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HISTOIRE DU DROIT
Vol 2 du Mardi 05 Novembre 2019
Les peuples habitant le littoral, les Semi-Bantu occupant les gras-Fields, les Bantu et les
BAKA de la grande forêt équatoriale, les habitants de nombreux empires et les royaumes
de la partie septentrionale n’avaient pas de règles leur permettant de vivre en bonne
intelligence dans les groupes sociaux et avec les autres. Telle est la forme de discorde
entre les tenants des thèses négationnistes et affirmatives.
Cette thèse nie toute valeur juridique aux règles de conduite prépondérantes, ancrées
dans les mœurs, structurant et régissant la vie dans ces sociétés. Les partisans de cette
thèse avancent plusieurs raisons au soutien de leurs prétentions :
L’absence d’une autorité publique d’où proviendrait la sanction d’une règle
juridique ;
L’inexistence d’un ordre juridique proprement-dit ;
L’absence d’un système juridique véritable ;
Le défaut d’étatisation des sociétés précoloniales
Selon cette thèse, les règles appliquées dans les sociétés traditionnelles du Cameroun
Précolonial n’étaient que de simples règles de conduite sociale non écrites dont la sanction
ne provenait pas d’une autorité publique.
La thèse négationniste soutient également que les règles appliquées dans ces sociétés
primitives ne pouvaient constituer un ordre juridique c’est-à-dire un ensemble organisé et
structuré de normes juridiques possédant ses propres sources doté d’organes et de
procédures aptes à les émettre, à les interpréter ainsi qu’à en faire constater et
sanctionner, le cas échéant les violations.
Cette thèse met en lumière les erreurs de la thèse négationniste et démontre l’existence
d’un droit véritable dans les sociétés précoloniales.
La thèse négationniste lie la notion à celle de l’Etat. Or, comme le remarquait Georges
SCELLE « les notions de l’Etat et de droit ne doivent pas être liées puisqu’il existe bien un
droit dans les sociétés non étatisées». Aussi le professeur Jean François GONIDEC disait «
c’est une erreur de lier la notion de droit à celle de l’Etat souverain car l’Etat n’est qu’une
forme de société politique ; la forme mieux intégrée sans doute mais néanmoins une société
politique fondamentalement semblable aux Hommes ; bref une espèce dans le genre ».
Nier ainsi l’existence d’un droit véritable dans les sociétés précoloniales du seul fait de
l’inexistence de l’Etat revient à se tromper sur la capacité d’organisation de
fonctionnement et d’autorégulation dans les sociétés traditionnelles. Elles étaient
constituées essentiellement sur de solides bases juridiques. Il s’agissait en fait
d’organisations politiques. Les chefferies et Lamida étaient de véritables institutions
publiques jouant un rôle essentiel dans la répartition et l’administration des terres dont le
groupe social avait pris possession.
Les chefs, Lamido et les anciens jouaient un rôle important dans ces sociétés. Ils étaient
les dépositaires des règles de droit en vigueur et conservaient la trace dans leur mémoire.
Ils étaient aussi chargés de l’application des règles et de leur modification.
La négation de l’existence du droit précolonial s’est faite selon les concepts, les idées,
les expériences et les structures inconnues des sociétés traditionnelles.
Aussi, la thèse négationniste se méprenait de l’idée que ces peuples se faisaient de leur
droit. Ils le vivaient et en avaient pleine conscience au point de céder la souveraineté de
leur pays et de réserver le droit propriété (cf lettre du Roi BILE chef de Bimbi au Roi
William IV de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord en 1833).
La thèse affirmative démontre que les règles appliquées au Cameroun avant 1884
correspondaient aux structures réelles des sociétés pour lesquelles elles étaient faites.
Elles constituaient un droit véritable dans la mesure où elles prenaient en compte le petit
quotidien dicté par les us (usages), les coutumes propres à ces peuples. Les sociétés
politiques non étatisées avaient un droit dont la violation encourait sanction. Elles
fonctionnaient selon les règles de droit non écrites et donc l’appellation était assurée par
les mécanismes connus et respectés. Ces règles constituaient un ordre coordonné et
hiérarchisé qui était susceptible d’exécution forcée. Les sanctions pouvaient atteindre
l’individu dans ses biens, sa liberté ou sa vie. Ce droit existait et il serait indiqué de
s’interroger sur sa consistance.
Le droit originel était un ensemble de mécanismes mise en œuvre par les membres du
groupe reconnu à cette fin sans que cette fonction soit institutionnalisée. Le groupe en
organisait l’imposition selon une procédure, un rituel plus ou moins définitif qui excluait
la spontanéité de certaines pressions individuelles ou collectives.
A- L’évidence de la diversité
Le droit des sociétés dans lesquelles les relations de pauvre étaient institutionnalisées
et personnalisées au maximum ne pouvaient être le même que celui des sociétés dans
lesquelles les pouvoirs étaient exercés collectivement par l’assemblée des hommes adultes,
législateurs, administrateurs et juges par l’ensemble de tout. L'administration de la justice
ne pouvait y être comme dans les empires appuyés sur un ordre public et une sécurité
parfaitement maintenue. Le droit des sociétés qui bien que possédant une forte cohésion
socioculturelle ne connaissait aucune autorité politique au-delà de celle du chef de famille.
Au plan des relations économiques, les structures juridiques qui soutenaient l’activité
agricole n’étaient pas uniformes. Les droits sur la terre n’étaient pas les mêmes partout
ainsi que les modes de règlement des différends fonciers. Les droits des agriculteurs
étaient différents de ceux des chasseurs. De même les langues, les cultures, les religions
divergeaient.
Au-delà des différences de détails, il existait un seul droit traditionnel originel. Les
différents droits étaient unis dans la diversité et constituaient le droit traditionnel dont les
caractéristiques communes et le domaine méritent d’être étudiés.
1- Un droit paysan