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Le chapitre 6 de la référence [9.1] étudie en détail la résistance, les déformations et les modes de
vibration des arbres. Ce chapitre contient la nomenclature des matériaux utilisés en ingénierie ainsi
que celle plus détaillée des aciers. Y apparaissent également des critères sur le choix d’un acier pour
fabriquer un arbre de transmission et quelques considérations sur les charges d’impact et les
fluctuations de couple.
Quoique l’on assimile le plus souvent un arbre à un élément de transmission rigide, il existe des
éléments flexibles qui remplissent la même fonction. Cet élément, appelé arbre flexible, est présenté
à la fin du chapitre.
La Society of Automotive Engineers (SAE) et l’American Society for Testing and Materials (ASTM)
classifient les matériaux d’ingénierie selon 17 séries qui apparaissent dans les normes SAE J 1086 et
ASTM E527. La nomenclature générale de la classification comprend une lettre suivie de 5 chiffres.
Le tableau 9.1 est tiré de ces normes et les résume.
Tableau 9.1 - Résumé de la nomenclature des matériaux selon les organismes SAE et ASTM
A- XXXX Al et alliages
C- Cu et alliages
E- Terres rares et alliages (expérimental)
L- Alliages à bas point de fusion
M- Divers matériaux non ferreux et alliages
N- Nickel et alliages
P- Métaux précieux et alliages
R- Réfractaires
Z- Zn et alliages
D- Propriétés mécaniques spéciales
F- Fontes
G- AISI et SAE : aciers au carbone et alliages
H- AISI, H steel : aciers fortement alliés
J- Aciers coulés
K- Divers aciers et alliages
S- Aciers résistant à la température et à la corrosion, aciers inoxydables
T- Aciers à outils
Dans le tableau 9.1, l’acronyme AISI signifie American Iron and Steel Institute.
9.1
Cours 9 – Arbres et montages
Les matériaux avec le préfixe G sont les plus fréquemment utilisés pour fabriquer les arbres. Dans la
nomenclature des aciers au carbone commençant par le préfixe G, le premier chiffre indique le type
d’acier, le deuxième chiffre donne le pourcentage approximatif du principal alliage et les trois
derniers chiffres correspondent à 1000 fois le contenu de carbone en pourcentage. Après les
2 premiers chiffres, un « L » indique l’addition de plomb et un « B », l’addition de bore. Ces deux
métaux servent à améliorer l’usinabilité de l’acier.
Une lettre en plus du préfixe G donne une indication sur le procédé de raffinage utilisé pour la
fabrication de cet acier. Le symbole B correspond à un acier au carbone Bessemer fabriqué par un
procédé acide. Le symbole C indique un acier « open-heart » qui correspond à un procédé de
fabrication basique. Le symbole E désigne un acier fabriqué dans un four électrique. Les procédés
de fabrication acide ou basique ont peu d’importance dans le choix d’un acier pour les arbres. Les
aciers avec le symbole E sont très purs; ils sont utilisés pour les outils ou les roulements. Ils sont
fabriqués dans des fournaises électriques sous vide pour enlever les traces de O2, N2 et H2 qui
s’insèrent d’habitude dans la matrice cristalline lors du refroidissement. Ces insertions créent des
concentrations de contraintes et des points d’initiation de fissures. Dans la littérature anglaise, on les
appelle les aciers « Vacuum Remelted ».
Les critères pour le choix d’un matériau pour fabriquer un arbre sont les suivants : (1) l’usinabilité,
(2) la disponibilité et (3) des propriétés comme la résistance mécanique et la résistance à la
corrosion. Les fontes se distinguent des aciers par une teneur de plus de 2 % en carbone et de 1 à
3 % en silice. Les aciers au carbone, de leur côté, contiennent en général moins de 2 % de carbone,
qui est le contenu maximum de carbone qui permet au fer de se cristalliser en une seule phase avec
tout le carbone en solution. Les fontes s’usinent facilement et sont disponibles à bon marché, mais
elles manquent de rigidité et ne possèdent pas une gamme assez étendue de propriétés mécaniques
pour être largement utilisées dans la fabrication des arbres de transmission. L’acier est en général le
matériau qui rencontre le mieux toutes les exigences requises pour la fabrication d’un arbre. On
distingue plusieurs catégories d’aciers au carbone. Donnons maintenant des indications générales qui
permettent de faire un choix rationnel parmi les aciers (les aciers au carbone ayant la lettre G comme
préfixe sont donnés au tableau 9.1).
Le matériau de premier choix pour un arbre est un acier Bessemer ou « open-heart » contenant de
0,10 à 0,40 % de carbone : il est peu dispendieux et s’usine bien. Cet acier est disponible
rapidement et possède une résistance intéressante. L’acier le plus populaire pour ce genre
d’application est le G 10100. Pour une meilleure usinabilité, on utilise souvent les aciers G 11xxx
qui contiennent du soufre, G 12xxx qui contiennent du soufre plus du phosphore et G 13xxx ou G
15xxx auxquels du manganèse est ajouté dans des proportions de 1,0 et 1,75 % respectivement. Les
aciers à faible pourcentage de carbone ont une limite élastique faible.
Si les charges exigent une limite élastique plus élevée que celle des aciers à faible pourcentage de
carbone, le second choix est un acier contenant de 0,2 à 1,5 % de carbone. À cette teneur en
carbone, l’acier peut subir une trempe thermique. Plus l’acier contient un pourcentage élevé de
carbone, plus ses propriétés mécaniques peuvent être améliorées par une trempe, mais plus aussi il
9.2
Cours 9 – Arbres et montages
devient difficile à usiner même dans l’état non durci. Il faut donc s’assurer qu’il est vraiment
nécessaire que l’arbre possède ce surplus de résistance pour justifier l’emploi de cet acier. Les arbres
dont la dureté doit être très élevée sont d’abord usinés proche de leurs dimensions finales à l’état non
durci. Une fois l’usinage complété, on fait subir une trempe à la pièce qui est ensuite finie par
meulage. Un acier très populaire pour ce genre de service est le G 10450.
Parce que les aciers au carbone ne durcissent pas bien en profondeur, ils sont souvent utilisés pour
fabriquer des arbres qui ne nécessitent en général qu’une trempe de surface. Parmi les traitements de
surface populaires que subissent les aciers au carbone, il y a la carburation, la cyanuration et la
nitruration. Dans le dernier traitement, il est nécessaire d’avoir un acier qui contient des additifs
appropriés pour que le traitement soit efficace. Ces aciers sont appelés des « nitralloys ». Le choix
du procédé dépend de la dureté recherchée et de la profondeur de trempe désirée. La trempe de
surface est tout à fait suffisante quand elle n’est requise que pour augmenter la résistance à l’usure
par abrasion ou pour frotter contre un joint étanche en caoutchouc par exemple.
Si les sollicitations sont encore plus élevées, le troisième choix possible est un acier allié. Les aciers
alliés sont plus dispendieux que les précédents, mais ils se trempent en profondeur et peuvent ainsi
acquérir de meilleures propriétés mécaniques. Les aciers alliés se déforment moins lors du
traitement thermique; ils ont moins tendance à craquer et conservent moins de contraintes résiduelles
que les aciers au carbone. Pour la même dureté, ils sont aussi plus faciles à usiner. Les aciers alliés
sont généralement utilisés en combinaison avec un traitement thermique pour améliorer leur dureté
et augmenter leur limite élastique. Les alliages les plus populaires pour les arbres sont les aciers au
nickel G 23400, au chrome-molybdène G 41400 et au nickel-chrome-molybdène G 43400. Les
aciers inoxydables, préfixe S au tableau 5.1, sont utilisés pour leur résistance à la corrosion et aux
hautes températures.
Suite à un développement relativement récent, les aciers « High Strength Low Alloy » (HSLA) sont
apparus. Ces aciers contiennent moins de 1,5 % de carbone, auxquels on ajoute des métaux tels que
du columbium, du vanadium, du cuivre, du titane, des terres rares, du calcium, du zirconium dans
des combinaisons et des proportions savantes, en quantités plus petites que 0,5 %. Ces additifs,
combinés à des techniques spéciales de laminage ou de refroidissement, confèrent à ces aciers des
propriétés mécaniques comparables à celles des aciers alliés, mais à un coût inférieur.
9.2.2 Ébauches
Les formes brutes sous lesquelles se présentent les aciers utilisés pour les arbres sont les suivantes :
(1) finis à froid, « Cold Rolled or Cold Drawn », (2) finis à chaud, « Hot Rolled »; (3) forgés et
(4) coulés.
Les barreaux finis à froid sont disponibles en diamètre jusqu’à 70 mm. Les barreaux sont d’abord
étirés à chaud, puis débarrassés de leur croûte oxydée. Ils sont ensuite étirés à froid dans des filières.
Ces barreaux sont fabriqués en acier au carbone ou alliés et ils sont destinés à être utilisés tel quel.
Ils ont un fini de surface poli et des tolérances très serrées de l’ordre de ± 10 × 10-3 mm. Leur
surface est dure et ils résistent bien à la compression, ce qui améliore leur résistance à la fatigue. Ils
présentent cependant quelques désavantages : ils ne sont pas très droits et les contraintes résiduelles
de surface causent une distorsion supplémentaire lorsque celles-ci sont partiellement relâchées au
9.3
Cours 9 – Arbres et montages
cours de l’usinage d’un chemin de clavette par exemple. C’est pourquoi on dit qu’ils sont destinés à
être utilisés tel quel.
La majorité des arbres de transmission sont fabriqués à partir de barreaux finis à chaud. Ces barreaux
sont disponibles dans tous les matériaux et pour tous les diamètres. Ils sont destinés à des arbres qui
seront usinés ou traités, puis meulés et polis. Durant la phase de fabrication par étirage à chaud, une
croûte en surface de la pièce perd son carbone sous la forme de CO ou CO2 par réaction avec
l’oxygène de l’air environnant. Sous cette forme, l’acier est appelé « Rimmed Steel » dans le jargon
du métier. Utilisées telles quelles, ces pièces ne peuvent pas être durcies efficacement en surface à
cause de la déficience en carbone de cette croûte. Pour pallier à cet inconvénient, on peut acheter
des barreaux en acier appelés « Killed Steel ». Ces aciers ont été protégés contre la corrosion durant
le procédé de fabrication à chaud en leur ajoutant un additif plus réactif à l’oxygène que le carbone
qu’ils contiennent, comme de l’aluminium ou du silicium par exemple. Les aciers « Capped » ou
« Semi-Killed » constituent une famille intermédiaire entre les deux précédents.
On utilise le procédé de forgeage pour ébaucher des formes complexes comme un engrenage monté
à même son arbre ou une bride de raccordement. Les arbres creux sont aussi forgés. L’orientation
du grain dans la pièce finie augmente la résistance mécanique. Le forgeage est une opération
complexe et, par le fait même, coûteuse. Pour cette raison, les formes complexes qui intègrent
plusieurs composantes sont souvent coulées. Les pièces obtenues par forgeage ou par coulée ont une
croûte superficielle décarburisée appelée peau. Ceci peut devenir un inconvénient si l’on veut faire
subir une trempe de surface à la pièce.
Dans le processus de conception des arbres, en plus de calculer les contraintes de flexion et de
torsion, il est souvent essentiel de vérifier aussi les déformations. Ce chapitre n’a pas pour objectif
de donner les équations des calculs de flèche ou de torsion, pas plus que celles du calcul des
contraintes. La référence [9.1] étudie en détail ces techniques. On ne donnera ici que quelques
valeurs limites et des lignes directrices d’ordre pratique.
Les arbres sont soumis à des chocs de flexion ou de torsion, souvent les deux simultanément. En
général, le choc n'a pas de vitesse initiale et il est donc équivalent à une charge subite, ce qui
multiplie la contrainte constante par un facteur de deux. Pour des fins de calcul, s’il existe des
chocs, il est donc recommandé de multiplier le moment fléchissant et le couple de torsion statiques
par un facteur deux. Cependant, les inversions de rotation occasionnent des chocs que l’on qualifie
d’importants. Dans ces cas, les charges statiques peuvent être multipliées par un facteur allant
jusqu’à trois.
La rotation de la plupart des machines n’est pas uniforme. Seules les turbines à gaz et à vapeur ont
une vitesse de rotation presque uniforme à cause de leur grande inertie et de leur vitesse élevée. Les
moteurs électriques subissent des fluctuations de vitesse à cause de la fréquence du courant qui est
susceptible de varier. Les machines à piston présentent de ce point de vue le pire comportement.
Non seulement la machine entraînante n’a pas une vitesse constante, mais le couple résistant de la
machine entraînée reste lui non plus rarement constant. À ceci s’ajoute l’effet de volant des masses
9.4
Cours 9 – Arbres et montages
en rotation. En conséquence, les arbres de transmission sont soumis à des fluctuations de couple de
l’ordre de 100 % et plus.
Le rapport du couple maximum sur le couple nominal ou le couple constant est appelé facteur de
surcharge kl. Faute d’information plus précise, on peut utiliser les valeurs du facteur de surcharge kl
du tableau 9.2. Le facteur kl multiplie le couple nominal ou la puissance nominale transmise.
SOURCE PUITS kl
Turbine Génératrice, charge uniforme; pompe centrifuge 1,00
Génératrice, charge qui fluctue 1,25
Boîte d’engrenages 1,50
Laminoir 2,00
Moteur Machine outil 1,20
électrique Pompe centrifuge; travail du bois 1,50
Arbre de couche; mélangeur à hélice 1,75
Pont roulant; grue 1,75
Compresseur à pistons 2,00
Laminoir; moulin à caoutchouc 2,50
Moteur à Mêmes facteurs que pour le moteur électrique, multipliés par 1,6
pistons pour un moteur à piston et 1,3 pour un moteur à 8 pistons. On peut
utiliser une interpolation linéaire pour les moteurs à 2, 4 ou
6 pistons.
Des valeurs plus détaillées de facteurs de surcharge se trouvent dans plusieurs ouvrages de
référence. Un de ceux-ci est donné à la référence [9.4] à la fin du chapitre. Les facteurs de surcharge
indiqués dans les ouvrages de référence reposent sur des données expérimentales accumulées depuis
de nombreuses années.
La torsion normale admissible pour un arbre dans une application générale est de 20 min/m,
15 min/m s’il y a des charges variables et de 10 min/m si les charges ou le sens de rotation est
inversé. Pour les machines outils, ces valeurs sont limitées à 3 min/m.
9.5
Cours 9 – Arbres et montages
Noter que la flèche et la déformation en torsion dépendent uniquement des charges, de la géométrie
de la pièce et des propriétés élastiques du matériau. Donc, un acier allié beaucoup plus résistant
qu’un acier contenant 0,15 % de carbone n’est pas plus rigide en torsion ou en flexion tout en étant
cependant beaucoup plus dispendieux. Au contraire, la pièce résultante étant de dimension plus
faible à cause de la plus haute résistance de l’acier allié sera peut-être finalement moins rigide!
La fonction première d’un arbre est de transmettre de la puissance mécanique d’un point à un autre.
Si ces deux points sont et restent colinéaires, un arbre rigide est tout indiqué pour l’application.
Mais si les deux points ne sont pas colinéaires ou si leur position relative change dans le temps, il
devient nécessaire d’employer un élément flexible pour accommoder ces variations. C’est le cas par
exemple lorsque l’alignement des deux points à réunir varie de plus de 15o, que le chemin à
parcourir entre les deux points serpente ou que l’une des extrémités de l’arbre bouge
continuellement par rapport à l’autre. Des exemples typiques d’arbre flexible sont fournis par les
câbles de frein et de changement de vitesse sur une bicyclette, les outils de nettoyage de tuyauterie,
les meules de polissage utilisées en bijouterie ou en finition de moules. Pour de telles applications,
un arbre flexible représente une solution intéressante.
9.3.1 Caractéristiques
Les arbres flexibles peuvent servir pour la transmission de puissance ou pour une commande à
distance. Ils permettent essentiellement d’assurer la transmission d’un mouvement de rotation ou de
translation. Les applications typiques dans le domaine de la transmission de puissance sont diverses,
soit remplacer une boîte d’engrenages à 900 pour tourner un coin, accommoder un grand
désalignement, amortir des vibrations ou permettre des déplacements relatifs entre la source de
puissance et la machine entraînée (un outil par exemple). Typiquement, la puissance transmise est
moins de 1 kW, sans jamais dépasser 10 kW. Dans la transmission de mouvement, l’emploi le plus
généralisé est la commande à distance. Un usage très connu dans ce domaine est l’indicateur de
vitesse dans un véhicule (auto, camion ou moto).
Les arbres flexibles sont disponibles dans des dimensions de 1 à 50 mm. Les matériaux utilisés pour
les fils sont l’acier au carbone le plus courant et le moins dispendieux. L’acier inoxydable, le Monel
et le bronze au phosphore sont spécifiés pour des applications corrosives ou à haute température.
9.3.2 Construction
Un arbre flexible comprend un noyau, une enveloppe et des embouts. Le noyau est constitué d’un fil
autour duquel sont enroulés de un à douze autres fils en rang de sens opposé l’un à l’autre. Cette
construction est illustrée à la figure 9.1. Le sens d’enroulement du dernier rang de fil détermine le
sens de rotation de l’arbre : il faut que la rotation de l’arbre ait tendance à serrer le dernier
enroulement.
9.6
Cours 9 – Arbres et montages
7 fils
1 2 fils
6 fils
M a nd r in
3 fils
9 fils
1 1 fils
Une enveloppe autour des fils enroulés sert de guide pour l’empêcher de boucler, protège le câble
contre l’eau et la poussière en même temps qu’il contient le lubrifiant et qu’il protège le personnel
contre les accidents. L’enveloppe peut être soit un tube en acier, en cuivre ou en plastique rigide. Ce
type d’enveloppe est simple et peu coûteuse, mais elle ne confère pas de flexibilité à l’arbre.
Le plus souvent, l’enveloppe est composée de 2 à 4 fils de métal plats enroulés. Cette construction
assure la flexibilité du montage et constitue une surface intérieure lisse sur laquelle pourra glisser le
noyau sans se briser. Cette enveloppe est parfois doublée à l’intérieur d’un tube ou d’un tissu de
Polytetrafluoréthylène, PTFE ou Téflon, ou d’un matériau plastique similaire, pour limiter l’usure du
noyau. À l’extérieur, l’enveloppe métallique est recouverte d’une gaine en caoutchouc ou d’un autre
matériau synthétique selon les conditions environnantes auxquelles l’arbre doit résister. Cet
arrangement est flexible, étanche, résiste bien aux intempéries et à l’usure tout en autorisant des
rayons de courbure relativement faibles. Cette construction est illustrée à la figure 9.2.
Les embouts sont des accouplements qui servent à relier le noyau au moteur et à la machine tout en
maintenant l’enveloppe immobile. Le noyau tourne dans l’extrémité de l’enveloppe sur un
roulement à billes ou sur un palier lisse. La figure 9.3 montre des embouts typiques qui sont utilisés
pour raccorder le noyau du moteur à la machine qu’il doit entraîner.
9.7
Cours 9 – Arbres et montages
cannelure
fendu
clavette
vis de serrage
carré
Les arbres flexibles ne sont pas construits pour transmettre plus de 10 kW. Dans les applications les
plus courantes, la puissance varie d’une fraction de kW jusqu’à un ou deux kW. Pour une puissance
donnée, la vitesse la plus élevée est la plus souhaitable, mais sans dépasser environ 3 m/s à la surface
du noyau pour que le couple à transmettre soit moins élevé. À vitesse élevée, le frottement entre
l’arbre et la gaine cause de l’échauffement et une usure rapide du noyau. La vitesse maximale
admissible est fonction de la construction du noyau et de sa gaine, mais elle est aussi influencée par
le rayon de courbure minimum imposé à l’arbre. Plus ce rayon est petit, plus la vitesse admissible
est basse.
Plusieurs enroulements de petits fils permettent une rotation dans les deux sens avec 100 % de
capacité dans un sens et environ 60 % dans l’autre. Pour transmettre de plus grands couples, on
préfère utiliser des fils plus gros et moins d’enroulements, en se limitant à un sens de rotation
uniquement.
On recommande en général de ne pas utiliser un arbre flexible sur une distance L de plus de 3 m. En
effet, comme le module de rigidité G d’un câble est environ 20 fois plus petit que celui d’un solide,
il s’ensuit que les fréquences de vibrations en torsion sont basses parce que celles-ci sont
proportionnelles à (G/L)1/2. Une autre raison est que l’angle de torsion qui augmente avec la
longueur L du câble cause des délais et des erreurs de transmission.
Finalement, la capacité d’un arbre flexible est grandement affectée par son rayon de courbure. Plus
le rayon est petit, moins la capacité en puissance est grande. Le tableau 9.3 présente des valeurs
typiques de capacités en couple et en vitesse pour des arbres flexibles en fonction du rayon de
courbure et du rayon du noyau.
9.8
Cours 9 – Arbres et montages
9.4 MONTAGES
Les arbres sont à la fois des éléments récepteurs et fournisseurs de puissance mécanique. Sur ces
arbres, il faut aller capter la puissance, c’est-à-dire le couple ou la force et la vitesse. Cette fonction
est assurée en réalisant un montage adéquat des composantes sur l’arbre. En général, les
composantes sont fixées sur les arbres par un moyeu, c’est-à-dire une sorte de manchon cylindrique
qui s’enfile par dessus l’arbre.
Ce chapitre passe en revue les types de fixations utilisées pour monter les moyeux sur les arbres.
Quand c’est nécessaire, des techniques de calcul sont présentées, sinon la revue restera
essentiellement descriptive.
La puissance mécanique à capter sur un arbre apparaît sous la forme d’une force et d’une vitesse
linéaire ou d’un couple et d’une vitesse de rotation. Dans un cas comme dans l’autre, il faut
immobiliser le moyeu dans deux directions sur l’arbre : (1) la direction axiale et (2) la direction
radiale.
Selon la forme sous laquelle il faut capter la puissance, l’une ou l’autre des deux directions devient
celle qui transmet la puissance. Ainsi, la puissance transmise sous la forme d’une force et d’une
vitesse linéaire doit être captée dans la direction axiale. Lorsque la puissance est transmise sous la
forme d’un couple et d’une vitesse de rotation, elle doit être captée dans la direction radiale. Les
techniques de fixation dans les deux directions sont résumées dans les tableaux 9.4 et 9.5.
Les critères importants dans le choix et la conception du montage des moyeux sur les arbres sont les
suivants : (1) précision de fixation, (2) capacité de transmission de couple ou de force,
9.9
Cours 9 – Arbres et montages
(3) équilibrage (en rotation seulement) et (4) affaiblissement occasionné à l’arbre. Ces points,
présentés aux tableaux 9.4 et 9.5, seront étudiés dans la suite.
Tableau 9.4 - Types de fixation dans la direction radiale
Type Couple pouvant Influence sur la Équilibrage Précision de
être transmis résistance de l’arbre fixation angulaire
Clavette carrée Celui de l’arbre Peu Mauvais Bonne
ajustée
Clavette forcée Celui de l’arbre Peu Très mauvais Assez bonne
Clavette Montage à éviter; ne convient qu’aux faibles vitesses et pour transmettre un
transversale effort axial important pouvant changer de sens
Cannelure Celui de l’arbre Très peu Excellent Très bonne
Clavette disque Celui de l’arbre Plus que carrée Mauvais Assez bonne
(Woodruff)
Montage serré sur Suivant le Crée un frettage qui Excellent Incertaine
cône ou alésage serrage, peut peut augmenter la
droit atteindre celui de résistance
l’arbre
Goupille conique Inférieur à celui Considérable Médiocre Passable à
en travers du de l’arbre médiocre
moyeu
Vis pointeau Très faible Très peu Mauvais, tend Très médiocre
à se desserrer
9.10
Cours 9 – Arbres et montages
9.4.2 Clavettes
Les clavettes sont fabriquées de forme ronde (figure 9.4a), carrée (figure 9.4b) ou rectangulaire
(figure 9.4c). Pour chacun de ces types, elles peuvent être droites ou coniques. Les clavettes
coniques sont forcées dans le chemin de clavette et on les appelle clavettes forcées pour cette raison.
La clavette peut aussi être conçue pour épouser la courbure de l’arbre comme la clavette selle de la
figure 9.4d ou montée sur un plat de l’arbre (figure 9.4e). Pour des couples très importants ou
renversés, on utilise deux clavettes (figure 9.4f).
Figure 9.4 - Clavettes : (a) ronde, (b) carrée, (c) rectangulaire, (d) selle, (e) sur plat, (f) Kennedy
Lorsque l’arbre est trop petit pour y usiner un chemin de clavette sans l’affaiblir indûment, on perce
un chemin de clavette dans le moyeu seulement et on y entre une clavette conique qui tient en place
par serrage. La clavette à selle de la figure 9.4(d) est de ce type : elle épouse la courbure de l’arbre
et transmet le couple par frottement. On peut évaluer la capacité en couple par la formule :
T = µ Fn d η (9.1)
où T est la capacité en couple, µ est le coefficient de frottement entre la clavette et l’arbre (environ
0,2 pour un montage sec et 0,05 s’il y a de l’huile ou de la graisse), Fn est la force normale
développée entre la clavette et l’arbre par serrage, d est le diamètre de l’arbre et η est l’efficacité du
serrage.
9.11
Cours 9 – Arbres et montages
La valeur de la normale Fn peut être évaluée à partir de la résistance en compression des matériaux
de la clavette ou de l’arbre par la relation :
Fn =W L σ (9.2)
où W est la largeur de la clavette, L sa longueur et σ le moindre de la résistance en compression du
matériau de l’arbre ou de la clavette.
La clavette forcée est maintenue en place axialement par coinçage sous l’effet de sa conicité. Les
vibrations, avec le temps, ont tendance à faire glisser la clavette dans la direction axiale et ainsi à
faire perdre le serrage qui sert à transmettre le couple. Le facteur d’efficacité η tient compte de cette
réalité. Il est recommandé de poser le facteur η égal à 0,2 pour assurer une bonne sécurité.
Pour éviter le desserrage, il faut que la tangente de l’angle de la conicité soit plus petite que le
coefficient de frottement. Pour un montage à sec, une pente de 1/12 est suffisante. S’il existe des
possibilités que le montage soit contaminé par de l’huile ou de la graisse, il faut diminuer cette pente
à 1/20 ou moins.
Plus efficace que la clavette à selle, la clavette de la figure 9.4e se monte avec un plat sur l’arbre.
Comme précédemment, un chemin de clavette est usiné dans le moyeu seulement et la clavette est
maintenue en place par coinçage comme la clavette selle ou bien à l’aide d’une vis de serrage. La
capacité en couple est donnée approximativement par la formule :
W Lσ d η
T= (9.3)
2
où les termes sont tels que définis précédemment. Si on utilise une vis à pointeau pour tenir la
clavette en place dans la direction axiale plutôt que du serrage, le coefficient d’efficacité devient
égal à 1,0; autrement, il a les mêmes valeurs que dans les relations (9.1) et (9.2).
La méthode de la clavette montée sur un plat de l’arbre est beaucoup plus efficace que celle de la
clavette à selle. Elle est très populaire pour monter les boutons sur les arbres pour une manipulation
manuelle. Pour des applications en rotation continue, l’usage de cette clavette est limité à des petites
puissances. La dimension du plat sur l’arbre doit être au moins 50 % de la largeur W de la clavette
et au plus 100 % de cette largeur. À cause de la difficulté d’ajuster la hauteur de la clavette pour
qu’elle entre très exactement dans l’espace prévu, on utilise une clavette conique que l’on enfonce
plus ou moins selon le besoin, avec une vis de serrage ou un ressort qui reprend automatiquement le
jeu.
Les clavettes coniques sont aussi utilisées pour des montages avec un chemin de clavette dans le
moyeu et dans l’arbre. La figure 9.5 illustre deux types de clavettes de serrage utilisées pour la
transmission de forts couples : la clavette conique proprement dite et la clavette fendue. La clavette
conique porte un talon pour l’extraction comme le montre la figure 9.5. La clavette fendue assure
son serrage en utilisant le principe des plans inclinés.
9.12
Cours 9 – Arbres et montages
Avec ces clavettes, le couple est transmis par cisaillement dans la clavette et par compression sur les
côtés du chemin de clavette dans l’arbre ou dans le moyeu. La capacité en couple de ces clavettes se
calcule par les formules suivantes :
W Ldτ
T= F.S. (9.4)
2
ou
H Ldσ
T= F.S. (9.5)
4
Le montage des clavettes avec serrage tend à ovaliser le moyeu. Aussi, comme tout le jeu est repris
dans le même sens, il s’ensuit un déséquilibre de la charge qui cause des vibrations. Le montage et
le démontage des clavettes serrées se fait souvent par percussion, ce qui peut entraîner un bris
prématuré des roulements. Par contre, le serrage offre une force de fixation axiale, Fa, qui se calcule
par la relation :
Fa = µ W Lσ η (9.6)
Les clavettes ajustées carrées ou rectangulaires sont les plus répandues. Un chemin de clavette est
usiné dans l’arbre et dans le moyeu. La clavette y est ajustée sur les côtés pour éviter qu’elle ne
9.13
Cours 9 – Arbres et montages
bascule dans son chemin. La capacité en couple des clavettes carrées ajustées se calcule à l’aide des
relations (9.4) et (9.5).
Le meilleur équilibre des capacités est obtenu en utilisant une clavette carrée (W = H), de longueur L
égale au diamètre de l’arbre. Pour les petits moyeux ou les petits arbres, le chemin de clavette peut
être moins profond et on utilise une clavette rectangulaire. Dans ce cas, la résistance en compression
dans la relation (9.5) est réduite à cause de la dimension plus faible de H.
Si l’arbre et le moyeu sont cylindriques, la clavette peut être maintenue en place par une vis de
serrage dans le moyeu. Tout le jeu entre l’arbre et le moyeu est repris alors du même côté, ce qui
déséquilibre le montage et occasionne des vibrations. Une clavette seule ou deux clavettes à 90o
déséquilibrent aussi le montage. Deux clavettes à 180o assurent un meilleur équilibre.
Pour obtenir un bon équilibre des pièces en rotation sans avoir à utiliser deux clavettes, il est
préférable de les monter à l’aide d’un adaptateur conique. Les figures 9.6 et 9.7 illustrent les deux
versions communes de ces adaptateurs, soit le « Taper Lock » (figure 9.6) et le QD (figure 9.7). Les
deux types d’adaptateur remplissent la même fonction et sont également répandus dans l’industrie.
Les clavettes, leurs dimensions ainsi que leurs tolérances sont normalisées. Les proportions et les
tolérances dans le système anglais apparaissent par exemple entre autres dans la norme de
l’American Gear Manufacturers Association (AGMA 9002-A86).
9.14
Cours 9 – Arbres et montages
Un cas spécial de clavette ajustée est la clavette disque ou « Woodruff » montrée à la figure 9.8. Sa
longueur L est limitée à deux fois le rayon R de sorte qu’elle ne convient que pour les moyeux courts
et en bout d’arbre. La profondeur du chemin de clavette dans l’arbre affaiblit considérablement ce
dernier.
Un autre cas particulier des clavettes carrées ou rectangulaires est la clavette libre (figure 9.9). Cette
clavette permet un déplacement axial tout en transmettant un couple. Elle est simple et économique,
mais il faut la graisser pour permettre le déplacement. La capacité en couple se calcule avec la
relation (9.5) où σ est inférieur à 7 MPa.
9.4.3 Goupilles
Les goupilles se divisent en deux catégories : (1) coniques et (2) cylindriques. Les goupilles peuvent
être placées en travers du moyeu et de l’arbre (figure 9.10) ou tangentes à l’arbre (figure 9.11). Le
montage de la figure 9.10 affaiblit l’arbre, mais transmet plus de couple et assure une meilleure
localisation axiale. Le montage par goupille est facile à réaliser car il implique de faire un trou rond.
Pour assurer un montage d’une qualité raisonnable, le trou doit cependant être alésé avec une bonne
précision.
9.15
Cours 9 – Arbres et montages
r π ( d o2 - d i2 )
T =τ F.S.
2
T = ( R 2 - r 2 ) d o σ F.S. (9.7)
d σ
2
T = r o F.S.
2
où do et di sont les diamètres externe et interne de la goupille (di = 0 si la goupille est pleine), r est le
rayon de l’arbre, R est le rayon du moyeu, τ est la résistance en cisaillement de la goupille et σ est la
9.16
Cours 9 – Arbres et montages
résistance en compression de moyeu ou de l’arbre. Comme l’équation (9.7) utilise l’aire projetée de
la goupille, on suggère de prendre un facteur de sécurité égal à 2.
La valeur à utiliser pour le diamètre do de la goupille est sa dimension nominale, même pour une
goupille conique. L’angle du cône étant petit, l’erreur faite en prenant do comme dimension
nominale de la goupille est négligeable.
Une goupille de forme conique peut être fabriquée pour se maintenir dans son trou par serrage. Les
vibrations et les inversions de mouvement tendent cependant à la faire sortir. Les goupilles
cylindriques rainurées de la figure 9.12 veulent pallier à cet inconvénient. Cette goupille rainurée a
été déformée plastiquement à une extrémité de sorte que sa section n’est plus ronde et dépasse
légèrement la section originale. Lorsque cette goupille est insérée dans son trou, les arêtes se
déforment élastiquement et se pressent contre les parois du trou, prévenant le desserrage sous l’effet
des vibrations et des charges variables.
Une autre version est la goupille cylindrique roulée. La goupille roulée est fabriquée à partir d’une
tôle d’acier G 10450 ou d’acier inoxydable type 420 roulée en un cylindre avec une fente axiale.
L’acier utilisé est dans un état durci pour que la goupille ait un effet de ressort. Les deux bouts sont
chanfreinés pour faciliter son insertion dans un trou de diamètre légèrement plus petit que do. Le
serrage contre les parois du trou assure la fixation de la goupille.
Les montages à goupille sont surtout utilisés pour des questions de facilité et de coût. Ils restent peu
précis et peu robuste.
La vis pointeau est un montage qui assure une fixation aussi bien en rotation qu’en translation. La
figure 9.13 illustre divers types de pointes des vis de serrage. Les pointes à cuvette et en cône
laissent des marques sur les arbres, mais assurent une meilleure prise; la pointe ronde est moins
agressive. La pointe barrée, en s’ancrant dans un trou sur l’arbre, assure une très bonne prise. Le
tableau 9.6 détaille la capacité de retenue des vis de serrage et le diamètre des arbres sur lesquels
leur utilisation est recommandée en fonction de leur grosseur.
9.17
Cours 9 – Arbres et montages
Cuvette Plate
Cône Barré
Ronde Barré
Tableau 9.6 - Capacité des vis de serrage sur un arbre de 200 BHN ou 15 Rc
9.18
Cours 9 – Arbres et montages
Comme il est indiqué au tableau 9.6, les vis de serrage ne doivent pas servir à transmettre des
couples importants ou assurer des fixations axiales autrement que dans des cas simples et peu
critiques. Un usage adéquat des vis de serrage consiste à maintenir une clavette en place. Dans ce
cas, on place la vis soit directement sur la clavette au travers du moyeu, soit à 90o de la clavette ou
bien on utilise les deux configurations simultanément (figure 9.14).
9.4.5 Cannelures
Les cannelures constituent un cas particulier des clavettes libres. Il s’agit en fait de plusieurs
clavettes disposées parallèlement et usinées à même l’arbre et le moyeu. Elles possèdent plus de
capacité en couple et assurent un centrage automatique de la charge, d’où un meilleur équilibrage
tout en permettant un mouvement axial.
Comme les clavettes, les cannelures se rencontrent en montage libre (classe 1) ou en montage guidé
ou serré (classe 2). En classe 1, un mouvement axial sous charge est permis. Parce que la cannelure
interne est brochée, elle devient la dimension de base et la cannelure externe est usinée avec les jeux
appropriés.
9.19
Cours 9 – Arbres et montages
En classe 2 (exécution guidée ou serrée), la cannelure externe est usinée aux mêmes dimensions que
la cannelure interne. Le guidage se fait soit sur le diamètre extérieur ou intérieur de l’arbre ou
encore sur les flancs des cannelures, cette dernière méthode étant la préférée. Le guidage sur les
flancs des cannelures permet d’exploiter au mieux la caractéristique de centrage du moyeu.
L’exécution guidée sert pour les montages et démontages faciles, pas trop fréquents; c’est la plus
commune. L’exécution serrée est réservée aux montages permanents. L’interférence de montage se
retrouve sur les flancs.
9.4.5.1 Dimensions
Les cannelures carrées se fabriquent avec 4, 6, 10 ou 16 cannelures tel qu’illustré à la figure 9.15.
Les dimensions W, D et H sont normalisées et données dans la norme SAE J 499 en fonction du
diamètre de l’arbre et du nombre de cannelures. Elles se fabriquent pour des arbres d’une dimension
pouvant atteindre 150 mm et sont disponibles pour remplacement seulement.
Les normes ANSI 92.1 (1970) et 92.1-A (1976) décrivent les cannelures involutes. La cannelure
involute est en fait un engrenage cylindrique d’un angle de pression de 35o (parfois 37.5 ou 45o).
Elle est identifiée par une fraction (P/2P) dont le numérateur est le pas diamétral et le dénominateur,
qui est toujours 2 fois le numérateur, sert à calculer la saillie a (figure 9.16).
9.20
Cours 9 – Arbres et montages
9.4.5.2 Calcul
Les cannelures involutes sont taillées avec les mêmes machines que les engrenages, d’où un intérêt
économique supplémentaire qui a milité en leur faveur dans le remplacement des cannelures carrées
qui, elles, exigent des outils et des montages spéciaux pour les fabriquer. Les équations de base pour
dimensionnement des cannelures sont les mêmes que pour les engrenages cylindriques droits. Les
principaux paramètres sont les suivants :
Z 1,0 1,8
P= ; a= ; b= (9.8)
D 2P 2P
où Z est le nombre de dents dans la cannelure qui peut varier de 6 à 50, D est le diamètre primitif
(po), a est la saillie (po), b est le creux (po) (figure 9.16) et P est le pas diamétral (po-1).
Le calcul de la rigidité de torsion d’une cannelure carrée ou involute se fait en calculant d’abord la
longueur équivalente :
4
⎡dm⎤
Le = ⎢ ⎥ L (9.9)
⎣d ⎦
T Le
θ= (9.10)
IG
9.21
Cours 9 – Arbres et montages
où G est le module de rigidité en torsion, θ est l’angle de torsion de l’arbre cannelé, T est le couple
appliqué et I est le moment d’inertie polaire.
π d 4m
I= (9.11)
32
La capacité en couple pour la pression sur les flancs se calcule de la manière suivante :
▪ cannelure carrée :
Z dm L H p k
T= (9.12)
2
où L = longueur en prise,
Z= nombre de cannelures carrées, 4, 6, 10 ou 16,
k= facteur d’efficacité de répartition de la pression entre les cannelures,
k = 1,0 pour une exécution guidée ou serrée, classe 2,
k = 0,75 pour une exécution libre, classe 1,
p= 2 MPa à 20 MPa, la pression admissible.
La norme SAE J 499 recommande 7 MPa pour les montages serrés ou guidés.
▪ Cannelure involute :
T = L D2 a p k P = L D a p k Z (9.13)
où D, a et P sont définis à l’équation (9.8). Les valeurs recommandées pour p sont les mêmes que
celles pour la cannelure carrée.
▪ Cannelure carrée :
n L W S sy d m k
T= (9.14)
2
▪ Cannelure involute :
Dans le cas des cannelures involutes, le cisaillement se calcule au cercle primitif avec la formule :
L D 2 S sy k π Z S sy D kL
T= = (9.15)
1,27 4P
9.22
Cours 9 – Arbres et montages
Lorsqu’une cannelure classe 1 doit accommoder un mouvement axial, il faut exercer une force axiale
Fa pour effectuer ce mouvement. La force Fa doit être reprise par les paliers en amont et en aval de
la cannelure. Des valeurs approximatives de Fa sont données comme suit :
Ces valeurs sont très approximatives et sont valides pour des conditions bien graissées.
Les cannelures à billes sont populaires pour les mécanismes qui doivent transmettre un couple en
même temps qu’un déplacement axial existe. L’avantage des cannelures à billes sur les cannelures
conventionnelles est de procurer un fonctionnement doux en glissement axial, un effort axial
minimal en même temps qu’une résistance maximale à l’usure. La capacité de ces cannelures est
donnée comme un couple admissible pour une distance de glissement donnée et une capacité
statique. Par exemple, une cannelure de 25,4 mm a une capacité typique de 294 N·m pour une
distance de glissement de 25 000 m et une capacité de 880 N·m s’il n’y a pas de déplacement axial
[9.7]. Leur inconvénient est le coût et le manque de flexibilité vis-à-vis de l’application.
9.4.5.4 Graissage
Les cannelures à exécution serrée ou guidée ne nécessitent rien de plus que des films d’oxyde, de
graisse et d’humidité absorbés pour leur montage.
Les cannelures libres, dans un environnement bien protégé et bien graissé, une boîte d’engrenages
par exemple, s’accommoderont d’une huile industrielle de viscosité ISO 32 jusqu’à ISO 100, selon la
température, avec un additif antirouille et anti-oxydant. Si les charges en glissement sont élevées, un
additif onctueux pourrait être exigé.
Si la cannelure d’exécution libre est exposée à l’air libre, la prise de force d’un tracteur par exemple,
une graisse adhérente, hydrofuge, avec un additif antirouille, un additif onctueux et possiblement un
lubrifiant solide tel que du graphite ou du MoS2 est recommandé.
Les cannelures sur billes se graissent comme les roulements. Pour des mouvements rapides et
continus, il faut une circulation d’huile de viscosité adéquate (ISOVG 22 à 68) pour évacuer la
chaleur générée. Dans des applications moins exigeantes à vitesse faible, une graisse à roulement est
toute indiquée comme une graisse au lithium de grade NLGI 0 à 2.
9.23
Cours 9 – Arbres et montages
Pour les applications à haute vitesse ou haut couple, il est recommandé de monter le moyeu avec
interférence sans utiliser de clavette. La capacité en couple est grande et l’équilibrage est excellent.
Jusqu’aux années 1940, on utilisait des montages à interférence sur des alésages cylindriques. La
technique utilisée consiste à chauffer le moyeu pour le faire dilater avant de le monter sur son arbre.
Pour l’enlever, la seule façon de procéder est de le couper. On perd ainsi le moyeu et souvent l’arbre
de la machine aussi. Dans les années 1940 et 1950, deux compagnies, SKF et Siemens, ont
développé des techniques pour monter et démonter un moyeu avec interférence sur un alésage
conique en utilisant une pression hydraulique.
La figure 9.17 illustre [9.8] le principe du montage du moyeu sur un arbre conique. Une pression
hydraulique p1 est bâtie entre l’arbre et le moyeu pour dilater le moyeu. Ensuite, un autre
mécanisme hydraulique à une pression p2 permet de monter le moyeu sur la partie conique de
l’arbre. Quand la pression hydraulique est enlevée tout en maintenant la pression p2, l’huile entre le
moyeu et l’arbre est chassée et le serrage se produit.
Dans ce genre de montage, l’interférence se produit par l’avance du moyeu sur l’arbre conique. La
distance X, dont il faut avancer le moyeu sur l’arbre pour obtenir une interférence δ sur le rayon, se
calcule par la relation :
δ
X= (9.16)
γ
Joint étanche
Figure 9.17 – Montage d’un
moyeu sur un arbre conique par pression hydraulique
9.24
Cours 9 – Arbres et montages
π d2 L µ p
T= (9.17)
2
où d est le diamètre nominal de l’arbre conique sous le moyeu, L est la longueur du montage avec de
l’interférence, p est la pression développée lors du montage et µ est le coefficient de frottement. On
suggère de prendre la valeur 0,14 pour µ.
Même s’il y a de l’huile à l’interface lors du montage, une fois la pression hydraulique enlevée, toute
l’huile est chassée et le contact peut être considéré comme sec. Alors le coefficient de frottement au
contact est de l’ordre de 0,12 à 0,15. La pression hydraulique p nécessaire au montage varie
d’ordinaire entre 150 MPa et 200 MPa. La présence de brides et d’autres éléments sur le moyeu
rend souvent son rayon extérieur irrégulier. Il devient alors difficile d’évaluer précisément la valeur
de la pression p. Pour un arbre plein fait du même matériau que le moyeu, la relation suivante sert à
évaluer approximativement la pression p :
E δ ( R2 - r2 )
p= (9.18)
2 r R2
Dans les montages coniques, il est très important que l’angle de cône de l’arbre et du moyeu
coïncident bien. S’il y a coïncidence sur moins que 80 % de la surface, des contraintes importantes
sont induites dans l’arbre qui peut alors briser prématurément. Pour assurer ce degré de coïncidence,
on usine les parties coniques de l’arbre et du moyeu à l’aide d’un jeu de gabarit de référence
constitué d’un bouchon et d’un anneau fabriqués l’un à partir de l’autre. En cours de fabrication de
la partie conique de l’arbre et du moyeu, ceux-ci sont comparés à leur gabarit respectif par la
technique du bleu à tracer. Pour les grosses pièces fabriquées en petite série, la technique du bleu à
tracer est encore utilisée. On peut ainsi obtenir un excellent ajustement des pièces dont la qualité est
fortement influencée par l’habilité du personnel. La même qualité d’ajustement n’est cependant pas
assurée pour les pièces de rechange. Les machines à commande numérique sont très utiles dans ce
cas.
Une procédure courante consiste à monter le moyeu sur son arbre par chauffage et à le démonter par
pression hydraulique. Dans certaines industries, la pétrochimie par exemple, le chauffage à la torche
ou par quelqu’autre méthode présente des dangers d’incendie et doit être prohibé. Il faut pouvoir
monter le moyeu à la pression et donc des joints sont nécessaires pour assurer l’étanchéité avant le
serrage. Les joints utilisés sont des joints toriques (« 0-rings ») avec des anneaux de support. Ils
peuvent être placés sur l’arbre ou dans le moyeu tel qu’illustré à la figure 9.17.
Une fois le montage complété et la pression p2 enlevée, il est important de s’assurer du maintien du
moyen en place. Les vibrations peuvent en effet faire glisser le moyeu qui perd alors tout serrage,
ou pire, il peut alors tomber et causer un accident grave. La technique de retenue la plus courante
utilise un boulon tel qu’illustré à la figure 9.18.
9.25
Cours 9 – Arbres et montages
Figure 9.18 - Retenue d’un moyeu sur arbre conique par boulonnage
9.26
Cours 9 – Arbres et montages
9.5 RÉFÉRENCES
9.27
Cours 9 – Arbres et montages
EXERCICES - COURS 9
9.2 Quel est le métal de base dans un matériau dont le numéro de nomenclature commence par la
lettre C?
Réponse : cuivre
9.3 Dans le calcul d’un arbre en résistance, quels sont les deux critères à considérer?
Réponse : 1- résistance en fatigue ou en déformation plastique
2- la flèche ou l'angle de torsion
9.6 Qu’est-ce qui justifierait d’utiliser un acier allié plutôt qu’un acier au carbone pour une
application?
Réponse : Une trempe en profondeur sur une grosse section est requise pour conférer plus
de résistance à l’arbre. Sur une petite section, il s’agirait d’un besoin de
résistance à la corrosion ou une résistance chimique spéciale.
9.7 Pourquoi le choix d’un barreau fini à froid n’est-il pas bon pour fabriquer un arbre de
150 mm?
Réponse : au-dessus de 70 mm, les barreaux étirés à froid ne sont pas ou peu disponibles.
9.9 Quel serait le facteur de surcharge k à utiliser pour le calcul de l’arbre d’un petit malaxeur à
béton de chantier s’il est entraîné par un moteur à combustion interne monocylindre?
Réponse : environ 1,75 × 1,6 = 2,8
9.10 Pourquoi un arbre flexible n’a-t-il pas la même capacité en couple dans les deux sens de
9.28
Cours 9 – Arbres et montages
rotation?
9.12 Un arbre flexible de 3/8 po de diamètre (le noyau) peut-il tourner pour de longues périodes et
efficacement à 20 000 tpm s’il a un rayon de courbure faible mais existant? Pourquoi?
Réponse : non, parce que « noyau » 10 m/s. S’il a un certain rayon de courbure, il
touchera à l’enveloppe interne et il risque de s’user rapidement.
9.14 Pourquoi une clavette forcée engendre-t-elle plus de déséquilibre radial qu’une cannelure?
9.15 Une clavette est fabriquée d’un acier G10150 avec des dimensions W = H = 6,35 mm. Cette
clavette sert à transmettre une puissance de 1 kW à 900 tpm d’un arbre en acier G10500 de
25 mm à un moyeu en fonte ASTM25. Calculez la longueur L de cette clavette pour satisfaire
toutes les conditions de résistance avec un facteur de sécurité FS = 3,0.
9.29