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Pour le celtologue britannique Peter Berresford Ellis, il n'y a pas de doute : "Les
druides étaient autant mâles que femelles". (Dictionary of Irish Mythology, p.
90)
"Druidesses, femmes qui initient les gens, les héros tels que Cuchulainn et dont
le pays est l'Écosse ; elles dispensent une éducation de type initiatique aux plans
guerrier, magique (on les qualifie de sorcières et de prophétesses), sexuel,
philosophique, traditionnel. On retrouve dans leurs activités les rôles essentiels
de la Femme, initiatrice "érotico-guerrière" et poétesse, expression de deux
visions indissociables de la Vie : l'Amour et la Mort. Les druidesses de l'île de
Sein, Armorique, ont le pouvoir de revêtir des formes animales - souvent celles
du Cygne ou de la Corneille -, celui de calmer le vent et les eaux". (Dictionnaire
de mythologie celte, pp. 105-106)
"Une druidesse, sur son chemin, s'écria en langue gauloise : va mais n'espère pas
la victoire et n'aie pas confiance en tes soldats." (Vie d'Alexandre Sévère LX.)
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"(Dioclétien) disait en effet qu'à un certain moment Aurélien avait consulté des
druidesses gauloises, cherchant à savoir si l'empire reste à ces descendants. Il dit
qu'elle a avaient répondu : "Il n'y aura pas de nom plus illustre dans l'état que
celui des descendants de Claude". Il est donc bien vrai que le présent empereur
Constance est de la même race et je pense que ses descendants parviendront à la
gloire qui leur a été prédite par les druidesses." (Vopiscus, Vie d'Aurélien
XLIV.)
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de beauté, d'équilibre et de paix et inconnu des démons que sont les Fomoire,
sont des dieux.
Le terme Ban-drui, femme druide est bien attestée dans la littérature médiévale
irlandaise. Ce terme, par perte de prestige, est venu à désigner la magicienne, la
sorcière, l'enchanteresse. Même dérive de sens que pour le masculin drui =
"magicien", "conjureur de sorts", en langue irlandaise.
On a voulu reléguer la druidesse dans un rôle de sorcière, de pythie tout au plus.
Non savons cependant que la femme avait accès aux occupations de son rang :
"Diancecht avait quatre fils : Cu, Cian, Cethen et Miach. Etan la poétesse était
sa fille et Armed la femme-médecin était une autre fille de Diancecht.
Cridinbel, Buidne et Casmael étaient les trois satiristes". (Livre des Conquêtes
de l'Irlande)
Brigit (< Brigantia / Brigindo) est la Déesse Druidesse par excellence; mère,
sœur et fille du Dagda (Dagodeuos = "Bon Dieu"), le Dieu-Druide, Dieu des
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druides, c'est d'elle (en tant qu'Etana) que se réclament les poètes. Mère des
poètes, des forgerons et des médecins, elle est la Druidesse des druidesses. C'est
en son nom que sont consacrées les druidesses, incluant les poétesses, pythies,
astrologues, enseignantes, femmes-médecins, sages-femmes, herboristes etc.
"Car les initiations guerrière et artisanale sont féminines, seule l'initiation
sacerdotale est masculine". (in La civilisation celtique p. 137)
Il est évident que la femme, dans les sociétés indo-aryennes, avait dans sa caste
un rôle secondaire à celui de l'homme, du père, frère, mari ou fils. La petite
servante du temple était de caste brahmanique… et remplissait ainsi son dharma
de fille de brahmane. Chez les Celtes on peut supposer une plus grande mobilité
d'une classe à l'autre car on ne peut pas, dans ce cas, parler de caste figée.
Donc, la druidesse, messagère des dieux, détentrice du secret des rites… bref, de
la mystique ascétique et tantrique, est l'instrument, le moteur, L'ÂME de la
dévotion sacrée.
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Pour schématiser :
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Ainsi, Dechtiré / Dectera (< Dexsitera = "Droitière"), fille du grand druide
Cathbad et de Maga par le truchement du dieu de l'amour Aongus Ôg (<
Oinogustios Ogios = "le Premier Choix - Jeune"), devient la mère du héros
demi-dieu Cuchulainn, par l'intervention d'un dieu, celle de Lugh.
J'ai en mémoire surtout l'histoire de Caer Ibormaith (< Cadra Eburomatia= "la
Belle / Vaillante - Bonne Mère - If / Sanglier"), fille d'Éthal Anubhail.
“Aonghus s'empressa vers le lieu comme s'il avait des ailles à ses pieds. Là au
bord de l'eau, il épia cinquante fois trois filles parées de chaînes d'argent. C'était
les vachères qui gardaient le troupeau de la Boann.
Isolée d'elles était la demoiselle qui hantait ses rêves, celle qu'il avait tant
cherchée depuis trois longues années.
Elle avait son propre collier d'or finement œuvré.”
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Mais sans être trop pessimistes, si nous oublions cette folklorisation de la
religieuse en prophétesse, sorcière ou enchanteresse, quel était réellement le rôle
ecclésiastique de la femme dans l'antiquité pré-chrétienne celte ?
La druidesse en tant que prêtresse est à la fois la messagère des dieux (aspect
divinatoire), la gardienne des lieux, du feu, la maîtresse, l'enseignante et la
matrone (maintien du sacré), initiatrice, patronne des arts (maintien de la
Tradition) ; et en médecine, garante de la fertilité et de la production veillant au
maintien de la santé (bien-être collectif).
C’est aussi la druidesse (en tant que fée : « sorcière tantrique ») qui initie le
jeune guerrier aux arts martiaux. N’oublions pas l’épisode où Scatach (< Scataca
= « l’Ombreuse », « la Sombre » ) initie le héros Cuchulainn (< Cu-Cuslantios
= « le Chien de Cuslanos = « du Coudrier »).
« … Le mariage s’ajoute à l’union libre en quelque sorte. Fée et sorcière… La
Dame n’est pas duale mais triple à l’image de Macha. Visionnaire lorsqu’elle est
la femme de Nemed dans une qualification de première fonction, reine de
deuxième fonction lorsqu’elle guerroie les fils de Dithorba, et agricultrice de
troisième fonction avec le paysan Crunnchu.
Il n’y a pas, dans la matière celtique, de preuves pour affirmer que la femme a
limité son sacerdoce à la prophétie et à la médecine. Le mystère qui entoure les
cultes féminins témoigne plus d’un secret initiatique que d’une absence. La
place prépondérante, qu’elle tient dans les récits héroïques de l’antiquité
celtique, démontre qu’elle consacrait le roi. Il y a là une exclusivité typiquement
féminine qui s’apparente parfois à un sacrifice. » (Caruocnos in Ialon # 10)
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Donc, si la druidesse appartient à la classe des nemetes, des prêtres en fait, peut-
on alors parler de prêtresse ? Si oui, quel était le nom de la prêtresse en celtique
ancien ? Question que j'ai posée à Joseph Monard il y a quelque temps… et
voici sa réponse :
"Un terme attesté et probablement spécialisé est celui de sena (nominatif pluriel
senai) en le prenant au pied de la lettre ce seraient des "doyennes" car l'adjectif
sena = vieille ; il s'agissait de membres d'une communauté vivant dans l'île aussi
nommée Sena = Sein = Enez Sizun. On peut penser à un jeu de mots gaulois
avec semna = vénérable, mal perçu par l'auteur latin Mela ; Ceci est plausible à
travers une autre référence ci-après... Strabon et Ptolémée mentionnent les
Samnitai, autre communauté féminine vivant dans une autre lie, proche de
l'estuaire de la Loire, auprès des Namnetes, dont le nom ethnique a donné
Namned > Nantes : signifiant lui-même les "célestes" < namos = ciel. Je pense
donc à l'attraction phonétique de Namnetes sur *Semnitai qui aurait donné
Samnitai chez ces auteurs non celtophones, coïncidant en outre pour les
latinophones avec le nom ethnique italiote des Samnitae... Donc va pour
semnitai, en variante de semnai; (nominatifs singuliers respectifs : semnita,
semna .) qui seraient des moniales
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Autres dénominations féminines :