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12 mars 2019 Rédaction OPINIONS VERT, Slider 0
Les modèles de développement économique traditionnels caractérisés par l’hyperconsommation et des modes de
production non durables ont constitué des facteurs majeurs des crises environnementales, économiques et sociales.
L’objectif de cet article est de mettre l’accent sur les enjeux et les opportunités de l’économie verte pour lutter contre
une combinaison de crises économiques, environnementales et sociales au Maroc. En revanche, ce qui est primordial
aujourd’hui au Maroc, c’est d’abord de mettre en œuvre de façon décisive les mesures juridiques et institutionnels
qui visent de promouvoir l’économie verte, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et des déchets non
réutilisés pour le développent durable.
Samir Moujjane (1)
A la fin des années 60, une prise de conscience s’est faite face aux désastres causés à la nature après
trente ans de développement reposant sur le progrès et la croissance économique.
Les Nations unies ont initié un cycle de conférences internationales, avec la conférence de Stockholm en
1972 une première Conférence qui fait explicitement référence à l’environnement, puis a suivi en 1992 la
conférence de Rio, sur l’environnement et le développement, qui a popularisé l’objectif du développement
durable.
Le Maroc a été ainsi parmi les premiers pays à signer et ratifier les trois conventions cadres issues du
Sommet de Rio :
Dix ans après, le sommet mondial sur le développement durable, à Johannesburg en 2002 et la conférence
dite de Rio+20 afin de rendre compte des dernières avancées dans le cadre du développement durable
ainsi que les orientations à prendre dans les années à venir, l’accent a notamment été mis sur
l’établissement d’une économie verte.
L’axe fondamental des engagements du Maroc consiste en l’intégration de la dimension de durabilité dans
sa politique nationale de développement ce dans souci de maintenir l’équilibre entre les impératifs de son
développement socioéconomique et l’utilisation rationnelle de ses ressources naturelles, répondant aussi
aux aspirations des générations actuelles au bien-être et préservant le droit des générations futures à jouir
d’un univers viable.
L’économie verte est perçue aujourd’hui comme l’une des voies de sortie de la crise actuelle et une
réponse possible aux déséquilibres engendrés par le modèle de croissance économique classique.
En effet, le Maroc à l’instar des autres pays de la méditerranée et comme la majorité des pays en
développement, est confronté à plusieurs problèmes écologiques économiques et sociaux.
Le coût de la dégradation de l’environnement au Maroc est l’équivalent de 4% du PIB, et le pays
continuerait à subir la destruction annuelle de 30.000 hectares de forêt, une menace de désertification de
92% de son territoire national, les ressources hydriques se caractérisent par une demande en forte
croissance alors que les ressources sont menacées de pénurie et une dépendance énergétique croissante
de 97%.
Ces risques et bien d’autres entrainent d’énormes impact environnementaux, ce qui a nécessité l’insertion
d’une véritable politique de développement durable et de l’économie verte.
Afin de bâtir une économie verte, le Maroc, au plus haut niveau de l’état, a confirmé son engagement en
faveur d’une croissance verte de manière significative, autant sur le plan de réflexion que de l’action, suite
aux discours royaux.
«…la nécessité d’impulser le processus de développement durable, dans lequel la question écologique
occupe une place centrale. Elle se situe à la base de la croissance verte et innovante, potentiellement
génératrices d’emplois. Aussi, engageons-nous le gouvernement à donner corps aux grandes orientations
issues du dialogue élargi visant l’élaboration d’une charte nationale pour la protection de l’environnement et
le développement durable, dans un plan d’action intégré ayant des objectifs précis et réalisables dans tous
les secteurs d’activité. Parallèlement, nous exhortons le gouvernement à formaliser ce plans dans un projet
de loi-cadre, dont nous voulons qu’il constitue une véritable référence pour les politiques de notre pays en
la matière ».
L’article 31 de la constitution stipule que l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales
doivent œuvrer à la mobilisation de tous les moyens disponibles pour facilité l’égal accès des citoyennes et
des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit à un environnement sain.
La Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (CNDD), adopté en décembre 2012
par le conseil de gouvernement, avait déjà ancré notre pays dans l’esprit de préservation de son
environnement et le développement durable, devenu, une préoccupation majeure à tous les Marocains.
Notre pays est largement investi dans une logique de développement durable et s’est déjà engagé dans un
processus d’économie verte. En mettant en place plusieurs plans et programmes, structurants et de
grande envergure : Plan Maroc vert, la stratégie énergétique, le plan Halieutis, le plan Emergence.
A l’instar de ce qui précède, le volet juridique a connu une véritable avancée depuis les années 1990, et
grâce à une forte volonté politique, plusieurs avancées ont été réalisées dans ce domaine, notamment sur
le plan réglementaire avec la promulgation des textes de lois adoptés qui couvrent presque tous les
aspects relatifs au droit de l’environnement, il s’agit de: La loi cadre n°99-12 portant la charte nationale de
l’environnement et du développement durable, la loi 36-15 relative à l’eau, la loi 12-03 sur les études
d’impact , la loi 13-03 sur la lutte contre la pollution de l’air, la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à
leur élimination, et la loi n°15-58 relative aux énergies renouvelable modifiant la loi 13-09.
L’idée d’une nouvelle donne écologique a été lancée par de nombreuses recherches. Elle a mis l’accent
que les moyens de remettre le monde sur les rails en le libérant d’une combinaison de crises économiques,
environnementales et sociales.
Pour réaliser une transition d’économie verte, nous nous intéresserons dans la première partie de ce papier
à définir les termes essentiels de l’économie verte et dans la deuxième partie, nous traiterons les enjeux et
les opportunités de l’économie verte.
Avant de commencer notre article, il nous parait essentiel de définir la notion de l’économie verte et celle de
développement durable.
L’économie verte est définit comme étant l’ensemble des activités économiques liées directement ou
indirectement à la protection de l’environnement, à la gestion des ressources rares, aux énergies
renouvelables, au changement climatique, à la prévention des risques.
Selon le PNUE, l’économie verte est définie comme une économie qui entraîne une amélioration du bien
être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux
et la pénurie de ressources »
L’économie verte est une économie qui apporte une amélioration du bien-être et l’équité sociale, tout en
réduisant considérablement les risques environnementaux et les risques de pénuries écologiques.
Pour l’ONU l’économie verte est définie comme une manière écologique de faire des affaires. Elle est
considérée aussi comme une manière d’arrêter d’opposer l’économie et l’environnement.
Le capital naturel devient un atout économique essentiel, c’est une source de bénéfices pour l’ensemble
de la population, notamment pour les plus pauvres.
Les objectifs principaux de l’économie verte sont la croissance économique, la préservation des ressources
naturelles et des écosystèmes et l’éradication de la pauvreté. Elle possède les caractéristiques suivantes:
de faibles émissions de CO2, une gestion durable des ressources, et qui est socialement inclusive.
L’économie verte signifie l’ensemble de l’activité économique générée par toutes les entreprises qui
produisent des biens et services contribuant à éviter, réduire ou supprimer des nuisances pour
l’environnement. Elle désigne les activités économiques liées à l’écologie ou considérées comme bonnes
pour l’environnement
La dimension sociale : Requière l’engagement envers l’équité sociale, l’inclusion des groupes vulnérables, le
travail décent pour tous, les emplois verts, la protection sociale, la démocratie et les droits.
L’une des notions au cœur de l’économie verte est celle du développement durable.
On entend généralement par développement durable un développement qui répond aux besoins
d’aujourd’hui sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
La réalisation d’un développement soutenu et équitable demeure pour notre pays un défi majeur.
En effet la valorisation des ressources naturelles (forets, eau, air) est l’une des options recherchées de ce
développement.
Il est admis que la durabilité ne puisse être assurée que si le développement est socialement juste,
économiquement efficace et écologiquement sain.
Le concept d’économie verte ne remplace pas le développement durable néanmoins il est de plus en plus
largement reconnu que la réalisation du développement durable dépend presque entièrement d’une
économie verte.
En tant que partie intégrante du développement et du bien-être humain, il faut protéger et restaurer la
biodiversité, et développer un système de gouvernance pour protéger les écosystèmes et leurs résistances
contre des dommages irréversibles. Le bien-être humain, la qualité de vie et la santé environnementale
devraient être les lignes directrices du développement économique. Les écosystèmes et les ressources
environnementales doivent être soigneusement gérés et sauvegardés afin d’augmenter la valeur des
bienfaits environnementaux auprès des générations futures et de répondre équitablement à leurs besoins,
ce qui leur permettra de prospérer.
Le développement durable et l’économie vont de pair puisque l’économie verte n’entrave pas mais, plutôt,
encourage le développement de l’emploi et la richesse des nations. La transition vers une économie verte
créera de nouveaux emplois et par conséquent un taux plus élevé de croissance économique. Une
économie verte crée des dizaines de millions d’emplois verts. Le potentiel d’emploi que recèlent les
secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, confirmé par la mise en perspective à
l’horizon 2030, montre que la biomasse, l’efficacité énergétique et l’industrie photovoltaïque représentent un
gisement de plus de 23 millions d’emplois à l’échelle mondiale.
Figure 1 : Le nombre total d’emplois dans le secteur d’énergie dans le Monde
Le Maroc adhère à l’économie verte et engage un processus de leur adoption car le concept de
l’économie verte incarne une croissance durable et de création d’emplois et consiste en une nouvelle
approche de développement économique et humain durable génératrice de plusieurs opportunités.
L’économie verte est une économie débouchant sur une amélioration du bien-être humain et une réduction
des inégalités à long terme sans exposer les générations futures à des risques environnementaux et des
pénuries écologiques majeurs.
L’économie verte consiste donc à promouvoir la croissance et le développement tout en réduisant la
pollution et les émissions de gaz à effet de serre, en limitant le plus possible la production de déchets et le
gaspillage des ressources naturelles, en préservant la biodiversité et en renforçant la sécurité énergétique.
Les perspectives de développement des marchés sont très importantes, la plupart devrait connaître un
doublement de leur chiffre d’affaires d’ici 2020.
La création de nouveaux marchés permettra en retour de réduire le coût de disponibilité des technologies
environnementales.
Le développement du marché national créera ainsi les conditions de son développement futur dans des
marchés d’exportation en expansion :
La valorisation des écotechnologies, soit l’ensemble des technologies don l’emploi est moins
néfaste sur l’environnement que le recours aux techniques habituelles répondant aux mêmes
besoins ;
La pratique d’une production et consommation responsable allant de la conception jusqu’à la
production des milliers de produit
La protection et le rétablissement des services éco systémiques : l’eau, le sol et la biodiversité ;
Le développement durable en matière de transports, production industrielle, habitat et bien d’autres
domaines ;
Une rationalisation du processus productif entraînant une amélioration de l’efficacité ainsi qu’une
rationalisation des coûts.
La création des nouveaux emplois verts.
Face aux besoins croissants en eau et produits énergétiques, les secteurs de l’économie verte offrent une
série d’opportunités de création de richesses et d’emplois.
L’économie verte souscrit au développement de nouvelles filières industrielles reliées aux technologies et
de nouveaux services qui vont engendrer de nouveaux modes de vie, de consommation et de production
plus sobres en ressources naturelles et faiblement émetteurs de Gaz à Effet de Serre.
Le Maroc estime que les investissements projetés dans les secteurs des énergies renouvelables, de
l’efficacité énergétique, de l’assainissement, de l’épuration des rejets liquides et de la gestion des déchets
solides sont estimés à 20 milliards d’euros avec un potentiel identifié de création d’emplois de plus de 130
000 postes à l’horizon 2030 .
Tableau 1 : Nombre d’emplois à créer dans le secteur de l’économie verte à l’horizon 2030 Au Maroc
Conclusion
Pour relever les défis liés à la protection de l’environnement et le développement durable. Une approche
intégrée doit être adoptée à tous les niveaux afin d’atteindre plus facilement une durabilité socio-
économique et environnementale grâce à l’établissement d’un agenda stratégique avec les sociétés civiles
et les intervenants, et par l’intermédiaire de tout ministère compétant. Le Maroc se doit de renforcer les
conditions de l’économie verte :
Références
Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors de la fête du Trône, adressé à la nation, 30/07/
2010
Nadir Bouchra, l’environnement et le développement durable : les nouvelles alternatives,
imprimerie el Maarifa ,2014
Rachid Boutti, Le développement durable Euro-Africain des énergies renouvelables : oxymore
financier complémentarité sociale et environnementale, 3éme symposium international, Agadir,
EnR, DD et RSE ,2014
La nouvelle constitution 2011, promulguée par le dahir n°1.11.91 le 29 juillet
2011
La loi cadre n°99-12 portant la charte nationale de l’environnement et du développement durable
La loi 36-15 relative à l’eau
La loi 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement, bulletin officiel
n°5118 du juin2003
La loi 12-03 relative aux études d’impact sur l’environnement, B.O n°5684 du
20Nov2008
La loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, B.O
n°5744 du 18Juin2009
La loi n°15-58 relative aux énergies renouvelable modifiant la loi 13-09.
Wenjia Cai, CAN Wang, Jinig Chen, Siqiang Wang : Green economy and green jobs: Myth or
reality, Elsevier 2011
Moustapha Kamal Gueye : «Quel avenir pour l’économie verte après Rio +20 » Passerelles V13,
N° 2 – Aout 2012
Mohammed Tawfik Mouline ;« L’option Stratégique de l’Economie Verte: Enjeux et Opportunités
pour le Maroc» Institut Royal des études stratégiques, Rabat Lundi, 21 mars 2011
Pr. Abdelmalik SALOUI : Economie Verte au Maroc : Potentialités et Handicapes, Université
Hassan II Mohammedia 2013
Haut Commissariat au Plan « Maroc 2030 Objectif du Millénaire pour Le Développement » Mars
2010
CESE : « Economie verte opportunité de création de richesses et d’emplois Avril 2012
MEDD : « Vers une Économie Verte pour un Développement Durable du Maroc »
2012
PNUE : « vers une économie verte pour le développement durable, et une éradication de la
pauvreté »2011
MEDD : La Charte Nationale de l’Environnement et le Développement Durable 2009.