Le jeûne et la santé
Du renforcement du système immunitaire à une inversion du cours du diabète de type II, du
rajeunissement de la peau à une prévention des maladies neurodégénératives, d’une limitation de
l’effet des substances toxiques à une favorisation de la guérison des lésions de la moelle épinière,
d’une aide dans le traitement du cancer à la prévention des infarctus, ou encore d’une diminution
des inflammations chroniques à une régénération des capacités de fertilité, de nombreuses études
présentent des résultats époustouflants.
Avec l’âge, il est plus difficile de maigrir. Jeûne intermittent, jeûne périodique, jeûne modifié, jeûne
hydrique ou jeûne sec, les méthodes sont variées. Comment utiliser le jeûne pour venir à bout de la
graisse abdominale la plus tenace ou pour perdre du poids quelque soit l’âge sans jamais le
reprendre ?
Certains affirment que jeûner rajeunirait l’organisme. Qu’en est-il réellement ? Comment la science
peut-elle expliquer ce phénomène ? Comment les vétérinaires russes prolongeaient la vie des
animaux ? Le jeûne sec pourrait-il être la fontaine de jouvence que l’homme recherche depuis des
millénaires ?
Du jeûne guerrier au jeûne initiatique, du jeûne shamanique au jeûne de pénitence, l’auteure guidera
le lecteur dans le labyrinthe de l’histoire à la découverte du jeûne dans les différentes civilisations.
Ensuite, elle s’attachera à faire la lumière sur l’abondante recherche scientifique disponible dans ce
1
domaine des États-Unis à la Russie. Enfin, elle présentera au lecteur de nombreux témoignages
d’individus qui ont utilisé leur expérience du jeûne pour leur plus grand bonheur.
Ces résultats remarquables ne doivent pas occulter les dangers de cette discipline encore non
maîtrisée. Il est donc recommandé de se rapprocher d’un centre de jeûne ou d’un médecin dans la
perspective d’une abstinence alimentaire de longue durée.
Note : Cette chronique est une chronique invitée écrite par Thierry Reid du blog Thierry Reid
– Reprendre sa santé en main.
2
Chronique et résumé de « Le pouvoir du jeûne – Maigrir,
guérir, rajeunir » de Yéléna C. Kentish :
Introduction
En guise d’introduction, Yéléna C. Kentish nous partage les moments de sa vie personnelle
qui l’ont un jour amenée à expérimenter le jeûne, malgré un certain scepticisme de prime
abord.
Lassée de ses problèmes de peau récalcitrants dont aucun traitement dermatologique ne vient
à bout, elle se lance en désespoir de cause dans un jeûne de seize jours après avoir visionné le
reportage de la chaîne ARTE « Le jeûne, une nouvelle thérapie » (de Lestrade, 2011).
Yéléna entreprend alors de valider son expérience de manière objective, mais constate
rapidement le manque de consensus à ce sujet au sein du corps médical français.
C’est ce constat qui donna l’impulsion à Yéléna d’enquêter pour faire la lumière sur la
pratique du jeûne dans une démarche de recherche de vérité la plus rationnelle, objective et
scientifique qui soit.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, elle nous livre les questions fondamentales qui
donneront la direction à son enquête :
L’auteure rappelle que le jeûne, à notre époque contemporaine, a souvent été utilisé comme
moyen de pression contre l’autorité. Est cité notamment l’exemple du Mahatma Gandhi qui
aura jeûné plus de 17 fois pour exprimer son opposition à la Couronne britannique.
En se basant sur ce type d’évènements, on serait alors tenté de considérer le jeûne comme
quelque chose de négatif. Le jeûne est-il pour autant obligatoirement lié à une situation
anormale ?
3
Le jeûne dans le règne animal
L’abstinence de nourriture à plus ou moins long terme est courante chez de centaines
d’espèces animales vivant en milieu naturel.
Le jeûne semble avoir traversé les multiples cultures, religions et traditions spirituelles que
l’humanité a connu. On retrouve alors le jeûne :
4
Dans les religions d’Extrême-Orient (hindouisme, jaïnisme, taoïsme et bouddhisme).
Le jeûne contribue à la vie spirituelle et l’amplifie.
De bien-être (peuple Massaï de Tanzanie et du Kenya).
Shamanique, ascétique, initiatique, d’incubation…
Note : le contexte historique de tous ces différents jeûnes est développé de manière exhaustive
dans le livre.
Le jeûne n’est pas seulement considéré pour des raisons religieuses ou spirituelles, mais
également comme une pratique de développement personnel.
Alors qu’au cours des premiers siècles de notre ère, le jeûne était reconnu comme un outil
thérapeutique holistique, celui-ci est progressivement relayé au rang d’instrument de
pénitence. On ne jeûne alors plus pour se soigner ou pour améliorer les capacités de son
corps, mais pour expier ses péchés et pour plaire à Dieu.
Il faudra attendre notre époque moderne pour voir le jeûne thérapeutique renaître de ses
cendres.
Les recherches du Dr George Cahill Jr au cours du XXè siècle ont permis de faire la lumière
sur le métabolisme du glucose et de comprendre comment l’ancêtre de l’homme moderne a pu
survivre à des périodes de famine.
Les glucides (encore appelés sucres ou parfois hydrates de carbone) sont la première réserve
d’énergie. Ils sont stockés sous forme de glycogène dans le foie et les muscles. Ils ont
5
toutefois une capacité de stockage limitée par le foie et la masse musculaire et possèdent une
densité énergétique qui n’est que de 4 kcal/g.
Les protéines sont la seconde forme d’énergie. Composés d’un ensemble d’acides aminés,
elles agissent dans la construction et le renouvèlement des muscles, organes et glandes. Les
protéines en excès sont éliminées dans l’urée car elles ne peuvent pas être stockées. Elles
possèdent une densité énergétique équivalente à celle des glucides : 4 kcal/g.
Les lipides (graisses ou triglycérides) sont la troisième forme d’énergie. C’est l’énergie de
stockage par excellence. Leur densité énergétique est plus de deux fois plus importante que
celles des glucides et des protéines : 9 kcal/g.
Une fois la nourriture absorbée, on peut distinguer 3 états successifs dans l’organisme :
Lors d’un jeûne court (environ 24 heures), le cerveau et les nerfs peuvent encore utiliser le
glucose à partir des réserves de glycogène (ou produit en interne à partir des graisses ou des
protéines).
Les organes comme le coeur, les reins et les muscles squelettiques quant eux pourront
utiliser les acides gras libérés dans le sang (ou les corps cétoniques en partie).
En théorie, tant qu’une personne possède un stock de réserves de graisses suffisant, elle peut
donc s’abstenir de manger. Un stock de 12 à 16 kg de graisses permet une survie jusqu’à trois
mois (3). Le Dr Cahill confirme qu’une personne obèse est en mesure de jeûner plusieurs
mois (4).
Le carburant du cerveau
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Lors d’un jeûne long, le cerveau est nourri à 75 % par les corps cétoniques, et à 25 % par le
glucose. Les 25 % de glucose étant produits par le foie à partir de composés non glucidiques
(néoglucogenèse).
Durant les 48 premières heures de jeûne, la néoglucogenèse se fait essentiellement à partir des
protéines. Il peut donc en résulter un début de fonte musculaire qui seront régénérés à la
réalimentation.
Après 3 jours de jeûne, le catabolisme des protéines diminue fortement en même temps que la
production de corps cétoniques augmente, ce qui permet au tissu musculaire de se maintenir
pendant un temps d’abstinence alimentaire potentiellement long.
o L’équilibre du sucre sanguin ;
o Un stockage optimal du glycogène ;
o Un apport optimal de protéines pour les enzymes et les muscles ;
o La réserve de protéines, essentielle pour la survie, en utilisant de multiples
voies métaboliques (5) ;
Trois évènements doivent avoir lieu pour pouvoir qualifier un jeûne de thérapeutique.
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1. La cétose. À ne pas confondre avec l’acidocétose qui ne concerne que les diabétiques
type 1 non traités. De nombreuses études ont démontré l’efficacité des corps
cétoniques pour améliorer de nombreux états pathologiques et troubles
métaboliques (7). Le temps d’adaptation à la cétose peut être variable selon les
personnes, car il dépend du niveau de sensibilité à l’insuline.
2. La crise d’acidose. Une augmentation de l’acidité est nécessaire pour déclencher les
effets thérapeutiques de l’autophagie. Celle-ci est en partie générée par l’augmentation
des corps cétoniques dans le sang. (8)
3. L’autophagie (ou autolyse). Il s’agit d’un mécanisme de nettoyage et de recyclage
des composants usés. L’importance de l’autolyse dans le maintien de la santé est
désormais reconnue au niveau scientifique. On sait par exemple qu’un
dysfonctionnement du mécanisme autophagique est responsable de nombreuses
maladies chroniques et de cancers (9).
Les lecteurs de cet article ont également lu : Personal Development for Smart People (Le
Développement Personnel pour les gens intelligents)
Pour comprendre en quoi le stress n’est pas nécessairement quelque chose de négatif, il faut
s’intéresser à la notion d’hormèse.
Chapitre 3 – L’hormèse
L’hormèse est le processus biologique dans lequel une petite quantité d’un agent nuisible
engendre une réaction bénéfique de l’organisme conduisant celui-ci à s’améliorer. (10)
8
On peut distinguer deux étapes dans ce processus :
L’auteure cite comme exemples de facteurs de stress, parmi les plus courants : les dépenses
énergétiques (activités physiques ou intellectuelles), les restrictions caloriques, le jeûne,
l’hypoxie, le chaud et le froid, les toxines, les médicaments, les drogues.
Le jeûne est un facteur de stress important qui rentre parfaitement dans le cadre de l’hormèse.
(11)
L’hormèse s’explique très bien dans un contexte naturel. Les capacités d’adaptation de
nos ancêtres vivant en milieu naturel étaient régulièrement stimulées par les conditions
environnementales changeantes telles que la météo, par l’ingestion de certaines toxines en
petite quantité (dans l’eau ou dans les végétaux par exemple), mais aussi par l’absence
temporaire d’accès à la nourriture.
Le Dr Youri Nikolaïev (1905-1998) est un médecin russe, il est considéré comme le plus
grand spécialiste du jeûne hydrique. Ayant fait pratiquer le jeûne à l’eau à des milliers de
patients depuis les années 1950, il définit celui-ci en 5 étapes importantes.
La durée de ces différentes étapes peut toutefois être variable en fonction des individus.
9
Les 5 étapes du jeûne hydrique ou jeûne à l’eau selon le Dr Nikolaïev
L’auteure mentionne l’existence de nombreuses variantes du jeûne hydrique, mais aussi des
divergences sur la méthodologie.
Par exemple, le naturopathe Herbert Shelton (1895-1985), connu pour avoir supervisé environ
40 000 jeûnes, considère la nécessité impérieuse d’être au repos afin de ne pas puiser dans les
réserves d’énergie inutilement.
À l’inverse, le médecin allemand Otto Büchinger (1878-1966), qui créa sa propre clinique de
jeûne en Allemagne dans les années 1920, considère les exercices physiques recommandés
car favorisant la circulation et augmentant l’excrétion par la peau des toxines au travers
de la transpiration. Le Dr Youri Nikolaïev est du même avis et considère l’inactivité néfaste.
10
Au-delà des différences de points de vue sur les protocoles, le fait est que les vertus
thérapeutiques du jeûne sont maintenant largement avérées et documentées. L’équipe de
médecins officiant à la clinique Büchinger a répertorié les pathologies ayant fait l’objet
d’études favorables pour le jeûne thérapeutique (14).
Devant la multiplicité des méthodes de jeûnes, l’auteure nous présente sa propre synthèse des
recommandations générales à prendre en considération lorsqu’on se lance dans un jeûne
hydrique.
11
9. L’épreuve de la douleur. Le vécu du jeûne est tout à fait personnel. Le jeûne reste
néanmoins une épreuve. Ce n’est pas une partie de plaisir, mais une invitation à sortir
de sa zone de confort pour se dépasser et devenir une meilleure version de soi-même.
10. Ce sont des recommandations. Yéléna précise qu’elle a réalisé son premier jeûne
sans aucune préparation alimentaire. Les recommandations ne sont donc pas des
impératifs absolus. Néanmoins, si vous n’êtes pas en bonne santé, elles représentent
des mesures de sécurité bienvenues.
Le jeûne intermittent consiste à alterner de manière quotidienne des périodes de jeûne et des
périodes d’alimentation. Parmi toutes les variantes que l’auteure mentionne, les plus connues
sont le jeûne 16/8 (16 heures de jeûne et 8 heures d’alimentation par jour) et la Warrior Diet
(un repas principal par jour).
L’efficacité du jeûne intermittent réside dans sa régularité. Il faut le pratiquer sur le long
terme pour en tirer tous les bénéfices.
Yéléna C. Kentish fait ici une précision importante. Une erreur souvent commise consiste à
confondre les effets du jeûne intermittent avec ceux que procurent les jeûnes périodiques.
Bien qu’ayant des effets bénéfiques sur certains aspects (amélioration de la sensibilité à
l’insuline notamment) (15), le jeûne intermittent ne procure pas les mêmes niveaux
d’autophagie, de réparation et de régénération cellulaires que les jeûnes de plusieurs jours
consécutifs.
Yéléna donne deux recommandations importantes à ne pas négliger après le jeûne journalier
au moment de la reprise alimentaire.
Tout d’abord, la première est de faire attention à ne pas tomber dans la crise boulimique
durant la phase de réalimentation. Ce problème peut survenir en particulier si l’on souffre de
12
résistance à l’insuline et que l’on rompt son jeûne avec beaucoup des glucides. Il est donc en
général plutôt conseillé de commencer par des légumes, graisses et protéines.
Le jeûne sec est l’acte de privation de nourriture et d’eau durant un certain temps.
Etant donné son niveau sévérité, le jeûne sec ne peut être pratiqué que quelques jours et
toujours au repos. Les résultats sont alors spectaculaires.
Le Dr Filonov, spécialiste du jeûne sec, possède un centre de jeûne près du fleuve Katoun en
Russie. Il détermina les différentes phases successives durant un jeûne sec, tout comme le fit
le Dr Nikolaïev pour le jeûne hydrique (voir chapitre 4).
Ces étapes sont globalement les mêmes qu’en jeûne hydrique (excitation, crise d’acidose,
etc.). Elles sont cependant ici plus courtes et généralement plus intenses.
Le besoin d’adaptation de l’organisme provoqué par le jeûne sec entraîne une dégradation
trois à quatre fois plus rapide des graisses qu’avec le jeûne hydrique.
En tant que débutant, il est conseillé de s’en tenir à des jeûnes secs d’un ou deux jours au
maximum. Mais pour un organisme correctement préparé, il est possible de le pratiquer
jusqu’à une dizaine de jours sans risque de déshydratation.
Contrairement à une croyance répandue, l’homme peut survivre sans apport d’eau bien plus
de 3 jours. Pour la bonne et simple raison que de l’eau endogène (dite métabolique) de très
haute qualité est, dans certains cas, fabriquée à partir de nos propres réserves.
13
Des études ont en effet montré que le glycogène et la graisse peuvent servir de réserve
d’eau en cas de raréfaction de celle-ci (16). Cela explique non seulement pourquoi le jeûne
sec est possible, mais également pourquoi il est plus efficace que le jeûne hydrique à durée
équivalente, le catabolisme des tissus étant amplifié.
Mais parce qu’il est plus efficace, donc plus « violent » (plus catabolique), il doit aussi se
pratiquer avec plus de discernement et exige une préparation adéquate.
D’après le docteur Filonov, le jeûne sec long peut générer des gaz de fermentation toxiques
(tels que l’hydrogène sulfuré). Ces endotoxines empoisonnent le sang et doivent alors être
éliminées par les organes extracteurs (poumons, peau…) ce qui peut générer de l’inconfort.
Préparer le corps permet d’adoucir le processus d’évacuation des toxines et de rendre le
jeûne sec plus supportable.
Tout comme pour le jeûne hydrique, la phase de réalimentation après un jeûne sec est cruciale
et fait partie intégrante du jeûne.
L’auteure illustre cette importance en prenant l’exemple du ramadan (qui est un jeûne sec
quotidien). Chaque année, les journaux musulmans rapportent une augmentation des gastro-
entérites et autres problèmes intestinaux survenant juste après la rupture du jeûne au coucher
du soleil.
Dans le cadre d’un jeûne sec de plusieurs jours, le Dr Filonov recommande de boire deux
litres d’eau plate très lentement en gardant chaque gorgée aussi longtemps que possible
dans la bouche. La phase de réhydratation doit durer au moins deux heures.
Après cette phase seulement, on pourra appliquer les mêmes recommandations de sortie de
jeûne qu’en cas de jeûne hydrique et commencer à se réalimenter progressivement (voir
chapitre 4).
Le jeûne sec, pratiqué de manière périodique et sans excès, peut à terme engendrer de
nombreuses améliorations de la santé, entre autres : meilleure résistance au froid,
amélioration de la vue, amélioration de la pression artérielle, disparition de la mauvaise
haleine, rajeunissement cellulaire de 10 à 15 ans. (8)
14
Le Dr Papagiannopoulos et son équipe de chercheurs ont supervisé une étude d’un jeûne sec
de cinq jours sur dix personnes. Cinq hommes et six femmes en bonne santé apparente, âgés
de 19 à 66 ans, ont été suivis pendant dix jours au total (2 jours avant le jeûne, pendant le
jeûne et 3 jours après la fin du jeûne). De nombreux paramètres métaboliques ont été
contrôlés pendant le suivi.
Il n’a pas été effectué de préparation particulière pour cette expérience, mais il faut prendre en
compte que les participants étaient en bonne santé, ce qui n’est pas toujours le cas des
personnes qui souhaitent expérimenter le jeûne.
Ces résultats sont encourageants même s’il faut admettre que les études sur le jeûne sec sont
encore peu nombreuses si on les compare avec l’abondante littérature scientifique disponible
sur le jeûne hydrique.
L’auteure rappelle que l’efficacité du jeûne sec ne doit pas occulter sa dangerosité
potentielle… Voici ses dix recommandations.
1. Bien se renseigner, pour savoir à quoi s’attendre. Le jeûne sec peut être contre-
indiqué dans le cas de certaines pathologies avancées (problèmes rénaux importants,
diabète de type I).
2. Pratiquer le jeûne hydrique quelques jours avant d’entamer un jeûne sec.
3. Baisser sa consommation de protéines dix jours avant, ainsi que les sucres «
rapides » (on parle de mauvais sucres ici, autre que ceux contenus dans les fruits et
légumes) et les stimulants comme le café.
4. S’entraîner en faisant de petits jeûnes secs réguliers (1 à 2 jours).
5. Commencer son jeûne avec un verre d’eau tiède dans lequel est dissous une cuillère
de bicarbonate de soude pour diminuer l’acidité.
6. Pratiquer une activité physique douce pendant le jeûne (marche, exercice de
respiration) car rester allongé pendant 3 jours peut augmenter l’acidité. Faire une
sieste si besoin.
7. La sensation de soif peut éventuellement être soulagée avec des bains de bouches
froids ou douches froides. Avoir la bouche sèche est normal, mais la production de
salive doit toujours être présente (si ce n’est pas le cas, le jeûne doit être stoppé).
8. À la rupture du jeûne, boire un litre d’eau très lentement, par petites gorgées.
9. Se réalimenter avec des jus de légumes dilués, puis des bouillons ou soupes, avant
de réintroduire des aliments solides.
10. Ce sont des recommandations. Yéléna n’a pas fait de préparation particulière et son
premier jeûne sec de 68 heures s’est très bien passé. Il ne s’agit donc pas de règles
absolues mais de précautions.
Vous souhaitez en savoir plus sur le jeûne sec ? Je vous recommande la lecture de mon
article : Pourquoi je préfère le jeûne sec au jeûne hydrique ?
Faut-il manger moins et se dépenser plus pour maigrir ? Les connaissances récentes sur le
métabolisme nous permettent aujourd’hui de considérer cette théorie comme trop simpliste.
L’un des problèmes clairement identifiés dans les problèmes de surpoids est la résistance à
l’insuline.
Les cellules chargées d’absorber le glucose ont besoin d’insuline. Lorsque ce mécanisme est
sollicité de manière trop fréquente et trop intense, il finit par s’user avec les années. Les
cellules deviennent alors résistantes à l’insuline. Elles ont besoin de plus d’insuline pour
absorber une quantité équivalente de glucose.
À terme, cela conduit à des niveaux d’insuline chroniquement trop élevés, un épuisement du
pancréas et des problèmes de glycémie (diabètes).
Un niveau d’insuline élevé empêche d’aller puiser dans ses réserves de graisses. La perte de
poids devient alors impossible.
De nombreuses études sur les animaux et humains montrent que la résistance à l’insuline est
réversible, notamment grâce à la pratique régulière d’exercices physiques à haute intensité
(18), aux diètes faibles en glucides (19) ou au jeûne intermittent (20).
L’efficacité du jeûne intermittent réside dans le maintien d’un niveau bas d’insuline. Ainsi,
plus la période de jeûne est longue, moins l’insuline est sollicitée. La mobilisation des
triglycérides du tissu adipeux serait la plus importante avec un jeûne intermittent de 18 à 24
heures (21).
Les premiers jours, il peut être nécessaire de limiter la consommation de glucides à indice
glycémique élevé durant la phase de réalimentation.
Un autre élément à prendre en compte est l’exercice physique intense de courte durée
(entraînement fractionné). Combiné au jeûne intermittent et pratiqué durant la phase de
jeûne, il permet d’accélérer la perte de poids.
16
Le jeûne hydrique (plusieurs jours consécutifs) demandera plus de motivation qu’un jeûne
intermittent à cause du stress généré par les changements métaboliques à partir du 3è jour
(voir chapitre 4).
Ainsi, l’auteure conseille de passer sur un jeûne intermittent à partir du 10è jour de jeûne, la
perte de poids diminuant à 200 g par jour environ à partir de ce moment-là.
Le jeûne sec est le moyen le plus rapide pour perdre de la graisse (voir chapitre 6).
Néanmoins, l’auteure rappelle qu’un jeûne sec peut être très désagréable si l’on ne s’est pas
habitué au jeûne hydrique auparavant.
L’une des craintes récurrentes est de reprendre le poids perdu après la fin du jeûne.
L’auteure rappelle l’importance de repartir sur un modèle alimentaire qualitatif après le jeûne.
Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, le jeûne ne vous immunisera pas en cas de
retour à une mauvaise hygiène de vie quotidienne.
Bien que le jeûne thérapeutique ait été validé dès les années 1950 en Russie, il faudra attendre
les années 2010 pour qu’il revienne sur le devant de la scène aux États-Unis.
Le 5 juin 2014, une étude conduite par l’équipe du professeur Valter Longo conclut qu’un
jeûne de trois jours renouvelle entièrement le système immunitaire. Ces résultats, qui
seront confirmés par trois autres études indépendantes, sont largement médiatisés et font
l’effet d’un électrochoc généralisé (22). Le jeûne commence alors à se fait de plus en plus
connaître, notamment auprès du grand public.
17
(diabètes, syndrome métabolique, épilepsie, autisme, inflammation chronique, sclérose en
plaques, asthme, infertilité, maladies cutanées, etc.).
En outre, le jeûne permet d’accélérer la guérison des blessures et de diminuer les effets des
substances toxiques. Des études rapportent une meilleure résistance face aux effets néfastes
de la chimiothérapie en cas de cancer. Dans de nombreux cas, des cycles de jeûne sans
chimiothérapie ont même été aussi efficaces que la chimiothérapie pour faire reculer les
cellules cancéreuses (24).
Lors d’un jeûne, les organes diminuent en taille en éliminant leurs parties viciées (processus
d’autophagie). C’est au moment de la réalimentation que les cellules souches se régénèrent et
permettent le renouvellement des organes. (22)
On comprend alors mieux pourquoi le jeûne semble donner des résultats aussi spectaculaires
dans une si grande diversité de pathologies.
Le Dr Filonov supervise des jeûnes secs depuis plus de vingt ans et a pu constater de
nombreux cas de guérison. Pour lui, le jeûne sec est sans conteste le moyen de guérison le
plus puissant qui soit.
En quoi le jeûne sec est-il supérieur au jeûne hydrique ? Principalement du fait qu’il engendre
plus rapidement un état d’hyperthermie (ou fièvre).
Dans ce chapitre, Yéléna C. Kentish étaye plusieurs éléments historiques appuyant le fait que
l’hyperthermie a toujours été considéré comme un facteur de guérison.
Cette connaissance des peuples sur la thérapie par la chaleur peut être résumée dans cette
phrase attribuée à Hippocrate ou Parménide : « Donne-moi le pouvoir de créer une fièvre et je
guérirai n’importe quelle maladie. »
La fièvre est un élément indispensable à l’élimination des virus dans l’organisme (25).
Les cellules cancéreuses sont plus vulnérables à la chaleur que les cellules saines (26).
Un nombre croissant d’études montrent que la fièvre stimule et renforce le système
immunitaire (27).
18
Ainsi, en plus des caractéristiques propres au jeûne que sont l’autophagie (destruction des
tissus malades) et le renouvellement des organes, le jeûne sec, en favorisant l’hyperthermie,
optimiserait l’élimination des pathogènes, le renforcement du système immunitaire et le
retour à l’homéostasie. (28)
Les études de cas sont variées et concernent autant des pathologies avancées (cancer,
leucémie, rectocolite, endométriose, athérosclérose, etc…) que bénignes (problèmes cutanés,
témoignages de rajeunissement).
Ces témoignages sont extrêmement intéressants mais leur intérêt réside surtout dans la
transmission du vécu de leurs auteurs avec leurs propres mots. Je ne peux donc que vous
encourager à vous procurer l’ouvrage de Yéléna C. Kentish pour en prendre connaissance.
La raison pour laquelle nous vieillissons fait l’objet de multiples théories. Il y a plus de 300
hypothèses qui tentent d’expliquer le vieillissement à ce jour. (29)
L’hypothalamus est une région du cerveau qui contrôle les sécrétions hormonales du système
glandulaire. En 2013, des expériences ont confirmé que les cellules souches de
l’hypothalamus régulaient le vieillissement (30). Or on a vu précédemment que le jeûne
favorisait la régénération des cellules souches.
L’IGF-1 (littéralement facteur de croissance 1 ressemblant à l’insuline) est une hormone qui
accélère la prolifération des cellules, qu’elles soient saines ou non. Pour des adultes ayant
terminé leur croissance, un taux d’IGF-1 élevé provoque le vieillissement prématuré. Un
jeûne de quatre jours diminue de moitié le taux d’IGF-1, le ramenant à une valeur saine.
(31)
L’HC est notamment connue comme produit dopant chez les culturistes ou plus récemment
comme élixir de jeunesse chez les célébrités hollywoodiennes. De nombreuses personnalités
comme Sylvester Stallone avouent s’en injecter régulièrement.
Des études confirment que l’injection d’HC amène à une diminution de la masse grasse, une
augmentation de la masse maigre et une meilleure épaisseur et qualité de peau. (32)
Mais il y a un problème : ces mêmes études rapportent également une augmentation du niveau
de glucose sanguin, de la rétention d’eau et de la pression sanguine… Les injections d’HC
augmenteraient donc le risque de cancer, de diabète et d’accidents cardio-vasculaires.
20
Contrairement aux injections d’HC qui présentent donc des risques non négligeables, le jeûne
permet une augmentation parfois considérable (de 300 à 2000 %) de l’HC tout en
maintenant un taux de glucose bas. L’auteure cite plusieurs médecins et études allant dans
ce sens. (33)
Dans ce dernier chapitre, l’auteure tient à préciser que le jeûne n’est pas un outil miracle
applicable à n’importe qui dans n’importe quel contexte. Mal utilisé, il peut se révéler
dangereux.
Pour illustrer son propos, Yéléna mentionne des cas de décès recensés suite à des jeûnes très
longs. Ces accidents, bien que très minoritaires, servent bien évidemment de grain à moudre
aux détracteurs de cette pratique.
Le jeûne, en tant qu’application du principe d’hormèse (voir chapitre 3), n’est bénéfique que
dans la mesure où l’organisme parvient à déclencher les mécanismes d’adaptation en réponse
au stress de l’absence de nourriture.
Cette notion que le stress pourrait être bénéfique ou néfaste en fonction de l’intensité est
une des clés de compréhension en matière de santé ! Si vous souhaitez approfondir ce
sujet, je ne peux que vous encourager à consulter cet article sur l’hormèse et le stress.
En effet, parmi les cas de décès accidentels mentionnés, beaucoup se sont produits non pas
durant la phase de jeûne, mais pendant l’étape de réalimentation… Pour éviter tout risque
mieux vaut donc suivre scrupuleusement les consignes du Dr Nikolaïev dans le cadre d’un
jeûne long.
21
Les dérives en lien avec la pratique du jeûne
Les restrictions caloriques prolongées. Des expériences ont montré que les
restrictions caloriques prolongées (plusieurs mois) conduisaient à une baisse du
métabolisme provoquant des symptômes tels que : fatigue extrême, frilosité (même en
été), baisse de l’humeur, dépression nerveuse… De plus, d’après le Dr Fung : « le
jeûne déclenche de nombreuses adaptations hormonales qui ne se produisent PAS
avec une simple réduction calorique. […] ». (34)
Les diètes cétogènes fantaisistes. Les régimes cétogènes ont montré certains bénéfices
à court terme sur des pathologies comme l’épilepsie. Mais pour le professeur Valter
Longo, il vaut mieux maintenir ces diètes sur des temps relativement limités et
favoriser la pratique de jeûnes ponctuels. (35)
Le respirianisme. Popularisé dans les années 90 par l’australienne Jasmuheen, il s’agit
de la croyance selon laquelle on pourrait se passer de manger et de boire en se
nourrissant exclusivement de prana contenu dans l’air. L’auteure mentionne plusieurs
anecdotes permettant de douter de l’authenticité de Jasmuheen et rappelle qu’aucune
donnée ne permet actuellement d’aller dans le sens de cette théorie sur le plan
scientifique.
L’auteure conclut en rappelant que le jeûne semble être la norme dans le règne animal. Les
animaux se privent régulièrement de nourriture pour diverses raisons.
Le jeûne est également pratiqué depuis des millions d’années par l’homme, non
seulement par tradition, pour renforcer le corps et l’esprit, mais également de manière
involontaire en raison de périodes de disette forcées (les supermarchés et réfrigérateurs étant
des inventions récentes à l’échelle de l’histoire de l’humanité).
Pratiqué de manière périodique ou intermittente, le jeûne impose un défi à nos cellules. C’est
en relevant ce défi que se déclenche une série de mécanismes dont la finalité est une
véritable régénération de l’organisme à tous les niveaux.
Alors que de nombreux travaux scientifiques prouvent la légitimité du jeûne en tant que
pratique de santé, l’auteure déplore une certaine inertie de la pensée à ce sujet dans le monde
médical, en particulier en France… Mais les mentalités changent petit à petit et l’intérêt pour
le jeûne est croissant.
Le jeûne thérapeutique est une réalité. L’auteure apporte toutefois les nuances nécessaires à
un excès d’enthousiasme dans lequel il serait facile de tomber. Le jeûne n’est pas une
panacée. Pratiqué dans de mauvaises conditions ou de manière excessive, il peut également
se révéler dangereux. Il s’agit donc de bien se renseigner et d’éviter toute attitude radicale ou
fanatique.
Mon avis :
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Yéléna C. Kentish parvient, avec un certain talent, à faire la synthèse des différentes écoles en
matière de jeûne (des plus anciennes aux plus modernes) en les intégrant dans un ensemble
cohérent.
Ce livre aborde non seulement LE jeûne en tant que principe général, mais également LES
jeûnes en tant que méthodes aux buts spécifiques. Car tous les types de jeûnes ne se valent pas
et ne produisent pas les mêmes effets.
On peut également saluer le travail de recherche de l’auteure qui nous permet de replacer le
jeûne dans son contexte historique. Le jeûne n’a rien d’une nouvelle thérapie, comme on peut
parfois l’entendre. Il se pratique depuis l’aube de temps, certes sous différentes formes, aussi
bien dans le règne animal que chez l’homme.
Ce livre conviendra autant aux néophytes souhaitant en apprendre plus sur le fonctionnement
du jeûne qu’aux curieux en recherche de témoignages (deux chapitres entiers y étant
consacrés).
Vous l’aurez compris, pour moi les nombreuses qualités de ce livre le placent directement au
rang de référence dans sa catégorie !
Points forts :
Point faible :
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