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Conducteurs en régime variable PT

Conducteurs en régime variable


Nous allons ici nous intéresser à un métal soumis à un champ électromagnétique variable
dans le temps, qui présente de nombreuses applications (four à micro-onde, guide d’onde).

Considérons un bon conducteur ohmique, donc tel que  =  avec  la conductivité du
I. Electroneutralité d’un conducteur

conducteur, supposée indépendante de la fréquence.

L’équation de conservation de la charge s’écrit :



 + =0


Or  =  (loi d’Ohm locale) et    =  donc l’équation de conservation de la charge





devient :

 
+ =0
 

Posons  =


. La solution de l’équation précédente s’écrit donc :



 =  exp − 


Au bout de quelques  (environ 5), 


 sera donc nul.

Evaluons l’ordre de grandeur de  :  ≈ 10$%% &. ($% et, pour un bon conducteur,  ≈
10) *. (% donc  ≈ 10$%+ ,. On peut en déduire que pour tout champ variant avec une
période très supérieure à 10$%+ , et donc une fréquence très inférieure à 10%+ -.,  = 0.

En conséquence, dans un bon conducteur électrique, la charge volumique est nulle : les
charges sont exclusivement réparties en surface.

II. Equation vérifiée par le champ électromagnétique dans un conducteur

Nous avons déjà vu que, dans un conducteur,  = 0.


A. Simplification de l’équation de Maxwell – Ampère

Les équations de Maxwell s’écrivent donc :

   = 0 Equation de Maxwell – Gauss

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1
   = −
/0

Equation de Maxwell – Faraday




/01   = µ 3 + 0 4

Equation de Maxwell – Ampère (seule modifiée)

  = 0
 1
  = µ 5 + 
 1
Equation de Maxwell – Thomson (ou flux)
Intéressons nous à l’équation de Maxwell – Ampère : /0 9.
67
68

La loi d’Ohm locale étant vérifiée, cette équation peut s’écrire :


/0   = µ 3 + 
 1 4


En considérant un champ électrique variable de pulsation :, nous pouvons écrire :

; 68 ; ≈  :< <


67

• < < ≈ < <

Pour un bon conducteur, nous pouvons considérer que le courant de conduction prend le pas
sur le courant de déplacement, ce qui revient à écrire que  ≫  : et donc : ≪  .



En terme d’ordre de grandeur, nous avons déjà vu que, pour un bon conducteur,  ≈



10%+ /?. , $% : il faut donc : ≪ 10%+ /?. , $% .Dans ce cas, l’équation de Maxwell – Ampère
devient :


/01   = µ 

B. Equation différentielle vérifiée par le champ électromagnétique


Les équations de Maxwell dans le conducteur s’écrivent donc :

   = 0
1
Equation de Maxwell – Gauss

/0  = −


Equation de Maxwell – Faraday


/01  = µ 
  = 0
 1
Equation de Maxwell – Ampère (seule modifiée)

Déterminons l’équation différentielle vérifiée par  . Pour cela, partons de l’équation de
Equation de Maxwell – Thomson (ou flux)

Maxwell – Faraday et prenons en le rotationnel :


1  
1
/0
/0   9 = −/0
 5/0  3 4 = −
 

  = µ  .
 1
Or l’équation de Maxwell – Ampère s’écrit : /0

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  9 = −µ  67.


 5/0
Donc /0

68

 5/0
Or /0  5  9 − A = −A puisque    = 0.
  9 = @/?

En conclusion,


A = µ 


Ce type d’équation est dit de diffusion.

Remarques : du fait de la loi d’Ohm locale,  vérifie la même équation.

Pour le champ magnétique, prenons le rotationnel de l’équation de Maxwell – Ampère :


1
 5/0
/0  9 = /0
 1  µ   = µ  /0
   = −µ 


 5/0
Or /0  1  5 1
 9 = @/?  9 − A1
 = −A1
 puisque  1
  = 0.

Donc,


1
 = µ 
A1


III. Effet de peau dans un demi-espace conducteur

A. Détermination de l’expression du champ électrique


Afin d’étudier plus simplement le comportement du champ électromagnétique dans un
conducteur en régime variable, nous allons considérer une géométrie relativement simple.

Considérons un conducteur occupant le demi-espace . > 0, le demi-espace . < 0 étant vide.


En un point D
E, G, . du conducteur, le champ électrique s’écrit donc sous la forme :


D,  = 
E, G, ., 

Nous négligerons les effets de bords : les invariances suivant H


I et 
HJ nous permettent
d’écrire que  est indépendant de E et G :


D,  = 
., 

Nous supposerons par ailleurs que le champ électrique dans le vide, en . = 0, est de la
forme : 
D,  =  cos
: H
.
I

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Les solutions seront alors de la forme :


D,  = 
.,  H
I

L’équation de diffusion vérifiée par le champ  s’écrit :


A = µ 


Nous obtenons alors une équation scalaire vérifiée par I :

N I I
= µ 
. N 

Le conducteur étant soumis à un champ électrique incident de pulsation : et le champ

chercher, en régime permanent, une solution sinusoïdale de même pulsation : que le


électrique dans le conducteur vérifiant une équation différentielle linéaire, nous allons

champ excitateur. Nous allons donc utiliser la notation complexe et écrire I sous la forme :

I = 
. exp
O:

En remplaçant alors dans l’équation différentielle vérifiée par I , nous pouvons alors
écrire :

 N 
.
= O:µ 
.
. N

Pour déterminer la forme de la solution, écrivons l’équation caractéristique :

/ N − O:µ  = 0

Dont les solutions sont / = ±Q:µ 


%RS
√N

N
N
Remarque : O = exp 5 N 9 = exp 52 × 9 = 5exp 5 X 99 = 3 N
1 + O 4
SU SU SU √N
X

Posons Y = Z[\
N

, appelée épaisseur de peau. L’analyse dimensionnelle de l’équation

différentielle montre que cette grandeur a la dimension d’une longueur.

Donc  = ] exp 5− _9 exp 5− _ 9 + ` exp 5_9 exp 5 _ 9 où ] et ` sont des constantes complexes.
^ S^ ^ S^

Or le champ électrique ne peut pas diverger donc ` = 0 donc  = ] exp 5− _9 exp 5− _ 9.


^ S^

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De plus, la condition aux limite en . = 0, c’est-à-dire la continuité de la composante


tangentielle du champ électrique donne 
0R ,  = 
0$ ,  =  exp
O: 
HI et donc ] =  .

En conséquence, I =  exp 5− _9 exp 5− _ 9 exp


O: =  exp 5− _9 exp O 5: − _9
^ S^ ^ ^

Nous pouvons alors en déduire le champ réel, I = ab 5I 9 :

. .
I =  exp 5− 9 cos 5: − 9
Y Y

Et donc 
.,  =  exp 5− 9 cos 5: − 9 H
I
^ ^
_ _

L’effet de peau traduit l’aptitude d’un conducteur à s’opposer à la pénétration d’un champ
électromagnétique variable en son sein. Le champ électromagnétique se trouve réparti au
voisinage de la surface sur une profondeur de l’ordre de Y = Z[\
N

appelée épaisseur de

peau (terme lié au caractère superficiel de la répartition). L’effet est d’autant plus marqué

donc que : est grand. D’autre part, meilleur est le conducteur ( élevé) plus l’effet de peau
que la profondeur de peau est faible (le conducteur s’oppose efficacement à la pénétration),

sera marqué.

On peut noter, d’autre part, que, puisque le conducteur vérifie la loi d’Ohm,

. .

.,  =  exp 5− 9 cos 5: − 9 H

Y Y I

Les courants sont donc répartis au voisinage de la surface.

L’exemple du conducteur semi-infini est évidemment une simplification de la réalité mais


les résultats sont généralisables à toutes les géométries usuelles de conducteurs, c’est-à-
dire lorsque l’épaisseur de peau est faible devant le rayon de courbure du conducteur.

Ordre de grandeur : le diamètre d’un fil conducteur utilisé en travaux pratique est  ≈
1 (( et pour le cuivre,  ≈ 6.10) *. ($%. Déterminons le domaine de fréquences pour lequel
Y ≪ . Y ≪  ⟺ [\ ≪ N ⟺ Ue\ ≪ N ⟺ Ufg \ ≪ h ⟺ 4 j-. ≪ h.
N % %
  

, nous allons utiliser l’équation de Maxwell – Faraday


Pour déterminer l’expression de 1
B. Expression du champ magnétique

   = − .
plutôt que de reprendre tout le calcul : /0

6k
68

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^ J

l G . 0 0
 ^m   . . .
  =
/0 I
− = l I m = l  exp 5− 9 5− cos 5: − 9 + sin 5: − 99m
. E . Y Y Y Y
l  I 0 0

J
E G

Donc


1  . . .
  =  exp 5− 9 5cos 5: − 9 − sin 5: − 99 H
= −/0 
 Y Y Y Y J

 . . .
 =
1 exp 5− 9 5cos 5: − 9 + sin 5: − 99 H
 
J + pb
Y: Y Y Y

 = 
Le champ électromagnétique étant exclusivement variable, pb 0.

√2 . √2 . √2 .
 =
1 exp 5− 9 3 cos 5: − 9 + sin 5: − 94 H

Y: Y 2 Y 2 Y J

√2 . q . q .
 =
1 exp 5− 9 5cos 5 9 cos 5: − 9 + sin 5 9 sin 5: − 99 H

Y: Y 4 Y 4 Y J

√2 . . q
 =
1 exp 5− 9 cos 5: − − 9 H

Y: Y Y 4 J

.
de 1
Remarque : il est aussi possible d’utiliser la notation complexe pour déterminer l’expression

C. Aspect énergétique
Nous allons ici nous intéresser à l’aspect énergétique, notamment du point de vue de sa
moyenne temporelle.

1. Densité d’énergie électromagnétique

Soit rs la densité volumique d’énergie électrique. Nous avons déjà vu que rs = N   N . Donc,
%
a) Densité d’énergie électrique

ici, comme 


.,  =  exp 5− _9 cos 5: − _9 H
,
^ ^
I nous pouvons écrire :

1 2. .
rs =  N exp −  cos N 5: − 9
2 Y Y

Notons thu la moyenne temporelle d’une fonction dépendant du temps.

. 1
tcosN 5: − 9u =
Y 2

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1 2.
trs u =  N exp − 
4 Y

Soit rv la densité volumique d’énergie magnétique. Nous avons déjà vu que rv = N\ 1 N.


%
b) Densité d’énergie magnétique

 =
Donc, ici, comme 1
√N7
exp 5− 9 cos 5:
^
− − 9H
^
,
U
J nous pouvons écrire :
_[ _ _ X

1 2N 2. . q
rv = exp −  cos N 5: − − 9
2µ Y :
N N Y Y 4

De même, tcosN 5: − 9u = donc


^ %
_ N

1 N 2.
trv u = exp − 
2µ Y :
N N Y

c) Comparaison entre twxx u et twxy u


tz{ u
Déterminons le rapport tz
|u
afin de déterminer sous quelle forme est stockée l’énergie :

1 2.
trs u  N exp 5− 9 1 1 Y: N 1 : N 2 :  :
= 4 Y =  µ Y :
N N
=   = 5 9 = =
trv u 1  N
2. 2  
2 p 2 p :µ  µ p 
N 
2µ Y : exp 5− 9
N N Y

conduction prenait le pas sur le courant de déplacement, et donc que  ≫  :. Nous


Or, nous avons vu que, pour un bon conducteur, nous pouvions considérer que le courant de

pouvons en déduire que

trs u
≪1
trv u

La densité moyenne d’énergie magnétique est très supérieure à la densité moyenne


d’énergie électrique.

2. Puissance dissipée par effet Joule


La puissance volumique dissipée par effet Joule est :

2. .
}~ = .  =  N = N exp −  cos N 5: − 9
Y Y

En moyenne, t}~ u = N N exp 5− _ 9


% N^

3. Vecteur de Poynting
En utilisant la définition du vecteur de Poynting,

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. . √2 . . q
  5 exp 5− 9 cos 5: − 9 H
9
I ∧ 3 Y: exp 5− Y 9 cos 5: − Y − 4 9 H
4
∧1 Y Y J
q
 = =
µ µ

√2N 2. . . q
q
 = exp −  cos 5: − 9 cos 5: − − 9 H

µ Y: Y Y Y 4 ^

Or tcos 5: − 9 cos 5: − − 9u = donc tq


u = exp 5− 9 H
^
^ ^ U √N 7g N^
_ _ X X N\ _[ _

La puissance rayonnée est, en moyenne, pour un élément de longueurs I , J et infini


4. Bilan global en moyenne

H^ :
suivant 

t}‚ u = ƒtq 


u* „…‚8†‡8 = ƒ tq 
u* „…‚8†‡8 + ƒ tq 
u* „…‚8†‡8
ˆ ˆ
^‰ ˆ
^→‹

t}‚ u = ƒ tq
uEG
−H

^ + ƒ tq
uEGH
^
ˆ
^‰ ˆ
^→‹

N 2. N 2.
t}‚ u = − ƒ exp −  EG + ƒ exp −  EG
2µ Y: Y 2µ Y: Y
ˆ
^‰ ˆ
^→‹

N 2. N
t}‚ u = − ƒ exp −  EG = −  
2µ Y: Y 2µ Y: I J
ˆ
^‰

Or Y N = [\ =
N % _

donc \
 _[ N
et donc

1
t}‚ u = − YN I J
4

section I J (négative, donc la puissance entre en réalité de conducteur).


Ce qui correspond donc à la puissance rayonnée sortante du conducteur semi-infini de

La puissance dissipée par effet Joule pour le même volume est, en moyenne :
‹
1 2. 1 Y 2. ‹
t}~ u = Œt}~ uEG. = N I J Ž exp −  . = N I J − exp − 
2 Y 2 2 Y 
 

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1
t}~ u = YN I J
4

section I J .
Ce qui correspond à la puissance dissipée par effet Joule dans le conducteur semi-infini de

En notant ‘sv l’énergie électromagnétique stockée dans le volume de conducteur considéré,

section I J :
nous pouvons réaliser un bilan énergétique sur le volume du conducteur semi-infini, de

‘sv
+ ’q 
* 
„…‚8†‡8 + Œ .   = 0

ˆ 

En nous intéressant à la moyenne temporelle,

‘sv
t u + t}‚ u + t}~ u = 0


Or nous avons vu que t}‚ u = −t}~ u donc t u = 0 : toute la puissance rayonnée à travers la
f“{|
f8
surface entrante du conducteur est dissipée dans celui-ci et aucune énergie n’est stockée
dans le conducteur en moyenne.

Un conducteur est dit parfait dans la limite où sa conductivité électrique ” peut


D. Limite du conducteur parfait

être considérée comme tendant vers l’infini.

Sous cette hypothèse, l’épaisseur de peau Y = Z[\ tend vers 0 et, donc, champs, courants
N


et charges volumiques sont nuls à l’intérieur du conducteur (puisque exp 5− _9 → 0). Les
^

charges et courants se trouvent donc alors exclusivement en surface.

Nous pouvons alors en déduire les champs extérieurs (à la surface du conducteur) en


fonction des charges et courants surfaciques grâce aux relations de passage :

•
D, 

sI8
D,  = –sI8
 
1 sI8 = µ 
D,
„  ⋀–

 sI8

Avec 
–sI8 orienté vers l’extérieur.

Inversement,

1
•
D,  =  
sI8
D,  . 
–sI8 „

D,  = – 
⋀1
µ sI8 sI8

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Table des matières


I. Electroneutralité d’un conducteur ...................................................................................... 1
II. Equation vérifiée par le champ électromagnétique dans un conducteur ....................... 1
A. Simplification de l’équation de Maxwell – Ampère...................................................... 1
B. Equation différentielle vérifiée par le champ électromagnétique ............................... 2
III. Effet de peau dans un demi-espace conducteur .............................................................. 3
A. Détermination de l’expression du champ électrique .................................................... 3
B. Expression du champ magnétique ................................................................................ 5
C. Aspect énergétique ........................................................................................................ 6
1. Densité d’énergie électromagnétique ........................................................................ 6
2. Puissance dissipée par effet Joule ............................................................................. 7
3. Vecteur de Poynting ................................................................................................... 7
4. Bilan global en moyenne ............................................................................................ 8
D. Limite du conducteur parfait ........................................................................................ 9

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