Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
net/publication/267452598
CITATIONS READS
0 116
1 author:
Kees Brants
University of Amsterdam
148 PUBLICATIONS 1,527 CITATIONS
SEE PROFILE
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
All content following this page was uploaded by Kees Brants on 10 September 2015.
La Découverte | Réseaux
2003/2 - no 118
pages 135 à 166
ISSN 0751-7971
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Article disponible en ligne à l'adresse:
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-reseaux-2003-2-page-135.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des
conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre
établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que
ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en
France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
DE L’ART DE RENDRE
LA POLITIQUE POPULAIRE…
Kees BRANTS
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
L orsque Jacques Chirac rendit visite à la reine et au Premier ministre
des Pays-Bas début 2000, il repoussa toutes les demandes
d’organisation d’entretiens. Les informations télévisées hollandaises
reçurent une réponse négative, les magazines d’information quémandèrent
en vain et les rédacteurs politiques de tous les quotidiens nationaux ne
reçurent qu’une brève réponse du service de presse du président :
« Absolument désolé, mais pas d’entretien. » Il y eut cependant une
exception : le show télévisé de la populaire chaîne publique TROS, animé
par Ivo Niehe, l’équivalent local de l’américain David Letterman ou de Jay
Leno. Ses shows sont habituellement remplis de vedettes de variétés ou de
personnalités – non politiques – sous les feux de l’actualité. Le format y est
celui d’une discussion amicale ; les échanges mettent en lumière le côté
humain de l’invité et fuient toute approche conflictuelle. Bien qu’on puisse
difficilement y voir une émission politique, il y avait là l’espace idéal où le
président français puisse dire ce qu’il voulait dire, et le dire en souriant, sans
être menacé par le Jeremy Paxman1 du Plat Pays – tout en demeurant
silencieux sur les sujets qui fâchent, à propos desquels il craignait
apparemment que les demandeurs d’entretiens aient grande envie de
l’entreprendre*.
* Ce texte actualise et reprend un article (“Who’s afraid of infotainment?”) dont une version
initiale était parue dans l’European Journal of Communication, 13(1998)3. Ce texte a donné
lieu à un échange ultérieur avec Jay Blumler dans les numéros 14(1999)2 et 14(1999)3 de la
revue. Les commentaires de l’équipe rédactionnelle de Réseaux m’ont été des plus précieux
pour élaborer cette nouvelle version.
1. Jeremy Paxman est un journaliste politique de la BBC réputé pour ses questions sans
concessions (NdT).
138 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
distraction et un désir de ne pas être à la traîne des tabloïds pour attirer un
public massif ». Dans les discussions européennes sur ce genre de
programmes on se réfère d’habitude avec nostalgie au bon vieux temps où
les réseaux publics détenaient toujours un monopole, et où tout le monde
semblait s’accorder sur le fait que la télévision commerciale était quelque
chose que les Américains devraient garder pour eux, en bref à une époque où
la communication politique était toujours conçue pour informer et non pour
distraire.
Ceux qui développent ces critiques aux Pays-Bas doivent avoir souffert de
troubles de la mémoire en associant l’émergence de la télévision
commerciale (1989) avec les ingrédients de distraction qui sont présumés
caractériser un style américain de télévision. Déjà dans les années 1970 un
Premier ministre et un futur Premier ministre utilisaient un talk-show dans
leurs campagnes. Un ministre de l’Intérieur se faisait interviewer dans un
sauna, vêtu d’une serviette qui masquait à peine sa belle corpulence. Des
commentateurs à la mémoire moins défaillante se souviennent de bien des
occasions où les dirigeants politiques – cherchant visiblement à trouver
l’électeur flottant – n’esquivaient pas les émissions de distraction des
diffuseurs publics. Ils ont pu ne pas toujours s’y trouver à leur avantage,
mais ils considéraient que cela faisait partie du jeu. Tel fut le cas en 1981, où
le Premier ministre d’alors, Den Uyl, marqué par une certaine gaucherie de
son style de présentation, fut à demi ridiculisé par un comédien néerlandais
durant son émission. Den Uyl se retrouva plus ou moins contraint de prendre
la tête d’une farandole… y feignant une exubérance aussi rayonnante que
visiblement forcée, tandis que l’animateur lui demandait sarcastiquement s’il
s’amusait bien.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
LE MONDE EFFRAYANT DE LA TELEVISION COMMERCIALE,
ET PIRE ENCORE
3. Voir par exemple BROKAW et al., 1997 ; HALLIN, 1996 et 1998 ; McMANUS, 1994 ;
MOOG, SLUYTER-BELTRAO, 2000 ; voir aussi l’édition 1996 des Annals of the American
Academy of Political and Social Sciences comme en Europe BOURDIEU, 1998 ; DE BENS,
1998 ; FRANKLIN, 1994 ; KAVANAGH, 1997 : SIUNE, 1998 ; mais aussi PFETSCH,
1996, et d’autres encore en Allemagne, en Belgique et en Scandinavie.
4. En français dans le texte original.
5. Ce mot valise (Information + Entertainment) n’a pas d’équivalent exact en français. Nous
l’avons donc gardé tel quel, le rendant parfois par variétisation lorsqu’il est utilisé pour rendre
compte d’une évolution (NdT).
140 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
travers la communication et le débat entre les membres du public. Bien
entendu dans une démocratie idéale les individus participent de façon égale
au processus décisionnel. Mais la plupart des états démocratiques modernes
se sont, pour des raisons pratiques et politiques, constitués via des formes de
démocratie représentative dans lesquelles le peuple délègue l’autorité
politique à d’autres qui le représentent. Les mécanismes pensés pour relier
les citoyens et leur représentants étaient les élections, les organisations
politiques et l’opinion publique, suscitée et relayée pour l’essentiel par les
mass médias. Dans ce cadre théorique, une citoyenneté activement et
rationnellement participante, qui ait accès au libre marché des idées et soit
nourrie d’une information pertinente, qui dispose de connaissances sur les
enjeux en cours de l’agenda politique, constitue un prérequis pour une
démocratie qui fonctionne bien. La démocratie exige dès lors que les médias
(et dans le cas de l’Europe, particulièrement le service public de
l’audiovisuel) fonctionnent en répondant à un certain nombre de missions et
de services pour le système politique, et en particulier :
– la surveillance de l’environnement sociopolitique, par la couverture des
changements susceptibles d’influer positivement ou négativement sur le
bien-être des citoyens ;
– l’organisation d’un espace pour des plaidoyers intelligibles et éclairants de
la part du personnel politique et des porte-parole d’autres causes ou de
groupes d’intérêt ;
– le dialogue à travers toute une gamme de points de vue, tant entre titulaires
du pouvoir (présents et alternatifs) qu’au sein de publics de masse ;
– des mécanismes destinés à amener les autorités à rendre compte de la
manière dont elles ont exercé le pouvoir ;
– des incitations amenant les citoyens à apprendre, choisir, et devenir
impliqués plus qu’à simplement suivre les processus politiques ou les
regarder en voyeurs ;
– une résistance aux effets des forces extérieures aux médias pour subvertir
leur indépendance, leur intégrité et leur capacité à servir le public ;
– le sens du respect des membres du public, comme potentiellement désireux
et capables de comprendre leur environnement politique6.
Tout cela fait beaucoup. Mais si les médias et spécialement les télévisions de
service public assument un certain sens de leur « responsabilité quant à la
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
santé des mécanismes politiques et à la qualité de la discussion publique qui
s’y engendre », leur rôle est alors « fondamental7 ». Jusqu’à l’arrivée du
déluge commercial, les organismes audiovisuels en Europe ont fait un travail
de qualité, parce qu’elles « étaient en dernière analyse des créatures de
l’Etat », grâce à leur statut politisé.
7. BLUMLER 1992b, 1.
8. BLUMLER 1992a, 12/3.
9. BLUMLER, GUREVITCH 1995, 203.
142 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
institutionnalisés comme les partis politiques, la famille nucléaire, les
modèles dominants de religion, les relations de travail et de voisinage, les
groupements liés à la classe sociale se sont irréversiblement désintégrés. Les
loyautés partisanes et électorales ont décliné, la socialisation politique est
moins aboutie, des problèmes politiques insolubles (de la gestion de
l’économie à la fracture du social) ont donné naissance à une arène politique
plus turbulente, moins prévisible et moins structurée dont le contrôle est plus
délicat. Les relations média/politique ont spectaculairement changé du fait
d’une incessante professionnalisation de la prise de parole politique
(advocacy), d’un retour vers plus d’indépendance des journalistes
(particulièrement à travers plus de dédain pour l’information politique, celle
des candidats en campagne), mais aussi d’une incertitude normative sur les
règles éthiques applicables aux formes nouvelles du principe de publicité10.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
dialogue12.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
conviction selon laquelle les traits systémiques de la communication
politique impriment une forme caractéristique à la sphère publique d’une
société, et sa description des changements qu’il a pu relever au fil des ans est
bien appuyée sur des exemples. Cependant, les appuis empiriques quant aux
changements de contenus sont limités et son argumentation tend à être trop
unilatérale, trop définitive, et bien trop fondée sur des généralisations
transculturelles à partir de données relatives à un cas (le Royaume-Uni), ou
au mieux deux (les Etats-Unis). Et si « la preuve du pudding consiste à le
manger14 », la preuve ne peut, bien entendu, venir ici que de comparaisons
longitudinales, internationales et intersystèmes.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
pour opérationnaliser les contenus de l’information politique diffèrent
sensiblement dans ces recherches. Comparer des pays différents doit alors
être fait avec toute la prudence requise. Cependant, en examinant ces études
nationales, et en étant attentifs à leurs particularités, nous nous trouvons face
à un tableau généralement ambigu et parfois contradictoire de la pénétration
des logiques du divertissement dans l’information, et d’une convergence de
programmation entre réseaux publics et privés.
15. HEINDERYCKX, 1993, offre une exception notable. Mais sa comparaison de seize
chaînes dans huit pays se fixe essentiellement sur des réseaux publics.
16. Voir VAN CUILENBURG, 1997.
17. HEINDERYCKX, 1993.
18. HVITFELT, 1994.
146 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
avaient accru la place de l’information politique dans les nouvelles depuis le
milieu des années 1980. Les chaînes privées avaient même doublé le poids
de l’information politique, la traitant pratiquement sur un pied d’égalité avec
les réseaux publics. Cette attention partagée pourrait bien s’expliquer par
l’enjeu spécifique de la réunification qui dominait alors la politique
allemande. Examinant l’offre totale de programmes en Allemagne par deux
réseaux publics et trois privés, ce sur une période de quatre semaines,
Kruger21 a en revanche mis en évidence une différence sensible. Sur sa
programmation relevant globalement de la catégorie information (42 % de
ses programmes), le secteur public avait une moyenne de 27 %
d’information politique. Au sein d’une offre globale d’information se situant
à 13 %, le privé ne donnait que 5 % à la politique (complètement escamotée
sur le canal PR07). En apparence, lorsqu’ils en offrent, les chaînes publiques
restreignent leur information politique essentiellement aux journaux
télévisés.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
sur les rituels de campagne et la course de petits chevaux. Choqués par ces
chiffres, les rédacteurs changèrent de musique et les informations de NOS-
TV revenaient à 52 % d’information de fond en 1998. Les réseaux
commerciaux RTL et SBS réalisaient mieux encore avec 53 % et 56 %
respectivement.
Là où, pour les pays d’Europe pris globalement, nous pouvons discerner une
légère tendance à rendre l’information plus populaire, il y a peu d’arguments
pour établir que la politique ou les élus seraient spectaculairement plus
personnalisés ou traités de façon sensationnaliste qu’auparavant. En
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
(dans le choix des sujets avec plus de faits divers, mais aussi dans les angles de
couverture ou les images), vers plus de soft-news aussi. Pour l’Allemagne,
Kruger a mis en évidence en 1995 que les trois réseaux commerciaux avaient
en moyenne 37 % de ce qu’il nomme de « l’information de Boulevard » –
crime, drogues, catastrophes, pathologies sexuelles – contre 7 % pour les deux
réseaux publics. Bruns et Marcinkowski32 notent toutefois qu’entre 1986 et
1994, les éléments de human interest et de violence dans l’information des
réseaux commerciaux sont tombés au même niveau que dans les réseaux
publics. En Italie, un mélange croissant de plus d’agressivité et de
sensationnalisme dans le journalisme a suivi le processus de
commercialisation. Mais il s’agirait là, pour Marletti et Roncarolo33, plus
d’une réaction aux changements du système politique sous Berlusconi que
d’une attitude cynique envers la politique et les élus. Faisant usage de la
distinction de Nimmo et Combs34 entre, d’une part, une information factuelle
et élitiste et, de l’autre, une information populiste et sensationnaliste, Van
Engelen35 soutient qu’entre 1990 et 1996 presque tous les composants des
informations, tant dans le public que dans le privé, relevaient de la première
catégorie. Mais il est vrai qu’en s’attaquant en 1998 au problème d’une baisse
de ses recettes publicitaires, le manager de RTL Pays-Bas n’a pas seulement
congédié quelques douzaines de reporters, mais suggéré de rendre
l’information un peu plus croustillante.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Heinderyckx a étudié dans huit pays36, ce qui l’amène à conclure que les
rédacteurs sont en apparence inquiets d’ennuyer les téléspectateurs. En
Suède, Hvitfeld note plutôt ce qu’il nomme des techniques de
« dramatisation » des récits dans les bulletins d’information. Tout comme
Bruns et Marcinkowski37 pour l’Allemagne, Blumler et Kavanagh38 pour le
Royaume-Uni et Van Engelen pour les Pays-Bas, il décèle aussi une hausse
des microtrottoirs comme un témoignage de ce que l’identification au public
se trouve davantage prise en considération. Il faut noter cependant qu’à
l’inverse de l’Allemagne et des Pays-Bas, les réseaux publics suédois se
fixent plus sur les porte-parole et titulaires de pouvoirs. Comparant les
réseaux privés et publics en Belgique et aux Pays-Bas, Canninga39 conclut
que les premiers compactent en général plus les sujets, une tendance notée
ailleurs aussi, par Hvitfeld en Suède par exemple. Mais selon Van Engelen,
la tendance aux Pays-Bas est inverse, tout comme en Allemagne : les sujets
sont devenus plus longs, d’un style plus narratif. Examinant la longueur des
« petites phrases » dans la couverture des élections, Van Praag et Brants40
ont trouvé qu’aucun des six pays d’Europe de l’Ouest qu’ils analysaient ne
s’approchait des huit secondes observables aux Etats-Unis. Même des
systèmes de médias « commerciaux » comme l’Italie et l’Espagne restaient
respectivement à 26 et 24 secondes. Les Pays-Bas, avec 12 secondes, étaient
les plus proches des Etats-Unis.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
types de programmes plus populaires.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
shows – interventions qui dépassent désormais en nombre celles dans les
journaux télévisés – une certaine croissance des émissions de distraction qui
atteignent le niveau des magazines d’information44. Réserve faite des
émissions de distraction et des créneaux d’expression réservés aux partis, qui
rendent compte de la plupart de la rubrique « autres », le public a aussi
manifesté plus d’intérêt pour suivre le personnel politique dans des
programmes informatifs, que dans les genres de l’infotainment et de la
distraction. Et il s’avère que les programmes informatifs ont aussi été pour
les moins intéressés par la politique, la principale fenêtre où regarder les
politiques en temps d’élection.
Emissions d’information
Emissions de variété
Magazines d’actualité
Talk-shows
Emissions récréatives
Autres
44. La campagne de 2002 s’est trouvée plus ou moins stoppée après le meurtre de Fortuyn,
neuf jours avant les élections. Traditionnellement, les journaux d’information et les
magazines intensifient leur couverture vers la fin de la campagne. Qu’aurait été normalement
le tableau d’ensemble ? Nous ne le saurons jamais.
45. Les émissions d’information correspondent à des situations de dialogue et de confrontation
(débats, entretiens), les magazines d’actualité correspondent à ce qui existe sous ce label en
France (traitement de trois ou quatre sujets sur un créneau d’une heure).
152 Réseaux n° 118
Des différences marquantes étaient observables entre les partis, entre les
leaders des partis et les autres candidats. Bien avant le jour des élections de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
1994, les sondages d’opinion avaient montré que le leader du parti
travailliste (PvdA Partij van de Arbeid), le futur Premier ministre Wim Kok,
avait un problème d’image : lui et son parti étaient perçus comme peu
fiables, peu sensibles (uncaring) et manquant de fibre sociale, des attributs
assez désastreux dans le contexte d’une social-démocratie. L’équipe de
campagne parvient à changer l’image de technocrate qui était celle de Kok.
Leur stratégie consistant à éviter les programmes d’information critiques et
conflictuels, le fait que pratiquement 38 % de ses apparitions aient eu lieu
dans des talk-shows doivent y être pour quelque chose. Quatre ans et une
image quasi présidentielle plus tard, il n’avait alors plus besoin des talk-
shows. En 1998 ses apparitions dans ce genre étaient tombées à 16 %. Son
opposant du parti libéral du marché libre (VVD Volkspartij voor Vrijheid en
Democratie) en 1994 était considéré comme un médiocre communicateur,
trop élitiste. Le parti opta par conséquent pour une équipe de campagne dans
laquelle le premier rôle était attribué à une ancienne sportive fort populaire.
Il se révéla que 15 % du total des apparitions du VVD sur la télévision
concernait des programmes de distraction, plus que dans les journaux
télévisés et les magazines. Lorsque quelqu’un regardait un représentant du
VVD à la télévision, dans 29 % c’était durant un programme récréatif. En
1998 encore, comparés aux représentants des autres partis, les porte-parole
du VVD étaient surreprésentés dans les programmes distrayants.
Les élections de 2002 aux Pays-Bas furent à bien des égards dramatiques.
Un homme politique populaire, aux idées extrêmement xénophobes, Pim
Fortuyn, fut assassiné neuf jours avant l’échéance électorale, entraînant des
démonstrations de tristesse et de deuil jamais vues dans ce pays consensuel.
Même sans leader, la LPF (Lijst Pim Fortuyn) réalisa un raz de marée
électoral, arrivant en deuxième position et plaçant en plein désarroi les partis
qui avaient constitué depuis huit ans le gouvernement (tout spécialement le
PvdA et le VVD). En l’espace de cent jours le nouveau gouvernement de
coalition des chrétiens démocrates (CDA Christen Democratisch Appel), du
LPF et du VVD fut mis en minorité, laissant cette fois les ministres et
parlementaires du PPF en pleines querelles intestines, le parti s’évanouissant
dans les sondages, et perdant les deux tiers de ses sièges aux élections de
janvier 2003. Fortuyn était un populiste qui illustrait tous les paradoxes
d’une société postmoderne et confuse : d’un côté les gens le considéraient
comme authentique, du peuple et avec le peuple, de l’autre côté il
De l’art de rendre la politique populaire… 153
apparaissait dans une Bentley conduite par un chauffeur, avec deux chiens
sur le siège avant, affichant insolemment son attitude et sa rhétorique anti-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
establishment tout comme son homosexualité. Il était énormément sollicité
par la télévision – à la fois par les JT et les magazines d’information parce
qu’il attaquait, coupait la parole, introduisant en général un style conflictuel,
jusque-là considéré comme relevant de l’anathème dans la communication
politique hollandaise mais aussi dans les talk-shows où il ne répugnait pas à
exposer sa différence de style de vie, faisant par exemple état de ses
expériences dans les back-rooms avec de jeunes Marocains, comme preuve
qu’il savait de quoi il parlait quant à la question de l’immigration – au point
qu’il pouvait choisir le programme qui lui convenait ou dans lequel il sentait
qu’il pourrait dire ce qu’il voulait dire, ou celui où il pourrait se moquer des
dirigeants politiques des partis en place, les critiquer et les tourner en
dérision. L’effet durable de tout cela sur la culture de la communication
politique aux Pays-Bas reste encore incertain.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
contenus thématiques et ceux centrés sur la personnalité avec des éléments de
style et de format en les appliquant au continuum information-distraction. A
une extrémité de l’échelle se trouvent les programmes d’information sérieuse
et brûlante, de l’autre, l’accent est mis sur les goûts, les styles de vie, le plaisir.
Du côté « sérieux » nous pourrions attendre, au regard du sujet abordé, des
contenus plus factuels comme des sujets sur les manifestes de partis, les
politiques publiques, les dossiers et les désaccords entre partis politiques ; on
s’y adresserait avec respect aux hommes politiques en raison de leur expertise
ou de leur engagement, on les questionnerait comme experts ou décideurs ; le
style serait sérieux, marqué par une forme de distance professionnelle et de ton
d’objectivité, suggérant la volonté d’informer ; le format serait guidé par
l’efficacité, sans recours aux paillettes d’une musique d’accompagnement ou à
un public actif. Du côté distraction du continuum on pourrait s’attendre à des
sujets plus marqués par un contenu human interest dans lequel le personnel
politique apparaît en tant qu’individu, comme mari ou femme, père ou mère,
mélomane. Ici, l’image et la tension dramatique sont plus importantes que le
message qui doit devenir simple, de préférence enjoué et doté d’une
connotation ou même d’une charge émotionnelle. Le style journalistique serait
plus détendu, en général personnel et ouvert. Il chercherait à distraire plus qu’à
marquer l’indépendance et la critique. Le format serait distrayant, ce qui peut
vouloir dire aussi bien d’un registre légèrement sensationnel que plutôt
émotionnel. Ici le public participerait activement, manifestant son approbation
ou son désaccord.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
utilisées par l’institution chargée des mesures d’audience sont à l’origine
d’une distribution inégale des divers genres dans notre échantillon, mais sans
que cela empêche de comparer tant les genres, que les réseaux publics et
privés. Pour chaque programme la présence de traits relevant de
l’information ou de la distraction a été codée en questionnant le programme.
Pour les caractéristiques de sujets deux questions ont été posées : jusqu’à
quel point le programme rend compte de questions de politiques publiques ?
A quel degré l’attention pour les invités politiques porte-t-elle sur le fond ?
En ce qui concerne les caractéristiques « personnelles », nous avons posé
trois questions : dans quelle mesure le programme traite-t-il des qualités
politiques de l’élu, de ses qualités personnelles, de sa famille ? Pour ce qui
est des caractéristiques propres au style nous avons aussi posé trois
questions : à quel point le présentateur est-il critique ? se comporte-t-il plutôt
comme un animateur ou un journaliste ? Finalement six questions portaient
sur des caractéristiques de forme : part de la composante questions-réponses
par opposition à la part de conversation, musique, participation du public,
éléments de dramatisation, insertion de fiction ou d’autres composantes.
Nous avons traduit les réponses sur une échelle à cinq degrés, de manière à
pouvoir établir un score par variable et un score global. Le score maximal
selon les variables était de : 10 pour les sujets, 15 pour la variable de
personnalisation, 15 pour le style, 30 pour le format, soit un total de 70. Le
mode de codage fait qu’un score élevé signifie qu’un programme est
spécialement dense en « fond », un score bas traduit un fort niveau
distrayant. La nature qualitative de cet exercice et la sélection au hasard des
programmes ne nous ont pas permis de réaliser des observations
longitudinales quant aux tendances au sein des genres de programme. Les
données présentées ici sont celles relatives aux élections de 199846.
Aucun des programmes que nous avons étudiés n’atteint un score de 70.
Aucun programme n’est donc exempt d’éléments distrayants. Dans le même
temps, aucun des quatorze programmes ne peut non plus être caractérisé
comme relevant de la pure distraction. La majorité des programmes allait de
raisonnablement à vraiment informatif : peu d’attention y était accordée aux
grands principes des partis politiques, mais plusieurs des programmes étaient
effectivement centrés sur les dossiers de politiques publiques et sur les
46. Pour la campagne de 1998 nous avons fait usage d’une méthodologie plus simple, quant
aux résultats 2002, ils ne sont pas actuellement disponibles.
156 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
réussi à complètement éviter tout contenu politique de fond. Mais
globalement les programmes étaient plus informatifs que distrayants quant à
leurs sujets, à leur format et degré de personnalisation, à mi-chemin des deux
modèles quant aux caractéristiques de style, quelques-uns des programmes
les plus résolument distractifs correspondant bien à ce qu’on pouvait en
attendre.
Caractéristiques de
Genre et chaîne Sujet Personnalisation Style Format Total
(0…10) (0…15) (0…15) (0…30) (0…70)
Magazine d’actualité (public) 9 10 14 26 59
Magazine d’actualité (public) 9 10 15 24 58
Journal télévisé (public) 7 11 12 27 57
Talk-show (public) 9 9 12 26 56
Magazine* (public) 7 11 11 27 56
Journal télévisé (privé) 0 12 15 29 56
Magazine d’information (public) 2 11 12 28 53
Magazine d’information (public) 10 10 7 19 46
Talk-show (privé) 7 11 8 18 44
Talk-show (privé) 9 8 5 19 41
Talk-show (public) 0 6 1 23 30
Emission récréative (public) 0 6 0 21 27
Magazine (privé) 2 5 1 16 24
Emission récréative (public) 2 4 1 11 18
* Dans l’échantillon néerlandais, les « magazines » sont des émissions thématiques hybrides (entretiens,
rubriques thématiques, recettes de cuisine) le plus souvent diffusées l’après-midi.
De l’art de rendre la politique populaire… 157
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
niveau d’information, et cela même pour deux talk-shows. La première
impression est que les autres programmes des chaînes privées étaient plus
tournés vers la distraction que les huit des réseaux publics. Cependant les deux
talk-shows du privé se situent au-dessus de la moyenne sur la densité du fond,
alors que le journal télévisé privé, sans information politique, a pu constituer
un cas statistiquement aberrant, dû à la procédure d’échantillonnage.
Nous avons vu précédemment que dans une comparaison sur trois semaines de
deux programmes d’information privés et un public en 1998, tous trois
comportaient plus de 50 % de couverture informative consacrée aux
élections47. Bien que tous les programmes aient quelque composante
distrayante, les résultats ici montrent aussi qu’il n’y a pas de corrélation entre
le score de « fond » (substantiveness) d’un sujet et les caractéristiques de style
et de format du programme. En d’autres termes : des programmes de style très
distrayant peuvent en même temps être très informatifs quant à leur contenu.
Simultanément certains programmes qui sont « sérieux » quant à leur format,
peuvent manquer complètement de contenu informatif de fond. Un talk-show
peut en dire plus sur les qualités d’un candidat qu’un JT ou un magazine sur
les grands dossiers et les choix politiques, et les programmes des réseaux
privés ne sont pas plus considérablement orientés vers la distraction dans leur
traitement de la politique que ceux des diffuseurs publics.
Pour peser le pour et le contre, il faut être sûr de ce que sont les dangers. La
« variétisation », la popularisation de la politique à la télévision me semblent
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
problématiques sous trois conditions : si telle est la forme dominante dans
laquelle elle est traitée, si cela se fait pour masquer quelque chose d’autre, ou
si cela conduit à une image déformée de la politique. Aucune de ces
conditions ne semble clairement observable.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Il est cependant plus problématique – ou d’un autre point de vue, rassurant –
qu’un certain nombre de travaux aient remis en cause la croyance dans la
valeur cognitive de la télévision. Dans une synthèse fouillée des études
américaines, Robinson et Davis49 concluent que, par rapport à la lecture de
quotidiens, le suivi des informations télévisées est de peu d’aide pour être
informé. La télévision est perçue et utilisée comme machine de plaisir, et
cette attitude à elle seule entrave la compréhension. En comparant
télévisions publiques et privées aux Pays-Bas, Kleinneijenhuis50 et al.
dressent un tableau plus complexe, dans lequel l’acquisition de
connaissances est tributaire des connaissances antérieures, des motivations et
de l’information disponible. Ils concluent que l’information télévisée est
moins pertinente pour acquérir les connaissances complexes nécessaires
pour opérer des choix rationnels. Par ailleurs, comme le soutient John
Zaller51, parce que les résultats électoraux ont plus d’incidences sur les
individus que les individus n’en peuvent avoir sur les résultats électoraux,
l’électeur rationnel sera plus intéressé par l’information sur la façon dont
l’élection risque de se dénouer que dans de l’information qui l’aiderait à
voter avec sagesse. Que cela plaise ou non, et qu’on soit ou non en
désaccord avec l’approche en termes de « choix rationnel », ces résultats
éclairent la communication politique d’une autre lumière.
Si une stratégie de campagne est orientée vers l’infotainment pour éviter les
questionnements trop pointus des journalistes politiques, nous pourrions
avoir un problème. Et ce serait pire si cela voulait dire tromper, ou du moins
cacher quelque chose au public, ne pas tout lui dire et plutôt projeter une
image qui – si elle était démasquée – pourrait conduire les gens à prendre
d’autres décisions. Une des fonctions centrales des journalistes dans une
démocratie participative, qui est de faire rendre compte aux puissants de la
manière dont ils ont exercé le pouvoir, ne pourrait alors plus être prise en
charge. Un tel exemple pourrait être trouvé dans la stratégie de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
non traditionnels de talk-shows et de médias locaux, présumés acritiques52.
De tels exemples de comportements existent aussi probablement en matière
de communication politique dans des pays européens. Mais, autant que je le
sache, aucune recherche systématique sur ces questions n’existe. Alors
Premier ministre des Pays-Bas, Wim Kok a appliqué une stratégie de
contournement en 1994, lorsqu’il refusa plusieurs fois d’intervenir dans les
journaux télévisés nationaux sur des dossiers mis en avant par ses opposants,
tout en assistant de fort bonne grâce à de nombreux talk-shows, ou en
rendant visite à des chaînes de télévision locales. Mais cette stratégie
comporte un risque paradoxal, que Zaller53 a formulé dans ce qu’il nomme
« la règle de substitution des produits ». Plus les journalistes sont
efficacement défiés quant à leur contrôle sur une juridiction d’information,
plus ils chercheront avec acharnement à développer des types nouveaux et
originaux d’information qu’ils puissent substituer à ce que le personnel
politique fournit, qui réaffirment globalement le contrôle journalistique des
communications de masse.
Cette réaction aux tentatives des élus pour s’assurer du contrôle de l’agenda
des médias s’est traduite, aux Etats-Unis au moins, par une façon
essentiellement négative d’évaluer les leaders politiques de la part des
journalistes. Ils utilisent les opposants comme des outils pour dévaluer tout
point de vue d’un leader politique54. Cappella et Jamieson55 ont soutenu, en
l’étayant de données empiriques, que ce type de couverture négative et
tournée vers le conflit avait conduit au cynisme public et à un déclin de la
confiance dans le système politique américain. La même humeur
antipolitique, nourrie par le populisme électronique d’une information
conflictuelle, peut par exemple être trouvée dans l’audiovisuel italien depuis
la venue au pouvoir de Berlusconi. Roncarolo56 met cependant l’accent sur
le rôle positif de l’infotainment à l’égard de l’establishment du journalisme
politique, qui a brisé le système consociationnel figé qui régissait la
communication politique en Italie. Enfin, il n’existe pas de preuve, ou bien
peu de ce qu’en Europe un lien causal unidirectionnel existe entre la manière
négative dont la politique est dépeinte – que ce soit dans les journaux
télévisés ou l’infotainment – et le cynisme politique du public57.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
L’infotainment comme séduction
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
puissent dévaluer les apports de l’expertise, et renforcer la pression en faveur
de solutions à très court terme aux problèmes politiques, bien davantage que
consolider le sentiment de la capacité d’influence par le public. Mais ils
idéalisent simultanément l’autre journalisme politique, celui qui sollicite les
experts, un discours intelligent et compréhensible basé sur l’échange
d’arguments, où les gens s’écoutent mutuellement, des discussions qui sont
contextualisées, qui parviennent à des conclusions… bref un genre de
journalisme qui n’existe guère et qui, dans le cas inverse, n’attire qu’un
public en général limité aux happy few. A l’inverse, le mélange de détente et
de conscientisation qu’on peut trouver dans certains talk-shows pourrait bien
réconcilier le populaire et la politique.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
BLUMLER J.G. (1990), “Elections, the Media and the Modern Publicity Process”,
in Ferguson M. (ed.), Public Communication: the New Imperatives, London, Sage,
p. 101-114.
BLUMLER J.G. (ed.) (1992a), Television and the Public Interest, London, Sage.
BLUMLER J.G. (1992b), “The Civic Communication Task of Public Service
Broadcasting: Lessons from Election Observation at the BBC”, Communication au
colloque What Future for Public Service Broadcasting?, Londres.
BLUMLER J.G., GUREVITCH M. (1995), The Crisis of Public Communication,
London, Routledge.
BLUMLER J.G., KAVANAGH D. (1999), “The Third Age of Political
Communication: Influences and Features”, Political Communication, n° 16/3,
p. 209-230.
BOURDIEU P. (1998), Sur la télévision, Liber, 1996.
BRANTS K., CABRI E., NEIJENS P. (2000), “Hoe informatief en hoe leuk?
Infotainment in de campagne” [Informatif ou amusant ? L’infotainment en
campagne), in Van Praag Ph., Brants K. (eds), Tussen beeld en inhoud. Politiek en
media in de verkiezingen van 1998 (Entre image et substance. Politique et médias
dans les elections de 1998), Amsterdam, Het Spinhuis, p. 134-154.
BRANTS K., VAN PRAAG Ph. jr. (1995), Verkoop van de Politiek. De
verkiezingscampagne van 1994, Amsterdam, Het Spinhuis.
BRANTS K., NEIJENS P. (1998), “The infotainment of Politics”, Political
Communication, 15/2, p. 149-165.
BROKAW T., FALLOWS J., HALL JAMIESON C., MATALIN M., RUSSERT T.,
KALB M. (1997), “Talk Show Democracy 96”, Press/Politics, 2/1, 4-13.
BRUNS Th., MARCINKOWSKI F. (1996), Konvergenz Revisited. Neue Befunde zu
einder alteren Diskussion, Rundfunk und Fernsehen 44/4, p. 461-479.
CANNINGA L. (1994), “Een vergelijkende analyse van de nieuwscultuur in de
buitenlandse berichtgeving op BRTN, VTM, NOS en RTL”, Media & Maatschappij,
4/1.
CAPPELLA J., HALL JAMIESON C. (1996), “News frames, political cynicism and
media cynicism”, in Media and Politics, special edition of The Annals of the
American Academy of Political Science, p. 71-84.
164 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
Communication and Citizenship. Journalism and the Public Sphere in the New
Media Age, London, Routledge, p. 176-195.
DAHLGREN P. (1998), “Enhancing the Civic Ideal in Journalism”, in Brants K.,
Hermes J., Van Zoonen L. (eds), The Media in Question. Popular Cultures and
Public Interests, London, Sage, p. 89-101.
DE BENS E. (1998), “Television Programming: More Diversity, More
Convergence?”, in Brants K., Hermes J., Van Zoonen L., The media in question.
Popular culture and public Interest, London, Sage.
FRANKLIN B. (1994), Packaging Politics. Political Communication in Britain’s
Media Democracy, London, Edward Arnold.
GODDARD P., SCANNELL M., SEMETKO H. (1998), “Too much of a good
thing? Television in the 1997 election campaign”, in Crewe I., Gosschalk B.,
Bartle J. (eds), Why Labour won the General Election of 1997, London, Frank Cass,
p. 149-75.
HALLIN D. (1996), “Commercialism and Professionalism in the American News
Media”, in Curran J., Gurevitch M. (eds), Mass Media and Society, London, Edward
Arnold, p. 243-264.
HALLIN D. (1998), “A Fall from Grace”, Media Studies Journal, Spring/Summer,
p. 42-47.
HEINDERYCKX F. (1993), “Television news programmes in Western Europe: a
comparative study”, European Journal of Communication, 8/3, p. 425-450.
HVITFELT H. (1994), “The commercialization of the evening news: changes in
narrative techniques in Swedish TV news”, The Nordicom Review, n° 2, p. 33-41.
JARREN O. (1998), “Medien, Mediensystem und politische Oeffentlichkeit im
Wandel” [Média, système de médias et changements de l’espace public], in
Sarcinelli U. (Hrsg), Politikvermittlung und Demokratie in der Mediengesellschaft
[Médiatisation de la politique et démocratie dans la société des médias), Bonn,
Bundeszentrale für politische Bildung, p. 74-95.
KAVANAGH D. (1997), “Media and Elections: an Unhappy Marriage?”,
Communication au colloque Images of Politics, Amsterdam.
KLEINNIJENHUIS J., PEETERS A., HIETBRINK A., SPAANS N. (1991), “Het
nieuwsaanbod van NOS en RTL4 en wat de kijkers ervan leren” [L’offre
d’information de NOS et RTL4 et ce que les téléspectateurs en apprennent],
Massacommunicatie, 19/3, p. 197-226.
De l’art de rendre la politique populaire… 165
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
7/96, p. 362-375.
McMANUS J. (1994), Market-Driven Journalism: Let the Citizen Beware?
Thousand Oaks, CA, Sage.
MOOG S., SLUYTER-BELTRAO J. (2000), “The transformation of political
communication?”, in Axford B., Huggins R. (eds), New Media and Politics. London,
Sage, p. 30-64.
NIMMO D., COMBS J. (1985), Nightly Horrors. Crisis Coverage by Television
Network News, Knoxville, University of Tennessee Press.
NORRIS P. (2000), The virtuous circle: political communications in post-industrial
democracies, Cambridge, Cambridge University Press.
PATTERSON T.E. (1994), Out of Order, New York, Vintage.
PFETSCH B. (1996), “Convergence through Privatization? Changing media
environments and televised politics in Germany”, European Journal of
Communication, vol. 11, p. 427-451.
POWERS A., KRISTJANDOTTIR H., SUTTON H. (1994), “Competition in Danish
television news”, The Journal of Media Economics, 7/4, p. 21-30.
ROBINSON J.P., DAVIS D.K. (1990), “Television news and the informed public”,
Journal of Communication, 40/1, p. 106-119.
RONCAROLO F. (2002), “A crisis in the mirror: old and new elements in Italian
political communication”, in Kuhn R., Neveu E. (eds), Political journalism: new
challenges, new practices, London, Routledge, p. 69-92.
ROSENSTIEL R. (1993), Strange Bedfellows. How television and the presidential
candidates changed American politics, New York, Hyperion.
SCHULZ W. (1997), “Changes of Mass Media and the Public Sphere”, Javnost/The
Public, 4/2, p. 57-70.
SIUNE K. (1998), “Is Broadcasting Policy Becoming Redundant?”, in Brants K.,
Hermes J., Van Zoonen L., (eds), The media in question. Popular cultures and public
interests, London, Sage, p. 18-27.
SWANSON D. (1997), “The political-media complex at 50: putting the 1996
presidential campaign in context”, American Behavioral Scientist, 40/8, p. 1264-82.
VAN CUILENBURG J. (1997), “Access and Diversity in Communications and
Information”, Communication au congrès de l’ASCoR, 18/19 septembre, Amsterdam.
VAN ENGELEN M. (1997), Televisienieuws onder druk, Unpublished MA-thesis,
University of Amsterdam.
166 Réseaux n° 118
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universiteit van Amsterdam - - 146.50.98.28 - 26/03/2015 13h04. © La Découverte
omroepen versus commerciele omroepen [Stratégies des diffuseurs publics face au
privé], Communication au 13e congrès Flamand voor Communicatiewetenschap,
Gent, p. 24-48.
VAN PRAAG Ph., BRANTS K. (2000), “Het televisienieuws: inhoud en strijd”
[TV-news: substance and struggle], in ibid. (eds), op. cit., Amsterdam, Het Spinhuis,
p. 58-86.
VAN PRAAG Ph. BRANTS K. (2001), “Is there a spiral of cynicism outside the
USA?”, Communication à la Dutch Political Science Association, Veldhoven.
ZALLER J. (1997), “The political economy of election news”, Communication au
congrès de l’APSA, Washington.
ZILLMANN D., GIBSON R., ORDMAN V., AUST C. (1994), “Effects of Upbeat
Stories in Broadcast News”, Journal of Broadcasting and Electronic Media, 38,
Winter, p. 65-78.