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De Corneille à Racine
Chez Corneille la présence d’une femme est toujours un problème pour le héros.
(On trouvera chez Racine des vestiges de la conception cornélienne à travers le personnage
d’Hyppolyte).
Le dilemme entre amour et devoir filial, devoir héroïque dans le Cid en témoigne.
(Note L.A. : on remarquera que la conception « chevaleresque » pour Corneille n’a rien à voir
avec la conception chevaleresque médiéval où l’idéal était représenté comme une bonne
adéquation entre courtoisie, fin’amor d’une part et devoir guerrier d’autre part).
1640, Horace => Refus des larmes dureté extrême. Le vieux Horace, plus ferme encore que
ses fils, au moment des adieux dis aux Horaces de ne pas rester aux côtés des femmes,
dangers qui ramollissent les hommes.
Rime larmes/armes très fréquente dans le théâtre classique et mettant souvent en valeur les
différentes conceptions des auteurs. Chez Corneille, impuissance des larmes face aux vertus
de l’héroïsme.
Dans la première époque du théâtre classique, l’idéal serait presque un théâtre sans femmes
(on voit des retour de ce théâtre par la suite : cf. Voltaire, La Mort de César => pas de
femmes; Révolution, période historique qui y est prédisposée : on laisse Racine et revient à
Corneille).
1634, Médée
Magicienne, femme de Jason.
Jason désigné comme calculateur et condamné en tant que tel :
« Je ne suis pas de ces amants vulgaires
J’accommode ma flamme au goût de mes affaires »
Identité autonome du personnage de Médée trouvé dans la vengeance.
Revendication par la négativité. Désignée comme « incomparable tigresse » (qu’on se
rappelle le terme tigres employé par les femmes pour désigner les Horace.
Les femmes de cette seconde époque ne deviennent des héroïnes qu’en devenant des
monstres.
Autre pièce du même ensemble : Rodogune (personnage de Cléopâtre // Médée)
Pour Corneille, à la différence de ses contemporains, le héros n’a pas besoin d’être un
modèle.
Trois discours sur le poème dramatique :
« Aristote prescrit aux mœurs des protagonistes d’être bons, semblables, convenables et
égaux » Corneille précise que le terme « bons » ne désigne pas une valeur morale mais une
adéquation à la situation.
La France n’est plus en temps de guerre. Emergence du héros galant. Le type en est Sélédon
dans l’Astrée. Succès des précieuses.
Iphigénie : fille d’Agamemnon, amoureuse d’Achille doit être sacrifiée, mais le roi des grecs
hésite. Cependant, elle part au sacrifie. Pour ne pas la sacrifier, Racine invente qu’il faut un
personnage du sang d’Hélène, il fera intervenir un autre personnage.
Idoménée => Mozart, Danchet, Camprat
Fausse image : croire que le genre de la tragédie périclite après Racine (c’est Hugo qui
développera cette idée).
Racine, PHEDRE
Georges Forestier, (dernier très grand spécialiste de Racine), biographe de Racine, montre que
ce n’est pas une pièce idéologiquement janséniste.
Phèdre aurait été demandé par Mme de Champmêlé (grande actrice de son temps, maîtresse
de Racine).
Le personnage d’Hyppolyte :
Hyppolyte : angoisse de l’amour, cherche à) devenir héroïque en fuyant l’amour. Ecrasé par le
poids de l’hérédité paternelle (Thésée). Héritage maternel également lourd : sa mère était une
amazone. Il veut être dès le début tueur de monstre, et mourra tué par deux monstres (le marin
et Phèdre).
Double vie de Thésée : héroïque et galante - Hyppolyte refuse d’imiter son père sur la part
galante de Thésée. Fuir devant l’amour est un signe de faiblesse.
Héritier du système de valeur de sa mère => en refusant d’être naturel (Théramène cherche à
le déculpabiliser)
Aricie, ^même type de personnage, condamnée à ne pas se marier, à ne pas être « naturelle ».
Théramène, fin psychologue.
Phèdre, tragédie de l’aveu et de la parole.
Hyppollyte, paradoxalement, fuit l’amour - si c’est son monstre, il devrait le combattre et non
le fuir.
Aricie => elle aussi d’une lignée guerrière. Descendante de Trésène. Sera finalement
couronnée. Elle envisage l’amour comme une conquête. C’est un personnage féminin de type
cornélien : elle utilise des métaphores guerrières, militaires. C’est une discussion politique
qui introduit l’aveu
Acte II, sc. 2 => Hyppolyte dans l’aveu montre qu’il a fait du chemin en un acte. Il utilise
« monstre » dans le sens d’un être féminin.
[Question : Le manquement envers Thésée étant condamné, cela rapproche -t-il Racine de
Corneille? ]
=> Le roi et la reine en temps que spectateur ne peuvent pas s’asseoir dans la représentation.
La didascalie Elle s’assied souligne un signe d’extrême faiblesse chez Phèdre : ce n’est plus
une reine.
Ces vers montrent que le tragique provient du fait qu’elle est parfaitement consciente et
qu’elle ne cautionne pas sa passion.
Racine développe cette idée de la culpabilité. Dans la tragédie de Phèdre, il n’y a pas de
responsable.
« La faute tragique n’est pas la faute de l’individu »
!! La pièce célèbre et accepte l’humanité des personnages tout en peignant la noirceur des
passions.
Tragédie réellement cathartique :
=> Une tragédie qui montre les dangers des passions mais qui absout les individus.
Les acteurs : Il y en a très peu dans cette pièce. En revanche, la pièce est une véritable
« tragédie de la parole » (cf. Roland Barthes). C’est seulement la parole qui produit les
changements, évolutions…
Campistron > succès de ses œuvres. Virginie, pièce d’histoire romaine (cf. Tite-Live)
La mère de Virginie, Clotie, est une création de l’auteur qui va s’opposer à Appius.
Elle va faire des larmes des armes - transformer sa douleur en fureur (colère) et va lever la
masse des femmes romaines contre Appius, (larmes comme arme efficace).
Houdar de la Motte, partisan des modernes dans la querelle des anciens et des modernes
(l’opinion féminine pour les modernes, l’influença)
Inès de Castro (énorme succès) => Alphonse : soit il doit abandonner ses enfants, soit se
confronter à son père. Inès va amener sur la scène ses enfants et Alphonse va être attendri. Il
découvre qu’il a un cour et accepte ces valeurs féminines.
Remise en cause :
Dans la tragédie, il n’était pas possible de traiter du mariage d’amour. Le public va prendre le
parti des valeurs familiales contre les valeurs politiques. A partir de cette pièce, le modèle
racinien deviendra la norme. C’est la fin de l’héroïsme épique.
Transformation des valeurs : chez Racine, on avait une recherche d’une nouvelle forme
d’héroïsme. L’héroïsme laisse ensuite la place à la vertu.
Théâtre à cette époque : la vertu persécutée puis triomphante (cf. valeurs bibliques; ex / livre
de Job)
« C’est un caractère absolument neuf. Constance est comme une personne qui vivrait au
milieu de nous, qui nous serait supérieure » mais qu’on regarderait avec espérance.
Erotisme un peu particulier de ces pièces. Nouveau type de beauté. Dans une tragédie de
Voltaire (L’orphelin de la Chine)
A chaque fois qu’une tragédie avait du succès à la comédie française, les Italiens produisaient
une parodie dans les semaines suivantes.
Fonction de critique littéraire de la parodie (qui notait et reprenait les innovations, les
nouvelles modes : elle se moquait beaucoup des héroïnes pleureuses, les « jeunes filles
intéressantes »).
Oxtiern du Marquis de Sade, sa pièce majeure (jouée à la Comédie française pendant la
révolution
La féminisation des valeurs, naissantes chez Racine devient évidente au XVIIIème, avec
désormais une mission idéologique (alors encore poétique chez Racine)
Modèle cornélien => soit soumise soit monstrueuse, s’imposant par des valeurs masculines
Modèle racinien => Le modèle pathétique renonçant à une Médée ou une Cléopâtre ne donne
pas une femme purement passive. Par ses pleurs, la femme change l’homme. Ce sont ses
valeurs qui vont dominer la société.
La hausse importante de la présence des femmes modifie l’évolution de la tragédie, lui fait
perdre son sens, créé des débats.
La comédie évolue également. Du ton franc de Molière on passe à la « comédie larmoyante »
inventée par Nivelle de la Chaussée sous la pression du point de vue féminin.
Milieu du XVIIIème siècle : naissance du drame qui a du mal, d’abord, à s’imposer. Sérieux,
difficultés propres à la tragédie, fin heureuse de la comédie.
Du théâtre, texte théorique fondamental de Mercier (1673), également auteur d’une trentaine
de pièces.
1er drame de Diderot : Le fils naturel
On reproche au théâtre du XVIIIème d’avoir émasculé le héros, de lui avoir fait perdre toute
virilité.
Fontanelle (1693) - qui était peut-être de parti pris, car petit neveu de Corneille - écrit :
« Les caractères de Corneille sont vrais bien qu’ils ne soient pas communs. Ceux de Racine
sont vrais parce qu’ils sont communs »
Le héros déshabillé (Collé, vers 1760) => voir l’homme dans sa vie privée. Ex. peindre
Henri IV dans sa vie de tous les jours.
=> Le père Porée, jésuite plutôt favorable au théâtre. Il écrit que Racine rabaisse ses héros au
statut de femme.
Romulus (la Motte) > trop loin du personnage mythique donnera lieu à une parodie des
Italiens où Romulus « n’a fait que pleurer à vos pieds comme un veau »
Chez Molière , la prétention des femmes à s’élever est ridicule. Les titres masculins sont
singuliers (L’avare, le malade imaginaire, le misanthrope…) tandis que les titres consacrés
aux femmes sont toujours au pluriel (L’école des femmes, les femmes savantes, les précieuses
ridicules).
Voltaire, ZAIRE
Lire Thomas Pavel, L’art de l’éloignement => notion classique dans le théâtre
Dans Zaïre, plusieurs déclarations patriotiques célébrations du roi Louis. Voltaire trouve
qu’on parle de l’amour d’une manière trop galante. Il veut que la passion soit un grand enjeu.
1. Zaïre tranche par sa position sociale : esclave, de naissance inconnue. Absence absolue
d’identité sociale. Elle n’est rien socialement, mais tout par ses vertus morales.
Zaïre annonce le type d’héroïne qu’aimera le drame.
Image de la faiblesse sociale élevée par la vertu.
2. C’est une victime : les récits (Acte 2, sc. 3) terribles de son enfance en témoignent. (La fin
de la tragédie également)
Cette étrangère va accéder au rang le plus haut en régnant sur Orosmane.
Idée d’une séduction inévitable de la vertu.
Au XVIIIème siècle > On croit à la reconnaissance naturelle, instinctive, la vérité des sens.
=> Tout est fait pour retarder le moment de la reconnaissance et développer l’émotion.
Dans les propos de Zaïre, voix de la nature; chez Lusignan, il y a toujours la mention de Dieu.
Autorité d’Orosmane n’est pas tyrannique, n’est même pas un ennemi acharné, et qui fait
passer les valeurs du cœur avant les valeurs politiques : p. 94, il fait son autoportrait
complexe. Nouveau type de héros masculin, à la fois politique et sensible.
Mais la figure change : il se transforme en Othello, en amant jaloux. Acte III, sc. 7 =>
moment où commence les doutes
L’autorité la plus intolérante n’est pas comme on l’attendrait celle du sultan, mais celle du
camp français => Lusignan et Nerestan
Dans Zaïre, il y a un discours polémique assez net, sensible dès la scène de reconnaissance.
Le Dieu chrétien apparaît comme un dieu vengeur (cf. 97)
Ce que dit la pièce, c’est que, si on avait pu concilier la foi chrétienne et l’amour
d’Orosmane, il n’y aurait pas eu de tragédie. Pièce dédiée à un anglais. A ce moment,
l’Angleterre => référence à une culture plus libre , une pensée plus libre où s’est réfugié
Voltaire.
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Molière, L’ECOLE DES FEMMES
L’école des femmes > pièce de la maturité de Molière, qu’il écrit l’année de son mariage.
C’est madame Béjart qui a fait venir Molière au théâtre. Longtemps ensemble mais se marie
avec sa sœur Armande (beaucoup plus jeune que Molière) : mariage malheureux. Elle le
trompe beaucoup.
Est-ce que la pièce est une école pour les femmes? Pour savoir le comportement à suivre?
Non (c’est-ce que voudrait Arnolphe)
Il s’agit d’un projet pédagogique d’Arnophe sorte d’expérience scientifique.
- ceux qui la jouent comme un véritable farce (tendance qu’on voit de moins en moins) >
Arnophe y est ridicule, gesticule.
- ceux qui la mettent en scène sérieusement, avec un ton presque tragique (rend la scène
inquiétante) => Arnolphe immobile, habillé en noir, en instructeur (de type janséniste, par
exemple).
Discours qui dit la soumission des femmes et que toute l’attitude des hommes est basée sur le
désir. Femme, éternel mineur.
Arnolphe à la fois père symbolique, maître, mari, => il conjugue toutes les autorités.
Dans la gestion du dialogue : Agnès est toujours soumise.
Acte V, sc. 3 : on voit même une sorte de violence physique, lorsque Arnolphe la tire
violemment (quand elle lui est remise par Horace)
On pourrait penser que c’est une pièce qui veut corriger les gens comme Arnolphe et apporter
plus de liberté pour la femme dans la société. Mais un certain nombre d’éléments empêchent
cela :
Première lecture :
Etant une comédie de caractère (le barbon) > fonction didactique : le caractère est soit puni
soit réformé. Cela invite à ne pas traiter la femme comme Arnolphe.
Dans les pièces de Molière, généralement, un père autoritaire et ridicule s’oppose au fils,
lequel, par la comédie, triomphe. C’est le triomphe de l’ordre des fils sur celui des pères,
ordre sclérosé. On retourne un peu ce schéma dans l’école des femmes.
(Horace contre son père + Arnolphe ridicule)
Rien dans cette scène (Acte III, sc. 2) ne remet en cause Arnolphe.
Arnolphe est dans la pièce celui qui sait tout, rencontrant Horace à chaque fois qu’il en a
besoin. Pendant près de 4 actes et demi, Arnolphe n’est pas mis en échec. C’est une sorte de
deus ex machina qui résout la pièce. L’arrivée d’Oronte et Enrique (père d’Agnès)
Juste avant ce deux ex machina un peu artificiel, Arnolphe venait de récupérer Agnès.
Jusqu’au dernier moment, sans cela, Arnolphe était vainqueur.
Acte I sc. 4; Il la remarque par son apparence, la désignant comme « une beauté » et se vante
de sa réussite. Il désigne aussi Agnès comme « un jeune objet »
Mais évolution du personnage : « L’aimable Agnès a su m’assujettir »
Cependant : « tous mes vœux les plus doux
Vont à m’en rendre maître en dépit du jaloux »
Il ne peut pas y avoir d’idéalisation de l’amour, si on l’achète. Dans cette pièce, ce n’est pas le
triomphe des femmes, ni des fils mais le triomphe des pères légitimes (Oronte, Enrique) sur le
père illégitime (Arnolphe).
Arnolphe montre qu’Agnès est parfaite parce qu’elle n’est rien, qu’elle est malléable.
Cette école des femmes d’Arnolphe a quand même réussi et Agnès lui dit qu’elle est
effectivement sotte : elle est consciente de sa bêtise (Acte V, sc. 3) => il s’agit d’ailleurs de
sa première opposition à Arnolphe.
Agnès commet de l’ironie pour la première fois (« Vous avez là-dedans bien opéré
vraiment »)
Omniprésence, obsession de l’adultère. Pièce qui donne une vision assez noire des relations
amoureuses. Chrysalde correspond à l’image de l’honnête homme, de la position sage,
intermédiaire - type de personnage toujours présent chez Molière.
Acte IV sc. 4 => elle montre que son amour n’est pas choisi par elle, mais il y a un savoir
inné, instinctif, c’est celui du plaisir (« Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir? »)
Acte II, sc. 2 => elle parle de l’émoi physique qu’elle ressent pour Horace (Impossible dans
les conventions de l’époque en terme de bienséance - accepté uniquement parce qu’elle est
niaise).
La véritable « école des femmes », c’est l’école de l’amour, elle se fait par le corps et sans
maître. L’amour, c’est l’art « d’aiguiser les esprits ». Idée d’une essence féminine.
(Par contraste, le genre dans la conception d’aujourd’hui est considéré comme une
construction culturelle).
La critique de l’école des femmes : le sujet de cette pièce est finalement « comment une
femme doit se comporter à la représentation de l’Ecole des femmes »
Revendication d’une certaine comédie => on avait critiqué qu’elle ait fait beaucoup rire le
parterre. Molière considère qu’il faut le faire rire (pourquoi vouloir faire rire les savants qui
d’ailleurs ne rient jamais? ).
Ce n’est pas une pièce à thèse, mais une pièce qui fait jouer les idée entre elles.