Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
KENITRA
MASTÈRE SPÉCIALISÉ :
LA FINANCE
ISLAMIQUE
DANS LE MONDE
EL-HOUSNI
HAFSA
JABRANE HALIMA
SELLAMI SIHAM
TALBI HOUDA
2020/2021
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
ISLAMIQUE
EUROPE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
1
INTRODUCTION GENERALE
Le caractère islamique d’un produit financier, ou d’une transaction financière, est établi
dès lors que le respect des cinq principes de l’islam financier a été vérifié par un conseil de
conformité à la Charia1. C’est, en effet, une finance qui véhicule des principes moraux et
éthiques universels, et ouvre des perspectives à tous les opérateurs.
Quelles sont alors les premières traces et les dates marquantes dans l’évolution de la
finance islamique et sa mondialisation ? quels sont les obstacles qui freinent sa croissance ? Et
quel État des lieux de la finance islamique à l’échelle mondiale ?
1
Interdiction de l’intérêt (pas de « Riba »), interdiction de l’incertitude, de la spéculation (pas de
« Gharar », ni de « Maysir »), interdiction d’investir dans des secteurs illicites (pas de « haram ») et le
principe de partage des pertes et des profits.
I. HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT DE LA FINANCE ISLAMIQUE
INTRODUCTION
La finance Islamique est pratiquée par les musulmans durant les premières années de
l’Islam. L’Islam est donc l’origine de la finance islamique, la religion qui oriente les principes
de vie de tout musulman.
L’islam propose des règles précises, et interdit les transactions fondées sur l’intérêt
(riba) ou contenant des éléments de spéculation et d’incertitude (gharar) et jeux de hasard
(maysir). Ces principes se traduisent dans la vie privée, familiale, sociale, étatique, et
constituent le cadre normatif de la oumma (la communauté musulmane).
En effet, Fiqh Al Mouamalat donne depuis des siècles un cadre structuré des
transactions financières des musulmans mais ce n’est que vers la fin du XXe siècle que le
système financier islamique s’est assez développé pour être considéré comme un modèle
distinct permettant aux musulmans (et non musulmans) de mener des activités financières
conformes aux percepts de l’islam.
Bien que la pratique actuelle de la finance islamique diffère de celle pratiquée autrefois,
à cause notamment du changement de contexte économique et l’accentuation de la
concurrence avec les banques conventionnelles, les principes qui régissent cette finance sont
les mêmes qu’il y a 1437 ans.
La finance islamique est ancienne existe depuis plusieurs siècles, l’essor du système
financier islamique est apparu depuis une cinquantaine d’année avec l’indépendance d’une
grande partie des pays musulmans (le Pakistan en 1947, l’Indonésie en 1949, la Malaisie en
1959, l’Algérie en 1962, le GCC4 en 1971).
L’Égypte et la Malaisie sont les deux premiers pays en matière de finance islamique.
A partir des années 90, la finance islamique est répandue principalement dans les pays
du Golfe persique, comme l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie-Saoudite, le Qatar, mais aussi
dans les pays du sud asiatique comme la Malaisie, le Brunei, et l’Indonésie.
Elle est aussi très présente dans l’Afrique du Nord, spécifiquement au Maroc, en
Tunisie, en Algérie, et dans l’Afrique de l’Ouest, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, et le
Togo. D’autres banques islamiques opèrent dans plus de 80 pays, non seulement musulmans,
mais où vivent une minorité de musulmans, comme c’est le cas en Europe.
Selon les estimations du Fonds monétaire internationale (FMI2), il existe actuellement
plus de 300 institutions islamiques opérant dans plus de 75 pays.
Aujourd’hui, les encours totaux du marché financier islamique (c’est-à-dire les banques,
fenêtres, les fonds, les obligations et les hors-bilans islamiques) se scindent en quatre sous
marchés : l’Amérique du Nord (environ 40 milliards de dollars) ; l’Europe (environ 60
milliards) ; le Moyen-Orient, y compris le Pakistan, le Soudan et la Turquie, (environ 590
milliards de dollars) et l’Asie du Sud-Est (260 milliards de dollars). La somme s’élève à
environ 950 milliards de dollars à la fin de l’année 2009 et passera sans aucun doute la barre
symbolique du trillion de dollars avant la fin de l’année 2010, ce qui est conforme aux
prévisions de la dernière décennie. Les autres pays du globe sont soit dans un processus de
mise en œuvre (Algérie, Libye, Inde), soit en phase d’exploration (France, Chine, Australie).
Les défis que la finance Islamique doit relever sont de plusieurs ordres. Peuvent être
classées en problèmes d’ordre juridique et fiscal et des difficultés structurelles de la finance
islamique.
2
Le Fonds monétaire international ou FMI : est une institution internationale regroupant 190
pays, dont le but est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité
financière, faciliter les échanges internationaux, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité
économique et faire reculer la pauvreté »
̶ Il s’agit, en premier lieu, de l’insécurité juridique qui s’attache à la finance
islamique du fait que le droit islamique des affaires se superpose à des droits
nationaux et que des controverses doctrinales parcourent celui-ci.
̶ En deuxième lieu, la mise en œuvre de la finance islamique dans le monde
bancaire et financier rencontre des difficultés dues à certaines règles juridiques
islamiques spécifiques.3
a) L’insécurité juridique :
L’insécurité juridique est sans doute un obstacle important au développement de la
finance islamique. Il s’agit de l’existence de controverses doctrinales sur le droit islamique
des affaires et sur la difficulté à faire coexister un droit transnational et des droits nationaux.
La présence d’un certain nombre de controverses sur des points importants du droit
islamique des affaires est un grand obstacle pour la finance islamique, comme le RIBA, la
4
technique du QIYAS ou encore le recours aux ruses (HIYAL), qui peuvent opposer, en
particulier, les diverses écoles de pensée entre elles. D’où la nécessité d’une autorité
souveraine pour imposer des solutions uniformes dans ce droit international. Cette situation
est rendue plus complexe par le fait que se superposent au droit islamique des droits nationaux
laïques et différents : d’inspiration souvent occidentale en raison de la vague de codifications
qui est apparue dès le XIXe siècle5, ces droits divergent entre eux pour des raisons
coutumières. Les pays occidentaux qui veulent attirer la finance islamique sont confrontés au
même genre de problème et certains, comme la Grande-Bretagne et la France, s’y sont déjà
adaptés.
3
François Guéranger, La finance islamique : Une illustration de la finance éthique, Edition :
Dunod (2009), p : 217,218
4
QIYAS : Raisonnement utilisé pour déterminer la solution d’un problème de droit non prévu
par les textes du Coran et de la SUNNAH.
5
Velidedeoglu H.V., Le Mouvement de codification dans les pays musulmans. Ses rapports
avec les systèmes juridiques occidentaux, Rapports généraux au Ve congrès international de droit
comparé (Bruxelles, 4-9 août 1958, t. I, p. 178-181).
6
Principe de Partage des Profits et des Pertes : ce principe permet d’engager les deux parties du
contrat dans la prise de risque qui a pour but de faire régner la justice, l’égalité sociale et de réaliser
des profits loin de la pratique de l’intérêt. Il permet, alors, le partage des risques et du rendement entre
les parties contractées.
forme de PPP, dans toutes les opérations réalisées sous cette forme - dépôts d’investissements,
émission de SOUKOUKS - la rémunération versée par la banque est considérée comme un
dividende et non comme une charge financière déductible fiscalement. Dans les opérations
basées sur l’achat/vente (du type MOURABAHA), et de location-vente (IJARA WA IKITINA),
la double transaction, achat puis vente, va entraîner des risques et des charges fiscales.
Dès lors, la finance islamique a un coût économique plus lourd que la finance classique,
ce qui est de nature à contrecarrer son développement.
A noter que les interprétations ne sont pas uniformes d’un pays à un autre et d’un
comité à un autre. C’est que plusieurs écoles d’interprétation règnent dans différents pays.
Globalement l’Arabie Saoudite se montre moins tolérant que les pays d’Asie du Sud Est. La
création d’instruments islamiques de type obligatoire (au cours des années quatre-vingt en
Malaisie) a été d’abord condamnée, puis copié par les pays du moyen Orient. Hétérogénéité
qui explique la diversité des instruments islamiques. Au départ, orientés vers le
développement de manière plus diversifiée et plus décentralisée, à l’image du monde
musulman, se développe dans un petit nombre de pays (Arabie Saoudite, Égypte et Pakistan).
Au cours des années quatre-vingt-dix, l'extension se fait vers de nouveau pays d’Asie du Sud
Est mais également dans un nombre de pays occidentaux à forte concentration de la
communauté musulmane; les objectifs de ces institutions financières évoluent ainsi
progressivement et le système de financement islamique n’est plus un simple outil de
développement, il doit répondre aux besoins de vastes couches sociales et aux contraintes
environnementales de son application ; les banques islamiques acquièrent le statut
d’intermédiaires financiers à part entière, l’objectif de maximisation des profits devient ainsi
une priorité. Sous l’impulsion d’une demande de plus en plus sophistiquée et dynamique, la
finance islamique devient plus pragmatique et ses objectifs convergent progressivement avec
celles de la finance traditionnelle.
Les retards de paiement, des pénalités de retard basées sur l’intérêt ne peuvent être
prévues ;
7
Yahia ZAHIRI, Dossiers de Recherches en Economie et Gestion, Les défis de la finance
islamique, juin 2013, p 90.
8
Causse-Broquet, Geneviève, La finance islamique Ed. 2, RB édition (2012), p : 163.
La gestion des liquidités, la banque ne dispose pas de moyen de faire fructifier son
argent au jour le jour, en cas de pénurie, elle ne peut se réapprovisionner auprès de la
banque centrale ;
La couverture des risques financiers : les produits dérivés (les contrats à terme, les
swaps et les options) ne sont, en principe pas autorisés dans la finance islamique car ce
sont des instruments de couverture mais aussi des instruments de spéculation. Outre
ces difficultés, elles doivent faire face également à des problèmes plus ou moins
spécifiques et/ou contingents, comme le mode de gouvernance (dû à la présence du
comité de la charia) et la pénurie de personnel qualifié.
CONCLUSION
INTRODUCTION
Malgré une présence encore dérisoire (seul 1,5 % du marché mondial de la finance
islamique est concentré sur le continent africain), les activités financières islamiques ne
cessent de percer en Afrique. En effet, plus d’une centaine de banques islamiques sont
présentes sur le continent. Leaders sur le marché, les banques islamiques ne sont pas les
acteurs uniques, fonds islamiques et institutions de microfinance s’y ajoutent. Les sociétés
d’assurance, Takaful, sont en revanche encore très peu développées. Comme en témoigne la
carte suivante, l’établissement de banques islamiques est réparti géographiquement sur tout le
continent. Pour répondre à des besoins exponentiels en termes de budget, certains Etats ont
recours à l’émission d’obligations souveraines respectueuses de la loi islamique, les Sukuk.
Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo ont ainsi par exemple pu lever 1,2 milliards d’euros grâce à
l’émission de ces obligations « Sharia- compliant » depuis 2014. En octobre 2016, ces 1,2
milliards d’euros de Sukuk (représentant
766 milliards de francs CFA) sont entrés à la Bourse régionale des valeurs mobilières
d’Abidjan (BRVM). Une telle cotation permet aux titres islamiques de devenir plus liquides,
augmentant l’attractivité des prochaines émissions de Sukuk en Afrique. Khartoum et Tunis
sont les autres deux places financières pour les Sukuk sur le continent.
b) Avenir et Perspectives
Du côté de la demande, les perspectives pour le marché financier islamique sont
importantes : 1. La bancarisation de la population africaine est encore faible. En effet, en
2014, 35 % des Africains avaient un compte en banque contre 61,5 % dans le monde, d’après
les chiffres de la Banque Mondiale (Global Findex Database 2014). La microfinance
islamique peut notamment répondre aux besoins de financement des populations les plus
exclues
financièrement. Ethiopie et Ouganda ont par exemple fait le pari d’augmenter l’inclusion
financière et sociétale de leurs populations grâce à ces établissements. La finance islamique
permet de toucher un public sensible à la culture et aux croyances religieuses. Certains
individus s’excluent en effet volontairement du système financier pour des raisons religieuses.
D’après l’institut Pew Research Center, le nombre de musulmans sur le continent était
d’environ 406 millions en 2010 et devrait atteindre 638 millions en 2030. Il est toutefois
important de noter que la religion n’est pas l’unique facteur de développement du secteur.
Kenya et Afrique du Sud, deux pays majoritairement chrétiens, veulent faire de Johannesburg
et Nairobi les centres financiers de leur région respective. Le marché financier islamique est
donc un atout de plus pour atteindre leurs ambitions. A terme, la mise en place de produits et
services financiers islamiques peut promouvoir un cadre favorable à la mobilisation de
nouvelles ressources. Les particuliers (ménages et entreprises privées) peuvent espérer placer
leur argent, sur des comptes à rémunération participative (Musharaka et Mudharaba) ou des
dépôts à vue compatible avec la loi islamique. Les entreprises peuvent trouver de nouvelles
sources pour lever des fonds et augmenter leur capital du côté de leur passif, ou encore
investir leurs liquidités pour améliorer la rentabilité de leur actif. Avec l’appui des autorités
prudentielles pour une mise en place optimale de la réglementation des activités islamiques,
un marché de la dette islamique local pourrait émerger, offrant davantage de possibilités en
termes de prêt et de placement. La finance islamique voit aussi son rôle se développer sur le
continent du côté de l’offre de services financiers islamiques. Généralement émis en monnaie
étrangère, les Sukuk émis par les Etats africains peuvent toucher deux types de capitaux. Le
premier type de capitaux provient des investisseurs issus des pays à majorité musulmane du
Proche-Orient et d’Asie désireux d’investir dans des actifs respectueux de la loi islamique. Le
second type de capitaux provient des investisseurs simplement désireux de diversifier leurs
portefeuilles. Les investisseurs et les banques islamiques du Moyen-Orient ont des liquidités
excédentaires à placer et représentent donc la cible la plus intéressante à l’heure actuelle pour
diversifier l’offre de financement en Afrique.
9
Conseil de coopération du Golfe (CCG) : une organisation régionale regroupant six pays du
golfe : l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
et 53% pour l’automobile. L’assurance islamique « Takaful » existe également dans les pays
d’Afrique du Nord. En effet, le Soudan est le premier pays de cette région à avoir adopté les
produits Takaful en 1979 ; en 2011, le poids du Takaful était de 340 millions de dollar et en
2012, le Soudan comptait quiz compagnies Takaful (le premier marché en Afrique). En 2012,
le nombre de compagnies Takaful était en Egypte de huit ; en Algérie, Tunisie et Lybie d’une
seule compagnie.
Tableau : Actifs financiers islamiques par secteur et par région en Mds USD pour
l’année 2016
Source: Islamic Financial Services Industry Stability Report 2017. BSI Economics
1.1 PAKISTAN :
La Chariaa a été introduite, en 1977, comme loi officielle du pays. Dès lors naissance,
est née une volonté d’adapter toutes les institutions du pays, parmi lesquelles les institutions
bancaires et financières, aux lois islamiques.
Le Pakistan a été parmi les trois pays dans le monde qui ont essayé de mettre en place
un système financier islamique au niveau national. Ce processus a été confié au Conseil de
l'idéologie islamique, en charge de la préparation d’une structure du système économique sans
intérêt. Ainsi, sous l'ordre du président Muhammad Zia Ul-Haq (1977-1988), un conseil,
comprenant des juristes, des banquiers et des économistes, a été invité à penser un plan
mettant en évidence les diverses manières d’éliminer l'intérêt du système financier du
Pakistan. Présenté en février 1980, ce rapport a été un important jalon dans les efforts pour
islamiser le système bancaire au Pakistan.
1.2 MALAISIE :
Le développement de la finance islamique en Malaisie s’est appuyé sur une solide
volonté politique et sur la croissance économique. La loi du 7 avril 1983 « Islamic Banking Act
» autorisait la création des banques islamiques (afin de permettre aux Malais d’épargner en vue de
leur pèlerinage à La Mecque) et permettait, également, à la banque centrale de pouvoir réguler et
superviser ces banques au même titre que les établissements traditionnels. Une période de dix ans
(1983-1993) fut considérée comme une phase d’expérimentation.
La même année a été fondée la première banque islamique, la Bank Islam Malaysia
Berhad (BIMB), avec mission de s’implanter, en dix ans, dans le paysage bancaire malais et
d’y développer son réseau bancaire. Dans la foulée, sont nés la Compagnie d’assurance
islamique et le Fonds de gestion au profit des pèlerins du Hajj (Lembaga Urusan Tabung
Haji). La réussite de ces expériences a entré la Malaisie dans une véritable phase de
développement de la finance islamique nationale.
1.3 L’INDONESIE :
a) Bahreïn :
Le Bahreïn est considéré comme un pays pionnier pour la finance islamique. Malgré
une superficie très limitée et une population qui ne dépasse pas 1.5 million d’habitants avec
70% de musulmans, le Bahreïn est devenu l’un des plus grands foyers de la finance islamique,
grâce notamment à une forte volonté politique et une solide infrastructure financière. Le
Bahreïn dispose de 24 institutions islamiques. En Octobre 2013, le total d’actif de ces banques
était évalué à 23,1 milliards $, ce qui représentait 29.3% du secteur bancaire de Bahreïn.
L’un des plus grands problèmes du secteur bancaire étant la prolifération des
établissements, plusieurs banques étrangères ont, suite à la guerre civile au Liban en 1975,
choisi le Bahreïn comme refuge.
b) Koweït :
L’histoire de la finance islamique au Koweït a débuté en 1977 avec la création de la
banque Kuwait Finance House (KFH). Et, depuis, l’industrie de cette finance est en pleine
expansion malgré la situation précaire de l'État en raison de la chute des prix du pétrole. Il
existe dans ce pays six banques islamiques : Ahli United Bank (converti en 2010), Boubyan
Bank, Kuwait International Bank (KIB), KFH, Warba Bank et Al Rajhi Bank. KFH reste la
plus grande banque islamique au Koweït, avec des actifs s’élevant à 17.18 milliards KWD
(57,21 milliards US $). L’actif total de ces six banques islamiques représente 45.2% du total
du système bancaire national.
c) Qatar :
Le Qatar a fait du marché des banques islamique un secteur d’avenir. Grâce à une
économie robuste et une forte volonté politique, le Qatar a fait des progrès pour
internationaliser la finance islamique.
La banque centrale de ce pays a émis une directive interdisant aux banques
conventionnelles d’ouvrir des fenêtres islamiques. Huit banques ont ainsi dû fermer leur
fenêtre charia compatible. Malgré la fermeture de ces fenêtres, la croissance de la finance
islamique n’a pas été freinée. Le taux de croissance de ce secteur bancaire a été estimé à 26%
entre 2009 et 2013.
La banque centrale de ce pays fut créée en 1980 et, depuis 1985, elle autorise les
banques islamiques à exercer leurs activités dans le pays. Elle impose néanmoins à ces
banques d’avoir leur propre comité de Charia afin d’apprécier les risques associés à leurs
produits. Il existe dans ce pays 8 banques islamiques et 6 guichets islamiques issus des
banques conventionnelles. L’actif de ces banques ne cesse d’augmenter avec un taux de
croissance moyen de 13% durant les cinq dernières années. En 2014, l’actif total de ces
banques représentait 15.4% du marché mondial de la finance islamique. Enfin, la part de
marché au niveau national de ces banques est passée de 8% en 2003 à 21.6% en 2014.
La plus grande banque du pays est Dubaï Islamic Bank (DIB). Elle a débuté ses activités
en 1975. Elle est considérée parmi les 3 plus performantes banques islamiques dans le monde.
Grâce à ses résultats et sa bonne réputation, elle a pu et su capter à elle seule 8 % des dépôts
bancaires du pays, avec un nombre de clients avoisinant le million.
En mai 2015, la Banque centrale des Emirats arabes unis a également proposé la
création d'une haute autorité nationale de Charia, afin de compléter et de superviser le conseil
de la Charia des différentes banques islamiques.
Avec un total d’actif bancaire proche des 140 milliards $, les Émirats arabes unis étaient
en 2014 le troisième plus grand marché islamique dans le monde après l'Arabie saoudite et la
Malaisie.
Les Émirats arabes unis ont été classés par la Banque mondiale comme un pays propice
aux affaires, grâce aux avantages qu’ils offrent aux investisseurs, avec notamment la présence
de 38 zones de libre-échange et la possibilité pour les étrangers d’acquérir 100% d’un projet,
le tout étant exonéré d’impôt dans le pays. En 2014, le pays a ainsi gagné trois places dans ce
classement. Il occupait alors la 23eme place à l’échelle mondiale, devant même plusieurs pays
européens.
Les Emirats arabes unis ont été affectés par la crise financière en 2008, mais les
autorités ont essayé d'atténuer l'effet de la crise avec l'augmentation des dépenses et de la
liquidité pour stimuler le secteur bancaire. De son côté, Dubaï a été particulièrement frappé, et
il a fallu l’intervention de la Banque nationale d'Abu Dhabi et Al Hilal Bank pour fournir des
prêts de 20 milliards $ US garantis par le gouvernement fédéral des Emirats arabes unis.
e) L’Arabie Saoudite :
L’Arabie saoudite est le plus grand producteur de pétrole dans le golfe. La population
de ce pays est estimée à 30 millions d’individus avec une majorité écrasante de musulmans.
L’agence monétaire de l’Arabie saoudite (SAMA) gère tous les opérations monétaires et
financières dans ce pays depuis 1952. Elle supervise ainsi les systèmes bancaires classique et
islamique. A partir de 1975 et suite à la création de la banque islamique de développement
(BID), plusieurs banques ont vu le jour, à l’image de National Commercial Bank (NCB) en
1980 et AlRajhi Investment Bank en 1987.
L’agence monétaire d’Arabie saoudite (SAMA) ne fait pas de distinction entre les
banques islamiques et conventionnelles. Cette agence doit seulement s’assurer que les deux
systèmes bancaires appliquent ses exigences et ses directives (Hasan, 2010). En 2014, il
existait uniquement 4 banques islamiques. La banque AlRajhi se positionnait comme la plus
grande banque du pays puisqu’elle était la seule à exercer ses activités comme banque
islamique après la dissolution de la National Commercial Bank quelques années après sa
création. A partir de 2004, la SAMA a assoupli ses contraintes de délivrance de licence
bancaire, ce qui a permis la conversion d’Aljazirah Bank en banque islamique et la création
d’autres banques comme Albilad en 2004 ou Alinma Bank en 2008. Parmi ces quatre banques
islamiques, Al Rajhi Bank disposait de la plus grande part du marché avec un actif total de
170 milliards SAR. La deuxième plus grande est la Banque AlJazira avec un actif total de
29,97 milliards SAR en 2009. En troisième position, se trouvait la Banque Albilad avec un
actif total de 17,41 milliards SAR, et venait enfin la Banque Alinma nouvellement créée avec
un actif total de 17,31 millions SAR.
La date du 11 septembre 2001, qui a laissé une empreinte indélébile sur l’ensemble du
monde musulman, a marqué également un tournant important dans le développement de la
finance islamique. La croissance de celle-ci s’est fortement accélérée au cours des de
dernières années sous l’impulsion de deux phénomènes :
a) En France
Dans les pays d'Europe Continentale où la communauté musulmane représente une
partie non-négligeable de la population, comme l'Allemagne, la France ou la Belgique, les
banques islamiques sont jusqu'à présent non-existantes. Le principal argument avancé pour
justifier cette carence est la présence de législations qui s'opposent à l'établissement de telles
institutions. Il existe en Europe un véritable attrait pour la finance islamique, essentiellement
en France, et au Royaume-Uni.
C’est la crise des subprimes comme la crise de la dette souveraine en Europe qui aurait
pu nous être épargnées, et c’est la volatilité exacerbée des marchés financiers, des matières
premières et des denrées alimentaires qui auraient été nettement amoindrie si les pays
d’Occident s’étaient quelque peu inspirés de l’esprit de la finance islamique.
Multiples sont les indices qui témoignent de l’intérêt de la France pour accueillir ce type
de finance, mais ils sont tout aussi nombreux les indices qui expliquent le choix de la finance
islamique pour ce pays souvent considéré comme très accueillant, et pour ce qui nous
concerne, si l’intérêt n’était pas mutuel et partagé entre les deux parties, le sujet n’aurait pas
pris autant d’ampleur.
Selon Gilles de Saint-Marc, le contexte juridique est très largement compatible avec les
problématiques de la finance islamique. Les grands préceptes de la Chariaa se retrouvent aussi
dans Code Civil français : le jeu est interdit depuis 1804 et l’usure est aussi prohibée. Certes,
il existe des frottements juridiques et fiscaux mais pas plus qu’à Londres.
Même s’il n’existe pas de banque islamique, tous les services conformes à l’éthique
islamique qui sont disponibles en France en 2020 :
Compte bancaire
Compte épargne
Épargne & Placement (Assurance vie, Actions, Sukuk, Equity, Métaux précieux
Or ou Argent, crypto monnaies)
Financement immobilier
Financement professionnel
Assurance rapatriement
Transmission du patrimoine (application du droit musulman de l’héritage en
France)
10
OPCVM : Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières, sont des produits
d’épargne investis dans différents types de produits financiers (actions, obligations, titres de créance,
…) et qui ont également recours à des techniques de marchés (options, contrats, …).
Il est, donc, remarquable que la plupart des services d’une banque islamique sont déjà
en place en France. Bien sûr, de nombreuses solutions sont encore à développer notamment
sur les financements à titre personnel (auto, voyage…) ou les assurances (habitation, santé…).
b) Au Royaume-Uni
La Grande Bretagne est le pays européen où la finance islamique est la plus développée.
Elle a été l'un des premiers pays européens à adopter la finance islamique dans les années
1980.
L’objectif affiché par les autorités britanniques est de faire de Londres « le portail
occidental et le centre mondial de la finance islamique » La procédure d’implantation des
banques islamiques d’opère de deux manières : soit par la création de banques islamiques, soit
par l’ouverture de fenêtres islamiques dans les banques conventionnelles. Pour le premier
mode, on trouve IBB (Islamic Bank of Britain), banque de détail crée en 2004, L’EIIB
(European Islamic Investissement Bank), banque d’investissement crée en 2006 et la BLME
(Bank of London and Middle East) banque d’investissement crée en 2007. La FSA (Financial
Services
Authority) organe britannique de régulation, a autorisé l’ouverture de ces banques à la
condition qu’elles soient soumises à la même réglementation que les autres banques
britanniques. Et aussi environ 17 banques classiques qui ont ouvert des fenêtres pour des
services financiers islamiques, tel est le cas de la banque « HSBC Aamanh » dont l’actif est de
16,7 milliards de dollar, ou la « Gatehouse Bank »,
Les résultats de l’IBB illustrent l’intérêt suscité par ce marché : cette banque est passée
de 5 962 clients en janvier 2005 à 23 459 en juin 2006 (+74.6%) pour 70.1 millions de livres
sterling de dépôts.
Beaucoup plus tard, en 1990, va s'établir la Faisal Finance à Genève en Suisse, filiale de
la Dar al-Maal al Islamic (DMl). Cette institution remplira principalement le rôle d'une
banque d'affaires avec toutes ses implications. Une autre filiale de la DMI ouvrira également
ses portes
au Luxembourg, mais cette fois en tant que holding de type Soparfi (société de participations
financières), et non pas sous le statut d'une banque.
C’est au Royaume Uni, qu’est lancé le premier projet de création de sukuk dans un pays
occidental, en 2006. Il fût également le premier pays à créer un marché secondaire des sukuk.
En 2009, London Stock Exchange (LES) a eu son premier sukuk américain (de General
Motors) et son premier sukuk d’une banque européenne (The Kuveyt Turk). Un total de 19
Sukuk émis à LSE pour un montant de 11 milliards de dollar. La première entreprise au RU à
émettre des sukuk était « International Innovative Technologies » (IIT), en 2010. A la même
année, cinq émissions de Sukuk ont été enregistrés sur le LSE pour un montant de 1,7
milliards de dollar. En 2011, 10 émissions de sukuk étaient inscrites sur le LSE, pour un
montant de 5,1 milliards de dollar. En 2012, le nombre est passé à 37 sukuk d’une valeur de
80 milliards de dollar. Six autres sukuk préalablement admis à une négociation sont arrivés à
maturités et ont été répertoriés. Un total de 43 sukuk a été répertorié sur le LSE avec une
valeur totale de 24 milliards de dollar.
CONCLUSION GENERALE
La finance islamique est, avant tout, une finance éthique, qui privilégie un système de
valeurs bâti sur la nécessité d’éviter ce qui est interdit, sur un équilibre entre l’intérêt
personnel et l’intérêt public, mais aussi sur les valeurs de l’équité, la transparence, la
sincérité… Ces valeurs sont d’une importance capitale et doivent se refléter obligatoirement
dans les actes et les transactions. Malgré son encours estimé à plus de 2 500 milliards de
dollars, la finance islamique ne représente qu’un peu plus de 1 % de la finance classique.
Autrement dit, son activité reste relativement marginale.
La croissance de son activité est freinée par une multitude d’obstacles tel qu’entamer
dans le travail, à savoir l’insécurité juridique, les problèmes d’image et l’étendu et les
caractéristiques des produits offerts. Afin de dépasser ces défis ; plein de reformes et de
stratégies doivent être mises en place.
BIBLIOGRAPHIE / WEBOGRAPHIE
- ALI BENGHAZI AKHLAKI, FINANCE ISLAMIQUE, 1ERE EDITION, 2015.
- DJIBRIL NDOYE, FINANCE ISLAMIQUE EN EUROPE.
- CAUSSE-BROQUET, GENEVIEVE, LA FINANCE ISLAMIQUE ED. 2, RB EDITION, 2012.
- FAKHRI KORBI. LA FINANCE ISLAMIQUE : UNE NOUVELLE ÉTHIQUE ? : COMPARAISON
AVEC LA FINANCE CONVENTIONNELLE. ECONOMIES ET FINANCES. UNIVERSITÉ SORBONNE
PARIS CITÉ, 2016.
- FRANÇOIS GUERANGER, LA FINANCE ISLAMIQUE : UNE ILLUSTRATION DE LA
FINANCE ETHIQUE, EDITION : DUNOD, 2009.
- LILA GUERMAS-SAYEGH « LA RELIGION DANS LES AFFAIRES : LA
FINANCE ISLAMIQUE », MAI 2011, FONDAPOL POUR L’INNOVATION POLITIQUE.
- OLIVIER PASTRE ; KRASSIMIRA GECHEVA, LA FINANCE ISLAMIQUE A LA CROISEE
DES CHEMINS.
- HTTPS://FIRSTUNION.FR/BANQUE-ISLAMIQUE-EN-FRANCE/
- HTTPS://TEL.ARCHIVES-OUVERTES.FR/TEL-01871008/DOCUMENT
- HTTPS://WWW.CAIRN.INFO/REVUE-FRANCAISE-D-ECONOMIE-2010-4-PAGE-11.HTM
1.1 PAKISTAN 15
1.2 MALAISIE 17
1.3 L’INDONESIE19
1.2 EN EUROPE 28
CONCLUSION GENERALE.......................................................................................33
BIBLIOGRAPHIE / WEBOGRAPHIE.......................................................................34