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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

LEÇON 6 : EQUILIBRE MACRO–ECONOMIQUE,


CONJONCTURE ET POLITIQUE ECONOMIQUE

MACRO-OBJECTIFS (dossier pédagogique de l’UE)

1. présenter et analyser de manière critique les principaux mécanismes économiques : l'offre et la


demande agrégées sur les marchés.
2. mettre en évidence le rôle de la croissance économique dans nos sociétés contemporaines : variation du
revenu national et du volume de l'emploi.
3. analyser et critiquer les problèmes liés à la croissance économique : évolution des cycles économiques.
4. mettre en évidence et évaluer les politiques économiques mises en œuvre par les pouvoirs publics ;
5. analyser et confronter les fondements des principaux mouvements théoriques (classique, keynésien,
monétariste, ...) en saisissant leurs relations avec les phénomènes politiques et sociaux.

OBJECTIFS :

Au cours de cette leçon, l’étudiant va :

 1. analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-économique :


 la théorie keynésienne ;
 le modèle de demande et d’offre globales et le concept de PIB potentiel ;
 2. appréhender la notion de taux naturel de chômage (NAIRU) ;
 3. analyser comment les variations de la demande ou de l’offre globale peuvent provoquer des
récessions, et confronter les remèdes « Classiques » et « Keynésiens » ;
 4. réfléchir à la problématique de la croissance économique ;
 5. analyser succinctement la relation entre la croissance et le chômage à travers la loi d’OKUN, et ses
conséquences ;
 6. appréhender la notion de cycle conjoncturel et les théories y associées ;
 7. s’approprier les concepts fondamentaux de la politique économique

PLAN :

INTRODUCTION
SECTION 1 : L’EQUILIBRE KEYNESIEN : SOUS-EMPLOI & MULTIPLICATEUR.
SECTION 2 : LE MODELE DEMANDE & OFFRE GLOBALES.
SECTION 3 : REFLEXIONS SUR LA CROISSANCE
SECTION 4 : CYCLES ECONOMIQUES & CONJONCTURE
SECTION 5 : POLITIQUES ECONOMIQUES

Pour en savoir plus : fiche de lecture

1/7 : Théories économiques & idéologies politiques.


RESUME & QUESTIONS DE REVISION.

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

INTRODUCTION

Maintenant, vous êtes en principe à même de vous intéresser en connaissance de cause aux
problèmes concrets qui interpellent tout citoyen, et préoccupent les décideurs : l’évolution
et les déséquilibres du système économique. Tel est l’objet de cette leçon et de la leçon
8 (inflation & chômage). Dans ce cadre, il est logique que nous abordions les questions de
politique économique en établissant le lien avec les théories exposées.

Nous aborderons la question fondamentale (sections 1 à 2) de l’équilibre du revenu


national, qui implique que l’offre agrégée ou globale OG (Y) = la demande agrégée ou
globale (DG), c’est-à-dire :

1
Y = C + I + G + (X – M)

Les deux grands courants de la pensée économique, Classiques et Keynésiens, s’opposent


sur la manière dont cet équilibre se réalise (on parle d’ajustement) ; en résumé :

Réalisation de l’équilibre Mécanisme d’ajustement


CLASSIQUES DG s’adapte à OG Variation des prix
KEYNESIENS OG s’adapte à DG Variation de l’output

Ensuite, nous poursuivrons par une réflexion générale sur la croissance (section 3), et nous
nous intéresserons à la notion de conjoncture. Enfin nous décrirons les principales politiques
économiques que les gouvernants peuvent mettre en œuvre pour essayer d’atteindre cet
équilibre et contrer les récessions conjoncturelles. Dans ce cadre, nous verrons que si
Classiques et Keynésiens sont en général d’accord sur les outils, ils ne le sont pas toujours
quant à leur utilisation et leur efficacité.

Dans la leçon 7, nous analyserons à l’aide de nos théories les principaux déséquilibres du
système, inflation et chômage, et nous verrons comment les gouvernants utilisent les outils
de politique économique pour les combattre.

John Maynard KEYNES.

1
Leçon 4 – équation de la dépense nationale.
2

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


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SECTION 1 : L’EQUILIBRE KEYNESIEN : SOUS-EMPLOI & MULTIPLICATEUR

Objectif 1/1 : analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-
économique : la théorie keynésienne.

QUELQUES CONCEPTS KEYNESIENS DE BASE

La pensée de KEYNES présente un caractère particulièrement hétérodoxe ; il se manifeste


déjà lorsqu’il s’oppose aux lourdes réparations imposées à l’Allemagne après la Grande
Guerre2, qui ne peuvent qu’appauvrir l’Europe tout entière et y développer les antagonismes ;
l’Histoire lui donnera raison. Il condamnera ensuite la politique déflationniste de la Grande
Bretagne3, menée par Winston CHURCHILL4, alors chancelier de l’Echiquier5.

Dans la théorie classique développée jusque-là, l’offre s’établit toujours au niveau du plein
emploi, et les marchés tendent vers l’équilibre grâce à la flexibilité des prix et des salaires.
 sur le marché du travail, toute baisse de la demande de la part des entreprises induit une baisse des salaires, et les
candidats souhaitant travaillé au salaire courant trouvent de l’emploi (développement de ce point à la leçon 7). Sur le
marché du capital, l’équilibre entre l’épargne et l’investissement est réalisé par le taux d’intérêt. Toute modification
de la demande macroéconomique n’a d’impact que sur le niveau général des prix ; par conséquent, toute politique
économique est inefficace.

Durant la crise des années 1930, dans un contexte de baisse de la production ET des
prix, la persistance d’un chômage élevé (des millions de ménages dans les pays industrialisés)
défiant les théories classiques a amené le Président Franklin D. ROOSEVELT6 à lancer dès 1932
sa politique de « New Deal », vaste programme de grands travaux publics destinés à résorber
le sous-emploi. Telle fut également la voie suivie par les gouvernements des deux pays
européens les plus durement touchés par le chômage, l’Italie dès les années 1920, puis
l’Allemagne. La nouvelle philosophie semblait donc être : quand le marché démontre
son inaptitude à ramener l’économie à son point d’équilibre, l’Etat se doit
d’intervenir. Keynes va la théoriser7 ; elle repose sur trois piliers :

 le concept de la demande globale, qui détermine la production :

2
J.M. KEYNES, les conséquences économiques de la paix, 1919 ; voyez ce problème à la leçon 8, l’hyperinflation.
3
J.M. KEYNES, la réforme monétaire, 1923 ; politique déflationniste signifie en résumé « austérité ».
4 er
Winston CHURCHILL (1874-1965), homme politique britannique, 1 Ministre durant la seconde guerre mondiale, notamment célèbre pour
ses paroles prononcées lors d’une conférence au Westminster College de Fulton (USA) en mars 1946 pour illustrer la mainmise communiste
sur une partie de l’Europe: « de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent », moins célèbre
pour le prix Nobel de littérature obtenu en 1953 pour ses Mémoires.
5
Dans le gouvernement britannique, le Chancelier de l’Echiquier est le ministre des finances ; la volonté de Churchill était de ramener la £ à sa
parité de 1913 ; cette surévaluation fut facteur de crise et de chômage.
6
Franklin Delano ROOSEVELT (1882-1945), Président des USA (1933-1945).
7
J.M. KEYNES, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936.
3

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


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 la demande macroéconomique peut être insuffisante pour assurer le plein-emploi  Keynes développe un
modèle d'équilibre de sous-emploi dans lequel un chômage persistant est possible pour un niveau donné de la
demande existante.
 la rigidité (ou la viscosité) des prix et les salaires dans un contexte de récession.
 à court terme, les salaires s’adaptent en général assez mal à la baisse ; en outre, si les prix baissent plus vite que
les salaires nominaux, les salaires réels (= salaires nominaux déflatés) augmentent et les entreprises embauchent
MOINS. Les prix sont parfois lents à s’adapter, la principale cause en étant l’imperfection des marchés (leçon 3).
 une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité8.

Keynes écrit dans la « théorie générale » : « Si la propension à consommer et le taux des


nouveaux investissements donnent une demande effective insuffisante, le niveau effectif de
l’emploi sera inférieur à l’offre de travail potentiellement disponible ».

Principale conséquence : L’OFFRE S’ADAPTE A LA DEMANDE, MAIS CELLE-CI PEUT ETRE


INSUFFISANTE POUR ASSURER LE PLEIN EMPLOI ; puisque le mécanisme des prix est inopérant, il
faut agir directement sur la demande [= C+I+G+(X-M)]

L’EQUILIBRE KEYNESIEN

Partons d’un modèle simplifié dit « d’économie fermée » (pas de X-M) et sans Etat (pas de G,
pas d’impôt) et utilisons des fonctions linéaires, pour simplifier 9. On a : Y (revenu) = Yd
(revenu disponible) = PIB

Pour déterminer l’équilibre macro-économique, traçons une fonction de consommation (en


bleu) et la bissectrice du système d’axes (en vert). En tout point de cette bissectrice (par
exemple A), la consommation est égale au revenu, et l’épargne est nulle. Nous avons ajouté
à la fonction de consommation l’investissement I, en supposant qu’il s’agit d’une variable
exogène (c’est-à-dire dont le niveau est déterminé à l’extérieur de notre modèle ; la fonction
(C+I) est donc parallèle à la fonction C

Y,C+I
S C+I
E
C

I A

45°
x
O Y’ Y* Y** YPE Y

8
Nous avons développé ce point à la leçon 5.
9
Revoyez à la leçon 4 la fonction de consommation keynésienne.
4

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 Le point de rencontre E entre la fonction (C+I) et la bissectrice est le niveau d’équilibre du PIB vers lequel tend la
production (OY*), puisque Y = C+I ; à ce point, les agents ne dépensent pas tout leur revenu (C se situe sous la
bissectrice) ; ils épargnent l’équivalent de I ; donc, à ce point, S = I : l’épargne désirée des ménages y est égale à
l’investissement désiré des entreprises.

Que se passe-t-il si le système s’éloigne de son point d’équilibre ? Supposons un PIB plus
élevé, soit OY** > OY*, là où la droite (C+I) se situe au-dessous de la bissectrice ; les
ménages épargnent plus que ce que les entreprises sont prêtes à investir , alors que dans
le même temps, elles voient s’accumuler les stocks, puisque les consommateurs
consomment MOINS que ce qui est produit ; elles vont diminuer leur production ce qui
va ramener progressivement le PIB vers le point Y*. Tout écart du système par rapport
au point Y* incitera les firmes à modifier leur niveau de production (ajustement par la
variation de l’output, ou adaptation de l’offre à la demande, voyez page 2).

Contrairement à l’hypothèse classique, rien ne permet selon Keynes de conclure que le


niveau de production d’équilibre corresponde au niveau de l’output de plein-emploi (que nous
avons fixé à YPE sur le graphique)10.

Y* SE SITUE A GAUCHE DE YPE  EQUILIBRE DE SOUS EMPLOI

LE MULTIPLICATEUR KEYNESIEN – ACTION SUR LA DEMANDE

Au vu du schéma ci-dessus, nous comprenons intuitivement que le niveau d’équilibre sera


modifié si une de ses composantes au moins, C, I (et si nous introduisons les dépenses
publiques G, qui sont aussi exogènes) varie.
 Développons :
 La fonction de consommation s’écrit C = a + c Yd, avec a = consommation autonome (ou exogène – c’est-à-dire la
part de la consommation qui n’est pas liée au revenu disponible Yd) et c = la propension marginale à
consommer11 ; en supposant toujours que Y = Yd (pas d’impôt), la fonction de consommation simplifiée s’écrit
12
donc : C = a + c.Y
 les dépenses de l’Etat G et les investissements I étant exogènes, l’équilibre s’écrit, en remplaçant C par sa
valeur : Y = a + c.Y + I + G ,
1
ce qui donne : Y – c.Y = a + I + G, et enfin : Y  .(a  I  G)
1 c

 En passant à la notion de variation, on peut écrire :

1
Y  .( a  I  G )
1 c

10
Nous développerons la notion de produit de plein emploi dans la section suivante.
11
Notion vue à la leçon 4.
12
Pour rappel, si la variable Y est modifiée, on se déplace le long de la droite C ; par contre, lorsqu’un paramètre (a, ou c, …) est modifié, la
droite C se déplace.
5

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La variation totale du PIB est égale à un multiple de la variation exogène (a, I, G) de la


demande finale. CE MECANISME S’APPELLE L’EFFET MULTIPLICATEUR, et agit comme suit :
1. une augmentation initiale de I provoque une augmentation d’un même montant de Y (via
Y = C+I+G) ;
2. l’augmentation de Y provoque une augmentation plus faible de la consommation (Y = a +
c.Y, la propension marginale c < 1) ;
3. l’augmentation de la consommation provoque une augmentation d’un même montant de Y
(via Y = C+I+G)
4. l’augmentation de Y provoque à nouveau une augmentation plus faible de la
consommation, etc …

LE MULTIPLICATEUR KEYNESIEN EST EGAL A 1/(1-c).

COMMENT PASSER DU SOUS EMPLOI AU PLEIN EMPLOI ?

Exemple : supposons une situation d’équilibre de sous-emploi où :

YPE = 450 Y* = 400 C = 10 + 0,8Y13 I = 50 G = 20

 nous avons : C = 10 + (0,8 * 400) = 330 ; C+I+G = 330 + 50 + 20 = 400 < YPE 450

Y, C+I+G (C+I+G)’ = 410


C+I+G = 400

C = 330

+10

x
O Y*= 400 YPE=450 Y

Comment atteindre le plein-emploi YPE = 450 ? Il faut modifier l’équilibre de sorte que Y
= C + I + G = 450 et pour cela accroître la demande par une augmentation exogène soit
de I, soit de G.

 Supposons que l’Etat réalise un nouvel investissement public (par exemple une route) d’un montant de 10 : ΔI
(ou ΔG) = 10. Le mécanisme du multiplicateur décrit ci-dessus en montre l’impact :
1. ΔI = 10  ΔY=10 car maintenant Y = 330 + 60 + 20 = 410
2. Cette augmentation de Y entraîne une augmentation de C : ΔY=10  ΔC = 8 (ΔC = c * ΔY = 0,8 * 10)
3. Cette augmentation de C se répercute sur Y = 338 + 60 + 20 = 418

13
La propension marginale à consommer est égale à 0,80 (80%) et ne peut être modifiée par une politique quelconque.
6

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Le mécanisme évolue vers un équilibre fini où ΔY = (1/1-c)(Δa+ΔI+ΔG). Dans notre exemple, Δa et ΔG étant nuls et
ΔI = 10, on a : ΔY = (1/[1-0.8)]*10  ΔY final = 50 et Y final = 400 + 50 = 450

Nous constatons que pour obtenir une variation finale de Y = 50, une augmentation de 10 de
l’investissement ou de la dépense publique a suffi ; VOILA L’EFFET MULTIPLICATEUR : une
augmentation exogène de I ou de G provoque une augmentation de Y qui engendre
des augmentations endogènes (= induites) successives de la consommation.

Notez que le modèle se complexifie si l’on tient compte de la fiscalité (Yd = Y-T), et plus
encore en économie ouverte ; il faut alors au minimum tenir compte de la propension à
importer m14.

14
Dans l’accroissement de la consommation, quelle est la part de produits importés (frein à la production intérieure) ?
7

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SECTION 2 : LE MODELE DEMANDE & OFFRE GLOBALES

Objectif 1/2 : analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-
économique : le modèle de demande et d’offre globales.

Nous allons maintenant présenter une théorie contemporaine qui permet d’expliquer les
variations économiques à court terme. Le modèle met l’accent sur deux variables : l’une
réelle, à savoir le PIB (réel), et l’autre monétaire, le niveau général des prix, mesuré par le
déflateur du PIB.

LA DEMANDE GLOBALE DG

La DEMANDE GLOBALE indique LA QUANTITÉ DE BIENS ET DE SERVICES DEMANDÉE DANS


L’ÉCONOMIE À CHAQUE NIVEAU DE PRIX.

Elle montre qu’une hausse (baisse) du niveau général des prix P induit une diminution
(augmentation) de la quantité demandée, et par conséquent une baisse (hausse) du produit
global. Graphiquement :

P
DG = C+I+G+(X-M)

P*
P1

Y* Y1 Y

INTERPRETATION DE LA COURBE DG

La courbe de demande globale DG = [C+I+G+(X-M)] relie le niveau général des prix


P et le produit global Y. P* représente le niveau général des prix en vigueur, et Y* le PIB
réel. Elle représente la dépense réelle à chaque niveau de prix, toutes choses égales par
ailleurs. Trois phénomènes expliquent sa forme décroissante, et donc le fait qu’une baisse
(ou hausse) du niveau général des prix P entraîne un glissement LE LONG de la courbe, par
exemple de (P* Y*) vers (P1 Y1) :

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 l’effet de richesse, dit effet « Pigou »15 :


 alors que la valeur nominale de l’argent détenu par un agent économique reste constante (1 € est 1 €), sa
valeur réelle (= pouvoir d’achat) varie en fonction du niveau général des prix P ; s’il baisse, les agents détenteurs
de monnaie voient leur pouvoir d’achat s’accroître, ce qui les encourage à consommer plus  Y réel augmente ;

 l’effet de taux d’intérêt (Keynes) :


 lorsque le niveau général des prix P baisse, les agents ont besoin de moins de liquidités pour acheter les biens
et services (moins d’encaisses de transactions – voyez le schéma du marché monétaire à la leçon 5) ;
l’abondance de liquidités qui en résulte fera baisser le taux d’intérêt, favorisant l’investissement, composante de
DG  Y réel augmente ;

 l’effet de taux de change (Mundell-Fleming16) :


 lorsque les taux d’intérêt baissent, certains investisseurs rechercheront un meilleur rendement à l’étranger ;
ils achèteront pour cela des devises, contre de la monnaie nationale, avec pour conséquence une baisse de son
cours (rappel : le marché des changes fonctionne selon le schéma classique offre-demande) ; si le cours de
notre monnaie baisse par rapport aux autres devises, nos produits deviennent relativement moins chers pour
l’étranger (X augmente), tandis que les produits étrangers deviennent relativement plus onéreux dans notre
pays (M diminue) ; (X+ - M-) engendre une augmentation de Y réel.

Ces raisonnements ne sont valables qu’à offre de monnaie (masse monétaire) constante,
puisqu’une modification de celle-ci engendre notamment une modification du taux d’intérêt
sur le marché monétaire (leçon 6).

DEPLACEMENT DE DG

Examinons les facteurs qui engendrent un déplacement de la courbe DG :

 les mesures de politiques économiques17 : les mesures de politique budgétaire et


fiscale, dès lors qu’elles visent à accroître les dépenses publiques G ou le revenu
disponible Yd (moins d’impôts, plus de transferts sociaux), et les mesures de politique
monétaire engendrant une réduction des taux d’intérêt, et donc à prix constant une
augmentation de C et de I ;
 les variables exogènes au modèle, telles que la variation de facteurs à l’étranger,
pouvant agir sur les exportations nettes, la modification du prix de matières premières
comme le pétrole, …
Si les économistes sont globalement d’accord sur les déterminants de DG, leurs opinions
divergent quant à l’importance relative qu’il faut leur accorder, et donc sur les mesures à
prendre pour la modifier.

15
A.C. PIGOU, qui est l’origine de la théorie des encaisses réelles ; voyez leçon 2.
16
Robert MUNDELL (1932), économiste canadien, spécialiste des questions d’économie internationale, prix Nobel 1999 ; Marcus FLEMING
(1911-1976), économiste britannique, Fonds Monétaire International.
17
Voyez la section 5 ci-après.
9

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

P
DG DG’
Effet d’une augmentation des dépenses
publiques, par exemple
P*

Y* Y1 Y

L’OFFRE GLOBALE OG

L’offre globale (OG) explique le comportement des entreprises ; elle représente le niveau
de l’output réel produit à chaque niveau de prix, toutes choses égales par ailleurs.
Il nous faut considérer l’offre globale à long terme et l’offre globale à court terme, ce qui
nécessite quelques développements.

Objectif 2 : appréhender la notion de taux naturel de chômage (NAIRU)

OG LONG TERME : CONCEPTS CLE : PRODUIT POTENTIEL & « NAIRU »

L’offre à long terme dépend du PRODUIT POTENTIEL (NOTION TRES IMPORTANTE).

LE PIB POTENTIEL EST DÉFINI COMME LA QUANTITÉ MAXIMUM DE BIENS ET SERVICES QUE PEUT
PRODUIRE UNE ÉCONOMIE DANS LA STABILITÉ DES PRIX, ET COMPTE TENU DES CONTRAINTES EN
18
TERME DE FACTEURS DE PRODUCTION ET DE TECHNOLOGIE . LA STABILITÉ DES PRIX ET DONC
CELLE DES SALAIRES IMPLIQUE L’EXISTENCE D’UN TAUX NATUREL (OU STRUCTUREL) DE CHOMAGE,
qui est le taux de chômage pour lequel les pressions à la hausse et à la baisse sur les salaires
s’équilibrent.  plein emploi « économique » ≠ chômage zéro !!!

Le « taux naturel de chômage » est également désigné par le vocable « taux structurel
de chômage »19, ou encore NAIRU (non accelerating inflation rate of
unemployement). Il est induit par le fonctionnement normal du marché du travail, et
dépend essentiellement des phénomènes réels qui sous-tendent l’offre et la demande sur le
marché du travail (facteurs démographiques, progrès techniques, organisation même du
marché, …, variables dans le temps). En conséquence, la valeur du NAIRU n’est pas figée
dans le temps et varie d’un pays à l’autre.
 tous les facteurs susceptibles de faire apparaître des pénuries sur le marché du travail influencent le NAIRU à la
hausse ; ainsi en va-t-il de la spécialisation des qualifications (des pénuries vont apparaître dans certains métiers
alors qu’il y a pléthore et chômage dans d’autres), et des contraintes légales (salaires ou grilles de salaires minimals).

18
C’est la notion quelque peu plus sophistiquée de FPP, frontière de possibilités de production que nous avons définie à la leçon 1.
19
A ne pas confondre avec la notion de chômage structurel, voyez la leçon 7.
10

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Prenons l’exemple d’une hausse du SMIC (salaire minimum garanti, imposé par l’Etat) ; elle va engendrer une
tension sur les salaires, puisque les travailleurs qui étaient rémunérés quelques pourcents au-dessus de l’ancien
SMIC vont aussi exiger une augmentation ; pour contrer ces tensions à la hausse, il faudrait que le chômage
augmente (car plus de chômage = tendance à la baisse des salaires), ce qui correspond à une hausse du NAIRU.

ATTENTION : ne pas confondre le NAIRU, qui est un taux théorique, et le taux de chômage
réellement observé dans l’économie, appelé taux conjoncturel.

 Les calculs récents montrent dans l’UE des pays à taux de NAIRU très élevés (> 10% : GRE, SVK), élevés (8 à 10% :
BEL, FRA, IRL, ITA, PRT, POL), moyens (5 à 7% : DEU, LUX, DNK, FIN), bas (< 5% : AUT, NLD, NOR) ; pour comparaison :
moyenne zone euro (10), USA (6,1), GBR (6,9), JPN (4,3), CHE (3,9). 2021

L’offre globale à long terme dépend de l’offre de facteurs (travail et capital) et de la


technologie, éléments ne dépendant pas du niveau général des prix. OGLT est donc
verticale, au point de produit potentiel (ou encore produit de « plein emploi » YPE). Toute
modification dans le système économique qui affecte ce PIB potentiel déplace OG LT.
 Par exemple, une évolution technologique importante, ou une forte croissance démographique, déplacera OG LT
vers la droite ; cela ne veut évidemment pas dire qu’il y aura plus d’emplois, mais juste que le potentiel sera plus
élevé !22 Dans l’exemple exposé ci-dessus (hausse du SMIC), la hausse du NAIRU se traduit par un déplacement de
OGLT vers la gauche, puisque conserver l’équilibre des salaires, il faudrait plus de chômage.

OFFRE GLOBALE DE COURT TERME

Pour interpréter le schéma OG/DG, RETENEZ CECI : sur l’axe des abscisses Y représentant
le PIB réel, plus on s’éloigne de l’origine, plus le PIB est élevé, et plus le taux d’emploi sera
important et donc le taux de chômage faible.
Analysons maintenant l’offre globale à court terme : un accroissement du niveau général des
prix pousse la production vers le haut, la courbe a une pente positive.

P
OGLT
(=PIBpot)

OGCT

YPE Y

20
OCDE : http://stats.oecd.org/Index.aspx?QueryId=48230&lang=fr
21
codes pays : http://www.actualitix.com/annexes/code-iso-2-et-iso-3-des-pays.php
22
Revoyez à ce sujet le raisonnement relatif à la FPP, leçon 1.
11

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

 YPE représente le point de « plein emploi » (compte tenu du NAIRU). Plusieurs phénomènes expliquent la forme
de la courbe OGCT, dont la viscosité des salaires et celle des prix, concepts keynésiens exposés ci-dessus ; nous
n’entrerons toutefois pas dans ces détails. Ces explications ne sont valables qu’à court terme, car elles sont en fin de
compte basées sur des « mésinterprétations » de la part des agents économiques, qui finissent par être corrigées à
long terme.

La courbe d’offre globale à court terme peut se déplacer, sous l’influence du coût des
facteurs, y compris les matières premières ; par exemple, une hausse des prix du pétrole
(entrant dans de très nombreux outputs) déplace OGCT vers la gauche. Mais ce sont surtout
les anticipations qui induisent les variations de OGCT.
 Si les agents s’attendent à une hausse des prix, ils demanderont une augmentation de salaire afin de maintenir et
même d’améliorer leur pouvoir d’achat, ce qui augmentera les coûts de production et diminuera OGCT (déplacement
vers la gauche).

L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE

L’équilibre de court terme est déterminé par l’intersection de DG et OG CT (graphique de


gauche, ici équilibre de sous-emploi « keynésien »).

P
DG DG

E
E OGLT
OGCT OGCT OGLT

Y* YPE Y Y*=YPE Y

L’équilibre de long terme est déterminé par l’intersection de DG et OG LT (graphique de


droite). Vous remarquerez que OGCT passe par ce même point, les salaires et les prix étant
parfaitement ajustés aux conditions d’équilibre.

Objectif 3 : analyser comment les variations de DG et/ou d’OG peuvent provoquer des
récessions, et confronter les remèdes « Classiques » et « Keynésiens ».

DESEQUILIBRES & AJUSTEMENTS

A court terme, l’équilibre OGCT-DG (PIB réel) peut se situer en deçà du PIB
potentiel, ce qui signifie que le taux de chômage conjoncturel (réel) est supérieur
au NAIRU. Question : existe-t-il une recette simple qui amène l’économie à un équilibre
satisfaisant en termes d’objectifs macroéconomiques ? En d’autres termes, existe-t-il un
moyen pour « réparer » les conséquences néfastes d’une récession, c’est-à-dire d’une
diminution de l’activité économique engendrant du chômage ?

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Nous en revenons à la controverse « Classiques versus Keynésiens » dont nous parlions


au début de cette leçon. Pour bien mettre en évidence cette controverse, imaginons deux cas
de récession, l’un par la demande, l’autre par l’offre :

 1er cas : suite à un événement « exogène », les agents économiques deviennent


pessimistes quant à l’avenir ; les consommateurs font ceinture, les entreprises diminuent
leurs investissements, ce qui a pour conséquence un déplacement vers le bas de la
demande globale (DG1  DG2). (flèche jaune : effet initial ; mauve : ajustements
« automatiques » des marchés ; rouge : politique économique)

P
DG1 OGLT
A
P1
DG2
P2 OGCT B

Y2 Y1=YPE Y

La situation est claire : l’économie, que nous avions supposée en équilibre de plein emploi (au
point A, Y1=YPE) se retrouve en équilibre de sous-emploi (au point B, Y2<Y1) :

 selon les classiques, la flexibilité des prix et des salaires permet leur baisse, et la courbe
d’offre globale à court terme va se déplacer vers la droite, en OG’ CT. A long terme,
l’équilibre économique s’établira au point C, donc avec plein-emploi Y1 (et un niveau
général des prix P plus bas P3<P2<P1 – cela s’appelle une déflation) :

P
DG1 OGLT

P1 A
DG2 OG’CT
P2 OGCT B C
P3

Y2 Y1=YPE Y

 selon les keynésiens, le manque de flexibilité des prix et des salaires empêche cet
ajustement ; l’économie peut donc vivre longtemps au point B, équilibre de sous-emploi.
La solution est, selon eux, une action sur la demande globale (retour au point A) ; il
faut la déplacer vers la droite, de manière à revenir à l’ancienne situation.
13

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

P
DG1 OGLT

A
DG2
OGCT B

Y2 Y1=YPE Y

C’est à l’Etat d’agir, par des politiques économiques adéquates. Puisque DG est
partiellement composée des dépenses publiques, tout accroissement de ces dépenses
diminue l’écart entre le PIB réel Y2 et le PIB potentiel YPE.

 2ème cas : les entreprises subissent une hausse de leurs coûts de production, suite par
exemple à une augmentation du prix des matières premières (pétrole, …). Cela se traduit
par une réduction de l’offre globale à court terme 1 .

Schéma classique Schéma keynésien

P OGLT OGLT
P3 OGCT 2 OGCT
DG
P2 B B
P1
OG’CT A OG’CT
1

1
2

Y2 Y1=YPE YPE Y

L’économie, que nous avions supposée en équilibre de plein emploi (au point A) se retrouve
en équilibre de sous-emploi (au point B) mais avec à la fois chômage (PIB réel < PIB
potentiel) et inflation (P2 > P1), ce que l’on traduit par le terme STAGFLATION. Tant pour
les Classiques que pour les Keynésiens, les remèdes sont identiques à ceux qu’ils préconisent
ci-dessus (cas 1). Chez les Classiques (graphique de gauche), le retour de OG’CT à OGCT
ramène l’équilibre en A 2 . Par contre, chez les Keynésiens (graphique de droite), la hausse
de DG tend à résoudre le problème du chômage, mais pas celui de l’inflation (P3).

Remarquez que ces deux schémas correspondent grosso modo (en simplifiant !) aux deux
grandes crises économiques du XX ème siècle : celle des années 1930 (1er cas), celle des
années 1970 (2ème cas).

14

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Portefeuille de lecture/9 : chocs d’offre et de demande globale (Le Vif/l’Express)23

23
Philippe MAYSTADT (Belgique, 1948), économiste, fut à plusieurs reprises Ministre des Finances, ensuite Président de la BERD (2000 – 2011)
15

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

SECTION 3 : REFLEXIONS SUR LA CROISSANCE

Avant d’aborder le problème de la croissance, il me paraît important d’introduire en chiffres


les conséquences temporelles des phénomènes cumulatifs (exponentiels) que sont la
croissance (économique, démographique) et l’inflation. Un taux annuel de 0,5 ou 1% peut
vous paraître faible, mais à long terme les conséquences sont non négligeables :

Taux annuel Sur 5 ans Sur 10 ans Sur 20 ans Sur 30 ans Sur 50 ans Sur 100 ans
0,1% 0,5% 1% 2,02% 3,04% 5,10% 10,50%
0,25% 1,30% 2,80% 6,40% 9,75% 13% 28%
0,5% 2,50% 5,10% 10,50% 16% 28% 64%
1% 5,10 % 10,50% 22% 35% 64% 127%
1,5% 8% 16% 35% 56% 110% 343%
2% 10% 22% 49% 81% 169% 624%
3% 16% 34% 80% 143% 338% 1.822%
5% 28% 63% 165% 332% 1.146% 13.150%

Un taux de croissance démographique de 0,5% donnerait une population de 11 milliards en 2100 !


Un taux de croissance du PIB de 1,5% augmente celui-ci de plus de 50% en une génération !
Une inflation modérée à 2% augmente les prix de 50% en 20 ans !

Objectif 3 : réfléchir à la problématique de la croissance économique .

QUELQUES FAITS & CHIFFRES

Nous avons les yeux rivés sur les chiffres de croissance, indicateurs d’expansion ou de crise,
et nombre de nos politiciens rêvent aux taux de croissance des Trente Glorieuses ou à ceux
des pays émergents, tandis que des économistes se demandent si ce ne sont pas là des
périodes uniques dans l’histoire de l’humanité. Mais qu’en est-il réellement ? Que s’est-il
passé dans les siècles, les millénaires précédents ? Difficile de répondre à cette question,
surtout pour l’ère antérieure à la révolution industrielle24.

Révolution Industrielle

Source : T. Piketty, op. cit., p 127 ; les taux mentionnés sont annuels.

24
Angus MADDISON (1926-2010, économiste britannique) a tenté de reconstituer des séries historiques de PIB depuis l’Antiquité, travaux sur
lesquels Thomas Piketty s’est basé ; on imagine la difficulté de la tâche, notamment faute de sources statistiques complètes et fiables.
16

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

La problématique de la croissance est à la fois démographique25 et économique. La


croissance économique fait grossir le gâteau, la croissance démographique
détermine la taille des parts. Nous voyons que la période 0-1700 aurait été caractérisée
par une croissance annuelle de la population mondiale d’à peine 0,1% ; il s’agit évidemment
d’une moyenne26. Cela paraît bien peu, mais ce taux a suffi à faire passer la population
mondiale d’environ 180 millions à 600 millions d’habitants27. Le taux de croissance du PIB
mondial sur la même période est aussi estimé à 0,1%/an. Cela signifie que pendant 17
siècles, en moyenne, la part du gâteau de chacun n’a pratiquement pas évolué !
Pratiquement invérifiable, mais compatible avec de nombreuses sources et récits historiques
qui nous disent que la majorité de nos ancêtres avaient à peine de quoi subsister ; dans nos
contrées, les gens du XVIIème siècle vivaient à peine mieux que ceux du Moyen-Âge.

Ensuite, l’Histoire s’accélère. Les progrès techniques et sanitaires permettent un


accroissement rapide de la population mondiale, tandis que le gâteau des richesses produites
grossit plus vite encore, timidement d’abord, incontestablement au XX ème siècle. J’insiste sur
le fait qu’il s’agit de moyennes mondiales, et que tout le monde n’a pu profiter de cette
croissance de la même manière ; la révolution industrielle est née en Europe, a gagné les
USA et le Japon et n’a véritablement atteint l’Asie continentale et l’Afrique qu’après la
seconde guerre mondiale. Dans la plupart des nations industrialisées, le PIB réel par tête a
été multiplié par 6 à 10 au cours le XXème siècle, ce qui donne un taux de croissance séculaire
d’environ 1,5 à 2% (1,9% pour l’Europe)28.

PIB/habitant (à prix constants base année 2000, en USD)

Pays Période Tx Moyen PIB début (USD) PIB fin (USD) Tx 2014
Japon 1890-2000 2,81 1.256 22.460 0,1
Brésil 1900-2000 2,45 650 7.320 -0,8
Canada 1870-2000 2,23 1.984 27.330 1,3
Allemagne 1870-2000 2,03 1.825 25.010 3,1
USA 1870-2000 1,81 3.347 34.260 1,6
GBR 1870-2000 1,35 4.107 23.550 2,3
Inde 1900-2000 1,45 564 2.390 6,0

Source: G. MANKIW et M. TAYLOR, op.cit. p 645; taux 2014: Banque Mondiale.

Comparez par exemple les PIB de l’Inde 29 en 2000 et des USA ou du GBR en 1870.
Comparez aussi l’évolution de du GBR30 avec les USA ou l’Allemagne !

25
Revoyez l’évolution de la population mondiale à la leçon 1.
26
De fréquentes guerres et épidémies ont décimé des populations ; ainsi, de 1347 à 1351, la peste aurait fait disparaître environ 1/3 de la
population européenne.
27
C’est une question d’échelle temporelle, voyez le tableau de la page précédente.
28
Cela signifie voici 100 ans un revenu moyen mensuel par habitant de 400 € contre 2.500 aujourd’hui, en euros constants. En 1913, en
France, un instituteur débutant gagne environ 300 € « d’aujourd’hui » (il n’y avait pas d’impôt sur le revenu).
29
L’interprétation de la statistique pour l’Inde doit tenir compte du fait que ce pays est resté une colonie britannique jusqu’en 1947 ; en outre,
à l’indépendance, deux pays sont nés : l’Inde et le Pakistan, lui-même composé de deux parties, le Pakistan oriental devenant à son tour
indépendant en 1971 sous le nom de Bengladesh.
17

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Notez bien qu’il s’agit là de moyennes, nos économies ayant connu tantôt des périodes
fastes, tantôt difficiles ; l’évolution est cyclique (EXPANSIONS-RECESSIONS)31.

Quelles sont les causes principales de cette croissance, qui a fait passer nos économies
d’une ère rurale, puis industrielle à une ère post-industrielle où dominent consommation de
masse et prépondérance du secteur des services ?

CROISSANCE & PRODUCTIVITE

Expliquer les causes de la croissance tient d’abord en un mot : PRODUCTIVITE32. Au cours


de la leçon 4, nous avons montré que plus un pays produisait de biens et de services, plus il
était riche (PIB) et meilleur était le niveau de vie de ses habitants, a priori.

Pour améliorer les niveaux de vie de nos ancêtres, et passer du stade d’une économie rurale
de subsistance au stade de l’industrie, processus enclenché vers 1750 en Europe, il a fallu
une amélioration significative des techniques utilisées dans l’agriculture ; cela a permis
d’améliorer les rendements et produire plus avec moins d’individus, de façon à dégager un
surplus de ressources humaines disponibles pour d’autres activités économiques, elles-
mêmes plus productives.

Le même phénomène s’est reproduit voici quelques décennies : une bonne partie de la
population active travaillait dans les mines et les usines33, dans des conditions souvent peu
enviables. Pour passer à une société de « consommation de masse », il a fallu une
considérable évolution technologique, à la suite de laquelle les entreprises ont fabriqué plus
et mieux avec moins de travailleurs, ce qui a permis une réduction du temps de travail, plus
de revenus, plus de loisirs, et une main-d’œuvre disponible pour le secteur des services vers
lequel se tournaient les nouvelles demandes.

34

30
La Grande Bretagne était à la fin du XIXème la nation la plus industrialisée et la plus puissante. L’émergence des USA sur scène mondiale, le
déclin de sa puissance maritime et militaire et la perte de son empire colonial ont clairement changé la donne.
31
Voyez la section 4 ci-après.
32
Voyez cette notion à la leçon 2, Tome 1.
33
Il y avait en Belgique en 1947 quelque 180.000 mineurs ; la sidérurgie, essentiellement Wallonne, occupe plus de 80.000 personnes dans les
années 1960 (moins de 8.000 en 2014).
34
Ce schéma n’est pas neuf, et il faut aujourd’hui relativiser « le faible progrès technique du tertiaire », voyez leçon 8, la révolution
numérique.
18

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Quatre facteurs constituent les déterminants macro-économiques de la productivité : le


capital humain (le savoir et le savoir-faire acquis par l’individu grâce à son éducation, sa
formation, ses apprentissages, son expérience), le capital physique, les ressources
naturelles disponibles et exploitables, la technologie, ou la capacité d’une société à
développer les meilleurs processus pour produire des biens & services.

L’ORGANISATION : TAYLORISME & FORDISME

L’extraordinaire croissance qu’ont connue les économies industrialisées au cours du XX ème


siècle repose bien entendu sur le progrès technique et l’intensification du capital, mais
également sur un mode d’organisation du travail humain issu de deux modèles, le
TAYLORISME et le FORDISME.

Winslow TAYLOR35 inventa l’OST (Organisation Scientifique du Travail). L’idée est qu’une
multiplicité de tâches confiées à un seul individu constitue un frein à la productivité ; il faut
donc diviser le travail, et cela de deux manières : verticalement (un encadrement conçoit la
méthode, organise, et impose des normes) et horizontalement (les exécutants n’effectuent
que des tâches simplifiées, parcellisées).

Henry FORD36 , se basant sur les principes de Taylor, a organisé dans ses usines un travail
à la chaîne. L’innovation du FORDISME, c’est la chaîne de production semi-automatique : les
« matériaux » sont présentés devant le poste de travail, équipé pour l’ouvrier, qui perd le
contrôle sur sa cadence de travail. La productivité induite par la spécialisation et
l’augmentation des cadences ainsi que la standardisation du produit permettent de réduire
drastiquement les coûts de production.

L’organisation fordiste présente néanmoins deux risques majeurs : celui du rejet par le
travailleur, et celui de la surproduction. Pour éviter le premier, Ford accroît sensiblement le
salaire des ouvriers ; l’augmentation du pouvoir d’achat qui en résulte doit garantir un niveau
de consommation suffisant pour éviter la surproduction.

35
Winslow TAYLOR (1856-1915), ingénieur américain.
36
Henry FORD (1863-1947), constructeur automobile, fondateur de l’entreprise du même nom.
19

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

L’usine fordiste Source : www.fr.ford.be

La production de masse a rendu possible une consommation de masse, les gains de


productivité ayant permis l’augmentation des revenus. L’évolution technologique née de la
seconde guerre mondiale a accentué le phénomène. La CROISSANCE FORDISTE, ainsi qu’on l’a
dénommée, a partiellement structuré notre société actuelle :

 elle a accéléré l’urbanisation, commencée au XIXème siècle (parfois même au XVIIIème),


et la concentration des entreprises ; aujourd’hui, 55% de la population mondiale vit en
ville (plus de 75% en Europe) ;

 le salariat s’est généralisé37, mais s’est également transformé; la « lutte des classes »
chère à Marx s’est traduite au XXème siècle par deux revendications fondamentales :
fixation d’un contrat salarial type, et établissement de la durée du travail à partir de
laquelle est fixé le salaire horaire de base ;

 le progrès technique a modifié la structure sociale des pays développés : le poids


des ouvriers au sein de la population active a diminué, au profit des employés et des
cadres, générant une importante « classe moyenne »38 ;

 l’économie a largement évolué vers le tertiaire ; cela est dû, d’une part, à l’évolution
de la consommation des ménages, et d’autre part, au nombre croissant de « cols blancs »
dans les entreprises ; les gains de productivité limités dans les services, la difficulté de les
délocaliser maintiennent en outre la nécessité d’une main-d’œuvre importante, bien qu’il
semble qu’une « révolution tertiaire » similaire à la révolution industrielle soit en marche.

37
Le salariat ne s’est réellement développé qu’au XVIII ème. Ce modèle résistera-t-il aux profondes mutations de ce début du XXIème siècle ?
Des spécialistes prévoient son effondrement ; voyez l’article à la page suivante.
38
Voyez le graphique de J. FOURASTIE page 18. L’INSEE (France) définit la « classe moyenne » en fonction du revenu disponible ; elle est
composée des 5 déciles au-dessus des 3 déciles inférieurs ; autrement dit, il s’agit des revenus (50%) situés entre les 30% les plus pauvres et les
20% les plus riches ; pour un ménage avec 2 enfants, cela donne un revenu disponible net mensuel situé entre 3.100 € et 4.800 € (2014). Selon
diverses études, son volume stagnerait, voire serait en régression !
20

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Portefeuille de lecture/10 : la fin du salariat ? (Le Vif/Express – août 2015)

http://trends.levif.be/economie/entreprises/le-modele-social-bati-sur-le-salariat-est-en-train-de-s-
effondrer/article-normal-396295.html

21

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

COMMENT FAVORISER LA CROISSANCE ?

 investir massivement dans l’éducation et la formation, en organisant un système


éducatif cohérent, et en incitant (et permettant à) la population de l’utiliser au mieux, tant
dans les pays riches que dans les pays pauvres. Dans un article paru dans le Business
Week du 22/11/199939, Gary BECKER40 explique bien que mettre les enfants au travail
plutôt que de les envoyer à l’école est dans beaucoup de pays pauvres une nécessité, une
question de survie pour les familles ; pour sortir de ce cercle vicieux, il propose de
rémunérer les mères pauvres dès lors que l’école certifie que l’enfant suit les cours. Il
faut aussi, dans les pays moins riches, éviter la fuite des cerveaux (les universitaires
partent vers les pays riches, où le niveau de vie est meilleur ; les étudiants partis faire
leurs études dans les pays riches ne rentrent pas) ;

 contrôler l’évolution démographique : une forte croissance démographique,


supérieure à celle du PIB, réduit le RN par habitant et pose souvent des problèmes au
système éducatif ; en outre, il faut à terme une croissance soutenue pour « absorber »
l’augmentation de la population active41 ;

 encourager l’investissement, qui favorise la croissance à long terme, et la recherche


et le développement, pour favoriser le progrès technologique.

Il faut y ajouter la nécessité d’assurer une stabilité politique, garante d’un Etat capable de
faire respecter notamment les droits « économiques et sociaux ». Notez que nombre de
théoriciens soulignent le lien entre développement économique et démocratie42.

REFLEXION : QUELLE CROISSANCE ?

Cette croissance a surtout marqué la période 1946 – 1975 ; la suraccumulation qu’elle a


générée s’est révélée facteur de crise. En outre, les modes de production et de
consommation qui en découlent dans les pays « riches » (et maintenant dans les pays
émergents) génèrent incontestablement un ensemble d’externalités négatives, parmi
lesquelles des flux migratoires ingérables et en partie non désirés, l’épuisement des
ressources naturelles, et la pollution, facteur de changement climatique mettant en péril la
viabilité même de la planète.

39
Article reproduit dans G. MANKIW et M. TAYLOR, op. cit., pp 661-662.
40
Voyez leçon 3
41
C’est ce que démontre la loi d’OKUN, que nous étudierons à la leçon 8.
42
Voyez la fiche de lecture 1/7 ci-après et également James GWARTNEY, rapport annuel « Economic freedom of the world » -
http://www.workforall.net/Contact_workforall.html
22

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Dès le début des années 1970, le Rapport du CLUB DE ROME mettait déjà ces éléments en
évidence, préconisant une croissance zéro pour éviter les catastrophes à venir. Après avoir
suscité intérêt et inquiétude, le Rapport a été vite oublié. En ce début de XXIème siècle, force
est pourtant de constater que ses auteurs étaient des visionnaires éclairés, qui ont sans
doute eu tort … d’avoir raison ! En voici un passage court mais édifiant43 :

Alors, quid ? Comme je l’ai dit plus haut, la croissance est un problème à la fois
démographique et économique. Si le taux de croissance de la population mondiale du début
des années 2000 (1,2%) se maintenait, la Terre compterait près de 14 milliards d’habitants
en 2100. Possible ? On imagine que dans les conditions de vie actuelle, c’est peu probable.
Mais apparemment, les prévisions à 50 ans vont plutôt dans le sens d’une stabilisation de la
population, avec une croissance négative pour tous les continents sauf l’Afrique. Il est en
tout cas urgent de « contrôler » cet aspect démographique44, et diverses politiques peuvent y
contribuer45. Sur le plan économique, la croissance dépend notamment du rythme des
innovations technologiques, facteurs de productivité, impossible à prévoir à long terme, et en
particulier de la découverte de nouvelles énergies. Les prévisionnistes tablent sur un taux
n’excédant pas 1,5%, et encore…46 Le problème est qu’elle semble indispensable pour
soutenir l’emploi, tant que la population augmente. Pas de croissance soutenable sans
contrôle démographique ? Ceci nous amène à la loi d’OKUN …

43
D.H. & D.L. Meadows, J. Randers, W.W. Behrens III, MIT, Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance, 1972, in Geert MAK,
Voyage d’un Européen à travers le XXème siècle, 2007, Gallimard, p 767
44
Avec 1,8 enfant par femme, la population diminue mécaniquement de 0,3%/an, avec 2,2 enfants, elle augmente de 0,3%.
45
Education des femmes, accès à la contraception ; politique familiale (allocations, crèches, travail des conjoints, …)
46
Il est à remarquer qu’un taux de 1% suffit à changer la vie en une génération (30-35 ans). Dans les années 1980, pas d’internet, de GSM,
GPS, CD, DVD, peu d’imagerie médicale,… Voyages en avion et études universitaires pour une minorité, …
23

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

LA RELATION PIB – CHÔMAGE : LA LOI D’OKUN

Objectif 5 : analyser succinctement la relation entre la croissance et le chômage à travers la


loi d’OKUN, et ses conséquences

La LOI D’OKUN47 relie48 le taux de croissance du PIB et le taux de chômage.

UN TAUX DE CROISSANCE NECESSAIRE (α) …

Selon OKUN, un « certain » taux de croissance réel positif (appelons-le α - alpha) est
nécessaire pour éviter une hausse du chômage. Ce taux provient essentiellement de
deux facteurs : l’évolution de la population active et celle de la productivité.
Autrement dit, une croissance réelle zéro peut générer une hausse du chômage !
 Ainsi, en France, entre 1970 et 1989, il fallait un taux de croissance du PIB de 4,94% pour que le chômage
commence à baisser ; entre 1990 et 2007, ce taux est passé à 1,9%. Le calcul est le suivant :
 la hausse de la population active est en moyenne de 0,9% par an ;
 la hausse de la productivité horaire est en moyenne de 1,7% ;
 il faut tenir compte d’un impact négatif de -0,7% dû aux « 35 heures49 ».

On comprend aisément que ce taux de croissance varie d’un pays à l’autre et dans le temps,
puisqu’il dépend notamment de l’évolution démographique et de la législation sociale au sens
large (obligation scolaire, durée hebdomadaire du temps de travail, âge de la retraite, …).
 Cet aspect de la loi d’OKUN valide l’explication « démographique » de la forte croissance du chômage dans les
années 1970 : l’augmentation de la population active due au baby-boom a fait monter α, en même temps que la
croissance réelle s’est tassée (voyez la leçon 7 à ce sujet).

La variation du chômage va donc se mesurer en terme d’écart du taux réel de croissance par
rapport au taux α. Autrement dit, peut-on mesurer par une formule (et donc prévoir) la
variation du taux de chômage lorsque la croissance réelle est par exemple de 1% en-deça ou
au-delà d’α ?

… ET LE COEFFICIENT D’OKUN (φ)

La variation du chômage résultant de l’écart du taux de croissance par rapport à α est


mesurée par le coefficient d’OKUN (φ - phi)50. Si ce coefficient est par exemple de 0.6, un
taux de croissance de (α+1)% diminue le chômage de 0.60%. Ce coefficient s’explique par
deux phénomènes cumulatifs :

47
Arthur Melvin OKUN (1928-1980), économiste américain, Président du Council of Economic Adviseur de J.F. KENNEDY (Président des USA de
1961 à 1963) : Potential GNP: Its measurement and significance, American Statistical Association, Proceedings of the Business and Economics
Section, 1962
48
Dans sa version simple.
49
Etude de l’INSEE. La France est passée en 2000 de la semaine des 40 heures (ou 39) à celle des 35 heures.
50
Ce coefficient est calculé par une droite de régression sur les séries annuelles de variation du taux de chômage et de variation du PIB – voyez
le graphique à la page suivante.
24

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

 quand les entreprises sont confrontées à une stagnation ou une baisse provisoire de la
demande, elles décident parfois de ne pas licencier (concept de thésaurisation du
travail), ce qui crée en fait un « chômage déguisé » ; elles n’ajustent pas l’emploi
strictement proportionnellement à la production, car d’une part, certains travailleurs sont
indispensables quelle que soit la production, et d’autre part, des opérations telles que le
licenciement, l’embauche ou la formation de travailleurs coûtent cher ; lors d’un
ralentissement conjoncturel, les entreprises préfèrent garder leurs employés dans l’attente
de la reprise ;
 lorsque l’emploi est en hausse, des inactifs (donc « non chômeurs ») se mettent à
chercher activement de l’emploi et sont dès lors comptabilisés en tant que chômeurs (on
dit que le taux de participation augmente – voyez cette notion à la leçon 7).

 Lorsque l’on connaît les valeurs de α et de φ, il est simple de déterminer toutes choses égales par ailleurs le taux
de croissance du PIB nécessaire pour faire baisser le taux de chômage d’un certain montant. Si nous supposons
α=2% et φ=0.6, et que l’on souhaite une baisse du chômage de 2.5%, le taux de croissance nécessaire x sera tel que
∆μ = -φ(x – α) soit -2.5=-0.6(x-2) ► x6% ; 2% sont indispensables pour éviter une hausse du chômage, et 4% au-
dessus de ce taux font baisser le chômage de (0.6 * 4), soit 2.4%.

Les analyses économétriques montrent également pour ces dernières années une
augmentation du coefficient d’Okun dans un certains nombre de pays : les variations du
taux de chômage seraient plus élastiques au taux de croissance du PIB ; explications :

 la compétition accrue sur le marché des biens et des services a forcé les entreprises à
réduire la thésaurisation du travail, afin de comprimer les coûts ;
 sous la pression du secteur privé, les Etats ont dû « déréguler » le marché du travail ;
moins celui-ci est rigide, plus le chômage est effectivement élastique au taux de
croissance : contrats court terme, facilités de licenciement, …

 En France, les chiffres de l’INSEE indiquent un coefficient de 0.19 pour la période 1970-1989, et de 0.57
actuellement. Cela signifie que lorsque la croissance dépasse α d’un point, le taux de chômage diminue 3 fois plus
vite qu’avant. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle : en cas de faible croissance ou de récession, les entreprises
licencient aussi 3 fois plus qu’avant. A titre de comparaison, le coefficient est de 0.85 en Espagne et de 0.19 au
Japon51.

CONSEQUENCES

Les conséquences de la loi d’Okun sont d’une importance vitale :

 une croissance économique faible ne fera pas baisser le chômage ;


paradoxalement, on peut donc avoir une économie « en bonne santé » et un chômage qui
augmente ;

51
Ce faible coefficient est le reflet du concept japonais « d’emploi à vie ».
25

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

 la hausse de la productivité, qui est bonne pour les entreprises, est mauvaise pour
l’emploi ; tout aussi paradoxalement, prôner l’augmentation de la productivité pour assurer
la compétitivité de nos entreprises peut conduire à la destruction d’emplois ;

 certains politiciens et économistes estiment que la réduction du temps de travail


constituent un remède contre le chômage ; l’exemple français ci-dessus montre qu’une
réduction de plus de 10% du temps de travail produit des effets très limités, notamment
parce qu’elle permet des augmentations de productivité (réorganisation du travail, …) ;

 l’augmentation de la population active (forte natalité, flux migratoire important)


est un phénomène tout aussi mauvais pour la réduction du chômage. Le baby-
boom des années d’après-guerre nous a appris que les enfants engendrent d’abord des
coûts importants pour la société (système scolaire), puis sont les demandeurs d’emplois de
demain et les retraités d’après-demain. A défaut d’une forte croissance, tous les pays qui
connaissent une natalité « galopante » ont de sérieux problèmes de chômage, notamment
chez les jeunes. Ceux qui acceptent une immigration massive suivent le même chemin, ils
vont le comprendre, trop tard ? Retour aux idées Malthusiennes52 ???

 La loi d’Okun fait régulièrement l’objet d’études ; on constate sur les séries quelques anomalies, comme le
montre le graphique53 ci-dessous pour les USA ; en 2009, le PIB baisse de 0.5 point ; la loi d’Okun prévoyait une
hausse du chômage de 1.2%, il a augmenté de 3% ; en 2011, le PIB croît de 1.6%, le chômage baisse de 0.9 point,
alors qu’il aurait dû augmenter. Cela peut s’expliquer par les décalages qui existent entre la perception de la
variation de croissance et la réaction des entreprises. En 2009, elles auraient ainsi surréagi à la crise en licenciant
beaucoup, et auraient dû se « rattraper » en 2011.

52
Voyez les leçons 1 et 7, la croissance est aussi un problème démographique.
53
Emily Burgen, Brent Meyer et Murat Tasci, An elusive relation between unemployment and GDP (Gross Domestic Product) growth: Okun’s
law, 2012, Federal Bank of Cleveland; la technique utilisée est celle de la régression linéaire par la méthode des moindres carrés (OLS, ordinary
least square) ; cette méthode donne l’équation de la droite de régression; dès lors que l’on dispose de la prévision du taux de croissance du
PIB, on peut en déduire la variation du taux de chômage.
26

Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Portefeuille de lecture/11 : croissance zéro ?

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

SECTION 4 : CYCLES ECONOMIQUES & CONJONCTURE

Objectif 6 : appréhender la notion de cycle conjoncturel et les théories y associées.

L’analyse des chiffres du PIB nous a montré que son évolution n’était pas constante dans le
temps ; certaines années, la croissance est forte, d’autres, faible voire négative.

Dès le milieu du XIXème siècle, les économistes se sont intéressés aux mouvements de
certaines variables macro-économiques, et ont tenté à l’aide de techniques mathématiques
de dégager des constantes dans l’évolution du PIB, aboutissant à trois types de cycles :
 un cycle long, le « KONDRATIEFF » ;
 un cycle court, le « JUGLAR », que l’on appelle communément CONJONCTURE ;
 des variations saisonnières.

LE CYCLE DE KONDRATIEFF54

A partir de séries statistiques, Kontratieff a mis en évidence l’existence de cycles longs (30
à 60 ans), comportant :
 une phase ascendante, caractérisée par une forte croissance et le développement des
entreprises ;
 une phase descendante, avec hausse du chômage et concentration des entreprises.

Plusieurs théories expliquent le cycle de Kondratieff :


 la création de monnaie : la surliquidité engendrent une forte inflation (théorie quantitative
MV = PQ) qui provoquerait des crises financières, sources de ralentissement de la
production et de phases de récession ;
 les vagues d’innovations technologiques (SCHUMPETER)55 : les grappes d’innovation
(machine à vapeur et industrie textile à la fin du XVIIIème, chemin de fer et acier à partir
de 1830, …) sont à l’origine à la fois des phases d’expansion puis des phases de récession
lorsqu’elles arrivent « à maturité ». En fait, lorsque des pays (ou zones) détiennent un
monopole sur les secteurs innovants (Europe, puis USA après la 2de guerre mondiale), la
croissance est rapide ; lorsque l’imitation et donc la compétition apparaissent, les prix et
les profits des entreprises diminuent, pouvant générer une récession.

54
Nikolaï Dmitrievitch KONDRATIEFF - ou KONTRATIEV - (1892-1938), économiste russe ; sa théorie montre que le capitalisme reprendrait son
expansion après chaque crise, ce qui est à l’opposé des thèses marxistes ; Staline le fit condamner à la déportation au goulag, puis fusiller
durant les grandes purges de 1938.
55
Joseph Aloïs SCHUMPETER (1883-1950), économiste autrichien, émigré aux USA, professeur à Harvard.
28

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Le graphique de gauche montre les 5 cycles Kondratieff depuis la révolution industrielle de


la fin du XVIIème, celui de droite l’évolution des valeurs du S&P 500 56 au cours des cinq
cycles ; notons qu’il prévoit aussi la naissance du 6ème cycle basé sur les technologies de
l’environnement, les nano57- et biotechnologies, …

Source graphique de gauche : www.indiinvest.narod.ru

LE CYCLE DE JUGLAR58

Juglar décrit un cycle périodique des « affaires » (la CONJONCTURE) de 8 à 11 ans,


composé de 3 phases : expansion, crise, liquidation. Aujourd’hui, les économistes parlent
d’un cycle à 4 phases : expansion, crise, récession, reprise. Notez que les phases sont plutôt
asymétriques, contrairement au schéma théorique représenté ci-dessous.

56
Le S&P 500 est un indice boursier (propriété de l’agence de notation Standard & Poor’s) basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées aux
USA.
57
Nanomètre = 10-9 m. Nanomatériaux : application dans de nombreux domaines : santé, sports (vêtements, …), informatique, …
58
Joseph Clément JUGLAR (1816-1905), médecin et économiste français, « Des crises commerciales et de leur retour périodiques en France, en
Angleterre et aux Etats-Unis » (1862).
29

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Durant la phase d’expansion, la demande est soutenue, l’activité économique augmente et


pousse les entrepreneurs à investir ; en général, les prix sont à la hausse.

La « crise » correspond à la phase de retournement du cycle). Juglar utilise une formule


choc : « la cause de la misère, c’est la prospérité », signifiant par là que c’est durant la phase
d’expansion que se mettent en place les facteurs récessifs. L’inflation provoquée par
l’accroissement de la masse monétaire engendre une perte de compétitivité des entreprises
sur les marchés internationaux. Les entreprises ayant souvent surestimé les débouchés, il y
a surproduction.

La phase de récession qui suit se caractérise par une compression du crédit (qui engendre
une baisse de la demande et des investissements), une diminution de la production, un
accroissement du chômage, la disparition des entreprises les plus fragiles, la baisse des prix.
Une fois l’économie assainie, la croissance peut repartir à la hausse (reprise).

Notons qu’à l’intérieur du cycle de Juglar se profile un cycle plus court, celui de Kitchin59, qui
concerne les mouvements de stocks : les entreprise ont tendance à surstocker en période
d’expansion ; elles vont alors anticiper un ralentissement de l’activité et déstocker, entraînant
la récession. Toutefois, dans une économie tertiarisée, les stocks jouent un rôle beaucoup
moins important que dans une économie industrielle.

60

A travers l’analyse des cycles, les économistes essaient de prévoir la survenance des
récessions, notamment afin que les pouvoirs publics puissent prendre à temps des mesures
pour les amortir. Cela nous amène à nous intéresser aux politiques économiques.

59
Joseph KITCHIN (1861-1932), statisticien anglais.
60
Stocks dow : la courbe représente l’évolution du Dow Jones, indice de la Bourse de New-York (et plus vieil indice au Monde) basé sur 30
entreprises importantes ; housing bust : bulle immobilière (leçon 8).
30

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SECTION 5 : POLITIQUES ECONOMIQUES

Objectif 7 : s’approprier les concepts fondamentaux de la politique économique

POLITIQUES ECONOMIQUES : ENSEMBLE DES DECISIONS PRISES PAR LES AUTORITES


(GOUVERNEMENT, BANQUE CENTRALE) VISANT A ATTEINDRE VIA L’UTILISATION
D’INSTRUMENTS SPECIFIQUES UN CERTAIN NOMBRE D’OBJECTIFS MACROECONOMIQUES.

L’OBJECTIF : LE CARRE MAGIQUE DE KALDOR

Nicholas KALDOR61 dans son CARRE MAGIQUE62, a détaillé 4 objectifs fondamentaux63 :

CROISSANCE

8
(Tx croissance PIB)
EQUILIBRE
EMPLOI 0 EXTERIEUR

10
(Tx inflation)

-1
0
(Tx chômage) 0 10 -2 +2 (en % PIB)
STABILITE DES PRIX

Le mot « magique » (en vert) vient du fait qu’il semble utopique d’atteindre l’ensemble des
objectifs en même temps. Mais plus le quadrilatère obtenu avec les données courantes du
pays se rapproche du carré magique, plus la situation est favorable. Comparons :

Pays Croissance PIB chômage inflation Equil extérieur *


A 2% 4% 4% -1%
B 2,5% 3% 2% +1%
* en % du PIB.

B est plus proche du carré de Kaldor ; ses « fondamentaux » économiques sont meilleurs.

61
Nicholas KALDOR (1908-1986), économiste britannique d’origine hongroise,
62
J-Y. CAPUL et O. GARNIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Hatier, 2005, p 330.
63
Les montants sur les axes sont de mon choix ; j’ai dans mon exemple considéré que l’objectif de croissance était de 8% (j’aurais pu choisir 4
ou 7%) et celui de la BTC de +2% (du PIB).
31

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Détérioration des fondamentaux : Carrés magiques de la Belgique – 2000 & 201464

TYPOLOGIE DES POLITIQUES & DES INSTRUMENTS

La politique économique implique des choix contraignants, dès lors que certains objectifs se
révèlent contradictoires.

 Nous verrons ultérieurement qu’un conflit peut exister entre les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix65.
Par ailleurs, si les autorités pratiquent une politique de relance de la demande globale et que l’offre nationale ne
s’adapte pas, ce sont les entreprises étrangères qui en profiteront, avec pour conséquence un déficit extérieur66
Enfin, des accords internationaux réglementent certaines matières (exemples : UE : subventions aux entreprises,
droits de douane, libre circulation des biens et des personnes, accueil des immigrés, déficit et dette publiques, … ;
OMC67 : liberté du commerce international ; FMI : endettement extérieur ; …), limitant la marge de manœuvre des
Etats.

Nous distinguerons :
 les politiques conjoncturelles, en général à court et moyen termes, visant
essentiellement et directement les objectifs du carré magique ;
 les politiques structurelles (long terme), visant à améliorer les structures de
l’économie ; citons par exemple les politiques industrielle, agricole, des transports, la
réforme de certains marchés (travail, …).

Les deux sont complémentaires ; les politiques structurelles visent à mieux armer le système
économique pour atteindre une croissance durable et affronter les chocs conjoncturels.

64
Le site http://www.ses.ac-versailles.fr/extras/bd/carre/carre.html permet de construire des carrés magiques. Il permet également de
visualiser les carrés magiques de 175 pays sur une trentaine d’années.
65
Leçon 7, courbe de Phillips.
66 er
Ce fut le cas en France en 1981, sous le 1 gouvernement socialiste du Président François Mittérand.
67
Organisation Mondiale du Commerce, « gendarme » du commerce international (leçon 8).
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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

En matière conjoncturelle, une politique de relance stimule la demande globale (Keynes), une
politique de stabilisation (ou de rigueur, voire d’austérité) lutte contre l’inflation et les déficits
publics. Les instruments sont les moyens (variables ou changements institutionnels)
utilisés pour atteindre les objectifs :

Politique Instruments Actions sur


Budgétaire & fiscale Dépense publique G DG
Impôt T DG via Yd & C
Monétaire Masse monétaire M DG via i, et donc C & I
Emploi & revenus Prix & salaires Marché du travail, compétitivité
Change Taux de change DG via (X-M)
Offre (Supply Side) Mesures structurelles Système économique

CLASSIQUES VS KEYNESIENS

Nous avons vu au début de cette leçon comment les deux grands courants de pensée
(classique et keynésien) s’opposaient quant à la manière dont se réalise l’équilibre
macroéconomique ; ce débat se retrouve dans la mise en œuvre des politiques économiques.
Les politiques keynésiennes sont surtout de type conjoncturel : éviter la surchauffe
lors des phases d’expansion du cycle, soutenir la demande et donc l’activité économique
durant les phases de récession. Les « classiques » (néo-classiques, monétaristes)
préfèrent la lutte contre l’inflation et l’amélioration de la compétitivité qui permet le
développement de la production et la création d’emploi. Ils préconisent la mise en place de
politiques d’offre :
 politique de contrôle direct de la masse monétaire (MV = PQ) ;
 politique de revenu : contrôle direct des prix et rémunérations (exemple : en cas
d’inflation : freiner l’augmentation des salaires nominaux), et créer un climat de
modération ;
 Supply-side policies (politiques de long terme) : politiques de stimulation de l'offre :
 freiner la hausse ou la baisse des salaires réels via un rétablissement de la flexibilité
des marchés :
 rétablir la concurrence ;
 augmenter la mobilité et la flexibilité sur le marché du travail ;
 pas d’indexation automatique des salaires ;
 stimuler l’innovation.

ETATS DE LA ZONE EURO : INSTRUMENTS LIMITES

Les Etats de la zone euro ne disposent plus individuellement de la maîtrise totale de


leurs instruments classiques de politique économique :

 la politique monétaire est dirigée par la Banque Centrale Européenne (BCE),


organe indépendant des pouvoirs politiques tant européens que nationaux ;

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

 idem en ce qui concerne la politique de change ;


 les autorités nationales n’ont plus le loisir de manipuler le taux de change ; la BCE surveille l’évolution du
cours de l’Euro essentiellement par rapport au $ et au Yen, et décide da la politique à mener en fonction de
critères globaux, et non selon les desideratas des Etats membres ;

 la politique budgétaire et fiscale est contrainte par les normes sur la dette et sur
le déficit public68 ;
 l’objectif est d’éliminer les déficits structurels, et n’accepter que des déficits conjoncturels en période de
récession. Pratiquement, un pays peut stimuler son économie via une politique fiscale adéquate, à condition de
ne pas compromettre l’équilibre du budget ;

 il ne reste alors aux mains des Etats que les politiques d’offre et la politique de
l’emploi et des revenus, qui sont essentiellement de type structurel.

POLITIQUES CONJONCTURELLES : TRANSMISSION DES IMPULSIONS

Un des problèmes récurrents en matière de politiques conjoncturelles est la transmission des


impulsions vers les variables visées. Comment une diminution des taux d’intérêt (politique
monétaire), une réduction d’impôt ou un accroissement du budget de l’Etat (politique
budgétaire et fiscale) agissent-ils sur le PIB, avec quelle ampleur et après quel laps de
temps ? Le schéma synthétique (keynésien) ci-dessous démontre la complexité du problème.

Source : J. Brémond et A. Gélédan, Dictionnaire des théories et mécanismes économiques, Hatier, 1991, p 245,
schéma complété par l’auteur.

Politique Pol fiscale


monétaire & transf
Dép publ

68
Voyez l’exposé de ces principes à la leçon 4, section 4, les dépenses publiques.
34

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

FICHE 1/7 : THEORIES ECONOMIQUES & IDEOLOGIES POLITIQUES

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, la plupart des pays occidentaux adoptèrent, pour un temps au
moins, les vues de Keynes. Puisque l’économie est confrontée à des cycles économiques prolongés,
qu’aucune « main invisible » ne peut contrer, il appartient aux gouvernements d’imposer des politiques
anticycliques, notamment pour relancer la demande et l’emploi dans les phases de récession. Le rôle de
l’Etat est donc primordial.

Bien que la ligne de démarcation idéologique soit parfois difficile à fixer, ce sont surtout les partis politiques
« de gauche » (travaillistes en GBR, socialistes et sociaux-démocrates en Europe continentale,
démocrates aux USA) qui ont trouvé dans les théories keynésiennes une plate-forme électorale : transferts
sociaux vers les classes sociales moins aisées, services publics importants (transports, communications,
énergie, …), nationalisation de secteurs-clé (charbonnages, automobile), très nombreuses législations
destinées à combattre les errements du marché et à le réguler, … La crise née du premier choc pétrolier
(début des années 1970) a démontré à son tour la relative fragilité des théories keynésiennes et ses effets
pervers : inflation, dérapage des déficits publics, nécessité de taux d’imposition élevés pour les financer,
maintien artificiel d’outils industriels obsolètes pour éviter chômage et conflits sociaux, …, ce qui a divisé la
famille socialiste (Blairisme69 en UK).

Les théories néo-classiques et monétaristes ont trouvé un écho plus ou moins favorable au sein de
formations politiques dites « de droite » (républicains aux USA, conservateurs en GB, partis libéraux ou
réformateurs en Europe Continentale). Elles furent appliquées aux USA dès l’élection de Ronald REAGAN
(1980) et, avec plus de vigueur encore en Grande-Bretagne, par Margaret TATCHER (on parle dès lors de
« Reaganisme » et de « Tatchérisme » pour qualifier leurs doctrines politiques), certains diront avec un
succès relatif. Le NEO-LIBERALISME se base notamment sur la théorie de l’offre ; comme l’affirme
George GILDER, « l’offre est la source des bienfaits du capitalisme »70. L’Etat doit donc tout mettre en
œuvre pour favoriser l’offre ; « tout mettre en œuvre » est un euphémisme : il s’agit pour les pouvoirs
publics de rendre le pouvoir au marché, en « créant » un cadre institutionnel et légal propice à la
concurrence : privatisations, dérégulation, …

Qui a raison, qui a tort ? Le débat reste largement ouvert.

69
Tony BLAIR (1953), 1er Ministre britannique de 1997 à 2007 ; il a profondément réformé le parti travailliste, très à gauche, en
l’amenant à un « libéralisme social », très éloigné de la ligne des partis socialistes français et « wallon ». Une partie du SP-a
flamand a rejoint ses thèses.
70
Georges GILDER (1939), politologue et économiste américain, proche du parti républicain ; « Richesse et Pauvreté », Albin
Michel, 1981, p 43 ; on dit qu’il fut le livre de chevet de Ronald Reagan.
35

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

RESUME

1. L’équilibre du revenu national implique que l’offre agrégée soit égale à la demande agrégée. Les économistes
Classiques et Keynésiens s’opposent sur la manière dont cet équilibre se réalise : les premiers affirment que la
demande s’adapte à l’offre (loi de SAY) et que l’ajustement s’effectue par des variations de prix ; les seconds
montrent que l’offre s’adapte à la demande et que l’ajustement s’effectue par des variations d’output. Ces vues
divergentes ont des conséquences en terme de politique économique.

2. Alors que les Classique affirment que l’équilibre ne peut être que de plein emploi, la théorie Keynésienne part du
principe que les prix et les salaires sont rigides à court terme, et qu’il n’existe donc aucun mécanisme autorégulateur
assurant le plein emploi. Le système économique peut fonctionner en équilibre de sous-emploi, la production étant
inférieure au produit potentiel, et ce parce que la demande globale est insuffisante. Dans ce cas, c’est sur elle qu’il
faut agir, notamment par un accroissement des dépenses publiques.

Par contre, s’il y a « surchauffe », de telle sorte que l’équilibre réel s’établisse au-delà de l’équilibre de plein emploi,
il y aura inflation par la demande.

A l’aide de l’équation de demande agrégée et de la notion de propension marginale à consommer, JM KEYNES


démontre qu’une augmentation exogène des dépenses autonomes (dépenses publiques, investissements) aura un
impact final bien supérieur par l’effet du multiplicateur.

3. Le modèle OG-DG constitue l’outil d’analyse contemporain par excellence. La demande globale représente le
volume total de production susceptible, toutes choses égales par ailleurs, d’être acheté à un niveau de prix donné.
Ses composantes sont la consommation privée, les dépenses publiques, l’investissement et les exportations nettes
(C+I+G+[X-M]).

Sa courbe exprime la relation entre le niveau général des prix et la dépense nationale. Elle est décroissante en
raison des effets « richesse » (une baisse du niveau général des prix accroît la pouvoir d’achat, à offre de monnaie
constante, ce qui favorise la consommation), « taux d’intérêt » (dans le même contexte, l’épargne croît, faisant
baisser les taux d’intérêt, ce qui favorisera l’investissement) et « taux de change ».

La demande globale varie en fonction de mesures de politique économique, notamment budgétaires et fiscales, qui
accroissent les dépenses publiques et / ou le revenu disponible, et en fonction de variables exogènes au modèle,
telles que le prix des matières premières importées ; dans ces cas, la courbe se déplace.

4. Le produit potentiel (PIB potentiel) se définit comme la quantité maximum de biens et services qu’une économie
peut produire dans la stabilité des prix, compte tenu des contraintes en terme de facteurs de production ; la stabilité
des prix suppose l’existence d’un « taux de chômage naturel (ou structurel – NAIRU)», auquel les pressions à la
hausse et à la baisse des salaires et des prix s’équilibrent.

L’offre globale est définie comme le niveau de l’output réel produit à chaque niveau de prix donné ; elle est
déterminée par le produit potentiel, dépendant lui-même des quantités de facteurs disponibles et de la technologie,
et par le coût de ces facteurs. La variation des ces éléments déplace la courbe d’offre globale. A court terme, cette
courbe est croissante, une baisse du niveau général des prix déprimant la production, notamment pour cause de
viscosité des salaires et des prix. A long terme, cette courbe est verticale, égale au produit potentiel.

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

5. Depuis plusieurs décennies, une controverse oppose les tenants de la théorie classique et ceux de la théorie
keynésienne. Le problème réside dans la cause de la récession : une baisse de la demande globale peut être
combattue par une politique active agissant sur cette demande; par contre, dans le cas d’une dépression de l’offre
qui crée à la fois chômage et inflation (stagflation), une politique de relance de la demande peut résoudre le
problème de chômage mais pas celui de l’inflation.

Après la seconde guerre mondiale, la plupart des pays ont mis en place des politiques anticycliques favorisant la
demande et l’emploi. Toutefois, la crise née du premier choc pétrolier, au début des années 1970, a montré une
relative inadéquation des politiques keynésiennes. Né dans les années 1950, sous l’impulsion de Milton Friedman, le
courant néo-libéral monétariste soutient que ces politiques génèrent de l’inflation; il revient à la théorie de l’offre;
l’Etat doit tout mettre en œuvre pour favoriser celle-ci, en créant un cadre propice à la concurrence.

6. La croissance économique se définit comme l’augmentation de la production sur une période relativement
longue ; il s’agit d’une notion quantitative, alors que le terme « développement » inclut plutôt des éléments
qualitatifs. Expliquer la cause de la croissance tient en un mot : PRODUCTIVITE ; c’est parce qu’elle augmente que
l’on produit plus avec moins de ressources, qui deviennent ainsi disponibles pour d’autres activités. C’est ainsi que
l’économie est passée d’un niveau de « subsistance » à une consommation de masse. Les déterminants de la
productivité sont le capital humain, le capital physique, les ressources naturelles, la technologie.

7. La croissance qu’ont connue les économies industrialisées au XX ème siècle repose non seulement sur le progrès
technique, mais aussi sur un mode d’organisation du travail issu de deux modèles : le Taylorisme et le Fordisme. Ce
dernier repose sur les principes du travail à la chaîne et de la standardisation des produits. Pour éviter le rejet par le
travailleur et la surproduction, les salaires sont augmentés. La croissance fordiste a partiellement structuré notre
société, en accélérant l’urbanisation, en généralisant le salariat et en modifiant la philosophie de la lutte des classes.
Le progrès technique a poussé l’économie vers le tertiaire.

8. La loi d’OKUN montre que les variations de l’emploi ne sont pas proportionnelles à celles de la production, ce qui
implique de la part des entreprises une forme de thésaurisation du travail. Des études économétriques ont
démontré qu’une certaine croissance positive du PNB était indispensable pour éviter une montée du chômage ; ce
taux dépend de la croissance de la population active et de celle de la productivité. Au-delà joue le coefficient
d’OKUN : chaque fois que le taux de croissance effectif s’écarte du « taux indispensable », le coefficient permet de
calculer la variation du chômage. Les études montrent un accroissement de ce coefficient, dû notamment à la
concurrence accrue sur le marché des biens et services et à la dérégulation sur le marché de l’emploi.

9. L’évolution du PIB n’est pas un long fleuve tranquille. A des phases d’expansion (croissance positive) succèdent
des phases de récession (croissance négative). Dès le XIXème, les économistes ont tenté de dégager une récurrence
dans ces phases. Kondratieff a ainsi mis en évidence un cycle long (expansion-récession) d’une durée de 30 à 60
ans ; selon Schumpeter, ce cycle semble lié aux vagues successives d’innovations technologiques depuis le début de
l’ère industrielle. Les recherches empiriques de Juglar ont décelé un « cycle des affaires », que l’on qualifie de
« conjoncture ». Ce cycle, d’une durée de 8 à 11 ans, comporte une phase d’expansion ; la surchauffe de l’économie
débouche sur une crise de surproduction, et l’on rentre en récession (chômage, disparition d’entreprises) ;
l’économie assainie peut alors repartir en croissance.

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

9. Afin d’amortir les chocs conjoncturels et de favoriser la croissance économique, l’Etat met en place des politiques
économiques, qui visent en fait à ce que les paramètres fondamentaux du système économique se rapprochent de
ceux du carré magique de Kaldor (croissance, chômage, inflation, équilibre extérieur). Un des problèmes est que l’on
ne peut semble-t-il atteindre simultanément tous les objectifs. On retrouve en matière de politique économique le
traditionnel débat Keynésiens vs Néo-classiques. Les tableaux ci-dessous donnent un aperçu synthétique des
politiques (anti) conjoncturelles :

EXPANSION : SURCHAUFFE & INFLATION PAR LA DEMANDE

P monétaire Commentaires P budg & Fisc Commentaires


 i (via  M) politique keynésienne : objectif :  Y  (G-T) : politique keynésienne :
via  C et I T objectif :  C via  Yd
G objectif :  Y
M politique monétariste : objectif :  P ////////////////// Inefficace selon les monétaristes.
(MV=PT) /

DEPRESSION

P monétaire Commentaires P budg & Fisc Commentaires


 i (via  M) politique keynésienne : objectif :  Y  (G-T) : multiplicateur keynésien :
via  C et I T objectif :  C via  Yd
mais: efficacité limitée car: G objectif :  Y
 liquidity trap (i très bas) mais inconvenients:
 mécanisme de transmission très  délais (lags)
long  financement du déficit (*)
 déficit structurel
/////////////// Inefficace selon les monétaristes car ////////////////// Inefficace selon les monétaristes, car
///// Δ M  Δ P. / effet d’éviction de I par G
selon les monétaristes, il faut dans ce cas une politique d’offre

(*) monétisation ou crowding out effect, selon la politique de la BC.

Un autre problème posé par ces politiques économiques est leur mécanisme de transmission vers les variables
réelles (PIB, emploi) : quelle ampleur, après combien de temps ?

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

QUESTIONS DE REVISION ET PROBLEMES.

NOTIONS A MAÎTRISER : équilibre du revenu national, mécanisme d’ajustement, équilibre


classique, multiplicateur et équilibre keynésiens, produit potentiel, NAIRU, schéma DG/OG, loi
d’OKUN, déterminants macro économiques de la croissance, cycles économiques, instruments de
politique économique.

QCM

1. Le revenu national d’équilibre se définit comme :


a) le revenu de plein emploi
b) le revenu permanent d’une économie
c) le revenu tel que le montant des dépenses qu’il suscite lui soit égal
d) le revenu où l’épargne des ménages est égal à l’investissement des entreprises

2. Lorsque l’équilibre du RN se situe au-delà du plein emploi :


a) les quantités de biens disponibles sont celles du plein emploi, mais il y a tendance à la hausse des
prix
b) l’économie se situe au-delà de sa FPP
c) sur le marché des biens et services, il y a rationnement des demandeurs
d) sur le marché des facteurs, il y a rationnement des offreurs

3. En équilibre de sous emploi keynésien, la cause principale du chômage est :


a) l’insuffisance de productivité du capital
b) le manque de qualification des travailleurs
c) l’insuffisance des investissements
d) l’insuffisance de la demande globale

4. dans une situation de sous emploi keynésien, où seule la consommation est fonction du revenu et où la
pmc est nulle, le multiplicateur vaut :
a) 0 b) 1 c) 0,5 d) ∞

5. Une condition nécessaire et suffisante pour qu’il y ait croissance est que :
a) la demande globale s’accroisse
b) le revenu national de plein emploi augmente
c) la demande globale s’accroisse conjointement à une augmentation de la FPP
d) l’investissement s’accroisse

6. Laquelle des causes suivantes n’entraîne pas un déplacement de DG ?


a) une modification de la consommation des ménages
b) une modification de la FPP
c) une modification de l’épargne des ménages
d) une modification des dépenses de l’Etat

7. Quelle action relève d’une politique de relance par l’offre ?


a) une réduction des taux de TVA
b) le subventionnement de programmes de développement de technologies nouvelles
c) une réduction de l’impôt sur le revenu
d) une augmentation des dépenses publiques

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

8. En sous emploi keynésien, une diminution de l’impôt sur les sociétés engendrera :
a) une diminution du chômage
b) une diminution du prix des biens et services
c) une augmentation de la demande de travail
d) rien de tout cela

9. En sous emploi keynésien, une augmentation de G aura pour effet de :


a) maintenir inchangé le volume du chômage
b) augmenter le prix des biens et services
c) réduire le volume du chômage
d) a priori, rien de tout cela

Questions (certaines des questions nécessitent le recours aux notions vues à la leçon 6).

1. Dans beaucoup de pays de développement, les filles sont de loin moins scolarisées que les garçons, et
ce à la fois pour des raisons financières et culturelles. Avec quels arguments pourriez-vous convaincre les
responsables qu’une scolarisation normale des filles est bonne pour la croissance ? (***)

2. La théorie keynésienne du multiplicateur : introduisez dans le modèle vu à la section 3 l’impact de l’impôt


sur le revenu ; que devient le multiplicateur ? (indication : T [impôt] = t * Y, t étant le taux d’impôt ;
réécrivez alors l’équation de C et intégrez la dans l’équation de DG). Est-il plus « percutant » que s’il n’y a
pas d’impôt (raisonnez sur base des exemples chiffrés) ? Pourquoi ? (**)

3. Même exercice en économie ouverte, en introduisant (sans les impôts) X-M. (méthode : X ne présente
pas d’intérêt ici ; raisonnez en terme de M, qui est égal à d+mY, d étant une composante exogène et m la
propension marginale à importer). Commentez. (***)

4. Notre gouvernement accorde une réduction d’impôt sur le revenu immédiate d’une valeur globale de 2
milliards d’€ ; la propension à consommer étant de 0,75, quel sera l’effet premier sur DG ? Et ensuite ? (*)

5. Quel sera l’impact sur DG, toutes choses égales par ailleurs (explicitez SVP) : (**)
a) d’une diminution des impôts ?
b) d’une hausse de confiance des consommateurs ?
c) d’une baisse des taux d’intérêt ?
d) d’une baisse des dépenses de la défense nationale ?

6. Quel sera l’impact sur OGCT, toutes choses égales par ailleurs (explicitez SVP) : (**)
a) d’une augmentation du prix de matières premières importées ?
b) d’une augmentation de la productivité dans les entreprises ?
c) d’une hausse des allocations de chômage ?

7. Quel sera l’impact sur OGLT des événements suivants ? Expliquez. (**)
a) le pays enregistre une importante immigration ;
b) les syndicats obtiennent des hausses de salaire très importantes ;
c) le secteur industriel le plus important du pays invente un produit révolutionnaire ;
d) un cataclysme majeur détruit une partie du potentiel industriel (usines, …).

8. Montrez graphiquement (OG-DG) pourquoi une politique de relance de la demande mise en œuvre pour
combattre une récession dont la cause est la déprime de l’offre génère de l’inflation. (**)

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7


ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

9. Ces affirmations suivantes sont-elles vraies ou fausses ? La politique monétaire peut :


a) être inefficace si la vitesse de circulation de la monnaie varie ;
b) être efficace même si l’investissement est peu élastique au taux d’intérêt (leçon 5) ;
c) être inefficace si l’épargne est inélastique au taux d’intérêt. JUSTIFIEZ (***)

10. Discutez des affirmations suivantes : (**)


a) une hausse des dépenses publiques réduit l’investissement privé ;
b) tant que nous ne soucions pas de l’inflation, nous pouvons réduire le chômage en augmentant la
demande, par exemple à l’aide d’une politique budgétaire expansionniste.

11. Un gouvernement veut accroître la production par une politique budgétaire expansionniste. Etes-vous
d’accord avec cette mesure ? Si l’on se trouve en situation de trappe de liquidité, cette politique est-elle
plus efficace que la politique monétaire ? (***)

12. L’économie se trouve en récession. Caractérisez les mesures suivantes et leurs effets (+
éventuellement aspects négatifs) : (**)
a) une augmentation des dépenses publiques ;
b) une réduction des impôts ;
c) une croissance de la masse monétaire.

13. Supposons dans la loi d’OKUN le taux α = 2,5% et le coefficient d’Okun = 0,4%.
a) quel est le taux de croissance du PNB qui peut entraîner une hausse du chômage de 1% ? Expliquez ;
b) quel taux de croissance faut-il maintenir pour diminuer le chômage de ½ point par an ?
c) que se passera-t-il à terme si on assistait aujourd’hui à un nouveau « baby-boom » ?



Réponses au QCM : 1) c ; 2) a ; 3) d ; 4) b ; 5) c ; 6) b ; 7. b) ; 8. d) ; 9. c).

Quelques éléments de réponses :


2. Yd = (Y – T) = (Y – tY) ►►► C = a + cY(1-t) ►►► la valeur du multiplicateur est dans ce cas : 1/(1-
c[1-t]).
3. Le multiplicateur vaut 1/([1-c] + m).
4. Effet premier : 2 milliards * 0,75 = 1,5 milliard
13. Loi d’OKUN : a) 0% (1 point sous α = + 0,4% chômage ; il faut donc 2,5% sous α)
b) 3,75% (1,25 point au-dessus de α)
c) à terme : toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de α

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Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7

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