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J.-A. MILLER, Un effort de poésie - Cours n°16 14/05/2003 - 166
faut-il pas que les termes soient religions ; on parle, depuis un certain
homogènes ? temps maintenant, du retour du
Au point où en sont venues les « religieux ». Ah ! Il faut avouer que
choses, dans la civilisation d'aujourd'hui c’est d'un flou, je ne veux pas dire
— je prends l’air accablé qui convient, artistique, pour me faire de l’art une
spécialement à quelqu'un qui est autre idée que celle d'égarer le quidam.
retardé par les embouteillages —, Le « religieux », c’est d'un brouillard
disons : dans notre ambiance culturelle, à l’abri de quoi on se demande ce qui
on peut dire qu’homogénéiser la progresse. Le religieux, c'est la religion,
religion et la psychanalyse, tout y mais light, la religion allégée de tout ce
pousse. Et d'ailleurs, c'est ce qui définit qui peut la supporter comme institution,
une ambiance culturelle, c'est le comme pouvoir institutionnel, comme
stipende institutionnel, avec la cohorte
le TOUTIPOUSS de locuteurs, de scribouillards, de
médiatiques, qui prennent le relais.
J'ai eu l'occasion de m’en
C’est ce qu'il faut reconnaître pour apercevoir, dans la surprise, dans
essayer de se mettre en général un peu l'accablement, aux côtés de mon vieux
de côté, au moins pour pouvoir le camarade, Régis Debray, qui jadis
considérer. s’était envolé vers la dernière des
Tout pousse, tout vous y pousse, révolutions, les plus populaires à
bien plus, à les confondre, religion et l'époque, mais qui s'était fait le porte-
psychanalyse, qu’à les opposer, les parole de cet effort, et qui quelques
confondre ou au moins les intersecter, décennies plus tard en ramenait avant
viser ce que ça a de commun. Vous tout la perception, dont il faisait le
pouvez en douter, mais réfléchissez un témoignage, que les plus héroïques de
instant à ce que ça donnerait ses compagnons dans la révolution
d’annoncer, je ne dis pas que j’y ai continuaient d'arborer autour du cou
pensé : La psychanalyse contre la une petite croix, ce qui l’avait, lui, lancé
religion. Ou encore, je serais moins dans une profonde méditation sur ce
qualifié pour l'annoncer : La religion qui perdure d'une religion dont Freud,
contre la psychanalyse. notre révolutionnaire à nous, s’imaginait
Il y a eu une époque pour ça, et, que la science, dans quoi il incluait la
clairement, ça n'est plus la nôtre : psychanalyse, pourrait venir à bout. Il
aborder ces deux-là par le « contre ». n'y a pas si longtemps de ça.
Ce serait d'un ringard, et ça vous Au cours de ce dialogue, ou de ce
condamne aujourd'hui. Pour tout dire, multilogue, il y avait d'autres personnes
prendre les choses par le « contre » présentes, rassemblées autour du
nous ramènerait au temps de Freud, signifiant du « religieux », je me suis
autant dire l'Antiquité, et ce serait taxé aperçu, plutôt après-coup, que j'étais le
d'intolérance, au point, il faut le seul à parler du Vatican, du pape,
reconnaître, que ce serait inaudible, ce nommément Jean-Paul II, du cardinal
serait de parler pour personne. Ratzinger, et, évidemment — puisque
La tolérance, la tolérance qui fut je me suis moi-même accroché ce
l’objet, le drapeau d'un combat, veut signifiant sur le dos —, des jésuites.
dire maintenant : ne pas déranger Mais sans ça, on se passe de la
l’autre, le laisser dormir, voire référence à l'institution pour valoriser le
l’endormir. « religieux » comme tel. Alors, qu'est-ce
Bon. Allons à pas comptés, à pas de que c'est ? Qu'est-ce que c’est, sinon la
loup, comme le veut un air du temps religion amputée de l'institution et
qui souffle ici aussi bien qu’ailleurs, je considérée, voire proposée comme une
m'imagine pas que nous sommes, que « expérience ».
nous en sommes, que j'en suis protégé. Le religieux, c'est la transcendance
Dans cet air du temps, on ne parle pas comme ce qui advient au sujet sous la
du retour de la religion, ou des forme d'une expérience émotionnelle,
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nous plutôt dans le domaine religieux trouvé interrogé sur l'immortalité, sur la
que dans celui de la névrose ». survivance de la personnalité après la
Ça peut se référer à l'ordre de la mort. Et Freud, toujours vérace, c'est
connaissance puisque c'est devenu comme ça que nous le lisons, c’est
d'abord patent par la religion avant de pour ça que nous le lisons, répond :
le devenir dans la clinique. Jamais pensé à ça !
Mais on peut se demander aussi si Alors, c'est lu aux Etats-Unis, cet
ça n'est pas qu’il n’y a pas dans la entretien, et il reçoit le témoignage d'un
religion le préalable à ce que nous médecin américain qui lui dit : « Cher
ayons la clinique que nous avons ou confrère, j'ai eu une expérience à ce
que nous avions. Question qu'il est propos que je veux vous raconter. »
d'autant plus légitime de se poser que C’est déjà en 1927. Ça permet de
la clinique que nous avons n'est plus comprendre beaucoup de choses qui
tout à fait la même que celle que Freud ont lieu aujourd'hui, certains rapports
avait ordonnée et Lacan formalisée, et américains à la divinité, un rapport
que le renoncement à la jouissance direct justement qui ne passe
n’est plus tout à fait ce qu'il était. absolument pas par le cérémonial.
Quand Lacan dit que le résultat de Donc, étant étudiant, raconte ce
Freud dépasse tout ce que pourrait lui médecin américain, et devant procéder
objecter une « critique traditionnelle », il à des dissections, voit arriver un
réserve la place qu'une critique non cadavre d’une vieille femme, comme il
traditionnelle pourrait y apporter dit, « sweet faced, au visage
d'objection. extrêmement doux ». Alors, fulgurance,
Et on doit constater que, tout en une pensée lui arrive, sur le mode de
validant la thèse freudienne, Lacan l’Einfall freudien, ça lui tombe, de
certainement y a apporté des correctifs l'association : « There is no God, il y a
qui n'ont pas cessé de rythmer son pas de Dieu ; s'il y avait un dieu, il
propre progrès dans son élaboration n'aurait pas permis que cette chère
théorique et clinique. vieille femme fût amenée à la
Il serait de plus erroné de penser dissection. »
que Freud a réduit la religion au Et il revient chez lui, l’américain, le
cérémonial — pas du tout. Il a relevé jeune étudiant, et il se dit : Bon, c’est
déjà en son temps le défi du religieux, fini, je ne crois plus en Dieu, je ne vais
de l'expérience religieuse. Et c'est plus à l'église. Et alors, au moment où il
pourquoi il faut mettre en parallèle, à s'écarte de la communauté des
l’article de 1907, son texte de 1928, croyants, voilà qu'une voix vient dans
texte extrêmement bref, et qui s'appelle ce qu'il appelle son âme, lui dire :
« Une expérience religieuse » — Ein Minute papillon, « I should consider the
religiöses Erlebnis. Freud au moins step I was about to take. » Et alors il
explicitement donne sa place à répond à sa propre voix : Bon, si on me
l'expérience religieuse en tant que telle, prouve vraiment que Dieu est Dieu, et
et c'est une expérience dont il propose que la chrétienté est la vérité, que la
l'interprétation, une interprétation en Bible est la parole de Dieu, alors,
terme œdipien. d'accord, je l’accepterai. Et alors il dit :
Est-ce qu'on connaît ce texte ? Je Dans les jours qui ont suivi, « God
suppose qu'on connaît le texte de 1907 made it clear to my soul that the Bible
— le texte 1928 est peut-être moins was His Word » ; dans les jours qui ont
présent ? suivi, il a trouvé l’attestation. Il parle de
Il est bref, mais enfin je peux au la véracité de la Bible, de
moins vous en donner le synopsis. l’enseignement chrétien par des
Freud, en 1927, avait donné un preuves infaillibles. Et donc il demande
entretien, une interview à un américain, à Freud de tenir compte de son
il met « interview » entre guillemets. expérience dont il témoigne, pour qu’il
L’américain était germano-américain, vienne à des meilleurs sentiments à ce
donc il pouvait s’y retrouver. Et il s'est sujet.
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Alors, Freud — tout ça est assez retrouve dans d'autres textes freudiens
bref —, Freud roule un peu des aussi bien.
mécaniques en disant : Tout ça n’y fait Et après ce moment de rébellion, le
rien du tout. Je dois considérer que ce voilà qui conformément au complexe
genre d'expérience, là, vraiment ça ne d’Œdipe se soumet et accepte sans
m'inspire pas. Je reste ce que je suis : faire une histoire une obéissance, la
un juif infidèle. J'attends que quelque soumission complète à la volonté de
chose se manifeste à moi — rien du Dieu le Père.
tout. J'évoque ceci pour marquer que le
Mais à quoi est-ce que Freud point de vue de Freud ne s'est pas
s'accroche, à propos de cette seulement arrêté au cérémonial
expérience religieuse ? On peut extérieur, mais qu'il s'est proposé
vraiment appeler ça une Erlebnis parce d'analyser aussi bien l'expérience
que c’est justement une dimension qui religieuse la plus individuelle et même
est complètement différente de celle du la plus fugace qu'on puisse imaginer.
cérémonial. Il n’y a pas de cérémonial. Au moins pour Freud, que ce soit
Il y a le témoignage de « ce que ça me par le biais du cérémonial ou de
fait » que donne un sujet. Et alors l'expérience, la religion est susceptible
Freud s'accroche pour en faire quelque d’être psychanalysée. Et donc à la
chose à ce qui lui est venu, au moment place de la virgule, on pourrait placer le
où il réfléchit à ça, où il en parle, au « avec » qu’emploie Lacan, « la religion
cours d’une discussion, qu’il parle de avec la psychanalyse », c'est-à-dire se
son « pieux collègue » comme il dit. Et servir de la psychanalyse comme un
il fait un lapsus, Freud ; il dit : sa mère, instrument qui dévoilerait ce qui
le corps de sa mère conduit à la resterait voilé dans la religion.
dissection. Et c'est au point que Freud avait
Et alors, ce qui est frappant ici, c'est l’idée que ce dévoilement auquel là il
que Freud — c’est un tout petit texte —, procède par le biais du complexe
Freud prend au sérieux son propre d’Œdipe, d'une façon qui est
lapsus. Et il dit : Mais oui, c’est ça ! Si évidemment — comme il le dit quelque
cette vision de ce cadavre a eu cet effet part, un autre propos : c’est comme une
sur ce sujet, c'est parce que, à lui aussi, danseuse qui fait des pointes. Il le dit à
ça a dû rappeler le mot de « mère ». Et propos de ce qu'il dit de la religion. Là,
si l'idée qui lui est venue alors a été de il fait une pointe. Quelle preuve a-t-il de
repousser la croyance, c'est que c'est ce qu'il avance ? — sinon son propre
son complexe d’Œdipe qui a été là lapsus qu'il impute à l'autre.
réveillé et qui s'est manifesté comme Mais Freud avait l’idée que le
doute au sujet de l’existence de Dieu le dévoilement psychanalytique des
Père. Disons, ça a réveillé une haine à fondements de la religion finirait par
l'endroit du personnage paternel, qui avoir raison de la religion, et qu'il
l’a, comme d'une façon pourrait la réduire à ce qu'il a appelé
incompréhensible, à un moment, une illusion. C’est le mot allemand :
éloigné de la croyance qu'il professait. Illusion.
Et disons que c'est cette impulsion Lacan, certainement plus sceptique
haineuse qui a été transportée dans la sur les effets de l’incidence de
sphère de la religion, au point que là il l'analyse, a toujours eu l'idée que la
évoque — c'est dans le texte — que psychanalyse ne devait pas reculer
cette impulsion prend « la forme d’une devant la religion, devant le champ de
psychose hallucinatoire ». l'expérience religieuse, à savoir qu'il y a
Vous voyez que là le diagnostic lieu d'authentifier l'expérience religieuse
freudien, concernant la religion, n'est comme expérience subjective.
pas du tout univoquement celui de C'est ce qu’il a proposé en particulier
névrose obsessionnelle, mais qu’à à propos des mystiques, parce que là
l’occasion il a aussi recours à la l'expérience apparaît en effet privatisée
dimension de la psychose. Et on le au niveau du sujet. Et que, à condition
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avait pour but de fonder l’ouverture du l'Autre comme lieu de la parole. C'est
savoir qui permettait d’y inscrire une instance qui est au-delà de la
précisément le religieux. symétrie de l'un et de l'autre, et qui
J’ai eu l’occasion, d'ailleurs, de exige de distinguer les dimensions de
parler du thème devant M. Ladrière lui- l'imaginaire et du symbolique.
même jadis. Je me suis gardé de faire Ce Dieu, Lacan l'a appelé l'Autre, en
la remarque que je lui fais maintenant, effet, avec un grand A, c'est le Dieu
à savoir que c'était aux fins de servir le fondé dans le fait de la parole, le
triomphe de la religion. Et que le factum de la parole, et c'est celui dont
triomphe de la religion exploite Lacan a pu dire dans son Séminaire
précisément ceci : la science doit Encore, que cet Autre comme lieu de la
confesser que l'Autre de la science parole était une façon « sinon de
n'existe pas. La science doit confesser laïciser Dieu, du moins de l'exorciser ».
l'arbitraire de son fondement ou de ses C'est-à-dire qu'il a procédé à la
fondements, confesser sa dépendance logification de Dieu, du signifiant Dieu.
à l'endroit de l'axiome. Et que c'est là Certes, ça n'est qu'une face de Dieu,
que la religion a abandonné la posture cette face logique. Et, au fond, c'est ce
adversariale à l'endroit de la science, qu'il advient de Dieu quand on l’aborde,
pour se loger dans cette lacune auto- il faut dire, par la psychanalyse : c'est
confessée. qu'il se décompose, c’est qu’il est
Mais il faut dire qu'il y a, de toute soumis à une décomposition spectrale.
façon et depuis toujours, une C'est le cas chez Freud. Quand il
démonstration de Dieu, imparable, examine le Dieu de la Bible, il ne peut
comme Dieu de la vérité, Dieu de la pas faire autrement que de le
langue, une démonstration de Dieu dédoubler. Le Dieu même du
comme Autre présupposé et fondé à Pentateuque, il faut qu’il montre qu’il
partir de la simple connexion du est le résultat d’une condensation. Il le
signifiant au signifiant. C'est-à-dire qu'il dédouble.
y a un Dieu inéliminable qui est ce que Eh bien, c'est aussi ce qui se
Lacan a baptisé le sujet supposé rencontre chez Lacan. C'est que, d'un
savoir. côté, il y a le Dieu du signifiant, mais
Et le Dieu en tant que sujet supposé c'est en quelque sorte la face
savoir, en effet, fait l'objet d'une foi qui scientifique de Dieu, si je puis dire,
n'est que la foi que nous faisons au linguistico-scientifique.
langage. Et c'est ce qui justifie que Il y a une autre face de Dieu, et qui,
Lacan ait pu dire que Dieu est dire. Le elle, est accrochée à la jouissance. Et
« Dieu-dire », c'est en effet ce Dieu c'est le Dieu de l'objet petit a, si je puis
inéliminable qui est, au fond, le ressort dire.
même de l’argumentation de Et donc chez Lacan aussi — ce qui
saint Anselme dans son auguste nous fait apercevoir que ce qu'on
argument, à savoir que celui qui nie appelle « Dieu », c'est une
Dieu est un insensé parce qu'il ne sait condensation entre le Dieu du signifiant
pas ce que les mots veulent dire. et le Dieu de l'objet a.
De là, on aperçoit — et c'est ce qui Le renoncement à la pulsion est
aussi nous intéresse — ce qui est pour Freud la clef de l'instauration de la
religieux dans la psychanalyse. religion. C'est-à-dire que pour Freud, le
Ce qui est religieux dans la fondement de Dieu — en effet, il laisse
psychanalyse, c'est ce qui tient à la foi de côté le signifiant —, le fondement de
faite au langage, à ce qui est le Dieu, c'est la jouissance, mais c’est la
truchement de la psychanalyse, à la jouissance en tant que renoncée, c'est-
parole qui lui sert d'instrument, de à-dire en tant que niée. Et c'est là qu'il
véhicule et de médiation. Ce qui est fait intervenir une instance, l'instance
religieux dans la psychanalyse, c’est le de l'interdit, et la fonction qui la
Dieu du signifiant, c'est ce Dieu de supporte comme le surmoi.
« l'Instance de la lettre » qu'il appelle Au fond, ce qu'on aperçoit dans la
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ligne de Lacan, c’est que l'interdit n'est qui comporte en elle-même une
qu'un semblant, c'est que l'interdit, dont béance.
Freud faisait le ressort de la religion, Et, au fond, c'est la démonstration
n'est qu'une projection. Et la donnée, de Lacan, c'est que la barrière que
ça n'est pas une jouissance qui aurait à Freud s’est évertuée à montrer,
être interdite ; la donnée, c'est le non-
rapport sexuel. Et l’interdit n'est que la barrière
rationalisation de cette donnée initiale.
Pour Lacan — c'est ce que béance
j’essaierai de marquer la fois prochaine,
de donner cet aperçu sur ce que nous qu’il a mise en scène, cette barrière
avons déjà parcouru bien sûr —, pour n’est que le semblant, la projection qui
Lacan, Dieu n’est pas le nom de habille une béance. Et que, aujourd'hui,
l'interdit : Dieu surgit du non-rapport le théâtre de cette barrière soit éventée,
sexuel. remplacée par des incitations, des
Lacan ne dit pas ce que dit Freud. stimulations, des permissions, ne
Pour Freud, Dieu procède de la change rien à ce qui fait, là, béance.
jouissance interdite, alors que pour
Lacan l'interdit se projette sur le non- Bon, je poursuivrai la semaine
rapport sexuel. prochaine. Je pourrai éclaircir ce que je
Sans doute, ce qui inscrit Lacan n'ai là fait seulement qu’effleurer.
dans la ligne de Freud, c’est bien qu’il
cherche la généalogie de Dieu à partir
de la jouissance. Mais pour Freud, c’est
une jouissance interdite, alors que pour Applaudissements.
Lacan c'est la jouissance
supplémentaire ; que pour Freud, il se
profère spécialement à travers la Fin du Cours XVI de Jacques-Alain
religion un « Tu n'as pas droit à la Miller du 14 mai 2003
jouissance », alors que Lacan nous
esquisse comme une naissance
naturelle de Dieu à partir de la
jouissance féminine, une jouissance qui
excède toute mesure et qui comme
telle introduit l'infini. De telle sorte que
l'interdit mis en valeur par Freud — et,
avec l’interdit, il y a beaucoup de
choses : il y a le surmoi, il y a toute une
conception de l’appareil psychique —,
cet interdit apparaît comme inutile,
comme un ajout.
Sans doute, du temps de Freud, le
concept, la position de l'interdit avait un
écho pour tous ses contemporains.
Mais ce que Lacan permet de
comprendre, d’apercevoir au moins,
c'est que la permission de jouir ne
change rien à ce qui est la structure de
la jouissance.
Et sans doute aujourd'hui, nous
sommes plutôt aux prises avec
l'absence de l'interdit. En tout cas, tout
le monde en témoigne. Mais l'absence
de l’interdit ne change rien à ce qui
s'inscrit de la structure de la jouissance,