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Introduction
Conclusion
Introduction
Depuis 1970, les pays émergents d’Asie du Sud-Est vivent une période économique faste.
Surnommés les « Dragons » (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, et Taïwan) ou les « Tigres
» (Thaïlande, Vietnam, Indonésie, Malaisie et Philippines), ces pays affichent une forte
croissance (entre 8 % et 12 %), des finances publiques solides, ainsi qu’une faible inflation
grâce à des taux d’intérêt élevés. Les stratégies de ces pays se ressemblent : ils se
spécialisent dans la production de produits manufacturiers pour se tourner vers les
exportations. Elles présentent un fort avantage concurrentiel grâce à de faibles coûts de
main d’œuvre et au système de change fixe, qui empêche ces devises de s’apprécier par
rapport au dollar.
Donc c’était une crise de change ; pour expliquer bien cette crise, dans un régime de change
fixe,qui était adopté par la Thaïlande, ce type est contraint par un stock limité de réserves de
change. Une augmentation de la masse monétaire, ou des déséquilibres budgétaires font que la
banque centrale doit vendre ses réserves officielles sur le marché des changes afin de maintenir son
offre de monnaie constante et ainsi maintenir son change fixe. Mais le stock de réserves n'étant pas
inépuisable, la banque centrale peut ne pas avoir assez de réserves pour le faire. Lorsque la crainte
de la sortie du régime de change devient trop forte, les marchés anticipent que la dévaluation est
inéluctable et convertissent immédiatement leur avoirs en monnaie étrangères tant que le taux est
fixe, car une dévaluation leur ferait enregistrer des pertes. Le régime de change est attaqué et
s'effondre de manière autoréalisatrice. Le reste des réserves est immédiatement épuisé et une forte
dévaluation1 met fin au change fixe : c'est la crise de change.
Les firmes bancaires et immobilières les plus fragiles font faillite, tandis que le baht se
dévalue rapidement et violemment, passant de 25B/$ à 55,5B/$ au pire de la crise. Tous les
pays asiatiques sont alors vulnérables. Ses voisins en situation de forte concurrence, sont
alors contraints de dévaluer leur monnaie à leur tour, pour éviter de voir leur
compétitivité chuter. La majorité des devises asiatiques suivra ce mouvement. Ainsi la
Malaisie abandonna l’ancrage de sa monnaie le 8 juillet, soit une semaine plus tard. Les
dettes privées et celles libellées en dollars deviennent alors insolvables.
1
La dévaluation se traduit par la baisse du cours d’une monnaie par rapport à une monnaie de référence.
Les problèmes macro-économiques et de réglementation intérieurs sont parmi les causes
qui ont aggravée la crise :
Pour la majorité des observateurs, diverses erreurs de politique intérieure ont constitué
la cause première d'une surchauffe «classique» qui a déclenché la crise financière, mais
en outre la plupart des pays de la région avaient un secteur financier relativement sous
développé et faible. Les gouvernements cherchaient à promouvoir les entreprises
industrielles et de services en encourageant le crédit aux secteurs prioritaires et en
plafonnant les taux d'intérêt et par l'entremise d'établissements financiers publics.
Pour faciliter le subventionnement implicite de divers producteurs au travers du
secteur financier, il a fallu limiter la concurrence internationale. De plus, les
interventions dans le secteur financier obéissaient à des intérêts politiques et
personnels. L'économie est entrée dans une phase de surchauffe au milieu des années
90, lorsqu'une forte expansion du crédit aux particuliers, ajoutée à l'insuffisance des
mécanismes de réglementation et de supervision prudentielle, a suscité des opérations
de prêt risquées et provoqué une baisse de la productivité de l'investissement. Le
déficit des comptes courants (indicateur d'un excès de la demande intérieure) s'est
sensiblement creusé et, au fil des ans, la dette extérieure de certains pays s'est
considérablement alourdie). Au début, le manque de transparence de la comptabilité et
de la gestion des entreprises a permis de masquer les problèmes croissants du secteur
financier et des entreprises. Lorsque la bulle a éclaté et que les banques et les
entreprises se sont trouvées en difficulté, l'absence de lois et de procédures en matière
de faillites ou les faiblesses de celles qui étaient en vigueur n'ont fait qu'empirer les
choses temps (FMI, Perspectives de l'économie mondiale, décembre1997 et octobre
1998; Banque mondiale, 1998).
La crise asiatique n'aurait cependant pas atteint une telle ampleur si les marchés financiers
et les investisseurs internationaux avaient agi autrement. La croissance de la première
moitié des années 90 avait été financée, dans une proportion croissante, par des prêts à
court terme de banques étrangères, surtout en Indonésie, en République de Corée et en
Thaïlande. Ce financement étranger a ébranlé l'équilibre macro-économique, tout en
encourageant probablement les dirigeants et les organes de réglementation à fermer les
yeux sur l'état de leur économie et de leur système financier. Le financement extérieur a
aussi été privilégié par le fait que les taux d'intérêt étaient souvent plus élevés que dans les
autres pays. Les emprunteurs y voyaient un moyen garanti de réduire leurs frais de
financement étant donné que le taux de change leur semblait immuable. Les faibles taux
d'intérêt pratiqués dans les pays industrialisés et les excellentes performances
économiques réalisées par les tigres d'Asie ont incité les créanciers des économies
avancées à prêter à cette région moyennant des primes de risque relativement basses. La
baisse artificielle de ces primes s'explique aussi par le fait que les créanciers étrangers et
nationaux croyaient que l'État les secourrait en cas de difficultés, ce qui, selon beaucoup
d'observateurs, a créé un risque moral, lequel a peut-être été aggravé par l'impression que
les institutions financières internationales consentaient des crédits trop facilement dans
des situations de crise. En conséquence, les entreprises de plusieurs pays se sont
retrouvées avec une énorme dette qui les a rendues très exposées à une perte de
confiance des investisseurs (Banque mondiale, 1998).Quand les investisseurs internationaux
mal informés ont enfin compris qu'ils avaient investi dans une économie artificiellement
dopée et que la dette a atteint un niveau qui jetait le doute sur la crédibilité des garanties
implicites des gouvernements, la fuite des capitaux nationaux et étrangers a commencé. Le
sous-développement du système financier a empiré les choses en Indonésie et en
République de Corée, où les crédits en devises étaient essentiellement des crédits à court
terme. Lorsque ces crédits à court terme sont arrivés à échéance et que la liquidité s'est
tarie, le taux de change a chuté vertigineusement et ces deux pays ont frôlé la faillite.
La perte de confiance des créanciers les motive à retirer leurs capitaux de la région vers les
marchés occidentaux (« flight to quality »), ce qui a pour effet d’amplifier la crise. Les cours
de bourse dégringolent durant l’automne 1997 : ils chutent de 84 % en Thaïlande, 70 % en
Corée et 63 % en Malaisie. Même l’aide de 40 milliards de dollars venant du FMI ne suffit
pas à assainir le secteur bancaire thaïlandais en chute libre. Les crises financières et
monétaires se propagent à l’économie globale. Les banques ayant coupé le robinet à
crédit, les entreprises sont dans l’incapacité de relancer leur activité. La production
industrielle ralentit tandis que la demande mondiale est freinée en raison des craintes
liées à cette zone.
Il est clair, avec le recul, que ces pays couraient à la catastrophe;. Lorsque la crise éclata en
Thaïlande en juillet 1997, les pays asiatiques devinrent tous vulnérables. Et les marchés
réagirent de manière excessive, pensant que, si cette crise pouvait se produire en Thaïlande,
il était inévitable que la même chose arrive dans d’autres pays d’Asie qui étaient aux prises,
à des degrés divers, avec les mêmes problèmes — systèmes financiers et gouvernement
d’entreprise déficients, importants déficits extérieurs courants et lourd endettement
extérieur. Les créanciers retirèrent leurs capitaux de la région et la crise se propagea.
Le graphique IV.6 récapitule les incidences de la crise asiatique sur le commerce jusqu'à
la fin de 1998. Il met en lumière le net recul des importations, beaucoup plus prononcé
que le tassement général de l'économie. La croissance des exportations en valeur (en
dollars EU) s'était ralentie en 1996 et1997 par rapport à 1995 et, en 1998, la valeur des
exportations en dollars a même diminué. Les statistiques du commerce sont données en
dollars, mais une grande part des échanges se fait avec des pays dont la monnaie s'est
considérablement dépréciée par rapport au dollar. La forte chute des prix des produits
de base a aussi fait baisser la valeur des échanges en dollars, notamment celle des
importations (mais également celle des exportations dans le cas de l'Indonésie).En
conséquence, comme le montre le graphique IV.6b, le volume des exportations a
progressé de plus de 15 pour cent en1997. Certes, la croissance du volume des
exportations dans les pays en crise s'est ralentie en 1998, mais elle est demeurée plus de
deux fois supérieure à celle des exportations mondiales. La progression marquée des
exportations nettes réelles en 1998 va aider les pays à sortir de la crise et à réduire le
chômage en compensant le fléchissement de certains secteurs de l'économie. Mais
l'accélération des exportations aurait été probablement beaucoup plus prononcée en
1998 si, de surcroît, le Japon n'avait pas été durement touché par la récession et si les
échanges intrarégionaux n'avaient pas été aussi importants.
Source: FMI, Bases de données de la Direction of Trade Statistics (DOTS) et de l'Information Notice
System (INS); WEFA, Inc.; et calculs du FMI
Le tableau IV.6 indiquant l'évolution des taux de change en1997/98 apporte quelques
précisions sur les retombées économiques dans d'autres pays émergents. Le tableau
comporte deux groupes de pays, en plus des pays asiatiques touchés. Dans les pays du
premier groupe – Chili, Mexique, etc. – le taux de change effectif réel a baissé, mais
moins que les pays d'Asie touchés par la crise. Cela signifie que leurs exportations sont
devenues moins compétitives par rapport à celles de ces derniers, mais globalement
l'évolution des taux de change n'a pas été défavorable. Il est aussi probable que la crise a
moins pénalisé la croissance de ces pays. Le troisième groupe, à l'inverse, comprend des
pays ou territoires dont le taux de change effectif réel a progressé. Cela a surtout été le
cas de Hong Kong, Chine, de la Turquie et du Venezuela entre juin 1997 et septembre
1998. Le ralentissement prévu de leur économie est probablement dû en partie au fait
que leurs exportations ont souffert de cette évolution du taux de change effectif réel.
Lorsque la croissance économique se ralentit, il en va de même du commerce mondial.
Selon les estimations de l'OMC, le commerce mondial n'a augmenté que de 4 pour cent
en 1998, contre plus de 8 pour cent en 1997 (voir également le tableauIII.3 au chapitre
précédent). La crise et les modifications des taux de change ont aussi une incidence
notable sur la balance courante de certains pays. L'amélioration globale du solde des
opérations courantes dans les cinq pays asiatiques touchés par la crise est estimée à 100
à 150 milliards de dollars EU pour 1998(Zhang et Cline, 1998).Nous avons vu que les pays
asiatiques n'ont pas opté pour le protectionnisme, de même que, jusqu'à présent, les
pays qui absorbent le plus gros de leurs exportations.
Les retombées de la crise financière sur la pauvreté ont été aussi analysées, mais en
raison de l'incertitude entourant les données recueillies et les dispositifs de sécurité
sociale on ne peut pas faire d'estimations très précises. Avant la crise, la proportion
d'habitants vivant sous le seuil de pauvreté variait de 11à 16 pour cent dans les trois pays
pour lesquels on possède des données. Les hypothèses les plus pessimistes (selon
lesquelles la pauvreté allait doubler) se sont révélées exagérées mais l'aggravation du
chômage a indéniablement engendré de grandes difficultés, en particulier dans les zones
urbaines, chaque soutien de famille ayant souvent de nombreuses bouches à nourrir
(Banquemondiale, 1999). Les zones rurales ont parfois profité de l'incidence de la
dévaluation sur les cours des cultures vivrières exportables et sur les termes de l'échange
entre ville et campagne. En outre, les mécanismes de solidarité informels ont mieux joué
dans les campagnes. Si l'aggravation de la situation économique et du chômage peut
être contenue, l'augmentation du taux de pauvreté pourrait se limiter de 2 à 5 pour cent
de la population (FMI, Perspectives de l'économie mondiale, octobre 1998).
Le FMI fut appelé à l’aide pour fournir un appui financier à trois des pays les plus gravement
affectés par la crise : l’Indonésie, la Corée et la Thaïlande. Au départ, le plus urgent était de
fournir aux pays d’Asie des financements adéquats pour remédier à la pénurie de liquidité
due à la fuite soudaine des capitaux et à l’effondrement de leurs monnaies et pour redonner
confiance au marché. Le FMI accorda le plus gros prêt de son histoire tout en mobilisant des
financements supplémentaires auprès d’autres pays de la région et du Groupe des Sept.
La crise financière asiatique fut somme toute enrayée grâce au soutien financier du FMI (Fonds
Monétaire International) et de la Banque mondiale. Mais l’effondrement des économies asiatiques se
fit également ressentir aux États-Unis, en Europe et en Russie.
La crise asiatique a conduit à des réformes financières et politiques, nécessaires dans des
pays comme la Thaïlande, la Corée du Sud, le Japon et l’Indonésie. Elle sert aussi de
précieuse étude de cas pour les économistes qui s’efforcent de mieux comprendre
l’interdépendance des marchés, et en particulier en relation avec les marchés de changes et
les comptes nationaux.
Lors de leur discussion de décembre 1997, les administrateurs ont souligné que c’est aux
pays en crise qu’incombe la principale responsabilité d’apaiser les turbulences en Asie.
Tous les administrateurs se sont accordés sur la nécessité d’adopter des mesures
vigoureuses afin de corriger les insuffisances de la politique économique, pour rétablir la
confiance et créer les conditions d’une reprise solide.
Ils ont privilégié quatre domaines d’action.
• La politique monétaire doit rester assez ferme pour résister à une dépréciation excessive
de la monnaie, avec ses conséquences inflationnistes, tout en se gardant de comprimer
indûment la demande intérieure ni de mettre trop à contribution le secteur bancaire. Les
administrateurs sont convenus que, dès le retour de la confiance, il faut assouplir les
conditions monétaires par un abaissement progressif des taux d’intérêt, tout en insistant sur
le danger d’une détente prématurée. Il importe d’encourager les institutions et les sociétés
financières à renouveler les prêts extérieurs à court terme, lorsque le remboursement de ces
derniers risque d’aggraver les pressions à la baisse sur le taux de change.
• Les déficiences du secteur financier doivent être corrigées par des mesures vigoureuses et
globales afin de dissiper les incertitudes. Tout en assurant une protection adéquate des
petits épargnants, il faut fermer les institutions insolvables pour faciliter un prompt retour
de la confiance. Il convient de restructurer et de recapitaliser avec toute la transparence
voulue les établissements fragiles mais viables, sans accorder une protection indue aux
créanciers et aux détenteurs d’actions, ni aggraver les problèmes d’aléa moral.
Dans leur discussion de mars 1998, les administrateurs ont exprimé leur soutien aux
programmes économiques mis en place pour rétablir la confiance dans les pays touchés par
la crise, notamment les initiatives prises pour consolider le secteur financier, corriger les
déséquilibres macroéconomiques et améliorer l’accès aux données, ainsi que la
transparence et la gestion des affaires publiques. C’est en engageant de telles mesures que
l’on peut le mieux répondre à la crise financière, limiter et inverser le surajustement des
marchés des changes et des valeurs mobilières et retrouver une croissance durable.
Les sorties de capitaux et la chute des taux de change se poursuivant, les récessions subies
par les pays dépassèrent de beaucoup ce qui avait été projeté. Elles furent causées
principalement par l’effondrement de la dépense intérieure, en particulier de
l’investissement privé. Les pays subirent d’énormes ajustements de leurs transactions
courantes, qui traduisaient essentiellement une chute brutale des importations.
Les marchés financiers se stabilisèrent dans les premiers mois de l’année 1998 en Corée et
en Thaïlande, sensiblement plus tard en Indonésie. Les taux de change commencèrent à se
redresser, et mi-1998 les taux d’intérêt étaient retombés à des niveaux inférieurs à ceux
d’avant la crise. L’activité économique commença ensuite à reprendre, vers la mi-1998 en
Corée, plus tard dans les autres pays. Cette reprise, une fois lancée, se révéla
exceptionnellement vigoureuse, en particulier en Corée où la croissance atteignit 10,75 %
sur l’ensemble de l’année 1999. La reprise était alimentée par la réapparition de la demande
intérieure, dont l’effondrement avait entraîné la récession.
A la sortie de la crise, beaucoup de pays prirent des mesures protectionnistes pour assurer la
stabilité de leur devise. Ceci conduisit généralement à des achats en masse de bons du
trésor américain, utilisés comme un instrument de réserve par la plupart des pays du
monde.
Parmi les leçons à tirer de la crise, les administrateurs ont observé que,
Pour bénéficier des avantages que procure l’accès aux marchés mondiaux tout en
réduisant le risque de perturbations, chaque pays doit se préparer soigneusement à
la libéralisation des mouvements de capitaux. Le succès de la libéralisation suppose
la réunion de conditions préalables importantes, telles qu’une politique économique
cohérente et un système financier solide, mais aussi la suppression des distorsions
économiques et un effort de transparence et d’information de la part des
gouvernements et des établissements financiers.
Pour que la surveillance soit efficace, il est capital de disposer en temps voulu
d’informations exactes. Les administrateurs ont constaté une certaine amélioration
depuis 1995 en ce qui concerne la communication des données tant au FMI qu’aux
marchés, mais ils ont noté qu’il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. La
crise asiatique a fait ressortir l’importance cruciale de certaines données qui
n’étaient pas disponibles . Elle a également montré qu’il est primordial de rendre
publiques les informations nécessaires pour promouvoir la transparence et renforcer
la confiance des marchés.
Tout en demeurant suffisamment sélective, la surveillance doit aller au-delà des
questions de politique macroéconomique à court terme. Depuis 1995, on porte un
intérêt accru aux éléments clés des politiques structurelles des économies de
marché émergentes, notamment aux politiques financières, et à leur analyse.
Cependant, les problèmes des secteurs financiers sont souvent complexes et longs à
se déclarer, et de nombreux administrateurs estiment que le FMI doit développer
ses compétences analytiques dans ce domaine, y compris en se dotant de davantage
de personnel possédant l’expérience voulue en la matière. Soulignant que l’avantage
comparatif du FMI porte sur l’analyse des développements macroéconomiques,
certains administrateurs estiment que la restructuration du secteur financier devrait
être confiée à d’autres institutions, en particulier à la Banque mondiale. D’autres ont
fait remarquer que, dans le cas de la crise asiatique, ce genre de distinction n’a pas
toujours été facile à établir et qu’il est indispensable que le FMI joue dès le départ
un rôle important dans tous les volets de la réforme du secteur financier. Plusieurs
administrateurs ont souligné qu’il serait utile de mettre au point des normes dans
divers domaines, qui pourraient faciliter la surveillance et fournir des informations
au marché; dans le cadre de la surveillance, il serait bon que le FMI encourage les
pays membres à adapter leurs pratiques aux normes internationales, comme celles
qu’énoncent les Principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace établis
par le Comité de Bâle.
Dans un environnement caractérisé par l’expansion des flux financiers et
commerciaux, il convient que le FMI, dans l’exercice de la surveillance au niveau des
pays, accorde une plus grande attention à l’interdépendance des politiques et aux
risques de contagion. De l’avis des administrateurs, il faudrait examiner de plus près
l’impact des politiques menées par les pays importants au plan mondial ou régional
sur les autres pays. Parallèlement, il conviendrait d’analyser dans les consultations
bilatérales la vulnérabilité de la situation intérieure dans le contexte de l’évolution
de la conjoncture extérieure, l’objectif étant d’exhorter les autorités à prendre très
rapidement des mesures vigoureuses pour atténuer les risques de contagion.
Conclusion
La crise économique asiatique a été causée par la dévaluation des monnaies des pays
émergents de l’Asie du Sud-Est, suite à l’abandon du système de taux de change fixe, ce qui
a provoqué un fort désinvestissement des capitaux étrangers. Les marchés et l’économie de
ces pays ont été grandement ébranlés. Considérée comme une crise passagère, c’est en
réalité la bulle des économies émergentes qui s’est dégonflée et qui a déclenché une crise
structurelle. Les répercussions furent visibles dans d’autres pays émergents. Après en avoir
subi les conséquences, les pays de la région veulent réduire leur dépendance aux capitaux
étrangers venant des pays occidentaux. Le développement de la zone économique de
l’ASEAN et de l’APT (ASEAN plus Chine, Japon et Corée) va dans ce sens, bien que le chemin
soit encore long. En effet, certains de ces pays en sont encore très dépendants, et il reste de
nombreuses questions vis-à-vis de l’organisation de ces zones. Leur essor a néanmoins
renforcé la robustesse économique de ces pays.
La crise asiatique a mis en lumière l’importance du marché des changes, et notamment les
risques liés à la dette en devises étrangères. C’est la fin du système de change fixe, sauf pour
la Chine qui a maintenu le taux du Yuan inchangé contre le dollar tout au long de la crise.
Une décision qui a permis au pays de s’installer comme un acteur majeur sur la scène
économique mondiale.
Bibliographie
Crise financière et choc institutionnel: une comparaison des crises anglaise de 1866 et
thaïlandaise de 1997 ; David Foucaud.
La crise financière asiatique : enjeu d’une politique sociale ; Eddy lee ; bureau interntional de
travail ; 2000
Brouillons :
Causes
Lors d'une crise bancaire, les facteurs intérieurs se combinent généralement à des facteurs
externes. Facteurs financiers et réels sont également associés. Par nature, l'activité bancaire
est vulnérable à la perte de confiance, car sa vocation première est de convertir des dépôts à
court terme en prêts à long terme. La volatilité est un des principaux facteurs qui fragilisent
le système bancaire (Goldstein et Turner, 1996).
a) facteurs concernant les relations avec l'extérieur La volatilité des termes de l'échange,
auxquels sont très sensibles les recettes d'exportation, surtout lorsque les biens exportés ne
sont pas très diversifiés. La volatilité des prix rend difficile la prévision des recettes et expose
le pays à des risques de déficits commerciaux et courants importants, pouvant être l'une des
principales causes d'une crise des paiements. Les fluctuations des taux de change nominal
et/ou réel dont la forte variabilité peut peser sur l'équilibre financier des agents intérieurs
ayant contracté des emprunts à l'étranger, une dévaluation se traduisant par une
augmentation de la dette exprimée en monnaie locale. Mais une surévaluation est
également pernicieuse, dans la mesure où elle rend les exportations peu compétitives et
favorise les importations par rapport aux produits locaux. La balance commerciale tend alors
à se dégrader. La volatilité des taux d'intérêt (ou l'écart entre taux internes et taux pratiqués
sur le marché mondial) provoque des mouvements de capitaux à court terme avec l'étranger
qui peuvent être la source de difficultés de paiement externe, attaques spéculatives contre
la monnaie et d'une trop grande croissance de la base monétaire. En effet, lorsque les taux
d'intérêt ne sont pas assez rémunérateurs, les capitaux ont tendance à sortir du pays, posant
des problèmes de financement de la balance des paiements. Trop élevés, ils attirent des
capitaux qui ne peuvent jamais être totalement stérilisés et favorisent ainsi une expansion
trop importante de la masse monétaire. Si l'activité vient à se réduire, les emprunteurs
peuvent devenir insolvables. Les agents intérieurs sont tentés de s'endetter en devises,
souvent sans couverture. Ils tablent sur la stabilité du taux de change, alors que celui-ci peut
subir des pressions à la baisse du fait de l'endettement extérieur et des déficits courants.
b) plusieurs facteurs de nature interne peuvent jouer Un ralentissement de l'activité, qui
provoque une diminution de la vitesse de circulation de la monnaie, est susceptible de créer
une crise de liquidités. La hausse des taux d'intérêt qui s'ensuivrait provoquerait une
diminution du prix des valeurs mobilières. Cette diminution du prix des valeurs mobilières
est d'autant plus grave qu'elles servent souvent de caution aux prêts. Il en est de même pour
les propriétés immobilières, dont la chute des prix accompagne fréquemment les crises des
liquidités. Une augmentation trop importante ou trop rapide de la masse monétaire (M2)
peut ainsi être un des signes annonciateurs de la crise bancaire, via la réduction de la qualité
des crédits accordés ou de la fiabilité des emprunteurs. Lorsque la masse des crédits est trop
importante par rapport au montant des réserves, la solvabilité bancaire est mise en question
en cas de ruée sur les dépôts. Un déséquilibre entre la structure de maturité du passif et de
l'actif peut ainsi être une source de crise bancaire. Les pays émergents sont plus sujets à ce
type de déséquilibre, car leur accès à des sources de financement long est plus limité. En
effet, le recours aux émissions des titres y est moins fréquent, en raison de la moindre
profondeur des marchés. Au moment où la surproduction apparaît, le ratio prêts/valeurs
gagées est trop élevé lorsque les sûretés ne sont pas des titres, mais exclusivement des
valeurs immobilières. Une intervention excessive de l'Etat dans le secteur bancaire est aussi
un facteur de fragilité. En effet, les objectifs du gouvernement en matière de politique de
crédit peuvent s'éloigner sensiblement et durablement de la rentabilité et de la rigueur de
gestion. Il est fréquent, dans les pays sous-développés, que les risques financiers des grands
projets de politique industrielle soient assumés par le gouvernement par le truchement d'un
système bancaire nationalisé. Dans ce cas, le système bancaire sera renfloué par la banque
centrale, sur ordre du gouvernement. Ce mode de fonctionnement n'est plus viable lorsque
le système bancaire est soumis à la concurrence internationale. L'absence d'une gestion
rigoureuse, faisant intervenir le retour sur capital comme critère essentiel de
fonctionnement, rend ce système incompatible avec l'ouverture et nécessite des
restructurations.
Conséquences
La perte de confiance des créanciers les motive à retirer leurs capitaux de la région vers les
marchés occidentaux (« flight to quality »), ce qui a pour effet d’amplifier la crise. Les cours
de bourse dégringolent durant l’automne 1997 : ils chutent de 84 % en Thaïlande, 70 % en
Corée et 63 % en Malaisie. Même l’aide de 40 milliards de dollars venant du FMI ne suffit pas
à assainir le secteur bancaire thaïlandais en chute libre. Les crises financières et monétaires
se propagent à l’économie globale. Les banques ayant coupé le robinet à crédit, les
entreprises sont dans l’incapacité de relancer leur activité. La production industrielle ralentit
tandis que que la demande mondiale est freinée en raison des craintes liées à cette zone.
Après avoir connu une croissance de 10 % en 1996, le commerce international ne croît que
de 3,8 % en 1997. Les conséquences sur le plan social sont également visibles, avec une
hausse des taux de chômage, de la pauvreté, des pillages. dans la société, symbolisé par
l’augmentation du nombre de suicides. Les pays de cette zone subiront les effets de cette
crise jusqu’en 2000, où la reprise de l’activité et du commerce mondiales permettra de sortir
la région de la récession.
Serait-il approprié d’imposer des contrôles des capitaux pour éviter des crises à l’avenir?
Cela reviendrait à fermer la porte de l’écurie une fois que le cheval s’est enfui. De plus, les
contrôles des capitaux sont beaucoup moins efficaces pour endiguer les sorties que pour
limiter les entrées. Il serait beaucoup plus efficace de remédier radicalement aux problèmes
fondamentaux du secteur financier et des entreprises et de créer un environnement optimal
pour assurer l’utilisation productive des capitaux lorsqu’ils recommenceront à affluer. Il faut
bien reconnaître que l’accès aux capitaux étrangers a largement contribué à la croissance
rapide des pays asiatiques avant la crise. Même si leur production diminuait de 10 %,par
exemple,leur croissance au cours des vingt dernières années serait encore impressionnante.
Il importe surtout que la libéralisation des mouvements de capitaux s’effectue dans le bon
ordre, pour que le système financier soit capable de canaliser les capitaux vers des
investissements productifs
favorisant ainsi un ralentissement de l’inflation dans les pays de l’OCDE. La crise provoque
une restructuration du secteur financier, ainsi qu’une évolution vers une plus grande
transparence dansl’intervention économique des gouvernements. Ces restructurations ont
également eu lieu dansplusieurs secteurs par le biais de fusions et acquisitions, notamment
dans le secteur de l’industrie pétrolière. En fait, il semblerait que cette crise puisse être
considérée comme une phase de transition obligatoire dans une dynamique de croissance ;
passant d’un accroissement des facteurs de production, mais sans gain de productivité, à un
futur véritable gain de productivité, comme le suppose P. Krugman dans son livre « The
Myth of Asian Miracle ». Enfin, la crise va permettre un recentrage ainsi qu’une
spécialisation des firmes dans certains secteurs d’activité, dans un contexte de concurrence
renouvelée. De plus, les firmes étrangères (pour la plupart américaines, car bénéficiant de la
force du dollar qui joue le rôle de monnaie-refuge) auront tendance, de part la baisse des
cours boursiers et des mesures d’ouverture des secteurs financiers, à prendre des prises de
participations dans les entreprises locales, voire à effectuer des achats globaux de sociétés
locales. L’influence américaine sera donc renforcée en Asie, au détriment du rôle des
européens dans cette région, ceci étant manifestement dû à une perception négative des
européens sur l’évolution économique de l’Asie du Sud-Est. Nous remarquons enfin un
mythe qui explose : l’idée suivant laquelle certains pays sont durablement gagnants au jeu
de la mondialisation.