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Racine
Livret pédagogique
établi par Anne AUTIQUET,
agrégée de Lettres classiques,
professeur en I.U.F.M.
HACHETTE
Éducation
Conception graphique
Couverture et intérieur :Médiamax
Mise en page
Maogani
Illustration
Élisa Félix dans le rôle de Phèdre
©Hachette Livre
www.hachette-education.com
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122.-4 et L.122-5, d’une part, que les
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collective » et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration,
«toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle,faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
droit ou ayants cause,est illicite».
Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit,sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre
français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une
contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
SOMMAIRE
AVA N T - P R O P O S 4
TA B L E D E S CO R P U S 6
RÉPONSES AU X Q U E S T I O N S 10
Acte I, scène 1
Lecture analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Lectures croisées et travaux d’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Acte I, scène 3
Lecture analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Lectures croisées et travaux d’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Acte V, scène 6
Lecture analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Lectures croisées et travaux d’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
BIBLIOGRAPHIE CO M P L É M E N TA I R E 77
AVANT-PROPOS
Les programmes de français au lycée sont ambitieux.Pour les mettre en œuvre,
il est demandé à la fois de conduire des lectures qui éclairent les différents
objets d’étude au programme et, par ces lectures, de préparer les élèves aux
techniques de l’épreuve écrite (lecture efficace d’un corpus de textes,
analyse d’une ou deux questions préliminaires, techniques du commentaire,
de la dissertation, de l’argumentation contextualisée, de l’imitation…).
Ainsi,l’étude d’une même œuvre peut répondre à plusieurs objectifs.Phèdre,
en l’occurrence, permettra d’aborder les formes du langage dramatique, les
rapports entre texte et mise en scène, et de s’initier aux genres théoriques,
tout en s’exerçant à divers travaux d’écriture…
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– Un bilan de première lecture qui peut être proposé à la classe après un
parcours cursif de l’œuvre.Il se compose de questions courtes qui permettent
de s’assurer que les élèves ont bien saisi le sens général de l’œuvre.
– Cinq à sept questionnaires guidés en accompagnement des extraits
les plus représentatifs de l’œuvre: l’élève est invité à observer et à analyser
le passage;les notions indispensables sont rappelées et quelques pistes lui sont
proposées afin de guider sa réflexion et de l’amener à construire sa propre
lecture analytique du texte. On pourra procéder en classe à une correction
du questionnaire, ou interroger les élèves pour construire avec eux l’analyse
du texte.
– Cinq à sept corpus de textes (accompagnés parfois d’un document
iconographique) pour éclairer chacun des extraits ayant fait l’objet d’un
questionnaire guidé ; ces corpus sont suivis d’un questionnaire d’analyse
et de travaux d’écriture pouvant constituer un entraînement à l’épreuve
écrite du bac. Ils peuvent aussi figurer, pour la classe de Première, sur le
« descriptif des lectures et activités » à titre de groupement de textes en
rapport avec un objet d’étude ou de documents complémentaires.
Nous espérons ainsi que la collection Bibliolycée sera,pour vous et vos élèves,
un outil de travail efficace, favorisant le plaisir de la lecture et la réflexion.
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TABLE DES CORPUS
Composition
Corpus
du corpus
6
Objet(s) d’étude Compléments aux travaux d’écriture
et niveau(x) destinés aux séries technologiques
Commentaire
Vous pourrez étudier la mise en scène de la rencontre,
les effets de la passion sur Néron et la manière dont
est fait l’éloge de Junie.
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TABLE DES CORPUS
Composition
Corpus
du corpus
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Objet(s) d’étude Compléments aux travaux d’écriture
et niveau(x) destinés aux séries technologiques
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
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Bilan de première lecture
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
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Acte I, scène 1
u La double raison annoncée est la recherche du roi son père absent (quête poli-
tique) et,plus loin dans la scène,la fuite d’un amour honteux et coupable.L’obstacle
principal est l’interdit paternel pour des raisons politiques.
i Personnages absents :Thésée, Phèdre,Aricie ;Antiope, mère d’Hippolyte ; les
brigands tués par Thésée et ses conquêtes féminines dont Ariane,la sœur de Phèdre.
Le long récit fait par Hippolyte du passé de Thésée a comme fonction de présenter
l’arrière-plan mythologique dont fait partie le héros chasseur de monstres, montrant
en même temps la dualité du personnage et des sentiments d’Hippolyte pour lui.
o Liens sociaux et familiaux des personnages entre eux :Thésée, roi d’Athènes et
père d’Hippolyte ; Phèdre, belle-mère d’Hippolyte, fille de Minos, roi de Crète, et
de Pasiphaé,et sœur d’Ariane ;Aricie,fille d’un roi d’Athènes descendant de Pallas,
chassé du trône par Thésée ;Antiope, reine des Amazones et mère d’Hippolyte.
Caractérisation des personnages principaux :Thésée, personnage double, à la fois
héros chasseur de monstres et grand séducteur, roi absolu et père redoutable (qui
interdit d’épouser Aricie) ; Phèdre, belle-mère agressive à l’égard d’Hippolyte et
atteinte d’un mal mystérieux ;Aricie, « l’aimable sœur des cruels Pallantides ».
q Reconstitution de l’ordre des faits (retour en arrière) :
– le temps lointain des exploits légendaires de Thésée (enfance d’Hippolyte) ;
– son mariage avec Phèdre et la fin de ses conquêtes féminines ;
– l’exil d’Hippolyte par Phèdre d’Athènes à Trézène ;
– l’arrivée à Trézène de Phèdre et d’Aricie ;
– le nouveau départ de Thésée (depuis 6 mois) ;
– les recherches vaines de Théramène ;
– la maladie mystérieuse de Phèdre ;
– le changement d’attitude d’Hippolyte amoureux, sa décision de partir.
s Les procédés sont des indicateurs temporels qui inscrivent dans le temps les
événements :le départ de Thésée (v.5-7 :« Depuis plus de six mois »);l’arrivée de Phèdre
(v. 35 : « Depuis que sur ces bords ») ; le retour à l’enfance d’Hippolyte (v. 66 : « depuis
que je respire » ;v.71 :« Dans un âge plus mûr moi-même parvenu »).La forme de discours
utilisée par Hippolyte pour raconter les exploits de son père est un discours narratif
à deux niveaux.Tout en prêtant à Théramène ce récit qui donne une dimension
mythique au personnage de Thésée, il raconte ses propres réactions contradictoires
d’enfant à l’écoute de ces histoires, partagé entre la haine, héritée de sa mère
amazone, des conquêtes amoureuses de son père et la fascination de ses exploits.
d Hippolyte associe le registre épique à cet arrière-plan.Ses caractéristiques sont le
discours narratif,le temps mythique,les exploits guerriers du héros et son éloge.Les
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
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Acte I, scène 1
ments d’Aricie à son égard ? va-t-on apprendre pourquoi Phèdre veut mourir ? On
peut s’attendre à des coups de théâtre : révélations, aveux, retours.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
y Le lieu de l’action est devant le palais des Labdacides à Thèbes (didascalie initiale) ;
le moment est le début du jour (« cette nuit »). Les personnages présents sont deux
sœurs,Antigone et Ismène, filles d’Œdipe et nièces de Créon, roi de Thèbes. Leurs
deux frères, Étéocle et Polynice, se sont entretués, et Créon vient, pour des raisons
politiques, d’accorder la sépulture à Étéocle et d’en priver Polynice, menaçant de
mort ceux qui contreviendront à cet interdit (« cet édit »).Antigone annonce à Ismène
sa décision d’ensevelir malgré tout Polynice (« ce que je veux faire »). Les mots
démonstratifs sont des déictiques qui permettent d’ancrer le temps et les événements
dans une réalité connue et partagée par les deux sœurs.
u L’enjeu de la discussion est l’efficacité de l’argumentation d’Antigone : Ismène
se laissera-t-elle convaincre d’aider sa sœur malgré ses réticences ? Il n’y a pas
d’énigme et l’action est déjà nouée, car on sait qu’Antigone va ensevelir le corps
de son frère et l’on attend de savoir comment Antigone va réaliser son projet et
affronter Créon.
Travaux d’écriture
Question préliminaire
Au prologue de la tragédie grecque, s’est substituée au XVIIe siècle, en France, la
convention de l’exposition qui permet de présenter au spectateur le cadre spatio-
temporel, les personnages et la situation dramatique, et de donner les éléments de la
crise qui s’amorce.
Les trois lieux rendent vraisemblables les rencontres : Antigone se situe en Grèce, sur
une place devant le palais des Labdacides à Thèbes ; Phèdre commence en Grèce,
dans une antichambre de passage devant le palais deThésée àTrézène ;Bérénice à Rome,
dans un cabinet secret entre les appartements des deux héros,dans le palais de Titus.
Les trois actions commencent en début de journée (les pièces classiques par conven-
tion,la pièce grecque l’annonçant dans le prologue).Le présent de la tragédie actualise
un passé qui pèse sur la pièce :amour ancien d’Antiochus et amour deTitus et Bérénice
dans Bérénice ;exploits positifs et négatifs de Thésée,haines familiales et amour interdit
d’Hippolyte dans Phèdre ;malheur d’Œdipe et mort de ses fils dans Antigone.
La pièce grecque présente immédiatement les protagonistes (l’héroïne et sa sœur) dans
le prologue, tandis que les expositions raciniennes mettent en scène un seul person-
nage principal et son confident.Les autres personnages sont présentés par les person-
nages présents :Thésée,Phèdre et Aricie dans Phèdre ;Titus et Bérénice dans Bérénice ;
Créon (ainsi que les frères morts d’Antigone) dans Antigone, tandis que les autres
personnages (Hémon,Jocaste) ne sont pas encore évoqués.
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Acte I, scène 1
Dans les trois cas, un personnage présente ou rappelle à l’autre et au spectateur une
situation dont il ne connaît qu’une partie :édit de Créon annoncé par Antigone ;aveu
de son amour pour Aricie par Hippolyte et annonce du « mal » de Phèdre par
Théramène ;habitudes de rencontre de Titus et Bérénice révélées par Antiochus.Le
personnage principal annonce une décision qu’il a prise et qui amorce l’action :
enterrer son frère pour Antigone ;fuir Trézène pour Hippolyte ;rencontrer Bérénice
pour Titus. Dans la tragédie grecque, l’action principale est nouée et la crise peut
éclater. Chez Racine, l’exposition ne fait que donner des éléments essentiels pour
sa compréhension et créer des attentes chez le spectateur : des mystères restent en
suspens (quel est le secret de Phèdre ? pourquoi Antiochus veut-il rencontrer
Bérénice ?).
Commentaire
Le commentaire doit permettre de montrer de manière comparative les informations
données dans ces deux extraits de scènes d’exposition, les faits dont la connaissance
est indispensable à l’intelligence de l’intrigue. Le procédé utilisé dans les deux
expositions de Racine est le dialogue entre un héros et son confident, permettant
d’informer le spectateur sur des faits mal connus et de faire part des intentions du
personnage principal, afin de concentrer les germes des éléments futurs de
l’action. On peut remarquer que l’intrigue de Phèdre semble la plus complexe.
On peut suggérer le plan suivant :
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Dissertation
Introduction
Dans un souci de vraisemblance,les dramaturges s’efforcent de rapprocher les deux
temps inhérents à toute représentation :durée objective du spectacle (temps réel) et
durée supposée de l’action (temps fictif). On a donc limité la durée de la fiction à
vingt-quatre heures.Toutefois,la tragédie est un moment de crise provoqué par des
événements et des sentiments qui s’enracinent souvent dans un passé lointain, et la
fonction de l’exposition est notamment d’en rendre compte par des récits qui res-
tituent ce passé. On verra, dans les trois extraits proposés, en quoi le présent est
présenté comme « le fruit du passé » – ce qui rend ce passé menaçant – et par quels
moyens les dramaturges le présentent. On s’appuiera aussi sur la connaissance de
l’ensemble de l’exposition de Phèdre.
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Acte I, scène 1
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Écriture d’invention
Critères d’évaluation :
– prendre en compte la situation d’énonciation propre à cette lettre ainsi que sa visée
argumentative ;
– faire un choix justifié par les indices spatiaux donnés dans le texte – lieu de
l’action et lieux évoqués – et les déplacements des personnages suggérés par le texte
(comment représenter ce lieu médian entre mer et forêt, à l’entrée d’un palais ?) ;
– dans le cadre du décor,on peut réfléchir aussi sur les éclairages (jeux entre l’ombre
et la lumière), et même sur les costumes que l’on propose pour les acteurs.
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Acte I, scène 3
On peut donc parler de parallélisme entre les deux scènes en ce qui concerne les
situations initiales et finales, la progression dans les confidences et le rôle des confi-
dents. L’aveu de Phèdre est plus long et progressif, mais aussi plus total, alors
qu’Hippolyte manifeste des résistances à l’aveu de son amour en ne répondant pas
à la dernière question de Théramène (v. 137).
e À la fin de l’exposition, il reste au spectateur à connaître les sentiments d’Aricie
pour Hippolyte.
r Phèdre, dans une sorte de délire, exprime successivement sa faiblesse extrême et
son impossibilité de vivre (v.153-157),le rejet de sa tenue (v.158-161),la hantise de
son aïeul le Soleil (v.169-172),une hallucination (regret de l’ombre des forêts et du
char d’Hippolyte, v. 175-177), l’égarement et la honte (v. 179-183). Œnone tente
en vain, à chaque réplique, de la ramener à la raison.
t Œnone exerce une pression constante sur Phèdre pour qu’elle dise les raisons de
son mal :après des rappels à la raison,elle fait appel au sens familial de Phèdre (v.185-
246) et à ce qu’elle croit être sa rivalité à l’égard d’Hippolyte (v. 206-216). Puis,
rappelant son dévouement pour Phèdre qu’elle a élevée, elle utilise la menace
d’abandon et la supplication (v. 227-245). Quand Phèdre, décidée à avouer, hésite
encore, elle lui promet le secret (v. 251-252) et lui arrache le nom de celui qu’elle
aime (v. 259-264). Ses motifs semblent être le désir de tout savoir des secrets de
Phèdre et de la sauver de la mort.
y Les trois étapes de l’aveu :
1) Une réaction vive au nom d’Hippolyte (v. 207).
2) Cédant aux menaces et aux supplications d’Œnone, elle décide de parler et
déplore la malédiction de Vénus sur sa famille (v. 246, 249).
3)Après avoir entendu nommer Hippolyte par Œnone,elle raconte,dans une tirade,
l’irruption de cet amour, ses efforts vains pour s’en défaire et le désespoir qui s’en
est suivi (v. 264-316).
u Phèdre manifeste d’abord sa honte de s’être laissée aller dans son égarement à
évoquer Hippolyte (v. 179-184) ; puis elle supplie Œnone de ne pas chercher à
savoir son secret (v. 225-226), la prévenant que cet aveu sera pire pour elle que son
silence (v. 237-238, 241-242). Elle semble ensuite déclarer son amour contre son
gré, bouleversée par le nom prononcé par Œnone au vers 205 ; puis, ébranlée par
la violence et les supplications d’Œnone, elle reporte trois fois sur elle la responsa-
bilité de son aveu : « Malheureuse, quel nom est sorti de ta bouche ? » ; «Tu le veux.
Lève-toi » ; « C’est toi qui l’as nommé ». La stichomythie des vers 246 à 265 accentue
le caractère de combat mené pied à pied par Œnone pour faire céder Phèdre.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
s Termes désignant l’amour (v. 269-310) : « Mon mal », « feux redoutables », « tour-
ments inévitables », « incurable amour », « blessure trop vive », « une ardeur », « Vénus tout
entière à sa proie attachée », « mon crime », « une flamme si noire ».
Les champs lexicaux de la souffrance, de la blessure ou de la maladie montrent cet
amour comme un « mal » ; celui du feu associe l’« ardeur » à la cruauté de Vénus et
la « flamme » au « noir » dans un oxymore qui traduit son caractère criminel.L’amour
est souffrance mortelle, esclavage et honte.
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Acte I, scène 3
g Phèdre invoque le Soleil, son aïeul maternel, pour lui annoncer sa mort (v. 169-
172) ; puis elle déplore la haine de Vénus (v. 249-250) qui poursuit sa famille de sa
vengeance en l’accablant d’amours impossibles ;enfin,elle évoque sa mère Pasiphaé
et sa sœur Ariane victimes de cette vengeance (v. 250, 253-254) avant elle-même
(v.257-258).Ces évocations mettent l’accent sur la responsabilité de la fatalité dans
son amour coupable.
h Ses sentiments à l’égard du Soleil sont mêlés de vénération et de honte (v. 169-
171). Elle exprime un sentiment d’accablement devant les « tourments inévitables »
que lui inflige Vénus.
j Phèdre a usé de tous les moyens possibles pour lutter contre sa passion :tentatives
pour calmer Vénus (prières, construction d’un temple et sacrifices), fuite devant
Hippolyte et bannissement d’Hippolyte. L’échec de ses tentatives tient à la volonté
de Thésée lui-même,qui l’a emmenée à Trézène rejoindre son fils avant de repartir
en voyage.
k Le terme rougir est employé au vers 170 s’appliquant au Soleil (« Qui peut-être
rougis »), au vers 182 par Phèdre pour elle-même (« la rougeur me couvre le visage »)
et au vers 273 (« Je le vis, je rougis »). Par ce terme, Phèdre exprime à la fois la honte
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
(celle de son aïeul vis-à-vis d’elle et la sienne propre à l’idée de dire sa passion) et
le trouble des sens qui l’a saisie à la vue d’Hippolyte.
l Horreur et compassion pour elle-même sont les sentiments contradictoires qui
agitent Phèdre devant une faute dont elle se sent à la fois coupable et innocente.Son
horreur d’elle-même s’exprime par sa honte,traduite par sa « rougeur » et ses « hon-
teuses douleurs » et liée à la culpabilité la poussant à écourter « la coupable durée » de sa
vie et à nommer deux fois sa passion « crime ». Le terme d’« horreur » qualifie sa
passion et le sentiment qu’elle suscite : elle a pris sa « flamme en horreur » et pense
qu’Œnone frémira « d’horreur », car elle-même considère cet amour comme « le
comble des horreurs ».Sa compassion pour elle-même se traduit par ses plaintes sur son
sort (nombreuses phrases exclamatives de déploration :« Ô comble de misère ! »,« Cruelle
destinée ! »), par ses regrets de ne pouvoir être avec Hippolyte (v. 176-178), par le
sentiment d’accablement devant la fatalité inéluctable qui la poursuit par la faute
de Vénus (v. 257-258) et provoque les malheurs de sa famille dont elle est aussi
victime (v.249-254).Sa pitié pour elle-même est contenue dans le vers 161 :«Tout
m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire ».
m Le spectateur sait,tandis que Phèdre ne sait pas encore,qu’Hippolyte aime Aricie.
On peut se demander comment Phèdre va l’apprendre et comment elle réagira
à l’annonce de cet amour, qui la place dans une situation d’amour d’autant plus
impossible qu’il n’est pas partagé.
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Acte I, scène 3
25
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Travaux d’écriture
Question préliminaire
Dans les trois scènes de ce corpus, qui évoquent des souvenirs de « saisissement »
amoureux que les héros revivent en évoquant la force des sensations et des senti-
ments éprouvés, on retrouve les caractéristiques de l’« Éros immédiat ».
• Les textes A et C montrent la naissance d’une passion – ancienne chez Phèdre,très
récente chez Néron –, à la différence du texte B où Bérénice évoque un moment
où son amour déjà ancien pour Titus a été réactivé de manière intense à la faveur
de son couronnement.
• Le rapt : les héros revivent leur amour comme une sorte de ravissement ou d’en-
voûtement qui opère chez eux une transformation radicale, grandit l’être aimé
(divinisation d’Hippolyte,vénération de la puissance de Titus,idolâtrie devant Junie)
et inhibe totalement leurs sens – la vue pour Phèdre et Bérénice (textes A et B) et
la parole pour Phèdre et Néron (textes A et C).
• L’obsession : ce coup de foudre produit ensuite sur eux une forme d’obsession
tyrannique qui leur fait revoir sans cesse (textes A et C) et partout (texte A) l’être
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Acte I, scène 3
aimé devenu l’unique centre de leurs pensées.L’amour est considéré comme défini-
tif (texte C) ou irrémédiable (texte A).
• Un tableau vivant : les textes B et C montrent ce moment comme un véritable
tableau dont ils décrivent les composantes (l’être aimé entouré d’une foule – admi-
rative dans le texte B, hostile dans le texte C) et les contrastes de couleurs, fixant
ainsi dans sa vie même le moment d’émotion amoureuse.
• Selon les œuvres, l’évocation de ce moment est suivie de celle de la culpabilité et
du désespoir (texte A), du bonheur d’être aimé (texte B) ou du désir sadique de
possession (texte C).
Commentaire
On pourra adopter le plan suivant :
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Dissertation
Introduction
L’amour est avec l’ambition l’un des premiers moteurs de la tragédie, notamment
chez Racine.Un amour ambigu est un amour qui réunit des qualités opposées.On
peut parler d’ambiguïté de l’amour chez Racine par le rôle qu’il joue dans la tragédie,
porteur à la fois de vie et de mort,déclenchant des conflits tragiques insolubles,mais
aussi par sa nature même, car il comporte en lui-même, alors même qu’il cherche
le bonheur, des germes de sa perte et de la perte de l’être aimé.
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Acte I, scène 3
Conclusion
Vision pessimiste de l’amour toujours malheureux et voué à l’échec,responsable de
l’échec.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Écriture d’invention
Critères d’évaluation :
– réfléchir à partir de sa connaissance de l’argument de la pièce et de la situation
d’énonciation ;
– s’appuyer sur les adresses de Bérénice à Phénice et sur les éléments de sa descrip-
tion pour en tirer d’autres conclusions qu’elle ;
– prendre en compte la visée argumentative de la réponse de Phénice en se posant
préalablement la question : de quoi Phénice veut-elle convaincre la reine ?
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Acte II, scène 5
gner,son impuissance à résister à cet aveu,et son désir d’expier sa faute par la mort.
Propos à double sens : « Dans le fond de mon cœur vous ne pouviez pas lire » (v. 598) ;
litote aux vers 606-608 ;« Qu’un soin bien différent me trouble et me dévore ! » (v.617) ;
l’assimilation entre Thésée et Hippolyte déclenche un cri d’aveu encore déguisé
(« ma folle ardeur malgré moi se déclare », v. 626-630).
31
RÉPONSES AUX QUESTIONS
32
Acte II, scène 5
d Phèdre opère donc, par cette série de glissements dans le temps et de substitu-
tions de personnages progressifs, un passage du présent au passé, puis de la réalité
de l’histoire mythique à une autre histoire imaginaire où elle et Hippolyte
auraient tenu les rôles d’Ariane et Thésée. La description d’Hippolyte évoque
sa séduction physique (v.641-657),la descente au Labyrinthe symbolise la quête de
l’amour dont elle rêve ; son récit fantasmatique devient ainsi déclaration d’amour
passionnée à Hippolyte et regret douloureux et pathétique.
f La modification du ton de Phèdre tient au passage brutal à un langage de com-
munication directe :interjections (« Ah »,« Eh bien »),tutoiement,impératifs,apos-
trophes (« cruel »), lexique de l’aveu (« Je t’en ai dit assez », « Connais donc Phèdre »)
remplaçant les détours précédents. Le temps est celui de l’énoncé ancré dans la
situation d’énonciation : présent et passé composé. Ce changement produit un
effet de rupture, tout en étant préparé par toute la progression précédente.
g Les étapes de la montée de sa « fureur » : agression contre Hippolyte par l’apos-
trophe « cruel » (par deux fois) ; haine et condamnation de soi (v. 673-678, « Je
m’abhorre ») ; réquisitoire contre les dieux et leur cruauté (v. 679-682) ; rappel
véhément du passé et de sa lutte contre son amour par la recherche de la haine
d’Hippolyte (v. 683-690) ; négation de la responsabilité de son aveu (v. 691-698) ;
désir d’autodestruction (v.699-711) ;ironie cinglante des derniers vers (v.700-710),
avec un retournement de sa violence contre elle-même de façon paroxystique,
jusqu’à l’affrontement physique.
Marques stylistiques de la violence : lexique de l’amour et de la haine ; interjec-
tions et apostrophes ;types de phrases exclamatifs,interrogatifs et impératifs traduisant
le désarroi ; usage réitéré de l’impératif ; répétitions manifestant l’exaspération
(« ces dieux », « cruel », « tes yeux », « cet aveu », « monstre ») et mise en relief par
détachement de certains de ces groupes.
Cette violence est constitutive de la passion tragique racinienne, qui détruit celui
qui l’éprouve par son caractère tyrannique et violent. Elle est nécessaire à la cathar-
sis finale et à l’édification du spectateur auquel elle montre les effets pervers des vices.
h Champ lexical de l’amour :« cruel »,« Je t’aime »,« fol amour »,« le poison »,« le feu
fatal », « séduire le cœur », « je ne t’aimais pas moins », « charmes », « langui », « séché »,
« les feux », « les larmes », « un cœur trop plein de ce qu’il aime », « aimer ».
Champ lexical de la haine : « Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes », « odieuse,
inhumaine », « ta haine », « tu me haïssais plus », « odieux amour », « sang si vil ».
Le champ lexical de la haine est plus important que celui de l’amour. L’alternance
de ces champs lexicaux opposés et leur rapprochement (v.688) traduisent le drame
33
RÉPONSES AUX QUESTIONS
de Phèdre :son amour est odieux à Hippolyte.Elle lui prête une horreur particulière
pour elle, se présentant comme un « monstre » à éliminer : cette horreur qu’elle
éprouve pour elle-même (v. 678) lui fait désirer la mort.
j Le discours de Phèdre est une suite d’appels à Hippolyte :appels à tout connaître
de sa passion,à l’en excuser pour les raisons qu’elle donne,à se souvenir pour mieux
comprendre (v. 683 et suivants), à la regarder comme une femme (v. 690-692), à la
tuer comme un monstre. Ce discours tend à susciter la pitié d’Hippolyte à défaut
de son amour,à obtenir au moins un signe d’intérêt,quitte à mourir de sa main.Ce
discours pathétique provoque la compassion devant sa solitude, face au mutisme
d’Hippolyte.
k Phèdre use d’un certain nombre d’arguments pour justifier sa passion : la force
des sens qui déborde la raison (v. 689-690), l’amour-maladie (v. 690), la haine de
soi (v. 677-678), l’atavisme (v. 680), la vengeance divine (v. 679-681), l’impuissance
des moyens humains (v. 686-688, 693-696), le désir d’expiation (v. 699-711). Elle
réfute par avance (v.673-694) certains arguments :accusation de complaisance pour
sa passion ou de préméditation de son aveu. Il s’agit donc bien d’un plaidoyer
pour se justifier, malgré sa culpabilité profonde, aux yeux de ceux qui la jugent
responsable de sa passion.
l « Monstre » est pris ici au sens d’« être effrayant par son caractère moralement
perverti ». On peut lui associer les champs lexicaux de la faute (« indigne »,
« offense »), de la haine et de l’horreur. L’emploi de ce terme représente le paroxys-
me de la fureur de Phèdre et de sa volonté d’autodestruction :devant l’échec de son
plaidoyer, elle réclame son châtiment en se qualifiant de « monstre », donnant à
Hippolyte le rôle de son père, chasseur de monstres.
m Le caractère tragique de cette scène tient à l’impasse dans laquelle Phèdre se
retrouve.Un aveu lui a échappé :humiliée par le silence d’Hippolyte,elle a vu quels
sentiments elle lui inspirait malgré son plaidoyer. Ses paroles et son geste de folie
l’ont rendue odieuse à Hippolyte dont elle a gardé l’épée, instrument de sa haine
contre elle-même. Elle semble vouée désormais à la folie ou à la mort.
a et z et r Tableau récapitulatif :
34
Acte II, scène 5
e Junie justifie son choix par la force et l’ancienneté de son amour et par son de-
voir de fidélité face aux malheurs et à la solitude de Britannicus. Elle réfute les
propositions de Néron en lui montrant qu’il n’a pas besoin d’elle, contrairement à
Britannicus,au milieu des honneurs qui l’entourent.Antigone justifie son choix face
au tyran par un devoir supérieur de fidélité à ceux de son sang et aux lois divines
et non écrites. Elle revendique ce choix et réfute les menaces de Créon par le
mépris d’une vie sans honneur à laquelle elle préfère la mort. Elle lui retourne
son accusation de folie.
t On observe que Phèdre et Agamemnon sont pris entre un amour de l’ordre du
monde et un devoir sacré.Cette loi sacrée ne doit pas être transgressée,et c’est pour-
quoi l’aveu de Phèdre est honteux. Mais, si Agamemnon rejette aussi la responsa-
bilité du conflit tragique sur la volonté divine, il cherche à convaincre sa fille de sa
décision au nom de l’honneur familial.Sans l’avoir choisie,il assume cette décision.
y Phèdre fait le récit de ses vaines tentatives pour se débarrasser de sa passion, afin
de tenter de dégager sa responsabilité.Agamemnon de même raconte sa tentative
échouée pour empêcher sa fille d’arriver au camp, preuve de son impuissance face
à la volonté divine. Junie raconte l’évolution de son amour avec les malheurs de
Britannicus pour témoigner de la force de ce sentiment.
u Il convient de s’interroger sur la situation d’argumentation (statut et intentions
du destinataire) autant que sur la validité des arguments de chaque locuteur : ni
35
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Hippolyte, par son respect filial et son amour pour Aricie, ni Néron, emporté par
une passion possessive, ne peuvent être sensibles à l’argumentation de Phèdre et de
Junie. Chef d’État, Créon prône des valeurs opposées à celles d’Antigone. Seule
Iphigénie, de par sa position et son amour filial, peut être convaincue par son père.
Travaux d’écriture
Question préliminaire
On rapprochera les textes deux par deux.
• Situations qui provoquent l’aveu
–Textes A et C : aveux non choisis.
La possibilité offerte par l’annonce de la mort de Thésée et la violence de sa passion
amoureuse face au silence d’Hippolyte provoquent l’aveu incontrôlé de son amour
coupable chez Phèdre,peut-être comme une ultime tentative d’émouvoir Hippolyte.
Agamemnon, voulant cacher sa décision de sacrifier sa fille, se trouve obligé de la
dire et de la justifier auprès de sa fille et de sa femme qui l’ont déjà apprise et lui
demandent des comptes.
–Textes B et D : aveux revendiqués.
Junie, refusant de céder aux sollicitations de Néron, revendique son amour
menacé afin de sauver son couple avec Britannicus. La situation d’Antigone et
sa personnalité se rapprochent de celles de Junie : confrontée à une décision
tyrannique, elle refuse de s’y plier, avoue et revendique son choix.
• Nature de l’objet de l’aveu : le problème de la légitimité de l’objet de l’aveu est primordial
– Textes A et B : amour à la fois coupable et innocent pour Phèdre, légitime mais
contesté pour Junie.
– Textes C et D : décision d’un sacrifice odieux mais imposé par les dieux pour
Agamemnon,acte de piété familiale légitime mais interdit par la loi pour Antigone.
• Composantes et conséquences du conflit tragique
–Textes A et C : amour humain ou honneur.
Le conflit de Phèdre oppose sa passion humaine irrésistible et son honneur qui la
pousse à mourir pour se punir.Celui d’Agamemnon oppose son amour paternel et
la raison d’État, devoir sacré qui détermine sa décision. Ce conflit sera amplifié par
l’opposition de Clytemnestre et d’Achille, fiancé d’Iphigénie.
–Textes B et D : obéir à la tyrannie ou rester fidèle.
Junie,à qui Néron propose d’être reine,lui oppose son amour sans gloire,mais sincère
et fidèle, pour Britannicus. Cet aveu va pousser Néron à lui imposer le choix entre
le renoncement à son amour et la mort de Britannicus.Antigone est prise entre
36
Acte II, scène 5
l’autorité de Créon qui impose sous peine de mort d’obéir aux lois de la cité et les
lois divines lui prescrivant la fidélité à son frère mort. Son choix dans ce conflit
l’amène à affronter Créon qui la condamnera malgré son fils Hémon, fiancé
d’Antigone.
• Argumentation
–Textes A et C :
Phèdre tente d’atténuer sa responsabilité dans cette passion dont elle a horreur en
l’attribuant à Vénus et en disant tous ses efforts vains pour s’en débarrasser, puis en
demandant la mort pour expier sa faute.Après s’être justifié par l’échec de ses ten-
tatives contre l’oracle,Agamemnon tente de convaincre sa fille de céder à la raison
d’État, au nom de son honneur.
–Textes B et D :
Junie affirme la force et la légitimité de son amour et appelle Néron à la compas-
sion en se situant du côté de l’opprimé dont elle oppose la faiblesse à la toute-
puissance du tyran.Antigone justifie son choix par les lois divines et le mépris
pour le châtiment d’une faute qu’elle ne reconnaît pas.Nulle tentative chez elle pour
émouvoir Créon qu’elle brave et taxe de folie.
• Statut et attitude de celui qui avoue
– Malgré leur position d’infériorité, revendication des jeunes filles dans les textes
B et D.
– Malgré le statut d’autorité, nécessité de se justifier dans les textes A et C.
• Conclusion : le choix des quatre héros les porte à choisir la loi morale sacrée
contre les sentiments humains d’amour, de crainte ou d’ambition.
Commentaire
Plan possible:
37
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Dissertation
Plan possible:
Introduction
L’aveu est un acte de langage fréquent dans le dialogue tragique, où un person-
nage révèle à un autre un fait ou un sentiment plus ou moins pénible à dire car il
concerne généralement un interdit. Quelles sont donc les fonctions de ces actes
de langage dans les scènes étudiées ?
38
Acte II, scène 5
• Des coups de théâtre :ces révélations prennent parfois la forme de coups de théâtre
et influent sur l’action.
• Double énonciation : le spectateur est en général en avance sur eux.
Écriture d’invention
Critères d’évaluation :
– tenir compte du genre imposé et de la situation d’énonciation propre à la lettre ;
– prendre en compte le langage et le ton employés par Hippolyte face à Aricie,
ainsi que le contenu de leurs derniers échanges sur scène ;
39
RÉPONSES AUX QUESTIONS
A c t e I V, s c è n e 2 ( p p . 1 2 3 à 1 2 8 )
40
A c t e I V, s c è n e 2
stichomythie (v. 1137-1156), le fossé se creuse entre lui et son père à nouveau
furieux.
41
RÉPONSES AUX QUESTIONS
– champ lexical de la mort :« ta mort »,« un châtiment soudain »,«Venge »,« son sang ».
L’antithèse finale « tes fureurs/tes bontés » marque le point culminant de la colère ;
– types de phrases injonctifs et exclamatifs traduisant la violence ;
– opposition passé composé/présent (v.1044-1048,1050-1052) et passé simple/passé
composé/présent (v. 1065-1074), opposant passé glorieux et présent humilié.
y Les vers 1065-1076, incantation à Neptune, sont une imprécation sur la tête
d’Hippolyte.Si l’on voit dans cette tirade un procès,on peut y lire une condamna-
tion à mort par le Père à la fois Roi et Juge, qui préfigure le massacre de l’acteV.
La solennité de la prière, confirmée par la prédiction des vers 1156-1160, rend le
dénouement tragique inévitable.
u Étapes de la défense d’Hippolyte :
– stupéfaction et anéantissement (v.1076-1080) ;
– plaidoyer selon la structure du genre judiciaire de la défense, avec un rythme
oratoire :sous-entendu (v.1086-1089) ;demande d’examen de sa vie (v.1090-1092) ;
lieu commun : le crime prépare le crime (v. 1093-1100) ; rappel du passé et de ses
mœurs : hérédité, éducation, vertu et rudesse (v. 1101-1113) ;
– aveu de son amour pour Aricie se terminant par un serment, face à l’accusation
d’indifférence pour toute autre femme que Phèdre (v. 1119-1133) ;
– face à l’incrédulité de Thésée, recours à la plainte pathétique (v. 1143-1144) et à
l’attaque par sous-entendus ironiques (v.1138 et 1152),avant de renoncer devant sa
colère : « Je me tais » (v. 1150).
42
A c t e I V, s c è n e 2
pitié l’exaspèrent, et les allusions à Phèdre lui sont une nouvelle insulte à son hon-
neur. Sans doute la culpabilité d’Hippolyte et son souci d’épargner son père l’em-
pêchent-ils de le convaincre,mais Thésée se laisse surtout tromper par les apparences.
L’aveuglement et la toute-puissance de ce père allié des dieux écrasent Hippolyte et
rendent la lutte inégale.
s La situation d’Hippolyte est pathétique par la générosité qui le pousse à se taire,
son impuissance à se faire entendre, la lutte inégale qui l’oppose à son père et son
destin scellé par la malédiction.
fThésée s’interroge, dans les vers 1039-1040, sur sa difficulté à déceler la vérité
du cœur humain derrière les apparences, en l’absence de signes pour la lui faire
comprendre.Or,déjà abusé par de faux signes (l’épée),il refuse de comprendre ceux
que lui adresse Hippolyte tout au long de la scène et ne voit que fausseté dans sa
défense. Cette illusion fatale qu’il dénonce contribue à l’ironie tragique.
g L’indice qui a convaincu Thésée est l’épée d’Hippolyte, abandonnée à Phèdre.
C’est la dénonciation d’Œnone et son mensonge qui lui ont donné cette valeur
de preuve.Mais d’autres éléments ont contribué à l’égarer (IV,1) :la gêne d’Hippolyte
à son retour et le souvenir des plaintes de Phèdre à Athènes.Thésée, trompé par
la calomnie d’Œnone, a reconstruit un faisceau de faits pour en faire des pièces à
conviction contre Hippolyte.
h Les propos d’Hippolyte destinés à signifier la vérité à Thésée sont ceux des vers 1087-
1090,1131,1137-1138,1150-1152 :accusation de mensonge,évocation d’un secret qui
touche son père,allusions plus directes à la connaissance qu’a Phèdre de sa vertu et à l’ata-
visme d’inceste et d’adultère dans sa famille.Les allusions d’Hippolyte à la faute de Phèdre
sont claires pour le spectateur averti qui ne peut que s’étonner de l’aveuglement deThésée.
43
RÉPONSES AUX QUESTIONS
mThésée apparaît comme un héros,connu dans le monde entier par son œuvre de
justicier pour la cause des hommes et des dieux (élimination des « brigands » de la
terre, des « scélérats », des « infâmes assassins » de la mer) dont il veut conserver la
« gloire » pour la « mémoire ». L’énumération de ses travaux et de ses victimes, les
champs lexicaux de l’espace et du temps héroïques, la rime « mémoire »/« gloire »
contribuent à cet effet et au registre épique :célébration des vertus et des prouesses
d’un héros, de façon à susciter l’admiration ; procédés d’amplification (gradations,
anaphores et phrases de plus en plus amples).
w et x Le terme de « Monstre », utilisé pour désigner Hippolyte (v. 1045), associé
aux « brigands » éliminés par Thésée, évoque le Minotaure et les monstres qu’il a
vaincus. Mais le champ lexical de la monstruosité psychologique, qui qualifie les
actes d’Hippolyte (« impur », « horreur », « infamie », « opprobre »), traité aussi de per-
fide, scélérat et traître, vise les crimes contre nature d’adultère et l’inceste. L’ironie
tragique naît de l’emploi aveugle de ces termes par un père monstrueux qui
chasse comme un monstre son fils innocent. Phèdre a déjà qualifié Hippolyte de
« monstre effroyable » (III, 3) pour son insensibilité à sa passion. Hippolyte, bien
qu’innocent, semble voué tragiquement à passer pour un monstre et mourra
victime d’un monstre.
c et v Neptune est l’allié de Thésée pour accomplir ses desseins les plus meurtriers.
Phèdre a déjà adressé une prière à Vénus pour lui demander d’insuffler de l’amour
à Hippolyte (III, 2), lui faisant aussi jouer un rôle d’alliée de ses desseins funestes,
après avoir subi elle-même l’effet de sa vengeance. On voit ici le rôle cruel de ces
dieux, bourreaux des mortels qu’ils poursuivent de leur vengeance et aident à
provoquer leur propre perte en récompense de leurs services.
44
A c t e I V, s c è n e 2
45
RÉPONSES AUX QUESTIONS
e Même contraste à propos des gestes des personnages : chez Barrault, le père fait
des gestes de rage violente (bondit,se précipite),avant de se tourner vers le ciel pour
sa malédiction.Il se retourne finalement vers son fils pour le menacer du bras.Celui
deVitez lui ouvre au contraire les bras,l’embrasse,le caresse et le couvre de son corps.
En l’absence de didascalies, les paroles de Thésée peuvent être lues de façon à y
découvrir la douleur de cet amour déçu qu’il exprime dans la réplique précédant
cette tirade (v. 1035-1040), au vers 1073 et, dans la scène 3, aux vers 1061-1066.
r Chez Barrault,Thésée occupe successivement tout l’espace scénique : face à la
tentative de rapprochement d’Hippolyte, il s’éloigne pour le dominer et ne se rap-
proche que pour le chasser, tandis qu’Hippolyte recule vers la sortie. ChezVitez, ils
restent l’un contre l’autre. L’accent est mis, chez Barrault, sur l’accord entre le recul
et le rejet de Thésée et ses paroles de haine.Vitez montre au contraire l’ambivalence
des sentiments du père : l’amour et le regret intimement liés à sa colère.
t L’interprétation du personnage de Thésée par Barrault apparaît à la fin du
deuxième paragraphe (« La rage monte irrésistiblement ») et au milieu du quatrième
paragraphe, avec l’énumération des actes de parole violents de l’acte V : rage,
malédictions, affolements, etc. Le commentaire de Vitez termine le premier
paragraphe (à partir de « Il ne s’agit pas […] ») et le troisième (de « Puis, courbé […] »
jusqu’à la fin). La première lecture met l’accent sur l’explosion de la violence des
personnages, la seconde montre un père terrible mais pathétique, dont le geste
contredit la parole,protégeant son fils – fœtus et cadavre – des conséquences funestes
de son anathème et signifiant déjà son destin tragique.
46
A c t e I V, s c è n e 2
y Chez Barrault, Hippolyte adopte une attitude fière, traduisant sa décision d’assu-
mer son amour face à son père, mais aussi celle d’un bon fils, confiant et docile. Sous
les insultes de son père, il s’éloigne, terrorisé par sa violence, mais garde un compor-
tement digne. Celui de Vitez, écrasé par la malédiction paternelle, est lové dans une
attitude de régression et d’impuissance. L’Hippolyte de Barrault est prêt à rebondir
dans un sursaut d’indignation,celui deVitez semble déjà anéanti par son destin.
Travaux d’écriture
Question préliminaire
Les deux mises en scène traduisent des conceptions différentes des deux person-
nages de cette scène. Chez Barrault, la colère de Thésée croît en regardant venir
Hippolyte :il explose dès ses premiers mots,le met à distance brutalement pour l’ac-
cuser, le menace pour le chasser loin de lui, se détourne pour adresser à Neptune
son imprécation,accompagnée d’un geste menaçant.C’est un roi et un père noble,
et un mari outragé qui rejette son fils.Le jeu est en harmonie avec le texte de Racine.
Vitez représente une rage mêlée de tendresse,où les gestes disent le regret de l’amour
passé et l’angoisse de la mort à venir,tandis que les paroles rejettent et condamnent :
une contradiction apparente entre les paroles et l’attitude pour traduire les ambiguïtés
du texte et mettre à jour le conflit intérieur de Thésée.Les représentations d’Hippolyte
diffèrent aussi : fils aimant et terrifié, mais fier pour Barrault ; fils impuissant pour
Vitez,réduit à la régression par la colère et l’amour de son père.Son attitude prostrée
manifeste sa dépendance à l’égard de son père et de son destin.Vitez propose une
interprétation qui met à nu le texte : il choisit, plutôt que l’harmonie, la disso-
nance et le décalage.
Commentaire
On peut organiser le commentaire selon le plan suivant:
Introduction
La tirade de Thésée se caractérise par un réquisitoire contre Hippolyte et une
condamnation sans appel,et le déchaînement d’une colère aveugle – celle d’un héros
épique issu du monde mythologique.
47
RÉPONSES AUX QUESTIONS
48
A c t e I V, s c è n e 2
Dissertation
On peut proposer le plan suivant:
Introduction
On a longtemps étudié les pièces classiques comme des textes à lire seulement. Or
le texte théâtral, composé de paroles, est par nature destiné à être joué, et son éty-
mologie grecque souligne cette primauté de la représentation (théaô signifie « je
regarde »).Tant qu’il n’est pas représenté, il n’existe pas vraiment, et les pièces clas-
siques étaient jouées avant d’être imprimées.Le personnage dramatique commence
donc à vivre sur scène. Quel est le rôle de la mise en scène dans l’interprétation du
personnage ? Comment permet-elle le passage de l’œuvre littéraire à l’œuvre théâ-
trale ? Comment plusieurs interprétations peuvent-elles rendre compte d’un même
personnage ?
49
RÉPONSES AUX QUESTIONS
– effets : un juge impitoyable et un père monstrueux qui condamne son fils à une
mort certaine ;
– caractérisation :l’illusion tragique d’un homme aveuglé par sa colère et meurtrier
d’un innocent.
B. Une parole théâtrale écrite pour être lue
Ce texte théâtral est écrit avec une visée et des procédés stylistiques :
– alexandrins, marques prosodiques et jeux de sonorités ;
– composition marquant la progression de la colère et mimant le mouvement
d’un procès ;
– procédés de style traduisant la violence et la souffrance : rythme et syntaxe (types
de phrases, apostrophes) ;
– lexique de la colère et de la mort, de l’honneur bafoué et de la douleur.
C. Une parole écrite pour être mise en scène
• L’auteur raconte une histoire dans un texte théâtral écrit et dialogué pour être dit
et joué par des acteurs, et inséré dans une situation d’énonciation, une action, un
temps et un espace scénique.
• Les didascalies de l’auteur donnent souvent des indications sur l’espace et le jeu
des acteurs pour que la représentation soit fidèle à la situation d’énonciation
imaginée.
• L’espace scénique est ainsi utilisé par Barrault, à défaut de didascalies, pour
montrer les rapports de force et les distances entre les personnages :
–Thésée occupant le centre dans tous ses déplacements ;
– Hippolyte près de la sortie, prêt à fuir (son désir dans toute la pièce).
2. Le rôle de l’acteur
Au XVIIe siècle,l’auteur écrit sa pièce et crée ses personnages en fonction de ses acteurs
qui en sont les premiers interprètes :Racine écrit ses rôles pour ses comédiennes.
A. L’acteur complète le texte par des éléments non verbaux
La présence physique, la voix et les gestes construisent un personnage scénique à
partir du texte : intonation, accentuation et timbre de la voix, mais aussi gestes et
jeux d’expression des acteurs.
B. Exemple : les gestes dans la tirade de Thésée
• Chez Barrault,Thésée ponctue sa colère de gestes de rage (bondit,se précipite),se
tourne vers le ciel pour condamner son fils et se retourne finalement vers lui en le
menaçant du bras.
• Chez Vitez, il lui sourit au contraire et l’embrasse, le caresse et le couvre de son
corps,comme pour le protéger de sa violence et traduire ainsi sa douleur profonde.
50
A c t e I V, s c è n e 6
Écriture d’invention
Critères d’évaluation :
– respecter la situation d’énonciation : dialogue conversationnel ;
– prendre en compte la visée argumentative des discours :appui sur le texte de Phèdre
pour argumenter ;
– prendre en compte les observations faites sur les mises en scène et les différences
constatées.
A c t e I V, s c è n e 6 ( p p . 1 4 5 à 1 5 0 )
51
RÉPONSES AUX QUESTIONS
– v.1225 («Ah ! douleur non encore éprouvée ! ») et v.1230 (« du tourment que j’endure ») :
« je » évocateur de sa souffrance présente plus forte que la souffrance passée ;
– v.1231-1241 : « Ils » (Hippolyte et Aricie) évocateur de leur bonheur amoureux
passé en pleine lumière ;
– v. 1241-1250 : « Je » évocateur de sa souffrance passée (son désir de mort et la
nécessité de se cacher) ;
– v. 1252-1256 : « Ils » évocateur de leur bonheur présent et futur (« Ils s’aimeront
toujours »).
b) La jalousie de Phèdre consiste à évoquer toute sa souffrance amoureuse passée,
étouffée par l’interdit et vécue dans la solitude, amplifiée par la comparaison avec
le bonheur idyllique des amants, licite et protégé des dieux. Les plaintes alternent
avec des questions insistantes et incohérentes,cherchant à tout savoir de cet amour.
z Le rythme des phrases est saccadé : certains vers (v. 1231, 1233, 1237) irréguliers
s’écartent du schéma classique du rythme de l’alexandrin,avec la présence de phrases
exclamatives (v.1225-1226,1231,1237) et l’accélération des interrogatives (v.1231-
1233) ;les plaintes alternent avec des questions insistantes,cherchant à tout savoir de
cet amour.
e a) Succession de scènes imaginaires ou obsessionnelles : le bonheur des amants
(v.1253-1256) ;scène de vengeance (v.1259-1263) ;représentation de l’horreur que
Phèdre inspire (v.1264-1272) ;vision hallucinatoire de son jugement aux Enfers par
son père Minos (v. 1278-1290).
b) La progression des sentiments :de la jalousie à la haine,puis au retournement de
cette haine contre elle-même (auto-accusation) jusqu’à l’appel au jugement divin,
ou retour de la loi morale qui punit le désir coupable (Dieu caché janséniste).
Progression aussi dans la violence de la souffrance, à mesure que se dressent les
obstacles à ses désirs.
52
A c t e I V, s c è n e 6
s’incitant à mourir (v.1277) ;puis elle invoque dans l’au-delà son père Minos,le juge
des Enfers, anticipant le jugement qui l’attend et réclamant son pardon pour une
faute imputable à la vengeance des dieux.
c) Les crimes dont elle s’accuse sont l’adultère (v. 1266), l’inceste et l’imposture ou
calomnie (v. 1270), l’homicide (v. 1271).
y Le champ lexical de la vue traduit chez Phèdre à la fois la honte d’être vue (v.1273 :
« je soutiens la vue » ; v. 1282 : « il verra » ; v. 1285 : « ce spectacle horrible ») et ses vi-
sions (v. 1286-1287 : « Je crois voir », « Je crois te voir »). Elle est poursuivie par la
honte et la culpabilité d’être vue par ses ascendants divins : le Soleil dans le ciel,
principe de lumière et de vérité (celui qui a dévoilé les amours coupables de
Vénus),et Minos,le juge des Enfers,devant qui elle se voit comparaître dans la « nuit
infernale ». Dans les hallucinations de son imagination, elle se représente avec
épouvante son châtiment, revivant, avec le jugement des morts, l’époque
mythique de l’enfance de l’humanité.
u
Ombre Lumière
Ombre-refuge des amours :« Dans le Lumière protectrice :«Tous les jours
Hippolyte fond des forêts allaient-ils se cacher ? » se levaient clairs et sereins pour eux »
et Aricie (v.1236). (v.1240).
Ombre de la mort :« Où me cacher ? Lumière qui éclaire la honte :
Fuyons dans la nuit infernale » (v.1277). « et je soutiens la vue/ De ce sacré Soleil
Phèdre dont je suis descendue ? » (v.1273-1274) ;
« Je me cachais au jour,je fuyais la lumière»
(v.1242).
Si, pour les amants heureux, ombre et lumière sont accueillantes, la lumière
représente pour Phèdre ce qu’elle doit fuir, et l’obscurité la mort qu’elle cherche
maintenant, comme au début de la pièce.
i Phèdre vient de l’adjectif grec phaidra qui signifie « brillante ». Fille du Soleil par
sa mère et participant des Enfers par son père Minos, elle craint et appelle la
lumière et souille le jour qu’elle réclame. Et sa culpabilité, culminant dans cette
scène,la pousse à fuir le « sacré Soleil » dont elle descend pour se réfugier dans l’ombre
des Enfers où son père va la juger. Par ses origines mêmes, Phèdre représente le
paradoxe tragique de la « flamme si noire » (I, 3) qu’elle veut dérober au jour.
o a) L’unité de temps enferme la tragédie dans les limites de la journée.La nuit des-
cend maintenant.Décidée à mourir à l’aube de la journée et de la pièce,Phèdre n’a vu
ce jour que comme le dernier.La fin de la représentation coïncide avec celle de sa vie.
53
RÉPONSES AUX QUESTIONS
b) Cette métaphore représente les deux termes de l’impasse tragique : d’un côté,
vivre au jour, mais dans la honte (en le fuyant), et de l’autre, mourir (rejoindre
l’ombre), pour expier et être jugée.
54
A c t e I V, s c è n e 6
55
RÉPONSES AUX QUESTIONS
56
A c t e I V, s c è n e 6
z
Œnone Iago
Statut social Nourrice de Phèdre. Officier d’Othello (porte-enseigne).
But ou intention Désintéressée :empêcher Phèdre de Intéressé :goût du pouvoir et désir
mourir. de se venger.
Rôle initial Confidente :écoute l’information. Informateur :donne une information
fausse qui suscite la jalousie d’Othello.
Actes de parole Consolatrice :tente d’apaiser Phèdre Excite d’abord la jalousie d’Othello
(v.1251-1252). (3e réplique).Puis feint de le calmer
Conseillère (v.1296,1302). (4e et 5e répliques).
Effets ou issue Phèdre refuse ses conseils et la chasse. Iago est écouté et cru par Othello.
r et t
Stratégies successives Objections Types de phrases
de Roxane
Constat de l’amour de Bajazet Déclarative :« Ma rivale à mes yeux
et Atalide. s’est enfin déclarée.»
Ruser pour percer à jour Impérative :« il faut maintenant
la relation entre Atalide m’éclaircir.»
et Bajazet (v.11-12).
La ruse est inutile,car leur amour Interrogative,surtout interro-
est évident (v.13-18). négative :« Mais que pourrais-je
apprendre davantage ? » ;« Mon malheur
n’est-il pas écrit sur son visage ? »
(interrogations rhétoriques).
La ruse :tendre un piège Impératives :« Poursuivons » ;
(v.19-21). « tendons-lui quelque piège ».
57
RÉPONSES AUX QUESTIONS
y
Phèdre Roxane
Souffrance de la jalousie. v.1225-1250 v.2-10
Évocation du bonheur
de ceux qui s’aiment.
Lucidité sur les sentiments v.1252-1256 v.15-18
de l’autre.
Volonté d’aveuglement. Aucune. v.19-20,42
Désir de détruire ceux dont v.1257-1263 (Aricie) :mais v.21,40 (Bajazet et Atalide) :
on est jaloux. elle y renonce tout de suite. ce projet est maintenu.
Tentation du suicide. v.1243,1277,1294 v.40 (mais après
(dès maintenant). sa vengeance).
Culpabilité. v.1265-1274 Aucune.
Évocation de la loi morale v.1277-1288 Aucune.
et du jugement des morts.
Accusation de la fatalité divine. v.1289-1290 Aucune.
Décision finale. Se suicider. Attendre pour triompher
ou se venger.
58
A c t e I V, s c è n e 6
La fureur jalouse est plus terrifiante chez Roxane que chez Phèdre, écrasée par la
culpabilité et le poids de la fatalité. Roxane, toute-puissante dans son sérail, peut
décider du destin de Bajazet – ce qui contribue à sa volonté de vaincre et sa déter-
mination.Aucun souci moral ne la trouble dans son désir de possession de Bajazet.
Malgré sa lucidité, elle choisit de s’aveugler sur ses chances d’être aimée. Elle inspire
la terreur par sa cruauté,tandis que Phèdre inspire ici la pitié.
u Phèdre Roxane
Désir de vengeance Contre Aricie (v.1258-1263), Contre Desdémone et Cassio.
et de meurtre. mais s’en repent (v.1271-1272).
Invocations à l’au-delà. Appel à son père,juge des Enfers, Appel aux forces de l’enfer pour
pour le prier de lui pardonner ses le venger :imprécations,serment
crimes. devant le Ciel.
Obsessions de la jalousie. Visions obsédantes du couple Vision obsédante de meurtre,
amoureux et de son propre ses « pensées de sang »
jugement. (métaphore filée).
Désir d’autodestruction. Désire mourir par désespoir Excite en lui-même une haine
amoureux et culpabilité. « tyrannique » contre son « fol amour ».
Relation au confident. Résiste à l’emprise d’Œnone. Prêt à croire Iago sans preuve :
illusion tragique.
Annonce du dénouement Mort certaine de Phèdre pour Meurtre prévisible d’un innocent.
tragique. expier.
Points communs entre les « fureurs jalouses » : violence, caractère obsessionnel de la
jalousie, désir d’autodestruction. Mais la fureur de Phèdre se retourne contre elle-
même,sous l’effet de la culpabilité,après avoir envisagé de « perdre Aricie ».Il faut rap-
peler que son acte de jalousie meurtrière a déjà eu lieu lorsqu’elle s’est tue devant
Thésée (V, 4).Tandis que la fureur d’Othello se déchaîne ici dans un serment so-
lennel de vengeance dont il prend le Ciel à témoin, contre un amour qu’il renie.
Travaux d’écriture
Question préliminaire
• Rôle dramatique de la jalousie dans la tragédie :
– elle est provoquée par une révélation subite,un coup de théâtre qui bouleverse les
projets de Phèdre et Roxane ;
– elle provoque les catastrophes du dénouement : suicide de Phèdre, meurtre de
Bajazet.
59
RÉPONSES AUX QUESTIONS
• Amour et jalousie :
– la jalousie témoigne d’un amour impossible : le triangle racinien, ou la chaîne
des passions impossibles (Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie ; Roxane aime
Bajazet qui aime Atalide) ;
– c’est un surcroît de malheurs :pour Phèdre,elle apparaît après la honte d’avoir été
repoussée ; pour Roxane, elle apparaît après bien des peines et des intrigues.
• Les souffrances de la jalousie :
– la jalousie est entretenue par l’imagination qui aggrave la souffrance :surtout chez
Phèdre qui se représente le couple heureux d’Hippolyte et d’Aricie ;
– elle a un pouvoir d’aveuglement :Roxane préfère ne pas affronter la vérité et croire
à une méprise ;
– elle déclenche une folie meurtrière de vengeance contre l’autre : toutes deux
envisagent le meurtre ;
– elle pousse à l’autodestruction :Phèdre veut mourir et Roxane envisage le suicide
après sa vengeance.
Commentaire
On peut organiser le commentaire selon le plan suivant :
2. La jalousie destructrice
A. La volonté de maîtriser la situation
• «Voyons » (v. 31).
• Répétition de « je saurai » (v. 35-38).
B. Le désir de vengeance et de meurtre (v. 35-40)
Lexique de la mort violente.
C. La destruction de soi
Suicide envisagé (v. 40).
60
A c t e I V, s c è n e 6
Conclusion
Monologue délibératif qui a pour fonction d’entretenir la crainte et la pitié du spec-
tateur (catharsis), en faisant connaître les répercussions de la jalousie sur celle qui a
tout le pouvoir,mais aussi de révéler les ombres du personnage ambigu de Roxane.
Dissertation
On peut envisager une partie analytique et une partie de discussion. On peut
proposer le plan suivant :
Introduction
Dans sa préface,Racine s’est défendu de l’accusation d’immoralité en affirmant que
les « passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont
cause ». Nous allons envisager ce qui fait la visée édifiante de la pièce de Racine et
des autres textes du corpus,puis les autres sentiments ou intérêts que le spectacle de
la passion peut susciter chez les spectateurs.
1. La visée édifiante
A. Les désordres engendrés par les passions
Les deux passions principales dans la tragédie sont la passion amoureuse et la
passion du pouvoir.
• Le scandale moral et social : dénonciation de la passion interdite, adultère et
incestueuse qui bouleverse l’ordre social et familial (Phèdre).
• Les excès de la passion et leurs effets néfastes pour soi :
– tyrannie irrésistible exercée par la passion (Phèdre, Britannicus) ;
– aveuglement de la passion qui idéalise l’être aimé (Phèdre, Bérénice) ou fait perdre
la raison ;
– dépendance vis-à-vis des conseillers et confidents : Œnone et Iago.
61
RÉPONSES AUX QUESTIONS
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A c t e V, s c è n e 6
Écriture d’invention
Critères d’évaluation :
– prendre en compte la situation d’énonciation : dialogue entre maîtresse et
confidente;
– tenir compte de la situation de la scène dans l’action et des personnages évoqués ;
– utiliser la polyphonie énonciative du monologue:deux points de vue s’affrontent,
dont l’un peut être représenté par la confidente. Mais elle peut aussi proposer les
objections à chacun de ces points de vue.
A c t e V, s c è n e 6 ( p p . 1 6 9 à 1 7 3 )
63
RÉPONSES AUX QUESTIONS
64
A c t e V, s c è n e 6
t a) Procédés de style :
– le présent de narration, qui se substitue au passé simple, permet de rendre les
actions plus proches et vivantes aux yeux du spectateur et de rendre le mouvement
et la rapidité de l’action ;
– l’insertion du style direct dans le récit donne la parole au mourant pour la lui ar-
racher brutalement, et met son agonie sur scène – ce qui accentue le pathétique et
l’admiration pour ce héros exemplaire.
b) L’hypotypose : cette figure, fréquente dans le théâtre classique, consiste à rendre
particulièrement vivant,et comme présent,un récit ou une description.Les procédés
de l’hypotypose dans ce récit sont :le présent de narration ;les verbes d’action et de
mouvement dans le combat (v. 1528-1530 : « saisir », « pousser », « faire ») ou pen-
dant l’attaque du monstre (v.1531-1533 :« bondir »,« venir »,« tomber »,« se rouler ») ;
l’animation des éléments et des objets,eux-mêmes sujets de verbes d’action (« L’onde
approche, se brise et vomit », « Le flot […] recule », « L’essieu crie ») ; le style direct ; les
déterminants définis ; l’accumulation de notations descriptives pittoresques sur le
monstre (v. 1515-1521) et sur le spectacle d’horreur (v. 1555-1558).
u Dans les vers 948-952,Hippolyte offrait à son père de partir pour tuer un mon-
stre qui lui aurait échappé,ou de mourir au combat pour se montrer digne de lui et
conquérir la gloire.C’est ainsi qu’il meurt effectivement,réalisant l’un de ses souhaits
les plus chers.On peut voir dans ce rapprochement un fil conducteur de son destin
tragique et l’un des signes de l’ironie tragique.
65
RÉPONSES AUX QUESTIONS
s Le monstre qui attaque Hippolyte, mais qu’il tue héroïquement, est la pre-
mière cause de la mort d’Hippolyte.L’affolement des chevaux,qui les conduit à fra-
casser leur maître contre les rochers, provoque directement sa mort. Hippolyte, le
dresseur de chevaux, est paradoxalement tué par ses propres chevaux qui ne re-
connaissent plus sa voix. Ont-ils peur des crachats de feu du monstre ou de l’aigu-
illon d’un dieu ? Pour J. Schérer, il est vraisemblable qu’Hippolyte ayant négligé
ses chevaux pour Aricie,ceux-ci l’ont oublié.On peut songer aussi à la fatalité con-
tenue dans le nom d’Hippolyte, « celui qui libère les chevaux » : le monstre serait
alors l’instrument du destin, qui réaliserait la signification de son nom.
d Thésée est le tueur des monstres.Troublé par Phèdre et par son fils, égaré par
Œnone, il a retrouvé le langage et les gestes d’antan pour chasser Hippolyte
comme un monstre. Mais ce geste de purification qui a fait sa gloire devient
instrument de son malheur, par un retournement tragique : un monstre naît de sa
colère contre son fils.
f Selon Barthes, le monstrueux menace tous les personnages de Phèdre, qui sont
des monstres les uns pour les autres : Phèdre pour elle-même (II, 5) et pour Aricie
(V,3) ;Œnone pour Phèdre (IV,6) ;Hippolyte pour Phèdre (III,3) ;Hippolyte pour
Thésée (IV, 2); Thésée qui devient père infanticide.
Barthes voit dans le monstre qui tue Hippolyte « l’essence même du monstrueux » des
personnages,la force qui déchire et fait éclater le secret de tous,en même temps que
le corps d’Hippolyte. Par ailleurs, Hippolyte, l’innocent qui passe pour un
monstre, semble dans ce texte la victime d’un sacrifice monstrueux. On peut lire
dans sa passion sanglante les signes de l’abandon du père.
66
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k Champ lexical du corps (v. 1550-1570) : « son corps », « une plaie », « son généreux
sang »,« [rochers] teints »,« ronces dégouttantes »,« de ses cheveux les dépouilles sanglantes »,
« main », « œil mourant », « corps défiguré ». Le lexique du corps, lié à celui du sang,
67
RÉPONSES AUX QUESTIONS
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Deux récits de combat faits à la demande de deux rois : l’un veut savoir les cir-
constances de la mort tragique de son fils, l’autre veut entendre le héros conter son
exploit et sa victoire,péripétie heureuse.Ces deux récits sont structurés de la même
façon, en trois étapes qui maintiennent le suspense sur leur issue. Ces deux
combats démesurés, où le héros fait preuve de qualités exceptionnelles, fournissent
l’occasion de faire son éloge.Théramène veut faire partager sa douleur et Rodrigue
son désir de gloire à leur auditoire.
z Le combat contre les Mores ne peut être mis sur scène pour des raisons de
vraisemblance et de bienséance, et pour respecter les unités de lieu et de temps : ce
combat a lieu entre deux actes, afin que sa durée soit crédible.
70
A c t e V, s c è n e 6
Le jeu des pronoms personnels fait alterner le « je »,le « nous » et le « ils »,conférant
au narrateur un rôle éminent de chef de guerre rassembleur d’hommes,stratège re-
marquable, modèle de bravoure et de magnanimité envers ses ennemis, qui le re-
connaissent comme Cid. Doubrovsky trouve dans ce récit un exemple du « Moi
héroïque », et non du « Moi épique » : « Ce “je” audacieux qui assume le commandement
de sa propre initiative et l’impose sans discussion domine de prime abord la scène. […] Le Moi
épique est, en fait, un “nous” déguisé. Le Moi héroïque, au contraire, même lorsqu’il
paraît engagé dans une action collective, ne poursuit que des fins individuelles » (Serge
Doubrovsky, Corneille et la Dialectique du héros, Gallimard, 1970).
b) Caractéristiques du registre épique (texte B) :niveau élevé des personnages (rois,
gentilhomme) ;glorification du héros et des combattants,les Castillans (voir tableau)
comme les Mores, capables de résistance héroïque (v. 39-44, 65-69) ; discours nar-
ratif long, racontant des épisodes violents ; narrateur omniscient (v. 34-35) ; rôle
actif de la mer (v.22) et des étoiles (v.19) ;phrases amples,hyperboles,gradation,ac-
cumulation (v. 45-46), répétitions (v. 36) ; lexique guerrier (« alfange », « cimeterre »,
« presser »,« résister »,« rallier ») et lexique des vertus héroïques (« courage »,« vaillance »,
« impatience », « mâle assurance », « exploits célèbres ») ; nombreux verbes d’action.
71
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Travaux d’écriture
Question préliminaire
• Fonction dramatique du récit dans les textes A et B.
– Ces deux récits de combat sont faits à la demande d’un roi : l’un (texte A) pour
connaître les circonstances de la mort tragique de son fils,début du dénouement de
la pièce qui va se poursuivre avec le suicide de Phèdre ; l’autre (texte B) pour en-
tendre le héros conter sa victoire sur les Mores, péripétie heureuse qui va ouvrir
une issue au conflit tragique, après le duel où Rodrigue a tué le père de Chimène
pour laver son honneur.Les deux combats sont narrés selon un schéma sensiblement
similaire (voir phases des combats dans le tableau).
– Le narrateur est,dans le texteA,un témoin du drame :son précepteur Théramène,
qui accompagnait Hippolyte et qui doit transmettre le dernier message du défunt.
Le but de Théramène est,dans un récit circonstancié,d’expliquer pourquoi et com-
ment Hippolyte est mort dans ce combat perdu contre le monstre. Dans le texte B,
le narrateur est Rodrigue, l’acteur principal du combat lui-même, et son but est de
raconter dans le détail comment il a conçu et gagné cette bataille avec ses compagnons.
– L’enjeu pourThéramène (texte A) est de persuaderThésée de l’innocence d’Hippolyte
et de l’héroïsme de sa mort, en faisant appel à l’émotion de son cœur de père. Pour
Rodrigue (texte B), il est de se faire pardonner du roi pour ce combat qu’il a or-
ganisé de son propre chef sans le consulter,mais aussi de conquérir,par cette victoire,
le pardon de Chimène pour son crime.
• Autre fonction du récit : l’éloge du héros, oraison funèbre (texte A) ou éloge du
vainqueur (texte B).
– Texte A : à travers un portrait plein de noblesse, le récit d’un combat surhumain
et l’exposé de paroles pathétiques,Théramène montre l’autorité princière d’Hippolyte,
son sang-froid,sa technique de combat et son courage exceptionnels,et la grandeur
d’âme présente dans ses dernières paroles. Il le présente comme un héros digne de
son père qui force l’admiration. Sa mort horrible ne peut que susciter douleur et
indignation chez le spectateur, devant un sort aussi indigne et tragique. Hippolyte
devient, par cet éloge, à la fois martyr et héros.
–Texte B : Rodrigue se présente comme le principal acteur de ce combat ; dans le
récit de ses actes et de ses paroles, il se révèle un chef de guerre plein d’autorité,
un rassembleur d’hommes et un stratège remarquable, un exemple de bravoure au
72
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combat, de soutien pour ses hommes et de magnanimité envers ses ennemis, qui le
reconnaissent comme Cid. Il force ainsi l’admiration du spectateur.
– Procédés : le récit du combat est rendu plus présent aux yeux du spectateur par
les procédés de l’hypotypose, et la grandeur du héros est amplifiée par des procédés
du registre épique.
Commentaire
On peut organiser le commentaire selon le plan suivant :
Conclusion
Effets sur le spectateur :émotion,admiration,meilleure compréhension du person-
nage de Rodrigue et de son désir de gloire.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS
Dissertation
On peut proposer le plan suivant :
Introduction
Récit au théâtre à la fois contesté et réclamé.Il est nécessaire à l’information du spec-
tateur quand la bienséance et la vraisemblance s’opposent à la représentation sur
scène. Les longs récits ont connu un prestige important dans le théâtre classique.
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Écriture d’invention
Les élèves devront prendre en compte :
– le genre (lettre) et la situation d’énonciation (roi more prisonnier écrivant à son
fils après la bataille) ;
– la forme de discours narrative et sa visée argumentative : plaidoyer et éloge ;
– les principales étapes du combat et les réactions successives des Mores indiquées
par Rodrigue ;
– la caractérisation des Mores et leurs rois par Rodrigue;
– éventuellement le registre épique.
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BIBLIOGRAPHIE C O M P L É M E N TA I R E
◆ SUR LE THÉÂTRE
– Pierre Larthomas, Le Langage dramatique, P.U.F., 1980.
– Michel Pruner, L’Analyse du texte de théâtre, coll. «128», Nathan, 2001.
– Jean-Pierre Ryngaert, Introduction à l’analyse du théâtre, Nathan, 2000.
– Jean-Jacques Roubine, Introduction aux grandes théories du théâtre, Bordas, 1990.
– Anne Ubersfeld, Lire le théâtre (tomes 1, 2, 3), Belin, 1996.
◆ SUR LA TRAGÉDIE
– Christian Biet, La Tragédie,Armand Colin, 1997.
– Alain Couprie, Lire la tragédie, Dunod, 1994.
– Jacques Truchet, La Tragédie classique en France, P.U.F., 1975.
◆ SUR R ACINE
– Christian Biet, Racine ou la Passion des larmes, Hachette, 1996.
– Lucien Goldmann, Le Dieu caché, Gallimard, 1956.
– Jean Starobinski,« Racine et la poétique du regard »,in L’Œil vivant,Gallimard,1968.
◆ SUR PHÈDRE
– Lionel Acher, Jean Racine, Phèdre, P.U.F., 1999.
– Jean Gillibert, Phèdre et l’Inconscient poétique, L’Harmattan, 2001.
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