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Introduction générale
Chapitre I : Le contexte de la finance islamique
1- Historique et évolution de la finance islamique
2- Le cadre légal
3- Principes fondamentaux de la finance islamique
a. L’interdiction de l’intérêt « Riba »
b. Le principe partage des pertes et profits
c. Interdiction du « Gharar »
d. Les autres interdictions :
o La thésaurisation
o La spéculation
o Les activités illicites
Chapitre II : Les opérations financières islamiques
1- Les produits islamiques de financement
a. Les modes de financement participatifs
● Mudaraba
● Musharaka et Musharaka décroissante
b. Les opérations commerciales
● Murabaha
● Salam
● Istisnaâ
● Muajjal
● Ijara / IjarawaLktinaâ
c. Les opérations sans contre partie
2- Les soukouks
3- Les comptes et services bancaires
- Les comptes bancaires
- Les services bancaires
4- Quelques instruments juridiques d’accompagnement
- Le wa’d (promesse unilatérale)
- Le wakala (contrat d’agence)
- L’arboun (dépôt de garantie)
Conclusion générale
2
Introduction générale :
La crise financière de 2007 n’a pas seulement remis en cause le fonctionnement du système
financier conventionnel mais elle a aussi attiré l’attention sur le système financier islamique.
L’étude de la finance islamique est une tâche très épineuse et très délicate. Dès l’instant qu’on
intègre la religion dans un sujet, l’étude de ce dernier devient complexe, a fortiori quand il
s’agit de l’Islam et des musulmans. La population musulmane a atteint 1.7 milliard
d’individus, soit un quart de l’humanité. Or, cette population est la moins bancarisée du
monde entier, à cause, notamment, de la non-conformité du système bancaire traditionnel
avec les prescriptions religieuses de l’Islam.
Au cours de ces trois dernières décennies, la finance islamique est passée d’une position de
niche dans le système financier global à celle d’une des plus dynamiques et prometteuses.
Les premières banques sans intérêt dans le monde musulman sont apparues dans les années
1950 avec la constitution en Egypte de la banque Mit Ghamr, ainsi que la caisse d’épargne
des pèlerins en Malaisie. Mais, c’est à partir des années 1970 que le mouvement a pris un
véritable essor, suite à l’afflux massif des pétrodollars après la guerre du Kippour 1. Ainsi dans
les années 1975 fut créée à Djeddah2 la Banque Islamique de Développement (BID), une
institution financière intergouvernementale. Et, depuis, la finance islamique a pris une
tournure radicale, avec notamment plusieurs procédures d’islamisation du système bancaire.
Certains pays ont fait le choix d’islamiser complètement leur système financier, d’autres ont
décidé de suivre un mouvement d’intégration qui consiste à créer des banques islamiques en
parallèle avec les banques conventionnelles. Le développement de la finance islamique ne
s’est pas arrêté aux frontières des pays musulmans. Celle-ci avait des ambitions plus
lointaines, ce qui a conduit des pays occidentaux à aménager leur organisation interne pour
accueillir les institutions islamiques. Depuis le dernier quart du 20ème siècle, la croissance de
la finance islamique s'est accélérée, avec l'apparition du phénomène d'accumulation d'épargne
dans les pays musulmans, en particulier dans les pays exportateurs de pétrole. En 1975, il n’y
avait qu’une seule banque islamique ; selon les statistiques de 2018, il y en plus de 500, sans
compter les guichets islamiques dont se sont dotées les grandes banques nationales et
internationales. Ce mode de financement créé dans les pays émergents a été exporté vers le
reste du monde. La finance islamique a acquis de nos jours un statut assez global et occupe
une place suffisante sur les grandes places financières pour que l’on s’y intéresse.
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trader n'auraient sans doute pas pu se produire dans un établissement bancaire islamique, où il
est, par principe, interdit de mener des transactions purement spéculatives et déconnectées de
l'économie réelle. D’où l'image véhiculée par les adeptes de la finance islamique : une finance
rassurante, plus apte à éviter les dérives et les déboires de la finance traditionnelle et pouvant
séduire par son éthique.
Dans le premier chapitre, nous reviendrons sur l’historique de la finance islamique et son
développement au cours du temps. Ainsi, le cadre légalde cette finance. Ensuite, pour
comprendre la particularité de la finance islamique, nous exposerons les différents principes
qui régissent ce ‘‘nouveau’’ système, Le deuxième chapitre est divisé en 4 sections dans
lesquelles nous présenterons les différents produits de financement et autres services proposés
par les banques islamiques.
La finance islamique telle que nous la connaissons ne verra le jour que dans les années 1970.
En effet, ce n'est qu'en 1963 que naquit la première caisse d'épargne musulmane. Cet
évènement se déroula dans le village égyptien de Mit Ghamr et fut déclenché par
l'économiste Ahmad EL NAGGAR. La population locale, très croyante, exprima une
méfiance vis-à-vis des banques classiques. C'est pourquoi ils décidèrent de fonder un système
tontinier d'entraide musulman (par le biais du microcrédit), afin de subvenir à leurs besoins.
Au départ, il n'était pas question d'un système islamique à proprement parler. Il s'agissait
simplement d'un rassemblement d'agriculteurs souhaitant mutualiser leurs ressources
pécuniaires. Cette caisse d'épargne, qui fut la première initiative du genre dans le monde
musulman, draina une grande partie des revenus des villageois. Fidèles à leurs principes, les
villageois ne pratiquaient aucune distribution ou prise d'intérêts. Ils favorisaient plutôt les
prises de participations et les financements directs. En ce sens on peut dire que la finance
islamique moderne vit le jour à cette époque. Bien que cette première expérience fût une
véritable réussite elle ne dura que 4 ans, et dû prendre fin pour des raisons politiques. Cette
initiative aura inspiré la création de plusieurs leviers islamiques :
5
- En 1970, on observe la naissance du premier sharia board, « le sharia supervisory board ».
Celui-ci fut indépendant, et fut l'initiateur de la gouvernance bicéphale des banques
islamiques (nous y reviendrons plus tard dans notre étude).
- En, 1972, on assista à la création de la Nasser Social Bank. Il s'agissait de la première
banque destinée aux gens modeste en Egypte. Le concept était de proposer des services
conventionnels et parallèlement proposer des services islamiques tels que la collecte et la
redistribution de la Zakat ou le financement du Hadj D'une manière générale, on peut dire que
c'est dans les années 1970 que l'on vit apparaître un ensemble de pratiques financières
conformes aux préceptes de l'islam. Cela à plus grande échelle. Ce mouvement verra le jour
grâce à l'OCI (Organisation de la conférence islamique) qui décida en 1973 de créer
l'Islamic Development Bank. Elle démarra son activité 2 ans plus tard, en même temps que la
banque privée Dubai Islamic Bank.
À première vue, la finance islamique a connu une forte croissance dans les années 2000. En
2018 selon l’Islamic Financial Services Board (IFSB), le montant total des actifs conservés ou
gérés selon les principes de la Charia s’élevaient à quelque 2 200 milliards de dollars dans le
monde, soit un triplement en dix ans. Dans le même temps le nombre d’établissements actifs
dans ce segment a fortement augmenté. On en compte aujourd’hui plus de 500, dont environ
200 sont des entités dépendant de banques classiques, exerçant dans soixante pays : le
potentiel est énorme, la planète abritant désormais près de deux milliards de musulmans. Mais
ces chiffres flatteurs doivent être relativisés. Selon l’IFSB les actifs gérés dans les trois piliers
de l’activité (intermédiation bancaire, produits financiers et assurance) ne représentaient
qu’un pour cent du total mondial, une proportion qui peine à décoller. Leur croissance, bien
que non négligeable (6,9 pour cent en un an) s’est ralentie. Même si cela est largement dû à la
forte dépréciation de certaines monnaies locales par rapport au dollar, on reste très en-deçà
des prévisions qui voyaient la finance islamique tutoyer les 3 000 milliards en 2020.
L’activité est très concentrée géographiquement. Les six pays du Golfe (Arabie saoudite,
Oman, Koweït, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Qatar) qui ne comptent pourtant que 55
millions d’habitants (0,3 pour cent du nombre total de musulmans), pesaient 42,4 pour cent
des actifs, les autres pays du Moyen-Orient et ceux d’Afrique du nord en rassemblaient 25,1
pour cent et l’Asie 28,2 pour cent. La concentration est encore plus visible dans l’activité
bancaire d’intermédiation (collecte de dépôts et distribution de crédits) où les pays arabes,
l’Iran et la Turquie représentent 80 pour cent du total. Les douze pays possédant un secteur
bancaire islamique « d’importance systémique » comptent pour 91 pour cent des actifs
bancaires islamiques mondiaux. Ces chiffres illustrent les limites du phénomène. Ainsi
plusieurs pays comptant une importante population musulmane ne figurent pas dans la liste
des 36 juridictions suivies par l’IFSB. En partie par manque de données (Somalie, Sud
Soudan, Éthiopie) mais aussi parce que ce segment de la finance y est inexistant ou
embryonnaire. Le cas le plus flagrant est celui de l’Inde (près de 180 millions de musulmans)
mais le constat vaut aussi pour le Maroc (33 millions), la Chine (vingt millions) ou encore la
Russie (seize millions). Seuls deux pays (Iran et Soudan) ont un secteur bancaire totalement
islamique. Dans les autres la « banque islamique » coexiste avec un secteur bancaire classique
et sa part de marché ne dépasse les vingt pour cent que dans huit cas, dont cinq pays peu
4
https://www.land.lu/page/article/501/336501/DEU/index.html
6
peuplés du Golfe persique. Parmi les 26 autres, la part de marché a diminué dans onze cas,
avec l’Algérie, l’Égypte et la Turquie dont la population cumulée dépasse 190 millions
d’habitants, soit trois fois et demi celle des pays du Golfe. Et dans les pays occidentaux où les
musulmans sont nombreux comme la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les États-Unis
(cumulant près de quinze millions de personnes se réclamant de l’islam) la pénétration de la
finance islamique est dérisoire. C’est dire qu’elle ne séduit guère en dehors d’un cadre
géographique restreint et que ses « cibles naturelles » lui font largement défaut : au Maroc la
banque islamique ne représentait à fin 2018 qu’un pour cent de l’encours global des prêts à
l’économie !
En économie comme dans tout autre domaine de la vie du musulman, la sharia fait figure de
référence juridique et indique ainsi la ligne de conduite. Les quatre principales sources de la
sharia sont, par ordre d'importance, les suivantes :
· Le Saint Coran (paroles de Dieu) : Il constitue la première source en termes de loi. Tout
élément tiré d'autres sources juridiques (ci-dessous) doit impérativement être en totale
conformité avec le Coran.
Ces objectifs sont simples à comprendre et sont basés sur quelques axiomes fondamentaux,
qui sont tous liés les uns aux autres. Le premier, et de loin le plus important, est le Tawhid ou
principe d'Unicité de Dieu. Cette notion fondamentale en Islam implique que c'est Dieu qui
créé l'homme, qui lui a insufflé sur esprit et la doté de ses pouvoirs physiques, sensoriels et
intellectuels. C'est lui a créé l'Univers, l'a empli de phénomènes, de créatures et de choses, et a
7
pourvu ceux-ci de lois qui régissent leur existence. Il leur a donné la puissance et l'énergie et
les a tous soumis à l'homme, son khalifa ou vice-gérent sur terre.
Nous n'avons pas créé le ciel et la terre et ce qui existe entre eux en vatin. C'est ce que pensent
ceux-qui ont mécru. Malheur à ceux qui ont mécru pour le feu (qui les attend)
On aboutit alors au deuxième axiome, celui du rôle essentiel que joue l'être humain sur terre.
En tant que gérant en son nom, Dieu (SWT) a ordonné à celui-ci d'étudier les phénomènes, de
découvrir et de propager les lois, pour qu'il puisse remplir sa mission sur terre et améliorer sa
vie dans ce monde, de façon à la rendre compatible avec son statut d'être humain, dans tout ce
qu'elle comporte comme relation, avec lio-même, avec Dieu, avec le monde et avec les autres.
Le terme khalifa utilisé dans ce contexte ne concerne donc pas un individu en particulier, mais
bien l'humanité toute entière. Par conséquent, de cette notion de gérance découle celle d'unité
fondamentale et de fraternité de l'humanité, accompagnée du concept tout aussi important de
`adala, (c'est-à-dire de justice). L'instauration de la justice et son respect constituent les
objectifs premiers de la loi et Dieu les a placés au même degré que la piété.
5
« La finance islamique : Fondements, théorie et réalité », Martens A., Conférence présidentielle, 41e congrès
de la Société canadienne de science économique, Québec (2001).
8
- ou le travail accompli pour l'obtention d'un bien matériel et le risque engagé dans sa prise en
charge (dans le cas de la vente d'une marchandise achetée à autrui).
Selon l'orientaliste français Jacques Austruy6 la prohibition du Riba dans toutes ses formes
semble être l'une des conséquences de l'égalitarisme recherché dans la loi musulmane. D'après
lui, cette interdiction est fondée sur la double affirmation que le temps appartient à Dieu seul
et que l'argent, en lui-même, n'est pas productif. Ainsi, la Charia interdit le retrait par le
prêteur d'un quelconque avantage de son prêt, sauf si cet avantage est librement accordé par
l'emprunteur après remboursement du prêt et sans en constituer une condition tacite ou
explicite.
6
« L’islam face au développement économique », collection économie et humanisme, les éditions ouvrières.
Paris 2006, p.52.
9
négligeable au niveau d'un des biens échangés et/ou qui présente en soi un caractère
hasardeux et incertain7 . C'est le cas notamment :
- lorsque la vente porte sur une marchandise qui n'est pas déterminée de façon précise.
- lorsque la transaction est conclue sans que le prix de la marchandise ne soit fixé defaçon
claire.
- lorsque la transaction porte sur une marchandise déterminée que le vendeur ne possède pas
encore.
- lorsque le transfert de propriété est conditionné à un évènement hasardeux.
Ceci correspond en finance conventionnelle aux produits ou transactions à terme caractérisés
par une incertitude évidente quant à leur réalisation, tels que les Futures, les Swaps ou les
autres produits financiers plus complexes comme les Subprimes.
o La thésaurisation
Il est important de faire la distinction entre épargne et thésaurisation. Cette dernière notion
induit l’idée de non-productivité du capital. Par exemple, un compte d’épargne ne générant
pas d’intérêt n’est pas une forme de thésaurisation car ce capital est utilisé par la banque a des
fins productives (Gaillard et Tullier, 1965). Le Coran prohibe la thésaurisation car dans
l’Islam l’argent ne doit pas constituer une source de puissance. De plus, si un croyant
musulman thésaurise ses avoirs cela signifie, dans cette religion, qu’il ne participe qu’à son
enrichissement personnel et ne fait pas profiter l’économie en général. Le passage du Coran
ci-dessous condamne rigoureusement cet acte. ≪À ceux qui thésaurisent or et argent sans les
dépenser dans la voie de Dieu, fais l’annonce d’un supplice douloureux. Un jour, ces métaux
rendus incandescents au feu de l’enfer, leur seront appliqués sur le front, leurs flancs et leurs
dos –et on leur dira-voici ce que vous amassiez, pour vous-même, savourez donc ce que vous
avez thésaurisé. ≫
o La spéculation
LeMaysir(spéculation) était un jeu de hasard, dans le domaine économique, il désigne toute
forme de contrat dans lequel le droit des parties contractantes dépend d'un événement
aléatoire. Ainsi, chaque contrat doit avoir tous les termes fondamentaux (tels que l'objet, le
prix, les délais d'exécution et l'identité des parties) clairement définis au jour de sa conclusion.
Les juristes musulmans encouragent par ailleurs fortement la satisfaction de toutes les
conditions préalables avant la signature du contrat. Ceci différencie clairement les banques
Islamiques des institutions de prêt à intérêt, basées sur le principe que l'on peut acheter sans
payer et vendre sans détenir, ce qui alimente constamment la spéculation et porte préjudice à
la stabilité du système bancaire.
7
« Comprendre la finance islamique », Publication de la Cellule de Fiqh du Centre Islamique de la Réunion, Avril
2008 - Édition spéciale.
10
La Charia exige également que tout musulman ne peut traiter des biens jugés illicites ou
Haram. En effet, il existe des exigences quant à la nature de l'activité dans laquelle un
investissement demeure conforme aux impératifs moraux et religieux tels que dictés par
l'Islam. Ainsi, les jeux de hasard, les activités en relation avec l’alcool, avec l'élevage porcin
ouencore avec l’armement, avec l’industrie cinématographique suscitant ou suggérant la
débauche et les activités liées à la pornographie en particulier constituent des secteurs
d'investissement prohibés dans l'Islam. On retrouve ce principe d'exclusion dans la finance
éthique en faveur du développement durable et dans l'investissement socialement responsable.
Du point de vue financier, les sous-jacents de tout type de contrats doivent également être
conformes à la Charia. Typiquement, dans le cadre d'une prise de participation sous la forme
d'actions, un certain nombre de secteurs dont les activités sont considérées comme illicites
sont à exclure de l'univers d'investissements.
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1.1Les modes de financement participatifs
Ces instruments reposent sur le principe de partage de bénéfices et de pertes ainsi que sur une
hypothèse de prise de risque commerciale par le financier.
▪ Mudaraba
Définition :
Il s’agit également d’une joint-venture, similaire au mécanisme de la Mousharaka, impliquant
un principe de partage de profits et de risque. Le partenariat comporte le gérant (un moudarib)
qui sera chargé de placer les fonds pour le compte des investisseurs (Rab-al mal) dans le
projet sans aucun apport en capital de sa part.
Les profits sont répartis selon des ratios définis contractuellement mais à la différence de la
Mousharaka, les pertes sont supportées uniquement par les investisseurs. Ce principe repose
sur l’idée que la contribution du gérant, ses efforts et son expertise ont une valeur, à
l’exception du cas où celui-ci commet une erreur grave ou ne respecte pas les termes du
contrat.
En pratique, la Moudaraba est souvent employée dans le monde de la finance islamique pour
gérer des liquidités (p.ex. comptes d’investissement avec partage des profits et pertes dans le
cadre desquels la banque islamique agit en tant que moudarib et l’investisseur en tant que
(rab-al-mal). Cet instrument est également utilisé pour mettre en place d’autres structures de
financement islamique syndiqué.
▪ La Mousharaka
Définition :
Il s’agit d’un contrat de partage de profits et de pertes selon lequel l’entrepreneur et le
financier participent à l’apport du capital et à la gestion de l’affaire. Similaire à une joint-
venture, l’apport en capital est réalisé selon des pourcentages définis au préalable ainsi les
profits sont distribués selon des ratios définis contractuellement. Ces profits peuvent différer
de la proportion du capital investi par chaque partie mais les pertes sont toujours réparties au
prorata de l’apport en capital réalisé. En pratique, la Mousharaka est souvent gérée par une
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des parties moyennant des frais. Cet instrument est fréquemment utilisé dans le cadre du
financement de projets à long terme, tel qu’une joint-venture pour l’acquisition d’un bien
spécifique, le développement d’un nouveau projet d’entreprise. Les Mousharakas peuvent être
structurées de diverses manières.
▪ La Mousharaka décroissante
Il s’agit d’une variante de la Mousharaka classique mais avec une différence importante
permettant à l’entrepreneur d’agrandir progressivement sa participation dans le partenariat.
Concrètement, la participation du financier est divisée en plusieurs unités et le client promet
contractuellement d’acquérir l’ensemble de ces unités sur une période donnée.
C’est un instrument souvent employé dans le cadre de financement d’un projet que
l’entrepreneur souhaiterait posséder à terme. Il pourrait également être utilisé dans le cadre de
prêts hypothécaires conforme à la Charia.
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répartition du risque spécifique et exclut la rémunération sous forme d’intérêt. Les contrats de
financement islamiques les plus répandus sont :
▪ Mourabaha
Définition :
Dans le contrat Mourabaha classique, un financier acquiert un actif pour le compte de son
client et le lui revend ensuite moyennant des paiements souvent échelonnés sur une période
donnée. En pratique, le prix de revente est égal au coût d’acquisition majoré d’une marge,
convenue entre les parties. Les modalités de paiements à terme ainsi que les prix de revente et
les marges associées sont convenues et acceptés au préalable par les deux parties.
Les principales différences entre la Mourabaha et un contrat de dette classique :
▪ Dans une Mourabaha, le financier demeure propriétaire de l’actif et assume le risque
sous-jacent, (même pour une période courte) jusqu’à la revente de l’actif au client. Il
ne s’agit donc pas d’un prêt mais d’une opération de vente à crédit.
Cette technique de financement est très largement utilisée, notamment dans le cadre de
financements export, de financements immobiliers, de financements d’acquisition et de
financements avec effet de levier (LBO).
▪ Salam
Définition :
Il s’agit d’une vente à terme qui consiste à payer en avance des biens qui seront livrés à terme.
Le bien vendu à terme doit être conforme à la Charia mais il peut ne pas exister au moment de
la signature du contrat. Cependant, ce contrat ne pourrait en aucun cas s’appliquer sur un bien
qui a une durée de vie inférieure à l’échéance du contrat.
Cet instrument est très utile dans le financement des activités agricoles mais également dans
certaines activités commerciales et industrielles lors des phases antérieures à la production ou
à l’exportation.
Un paiement intégral anticipé permet souvent au financier de faire l’acquisition de l’actif à un
prix réduit. Le prix est calculé sur la base d’un indice de référence auquel s’ajoute une marge.
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Au moment de la livraison, le financier peut ainsi vendre l’actif à son client pour un prix plus
élevé ou conclure en parallèle un contrat Salam avec un tiers (aux termes d’un contrat
distinct) afin de revendre l’actif à un prix supérieur.
▪ L’Istitnaa
Définition :
Il s’agit également d’un contrat à terme mais qui diffère du contrat Salam dans les modalités
de paiement. En effet, ce type d’instrument permet une flexibilité de paiements qui pourraient
s’effectuer à la signature du contrat en comptant, graduellement ou même à terme.
Lespaiements peuvent même être effectués en fonction de l’avancement du projet. Il est à
noter que dans ce type de produit, la date de la livraison du bien n’est pas déterminée à
l’avance mais les modalités de paiement doivent être spécifiées dans le contrat.
Une autre particularité de l’Istitnaa concerne la nature du bien financé. En effet, cet
instrument s’applique uniquement sur les biens qui sont construits ou fabriqués ce qui
explique sa popularité dans les financements de projets de construction ou de développement
d’actifs.
▪ Muajjal
Définition :
Il s'agit d'une transaction commerciale dont le paiement est différé. Le vendeur accepte un
paiement s'effectuant à tempérament ou en une seule fois sans pour autant ajouter un coût du
fait du différé de paiement.
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▪ L’Ijarasimple
Définition :
L’Ijara est l’équivalent d’un contrat de bail ou le cas échéant d’un contrat de location-vente.
Il s’agit d’un instrument souvent utilisé pour financer les actifs mobiliers et immobiliers ainsi
que pour le financement des projets d’infrastructure long termes. Le financier (la banque)
demeure le propriétaire de l’actif et supporte tous les risques qui y sont associés. Dans ce
mode de financement, l’actif n’est pas revendu au client mais est plutôt donné en location en
contrepartie du versement de loyers.
Quelques différences distinguent cet instrument d’un contrat de crédit-bail classique :
▪ L’Ijara ne prévoit pas de pénalités en cas de retard ou défaut de paiement.
▪ Un contrat Ijara ne permet pas de rééchelonner les paiements, toute modification des
termes contractuels ne peut se faire qu’à travers un nouveau contrat.
▪ Les paiements dans un contratIjara ne peuvent pas se faire avant la livraison réelle du
bien contrairement à un contrat de crédit-bail classique.
▪ Dans un contrat d'Ijara, il est possible de déterminer le montant de chaque paiement
non pas préalablement mais à la date où la livraison de l'actif sous-jacent est prévue.
Cette flexibilité rend cet instrument particulièrement utile dans le cas de financement de
projets, une activité où l'incertitude sur la rentabilité future d'un projet d'investissement peut
être importante.
De plus, contrairement à un crédit-bail conventionnel, le financier islamique est contraint
d’assumer une partie des risques commerciaux associés à la location. Pendant toute la durée
de l’opération, le financier doit notamment assurer l’actif, s’acquitter des impôts et taxes liés à
la détention de la propriété de l’actif et se charger de sa maintenance. En pratique, ces
obligations seront souvent prises en charge par le client lui-même, qui agit alors en qualité de
mandataire, en contrepartie d’une rémunération prise en compte dans le calcul du montant du
loyer.
▪ L’Ijarawa-Iqtinaa
Le même principe que l’Ijarasimple avec une seule différence c’est que ce contrat est attaché
à une option d’achat. En effet, dans ce type de contrat, le client a la possibilité d’acquérir le
bien en location à échéance. Il est important de noter que cette option est équivalente à une
promesse d’achat et de vente qui est facultative mais qui est néanmoins intégrée dans le prix
de ce produit. Ceci implique que le client a un intérêt économique à exercer cette option. Dans
16
le cas d’une défaillance du client et lorsque ce dernier ne respecte pas la promesse d’achat, le
financier pourrait mettre en vente le bien à la fin du contrat.
2- Les Sukuks
Selon l’IIFM8, le Sukuk est un certificat d’investissement qui pourrait être vu comme étant
l’équivalent islamique des obligations conventionnelles avec néanmoins des différences
fondamentales. L’AAOIFI9 définit les Sukuks comme étant des « certificats de valeur égale
représentant des parts indivises dans la propriété des actifs tangibles, usufruit et service ou
dans la propriété des actifs d’un projet ou d’une activité d’investissement ». Les Sukuks
permettent alors aux investisseurs de détenir des participations dans les actifs sous-jacents
avec une rémunération qui sera fonction de la performance de ces actifs.
8
International Islamic Financial Market ‘’ Le Marché Financier Islamique International” a été créé par les
banques centrales et les autorités monétaires de Bahreïn, de Brunei, de l'Indonésie, de la Malaisie, du
Soudan et de la Banque islamique de développement. Siégeant en Arabie saoudite, c'est une institution
d'infrastructure dont la mission est l'établissement, le développement, l'autorégulation et la promotion des
marchés de capitaux et monétaires islamiques.
9
Accounting and AuditingOrganization for Islamic Financial Institutions « L'Organisation de comptabilité et
d'audit des institutions financières islamiques”, formule des standards dans plusieurs domaines, dont la
gouvernance d'entreprise, la comptabilité et les exigences minimales de fonds propres.
17
Les Sukuks peuvent être émis à l’initiative des gouvernements et des entreprises privées. Il
existe plusieurs types de Sukuks. Leurs montages diffèrent selon le type de l’actif sous-jacent.
Les montages les plus utilisés sont :
▪ Sukuk Salam : Rappelons que le Salam est un contrat de vente à terme. SukukAlSalam
est un certificat d’investissement émis dans l’objectif de mobiliser des fonds Salam qui
seront destinés à financer un bien qui sera livré à terme (principe du contrat Salam) mais
avec un paiement au comptant. L’émetteur du Sukuk est le vendeur du bien alors que les
détenteurs des certificats sont en effet les investisseurs (acheteurs du bien à financer). Ces
investisseurs paient en avance (levée des fonds) dans un SPV 10 (une entité ad hoc) en
contrepartie d’une promesse de livraison à une date ultérieure (paiement spot avec
livraison à terme). Les biens sont généralement vendus après livraison et la rémunération
des investisseurs est dans ce cas constituée du bénéfice réalisé par l’écart entre le prix
d’achat et le prix de revente.
▪ SukukIstitna : Il est à noter que l’Istitna est également un contrat de vente à terme. Une
entité ad-hoc (SPV) émet les Sukuks pour lever les fonds qui seront destinés à financer un
projet. Il s’agit en général de lourds projets industriels, manufacturiers ou immobiliers. En
pratique, l’entrepreneur ou le développeur du projet cède les titres de propriété à l’entité
SPV durant la phase de construction. Une fois le projet est achevé, deux scénarios se
présentent : soit le projet est revendu à l’entrepreneur à un prix déterminé à l’avance avec
des modalités de paiements différées, soit il est loué en crédit-bail avec un contrat
SukukAlijara. Les investisseurs sont rémunérés après la livraison du bien et sa revente ou
sa location grâce au bénéfice réalisé.
▪ SukukMourabaha : Un certificat d’investissement émis dans le but de financer l’achat
d’un bien ou d’une marchandise à travers une transaction Mourabaha. Une convention
cadre est établie entre le SPV et le Client selon laquelle le SPV émet des certificats
d’investissement auprès des investisseurs. Les fonds levés sont utilisés pour acquérir des
biens de la part d’un fournisseur au prix de marché. Les biens sont revendus par la suite au
client en différé à un prix majoré. La marge bénéficiaire payée par le client constitue la
rémunération des investisseurs.
▪ SukukMoudaraba : L’émetteur de ces certificats est le Moudarib (le gérant), les
souscripteurs sont les bailleurs de fonds qui apportent le capital Moudaraba qui sera
destiné à construire ou à développer un projet. Les souscripteurs sont propriétaires des
actifs de la Moudaraba et ont droit à recevoir une part des revenus. Une fois complétée, la
propriété du projet pourrait être transférée à l’entrepreneur. Les pertes seront supportées
par les souscripteurs uniquement.
▪ SukukMousharaka : Les certificats représentent des parts égales dans un projet géré et
financé sous une base Mousharaka. Les certificats sont émis dans le but d'utiliser les fonds
mobilisés pour établir un nouveau projet ou de développer un qui existe déjà. Selon le
principe de la Mousharaka, toutes les parties apportent du capital ce qui implique un
partage de risques et de profits selon des ratios déterminés.
▪ SukukIjara : les plus populaires et les plus répandus dans le monde aujourd'hui- où les
sommes récoltées des porteurs de Sukuks servent à faire l’acquisition, pour le compte de
ces derniers, d’actifs définis pour les mettre en location au profit de l’entreprise devant
bénéficier de l’actif. Cette propriété leur donne droit à une part du loyer perçu, mais les
10
Specialpurposevehicule
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rend également responsables des éventuels dépenses engagés pour la maintenance de
l’actif.
De même, les investisseurs sont soumis au risque de pertes liés à une mauvaise ou une
absence de performance des actifs : c'est le cas par exemple dans une opération
immobilière où il y a aurait des locaux non loués. Puis, à terme, les actifs sous-jacents sont
vendus et le montant obtenu alors est reversé aux investisseurs.
Un élément fondamental qui caractérise les Sukuks est en relation avec leur négociabilité sur
le marché. En effet, certains Sukuks peuvent être négociables sur le marché secondaire alors
que d’autres ne le sont pas, et sont conservés par les investisseurs initiaux jusqu’à maturité.
Selon la Charia, seulement les Sukuks ayant comme sous-jacent un actif tangible, corporel tel
qu’une participation dans une entreprise ou un portefeuille d’investissement peuvent être
négociables sur le marché secondaire (SukukIjarah, Mousharakah ou Moudarabah). Les
Sukuks qui représentent des cash-flows futurs tels que Sukuk Salam ou SukukMourabaha, ne
sont pas négociables (Sukuk Salam, Istitnaâ ou Mourabaha).
Il est par ailleurs important de distinguer les Sukuks des produits de titrisation classique. Lors
d’une titrisation, le porteur de part est exposé au risque de crédit du cash-flow titrisé, étant
donné que l’émetteur ne fait que transférer le risque de crédit sous-jacent aux différents
investisseurs. De plus, dans la mesure où les ABS sont cotés, ils peuvent facilement avoir une
meilleure note que les actifs sous-jacents grâce aux différentes méthodes de rehaussement de
crédit.
11
Ali El Salousse, Les dépôts et les certificats d’investissement dans la doctrine islamique, Palais de livre, P75
12
LachemiSiagh, L’islam et le monde des affaires, op. cit , P81
19
-Elle assure le remboursement de montant déposé. 13
La seule différence entre le compte courant conventionnel et celui d’une banque islamique est
la rémunération.
Pour le client, le compte d’épargne est égal aux dépôts à terme.
⮚ Les comptes d’investissement :
Ces comptes sont constitués par les dépôts de clients en vue d’un financement spécifique, les
sommes contenues dans ces comptes devront être destinées à un projet donné mais sur
lesquels des dividendes ne seront évidemment versés qu’en fonction du résultat des emplois
que la banque en aura fait, étant donné que celle-ci ne peut promettre aucun versement
d’intérêt. 14
Par ce compte, le client autorise la banque à investir les fonds dans des projets. Le contrat doit
également préciser toutes les modalités relatives aux opérations envisagées : objet, échéance,
règles de partage, etc.… La période de dépôt va jusqu’à 3ans, et plus. Après avoir calculé les
dividendes, la banque touche une commission de gestion.
On peut distinguer deux grandes catégories de compte : les comptes standards et les comptes
affectés. A la base de ces types de dépôt, il y a un contrat de type moudharaba.
Les comptes standards, autrement dit les dépôts d’investissements illimités, car ces fonds
sont intégrés dans ceux de la banque pour constituer un pool d’investissement. La banque peut
investir ces fonds dans les projets sans aucune restriction de la part du client. La rémunération
a lieu en fin d’année. Ces comptes sont moins risqués pour le client puisque l’investissement
porte sur une panoplie d’opération.
Les comptes affectés, dénoués encore des dépôts d’investissements limités. Les fonds
déposés ne peuvent pas être fusionnés avec ceux de la banque et doivent être utilisés selon les
indications du dépositaire. La rémunération a lieu en fin d’opération. Ces comptes paraient
plus risqués car ils sont relatifs à une seule opération.15
13
Genevieve Causse-Broquet, la finance islamique, op. cit , P83
14
Jaques charbonnier, Islam, droit, finance et assurance, op. cit , P110
15
Genevieve Causse-Broquet, la finance islamique, op. cit, P85
16
Genevieve Causse-Broquet, la finance islamique, op. cit, P94
20
C’est l’échange d’une monnaie contre une autre. Son but est de permettre l’échange d’une
monnaie contre une autre dont on a besoin.17
Lorsque la banque islamique procède à une opération de change, deux cas peuvent se
produire: En cas de change manuel, le client remet à la banque la monnaie qu’il veut
convertir et reçoit en échange une monnaie d’une espèce différente.
En cas de change par approvisionnement du compte du client, la banque remet au
dépositaire un reçu de versement qui porte la date du jour du dépôt et crédite le compte de
la contre-valeur au cours du jour du dépôt des billets reçus.
Le droit musulman exige en cas d’échange d’une monnaie avec une autre, la livraison
simultanée des monnaies.
Dans le premier cas cité ci-dessus, l’opération de change a lieu simultanément, ce qui ne pose
aucun problème. Dans le deuxième cas, le client doit devenir créditeur de la banque à partir
du jour du versement des billets à échanger, sinon l’opération devient illicite, et c’est cela qui
fait la différence entre l’opération du change des banques islamique et celle des banques
conventionnelles.
17
AboubakerDjaber El Djazairi, La voie du Musulman, P398
18
INSTRUCTION N°004-05-2018
21
• La promesse doit avoir causé un « engagement» de la part du bénéficiaire.
• Si la promesse fait référence à l’achat de quelque chose, la vente réelle doit avoir lieu
à la date mentionnée au moment de l’échange de l’offre et de son acceptation. Une simple
promesse ne doit pas être prise comme une vente conclue. »
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Conclusion
Pour conclure, la finance islamique est un mélange parfait entre finance et éthique. Se
revendiquant de fondements éthiques, remettant en cause les abus d’une finance
conventionnelle à bout de souffle, et poussée par un engouement et une forte liquidité, la
finance islamique se positionne comme révélateur. Elle offre de multiples avantages qui
stimulent ensemble un développement stable. Les pays musulmans comme les pays ayant une
importante communauté musulmane ont un intérêt économique certain à prendre toutes les
dispositions nécessaires à l’émergence d’une composante finance islamique à l’intérieur de
leurs systèmes financiers respectifs. Cette finance est fondée sur plusieurs principes issus du
droit et de la jurisprudence islamique dont le plus primordial est l’interdiction de l’intérêt qui
constitue un des piliers de la finance islamique, et fait la différence entre cette dernière et la
finance conventionnelle. Mais il y a également d’autres fondements comme l’interdiction de
Maysir, la spéculation et l’investissement dans des activités illicites qui doit être respectée par
toutes les institutions financières islamiques.
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Références
● Martens A., « La finance islamique : Fondements, théorie et réalité », Québec (2001).
● « L’islam face au développement économique », collection économie et humanisme,
les éditions ouvrières. Paris 2006.
● « Comprendre la finance islamique », Publication de la Cellule de Fiqh du Centre
Islamique de la Réunion, Avril 2008 - Édition spéciale
● Abdelkader Bessedik. « Les opérations de financement et d’investissement dans le
droit musulman. » Droit. Université Paris-Est, 2013.
● Instruction N°004-05-2018 relative aux caractéristiques techniques des opérations de
finance islamique exercées par les établissements de crédit de l’union monétaire ouest
africaine (UMOA)
● Geneviève Causse-Broquet « la finance islamique » Revue Banque édition Paris 2012
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