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Résumé
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A propos de l’Auteur
Copyright
L’Escort attitrée
Le Club des éternels célibataires — Tome 1
par
Tina Folsom
Traduction : Constance de Mascureau
© Tina Folsom, 2015 pour la traduction française, 2010 pour le texte original
Résumé
L’auteur à succès Tina Folsom, qui figure régulièrement sur les listes de best-sellers du New
York Times et de USA Today, présente le premier livre de la série « Le Club des éternels
célibataires ».
En voyage d’affaires à San Francisco, Daniel a besoin d’une escort pour l’accompagner à une
soirée mondaine. Quand la belle Sabrina se présente à sa porte, il est loin de se douter qu’elle n’est
pas la femme qu’elle prétend être. Leur rencontre devient rapidement torride, mais les mensonges et
les non-dits vont finir par mettre en péril leur liaison passionnée.
L’Escort attitrée, L’Amante attitrée et L’Épouse attitrée forment une trilogie racontant la relation
amoureuse entre Daniel et Sabrina. La série « Le Club des éternels célibataires » se poursuit avec
l’histoire de sept séduisants célibataires new-yorkais qui vont chacun trouver l’amour sur leur
chemin.
« Torride et sensuel, L’Escorte attitrée est une romance sexy à ne pas rater ! » — Bella André,
auteur à succès régulièrement citée sur la liste des bestsellers du New York Times et de USA Today.
Les autres livres de Tina Folsom
Les Vampires Scanguards
1
Daniel Sinclair s’installa confortablement dans le siège en cuir de la limousine qui l’emmenait à
l’aéroport JFK de New York pour son vol vers San Francisco.
— Monsieur, nous devrions être à l’aéroport dans quarante-cinq minutes, annonça Maurice, son
chauffeur.
— Merci.
Plutôt que de traverser le pays dans son jet privé, comme il le faisait souvent, Daniel Sinclair avait
décidé de voyager en première classe d’une compagnie aérienne commerciale. Son avocat et sa petite
amie ne le rejoindraient que le lendemain sur la côte ouest, aussi ne lui avait-il pas semblé utile
Audrey, avec qui il sortait depuis près d’un an, devait assister à un important gala de charité et lui
avait promis de prendre le premier vol le lendemain matin pour le retrouver. Quant à son avocat,
Judd Baum, il avait préféré se charger des dernières modifications du contrat à New York, où il
financiers installée à San Francisco. Même si les détails étaient essentiellement gérés par ses avocats
et ses directeurs commerciaux, il tenait à suivre de près toutes les opérations conclues par son
Ce serait l’occasion de se détendre et de revoir son ami Tim, qui avait quitté New York cinq ans
plus tôt pour se réinstaller dans sa Californie natale. Il avait eu beau essayer de s’adapter à la vie sur
la côte est, il ne s’y était jamais véritablement senti à l’aise. Daniel ne pouvait pas vraiment lui en
vouloir : la vie à New York était intense et complètement centrée sur le travail.
Sa venue à San Francisco avait également un autre motif. Il souhaitait présenter Audrey à Tim car
celui-ci avait un mystérieux talent. Ce dernier était en effet capable d’analyser le caractère d’une
personne en quelques minutes. La relation de Daniel et Audrey battait de l’aile depuis quelque temps,
en particulier à cause de son travail acharné sur l’acquisition.
Daniel n’avait pas été très présent auprès de sa petite amie et il s’interrogeait sur l’avenir de leur
relation. À vrai dire, il avait grand besoin des conseils de son vieil ami d’université. Il ne parlait
jamais de femmes ou de ses relations avec ses amis ou collègues de travail à New York, et Tim était
la seule personne avec laquelle il se sentait suffisamment à l’aise pour avoir ces « conversations
d’hommes ».
Comme il le faisait souvent quand il était préoccupé, Daniel passa ses longs doigts dans ses
cheveux bruns. Ils étaient plus longs qu’à l’ordinaire car il n’avait même pas trouvé le temps d’aller
chez son coiffeur, tant son emploi du temps de ces derniers mois avait été chargé.
Incapable de rester sans rien faire, Daniel ouvrit sa serviette et en tira des documents concernant
l’acquisition. Il passa en revue les papiers et lâcha soudain un juron dans sa barbe : l’un des dossiers
préparés à son intention par son assistante était introuvable. Il se souvenait pourtant l’avoir vu la
veille au soir.
Il était passé prendre Audrey à son appartement, mais comme à l’ordinaire elle n’était pas prête.
Sachant qu’elle aimait prendre son temps, il avait commencé à étudier le dossier pendant qu’elle
finissait de se préparer. Il avait dû l’oublier chez elle, mais il ne s’en était pas rendu compte car il
n’avait pas dormi là.
Il essaya alors de se rappeler la dernière fois qu’il avait passé la nuit avec Audrey. Cela devait
faire plus de deux semaines. Et plus de temps encore qu’ils n’avaient pas couché ensemble.
Curieusement, il n’en avait même pas pris conscience. Le travail lui faisait oublier tout le reste.
— Maurice, lança-t-il à son chauffeur.
— Oui, Monsieur ?
— Pouvez-vous faire un saut chez Mlle Hawkins ? Je dois aller récupérer des documents que j’ai
oubliés hier soir.
— Très bien, Monsieur.
Cela ferait seulement un léger détour. Maurice était encore coincé dans les bouchons, et Audrey
habitait tout près de là où ils se trouvaient. Daniel jeta un coup d’œil à sa montre. Elle devait déjà être
partie à sa soirée de bienfaisance, mais il avait les clés. Le concierge le connaissait bien et le laisserait
monter.
Quelques minutes plus tard, Maurice se gara en double file devant l’immeuble et Daniel sortit de la
voiture. L’appartement d’Audrey était situé au dernier étage d’un bâtiment datant du début du siècle
précédent. Pendant la lente ascension du vieil ascenseur, Daniel tapota impatiemment du pied sur le
plancher lambrissé.
L’étage supérieur ne comptait que trois appartements. Daniel se dirigea à grands pas vers celui
La gouvernante devait être là. Il s’avança dans le couloir sur la pointe des pieds pour lui faire peur.
Il avait de l’affection pour Betty, une femme d’un certain âge qui l’accueillait toujours avec bonne
humeur. Quand il la voyait rire à ses farces, Daniel avait l’impression de rajeunir de dix ans.
Il tendit l’oreille. Le bruit venait de la chambre. Betty avait dû allumer la télévision pendant qu’elle
faisait le ménage. Imaginant avec un sourire son visage stupéfait, Daniel posa la main sur la poignée
Il faillit s’étouffer à la vue de la scène qui se jouait devant lui. Ce n’était certainement pas Betty en
train de nettoyer l’appartement !
— Daniel !
À l’évidence, Audrey avait décidé de ne pas se rendre à son gala de charité. Nue, échevelée et en
sueur, elle était en train de chevaucher un homme aussi peu vêtu qu’elle. Mais bien entendu, elle
n’avait jamais eu l’intention d’y aller ! À en juger par la position dans laquelle elle se trouvait,
Audrey était à mille lieues de penser à faire acte de charité. À moins bien sûr que Daniel ne se trompe
et que ce soit la raison pour laquelle elle était au lit avec son avocat.
— Judd ! Audrey !
Les longs cheveux roux d’Audrey retombaient en cascade sur sa poitrine et des mèches étaient
collées sur sa peau luisante. Ses ébats avec Judd lui avaient visiblement donné chaud, et d’après les
draps entortillés et l’odeur de sexe qui régnait dans la pièce, ce n’était pas les premiers.
Quant à Judd, la révision des termes du contrat semblait lui avoir pris bien moins longtemps que
prévu, sinon comment aurait-il pu trouver le temps de coucher avec la petite amie de son patron ? Ne
lui était-il pas venu à l’esprit qu’il risquait très gros en se comportant ainsi ? Peut-être qu’il n’était
yeux. Et de soulagement. La stupéfaction qui se lisait sur le visage d’Audrey était la première émotion
Elle était toujours à califourchon sur lui, même si elle avait eu la décence d’arrêter de se mouvoir
sur le sexe de Judd, ce qu’elle recommencerait sans aucun doute à faire dès le départ de Daniel.
Daniel leva la main.
— Épargnez-moi cela.
— Audrey, ce n’est pas la peine de venir en Californie. Voilà ta clé. C’est terminé.
Il posa la clé de l’appartement sur la commode et ramassa son dossier.
personne émotive, du moins pas depuis la puberté. Quand ils étaient plus jeunes, Tim lui disait
souvent pour le taquiner qu’il ne pouvait pas croire que la mamma de Daniel était sa vraie mère, car il
Deux minutes plus tard, Daniel quittait l’immeuble d’Audrey et sortait de sa vie, pour de bon. En se
dirigeant vers la voiture, il eut l’impression de marcher d’un pas plus léger, comme si on lui avait
retiré un fardeau des épaules. Il prit alors conscience qu’il était plus ennuyé de perdre un bon avocat
que de perdre Audrey. Il fallait absolument qu’il lui trouve un remplaçant sur-le-champ. Sans avocat à
Daniel sortit son téléphone de sa poche et appela un numéro qui figurait dans ses favoris, tout en
Tim n’était pas quelqu’un d’étourdi, mais depuis qu’il était retourné vivre en Californie sa vie
sociale était devenue si intense qu’il enchaînait sans cesse les fêtes.
— Mais non. Je suis encore à New York. (Tim soupira, manifestement soulagé.) Écoute, je
voudrais te demander un service. J’ai besoin du meilleur cabinet de San Francisco spécialisé en droit
des affaires pour qu’il reprenne le dossier en cours.
Il n’avait pas envie d’entrer dans les détails. Il aurait tout le temps pour cela une fois qu’il serait à
San Francisco.
— D’accord, je m’en occupe. J’aurai quelqu’un pour toi à ton arrivée. Je suis impatient de te voir
et de rencontrer enfin Audrey. J’ai fait une réservation pour le dîner. On peut…
Daniel l’interrompit.
— En fait, à propos d’Audrey…
— Elle ne vient pas. C’est fini entre nous. (Il ne laissa pas le temps à son ami de commenter la
nouvelle.) Ce qui m’amène à un autre problème. Je dois aller à ce fichu cocktail demain soir en
prévision de l’acquisition. Je voulais emmener Audrey pour tenir à distance toutes ces célibataires
qu’on me présente généralement à ce genre d’événements, et j’ai donc besoin d’une remplaçante.
Il n’avait aucune envie de passer la soirée à repousser les avances de toutes les femmes de moins
de quarante ans qui se jetteraient sur lui parce qu’il était riche et célibataire.
— Une remplaçante ?
Daniel se passa la main dans les cheveux, les ébouriffant comme s’il sortait de son lit, ce qui
n’aurait pu être plus loin de la vérité. Il s’était levé à quatre heures du matin pour aller à son club de
— Je peux t’organiser un rendez-vous, suggéra Tim, qui avait manifestement déjà quelqu’un en
tête. D’ailleurs, ça tombe très bien. La colocataire d’une de mes bonnes amies est…
arrangé.
Il n’avait vraiment pas besoin de cela en ce moment.
— Une professionnelle ?
— Oui, comment est-ce qu’on appelle cela ? Une escort.
Il venait d’y penser. C’était la solution. Plutôt qu’une petite amie, il avait besoin d’une escort,
quelqu’un qui ferait comprendre à toutes les autres femmes qu’il n’était pas libre. C’était la solution à
tous ses problèmes. Et il aurait bien moins de mal à satisfaire une escort qu’une petite amie ou une
femme rencontrée lors d’un rendez-vous arrangé. Il lui suffirait de mettre le prix.
— Trouve-moi une escort. Pas trop jolie, mais suffisamment séduisante et pas trop bête pour ne
pas m’embarrasser au cocktail.
Même s’il ne pouvait pas voir le visage de Tim, il savait qu’il était bouche bée.
— Je suis tout à fait sérieux. Alors fais une réservation pour moi, s’il te plaît. Je suppose qu’elles
prennent les cartes de crédit ?
Daniel était quelqu’un de pragmatique, ce qui faisait de lui un excellent homme d’affaires.
— Comment veux-tu que je fasse ? Est-ce que j’ai l’air d’un homme qui fréquente des escorts ?
Tim paraissait de plus en plus amusé. Daniel l’entendit même étouffer un rire à l’autre bout du fil.
— Allez, fais ça pour moi et je te raconterai pourquoi j’ai rompu avec Audrey.
— Alors c’est d’accord, évidemment. Tu as des préférences ? Brune, blonde, rousse ? Forte
poitrine ? Longues jambes ?
Daniel secoua la tête en souriant. Il n’avait pas l’intention de coucher avec l’escort, tout ce qu’il
voulait était qu’elle l’accompagne à cette ennuyeuse réception. Tant qu’elle n’était pas moche et
pouvait se faire passer pour sa petite amie, il se moquait bien de son apparence.
— Surprends-moi ! À tout à l’heure. (Il était sur le point de raccrocher mais se ravisa.) Et merci,
Daniel s’installa sur son confortable siège de première classe et se concentra sur les derniers
points à revoir avant de finaliser l’acquisition. Il demanderait à son assistante d’envoyer par email les
contrats actuels aux avocats qui reprendraient le dossier. Dans le pire des cas, l’histoire avec Judd
retarderait d’une semaine la signature de la transaction, ce qui n’avait pas vraiment d’importance
pour lui.
Peut-être pourrait-il en profiter pour passer quelques jours dans le wine country, la région des
vignobles californiens ? Il demanderait à Tim de lui faire des recommandations. Son ami, grand
amateur de vin, connaissait certainement les meilleurs sites à visiter. Daniel pourrait ainsi se détendre,
avec une bonne bouteille de vin dans une main et un livre dans l’autre.
Mais pourquoi se mentir ? Depuis quand savait-il se détendre ? Il n’avait pas pris un seul jour de
congé pendant l’année qui venait de s’écouler. Il travaillait même le dimanche, alors qu’Audrey
l’avait supplié à maintes reprises de partir en week-end avec elle. Il ne pouvait pas vraiment lui en
vouloir d’avoir trouvé du réconfort dans les bras de Judd. Il était loin d’avoir été un petit ami
chance pour essayer de lui faire lever le pied sur le travail. Audrey n’y était pas parvenue, et pourtant
elle était belle et séduisante. Mais sa priorité avait toujours été le travail, et cela ne changerait pas.
Jamais.
Il n’était pas allé aussi loin dans la vie – sans demander le moindre sou à son père – pour qu’une
femme étouffe son ambition et le fasse culpabiliser de ne pas passer suffisamment de temps avec elle.
D’autres hommes l’acceptaient, mais pas lui. Il avait besoin de défis, de conquêtes, de batailles. Pas
d’une femme qui l’attendait à la maison et lui reprochait de ne pas le voir assez.
Celle qui pourrait supporter son rythme de vie n’était sans doute pas encore née, et il avait plus ou
moins abandonné l’idée de trouver une femme qui lui conviendrait. Ce n’était pas faute d’avoir
essayé, mais celles qui étaient attirées par lui ressemblaient toutes à Audrey : elles étaient exigeantes,
gâtées, et principalement intéressées par son argent. Ce n’était pas ce qu’il recherchait.
Quand il regardait en arrière, Daniel n’arrivait pas à mettre le doigt sur le moment exact où il
avait cessé d’être un jeune homme sympathique et chaleureux pour devenir l’homme d’affaires
déterminé qu’il était aujourd’hui. Avec son physique latin avantageux, il avait toujours eu du succès
avec les femmes, sans avoir d’efforts à faire pour les conquérir.
Le sexe tenait certes une place dans sa vie, mais pas très importante. Avec Audrey, il y avait
souvent renoncé en raison de réunions d’affaires qui se prolongeaient tard dans la nuit. Et il avait eu
l’impression que cela ne la dérangeait pas vraiment, tant qu’il continuait à l’amener à des événements
mondains. Cela n’arrivait pas souvent, et il s’y ennuyait à mourir la plupart du temps.
Daniel apparaissait rarement dans les magazines people, au grand déplaisir d’Audrey qui n’aimait
rien de plus que de lire des choses sur elle dans les journaux. C’était un homme secret, qui était loin
d’attirer l’attention autant qu’elle l’aurait voulu. À la réflexion, il se demandait même pourquoi il
avait commencé à sortir avec elle. Ils n’étaient vraiment pas faits l’un pour l’autre.
2
Si seulement Sabrina Palmer avait refusé l’offre du cabinet d’avocats Brand, Freeman &
Merriweather et accepté l’autre travail qu’on lui avait proposé, elle ne serait pas en train de souhaiter
désespérément être ailleurs! Elle exercerait un emploi dans un cabinet climatisé à Stockton qui ne la
mènerait sans doute nulle part, mais au moins, elle ne se ferait pas harceler par l’un des
collaborateurs seniors. Debout juste derrière elle, ce dernier faisait mine de lire le document affiché
sur l’écran de son ordinateur alors qu’elle savait pertinemment qu’il avait les yeux rivés sur son
chemisier.
Pourquoi avait-il fallu qu’elle choisisse le cabinet le plus réputé de San Francisco, dans l’espoir
d’acquérir une expérience juridique solide et de faire avancer sa carrière ? Elle avait réussi l’examen
du barreau haut la main et s’était crue capable d’affronter le monde, et voilà qu’elle se retrouvait
confrontée à un problème vieux comme le monde : elle était une femme dans un univers d’hommes.
Et au lieu de travailler sur les dossiers intéressants, qui étaient confiés aux jeunes collaborateurs
de sexe masculin, elle se retrouvait à faire du classique droit des sociétés tout en se faisant reluquer la
poitrine par Jon Hannigan, ou Jonny la raclure, comme l’appelaient les secrétaires derrière son dos.
Ses seins n’étaient pourtant pas particulièrement gros, mais ils étaient plutôt bien proportionnés
pour sa petite taille, tout comme ses formes pulpeuses. Elle n’avait pas une silhouette de mannequin et
regrettait de ne pas mesurer quelques centimètres de plus afin d’éviter que tous les hommes puissent
voir son nombril quand elle portait un col en V, mais elle ne pouvait pas changer ses gènes.
Sabrina avait les cheveux plus courts que lorsqu’elle étudiait le droit, et elle les avait récemment
fait couper, si bien qu’ils lui arrivaient à peine aux épaules. Ils étaient d’un brun très foncé, et son
coiffeur enthousiaste l’avait suppliée à plusieurs reprises de les éclaircir avec des mèches, ce qu’elle
avait refusé à chaque fois. Elle les faisait couper en dégradé pour qu’ils encadrent son visage avec
plus de douceur.
— Il va falloir reformuler ce paragraphe, dit Hannigan en se penchant encore plus près d’elle, le
bras au-dessus de son épaule pour lui montrer l’écran. (Une légère odeur de transpiration
accompagna son geste.) Vous devez exprimer l’intention.
— Je comprends.
Elle ne connaissait que trop bien l’intention de Jon. Le jour où on lui avait présenté Jon Hannigan,
elle avait su qu’il lui créerait des ennuis. Le regard vicieux qu’il lui avait lancé avait suffi à lui faire
comprendre qu’elle devait se tenir sur ses gardes. Quand il lui avait serré la main avec ses doigts
boudinés, il s’était attardé bien trop longtemps et Sabrina avait dû faire appel à toute sa volonté pour
ne pas la retirer vivement et provoquer une situation gênante.
La pâleur du teint de Hannigan était accentuée par son nez souvent légèrement rougi, que l’on
pouvait attribuer à une exposition prolongée au soleil ou à une consommation d’alcool excessive.
Sabrina penchait plutôt pour la deuxième option. Hannigan n’était ni beau ni laid, même si sa
Si elle avait dû le décrire à quelqu’un, elle aurait dit que c’était un homme moyen. Un salaud
moyen.
— Sabrina, je vais vous révéler un petit secret. Si vous voulez faire avancer votre carrière ici,
Sabrina frissonna intérieurement. Il n’avait absolument pas son avancement en tête, elle en était
certaine. Elle en avait suffisamment entendu parler par les secrétaires qui avaient fait les frais de sa
lubricité. En repensant à ce qu’elles lui avaient raconté, elle sentit ses poils se dresser sur sa nuque.
Cet homme était un porc.
— Je peux le faire demain matin à la première heure. Le dossier sera sur votre bureau avant votre
arrivée.
— Et si c’était plutôt vous sur mon bureau demain matin à la première heure ?
Sabrina retint sa respiration. Oui, elle avait bien entendu. Hannigan devenait de plus en plus
entreprenant. Elle devait partir sur-le-champ.
Il fit un pas en arrière et elle put alors se lever, mais elle se retrouva presque collée contre lui.
Respirant nerveusement, elle tenta de se faufiler. Il la regardait avec un sourire malsain. Se croyait-il
vraiment séduisant ainsi ? Le sans-abri de l’arrêt de bus avait plus de chance avec elle que Hannigan.
Sabrina eut la nausée en sentant son parfum trop fort mêlé à son odeur de transpiration. Sans se
retourner, elle saisit vivement son sac sur le bureau et se dirigea vers la porte.
— À demain, Sabrina.
Elle accéléra le pas en entendant la voix de Hannigan tout près derrière elle. Il fallait qu’elle parte.
Elle ne pouvait supporter l’idée de rester plus longtemps, même s’il était à peine seize heures et
qu’elle travaillait habituellement jusqu’à dix-huit heures. Le rendez-vous chez le médecin n’avait été
qu’une excuse pour échapper à Hannigan. Une autre minute en sa présence l’aurait fait vomir ou
Comment était-elle censée continuer à travailler dans ce cabinet pendant encore au moins un an,
avec Hannigan qui regardait sans cesse par-dessus son épaule, ou plutôt dans sa chemise ?
— Votre journée est terminée ? demanda Caroline, la réceptionniste, en voyant Sabrina traverser
le hall.
Sabrina répondit par un regard qui en disait plus long qu’une explication de dix minutes.
— Encore Hannigan ?
comportement déplacé.
Un club de vieux machos, voilà ce que c’était. C’était comme nager à contre-courant. La question
était cependant de savoir si elle serait capable de lutter encore longtemps ou si elle allait sortir de la
rivière.
Sabrina sortit du bâtiment. Malgré la chaleur qui régnait dehors, l’air lui parut rafraîchissant.
L’atmosphère dans le bureau était oppressante en présence de Hannigan.
Les secrétaires s’étaient réjouies que le cabinet embauche enfin une jeune collaboratrice, et
Sabrina comprenait à présent pourquoi : Hannigan les laissait désormais presque tranquilles. Sabrina
était devenue leur paratonnerre. Elle avait beau éprouver de la compassion pour ces femmes, elle
devait aussi penser à elle et réfléchir à ce qu’elle devait faire. Pouvait-elle prendre le risque de porter
du temps qu’elle avait pour aller faire des courses en rentrant. Le supermarché était bondé, et il n’y
avait qu’une seule caisse ouverte. Toutes les autres étaient en panne, apparemment à cause d’un
problème informatique.
Après s’être assurée qu’on lui gardait sa place dans la queue, Sabrina retourna vers le rayon des
glaces. Elle espérait que Holly, sa colocataire et amie d’enfance, serait à l’appartement à son retour.
Elles pourraient ainsi dévorer ensemble le gros pot de Ben and Jerry’s qu’elle avait acheté, tout en
plan de travail.
Elle commença par ranger la glace au congélateur puis se retourna en entendant un bruit
provenant de la salle de bains au fond du couloir.
— Holly, ça va ?
La porte de la salle de bains était entrouverte. Vêtue de sa robe de chambre rose, Holly était par
— Qu’est-ce qui ne va pas, ma puce ? Tu as mangé quelque chose qui n’est pas passé ?
Sabrina se baissa pour dégager le visage de son amie des longs cheveux blonds qui le
Holly retourna brusquement la tête vers la cuvette en porcelaine et rendit encore un peu plus le
contenu de son estomac. Sabrina se releva et sortit un gant de toilette de l’armoire à linge. Elle le
— Tiens, ma puce. (Elle appliqua le gant froid sur la nuque de son amie, tout en retenant ses
cheveux en arrière.) Fais tout sortir.
— Tu as l’air stressée. Mauvaise journée ? demanda Holly, essayant sans doute de se distraire de
sa nausée.
Sabrina sourit doucement.
Holly la regarda d’un air entendu puis se tint de nouveau le ventre en penchant la tête au-dessus de
la cuvette.
— Pas pire que d’habitude, mentit Sabrina.
En réalité, la situation allait vraiment de mal en pis. Il s’était mis à faire des allusions sexuelles
claires et elle était à court d’excuses pour lui échapper. Mais ce n’était pas le moment d’ennuyer Holly
avec ses problèmes.
— Tu devrais vraiment faire quelque chose, lui dit Holly sur un ton ferme.
— Mais commençons par prendre soin de toi avant d’échafauder un plan pour gérer le problème
Hannigan, d’accord ?
Sabrina aida Holly à se relever et sentit à quel point elle avait du mal à tenir sur ses jambes. Elle la
Alors que Sabrina marchait avec elle vers le salon, le téléphone sonna.
sur leur ligne fixe et celui-ci était très probablement destiné à Holly.
À peine le bip du répondeur eut-il retenti qu’une voix de femme irritée emplit la pièce.
— Holly, c’est Misty. Je sais que tu es là, alors décroche ce fichu téléphone. Tu m’entends ? Si tu
crois que tu peux tout simplement me laisser un message pour me dire que tu ne prends pas la
réservation de ce soir, tu te trompes. Et après ce que tu as fait avec le client japonais la semaine
dernière, je suis à bout de patience avec toi.
Sabrina lança un regard interrogateur à son amie, mais celle-ci se contenta de hausser les épaules
avec un air renfrogné.
— Il n’y a personne pour prendre ta place, toutes les autres filles sont prises. Alors tu vas
travailler ce soir, malade ou pas, ou bien tu ne travailleras plus jamais pour moi. C’est bien clair ? Et
je ferai ce qu’il faut pour que plus personne d’autre dans cette ville n’accepte de t’engager. J’espère
que tu comprends bien. Si tu ne te présentes pas ce soir à 19 heures à l’Intercontinental Mark Hopkins,
chambre 2307, tu es virée.
Misty raccrocha.
— Qu’est-ce qui s’est passé avec le client japonais ? demanda Sabrina en regardant son amie.
Holly fit un geste explicite.
— Pervers.
Même si Holly semblait ne pas vouloir en dire plus, Sabrina connaissait assez bien son amie pour
être convaincue qu’elle finirait par lui dire tout ce qu’elle désirait savoir. Holly n’était pas le genre de
personne à garder des secrets.
— On était dans sa chambre d’hôtel. Je pensais qu’il voulait la même chose que la plupart des
hommes, mais non, il a fallu que je tombe sur un vicieux. Il avait apporté des petites boules en acier
sur une chaîne, et tu n’as vraiment pas envie de savoir ce qu’il avait envie que je fasse avec…
Sabrina lui confirma du regard qu’il n’était pas utile qu’elle lui en dise plus. Elle en avait déjà trop
appris.
— Quoi qu’il en soit, j’ai déguerpi, et quand Misty l’a appris, elle m’a en quelque sorte mise à
l’essai. Elle a dit que si je laissais encore une fois tomber un client, elle me botterait le cul. Désolée
Le langage de Holly n’était jamais un problème. D’ailleurs, la plupart de ses clients aimaient son
franc-parler, comme toutes les autres choses qu’elle pouvait faire avec sa langue. Sabrina secoua la
tête en riant.
— Laisse-moi te préparer une tisane à la camomille.
Tout en s’affairant dans leur grande cuisine et en s’efforçant de mettre la main sur des biscuits
secs pour accompagner la camomille, Sabrina se demanda comment ses collègues réagiraient s’ils
les deux décidé de déménager à San Francisco. Rien ne leur avait alors semblé plus naturel que de se
mettre en colocation.
Sabrina poursuivait ses études de droit tandis que Holly enchaînait les petits boulots, jusqu’au jour
Holly était une ravissante blonde aux yeux bleus. Et avec les bons vêtements, elle était éblouissante.
Alors pourquoi sortir avec des garçons qui se contenteraient de l’inviter à dîner puis s’attendraient à
coucher avec elle, quand elle pouvait se faire payer pour faire la même chose ?
Bien entendu, il y avait parfois des clients comme le Japonais de la semaine précédente, mais
d’après Holly, la plupart d’entre eux étaient normaux. C’étaient souvent des hommes d’affaires de
passage en ville, à la recherche d’un peu de compagnie.
Sabrina avait d’abord été choquée quand son amie lui avait annoncé sa décision de devenir escort,
mais en voyant que Holly aimait son travail, le plus souvent du moins, et qu’elle était restée la même
personne qu’avant son étrange choix de carrière, elle s’était faite à l’idée.
Quoi qu’il en soit, les revenus élevés de Holly s’étaient révélés bien utiles quand Sabrina avait dû
laisser tomber son emploi de serveuse à mi-temps pendant sa dernière année à la faculté de droit,
pour se consacrer exclusivement à ses études exigeantes. Holly avait entièrement pris à sa charge le
Lorsque Sabrina avait trouvé un travail suffisamment bien payé pour mettre de côté quelques
centaines de dollars par mois et qu’elle avait voulu rembourser Holly, celle-ci avait refusé, lui
rétorquant que les amis étaient faits pour s’entraider. Holly était pour elle plus une sœur qu’une amie,
une tisane et lui en fit boire quelques gorgées. Elle était adossée contre des coussins.
— Tu n’es vraiment pas en état de travailler ce soir. Il faudra bien qu’elle comprenne cela.
Sabrina commença à se lever, mais elle se sentit aussitôt tirée en arrière par la main de Holly.
— Tu n’es pas ma mère, alors ne fais pas ça. Ça ne sert à rien. Elle est aussi compréhensive qu’un
vieillard borné.
— Tu ne peux pas trouver quelqu’un pour te remplacer ?
D’autres filles pouvaient sûrement prendre sa place. L’activité devait tourner au ralenti
— Il doit bien y avoir des filles qui travaillent en indépendant. Tu ne connais personne ?
Elle refusait de laisser Holly travailler ce soir. Son amie avait besoin de repos. Et si c’était une
intoxication alimentaire due à des salmonelles ? Il était hors de question qu’elle laisse Holly
s’épuiser.
— Quoi ? Tu veux y aller à ma place? demanda Holly en riant.
— Oh, ne dis pas n’importe quoi, je ne saurais pas quoi faire, répondit Sabrina en chassant cette
garçons et n’avait pas… Mais ce n’était pas important. La question ne se posait pas. Ces trois
dernières années, le sexe s’était résumé pour elle aux histoires que lui racontait Holly sur ses clients.
— Ça serait parfait. Dis-toi juste que c’est comme un rendez-vous arrangé avec un homme.
— Hors de question.
Holly avait-elle perdu la tête ? Elle devait être fiévreuse. Peut-être que Sabrina devrait aller
chercher le thermomètre pour vérifier. Ou mieux encore, la conduire à l’hôpital pour s’assurer
qu’elle ne délirait pas. Elle posa la main sur le front de Holly.
— S’il te plaît, n’essaie pas de me faire croire qu’ils paient tout cet argent juste pour discuter !
s’énerva Sabrina.
Même elle n’était pas aussi naïve. Après tout ce que Holly lui avait raconté, elle savait exactement
ce que les hommes attendaient d’une escort. Et elle n’avait aucune envie de le découvrir par elle-
même.
— Et puis j’ai déjà assez de mal à repousser les avances de Hannigan tous les jours.
— Mais ce type-là est une ordure, fit remarquer Holly. Je ne sais pas pourquoi tu ne lui as pas
encore donné un coup de pied dans l’entrejambe. Je peux m’en charger, si tu m’y autorises, ajouta-t-
Sabrina savait que son amie prendrait un malin plaisir à flanquer une raclée à Hannigan. Elle avait
une connaissance intime de tous les endroits les plus douloureux pour un homme, et elle n’hésiterait
pas à s’en servir.
— Peut-être que je te laisserai le faire un jour. En attendant, j’ai encore besoin de mon travail.
Sabrina s’efforça de ne pas penser à la situation délicate dans laquelle elle se trouvait. Elle voulait
que sa carrière avance, mais pas aux dépens de son intégrité. En cédant à Hannigan elle travaillerait
peut-être sur des dossiers passionnants, mais rien ne la dégoûtait plus que de l’imaginer en train de la
— Pendant ma première année de fac de droit. Tu connais parfaitement l’histoire… Tous les gens
qui regardaient YouTube ont pu mater mes fesses.
Sabrina frissonna à ce souvenir. À son insu, Brian les avait filmés en train de coucher ensemble
puis avait posté la vidéo sur YouTube, visible par tout le monde.
— C’est une sale histoire, je l’avoue. Mais tu ne devrais pas te laisser arrêter par une seule
mauvaise expérience. Te faire passer pour quelqu’un d’autre et te lâcher te ferait le plus grand bien.
Tu ne peux pas continuer à ressasser ces vieux souvenirs et à vivre dans la peur de ce que le prochain
homme te fera. Tu dois prendre ta vie en main. En t’affirmant dans ta vie sexuelle, tu obtiendras ce
que tu veux. Alors ne reste pas les bras croisés. Tu es jolie, tu es charmante, tu es intelligente. Tu
pourrais être ce que tu veux. Et tu pourrais avoir tous les hommes que tu veux.
Sabrina regarda son amie comme si elle avait perdu la raison. Elle n’était pas capable de faire ce
que Holly lui suggérait.
— Je n’y arriverais jamais. (Et elle pouvait lui donner une centaine de raisons pour l’expliquer.) Je
ne suis pas comme toi, Holly. Je ne me précipite pas au lit avec un homme après le premier verre. J’ai
même du mal à embrasser quelqu’un après le premier verre. Je ne suis tellement pas la personne qu’il
te faut.
— Foutaises ! Tu as suivi des cours de théâtre à l’université. Ne me dis pas que tu ne sais pas jouer
un peu la comédie. Fais semblant d’être moi. D’ailleurs, c’est ce que tu devras faire si je ne veux pas
que cette histoire nous retombe dessus. Tu vas simplement à l’hôtel et tu dis au client que tu es Holly
Foster, et puis tu te comportes comme Holly Foster. Imagine-toi juste que tu vas à un rendez-vous
arrangé.
Curieusement, plus Holly essayait de la convaincre, moins la perspective lui semblait
déraisonnable.
— Un rendez-vous arrangé ? Il va m’inviter à dîner et ensuite il voudra coucher avec moi. C’est
ça ? (Sabrina s’efforçait de se faire à cette idée étrange.) C’est ridicule. Je ne suis pas faite pour ça. Tu
me connais depuis toujours. Qu’est-ce qui te fait croire que je pourrais y arriver ? Ce type va tout de
— Ne sois pas aussi parano. Tout ce qu’il va voir c’est ton joli minois, et il se fichera du reste. Ce
sera comme un rendez-vous arrangé, sauf qu’il aura payé à l’avance. Et au moins tu sais exactement
ce qui t’attend. D’ailleurs, c’est toi qui seras en charge. La plupart des hommes me laissent prendre
les choses en main. Ils veulent être séduits. Cela te permettra de t’entraîner. Je t’assure que tu en as
bien besoin.
Cette dernière phrase de Holly lui fit mal. Sabrina s’était renfermée sur elle-même après son
histoire désastreuse avec Brian, un étudiant de sa faculté de droit. Il l’avait convaincue de coucher
avec lui uniquement pour pouvoir poster une vidéo sur Internet. Sabrina ne voulait plus jamais
Suite à cette expérience, elle s’était réfugiée dans ses études et avait évité la plupart des activités de
que de savoir exactement ce qui t’attend ? C’est une affaire d’un soir. Le client n’est pas de San
Francisco et tu n’auras pas à le revoir. C’est l’occasion pour toi de faire quelque chose de fou, de
Sabrina était tiraillée. Elle avait envie de tirer sa meilleure amie de ce mauvais pas. Holly l’avait
aidée tant de fois ces dernières années, et elle lui était vraiment redevable. Mais ça ? Accepter de se
faire passer pour une escort et aller dans la chambre d’hôtel d’un homme bizarre pour coucher avec
lui ?
Si ses parents l’apprenaient un jour, ils seraient horrifiés et mourraient de honte... Mais l’une des
choses que lui avait dites Holly avait fait mouche. Elle avait raison : Sabrina s’était effectivement
complu dans son malheur et n’avait laissé aucun homme s’approcher d’elle. Par crainte d’être blessée
Sauf qu’ils s’en tiraient à moindre coût avec un dîner dans un restaurant médiocre. Pourquoi ne pas se
Elle s’était dit que les choses rentreraient dans l’ordre lorsqu’un homme qui était fait pour elle
croiserait sa route. Mais cela ne s’était pas produit. Elle n’avait rencontré personne, et elle était tout
aussi seule à présent qu’après sa mauvaise expérience à l’université.
Peut-être que Holly avait raison. Il était temps de se laisser aller et de passer une nuit torride avec
un étranger. Juste une nuit. Sans regret et sans devoir revoir cet homme, pour éviter toute gêne ou
toute peine. Il ne saurait même pas qui elle était. L’anonymat était une excellente protection.
Holly sourit.
— Non. Tout a déjà été réglé à l’agence. Il n’y aura pas de transaction compliquée en liquide. Ça
Sabrina hocha lentement la tête. Elle ne pouvait plus reculer à présent. Elle allait devoir faire
preuve de courage pour aider son amie, et s’aider elle-même par la même occasion.
— D’accord. Je vais le faire. Ce soir, je serai Holly Foster.
4
À l’instant même où il ouvrit la porte de sa chambre d’hôtel, Daniel comprit pourquoi l’agence
d’escorts lui avait fait payer une somme aussi exorbitante. La jeune femme aux cheveux bruns qui
allait lui tenir compagnie pendant la soirée semblait tout droit sortie d’un conte de fées.
Elle posa ses magnifiques yeux verts sur lui. Il y lut de la surprise, ainsi qu’une interrogation
silencieuse. S’était-elle trompée de chambre ? Il espérait que ce n’était pas le cas.
Si elle était vraiment l’escort envoyée par l’agence, il se maudissait déjà de ne pas avoir demandé
plus de détails concernant les prestations pour lesquelles il avait payé. Était-elle là uniquement pour
l’accompagner au cocktail, ou bien lui fournirait-elle d’autres services plus personnels plus tard dans
la soirée ?
Il resta un instant incapable de parler, laissant glisser son regard sur les traits doux de son visage,
sa nuque gracieuse et ses formes féminines mises en valeur par une robe d’été légère, suffisamment
courte pour révéler ses jambes joliment galbées jusqu’à ses chevilles fines. Il remarqua que sa
pouvait se le permettre. Ses seins étaient fermes, et Daniel ne put s’empêcher de songer qu’ils avaient
la taille parfaite pour qu’il puisse les prendre dans ses mains.
Il n’aurait su dire combien de temps il resta à la regarder, une seconde ou bien cinq minutes. Mais
il savait pourquoi il était soudain devenu muet. Un désir violent et incontrôlable s’était emparé de lui.
Par peur de lui dire ce qui lui passait par la tête, quelque chose qui ressemblerait à « J’ai envie de
vous maintenant », il serra les mâchoires et continua à regarder ses lèvres. Elles étaient rouges et
charnues, légèrement écartées comme si elles attendaient qu’il les embrasse. C’était du moins ce qu’il
aurait voulu faire.
Son imagination s’emballa. Il pouvait se représenter en train de lui arracher ses vêtements avec
brutalité. Son corps serait souple sous le sien, et il la chevaucherait avec ardeur jusqu’à ce qu’elle crie
son nom.
Il avait envie que ses lèvres pulpeuses lui fassent tant de choses. Maintenant. Tout de suite. Il était
sorti avec beaucoup de jolies femmes et avait couché avec un bon nombre d’entre elles, mais celle qui
se tenait devant lui n’était pas seulement belle. Elle semblait être faite pour l’amour.
Elle ouvrit alors la bouche, et sa voix évoqua le son cristallin d’une source de montagne.
Une lueur d’incertitude subsistait dans ses yeux. Elle n’était pas sûre d’avoir frappé à la bonne
porte.
— Bonjour Holly, Holly Foster, la salua-t-il, goûtant au plaisir de prononcer son nom. Je suis
Daniel sentit le rire de la jeune femme résonner dans tout son corps, et il eut l’impression d’être
redevenu un lycéen. Était-elle vraiment sa compagne pour la soirée ? Était-il mort et monté au
— Je vous en prie, entrez, lui dit Daniel en lui faisant signe d’avancer. Je vais chercher ma veste et
cocktail d’affaires ennuyeux. Il pourrait par exemple la conduire jusqu’à son lit.
~ ~ ~
Daniel partit dans la chambre voisine et Sabrina en profita pour essayer de reprendre ses esprits.
Elle avait passé le premier obstacle. Quand elle attendait sur le seuil, il l’avait regardée avec une telle
intensité qu’elle s’était demandé si elle ne s’était pas trompée de chambre. Pourquoi cet homme aussi
ses cheveux bruns épais et de se jeter sur lui – ou sous lui. Sabrina n’arrivait pas à comprendre
pourquoi il faisait appel à une escort alors qu’il pouvait certainement avoir gratuitement toutes les
femmes qu’il voulait.
Soudain, l’idée de coucher avec un étranger ne lui paraissait plus aussi intimidante. Avec lui, elle
se sentait prête. Elle s’étonna alors de ses pensées audacieuses. Qu’était-il arrivé à la femme réservée
costume assortie à son pantalon. Il ressemblait à un mannequin sortant d’une séance photo. Comment
un mortel pouvait-il être aussi beau ? Les dieux jouaient-ils avec elle ?
Daniel prit son bras et la conduisit vers la porte. Le contact de sa main sur sa peau nue déclencha
Alors qu’ils se dirigeaient vers le Mark Hopkins et se trouvaient à quelques rues du célèbre hôtel
qui avait survécu au tremblement de terre de 1906, il lui donna davantage d’explications.
— Vous allez m’accompagner à un cocktail d’affaires important. Je vous présenterai comme ma
petite amie.
Il lui jeta un coup d’œil en souriant. En marchant près de lui, elle pouvait sentit son odeur virile et
enivrante.
— Les gens vont-ils vous croire ? Ils doivent sûrement savoir si vous avez une petite amie.
Sabrina n’avait pas posé la question parce qu’elle doutait du succès du plan de Daniel, mais par
curiosité. Il ne semblait cependant pas disposé à lui apporter de réponse.
— Ne vous inquiétez pas. Personne ne sait rien sur ma vie privée. Il ne s’agit que de relations
d’affaires. Votre travail ce soir consiste à rester à mes côtés et à flirter avec moi. Si nous sommes
séparés et que vous me voyez parler à une femme de moins de quarante ans, venez me sauver.
— Vous sauver ?
vous devez intervenir et lui faire comprendre que je suis avec vous. Assurez-vous qu’elles
Elle avait elle-même quelques idées, mais ne voulait pas être présomptueuse.
À moins qu’elle ne délire complètement et ne prenne ses désirs pour des réalités, le regard que lui
— Être tactile est très efficace, faites-moi confiance. Et des mots tendres seraient aussi vivement
appréciés.
— Je suis sûre que je trouverai quelque chose.
Quand il lui prit la main et entrelaça ses doigts dans les siens, elle eut l’impression d’être
foudroyée sur place. Elle n’en revenait pas. Jamais le simple contact d’un homme n’avait eu un tel
La salle était remplie. Sabrina estima qu’il devait y avoir une centaine d’invités, tous élégamment
vêtus. Des serveurs circulaient avec des assiettes recouvertes de canapés et des plateaux de
champagne. Il y avait beaucoup de femmes, mais les hommes en costumes sombres étaient largement
majoritaires. Certains paraissaient s’ennuyer plus que les autres. C’étaient certainement des avocats,
songea Sabrina. Elle savait les reconnaître.
Daniel traversa la foule avec elle et l’emmena jusqu’au fond de la salle. Il émanait de lui une
profonde assurance et une détermination totale, comme s’il avait été chez lui.
— Ah, vous voilà. Nous nous demandions quand vous arriveriez.
L’homme distingué qui avait parlé devait approcher de la soixantaine.
rachète.
La petite femme au bras de Martin serra la main tendue de Daniel avec un grand sourire.
— Quel plaisir de vous rencontrer enfin, dit-elle d’une voix enjouée en jetant un coup d’œil à
Sabrina.
— Le plaisir est pour moi. Vous allez sûrement voir Martin beaucoup plus une fois que
l’acquisition aura été signée.
Nancy donna un petit coup de coude dans les côtes de son mari et leva les yeux au ciel.
assez sur nous. (Martin posa les yeux sur Sabrina.) Daniel, vous ne nous présentez pas votre
compagne ?
leur adressant un sourire charmant. Pourquoi ne s’en était-il pas tenu à ce qui avait été convenu ?
Pourquoi l’avait-il fait passer au rang de fiancée ?
Après avoir échangé des poignées de main et des salutations, ils commencèrent à bavarder.
— Vous ne semblez pas être de New York, Holly, fit remarquer Nancy.
— En effet. Je suis de la région de San Francisco.
Martin lança à Daniel un regard complice.
— Je vois. Mon entreprise n’est donc pas la seule « acquisition » que vous faites à San Francisco.
Daniel lui sourit et porta la main de Sabrina à ses lèvres pour y déposer un baiser.
— Je plaide coupable.
Ce geste inattendu accéléra le rythme du cœur de Sabrina. Elle lui fit un petit sourire, mais il ne
semblait pas le moins du monde troublé. Il devait être habitué à faire semblant.
~ ~ ~
Daniel tressaillit en entendant la question de Nancy. Ils n’avaient absolument pas discuté de cela. Il
lança un coup d’œil à Holly pour essayer d’attirer son regard, se demandant si elle parviendrait à
Il ferma les yeux pendant une seconde, comme s’il attendait qu’une bombe soit lâchée. Elle avait
pris de gros risques en répondant cela ! Il y avait plus d’avocats dans la salle qu’à un congrès
juridique à Las Vegas. Il aurait dû la briefer avant leur arrivée. Ils allaient droit au mur.
— Mais ne parlons pas de travail, d’accord ? intervint-il pour essayer d’éviter le désastre. Une
tard : Nancy avait déjà fait signe à un homme de s’approcher. Daniel le reconnut. C’était l’un des
avocats qui travaillaient sur l’acquisition.
— Bob, tu connais déjà Daniel, mais laisse-moi te présenter sa fiancée, Holly Foster. Elle est
avocate.
Daniel faillit s’étouffer avec son champagne. Comment sa jolie escort allait-elle s’en sortir ? Bob
n’était pas du genre à discuter de banalités. Tout ce que cet avocat dégingandé savait faire, c’était
parler travail.
— Ravi de vous rencontrer, Holly. À quelle université êtes-vous allée ?
Daniel en était certain. N’aurait-elle pas pu choisir une université obscure au milieu de nulle part,
plutôt que la faculté de droit de Hastings en plein San Francisco, qu’il connaissait lui-même alors
qu’il n’était pas de la région ? Sans doute était-ce la seule qu’elle pouvait citer. Évidemment. Bon
— Il a fini par prendre sa retraite l’année dernière, répondit Sabrina avec assurance.
— Il était temps.
rousse.
— Il faut absolument que vous rencontriez Grace Anderson. Elle fait partie de presque tous les
comités d’œuvres de bienfaisance de la ville. Ma chère Grace, je vous présente Daniel Sinclair.
Grace envoya un baiser dans la direction de Martin puis regarda Daniel droit dans les yeux. Il
connaissait ce regard. Il était en train de se faire évaluer par une femme qui cherchait un époux
fortuné. Jetant un coup d’œil derrière lui, il vit que sa prétendue fiancée était en pleine conversation
cherchait à éviter. Daniel avait le sentiment d’être un tigre en cage, en un peu moins apprivoisé. En
voyant l’expression suggestive de Grace, il comprit qu’elle lui ferait des avances dès qu’il baisserait
la garde.
Il était bien obligé de lui faire la conversation, même s’il n’en avait pas la moindre envie. Cette
femme était une copie conforme d’Audrey : superficielle, prétentieuse, et à la recherche d’un riche
mari. Étrangement, il voyait Audrey avec bien plus de lucidité depuis qu’il n’était plus avec elle.
Daniel écouta d’une oreille la réponse de Grace, car il essayait de saisir des bribes de la
discussion entre Holly et Bob. Ils étaient cependant trop loin pour qu’il saisisse quoi que ce soit dans
le brouhaha qui régnait dans la salle.
Sentant soudain la main de Grace sur son avant-bras, il remarqua qu’elle avait arrêté de parler et
— Chéri. (Il se retourna avec reconnaissance en entendant derrière lui la voix de Holly, qui lui
caressait le dos.) Bob était en train de me raconter une histoire très drôle datant de ses années à la
faculté de droit. Je pense qu’elle va t’amuser, surtout que tu adores le baseball. (Holly lança un regard
appuyé à Grace puis baissa les yeux vers la main que celle-ci avait posée sur le bras de Daniel.)
moins une. Je ne sais pas comment ces femmes arrivent à repérer les célibataires aussi rapidement.
Elle était sur le point de mettre le grappin sur moi.
— Elle était déjà passée à l’attaque, fit remarquer Holly avec un petit rire. Vous n’aimez pas
— C’était facile. Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis capable de m’en occuper.
Il lui lança un regard admiratif. Il la croyait sur parole. Elle devait être capable de s’occuper de
beaucoup d’autres choses, peut-être même de lui. Peut-être pourrait-elle lui donner un aperçu ce soir-
— Venez, nous allons devoir discuter encore un peu avec les invités avant de pouvoir échapper à
ce cirque.
Il lui prit de nouveau la main, pas par nécessité mais parce qu’il en avait envie. Il aimait la toucher.
5
Sabrina passait une très bonne soirée. Daniel la présentait à de nombreuses personnes, dont elle
oubliait le nom aussitôt qu’ils allaient voir d’autres invités désireux de faire sa connaissance.
D’après les conversations, elle comprit que Daniel était à San Francisco pour finaliser
l’acquisition d’une entreprise, et compte tenu de toutes les jeunes et jolies femmes qui voulaient le
rencontrer, elle conclut aussi qu’il était l’un des célibataires les plus en vue en ville. Il n’était pas
étonnant qu’il ait fait appel à elle pour être tranquille. Comme il le lui avait demandé, elle faisait de
son mieux pour faire fuir toutes les femmes qui s’approchaient de lui.
Même si c’était son travail pour la soirée, elle le faisait très volontiers. Elle prenait plaisir à le
toucher, à lui prendre la main, à lui donner des petits noms. Il l’avait embrassée une fois sur la joue,
et elle se demandait s’il recommencerait. Ses lèvres étaient si chaudes et douces, et malgré elle, elle
commença à les imaginer sur d’autres parties de son corps. Cette pensée la fit rougir.
Il y avait peu de chance pour qu’il veuille coucher avec elle puisqu’il l’avait à l’évidence
uniquement engagée pour jouer le rôle de sa petite amie, même s’il l’avait inexplicablement élevée au
statut de fiancée pour éloigner les autres femmes. Il ne semblait pas être le genre d’hommes à se jeter
Pour se consoler, elle songea qu’elle aurait au moins passé un agréable moment avec un homme
charmant et attentionné. Les regards envieux que lui lancèrent beaucoup de jeunes femmes pendant la
soirée lui confirmèrent qu’elle n’était pas la seule à trouver Daniel à son goût.
Mais étrangement, il ne paraissait pas apprécier toute cette attention. Il discutait surtout avec des
hommes, et essentiellement de travail. Chaque fois qu’on lui présentait une femme, et en particulier si
elle était célibataire, il s’éclipsait aussi rapidement que possible, généralement en se servant d’elle
comme excuse.
— Holly, ma chérie, veux-tu autre chose à boire ? lui demanda-t-il en souriant alors qu’une jeune
femme essayait de l’entraîner dans une conversation.
Sabrina lui tendit son verre vide et il le posa sur une table à côté. Il prit alors sa main et embrassa
le bout de ses doigts sous les yeux de l’autre femme, qui s’éloigna aussitôt.
— Vous êtes terrible, le réprimanda Sabrina en riant, tout en sachant que son geste d’affection
avait pour unique but de repousser les autres femmes.
— Je ne peux pas m’en empêcher, lui répondit Daniel avec un clin d’œil.
Sans répondre, Daniel l’entraîna pour aller lui présenter d’autres invités.
Un peu plus tard, elle se retrouva au fond de la grande salle avec Daniel, tout près d’un magnifique
bouquet de fleurs colorées. Voyant passer un serveur, Sabrina en profita pour attraper un autre canapé
sur le plateau. Elle avait arrêté de compter le nombre de délicieux amuse-gueule qu’elle avait avalés.
Quelle importance si elle prenait un petit kilo ? Personne ne la verrait nue de sitôt.
Daniel lui fit un petit sourire et poursuivit sa conversation avec Martin, tandis que son épouse
continuait à raconter à Sabrina les voyages qu’elle comptait faire avec son mari une fois que
son nez commença à la démanger irrésistiblement. Elle ne put retenir un éternuement, sûrement bien
trop bruyant au goût de la bonne société qui l’entourait.
tout en fouillant dans son petit sac à main pour y trouver son mouchoir.
Elle en avait toujours un sur elle. Lorsqu’elle le sortit, un petit emballage carré s’échappa de son
sac et atterrit sur la petite table où était posé le vase.
Ils tournèrent tous les quatre la tête pour voir de quoi il s’agissait.
Sabrina écarquilla les yeux, horrifiée. L’un des préservatifs qu’elle avait mis dans son sac à main
s’était glissé dans son mouchoir et était tombé. De sa main élégante, Daniel fit immédiatement
disparaître l’objet indésirable dans la poche de sa veste, aussi naturellement que s’il ramassait un
papier de bonbon.
Sabrina croisa son regard et constata avec effroi qu’elle l’avait mis dans l’embarras. Son visage
était agité et ses joues étaient légèrement rouges. Il était furieux !
— Je crois qu’il se fait tard, il est temps pour nous d’y aller. J’ai une grosse journée demain, dit
vu le préservatif mais avaient été assez polis pour ne pas faire de remarque. Sabrina aurait aimé que
le sol s’ouvre sous ses pieds pour l’engloutir, mais elle sentit la main de Daniel dans le creux de son
dos.
— On y va, ma chérie ?
Il lui parlait toujours aussi gentiment. Il devait être habitué à cacher ses émotions, et ne laissa rien
paraître de sa colère devant leurs hôtes.
Comme dans un brouillard, Sabrina dit au revoir à Martin et Nancy. Daniel l’entraîna alors vers la
Sabrina se sentait terriblement mal. Elle avait tout fichu en l’air. Cela allait revenir aux oreilles de
Misty, et Holly aurait des ennuis. Au lieu de lui sauver la mise, elle avait sans doute aggravé la
traversaient le hall.
Daniel lui lança un regard surpris
— Désolée ?
— Je ne voulais vraiment pas vous mettre dans l’embarras. C’était un accident.
Sa voix était suppliante, et elle espéra qu’il sentirait sa sincérité. Il fallait à tout prix qu’il accepte
— Oui, je suis vraiment désolée. Ce n’était pas mon intention. J’aurais dû faire plus attention,
poursuivit-elle.
Elle n’était pas faite pour être escort. Elle avait su que cela se passerait mal.
L’ascenseur était vide lorsqu’ils y entrèrent. Dès que les portes se furent refermées sur eux, Daniel
— Parce que j’ai en tête une bien meilleure manière de passer la soirée que de rester à un cocktail
ennuyeux.
Daniel fit un pas vers elle et posa la paume de sa main sur le mur derrière elle. Sa tête n’était qu’à
quelques centimètres de la sienne, et il la regardait droit dans les yeux. Elle pouvait sentir son odeur
pas le protocole.
Il lui parlait d’une voix basse et elle sentit son souffle sur son visage.
— Le protocole ? répéta-t-elle d’une voix haletante, ne pouvant penser à rien d’autre qu’à leurs
corps qui se touchaient presque.
part, il pencha la tête vers elle. Sabrina laissa échapper un léger soupir lorsqu’il effleura sa bouche
sienne.
Elle posa la main sur sa nuque pour l’attirer plus près, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus s’approcher
davantage. Son corps était plaqué sur le sien contre le mur de l’ascenseur, lui laissant à peine assez de
place pour respirer. Mais Sabrina n’en avait que faire. Avait-elle vraiment besoin d’oxygène alors
Le goût de Daniel évoquait en elle une douche fraîche au beau milieu d’une forêt tropicale boisée
et vivante, mais aussi sombre, recelant des trésors cachés. Et à chaque mouvement de sa langue, il
libérait une nouvelle saveur qui donnait à Sabrina encore plus envie de capturer sa langue avec la
sienne et de la garder prisonnière.
~ ~ ~
Daniel n’en revenait pas de ce qu’il était en train de faire. Il embrassait une escort, une prostituée.
Il devait avoir perdu la tête, et il savait exactement à quel moment cela s’était produit. Quand elle avait
accidentellement laissé tombé le préservatif, il avait compris qu’il n’avait pas seulement payé pour
avoir une petite amie pendant la réception. L’agence lui avait également dit de se préparer à coucher
avec lui.
lancé avant que leurs lèvres se rencontrent avait suffi à lui faire perdre tous ses moyens.
Elle savait manifestement ce qu’elle faisait. Après tout, c’était une professionnelle. Son métier était
d’éveiller le désir des hommes et de les satisfaire. Il pouvait penser à une centaine de manières dont
elle pourrait s’acquitter de son travail, mais aucune d’elles n’était vraiment appropriée dans un
ascenseur d’hôtel.
Dès que les portes s’ouvrirent, Daniel l’entraîna hors de l’ascenseur. Il tourna la tête vers elle et
remarqua que ses joues étaient rouges et que ses lèvres étaient plus pulpeuses. Il allait continuer à s’en
occuper, mais il devait d’abord l’emmener dans sa suite, à l’abri des regards indiscrets.
Il eut l’impression de mettre une éternité à arriver à sa chambre. Ils étaient tous les deux
silencieux, comme s’il n’y avait rien à dire. Du moins rien qui ne puisse être dit en public.
À peine eut-il claqué la porte derrière eux que Daniel reprit Holly dans ses bras pour reprendre là
où ils s’étaient arrêtés. Ses lèvres charnues nécessitaient une attention qu’il n’était que trop prêt à leur
accorder. Il ne pensait pas au fait qu’elle était escort. Pour le moment, il s’en moquait. L’important
était qu’elle l’excitait plus qu’aucune femme ne l’avait jamais fait, alors qu’il était encore seulement
en train de l’embrasser.
Il n’avait pas encore touché sa peau nue. Il n’avait pas encore recouvert ses seins de baisers. Et
déjà, son sexe était aussi dur qu’une barre d’acier et ne demandait qu’à être libéré. Si une femme
pouvait lui faire cet effet, peu importait la profession qu’elle exerçait. Au diable les conventions.
Daniel enserra les poignets de Holly et les plaqua contre le mur derrière elle de chaque côté de sa
tête. Cette femme réveillait ses instincts les plus primaires. Avec son corps collé au mur, elle
paraissait si vulnérable, et pourtant son regard était avide et rempli de désir.
Daniel écrasa ses hanches contre elle pour lui montrer son excitation. Elle lui répondit par un
gémissement étouffé, comme si elle ne voulait pas admettre qu’elle sentait sa virilité pressée contre
ses reins à travers le fin tissu de sa robe.
Elle approcha son visage du sien, comme pour le supplier de l’embrasser encore. Et il s’exécuta.
Comment pouvait-il lui résister ? Holly était animée par un feu intérieur qu’il n’était pas capable
d’éteindre, ne pouvant que l’alimenter par son ardeur. Mais il n’était pas pompier et son devoir n’était
pas d’arrêter les incendies. Il n’avait d’ailleurs aucunement l’intention d’essayer d’éteindre la flamme
— Est-ce que vous embrassez tous les hommes de cette façon ? Non. Ne répondez pas.
Il ne voulait pas penser au fait qu’elle embrassait des étrangers et couchait avec eux pour gagner
sa vie. Il n’était pas étonnant qu’elle soit aussi douée. Elle ne manquait pas de pratique.
— Si cela me convient ? Je pense que je ne pourrai plus jamais embrasser une amatrice
maintenant.
— Une amatrice ?
— Contrairement à vous, qui êtes une professionnelle. On ne vous a jamais dit que vos baisers
pouvaient pousser un homme à commettre tous les péchés de la terre ? demanda-t-il avec un petit rire.
siennes. Il fit descendre sa main vers le bas de son dos puis empoigna ses fesses, la pressant avec
force contre son érection complète.
6
À travers la fine étoffe de sa robe, Sabrina sentait parfaitement le corps de Daniel, en particulier
son membre érigé. Elle n’en revenait pas qu’un homme aussi séduisant que lui puisse être excité si
rapidement par elle. Elle ne s’était jamais considérée comme un canon. Elle savait qu’elle était jolie et
qu’elle avait une silhouette correcte, mais elle était loin d’être aussi magnifique que Holly.
Cet homme lui donnait cependant l’impression qu’elle était la femme la plus désirable du monde.
Cela ne devrait-il pas être l’inverse ? Une escort n’était-elle pas censée séduire ? Et pourtant, elle
avait l’impression que c’était lui qui essayait de la séduire. Peut-être aurait-elle dû demander plus de
détails à Holly sur ce qu’elle devait faire. Elle prenait vraiment le risque de se faire démasquer.
Et elle n’avait vraiment pas envie que cela se produise. Pour Holly, mais aussi pour elle-même.
Elle était dans les bras de Daniel, ses lèvres étaient scellées aux siennes, et cela faisait une éternité
Cet homme savait non seulement comment embrasser une femme, mais aussi où et comment la
toucher pour la faire fondre entre ses mains. Malgré l’ardeur qu’elle sentait en lui, ses gestes n’étaient
pas hâtifs et précipités ; il prenait son temps. Il la laissait apprécier ses caresses et ses baisers, comme
s’il partageait son plaisir. Aucun homme ne l’avait jamais embrassée aussi bien.
— Daniel, murmura-t-elle.
Il posa sur elle son regard obscurci par la passion.
— Hmm ? répondit-il en mordillant sa lèvre inférieure.
lèvres.
— Je ne peux répondre à aucune question pour le moment. Je suis occupé. À moins que vous ne
préfériez discuter ?
— Non !
~ ~ ~
Daniel se mit à rire et elle rougit comme une écolière. Il ignorait que les escorts pouvaient
vraiment prendre plaisir à faire leur travail, mais il voyait bien que Holly appréciait ce qu’ils étaient
en train de faire. Les réactions de son corps à ses caresses ne pouvaient pas être feintes. Ni les
gémissements discrets qu’elle laissait échapper. Ils étaient à peine audibles, comme si elle n’en était
pas consciente. Si elle faisait semblant, elle aurait été bien plus bruyante. Daniel était certain qu’elle
aimait ce qu’il lui faisait, et cela ne faisait qu’accroître son désir.
Elle se redressa et se mit à califourchon sur lui. Lentement, elle passa ses mains dans son dos pour
descendre la fermeture éclair de sa robe, mais il l’arrêta.
— Vous permettez ?
Elle hocha la tête et baissa les bras. Daniel s’assit à son tour, tout contre Sabrina. Tandis qu’il
tâtonnait dans son dos, il effleura son cou élancé avec ses lèvres et fit glisser sa langue sur sa peau,
tout en la mordillant délicatement. Elle sentit son corps frissonner sous ses caresses.
Après avoir baissé la fermeture éclair de la robe, Daniel passa les mains sur ses épaules et fit
glisser les fines bretelles de sa robe le long de ses bras. Puis il tira la robe autour de sa taille et recula
de quelques centimètres pour pouvoir admirer ses seins nus.
Ils étaient parfaits, ronds et fermes. Elle n’avait même pas besoin de soutien-gorge. Ses mamelons
rose foncé étaient dressés. Ressentant le besoin impérieux de les toucher, il les effleura de sa main.
Elle tressaillit, comme si elle ne s’y attendait pas. Elle était si sensible et si réactive. Il fallait qu’il les
lèche.
Lentement, Daniel approcha sa bouche. Avec douceur, il passa sa langue sur la pointe durcie de
Immédiatement, la respiration de Sabrina s’accéléra et se fit saccadée. Elle était aussi excitée que
lui. Elle agrippa ses cheveux tout en le serrant contre elle, comme si elle ne voulait pas qu’il s’arrête.
Il n’en avait pas l’intention. Il prendrait tout ce qu’elle était prête à lui donner ce soir. Il la pousserait
Daniel sentit son érection palpiter dans son pantalon. Il ne savait pas combien de temps encore il
parviendrait à se retenir, mais il ne voulait pas que les choses se terminent trop vite. L’occasion de
coucher avec elle ne se représenterait sans doute pas. Et si elle partait tout de suite après ? Il fallait
vraiment qu’il fasse durer le plaisir.
Daniel regretta de ne pas avoir posé plus de questions à Tim lorsqu’il lui avait donné les détails de
la réservation, mais il était trop tard à présent. Il ne lui restait plus qu’à poursuivre ce qu’il avait
commencé et à espérer qu’il obtiendrait ce qu’il voulait, c’est-à-dire Holly. Sous lui, sur lui, devant
lui, de toutes les façons possibles. Jamais il n’avait désiré une femme avec une telle force.
Tout en caressant fermement le sein négligé de Holly, Daniel continua à téter et mordiller
délicatement le premier, puis il tourna la tête pour inverser et infliger la même douce torture à l’autre.
Elle ne réprimait plus ses gémissements, et Daniel prenait un immense plaisir à voir ainsi son corps
réagir.
elle. Depuis qu’elle avait laissé tomber le préservatif, il n’était plus capable de réfléchir
rationnellement.
— Holly, dis-moi ce que tu veux.
— Ce que je veux ?
Il se demanda ce qui l’avait poussé à lui poser cette question. C’était elle, l’escort. Il ne devrait pas
lui demander ce qu’elle aimait. C’était Holly qui était là pour le satisfaire, et pas l’inverse. Pourtant, il
~ ~ ~
À peine eut-elle prononcé ces mots que Sabrina les regretta. Comment avait-elle pu dire quelque
sourire coquin.
Daniel Sinclair sortait vraiment de l’ordinaire. Quel genre d’homme faisait appel à une escort puis
insistait ensuite pour lui donner du plaisir plutôt que de la laisser faire son travail ? Qu’est-ce qui
n’allait pas chez lui ? Ou bien Holly lui avait-elle présenté une idée complètement fausse de son
métier ? Cela ne lui ressemblait pourtant pas de mentir sur ce genre de choses. Cet homme devait
vraiment avoir un problème.
Alors qu’il s’apprêtait à reprendre son téton dans sa bouche, elle prit son visage entre ses mains et
le redressa.
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi veux-tu savoir ce que j’aime ?
— Parce que je pense que nous passerons une bien meilleure soirée tous les deux si nous obtenons
tous les deux ce que nous voulons. Tu n’es pas d’accord ? (Ils se regardèrent dans les yeux.) Et puis,
quel homme ne voudrait pas être considéré comme le meilleur amant d’une femme ? Alors, vas-tu
Sabrina se mit à rire. Elle avait le sentiment qu’il n’avait pas vraiment besoin d’aide pour être le
meilleur amant qu’elle avait jamais eu. Il s’était montré très doué jusqu’à présent. Mais elle n’avait
pas l’intention de le lui dire. S’il voulait essayer davantage, elle le laisserait faire.
— C’est un oui ?
~ ~ ~
Un instant plus tard, Daniel la souleva dans ses bras et la porta jusqu’à la chambre. Le meilleur
restait à venir. Ils allaient se déshabiller peu à peu, se séduire, faire monter la tension. Cela ne voulait
pas dire qu’il n’avait pas aimé embrassé Holly : il y avait au contraire pris un immense plaisir, plus
qu’avec aucune autre femme. Mais elle était à présent étendue sur son lit, et il n’était plus possible de
retourner en arrière.
Ses seins nus étaient exposés au regard avide de Daniel. Ses tétons étaient durcis, et elle levait vers
lui ses beaux yeux verts bordés de longs cils sombres. En la regardant, il eut le sentiment d’être un
froissée le lendemain. Bouton après bouton, il ouvrit sa chemise. Elle l’observait en silence, comme
fascinée par le simple fait de voir un homme se déshabiller. Quand il laissa tomber sa chemise sur le
sol, il la vit passer sa langue sur ses lèvres.
Il envoya valser ses chaussures dans la chambre puis s’allongea sur le lit, couvrant son corps du
sien.
— Je t’ai manqué ?
Il ignorait pour quelle raison il lui tenait des propos aussi ridicules, mais ses réponses lui
plaisaient. Il était déconcerté par leur franchise et leur naturel. Tout avait l’air si simple avec elle, noir
et blanc, dénué de complexité. Holly semblait être une femme facile à vivre, qui ne faisait pas de
Elle réveillait le côté plus sombre, animal et passionnel, qui sommeillait en lui la plupart du temps.
Cet aspect de lui qui vivait pour satisfaire ses désirs charnels et son besoin de posséder une femme,
complètement. Et de se faire posséder par elle, ce qu’il n’avait jamais laissé faire à une femme parce
Mais cette fois il n’avait qu’une envie, c’était de posséder cette femme et de se donner à elle, sans
retenue. C’était la première fois qu’il ne risquait rien. Il ne pouvait pas y avoir de souffrances ou de
complications futures, parce qu’elle ne serait plus là le lendemain et qu’il ne la reverrait jamais. Voilà
pourquoi il pouvait s’offrir inconditionnellement à elle.
— Oublie qui tu es et ce que tu es. Ce soir, tu es simplement une femme et moi un homme. C’est
Un éclat apparut dans le regard de Holly, et il comprit qu’elle était d’accord. Quand elle chercha
ses lèvres, il sut qu’elle était prête à tout. Elle caressa son dos lisse et sa peau toute chaude. À chaque
fois qu’elle le touchait, Daniel avait la sensation qu’elle laissait une traînée de lave en fusion.
Il roula sur le côté pour la libérer de son poids et parcourut fiévreusement son corps avec ses
longs doigts. Il fit descendre le tissu de sa robe dans son dos puis glissa ses mains dessous, jusqu’aux
courbes de ses fesses parfaites. Elle portait un simple slip en coton, sans dentelle ni fioritures.
collines jumelles surplombant San Francisco. Il passa ses mains dessus pour sentir sa peau, aussi
douce que du velours.
Il comptait prendre le temps d’explorer chaque centimètre de son corps divin avant de la faire
jouir. Lorsqu’il écarta ses lèvres de celles de Holly, il perçut sa réticence. Mais à peine les eut-il
rapprochées de ses seins qu’elle lâcha un autre soupir. Il tira délicatement sur la pointe de son sein
avec ses dents et la sentit frissonner sous lui, puis il passa lentement sa langue sur cette zone sensible.
Daniel savait comment torturer doucement une femme, la faire réagir avec force et hoqueter de
plaisir. Il se mit à la téter comme un nouveau-né qui ne serait jamais rassasié, et Holly se cambra pour
pousser son sein dans sa bouche, comme pour lui demander de sucer plus fort.
— Oh, s’il te plaît, encore ! demanda-t-elle d’une voix suppliante en serrant ses doigts sur ses
Il lui avait demandé ce qu’elle aimait, et elle semblait s’être décidée à le lui dire. Daniel tenait à
respecter ses souhaits et il se consacra avec autant d’application à son autre sein, laissant ses tétons
Son érection douloureuse ne demandait qu’à être libérée de l’étroitesse de son pantalon, mais il
l’ignora. Il savait que s’il cédait maintenant, tout se terminerait trop vite. Il voulait faire tant de choses
avec elle qu’il décida de ne pas tenir compte de son propre désir pour le moment. Et plus il attendrait,
Mais en revanche, il ne pouvait pas ignorer l’odeur de l’excitation de Holly. Baissant lentement ses
lèvres vers son ventre, il inspira profondément pour s’imprégner de ce parfum si exaltant. Il en
émanait quelque chose de primitif, d’intact et de pur. Holly était une femme vraie, qui ne jouait pas.
Il continua à faire descendre sa robe, dénudant son corps entièrement à l’exception de la petite
zone entre ses jambes qui était encore recouverte d’un bout de tissu. Il tira dessus avec ses dents,
révélant ses boucles sombres en dessous. Puis il lui ôta entièrement son slip avec ses mains.
Ce n’était pas une question ou une demande, ni même une requête. Il ne faisait que lui annoncer ce
qu’il était sur le point de lui faire, comme s’il y était contraint par une force supérieure. À peine eut-il
plongé son visage dans son intimité et humé son arôme enivrant qu’il comprit qu’il était perdu.
Il passa avec avidité sa langue sur sa chair chaude et luisante, léchant le jus qui s’échappait d’elle.
Elle s’empressa d’ouvrir les jambes pour lui faciliter l’accès, haletant sous ses douces caresses. Il
écarta ses lèvres avec ses doigts avant de poursuivre avec impatience sa quête et de l’explorer dans
les moindres recoins avec sa langue.
Holly se tordait et se contractait de plaisir, et il plaça ses mains sous ses fesses pour la serrer
encore plus contre lui. Elle ne lui échapperait pas. Pour ce soir, elle était à lui.
— À moi, tout à moi, murmura-t-il avant de plonger sa langue dans son sexe mouillé.
Il se laissa envahir par la chaleur émanant de son intimité, but sa moiteur et respira son parfum.
Elle était en train de devenir une partie de son corps, et il savait que même dans un siècle, s’il vivait
Voulant se concentrer sur un autre endroit, il se retira de sa fente. Il avait gardé le meilleur pour la
fin. Il fit doucement remonter sa langue jusqu’à son petit bouton de chair tout gonflé, caché à la base
de sa toison. Lentement, il l’effleura avec sa langue et la sentit immédiatement trembler.
Elle était plus sensible qu’un sismographe. Un sourire se dessina sur les lèvres de Daniel. Il allait
lui faire vivre un tremblement de terre de magnitude 9,5 avec des puissantes répliques, il pouvait
presque le garantir. Il savait aussi que son propre corps se trouverait mêlé à chacun des séismes qui
allaient l’agiter.
goûtée. Elle était à mille lieues de s’imaginer que le sexe pouvait être aussi agréable, et pourtant
Daniel était encore à moitié habillé et ne l’avait même pas encore pénétrée.
Elle n’en revenait pas d’être nue dans les bras de ce superbe étranger qui semblait s’être mis en
tête de lui procurer tous les plaisirs possibles et imaginables. Cela paraissait surréaliste. Pourtant
c’était bien réel, aussi réel que son souffle chaud effleurant son clitoris et que sa langue se mouvant
dessus en rythme.
Elle savait ce qu’il faisait, et avec n’importe quel autre homme elle aurait refusé cet acte intime.
Mais sachant qu’elle ne le reverrait jamais et qu’elle se faisait passer pour quelqu’un d’autre, elle
s’abandonna à ses caresses irrésistibles. Elle se concentra sur ce qu’elle ressentait et arrêta de penser.
Sans cesser de titiller son petit bouton de chair avec sa langue, il explora l’intimité de Holly en y
glissant lentement un doigt. Elle faillit bondir du lit tant la sensation qui s’empara d’elle fut intense.
Elle n’avait pas senti un homme en elle depuis si longtemps. Et si un doigt lui faisait déjà un tel effet,
elle ne pouvait qu’imaginer ce qui se passerait quand Daniel la pénétrerait enfin. Sabrina frissonna à
cette pensée.
Il fit entrer et sortir doucement son doigt de sa chair glissante. À chacun de ses mouvements, elle
devenait de plus en plus mouillée et brûlante. Elle avait l’impression d’être un volcan prêt à entrer en
éruption.
Elle se sentait dans un état de vulnérabilité absolu, mais cela lui importait peu. Il ne la ferait pas
souffrir. Après ce soir, elle ne le reverrait jamais. Il n’y aurait pas de gêne, elle ne pourrait pas être
blessée. Il ne connaîtrait même jamais son nom.
elle sentit un fourmillement dans son bas-ventre qui se diffusa petit à petit en elle. Il y eut une
explosion au centre de son corps et elle fut secouée par des vagues de jouissance intenses qui ne
s’arrêtaient plus.
Plongée dans un état d’extase elle entendit un cri, un cri de libération qui venait de sa propre
gorge. Elle n’aurait su dire si son orgasme dura quelques secondes ou quelques minutes car elle avait
perdu toute conscience spatiale ou temporelle. Elle ne s’était jamais sentie aussi libre.
Comme dans un brouillard, elle sentit Daniel remonter le long de son corps et la serrer
tendrement contre son torse, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’apaiser et retrouver son état normal. En
rouvrant les yeux, elle découvrit le visage souriant de son amant.
— Cela me fait plaisir que tu aies aimé la mise en bouche. Et si nous passions au plat principal ?
la rapidité avec laquelle il se débarrassa de son pantalon et de son caleçon, ce n’était pas un problème
pour lui.
Il s’apprêtait à se rallonger sur le lit mais elle l’arrêta. Il resta debout, son membre fièrement
dressé devant lui. Il avait un corps parfait. Son torse large était lisse jusqu’à son nombril, qui était
relié par une fine traînée sombre à la toison bouclée entourant son sexe.
Il avait le ventre plat, et même si ses abdominaux n’étaient pas vraiment visibles, il était mince et
musclé. Il prenait visiblement soin de son corps, et elle veillerait à en faire de même ce soir.
— Superbe.
Sabrina l’observa avec admiration puis tendit la main pour le toucher. Malgré la force qui émanait
de son corps, il avait la peau douce, et la pointe de son énorme verge était comme du velours. Il lâcha
un gémissement lorsqu’elle posa ses doigts sur sa virilité pour la première fois. Elle s’agenouilla
l’éclat avide dans son regard, il avait très bien compris et était extrêmement impatient.
Il se tenait devant elle, tel un dieu grec. Mais elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait, simplement
avec sa langue et sa bouche. Lentement, elle s’avança vers lui jusqu’à ce que son érection ne soit plus
qu’à un centimètre de sa bouche. Elle commença par lécher le bout de son sexe puis descendit jusqu’à
sa base.
Daniel haleta bruyamment, ce qui la fit sourire. Oui, il était à sa merci comme elle avait été à la
sienne. Mais elle le ferait d’abord supplier. Elle ne voulait rien de plus que de l’entendre l’implorer
Sa voix était devenue rauque et n’avait plus rien à voir avec celle avec laquelle il parlait pendant le
cocktail.
— Encore ? répéta-t-elle.
Il ne l’avait pas encore supplié.
salé, mêlé à une essence très primitive qui lui ressemblait mais qu’elle n’arrivait pas à identifier.
Sabrina avait déjà pratiqué des fellations par le passé mais n’y avait jamais vraiment pris plaisir. Cette
fois, c’était différent.
Elle se sentait toute puissante et incroyablement excitée à l’idée de pouvoir le mettre à genoux
simplement avec sa langue et sa bouche. Bientôt, elle sentirait en elle son sexe palpitant, qui
l’ébranlerait jusqu’au plus profond de son être tandis que ses muscles se contracteraient autour de sa
virilité et qu’il se viderait en elle. Mais pour le moment, elle allait faire monter son plaisir jusqu’au
~ ~ ~
Daniel agrippa les épaules de Holly pour garder son équilibre tandis qu’il se balançait d’avant en
arrière en suivant son rythme. Les yeux fermés, la tête rejetée en arrière, il s’abandonna à ses
caresses. Avec elle, il était si facile de se concentrer sur ses sensations et d’oublier son travail et ses
ambitions, pour ne plus penser qu’au fait qu’il était un homme entre les mains d’une femme
splendide.
La bouche de Holly était chaude et mouillée autour sa verge durcie. Elle jouait avec lui de sa
langue, le chatouillant et le provoquant. Cela n’avait rien à voir avec les fellations mécaniques qu’il
avait parfois reçues de ses anciennes petites amies. Holly s’impliquait avec toutes les fibres de son
corps.
Elle ne faisait pas semblant. En voyant l’application avec laquelle elle le suçait, le léchait et
l’effleurait avec ses dents sans lui faire mal, il avait l’impression qu’elle voulait lui faire la meilleure
fellation qu’il avait jamais connue. Et elle était en train d’y parvenir. Ses va-et-vient se firent plus
pressants et elle le prit plus profondément dans sa bouche. Daniel sentait qu’il ne pourrait plus se
Elle lui prit les mains pour qu’il s’étende sur le lit avec elle, mais il s’arrêta à mi-chemin.
— Attends.
— Préservatif.
Il attrapa sa veste sur la chaise et en sortit un de la poche avant de rejoindre Holly sur le lit.
Il marchait sur une corde raide et sentait qu’il pouvait perdre le contrôle à tout moment pour
s’abandonner à l’explosion de plaisir qui ne tarderait pas à se produire. Il fallait qu’il la possède, et il
ne pouvait pas attendre une seconde de plus. Daniel enfila le préservatif et reprit Holly dans ses bras.
Comme si elle était faite pour lui, son corps épousa parfaitement le sien. Il la regarda dans les
yeux tandis que son érection palpitait avec impatience devant l’entrée de son sexe. Il glissa lentement
son sexe gonflé en elle, centimètre par centimètre, se perdant dans la profondeur de son regard. Il
ressentait le besoin de la voir en la pénétrant. De voir comment elle réagissait et ce qu’elle éprouvait.
Le plaisir, le désir et la passion se lisaient dans son regard. Ce n’était pas quelque chose qu’on
pouvait simuler. Il l’embrassa à pleine bouche et s’enfonça en elle profondément, sans rencontrer de
résistance. Holly était plus étroite qu’il ne s’y attendait pour une escort professionnelle. La façon dont
elle gardait ses muscles contractés autour de son sexe le surprit. Elle était aussi étroite qu’une vierge.
Daniel resta enfoui en elle pendant plusieurs longues secondes, incapable de bouger par peur de
jouir immédiatement. Il finit par sentir sa force revenir et commença à se mouvoir en elle, et leurs
corps bougèrent en rythme. Se retirant d’elle presque entièrement, il la pénétra aussitôt de nouveau
alors qu’elle venait à sa rencontre en soulevant ses hanches, ce qui ne fit qu’intensifier son
mouvement.
Il avait l’impression de se glisser dans un endroit chaud et humide, aussi étroit qu’un gant un peu
trop petit mais ajusté juste comme il fallait. Holly semblait avoir été créée pour lui et pour lui seul.
Chaque fois qu’il se retirait, ne laissant que la pointe de son sexe en elle, elle le suppliait de la remplir
retourner, en mettant sa jambe derrière lui. Elle se redressa avec un sourire satisfait, la verge de
mouvements, Daniel perdit toute maîtrise. À chaque fois qu’elle montait et descendait sur son sexe, il
soulevait son bassin avec autant de force que lui permettait cette position. Mais ce n’était pas suffisant.
Il était sur le point d’exploser, et il avait besoin de plus.
— Oh, Holly.
Daniel roula sur le côté avec elle et elle se retrouva de nouveau sur le dos.
familier. Il le caressa tout en s’enfonçant en elle, encore et encore, au rythme de leurs cœurs battants
et de leurs respirations saccadées, jusqu’à ce qu’il sente les muscles de Holly se resserrer autour de
son membre. C’était un moment parfait. Ses contractions déclenchèrent aussi son orgasme, et il
explosa en elle comme un volcan en éruption.
Quelques instants plus tard, alors que leur excitation retombait peu à peu, il la regarda, la
respiration lourde.
— Tu es incroyable, parvint-il à marmonner malgré le peu d’énergie qu’il lui restait.
Ce n’était pas un baiser exigeant, ni un prélude à autre chose. C’était un moyen et une fin en soi.
Un baiser rempli d’affection et de reconnaissance, d’adoration et de respect. Un baiser inoubliable.
Avec réticence, il finit par s’écarter d’elle.
— Je ne m’attendais pas à cela, murmura-t-elle d’une voix essoufflée en le regardant droit dans les
yeux.
Daniel sourit.
— C’était le dessert.
8
Il était minuit passé et Holly était en train de se rhabiller dans la salle de bains. Daniel en profita
pour aller chercher son portefeuille et en sortit plusieurs billets de cent dollars. Il avait déjà payé
l’agence mais cela ne lui semblait pas suffisant. Ce que Holly lui avait offert ce soir dépassait toutes
ses attentes. Jamais encore par le passé il n’avait réussi à s’abandonner ainsi, et jamais il n’avait senti
une femme se donner aussi complètement à lui.
Daniel regarda les draps entortillés, témoins de leurs ébats passionnés. Holly avait réveillé en lui
le sentiment d’être vivant. Son quotidien était tellement centré sur le travail qu’il en avait oublié
comment s’amuser, comment se détendre et comment aimer. Grâce à elle, il s’était souvenu que la vie
Il plaça l’argent dans une enveloppe avec un petit mot, la referma et la glissa dans le sac à main de
Holly, ne voulant pas gâcher leurs adieux en la lui donnant en mains propres.
Elle sortit de la salle de bains, prête à partir. Ce qu’ils venaient de vivre était inscrit sur tout son
être. Elle était rayonnante. Silencieusement, il passa son bras autour de sa taille et la conduisit vers la
porte, puis il la fit pivoter pour qu’elle soit face à lui.
Sans un mot, il l’attira à lui et s’approcha des lèvres de Holly, qui accueillirent volontiers son
baiser. Une dernière fois, il glissa sa langue dans sa bouche, en explorant les recoins qu’il connaissait
désormais si intimement. Il la sentit avec bonheur passer ses mains dans ses cheveux. C’était si
agréable qu’il ne pouvait se résoudre à arrêter.
Avec réticence, il finit par s’écarter d’elle et plongea son regard dans ses yeux verts, qui
semblaient plus sombres après leur soirée de passion.
— Tu ferais mieux de partir avant que je te fasse revenir au lit pour te posséder encore.
Sa voix était rauque de désir. Il était idiot de la laisser partir, il le savait.
soupir. Elle n’était plus là, mais elle lui avait permis de prendre conscience qu’il n’était pas aussi
froid et indifférent que certaines de ses anciennes petites amies l’affirmaient. Il sentait clairement le
feu dans son bas-ventre. Un feu qu’elle avait allumé.
~ ~ ~
Sabrina se dirigea vers l’ascenseur d’un pas chancelant. Ses jambes étaient encore flageolantes
après le moment intense qu’elle venait de vivre. Elle avait essayé de reprendre ses esprits dans la salle
de bains, sans succès. Elle était sens dessus dessous. Ses cheveux décoiffés, son visage empourpré et
les suçons sur sa peau ne laissaient pas de doutes sur la façon dont elle avait passé sa soirée. Elle
sentait encore un agréable fourmillement entre ses jambes, et l’odeur de Daniel ne l’avait pas quittée.
Elle était certaine que toutes les personnes qu’elle croiserait pour rentrer chez elle sauraient
immédiatement qu’elle venait de connaître l’expérience sexuelle la plus incroyable de sa vie. Lorsque
les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, elle constata avec soulagement qu’il était vide. Mais elle songea
nerveusement qu’elle allait devoir traverser le hall et que le personnel de l’hôtel devinerait sûrement
qu’elle sortait de la chambre d’un client avec qui elle avait couché.
Sentant des gouttes de transpiration perler sur son front, Sabrina ouvrit son sac à main pour en
tirer son mouchoir. Elle remarqua alors une enveloppe qui ne s’y trouvait pas auparavant.
Elle s’empressa de l’ouvrir, curieuse. À l’intérieur se trouvaient plusieurs billets de cent dollars,
Sabrina savait qu’elle devait refuser. Elle ne pouvait pas se faire payer pour quelque chose qui lui
avait permis de se sentir de nouveau femme. Aucun homme ne lui avait jamais procuré autant de
plaisir dans sa vie, et elle ne voulait pas laisser Daniel ternir ce sentiment en acceptant ses billets. Il
avait déjà payé l’agence, mais elle dirait à Holly de garder l’argent. Elle n’en voulait pas un sou.
C’était librement qu’elle s’était donnée à Daniel ce soir-là. Et elle pensait ne jamais recevoir d’un
homme ce qu’il lui avait offert, surtout pas de la part de quelqu’un qui pensait avoir loué une escort.
Elle n’avait jamais connu une telle tendresse, une telle passion, et un tel désir de satisfaire chez les
hommes avec qui elle était sortie. Mais Daniel était un mystère pour elle. Elle n’arrivait pas à
comprendre pourquoi un homme qui la prenait pour une escort avait été si attentionné avec elle.
Dans le hall de l’hôtel, elle écrivit un petit mot à Daniel et le glissa dans une enveloppe qu’elle
trouva à la réception. Avant de la sceller, elle y ajouta discrètement les billets, pour éviter que le
Il la détailla de haut en bas, et elle se demanda à quoi il pensait. La prenait-il pour une cougouar
qui payait son gigolo ? Si c’était le cas, il ne pouvait être plus loin de la vérité.
Sabrina sortit à grands pas de l’hôtel et s’engouffra dans un taxi qui attendait devant.
Holly guettait son retour. À peine eut-elle ouvert la porte d’entrée que Sabrina entendit son amie
l’appeler du salon.
Elle se dirigea vers le salon et s’arrêta sur le seuil. Holly était adossée sur le canapé, un biscuit sec
prendrait si longtemps.
Sabrina sourit avec un air évasif.
Holly tapota le canapé à côté d’elle pour signifier à Sabrina de venir s’asseoir.
— Je suis vraiment fatiguée. Il vaut mieux que j’aille me coucher.
Sa réponse lui valut un regard sévère de Holly.
— Oh que non, tu ne vas pas aller te coucher. Pas tant que tu ne m’auras pas raconté les détails
croustillants.
Sabrina sentit ses joues s’empourprer. Son amie pouvait être vraiment casse-pieds quand elle avait
envie de savoir quelque chose.
— Tu as couché avec lui, affirma Holly. Non, attends ! Tu as couché avec lui et c’était génial !
Sabrina ne raconta à Holly que le strict nécessaire, évitant les détails intimes de sa soirée avec
Daniel. Elle voulait garder son jardin secret parce qu’elle savait que c’était tout ce qu’elle aurait, une
nuit fabuleuse avec un homme d’exception. Elle ne voulait pas partager ce qu’elle avait vécu, pas
Holly se doutait sûrement qu’elle ne lui avait pas tout dit, mais elle arrêta d’insister au bout d’une
demi-heure.
~ ~ ~
Cela faisait des années que Daniel n’avait pas aussi bien dormi. Lorsqu’il ouvrit les yeux, le soleil
inondait la pièce car il avait oublié de fermer les rideaux la veille au soir. Au lieu de bondir de son lit
dès son réveil comme il le faisait habituellement, il mit ses mains derrière sa tête et garda les yeux
peau, sur ses lèvres, sur les draps. Les souvenirs de la veille l’aideraient à supporter les quelques
semaines qu’il passerait à San Francisco avant la finalisation de l’acquisition. Après cela, il se
reconcentrerait sur sa vie. Il avait beaucoup réfléchi depuis le départ de Holly.
Elle lui avait rappelé qu’il était un homme passionné et qu’il avait besoin d’une femme passionnée.
Il n’avait pas seulement hérité du teint olivâtre de sa mère, mais aussi de sa fougue. Il se rappelait les
disputes enflammées qu’elle avait parfois avec son père. Lorsqu’il était adolescent, Daniel grimaçait
toujours en les voyant ensuite se précipiter dans leur chambre et fermer la porte à clé derrière eux.
Leurs ébats amoureux étaient aussi ardents que leurs disputes, et Daniel avait fini par s’installer dans
une chambre à l’autre bout de la maison lorsque la situation lui était devenue insupportable.
Mais à présent, il comprenait ce qu’ils vivaient, car il avait ressenti la même passion en lui.
Il avait décidé qu’à son retour à New York, il essayerait de trouver une femme pour partager sa
vie. Peut-être pourrait-il enfin exaucer l’un des vœux les plus chers de sa mère : des bambini. Mais en
attendant, il devait se concentrer sur l’acquisition.
Après une longue douche, Daniel s’habilla et descendit dans le hall pour se rendre à sa première
réunion de la journée. Alors qu’il s’apprêtait à demander au portier de lui appeler un taxi, un employé
L’homme lui tendit une enveloppe sur laquelle son nom était inscrit à la main. Elle paraissait assez
épaisse.
— Merci.
n’avait pas le temps d’y réfléchir pour le moment. Il devait se rendre à sa réunion.
Pendant toute la matinée, il n’eut pas une minute pour penser au petit mot de Holly. Plusieurs
nouveaux problèmes furent soulevés concernant une condition préalable qui n’avait pas été remplie,
et il dut se concentrer là-dessus. Toute l’affaire pourrait tomber à l’eau s’il n’était pas prudent. Et
— Je n’ai pas beaucoup dormi, expliqua-t-il sans pouvoir réprimer un sourire, qui n’échappa pas
à Tim.
— Tu as couché avec l’escort ! Eh ben mon vieux ! Qui aurait pu s’en douter ?
— Allez, raconte-moi !
— Prends ton pied avec quelqu’un d’autre, Tim. Je ne discute pas de ma vie sexuelle.
— Le sujet est clos. (Il passa à autre chose.) Merci de m’avoir mis en contact avec les avocats. J’ai
rendez-vous avec eux demain matin. Ça tombe bien car il y a quelques petits hics avec une condition
préalable.
— Rien de grave ?
Tim était un d’homme d’affaires à l’esprit aussi affûté que celui de Daniel et il semblait toujours
en mesure de proposer des idées.
— Rien d’insurmontable pour les avocats. Mais je vais sans doute rester un peu plus longtemps
que prévu à San Francisco.
— Tant mieux. À propos, je vais voir un spectacle avec quelques amis ce soir. Je suis sûr qu’on
peut te trouver une place. La distribution est de Londres et…
Sabrina lui lança un regard étonné. Il était seulement dix-huit heures, l’heure à laquelle elle rentrait
habituellement du travail.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle, immédiatement sur le qui-vive.
il s’agissait.
— Mais ce n’est pas possible. C’était juste pour un soir ! Je ne peux pas le refaire.
Malgré le plaisir que lui avait procuré la soirée passée avec lui, elle ne pouvait pas continuer à se
pot aux roses. Elle me mettra à la porte. S’il te plaît. Je suis sûre que c’est la dernière fois. Il vient de
New York et repartira dans quelques jours. (La voix de Holly était suppliante.) Est-ce que je t’ai déjà
demandé quoi que ce soit ?
Holly avait raison. Elle ne lui avait jamais demandé de faveur, hormis la veille au soir et ce soir.
En réalité, c’était plutôt une seule et même faveur qui s’étendait sur deux jours.
Sabrina se sentait tiraillée. Une partie d’elle avait envie de revoir Daniel et de reprendre là où ils
s’étaient arrêtés, mais l’autre partie avait peur des conséquences. Elle ne pouvait pas s’attacher à un
homme qui couchait avec des escorts, même s’il s’agissait de prétendues escorts.
— Promis.
~ ~ ~
Une heure plus tard, Sabrina retrouva Daniel dans le hall de l’hôtel. Il était vêtu d’un jean foncé et
d’une chemise décontractée, et elle le trouva plus beau encore que la veille. Quand elle entra dans le
hall, il leva les yeux de son journal et quitta immédiatement son fauteuil.
— Salut.
— Salut.
— On sort tous les deux seulement. (Il fit glisser ses yeux sur son corps avant de les reposer sur
ses lèvres.) Et on reviendra ici tout à l’heure.
Son regard de braise était une promesse qu’elle ne risquait pas d’oublier.
Un taxi les emmena jusqu’à leur destination, et Daniel lui tint la main pendant tout le trajet. Quand
il l’aida à sortir de la voiture, leurs corps s’effleurèrent et elle frissonna légèrement. Ses tétons se
durcirent immédiatement.
— Je t’ai manqué ? lui chuchota-t-il dans l’oreille, sans attendre sa réponse. Viens.
Daniel l’emmena à l’intérieur. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle découvrit. Il ne s’agissait pas
d’un restaurant mais d’une grande cuisine. Il y avait plusieurs autres couples dans la pièce ainsi que
~ ~ ~
C’était Tim qui lui avait parlé de cet endroit qui proposait des cours de cuisine pour les couples.
Cela n’avait tellement rien à voir avec ce que Daniel avait l’habitude de faire lorsqu’il sortait avec
une femme que cela lui avait semblé parfait. Il voulait changer un peu mais aussi apprendre à
connaître Holly, pour comprendre pourquoi elle avait refusé son argent. L’atmosphère détendue d’un
Le menu était simple : une salade, une pizza maison et un tiramisu. Et du vin pendant la préparation
de repas puis pendant le dîner, suffisamment pour délier la langue de n’importe qui.
Les chefs firent d’abord une démonstration de la préparation des plats puis répartirent les tâches
entre les différents couples, avant de les laisser les réaliser seuls. Holly et lui furent chargés de
préparer la pâte à pizza. Suivant la recette à la lettre, ils mesurèrent les ingrédients, les mélangèrent
avec une cuillère dans un grand saladier puis placèrent la pâte obtenue sur une grande planche à
découper en bois. Ils portaient tous les deux des tabliers fournis par l’école de cuisine.
— Tu veux pétrir la pâte ou je le fais ? demanda-t-elle.
fascination ses mains élégantes travailler la pâte. S’avançant silencieusement derrière elle, il colla son
corps au sien. Il sentit sa surprise mais elle ne bougea pas.
En la tenant ainsi contre son torse, il eut la certitude qu’il passerait la meilleure nuit de sa vie s’il
pouvait s’étendre près d’elle, la prendre dans ses bras et nicher sa tête dans le creux de son cou.
C’était ce qu’il voulait : qu’elle passe toute la nuit avec lui, pour qu’il puisse s’endormir en la tenant
tendrement. Plus tard, lorsqu’ils seraient de retour à l’hôtel, il lui demanderait de rester jusqu’au
lendemain matin.
Il avança ses mains et les plaça sur les siennes pour l’aider à pétrir la pâte, tout en touchant sa joue
avec la sienne.
— Pourquoi ?
— C’était plus que suffisant.
— Mais…
— Jamais, répéta-t-elle en tournant la tête vers lui. Tu es le meilleur amant que j’ai connu.
Plongeant son regard dans ses yeux verts, il la crut. Sans même réfléchir, il approcha ses lèvres
des siennes et se perdit dans un baiser profond. Il avait tellement envie d’elle qu’il la dévora presque,
~ ~ ~
Sabrina n’était pas sûre d’avoir bien fait de se livrer ainsi à lui, mais il avait tellement insisté. Et
puis au point où ils en étaient, la vérité pouvait-elle faire du mal ? Et la vérité était qu'il était son
meilleur amant. Elle n’en avait pas eu tellement, mais même si cela avait été le cas, elle était sûre qu’il
resterait le meilleur.
En sentant ses lèvres exigeantes sur les siennes, elle eut envie d’être de retour dans son hôtel pour
pouvoir lui arracher ses vêtements. Elle était plus qu’excitée par son baiser et sentit son slip se
mouiller d’un liquide chaud provenant du plus profond de son être.
— Hé, les tourtereaux, ça avance cette pâte à pizza ? leur lança une voix.
— Une pâte à pizza, tout de suite, dit Daniel avec un petit rire. (Il lança un autre regard brûlant à
Sabrina.) On reprendra plus tard, lui murmura-t-il à l’oreille.
Sabrina avait désespérément envie de s’asseoir pour empêcher ses genoux de trembler. Elle n’en
revenait pas qu’un homme puisse la mettre dans cet état par un simple baiser. Elle se sentait si faible.
Daniel lui lança un coup d’œil complice. Il ne savait que trop bien désormais l’effet qu’il avait sur
elle. Peut-être qu’elle n’aurait après tout pas dû lui dire qu’il était son meilleur amant. Il n’avait
longue table commune avec les autres couples, bavardant, buvant et se félicitant mutuellement de
Ils commencèrent à discuter avec le couple assis en face d’eux, Kim et Marcus.
— Vous n’êtes pas mariés ni fiancés, non? demanda Kim avec curiosité.
— Ne vous en faites pas, répondit Daniel. Qu’est-ce qui vous fait dire ça, Kim ?
— Vous êtes très tactiles. Nous étions pareils au début de notre relation. Tu te souviens, chéri ?
rattraper.
— Mais c’est alors qu’une de mes copines a organisé une soirée pour tous ses amis célibataires,
poursuivit Sabrina pour venir à son aide.
— Chacun devait écrire un petit texte pour se présenter sur le site de rencontres. Holly m’a aidé à
— Comme c’est drôle ! s’exclama Kim. Je suis curieuse. Qu’est-ce que vous avez écrit ?
Sabrina allait devoir continuer à improviser. Mais c’était plus facile qu’elle le pensait. Elle allait
simplement le décrire tel qu’elle le voyait.
— Bel Adonis recherche Déesse d’amour pour offrir plaisirs charnels en échange d’un amour et
de moi. On est partis de la soirée sans s’inscrire sur le site de rencontres, ajouta Daniel en lui lançant
un regard ardent.
Ils restèrent bavarder encore un peu une fois le dessert servi, puis partirent. Dehors, l’air s’était
rafraîchi.
— Merci, lui dit Sabrina. Je me suis beaucoup amusée. Viens maintenant. Je veux te montrer
quelque chose.
Il haussa les sourcils.
— Qu’est-ce que c’est ?
Elle connaissait un escalier caché qui partait de Green Street. Il passait entre plusieurs maisons et
menait à une plateforme offrant une vue à couper le souffle sur la baie. Ils commencèrent à monter la
rue pentue et s’arrêtèrent vers le milieu.
L’escalier se trouvait sur leur droite, mais à la surprise de Sabrina, l’entrée était bloquée par une
grille en fer.
— Oh non, c’est fermé.
Elle était déçue. Cela aurait été romantique d’admirer la ville et la baie de là-haut.
~ ~ ~
En voyant son regard déçu, Daniel l’arrêta. Il n’y aurait pas de déceptions ce soir.
— Pourquoi pas ? demanda-t-il en souriant d’un air coquin, avec le sentiment d’être un petit
voyou.
Puisqu’il était déjà à ses pieds, il en profita pour passer sa langue sur sa jambe, de la cheville au
genou.
La respiration de Holly se fit lourde, et il la regarda avec un air provocant. Quel plaisir il
expression déterminée pour lui faire comprendre qu’il avait tout à fait l’intention de mettre sa menace
à exécution.
— D’accord pour la grille, s’empressa-t-elle de répondre.
En quelques secondes, il l’aida à passer par-dessus la grille d’un mètre vingt. Il lui tendit ensuite
La cinquantaine de marches menait à une petite plateforme, entourée de balustrades en bois sur
trois côtés et d’un mur de soutènement au fond. Un banc y avait été installé.
Daniel apprécia la vue sur Alcatraz, le Bay Bridge et les lumières de l’autre côté de la baie, mais il
apprécia encore davantage la vue du corps de Holly debout devant lui, appuyé sur la balustrade. Il
Il savait qu’elle avait compris la raison pour laquelle il avait besoin d’intimité. Un instant plus
tard, il prit son sein dans sa main. Avec sa bouche, il attrapa la bretelle de sa robe et la fit glisser sur
son épaule. Le tissu qui recouvrait ses seins tomba, et il put caresser sa peau nue.
Il sentit son téton se durcir sous ses doigts et passa son autre main sous le bas de sa robe.
— Tu ne veux pas te débarrasser de ce slip ? demanda-t-il d’une voix rauque en pressant son
Holly, et cela le rendait plus excité qu’un lycéen découvrant un magazine Playboy.
À peine Holly eut-elle retiré son slip qu’il s’en empara pour la mettre dans la poche de son jean.
— Je te la rendrai à l’hôtel.
Peut-être. Mais sans doute pas. Comme un guerrier amérindien gardait un scalp, il garderait le slip
de Holly.
— On ne devrait pas faire ça ici, protesta-t-elle faiblement.
Daniel s’agenouilla derrière Holly et admira ses fesses, les plus belles qu’il avait jamais eu le
plaisir de toucher. En caressant tendrement sa peau douce, il sentit qu’elle avait la chair de poule et
Il effleura sa peau de ses lèvres et passa sa langue sur ses fesses tout en les pressant doucement
— Oh, Daniel !
— Oui, bébé ?
— Tu es fou !
Il avança sa main entre ses jambes vers son intimité chaude. Glissant ses doigts le long des plis
familiers de sa chair humide, il trouva son entrée si tentante. Trop impatient pour attendre, il enfonça
Continuant à couvrir ses fesses de baisers, il fit aller et venir son doigt dans son sexe glissant puis
ajouta un deuxième doigt, exacerbant les sensations de Holly lors de ses va-et-vient.
Son érection appuyait contre son pantalon, la fermeture éclair mordant douloureusement son long
sexe durci. Cela faisait longtemps que son désir n’avait pas été aussi violent. Il brûlait d’envie de la
pénétrer. Ses gémissements, l’odeur de son excitation et la douceur de ses magnifiques fesses sous ses
lèvres et sa langue lui faisaient perdre tous ses moyens. C’était trop pour un seul homme.
Daniel se releva derrière elle et retira ses doigts de son intimité. Déboutonnant son jean, il en
ouvrit la fermeture éclair puis le descendit jusqu’à ses cuisses. Il baissa ensuite son caleçon et sortit
un préservatif de sa poche, qu’il enfila rapidement.
— Je ne peux plus attendre, bébé. (Il la fit se pencher vers l’avant et aligna sa verge dressée avec le
— J’aurais adoré te jeter sur cette table de cuisine et aplatir la pâte à pizza avec ton corps.
Daniel se retira d’elle puis la pénétra de nouveau. Encore et encore. Il lui tenait les hanches pour
qu’elle ne bouge pas et elle haletait sous ses puissants coups de boutoir, accrochée à la balustrade
Daniel regardait son sexe aller et venir entre ses cuisses. Il se sentait englouti par la chaleur de son
Sa voix douce ne fit qu’accroître son excitation. Il était dehors sous les étoiles, en train de
s’enfoncer dans la femme la plus sexy qu’il avait jamais rencontrée. C’était incroyable. Daniel se
moquait bien qu’on les voie. Si c’était le cas, on ne pourrait que l’envier d’avoir le droit de posséder
muscles autour de sa virilité le rendait fou de volupté. Il caressa le contour de ses fesses parfaites
avec ses mains.
— Daniel.
L’entendre murmurer son nom ainsi lui fit perdre tout contrôle. Il ne pouvait plus se retenir. Il
marchait jusque-là au bord d’une falaise et il tomba alors dans le précipice, ou plutôt y plongea. Il
fonça vers l’abîme, se laissant aller avec bonheur. Son corps fut agité par des spasmes violents,
comme des puissantes décharges électriques qui mirent le feu à toutes les fibres de son corps tandis
qu’il libérait sa semence.
La respiration lourde, Daniel serra Holly avec force contre lui. Il ne voulait pas quitter son corps,
Daniel la souleva et la porta jusqu’au banc. Il s’assit doucement en la gardant sur ses genoux.
~ ~ ~
Elle était son escort, pas sa petite amie. Il n’avait pas besoin de la satisfaire sexuellement.
Il la regarda avec une expression sérieuse.
— Bon, Holly. Crache le morceau. Pourquoi est-ce que tu refuses que je te donne du plaisir ? Je
croyais que tu aimais ça.
Daniel semblait énervé contre elle. Elle était de nouveau en train de tout gâcher.
— Tu as fait appel à moi pour que je puisse te satisfaire, et pas le contraire.
— Je n’ai donc pas le droit de te donner du plaisir ? C’est une règle de l’agence ? lui demanda-t-il
que nous faisons. Et si je décide de passer ce temps avec toi à te donner du plaisir, alors c’est ce que
nous allons faire. Et si j’ai envie de te donner orgasme après orgasme, est-ce que tu vas m’en
empêcher ?
— Mais…
— Mais quoi ? Tu n’aimes pas quand je te touche ? Tu n’aimes pas sentir mes mains sur toi ?
— Tu me fais perdre tout contrôle. Je n’arrive plus à penser clairement quand tu me touches.
Lui en révélait-elle trop ? Peut-être qu’elle aurait dû tenir sa langue. Elle était en train de se mettre
— Alors ne pense pas. Ressens. C’est tout ce que je te demande. Est-ce que tu sais à quel point c’est
excitant pour un homme de savoir qu’il peut mener une femme à l’extase ? Crois-moi, je prends mon
pied à chaque fois que je te touche. Je n’ai jamais connu un désir aussi fort qu’en ce moment.
Elle lâcha la main de Daniel, qu’elle tenait toujours prisonnière sur sa cuisse.
qui faisait face à la porte, leur tournant le dos, quand elle sentit la tête de Daniel s’approcher de son
oreille.
— Tu sais à quel point je bande à l’idée que tu ne portes pas de slip ? lui murmura-t-il à l’oreille
Daniel essayait non seulement de lui faire perdre son sang-froid et de l’embarrasser devant l’autre
couple, mais il eut en plus l’audace de mettre sa main sur ses fesses et de les caresser sensuellement à
travers le tissu de sa robe. Sans son slip, elle avait l’impression qu’il touchait sa peau nue.
Mais évidemment, cela ne suffit pas à Daniel. Sabrina sentit sa main relever lentement le tissu de sa
robe. Un courant d’air effleura ses fesses nues. Il pressa alors son bassin contre elle. Son érection
aurait envie de disparaître sous terre. Par chance, l’ascenseur s’arrêta alors à l’étage du couple. Dès
que la porte se fut refermée derrière eux, elle se tourna vers Daniel.
— Qu’est-ce qui te prend ?
Daniel éclata de rire.
Plus elle passait de temps avec lui, plus elle devenait audacieuse. Comme si c’était addictif. Deux
jours plus tôt, elle aurait été horrifiée par l’idée de suggérer à un homme de lui faire une fellation
dans un ascenseur. Elle l’avait déjà fait dans une chambre, mais dans un ascenseur c’était tout autre
chose. En temps normal elle n’en parlerait pas, et le ferait encore moins.
Cependant, elle était soudain excitée de voir l’effet qu’elle faisait à Daniel en lui parlant crûment.
— J’ai hâte de refermer mes lèvres sur toi, de te lécher et de te sucer jusqu’à ce que tu jouisses.
(Bon sang, elle s’était transformée en Holly ! Sinon, qui pouvait être cette créature effrontée qui avait
pris le contrôle de son corps et de son esprit ?) Et je te garderai dans ma bouche jusqu’à ce que tu
— Si tu continues à me parler comme ça, je vais te prendre ici et maintenant. Et je ne n’en ai rien à
Sabrina le regarda et passa sa langue sur ses lèvres, impatiente. S’il voulait la posséder dans
— Vas-y. Fais-le.
— Bon sang, Holly, tu me rends fou.
Il l’embrassa avec ardeur et ne la lâcha que lorsque l’ascenseur sonna en arrivant à leur étage.
Quelques instants plus tard, il l’entraîna à l’intérieur de sa chambre et fit claquer la porte derrière eux.
Sans un mot, il la plaqua contre le mur et se baissa pour soulever sa robe. Moins d’une seconde
après, il avait la bouche entre ses cuisses et caressait son sexe avec sa langue, recueillant le liquide
qui s’échappait d’elle. Il la léchait comme s’il était affamé, tout en laissant échapper des
gémissements.
— Daniel, pourquoi tu ne me fais jamais ça ? demanda une voix féminine qui tira brusquement
pas beaucoup de place à l’imagination. Elle était appuyée lascivement contre l’encadrement.
— Audrey, tu déconnes !
Daniel semblait furieux.
Sabrina comprit soudain. Il la connaissait. Était-elle sa femme ? Sa fiancée ? Sa petite amie ?
Pourquoi avait-elle supposé qu’il était sans attache ? Ce n’était pas possible. Son pire cauchemar était
— Tu as oublié que la réservation était aussi à mon nom. Je suis venue te parler.
Il parlait de plus en plus fort et la colère perçait dans sa voix, comme s’il avait du mal à se
maîtriser.
Pensant d’abord que personne ne l’avait entendue, elle posa la main sur la poignée mais Daniel la
rejoignit d’un bond.
— Non, Holly, tu restes. C’est Audrey qui part, déclara-t-il d’une voix impérieuse.
— Je ne peux pas, dit Sabrina en poussant la porte et en partant précipitamment.
— Holly, reviens, cria Daniel derrière elle, mais elle avait déjà atteint l’ascenseur, qui s’ouvrit
miraculeusement.
pour cela. Elle s’était promis de ne pas souffrir, et pourtant elle savait que c’était trop tard. Elle devait
partir avant que la situation n’empire.
Daniel n’était qu’un homme de plus qui cherchait à s’amuser, trompant sa femme ou sa petite amie.
Il lui avait sans doute menti en affirmant qu’il n’avait jamais été avec une escort. Il faisait sûrement
à Holly et accepter de la remplacer. Ce n’était pas son univers, et à présent ses blessures étaient là
pour en témoigner.
En rentrant chez elle, Sabrina courut s’enfermer dans sa chambre avant de laisser ses larmes
ruisseler. Holly la connaissait suffisamment pour savoir qu’il valait mieux la laisser tranquille en
attendant qu’elle soit prête à parler. Mais cette fois, elle ne dirait rien. Elle ne pouvait parler à
Pourquoi avait-elle laissé cela se produire ? Elle aurait dû s’arrêter alors qu’il était encore temps.
Après la première soirée passée avec lui, elle n’aurait jamais dû le revoir. Elle avait le sentiment
d’avoir joué à Las Vegas : elle avait beaucoup gagné la première fois mais y était retournée le
Elle avait été imprudente et l’avait laissé s’approcher trop près, pas seulement physiquement mais
aussi émotionnellement. Peut-être qu’elle ne connaîtrait pas la même humiliation qu’avec Brian cette
fois puisqu’elle ne le reverrait jamais, mais cela n’en atténuait pas sa douleur. Cela lui faisait plus mal
~ ~ ~
La soirée de Daniel n’était pas près d’être terminée. Audrey était hystérique. Quand elle avait
compris que ses efforts pour le séduire étaient vains, elle avait essayé de l’apitoyer avec des larmes.
Mais cela ne marcha pas non plus. Elle aurait pu tout aussi bien parler à une statue de pierre.
— J’en ai assez entendu. Il est temps pour toi de partir.
Il était à bout de patience. Elle avait complètement gâché la soirée parfaite qu’il passait avec Holly
et l’avait fait fuir. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle.
— Qu’est-ce que cette petite traînée a de plus que moi? le provoqua-t-elle.
Daniel lui lança un regard furieux.
— C’est ta troisième nuit ici et elle couche déjà avec toi. Il n’y a qu’une pute pour faire ça !
— Mais qui es-tu pour la traiter de pute ? Est-ce que tu es mieux ? Non, ton prix est juste plus
élevé. Mais tu écartes les cuisses tout aussi rapidement quand tu trouves un homme suffisamment
riche ou puissant et que tu crois que cela va le décider à t’épouser. Alors s’il te plaît, ne monte pas sur
À en juger par l’expression choquée sur le visage d’Audrey, elle ne s’attendait pas à cette réaction
de sa part.
— Et ne la traite pas de pute ! Elle a bien plus d’intégrité que tu n’en auras jamais. Oui, j’ai couché
avec elle. Je n’ai d’ailleurs jamais autant pris mon pied de toute ma vie. Et je vais de ce pas la
retrouver. C’est fini entre toi et moi depuis l’instant où tu t’es retrouvée au lit avec Judd. Retourne
avec lui et vois s’il peut te rendre heureuse. Parce que je ne suis pas intéressé.
Il fulminait à présent. Audrey l’avait blessé en insultant Holly, mais il avait pris conscience au
même moment que cela lui importait peu qu’elle soit une prostituée. Il voulait juste la tenir dans ses
bras. Au moins, Holly était honnête, ce qui était plus que ne pouvaient en dire toutes ces putes
hautaines de la bonne société, qui se vendaient aussi mais pour une autre monnaie : le pouvoir, le
prestige et la richesse.
oublierait sa bonne éducation et la jetterait dehors dans la tenue légère qu’elle portait.
Moins d’une minute plus tard, elle avait repris sa valise, recouvert son négligé d’un manteau et
franchi avec fureur la porte qu’il tenait pour elle. Il ne l’avait jamais vue se dépêcher autant.
Il s’empressa de chercher le numéro de l’agence sur son BlackBerry. Il fallait absolument qu’il
parle à Holly.
— Bonsoir.
— Bonsoir, je cherche à joindre l’une de vos employées. Nous avons accidentellement été séparés
ce soir, et j’ai besoin… J’ai besoin de lui parler pour lui dire où je suis.
Il espéra qu’il était crédible.
— Je suis désolée, Monsieur, mais la politique de l’agence est de ne jamais communiquer les
coordonnées de nos employés. C’est pour leur protection, je suis sûre que vous comprenez.
— Je suis désolée, Monsieur, répéta-t-elle sur le même ton. Je peux prendre un message si vous le
souhaitez et le lui transmettre demain matin.
— Demain matin ?
Impossible. C’était trop tard.
— Oui, Monsieur. Nous ne contactons pas nos employés après minuit.
— Laissez tomber.
Il raccrocha. Fichue Audrey ! Il pourrait être au lit avec Holly à l’heure qu’il était, en train de vivre
l’expérience sexuelle la plus incroyable de sa vie, et au lieu de cela il était seul, en colère et frustré,
s’interposer entre un client et sa moitié en colère relevait sans doute de l’instinct de survie pour une
escort.
Si seulement il savait comment joindre Holly, ils pourraient reprendre là où ils avaient été
interrompus. Tout son corps la désirait ardemment. Il avait encore son goût sur la langue, et il était
loin d’être rassasié d’elle. Il ne pouvait pas se l’expliquer et ne préférait pas trop y réfléchir, mais il
était sûr d’une chose : il voulait Holly. Et il se fit la promesse qu’il l’aurait.
Ce qu’il avait ressenti en la faisant jouir sur le banc et la façon dont elle l’avait embrassé ensuite
ne pouvaient pas être achetés par tout le monde. Elle lui avait donné quelque chose qui n’était pas à
vendre, il en était convaincu. Ce n’était pas parce qu’il la payait qu’elle l’avait embrassé ainsi. Holly
ferait que broyer du noir et pleurer encore un peu plus. Il valait mieux qu’elle arrête de ruminer son
chagrin et se ressaisisse. Elle allait devoir faire comme si tout allait très bien, même si c’était loin
d’être le cas.
Malgré ce qu’elle s’était promis, elle était blessée. Elle était tombée amoureuse de Daniel, même si
elle n’aurait su dire exactement quand cela s’était produit. Peut-être pendant le cours de cuisine, quand
ils avaient pétri la pâte ensemble, ou bien quand il avait fait le voyou en l’incitant à escalader la grille.
Quoi qu’il en soit, le moment n’avait pas d’importance. Ce qui comptait était le fait que cela soit
arrivé.
Mais Daniel n’était pas digne de ses sentiments. C’était un salaud infidèle et menteur, qui ne valait
pas mieux que le garçon avait qui elle avait couché pendant ses études de droit. Comment avait-il pu
lui faire cela ? Il avait été si gentil et si attentionné avec elle. Cela faisait d’autant plus de lui un goujat.
Il fallait qu’elle l’oublie. Il n’en valait pas la peine et elle ferait mieux de passer à autre chose. Et
personne ne devait savoir ce qui s’était passé, pas même Holly. Si son amie apprenait qu’elle était
tombée amoureuse de lui, elle se ferait des reproches. Et ce n’était pas la faute de Holly, mais la
sienne.
Sabrina se versa un café et le but rapidement, debout dans la cuisine. Elle voulait éviter sa
colocataire et partir tôt au travail, mais elle n’eut pas de chance. Holly avait dû l’entendre car elle
s’était levée, alors qu’elle n’émergeait généralement jamais avant dix heures du matin.
— Tout va bien, répéta-t-elle avant de sortir précipitamment en laissant la porte se fermer derrière
elle.
Il n’y avait aucun gros dossier. Rien de particulièrement important ne l’attendait au travail. Mais
elle pourrait au moins se tenir occupée pour faire passer la journée plus vite. Lorsqu’elle arriva au
— Vous n’êtes pas au courant ? Nous avons un nouveau client très important qui vient de la côte
Sabrina haussa les épaules. Personne ne lui disait jamais rien. De toute façon, elle ne travaillerait
certainement pas sur le nouveau dossier, surtout s’il s’agissait d’un gros client, comme l’avait dit
Caroline. On ne lui confiait jamais de tâches importantes.
Sabrina ouvrit la porte de son minuscule bureau et se plongea dans la relecture de dépositions
ennuyeuses. Personne ne vint la déranger. Elle avait l’impression que tout le monde sauf elle avait été
mis à contribution sur le dossier du nouveau client. Parfait. Sa vie sentimentale était un désastre et sa
carrière n’avançait pas.
personne disponible pour faire ces photocopies. Et Hannigan les veut maintenant.
Sabrina soupira.
— Très bien, je m’en occupe.
Elle était désormais même reléguée à des tâches de secrétariat. Sa journée allait de mieux en
voulu impressionner les clients. Délimitée par des cloisons en verre, la salle de conférence offrait
distinguer étaient rassemblés à la longue table et discutaient avec animation en se faisant passer des
documents. Une multitude de costumes. En fin de compte, ils se ressemblaient tous. Il n’y avait pas
Sabrina entra dans la salle de la photocopieuse et composa son code pour commencer à
photocopier les dépositions. La machine se mit en route dans un bourdonnement bruyant et Sabrina
tapota des doigts avec impatience sur le panneau de commande.
Elle se retourna vivement et vit Hannigan refermer la porte à clé derrière lui. Immédiatement, une
sueur froide l’envahit. Elle était faite comme un rat. Il l’avait envoyée faire des photocopies en
sachant qu’aucune des secrétaires n’était disponible, pour pouvoir la piéger dans cette pièce.
Sabrina sentit son estomac se nouer et fut prise d’une sensation de nausée.
— J’ai presque terminé. Je peux vous apporter les papiers dans votre bureau.
Elle s’efforça de rester calme et fit mine d’ignorer ce qu’il avait en tête.
— Et puis c’est beaucoup plus intime ici. Qu’est-ce que vous en pensez, Sabrina ?
Il fit un pas vers elle et elle eut un mouvement de recul.
— M. Hannigan, je vous apporterai les papiers dans votre bureau.
Elle essayait de lui dire aussi formellement que possible qu’il n’était pas le bienvenu.
— Allez, Sabrina. Je suis sûre que sous votre apparence froide, vous êtes une femme très
passionnée.
Il n’avait que trop raison, mais la passion qu’elle abritait ne lui serait jamais destinée, pas même
s’il était le dernier homme sur terre et que la survie de l’espèce dépendait d’eux.
peur.
Il se toucha l’entrejambe.
— Sinon quoi ? Vous le direz aux associés ? (Il eut un rire.) Ils ne toucheront pas à un cheveu de
ma tête, faites-moi confiance.
Il avança d’un pas vers elle et Sabrina recula contre une pile de papiers. Sur sa gauche se trouvait
la photocopieuse, qui était trop large pour qu’elle la contourne ; à sa droite, plusieurs cartons de
rames de papier, mais empilés pas très haut. Elle pourrait facilement passer par-dessus.
— Sabrina, je peux faciliter votre travail ou le rendre difficile. C’est à vous de décider.
Elle avait le sentiment qu’il n’était pas venu pour lui laisser le choix, mais pour lui imposer le
sien. Ce qu’il lui proposait lui paraissait très clair. Soit elle cédait à ses demandes, soit il la ferait
céder par la force, ce qui était impensable dans les deux cas. Il fallait qu’elle parte avant qu’il ne pose
ne serait-ce que le petit doigt sur elle.
Sabrina évalua rapidement la situation. Pour réussir à passer derrière lui et pouvoir déverrouiller
la porte, elle allait devoir le laisser s’approcher d’elle. C’était non seulement risqué, mais la seule
pensée de le voir plus près lui donnait envie de vomir.
Mais elle n’avait pas le choix. Jetant un coup d’œil à la porte derrière lui, elle se fit violence pour
lui sourire. Elle espérait en avoir suffisamment appris par Holly pour savoir comment faire croire à
un homme qu’il allait parvenir à ses fins avec elle. Elle vit que Hannigan s’était détendu en voyant son
sourire. Lentement, il fit un autre pas vers elle. C’était le moment d’agir.
12
Daniel regardait fixement par la fenêtre de la salle de conférence du cabinet Brand, Freeman &
Merriweather. Derrière lui, les avocats discutaient de la meilleure façon de gérer le problème qui
retardait la signature du contrat. Cela faisait une demi-heure qu’il n’écoutait plus, et ses pensées
étaient revenues à Holly. Avant de la rencontrer, il n’avait jamais eu de difficultés à rester concentré
sur le travail. C’était différent cette fois.
Soudain, l’acquisition sur laquelle il travaillait depuis plus d’un an ne lui paraissait plus aussi
importante. La perspective de devoir encore assister à d’innombrables réunions comme celle-ci dans
seraient émises que si la condition préalable est remplie d’ici l’échéance décalée ? suggéra M.
Merriweather.
Se tournant vers lui pour réfléchir à ce qu’il proposait, Daniel se figea soudain. Alors que ses
yeux dérivaient vers la réception, il aperçut Holly – sa Holly ! – qui venait de franchir une porte et
traversait le hall à grands pas. Elle paraissait changée. Vêtue d’un tailleur, elle avait les cheveux
décoiffés, et le col de sa chemise était mal mis. Elle disparut rapidement de son champ de vision, et le
regard de Daniel se posa alors sur la porte par laquelle elle venait de sortir. Elle se rouvrit, et un
homme d’une quarantaine d’années apparut sur le seuil. Tout en jetant un coup d’œil de chaque côté
comme s’il ne voulait pas se faire remarquer, il rangea sa cravate dans son costume et rajusta sa
— M. Sinclair ? demanda Merriweather, pour lui rappeler qu’il attendait toujours sa réponse.
— Très bien, faisons cela. Je vais vous laisser travailler sur les détails. Vous connaissez mon
opinion. Messieurs, vous savez ce que vous avez à faire, dit-il pour prendre congé.
Daniel sortit précipitamment de la salle, impatient de rattraper Holly. À la pensée qu’elle avait été
avec un autre homme, il avait la sensation qu’on enfonçait un cintre métallique dans ses entrailles
avec une lenteur atroce. Daniel lâcha un juron. Il ne voulait pas laisser un autre homme la toucher !
Il la chercha partout, en vain. La porte vers laquelle il l’avait vue se diriger menait à l’escalier, et
lorsqu’il arriva au rez-de-chaussée et sortit du bâtiment, elle était introuvable. Elle n’avait pas perdu
de temps. Elle ne l’avait sûrement pas vu, mais elle avait sans doute appris à s’éclipser rapidement
sans se faire voir au cas où elle se faisait remarquer par un client du cabinet.
Daniel serra les poings en revoyant le visage de l’homme qui était sorti de la pièce après elle. À la
pensée des mains de ce porc sur elle, il avait envie de frapper quelqu’un, de préférence cet homme. Il
dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas retourner dans le cabinet et rouer de coups le visage de
— Bonjour, lança gaiment une voix féminine amicale à l’autre bout du fil.
client, exigea-t-il.
— M. Sinclair. C’est une demande très inhabituelle. Je pense qu’il serait préférable que nous en
— Je peux vous voir à 14 heures. Mon assistante vous donnera les instructions pour venir.
Elle lui repassa la jeune femme qui avait répondu au téléphone. Après lui avoir communiqué
l’adresse, elle s’apprêtait à lui expliquer comment trouver le bureau mais Daniel l’interrompit.
— Je sais où c’est.
Daniel se moquait bien de paraître grossier. Il n’était pas d’humeur à être poli. Il avait parfaitement
identifié le sentiment qu’il éprouvait au fond de lui, mais il n’était pas prêt à l’admettre. Il préférait ne
pas y penser.
Il se dirigea vers un bar miteux et commanda un whisky bien tassé au comptoir. Il avait plus de
deux heures à tuer, et même si Tim aurait certainement été ravi de déjeuner avec lui, Daniel n’était pas
sûr de pouvoir faire face à son ami. Il était bien trop perspicace et lirait en lui comme dans un livre
ouvert. Daniel serait alors contraint de reconnaître ce qui était arrivé, mais il ne se sentait pas prêt.
Il était plus facile de descendre quelques verres dans un bar en faisant semblant de regarder le
sport à la télévision, plutôt que de réfléchir à la situation. Pour l’instant, il préférait choisir la facilité.
Le barman lui lança un regard entendu, comme s’il savait ce qui se passait dans sa tête.
— Je veux bien.
Même s’il n’avait pas déjeuné, il n’avait pas faim, mais des cacahuètes ne pouvaient pas lui faire
de mal.
Le barman en poussa un bol devant lui, et Daniel le remercia d’un signe de tête.
— On ne peut pas vivre avec elles, on ne peut pas vivre sans elles, déclara soudain le barman.
— Vous croyez que je suis d’humeur à écouter ces clichés ? dit sèchement Daniel.
— Pas vraiment, mais au moins ça vous a fait ouvrir la bouche.
— De qui parlez-vous ?
— De la femme à cause de qui vous êtes ici en pleine journée.
Bon sang, que cet homme était casse-pieds. Peut-être qu’il devrait simplement terminer son verre
et partir. Il devait bien y avoir un autre bar dans le quartier, avec un barman moins agaçant.
— Pourquoi est-ce qu’un homme ne peut pas avoir envie de prendre un verre sans qu’il y ait une
femme dans l’histoire ?
Il n’avait pas l’intention de céder aussi facilement.
— Il y a toujours une femme. Ce sont elles qui font la pluie et le beau temps.
son énergie.
— Et alors ?
— Personne ne vous a jamais dit que vous pouviez garder vos conseils pour vous ? (Daniel
— Et juste pour votre information, elle me veut. Et je vais lui en faire prendre conscience.
Daniel arpenta les rues en attendant l’heure de son rendez-vous avec Misty Snyder, la directrice de
l’agence d’escorts, ou plutôt la maquerelle. En posant le pied dans le bureau élégant mais austère, il
songea qu’elle devait gérer son affaire d’une main de fer. La réceptionniste était vêtue d’un tailleur
classique et portait un maquillage très discret. Il y avait une salle d’attente ainsi que plusieurs pièces
fermées.
Rien ne laissait paraître qu’il s’agissait des bureaux d’un service d’escorts. Il n’y avait rien
d’obscène dans le cadre. En le voyant dans cette salle d’attente, n’importe qui penserait qu’il était là
— M. Sinclair.
Une séduisante femme d’âge moyen s’avança vers lui et lui tendit la main. Elle était vêtue d’un
tailleur tout aussi classique que celui de la réceptionniste et avait les cheveux attachés en un chignon
— Mlle Snyder.
— Eva, fais entrer Holly dans la salle de conférence dès qu’elle arrive, ordonna-t-elle à la
réceptionniste avant d’indiquer une des portes à Daniel. Par ici, je vous prie.
— Holly sera là ? demanda Daniel dès que la porte se fut refermée derrière eux.
— Oui, je trouve qu’il est préférable de discuter de réservations aussi longues avec mes
employées. Nous voulons éviter tout malentendu par la suite.
— D’autant plus que vous avez fait une demande d’exclusivité. Je pense qu’il est important que
Holly soit d’accord avec tous les termes. Vous ne croyez pas ?
Daniel sentait qu’elle était intriguée par sa demande, mais il préféra ne pas en dire plus que
nécessaire afin de mettre toutes les chances de son côté. C’était un négociateur prudent et il savait
— Je suis d’accord.
— Vous comprenez bien sûr que le coût quotidien pour une telle réservation sera plus élevé que
celui que vous avez payé pour ses soirées. Nous devrons prendre en compte le fait qu’elle ne pourra
tirer le meilleur prix possible. Mais elle ignorait que l’argent n’avait aucune importance pour lui
quand il s’agissait de Holly.
Il serait même prêt à accepter qu’elle lui facture cinq fois le tarif habituel si cela lui garantissait de
passer du temps avec Holly et d’empêcher qu’un autre homme pose la main sur elle. Et le plus tôt
serait le mieux.
— Il y aura aussi bien entendu des frais d’annulation dans le cas où vous décideriez de mettre un
terme au contrat prématurément.
Misty scruta son visage pour guetter sa réaction. Mais Daniel n’avait absolument aucune intention
de terminer la réservation plus tôt que prévu. Lorsque la fin de la semaine arriverait, il espérait que
Holly serait…
Il fut tiré de ses pensées lorsque la porte s’ouvrit, laissant apparaître une jeune femme blonde.
— Excusez-moi, mais Eva m’a dit d’entrer tout de suite.
— Assieds-toi, Holly. Je passe juste en revue les termes et les conditions avec M. Sinclair.
Holly ? Daniel sursauta et regarda fixement la femme blonde à côté de lui. Ce n’était pas Holly. Il
devait y avoir une erreur. Ce n’était pas sa Holly. Elle le regarda droit dans les yeux comme si elle
— Mlle Snyder, est-ce que cela vous ennuie que je parle à Holly en privé pendant quelques
minutes ?
Misty haussa les sourcils et parut se demander si c’était une bonne idée de les laisser seuls.
— Merci.
Dès que la porte se fut refermée sur elle, Daniel tourna le dos à la femme blonde.
— Qui êtes-vous, et où est la vraie Holly ?
mes deux dernières soirées avec Holly, et c’est cette Holly-là que je veux.
Il avait parlé avec détermination. Si elles essayaient de l’entourlouper, il comptait bien le leur faire
regretter.
La jeune femme cligna des yeux puis le regarda.
— Je ne me doutais pas du tout que la situation allait tourner ainsi. J’étais malade le soir où j’étais
censée vous retrouver, et je me suis fait remplacer. Misty n’est pas au courant.
Daniel sentit une bouffée de soulagement l’envahir.
— Ce n’est pas grave. Dites-moi juste comment elle s’appelle, et je ferai une réservation avec elle.
Il allait devoir s’habituer à l’appeler par un autre prénom, mais c’était le moindre de ses
problèmes.
— Cela va être compliqué.
— Mais non. Je dirai juste à votre patronne que j’ai changé d’avis et je réserverai votre collègue.
Holly s’agita sur sa chaise et se passa nerveusement la main dans les cheveux.
— Ce n’est pas ma collègue.
Daniel commençait à s’impatienter. Il n’avait pas de temps à perdre. Chaque minute qu’il passait
loin de sa Holly signifiait qu’un homme pervers risquait de mettre la main sur elle.
— Qui est-ce ? Voulez-vous que je fasse venir Mlle Snyder ici pour lui demander ?
S’il devait la menacer pour apprendre la véritable identité de Holly, il était prêt à le faire.
Holly leva la main pour l’arrêter.
Daniel se leva.
Daniel mit un peu de temps à assimiler la nouvelle. C’était sa colocataire. Pas une escort. Il
retomba sur son fauteuil.
— Parce que j’étais malade, expliqua Holly. Misty m’aurait virée si je n’avais pas accepté la
réservation, je l’ai donc convaincue de me remplacer.
Il n’arrivait pas à croire que Holly n’était pas une escort.
— Je vous remercie !
— Désolé, ce n’est pas ce que je voulais dire. Ce n’est pas une escort. Elle est… Quel est son vrai
nom ?
— Sabrina.
— Sabrina.
Il prit plaisir à prononcer son prénom et trouva qu’il lui allait beaucoup mieux que l’autre. Il se
— Si ce n’est pas une escort, qu’est-ce qu’elle fichait avec ce porc au cabinet ?
— Du cabinet d’avocats Brand, Freeman & Merriweather. Elle y était ce matin et est sortie toute
débraillée d’un bureau, expliqua-t-il en regardant Holly avec un air interrogateur.
— Le porc auquel vous faites référence est Hannigan. Il la harcèle sexuellement depuis qu’elle a
redevenue elle-même. Il n’était pas étonnant qu’elle ait réussi à répondre aux questions de Bob.
— Elle a fait ses études à Hastings ?
— Comment le savez-vous ?
— Elle l’a mentionné à la réception à laquelle je l’ai emmenée. Je pensais qu’elle allait droit au
mur, mais ce n’était sans doute pas nécessaire que je m’inquiète. (Il s’interrompit, et une expression
sérieuse s’afficha sur son visage.) Holly, expliquez-moi ce qui s’est passé. Je ne comprends pas
pourquoi elle a pris votre place.
— Pourquoi ? Je peux être très convaincante. Elle savait ce que je risquais. Mais je regrette
— Qu’est-ce que vous voulez dire ? Elle n’a vu personne d’autre que moi, non? Est-ce qu’elle
Il sentit de nouveau la colère monter en lui. Si quelqu’un d’autre l’avait touchée, il serait prêt à le
tuer.
— Non ! Il y a eu juste vous. Mais à mon tour de vous interroger. Pourquoi a-t-elle versé toutes les
larmes de son corps hier soir ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ? demanda Holly en se penchant vers
— Elle a pleuré ? Oh mon Dieu, quel idiot je suis, dit Daniel en se passant les mains dans ses
cheveux.
— Je serai la première à approuver si vous me donnez plus de détails.
Holly s’enfonça dans son fauteuil, s’attendant visiblement à une histoire croustillante.
— Hier soir, mon ex est venue à l’hôtel, expliqua-t-il.
trompais ma petite amie avec elle. Elle ne savait pas qu’Audrey était mon ex. Elle a fait irruption sans
prévenir, en pensant qu’elle pourrait me récupérer.
Il grimaça en repensant à la scène qui s’était produite. Il comprenait à présent pourquoi Sabrina
était partie en courant. Ce n’était pas parce que l’agence leur demandait de rester en dehors des
disputes de couples. Elle était partie parce qu’elle s’était sentie trahie par lui.
— Est-ce vous allez vous remettre avec elle ? voulut savoir Holly.
Malheureusement, elle a réussi à faire croire à Sabrina que j’étais encore avec elle. Sabrina s’est
enfuie et je n’ai pas réussi à la contacter depuis. J’ai appelé l’agence hier soir après son départ mais
ils n’ont pas voulu me donner d’informations. (Il s’interrompit et la regarda droit dans les yeux.) Il
— Excusez-moi, mais vous n’avez pas entendu ce que j’ai dit ? Sabrina n’est pas une escort.
— Vous êtes fou ? Elle n’est pas à vendre. Vous ne pouvez pas tout simplement la réserver. (Elle
secoua la tête et se libéra de son étreinte.) Mais qu’est-ce que vous voulez d’elle ?
Il ne pouvait pas répondre à cette question alors qu’il refusait de s’avouer la raison pour laquelle
il tenait tant à la revoir, ni pourquoi il se mettait en colère chaque fois qu’il imaginait un autre homme
en train de la toucher.
— Il faut que je lui dise la vérité au sujet d’Audrey. Je ne veux pas qu’elle me prenne pour un
Est-ce qu’elle délirait ? Quelle raison pouvait-elle bien avoir pour ne pas vouloir qu’il dise la
vérité à Sabrina ?
— Si elle découvre que vous l’avez démasquée, elle sera horrifiée.
— Horrifiée ?
Il ne comprenait absolument pas de quoi Holly voulait parler.
— Elle ne fait pas confiance aux hommes parce que trop de salauds se sont mal comportés avec
elle. Avant vous, elle n’avait couché avec personne depuis trois ans. Et maintenant qu’elle a enfin pu
se libérer de ses inhibitions, vous voulez tout gâcher en lui disant que vous savez qu’elle n’est pas une
escort ? Quelle excellente idée ! s’exclama ironiquement Holly.
— En quoi cela gâcherait-il tout ?
— Elle n’a couché avec vous que parce qu’elle pensait ne jamais vous revoir. C’était la garantie
pour elle de ne pas souffrir. Et elle se sentait en sécurité parce qu’elle se faisait passer pour quelqu’un
d’autre. Elle pouvait se dire que ce n’était pas elle qui était en train de coucher avec un étranger, mais
moi.
— Il m’a fallu un bout de temps. J’ai dû attendre un homme qui lui convenait.
Il fut choqué qu’elle l’admette. Quel genre de personne envoyait sciemment son amie dans la
gueule du lion ?
— Vous ne pouviez pas savoir si je lui conviendrais. J’aurais pu être un pervers. Est-ce que vous
antécédents détaillés de tous les gens qui passent par notre agence. Croyez-moi, nous savons à qui
nous avons affaire. Pourquoi pensez-vous que le tarif est aussi élevé ? Il faut bien payer tout ce travail
de recherches.
— Vous saviez qui j’étais ?
vomir sinon elle se serait méfiée. Voilà pourquoi vous ne pouvez pas lui dire maintenant que vous
savez qu’elle ne travaille pas comme escort. Elle n’est pas prête à l’entendre.
Holly croisa les bras sur sa poitrine pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de
changer d’avis.
— Très bien. Je ne dirai rien pour le moment. Mais je ne veux pas qu’elle continue à penser que
j’ai menti à propos d’Audrey. Je vais réparer les choses. Et vous, Holly, vous allez aussi m’aider. Je
vais réserver Holly pour la semaine à venir, et vous allez vous assurer qu’elle accepte la réservation.
— Vous plaisantez !
— Pas le moins du monde. Vous allez lui dire aujourd’hui qu’à partir de demain matin, elle est
avec moi.
— Elle ne va jamais accepter. Elle pense que vous lui avez menti. Elle est blessée.
soir. (Il inscrivit son numéro sur une carte et lui tendit.) Faites ce qu’il faut pour qu’elle accepte.
Dites-lui que si elle refuse, elle devra me convaincre d’annuler la réservation auprès de votre
patronne sinon vous serez renvoyée. J’ai vraiment besoin de lui parler.
Avec réticence, Holly rangea la carte dans son sac à main.
— Si j’avais su que vous étiez aussi borné, je ne lui aurais jamais demandé de faire ça.
— Vous savez quoi, Holly ? Si ça avait été vous ce soir-là, je n’aurais pas couché avec vous. Ne le
prenez pas mal, vous êtes superbe, mais je ne cherchais pas de sexe. J’avais juste besoin de quelqu’un
pour repousser toutes ces célibataires au cocktail où je devais aller. Mais tout a changé quand je l’ai
doute de quoi que ce soit. Peu m’importe que vous donniez ou non l’argent à Sabrina.
— Elle n’a pas pris l’argent pour les deux premières soirées. Elle a refusé net, reconnut Holly.
Il se détendit et sourit.
— Je m’en suis douté.
Elle n’avait pas non plus accepté son pourboire, et cette pensée lui faisait plaisir à présent qu’il
savait qui elle était. Si Sabrina avait besoin de se faire passer pour une escort pour être avec lui, alors
il jouerait le jeu – pour le moment du moins. En attendant de trouver un moyen de gagner
suffisamment sa confiance pour qu’elle veuille être avec lui par choix, et non parce qu’il avait payé
pour.
— Hé, mon vieux. Une dernière chose encore. Si vous la faites souffrir, je vous retrouverai pour
Elle partit à grands pas vers sa chambre et claqua la porte derrière elle. Quelques secondes plus
— Appelle-le et dis-lui que tu ne peux pas. Dis-lui que tu le trouves repoussant, ou invente ce que
Sabrina regarda fixement son amie. Elle ne comprenait pas pourquoi Holly ne la soutenait pas
davantage. Après tout elle l’avait sortie du pétrin, et la moindre des choses serait d’être un peu plus
compréhensive à propos de son refus de voir Daniel. Elle pourrait inventer n’importe quelle excuse
pour échapper à cette réservation, mais elle avait refusé net de le faire.
Holly insistait pour que ce soit Daniel qui annule, pour ne pas s’attirer d’ennuis avec Misty. Parfait.
Sabrina ne savait pas pourquoi Daniel voulait encore la voir. Sa femme ou sa petite amie n’était-
elle pas rentrée la veille ? Comment avait-il réussi à s’en débarrasser aussi rapidement ? C’était
vraiment un salaud et un menteur.
Elle avait envie de disparaître sous terre tant elle avait honte de ce qu’ils avaient fait la veille. Elle
l’avait laissé l’utiliser. Quel fumier ! Et malgré son comportement, il avait le culot de la demander
— C’est S… Holly.
— Je suis content que tu m’appelles.
— Je t’appelle seulement pour te dire que je ne peux pas accepter la réservation, dit-elle avec
fermeté. Alors peux-tu s’il te plaît téléphoner à Mlle Snyder pour annuler ? Je t’en serais
reconnaissante.
— Pourquoi ? Je ne suis pas une briseuse de couples. Je suis peut-être une escort, mais j’ai des
principes.
— Je ne suis plus avec Audrey.
— Peut-être pas en ce moment même, mais tu es avec elle, elle a été très claire.
— Holly, ma relation avec Audrey s’est terminée la veille de mon départ de New York. Elle refuse
juste d’accepter la vérité. S’il te plaît, laisse-moi t’expliquer. Je t’en prie. Retrouve-moi ce soir et je
t’expliquerai tout. Et si tu veux toujours que j’annule, alors je le ferai.
— Je ne suis pas aussi stupide. Dès que je serai dans ta chambre, tu me porteras jusqu’au lit et on
ne parlera pas. Non merci.
— On peut se voir dans un café. S’il te plaît. Si tu veux toujours que j’annule la réservation après
version de l’histoire.
— C’est d’accord.
Elle lui donna l’adresse d’un café près de chez elle et raccrocha, en s’en voulant d’avoir dit oui.
Sabrina avait choisi le café au coin de sa rue parce qu’il était toujours plein. Il ne pourrait
certainement pas la piéger dans ce lieu qui était loin d’être intime : il n’y avait pas d’endroit où se
cacher, pas de recoins sombres où il pourrait user de son charme sur elle.
Elle arriverait en avance pour s’asseoir à l’endroit le moins privé du café. Elle n’avait pas
l’intention de lui faciliter la tâche. S’il pensait pouvoir utiliser son corps sensuel pour la faire
Malheureusement, il s’avéra qu’il n’avait pas seulement un corps sensuel mais aussi un esprit très
vif : il l’avait devancée. À son arrivée au café, dix minutes avant l’heure fixée, Sabrina constata qu’il
était déjà là et qu’il avait réussi à mettre la main sur l’unique banquette de l’établissement. Elle se
demanda comment il s’était débrouillé car elle était d’ordinaire toujours prise.
Il lui sourit d’un air entendu et lui indiqua la place à côté de lui sur la banquette pour deux. Une
fois assise, elle ne put s’empêcher de prendre conscience de la proximité de son corps et de son
parfum viril.
— Merci d’être venue, lui dit-il avec un regard sincère. Je suis désolé pour ce qui s’est passé hier
soir.
— Quelle partie ? répliqua-t-elle.
mois, mais notre relation n’allait nulle part. J’étais loin d’être un petit ami romantique et attentif. Je
suppose qu’elle s’est sentie seule, et cette semaine je l’ai surprise au lit avec mon avocat. J’ai donc
rompu avec elle.
— Est-ce qu’elle est au courant que tu as rompu avec elle ? Ce n’est pas l’impression qu’elle m’a
faire, étonnée.) Tu n’as pas brisé notre couple. Je suis célibataire, je ne suis pas engagé dans une
— Pourquoi moi ? Tu ne peux pas réserver quelqu’un d’autre ? L’agence ne manque pas de
— Je me sens bien avec toi. J’aimerais passer plus de temps avec toi.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Misty n’aime pas que nous devenions trop proches
de nos clients, mentit Sabrina.
— Ça n’a pas semblé déranger Misty quand j’ai négocié avec elle cet après-midi.
Daniel porta la main de Sabrina à ses lèvres et l’embrassa tendrement.
sauteraient sur l’occasion de pouvoir coucher avec toi. Mais je n’en fais pas partie.
— Coucher avec moi ne t’intéresse plus ? demanda-t-il en plissant les yeux.
— Non.
Elle se réjouit d’avoir enfin réussi à le convaincre qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec
lui. Il ne lui restait plus qu’à annuler la réservation pour que Holly et elle soient tirées d’affaire et ne
risquent plus d’avoir des ennuis.
Sabrina s’apprêta à se lever de la banquette mais il la retint avec son bras.
— J’ai dit d’accord, pas de sexe. Mais je n’ai pas dit que j’avais l’intention d’annuler ma
réservation.
Stupéfaite, elle lui lança un regard furieux. Pourquoi voulait-il louer une escort si ce n’était pas
pour coucher avec elle ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ?
— Pardon ?
— Tu as bien entendu. C’est toi qui décideras si tu veux coucher ou non avec moi. Si tu ne veux
pas, je ne te l’imposerai pas. Mais tu vas m’accompagner dans le wine country ce week-end. J’ai
réservé dans une petite chambre d’hôtes pour demain soir. Tu partageras mon lit. Et j’ai le droit de
t’embrasser.
Elle s’était bien fait avoir. Comment était-elle censée ne pas avoir envie de coucher avec lui alors
— Tu es fou.
— Peut-être, mais c’est le compromis que je te propose. Tu passes le week-end avec moi, ainsi que
les soirées et les nuits à notre retour à San Francisco, et tu dors dans mon lit. Je n’essaierai pas de
coucher avec toi, à moins que tu le veuilles.
~ ~ ~
— J’aime bien passer du temps avec toi, avec ou sans sexe. (Il approcha son visage du sien en
regardant ses lèvres d’un air suggestif.) Peut-être que tu devrais dire oui maintenant, sinon je vais être
obligé d’avoir recours à d’autres moyens de persuasion qui risquent d’être un peu déplacés ici.
Sabrina lui lança un regard choqué.
— Tu ne ferais pas ça !
Comptait-il vraiment les mettre tous les deux dans une situation gênante en l’embrassant au beau
milieu d’un café, à la vue de tous ? Il ne pouvait quand même pas avoir l’intention de la toucher de la
façon dont il l’avait déjà touchée quand ils étaient seuls.
En voyant la lueur coquine dans ses yeux, elle comprit qu’il était prêt à tout. Et sachant qu’il
n’habitait pas San Francisco, cela lui importait sans doute peu de s’afficher en public. Contrairement à
elle, il n’avait pas à revenir là chaque jour pour aller acheter son café.
Il effleura doucement ses lèvres avec les siennes dans un baiser discret.
Sabrina tressaillit.
— Tant que tu les tiens aussi. Tu partages mon lit et tu me laisses t’embrasser.
Quelques secondes s’écoulèrent avant que Sabrina finisse par hocher la tête. Daniel s’écarta de son
visage en souriant.
— Je suis heureux qu’on se soit enfin mis d’accord. Même si ça aurait pu être amusant.
Elle grimaça en voyant un sourire espiègle se dessiner sur son visage. Il éclata alors d’un rire
franc.
— Viens, je te ramène chez toi. Comme ça je saurai où venir te chercher demain matin.
— Non, ce n’est pas nécessaire. (Elle préférait qu’il ne sache pas où elle habitait.) Et puis c’est
contraire à la politique de l’agence.
— Mlle Snyder l’a autorisé, puisque je t’emmène à la campagne demain.
de bain, il y a une piscine à la chambre d’hôtes. Je serai là à neuf heures demain matin.
— Qu’y a-t-il ?
Elle secoua lentement la tête. Non, elle ne pouvait pas lui dire la vérité.
— Rien. À demain.
— Bonne nuit.
— Non, il passe me chercher demain matin pour aller passer le week-end dans le wine country.
— Et ça ne te pose pas de problème ? demanda doucement Holly.
— Tu devrais faire des réserves de glaces au congélateur parce que j’aurai bien besoin de
réconfort quand il sera reparti à New York. De beaucoup de réconfort. Holly, je suis tellement dans le
pétrin.
Son amie la prit dans ses bras et la serra fort contre elle.
— À ce point-là ?
Sabrina se mit à pleurer incontrôlablement contre l’épaule de Holly.
— Oh, ma chérie, essaie juste de profiter du temps que tu passes avec lui, et peut-être que tout va
s’arranger.
~ ~ ~
Daniel avait hésité à rester toute la soirée avec Sabrina, mais il avait finalement décidé de ne pas la
brusquer. Il allait désormais devoir agir avec beaucoup de prudence. Il voulait gagner sa confiance, et
sentirait plus rassurée ainsi. Cela promettait d’être difficile pour lui, mais il était déterminé à
rapidement prendre peur si elle découvrait trop vite qu’elle était démasquée. Se faire passer pour
quelqu’un d’autre lui procurait un sentiment de sécurité, mais comment réagirait-elle en apprenant
qu’il connaissait sa véritable identité ? Elle ne pourrait l’accepter que si elle se sentait profondément
Après avoir ramené Sabrina, Daniel dîna avec Tim dans un petit restaurant du quartier.
— Alors si je comprends bien, tu veux faire la cour à une escort ? demanda Tim avec un sourire
jusqu’aux oreilles.
— Tu joues avec les mots. Quoi qu’il en soit, elle a couché avec toi en échange d’argent.
Tim s’amusait visiblement à le provoquer ainsi et n’avait pas l’intention de s’arrêter.
séduisant !
Tim avait parlé un peu trop fort pour le petit restaurant où ils se trouvaient, et plusieurs têtes se
tournèrent dans leur direction.
— Bien sûr que si. Mais je crois que l’air de San Francisco te fait déjà du bien. Tu es là depuis
quelques jours à peine, et tu sors déjà avec une escort. Ça, c’est de l’émancipation !
— Comment vas-tu la présenter à mamma et papa ? demanda Tim, qui aimait faire référence aux
parents de Daniel comme s’ils étaient les siens.
— Ne me regarde pas comme si tu n’y avais pas pensé. Je te connais trop bien.
détendre ?
Daniel s’apprêtait à répondre mais Tim ne lui en laissa pas le temps.
— Non, ne me dis rien, parce que je connais la réponse. Tu ne t’en souviens pas. C’est amusant.
Quand tu sortais avec Audrey, tu n’es jamais parti en week-end avec elle. Et voilà que tu emmènes la
sexy petite Sabrina dans le wine country, sans une seule réunion de travail prévue. Alors pourquoi ?
Vas-y, je t’écoute.
Daniel secoua la tête.
Tim leva son verre pour trinquer avec Daniel, mais celui-ci resta immobile, sous le choc. Il le
savait déjà au fond de lui mais ne voulait pas l’accepter, tant cela lui paraissait improbable. La colère
et la jalousie qu’il avait ressenties en pensant que Hannigan était un des clients de Sabrina prouvaient
bien la nature de ses sentiments pour elle, mais il avait essayé de l’ignorer.
Lui, Daniel Sinclair, ne tombait pas amoureux d’une femme en deux jours, encore moins d’une
femme qu’il avait prise pour une prostituée. Dès le début, il l’avait pourtant traitée davantage comme
une petite amie que comme une escort. C’était la preuve qu’un lien spécial s’était immédiatement noué
entre eux. Depuis l’instant où il avait posé les yeux sur elle lorsqu’elle avait frappé à la porte de sa
chambre d’hôtel.
— Tim, je crois que j’ai besoin d’aide, dit Daniel en regardant son ami avec une expression
sérieuse. Je ne peux pas me permettre de gâcher ce que j’ai avec Sabrina. Et je suis déjà sur la corde
raide avec elle.
— Alors on va devoir mettre sur pied un petit plan d’action. (Il regarda sa montre.) Il nous reste
environ quatorze heures, ça nous laisse un peu de temps. Mais dépêche-toi de finir ton assiette, il ne
faut pas traîner non plus.
14
Lorsque la sonnette retentit à neuf heures pile, Sabrina prit son petit sac de voyage et se retourna
vers Holly, qui était debout sur le seuil de sa chambre en train de frotter ses yeux encore lourds de
sommeil.
d’un polo, il était appuyé d’un air détaché sur le capot de son cabriolet rouge. Un grand sourire
apparut sur son visage quand il la vit s’approcher.
Bien que les yeux de Daniel soient cachés derrière des lunettes de soleil, Sabrina se sentit scrutée
de la tête aux pieds. Elle portait un short, un débardeur et des sandales plates. Une chaleur accablante
était prévue à San Francisco, ce qui était inhabituel. Dans le comté de Sonoma où ils allaient passer le
— Tu es superbe.
Après avoir rangé son sac dans le coffre, il lui ouvrit la portière de la voiture et la referma une
Quelques minutes plus tard, ils roulaient en direction du Golden Gate Bridge dans des
embouteillages légers. Ils avaient bien fait de partir tôt. Les habitants de San Francisco profiteraient
du beau temps pour se rendre sur les différentes plages de la baie et de l’océan, et toutes les routes
dans l’est du pays, de son père américain, et de sa mère italienne dotée d’un fort tempérament.
— Mais je suis malheureusement fils unique. J’ai toujours voulu avoir un petit frère ou une petite
sœur, mais ça n’est jamais arrivé. Ce n’était pourtant pas parce que mes parents n’ont pas essayé,
ajouta-t-il en lui lançant un regard coquin de biais.
Sabrina se mit à rire.
— Tu veux dire que tu écoutais tes parents coucher ensemble ? C’est dégoûtant !
— C’était difficile à éviter. Ma mère n’était pas du genre discret. Mais j’ai fini par ne plus en
pouvoir, et j’ai réussi à les convaincre de m’installer dans une chambre de l’autre côté de la maison.
J’étais soulagé. J’aime beaucoup mes parents, mais je n’avais vraiment pas besoin de les imaginer au
— À toi de me le dire.
Sabrina sentit ses joues s’enflammer. Elle devait être rouge comme une pivoine. Évidemment,
— C’est une femme pulpeuse d’un mètre soixante, commença-t-il avec un grand sourire, mais j’ai
hérité de son teint mat, ainsi que de ses yeux et ses cheveux foncés. Pour le reste, je ressemble à mon
père. Plus jeune, il était très sportif. C’était un excellent joueur de tennis, et il nageait tous les jours.
Mamma essayait de le suivre tant bien que mal.
Sabrina l’observa discrètement, s’imaginant sans difficulté à quoi il ressemblerait avec trente ans
de plus. Il aurait le même corps parfait mais ses tempes seraient grisonnantes, et son visage serait
marqué de quelques rides supplémentaires, autour de la bouche et des yeux. Et il garderait le même
sourire coquin.
— Tu as de la chance d’avoir des parents qui sont encore ensemble et qui s’aiment, fit-elle
remarquer sur un ton pensif.
— Les tiens ne sont plus ensemble ? demanda Daniel.
— Je n’irais pas jusque-là. Mais je savais comment tirer le meilleur de leurs deux univers. Il n’y
avait rien de mal à ça, surtout que j’étais entre les deux.
— Alors dis-moi, est-ce que tu douée en manipulation ?
— Tu es un homme d’affaires, tu devrais savoir qu’il ne faut jamais montrer toutes ses cartes,
— Le seul poker auquel j’ai envie de jouer avec toi est le strip poker, répliqua-t-il aussitôt, sans
Il était bon, elle devait le reconnaître. Quel que soit le sujet de conversation, Daniel parvenait
systématiquement à le ramener au sexe. Il avait beau avoir promis de ne pas lui imposer de coucher
avec lui, et elle lui faisait confiance pour tenir parole, cela ne signifiait pas pour autant qu’il allait
Elle devrait faire preuve de prudence pendant ce week-end, sinon elle aurait tôt fait de se laisser
piéger et de retomber dans ses bras. Elle ne pouvait pas se permettre de baisser la garde et de lui
donner une autre chance de la blesser. Il lui avait déjà suffisamment fait mal.
Même si elle avait accepté son explication à propos de son ex-petite amie, elle n’était pas
entièrement convaincue qu’il était honnête avec elle. Quel homme accepterait de dépenser des milliers
de dollars pour passer quelques jours avec une escort, sans s’attendre à coucher avec elle en retour ?
Il manigançait quelque chose, c’était certain, et elle était résolue à découvrir de quoi il s’agissait.
Lorsqu’ils sortirent de l’autoroute, ils eurent quelques difficultés à trouver la chambre d’hôtes où
Daniel avait réservé. À la surprise de Sabrina, il s’arrêta pour demander son chemin à un fermier qui
passait. Elle savait que beaucoup d’hommes auraient préféré tourner en rond plutôt que d’admettre
qu’ils étaient perdus.
Il lui sourit, comme s’il savait à quoi elle pensait.
L’endroit qu’il avait choisi était paradisiaque. Il s’agissait d’un petit bed and breakfast situé en
plein cœur d’un vignoble. Mais contrairement à d’autres établissements de ce genre, il était composé
de plusieurs cottages répartis sur le vaste terrain de la propriété.
Ils allèrent récupérer les clés dans la maison principale puis se dirigèrent vers leur petite maison.
Daniel posa leurs bagages dans le salon. Il y avait une petite cuisine sur leur droite, qui leur
permettrait de préparer du café le matin.
Sabrina traversa la chambre meublée d’un lit queen size, de deux tables de chevet, d’une commode
et de deux fauteuils confortables. La salle de bains attenante était équipée d’une baignoire et d’une
douche. Les portes-fenêtres de la chambre donnaient sur une grande terrasse qui couvrait toute la
largeur du cottage.
La vue était absolument incroyable. Lorsque Sabrina ouvrit les portes pour accéder à la terrasse,
elle fut éblouie. Perchée sur une colline, la petite maison surplombait le vignoble qui s’étendait dans
la vallée. De chaque côté, des pentes douces étaient recouvertes d’innombrables rangées de vignes.
— Oui, stupéfiant. (Il était juste derrière elle et elle sentit son souffle caresser sa nuque.) Penses-tu
que tu vas te plaire ici ? Même si tu dois me supporter ?
Ils sortirent du cottage et empruntèrent le petit chemin menant vers les vignes. Daniel lui prit la
main et elle se laissa faire sans hésitation. Elle sentit avec plaisir sur sa peau le soleil déjà chaud,
tandis qu’ils marchaient sur les sentiers boueux, leurs doigts entrelacés.
C’était un contact innocent, qui ne ressemblait en rien aux caresses purement sexuelles auxquelles
il l’avait habituée. Elle s’interrogea sur la raison de ce changement. Quand ils s’étaient retrouvés au
café la veille au soir, il était rempli d’un désir difficilement contenu. Mais voilà qu’il s’était
transformé en un gentil garçon sage. Il était amusant et d’agréable compagnie, mais hormis les
quelques allusions sexuelles qu’il avait faites dans la voiture, rien dans son comportement ne lui
laissait penser qu’il voulait la séduire.
C’était comme s’il avait laissé son côté charmeur derrière lui à San Francisco. Sa bonne humeur la
mettait à l’aise, et elle avait l’impression de s’être enfin libérée de la tension qui l’habitait ces
derniers jours. Même ses problèmes avec Hannigan lui semblaient désormais loin.
Daniel l’aida à monter un bout de chemin pentu. Ils se retrouvèrent alors sur un petit plateau
recouvert d’herbe, en partie ombragé par quelques arbres. La vue à trois cent soixante degrés était à
couper le souffle. Ils étaient entourés de collines ondoyantes, d’arbres, de vignes, et d’un petit torrent
au loin. Sabrina eut l’impression de se retrouver au beau milieu d’une brochure de tourisme.
En regardant autour d’elle, elle remarqua une grande couverture étendue sous un arbre, avec un
— Waouh.
Il répartit sur la couverture le contenu du panier : du pain, des fromages, des olives, des morceaux
de viande froide, des condiments et bien sûr une bouteille de vin, élément indispensable à tout pique-
préparation de ce week-end et était touchée qu’il ait pris le temps d’organiser ce déjeuner pour eux.
Daniel servit deux verres de vin et lui en tendit un.
doucement ses lèvres sur les siennes, avant de s’écarter et de prendre une gorgée de vin. Cela n’avait
duré qu’une seconde. Sabrina s’empressa de boire à son tour pour ne pas laisser paraître le trouble
qu’avait fait naître en elle le simple fait de toucher ses lèvres. Quand il l’avait embrassée, elle avait
tout de suite eu envie de plus, d’un contact plus profond et pas seulement de ce léger baiser qui n’avait
— Avec certaines personnes il faut faire preuve de persuasion, répondit Daniel avec un sourire
l’avait pratiquement dévorée au lit était encore là. Il ne pouvait pas avoir disparu comme par magie.
— Pour ce week-end. J’ai comme l’impression que tu as un plan. Ce pique-nique n’est pas sorti de
nulle part. Quel autre tour as-tu dans ton sac ? Tu as l’intention de m’attendrir, n’est-ce pas ?
— Même si c’est le cas, crois-tu vraiment que je vais te révéler ce qui t’attend ? C’est bien toi qui
m’as dit qu’il ne fallait pas montrer ses cartes, non ? (Il préféra changer de sujet.) Tu veux du
fromage ?
jeu. Il avait effectivement un plan pour le week-end mais n’avait pas la moindre intention de lui dire
ce qu’il avait prévu pour la rendre follement amoureuse de lui et la faire revenir dans ses bras.
Avec l’aide de Tim, il avait réfléchi à toutes sortes d’idées et il comptait bien en mettre le plus
possible à exécution. Si elle n’était pas aussi éprise de lui qu’il l’était d’elle d’ici la fin du week-end, il
lui faudrait redoubler d’efforts la semaine suivante. Un échec n’était pas envisageable.
Tout en versant la fin de la bouteille dans le verre de Sabrina, il se fit la réflexion qu’elle tenait
bien l’alcool. Ils bavardèrent gaiement tout au long du repas, parlant de vin, de cuisine et de voyages.
Après avoir bu sa dernière gorgée de vin, Daniel s’étendit sur la couverture. Le manque de sommeil
Malgré le concours de Tim, l’organisation du week-end parfait avec Sabrina l’avait tenu éveillé
jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il avait à peine dormi deux heures, et le vin l’avait achevé. Son
corps ne pouvait plus résister davantage à la fatigue.
Le matin, il avait laissé un message à ses nouveaux avocats pour leur dire où ils pouvaient le
joindre en cas d’urgence absolue, tout en les prévenant qu’il ne souhaitait pas être dérangé. Il avait
même coupé son BlackBerry, ce qui ne lui était encore jamais arrivé.
— Ça t’ennuie si je ferme les yeux quelques instants ? lui demanda-t-il.
— Vas-y. On est bien ici. Je vais peut-être aussi faire un petit somme. Le vin m’a un peu endormie.
Avant de fermer les yeux, Daniel eut le temps de voir le sourire de Sabrina. Quelques secondes
plus tard, il la sentit s’allonger près de lui sur la couverture. Il s’assoupit rapidement, sous la caresse
d’une légère brise. Malgré le soleil de plomb, l’ombre de l’arbre leur offrait une fraîcheur relative.
Il fit un rêve semi-conscient, imaginant les bras de Sabrina autour de lui, sa tête reposant sur son
torse, l’apaisant avec sa respiration régulière. Il n’avait aucun mal à se voir avec elle, et pas
seulement au lit. Il pouvait se la représenter à ses côtés, faisant des choses que faisaient les couples,
mais aussi et surtout dans ses bras.
Quant il était sorti avec des femmes artificielles, comme les appelait Tim, il n’avait jamais été très
démonstratif. Cela lui arrivait de leur donner le bras pour les mener à une table de restaurant ou bien
les aider à sortir de voiture, mais il n’était pas du genre à leur tenir la main en public et encore moins
Tandis qu’avec Sabrina, il n’avait qu’une seule envie, c’était de montrer au monde entier qu’elle
était à lui et qu’il était le seul à pouvoir lui tenir la main et à l’embrasser. Pendant leur première
soirée ensemble, il s’était demandé pourquoi il lui avait laissé des suçons sur la peau. Il n’était plus un
adolescent, et jamais il n’avait agi de la sorte avec ses petites amies précédentes. Mais à présent qu’il
était conscient de ses sentiments pour Sabrina, il savait qu’il avait inconsciemment voulu la marquer.
Lorsque Daniel sortit de son sommeil, il sentit que sa poitrine était lourde et que quelque chose
était pressé contre ses cuisses. En ouvrant les yeux, il comprit avec surprise d’où venait ce poids, et
un sourire se dessina sur ses lèvres.
Sabrina s’était blottie contre lui et dormait profondément, sa tête reposant sur son épaule. Elle
avait étendu le bras sur son torse et placé une de ses jambes sur ses cuisses. La simple vue de son
corps paisible sur lui et la sensation de sa jambe nue sur sa peau suffirent à enflammer ses sens.
Soudain, l’ombre de l’arbre et la brise légère ne suffirent plus à faire baisser la température de
son corps.
Il était dans le pétrin. Comment avait-il pu croire qu’il serait capable de passer la nuit dans le
même lit qu’elle sans la toucher ? Elle était habillée, et pourtant il avait déjà du mal à se retenir de
l’attirer plus près de lui et de passer la main sous son short pour caresser ses fesses douces. Ce soir
brillante idée. Tim avait émis des doutes dès le départ sur sa capacité à résister et lui avait conseillé de
dire la vérité à Sabrina une fois qu’ils auraient quitté San Francisco. Un-zéro pour Tim.
~ ~ ~
En voyant Holly entrer dans le café, Tim lui fit signe pour attirer son attention. Elle l’aperçut tout
de suite et se fraya un chemin à travers les tables occupées, avant de se laisser tomber à côté de lui sur
— Ma cocotte, tu ne peux pas imaginer la soirée que j’ai passée, se plaignit théâtralement Tim.
— Remets-toi, mon chou. Ce n’est pas toi qui as dû consoler Sabrina. C’était une vraie fontaine.
travail. Sérieusement.
— Désolée, ma chérie, je ne peux pas changer qui je suis. Mais si je le pouvais, je n’hésiterais pas
une seconde à le faire pour toi.
Il l’interrompit.
— J’ai déjà commandé. J’ai une longueur d’avance sur toi on dirait.
— Tu vas comprendre. Je l’ai convaincu de faire les choses bien. (Tim lui fit un clin d’œil en
souriant.) Je lui ai fait prendre un cours intensif de massage sensuel.
— Pardon ?! s’exclama Holly qui faillit s’étouffer avec son latte.
Daniel. Fais-moi confiance, Sabrina nous remerciera plus tard. Il apprend vite. Et il est motivé.
Holly secoua la tête.
— Si j’en crois tout ce que tu m’as raconté sur Sabrina ces dernières années, ils sont parfaits l’un
pour l’autre.
— Je ne suis pas sûre que c’était vraiment une bonne idée. Elle va souffrir. On n’aurait jamais dû
faire ça. Qu’est-ce qui nous a pris ?
— Tu es sûr ?
Il lui lança un regard offensé.
— Non, c’est moi qui le lui ai dit. Il avait besoin d’un petit électrochoc. Mais il a accepté l’idée, je
l’ai vu dans ses yeux. Ça l’a un peu ébranlé mais il va s’en remettre. (Il sourit avec assurance.) Je suis
sûr que tout s’arrangera une fois qu’il lui aura révélé la vérité.
— Ne t’inquiète pas, il s’en sortira. On a fait notre travail. Et un excellent travail. Tu ne crois pas ?
— Rien n’est encore sûr. À propos, très bon timing pour le message sur mon répondeur. Sabrina a
bien cru qu’il s’agissait de Misty et ne s’est doutée de rien. Qui était la fille ?
— Une serveuse que je connais. Je lui ai dit de faire comme si elle récitait un monologue pour une
audition.
— Je regrette qu’on n’ait pas fait les choses autrement. Sabrina va être tellement furieuse quand
elle va le découvrir, dit Holly en se mordant la lèvre inférieure.
— Hé, je n’y suis pour rien. Je voulais leur organiser un rendez-vous arrangé mais il n’a pas
voulu. Je ne pouvais pas laisser cette opportunité me filer entre les doigts. Qui sait quand la prochaine
se serait présentée ? C’était le moment idéal. Crois-moi, même si je n’ai jamais rencontré son ex-
petite amie, je connais le type. Aucune des femmes avec qui il est sorti ne lui convenait. Je l’aime
comme un frère. Je n’ai pas envie de le voir terminer avec une fille superficielle uniquement
intéressée par son argent. Il a besoin d’une vraie femme, avec des vrais sentiments.
— Et bien, c’est sa chance. Elle a vraiment des sentiments pour lui. J’espère juste que ton ami en
est digne et qu’il n’est pas là pour jouer avec elle.
— Oh, il va jouer, mais pour la conquérir. Quand il se met quelque chose en tête, il ne baisse pas
les bras tant qu’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait. Et je t’assure qu’il la veut. Il la voulait même quand
il pensait que c’était une escort, même s’il avait dû annoncer à ses parents qu’il était amoureux d’une
prostituée. Au fond de lui, il se moque bien des conventions. Mais pour l’amour de sa mamma, il se
— Quoi ? Et perdre ma meilleure amie ? Est-ce que tu as oublié que je pense beaucoup à moi ? Tu
ne me connais donc pas du tout ? Et puis de toute façon, tu n’es pas son type.
Elle soupira.
— C’est ce qu’il a dit quand je l’ai vu. Bon sang, il est encore plus beau en vrai que sur les photos
— Je le sais bien. Et ne t’inquiète pas, je vais te trouver quelqu’un d’autre. Mais pas tout de suite. Je
ne suis pas encore tout à fait prêt à te laisser partir. Sans toi, qui d’autre est-ce que je vais pouvoir
— Sale égoïste.
16
Daniel avait besoin d’une douche froide, et vite. Ils étaient revenus au cottage, et quand il avait
suivi Sabrina à l’intérieur, le simple fait de regarder ses jambes nues dépassant de son short lui avait
— Tu m’excuses quelques minutes s’il te plaît ? parvint-il à articuler avant de se précipiter dans la
salle de bains.
Il ferma la porte derrière lui, se déshabilla rapidement et sauta dans la douche. Elle devait penser
qu’il était fou, mais c’était soit cela, soit il la plaquait au sol et lui arrachait ses vêtements.
Quand elle s’était réveillée dans ses bras après le pique-nique, elle avait eu l’air gêné. Il n’avait
rien dit et n’avait pas fait de sous-entendus sexuels. Mais il n’avait pas pour autant oublié la sensation
de son corps contre le sien. Cela lui avait rappelé toutes les choses qu’ils avaient faites au lit et en
dehors pendant les deux premières soirées qu’ils avaient passées ensemble.
L’eau froide ruissela sur son corps brûlant mais ne fit rien pour apaiser son érection palpitante.
Comme un soldat au garde-à-vous, elle se tenait là, droite, dure, inflexible. D’où venait la rumeur
selon laquelle une douche froide permettait de se débarrasser d’une érection ? Ce n’était
Ce qui était sûr, c’était que cela ne fonctionnait pas chez lui. Ce n’était vraiment pas de chance. Il ne
pouvait pas sortir de la salle de bains et faire face à Sabrina dans cet état. Il y avait entre ses jambes
comme un fusil chargé dépourvu de cran de sûreté qui risquait de tirer à tout moment. Il ne
en train de le toucher. Sa bouche. Sa langue. Il serra sa main sur son membre en faisant des va-et-
vient, d’abord doucement, puis plus vite, plus fort, jusqu’à ce que sa respiration devienne haletante.
s’unir à celui de Sabrina. Mais il fallait qu’il se maîtrise. Après ce que Holly lui avait raconté sur elle,
il avait compris qu’il ne fallait pas la brusquer. Lui sauter dessus n’était pas la meilleure manière de
procéder. Pas pour le moment du moins.
Quand il retourna dans la chambre après s’être séché et rhabillé, il chercha Sabrina des yeux et la
trouva sur la terrasse. Elle avait découvert la prochaine surprise qu’il avait lui avait réservée.
Le personnel de l’hôtel s’était procuré une table de massage professionnel et l’avait installée
dehors. Sabrina posa sur Daniel ses yeux verts avec un air interrogateur.
Il était sûr qu’elle avait déjà vu une table de massage, mais ce n’était pas la question qu’elle lui
posait.
C’était plutôt un cours accéléré, la veille au soir. Il lui tendit le peignoir posé sur la table de
massage.
~ ~ ~
Sabrina hésitait à faire ce qu’il lui demandait. L’idée d’un massage relaxant lui plaisait, mais elle
appréhendait sa réaction au contact de ses mains sur sa peau nue. Elle se demanda s’il était prudent de
s’exposer à la tentation ainsi, même si Daniel s’était jusqu’à présent comporté comme un parfait
gentleman depuis leur départ de San Francisco.
Même quand elle s’était réveillée tout contre lui après le déjeuner, il n’avait pas profité de la
situation. C’était elle qui s’était blottie contre lui et pas l’inverse. Juste avant de s’endormir, elle avait
ressenti le besoin irrépressible d’être près de lui. Elle se trouvait déjà dans un demi-sommeil et s’était
instinctivement serrée contre lui, épousant les formes de son corps avec le sien.
À son réveil, il avait déposé un léger baiser sur sa tête avant qu’elle s’écarte mais n’avait pas
essayé de la toucher davantage. Quand il avait négocié avec elle le droit de l’embrasser, elle avait cru
qu’il faisait référence aux baisers torrides et fougueux qu’ils avaient échangés pendant leurs deux
premières soirées de passion, et non aux petits baisers chastes qu’il lui avait donnés aujourd’hui.
— Je reviens, annonça Sabrina en s’emparant du peignoir, avant de disparaître à l’intérieur.
Elle fut de retour moins de deux minutes plus tard, nue sous le peignoir.
Elle se demandait si les baisers de Daniel resteraient aussi innocents une fois qu’il l’aurait massée,
avant de se réprimander intérieurement. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle devrait se réjouir qu’il garde
sa langue pour lui. Sa langue. En imaginant sa langue caressant sa peau…
Non ! Elle s’efforça de chasser ces pensées de son esprit. Il ne fallait pas qu’elle oublie qu’il
l’avait plus ou moins fait chanter pour qu’elle vienne avec lui ce week-end. Elle n’était pas assez folle
pour se laisser séduire de nouveau. Elle devait penser à elle et au fait que dans quelques jours il
partirait, et qu’elle serait triste parce qu’elle était tombée amoureuse d’un homme qui ne la
À l’instant même où elle sentit ses mains puissantes commencer à lui masser le dos avec de longs
mouvements des épaules à la taille, elle comprit qu’elle n’avait pas l’ombre d’une chance de lui
résister s’il essayait de la séduire. Mais il était trop tard pour reculer. Elle était entre ses mains, ses
Un gémissement lui échappa alors que Daniel continuait à faire glisser ses mains en rythme le
long de son dos. Elle serra la mâchoire pour éviter d’exprimer son plaisir de façon audible. Elle
voulait à tout prix éviter de lui faire savoir qu’elle était complètement impuissante entre ses mains.
— Pourquoi fais-tu ça ?
À lui seul, le son de sa voix lui faisait perdre tous ses moyens. Mêlé aux mouvements de ses mains
à la fois fermes et délicats, c’était un cocktail destructeur pour son cœur déjà torturé.
Même si elle n’était pas une escort, il l’avait engagée en pensant qu’elle en était une. Dans le fond,
c’était comme si elle l’était.
Sabrina l’entendit retenir sa respiration. Il y eut quelques secondes de silence, pendant lesquelles il
continua à passer ses mains le long de sa colonne vertébrale, exerçant juste assez de pression avec ses
Daniel disait exactement ce qu’il fallait. Si elle l’avait rencontré dans d’autres circonstances, il
serait l’homme parfait. C’était quelqu’un de gentil et attentionné, de passionné et expérimenté, de fort
et impétueux. Mais ils ne s’étaient pas rencontrés au bon moment. Il avait fait appel à une escort parce
qu’il avait rompu avec sa petite amie. Il venait de connaître un échec amoureux, et il était évident qu’il
ne voulait pas se lancer dans une autre relation. Sinon pourquoi aurait-il engagé une escort ? C’était
Sabrina ne fit pas de commentaire et se concentra sur ses mains. Chaque fois qu’il arrivait au
niveau de sa taille, il caressait doucement le haut de ses fesses du bout de ses doigts. Et chaque fois,
elle ne pouvait s’empêcher de souhaiter qu’il descende plus bas.
Comme si Daniel pouvait lire dans ses pensées, il finit par laisser son dos et par glisser ses mains
sous la serviette pour masser ses deux dunes de chair. Un gémissement guttural s’échappa
immédiatement des lèvres de Sabrina. Les caresses de Daniel n’avaient plus rien à voir avec ses
mouvements de massage sur son dos et ses épaules.
Elle avait l’impression qu’il allumait avec ses doigts des traînées de feu sur ses fesses et ses
cuisses, dans un sens puis dans l’autre.
Sabrina sentit une vague de chaleur partir de son ventre puis se concentrer entre ses cuisses. Elle
n’en revenait pas de la façon dont Daniel était capable de l’exciter. Elle dut se faire violence pour
pensée et se raidit, essayant de se contrôler pour ne pas lui demander dans un cri de la prendre.
— Je suis désolé, dit soudain Daniel en éloignant ses mains.
Une bouffée de déception envahit Sabrina. Daniel remit la serviette sur son dos et ses épaules puis
découvrit une de ses jambes. La légère brise de fin d’après-midi rafraîchit sa jambe brûlante, mais
À chaque passage de ses mains sur sa jambe, Sabrina sentait sa peau devenir plus chaude.
Lorsqu’il fit glisser ses mains de l’arrière de son genou jusqu’au haut de sa cuisse, elle retint sa
respiration. Allait-il remarquer à quel point elle était excitée avec sa main située à l’intérieur de sa
cuisse ? Glisserait-il ses doigts assez haut pour sentir sa chair humide, ou même les enfoncer en elle ?
À sa grande contrariété, Daniel s’arrêta bien trop tôt et fit redescendre ses mains. Elles étaient
comme des fers sur sa peau, brûlantes mais pleines de douceur. Son corps était tendu mais elle sentait
concentrait sur ses mains et oubliait tout le reste, plus elle sentait ses muscles se détendre.
Elle réfléchirait à ses problèmes plus tard. Pour le moment, elle souhaitait juste s’abandonner à la
chaleur des mains de Daniel et à la tendresse de ses caresses, sans s’attarder sur ce que cela voulait
dire.
— Je t’en prie. (Il affichait une expression presque torturée, et finit par détourner les yeux.) Tu
Sur ces mots, il rentra à l’intérieur. Une minute plus tard, elle entendit le bruit de la douche. Elle
fronça les sourcils. Il avait déjà pris une douche une heure plus tôt. Même si la journée avait été très
chaude, le soleil de fin d’après-midi était supportable et de plus, la terrasse était à l’ombre.
Sabrina tourna la tête vers la vallée et les vignobles. La vue était magnifique, et elle songeait que si
les circonstances avaient été différentes, la vie aurait été parfaite. Elle lâcha un soupir.
17
Sa deuxième douche froide de la journée ne fut pas plus efficace que la première. C’était un
imbécile. Il n’aurait jamais dû se laisser convaincre par la vraie Holly de poursuivre cette mascarade.
Il aurait mieux fait de suivre son instinct et de dire la vérité à Sabrina tout de suite après avoir quitté
l’amour à Sabrina, mais d’un autre côté, il lui avait promis de lui laisser prendre l’initiative si elle en
avait envie. S’il avait d’autres bonnes idées comme celle-ci, la situation n’allait pas s’améliorer.
Qu’est-ce qui lui avait fait croire que Sabrina viendrait à lui s’il ne lui faisait pas d’avances
pendant une journée ? Le massage l’avait mis dans un état d’excitation extrême, et pourtant c’était lui
qui l’avait prodigué. Elle y avait bien sûr pris plaisir, mais il n’avait décelé aucune réaction de sa part
pouvant lui laisser penser qu’elle souhaitait être touchée d’une façon plus intime.
Quand il avait caressé ses fesses belles à croquer, elle s’était raidie et il avait dû retirer ses mains
pour ne pas gâcher le moment. Elle ne s’était pas complètement laissée aller pendant le massage. En
lui rappelant qu’elle était une escort, elle lui avait fait implicitement comprendre qu’elle ne voulait
pas d’une relation différente avec lui. Elle l’avait remis à sa place.
Ce fut cette pensée qui fit finalement disparaître son érection, et non l’eau froide de la douche. Elle
ne voulait pas de lui. Comme le lui avait dit Holly, Sabrina n’avait pas eu de relations sexuelles ou
amoureuses pendant trois ans. Et si elle n’avait aimé coucher avec lui que parce que cela faisait une
éternité qu’elle ne l’avait pas fait, mais que cela lui suffisait ?
Daniel se sentait déprimé en sortant de la douche. Il se sécha et noua sa serviette sur ses hanches
avant d’entrer dans la chambre. Encore perdu dans ses pensées, il laissa tomber sa serviette, sortit des
vêtements propres et s’habilla lentement.
Quand il se retourna, il vit que Sabrina était debout dans l’encadrement de la porte donnant sur le
salon. Ses joues étaient légèrement rouges. Depuis combien de temps se tenait-elle là ? Cela n’avait
pas d’importance. Il n’était pas pudique, et elle l’avait déjà vu nu. Mais à en croire ses joues colorées,
il l’avait embarrassée.
— Je devrais aussi prendre une douche, dit-elle en se dirigeant vers la salle de bains.
Elle le frôla en passant et évita son regard.
— J’ai fait une réservation pour le dîner à dix-neuf heures. Prends ton temps.
Daniel regarda sa montre. Il aurait bien besoin d’un verre, mais il devait conduire pour aller au
restaurant et avait envie de boire un peu de vin pendant le dîner. Il devrait donc s’en passer pour le
moment.
Il se laissa tomber sur le canapé du salon et alluma la télévision pour se distraire et éviter de
penser à Sabrina nue sous la douche, l’eau perlant sur sa peau parfaite. Le cottage était-il équipé de
l’air conditionné ? Visiblement non, songea-t-il après avoir parcouru la pièce des yeux.
Pourquoi avait-il aussi chaud ? Avait-il trop pris de soleil dans la journée ? Il secoua la tête. Cela
s’expliquait sans doute plutôt par son attirance irrésistible pour Sabrina. Et c’était apparemment une
maladie incurable.
Daniel regarda les nouvelles mais il avait du mal à se concentrer sur ce que disait le présentateur.
Du coin de l’œil, il vit quelque chose bouger et tourna la tête. Sabrina avait déjà terminé sa douche, et
par la porte de la chambre, il constata qu’elle était sortie de la salle de bains en serviette.
Avait-elle remarqué que la porte était ouverte ? Quelques secondes plus tard, la respiration de
Daniel se fit haletante. Sabrina avait retiré sa serviette et cherchait des vêtements dans son sac de
voyage. Elle ne se rendait donc pas compte qu’il pouvait la voir de là où il était assis ? Elle le rendait
fou. Littéralement.
Au lieu d’agir comme un gentleman et de détourner le regard, il laissa ses yeux glisser sur son
corps dévêtu et l’observa pendant qu’elle s’habillait. Elle enfila d’abord un petit slip noir puis mit une
robe d’été légère qui ressemblait à celle qu’elle avait le soir où ils étaient allés au cours de cuisine.
Instinctivement, il porta la main à son entrejambe et sentit la bosse familière qui ne le quittait presque
Lorsqu’elle se baissa pour attacher ses sandales à talon haut, il admira ses jambes magnifiquement
galbées et s’imagina en train de la jeter sur la commode, d’arracher son slip et de s’enfoncer en elle.
Daniel se leva d’un bond du canapé et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit brusquement la porte du
congélateur et y plongea sa tête. L’air froid lui fit mal mais il en avait besoin. Lentement, sa
sortant.
— Aïe ! (Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui raconter ?) Rien. Je vérifiais juste s’il y avait des
glaçons.
Elle haussa les sourcils mais ne dit rien. Elle était éblouissante. Sa peau était rayonnante après leur
après-midi en plein air, et grâce à l’huile de massage dont il l’avait enduite, elle embaumait encore la
lavande.
Sabrina ne portait pratiquement pas de maquillage. Non qu’elle en avait besoin : son visage était
sans défaut, et ses cils si naturellement épais qu’un mascara n’aurait rien ajouté à ses yeux expressifs.
— Tu as fait vite.
Ses anciennes petites amies ne mettaient jamais moins d’une heure à se préparer, encore moins une
quinzaine de minutes.
— Viens, on n’a qu’à aller en ville maintenant pour faire un tour avant le dîner.
Il était prêt à tout pour sortir de la petite maison et échapper à la tentation de la déshabiller.
La petite ville de Healdsburg était située entre Alexander Valley, Chalk Hill et Dry Creek Valley.
Daniel ne fut pas déçu par le restaurant que Tim lui avait recommandé, et à en juger par l’appétit de
Sabrina, elle non plus. Quand il l’avait massée, il avait remarqué qu’elle avait des courbes plus
pulpeuses que ses ex-petites amies, qui se nourrissaient essentiellement de petites salades et de
Il aimait sentir la rondeur de ses hanches et de sa poitrine, et cela lui rappela qu’il n’avait pas
touché ses seins depuis bien trop longtemps. Des symptômes de manque sévères se firent sentir sous
la forme de crampes désagréables dans son bas-ventre.
Pendant le dîner, leur conversation tourna essentiellement autour du wine country. Daniel évita tout
ce qui pouvait être interprété de façon sexuelle, et Sabrina parut en faire de même. Sur le trajet de
retour vers le cottage, ils restèrent tous les deux silencieux. Il savait à quoi elle pensait parce qu’il
pensait à la même chose : ce soir, ils allaient dormir dans le même lit.
18
Sabrina avait senti la tension entre eux pendant toute la soirée. Un silence embarrassant avait régné
dans la voiture au retour. Dès leur arrivée au cottage, Daniel avait allumé la télévision et s’était
Elle prit son temps dans la salle de bains mais elle ne pouvait pas y rester indéfiniment. Elle finit
par en sortir, vêtue d’une simple chemise de nuit courte en coton. La chambre était toujours vide. Elle
pas se voiler la face. Elle le voulait, et n’avait plus envie de se priver de lui. Tant pis pour les
conséquences. À l’heure qu’il était, Holly avait sans doute rempli leur congélateur de suffisamment
de pots de glace pour lui permettre de tenir le coup après le départ de Daniel.
Le son de la télévision cessa et quelques secondes plus tard, Daniel entra dans la chambre et
referma la porte derrière lui. Il se dirigea droit vers la salle de bains. Sabrina secoua la tête en
entendant de nouveau la douche couler. Il allait falloir que cela s’arrête. Et elle allait s’en assurer.
Daniel n’aurait pas eu l’air de souffrir davantage si on venait de lui arracher les dents. Et elle
connaissait la raison. Elle n’était pas juste avec lui. Il avait payé pour passer du temps avec elle et
s’amuser, et elle gâchait son plaisir. Et son propre plaisir par la même occasion.
La porte de la salle de bains s’ouvrit et il en sortit, portant uniquement un caleçon. Sabrina sentit le
rythme de son cœur s’accélérer à chaque pas qu’il faisait vers le lit. Elle espérait trouver la force de
l’éteignit.
— Bonne nuit, Holly.
Il n’essaya pas de s’approcher d’elle ni même de l’embrasser pour lui souhaiter bonne nuit. Le
cœur de Sabrina battait la chamade, mais elle ne pouvait plus reculer.
— Ces douches froides sont efficaces pour toi ?
Elle le sentit tressaillir, et quelques secondes plus tard, il ralluma la lumière. Il s’assit sur le lit et
se tourna vers elle avec une expression de colère. Elle n’avait visiblement pas choisi la bonne
approche.
— Je crois que je ferais mieux d’aller dormir sur le canapé.
Sans lui laisser le temps de sortir du lit, Sabrina lui prit le bras.
— Non.
Il ne dit rien mais la regarda d’un air surpris.
— Tu as promis qu’on dormirait dans le même lit, et tu as promis que tu m’embrasserais. Est-ce
— Bon sang, Daniel, tu ne m’as pas embrassée de toute la journée, et tu fais la tête comme un
enfant à qui on a volé sa sucette. Mais pourquoi ne prends-tu pas ce que tu veux ? Tu as bien payé le
prix pour cela.
Elle sentait la colère bouillonner en elle. Comment un homme pouvait-il être aussi têtu ?
avec moi alors qu’elle n’en a visiblement pas envie. Tu me l’as bien fait comprendre aujourd’hui. Je
n’aurais jamais dû te convaincre de venir avec moi ce week-end.
— Quoi ?
Elle pensait pourtant avoir émis suffisamment de signaux. Avait-il complètement oublié le
massage et les frissons qu’elle avait ressentis à son contact ?
— Daniel, s’il te plaît. (Sabrina le regarda droit dans les yeux mais il ne parut pas comprendre.
Elle lui prit la main et la déplaça lentement sur son sein.) Fais-moi l’amour.
— Parce que j’ai payé pour ça ?
Elle secoua la tête.
— Parce que j’ai envie de toi. Parce que j’ai besoin de te sentir en moi.
Daniel approcha alors son autre main du visage de Sabrina et la posa sur sa joue. Il la dévisagea
avec intensité, comme s’il voulait s’assurer qu’elle était sincère.
— Tu es sûre ?
— Embrasse-moi, et tu le sauras.
Dès l’instant où leurs lèvres se joignirent, le cœur de Sabrina s’emballa et elle eut l’impression
qu’elle allait s’évanouir. Mais la bouche de Daniel la maintenait consciente. L’alchimie entre eux était
indéniable. Son baiser libéra toute la tension qui s’était accumulée en elle pendant la journée. Sans
hésitation, elle l’embrassa en retour, l’invitant à jouer avec sa langue et à envahir sa bouche.
Elle s’agrippa à lui avec un désespoir qu’elle n’avait jamais connu, jusqu’à ce que soudain elle le
sente s’écarter d’elle. Elle le regarda avec étonnement. Lui avait-elle fait peur en se comportant
ainsi ?
Il lui attrapa les poignets avant qu’elle puisse l’attirer de nouveau à elle.
— Bébé, j’ai besoin que tu comprennes quelque chose.
Mais elle ne voulait rien savoir. Elle ne voulait pas affronter la réalité, en tout cas pas celle de leur
situation.
— Regarde-moi, insista-t-il. Si on fait ça ce soir, si on fait l’amour, tu es à moi. Il ne sera pas
— Oui.
— Tu m’as tellement manqué ! s’exclama alors Daniel en s’empressant de la reprendre dans ses
bras.
— Il faut que je te prévienne, ces douches froides n’ont pas du tout atténué mon désir pour toi.
— Je ne sais pas pourquoi tu t’es donné cette peine, répondit Sabrina en riant. Tu as failli me faire
— J’ai bien une ou deux idées en tête… ou trois… ou quatre, dit-elle avec un sourire en coin.
~ ~ ~
Daniel éclata de rire et la serra contre lui avec force, son rire se propageant dans son corps.
Soudain, tout lui paraissait de nouveau parfait. Sabrina était venue à lui et avait reconnu qu’elle le
désirait. Il lui avait dit qu’il la voulait pour de bon et elle l’avait accepté. Ils discuteraient des détails
de leurs vies plus tard. Pour le moment, il n’avait qu’une envie : lui faire l’amour. Il avait déjà attendu
Entièrement nue.
Il s’empara fiévreusement de sa bouche, avec un désir inégalé. Le fait de savoir qu’il aimait la
femme qu’il tenait dans ses bras donnait à chaque caresse et à chaque baiser une saveur particulière,
bien meilleure. Il ne lui avait pas encore déclaré son amour, elle pouvait certainement le sentir.
mais elle avait déjà fait un grand pas en avant en reconnaissant qu’elle était sienne.
Le seul petit obstacle qu’il lui faudrait encore franchir était de lui avouer qu’il savait qui elle était
vraiment. Mais il lui dirait plus tard. Après vingt-quatre heures passées à faire l’amour, elle serait
prête à avoir cette conversation parce qu’elle se rendrait compte à quel point il l’aimait. Il s’en
assurerait.
Daniel ôta la chemise de nuit de Sabrina et se débarrassa de son caleçon pour pouvoir enfin la
sentir comme il en avait eu envie pendant toute la journée : peau nue contre peau nue, lèvres soudées
et jambes entrelacées. Il descendit sa main sur les courbes douces de ses fesses et l’attira plus près de
lui. Elle lui appartenait. Avec un soupir, elle se laissa faire.
— Bébé, je n’ai jamais été aussi heureux, lui murmura-t-il à l’oreille avant de faire glisser ses
Elle parcourut avidement son torse avec ses mains puis, sans même lui laisser le temps de
s’abandonner à ses caresses, elle descendit plus bas. Un instant plus tard, elle prit son érection dans sa
main. Un grognement provenant du plus profond de son être s’échappa des lèvres de Daniel
D’un seul geste, cette femme était capable de lui faire perdre tous ses moyens. Et elle était à lui. Le
caresser sa colonne vertébrale, jusqu’à atteindre la courbe dans le bas de son dos.
davantage et lui fasse de la place, et il mit ses mains sur ses hanches. Elle s’exécuta avec un
gémissement de plaisir.
Daniel sentit son excitation monter et son sexe se gonfler et durcir encore. C’était exactement le
Doucement, il massa ses deux dunes de chair avec des mouvements circulaires, passant de ses
hanches à l’intérieur et au haut de ses cuisses. Sabrina souleva ses fesses vers les mains de Daniel
comme pour en demander davantage, et il vit l’entrée de son intimité rose, charnue et luisante.
Glissant sa main entre ses cuisses, il toucha ses lèvres humides et chaudes et fut immédiatement
Caressant l’extérieur de ses lèvres avec ses doigts, il baissa la tête pour couvrir ses fesses de
baisers et en lécher chaque centimètre. À en juger par la respiration saccadée de Sabrina, elle était
bien partie pour atteindre l’extase. Il se mit alors à la mordiller et à la suçoter délicatement.
Lorsqu’il la sentit plaquer ses fesses contre sa main, il capitula et glissa son doigt dans sa fente
étroite.
— Oh, Daniel ! lâcha-t-elle d’une voix rauque et tremblante.
Continuant à la torturer doucement, il enfouit un autre doigt en elle et fit des va-et-vient dans son
sexe humide. Sabrina se cambra sous ses caresses, comme pour lui demander de bouger plus vite et
plus fort.
— S’il te plaît, le supplia-t-elle. Prends-moi, maintenant.
Il était plus que prêt à entrer en elle. Mais où étaient ces fichus préservatifs ?
— Attends, le préservatif.
— Table de nuit, tiroir, mon côté, parvint à articuler Sabrina d’une voix entrecoupée.
Sans retirer ses doigts, Daniel se redressa et tendit la main vers la table de chevet, s’efforçant avec
difficulté d’ouvrir le tiroir pour en sortir ce dont il avait besoin. Il ouvrit ensuite l’emballage avec ses
dents.
— Désolé, bébé.
Il avait besoin de ses deux mains pour mettre le préservatif. Cela ne lui prit que quelques secondes,
Il s’enfouit en elle dans un lent mouvement continu et fluide, en savourant chaque instant. Il se
retira et s’enfonça de nouveau, mais c’en était déjà trop pour elle. Les muscles de Sabrina se
contractèrent autour de sa virilité tandis que son orgasme se propageait en elle. Incapable de se
Daniel ressentit une extase qu’il n’avait encore jamais connue, comme s’il planait après s’être
drogué. Ce n’était pas une simple satisfaction sexuelle. Il était en communion physique avec la femme
qu’il aimait. Conscient des sommets qu’ils pouvaient atteindre ensemble, il comprit qu’il avait trouvé
ce qu’il avait cherché pendant toute sa vie sans le savoir. Sa moitié, son âme sœur.
Ils se laissèrent tomber sur le lit et il se retourna pour se blottir contre Sabrina. Incapable d’arrêter
de lui témoigner son affection, il inonda sa nuque de baisers. Avec sa main, il dégagea doucement les
cheveux qui couvraient son visage afin de pouvoir l’admirer. Elle se tourna pour lui faire face.
Ses yeux verts semblaient plus sombres qu’avant, et elle avait l’expression d’une femme
pleinement satisfaite. Cela n’empêcherait cependant pas Daniel de lui refaire l’amour très rapidement.
Si cela ne tenait qu’à lui, ils ne fermeraient pas l’œil de la nuit.
~ ~ ~
Jamais un homme n’avait réussi à la satisfaire de cette façon. Il ne servait à rien de se mentir,
Sabrina était consciente qu’elle ne pourrait pas reprendre le cours normal de sa vie une fois que la
semaine avec Daniel se serait écoulée.
Lorsqu’il s’écarta de ses lèvres, Sabrina plongea son regard dans ses yeux bruns et y vit un océan
de tendresse. Elle savait que Daniel était un homme passionné, et peut-être qu’il était ainsi dans tout ce
qu’il entreprenait, se donnant à cent pour cent. Mais cela ne voulait pas dire qu’il en resterait quelque
Elle se rappelait la froideur avec laquelle il avait regardé son ex-petite amie, et ne voulait à aucun
prix se retrouver à sa place. Une fois qu’il en avait fini avec quelqu’un, sa passion se transformait en
glace, et Sabrina ne détestait rien de plus que le froid. Il lui faudrait mettre fin à cette histoire avant
Mais pour le moment, rien ne laissait présager cette tempête glaciale. Bien au contraire, Daniel
était plus brûlant que jamais. Déjà, il parcourait de nouveau fiévreusement son corps avec ses mains,
bientôt rejointes par ses lèvres et sa langue qui laissèrent une trace incandescente sur sa peau.
Il fallait qu’elle s’imprègne de lui au maximum, qu’elle prenne tout ce qu’il était prêt à lui donner.
Elle sentait son désir plus fort que jamais. Il était capable d’éveiller des émotions tellement brutes en
elle qu’elle en était effrayée. Cependant elle n’avait plus peur de lui demander ce qu’elle voulait. Dans
une semaine tout serait terminé, mais en attendant elle lui dirait de lui faire l’amour encore et encore.
— J’ai envie de te sentir à l’intérieur de moi.
Était-ce une lueur de fierté qui était apparue dans le regard de Daniel ? Mais cela n’avait pas
d’importance, la seule chose qui comptait était que Daniel réagissait comme elle le voulait.
— Il n’y a nulle part où j’ai plus envie d’être.
Cette fois, ils firent l’amour doucement, en prenant leur temps. Il était aussi dur et large qu’avant,
mais elle le sentait davantage alors qu’il s’enfonçait profondément en elle puis se retirait lentement,
avant de recommencer. Il ne la quittait pas des yeux, comme s’il avait besoin de lire dans son regard
ce qu’elle ressentait quand il s’enfouissait en elle.
À chacun de ses va-et-vient, elle laissait échapper de légers soupirs. Elle avait l’impression que
son corps était en feu, un feu qui se propageait de son bas-ventre vers toutes les cellules de son corps.
Daniel lui murmura des mots en italien, et même si elle ne le parlait pas elle comprit à son ton
qu’il s’agissait de paroles d’affection, ce qui la réchauffa d’autant plus. Elle se sentit encore plus
proche de lui à l’idée qu’il utilisait avec elle la langue que sa mère lui avait apprise et qu’il associait à
sa famille et à l’amour.
Il n’y avait rien d’autre à faire que de s’abandonner à ses caresses, de se laisser transporter dans
des hauteurs qu’elle n’avait encore jamais approchées avant ce jour, et de sentir son corps flotter,
aussi léger qu’un nuage. Comme si elle était en plein cœur d’une tempête, elle sentait les vagues
s’écraser en elle puis monter avec la violence d’un ouragan, et pourtant elle n’éprouvait aucune
crainte, seulement de l’impatience lorsqu’elles atteignirent leur paroxysme et balayèrent son corps
Sabrina le sentit exploser avec elle et vit dans son regard l’instant où il atteignit son orgasme, qui
semblait aussi puissant que le sien. C’était plus qu’elle n’en pouvait supporter. Ses yeux se remplirent
par des baisers. Jamais elle n’avait connu un sentiment de vulnérabilité, mais aussi de sécurité, si fort.
Si elle pouvait conserver ce moment et le prendre avec elle quand il partirait, elle savait qu’elle
— C’est dommage qu’on soit obligés de rentrer à San Francisco demain, regretta-t-elle.
Daniel lui prit le menton et leva son visage vers elle.
— Tu voudrais qu’on reste plus longtemps ?
— J’aimerais tellement, mais je sais que tu dois rentrer en ville pour tes affaires.
— Je peux tout faire d’ici. Je dirai au gérant de l’hôtel demain matin qu’on prolonge notre séjour.
Sabrina l’embrassa avec force. Elle allait devoir appeler le cabinet pour dire qu’elle était malade,
mais elle s’en moquait bien. Tout le monde était occupé avec le nouveau client et personne ne lui
prêtait attention, à l’exception de la personne de laquelle elle ne voulait pas être remarquée :
Hannigan. Quelques jours loin du travail lui feraient le plus grand bien, et elle avait envie de passer
autant de temps que possible avec Daniel.
— J’adore cet endroit aussi, dit-il en laissant glisser son doigt sur son triangle bouclé avec un air
Penchant la tête en avant, il prit son téton dans sa bouche et le suça doucement.
Elle ne put s’empêcher de rire, et il se joignit à elle. Il pouvait être aussi joueur que sensuel, aussi
au lit et encore moins à passer la matinée avec une femme le lendemain. Mais avec elle, c’était
différent.
Il avait mieux dormi que jamais dans ses bras, et bien qu’il ait complètement assouvi son désir
après leurs ébats passionnés, il avait de nouveau la même envie d’elle que la veille. Il était tenté de la
réveiller mais se retint, et se contenta de contempler son visage paisible et sa poitrine qui se soulevait
Se souvenant alors de tout ce qu’ils avaient fait pendant la nuit, il songea qu’elle avait non
seulement besoin de repos, mais aussi de reprendre des forces. Il jeta un coup d’œil à l’horloge. Il
était dix heures passées et elle ne tarderait pas à se réveiller avec le ventre qui gargouillait. Le moins
qu’on puisse dire était qu’ils avaient dépensé beaucoup d’énergie la veille. Et s’il voulait qu’elle
conserve ses courbes arrondies, il allait devoir la nourrir et lui faire refaire le plein de calories. Il
aimait tant ses formes pulpeuses qu’il ne pouvait rien imaginer de mieux dans ses mains.
Il avait failli lui dire qu’il l’aimait la nuit dernière mais s’était ravisé. Pas parce qu’il doutait de ses
sentiments – ce n’était pas le cas –, mais parce qu’il voulait d’abord qu’il n’y ait pas de mensonges
entre eux. En repensant à ce que Holly lui avait dit, il se demandait encore comment aborder le sujet.
Il ne voulait pas faire d’erreur.
Quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas réfléchir avec un estomac vide. Aussi délicatement qu’il le put,
Daniel s’extirpa des bras de Sabrina et se leva. Après avoir pris une douche rapide, il sauta dans sa
voiture pour aller acheter des viennoiseries et un café correct dans le magasin le plus proche.
Sur le chemin du retour, il passa par la maison principale pour informer le gérant qu’ils
prolongeaient leur séjour indéfiniment. En rentrant dans leur petite maison, il trouva la chambre vide.
Il avait voulu surprendre Sabrina en lui apportant le petit déjeuner au lit, mais elle s’était déjà levée. Il
entendit le bruit de la douche et se réjouit de constater que la porte de la salle de bains n’était pas
fermée à clé.
C’était une opportunité qu’il ne pouvait pas laisser passer. Il se déshabilla rapidement et se faufila
dans la salle de bains. Sabrina se tenait dos à lui sous la douche, dans une nudité glorieuse. Elle ne
l’avait pas vu ni entendu entrer. Caressant du regard son corps voluptueux, il prit une profonde
— Tu es rentré, dit-elle en se retournant dans ses bras et en levant les yeux vers lui.
— Je ne peux pas rester longtemps loin de toi. Mais il fallait que j’aille chercher le petit déjeuner.
Tu as faim ?
— Très faim ?
capable d’enflammer son désir par un seul regard. Il oublia immédiatement son ventre vide.
Elle passa ses bras autour de son cou et il l’embrassa aussitôt. Cela faisait trop longtemps qu’il
n’avait pas senti ses lèvres sur les siennes et qu’il n’avait pas joué avec sa langue. En quelques
secondes, son excitation fut à son comble et il réalisa avec contrariété qu’il avait laissé les
perspective incroyable et excitante. Il se dit alors qu’il passerait aux aveux dans la journée. Il ne
— Passe tes jambes autour de moi, s’entendit-il dire comme dans une sorte de transe.
Il la souleva avec ses bras pour que son intimité se retrouve devant son érection palpitante. Le
serrant fiévreusement avec ses jambes, elle l’attira en elle.
— Ti amo, lui murmura-t-il tendrement avant de s’emparer de ses lèvres et de s’enfoncer en elle
centimètre par centimètre avec son membre aussi dur que de la pierre.
~ ~ ~
Les mots de Daniel la touchèrent au plus profond d’elle même. Sabrina ne parlait pas l’italien mais
elle avait vu assez de films pour comprendre leur signification. Et même si elle ne pouvait pas croire
que Daniel l’aimait, elle se laissa transporter par ses paroles. Elle ne comprenait pas la raison pour
laquelle il n’utilisait pas de protection alors qu’il la prenait pour une escort professionnelle. Et elle se
demandait aussi pourquoi elle ne l’en avait pas empêché.
Elle ne prenait pas la pilule et pouvait très bien tomber enceinte, mais cette pensée ne l’arrêta
même pas. Soudain, elle ne désira rien plus ardemment que de le sentir en elle et d’avoir quelque
plus profondément en elle. Comme s’il comprenait ce qu’elle voulait, il s’enfonça davantage. Les
gémissements de Daniel devinrent incontrôlables tandis qu’il se mouvait en elle. Il avait les yeux
fermés et la tête rejetée en arrière, comme s’il hurlait au loup, agrippant ses hanches avec ses mains,
qu’il était la partie qui manquait dans sa vie. Les émotions brutes qui l’agitaient avec violence étaient
Jamais elle n’avait reçu un baiser aussi possessif. Un fer rouge n’aurait pas permis à Daniel de lui
signifier plus clairement qu’elle lui appartenait et qu’il s’assurait qu’elle ne veuille jamais être
Chaque fibre du corps de Sabrina était remplie de l’essence de Daniel, de son odeur, de son
énergie, qui transformaient en permanence son être même, éveillant tout ce qu’il y avait de féminin en
elle et l’empêchant de penser à autre chose. Entre ses mains, elle était entièrement femme. Elle n’était
pas avocate, ou fille, ou amie. Elle n’était qu’une femme, et elle lui appartenait. Aujourd’hui. Et toute
la semaine.
Il lui fit rapidement atteindre l’extase, et continua à s’enfoncer en elle pendant qu’elle jouissait. Les
tremblements qui agitèrent son corps furent amplifiés par l’orgasme de Daniel, qui suivit le sien de
quelques secondes. Elle sentit le jet chaud de sa semence l’emplir, et elle se contracta avec force
autour de son membre pour prendre tout ce qu’il avait à donner. Tout en en voulant davantage.
Elle sursauta soudain lorsque la sonnette retentit à la porte, lui rappelant qu’ils n’étaient pas seuls
— Promis ?
Il sourit.
— Crois-tu vraiment que je peux rester plus de trente secondes loin de toi ?
On sonna de nouveau à la porte. Sabrina déposa un baiser sur ses lèvres et il se retira d’elle avec
~ ~ ~
Quel mauvais moment pour se faire interrompre ! Dès que la femme de chambre serait repartie, il
retournerait voir Sabrina et lui confesserait tout. Il était grand temps. Sabrina était prête et elle lui
Les mots moururent sur les lèvres de Daniel quand il ouvrit la porte d’entrée et découvrit l’identité
Il jura intérieurement.
S’il avait eu une mauvaise surprise en voyant Audrey faire irruption dans sa chambre d’hôtel, que
dire de celle-ci ?
L’homme en costume qui se tenait sur le seuil avec un gros dossier sous le bras s’apprêtait à
— Oui ?
Il ne fit aucun geste pour inviter Hannigan à entrer et resta devant la porte.
— Nous n’avons pas réussi à vous joindre. Il y a visiblement des problèmes de réseau dans
Daniel ne réagit pas. Devait-il lui casser la figure tout de suite ou plus tard ? Le visiteur parut
remarquer le silence gênant.
— M. Merriweather m’a envoyé ici car il a besoin d’une signature urgente de votre part.
Il voulut avancer d’un pas, mais Daniel ne bougea pas d’un centimètre pour le laisser passer.
L’avocat fouilla nerveusement dans son costume et tapota sur ses deux poches intérieures, sans y
— Attendez ici.
Il alla dans la cuisine et ouvrit quelques tiroirs avant de mettre la main sur un stylo.
— Daniel, tu crois que la femme de chambre pourrait…
Mais Hannigan n’avait pas compris qu’il valait mieux qu’il se taise.
— Alors comme ça, il lui arrive d’écarter les cuisses. Mais pour un certain prix !
Soudain, Daniel vit rouge. Personne n’avait le droit d’insulter Sabrina de cette façon.
— Foutez-moi le camp immédiatement ! hurla-t-il. Partez tant que vous êtes encore capable de
marcher !
cachait derrière les paroles de Daniel. Ses narines palpitaient dangereusement et il n’hésiterait pas à
lui faire mal. Sans attendre de découvrir de quoi Daniel était capable, Hannigan fila sans demander
son reste.
Daniel claqua la porte avec force et se retourna. Sabrina n’était plus dans la cuisine.
~ ~ ~
Les mains agitées de violents tremblements, Sabrina enfila un short et un tee-shirt avec difficulté.
Ses cheveux étaient encore mouillés mais cela n’avait pas d’importance. Il fallait qu’elle parte d’ici.
Daniel l’avait appelée Sabrina. Il connaissait son nom, il savait qui elle était ! Il n’avait pas été
Maintenant il voulait parler ? Il savait choisir son moment ! Elle chercha son sac à main.
— Qu’est-ce que tu fais ?
Il paraissait dans tous ses états.
— Je m’en vais.
— Non, Sabrina. Tu ne peux pas partir.
Il n’avait aucun droit de lui dire ce qu’elle devait ou ne devait pas faire.
— Tu t’es moqué de moi. Tu savais depuis le début. Est-ce que tu t’es bien amusé derrière mon
dos ? Hein ?
Sa voix était aiguë.
— Je ne me suis jamais moqué de toi. S’il te plaît. Je voulais te parler aujourd’hui.
— Mais bien entendu. (Pour lui dire quoi ? Qu’il l’avait démasquée ? Qu’il avait décidé de jouer
avec elle pour voir jusqu’où elle irait ?) Comment l’as-tu appris ? Dis-moi !
Elle comprenait à présent que c’était lui, le riche client de la côte est dont tout le cabinet parlait. Si
Hannigan était venu jusque-là, ce n’était pas parce qu’il la suivait mais parce qu’il cherchait Daniel.
Était-ce ainsi qu’il avait découvert la vérité ? Est-ce qu’il l’avait vue au cabinet ?
— Holly ?
— Elle a avoué quand j’ai fait la réservation pour ce week-end.
Sabrina eut l’impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Sa meilleure amie l’avait
trahie. Comment avait-elle pu ? Elles avaient grandi ensemble, elles prenaient soin l’une de l’autre.
et j’ai joué le jeu. Je n’ai jamais voulu te blesser. Je veux être avec toi. Il y a un lien spécial entre nous.
Je t’aime.
Elle s’efforça d’ignorer ces trois mots qu’elle aurait pourtant tellement voulu croire. Comment
pouvait-il l’aimer ?
— J’étais ta pute ! Tu as payé pour mes services, et je t’ai donné ce pour quoi tu avais payé.
— Je ne t’ai jamais traitée de cette façon. Tu le sais aussi bien que moi.
— Vas-y, dis-le. J’étais ta pute. C’est tout ce que j’étais. C’est tout ce que je peux t’offrir.
Parce que si elle lui donnait davantage, il la ferait souffrir encore plus. Elle lui avait déjà donné
plus qu’elle n’avait jamais donné à un homme. Et elle savait qu’il finirait par écraser les sentiments
qu’il avait fait naître en elle. Les mots doux qu’il lui avait susurrés en italien quand ils étaient au lit
faisaient aussi partie de la mascarade. Elle avait été si stupide d’y croire alors que pendant tout ce
Daniel s’avança vers elle pour la prendre dans ses bras mais elle recula.
— Ne me touche pas !
Sabrina savait que s’il posait ses mains sur elle et la serrait contre son corps à moitié nu, elle ne
Elle devait mettre un terme maintenant et pour de bon à cette histoire qui ne mènerait à rien.
Comment pourrait-il la respecter en sachant ce qu’elle avait fait, en sachant qu’elle avait couché avec
lui pour de l’argent ? Comme une vulgaire prostituée. Il reprendrait ses esprits le lendemain matin à
son réveil, lorsque son désir pour elle serait retombé. Mais elle ne resterait pas là pour voir le dédain
— Tu t’es bien amusé. Alors pars avant que les choses ne tournent mal. Ça fera une très bonne
histoire à raconter à tes amis à ton retour. Si tu n’en as pas eu pour ton argent, je te rembourserai.
— Pourquoi transformes-tu notre relation en une histoire sordide ? De quoi as-tu peur ?
Sabrina lui lança un regard hagard. Elle avait peur d’avoir le cœur brisé.
— Considère que la réservation est annulée.
— Non. Je ne t’appartiens pas, et je ne t’appartiendrai jamais. Hannigan avait raison. J’écarte mes
cuisses pour un prix. Et tu ne peux pas payer mon prix, tu ne le peux plus.
Son prix était l’amour et le respect de Daniel, et c’était quelque chose qu’il ne pourrait jamais lui
donner. Quel homme pouvait encore avoir de l’estime pour une femme qui s’était comportée comme
elle l’avait fait ? Mieux valait limiter les dégâts en partant maintenant.
Sabrina attrapa son sac à main et courut vers la porte.
C’était fini. Elle ne faisait que blesser la fierté de Daniel, tandis que lui la plongeait dans un
désespoir profond. Elle était tombée amoureuse d’un homme qui avait couché avec elle en la prenant
pour une prostituée. Il ne pouvait pas avoir de véritables sentiments pour elle. Elle n’avait été pour lui
qu’un nouveau jouet avec lequel il avait pu s’amuser un peu. Il en prendrait conscience le lendemain,
En rentrant chez elle, elle claqua la porte de l’appartement. Le bruit alerta Holly du retour
— Je n’ai pas envie de te parler ! répondit sèchement Sabrina en se dirigeant vers sa chambre.
Une expression de stupéfaction se peignit sur le visage de Holly.
Elle l’interrompit.
— Tais-toi ! J’ai déjà entendu assez de mensonges pour aujourd’hui. Je ne m’attendais vraiment
pas à ça de ta part. Tu m’as trahie. Comment as-tu pu lui dire ? Je te déteste !
Elle rentra dans sa chambre et referma la porte derrière elle. À présent, elle n’avait plus personne
Elle sortit brusquement de sa chambre et se dirigea à grands pas dans la cuisine. Ouvrant
brusquement le congélateur, elle constata qu’il était vide à l’exception d’un sachet entamé de gaufres.
Sabrina avait besoin de quelque chose pour se réconforter, et rapidement, car elle se sentait près
de craquer et ne se maîtrisait qu’à grande difficulté. Elle décida d’aller faire un tour rapide au
supermarché et tira un billet de vingt dollars de son sac à main.
Elle sortit de chez elle et dévala les escaliers, puis ouvrit vivement la porte de l’immeuble. Elle se
figea soudain. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la poursuive, pas aussi vite en tous les cas.
— Sabrina.
La voix de Daniel était douce et implorante. Il avait les cheveux ébouriffés par le vent, n’ayant
visiblement pas pris la peine de les sécher avant de bondir dans sa voiture pour la retrouver.
— Laisse-moi tranquille.
Elle savait que son visage était baigné de larmes et voulut se détourner de lui. Mais il fut plus
rapide qu’elle et la prit par les épaules avant qu’elle puisse s’échapper.
— Je suis désolé, bébé. Je n’avais pas l’intention de te blesser. Reviens. J’ai besoin de toi.
— Laisse-moi partir.
— Je suis désolé, j’aurais dû de te le dire plus tôt mais j’avais tellement peur que tu me quittes sans
me laisser une chance. Sabrina, je suis amoureux de toi et je sais que tu as aussi des sentiments pour
moi.
Elle le regarda droit dans les yeux et tout à coup, elle comprit comment elle pouvait se débarrasser
de lui. Elle allait devoir mentir, mais qu’était-ce qu’un mensonge de plus après tout ?
— Je ne ressens rien pour toi. C’était uniquement sexuel pour moi. (Elle vit son expression se
durcir.) J’avais juste envie d’une aventure, et c’est ce que j’ai eu avec toi. Je ne me suis pas impliquée
émotionnellement.
En sentant son étreinte se détendre et ses mains lâcher ses épaules, elle sut qu’il avait compris le
message. Elle était libre. Il ne la poursuivrait plus.
Un instant plus tard, elle rentra dans l’immeuble et referma la lourde porte derrière elle. Mais
avant même d’atteindre le premier étage, elle s’écroula par terre en sanglotant de façon incontrôlée.
Dans quelques mois, il ne serait plus qu’un souvenir lointain. Il fallait qu’elle mette toute cette
histoire derrière elle. Même s’il avait affirmé qu’il l’aimait, elle savait que ce n’était pas vrai.
~ ~ ~
Le lendemain, Sabrina appela le cabinet pour prévenir qu’elle était malade. Le jour d’après, elle ne
sortie.
— Un coursier avec une lettre pour Mlle Sabrina Parker. J’ai besoin d’une signature.
Elle appuya sur la touche pour lui ouvrir, et quelques instants plus tard, le coursier fut devant sa
porte. Elle signa puis retourna à l’intérieur avec le courrier.
À la place de l’adresse de l’expéditeur, il y avait le tampon de son cabinet. Sabrina sentit son
estomac se nouer. Une lettre d’un employeur remise en mains propres ne laissait rien présager de
bon.
Elle ouvrit l’enveloppe avec des mains tremblantes.
…ont le regret de vous informer que votre emploi prendra fin à dater du…
Sabrina fut incapable de poursuivre sa lecture. Ils l’avaient mise à la porte. Juste comme ça. Et ils
avaient le droit. Elle était une employée non protégée, et sa période d’essai de six mois n’était pas
encore terminée. Ils n’avaient même pas besoin de lui donner une raison, et c’était pour cela qu’ils ne
l’avaient pas fait. C’était intelligent de leur part. Sans connaître le motif de son licenciement, elle ne
pouvait rien faire pour lutter.
Elle se laissa tomber sur le canapé. C’était un cauchemar.
~ ~ ~
Daniel entra à grands pas dans le hall du cabinet de Brand, Freeman & Merriweather. La
Il secoua la tête. Il n’était pas là pour voir son avocat. Pendant les trois jours qui venaient de
s’écouler, il avait ressassé les paroles de Sabrina. Sa mauvaise humeur avait empiré et il avait annulé
toutes ses réunions d’affaires, se moquant bien que l’acquisition tombe à l’eau à cause de cela.
Il avait eu besoin de trois jours pour parvenir à la conclusion que Sabrina lui avait menti en lui
disant qu’elle n’avait pas de sentiments pour lui. Après avoir disséqué dans tous les sens ce qui c’était
passé pendant la nuit dans le cottage, quand il avait séché ses larmes après qu’ils avaient fait l’amour,
Mais c’était la confession de Tim aujourd’hui, pendant leur déjeuner, qui lui en avait apporté la
confirmation. Il avait été stupéfait d’apprendre que Tim était un bon ami de la vraie Holly et qu’ils
avaient voulu lui arranger un rendez-vous avec Sabrina. Son ami lui avait ensuite raconté que Holly
avait consolé Sabrina quand celle-ci avait cru qu’il était encore avec Audrey. C’était la preuve qu’elle
comprenait à présent. Elle n’aurait jamais accepté cette deuxième soirée et le week-end avec lui si cela
n’avait pas été le cas.
Et ce n’était pas tout. Pendant le week-end qu’ils avaient passé à la campagne, il n’avait pas vu
trace d’un contraceptif oral parmi les articles de toilette qu’elle avait apportés. Il était presque sûr
qu’elle ne prenait pas la pilule, et pourtant elle l’avait laissé la pénétrer sans protection. Il ne pouvait
pas croire qu’elle aurait pris le risque de tomber enceinte si elle n’éprouvait rien pour lui et
considérait leur relation comme purement sexuelle.
— Oui.
— M. Sinclair. (Elle s’éclaircit la voix et baissa le ton.) Sabrina ne travaille plus ici.
— Quoi ?
— Elle s’est fait licencier.
Elle était virée ? Daniel savait pertinemment qui était derrière cette décision. Cette ordure de
La réceptionniste lui lança un regard étonné mais lui indiqua une porte de l’autre côté du hall.
— Il est dans son bureau. Je suppose que vous n’avez pas besoin que je vous annonce ? demanda-t-
Sans hésiter une seconde, Daniel traversa le hall et se dirigea vers le bureau de Hannigan. Il ne prit
pas la peine de frapper et ouvrit brusquement la porte d’un coup de pied.
Hannigan était au téléphone mais se leva d’un bond avec des yeux écarquillés en voyant Daniel.
Sa voix était tendue et il savait visiblement que Daniel n’était pas là pour une réunion d’affaires.
C’était personnel.
transpiration.
— Vous croyez que j’ai peur de la sécurité ? demanda Daniel avec un rire qui n’avait rien
d’amical. Quand j’en aurai fini avec vous, vous n’aurez pas besoin de la sécurité mais d’une
ambulance.
Hannigan recula instinctivement d’un pas vers la fenêtre.
— Vous n’oseriez pas !
— Ça, c’est pour avoir harcelé Sabrina, grogna-t-il en lançant son poing dans le visage de son
adversaire si rapidement que celui-ci n’eut pas le temps de réagir.
Hannigan vacilla sous l’impact du coup et s’effondra contre la fenêtre. Daniel agrippa le revers de
sa veste et le remit sur ses pieds. Il n’en avait pas fini avec lui.
dans l’estomac.
Daniel entendit du bruit près de la porte mais ne se retourna pas. Prenant conscience que personne
ne venait à sa rescousse, Hannigan commença enfin à se défendre et le frappa au visage avec son
poing. Daniel sentit sa tête partir sur le côté mais se redressa rapidement.
— Merci !
Enfin, cette raclure lui donnait une raison de lui casser la figure. Il n’y avait rien d’amusant à
frapper un homme qui ne se défendait pas.
Les poings fusaient dans toutes les directions, atterrissant dans les visages, les poitrines et les
estomacs. Hannigan était costaud, mais Daniel compensait cela par son agilité et sa détermination. Il
défendait la femme qu’il aimait. Quelle meilleure motivation un homme pouvait-il avoir ?
Des voix étouffées lui parvinrent aux oreilles. Attirés par le vacarme, plusieurs employés du
affichaient toutes de grands sourires. Hannigan n’était manifestement pas l’homme le plus populaire
Mais avant que Hannigan ou Daniel aient pu prononcer un mot, Merriweather se retourna vers les
Il attendait toujours une explication et leur lança tous deux un regard sévère.
— M. Sinclair. Ce que nous faisons avec nos employés ne vous concerne pas, fit remarquer
— Cela me concerne tout à fait. Hannigan la harcèle sexuellement depuis qu’elle a commencé à
travailler ici.
Merriweather.
Daniel lança un regard furieux à Hannigan.
— M. Hannigan vous a-t-il également fait savoir qu’il m’avait surpris avec Sabrina pendant notre
week-end à Sonoma ? Vous a-t-il fait savoir qu’il l’avait traitée de pute parce qu’elle couchait avec
— Jon ? Est-ce que c’est vrai ? aboya Merriweather, sans obtenir de réponse. Bon sang, Jon.
J’étais prêt à laisser passer votre comportement avec les secrétaires, mais cela va trop loin !
Il se tourna vers son client.
— Jon, rassemblez vos affaires et partez. Le cabinet n’a plus besoin de vous.
Merriweather était un homme pragmatique. Il valait mieux pour lui perdre un collaborateur qui
était devenu un handicap pour le cabinet plutôt que de mécontenter un client lucratif.
— Vous me virez ? Vous ne pouvez pas faire ça ! (Hannigan était hors de lui.) Cette petite salope !
Juste parce qu’elle se tape un client riche, elle a soudain tous les droits et c’est moi qui me fais
entuber !
courba en deux et tomba à genoux en se tenant le ventre, le visage tordu par la douleur.
— Ne vous avisez plus jamais de parler ainsi de la femme que j’aime. Est-ce que c’est clair ?
— Jon, si vous n’avez pas quitté les lieux dans dix minutes, je demande à la sécurité de vous faire
sortir du bâtiment. M. Sinclair, veuillez je vous prie me suivre dans mon bureau.
Une fois dans le bureau de Merriweather, Daniel se détendit enfin. La décision radicale de son
avocat de mettre Hannigan à la porte sur-le-champ l’avait quelque peu calmé. Il laisserait une autre
chance au cabinet, même s’il avait été prêt à en chercher un autre.
— M. Sinclair, laissez-moi simplement vous dire au nom du cabinet que si nous avions été
informés de cette histoire, rien de tout cela ne serait arrivé. Veuillez accepter toutes nos excuses.
Daniel hocha la tête et s’installa sur le canapé.
— Je ne savais évidemment pas que Sabrina et vous… Je veux dire, je pensais que vous nous aviez
été envoyé par un autre client et non par Sabrina, dit-il pour tenter d’obtenir d’autres informations.
Il resta debout.
— Vous avez tout à fait raison. C’est un autre client qui m’a envoyé chez vous, se contenta de
répondre Daniel.
— Nous allons bien sûr la reprendre chez nous, puisqu’il est maintenant avéré que M. Hannigan
m’a donné de fausses informations sur son travail. J’aurais dû mener moi-même l’enquête au lieu de
me fier uniquement à ses dires, mais les circonstances… Quoi qu’il en soit, je vais tout de suite lui
envoyer un message personnel pour lui adresser les plus plates excuses du cabinet.
— J’avais autre chose en tête. J’aimerais que vous rédigiez un contrat de travail pour elle,
commença Daniel.
— Bien sûr. Absolument. Nous pouvons prendre pour base notre contrat standard et le modifier
— Je ne parle pas d’un contrat de travail entre le cabinet et elle, mais entre elle et moi.
Merriweather le regarda avec surprise, essayant de comprendre.
d’avocat n’embauchaient généralement qu’à certaines périodes déterminées de l’année, et elle venait
l’appartement, descendant des pots de glace chaque fois qu’elle se sentait déprimée et s’apitoyait sur
son sort, ce qui lui arrivait quotidiennement.
Le seul point positif de la semaine avait été sa réconciliation avec Holly, lorsque celle-ci lui eut
— Avec Tim, on a juste voulu bien faire. On pensait que vous iriez si bien ensemble. Tim m’avait
tellement parlé de Daniel que j’étais absolument certaine que ça marcherait entre vous. On aurait dû
attendre un meilleur moment et tout simplement organiser un dîner tous les quatre. C’était une idée
— Ça n’a plus d’importance. C’est terminé, et je ne peux rien faire pour changer ça. (Sabrina
s’efforça d’avoir l’air indifférente.) Il n’a pas essayé de me contacter quand je lui ai déclaré que je ne
voulais plus le voir. J’ai dit des choses que je ne peux pas retirer. Il doit me mépriser.
— Tu as son numéro. Pourquoi est-ce que tu ne l’appelles pas ?
maintenant.
Elle s’était sentie enveloppée par une tempête glaciale quand elle lui avait affirmé qu’elle n’avait
pas de sentiments pour lui. Il ne la croirait plus désormais. Elle l’avait rejeté, et même si elle n’avait
pas blessé son cœur, elle avait blessé sa fierté.
~ ~ ~
Elle reçut un appel du cabinet le vendredi matin.
— Sabrina, c’est Caroline.
Sabrina fut surprise d’entendre la voix de la réceptionniste. Même si elles s’entendaient bien, elles
n’étaient pas amies et il n’y avait aucune raison pour que Caroline l’appelle chez elle alors qu’elle ne
travaillait plus au cabinet.
— Bonjour.
— M. Merriweather a appris que vous vous faisiez harceler par Hannigan et que ses reproches sur
votre travail n’étaient pas fondés. Il l’a mis à la porte immédiatement. C’est pour cela que je vous
Sabrina n’arrivait pas à le croire. Ils avaient renvoyé Hannigan alors qu’il était persuadé que les
associés ne toucheraient jamais à un cheveu de sa tête. Elle eut l’impression qu’on lui retirait un
immense poids des épaules. La justice existait finalement dans ce monde.
c’est sûrement pour ça. Quelle autre raison pourrait-il avoir ? demanda Caroline.
— Je serai là. Merci beaucoup !
Sabrina mit son plus beau tailleur et s’assura d’avoir l’air aussi professionnel que possible. Si
Merriweather lui rendait son ancien travail, elle voulait avoir la tenue de circonstance. Elle vérifia le
résultat deux ou trois fois dans le miroir. Elle avait mis une jupe qui descendait jusqu’au-dessus de ses
genoux et avait décidé de ne pas porter de collants car ses jambes étaient suffisamment bronzées.
Elle avait envie de se sentir plus grande ce jour-là, plus imposante, et elle enfila des talons
aiguilles plutôt que les confortables chaussures à brides ouvertes à l’arrière qu’elle portait
habituellement. Elle était tirée à quatre épingles. S’ils voulaient la récupérer, elle tenait en premier
lieu à recevoir des excuses, puis à avoir l’assurance qu’elle ne serait plus reléguée à des tâches de
routine comme c’était le cas quand elle travaillait avec Hannigan.
Après avoir jeté un dernier regard à son reflet, elle prit une profonde inspiration. Elle ne pouvait
plus repousser davantage le moment de partir si elle ne voulait pas arriver en retard.
En pénétrant dans le hall du cabinet, elle sentit que ses mains étaient moites. Elle se força à sourire
lorsque Caroline la salua.
— M. Merriweather vous attend dans son bureau. Vous pouvez y aller directement. (Elle appuya
Sabrina se dirigea avec appréhension vers le bureau de Merriweather. Mais en arrivant devant la
porte, elle avait retrouvé son assurance. Elle frappa et entendit la voix de Merriweather à l’intérieur
— Sabrina, je me réjouis vraiment que vous soyez venue. Asseyez-vous, je vous prie.
— Merci, dit Sabrina avec surprise, peu habituée à une telle courtoise de la part de M.
Merriweather.
dont vous avez été traitée. Il n’y a pas d’excuse. Nous étions au courant que Jon avait… disons, des
problèmes avec les employées féminines, mais nous étions à mille lieues de nous imaginer qu’il irait
jusqu’à vous harceler. Nous sommes profondément désolés que vous ayez eu le sentiment de ne pas
pouvoir nous en parler. (Il la regarda avec un air sincère.) Nous… J’espère que vous savez que nous
avons une haute estime de vous et que nous serions bien sûr prêts à vous proposer de reprendre votre
— Mais vous n’allez pas le faire ? Vous savez ce que Hannigan a fait et vous n’allez pas me
reprendre au cabinet ?
Elle avait parlé d’une voix neutre, dénuée d’émotions. Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de
— Nous serions ravis de vous reprendre, bien entendu, mais un client nous a demandé de le
représenter pour obtenir vos… (Il s’éclaircit la voix.)… hmm, services. J’ai rédigé le contrat moi-
même et je peux vous dire que notre cabinet ne pourrait jamais vous offrir ce qu’il est prêt à payer
pour vous.
Sabrina était plus que surprise. Elle n’avait eu que très peu de contacts avec les clients depuis
qu’elle travaillait là. Il était impossible que l’un d’entre eux l’ait remarquée et ait décidé de lui
proposer un travail.
— Je ne comprends pas.
— Voici le contrat. Avant que vous le lisiez, laissez-moi vous assurer que j’ai fait tout ce qui était
en mon pouvoir pour vous protéger par les termes de ce contrat. Il est en béton, et personne ne vous
blâmera si vous décidiez de l’accepter, croyez-moi. Ce n’est pas une offre que beaucoup de personnes
dans votre position rejetteraient. Nous avons tous notre prix, ajouta-t-il mystérieusement.
Sabrina haussa les sourcils mais ne dit rien.
— Et si vous décidez de rejeter l’offre de mon client, je serai le premier à vous rouvrir grand les
portes de notre cabinet. (Il se leva.) Je vais vous laisser parcourir le contrat.
— Merci, M. Merriweather.
Il lui serra la main et se dirigea vers la porte. Quand elle l’entendit se refermer un instant plus tard,
elle s’empara du dossier et l’ouvrit.
~ ~ ~
Daniel observait Sabrina, qui lui tournait le dos. Il s’était glissé silencieusement dans le bureau
lorsque Merriweather était sorti, comme ils en avaient convenu plus tôt. Sabrina ne l’avait pas vu
entrer et il resta debout près de la porte, immobile.
Elle commença à lire la première page du contrat. Elle lui avait tellement manqué que Daniel
Alors qu’elle en était à la deuxième page, elle sursauta sur son fauteuil.
Elle était visiblement stupéfaite de sa proposition. Ne pouvant distinguer son visage, Daniel ne
pouvait scruter ses expressions pour savoir si elle était tentée d’accepter ou de rejeter sa proposition.
Cela le rendait fou. Il avait besoin de savoir. Il ne pouvait supporter le suspense plus longtemps.
— Sabrina.
Sabrina bondit sur ses pieds en lâchant un petit cri qui resta coincé dans sa gorge. Ses mains
tremblaient si fort qu’elle lâcha involontairement les feuilles du contrat, qui atterrirent par terre. Elle
Il s’avança de deux pas vers elle en la voyant s’accrocher au bureau derrière elle pour garder son
équilibre. Il n’avait pas voulu lui faire peur.
— Oui.
— Pourquoi ?
— Parce qu’au point où j’en suis, je suis prêt à accepter n’importe quoi de toi.
Il s’approcha encore et se baissa pour ramasser les pages, qu’il lui remit dans les mains. En se
retrouvant si près de Sabrina après avoir été séparé d’elle pendant cinq jours, il mourait d’envie de la
prendre dans ses bras.
— Ce contrat ne parle pas juste de sexe. (Elle montra un passage du doigt.) Paragraphe neuf :
légaux, récita-t-il. Il s’agit bien de sexe. Je te garantis que tu tomberas enceinte si tu dors dans mon lit
— Paragraphe six : Conditions de logement. L’employée vivra avec l’employeur et partagera son
lit, lut-elle.
— Tu sais aussi bien que moi ce qui se passe quand on dort ensemble. Tu veux que je te
rafraîchisse la mémoire ? demanda-t-il en s’approchant encore un peu d’elle.
Elle chercha le paragraphe et le trouva. Ses yeux le parcourent à toute allure, oscillant d’un côté à
l’autre comme une balle de ping-pong à un tournoi. Elle ouvrit la bouche de stupeur puis la referma
rapidement. Sans lever les yeux vers lui, elle poursuivit sa lecture.
qu’en entrant dans le bureau. Allait-elle le rejeter purement et simplement ? Allait-elle jouer avec lui ?
Quand elle leva enfin les yeux, son expression était indéchiffrable.
— Laisse-moi éclaircir un point. Tu veux m’employer pour que je sois ton escort, que je partage
ton lit et ton appartement, que je vive avec toi, voyage avec toi et assiste à tous les événements
familiaux avec toi. Je ne dois coucher qu’avec toi et ne pas avoir d’autres amants. Et tu n’auras pas
non plus d’autres amantes. Si des enfants naissent de notre relation, ils seront élevés comme les tiens
et reconnus comme tes héritiers légaux. En contrepartie, j’aurai droit à la moitié de tes revenus. Et je
ne parle pas de la clause de résiliation. (Elle fit une pause.) Tu ne devrais plus travailler avec
Merriweather. Je ne pense pas qu’il a ton meilleur intérêt à cœur. La clause de résiliation ne te laisse
— C’est ce que je voulais. Aucune issue pour moi. Je ne cherche pas de porte de sortie mais une
porte d’entrée. Tout sera entre tes mains, comme tu l’as toujours voulu. Toi seule auras le pouvoir de
mettre fin au contrat. Je serai prêt quand tu le seras.
— J’espère que ça ne t’ennuie pas que je fasse des modifications ? Personne ne signe jamais un
prête à accepter sa folle proposition ? Allait-elle vraiment dire oui ? Il la voulait pour toujours, il
n’avait aucun doute là-dessus, et même s’il aurait préféré la demander en mariage, il était prêt à
son escort. Puisque c’était ainsi, il l’accepterait et lui montrerait ce qu’elle était vraiment : la femme
qu’il aimait.
En la voyant signer le contrat, Daniel sentit son cœur battre à tout rompre. Elle était à lui.
— Voilà. J’ai accepté. Tu dois signer le paragraphe dix-sept. J’y ai apporté quelques changements.
Le paragraphe dix-sept ? Il essaya désespérément de se souvenir de quoi il était question dans ce
paragraphe, quand cela lui revint brusquement : il concernait sa rémunération.
— C’est loin d’être suffisant pour ce que tu me demandes. J’ai besoin de plus.
Plus ? Il sentit la tristesse l’envahir. Sabrina voulait le dépouiller. Pouvait-il vraiment s’être ainsi
trompé sur son compte ? Elle n’avait jamais manifesté le moindre intérêt pour son argent, mais à
présent qu’elle le tenait à sa merci, sa vraie nature était-elle réapparue ? Il espérait de tout son cœur
Daniel avança lentement vers le bureau avec la sensation que ses jambes étaient aussi lourdes que
du plomb. L’avait-elle manipulé pendant tout ce temps, avait-elle joué avec ses sentiments pour
l’utiliser ?
regard. Il n’y avait aucune froideur dans ses yeux mais uniquement de la chaleur. Sa manière d’agir
Elle baissa les yeux vers le contrat, comme pour le supplier de nouveau de lire les changements
qu’elle avait faits. Daniel finit par s’exécuter. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine en lisant
ce qu’elle avait ajouté. Elle avait barré tout le paragraphe et écrit dans la marge à l’encre bleue :
Rémunération : Daniel donnera à Sabrina son amour et son respect, chaque jour et chaque nuit.
C’était tout ce qu’elle voulait, rien d’autre. Elle avait signé le contrat. Il dut se maîtriser pour ne
pas exploser de joie.
~ ~ ~
Elle le regarda en souriant. En commençant à lire le contrat, elle avait d’abord pensé qu’il était
devenu fou. Elle s’était même sentie légèrement insultée par ce qu’il lui proposait. Mais en arrivant à
la clause de résiliation, elle avait pris conscience qu’il s’offrait en réalité lui-même par ce contrat.
Il n’avait aucune possibilité de le résilier. Et la seule manière d’y mettre un terme pour elle était de
l’épouser. Il ne la libérerait du contrat qu’elle avait signé que si elle acceptait de devenir sa femme.
— Je ne le pense pas. J’en suis convaincu. Tu veux que je te donne un aperçu ? dit-il en lui lançant
un regard de braise qui ne fit que réchauffer l’atmosphère déjà brûlante entre eux.
Elle se passa la langue sur ses lèvres pour les rafraîchir, tout en regardant la bouche de Daniel
s’approcher de la sienne.
— J’ai besoin de plus qu’un aperçu, murmura-t-elle juste avant que leurs lèvres se joignent.
Il passa ses mains autour de sa taille et l’attira vers lui, écrasant sa poitrine contre son torse. De
son autre main, il lui caressa le creux de la nuque tout en lui faisant pencher la tête pour pouvoir
l’embrasser plus profondément.
Elle écarta les lèvres avec un profond soupir, le laissant explorer les profondeurs de sa bouche et
jouer avec sa langue impatiente. Son baiser criait la passion et l’amour. Elle était à lui.
Ressentant le besoin de sentir sa peau, Sabrina tira sur la chemise de Daniel pour la sortir de son
pantalon. À peine eut-elle glissé ses mains sous sa chemise qu’il lâcha un gémissement.
— Sabrina, tu m’as manqué. Plus de séparations, pas même pour une seule nuit, dit-il en la
regardant droit dans les yeux.
— J’ai signé le contrat, non ?
Daniel sourit.
— En effet.
— Comment savais-tu que j’allais accepter ?
— Je ne le savais pas. Franchement, j’ai même pensé à un moment que tu allais me jeter le contrat
— J’avais un plan B.
Elle retira sa main du torse de Daniel pour la placer sur le renflement familier au niveau de son
Elle rit.
— Paragraphe onze, je reformule : L’employeur doit satisfaire sexuellement l’employée à tout
moment.
— À tout moment ?
— Ici. Maintenant. (Elle posa la main sur le bureau de Merriweather derrière elle.) Il a l’air bien
solide, fit-elle remarquer.
— On a de la chance que Merriweather garde son bureau bien rangé, ajouta Daniel avec une
étincelle dans les yeux, tout en relevant la jupe moulante de Sabrina. Et si tu te débarrassais de ce petit
slip ?
— Je ne me souviens pas que tu m’aies rendu l’autre.
— Je commence une collection. Tu veux m’aider ?
Sa voix était basse et elle sentit son souffle sur son visage quand il avança ses lèvres vers les
Lentement elle approcha ses mains de son pantalon, ouvrit le bouton et descendit la fermeture
éclair. Le soupir de plaisir de Daniel ne lui échappa pas lorsqu’elle baissa son pantalon et le laissa
tomber sur le sol. Après en avoir fait de même avec son caleçon, elle prit dans ses mains son membre
fièrement dressé.
en tirant sur sa chemise et se colla contre son corps, son sexe durci appuyant sur son entrée chaude et
humide.
de dire les mots, mais elle savait qu’il attendrait qu’elle soit prête. En attendant elle serait son escort,
et elle serait toute à lui.
— S’il te plaît, prends-moi, le supplia-t-elle en pressant ses lèvres contre les siennes dans un
baiser passionné.
Sabrina lâcha un profond soupir en sentant la pointe de sa verge se glisser dans son fourreau
étroit. Daniel écarta ses lèvres des siennes et la regarda dans les yeux.
Et il la pénétra alors, enfonçant son long membre durci dans son intimité brûlante et mouillée tout
en lui murmurant des mots d’amour.
~ ~ ~
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A propos de l’Auteur
De nationalité allemande, Tina Folsom vit depuis plus de 25 ans dans des pays anglophones. Elle a
d’ailleurs épousé un Américain et s’est établie, il y a 15 ans, à San Francisco.
Tina a toujours été un peu globe-trotter et a vécu dans nombre de différentes contrées: après avoir
habité à Lausanne, en Suisse (où elle a appris le français), elle a brièvement travaillé sur un bateau de
croisière en Méditerranée. Elle a ensuite passé une année à Munich avant de partir s'installer à
Londres, où elle a suivi une formation de comptable. Cependant, au bout de 8 ans, l'air du large l'a
poussée à quitter l'Angleterre pour se rendre de l'autre côté de l'Atlantique.
A New York, elle a fréquenté pendant un an la célèbre école de théâtre de l'American Academy of
Dramatic Arts. Elle s’est ensuite envolée vers Los Angeles où, une année durant, elle a étudié
l'écriture de scénarii à l'UCLA. C'est également à Los Angeles qu'elle a rencontré son mari, lui-même
installé à San Francisco. Trois mois plus tard, elle déménageait dans la «Ville de la Baie».
Elle y a d'abord travaillé en tant que comptable et conseillère fiscale et a, en outre, ouvert son
temps. L’écriture lui manquait toutefois énormément ! C'est pourquoi, à l'automne 2008, elle a renoué
@Tina_Folsom.
Enfin, vous pouvez visiter son site Internet tinawritesromance.com afin de vous tenir au courant.
Copyright
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