution d'une association (déclaration


et deux copies des statuts) ne sont pas soumis obligatoirement à la formalité de

Taux fixé par le décret n°97-530 du 22 mars 1997 relatif à la fixation du prix maximum pour l’exonération de
25

la taxe sur les spectacles

20
l'enregistrement, mais si les fondateurs choisissent de les présenter volontairement à
l’enregistrement, l’administration appliquera un droit fixe de 25 dinars par page pour chaque
copie enregistrée.

Concernant les actes et transactions que pourraient faire une association celles-ci sont régie
par le code des droits d’enregistrement et de timbre.

Quant aux droits de timbre ne sont pas exigibles sur les actes et écrits relatifs à la vie des
associations tels que les statuts, la liste des fondateurs et les procès-verbaux et autres écrits
et pièces qui ne portent pas sur des opérations soumises aux droits d’enregistrement
proportionnels ou progressifs (mutations des immeubles, partages…).26

Droit de consommation

Sont exonérés du droit de consommation les véhicules automobiles relevant du numéro Ex


87-03 du tarif des droits de douane, de 8 ou 9 places affectés exclusivement au transport des
handicapés et acquis par les associations qui s'occupent des handicapés et les
entreprises et personnes autorisées par les services compétents du ministère des affaires
sociales27

La retenue à la source

Les associations sont soumises à l’obligation d’opérer les retenues à la source sur les
paiements effectués pour leur propre compte ou pour le compte d’autrui et de déposer la
déclaration mensuelle et la déclaration de l’employeur à la recette des finances de son siège
social.

Ainsi les associations sont tenue de s’acquitter de leurs obligations fiscales et sociales
incombant aux employeurs, tel que les cotisations sociales ou les retenues sur salaires,
honoraires et prestations.

DGELF - prise de position n° 84 du 20 Janvier 2012 relative au régime applicable aux revenus et bénéfices
26

réalisés par les associations.


DGELF – note commune 07/2019 - Commentaire des dispositions des articles 62, 69 et 80 de la loi n°
27

2018-56 du 27 décembre 2018 portant loi de finances pour l'année 2019 relatives à la révision du droit
de consommation.

21
Mais il est important de préciser que les associations échappent à deux types d’obligations
fiscales, incombant aux employeurs, à savoir la TFP et la contribution sociale solidaire28.

Par conséquent on comprend que L’association est tenue de déposer mensuellement une
déclaration des impôts dus (notamment des retenues à la source opérées et du FOPROLOS).

Cependant il est à souligner que les associations qui exercent leur activité conformément à
la législation les régissant et qui ne payent pas des montants qui font partie du champ
d’application de la retenue à la source tel que fixé par les articles 52 et 53 du code de l’impôt
sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés ou celles qui ne réalisent
pas d’opérations entrant dans le champ d’application de la taxe sur la valeur ajoutée
demeurent non tenues de déposer les déclarations mensuelles des impôts et de la
déclaration d’employeur.

DGELF – note commune n°28/2019 - Commentaire des dispositions de l'article 39 de la loi n° 2019-78 du 23
28

décembre 2019, portant loi de finances pour l'année 2020, relatives à la révision de la contribution sociale de
solidarité.

22
Bibliographie

I. Ouvrages

Association Tunisienne de Gouvernance – ATG –, Rapport Annuel, 2011


GOULARD (G.), Clarifier le régime fiscal des associations : rapport au Premier ministre, La
documentation Française, Paris 1998
Tunasso, Guide des associations, Version 1.0 – Avril 2011
LAGHMANI(S.), Ecrits politiques & constitutionnels depuis la révolutions, Nirvana, 2020

II. Articles :

Définition de régime fiscal - Concept et Sens, http://lesdefinitions.fr/regime-


fiscal#ixzz6gE7xbQwI

III. Notes communes et rapports :

NOTE COMMUNE N° 8/2012 - Commentaire des dispositions des articles 55 et 56 de la loi de


finances complémentaire pour l’année 2012 relatives au régime fiscal des associations en
matière de TVA

Note commune 10/2019 du 15 février 2019, DGELF


Note commune 07/2019 - Commentaire des dispositions des articles 62, 69 et 80 de la loi n° 2018-56 du
27 décembre 2018 portant loi de finances pour l'année 2019 relatives à la révision du droit de
consommation.

Note commune n°28/2019 - Commentaire des dispositions de l'article 39 de la loi n° 2019-78 du 23 décembre
2019, portant loi de finances pour l'année 2020, relatives à la révision de la contribution sociale de solidarité.

23
Table des matières
Liste des abréviations ................................................................................................................... 2
Plan ............................................................................................................................................. 3
Introduction : ............................................................................................................................... 4
1. Définition et caractéristiques ...................................................................................................... 5
2. association et Organisations sans but lucratif : .......................................................................... 7
I. Le caractère non-lucratif définit l’imposition des associations à l’IS : ...................................... 9
1. Le principe de non-soumission des associations à l’IS : ............................................................... 9
2. Soumission des associations exerçant des activités en violation de la législation en vigueur : 12
II. Régime fiscal en matière d’impôt indirect : .......................................................................... 16
1. La TVA applicable aux associations ........................................................................................... 16
2. Impôts et taxes consacrés dans plusieurs dispositions diverses : .............................................. 19
Bibliographie .............................................................................................................................. 23
Table des matières ..................................................................................................................... 24

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