sonnet au XIX e Historique: une forme fixe venue du XVI e
latin sonare « sonner ».
➢ Italien sonetto = l’ancien provençal sonet (fin du XIIe siècle). Popularisation et codification par Pétrarque (1304-1370) = Canzionere, recueil dédié à Laure. Le Canzionere comporte 366 poèmes dont 317 sonnets codifiés pour la première fois en hendécasyllabes (vers de 11 syllabes) répartis en 2 quatrains/2 tercets. La codification par Clément Marot (1496-1544) Clément Marot compose et codifie le premier sonnet français en1538 ( abba abba cce dde) : Pour le May planté par les Imprimeurs de Lyon devant le logis du seigneur Trivulse (Gouverneur militaire de Lyon)
Au Ciel n'y a ne Planette ne Signe
Qui si a point sceust gouverner l'Année Comme est Lyon, la Cité, gouvernée Par toy, Trivulse, homme cler et insigne. Cela disons pour ta Vertu condigne Et pour la joye entre nous demenee, Dont tu nous a la Liberté donnée, La Liberté des tresors le plus digne. Heureux Vieillard : les gros Tabours tonnans, Le May planté et les Fifres sonnans En vont louant toy et ta noble Race. Or pense donc que sont noz voulentez, Veu qu'il n'est rien, jusque aux Arbres plantez, Qui ne t'en loue et ne t'en rende grace. Diffusion en France et déclin 1539 : Clément Marot traduit six sonnets du Canzionere de Pétrarque. La Pléiade = Pierre de Ronsard et Joachim Du Bellay qui en reprennent la disposition [abba abba cce dde] Sonnet = Europe de la Renaissance jusqu’à l'âge Classique (XVIIe). Les deux grands types de sonnet Les premiers sonnets seront d’abord écrits en décasyllabes (10) La Pléiade = sonnet en alexandrins (12). Le sonnet se distingue par la disposition de leurs rimes finales. • Sonnet italien ou marotique: ABBA ABBA CCD EED • Sonnet français ou de type Peletier: ABBA ABBA CCD EDE Les contraintes du sonnet Le sonnet obéit à des règles strictes: Limitation à 4 rimes Disposition figée des rimes (marotique ou peletier) Alternance de rimes masculines et féminines.
*Les rimes féminines sont celles qui se terminent par un e muet
(mouette, délire, heure, vivre) *Les rimes masculines sont les autres (ardeur, vision, mourir) Les réflexions parnassiennes (1866-1876) « […] La langue de la poésie devient, au cours du XIXe siècle, entièrement consciente, non soumise aux hasards et à l’impureté qui sont les chances de la prose. » J-Y Tadié, Introduction à la vie littéraire du XIXe siècle, 1984 L’art pour l’art Parnasse = contre la spontanéité et le lyrisme du Romantisme. Mars - juin 1866 : publication de la revue Le Parnasse contemporain, contenant des poèmes d’une quarantaine de poètes vivants parmi lesquels Baudelaire, Verlaine, Mallarmé et Cros. ❖ Rimbaud fréquente le cercle sans publier dans la revue. Le sonnet dans le Parnasse Les sonnets composés par les poètes du Parnasse s’émancipent parfois des contraintes de l’alexandrin ou de la versification. ❖Verlaine s’affranchit des contraintes portant sur les deux tercets et adopte également l’organisation du sonnet shakespearien: [abab cdcd efef gg] A Charles Baudelaire Je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas aimé, A Je ne te connais point et je t’aime encor moins : B Je me chargerais mal de ton nom diffamé, A Et si j’ai quelque droit d’être entre tes témoins, B C’est que, d’abord, et c’est qu’ailleurs, vers les Pieds joints B D’abord par les clous froids, puis par l’élan pâmé A Des femmes de péché – desquelles ô tant oints, B Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! – A Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes C Les âmes que la faim et la soif sur les routes C Poussaient belles d’espoir au Calvaire touché ! D – Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes, E Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes. E Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché. D Paul Verlaine, Liturgies intimes (1892) Les Fleurs du mal: l’événement poétique Charles Baudelaire Fleurs du mal (1857 première version). 7 juillet: Interdiction/censure pour « outrage à la morale publique » et « offense à la morale religieuse ». 72 sonnets (sur les 163 pièces). Enrichissements thématiques La nouveauté de Baudelaire tient également à ses thématiques. Dans Les Fleurs du Mal, le sonnet ne sert plus à célébrer l’amour ou la beauté des paysages. Le sonnet est au service du spleen et de l’idéal. Baudelaire adopte la vision parnassienne et affirme que: « Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet: la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a, là, la beauté du métal et du minéral bien travaillés » Lettre à Armand Fraisse, 1860.