Vous êtes sur la page 1sur 3

Musique du Moyen-Âge

L’école de Notre-Dame

Deuxième partie du 12ème siècle et première partie du 13 ème siècle. Répertoire où la tradition orale peut
précéder la mise par écrit : les manuscrits sont élaborés vers la fin du 13 ème siècle. Ceux que nous avons ne
correspondent pas à la totalité des sources de l’époque (un document à Notre-Dame est mentionné par les
théoriciens mais reste introuvable).

Première fois que les noms des compositeurs sont retenus (auparavant, seulement quelques indication) :
deux compositeurs mentionnés par les contemporains, Léonin et Pérotin. S’agit-il de compositeurs ou de
chantres ayant une grande capacité d’improvisation ? Pérotin serait l’élève de Léonin, développant le répertoire
déjà par celui-ci. Léonin (fin 12ème) = polyphonie à deux voix vs Pérotin = trois ou quatre voix, répertoire
beaucoup plus développé.

Répertoire étroitement lié à la cathédrale parisienne. Le style musical correspond à l’architecture


gothique, possibilité de voir les marques de l’ancienne église, construite pas exactement au même endroit (parce
que usage de celle-ci pendant la construction de la deuxième).

Cathédrale grandiose, très novatrice à l’époque (dépasse de très haut tous les habitats) : volonté de
développer tout un répertoire, une liturgie qui va avec. Répertoire le plus moderne à l’époque, malgré
l’appellation d’ « ars antica » : il s’agissait alors d’une musique d’avant-garde. L’évêque de Paris, Maurice de
Sully (1163-1245), décide de la construction de Notre-Dame.

Eclosion de nouvelles formes musicales qui s’opère. Trois formes se profilent : l’organum, le conduit, le
motet.

Organum
Forme perpétuée du 9ème au 13ème siècle, mais qui signifie à chaque fois une réalité musicale différente, nouvelles
techniques mises en places.
Plus de documents écrits : il y a moins de pertes de manuscrits, moins de destructions, et style de composition
qui demande d’être mis par écrit.

Tous les manuscrits datent de la deuxième moitié du 13ème siècle.


- Manuscrits Pluteus 29.1 (Florence)
Copié à Paris, décoré dans un atelier parisien situé entre Notre-Dame et la Sorbonne, vers 1250. Volumineux,
mais écrit d’une seule main, organisé selon l’année liturgique, contient plus de mille compositions (liées au culte
des saints parisiens).

- Manuscrits W1 et W2 de la Bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel


Conservent un répertoire polyphonique parisien.

- Codex Las Huelgas


De l’extrême fin du 13ème siècle, même début 14ème. Des noms de compositeurs apparaissent. onservé dans le lieu
pour lequel il a été écrit : le monastère Las Huelgas en Espagne, couvent féminin (important dans la réforme de
l’ordre ?). Pratique musicale très sophistiquée issue du répertoire parisien.

De nombreux théoriciens détaillent ce répertoire.


- Jean de Garlande, Demensurabili positio (vers 1240) : un des plus importants de l’école de Notre-Dame,
enseigne à Paris, parle d’une manière très précise de la notation du rythme. Question de la notation musicale qui
se pose alors, essai de la rendre la plus précise possible. Commente largement la polyphonie à 3 et 4 voix, et
l’ornementation dans les voix supérieures.
- Francon de Cologne, Ars cantus mensurabilis (vers 1260). Parle de la limite de la notation musicale de
l’époque, essai de développer les possibilités de la notation. Initiateur de la notation franconienne : grande
préoccupation des théoriciens de développer le rythme mesuré, la hauteur des notes étant déjà acquise avec
l’invention de la portée. Aboutissement, au 14ème, sur la notation mesurée, une notation rythmique poussée après
de nombreuses recherches.
- Anonyme IV (vers 1270). Jeune étudiant anglais faisant ses études à Paris et décrivant ce qu’il entend à Notre-
Dame. Evoque déjà Pérotin, la musique à quatre voix, les pièces les plus importantes du manuscrit, donne une
description extrêmement précise du répertoire (consonances, dissonances autorisées).

- Jérome de Moravie, Tractatus de musica (1274 et 1306). Appartient à l’ordre dominicain, très actif à Paris,
professeur de musique à Saint-Jacques (couvent important de dominicains). Elabore une sorte d’encyclopédie
musicale.

Roi très important à cette période, Saint-Louis, dont le confesseur est Robert de Sorbon : très concerné par la
mise par écrit des savoirs de son temps. Met en place une grande encyclopédie, « le grand miroir », qui contient
tous les arts libéraux

- Magnus Liber Organi


Grand recueil contenant toutes les pièces en style organum. Pas conservé, mais mentionné dans le traité
d’Anonyme IV : ce serait selon lui le livre dans lequel on aurait recopié tout le répertoire. C’est le manuscrit de
Florence qui en est le plus proche : peut-être une copie de ce livre.

Nouveautés – notation
Pas encore possibilité de donner à chaque note une signification rythmique claire, mais autre manière de donner
le rythme : dans le contexte, par groupement de notes. Les modes rythmiques sont des sections entières, des
modèles à comprendre pour déchiffrer le rythme.
On sépare ainsi, par des barres de mesures, l’ordo et la clausule.

Il y a six modes rythmiques (voir p.1). Le rythme est toujours ternaire : notation qui n’a pas la souplesse qu’elle
gagnera par la suite, puisqu’elle est aussi faite des modes mélodiques. Voix inférieure très simple, mélodie
grégorienne, qui n’est pas en mode rythmique.
Deux sortes de valeurs : longues et brèves. Une longue peut être imparfaite (si vaut deux brèves) ou parfaite (si
en vaut trois) : le chiffre trois est un chiffre symbolique de la Sainte-Trinité. Un mode s’achève toujours sur la
valeur par laquelle il a commencé. Possibilité d’avoir une pulsation globale ternaire.
Les chiffres sont des conventions visuelles : 1) 322 2) 223 3)133 4)322 5)111/3

Intervalles consonants / dissonants


Consonances : unisson, octave, quinte, quarte, utilisables sur temps forts. Tous les autres sont utilisés comme
notes de passages. Les voix peuvent évoluer dans toutes sortes de mouvements, plus autant de contraintes,
liberté.

Sections dans un organum (voir p.2)


Doc p.2 Alleluia Nativitas
Mélodie grégorienne dans la voix inférieure, appelée voix « principale » malgré sa lenteur. Début (deux 1 ers
systèmes) en organum fleuri, par le caractère très ornementé de la voix supérieure, puis passage en clausule.
Ecoute [Ensemble Providentia]
La clausule est une technique de composition (finale ou non) d’un organum dans laquelle la voix principale
adopte elle aussi les modes rythmiques, la voix grégorienne n’est plus immobile. Arrive quand la voix
grégorienne elle-même a beaucoup de mélismes.
Possibilité de varier entre sections polyphoniques, monodiques. La cadence finale, assez ornée, se nomme
copula.
Techniques présentes dans l’organum duplum, triplum ou quadruplum.
Un organum ne peut jamais commencer en section monodique, débute généralement en organum fleuri. Mise en
polyphonie de préférence des passages correspondant aux passages solistes : on appelle même « clausules de
substitution » plusieurs clausules mises en place au choix, manuscrits faits comme des catalogues. Il n’y a qu’un
point commun : la mélodie grégorienne, qui peut être mise dans des modes rythmiques différents.
Le conduit (conductus)
Il peeut être monodique ou polyphonique (vient de la tradition des tropes), proche du versus de la tradition
aquitaine, nouvelles pièces cultivées parallèlement au grégorien. Ecrit à la manière du discantus, le texte et la
musique étant des compositions libres. La teneur n’est plus empruntée au répertoire grégorien. Souvent avec
copula sur la dernière syllabe.
Polyphonie homorythmique, plus de voix principale. Possibilité de texte dont l’inspiration n’est pas liturgique.
Textes parfois critiques contre l’église, l’autorité, très violents. Même texte pour toutes les voix.

Le motet
Dans le motet, au contraire, plusieurs voix qui chantent plusieurs textes en même temps. Catalogue de
clausules (p.6) : faisant au départ partie des sections d’organum, elles peuvent être considérées comme des
compositions séparées auxquelles sont attribués des textes nouveaux, même en langue française (hors liturgie).
Façon de « troper » des clausules. Cela s’appelle le motet : celui-ci vient directement de l’organum. Motet
(p.10) : clausule à laquelle on a ajouté des textes dans les voix supérieures, quelques-uns en latin mais la plupart
en français. Genre intellectuel et sophistiqué.
Manuscrit de montpellier 196, fin 13ème : important pour les motets. Pour mettre tous les textes sur les clausules,
obligation de briser les ligatures (parfois une syllabe par note) : la notation va devoir suivre le texte (début de la
notation franconienne). Grande nouveauté : notation des voix séparément, pour économiser de l’espace, de
manière à écrire sur une page.

Vous aimerez peut-être aussi