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LA PHRASE EMPHATISÉE

Définition
Dans la tradition grammaticale de la langue française, l’emphase est considérée comme un
constituant facultatif de phrase, qui indique le fait qu’un certain élément de la phrase est mis en
évidence ou focalisé.
En français l’emphase peut affecter n’importe quel constituant du noyau, sauf le verbe
prédicatif:
C’est Jean qui est venu. (sujet)
C’est Marie que j’ai vue. (COD)
C’est hier qu’il est rentré. (circonstant temporel), etc.

Les marques de l’emphase


L’emphase peut se manifester parfois uniquement au niveau suprasegmental, mais elle peut
entraîner aussi des modifications au niveau des constituants de la phrase.
- au niveau suprasegmental:
La phrase emphatisée se caractérise par l’accent d’insistance qui frappe l’élément mis en
évidence, par contraste avec le reste de la phrase.
- au niveau segmental:
On peut relever l’emploi de divers procédés syntaxiques (le détachement et la
pronominalisation du constituant emphatisé ou l’emploi des isolants emphatiques).

Modalités d’insistance et types d’emphase


Les différents procédés d’emphatisation correspondent aux diverses modalités d’insistance:
1. Attirer l’attention et insister sur un constituant, en le détachant de sa classe, sans l’opposer
aux autres objets de la même classe (emphase non oppositive) :
Quant à moi, je suis d’accord.
Marie, je ne l’ai pas vue.
2. Insister sur un constituant, qui est détaché d’une classe d’objets, et l’opposer à un autre
objet de la même classe (emphase oppositive) :
C’est Marie qui m’a téléphoné. (et non pas Paul)

1. L’emphase par la dislocation du constituant


Le détachement du constituant emphatisé au début ou à la fin de la proposition, à l’aide de la
pause relative et de la pronominalisation du constituant en reprise (anaphore) ou en anticipation
(cataphore). La phrase ainsi obtenue est une phrase disloquée, ou disjointe, détachée, segmentée :
Marie, je l’ai vue.
Je l’ai vue, Marie.
Voilà présentés dans ce qui suit les divers cas d’emphatisation avec détachement et
pronominalisation, pour toutes les classes de constituants.
GN1 sujet
1) Jean, il travaille bien.
2) Il travaille bien, Jean.
3) Lui, il travaille bien.
4) Il travaille bien, lui.
GN2 objet direct
1) Jean, lui, je l’ai vu.
2) Je l’ai vu, Jean.
3) Lui, je l’ai vu.
4) Je l’ai vu, lui.
5) Des fruits, il en a acheté.
6) Il en a acheté, des fruits.
GPrép. complément d’objet indirect et complément prépositionnel
1) (À) ses amis, il leur écrit souvent.
2) Il leur écrit souvent, à ses amis.
3) (De) cette histoire, il en parle souvent.
4) Il en parle souvent, de cette histoire.
L’adjectif attribut
Intelligentes, elles le sont.
On remarque qu’en français, dans le cas d’un adjectif attribut, le pronom de reprise est le
neutre.
Le détachement de l’attribut peut être renforcé en français à l’aide de pour suivi de être:
Pour être belle, elle l’est.

2. Les structures clivées


Un autre procédé utilisé pour emphatiser un constituant est représenté par les soi-disantes
“structures clivées” réalisées à l’aide des isolants emphatiques.
a. Le gallicisme c’est…qui/que
En français ce type d’emphase se réalise avec le gallicisme c’est… qui (pour le sujet), c’est…
que (pour toutes les autres fonctions syntaxiques).
GN1 sujet
C’est Jean qui est venu.
Les pronoms personnels prennent en français la forme tonique:
C’est moi qui ai commandé le livre.
GN2 objet direct
C’est Jean que j’ai vu.
C’est Marie que tu dois chercher.
Les pronoms personnels prennent la forme tonique:
C’est toi qu’il admire le plus.
GN3 objet indirect
C’est à Marie que j’ai écrit cette lettre.
C’est à vous que ce discours s’adresse.
Attribut
C’est marin qu’il est devenu.
Complément circonstanciel
C’est demain qu’il arrivera.
b. Les formules pseudo-clivées
Le français peut se servir de formules de pseudo-clivage.
Les formes employées en français: ce qui…c’est, ce que… c’est, ce à quoi…c’est, ce dont…
c’est:
Ce qui m’intéresse c’est la littérature.
Ce que j‘aime c’est la lecture.
Ce à quoi il pense c’est une ineptie.
Ce dont il a besoin c’est un bon conseil.
c. D’autres isolants emphatiques
- voici, voilà
En voilà une drôle d’histoire !
Le voilà qui se met à pleurer !
- quant à, en ce qui me (te) concerne, pour ce qui est de…:
Quant à lui, il est content.
En ce qui me concerne, je suis d’accord.

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