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PLAN :
INTRODUCTION
SECTION 1 : L’EQUILIBRE KEYNESIEN : SOUS-EMPLOI & MULTIPLICATEUR.
SECTION 2 : LE MODELE DEMANDE & OFFRE GLOBALES.
SECTION 3 : REFLEXIONS SUR LA CROISSANCE
SECTION 4 : CYCLES ECONOMIQUES & CONJONCTURE
SECTION 5 : POLITIQUES ECONOMIQUES
INTRODUCTION
Maintenant, vous êtes en principe à même de vous intéresser en connaissance de cause aux
problèmes concrets qui interpellent tout citoyen, et préoccupent les décideurs : l’évolution
et les déséquilibres du système économique. Tel est l’objet de cette leçon et de la leçon
8 (inflation & chômage). Dans ce cadre, il est logique que nous abordions les questions de
politique économique en établissant le lien avec les théories exposées.
1
Y = C + I + G + (X – M)
Ensuite, nous poursuivrons par une réflexion générale sur la croissance (section 3), et nous
nous intéresserons à la notion de conjoncture. Enfin nous décrirons les principales politiques
économiques que les gouvernants peuvent mettre en œuvre pour essayer d’atteindre cet
équilibre et contrer les récessions conjoncturelles. Dans ce cadre, nous verrons que si
Classiques et Keynésiens sont en général d’accord sur les outils, ils ne le sont pas toujours
quant à leur utilisation et leur efficacité.
Dans la leçon 7, nous analyserons à l’aide de nos théories les principaux déséquilibres du
système, inflation et chômage, et nous verrons comment les gouvernants utilisent les outils
de politique économique pour les combattre.
1
Leçon 4 – équation de la dépense nationale.
2
Objectif 1/1 : analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-
économique : la théorie keynésienne.
Dans la théorie classique développée jusque-là, l’offre s’établit toujours au niveau du plein
emploi, et les marchés tendent vers l’équilibre grâce à la flexibilité des prix et des salaires.
sur le marché du travail, toute baisse de la demande de la part des entreprises induit une baisse des salaires, et les
candidats souhaitant travaillé au salaire courant trouvent de l’emploi (développement de ce point à la leçon 7). Sur le
marché du capital, l’équilibre entre l’épargne et l’investissement est réalisé par le taux d’intérêt. Toute modification
de la demande macroéconomique n’a d’impact que sur le niveau général des prix ; par conséquent, toute politique
économique est inefficace.
Durant la crise des années 1930, dans un contexte de baisse de la production ET des
prix, la persistance d’un chômage élevé (des millions de ménages dans les pays industrialisés)
défiant les théories classiques a amené le Président Franklin D. ROOSEVELT6 à lancer dès 1932
sa politique de « New Deal », vaste programme de grands travaux publics destinés à résorber
le sous-emploi. Telle fut également la voie suivie par les gouvernements des deux pays
européens les plus durement touchés par le chômage, l’Italie dès les années 1920, puis
l’Allemagne. La nouvelle philosophie semblait donc être : quand le marché démontre
son inaptitude à ramener l’économie à son point d’équilibre, l’Etat se doit
d’intervenir. Keynes va la théoriser7 ; elle repose sur trois piliers :
2
J.M. KEYNES, les conséquences économiques de la paix, 1919 ; voyez ce problème à la leçon 8, l’hyperinflation.
3
J.M. KEYNES, la réforme monétaire, 1923 ; politique déflationniste signifie en résumé « austérité ».
4 er
Winston CHURCHILL (1874-1965), homme politique britannique, 1 Ministre durant la seconde guerre mondiale, notamment célèbre pour
ses paroles prononcées lors d’une conférence au Westminster College de Fulton (USA) en mars 1946 pour illustrer la mainmise communiste
sur une partie de l’Europe: « de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent », moins célèbre
pour le prix Nobel de littérature obtenu en 1953 pour ses Mémoires.
5
Dans le gouvernement britannique, le Chancelier de l’Echiquier est le ministre des finances ; la volonté de Churchill était de ramener la £ à sa
parité de 1913 ; cette surévaluation fut facteur de crise et de chômage.
6
Franklin Delano ROOSEVELT (1882-1945), Président des USA (1933-1945).
7
J.M. KEYNES, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936.
3
la demande macroéconomique peut être insuffisante pour assurer le plein-emploi Keynes développe un
modèle d'équilibre de sous-emploi dans lequel un chômage persistant est possible pour un niveau donné de la
demande existante.
la rigidité (ou la viscosité) des prix et les salaires dans un contexte de récession.
à court terme, les salaires s’adaptent en général assez mal à la baisse ; en outre, si les prix baissent plus vite que
les salaires nominaux, les salaires réels (= salaires nominaux déflatés) augmentent et les entreprises embauchent
MOINS. Les prix sont parfois lents à s’adapter, la principale cause en étant l’imperfection des marchés (leçon 3).
une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité8.
L’EQUILIBRE KEYNESIEN
Partons d’un modèle simplifié dit « d’économie fermée » (pas de X-M) et sans Etat (pas de G,
pas d’impôt) et utilisons des fonctions linéaires, pour simplifier 9. On a : Y (revenu) = Yd
(revenu disponible) = PIB
Y,C+I
S C+I
E
C
I A
45°
x
O Y’ Y* Y** YPE Y
8
Nous avons développé ce point à la leçon 5.
9
Revoyez à la leçon 4 la fonction de consommation keynésienne.
4
Le point de rencontre E entre la fonction (C+I) et la bissectrice est le niveau d’équilibre du PIB vers lequel tend la
production (OY*), puisque Y = C+I ; à ce point, les agents ne dépensent pas tout leur revenu (C se situe sous la
bissectrice) ; ils épargnent l’équivalent de I ; donc, à ce point, S = I : l’épargne désirée des ménages y est égale à
l’investissement désiré des entreprises.
Que se passe-t-il si le système s’éloigne de son point d’équilibre ? Supposons un PIB plus
élevé, soit OY** > OY*, là où la droite (C+I) se situe au-dessous de la bissectrice ; les
ménages épargnent plus que ce que les entreprises sont prêtes à investir , alors que dans
le même temps, elles voient s’accumuler les stocks, puisque les consommateurs
consomment MOINS que ce qui est produit ; elles vont diminuer leur production ce qui
va ramener progressivement le PIB vers le point Y*. Tout écart du système par rapport
au point Y* incitera les firmes à modifier leur niveau de production (ajustement par la
variation de l’output, ou adaptation de l’offre à la demande, voyez page 2).
1
Y .( a I G )
1 c
10
Nous développerons la notion de produit de plein emploi dans la section suivante.
11
Notion vue à la leçon 4.
12
Pour rappel, si la variable Y est modifiée, on se déplace le long de la droite C ; par contre, lorsqu’un paramètre (a, ou c, …) est modifié, la
droite C se déplace.
5
nous avons : C = 10 + (0,8 * 400) = 330 ; C+I+G = 330 + 50 + 20 = 400 < YPE 450
C = 330
+10
x
O Y*= 400 YPE=450 Y
Comment atteindre le plein-emploi YPE = 450 ? Il faut modifier l’équilibre de sorte que Y
= C + I + G = 450 et pour cela accroître la demande par une augmentation exogène soit
de I, soit de G.
Supposons que l’Etat réalise un nouvel investissement public (par exemple une route) d’un montant de 10 : ΔI
(ou ΔG) = 10. Le mécanisme du multiplicateur décrit ci-dessus en montre l’impact :
1. ΔI = 10 ΔY=10 car maintenant Y = 330 + 60 + 20 = 410
2. Cette augmentation de Y entraîne une augmentation de C : ΔY=10 ΔC = 8 (ΔC = c * ΔY = 0,8 * 10)
3. Cette augmentation de C se répercute sur Y = 338 + 60 + 20 = 418
13
La propension marginale à consommer est égale à 0,80 (80%) et ne peut être modifiée par une politique quelconque.
6
Le mécanisme évolue vers un équilibre fini où ΔY = (1/1-c)(Δa+ΔI+ΔG). Dans notre exemple, Δa et ΔG étant nuls et
ΔI = 10, on a : ΔY = (1/[1-0.8)]*10 ΔY final = 50 et Y final = 400 + 50 = 450
Nous constatons que pour obtenir une variation finale de Y = 50, une augmentation de 10 de
l’investissement ou de la dépense publique a suffi ; VOILA L’EFFET MULTIPLICATEUR : une
augmentation exogène de I ou de G provoque une augmentation de Y qui engendre
des augmentations endogènes (= induites) successives de la consommation.
Notez que le modèle se complexifie si l’on tient compte de la fiscalité (Yd = Y-T), et plus
encore en économie ouverte ; il faut alors au minimum tenir compte de la propension à
importer m14.
14
Dans l’accroissement de la consommation, quelle est la part de produits importés (frein à la production intérieure) ?
7
Objectif 1/2 : analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-
économique : le modèle de demande et d’offre globales.
Nous allons maintenant présenter une théorie contemporaine qui permet d’expliquer les
variations économiques à court terme. Le modèle met l’accent sur deux variables : l’une
réelle, à savoir le PIB (réel), et l’autre monétaire, le niveau général des prix, mesuré par le
déflateur du PIB.
LA DEMANDE GLOBALE DG
Elle montre qu’une hausse (baisse) du niveau général des prix P induit une diminution
(augmentation) de la quantité demandée, et par conséquent une baisse (hausse) du produit
global. Graphiquement :
P
DG = C+I+G+(X-M)
P*
P1
Y* Y1 Y
INTERPRETATION DE LA COURBE DG
Ces raisonnements ne sont valables qu’à offre de monnaie (masse monétaire) constante,
puisqu’une modification de celle-ci engendre notamment une modification du taux d’intérêt
sur le marché monétaire (leçon 6).
DEPLACEMENT DE DG
15
A.C. PIGOU, qui est l’origine de la théorie des encaisses réelles ; voyez leçon 2.
16
Robert MUNDELL (1932), économiste canadien, spécialiste des questions d’économie internationale, prix Nobel 1999 ; Marcus FLEMING
(1911-1976), économiste britannique, Fonds Monétaire International.
17
Voyez la section 5 ci-après.
9
P
DG DG’
Effet d’une augmentation des dépenses
publiques, par exemple
P*
Y* Y1 Y
L’OFFRE GLOBALE OG
L’offre globale (OG) explique le comportement des entreprises ; elle représente le niveau
de l’output réel produit à chaque niveau de prix, toutes choses égales par ailleurs.
Il nous faut considérer l’offre globale à long terme et l’offre globale à court terme, ce qui
nécessite quelques développements.
LE PIB POTENTIEL EST DÉFINI COMME LA QUANTITÉ MAXIMUM DE BIENS ET SERVICES QUE PEUT
PRODUIRE UNE ÉCONOMIE DANS LA STABILITÉ DES PRIX, ET COMPTE TENU DES CONTRAINTES EN
18
TERME DE FACTEURS DE PRODUCTION ET DE TECHNOLOGIE . LA STABILITÉ DES PRIX ET DONC
CELLE DES SALAIRES IMPLIQUE L’EXISTENCE D’UN TAUX NATUREL (OU STRUCTUREL) DE CHOMAGE,
qui est le taux de chômage pour lequel les pressions à la hausse et à la baisse sur les salaires
s’équilibrent. plein emploi « économique » ≠ chômage zéro !!!
Le « taux naturel de chômage » est également désigné par le vocable « taux structurel
de chômage »19, ou encore NAIRU (non accelerating inflation rate of
unemployement). Il est induit par le fonctionnement normal du marché du travail, et
dépend essentiellement des phénomènes réels qui sous-tendent l’offre et la demande sur le
marché du travail (facteurs démographiques, progrès techniques, organisation même du
marché, …, variables dans le temps). En conséquence, la valeur du NAIRU n’est pas figée
dans le temps et varie d’un pays à l’autre.
tous les facteurs susceptibles de faire apparaître des pénuries sur le marché du travail influencent le NAIRU à la
hausse ; ainsi en va-t-il de la spécialisation des qualifications (des pénuries vont apparaître dans certains métiers
alors qu’il y a pléthore et chômage dans d’autres), et des contraintes légales (salaires ou grilles de salaires minimals).
18
C’est la notion quelque peu plus sophistiquée de FPP, frontière de possibilités de production que nous avons définie à la leçon 1.
19
A ne pas confondre avec la notion de chômage structurel, voyez la leçon 7.
10
Prenons l’exemple d’une hausse du SMIC (salaire minimum garanti, imposé par l’Etat) ; elle va engendrer une
tension sur les salaires, puisque les travailleurs qui étaient rémunérés quelques pourcents au-dessus de l’ancien
SMIC vont aussi exiger une augmentation ; pour contrer ces tensions à la hausse, il faudrait que le chômage
augmente (car plus de chômage = tendance à la baisse des salaires), ce qui correspond à une hausse du NAIRU.
ATTENTION : ne pas confondre le NAIRU, qui est un taux théorique, et le taux de chômage
réellement observé dans l’économie, appelé taux conjoncturel.
Les calculs récents montrent dans l’UE des pays à taux de NAIRU très élevés (> 10% : GRE, SVK), élevés (8 à 10% :
BEL, FRA, IRL, ITA, PRT, POL), moyens (5 à 7% : DEU, LUX, DNK, FIN), bas (< 5% : AUT, NLD, NOR) ; pour comparaison :
moyenne zone euro (10), USA (6,1), GBR (6,9), JPN (4,3), CHE (3,9). 2021
Pour interpréter le schéma OG/DG, RETENEZ CECI : sur l’axe des abscisses Y représentant
le PIB réel, plus on s’éloigne de l’origine, plus le PIB est élevé, et plus le taux d’emploi sera
important et donc le taux de chômage faible.
Analysons maintenant l’offre globale à court terme : un accroissement du niveau général des
prix pousse la production vers le haut, la courbe a une pente positive.
P
OGLT
(=PIBpot)
OGCT
YPE Y
20
OCDE : http://stats.oecd.org/Index.aspx?QueryId=48230&lang=fr
21
codes pays : http://www.actualitix.com/annexes/code-iso-2-et-iso-3-des-pays.php
22
Revoyez à ce sujet le raisonnement relatif à la FPP, leçon 1.
11
YPE représente le point de « plein emploi » (compte tenu du NAIRU). Plusieurs phénomènes expliquent la forme
de la courbe OGCT, dont la viscosité des salaires et celle des prix, concepts keynésiens exposés ci-dessus ; nous
n’entrerons toutefois pas dans ces détails. Ces explications ne sont valables qu’à court terme, car elles sont en fin de
compte basées sur des « mésinterprétations » de la part des agents économiques, qui finissent par être corrigées à
long terme.
La courbe d’offre globale à court terme peut se déplacer, sous l’influence du coût des
facteurs, y compris les matières premières ; par exemple, une hausse des prix du pétrole
(entrant dans de très nombreux outputs) déplace OGCT vers la gauche. Mais ce sont surtout
les anticipations qui induisent les variations de OGCT.
Si les agents s’attendent à une hausse des prix, ils demanderont une augmentation de salaire afin de maintenir et
même d’améliorer leur pouvoir d’achat, ce qui augmentera les coûts de production et diminuera OGCT (déplacement
vers la gauche).
L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE
P
DG DG
E
E OGLT
OGCT OGCT OGLT
Y* YPE Y Y*=YPE Y
Objectif 3 : analyser comment les variations de DG et/ou d’OG peuvent provoquer des
récessions, et confronter les remèdes « Classiques » et « Keynésiens ».
A court terme, l’équilibre OGCT-DG (PIB réel) peut se situer en deçà du PIB
potentiel, ce qui signifie que le taux de chômage conjoncturel (réel) est supérieur
au NAIRU. Question : existe-t-il une recette simple qui amène l’économie à un équilibre
satisfaisant en termes d’objectifs macroéconomiques ? En d’autres termes, existe-t-il un
moyen pour « réparer » les conséquences néfastes d’une récession, c’est-à-dire d’une
diminution de l’activité économique engendrant du chômage ?
12
P
DG1 OGLT
A
P1
DG2
P2 OGCT B
Y2 Y1=YPE Y
La situation est claire : l’économie, que nous avions supposée en équilibre de plein emploi (au
point A, Y1=YPE) se retrouve en équilibre de sous-emploi (au point B, Y2<Y1) :
selon les classiques, la flexibilité des prix et des salaires permet leur baisse, et la courbe
d’offre globale à court terme va se déplacer vers la droite, en OG’ CT. A long terme,
l’équilibre économique s’établira au point C, donc avec plein-emploi Y1 (et un niveau
général des prix P plus bas P3<P2<P1 – cela s’appelle une déflation) :
P
DG1 OGLT
P1 A
DG2 OG’CT
P2 OGCT B C
P3
Y2 Y1=YPE Y
selon les keynésiens, le manque de flexibilité des prix et des salaires empêche cet
ajustement ; l’économie peut donc vivre longtemps au point B, équilibre de sous-emploi.
La solution est, selon eux, une action sur la demande globale (retour au point A) ; il
faut la déplacer vers la droite, de manière à revenir à l’ancienne situation.
13
P
DG1 OGLT
A
DG2
OGCT B
Y2 Y1=YPE Y
C’est à l’Etat d’agir, par des politiques économiques adéquates. Puisque DG est
partiellement composée des dépenses publiques, tout accroissement de ces dépenses
diminue l’écart entre le PIB réel Y2 et le PIB potentiel YPE.
2ème cas : les entreprises subissent une hausse de leurs coûts de production, suite par
exemple à une augmentation du prix des matières premières (pétrole, …). Cela se traduit
par une réduction de l’offre globale à court terme 1 .
P OGLT OGLT
P3 OGCT 2 OGCT
DG
P2 B B
P1
OG’CT A OG’CT
1
1
2
Y2 Y1=YPE YPE Y
L’économie, que nous avions supposée en équilibre de plein emploi (au point A) se retrouve
en équilibre de sous-emploi (au point B) mais avec à la fois chômage (PIB réel < PIB
potentiel) et inflation (P2 > P1), ce que l’on traduit par le terme STAGFLATION. Tant pour
les Classiques que pour les Keynésiens, les remèdes sont identiques à ceux qu’ils préconisent
ci-dessus (cas 1). Chez les Classiques (graphique de gauche), le retour de OG’CT à OGCT
ramène l’équilibre en A 2 . Par contre, chez les Keynésiens (graphique de droite), la hausse
de DG tend à résoudre le problème du chômage, mais pas celui de l’inflation (P3).
Remarquez que ces deux schémas correspondent grosso modo (en simplifiant !) aux deux
grandes crises économiques du XX ème siècle : celle des années 1930 (1er cas), celle des
années 1970 (2ème cas).
14
23
Philippe MAYSTADT (Belgique, 1948), économiste, fut à plusieurs reprises Ministre des Finances, ensuite Président de la BERD (2000 – 2011)
15
Taux annuel Sur 5 ans Sur 10 ans Sur 20 ans Sur 30 ans Sur 50 ans Sur 100 ans
0,1% 0,5% 1% 2,02% 3,04% 5,10% 10,50%
0,25% 1,30% 2,80% 6,40% 9,75% 13% 28%
0,5% 2,50% 5,10% 10,50% 16% 28% 64%
1% 5,10 % 10,50% 22% 35% 64% 127%
1,5% 8% 16% 35% 56% 110% 343%
2% 10% 22% 49% 81% 169% 624%
3% 16% 34% 80% 143% 338% 1.822%
5% 28% 63% 165% 332% 1.146% 13.150%
Nous avons les yeux rivés sur les chiffres de croissance, indicateurs d’expansion ou de crise,
et nombre de nos politiciens rêvent aux taux de croissance des Trente Glorieuses ou à ceux
des pays émergents, tandis que des économistes se demandent si ce ne sont pas là des
périodes uniques dans l’histoire de l’humanité. Mais qu’en est-il réellement ? Que s’est-il
passé dans les siècles, les millénaires précédents ? Difficile de répondre à cette question,
surtout pour l’ère antérieure à la révolution industrielle24.
Révolution Industrielle
Source : T. Piketty, op. cit., p 127 ; les taux mentionnés sont annuels.
24
Angus MADDISON (1926-2010, économiste britannique) a tenté de reconstituer des séries historiques de PIB depuis l’Antiquité, travaux sur
lesquels Thomas Piketty s’est basé ; on imagine la difficulté de la tâche, notamment faute de sources statistiques complètes et fiables.
16
Pays Période Tx Moyen PIB début (USD) PIB fin (USD) Tx 2014
Japon 1890-2000 2,81 1.256 22.460 0,1
Brésil 1900-2000 2,45 650 7.320 -0,8
Canada 1870-2000 2,23 1.984 27.330 1,3
Allemagne 1870-2000 2,03 1.825 25.010 3,1
USA 1870-2000 1,81 3.347 34.260 1,6
GBR 1870-2000 1,35 4.107 23.550 2,3
Inde 1900-2000 1,45 564 2.390 6,0
Comparez par exemple les PIB de l’Inde 29 en 2000 et des USA ou du GBR en 1870.
Comparez aussi l’évolution de du GBR30 avec les USA ou l’Allemagne !
25
Revoyez l’évolution de la population mondiale à la leçon 1.
26
De fréquentes guerres et épidémies ont décimé des populations ; ainsi, de 1347 à 1351, la peste aurait fait disparaître environ 1/3 de la
population européenne.
27
C’est une question d’échelle temporelle, voyez le tableau de la page précédente.
28
Cela signifie voici 100 ans un revenu moyen mensuel par habitant de 400 € contre 2.500 aujourd’hui, en euros constants. En 1913, en
France, un instituteur débutant gagne environ 300 € « d’aujourd’hui » (il n’y avait pas d’impôt sur le revenu).
29
L’interprétation de la statistique pour l’Inde doit tenir compte du fait que ce pays est resté une colonie britannique jusqu’en 1947 ; en outre,
à l’indépendance, deux pays sont nés : l’Inde et le Pakistan, lui-même composé de deux parties, le Pakistan oriental devenant à son tour
indépendant en 1971 sous le nom de Bengladesh.
17
Notez bien qu’il s’agit là de moyennes, nos économies ayant connu tantôt des périodes
fastes, tantôt difficiles ; l’évolution est cyclique (EXPANSIONS-RECESSIONS)31.
Quelles sont les causes principales de cette croissance, qui a fait passer nos économies
d’une ère rurale, puis industrielle à une ère post-industrielle où dominent consommation de
masse et prépondérance du secteur des services ?
Pour améliorer les niveaux de vie de nos ancêtres, et passer du stade d’une économie rurale
de subsistance au stade de l’industrie, processus enclenché vers 1750 en Europe, il a fallu
une amélioration significative des techniques utilisées dans l’agriculture ; cela a permis
d’améliorer les rendements et produire plus avec moins d’individus, de façon à dégager un
surplus de ressources humaines disponibles pour d’autres activités économiques, elles-
mêmes plus productives.
Le même phénomène s’est reproduit voici quelques décennies : une bonne partie de la
population active travaillait dans les mines et les usines33, dans des conditions souvent peu
enviables. Pour passer à une société de « consommation de masse », il a fallu une
considérable évolution technologique, à la suite de laquelle les entreprises ont fabriqué plus
et mieux avec moins de travailleurs, ce qui a permis une réduction du temps de travail, plus
de revenus, plus de loisirs, et une main-d’œuvre disponible pour le secteur des services vers
lequel se tournaient les nouvelles demandes.
34
30
La Grande Bretagne était à la fin du XIXème la nation la plus industrialisée et la plus puissante. L’émergence des USA sur scène mondiale, le
déclin de sa puissance maritime et militaire et la perte de son empire colonial ont clairement changé la donne.
31
Voyez la section 4 ci-après.
32
Voyez cette notion à la leçon 2, Tome 1.
33
Il y avait en Belgique en 1947 quelque 180.000 mineurs ; la sidérurgie, essentiellement Wallonne, occupe plus de 80.000 personnes dans les
années 1960 (moins de 8.000 en 2014).
34
Ce schéma n’est pas neuf, et il faut aujourd’hui relativiser « le faible progrès technique du tertiaire », voyez leçon 8, la révolution
numérique.
18
Winslow TAYLOR35 inventa l’OST (Organisation Scientifique du Travail). L’idée est qu’une
multiplicité de tâches confiées à un seul individu constitue un frein à la productivité ; il faut
donc diviser le travail, et cela de deux manières : verticalement (un encadrement conçoit la
méthode, organise, et impose des normes) et horizontalement (les exécutants n’effectuent
que des tâches simplifiées, parcellisées).
Henry FORD36 , se basant sur les principes de Taylor, a organisé dans ses usines un travail
à la chaîne. L’innovation du FORDISME, c’est la chaîne de production semi-automatique : les
« matériaux » sont présentés devant le poste de travail, équipé pour l’ouvrier, qui perd le
contrôle sur sa cadence de travail. La productivité induite par la spécialisation et
l’augmentation des cadences ainsi que la standardisation du produit permettent de réduire
drastiquement les coûts de production.
L’organisation fordiste présente néanmoins deux risques majeurs : celui du rejet par le
travailleur, et celui de la surproduction. Pour éviter le premier, Ford accroît sensiblement le
salaire des ouvriers ; l’augmentation du pouvoir d’achat qui en résulte doit garantir un niveau
de consommation suffisant pour éviter la surproduction.
35
Winslow TAYLOR (1856-1915), ingénieur américain.
36
Henry FORD (1863-1947), constructeur automobile, fondateur de l’entreprise du même nom.
19
le salariat s’est généralisé37, mais s’est également transformé; la « lutte des classes »
chère à Marx s’est traduite au XXème siècle par deux revendications fondamentales :
fixation d’un contrat salarial type, et établissement de la durée du travail à partir de
laquelle est fixé le salaire horaire de base ;
l’économie a largement évolué vers le tertiaire ; cela est dû, d’une part, à l’évolution
de la consommation des ménages, et d’autre part, au nombre croissant de « cols blancs »
dans les entreprises ; les gains de productivité limités dans les services, la difficulté de les
délocaliser maintiennent en outre la nécessité d’une main-d’œuvre importante, bien qu’il
semble qu’une « révolution tertiaire » similaire à la révolution industrielle soit en marche.
37
Le salariat ne s’est réellement développé qu’au XVIII ème. Ce modèle résistera-t-il aux profondes mutations de ce début du XXIème siècle ?
Des spécialistes prévoient son effondrement ; voyez l’article à la page suivante.
38
Voyez le graphique de J. FOURASTIE page 18. L’INSEE (France) définit la « classe moyenne » en fonction du revenu disponible ; elle est
composée des 5 déciles au-dessus des 3 déciles inférieurs ; autrement dit, il s’agit des revenus (50%) situés entre les 30% les plus pauvres et les
20% les plus riches ; pour un ménage avec 2 enfants, cela donne un revenu disponible net mensuel situé entre 3.100 € et 4.800 € (2014). Selon
diverses études, son volume stagnerait, voire serait en régression !
20
http://trends.levif.be/economie/entreprises/le-modele-social-bati-sur-le-salariat-est-en-train-de-s-
effondrer/article-normal-396295.html
21
Il faut y ajouter la nécessité d’assurer une stabilité politique, garante d’un Etat capable de
faire respecter notamment les droits « économiques et sociaux ». Notez que nombre de
théoriciens soulignent le lien entre développement économique et démocratie42.
39
Article reproduit dans G. MANKIW et M. TAYLOR, op. cit., pp 661-662.
40
Voyez leçon 3
41
C’est ce que démontre la loi d’OKUN, que nous étudierons à la leçon 8.
42
Voyez la fiche de lecture 1/7 ci-après et également James GWARTNEY, rapport annuel « Economic freedom of the world » -
http://www.workforall.net/Contact_workforall.html
22
Dès le début des années 1970, le Rapport du CLUB DE ROME mettait déjà ces éléments en
évidence, préconisant une croissance zéro pour éviter les catastrophes à venir. Après avoir
suscité intérêt et inquiétude, le Rapport a été vite oublié. En ce début de XXIème siècle, force
est pourtant de constater que ses auteurs étaient des visionnaires éclairés, qui ont sans
doute eu tort … d’avoir raison ! En voici un passage court mais édifiant43 :
Alors, quid ? Comme je l’ai dit plus haut, la croissance est un problème à la fois
démographique et économique. Si le taux de croissance de la population mondiale du début
des années 2000 (1,2%) se maintenait, la Terre compterait près de 14 milliards d’habitants
en 2100. Possible ? On imagine que dans les conditions de vie actuelle, c’est peu probable.
Mais apparemment, les prévisions à 50 ans vont plutôt dans le sens d’une stabilisation de la
population, avec une croissance négative pour tous les continents sauf l’Afrique. Il est en
tout cas urgent de « contrôler » cet aspect démographique44, et diverses politiques peuvent y
contribuer45. Sur le plan économique, la croissance dépend notamment du rythme des
innovations technologiques, facteurs de productivité, impossible à prévoir à long terme, et en
particulier de la découverte de nouvelles énergies. Les prévisionnistes tablent sur un taux
n’excédant pas 1,5%, et encore…46 Le problème est qu’elle semble indispensable pour
soutenir l’emploi, tant que la population augmente. Pas de croissance soutenable sans
contrôle démographique ? Ceci nous amène à la loi d’OKUN …
43
D.H. & D.L. Meadows, J. Randers, W.W. Behrens III, MIT, Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance, 1972, in Geert MAK,
Voyage d’un Européen à travers le XXème siècle, 2007, Gallimard, p 767
44
Avec 1,8 enfant par femme, la population diminue mécaniquement de 0,3%/an, avec 2,2 enfants, elle augmente de 0,3%.
45
Education des femmes, accès à la contraception ; politique familiale (allocations, crèches, travail des conjoints, …)
46
Il est à remarquer qu’un taux de 1% suffit à changer la vie en une génération (30-35 ans). Dans les années 1980, pas d’internet, de GSM,
GPS, CD, DVD, peu d’imagerie médicale,… Voyages en avion et études universitaires pour une minorité, …
23
Selon OKUN, un « certain » taux de croissance réel positif (appelons-le α - alpha) est
nécessaire pour éviter une hausse du chômage. Ce taux provient essentiellement de
deux facteurs : l’évolution de la population active et celle de la productivité.
Autrement dit, une croissance réelle zéro peut générer une hausse du chômage !
Ainsi, en France, entre 1970 et 1989, il fallait un taux de croissance du PIB de 4,94% pour que le chômage
commence à baisser ; entre 1990 et 2007, ce taux est passé à 1,9%. Le calcul est le suivant :
la hausse de la population active est en moyenne de 0,9% par an ;
la hausse de la productivité horaire est en moyenne de 1,7% ;
il faut tenir compte d’un impact négatif de -0,7% dû aux « 35 heures49 ».
On comprend aisément que ce taux de croissance varie d’un pays à l’autre et dans le temps,
puisqu’il dépend notamment de l’évolution démographique et de la législation sociale au sens
large (obligation scolaire, durée hebdomadaire du temps de travail, âge de la retraite, …).
Cet aspect de la loi d’OKUN valide l’explication « démographique » de la forte croissance du chômage dans les
années 1970 : l’augmentation de la population active due au baby-boom a fait monter α, en même temps que la
croissance réelle s’est tassée (voyez la leçon 7 à ce sujet).
La variation du chômage va donc se mesurer en terme d’écart du taux réel de croissance par
rapport au taux α. Autrement dit, peut-on mesurer par une formule (et donc prévoir) la
variation du taux de chômage lorsque la croissance réelle est par exemple de 1% en-deça ou
au-delà d’α ?
47
Arthur Melvin OKUN (1928-1980), économiste américain, Président du Council of Economic Adviseur de J.F. KENNEDY (Président des USA de
1961 à 1963) : Potential GNP: Its measurement and significance, American Statistical Association, Proceedings of the Business and Economics
Section, 1962
48
Dans sa version simple.
49
Etude de l’INSEE. La France est passée en 2000 de la semaine des 40 heures (ou 39) à celle des 35 heures.
50
Ce coefficient est calculé par une droite de régression sur les séries annuelles de variation du taux de chômage et de variation du PIB – voyez
le graphique à la page suivante.
24
quand les entreprises sont confrontées à une stagnation ou une baisse provisoire de la
demande, elles décident parfois de ne pas licencier (concept de thésaurisation du
travail), ce qui crée en fait un « chômage déguisé » ; elles n’ajustent pas l’emploi
strictement proportionnellement à la production, car d’une part, certains travailleurs sont
indispensables quelle que soit la production, et d’autre part, des opérations telles que le
licenciement, l’embauche ou la formation de travailleurs coûtent cher ; lors d’un
ralentissement conjoncturel, les entreprises préfèrent garder leurs employés dans l’attente
de la reprise ;
lorsque l’emploi est en hausse, des inactifs (donc « non chômeurs ») se mettent à
chercher activement de l’emploi et sont dès lors comptabilisés en tant que chômeurs (on
dit que le taux de participation augmente – voyez cette notion à la leçon 7).
Lorsque l’on connaît les valeurs de α et de φ, il est simple de déterminer toutes choses égales par ailleurs le taux
de croissance du PIB nécessaire pour faire baisser le taux de chômage d’un certain montant. Si nous supposons
α=2% et φ=0.6, et que l’on souhaite une baisse du chômage de 2.5%, le taux de croissance nécessaire x sera tel que
∆μ = -φ(x – α) soit -2.5=-0.6(x-2) ► x6% ; 2% sont indispensables pour éviter une hausse du chômage, et 4% au-
dessus de ce taux font baisser le chômage de (0.6 * 4), soit 2.4%.
Les analyses économétriques montrent également pour ces dernières années une
augmentation du coefficient d’Okun dans un certains nombre de pays : les variations du
taux de chômage seraient plus élastiques au taux de croissance du PIB ; explications :
la compétition accrue sur le marché des biens et des services a forcé les entreprises à
réduire la thésaurisation du travail, afin de comprimer les coûts ;
sous la pression du secteur privé, les Etats ont dû « déréguler » le marché du travail ;
moins celui-ci est rigide, plus le chômage est effectivement élastique au taux de
croissance : contrats court terme, facilités de licenciement, …
En France, les chiffres de l’INSEE indiquent un coefficient de 0.19 pour la période 1970-1989, et de 0.57
actuellement. Cela signifie que lorsque la croissance dépasse α d’un point, le taux de chômage diminue 3 fois plus
vite qu’avant. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle : en cas de faible croissance ou de récession, les entreprises
licencient aussi 3 fois plus qu’avant. A titre de comparaison, le coefficient est de 0.85 en Espagne et de 0.19 au
Japon51.
CONSEQUENCES
51
Ce faible coefficient est le reflet du concept japonais « d’emploi à vie ».
25
la hausse de la productivité, qui est bonne pour les entreprises, est mauvaise pour
l’emploi ; tout aussi paradoxalement, prôner l’augmentation de la productivité pour assurer
la compétitivité de nos entreprises peut conduire à la destruction d’emplois ;
La loi d’Okun fait régulièrement l’objet d’études ; on constate sur les séries quelques anomalies, comme le
montre le graphique53 ci-dessous pour les USA ; en 2009, le PIB baisse de 0.5 point ; la loi d’Okun prévoyait une
hausse du chômage de 1.2%, il a augmenté de 3% ; en 2011, le PIB croît de 1.6%, le chômage baisse de 0.9 point,
alors qu’il aurait dû augmenter. Cela peut s’expliquer par les décalages qui existent entre la perception de la
variation de croissance et la réaction des entreprises. En 2009, elles auraient ainsi surréagi à la crise en licenciant
beaucoup, et auraient dû se « rattraper » en 2011.
52
Voyez les leçons 1 et 7, la croissance est aussi un problème démographique.
53
Emily Burgen, Brent Meyer et Murat Tasci, An elusive relation between unemployment and GDP (Gross Domestic Product) growth: Okun’s
law, 2012, Federal Bank of Cleveland; la technique utilisée est celle de la régression linéaire par la méthode des moindres carrés (OLS, ordinary
least square) ; cette méthode donne l’équation de la droite de régression; dès lors que l’on dispose de la prévision du taux de croissance du
PIB, on peut en déduire la variation du taux de chômage.
26
27
L’analyse des chiffres du PIB nous a montré que son évolution n’était pas constante dans le
temps ; certaines années, la croissance est forte, d’autres, faible voire négative.
Dès le milieu du XIXème siècle, les économistes se sont intéressés aux mouvements de
certaines variables macro-économiques, et ont tenté à l’aide de techniques mathématiques
de dégager des constantes dans l’évolution du PIB, aboutissant à trois types de cycles :
un cycle long, le « KONDRATIEFF » ;
un cycle court, le « JUGLAR », que l’on appelle communément CONJONCTURE ;
des variations saisonnières.
LE CYCLE DE KONDRATIEFF54
A partir de séries statistiques, Kontratieff a mis en évidence l’existence de cycles longs (30
à 60 ans), comportant :
une phase ascendante, caractérisée par une forte croissance et le développement des
entreprises ;
une phase descendante, avec hausse du chômage et concentration des entreprises.
54
Nikolaï Dmitrievitch KONDRATIEFF - ou KONTRATIEV - (1892-1938), économiste russe ; sa théorie montre que le capitalisme reprendrait son
expansion après chaque crise, ce qui est à l’opposé des thèses marxistes ; Staline le fit condamner à la déportation au goulag, puis fusiller
durant les grandes purges de 1938.
55
Joseph Aloïs SCHUMPETER (1883-1950), économiste autrichien, émigré aux USA, professeur à Harvard.
28
LE CYCLE DE JUGLAR58
56
Le S&P 500 est un indice boursier (propriété de l’agence de notation Standard & Poor’s) basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées aux
USA.
57
Nanomètre = 10-9 m. Nanomatériaux : application dans de nombreux domaines : santé, sports (vêtements, …), informatique, …
58
Joseph Clément JUGLAR (1816-1905), médecin et économiste français, « Des crises commerciales et de leur retour périodiques en France, en
Angleterre et aux Etats-Unis » (1862).
29
La phase de récession qui suit se caractérise par une compression du crédit (qui engendre
une baisse de la demande et des investissements), une diminution de la production, un
accroissement du chômage, la disparition des entreprises les plus fragiles, la baisse des prix.
Une fois l’économie assainie, la croissance peut repartir à la hausse (reprise).
Notons qu’à l’intérieur du cycle de Juglar se profile un cycle plus court, celui de Kitchin59, qui
concerne les mouvements de stocks : les entreprise ont tendance à surstocker en période
d’expansion ; elles vont alors anticiper un ralentissement de l’activité et déstocker, entraînant
la récession. Toutefois, dans une économie tertiarisée, les stocks jouent un rôle beaucoup
moins important que dans une économie industrielle.
60
A travers l’analyse des cycles, les économistes essaient de prévoir la survenance des
récessions, notamment afin que les pouvoirs publics puissent prendre à temps des mesures
pour les amortir. Cela nous amène à nous intéresser aux politiques économiques.
59
Joseph KITCHIN (1861-1932), statisticien anglais.
60
Stocks dow : la courbe représente l’évolution du Dow Jones, indice de la Bourse de New-York (et plus vieil indice au Monde) basé sur 30
entreprises importantes ; housing bust : bulle immobilière (leçon 8).
30
CROISSANCE
8
(Tx croissance PIB)
EQUILIBRE
EMPLOI 0 EXTERIEUR
10
(Tx inflation)
-1
0
(Tx chômage) 0 10 -2 +2 (en % PIB)
STABILITE DES PRIX
Le mot « magique » (en vert) vient du fait qu’il semble utopique d’atteindre l’ensemble des
objectifs en même temps. Mais plus le quadrilatère obtenu avec les données courantes du
pays se rapproche du carré magique, plus la situation est favorable. Comparons :
B est plus proche du carré de Kaldor ; ses « fondamentaux » économiques sont meilleurs.
61
Nicholas KALDOR (1908-1986), économiste britannique d’origine hongroise,
62
J-Y. CAPUL et O. GARNIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Hatier, 2005, p 330.
63
Les montants sur les axes sont de mon choix ; j’ai dans mon exemple considéré que l’objectif de croissance était de 8% (j’aurais pu choisir 4
ou 7%) et celui de la BTC de +2% (du PIB).
31
La politique économique implique des choix contraignants, dès lors que certains objectifs se
révèlent contradictoires.
Nous verrons ultérieurement qu’un conflit peut exister entre les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix65.
Par ailleurs, si les autorités pratiquent une politique de relance de la demande globale et que l’offre nationale ne
s’adapte pas, ce sont les entreprises étrangères qui en profiteront, avec pour conséquence un déficit extérieur66
Enfin, des accords internationaux réglementent certaines matières (exemples : UE : subventions aux entreprises,
droits de douane, libre circulation des biens et des personnes, accueil des immigrés, déficit et dette publiques, … ;
OMC67 : liberté du commerce international ; FMI : endettement extérieur ; …), limitant la marge de manœuvre des
Etats.
Nous distinguerons :
les politiques conjoncturelles, en général à court et moyen termes, visant
essentiellement et directement les objectifs du carré magique ;
les politiques structurelles (long terme), visant à améliorer les structures de
l’économie ; citons par exemple les politiques industrielle, agricole, des transports, la
réforme de certains marchés (travail, …).
Les deux sont complémentaires ; les politiques structurelles visent à mieux armer le système
économique pour atteindre une croissance durable et affronter les chocs conjoncturels.
64
Le site http://www.ses.ac-versailles.fr/extras/bd/carre/carre.html permet de construire des carrés magiques. Il permet également de
visualiser les carrés magiques de 175 pays sur une trentaine d’années.
65
Leçon 7, courbe de Phillips.
66 er
Ce fut le cas en France en 1981, sous le 1 gouvernement socialiste du Président François Mittérand.
67
Organisation Mondiale du Commerce, « gendarme » du commerce international (leçon 8).
32
En matière conjoncturelle, une politique de relance stimule la demande globale (Keynes), une
politique de stabilisation (ou de rigueur, voire d’austérité) lutte contre l’inflation et les déficits
publics. Les instruments sont les moyens (variables ou changements institutionnels)
utilisés pour atteindre les objectifs :
CLASSIQUES VS KEYNESIENS
Nous avons vu au début de cette leçon comment les deux grands courants de pensée
(classique et keynésien) s’opposaient quant à la manière dont se réalise l’équilibre
macroéconomique ; ce débat se retrouve dans la mise en œuvre des politiques économiques.
Les politiques keynésiennes sont surtout de type conjoncturel : éviter la surchauffe
lors des phases d’expansion du cycle, soutenir la demande et donc l’activité économique
durant les phases de récession. Les « classiques » (néo-classiques, monétaristes)
préfèrent la lutte contre l’inflation et l’amélioration de la compétitivité qui permet le
développement de la production et la création d’emploi. Ils préconisent la mise en place de
politiques d’offre :
politique de contrôle direct de la masse monétaire (MV = PQ) ;
politique de revenu : contrôle direct des prix et rémunérations (exemple : en cas
d’inflation : freiner l’augmentation des salaires nominaux), et créer un climat de
modération ;
Supply-side policies (politiques de long terme) : politiques de stimulation de l'offre :
freiner la hausse ou la baisse des salaires réels via un rétablissement de la flexibilité
des marchés :
rétablir la concurrence ;
augmenter la mobilité et la flexibilité sur le marché du travail ;
pas d’indexation automatique des salaires ;
stimuler l’innovation.
33
la politique budgétaire et fiscale est contrainte par les normes sur la dette et sur
le déficit public68 ;
l’objectif est d’éliminer les déficits structurels, et n’accepter que des déficits conjoncturels en période de
récession. Pratiquement, un pays peut stimuler son économie via une politique fiscale adéquate, à condition de
ne pas compromettre l’équilibre du budget ;
il ne reste alors aux mains des Etats que les politiques d’offre et la politique de
l’emploi et des revenus, qui sont essentiellement de type structurel.
Source : J. Brémond et A. Gélédan, Dictionnaire des théories et mécanismes économiques, Hatier, 1991, p 245,
schéma complété par l’auteur.
68
Voyez l’exposé de ces principes à la leçon 4, section 4, les dépenses publiques.
34
Dès la fin de la seconde guerre mondiale, la plupart des pays occidentaux adoptèrent, pour un temps au
moins, les vues de Keynes. Puisque l’économie est confrontée à des cycles économiques prolongés,
qu’aucune « main invisible » ne peut contrer, il appartient aux gouvernements d’imposer des politiques
anticycliques, notamment pour relancer la demande et l’emploi dans les phases de récession. Le rôle de
l’Etat est donc primordial.
Bien que la ligne de démarcation idéologique soit parfois difficile à fixer, ce sont surtout les partis politiques
« de gauche » (travaillistes en GBR, socialistes et sociaux-démocrates en Europe continentale,
démocrates aux USA) qui ont trouvé dans les théories keynésiennes une plate-forme électorale : transferts
sociaux vers les classes sociales moins aisées, services publics importants (transports, communications,
énergie, …), nationalisation de secteurs-clé (charbonnages, automobile), très nombreuses législations
destinées à combattre les errements du marché et à le réguler, … La crise née du premier choc pétrolier
(début des années 1970) a démontré à son tour la relative fragilité des théories keynésiennes et ses effets
pervers : inflation, dérapage des déficits publics, nécessité de taux d’imposition élevés pour les financer,
maintien artificiel d’outils industriels obsolètes pour éviter chômage et conflits sociaux, …, ce qui a divisé la
famille socialiste (Blairisme69 en UK).
Les théories néo-classiques et monétaristes ont trouvé un écho plus ou moins favorable au sein de
formations politiques dites « de droite » (républicains aux USA, conservateurs en GB, partis libéraux ou
réformateurs en Europe Continentale). Elles furent appliquées aux USA dès l’élection de Ronald REAGAN
(1980) et, avec plus de vigueur encore en Grande-Bretagne, par Margaret TATCHER (on parle dès lors de
« Reaganisme » et de « Tatchérisme » pour qualifier leurs doctrines politiques), certains diront avec un
succès relatif. Le NEO-LIBERALISME se base notamment sur la théorie de l’offre ; comme l’affirme
George GILDER, « l’offre est la source des bienfaits du capitalisme »70. L’Etat doit donc tout mettre en
œuvre pour favoriser l’offre ; « tout mettre en œuvre » est un euphémisme : il s’agit pour les pouvoirs
publics de rendre le pouvoir au marché, en « créant » un cadre institutionnel et légal propice à la
concurrence : privatisations, dérégulation, …
69
Tony BLAIR (1953), 1er Ministre britannique de 1997 à 2007 ; il a profondément réformé le parti travailliste, très à gauche, en
l’amenant à un « libéralisme social », très éloigné de la ligne des partis socialistes français et « wallon ». Une partie du SP-a
flamand a rejoint ses thèses.
70
Georges GILDER (1939), politologue et économiste américain, proche du parti républicain ; « Richesse et Pauvreté », Albin
Michel, 1981, p 43 ; on dit qu’il fut le livre de chevet de Ronald Reagan.
35
RESUME
1. L’équilibre du revenu national implique que l’offre agrégée soit égale à la demande agrégée. Les économistes
Classiques et Keynésiens s’opposent sur la manière dont cet équilibre se réalise : les premiers affirment que la
demande s’adapte à l’offre (loi de SAY) et que l’ajustement s’effectue par des variations de prix ; les seconds
montrent que l’offre s’adapte à la demande et que l’ajustement s’effectue par des variations d’output. Ces vues
divergentes ont des conséquences en terme de politique économique.
2. Alors que les Classique affirment que l’équilibre ne peut être que de plein emploi, la théorie Keynésienne part du
principe que les prix et les salaires sont rigides à court terme, et qu’il n’existe donc aucun mécanisme autorégulateur
assurant le plein emploi. Le système économique peut fonctionner en équilibre de sous-emploi, la production étant
inférieure au produit potentiel, et ce parce que la demande globale est insuffisante. Dans ce cas, c’est sur elle qu’il
faut agir, notamment par un accroissement des dépenses publiques.
Par contre, s’il y a « surchauffe », de telle sorte que l’équilibre réel s’établisse au-delà de l’équilibre de plein emploi,
il y aura inflation par la demande.
3. Le modèle OG-DG constitue l’outil d’analyse contemporain par excellence. La demande globale représente le
volume total de production susceptible, toutes choses égales par ailleurs, d’être acheté à un niveau de prix donné.
Ses composantes sont la consommation privée, les dépenses publiques, l’investissement et les exportations nettes
(C+I+G+[X-M]).
Sa courbe exprime la relation entre le niveau général des prix et la dépense nationale. Elle est décroissante en
raison des effets « richesse » (une baisse du niveau général des prix accroît la pouvoir d’achat, à offre de monnaie
constante, ce qui favorise la consommation), « taux d’intérêt » (dans le même contexte, l’épargne croît, faisant
baisser les taux d’intérêt, ce qui favorisera l’investissement) et « taux de change ».
La demande globale varie en fonction de mesures de politique économique, notamment budgétaires et fiscales, qui
accroissent les dépenses publiques et / ou le revenu disponible, et en fonction de variables exogènes au modèle,
telles que le prix des matières premières importées ; dans ces cas, la courbe se déplace.
4. Le produit potentiel (PIB potentiel) se définit comme la quantité maximum de biens et services qu’une économie
peut produire dans la stabilité des prix, compte tenu des contraintes en terme de facteurs de production ; la stabilité
des prix suppose l’existence d’un « taux de chômage naturel (ou structurel – NAIRU)», auquel les pressions à la
hausse et à la baisse des salaires et des prix s’équilibrent.
L’offre globale est définie comme le niveau de l’output réel produit à chaque niveau de prix donné ; elle est
déterminée par le produit potentiel, dépendant lui-même des quantités de facteurs disponibles et de la technologie,
et par le coût de ces facteurs. La variation des ces éléments déplace la courbe d’offre globale. A court terme, cette
courbe est croissante, une baisse du niveau général des prix déprimant la production, notamment pour cause de
viscosité des salaires et des prix. A long terme, cette courbe est verticale, égale au produit potentiel.
36
5. Depuis plusieurs décennies, une controverse oppose les tenants de la théorie classique et ceux de la théorie
keynésienne. Le problème réside dans la cause de la récession : une baisse de la demande globale peut être
combattue par une politique active agissant sur cette demande; par contre, dans le cas d’une dépression de l’offre
qui crée à la fois chômage et inflation (stagflation), une politique de relance de la demande peut résoudre le
problème de chômage mais pas celui de l’inflation.
Après la seconde guerre mondiale, la plupart des pays ont mis en place des politiques anticycliques favorisant la
demande et l’emploi. Toutefois, la crise née du premier choc pétrolier, au début des années 1970, a montré une
relative inadéquation des politiques keynésiennes. Né dans les années 1950, sous l’impulsion de Milton Friedman, le
courant néo-libéral monétariste soutient que ces politiques génèrent de l’inflation; il revient à la théorie de l’offre;
l’Etat doit tout mettre en œuvre pour favoriser celle-ci, en créant un cadre propice à la concurrence.
6. La croissance économique se définit comme l’augmentation de la production sur une période relativement
longue ; il s’agit d’une notion quantitative, alors que le terme « développement » inclut plutôt des éléments
qualitatifs. Expliquer la cause de la croissance tient en un mot : PRODUCTIVITE ; c’est parce qu’elle augmente que
l’on produit plus avec moins de ressources, qui deviennent ainsi disponibles pour d’autres activités. C’est ainsi que
l’économie est passée d’un niveau de « subsistance » à une consommation de masse. Les déterminants de la
productivité sont le capital humain, le capital physique, les ressources naturelles, la technologie.
7. La croissance qu’ont connue les économies industrialisées au XX ème siècle repose non seulement sur le progrès
technique, mais aussi sur un mode d’organisation du travail issu de deux modèles : le Taylorisme et le Fordisme. Ce
dernier repose sur les principes du travail à la chaîne et de la standardisation des produits. Pour éviter le rejet par le
travailleur et la surproduction, les salaires sont augmentés. La croissance fordiste a partiellement structuré notre
société, en accélérant l’urbanisation, en généralisant le salariat et en modifiant la philosophie de la lutte des classes.
Le progrès technique a poussé l’économie vers le tertiaire.
8. La loi d’OKUN montre que les variations de l’emploi ne sont pas proportionnelles à celles de la production, ce qui
implique de la part des entreprises une forme de thésaurisation du travail. Des études économétriques ont
démontré qu’une certaine croissance positive du PNB était indispensable pour éviter une montée du chômage ; ce
taux dépend de la croissance de la population active et de celle de la productivité. Au-delà joue le coefficient
d’OKUN : chaque fois que le taux de croissance effectif s’écarte du « taux indispensable », le coefficient permet de
calculer la variation du chômage. Les études montrent un accroissement de ce coefficient, dû notamment à la
concurrence accrue sur le marché des biens et services et à la dérégulation sur le marché de l’emploi.
9. L’évolution du PIB n’est pas un long fleuve tranquille. A des phases d’expansion (croissance positive) succèdent
des phases de récession (croissance négative). Dès le XIXème, les économistes ont tenté de dégager une récurrence
dans ces phases. Kondratieff a ainsi mis en évidence un cycle long (expansion-récession) d’une durée de 30 à 60
ans ; selon Schumpeter, ce cycle semble lié aux vagues successives d’innovations technologiques depuis le début de
l’ère industrielle. Les recherches empiriques de Juglar ont décelé un « cycle des affaires », que l’on qualifie de
« conjoncture ». Ce cycle, d’une durée de 8 à 11 ans, comporte une phase d’expansion ; la surchauffe de l’économie
débouche sur une crise de surproduction, et l’on rentre en récession (chômage, disparition d’entreprises) ;
l’économie assainie peut alors repartir en croissance.
37
9. Afin d’amortir les chocs conjoncturels et de favoriser la croissance économique, l’Etat met en place des politiques
économiques, qui visent en fait à ce que les paramètres fondamentaux du système économique se rapprochent de
ceux du carré magique de Kaldor (croissance, chômage, inflation, équilibre extérieur). Un des problèmes est que l’on
ne peut semble-t-il atteindre simultanément tous les objectifs. On retrouve en matière de politique économique le
traditionnel débat Keynésiens vs Néo-classiques. Les tableaux ci-dessous donnent un aperçu synthétique des
politiques (anti) conjoncturelles :
DEPRESSION
Un autre problème posé par ces politiques économiques est leur mécanisme de transmission vers les variables
réelles (PIB, emploi) : quelle ampleur, après combien de temps ?
38
QCM
4. dans une situation de sous emploi keynésien, où seule la consommation est fonction du revenu et où la
pmc est nulle, le multiplicateur vaut :
a) 0 b) 1 c) 0,5 d) ∞
5. Une condition nécessaire et suffisante pour qu’il y ait croissance est que :
a) la demande globale s’accroisse
b) le revenu national de plein emploi augmente
c) la demande globale s’accroisse conjointement à une augmentation de la FPP
d) l’investissement s’accroisse
39
8. En sous emploi keynésien, une diminution de l’impôt sur les sociétés engendrera :
a) une diminution du chômage
b) une diminution du prix des biens et services
c) une augmentation de la demande de travail
d) rien de tout cela
Questions (certaines des questions nécessitent le recours aux notions vues à la leçon 6).
1. Dans beaucoup de pays de développement, les filles sont de loin moins scolarisées que les garçons, et
ce à la fois pour des raisons financières et culturelles. Avec quels arguments pourriez-vous convaincre les
responsables qu’une scolarisation normale des filles est bonne pour la croissance ? (***)
3. Même exercice en économie ouverte, en introduisant (sans les impôts) X-M. (méthode : X ne présente
pas d’intérêt ici ; raisonnez en terme de M, qui est égal à d+mY, d étant une composante exogène et m la
propension marginale à importer). Commentez. (***)
4. Notre gouvernement accorde une réduction d’impôt sur le revenu immédiate d’une valeur globale de 2
milliards d’€ ; la propension à consommer étant de 0,75, quel sera l’effet premier sur DG ? Et ensuite ? (*)
5. Quel sera l’impact sur DG, toutes choses égales par ailleurs (explicitez SVP) : (**)
a) d’une diminution des impôts ?
b) d’une hausse de confiance des consommateurs ?
c) d’une baisse des taux d’intérêt ?
d) d’une baisse des dépenses de la défense nationale ?
6. Quel sera l’impact sur OGCT, toutes choses égales par ailleurs (explicitez SVP) : (**)
a) d’une augmentation du prix de matières premières importées ?
b) d’une augmentation de la productivité dans les entreprises ?
c) d’une hausse des allocations de chômage ?
7. Quel sera l’impact sur OGLT des événements suivants ? Expliquez. (**)
a) le pays enregistre une importante immigration ;
b) les syndicats obtiennent des hausses de salaire très importantes ;
c) le secteur industriel le plus important du pays invente un produit révolutionnaire ;
d) un cataclysme majeur détruit une partie du potentiel industriel (usines, …).
8. Montrez graphiquement (OG-DG) pourquoi une politique de relance de la demande mise en œuvre pour
combattre une récession dont la cause est la déprime de l’offre génère de l’inflation. (**)
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11. Un gouvernement veut accroître la production par une politique budgétaire expansionniste. Etes-vous
d’accord avec cette mesure ? Si l’on se trouve en situation de trappe de liquidité, cette politique est-elle
plus efficace que la politique monétaire ? (***)
12. L’économie se trouve en récession. Caractérisez les mesures suivantes et leurs effets (+
éventuellement aspects négatifs) : (**)
a) une augmentation des dépenses publiques ;
b) une réduction des impôts ;
c) une croissance de la masse monétaire.
13. Supposons dans la loi d’OKUN le taux α = 2,5% et le coefficient d’Okun = 0,4%.
a) quel est le taux de croissance du PNB qui peut entraîner une hausse du chômage de 1% ? Expliquez ;
b) quel taux de croissance faut-il maintenir pour diminuer le chômage de ½ point par an ?
c) que se passera-t-il à terme si on assistait aujourd’hui à un nouveau « baby-boom » ?
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