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ISBN : 978-2-226-38611-3
Ce livre est dédié à :
Bien vieillir ? Cette formule peut sembler paradoxale dans nos sociétés
occidentales. Ne baignons-nous pas dans le culte du « jeunisme » et par
incidence dans le rejet du « vieillir » ? Car il est manifeste qu’une triste
évolution, si l’on peut utiliser ce terme, touche notre humanité : la vieillesse
est devenue une période de vie synonyme de décrépitude. On la considère
comme une charge, un poids et ce à plusieurs titres. On la pense ainsi tout
d’abord parce qu’elle est une phase de vie où la maladie est fréquemment
présente. On la pense également ainsi parce qu’elle représente une phase de
vie lors de laquelle l’individu perd de son autonomie pour devenir dépendant.
On la pense enfin ainsi parce qu’un « vieux », ce n’est pas productif, au
contraire, puisqu’il coûte une retraite et que ses maladies grèvent des comptes
sociaux déjà bien mal en point ! Quel triste constat que celui-ci ! Que faire ?
Doit-on aller vers les pires scénarios, eugénistes ou de science-fiction ? Peut-
on espérer et croire que les pauvres ravalements de façade que l’on nous
propose ne soient autre chose que de simples cache-misères, que des décors à
la « cinecittà » qui ne dupent personne, sauf peut-être celui qui y a recours ?
Pourtant bien vieillir n’est pas une proposition incongrue ni une promesse
méphistophélienne. C’est une réelle option ! Mais elle implique l’acceptation
d’un principe majeur et incontournable : la santé n’est pas un dû ! C’est un
effort constant et un devoir, vis-à-vis de soi et des autres ! C’est à cette
condition que l’on pourra comprendre et accepter l’idée présentée par Jean
Pélissier dans ce livre : on peut « bien vieillir » et mourir en bonne santé !
Voilà, le mot est lâché : mourir ! Car c’est bien cela la question qui sous-
tend la problématique du vieillissement. Nos sociétés modernes ont perdu le
sens précieux connu de toutes les sociétés traditionnelles : celui du temps, de
son déroulement, de ses cycles et des passages qui jalonnent le parcours. Ce
sens est tellement ancré dans ces cultures qu’il est organisé, architecturé par
des rites, sortes de moments clés qui marquent les changements d’« état » que
vit l’individu. D’enfant, il devient adolescent. D’adolescent, il devient adulte,
d’adulte il devient « ancien », c’est-à-dire vieux. À chaque stade sont
associés des droits et des capacités, dont découle une position précise dans le
groupe, qui vient entériner le sens de ce stade. L’ancien, du fait de son âge,
est devenu sage. Il est le référent, celui qui a du recul, celui qui, parce qu’il
n’est plus aveuglé par les enjeux ou les passions, garde une vision claire et
juste. Non seulement, « l’ancien » n’est pas considéré comme une charge, un
poids ou une contrainte, mais bien au contraire, comme une richesse, une
valeur, porteuse de culture et de lignée. Autour de lui se constituent une
identité, une histoire, qui enracinent l’individu dans le groupe auquel il
appartient.
C’est beau n’est-ce pas ? Oui, mais cela n’a de sens qu’à partir du
moment où nous acceptons la part qui est la nôtre, dans la dérive de ce statut
en Occident. Car je me souviens encore, il n’y a pas si longtemps, qu’il en
était ainsi dans les campagnes. Je l’ai personnellement vécu. J’ai connu ces
soirées animées par des anciens volubiles qui nous contaient le monde, la vie
ou des histoires fabuleuses, tout en pelant des châtaignes devant la cheminée.
J’ai vu de jeunes hommes venir chercher en courant le grand-père pour qu’il
vienne calmer une bête qui mettait bas ou leur montre comment ouvrir un
ventre gonflé par du trèfle trop frais. Tout cela participait d’une « existence »,
d’un rôle et d’une raison d’être qui nourrissaient l’âme de chacun et en
particulier de l’ancien, lui donnant une raison de « se tenir droit » et de se
sentir digne. Tout cela tenait à ce fil de solidarité que des quotidiens parfois
compliqués, rendaient vital. Tout cela venait d’un tissu social lui aussi perçu
comme vital car l’individu seul ne pouvait survivre très longtemps.
Aujourd’hui, les machines ont remplacé les individus et la solitude
accompagne des nantis qui remplissent leur vide par de la nourriture ou de
l’agitation, rassurés et anesthésiés par une prise en charge qui évite la
responsabilité. Cela engendre des comportements pathogènes, qui fatiguent,
usent des organismes que l’on croit pouvoir retaper avec des substances
issues de la chimie ou concentrées de façon excessive. Excitants, alcools,
drogues, sucres, exhausteurs de goût, sont autant d’artefacts aveuglants dont
l’effet est uniquement d’exciter l’instant et de retarder, un peu, l’échéance de
la facture tout en l’aggravant. Et celle-ci est déjà là ! Les maladies de
dégénérescence frappent de plus en plus d’individus, de plus en plus jeunes,
hommes et femmes mélangés. Des sonnettes d’alarmes sont souvent tirées
mais si peu entendues. Des solutions sont proposées, car il y en a, et le livre
de Jean Pélissier en est une.
Sans concession et pas à pas, il dénoue l’écheveau du mal vieillir et en
particulier de la maladie d’Alzheimer. En s’appuyant sur cette science
millénaire qu’est la Médecine Traditionnelle Chinoise, il démonte les
mécanismes du « mal-manger » et du « mal-aimer » qui sont les racines du
« mal vieillir ». Dans un langage simple et didactique, il éclaire le
fonctionnement du corps humain et les liens de ce dernier avec la vie
émotionnelle, rejoignant ainsi ce principe majeur que j’ai développé dans
1
Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi . Et en cela, ce livre est majeur.
Mais Jean Pélissier ne s’en tient pas à ce constat, que l’on pourrait
considérer comme aisé. Il propose des réponses claires, précises, concrètes…
et pertinentes. Il ne se contente pas d’écrire que nos modes alimentaires font
le lit de la maladie et du « mal vieillir », il le démontre et donne des réponses
simples et applicables, allant jusqu’à confier les clefs principales de la
diététique chinoise ! Il ne se contente pas d’expliquer comment une sexualité
mal comprise et mal maîtrisée, fait, elle aussi, le lit du « mal vieillir ». Il
explique pourquoi et surtout comment faire, avec des exercices précis et
faciles à réaliser, pour vivre une longue complicité de couple.
Il nous conduit en fait, petit à petit, à nous réapproprier la responsabilité
qui est la nôtre, dans le « vieux » que nous sommes ou que nous serons. Il
nous explique qu’il n’est jamais trop tard, mais également qu’il n’est jamais
trop tôt pour prendre de bonnes habitudes. Car il faut savoir par exemple
qu’une maladie comme Alzheimer, qui apparaît la plupart du temps après
63 ans, prend en fait racine plus de vingt ans plus tôt. Qu’un Parkinson fait de
même et qu’un diabète s’est lui aussi construit dans les décennies qui ont
précédé sa manifestation véritable. Il nous rappelle enfin que ce qui anime un
corps, c’est une âme, concept oublié de nos cultures mécanistes. Or, cette
âme est nourrie par notre conscience et la façon dont nous nous pensons et
dont nous pensons le monde.
Alors chassons de nos esprits que vieillir est une décrépitude et que la
mort est une fin. Beaucoup de « vieux » sont bien plus beaux et intéressants à
rencontrer que certains « jeunes ». Sans doute parce qu’ils n’ont pas oublié
que ce qui brille dans un regard, c’est une âme et pas un état civil. Le corps
est un véhicule, alors c’est vrai qu’il perd certaines de ses capacités. Mais si
j’osais une analogie triviale, je rappellerais avec envie ce phénomène actuel
qui s’appelle les Young timers, ces voitures ayant appartenu à la génération
des parents et des grands-parents, auxquelles de jeunes passionnés redonnent
une nouvelle vie. Changeons notre regard et nous serons stupéfaits de
constater combien notre vécu changera. Je ne citerai en exemple que la façon
dont en Orient on appelle la ménopause : le deuxième printemps ! Cela
change tout et permet de comprendre pourquoi les troubles de la ménopause
et de l’ostéoporose, touchent beaucoup moins les Orientaux que les
Occidentaux, pour qui cette phase de vie est un automne voire un hiver.
Alors ce livre est de salubrité publique ! Son écriture simple traduit la
simplicité de son auteur et sa capacité à transmettre de la connaissance. Ce
sont des qualités essentielles pour ses lecteurs, qu’ils soient directement ou
indirectement concernés par des maladies comme Alzheimer, ou qu’ils soient
des cheminants sur cette route de la vie, dont le confort dépend aussi de nous.
Michel Odoul
Qu’est-ce qui m’a poussé à écrire un tel livre ? Depuis ma plus tendre
enfance, j’ai toujours refusé l’idée de la maladie. Je me suis toujours dit que
le corps n’avait pas été construit pour tomber malade, mais qu’il avait en lui
un potentiel d’autoguérison et d’autorégulation. La médecine moderne ne m’a
donné que très peu d’informations à ce sujet. À l’inverse, elle tentait de me
prouver le contraire :
Si tu as une allergie, c’est à cause du pollen.
Si tu as une grippe, c’est à cause du virus.
Si tu as un cancer, une dépression, une hypertension, un rhumatisme, un
Alzheimer, c’est toujours à cause des autres, de l’environnement, de
l’hérédité.
On n’est pas responsable. Ou si peu. On n’est qu’un bateau à la dérive, à
la merci des aléas de la vie, porteur d’un alibi karmique qui fait de nous des
autruches.
Oui, mais voilà.
Les pollens existent depuis la nuit des temps et tout le monde ne
développe pas d’allergie.
Il y a des centaines de millions de fumeurs sur terre et tous ne
développent pas un cancer du poumon, à peine 0,01 % d’entre eux.
Une majorité d’individus vit dans un environnement de peur, de stress, de
pollution et tout le monde ne développe pas une dépression.
La liste pourrait s’allonger ainsi à l’infini…
Tant d’interrogations sans réponse. Alors, toujours en écoutant la Voix de
mon Âme, il y a une quarantaine d’années, je me suis lancé – si je puis
m’exprimer ainsi – dans l’étude de la médecine traditionnelle chinoise. On a
l’habitude de dire que quand on met son doigt dans l’engrenage, on ne peut
plus le retirer. Ce fut donc mon cas. Quand on comprend les tenants et les
aboutissants de cette médecine, on sent bien qu’une vie entière ne suffit pas
pour en faire le tour. J’ai eu de la chance ou plutôt « les perches de la
destinée » m’ont fait rencontrer un des plus grands maîtres modernes de
médecine traditionnelle chinoise, reconnu en tant que tel en Chine, avant la
« Révolution culturelle ». J’ai nommé le professeur Leung Kok Yuen.
Ayant émigré à Hong Kong, puis à Vancouver au Canada, il a été l’un
des seuls à transmettre une partie de son immense savoir. Un des seuls à
enseigner l’ensemble des pièces du puzzle de cette médecine plurimillénaire
que l’on qualifie de médecine holistique. Né à Canton en 1922, il est issu de
treize générations de médecins, de père en fils. À l’âge de 11 ans, il était
capable de réciter deux livres rédigés par Zhang Zhong Jing (un des
fondateurs de la médecine traditionnelle chinoise), le Jin Kui Yao Lüe et le
Shang Hang Lun. Il commença à faire ses premiers soins à l’âge de 16 ans !
Au cours des onze années d’études qu’il nous a dispensées, nous avons
longuement abordé les grandes pathologies que l’on retrouve chez les
Occidentaux, à savoir les maladies cardio-vasculaires, par une analyse très
complète de l’hypertension artérielle. Ensuite, nous avons étudié le cancer,
les maladies mentales et émotionnelles, dépression y comprise. Son
enseignement comprenait aussi des cours magistraux sur la mort, sur le sens
de la Vie. Leung Kok Yuen s’appuyait sur les trois piliers fondateurs de la
société chinoise : taoïsme, confucianisme et bouddhisme, qu’il mettait à la
portée d’un esprit occidental. Il partageait ses connaissances dans la pure
tradition des grands maîtres, par un enseignement exclusivement oral. C’était
un des premiers à avoir insisté sur le mot clé : PRÉVENTION.
Enfin, je comprenais à travers le partage de tout ce savoir, que sur cette
Terre, nous n’étions pas des effets, mais bien, à proprement parler, des causes
dans l’apparition de tous nos maux.
Enfin, je saisissais l’incroyable impact du mental et des émotions sur la
genèse de quasi toutes nos pathologies internes (hypertension, diabète,
cancers, rhumatismes, maladies cardio-vasculaires, maladies mentales et
émotionnelles, dépressions, maladie d’Alzheimer, etc.).
Enfin, j’ai appris que la mort, tant redoutée par certains, n’était pas une
maladie, mais l’extinction de quelque chose et le passage d’un état à un autre,
que l’on pouvait parvenir au terme de son existence en « bonne santé »,
atteindre « l’endormissement en pleine conscience » (voir p. 191) recherché
par tous les méditants, « Graal » de toutes les religions.
Dans quelques dizaines d’années, quand les avancées de la médecine dite
« quantique » auront fait leurs preuves, tradition et modernité pourront enfin
se rejoindre. La science est en train de redécouvrir le message que la tradition
a toujours voulu faire passer.
C’est toute cette vision que je voudrais présenter dans ce livre pour que
vous puissiez prendre votre destinée en main.
La maladie d’Alzheimer n’est pas une fatalité. C’est une pathologie
interne que l’on se crée, pas à pas, par méconnaissance du
fonctionnement de notre corps, par manque de recul quant aux liens de
causalité susceptibles de la générer.
Mais les enseignements qui vont suivre iront bien au-delà de l’étude de
cette pathologie dégénérative que les Chinois appellent « une demi-mort ». Je
vais vous proposer une philosophie de vie ou ce que je nommerai « l’art du
bien vieillir », qui sera susceptible de vous mettre à l’abri de presque toutes
les pathologies dites « internes ».
Ce livre va volontairement être écrit sous une forme que l’on pourrait
qualifier d’orale. Et comme tout enseignement oral, il faudra lire ou écouter
neuf fois de suite certains chapitres pour que tout soit définitivement inscrit
dans votre subconscient et que le passage à l’acte soit ainsi plus aisé.
La maladie d’Alzheimer
États
Logiciel émotionnels Élément Énergie Couleur Saveur
associés
Foie –
Hun (Âme
Vésicule Colère Bois Vert Acide
éthérée)
Biliaire
Cœur – Shen
Joie Feu Rouge Amer
Intestin Grêle (Esprit)
Poumon – Po (Âme Âcre,
Tristesse Métal Blanc
Gros Intestin corporelle) piquant
Rate – Yi Doux,
Réminiscences Terre Jaune
Estomac (intellect) sucré
Zhi
Peur, stress,
Rein – Vessie Eau (volonté, Noir Salé
angoisse
mémoire)
La batterie de l’organisme
Si on en revient à l’image de l’ordinateur, en tant qu’être humain, nous
pouvons dire que nous fonctionnons en autonomie. Nous possédons donc une
« batterie rechargeable ». Cette batterie est située au niveau du logiciel des
Reins. Dans la médecine moderne, elle pourrait s’apparenter à la notion de
défenses immunitaires. Pour la médecine chinoise, cette vision est par trop
réductrice. En réalité, cette « batterie » est assimilée à l’immense pouvoir
d’autoguérison de l’organisme, mais aussi à son incroyable faculté
d’adaptation. Cette batterie rechargée à bloc, vous ne pouvez pas déclencher
de pathologie. C’est là l’aspect novateur et optimiste de la médecine
chinoise ! Quand vous mettez en œuvre au quotidien les méthodes de
préservation de la Vie « Yang Sheng Fa », votre organisme sera à même de
s’auto-équilibrer et de s’adapter aux changements brutaux que vous impose
parfois votre existence.
Quels que soient votre hérédité, votre passif, à condition que celui-ci
ne soit pas trop lourd, si vous décidez de vous prendre en main,
d’apprendre ou de réapprendre à vous relaxer, dormir, respirer, bouger,
manger, faire l’amour, gérer vos émotions, aimer et vous aimer, alors
oui, vous serez certain de ne pas déclencher tout un processus, toute une
chaîne de causalités qui pourraient déboucher plus tard sur un
Alzheimer.
Le Yin et le Yang
Nous allons à présent étudier une phrase clé, tirée du Huangdi Nei Jing
ou Classique de l’Empereur Jaune, un des livres fondateurs de la médecine
chinoise qui remonte à plus de 2 500 ans : « L’Eau des Reins nourrit le Bois
du Foie et calme le Feu du Cœur ». Cette phrase explique quasi toutes les
pathologies internes développées par les Occidentaux. Partant du principe
que nous vivons en symbiose avec notre environnement, les anciens Chinois
ont mis en relation les éléments de la nature avec le fonctionnement des
différents logiciels-organes (voir tableau p. 32).
L’élément Eau est à mettre en relation avec l’énergie des Reins. Toujours
dans cette même conception holistique, le Bois est à mettre en relation avec le
Foie. Si dans la nature, l’eau n’arrive pas à « nourrir le bois de l’arbre » au
travers de ses racines, celui-ci s’assèche et s’enflamme facilement à la
moindre étincelle. Le Yang devient excessif. Cet état est une des grandes
causes de l’apparition de l’hypertension artérielle. Dans le cas qui nous
intéresse ici, on dit alors que le Hun, l’Âme spirituelle, a tendance à vouloir
s’échapper du corps. Il « s’échappe » avec cette montée de Yang. Les Chinois
disent alors que le Shen, l’Esprit, perd son maître, le Hun.
La deuxième partie de cette citation est la plus importante. Si le Yin des
Reins, « l’Eau des Reins » n’arrive plus à contrôler le Feu du Cœur, le Cœur
Empereur (cet organe lié au Feu, à la couleur rouge, est le Yang dans le Yang
et connaît son apogée en été), celui-ci finit par s’embraser. Le Yang
s’échappe du corps. Une hyperactivité se met en place. C’est alors l’excès de
pensées qui provoque insomnies, palpitations, agitation, fatigue mentale.
Cette « explosion » du Shen, de l’Esprit, c’est que l’on appelle le burn out en
Occident. On rencontre très souvent ces situations dans nos sociétés où le
stress prédomine. Or, le stress est une des grandes causes de
l’affaiblissement du Yin des Reins, de la batterie des Reins. Il en existe
d’autres que nous verrons plus loin. La pratique de certains exercices comme
la marche, le Qi Gong, la méditation permettent de recharger très facilement
la batterie des Reins et par là même de calmer le « Feu du Cœur ». On peut
ainsi prévenir ou prendre à temps ces états avant qu’ils ne dégénèrent. Nous
sommes là dans la véritable phase de prévention d’un Alzheimer. Si on passe
outre ces « symptômes-signaux d’alarme » qu’émet l’organisme ou si on les
occulte artificiellement par toute une pharmacopée qui ne traite que la cime
des dérèglements et non pas leur racine, leur cause, alors la situation peut
devenir tout autre. À un moment donné, l’énergie des Reins n’arrive plus à
calmer le « Feu du Cœur », comme une corde sur laquelle on a trop tiré et qui
finit par se rompre. En médecine traditionnelle chinoise, on parle de « la
rupture de l’axe Shao Yin », la rupture de l’axe Rein-Cœur. On dit que le
Shen contenu dans le Cœur devient définitivement flottant. Pour la
médecine chinoise, c’est la grande cause de la maladie d’Alzheimer. Les
Chinois, en langage imagé, lui donnent le nom de « demi-mort ». Il n’y a pas
de retour en arrière possible. On peut juste colmater les brèches, calmer le jeu
pour éviter une évolution trop rapide. Cette manière de concevoir cet état
correspond bien à l’impression qu’on a en présence d’une personne ayant
développé ce type de pathologie. Si vous observez ses yeux, vous ressentez
pleinement cette notion d’Âme dont ils sont la vitrine. L’Âme est devenue
« flottante », l’esprit fait des va-et-vient. La personne, son Moi, est de temps
en temps présente, elle est alors en pleine conscience. L’Esprit n’a toutefois
pas réintégré définitivement le corps. Alors, d’un seul coup, la personne
déconnecte. L’Esprit se détache du corps. Le jour où il ne peut plus jamais le
réintégrer, l’Alzheimer est en phase terminale.
Mais la mise en pratique raisonnée des méthodes dites « Yang Sheng
Fa » de préservation de la Vie, soit l’art de bien vieillir, la mise en place
d’une véritable politique de prévention permet d’éviter ce type de
pathologie, de même que toutes les pathologies liées à une « usure
prématurée du cerveau », comme le Parkinson…
Il est dit dans le Nei Jing que « l’énergie des Reins est la mère des
moelles ». « Moelle », comme nous l’avons vu, est un terme générique qui
englobe aussi bien la moelle osseuse, la moelle épinière que le cerveau.
Contrairement à la tendance excessivement matérialiste de la médecine
chinoise dans ses recherches dites « modernes », nous pensons que la
dégradation du cerveau est une conséquence et non pas la cause première
dans l’apparition des pathologies. Certes, toutes ces maladies dégénératives
sont à mettre en relation avec une usure prématurée du cerveau que l’on
pourrait assimiler à un « ramollissement », à un entartrage, à une nécrose de
certaines zones, à des masses, des blocages, des stagnations. Mais ce qui a
produit cet état de fait, c’est le déséquilibre des logiciels-organes. C’est un
peu comme si on vous donnait régulièrement des coups de marteau à un
endroit du corps. La médecine moderne analyserait l’aspect inflammatoire de
la zone responsable de vos douleurs et finirait par vous donner des
antalgiques pour arrêter la souffrance. Le médecin chinois enlèvera la cause,
c’est-à-dire le marteau !
Et quelle est la cause principale de ces déséquilibres ? C’est une non-
recharge de la batterie des Reins, batterie qui gouverne toutes les facettes de
l’adaptation de l’organisme, son immense pouvoir d’autoguérison et
d’autorégulation. Nous pouvons d’ores et déjà entrevoir que le
déséquilibre de chaque logiciel-organe est à même de déclencher une
pathologie au niveau du cerveau et donc aussi de créer une maladie
d’Alzheimer. Il est bien reconnu en médecine moderne occidentale que le
fait de manger trop de sucres, trop de gras, de manière déséquilibrée,
d’ingérer trop d’aliments ne peut, à la longue, qu’entraîner un « entartrage »
de l’organisme. Tous ces excès génèrent des déchets, que les Chinois
appellent d’un terme générique, le « Tan » et qui circulent dans tout le corps
et progressivement bouchent les vaisseaux. Au niveau du cerveau, véritable
éponge à sang, le Tan cause inévitablement des stagnations.
Le logiciel-organe incriminé est alors celui de la Rate-Pancréas, « chef
d’orchestre » de la digestion du bol alimentaire. Son déséquilibre est à
l’origine de multiples pathologies. On peut facilement comprendre que cet
« entartrage du cerveau », qui crée physiquement des « masses et
stagnations », soit la cause d’un ralentissement des conductions neuronales et
ait un impact négatif direct sur le fonctionnement de cette extraordinaire
machine. Mais on passerait à côté du problème si on s’en tenait uniquement à
cette vision mécaniste. Il faut prendre en compte un autre principe non
quantifiable, invisible, impalpable qui est pourtant la clé pour comprendre
cette pathologie.
C’est la vision que nous donne la médecine traditionnelle chinoise,
celle de l’union du Corps et de l’Esprit et, en particulier, la mise en avant
de la trilogie Hun, Âme spirituelle, Po, Âme corporelle et Shen, mental-
esprit, cette trilogie étant elle-même contrôlée, régulée par l’énergie des
Reins, la batterie de l’organisme. Pour nous préparer une vieillesse saine
et heureuse, nous devons nous l’approprier et méditer sur ses modes de
fonctionnement.
La gestion du sommeil
En 100 ans de vie vous dormez 33 ans ! Le sommeil est le moyen le plus
naturel de recharger la batterie des Reins. Mais cette recharge ne peut se
faire que si on dort entre 6 à 8 h par nuit. Elle est maximale entre 10-
11 heures du soir et 5-6 heures du matin. Si par exemple, vous vous couchez
toujours après minuit, vous perdez une grande capacité de récupération
naturelle. De plus, le sommeil devrait être précédé d’une séance de
méditation ou de relaxation pour calmer le Shen, le mental, et non pas du
visionnage d’un match de foot, d’un film violent, de la pratique d’un sport ou
d’une dispute familiale. Vous devez vous coucher entre deux et trois heures
après le dîner pour que la digestion de votre bol alimentaire soit terminée et
éviter ainsi de voir les aliments pourrir dans l’estomac, ce qui est une cause
d’apparition de Tan dans l’organisme.
La relaxation
À ne pas confondre avec la méditation. Pour autant, la relaxation a de
tous temps été enseignée comme pratique Yang Sheng Fa en Chine. Il est dit
que « dix minutes de relaxation bien menées équivalent à trois heures de
sommeil en tant que facteur de récupération et de recharge de la batterie
des Reins ». Quand elle est pratiquée régulièrement, elle peut suppléer à un
manque de sommeil. Votre Shen, votre mental va « demander » à votre
organisme de se relâcher pas à pas. Quand vous vous relaxez, vous êtes en
position allongée, totalement détendu, avec la sensation progressive de flotter
au-dessus du sol ou au contraire de s’enfoncer, de sombrer dans la terre. Plus
aucun mouvement musculaire n’est perceptible de l’extérieur. Vous n’êtes
que respiration. Vous suivez votre respiration et vos idées parasites cessent
progressivement d’envahir le champ de votre mental. Les meilleurs moments
pour se relaxer dans la journée sont après le repas de midi et vers 6 – 7 heures
du soir. Une sieste n’est pas du tout recommandée après un repas, surtout si
elle dépasse la demi-heure : en effet, elle retarde la digestion et les aliments
commencent à « pourrir » dans l’estomac. En revanche, dix minutes de
relaxation vont non seulement vous préparer à une bonne digestion, mais
aussi vous permettre de récupérer assez d’énergie pour vous aider à vous
concentrer dans vos activités de l’après-midi. Il ne faut pas oublier que
l’énergie de la Rate gère aussi bien la digestion du bol alimentaire que la
« digestion » des informations et la concentration mentale.
La relaxation de la fin de journée est très importante. En effet, c’est
un moment critique où votre batterie est à plat. Toutes vos occupations du
jour ont, en quelque sorte, une action centrifuge sur la circulation de votre
énergie. Que ce soit les activités physiques, mentales, émotionnelles, la
digestion, le fait de parler, toutes ces actions ne peuvent se faire qu’en tirant
sur la batterie. Et lorsque celle-ci est épuisée, votre organisme perd son
autocontrôle, son autorégulation, sa capacité d’adaptation. Alors, « l’Eau
des Reins n’arrive plus à contrôler le Bois du Foie ». C’est le moment où
l’alcoolique se met à boire, où les joueurs vont au casino perdre leur argent,
où les boulimiques se mettent en phase d’autodestruction. C’est aussi l’heure
des disputes, de la perte de patience des parents, des colères, et même des
violences, puisque le Foie contrôle la colère. Les tics et les TOC (troubles
obsessionnels compulsifs) sont à mettre en relation avec le Foie. Si celui-ci
n’est plus contrôlé, ils ne pourront qu’être amplifiés. Pour toutes ces raisons
et bien d’autres encore, la relaxation du soir est très importante dans nos
sociétés que l’on pourrait qualifier de « Yinivores ».
Un autre point crucial est le fait de bouger son corps. La marche est un
véritable médicament contre la tendance à la dépression, de même que la
pratique régulière de mouvements de gymnastique. Il n’y a qu’à voir en
Chine le nombre de personnes « très âgées » qui continuent à pratiquer le Qi
Gong ou le Tai Chi Chuan, tôt le matin dans les jardins. Autant de pistes qu’il
faut approfondir pour se créer une vie pleine et heureuse.
Comme nous l’avons vu, notre organisme peut tout à fait être comparé à
un ordinateur. La mémoire centrale, c’est le cerveau, avec des milliards de
connexions. Ces connexions et les cellules nerveuses qui leur sont associées
sont douées d’une extraordinaire plasticité. Si on ne les laisse pas en
« jachère », elles vont pouvoir se multiplier et créer de nouvelles connexions
grâce à l’apprentissage, à condition bien évidemment que ce cerveau ne soit
pas « pollué » par des déchets et qu’il reçoive suffisamment d’énergie,
d’oxygène et de nutriments. L’existence de cette plasticité est très
encourageante lorsqu’on parle de l’art de bien vieillir. On saisit là tout le
pouvoir de l’injonction : « rester enseignable jusqu’à la fin de sa vie ».
Mais attention, ne tombons pas dans le piège occidental. Comme je le
disais précédemment, un mauvais fonctionnement du cerveau n’est pas une
cause, mais une conséquence. Cet organe est avant tout une mémoire
centrale, un réceptacle à informations. S’il connaît des « bugs », des « virus
informatiques », dans la majorité des cas, cela vient de causes à distance, de
déséquilibres de nos organes vitaux. Ces notions vont avoir leur importance
dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer.
Dans chaque logiciel, nous avons deux types d’organes :
– des organes dits « creux » ou « réceptacles ». Dans la dualité Yin-Yang,
ils font partie des organes Yang. Ils ont, entre autres, un rôle de
protection de l’organe vital ;
– les organes « vitaux » qui doivent être absolument protégés. On les
appelle les organes « pleins », Yin.
Alors qu’on peut « se séparer » d’un organe Yang (par exemple une
vésicule biliaire, une vessie, un estomac) si on enlève un organe Yin, on
meurt.
Les organes Yang sont :
– la Vésicule Biliaire ;
– l’Estomac ;
– la Vessie ;
– le Gros Intestin ;
– l’Intestin Grêle.
On rajoute les « Trois Foyers » évoqués précédemment.
Le cancer
En médecine traditionnelle chinoise, un cancer est la résultante de
plusieurs facteurs qui, une fois réunis, déclenchent une maladie
d’autodestruction. Il y a avant tout la présence de déchets, de Tan, dans
l’organisme, que celui-ci n’a pas eu la force d’éliminer. Cette présence, à elle
seule, ne suffit pas à provoquer un cancer. Entre en jeu la notion de
stagnation de sang et d’énergie qui va générer, là où elle se produit (zone
d’un méridien ou organe interne), un phénomène inflammatoire. Si dans cette
zone de stagnation, il y a du Tan, ce Tan, sous l’effet de la chaleur, de la
stagnation, se transforme en « poison ». Le corps doit absolument l’éliminer.
Ce rôle est imparti à la batterie des Reins, aux défenses immunitaires.
Si le « poison » est trop important, si les défenses sont trop faibles, si la
situation perdure, le corps risque de s’affoler. On assiste alors à une hyper-
multiplication cellulaire : l’autodestruction est lancée. Or, la cause la plus
souvent identifiée dans l’apparition d’une stagnation est la mauvaise gestion
des émotions. En médecine traditionnelle chinoise, les émotions mal
gérées ont un rôle central dans l’apparition d’une tumeur. Elles
favorisent les stagnations de sang et d’énergie. Elles sont ainsi le facteur
déclenchant direct de l’apparition d’une tumeur maligne. Preuve en est le
nombre de cancers qui apparaissent quelques semaines, quelques mois après
un choc émotionnel violent.
La grande majorité des cancers du sein chez la femme commencent sur le
sein gauche, une zone où passe le méridien de la Vésicule Biliaire qui est le
méridien Yang du logiciel-organe Foie-Vésicule Biliaire. Si le cancer
commence à gauche, c’est qu’il est à l’opposé du Foie. Pour la médecine
traditionnelle chinoise, c’est le plus bénin des cancers. Il sera la plupart du
temps traité avec succès. La personne pourra se considérer comme guérie.
Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, si elle n’a pas profité de
cette « épreuve de vie » pour évoluer, si elle ne change rien dans sa
diététique, dans la gestion de ses émotions, dans la manière de faire circuler
son énergie dans le corps, deux ou trois années plus tard, un autre cancer
refera son apparition. Et cette fois, du côté droit, sur le sein droit. Imaginons
que la personne soit soignée et guérisse à nouveau. N’ayant toujours pas la
connaissance du fonctionnement de son corps et n’ayant trouvé personne
pour lui expliquer ces liens de causalité, elle déclenchera quelques années
plus tard un autre cancer. Celui-ci se situera alors directement au niveau
d’autres organes : un cancer des voies biliaires (organe Yang) ou, plus grave,
un cancer du Foie. Puis, si sa batterie des Reins est déchargée à cause de la
peur, de l’angoisse et de la fatigue physique et mentale causée par les
précédents traitements, c’est au niveau du logiciel Rein que se crée un
nouveau processus tumoral. Or, il est dit en médecine chinoise que « les
Reins sont la mère des os du squelette ». Ce sera alors un « cancer des os », le
plus grave des cancers, car il vide littéralement l’huile ancestrale, le contenu
de l’énergie héritée à la naissance. Et c’est la mort prématurée.
Les champignons
Intéressons-nous maintenant au logiciel Rate-Pancréas, central en
médecine traditionnelle chinoise quand on parle de la production de Tan, de
déchets qui viennent entartrer le cerveau. Il est dit dans les textes anciens que
« la Rate déteste l’excès d’humidité ». Dans la classification des cinq
éléments, la Rate est à mettre en relation avec l’élément Terre, comme le Foie
est à mettre en relation avec le Bois, le Poumon avec le Métal, le Cœur avec
le Feu et les Reins avec l’Eau. Dans la nature, une terre chaude et humide
donne des champignons et favorise la production de fumier. Dans notre
organisme, c’est la même chose ! À force de trop boire, de prendre trop de
saveurs sucrées, de consommer des graisses saturées à outrance, de nous faire
trop de soucis, d’être trop souvent dans le passé, nous installons un état que
l’on appelle en médecine chinoise : « excès d’humidité dans la Rate », ou
excès de « chaleur-humidité ». Le méridien de la Rate – de même que celui
du Foie d’ailleurs –, commence au niveau du gros orteil, bien loin
évidemment des organes Rate et Foie. Une personne qui présente
régulièrement ces « champignons » qui déforment l’ongle du gros orteil
souffre à coup sûr d’un déséquilibre provoqué par cet excès d’humidité. De
même les inflammations, telle une crise de goutte, démontrent la présence de
« chaleur-humidité ». À ce stade, ce ne sont que des signaux d’alarme. Dans
le cas des champignons, si la personne traite le problème localement par des
antifongiques sans traiter la cause, si elle continue dans ses déséquilibres,
quelques années plus tard, à force d’occulter tous ces signaux d’alarme,
l’organe Yin (Rate-Pancréas) sera atteint avec le déclenchement soit d’un
diabète, soit d’une pancréatite, qui sont des pathologies autrement plus
graves.
Si j’ai insisté sur ces différents aspects, c’est pour vous faire comprendre
que la maladie d’Alzheimer ne s’attrape pas comme cela, par hasard. Ce
n’est en fait que la résultante d’un long processus d’évolution, d’un
chemin parsemé de symptômes- signaux d’alarme. Si vous prenez le parti
de ne pas occulter ces symptômes, mais plutôt de « remercier » votre
organisme qui vous tend des perches pour que vous vous preniez en main,
que vous mettiez réellement en place une politique d’« égoïsme salvateur »,
alors oui, ce livre aura servi à quelque chose !
De l’existence de l’Âme en médecine
traditionnelle chinoise
Le Po ou l’Âme corporelle
Le Po provient d’une entité qui était présente avant la Vie (l’énergie dite
« innée », que les Chinois appellent aussi « Ciel Antérieur », voir p. 53). Une
traduction bien évidemment approximative, au vu de la profondeur de vision
de l’idéogramme chinois correspondant, pourrait être « l’Âme corporelle ».
Une partie de ce Po est directement liée à nos ancêtres et une autre partie
vient du Ciel, du Surnaturel, de l’Indéfinissable. Pour tenter d’appréhender ce
concept, on peut se référer au patrimoine génétique que nous recevons à la
naissance. C’est l’Âme corporelle, « le souffle vital » qui est en partie
responsable de la forme de notre corps, de la couleur de nos yeux, de nos
prédispositions à tel ou tel type de déséquilibre. Le Po est un potentiel en
devenir. C’est le starter, celui qui donne l’impulsion à notre corps pour se
développer.
Visualisons en accéléré le développement d’une graine. Les racines
grandissent dans le sol, alors que la tige pointe, sort de terre, croît, que les
bourgeons apparaissent, que les feuilles s’épanouissent, que le bouton floral
s’ouvre. Une fleur magnifique apparaît. Elle se referme. Elle se flétrit. La
plante devient terne et finit par mourir. Le Po est responsable de tout ce
processus. Je ne suis pas en train de tenter de vous démontrer qu’une plante a
une âme, j’utilise juste une image pour que vous compreniez le rôle du Po
dans notre Shen Ming, notre vitalité. Tout ce potentiel en devenir, hérité à la
naissance, ne touche pas uniquement le physique, mais aussi l’aspect mental
et émotionnel.
J’avais déjà pris l’exemple d’une hérédité de trois générations de
personnes alcooliques avec en corollaire un Foie tendu et l’acquisition dès la
naissance d’un profil émotionnel tourné vers l’excès, vers la colère,
l’irritabilité. Si on n’y prend pas garde, plus tard, cette prédisposition peut
être à l’origine d’une hypertension. Cette conception n’est pas sans
conséquence. En effet, on peut penser que les émotions, le déroulement de
la pensée, apparaissent avec la naissance, avec ce que l’on pourrait
appeler « la cristallisation énergétique » de l’organe, et disparaissent au
moment de la mort.
Je l’ai déjà dit sous une autre forme : émotions et déroulement de la
pensée sont directement liés au fonctionnement des cinq logiciels-organes.
Donc, cette première entité, le Po, est responsable de l’aspect matériel,
macroscopique de l’organisme, si tant est que l’on puisse parler de matérialité
des émotions.
Toujours selon la vision taoïste, cette Âme pénètre le corps et est
activée dès le troisième jour après la conception. Le Po est l’aspect Yin de
cet héritage, de cette transmission. Une fois activé, il ne disparaît pas pour
laisser place à autre chose. Il est toujours là, présent, en tant que moteur du
développement permanent de notre corps. C’est le Po qui est responsable
de tous les automatismes, de toutes les circulations, de toutes les
« constructions-destructions » (catabolisme-anabolisme) de l’organisme. Le
champ d’action du Po est immense. En langage informatique, on dirait que si
l’ensemble de nos activités conscientes d’une journée mobilise une
1
cinquantaine de bits de données, tout ce qui se passe en souterrain, sans que
l’on s’en rende compte, représente l’équivalent de 11 millions de bits ! En
médecine chinoise, « le logis du Po est le Poumon ». On est tenté de se faire
une représentation anatomique de ce Po, de s’imaginer qu’il est dans un
morceau du Poumon ou que, quelque part dans le Poumon, il y a quelque
chose qui s’appelle Po. Or, nous nous situons ici sur un plan purement
énergétique. L’énergie Yin du Poumon et l’énergie Yin de l’Âme corporelle
sont sur un même plan vibratoire. Le Po est l’emblème du Poumon, son
attribut. Dans la métaphore du corps-ordinateur, on peut dire que le Po est le
responsable de la recharge de la batterie des Reins. Sans le Po en arrière-
plan, cette batterie ne pourrait plus jouer son rôle de régulateur des différents
fonctionnements de l’organisme, des différents automatismes. Ainsi, sans la
présence du Po, le premier mouvement automatique dont l’organisme a
besoin pour sa survie, à savoir la respiration, ne pourrait avoir lieu ; de même
pour les battements cardiaques.
Pour comprendre la maladie d’Alzheimer, il faut bien garder à l’esprit le
rôle du Po. En effet, l’émotion qui appartient au Poumon est la tristesse. Un
chagrin, la perte de quelque chose de très cher, un deuil non accepté génèrent
une stagnation au niveau du Poumon et une baisse de l’activité cachée du Po.
La batterie des Reins perd sa capacité à se recharger. Le corps tend alors vers
son autodestruction. Il tend à retourner vers la terre. D’ailleurs, cela
correspond à une des définitions du Po : « Partie de l’Âme qui est
indissolublement attachée au corps et retourne à la terre (Yin) après la mort. »
Nous savons que l’énergie des Reins a, en son sein, une batterie qu’il
convient de recharger au quotidien par toutes les méthodes de prévention que
nous apprenons en médecine traditionnelle chinoise. Ces méthodes incluent
un bon sommeil, une bonne respiration, une bonne gestion des émotions, une
diététique du juste milieu, une sexualité épanouie et des exercices physiques
appropriés. Cette recharge quotidienne nous met à l’abri de toutes les
maladies internes, nous permet de nous adapter à notre environnement. Et
surtout, cette batterie, rechargée au maximum, permet d’équilibrer les
deux entités que sont le Hun et le Po.
Nous savons aussi que le Hun, l’Âme éthérée, est de nature Yang. Or,
l’énergie Yang dans l’organisme a tendance, si elle n’est pas retenue par un
Yin solide, à vouloir s’échapper. On dit que le Yang est soumis à une force
« centrifuge » quant à la circulation énergétique. Pour le Yin, c’est l’inverse.
Le Yin ramasse, concentre, retient. Son action a une tendance « centripète »
quant à la circulation de cette même énergie. Ce Hun, cette Âme éthérée qui
a tendance à « sortir de sa maison », car il n’est plus retenu par le Yin du
Foie, c’est la définition même de la maladie d’Alzheimer en médecine
chinoise.
Par contre, si c’est le Po qui prend le dessus, nous risquons de passer de
l’autoguérison naturelle de notre corps, possible si la batterie est rechargée, à
ce que l’on pourrait appeler son autodestruction. Nous savons que le Po
appartient à la Terre, au Yin. Dans l’idéogramme Po, il y a la notion de
démons, de « Gui ». « Gui » en chinois signifie l’Âme sensitive désincarnée.
Ce sont les fantômes, les revenants, mais aussi le rusé, le roublard, le malin,
le pernicieux, le sournois, l’esprit mauvais, le diabolique, ce qui est caché,
sous la terre. Une prépondérance de Po est un des facteurs de
raccourcissement de la Vie. Le Po ne demande qu’une seule chose, c’est que
vous retourniez à la terre.
Prenons un exemple. Déguster un café avec un carré de chocolat après le
repas, en pleine conscience et avec délectation, peut être excellent pour votre
santé. Nous le verrons plus loin, cela peut même favoriser la digestion de
votre bol alimentaire. Votre conscient et votre subconscient sont en accord,
votre Hun et votre Shen sont sur la même fréquence. Par contre, en fin de
journée, votre batterie des Reins est à plat, car vous n’avez pas appliqué au fil
des heures la règle de « recharge-décharge ». La batterie des Reins a perdu sa
capacité d’autocontrôle, d’auto-adaptation. Le Po « se frotte les mains ». En
vous donnant mille alibis, ce démon intérieur va vous pousser vers la tablette
de chocolat, la bouteille d’alcool ou mille autres expédients
d’autodestruction. Si le Hun et le Po sont en parfait équilibre grâce à une
énergie des Reins puissante, la Vie s’écoule comme un long fleuve
tranquille ; le Principe vital est capable de s’adapter aux épreuves et de
traverser toutes les saisons de la Vie sans « casse » ; le « passage » se profile
en toute quiétude à un âge très avancé ; le Po, l’Âme corporelle, retourne à la
Terre et le Hun, l’Âme éthérée s’en retourne au Ciel. Ne perdez pas de vue
cet élément essentiel de la Vie qu’est la Mort, le passage : la Mort n’est pas
une maladie et on peut tout à fait mourir en bonne santé !
Nous avons vu que la Vitalité, la Vie, le Shen Ming, est une combinaison
de quatre entités :
– le Hun, l’Âme éthérée ;
– le Shen, l’Esprit issu du Hun ;
– le Po, l’Âme corporelle ;
– la batterie des Reins, responsable de la coordination et de l’optimisation
de toutes les activités du corps : le « Shen Ti », en chinois.
Ces entités peuvent, sous certaines circonstances, quitter le corps.
La mort, le passage
RÈGLE 1
Différencier repas de fête
et repas quotidiens
La diététique des « jours de fête » est tout autre. On dit qu’elle est faite
pour nourrir le Cœur et l’Esprit, le Shen. Étudions cela de plus près.
L’immense avantage des repas Xiang Shou est de pouvoir réintégrer certains
aliments « interdits » dans les repas quotidiens, afin de ne pas vivre en
ermite, de ne pas devenir « extrémiste » d’une diététique quelle qu’elle soit,
de ne pas s’exclure de la société ! Les repas Xiang Shou obéissent à plusieurs
règles et ils combinent trois facteurs essentiels : la couleur, l’odeur et la
saveur. Le parfum des aliments permet d’attirer notre attention, d’aiguiser
notre appétit et d’ouvrir notre cœur. On peut être « mis en appétit » en sentant
les aliments, même si on ne les voit pas. Un des symptômes d’une personne
en pré-Alzheimer est justement la perte progressive de l’odorat. Or, l’odeur
met en alerte l’énergie du logiciel Rate-Pancréas pour se préparer à une future
digestion. Les couleurs et les saveurs attirent notre œil et viennent exciter nos
papilles. Si nous nous référons aux cinq logiciels-organes, en médecine
traditionnelle chinoise, nous avons cinq couleurs et cinq saveurs qui
« nourrissent énergétiquement » chacun de nos organes (voir tableau p. 32) :
– la couleur verte et la saveur acide sont à mettre en relation avec le
Foie ;
– la couleur jaune et la saveur douce, sucrée avec la Rate ;
– la couleur blanche et la saveur âcre, piquante avec le Poumon ;
– la couleur rouge et la saveur amère avec le Cœur ;
– la couleur noire ou sombre et la saveur salée avec les Reins.
Chaque couleur et chaque saveur « nourrissent » l’organe cible. Par
contre, elles se retournent contre lui quand elles sont prises en excès.
À ce ressenti qui vient de l’extérieur, s’ajoute une sensibilité qui vient de
l’intérieur. Quelle que soit la beauté d’un plat, si notre sensibilité intérieure
est perturbée, si notre état émotionnel est parasité par de la colère intériorisée,
de la tristesse ou d’autres émotions négatives, Xiang Shou sera incomplet et
pourra même se retourner contre nous. Il convient donc de se mettre en
adéquation avec son ressenti. Ainsi, lorsque nous sommes amenés à manger
des mets inconnus, si une réaction de refus apparaît en nous, il faut s’abstenir
de manger ce plat. Il faut écouter la voix de son Âme. Si vous avez devant
vous un repas luxueux, mais que vos pensées sont tournées vers toute autre
chose, que votre esprit est ailleurs, alors vous ne vous rendez même pas
compte de ce que vous mangez et vous ne cultivez pas votre « jouissance » :
le repas ne sert qu’à remplir l’estomac, et encore de manière excessive. C’est
souvent l’alcool en excès qui vient « parasiter » cette relation très intime que
l’on devrait avoir avec les aliments. Inversement, si vous décidez de manger
le pain le plus brut, le moins raffiné, le moins cher, mais que vous avez très
envie de le mâcher, de le consommer en pleine conscience, de vous
concentrer sur le goût qui apparaît au cours d’une mastication prolongée,
vous allez forcément trouver ce pain très bon. La magie de « là, ici et
maintenant » va opérer. Le pain aura des effets bénéfiques décuplés pour
votre santé.
Un autre point est qu’il faut désirer pendant un certain temps un repas dit
« de fête » avant de le déguster. Et quand vous obtenez enfin ce que vous
désirez, tout est bien meilleur. Vous mangez avec plaisir, avec délectation.
C’est cela la jouissance par l’alimentation. Xiang Shou dépend de notre état
d’Âme, de nos dispositions intérieures. On est bien loin de la vision
mécaniste moderne basée en grande partie sur le quantitatif et la valeur
nutritive des aliments. Nous pouvons dire que la jouissance par les aliments,
quand elle est exceptionnelle, stimule le Cœur, le Shen, l’Esprit, le mental.
C’est pour cela que dans toutes les civilisations traditionnelles existent des
repas de fête, des jours anniversaires où l’on se réunit autour d’une table pour
déguster des spécialités propres à chaque pays, à chaque région… Ces jours
de fête, en nourrissant notre esprit, subliment notre potentiel d’autoguérison.
Pour autant, vous l’avez bien compris, Xiang Shou est un concept qui ne peut
pas être répété quotidiennement. Un mois de repas, en comptant le repas de
midi et celui du soir, représente soixante repas. On peut se permettre huit à
dix repas de fête dans le mois, à condition que les cinquante autres soient
diététiques. Or, dans nos civilisations modernes, les trois quarts de nos repas
s’éloignent des repas dits « quotidiens » destinés à nourrir le corps. Cela
revient à dire qu’on fait plus d’une quarantaine de repas de fête par mois !
Nos repas quotidiens ressemblent à des repas Xiang Shou qui seraient
« amputés » de leur dimension Cœur-Esprit. C’est une des raisons pour
lesquelles notre manière de manger nous rend malades.
RÈGLE 2
Les aliments interdits
RÈGLE 3
L’assiette unique
RÈGLE 4
La composition de l’assiette unique
Nous sommes donc en présence d’un repas dit « quotidien ». Nous avons
compris qu’il était tout à fait possible de se passer « d’entrée » et de « sortie »
et que tout ce que nous allons manger pendant ce repas se trouve dans une
seule assiette. On se rappelle que cette catégorie de repas sert à nourrir notre
corps, à fabriquer le sang et l’énergie dont une partie contribue au
fonctionnement des différents métabolismes et dont le surplus est utilisé pour
recharger la batterie des Reins.
Ce sont les sucres lents qui permettent de produire l’énergie dont le corps
a besoin. Où les trouve-t-on ? Prioritairement dans les céréales, avec en tête
de liste, le riz, qui est la céréale alimentaire la plus produite et consommée
dans le monde. Nous avons aussi le blé, le maïs, le quinoa, le seigle, le
sarrasin, le sorgho, etc. Les sucres lents proviennent aussi des tubercules
(pommes de terre, patates douces, tarots, ignames, topinambours), mais aussi
des légumineuses (fèves, haricots, pois chiches, lentilles, etc.), à condition
que votre organisme soit capable de les digérer. Ces aliments énergétiques
doivent être présents à chaque repas. On ne peut pas en faire l’impasse.
Certains pensent se « faire du bien » en ne mangeant que des légumes
pendant un repas. Ils ne prennent alors que de l’eau et n’ont pas assez
d’énergie pour assimiler le bol alimentaire. C’est une cause de prise de poids.
Dans « sucres lents », il y a le mot : lent. Cela sous-entend que la digestion de
ces aliments va se faire lentement dans l’estomac. Il va falloir activer cette
digestion, empêcher que ce type d’aliments stagne et devienne ce que les
Chinois appellent « un amas de nouilles » ! Ce sont les légumes qui vont se
charger d’accélérer la digestion des sucres lents. La présence de légumes à
chaque repas est indispensable pour une bonne digestion. Les légumes, grâce
à leurs fibres, vont permettre d’accélérer la digestion. Elles favorisent les
mouvements de l’estomac et surtout elles favorisent l’augmentation du
péristaltisme intestinal (mouvements de l’intestin). Ces fibres vont aussi
nettoyer, brosser, récurer les villosités intestinales.
En plus des sucres lents qui constituent la base de cette assiette unique et
des légumes qui favorisent la digestion, introduisons un troisième
composant : les protéines, qui contribuent à la production des muscles et des
chairs dans notre organisme. Mais que ce soit des protéines d’origine animale
(viandes, poissons, etc.) ou des protéines végétales (soja, tofu, légumineuses),
en Occident, nous en consommons beaucoup trop. Ce sont des aliments très
chargés en énergie. On dit qu’elles « yanguisent » l’organisme, et ce, de
manière trop brutale, trop exagérée. On ne mettra jamais assez en garde les
personnes qui, voulant perdre du poids, se mettent à suivre des régimes
hyperprotéinés. Ces régimes uniquement à base de protéines peuvent
effectivement faire perdre du poids en quelques jours. Le « feu » des
protéines brûle littéralement les graisses et fait « s’évaporer » les liquides.
Mais sitôt ce régime arrêté, elles reprennent du poids de plus belle. Si ce
n’était que cela, ce serait un moindre mal. Mais ce type de régime est très
dangereux pour la santé. « L’humidité interne », les graisses, les déchets,
sous l’action de ce « feu », vont se transformer en Tan. Et ce Tan, au contact
d’une stagnation, devient un poison que l’organisme doit absolument
éliminer. S’il n’en a pas la force, c’est la porte ouverte à de très nombreux
cancers, surtout du système digestif. Aussi on devrait appliquer la règle
suivante : exception faite des grands sportifs et des personnes exerçant un
métier qui demande beaucoup de muscle, un individu normalement constitué
qui suit les principes de la diététique du juste milieu ne devrait consommer
des protéines qu’à un repas sur deux. Cela sous-entend qu’un repas dans la
journée sera plutôt végétarien alors que l’autre pourra comporter des
protéines (pour déterminer lequel, voir p. 130).
Quelles sont les différentes proportions
de cette assiette unique ?
Pour un repas végétarien :
– 50 % de sucres lents ;
– 50 % de légumes.
Pour un repas avec des protéines :
– 50 % de sucres lents ;
– 30-35 % de légumes.
– 15-20 % de protéines.
RÈGLE 5
La transformation des aliments
en sucres lents
RÈGLE 6
La règle des trois heures
La règle des trois heures pourrait porter un autre nom : « la règle anti-
grignotage ». Lorsque vous avez terminé un repas, lorsque vous avez
mastiqué la dernière bouchée, vous ne devriez pas mettre, ne serait-ce qu’une
seule miette de pain dans votre bouche, et ce, pendant au minimum trois
heures. C’est pendant ce laps de temps qu’il faut boire (après avoir attendu
entre 15 et 20 minutes après la fin du repas). Prenons l’image suivante pour
expliquer cette règle. De la bouche à l’anus, nous ne sommes qu’un tube
digestif : bouche, œsophage, estomac, duodénum, intestin grêle, gros intestin,
rectum, anus. Sur ce « long tuyau » se greffent des organes, des « machines »
qui permettent la digestion et l’assimilation du bol alimentaire. Entre autres,
le foie, la vésicule biliaire, le pancréas… Si on compare cet appareil digestif à
une machine à laver le linge, on peut dire que c’est une machine à deux
tambours. Le premier, c’est la bouche avec ses dents, sa langue, son palais, sa
salive. Elle joue un rôle de « prélavage » grâce à la mastication. Ensuite,
chaque bouchée du bol alimentaire descend par un conduit dans un deuxième
tambour, l’estomac. Lorsque nous consommons notre « assiette unique »,
l’orifice entre l’œsophage et l’estomac est ouvert, celui entre l’estomac et le
duodénum est fermé. Plusieurs opérations vont alors se produire. Les
assouplissants, les lessives (sucs gastriques, sucs pancréatiques, salive…)
commencent à préparer le « lavage », la future digestion de ce bol
alimentaire. N’oublions pas qu’une bonne mastication amène jusqu’à un
demi-litre de salive dans l’estomac. C’est d’ailleurs une des raisons pour
lesquelles il ne faut pas boire, ou très peu, pendant un repas, car cela retarde
la digestion (l’eau dilue les sucs gastriques).
Ensuite, une opération essentielle commence, le tambour se met à
« tourner » (mouvement de malaxage de l’estomac), mais il ne le fait qu’une
fois le contenu de l’estomac à 38 °C. Quand vous mettez de l’eau à chauffer
sur une plaque de gaz ou électrique, il faut mobiliser une certaine quantité
d’énergie pour réaliser l’opération. Dans notre organisme, c’est la même
chose. Si la température moyenne du bol alimentaire est de 20 °C, pour
passer à 38 °C, le corps a besoin d’énergie. Et cette énergie, d’où provient-
elle en grande partie ? De la batterie des Reins, de vos réserves. La médecine
traditionnelle chinoise nous apprend que la digestion d’un bol alimentaire
peut aller jusqu’à vider de moitié cette batterie. Voilà pourquoi la mastication
est tellement importante. Elle permet de préchauffer le bol alimentaire dans la
bouche. C’est aussi la raison pour laquelle toutes les cuisines traditionnelles
évitent les crudités lors leurs repas quotidiens. Manger des légumes qui sont
déjà « froids » par nature et en consommer en grande quantité, crus, surtout
en plein hiver, de plus sans les mâcher suffisamment pour les « cuire dans la
bouche », ne peut avoir que des incidences négatives sur notre santé. Voilà
pourquoi, lorsqu’on est fatigué, surmené, en convalescence, même d’un
simple rhume, il ne faut pas surcharger le tambour de la machine par de trop
gros repas ou par des repas froids.
Un autre élément très intéressant, propre à la médecine traditionnelle
chinoise, pour mieux comprendre ce phénomène de la digestion, est le
concept des « Trois Foyers ». Le « Foyer inférieur », c’est la petite flamme de
la lampe à huile logée au niveau de l’énergie des Reins (c’est l’énergie dite
« innée », que les Chinois nomment « Ciel Antérieur »). Cette huile est notre
capital vital, il ne se reconstitue pas et il ne faudrait jamais puiser dedans sous
peine de vieillir prématurément. On peut considérer qu’à l’instar d’un
chauffe-eau, cette petite flamme sert de veilleuse, de starter à l’allumage du
« Foyer moyen ». Le « Foyer moyen », c’est l’Estomac, la Rate-Pancréas et
le Foie. C’est la digestion qui se fait à 38 °C.
Le « Foyer supérieur » (les Poumons) doit aussi « s’allumer » pour
favoriser l’évaporation des liquides. Si tel n’était pas le cas, on finirait par se
noyer dans nos liquides. Une fois que « la machine digestion » est terminée,
le clapet inférieur « s’ouvre », la « boue alimentaire » passe dans le
duodénum où la bile, sécrétée par la vésicule biliaire, continue son action de
digestion. Toutes ces opérations liées à la digestion d’un bol alimentaire
durent entre une heure et demie et trois heures. Tout dépend de la quantité
d’aliments ingérés, de notre état de fatigue, du climat extérieur ou
« intérieur », de notre état émotionnel… Si, pendant la durée de cette
digestion, vous prenez, ne serait-ce qu’un petit fruit sec, un biscuit, un carré
de chocolat, une douceur, une pomme, un petit morceau de pain… tous les
mécanismes que j’ai cités plus haut s’arrêtent ! La salive va de nouveau
donner des ordres, évidemment erronés, au système digestif qui va être
amené à sécréter de nouveaux sucs digestifs, etc., etc. Le corps ne sait plus où
il en est. Il se comporte un peu comme cette maîtresse de maison qui attend
un certain nombre de convives et qui apprend qu’elle en reçoit quatre de plus.
Elle a commencé à faire cuire son riz. En cours de cuisson, elle en rajoute !
Au final, le riz qui avait commencé à cuire sera beaucoup trop cuit, alors que
le riz rajouté, lui, ne le sera pas assez. Le repas sera immangeable. C’est
exactement ce qui se passe dans notre estomac. Cette stagnation d’aliments
mal digérés, liée à un grignotage excessif, est une des grandes causes de
fatigue, que l’on appelle « la fatigue du Foyer moyen ». C’est aussi un des
facteurs responsables du dérèglement énergétique du logiciel Rate-Pancréas,
chef d’orchestre de la digestion du bol alimentaire. Lorsque ce logiciel est
déréglé, le Tan apparaît. Or, nous avons vu que le Tan est en grande partie
responsable de l’entartrage du cerveau, et donc de l’apparition de la maladie
d’Alzheimer. Sévère conséquence pour des grignotages de prime abord
anodins !
RÈGLE 7
La règle des neuf jours
RÈGLE 8
L’importance de la mastication
Les « entrées »
L’air inspiré est chargé d’humidité. Certaines personnes ayant une
faiblesse de la batterie des Reins peuvent prendre du poids les jours de pluie.
C’est pour cette raison d’ailleurs que sous les climats chauds et humides, les
aliments piquants sont privilégiés. Ils ont en effet pour vertu d’assécher cet
excès d’humidité dans l’organisme. Ces mêmes produits consommés
exagérément sous nos climats tempérés génèrent un « feu dans le sang »,
responsable entre autres d’eczéma.
Les liquides pénètrent aussi dans l’organisme par les aliments que l’on
ingère, que ce soient les légumes, les fruits, mais aussi le riz, les pâtes, les
viandes… On peut par exemple très facilement prendre du poids en ne
mangeant que des légumes et des fruits qui ne sont que de l’eau, si on
n’absorbe pas en contrepartie des céréales qui, par l’énergie qu’elles dégagent
au moment de la digestion, permettent d’éliminer cet excédent de liquides.
Les liquides peuvent aussi pénétrer par la peau. En médecine traditionnelle
chinoise, peau et Poumon font partie d’un même logiciel-organe. La peau
respire. Quand vous êtes immobile dans un bain, vous voyez des milliers de
bulles d’air apparaître sur votre peau. À ce propos, on se lave trop et mal en
Occident. Il ne faut pas oublier que la peau sécrète une substance qui la
protège de l’intrusion des microbes et autres « bébêtes » indésirables. À force
de trop nous décaper, nous fragilisons notre organisme. Ainsi, on devrait, le
plus souvent, ne savonner que les aisselles et les parties génitales, laisser
« couler l’eau » sur le reste de son corps et ne prendre qu’une douche par jour
(sauf circonstances exceptionnelles : forte chaleur, activité physique
importante…). Dans les méthodes Yang Sheng Fa de l’art de bien vieillir, il
est préférable de prendre des douches plutôt que des bains. En effet, les
phénomènes d’osmose font qu’à travers une paroi poreuse (la peau), les
liquides vont aller d’un milieu non concentré vers un milieu concentré pour le
diluer. Or, dans un bain, les pores de la peau sont ouverts (eau à 38° C) et
l’organisme a une concentration de 9 g par litre de sel. La pénétration de
liquides est donc loin d’être négligeable. Un excès de bains nous fait prendre
du poids. Pesez-vous avant et après pour le vérifier. Le seul moyen de
remédier à cet état de fait est de rajouter 800 g à 1 kg de sel dans son bain.
On rétablit ainsi la pression osmotique et le bain peut alors détendre sans
pour autant fatiguer. Enfin les liquides vont évidemment pénétrer par les
boissons que l’on ingère.
Les « sorties »
L’air que l’on expire est chargé de « chaleur-humidité ». Même en plein
été, quand on expire devant une vitre, on fait de la buée. Quand on parle ou
qu’on chante trop, les muqueuses se dessèchent très vite.
La peau transpire en permanence. Cette transpiration est le plus souvent
invisible. On l’assimile à une évaporation. Ce n’est pas pour rien que, dans le
désert, les Touaregs portent plusieurs couches de vêtements amples, laissant
circuler l’air entre la peau et les tissus. Si on conserve pendant trop
longtemps les bras et les jambes nus sous de tels climats, la déshydratation
est inévitable.
Les urines. En 24 heures, les Reins filtrent 1 500 litres de sang, soit
environ 300 fois les 5 litres de sang d’un adulte ! Il ne faut pas perdre de vue
la règle suivante : « Les Reins sont une machine à filtrer les déchets et non
pas les liquides. » Notre organisme ne pouvant pas stocker, à la manière d’un
chameau, l’eau dont il a besoin, il est de la plus grande importance de
conserver ce que l’on appelle un « équilibre hydrique ». Les entrées et les
sorties doivent se compenser. En moyenne, un adulte élimine deux à trois
litres d’eau par jour dont :
– 1 à 1,5 litre par les urines ;
– 1 litre par la sueur et la respiration ;
– 0,2 litre par les matières fécales.
Il doit compenser ces pertes : avec l’eau contenue dans les aliments (de
0,6 à 1 litre) et l’eau contenue dans l’humidité de l’air (de 0,4 litre à
beaucoup plus selon le climat) et la boisson. Ces données de la physiologie
moderne vont à l’encontre de ce que l’on nous enseigne en permanence :
« Pour éliminer, buvez, buvez 1,5 litre à 2 litres, voire, dans certains cas,
3 litres par jour ! » C’est beaucoup trop ! Les enseignements de la médecine
traditionnelle chinoise préconisent ceci : un individu normalement constitué
qui vit sous un climat tempéré ne devrait pas boire plus d’un litre de
liquide, absorbé en petites quantités fractionnées. Il faut éviter de boire
une grosse quantité d’un seul coup (comme on le fait traditionnellement au
petit-déjeuner), et il faut s’abstenir de boire pendant les repas (comme nous
l’avons vu), sous peine de ralentir la digestion en diluant les sucs digestifs. Et
n’oubliez pas qu’une bonne mastication génère plus de 0,5 l de liquides.
Au regard des pathologies rencontrées en cabinet par les praticiens, ce qui
va suivre devrait devenir un enseignement prioritaire, et ce, dès le plus jeune
âge. En effet, à elle seule, cette règle de diététique, appliquée avec
discernement, et surtout sans précipitation, va vous transformer et devenir un
facteur déterminant de votre santé. Et d’ailleurs, à l’heure actuelle, beaucoup
de nutritionnistes, surtout américains, se sont penchés sur cette question et,
dans les conclusions de leurs travaux, ils en sont revenus à préconiser au
maximum 1 litre quotidien. Dans l’art de bien vieillir, il s’agit d’un point
crucial.
En Occident, on ne sait plus boire. Depuis deux ou trois générations, on
s’est éloigné de la tradition. La consommation habituelle est de l’ordre de :
– une à deux grandes tasses de thé ou de café, le matin au lever ;
– un ou deux verres d’eau dans la matinée ;
– deux ou trois pendant le déjeuner, autant l’après-midi et au dîner ;
– et, « cerise sur le gâteau », la tisane du soir.
Sachant que cinq « verres à moutarde » font un litre, cela fait plus de
deux litres et demi au quotidien, sans compter les boissons nocturnes !
On boit donc beaucoup trop. Les Reins ont été conçus pour filtrer, au
travers du sang, une certaine quantité de liquides au quotidien. Si vous
augmentez en permanence le volume sanguin total, si vous buvez en
permanence plus que de raison, la « machine » va se mettre en surrégime et
se fatiguer pour rien. À un certain moment, que ce soit à la ménopause, où se
produit un affaiblissement physiologique de l’énergie des Reins, à la suite
d’un grand stress de vie ou tout simplement avec l’âge, cette machine va
dire : « Stop ! Je ne peux plus filtrer autant ! » Une des premières
conséquences sera la prise de poids par rétention de liquides.
Il faut savoir que, comme l’excès de consommation de saveur sucrée,
l’excès de boissons est une cause d’obésité. La médecine traditionnelle
chinoise va encore plus loin. Trop boire finit par déséquilibrer le logiciel
Rate-Pancréas et générer ce que l’on appelle un état « d’humidité interne ».
Cette « humidité interne » est très dangereuse, car elle peut se transformer en
Tan. Mais surtout, trop boire provoque l’affaiblissement de l’énergie des
Reins, avec toutes les conséquences que nous avons vues précédemment. Les
déséquilibres générés par ce « trop boire » sont en effet la cause d’apparition
de multiples pathologies comme l’ostéoporose, l’hypertension artérielle, les
insuffisances rénales, mais aussi les maladies dégénératives au niveau du
cerveau, maladie d’Alzheimer y comprise.
Dans le cycle d’une vie, la vieillesse correspond à un affaiblissement
physiologique de la batterie des Reins, de l’huile ancestrale qui va
progressivement se tarir jusqu’à l’extinction de la « flamme de Vie ». C’est
très souvent le Yin des Reins qui diminue, entraînant une augmentation du
Yang, de la chaleur. À cause de ce « feu intérieur », une personne âgée se
déshydrate très facilement. En France, une grave erreur a été commise suite à
la grande canicule de 2003. Certes, elle a été la cause de milliers de morts par
déshydratation, d’autant plus qu’une personne âgée qui vit seule oublie très
souvent de boire. Mais, par principe de précaution, on a ensuite obligé les
personnes âgées à boire plus que de raison, et surtout de trop grandes
quantités d’un seul coup. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Le pic de
mortalité a été aussi important l’année d’après. Tout urgentiste vous dira que
pour réhydrater une personne âgée, il ne faut surtout pas la faire boire trop
d’un coup, mais la mettre très lentement sous perfusion. Plus que jamais,
quand on atteint un certain âge, il convient de suivre cette règle du « un
litre », en insistant sur le fractionnement. Cette règle doit évidemment être
modulée selon les circonstances. Si vous avez trop transpiré, à la suite de la
pratique d’un sport, il faut boire évidemment un peu plus, mais pas
obligatoirement des litres et des litres, sous peine de fatiguer de manière très
importante votre énergie des Reins. Il faut plutôt opter pour des boissons
dites « à fort potentiel d’hydratation ». J’en reparlerai un peu plus loin (voir
p. 117). Quand souffle un vent sec, comme le mistral dans le Sud, on peut
boire 1,2 litre. Par contre, en cas de pluie, 0,8 litre suffit. Tout est question de
logique, de ressenti et surtout d’observation.
La soif est un symptôme à prendre en considération. On dit en médecine
chinoise qu’on ne devrait jamais avoir soif. La soif est un symptôme, signal
d’alarme de « trop tard », qui vous indique que cela fait plus de trois heures
que vous n’avez pas bu et que vous êtes déjà en position de déséquilibre
hydrique. Cela peut aussi refléter un état de chaleur interne, par exemple
après un repas trop lourd. Ce symptôme est également à mettre en relation
avec une faiblesse du Yin des Reins, qui déclenche une sécheresse de la
gorge. On peut aussi citer la soif du diabétique. Le problème est que, dans ces
cas de figure, plus on boit, plus on aggrave cette symptomatologie.
Les boissons alcoolisées. Il y a les alcools « forts » et ceux qui sont plus
« soft ». Traditionnellement en Chine, les alcools forts sont réservés aux
repas de fête, pour égayer une assemblée, faire monter le Shen, l’Esprit. Les
Chinois sont passés maîtres dans la fermentation de tout ce qui pouvait
l’être ! De très nombreuses formules médicamenteuses sont mélangées à ce
type d’alcool, pour favoriser leur diffusion dans le corps et permettre ainsi
une action plus rapide. Mais il est évident qu’il ne faut pas en abuser.
Parmi les alcools plus doux, la bière, prise à l’occasion, surtout quand il
fait chaud, peut être très agréable, et l’effet de ses ferments, utile pour
l’organisme. Mais plusieurs bières au quotidien se retournent contre le corps.
Le plus souvent, on ne boit pas la bière chaude et on ne la chauffe pas non
plus dans la bouche. Or, nous avons vu que le froid génère des stagnations.
De plus, la présence de bulles de gaz favorise un météorisme intestinal : c’est
pour cela que les buveurs de bière ont un ventre proéminent. Quant aux vins,
on devrait faire très attention à ne pas trop consommer de vins blancs, et a
fortiori rosés. En effet, pour les conserver, on est souvent obligé de mettre
trop de dérivés sulfureux. Et le soufre est très agressif pour le foie. Une
ivresse au vin rosé peut être à l’origine de très fortes migraines, avec des
yeux douloureux. Les symptômes « d’après cuite » avec le rouge sont moins
aigus, on se retrouve dans un état cotonneux. En revanche, un verre d’un bon
rouge, lors de l’un des deux repas de la journée, favorise la circulation
sanguine et peut même être une aide au nettoyage des artères. Ce n’est surtout
pas une boisson que l’on doit mettre à l’index quand on vieillit, à condition
évidemment d’en respecter les limites de quantité. Il vaut mieux prendre un
verre de bon rouge à table plutôt que de consommer trois verres d’eau
« bonne conscience ».
L’eau. En pensant à l’eau, nous avons tous l’idée : « Voilà, c’est cette
boisson qu’il faut au quotidien pour hydrater notre corps. » Mais, l’eau nature
ne peut « nourrir » nos compartiments liquidiens que lorsque sa température
est de 38 °C. L’eau à température ambiante ou froide passe directement de
l’estomac dans l’intestin grêle. Vous allez uriner « pour rien ». Les urines
seront claires, alors que normalement elles doivent être de couleur jaune
paille. Les Reins perdent alors leur rôle d’élimination des déchets. On peut, à
la rigueur, réchauffer cette eau dans la bouche, ce que les Chinois signifient
quand ils parlent de « mâcher les liquides ». Mais trop souvent, on la boit à
pleines gorgées. Et consommer de l’eau chaude n’est pas très attrayant.
Sachant cela, on décide de se tourner vers les tisanes et d’en boire le plus
possible. Toutefois, une tisane est une boisson qui contient une ou plusieurs
plantes médicinales comme le thym, la verveine, la menthe, le tilleul. En tant
que « médicament », il ne faut pas consommer la même plante pendant trop
longtemps, sous peine de voir celle-ci se retourner contre l’organe cible.
Prendre de la verveine de temps en temps est excellent pour l’organisme. En
prendre tous les jours, pendant des semaines, se retourne contre lui. À ce
propos, quand on prend une tisane, il ne faut pas en boire un grand bol. Un
verre suffit pour dispenser au corps toutes les vertus de la plante. Donc, les
tisanes ne peuvent pas devenir votre boisson pluriquotidienne.
Mais il existe une boisson connue dans le monde entier, consommée
depuis des millénaires en Asie, en Inde et en Afrique, qui peut être prise
pendant toute une vie sans pour autant se retourner contre l’organisme. C’est
le thé.
La préparation du thé
L’eau utilisée devra être la plus naturelle possible : eau filtrée ou eau minérale
en bouteille. Évitez l’eau du robinet qui a tendance à dénaturer le goût du thé.
Quant aux théières, celles qui sont en fonte ou en terre servent surtout pour
l’infusion des thés noirs ou des thés Oolong. Les thés blancs et verts se font dans
des théières en porcelaine, pour préserver leur goût plus subtil. L’idéal est de
posséder une théière en verre transparent, afin de jouir de la couleur des différents
types de thés pour lesquels elle peut servir. Il existe deux types de préparation du
thé : celle des moments de fêtes, Xiang Shou, et celle du quotidien. Pour les
moments de fêtes, on parle de « cérémonie du thé ». Les règles en sont très
précises. La température de l’eau dépend de chaque thé, de même que le temps
d’infusion.
Pour préparer le thé « boisson quotidienne » qui, pourquoi pas, remplacera
petit à petit votre eau, on ne met que deux pincées de feuilles de thé, le pouce,
l’index et le majeur tendus, sans que cela ne dépasse exagérément de la pulpe des
trois doigts et, ceci, pour trois quarts de litre d’eau. On met beaucoup trop de thé
en Occident. Quelques feuilles dans de l’eau chaude suffisent ! Évitez le thé en
sachet, car il contient des débris.
Je vous recommande de procéder de la façon suivante :
– mettez deux pincées au fond de votre théière en verre. S’il s’agit de thé vert,
humectez-le très légèrement avec de l’eau à température ambiante, pour éviter
de « brûler le thé ». S’il s’agit d’un thé Oolong, demi-fermenté ou noir,
versez directement dessus l’eau qui vient juste de passer au stade
d’ébullition ;
– les feuilles vont s’épanouir, remonter à la surface, puis redescendre au fond,
au bout de 5 à 10 minutes ;
– versez alors le thé filtré dans une Thermos qui vous suivra toute la journée.
Cela vous permettra de mesurer la quantité de liquides pris.
Notre maître nous mettait très souvent en garde contre la dangerosité des
différentes modes qui pouvaient apparaître en diététique. Il nous conseillait
de toujours nous référer à ce que consommaient nos ancêtres et à la manière
dont ils abordaient l’alimentation. Prenons l’exemple de l’instinctothérapie,
une pratique alimentaire à tendance crudivore qui préconise l’écoute de son
instinct pour choisir ses aliments. De prime abord, être à l’écoute de son
corps peut sembler logique. Mais cela n’a de sens qu’à une seule condition :
votre batterie doit être parfaitement rechargée. Si ce n’est pas le cas, votre
organisme, au lieu d’aller vers son autorégulation, tendra au contraire vers
son autodestruction. Rappelez-vous : c’est le Po, l’Âme corporelle, qui vous
attire vers la terre. Ainsi, le diabétique est attiré par le sucre. Et, plus il en
consomme, plus il aggrave sa pathologie. De même, on retrouve de très fortes
envies de sel chez les insuffisants rénaux ou les hypertendus, ce qui n’est pas
fait pour améliorer leur état. Certaines modes préconisent le « tout cru » et
font donc partie de ces dérives diététiques, de ces régimes, qui, suivis à la
lettre, déséquilibrent dangereusement la santé.
Si on s’en réfère aux différentes médecines traditionnelles, c’est le cuit
qui domine. La raison en est simple. Nous avons vu qu’une digestion se fait à
38 °C. Si vous faites entrer du cru, du froid, très souvent dans votre estomac,
sans l’avoir au préalable « cuit » dans la bouche, grâce à une longue
mastication, non seulement votre digestion en sera retardée, mais cela sera un
facteur d’épuisement de votre organisme. À moins de posséder un
tempérament très Yang, cet excès de cru ne pourra que raccourcir votre
espérance de vie. Dans la même logique, préférez manger des crudités de
temps en temps en été et évitez-les durant la période hivernale. Plus on
avance en âge, plus on doit consommer des aliments plutôt cuits, ou tout au
moins « blanchis » (car recharger la batterie des Reins devient de plus en plus
difficile). Cela fait partie des « secrets » des centenaires. Donc, attention au
« tout cru ».
Il existe de nombreuses manières de cuisiner un plat : à la vapeur, à l’eau,
revenu dans une poêle, sur une plancha, au barbecue, etc. Une des grandes
règles de la philosophie taoïste est d’opter pour la voie du juste milieu. Ne
cuisiner qu’à la vapeur qui, au demeurant, est un des meilleurs modes de
cuisson, risque de vous faire perdre certaines vertus d’autres modes de
cuisson.
Soyez prudent avec la cuisson au barbecue : les graisses qui tombent
directement sur les braises se transforment en poisons. Ces poisons retournent
à la viande, à la saucisse et aux autres aliments du même type. La médecine
traditionnelle chinoise considère que c’est la cause d’un grand nombre de
pathologies, comme l’hypertension artérielle et certains cancers. Pendant
l’été, quelques grillades au feu de bois comme repas de fête ne portent pas à
conséquence. Par contre, utiliser très souvent le barbecue peut s’avérer
excessivement nocif. Préférez les planchas, mode de cuisson inventé, il y a
des millénaires, par les Chinois.
La sexualité masculine
Dans sa vie, un homme normal éjacule assez de semence pour engendrer
un trillion (mille milliards) de vies humaines ! Les scientifiques ont montré
que la valeur nutritive d’une éjaculation équivalait à deux beefsteaks, dix
œufs, six oranges et deux citrons combinés. Physiologiquement, le liquide
séminal est composé de deux substances provenant d’une part de la prostate
et des vésicules séminales, et des testicules d’autre part. Quand il y a une
excitation du pénis, de « la tige de jade » pour les taoïstes, la prostate se
remplit de sécrétions. Une fois qu’elle est gonflée, une série de contractions
rapides lui fait reprendre sa taille normale : c’est l’éjaculation.
Les testicules produisent les spermatozoïdes et les hormones, tandis que
la prostate, par l’intermédiaire des vésicules séminales, produit le fluide
séminal, riche en éléments nutritifs et en hormones. En plus de ces éléments
nutritifs, le sperme contient une très grande quantité d’énergie vitale.
Rappelons-nous : un seul spermatozoïde est tellement concentré en énergie
qu’il peut donner naissance à un être humain (en coopération avec un ovule,
évidemment). Une seule graine peut donner un baobab. C’est ce qui explique
le sentiment d’épuisement que l’homme éprouve après une éjaculation. En
effet, après une perte de semence, les sept glandes (vues p. 145) de l’homme
accusent une importante déperdition d’énergie. D’après un proverbe taoïste,
l’homme commun choisit de faire circuler son énergie de haut en bas à
travers les sept glandes pour terminer par l’éjaculation. Celui qui a la
connaissance fait circuler son énergie dans le sens contraire, du bas vers le
haut, à travers les sept glandes. Il choisit ainsi la Vie immortelle, la Vie
divine.
On considère que pour entretenir une sexualité opérationnelle, pour
reconstituer une semence perdue, le corps mobilise 30 à 50 % de
l’énergie journalière qui est normalement apportée par la respiration, la
digestion du bol alimentaire, la lumière solaire, et ce, au détriment du
fonctionnement des autres métabolismes. C’est un énorme investissement
en matière première. Quand l’organisme se retrouve avec une batterie des
Reins vide, il se connecte sur son énergie vitale, il consomme l’huile de sa
lampe à huile, celle qui ne se reconstitue pas, ce qui est la cause du
vieillissement précoce et de l’apparition de pathologies dégénératives comme
celle d’Alzheimer. L’acte sexuel n’est souvent, aujourd’hui, que la traduction
du matérialisme ambiant, c’est un échange uniquement physique, avec
obligatoirement l’émission de la si précieuse semence, sous peine de passer
aux yeux des autres pour un impuissant. C’est la caricature donnée par les
films pornographiques, où l’acte dure une quinzaine de minutes, pratiqué la
plupart du temps par des personnes boostées aux hormones. Cette image est
catastrophique, en particulier pour nos adolescents. Quand ils veulent la
transposer dans la vie réelle, elle génère un sentiment d’infériorité,
d’angoisse, qui peut s’ancrer au plus profond de leur subconscient pour toute
leur vie. Internet a universalisé cet état de fait. On pourrait même parler de
mondialisation du sexe. À l’heure actuelle, aller sur un site pornographique
en trois clics est à la portée de n’importe quel jeune. Matérialité et rapidité
étant souvent apparentées, chez un Occidental, l’acte sexuel moyen dure
environ un quart d’heure. L’insatisfaction qui en découle conduit l’homme à
« butiner » à la manière d’un papillon (aspect Yang) et la femme à intérioriser
son insatisfaction (aspect Yin). L’impuissance (la baisse de la libido pour les
femmes) est souvent au bout du chemin, avec toute la batterie d’excitants
sexuels, auditifs, visuels, tactiles, de toutes sortes, pour tenter d’y remédier.
Certes, cette panoplie peut faire partie de rituels dans le jeu amoureux d’un
couple épanoui. Mais cela doit être un moyen et non pas une fin.
Il est grand temps de revenir à l’essence même de la sexualité : un acte
conscient et amoureux qui nous différencie de l’animal. Les textes anciens de
physiologie chinoise insistent sur le fait qu’un homme ne devrait pas avoir de
rapports sexuels suivis avec éjaculation avant l’âge de 24 ans et une femme
avant 21 ans. Ces âges respectifs correspondent à la maturité des organes
génitaux et à la mise en place définitive de tous les mécanismes hormonaux
agissant sur la sexualité. Tout excès sexuel plus précoce (surtout vers 16-
17 ans) pourra avoir des conséquences néfastes et irréversibles pour la santé
des adolescents à court terme, mais surtout à long terme. On n’incrimine pas
tant ici une éjaculation épisodique, mais surtout et avant tout, celle qui peut
devenir quasi quotidienne et la plupart du temps en solitaire. Je parle ici de la
masturbation, qui est si dévastatrice. C’est une des causes à court terme de
lombalgies à répétition, de tension du Foie excessive avec des émotions
versatiles souvent tournées vers la colère, de maux de gorge récurrents… Ces
laryngites s’expliquent entre autres par un épuisement du Yin des Reins. Cet
affaiblissement génère de la chaleur et de la sécheresse qui conduisent à
l’inflammation. Avant que celle-ci ne s’installe au niveau local, elle est
« exportée » le long d’un méridien qui part lui aussi du périnée et qui monte
en avant de la colonne vertébrale, pour passer à l’entrée des bronches (asthme
par sécheresse des cils vibratiles), aux glandes thyroïdes et parathyroïde,
jusque dans la gorge.
N’oubliez pas la chose suivante : les virus ou microbes ne peuvent se
développer dans la gorge que lorsqu’un terrain prédisposant (de chaleur) est
présent. La mauvaise gestion du stress est une autre cause d’affaiblissement
du Yin des Reins. Je voudrais citer ici un passage d’un livre écrit en 1769 par
M. Tissot, docteur en médecine de la Société Royale de Londres,
L’onanisme, dissertation sur les maladies produites par la masturbation :
« Un jeune homme s’étant livré à la masturbation à l’âge de quinze ans et
l’ayant exercée très fréquemment jusqu’à vingt-trois ans, tomba, dans cette
période, dans une si grande faiblesse de tête et des yeux que souvent ces
derniers étaient saisis de violents spasmes dans le temps de l’émission des
semences […] La trop grande perte de semence provoque la lassitude, la
débilité, l’immobilité, des convulsions, la maigreur, le dessèchement, des
douleurs dans les membranes du cerveau. Cela émousse les sens, surtout la
vue, donne lieu à la consomption dorsale, à l’indolence… » Je suis bien
conscient qu’il s’agit d’un texte datant d’une époque à laquelle on pouvait
soupçonner le religieux de peser sur le scientifique, mais ces symptômes
trouvent tous leur explication en médecine traditionnelle chinoise. Il ne s’agit
pas de morale ou de juger certaines pratiques sexuelles, mais de tenir compte
d’un enseignement millénaire qui explique qu’une sexualité débridée
entraîne, outre un vieillissement précoce, toute une série de pathologies
comme l’hypertension artérielle, des maladies mentales et émotionnelles,
certains types de cancers dont celui de la prostate chez l’homme, des ovaires
et de l’utérus chez la femme. C’est une des grandes causes de l’apparition de
la maladie d’Alzheimer, de Parkinson et des maladies neurodégénératives.
L’exercice du cerf, comme je vous le disais plus haut, peut aussi avoir un
impact positif sur votre spiritualité. Il permet de puiser l’énergie de six des
sept glandes et de la diriger ensuite vers la glande pinéale qui est la partie de
l’intelligence supérieure et ce que l’on appelle le « troisième œil ». Cette
action peut déboucher sur des capacités psychiques (mémoire, concentration,
intuition) accrues et sur un état de tranquillité et de paix intérieure. C’est donc
un excellent exercice thérapeutique, qui agit aussi bien sur le psychisme, que
sur le mental et le spirituel. Ces contractions pratiquées le matin au lever ou
le soir au coucher (pendant 5 à 10 minutes) donnent des résultats très
efficaces en ce qui concerne les problèmes d’éjaculation précoce, de fuites de
sperme la nuit ou d’impuissance.
En agissant directement sur le logiciel Rein, cet exercice permet
d’augmenter les défenses immunitaires de l’organisme, son immense
possibilité d’adaptation et son pouvoir permanent d’autorégulation et
d’autoguérison. Il y a une particularité qu’il convient de prendre en compte.
La nuit, pendant votre sommeil, vous êtes censé recharger votre batterie des
Reins. Vous vous rechargez en énergie vitale et en énergie sexuelle. Il est
donc normal d’avoir au réveil une érection spontanée. À ce moment-là, il est
très important de tirer l’énergie vers le haut par injaculation. Ainsi, vous
pourrez apprécier sa force pure et intense. Dans le cas contraire, elle risque de
s’échapper. Je vous rappelle que la masturbation avec éjaculation est très
dangereuse pour l’homme quand elle est répétitive. En médecine
traditionnelle chinoise, on considère qu’on ne peut pas subir de telles pertes
d’énergie et rester en bonne santé. Je vous invite donc à travailler
régulièrement ce type de contraction interne pendant l’acte sexuel, pour éviter
toute perte séminale et favoriser la remontée d’énergie sexuelle dans les
glandes endocrines. De plus, en maîtrisant un tel exercice, vous obtiendrez
tous les effets thérapeutiques et préventifs, précédemment cités.
C’est un exercice que vous pouvez faire par exemple en vous brossant les
dents et à bien d’autres moments dans la journée.
La sexualité féminine
Nous avons vu que la femme est Yin par rapport à l’homme, que ses
organes sexuels et ses sécrétions sont intériorisés, qu’elle est de nature plus
« froide » que l’homme. Elle a donc besoin de longues prémices avant toute
pénétration, pour éviter tout phénomène de douleurs et de blocage.
Anatomiquement, l’organe sexuel de la femme est intériorisé. Entre les
grandes et les petites lèvres se trouve la vulve, qui est la zone d’entrée du
vagin, et en profondeur, l’entrée de l’utérus. Toute zone du corps, que ce soit
les oreilles, la voûte plantaire, l’intérieur du nez, etc., est réflexogène. Les
organes sexuels féminins et masculins ne dérogent pas à cette règle.
Pour le pénis :
– l’extrémité, le gland, correspond au Cœur ;
– les côtés du gland sont mis en relation avec les Poumons ;
– la partie supérieure du corps du pénis avec la Rate ;
– le milieu avec le Foie et la racine du pénis avec les Reins.
Chez la femme, c’est l’inverse. L’orifice du vagin est mis en relation avec
les Reins. En avançant en profondeur jusqu’à l’entrée de l’utérus, les zones
du vagin sont à mettre en relation successivement avec le Foie, la Rate, les
Poumons et le Cœur. Nous constatons cette totale complémentarité entre
l’homme et la femme. Au cours de l’acte sexuel, chaque zone, à la manière
d’une pièce de puzzle, entre en correspondance avec la zone réflexogène qui
lui correspond.
Il existe un corollaire à cela. Une masturbation masculine excessive peut
exciter prioritairement la partie terminale du pénis et donc le Cœur. Il n’est
pas rare dans ces cas que cette excitation déclenche des symptômes similaires
à une crise d’angor (crise douloureuse toujours en rapport avec une artère
coronaire). Une masturbation féminine purement clitoridienne, donc externe,
peut exciter anormalement l’énergie des Reins et déclencher à plus ou moins
long terme un « Yin Xu » des Reins, une faiblesse de la partie Yin des Reins.
Le Yin diminuant, le Yang a tendance à augmenter. Le Yang ici représente
un état de chaleur, un état inflammatoire. Des stimulations répétées de la zone
clitoridienne favorisent l’apparition de nombreux symptômes comme des
infections urinaires à répétition ou encore des problèmes de rétention d’eau
avec prise de poids. Dans la sexualité taoïste, le clitoris peut jouer un rôle de
« starter », d’aide à l’augmentation de la libido, au réchauffement des Reins,
mais c’est le vagin, l’interne qui doit être à l’origine des orgasmes féminins.
Je voudrais aborder maintenant un autre aspect de la sexualité, spécifique
au sexe féminin : les menstruations. Si on considère que l’on reçoit dans une
journée notre énergie par la respiration, l’alimentation, le sommeil, la
relaxation, les Qi Gong, la gestion des émotions (toutes les méthodes Yang
Sheng Fa), nous en dépensons en moyenne 70 % pour les activités externes,
le travail, la digestion, la respiration et toutes les activités métaboliques et
automatiques du corps. Or, quand nous prenons de l’âge, nos capacités à
capter de l’énergie ont tendance à s’amoindrir. Au lieu d’être créditeurs
(batterie des Reins rechargée), nous devenons débiteurs. Alors que le corps
continue à dépenser la même quantité d’énergie, il finit par la retirer des
organes vitaux : dans l’ordre, le Foie, les Reins, la Rate, les Poumons et le
Cœur, le Pancréas, les glandes et en dernier, le cerveau. Ce sont les
différentes étapes du vieillissement dans une vision plus matérialiste de ce
que l’on appelle, en médecine chinoise, l’épuisement du « Yuan Qi » », de
l’huile de la « lampe à huile ». Les taoïstes expliquent que chez l’homme, la
principale perte d’énergie supplémentaire, celle qui les met en déficit
épisodique ou durable, ce sont les éjaculations, surtout si elles sont à
répétition. Le problème de la femme est différent. Elle perd principalement
son énergie lors des menstruations. On dit que c’est du Yin qui s’échappe
au travers du sang. Cette vision explique, entre autres, qu’une femme a plus
besoin de dormir qu’un homme pour reconstituer son Yin. Tous les mois, la
couche externe de la paroi de l’utérus se gonfle de vaisseaux sanguins dans
l’attente de la nidation d’un ovule fertilisé. Si l’ovule n’est pas fertilisé, il n’y
a pas d’implantation et la paroi de l’utérus se dépouille de son sang et de ses
cellules mortes. Ce sont les menstruations. De grandes quantités de sang, de
substances nutritives et d’énergie sont ainsi perdues chaque mois. Il est à
noter que physiologiquement, quand l’organisme féminin a besoin d’un
surplus d’énergie et de sang, alors spontanément les règles s’arrêtent, que ce
soit au moment de la ménopause – qui devrait être une véritable résurrection
pour la femme, si elle savait s’y préparer –, ou au moment de l’allaitement ou
encore au décours d’un important problème de santé. C’est un peu comme si
l’organisme, pour augmenter ses facultés d’autoguérison et d’adaptation,
faisait l’impasse sur une future procréation pour récupérer un maximum
d’énergie. En partant de cette observation, les taoïstes ont considéré que les
règles étaient inutiles à partir du moment où l’acte sexuel n’avait pas comme
finalité la procréation. Ils ont alors mis au point des exercices capables de
diminuer de façon très significative, le volume de sang perdu chaque mois
(voir ci-dessous). Ces mêmes exercices peuvent aller jusqu’à faire cesser
totalement les menstruations. Un peu comme l’injaculation chez l’homme, ce
surplus d’énergie relatif à cette non-perte de sang, va permettre à l’organisme
de se recharger et de nourrir les sept niveaux glandulaires.
L’exercice du cerf pour la femme
• Dans une première étape, asseyez-vous sur un coussin d’une dizaine de
centimètres de haut, si possible, en position de demi-lotus. Amenez le talon d’un
de vos pieds contre l’ouverture de votre vagin dans le but d’exercer une pression
continue et assez forte sur votre clitoris. Si vous n’avez pas assez de souplesse,
n’hésitez pas à mettre une balle de tennis entre votre talon et cette zone pour
obtenir cette pression.
• Quand cette position devient confortable, frottez vos mains l’une contre
l’autre devant le Cœur pour faire arriver l’énergie dans les paumes des mains.
• Placez ensuite vos mains sur vos seins et ressentez la chaleur des paumes
irradier lentement à travers la peau.
• Ensuite, faites un mouvement circulaire vers l’extérieur, sans que la pression
des mains soit trop forte. La main droite bouge dans le sens contraire des aiguilles
d’une montre et la main gauche dans le sens des aiguilles d’une montre.
Vous pouvez répéter ce mouvement de 100 à 300 fois.
Pendant toute la durée de l’exercice, la pointe de votre langue est en contact
avec le palais supérieur, toujours dans l’optique de favoriser la circulation
d’énergie entre les méridiens antérieurs et postérieurs du corps, Ren Mai et Du
Mai. Votre respiration est calme. Elle se fait librement, de manière abdominale,
l’inspiration par le nez et l’expiration par la bouche légèrement entrouverte. Vous
ne faites que suivre la respiration et ne la provoquez pas. Votre esprit reste vide et
détendu. C’est donc aussi un excellent exercice de méditation.
La sexualité duelle
2e articulation – Le coude
Même principe pour une flexion-extension complète du coude : faire 10
mouvements par coude.
3e articulation – L’épaule
C’est une articulation très importante, susceptible d’être affectée par de
nombreuses pathologies. Là aussi, si au quotidien vous faites 10 rotations
complètes dans un sens, puis dans l’autre, avec le bras replié, cela vous
évitera bien des déboires.
4e articulation – La cheville
Comme pour le poignet, faites 10 rotations dans un sens et 10 dans l’autre
pour chaque cheville.
5e articulation – Le genou
Elle est fondamentale. Il est dit en médecine traditionnelle chinoise que le
genou est « le Foyer du Foie ». C’est en effet à son niveau que l’on retrouve
le plus de tendons (latéraux, antérieur, postérieur, croisé, rotulien, capsule,
etc.). Très souvent, les pathologies de blocage et de stagnation au niveau du
Foie se répercutent au niveau du genou. Si très régulièrement, en position
debout, vous ramenez à l’aide de votre main, votre talon aux fesses et
qu’ensuite vous allongez complètement votre genou, vous êtes certain de
conserver la souplesse de cette articulation charnière. Cela aura une
répercussion directe sur le bon fonctionnement de votre logiciel Foie. Là
aussi, 10 mouvements par jambe. Cet exercice est à faire debout, ou allongé
sur le dos s’il est trop difficile.
6e articulation – La hanche
Une raideur de hanche sera responsable de douleurs, d’inflammation. La
nutrition du tissu osseux se fera mal. C’est la coxarthrose avec, en fin de
parcours, la prothèse de hanche.
Tout ceci peut être évité si on s’applique à conserver la souplesse de la
hanche. Que ce soit debout ou allongé sur le dos (si l’exercice est trop
difficile), il conviendra jusqu’à un âge avancé que vous puissiez ramener
votre genou sur la poitrine. Ce simple mouvement (10 fois de chaque côté)
suffira pour conserver la souplesse articulaire de la hanche dans tous ses axes.
L’essence du Qi Gong
Depuis des temps immémoriaux, parmi les méthodes aussi bien
préventives que curatives, les différentes civilisations ont créé des séries de
mouvements, avec pour vocation, notamment, de contribuer à cette culture de
l’art du bien vieillir. En Inde, on a appelé ce type de gymnastique le Yoga et
en Chine le Qi Gong. Les deux activités partagent la même finalité et leur
pratique assidue donne des résultats équivalents. Leurs résultats vont
évidemment beaucoup plus loin que ceux de notre série de neuf mouvements.
Cependant, attention de ne pas chercher à atteindre trop rapidement
certaines postures de Yoga. Si vous débutez vers la cinquantaine dans ce type
de pratique, vos articulations sont évidemment plus raides et vous risquez de
déclencher certaines pathologies articulaires. Le Qi Gong, tout le monde en a
entendu parler. Mais il existe des milliers de Qi Gong, autant que de maîtres
chinois. Quand vous en connaîtrez les lois essentielles, vous pourrez,
pourquoi pas, créer votre propre série.
Prenons un exemple : debout, montez vos deux mains (paumes vers le
sol), bras tendus devant vous, jusqu’à la verticale et redescendez-les sur les
côtés, de telle manière que les mains épousent la forme du corps. C’est un Qi
Gong. Si vous visualisez le mouvement de votre poignet, il est d’abord en
hyperflexion, puis en hyperextension. De même, le coude est à un moment
complètement fléchi et à un autre moment étendu. Enfin, vos épaules font un
mouvement complet de rotation externe. Avec un seul mouvement, vous
venez de faire travailler trois articulations !
Énergie et mouvement
Une bonne série de Qi Gong doit faire travailler toutes les articulations, dans
le but d’en conserver la souplesse. Mais comme le corps est parcouru par un
maillage de réseaux énergétiques, cette mobilisation articulaire agit aussi sur les
différents méridiens du corps et en renforce l’énergie, d’où le nom donné à ce
type de mouvements, « Qi » voulant dire énergie et « Gong », mouvement. En
Chine, quand on va tôt le matin dans les espaces publics, on voit un très grand
nombre de pratiquants. Ce qui interpelle et dérange un peu l’Occidental, c’est
l’extrême lenteur de ces mouvements ! La vie moderne, tout en explosion du
Yang, nous incite à mettre en œuvre des pratiques qui ne supportent pas le
ralenti : on court, on saute, vite, toujours plus vite.
La marche est donc un exercice physique complet, et qui plus est, gratuit.
Et surtout, elle n’a pas tous les effets secondaires négatifs que peut générer la
pratique de certains sports. C’est l’une des pratiques physiques les plus
intéressantes dans l’art du bien vieillir.
Il est vrai que notre mode de vie « moderne » ne donne pas trop envie de
vivre vieux. C’est même plutôt l’inverse qui se produit. De plus en plus, les
jeunes adultes jouent à l’autruche. Ils ne se soucient guère de leur devenir et
préfèrent trop souvent brûler la vie par « les deux bouts », épuisant ainsi
prématurément leur huile ancestrale. Le temps de la vieillesse leur paraît trop
loin ou ils manquent de culture dans le domaine de « l’art de vivre ».
Et pourtant ! Chaque organisme vivant possède un potentiel énergétique
qui lui confère une espérance de vie limitée mais qui lui est propre. Tout se
passe comme si chaque espèce, de l’organisme unicellulaire à l’être le plus
évolué qu’est l’humain, possédait un programme informatique qui
s’épuiserait au bout d’un certain temps d’utilisation. J’ai parlé dans un
précédent chapitre de cette « huile ancestrale », cette énergie innée qui fait
partie du domaine du Ciel antérieur, cette huile qui, une fois dilapidée, ne
peut pas se reconstituer. Dans des conditions optimales, nous avons assez
d’huile pour vivre 120 ans, en pleine santé et jouissant de toutes nos facultés
intellectuelles ! Dans la Genèse, on peut lire : « Mon Esprit ne restera pas
toujours dans l’homme, car l’homme n’est que chair, et Ses jours seront de
120 ans » (La Genèse, 6:3). Dans certains cas exceptionnels, cette espérance
de vie pourra être dépassée, mais bien évidemment, elle est le plus souvent
plus courte. En effet, nous héritons des erreurs commises par les générations
antérieures qui réduisent la quantité d’énergie que nous recevons à la
naissance. Nous ne pouvons pas agir sur ce côté inné de la longévité. Par
contre, nous pouvons contrôler la flamme qui consume cette huile. Nous
pouvons éviter de dilapider cette dernière inutilement. Nous pouvons même,
dans certains cas, la prolonger. C’est là tout le but des méthodes de
prévention, le Yang Sheng Fa.
La médecine allopathique moderne, en luttant contre les épidémies
dévastatrices et les mauvaises conditions d’hygiène de vie d’autrefois, a
permis une augmentation tout à fait significative de l’espérance de vie. En
France, nous sommes passés de 50-60 ans il y a quelques décennies à 80-85
ans ! Mais combien a-t-il fallu dépenser d’énergie, d’argent pour arriver à un
tel résultat ? La vie est trop souvent prolongée artificiellement. Combien de
personnes atteignent la vieillesse percluses de rhumatismes, de maladies
cardio-vasculaires et prennent au quotidien une quantité invraisemblable de
médicaments pour survivre ? Sans parler de l’apparition de plus en plus
fréquente de maladies auto-immunes comme les cancers ou les maladies
dégénératives au niveau du cerveau, comme la maladie d’Alzheimer ou celle
de Parkinson.
La médecine actuelle, malgré ses immenses bienfaits, est avant tout
mécaniste. Elle privilégie le visible, le palpable, le quantifiable. Trop
matérialiste, elle dissocie dans son diagnostic et ses traitements le mental et le
physique, le corps et l’esprit. Elle ne tient pas compte de l’héritage de nos
ancêtres pour, dès le plus jeune âge, mettre en place une prévention adaptée à
chaque individu. Elle ne tient évidemment pas compte de l’aspect
philosophique de la Vie, du sens de la Vie, du devenir après le passage. Et,
sans parler de spiritualité, elle ne prend pas en compte la transmission à nos
descendants de nos erreurs dans cette vie. Pour elle, il n’est pas question
d’aborder certains concepts, comme l’Âme, la vie après la mort ou avant la
naissance. C’est une des raisons pour lesquelles on assiste souvent à un
acharnement thérapeutique en fin de vie, à ces existences « artificielles »,
« mécanisées », où la personne est « prolongée » au-delà des limites
naturelles.
La vision de la Vie, en médecine traditionnelle chinoise, est tout autre.
Cette médecine est issue du taoïsme, une philosophie de vie permettant de
bien vieillir dans le meilleur état de santé possible. Dans ses enseignements,
la vieillesse, en tant que telle, n’est pas le but ultime. C’est l’état de « bonne
santé » qui est recherché, par une pratique quotidienne de méthodes de
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prévention capable de redonner au corps sa capacité d’autoguérison.
Cette médecine n’a pas peur de la mort. Bien au contraire, elle met tout en
œuvre pour que cette mort se passe le mieux possible. Le but ultime est de
« mourir en bonne santé et surtout en pleine conscience ». Elle croit en
l’existence de l’Âme. Il existe même des rituels d’aide au passage, basés sur
le massage, pendant et quelques heures après la mort pour aider l’Âme à se
détacher du corps. Cette conception de la Vie et de la Mort est à l’origine
d’une médecine basée avant tout sur la prévention. Certes, elle possède des
méthodes curatives très évoluées comme l’acupuncture, la pharmacopée, la
psychothérapie (relative à la gestion des émotions, aux blocages
émotionnels), etc. Mais en médecine traditionnelle chinoise, quand un
médecin s’occupe régulièrement d’un patient et que celui-ci tombe malade, il
se doit de le soigner gratuitement, car il n’a pas su déceler à temps
l’apparition de la maladie, et donc la prévenir !
Cette vision de la Vie et du devenir de la personne âgée peut nous donner
envie d’atteindre le grand âge et nous éviter de penser comme certains à 65
ans : « Mes jours sont comptés. Je suis déjà un vieux. » Ou encore : « J’ai
travaillé toute une vie pour me faire un petit pécule et cet argent va
maintenant servir à me soigner ! » L’Asiatique dirait : « À 65 ans, je
commence une nouvelle vie ! Il me reste au moins trente années pour
évoluer, gravir les marches de la connaissance, profiter de mes expériences
passées pour aider mes enfants, mes petits-enfants et mon entourage à vivre
du mieux possible. » Il sera à l’image de ce qu’il enseigne. La bonne parole
est une bonne chose, mais donner l’exemple, c’est encore mieux.
En ce sens, la vieillesse devient un espoir et non un désespoir. La Vie,
indissociable de la Mort, donne envie d’être vécue !
Un zeste de confucianisme !
Confucius, le célèbre philosophe chinois, vécut environ 500 ans av. J.-C.
Son enseignement a donné naissance au confucianisme, véritable doctrine
politique et surtout sociale. Selon la morale confucéenne, les relations filiales
occupaient une place centrale dans le microcosme familial et le « vieux »
était considéré comme un ancêtre vivant. Le culte des ancêtres, un des
fondements de cette doctrine, a malheureusement tendance à disparaître dans
nos sociétés égoïstes et matérialistes. Dans les civilisations confucéennes, ce
culte est double : le respect est dû aux défunts et aux personnes âgées. On
honore les morts. Ils font partie de la Vie. Les Asiatiques, et bien d’autres
peuplades considèrent que les Âmes de leurs parents survivent après leur
mort et qu’elles protègent leurs descendants. Petits et grands ont l’habitude
de prier et d’honorer leurs ancêtres, surtout aux périodes anniversaires. Dans
les familles pauvres, comme dans les familles les plus riches, l’autel des
ancêtres est au cœur des foyers. C’est devant cet autel que se prennent les
grandes décisions et que les enfants se marient. Un dialogue entre vivants et
défunts, d’Âme à Âme. La Mort fait partie intégrante de la Vie ! Comme
tous, l’enfant honore la personne âgée. Dès son plus jeune âge, il est en
relation avec la mort. Comme il n’en a pas peur, il évite ainsi bien des
pathologies futures.
Nous avons perdu depuis fort longtemps le respect et la gratitude que
nous devrions avoir pour la personne âgée. Le « vieux » pose problème. Il
devient un fléau pour nos sociétés. On ne parle de lui qu’en termes d’argent.
Certains vont jusqu’à dire que le vieillissement est une catastrophe, un
problème démographique majeur, une menace pour l’économie et les soins de
santé, alors que dans les civilisations traditionnelles, une famille s’organise le
plus souvent autour du « culte du vieux ». La personne âgée a tellement à
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nous apporter ! « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » .
On peut même lire dans la Bible : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs
et tu auras du respect pour le vieillard » (Lévitique 19:32). La société
moderne, en mutation permanente, en « explosion du Yang », n’a pas le
temps de donner de l’importance à l’âge florissant de la Vie. Elle tente même
de remiser au placard la personne âgée. Et pourtant, la personne âgée est une
mine d’or. Elle a côtoyé plusieurs générations, vécu un certain nombre de
mutations sociétales, et parfois des guerres ou des conflits violents. Elle a fait
face à d’innombrables obstacles. Que de « leçons de vie » à creuser ! Elle
raconte des histoires qui passionnent enfants et petits-enfants. Elle a
beaucoup de temps et d’affection à partager…
Si nous voulons que la personne âgée reprenne la place qui normalement
devrait lui échoir, nous devons l’encourager à reprendre le pouvoir. Elle
doit cesser d’être un effet, mais une cause, elle doit transmettre ce qu’elle a
appris à ses descendants, à son entourage. Notre manière de vivre conditionne
notre vieillesse. Alors arrêtons de nous plaindre : nous ne faisons que récolter
les graines que nous avons semées. Et grâce à la pratique de toutes ces
méthodes de prévention, devenons des exemples pour notre entourage, pour
la société. Devenons des « vieux », acteurs de la Vie. Vous avez le choix.
Faites le bon et le plus tôt sera le mieux !
La poésie
Mais évitez les livres et toutes les autres sources d’informations qui font
trop appel à votre ressenti, qui déclenchent des émotions trop fortes, qu’elles
soient positives ou négatives. Privilégiez toute la littérature philosophique,
celle qui traite du sens de la Vie et qui est à même d’alimenter vos sujets de
méditation. Lisez des poèmes. La poésie va au-delà des mots. Elle fait
travailler notre imaginaire. Elle est en quelque sorte la « Voix de l’Âme ».
Les mots sont toujours en retrait par rapport au ressenti. La forme poétique
permet de faire dire plus au mot. Chateaubriand écrivait : « La poésie n’a été
pour moi que ce qu’est la prière, le plus beau, le plus intense des actes de la
pensée, mais le plus court et celui qui dérobe le moins de temps au travail du
jour. La poésie, c’est le chant de l’Âme. » Je pense que les Chinois, avec
leurs idéogrammes qui font parler leur imagination, leur sens de l’abstraction
et de la globalisation, ont une longueur d’avance sur nous. Dans les pays
d’Extrême-Orient, comme souvent chez nous d’ailleurs, ce sont les lettrés,
ceux qui ont accès à la connaissance, qui atteignent la grande longévité.
Il faut apprendre par cœur certains poèmes et, à la manière de prières, les
réciter comme des mantras. Ce qui est écrit en vers peut être chanté. Lire,
chanter souvent des poèmes permet de mémoriser l’essentiel du message que
l’on veut faire passer, et ce, beaucoup plus facilement. Toutes les religions
procèdent de la même façon. Les mantras, les prières, les psaumes sont autant
de concentrés d’enseignements qui, par leur répétition, pénètrent notre
subconscient le plus profond. Un médecin traditionnel chinois était tenu, dans
certaines circonstances, de composer des poèmes pour ses patients. Maître
Leung Kok Yuen nous a ainsi légué une série de quatre poésies que nous
devons faire apprendre à certains de nos patients, en particulier ceux qui se
trouvent dans un état dépressif. De cette manière, il nous est possible de nous
corriger en permanence, de savoir si nos actions quotidiennes sont en
adéquation avec les principes que l’on a appris.
Cette strophe nous indique que nous ne devons pas nous limiter aux
exercices de méditation, surtout quand nous sommes dans un état dépressif.
Cela ne pourrait que favoriser l’enfermement sur soi. Ensuite, il est dit que si
nous voulons conserver une bonne circulation de sang et d’énergie, il
convient de pratiquer des mouvements qui feront travailler de façon
harmonieuse toutes nos articulations. Mais ces exercices ne doivent pas être
excessifs et ne doivent pas vider la batterie de nos Reins. Il faut être régulier
dans la pratique du sport, se poser certaines limites. Comme dit le proverbe :
« Ne dis pas que tu connais tes limites, c’est trop tard ; cela veut dire que tu
les as déjà atteintes. » Chacun doit pratiquer le sport qui convient le mieux à
sa physiologie et à son âge.
L’écriture
Nous avons vu l’importance de la lecture, de la poésie, mais un autre
moyen de prévenir la sénilité, c’est l’écriture. Écrire, encore et encore. Une
dangereuse mutation est en train de se produire sous nos yeux. Dans certains
pays, l’écriture manuelle ne fait plus partie de l’apprentissage scolaire ! Les
enfants apprennent à tapoter sur le clavier, ou pire encore, ils se servent de
logiciels de reconnaissance vocale ! Quand on écrit au clavier, on ne fait que
taper sur des touches. Seule une très petite partie de nos connexions
neuronales est ainsi mobilisée. Quand on écrit à la main, quand on écrit au
stylo à bille, ou encore mieux à la plume, le simple fait de former des
lettres fait travailler dix fois plus notre cerveau. Pour lui, taper un « S » ou
un « C » au clavier ne change pas grand-chose. Par contre, les écrire nous
oblige à associer à chaque lettre un mouvement particulier et encore plus, si
on fait des pleins et des déliés ou si on trace un idéogramme. Cette action
facilite le stockage dans la mémoire centrale de l’ordinateur et permet aussi
de mettre notre cerveau dans un état passager d’hyperactivité, d’euphorie, un
peu comme sous l’effet d’une drogue. L’Âme dispose alors d’un terrain
propice pour s’exprimer. À certains moments, notre écriture peut devenir
quasiment automatique, de plus en plus rapide, pour suivre les idées qui nous
sont données. Si en plus, vous vous tenez bien droit sur une chaise, vous
mettez directement en relation l’énergie des Reins avec le cerveau. Les Reins
commandant la mémoire, et participant à « l’ouverture du Cœur », si vous
avez l’impression de vous prendre de temps en temps pour un génie, en
suivant ces conseils, remerciez plutôt votre Âme. L’ordinateur servira ensuite
simplement à ordonner ce qui a été « couché » à toute vitesse sur votre
feuille.
La musique
Je n’oublie pas les autres activités artistiques, notamment la musique,
dont les bénéfices ont été scientifiquement prouvés : « La musique stimule le
développement cognitif de l’enfant, contribue à la réhabilitation des
personnes ayant subi une lésion cérébrale et de celles présentant des troubles
neurodéveloppementaux ou neurodégénératifs, et prépare l’adulte à lutter
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contre le vieillissement cognitif » ; elle améliore « la qualité de vie des
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personnes âgées saines qui […] présentent des difficultés motrices ». À
condition bien sûr de choisir des musiques harmonieuses et non dissonantes.
La méditation
Une autre méthode, pour continuer à être enseignable, c’est la
méditation. Elle aide à creuser cet entonnoir entre conscient et subconscient
le plus profond, en se connectant à notre Âme. Les intuitions, les ressentis,
les prémonitions qui surgissent de notre pensée sont autant d’enseignements
très précieux. On obtient l’effet inverse de celui que procure un excès
d’informations fournies par nos cinq sens. Les informations ne viennent plus
de l’extérieur. Elles surgissent de notre for intérieur et n’en sont que plus
précieuses, à condition, bien évidemment, d’être à leur écoute.
Apprivoiser le temps !
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La marquise de Lambert , dans son Traité de vieillesse (1732), écrivait :
« Un des devoirs de la vieillesse est de savoir faire usage du temps : moins il
nous en reste, plus il nous doit être précieux. » Le temps ! Qu’est-ce que le
temps ? Vaste sujet de méditation qui, plus on avance en âge, plus on se
rapproche du passage, devient comme la mort, un grand sujet d’interrogation.
La référence à la dualité Yin-Yang nous permet de donner un début de
définition du temps : « Le temps n’existe que parce qu’il y a un avant et un
après ! » Le temps, ce ne sont pas les secondes qui passent inéluctablement.
Le temps est « élastique ». Dans certaines situations, une minute peut
vous paraître une éternité. L’inverse est tout aussi vrai. Nous avons dit que la
Vie procédait du « Un » qui se dissociait en « Deux », le Yin-Yang, la
première division cellulaire en ce qui nous concerne. On peut donc imaginer
que le temps n’existe pas avant l’apparition de cette dualité. Nous parlons ici
du temps qui nous est propre, qui est propre à « notre maison » où notre Âme
vient « passer quelques vacances ». Tout au moins nous l’espérons.
Microcosme dans le macrocosme, nous pourrions tenir le même
raisonnement sur l’existence de la « grande maison » qu’est la Terre. Elle
procède de la même dualité Yin-Yang. Il y a eu un passé historique, de même
qu’il y aura un futur. Mais avant l’existence de notre « grande demeure » –
dont on devrait prendre soin autant que notre propre corps –, même avant
l’univers, il n’y avait pas de temps, puisqu’il n’y avait pas de dualité.
Que se passe-t-il au moment du passage ?
Le corps, notre maison, retourne à la terre, alors que l’Âme s’en retourne
vers d’autres horizons. La dualité fait place à l’unicité. Au moment du
passage, là où le « Deux » retourne au « Un », le temps n’existera plus. Donc
le temps, c’est la Vie. Un autre sujet de méditation. Nous savons que le
« Yang pur » et que le « Yin pur » ne font pas partie du domaine de la Vie,
mais de celui du Ciel. Il y a toujours un peu de Yin dans le Yang et un peu de
Yang dans le Yin. C’est la représentation emblématique du Tao : deux
virgules opposées, avec un cercle de couleur inverse dans le renflement de
chacune d’entre elles. L’examen de cet emblème évoque l’interactivité et
surtout l’équilibre. Il en va de même pour le temps. Dans la première partie
de notre vie, lors de l’enfance et de l’adolescence, dans la période de
croissance, d’hyper-multiplication cellulaire, d’explosion du Yang, pour
contrebalancer cette « effervescence », le temps nous semble s’étirer avec
lenteur. Le Yin et le Yang s’équilibrent. À l’inverse, dans la deuxième partie
de notre vie, à l’âge adulte et à l’âge mûr, là où les processus physiologiques
ont tendance à se ralentir, où nous marchons plus lentement, où nous nous
« posons » plus souvent, le temps au contraire paraît passer beaucoup plus
rapidement. Toujours cet équilibre !
Cette notion de temps qui passe de plus en plus vite, plus on s’éloigne de
la naissance, peut aussi être mise en relation avec le fameux Big-Bang, la
e
grande théorie de la fin du XX siècle pour tenter d’expliquer nos origines. À
partir du « Un » primordial, une explosion s’est produite, le début d’une
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dualité, jusqu’à former les « Dix mille » mondes. Or, plus on s’éloigne du
centre, plus les astres prennent de la vitesse. Avec d’autres mots, dans la
cosmogonie traditionnelle, cette notion de Big-Bang avait déjà été
appréhendée. Mais on considérait qu’après le Bang (l’expansion) allait venir
le temps du Crunch (la contraction), un retour de la multiplicité vers
l’unicité. Si on considère que nous sommes un microcosme, que nous
fonctionnons sur le même modèle du macrocosme qui nous entoure, on peut
comparer ce Big-Bang-Big Crunch à la physiologie qui régit notre corps. Au
niveau cardiaque, par exemple, après la systole, l’expulsion de sang, vient la
diastole, soit le mouvement inverse, puis de nouveau une expulsion. Il en est
de même pour l’inspiration-expiration-inspiration. Cette notion de
« pulsation » se retrouve dans de très nombreuses autres fonctions. Après la
Vie vient la Mort, pour repartir. Le passage entre l’inspire et l’expire ne se
fait pas brutalement. Il y a un ralentissement, un arrêt puis un retour en
arrière.
Nous pouvons appliquer ce principe à notre vie terrestre. Le temps
commence, puis plus nous vieillissons, plus il s’accélère. Au moment du
passage, il se ralentit pour s’arrêter et ensuite réapparaître. Pour Julien
Green : « La mort n’est pas l’obscurité. C’est une lampe qui s’éteint, car le
jour se lève ». On comprend ainsi les témoignages de personnes qui sont
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arrivées aux portes de la mort ou qui sont revenues d’un coma : « J’ai vu en
une fraction de seconde se dérouler toute ma vie. » En réalité, cette seconde,
c’est une éternité de temps, ou tout au moins, un extrême ralentissement du
temps au moment du passage. Ne serait-ce pas là ce que l’on appelle enfer ou
paradis ? Si, au moment du passage, vous êtes sous l’emprise de peurs,
d’angoisses, de colères, de conflits non résolus, de regrets, d’attachements
aux « choses de la vie », cette période d’extrême ralentissement du temps
risque d’être particulièrement mouvementée. Inversement, quelles qu’aient
été vos épreuves de vie, si vous vous éteignez dans un état de plénitude et de
bonheur d’avoir vécu, si votre Cœur déborde d’amour, d’altruisme, de Paix et
de Foi en votre devenir après la mort, ce moment « éternel » du passage sera
une félicité.
Les neurobiologistes ont essayé de donner une définition du temps. Nous
émettons en permanence des pensées. Mais ces pensées ne « s’enchevêtrent »
pas. Elles se succèdent et entre deux pensées, il existe un espace vide de
quelques millisecondes. Selon la loi du Yin-Yang, le temps ne peut exister
que si le « non-temps » existe. Le « non-temps » serait cet espace entre deux
pensées ! Les méditants confirmés cherchent justement à élargir cet espace
pour le faire passer à plusieurs secondes, voire plusieurs minutes. On peut
dire à ce moment-là qu’ils se trouvent dans le non-temps. Ne serait-ce pas ce
que l’on entend par « Éveil » dans le bouddhisme ? Ils embrassent le Tout en
une seule vision. Passé, présent, devenir n’existent plus. On peut avoir une
approche très parcellaire de cet état en s’initiant à la pleine conscience,
en vivant en pleine conscience chaque instant présent.
Apprivoiser la mort
Apprivoiser le temps, donc la Vie, implique aussi d’apprivoiser la Mort.
J’ai déjà parlé de la mort, du point de vue de la médecine traditionnelle
chinoise, dans le chapitre consacré à l’Âme éthérée et à l’Âme corporelle.
Selon le taoïsme, c’est un « passage naturel de l’état matériel, visible,
palpable, vers un état de vide ». Il s’agit d’un phénomène naturel, non
dramatique, qui ne doit pas être générateur de peur. Lors du « passage », c’est
le Shen, l’Esprit qui commence en premier à s’échapper du corps. Il est suivi
naturellement du Hun, de l’Âme éthérée. Ce départ peut être plus ou moins
rapide. Tout dépend du degré d’évolution spirituelle de la personne, de ses
dispositions psychologiques au moment du passage. S’il persiste en elle un
état conflictuel, si elle est tendue par des problèmes psychologiques qu’elle
n’a pas réussi à résoudre durant sa vie, si elle ne s’est pas libérée de ses
attaches matérielles, si son entourage ne la « laisse pas partir » par trop
d’affliction, son Âme risque d’être « retenue », retardée dans son départ.
Normalement, le Po, l’Âme corporelle, doit suivre le départ du Hun, suivi
de la décomposition progressive du corps qui retourne en poussière. La mort
n’étant pas une maladie, la flamme de la Vie devrait s’éteindre dans un état
de pleine conscience, sans peur ni angoisse.
Cela se travaille en amont, en mettant toutes les pratiques de prévention
en œuvre, le plus régulièrement possible. La Vie et la Mort forment un tout.
On devrait être préparé à mourir, là, ici et maintenant. En effet, elle peut
subvenir à n’importe quel moment. Il serait opportun, au cours de certaines
méditations, de se poser régulièrement cette question : « Si ma mort doit
arriver ce soir, suis-je prêt ? » Est-ce que j’ai l’esprit tranquille, une « bonne
conscience » ? Ne suis-je pas sous l’emprise d’une émotion destructrice,
poussée à son paroxysme, de pensées obsessionnelles, de jalousie, de haine,
de rancœur qui m’empêcheraient d’accéder à une mort paisible ? Toutes ces
questions devront être évidemment résolues, si nous avons la chance
d’accéder à une mort naturelle.
Toutes ces conditions ne sont évidemment pas réunies si vous décidez
d’abréger votre vie par quelque moyen que ce soit. Un tel acte sous-
entendrait, d’un point de vue énergétique, que vous êtes en pleine tempête
émotionnelle et que le champ de votre mental se trouve devant un mur, une
voie sans issue. Vous êtes, pour ainsi dire, totalement obnubilé par le
« problème ». C’est un peu comme si vous teniez un objet devant vos yeux
qui envahirait tout votre champ de vision. Vous avez beau le tourner de tous
les côtés, il est là. En psychothérapie chinoise, un des moyens pour quitter cet
état est d’apprendre à reculer cet objet, à l’éloigner de vos yeux pour prendre
conscience de tout ce qu’il y a autour et commencer à relativiser le problème.
Plus on l’éloigne, plus il finit par se fondre dans le courant de la Vie. Une
épreuve, quelle que soit son importance, participe au « balancier de la Vie ».
C’est souvent le meilleur moyen que nous donne « la destinée » pour passer à
autre chose et redémarrer de plus belle : « Ce qui ne tue pas nous rend plus
forts… » (Nietzsche).
Les philosophies orientales ont une vision très intéressante du sens de la
Vie. La Vie, c’est comme des vacances. Nous arrivons à l’hôtel dans un pays
inconnu. L’endroit est plaisant, bien fourni. L’installation est agréable. Si
nous restons à l’hôtel, nous pouvons utiliser tout ce qui est à notre
disposition, puisque nous avons payé. Nous profitons donc de cet
environnement et nous pouvons estimer avoir de la chance. Mais nos
vacances ne durent qu’une semaine, peut-être deux. Après, nous devons
repartir et laisser tout en ordre au moment du départ qui devra se faire « sans
regrets ni attaches » : « Je quitte la Vie, non point comme on sort de chez soi,
mais ainsi qu’on sort d’une auberge où l’on a été reçu. Oh, comme sera belle
la journée où je partirai rejoindre, là-bas, cette assemblée divine que forment
les Âmes ! » (Cicéron). L’hôtel, c’est notre Terre, notre environnement, mais
aussi notre corps. Nous avons le devoir d’en prendre soin, pour que celui-ci
puisse retourner naturellement à la terre, pour que notre Âme puisse partir
tranquillement, heureuse d’avoir passé des vacances. C’est vous qui décidez
si votre temps terrestre, votre lieu de vacances, deviendra un enfer ou un
paradis. Même sur un tas d’immondices, un enfant peut rire et une rose
pousser…
Il est donc très important d’apprivoiser la mort. Dans certaines initiations,
pour accéder à la Vie, on passe rituellement par l’épreuve de la mort. Si vous
n’aviez qu’un seul livre à lire sur ce thème, choisissez celui de Sogyal
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Rinpoché : Le Livre tibétain de la Vie et de la Mort . Prendre conscience de
la mort, l’accepter, ne pas se voiler la face, nous donne toutes les chances
d’accéder à la longévité en « bonne santé », heureux, en complète harmonie
avec nous-mêmes et tous ceux qui nous entourent.
Cheng F., Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, Albin
Michel, 2013.
Chia M., Les Secrets de l’amour du Tao, La Maisnie-Trédaniel, 2000.
Cheng F., Cinq méditations sur la beauté, Albin Michel, 2006.
Cicéron, Savoir vieillir, Arléa, 2004.
El Hattab M., Chronique d’un buveur de lune, sur le mal et l’amour, Albin
Michel, 2006.
Javary C. J.-D., La souplesse du Dragon. Les fondamentaux de la culture
chinoise, Albin Michel, 2014.
Lenoir F., Petit traité de vie intérieure, Plon, 2010.
Ormesson d’. J., Comme un chant d’espérance, Éditions Héloïse
d’Ormesson, 2014.
Ricard M., Plaidoyer pour le bonheur, Nil, 2003.
Ricard M., Playdoyer pour l’altruisme, Pocket, 2014.
Rinpoché S., Le Livre tibétain de la Vie et de la Mort, Le Livre de poche,
2005.
Thich Nhat Hanh, Il n’y a ni mort ni peur – Une sagesse réconfortante pour
la vie, La Table ronde, 2004.
Remerciements
Je tiens à remercier :
Michel Odoul qui m’a fait l’honneur de préfacer ce livre. Il a su trouver
les mots justes pour me pousser à enseigner et ainsi, ne pas rompre la chaîne
de la transmission du savoir.
Mes différents maîtres en médecine traditionnelle chinoise et tout
particulièrement le Professeur Leung Kok Yuen et tous ceux qui ont travaillé
dans son sillage. Sans eux, ce livre n’aurait pu voir le jour.
Toute l’équipe des éditions Albin Michel, en particulier Laure Paoli, qui a
su découvrir l’humanisme qui se cachait dans mon manuscrit, et Caroline
Signol, pour ses patientes relectures.
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