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Traitements de surface
des métaux : contexte
et gestion environnementale
Réf. Internet : 42502
III
Cet ouvrage fait par tie de
Traitements des métaux
(Réf. Internet ti553)
composé de :
Traitements thermiques des aciers, des alliages et des fontes Réf. Internet : 42364
Traitements de surface des métaux par voie sèche et en Réf. Internet : 42360
milieu fondu
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Traitements des métaux
(Réf. Internet ti553)
Pierre BARBERIS
Ingénieur de recherche, AREVA NP, Centre de recherche, Ugine
Martine DEPÉTRIS-WERY
Ingénieur électrochimiste CNAM, Docteur en chimie-physique, Professeur à
l'Université Paris-Sud
Michel GANTOIS
Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines et à l'Ecole Européenne
d'Ingénieurs en Génie des Matériaux - Nancy
Henri MICHEL
Docteur ès Sciences Appliquées
Jacques PAGETTI
Professeur honoraire des universités, Responsable de la commission
Traitements de surface au CEFRACOR (Centre français de l'anticorrosion)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Traitements de surface des métaux : contexte et gestion
environnementale
(Réf. Internet 42502)
SOMMAIRE
Traitement des eaux résiduaires dans les ateliers de traitement de surface. M1800 43
Réglementation et gestion des rinçages
Traitement des eaux résiduaires dans les ateliers de traitement de surface M1801 45
Recyclage, récupération et valorisation des eluents dans les ateliers de traitement de M1810 49
surface
Traitement de surface. Eluents et réglementation M1815 53
Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 57
Complémentarité des outils scientiiques pour évaluer la toxicité de rejets industriels RE184 63
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VII
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Traitements de surface des métaux : contexte et gestion
environnementale
(Réf. Internet 42502)
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1– Contextes et notions fondamentales Réf. Internet page
2– Gestion environnementale
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L’objet de l’ensemble des chapitres traitant de ce sujet, à partir outils, ses armes, sa barque... et plus récemment ses autres
des différents types de surface et dans un esprit scientifique et moyens de transport comme la voiture, l’avion, la fusée. Pour pro-
technologique, est : téger ses biens contre les injures du temps et de l’environnement,
— de définir les principales caractéristiques d’une surface ; il lui a fallu constamment choisir entre :
— de décrire brièvement ses méthodes de détermination et de — utiliser un matériau intrinsèquement résistant et souvent
quantification ; « noble » ;
— puis d’introduire les procédés de revêtements et de traite- — recouvrir celui-ci par un revêtement ou un matériau plus
ments qui permettront de la modifier ou « l’anoblir », afin qu’elle résistant.
puisse répondre aux exigences fonctionnelles et satisfaire à la Les quelques points de repère rappelés ci-dessous permettent
demande de durabilité des matériaux. de jalonner cette histoire passionnante de la protection des
La surface peut être considérée différemment, suivant qu’on s’y surfaces [1], avec une évolution évidente de la notion de revête-
intéresse du point de vue soit théorique, en laboratoire, soit pratique, ment décoratif à celle de revêtement protecteur.
en industrie. Nous prendrons en compte ces deux approches,
d’autant plus qu’elles sont très souvent complémentaires.
La surface est une discontinuité dans l’arrangement des atomes
2.1 Du revêtement décoratif
du solide, ce qui confère à ceux situés dans cette surface, une au revêtement protecteur
énergie intrinsèque supérieure à ceux du volume ; cela va avoir
pour conséquence, une réactivité très grande des atomes de la sur- Dès les temps les plus anciens, l’homme a su utiliser les colorants
face et/ou un réarrangement de leur distribution, avec formation de naturels qu’il agglutinait avec les substances les plus diverses.
figures géométriques comme des striations, des ségrégations L’objectif principal était alors d’ordre esthétique, pour décorer par
d’atomes résiduels ou d’additions mineures qui vont migrer du exemple sa demeure posthume. L’utilisation des premiers placages
volume vers la surface (phénomène qui dépendra aussi de la (dorures) sur bois relevait du même souci. Le veau d’or dont parle
température). La notion de surface est donc par essence pluridisci- l’exode des hébreux (1 500 ans av. J.-C.) n’était certainement pas en
plinaire ; elle concerne différents spécialistes comme le mécanicien, or massif, mais selon toute vraisemblance en bois recouvert de
le physicien, le métallurgiste et le physico-chimiste. Seule une lamelles d’or, voire d’électrum (alliage Au-Ag-Cu), ce qui expli-
approche globale permet d’aboutir à une description complète et querait la facilité avec laquelle Moïse brûla l’idole.
cohérente d’une surface et des propriétés qui lui sont associées. L’une des plus anciennes références bibliographiques, relative à
Une surface est préparée pour lui conférer une fonctionnalité un procédé de protection par revêtement, est relevée dans la bible,
donnée, devant satisfaire un cahier des charges. Si la surface nue, lorsque Dieu donna l’ordre à Noé : « Fais-toi une arche en bois
même conditionnée, ne satisfait pas les critères requis, on va résineux et en roseaux et enduis la de bitume en dehors et en
devoir la traiter ou la revêtir. Ce secteur d’activité industrielle, donc dedans » [Genèse 7-14]. Cette première référence à un revêtement
économique, justifie un grand nombre d’emplois soit dans des de protection remontant à 3 000 ans av. J.-C. correspondait proba-
petites et moyennes entreprises, soit dans des grands groupes blement à un travail exceptionnel, puisque plus tard, le berceau de
industriels, qui tous amènent de la valeur ajoutée aux biens de Moïse, abandonné sur le Nil, était seulement protégé par un
consommation. mélange d’argile et de poix.
Pendant longtemps ce secteur de la « maîtrise des surfaces » et Selon Pline l’Ancien, on trouve là, l’amorce des premiers traite-
de leurs procédés de traitement était du domaine de l’art où le ments de surface de protection. Pour protéger le fer contre la rouille,
savoir-faire prenait toute son importance. Cette activité artisanale, les anciens utilisaient un « vernis » formé de plâtre, de céruse et de
parfois fort ancienne, a connu au cours de ces dernières décennies, poix liquide appelé « l’antipathie » [2]. En fait, dès l’Antiquité, qu’elle
une évolution considérable, pour laisser place à des développe- soit égyptienne, grecque ou romaine, les procédés artisanaux de
ments technologiques majeurs, grâce à la mise en œuvre de pro- décoration et de protection des surfaces à base de peintures, laques
cédés et de produits performants et adaptés, à travers une et vernis étaient en plein développement.
connaissance approfondie des surfaces. À ce titre, l’histoire de la En Égypte et en Assyrie tout était peint : sarcophages, pyramides,
« protection des surfaces » peut être fort utile. maisons, monuments. Les pigments étaient à base de miel, jus de
Aspect
Réactivité Corrosion
Catalyse Oxydation
SURFACE
Propriétés fonctionnelles
Propriétés tribologiques Assemblage
Usure – frottement Collage – adhésion
Fatigue thermique
Figure 1 – Propriétés fonctionnelles d’une
surface
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exemple).
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1. Approche cristallographique
et géométrique
d’une surface
Si on considère un matériau cristallin, donc avec un arrange-
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ment périodique des atomes, la surface introduit une discontinuité
dans celui-ci. Dans le cas d’une structure cubique centrée (celle
d’un acier ferritique par exemple), si on « coupe » le cristal par un A
A
plan {100} passant par le sommet commun à huit cubes adjacents,
on s’aperçoit que le nombre de coordinence N c (nombre de plus
proches voisins qui, dans notre cas, sont au centre de ces huit
cubes) passe de huit à quatre (figure 1). Pour rétablir l’équilibre des
champs de force auxquels ils sont soumis, les atomes de la surface Figure 1 – Coordinence (proches voisins) d’un atome
nouvellement créée, vont avoir tendance à modifier les liaisons dans la structure cubique centrée (cc) en volume (à gauche)
avec leurs plus proches voisins soit en surface, soit dans le volume et en surface (à droite)
sous-jacent, soit encore en échangeant de nouvelles liaisons avec
des atomes, des molécules ou des ions de l’environnement ; cela
explique la réactivité des atomes de surface, qui est donc fonction Cela s’accompagne d’un phénomène de dilatation ou de
de « l’orientation » de cette surface. Nous en donnerons quelques compression du paramètre en volume, selon le signe de l’expan-
exemples par la suite. sion de surface. On peut en déduire que la taille du cristal aura une
incidence marquée sur l’importance de l’effet précédent. Des effets
Si la surface est faiblement inclinée par rapport à une surface dite
similaires peuvent être identifiés au voisinage des marches.
« singulière » comme celle citée précédemment, elle sera constituée
de larges terrasses de surface singulière et de petites marches, Dans le cas des métaux et alliages, les atomes constitutifs sont
souvent monoatomiques. Lorsque la surface singulière est d’indice identiques ou de caractéristiques similaires. Pour d’autres maté-
simple et que les marches sont peu nombreuses, une telle surface riaux, les atomes sont au moins de deux types différents. Ainsi dans
est dite « vicinale ». La distance entre les marches d’une surface vici- les céramiques, dont les liaisons sont souvent ioniques, nous avons
nale diminue quand la différence d’orientation entre la surface vici- des ions chargés positivement (les cations) et des ions chargés
nale et la surface singulière augmente. Quand les marches négativement (les anions). On distingue alors quelques structures
deviennent très proches les unes des autres et que leur nombre est types (structures simples) dont l’une des plus classiques est celle
important, il devient difficile de parler de terrasses et on a une sur- du chlorure de sodium, NaCl. Cette structure, globalement cubique,
face générale ; suivant la position des atomes sur cette surface, leur est en fait constituée de deux sous-réseaux cfc imbriqués et décalés
nombre de proches voisins ne sera pas le même. Une approche plus de a/2, a étant le paramètre de la maille cfc. L’un des sous-réseaux
fine consiste à prendre aussi en considération les deuxièmes plus correspond aux cations Na+ et l’autre aux anions Cl–. Si on fait une
proches voisins : ainsi dans le cas de la figure 1, un atome d’un plan coupe du cristal par des plans simples, ceux-ci comprendront soit
de coupe {100} perdra non seulement quatre des huit plus proches des ions des deux signes, cas des plans {100} ou {110}, soit des ions
voisins, mais aussi un des six deuxièmes voisins, comme d’ailleurs d’un même signe, cas des plans {111}. Dans le cas de la structure
tout atome du plan situé juste en dessous de la surface. cc, type chlorure de césium, CsCl, on aboutira à une conclusion
identique, mais cette fois-ci, c’est la famille de plans {100} qui ne
Ce modèle est simpliste, mais il a le mérite de montrer aisément
contiendra que des ions de même signe. Dans le cas de la structure
qu’une surface « modèle » propre aura toujours une certaine rugo-
type de la sphalérite (ou blende, sulfure de zinc, ZnS) dont la struc-
sité à l’échelle atomique. On pourrait s’attendre, de ce qui précède,
ture cfc est identique à celle du diamant, ce sont les deux familles
que la structure cristalline soit fortement perturbée en surface ; en
de plans {100} et {111} qui ont la particularité de ne comporter qu’un
fait, s’il se produit bien une relaxation due à la création de toute
seul type d’ions Zn2+ ou S2–. Ce qui vient d’être exposé pour des
surface, celle-ci est faible et ne concerne que le tout dernier plan
composés ioniques AB, peut être étendu à des composés plus
atomique : le dernier plan atomique tel qu’on peut l’observer par
complexes comme A2B, AB2 , A2B3 , etc.
diffraction d’électrons lents est à une distance du plan suivant légè-
rement différente de celle observée en volume. Il y a : Sans développer plus en détail cette simple analyse, on conçoit
— expansion (ou relaxation positive) pour les solides ioniques, y aisément que la structure des matériaux a une incidence sur la
compris pour certaines céramiques ; nature et l’arrangement des atomes ou des ions dans un plan de
coupe donné ; cela prend toute son importance dans le cas de maté-
— contraction (ou relaxation négative) pour les métaux.
riaux polycristallins, cas le plus général en pratique. Certaines pro-
Cette différence peut s’expliquer par le compromis entre les priétés sont alors différentes de grain à grain. C’est le cas de la
forces d’attraction et de répulsion dues aux atomes chargés (ions), dureté, mais aussi de la réactivité (corrosion, catalyse), de l’énergie
quand il y a création d’une surface dans un cristal ionique, ce qui de surface et de l’adhésion (collage) par exemple, qui sont fonction
revient à dire que les interactions atomiques sont approximati- de l’orientation des grains en surface.
vement additives, alors que pour les métaux, les énergies de
Ainsi, lors de l’oxydation d’un métal par les gaz, pour de faibles
liaison ne le sont pas. Cette description pourrait être élargie en
durées d’exposition, l’épaisseur du film d’oxyde dépend de l’orien-
considérant les niveaux électroniques des électrons de valence et
tation des grains : on obtient des films épitaxiques dont la couleur,
l’énergie de cohésion d’un cristal métallique, afin de rendre
due à un phénomène d’interférences, varie selon cette orientation.
compte quantitativement (y compris en signe) de la relaxation.
De même, en corrosion électrochimique, la vitesse d’attaque ne sera
Ces perturbations peuvent se manifester aussi par des relaxations pas identique pour chaque grain ; cela s’exprime autrement en
tangentielles lorsqu’on considère un cristal de petite taille. Outre les disant que le potentiel électrochimique est lui aussi fonction de
relaxations indiquées précédemment, qui se produiront sur toutes l’orientation des grains.
les faces, on peut aussi observer un changement des angles entre
les arêtes de la maille cristalline : Ces différences de réactivité constituent un moyen fort utile pour
révéler la structure des métaux et alliages, lors d’une observation
— plus aigus en relaxation positive ; métallographique (figure 2). On procède, après un polissage méca-
— plus obtus en relaxation négative. nique soigné qui généralement ne permet pas, à lui seul, de
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Adatome
Lacune
Cran
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aussi d’expliquer pourquoi une surface courbe a une réactivité qui en catalyse qu’en corrosion, à l’aide de différentes techniques
dépend de son rayon de courbure ; en effet, quand celui-ci est faible, comme la photoémission X et ultraviolette (XPS et UPS) et la spec-
la densité de défauts de surface, et notamment de crans, est plus troscopie de pertes d’électrons. Des approches par simulation
grande que celle d’une surface à grand rayon. Ainsi, il a été montré, numérique et par dynamique moléculaire ont aussi contribué à ce
pour une surface présentant une pointe dont les rayons de courbure domaine, en particulier pour déterminer la forme des densités
principaux sont R1 et R2, que l’accroissement de potentiel chimique d’état. Ainsi, à titre d’exemple, on peut citer des travaux réalisés
∆U de cette surface, par rapport à une surface plane est : sur des plans (110) de dioxyde de titane TiO2-x , faiblement sous
stœchiométrique en oxygène, qui ont montré l’existence d’un état
Q ∆U = Ω 冤冢 γ + d 2 γ /d θ 1 冣 1/R 1 + 冢 γ + d 2 γ /d θ 2 冣 1/R 2 冥
2 2
à 0,8 eV sous la bande de conduction ; cet état s’élargit avec l’aug-
mentation de l’écart à la stœchiométrie x, et peut même finir par
avec Ω volume atomique, chevaucher la bande de conduction [13] [14].
γ énergie (ou tension) superficielle, L’existence des liaisons coupées et des modifications des densi-
θi angle polaire décrivant une courbe tés électroniques associées prend toute son importance dans le cas
de rayon R i, des matériaux semi-conducteurs comme le silicium, le germanium
2 2 et l’arséniure de gallium. Dans ces matériaux pour lesquels les
d 2 γ /d θ 1 et d 2 γ /d θ 2 courbures du « γ-plot » dans les liaisons sont fortement covalentes donc dirigées, la création d’une
directions principales. surface ne peut pas modifier les longueurs de ces liaisons, et les
Toutes les informations récentes recueillies sur les surfaces propres angles d’hybridation des orbitales doivent être respectés. Les
confirment la présence de défauts : adatome, adlacune, marche, liaisons pendantes ainsi créées vont cependant entraîner des modi-
décrochement, etc. On constate aussi que, sur la dernière rangée ato- fications pour tenter de minimiser l’énergie superficielle : elles ne
mique d’une marche (lisière) comportant un décrochement ou cran, vont pas provoquer de relaxation accompagnée d’une augmenta-
le nombre de proches voisins n’est pas le même pour chaque atome. tion (dilatation) ou d’une diminution (compression) des distances
Si on élève la température d’un matériau comportant une telle surface interréticulaires, comme nous l’avons précisé ci-dessus, mais
avec défauts, les entropies de vibrations, plus fortes en surface qu’en s’accompagner d’une véritable reconstruction avec modification de
volume et les entropies de position (désordre) vont conduire à la la structure électronique en surface. Différents modèles, notam-
multiplication de défauts. ment pour le silicium, ont été proposés suivant les plans {111} ou
{100} par exemple. Tous ces modèles ont pour objectif de suppri-
mer le maximum de liaisons pendantes : ainsi dans un modèle
Les surfaces peuvent ainsi être classées de façon simple en récent appelé DAS (dimer adatom stacking fault), le nombre de tel-
trois catégories : les liaisons n’est que de 19 au lieu des 49 de la maille 7 × 7 ; un tel
les surfaces singulières de grande densité atomique, dont modèle, comme son nom l’indique, fait intervenir des adatomes,
l’énergie de surface est minimale ; des dimères d’atomes et même des fautes d’empilement. Dans le
les surfaces vicinales, dont la désorientation est faible par même esprit, on a aussi étudié la reconstruction du plan {100} de
rapport aux plans de grande densité atomique ; ces surfaces métaux comme le platine, Pt, l’iridium, Ir, et l’or, Au [15].
peuvent être décrites par le modèle TLK, le nombre de marches
augmentant avec l’angle de désorientation ; Dans ces reconstructions, on peut aboutir à des transformations
les surfaces complexes qui vont présenter une rugosité structurales, d’où des transitions de phases. On imagine donc bien
importante, non décrite par le modèle précédent. que des méthodes permettant de localiser les atomes ou d’atteindre
les phases bidimensionnelles constituent des outils de choix pour
ce type d’étude. Nous renvoyons le lecteur à des ouvrages
spécialisés [16] à [20].
2. Approche physique
d’une surface 3. Approche thermodynamique
Ce que l’on vient de décrire pour les métaux, les céramiques et et énergétique d’une surface
plus généralement les composés ioniques, s’applique donc aussi
aux oxydes. Or, tout métal (sauf l’or) est recouvert au contact de
l’air d’un film d’oxyde (voire d’hydroxyde) dit naturel ; ce film est
très mince puisque son épaisseur, qui varie selon la nature du 3.1 Énergie de surface
substrat, est de quelques unités à une dizaine de nanomètres. Il en et tension superficielle
résulte que, suivant l’orientation de la surface, les premiers plans
présentent des caractéristiques électrostatiques variables.
À plusieurs reprises, dans ce qui précède, nous avons fait réfé-
La structure électronique des atomes est perturbée au voisinage rence à l’énergie de surface, aussi appelée énergie superficielle ou
d’une surface, en raison de la rupture des liaisons (liaisons pen- encore travail spécifique de surface. C’est une grandeur fort impor-
dantes) et des distorsions structurales. Même pour une surface tante, utilisée en thermodynamique des surfaces.
propre et idéale, ne comportant aucun défaut de structure ou de
composition (non stœchiométrie), la forme des bandes d’énergie
est perturbée par rapport à celle du volume ; ainsi, le partage des L’énergie de surface correspond à « l’excédent » d’énergie libre
électrons entre les anions et les cations est modifié et la bande qu’il faut fournir à l’aire A d’une surface donnée, pour l’augmenter
interdite (« gap ») est réduite. Ces changements sont d’autant plus d’un incrément (ou accroissement) dA, en tenant compte de la
marqués que le nombre de liaisons rompues est élevé. On peut en nécessité de rééquilibrer les liaisons atomiques superficielles et en
déduire que les surfaces idéalement planes sont peu réactives ; supposant que la température, le volume du solide et le nombre
quant aux marches, aux crans, voire aux lacunes (figure 3), tous de constituants (au sens de la règle des phases) restent constants.
ces défauts constituent des sites réactifs pour l’oxygène. L’étude
des défauts de surface présente donc un grand intérêt, non seule-
ment pour connaître l’état électronique, mais aussi pour en déduire Cette énergie est rapportée à l’unité d’aire de surface ; elle
la réactivité vis-à-vis du milieu environnant. C’est ce qui explique s’exprime en joules par mètre carré (J · m–2), mais des sous-multiples
que de nombreuses études expérimentales ont été réalisées, tant sont souvent utilisés.
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Dans le cas des liquides, mais aussi des solides, on fait souvent Il peut être montré, en exploitant la relation exprimant l’énergie
appel à la notion de tension superficielle γ, grandeur caractéristique interne d’excès, que la variation de la tension superficielle est
de la surface et reliée au potentiel thermodynamique. L’unité de fonction des potentiels chimiques de tous les constituants du maté-
tension superficielle est le newton par mètre (N/m–1) ; comme pré- riau considéré sauf un et aussi de l’état réel de la surface. Cela rend
cédemment, il existe des sous-multiples. difficile les comparaisons des valeurs expérimentales, en raison des
différences dans les protocoles expérimentaux. Compte tenu de ce
qui précède, la tension superficielle va dépendre du plan cristallin
• Pour ces grandeurs, on trouve encore dans quelques
de la surface et plus précisément du caractère plus ou moins dense
Q
ouvrages, des unités de l’ancien système CGS :
de celui-ci. La tension superficielle pour les métaux est voisine de
1 erg · cm–2 = 10–3 J · m–2 = 1 mJ · m–2
l’unité ; elle peut atteindre deux à trois joules par mètre carré pour
ou encore : 1 dyne · cm–1 = 10–3 N · m–1 = 1 mN · m–1
certains métaux comme le cuivre ou le tungstène. Il semblerait que
• Notons que pour beaucoup d’auteurs, l’énergie de surface
l’évolution de l’énergie superficielle avec le numéro atomique soit
et la tension superficielle sont confondues. Cela a pour consé-
assez semblable à celle de l’énergie de cohésion.
quence que cette dernière est aussi exprimée en joules par
mètre carré. Les considérations théoriques précédentes permettent de tirer
quelques conséquences en science et ingénierie des surfaces. Tout
Si on reprend les calculs présentés par A. Cornet et J.-P. d’abord, une surface idéalement propre est instable, cela résulte du
Deville [18], on peut écrire, pour la variation d’énergie interne, en fait que la tendance se fera en faveur d’une diminution du produit
séparant l’énergie de création d’une surface du travail mécanique γ A. En l’absence de toute espèce chimique dans le milieu envi-
résultant de l’action d’une pression P sur un volume V de matériau : ronnant (en ultravide), c’est le terme A qui va être modifié. En pré-
n sence de molécules étrangères, il y aura adsorption et/ou réaction.
dU = –PdV + TdS + γ dA + Σ i=1 µ i dN i (1) Toute surface fraîchement préparée se couvrira immédiatement
d’une couche de contamination (film d’oxyde, atomes chimisorbés,
avec T température thermodynamique (exprimée en Kelvin), molécules physisorbées) ; ainsi, l’adsorption de molécules orga-
S entropie, niques sera aisée. On peut aussi en déduire, ce qui est conforme
µ i potentiel chimique de l’espèce i, aux observations expérimentales, que le film d’oxyde naturel sera
toujours constitué dans sa partie externe, de l’oxyde correspondant
N i nombre de particules des espèces chimiques i. au degré d’oxydation le plus élevé du métal. De même, en pratique,
En introduisant dans l’expression générale précédente, la notion les surfaces carburées ou nitrurées seront très stables, ce qui est
de quantités d’excès définies dans le cadre de la thermodynamique mis en pratique industriellement. Les surfaces des matériaux poly-
de Gibbs, on aboutit à : mères sont aussi très stables, rendant délicate, voire difficile, toute
opération de dépôt métallique ; il faudra avoir recours à des modi-
n s
dU s = TdS s + γ dA + Σ i=2 µ i dN i (2) fications de surface par des méthodes adaptées, notamment par
plasma, pour traiter ces surfaces en vue de leur conférer d’autres
la création d’une surface étant par définition, une quantité d’excès. propriétés fonctionnelles.
Cette relation peut s’intégrer : Sur un plan concret, indiquons que la tension superficielle est à
l’origine de la rétention d’une goutte de liquide à l’extrémité d’un
n s
Us = TS s + γA + Σ i=2 µi N i (3) compte-gouttes et l’empêche de tomber. La notion de tension super-
ficielle gouverne aussi le phénomène de mouillabilité. Ce phéno-
En introduisant les différents potentiels thermodynamiques mène a beaucoup d’importance en élaboration des métaux et dans
d’excès associés aux quantités d’interface et/ou de surface, on leur mise en œuvre (brasage, soudage, galvanisation, traitements
obtient pour n composants : électrolytiques, fragilisation par les métaux liquides, adhésion
métal-polymère et conséquences en collage, etc.). Il permet aussi
n s
F s = γ A + Σ i=2 µ i N i (4) d’expliquer le rôle des liquides tensioactifs sur une surface et, de
n s
façon plus générale, d’expliquer l’effet Rehbinder.
Gs = Σ i=2 µi N i (5)
Ωs = γA (6)
avec Fs énergie libre de Helmholtz,
3.2 Mouillabilité et caractérisation
Gs enthalpie libre ou énergie libre de Gibbs, La tension superficielle concerne toutes les interfaces : liquide/gaz,
Ω s grand potentiel, solide/gaz et solide/liquide. Dans le domaine des surfaces des maté-
et dans le cas d’un seul composant (n = 1) : riaux, la dernière est particulièrement importante, puisqu’elle permet
de comprendre une partie du comportement des matériaux solides
F s = γ A et G s = 0 en présence d’un liquide. Quand une goutte d’un liquide donné est
déposée sur la surface d’un solide, elle s’étale et adopte une confi-
On constate que le terme γ est proportionnel à un potentiel ther- guration d’équilibre (figure 4). L’angle θ, dit de contact, résulte de
modynamique. L’évolution d’une surface non contrainte ne peut se l’équilibre des tensions des trois interfaces solide/liquide ( γ SL),
faire que par diminution du produit γ A. liquide vapeur (γ LV) et solide/vapeur (γ SV) ; ces grandeurs sont liées
Si l’aire de la surface est aussi modifiée, la solution est plus entre elles par la relation d’Young :
complexe, mais peut quand même être trouvée.
γ LV · cos θ = γ SV – γ SL (7)
En dérivant par rapport à A, la relation (4) exprimant F s pour n
constituants, on aboutit à :
n s
dF s /dA = γ + Ad γ /dA + Σ i=2 µ i dN i
γLV
Cette relation montre que toute contrainte appliquée en surface γSL θ γSV
ou en son voisinage immédiat (zone de subsurface) va entraîner des
modifications de tension superficielle. Ces contraintes de surfaces
vont agir sur les modifications structurales évoquées ci-dessus
(relaxation et reconstruction). Figure 4 – État d’équilibre d’une goutte de liquide posée sur un solide
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Revêtements et traitements
de surface. Approche technologique
Q
par Gérard BÉRANGER
Professeur à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC)
Membre de l’Académie des Technologies
et Henri MAZILLE
Professeur Émérite à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA)
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miner la surface, en éliminant les polluants par un nettoyage ou un
dégraissage afin de lui conférer une réactivité maximale, pour
améliorer l’adhérence d’un dépôt par exemple. Dans d’autres cas
1.2.1 Décapage mécanique
(pièces oxydées ou recouvertes de produits de corrosion), il est Il permet d’éliminer les couches adhérentes de produits de
nécessaire de procéder à un enlèvement de matière pour mettre à corrosion, de calamines et, plus généralement, d’oxydes ou de
nu la surface (on utilise aussi le vocable de mise à vif), afin de lui revêtements protecteurs anciens mais dégradés. Les vocables spé-
donner l’aspect voulu ou les propriétés recherchées (surface polie, cifiques de décalaminage, dérochage, dépassivation, désoxydation,
restaurée, passivée...) et cela, sans altérer le métal de base. dérouillage, avivage, activation, sont souvent utilisés en pratique
On conçoit alors que les procédés de préparation ou de industrielle [M 1 455]. Le décapage mécanique, réalisé par bros-
conditionnement des surfaces dépendent, non seulement de la sage, grattage, sablage, grenaillage, microbillage... s’effectue soit à
nature (composition, taille et géométrie, état de surface...) de la sec, soit en phase humide (sablage humide). Dans ce dernier cas,
pièce à traiter, mais aussi de l’objectif recherché. Pour certains un agent passivant est ajouté à l’eau afin de « freiner » la réactivité
alliages, par exemple pour les aciers inoxydables, il est souvent de l’atmosphère environnante avec la surface fraîchement mise à
recommandé d’effectuer un traitement de passivation après déca- nu [M 1 457] [M 1 458].
page, afin de « reconstruire » le film passif protecteur et conférer
ainsi à la pièce traitée des propriétés optimales de résistance à la
corrosion. L’ensemble de ces procédés fait l’objet d’une littérature
1.2.2 Décapage chimique
abondante et en particulier de plusieurs articles dans la rubrique Par dissolution des couches adhérentes sur la surface et/ou du
« Traitement de surface » des volumes « Traitement des métaux », substrat sous-jacent, le décapage chimique conduit au même résul-
auxquels nous renvoyons le lecteur pour des besoins spécifiques tat que le décapage mécanique. On utilise un bain acide pour les
[M 1 435] [M 1 450] [M 1 455] [M 1 456] [M 1 457] [M 1 458] pièces en acier ou en titane et un bain alcalin pour les pièces en
[M 1 460]. Ce paragraphe a simplement pour but de dresser « un alliages d’aluminium. Les bains acides contiennent souvent des
panorama » succinct de ces diverses techniques et méthodes de adjuvants tensioactifs et des inhibiteurs, dits bloquants, qui évitent
préparation de surface. l’attaque excessive du substrat lorsque la surface est partiellement
et localement décapée [M 1 456].
Avant tout dépôt ou traitement, les surfaces à traiter doivent être Dans le bain, généralement acide, la pièce est placée en situation
débarrassées de leur contamination en impuretés organiques ou d’anode. En plus de l’effet mécanique favorable du dégagement
minérales provenant des étapes d’élaboration des pièces (formage, gazeux, ce procédé permet un meilleur contrôle des conditions de
usinage avec lubrifiant, stockage...). décapage et un gain de productivité [M 1 456].
Pour des salissures plus « récalcitrantes », il faut faire appel au La rénovation de pièces métalliques déjà protégées nécessite
dégraissage électrolytique qui met à profit, non seulement l’effet généralement l’élimination préalable du revêtement dégradé (revê-
mécanique provoqué par les bulles issues du dégazage (O2 ou H2 tement organique ou dépôt métallique). En plus des procédés de
selon le type anodique ou cathodique du traitement), mais aussi décapage mécanique ou chimique, on utilise parfois, en particulier
l’effet des réactions électrochimiques à l’interface pièce/électrolyte. pour les peintures, le décapage thermique soit à la flamme entre
Dans le cas du dégraissage cathodique (dégagement de H2), il faut 400 et 500 oC suivi d’un grattage, soit dans un four à la même
par contre prendre garde aux risques de fragilisation par l’hydro- température, mais en lit fluidisé [M 1 458] [M 1 460]. Le décapage
gène des pièces pendant et après le traitement (rupture différée en bains de sels est plus rarement utilisé et réservé pour des piè-
des aciers à haute résistance et des alliages de titane...). Le ces de petite taille.
dégraissage anodique conduit à un dégagement plus favorable de Le décapage mécanique fait appel à des jets d’eau sous très
bulles d’oxygène, mais aussi à une forte dissolution du substrat, haute pression ou à la projection de particules : cryogrenaillage
qu’il convient de maîtriser pour éviter le ternissement de la surface (glace carbonique) ou médias plastiques ou végétaux (fragments
ou une attaque excessive. de noyaux de fruits, comme ceux des abricots).
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M 1 426 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
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Le décapage chimique (délaquage pour les peintures) utilise des Par ailleurs, de nombreux traitements nécessitent un support
bains conduisant à la dissolution ou au gonflement du revêtement « sec ». Il s’agit là d’une notion toute relative, lorsqu’on sait que les
en réduisant son adhérence, ce qui permet son décollement. dernières molécules d’eau adsorbées sur une surface sont difficiles
Quel que soit le procédé de décapage, il ne doit pas entraîner à éliminer, même à des températures bien supérieures à 100 oC. Un
une dégradation importante du substrat, il doit éviter toute fragili- séchage à l’air pulsé, sec et chaud (entre 110 et 150 oC), pendant
sation de la pièce et comme pour tout procédé, il doit être non – 5 minutes est souvent recommandé. Des précautions doivent être
ou peu – nocif vis-à-vis des opérateurs et de l’environnement. prises dans le cas d’air comprimé, car le compresseur peut entraîner
une contamination de l’air par de très fines gouttelettes d’huile.
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Plans d’expériences
et traitements de surface
Étude quantitative des effets
et interactions Q
par Amel KAMOUN
Ingénieur en Génie Industriel – Docteur en Chimie
Enseignant chercheur à la Faculté des Sciences, Université de Sfax (Tunisie)
RU
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Q
– milieu de traitement (aqueux, fondu ou gazeux) ;
– procédé tel que :
attache, tonneau, au défilé, au tampon pour les TSVH,
CVD, PVD, projection thermique,… pour les TSVS.
Notre propos vise à inciter, à travers des exemples, les praticiens du secteur des
TS à adopter au quotidien une démarche orientée vers la mise en œuvre de la
méthodologie des plans d’expériences, d’autant que les exigences des donneurs
d’ordre sont très diverses et variées. À cette fin, nous avons délibérément choisi
de traiter des plans dont les finalités sont différentes, et souvent complémentaires.
Le présent article traite le criblage des facteurs et la détermination quantita-
tive de leurs effets et de leurs interactions. Le [M 1 429] sera consacré à la
recherche de l’optimum et la formulation des mélanges par la méthodologie
des surfaces de réponses.
Dans l’ordre d’apparition, seront analysés les plans factoriels complets, facto-
riels fractionnaires, de Taguchi, de Plackett et Burman et supersaturés, et ce, sur
la base d’exemples tirés de la littérature scientifique. Le lecteur comprendra
qu’il aurait été non confidentiel de considérer des exemples industriels. Au
demeurant, précisons que nous avons retraité ici les données aimablement
fournies par les auteurs à l’aide du logiciel NEMRODW.
1. Contexte 2. Terminologie
Plus que jamais, l’amélioration de la qualité du traitement, la Un plan d’expériences peut être défini comme une suite d’essais
réduction des coûts et des délais, le respect des normes environne- organisés à l’avance, de manière à déterminer, au moyen d’un
mentales sont des challenges auxquels doit faire face le secteur des nombre réduit d’essais et avec un maximum de précision,
traitements de surfaces. Cette réalité industrielle est fortement l’influence de multiples paramètres (facteurs) sur une (ou plu-
impactée par de nombreux paramètres, propres aux trois acteurs, sieurs) propriété(s) étudiée(s) (réponses).
qu’il convient, non seulement d’identifier, mais de contrôler au
mieux. Les réponses à cette problématique multiparamétriques ne Dans la pratique des plans d’expériences ([1]-[28], [F 1 005],
peuvent être obtenues par la méthode intuitive, désignée par OVAT [F 1 006], [J 2 110], [J 2 240], [P 225], [P 228], [P 229], [P 230],
(one variable at a time), qui consiste à fixer les niveaux de tous les [R 260], [R 275]), le vocabulaire suivant est employé :
paramètres, sauf un, et de mesurer, pour plusieurs valeurs de celui- – variables naturelles : ce sont les facteurs étudiés, notés Uj (j = 1 à
ci, la réponse souhaitée. Cette démarche, longue et fastidieuse, k, k le nombre de facteurs). Lorsque la variable naturelle Uj prend
aboutit à une kyrielle d’informations, souvent difficilement exploi- deux niveaux dans une expérimentation, on convient de désigner
tables, où seul l’effet de chaque paramètre est déterminé sans iden- par Uj (inf.) son niveau inférieur et par Uj (sup.) son niveau supérieur ;
tification d’interactions possibles entre facteurs. – variables codées : le traitement des données, issues des plans
À l’heure actuelle, où le temps imparti aux études de recherche et d’expériences, exige l’utilisation de variables centrées, réduites et
de développement est réduit et où les applicateurs doivent rapide- sans dimension, désignées par « variables codées », à la place des
ment maı̂triser toute modification de leur outil de production et sta- « variables naturelles ». Pour cela, on associe à chaque variable
biliser son point de fonctionnement, une telle démarche n’est plus naturelle Uj une variable codée Xj, qui prend le niveau (– 1) pour
concevable. Aussi, le recours à la méthodologie des plans d’expé- le niveau Uj (inf.), et le niveau (+ 1) pour le niveau Uj (sup.),
riences, stratégie pour la planification de la recherche ou de l’expé- comme indiqué dans la figure 1.
rimentation, s’avère de mise.
Introduits en 1920, par R.A. Fisher, pour l’agronomie, les plans
d’expériences ont été appliqués en 1940 aux USA par G. Box chez DUj
Dupont de Nemours et dans d’autres compagnies industrielles.
Après la deuxième guerre mondiale, G. Taguchi, au Japon, a élargi Uj (inf.) Uj (0) Uj (sup.) Uj
leur champ de diffusion au domaine de la qualité en production -1 0 +1 Xj
industrielle. Depuis, de nombreux secteurs d’activités industrielles
ont intégré la méthodologie des plans d’expériences, aussi bien au
niveau de la production, que de la R&D. Figure 1 – Variables naturelles Uj et variables codées Xj
RV
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La relation de passage de la variable naturelle Uj à la variable 3.1 Application des plans factoriels
codée Xj, et inversement, s’écrit :
complets 2k
U j − ⎡⎣U j (sup.) + U j (inf.)⎤⎦ / 2 U j − U j (0)
Xj = = (1) 3.1.1 Données spécifiques
⎡U j (sup.) − U j (inf.)⎤ / 2 ΔU j
⎣ ⎦ Ces plans sont faciles à mettre en œuvre et à exploiter ([4] [5] [7]
[8] [10] [11] [12] [14] [18] [22] [26] [P 230], [R 275], [F 1 005]). Plu-
avec Uj (0) valeur au centre, (valeur moyenne des deux sieurs exemples d’application dans le domaine des TS illustrent
niveaux de Uj), leur utilisation pour estimer les effets des facteurs et de leurs inter-
Q
DUj pas de variation. actions avant d’entreprendre une étude d’optimisation par l’appli-
cation de la méthodologie des surfaces de réponses.
La matrice d’expériences d’un plan factoriel complet à k facteurs
Il convient de préciser que, selon la nature d’une étude, il
à deux niveaux est obtenue par la combinaison, de toutes les
existe des variables qualitatives, prenant des valeurs discrètes.
manières possibles, des deux niveaux attribués à chaque facteur.
RW
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Tableau 2 – Matrice des effets (ou du modèle) d’un plan factoriel complet 24
N 1 X1 X2 X3 X4 X1X2 X1X3 X1X4 X2X3 X2X4 X3X4 X1X2X3 X1X2X4 X1X3X4 X2X3X4 X1X2X3X4
1 1 -1 -1 -1 -1 1 1 1 1 1 1 -1 -1 -1 -1 1
2 1 1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 1 1 1 1 1 1 -1 -1
3 1 -1 1 -1 -1 -1 1 1 -1 -1 1 1 1 -1 1 -1
Q 4
5
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1
-1
6 1 1 -1 1 -1 -1 1 -1 -1 1 -1 -1 1 -1 1 1
7 1 -1 1 1 -1 -1 -1 1 1 -1 -1 -1 1 1 -1 1
8 1 1 1 1 -1 1 1 -1 1 -1 -1 1 -1 -1 -1 -1
9 1 -1 -1 -1 1 1 1 -1 1 -1 -1 -1 1 1 1 -1
10 1 1 -1 -1 1 -1 -1 1 1 -1 -1 1 -1 -1 1 1
11 1 -1 1 -1 1 -1 1 -1 -1 1 -1 1 -1 1 -1 1
12 1 1 1 -1 1 1 -1 1 -1 1 -1 -1 1 -1 -1 -1
13 1 -1 -1 1 1 1 -1 -1 -1 -1 1 1 1 -1 -1 1
14 1 1 -1 1 1 -1 1 1 -1 -1 1 -1 -1 1 -1 -1
15 1 -1 1 1 1 -1 -1 -1 1 1 1 -1 -1 -1 1 -1
16 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
y(-1)
N=16 N=16 N=16
∑ X i1X i2 = … = ∑ X i1X i2X i3 = … = ∑ X i1X i2X i3 X i4 = 0
i=1 i=1 i=1
ème
avec Xij niveau pris par le j facteur (ici j variant de
1 à 4) à la ième expérience (i variant de 1 à N).
-1 0 +1 xj
RX
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Q
& L’exploitation des résultats obtenus est conduite en réalisant À cette fin, un plan factoriel complet 24 a été réalisé et exploité.
une analyse statistique destinée à distinguer les effets significatifs.
Pour ce faire, il convient d’évaluer les « sommes des carrés des 3.1.2.1 Données expérimentales
écarts à la moyenne » (SS) relatives : Les quatre facteurs étudiés et leurs niveaux sont indiqués dans le
– à la variation totale observée ; tableau 3. Les 16 expériences réalisées sont indiquées par la
– à la variation due aux effets des facteurs et à leurs interactions ; matrice d’expériences représentée au tableau 1.
– à la variation due à l’erreur expérimentale. La résistance à l’abrasion des échantillons préparés est évaluée
par la mesure de la perte de masse selon un test normalisé
Le recours aux tests statistiques de comparaison de Student, ou (ASTM G105).
de Fisher ([8] [10] [13] [22] [28]), permet de distinguer les effets sta-
tistiquement significatifs pour un niveau de confiance choisi. En 3.1.2.2 Résultats et discussion
l’absence d’estimation de la variation due à l’erreur expérimentale, Les réponses obtenues sont indiquées dans la dernière colonne
d’autres méthodes d’analyses statistiques peuvent être utilisées, du tableau 1. Chaque valeur représente la moyenne de trois
telles que la méthode de la droite de Henry (désignée par Normal mesures.
probability plot) comme proposé par Daniel [30], et la méthode de
Le calcul des effets par la méthode des moindres carrés à partir
Lenth [31].
des équations (4) permet d’obtenir le modèle mathématique ajusté
L’analyse statistique est complétée par l’étude graphique des suivant :
effets des facteurs et de leurs interactions sur la réponse étudiée
au moyen du diagramme des effets et des diagrammes des ŷ = 0,846 + 0,463 X 1 + 0,198 X 2 + 0,620 X 3 + 0,035 X 4 + 0,128 X 1X 2 + 0,452 X 1X 3
interactions. + 0,088 X 1X 4 + 0,134 X 2X 3 − 0,050 X 2X 4 + 0,137 X 3 X 4 + 0,146 X 1X 2X 3 (5)
+ 0,0
026 X 1X 2X 4 + 0,065 X 1X 3 X 4 + 0,020 X 2X 3 X 4 − 0,003 X 1X 2X 3 X 4
RY
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SP
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Plans d’expériences
et traitements de surface
Méthodologie des surfaces de réponses
(MSR) Q
par Amel KAMOUN
Ingénieur en Génie Industriel – Docteur en Chimie
Enseignant chercheur à la Faculté des Sciences, Université de Sfax (Tunisie)
SQ
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mQTRY
ans le [M 1 428], nous avons traité les plans d’expériences utilisés en trai-
D tements de surface (TS) pour la hiérarchisation des facteurs, ainsi que
l’identification et la quantification des interactions gouvernant un procédé.
Comme ces plans d’expériences ne permettent pas de localiser avec précision
un optimum présent dans le domaine d’étude exploré, sa recherche est réalisée
via la modélisation de la réponse étudiée et l’exploitation du modèle ajusté au
moyen de différents outils mathématiques et de statistiques appliquées.
SR
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mQTRY
En fait, il existe toujours un écart, ou résidu (ri) entre la valeur 1.1.3 Validation du modèle
mesurée (yi) et la valeur calculée à partir du modèle (ŷ i), soit : Avant d’exploiter le modèle ajusté, il importe de le valider, c’est-
à-dire vérifier que, dans tout le domaine d’étude, sa qualité prévi-
y i = yˆ i + ri (2) sionnelle est bonne. Dans la pratique, deux méthodes de validation
sont utilisées :
– l’analyse du manque d’ajustement ;
– l’utilisation de points tests.
Deux raisons expliquent cet écart :
Q
& Analyse du manque d’ajustement
– la réponse yi étant une variable aléatoire, sa mesure est enta-
chée d’une erreur expérimentale pure désignée par ei ; Elle nécessite une analyse de la variance qui consiste à évaluer et
– comme rien ne prouve que l’on ait choisi le bon modèle, il y a comparer entre elles les variances du manque d’ajustement, expé-
lieu d’envisager un écart systématique entre le modèle réel et le rimentales et résiduelles. Ces variances ont, en désignant par n le
modèle postulé. Cet écart, désigné par Di, est appelé « manque nombre de degrés de liberté associé à une somme de carrés (SS),
d’ajustement » (lack of fit). les expressions suivantes :
variance résiduelle
2
1.1.2 Évaluation de la qualité de l’ajustement SSR / νR = ∑ (y i − yˆ i ) / νR
Les valeurs des coefficients sont estimées par la méthode des
moindres carrés. L’évaluation de la qualité globale du modèle variance expérimentale
2
mathématique ajusté permet de savoir si ce modèle résume correc- SSE / νE = ∑ (y i − mi ) / νE
tement les résultats des essais du plan d’expériences et cela à
l’aide de quatre outils statistiques. avec mi moyenne des réponses d’une expérience repli-
quée plusieurs fois, en général au centre du
& La comparaison de la variance attribuable à la régression à la domaine.
variance résiduelle, au moyen du test de Fisher ([4] [6] [9] [13])
pour ce faire, on calcule ainsi : variance du manque d’ajustement
2 SS Δ /νΔ
Frégression =
∑ (yˆ i − y ) / νX (3)
2
∑ (y i − yˆ i ) / νR La somme des carrés de la variance due au manque d’ajuste-
ment (SSD) et le nombre de degrés de liberté (nD), qui lui est asso-
avec y valeur moyenne des réponses mesurées, cié, sont calculés par différence :
nX nombre de degrés de liberté (ddl) associé à la
SS Δ = SSR − SSE (6)
somme des carrés des écarts à la moyenne de
la régression,
nR nombre de degrés de liberté associé à la νΔ = νR − νE (7)
somme des carrés des résidus.
Le modèle est validé si la variance due au manque d’ajuste-
La valeur de ce rapport doit être supérieure à la valeur critique de ment, est non significative, c’est-à-dire si la valeur du rapport
Fisher à un niveau de confiance supérieur à 95 % (F0,05 (nX, nR)) pour F défini par :
que la régression soit significative.
SS Δ / νΔ
& Le coefficient de détermination de la régression multilinéaire R2 FΔ = (8)
SSE / νE
est défini par le rapport de la dispersion des résultats, expliquée
par le modèle, à la dispersion totale des résultats : est inférieure à la valeur critique de Fisher : F0,05 (nD, nE).
2 & Validation par les points tests
R2 =
∑ (ŷ i − y ) (4)
2 Elle consiste à réaliser des expériences supplémentaires en des
∑ (y i − y ) points situés à l’intérieur du domaine d’étude, et à comparer les
valeurs mesurées à celles calculées à partir du modèle. Ce dernier
Plus la valeur de R2 est proche de l’unité, meilleur est est validé si les différences (Dy) entre les valeurs mesurées yi et cal-
l’ajustement. culées ŷ i ne sont pas statistiquement significatives [13]. Plus préci-
sément, le modèle est validé si les rapports texp. sont inférieurs à la
& Le coefficient de détermination ajusté (RA2 ) est considéré pour valeur critique de Student (au niveau de confiance 95 % pour nR
tenir compte des degrés de liberté avec lesquels sont estimées les degrés de liberté) :
sommes des carrés des écarts à la moyenne. On définit RA2 par : y − yˆ i y i − yˆ i
t exp. = i = (9)
2 σ2Δy σR2 (1 + dU )
RA2 = 1 −
∑ (y i − yˆ i ) / νR = 1 − ∑ ei2 / νR (5)
2 2 σR2
∑ (y i − y ) / νT ∑ (y i − y ) / νT avec variance résiduelle calculée avec nR degrés de
liberté,
Dans l’expression (5) nT désigne le nombre de degrés de liberté dU fonction de variance de prédiction au point test
associé à la somme des carrés des écarts à la moyenne des répon- considéré.
ses mesurées. Plus la valeur de RA2 est proche de l’unité, meilleur
est l’ajustement.
Il est à noter que certains spécialistes des plans d’expériences
& L’analyse graphique des résidus ri permet de vérifier que ces der- estiment que la première méthode de validation des modèles
niers sont normalement distribués autour de zéro au moyen du dia- ajustés n’est pas suffisante en elle-même et conseillent de la
gramme de Daniel (normal probability plot) [17]. conforter par une validation au moyen de points tests.
SS
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mQTRY
Q – l’analyse canonique ;
– la méthode du chemin optimal ;
– la représentation graphique des courbes d’isoréponses et des
Si tous les signes des coefficients Z2j sont négatifs, le point
stationnaire S est un maximum.
surfaces de réponses ; S’ils sont tous positifs, il correspond à un minimum.
– l’étude de la fonction de désirabilité dans le cas de réponses
S’il y a, à la fois, des coefficients négatifs et positifs, il s’agit
multiples.
d’un minimax.
Dans ce qui suit, sont rappelés succinctement les fondamentaux
& Dans la pratique, pour tout point stationnaire situé en dehors du
de ces outils avant d’aborder leur application.
domaine d’étude, seule la rotation des axes est opérée pour ne
1.1.4.1 Analyse canonique faire disparaı̂tre que les termes rectangles de l’équation du modèle.
L’analyse canonique consiste à exprimer l’équation du modèle 1.1.4.2 Analyse du chemin optimal
mathématique dans le repère des axes de symétrie (SZj) de la
conique correspondante. Pour ce faire, on commence par effectuer L’analyse du chemin optimal permet de déterminer, pour toute
une translation du repère original des variables (OXj) amenant son hypersphère de rayon R, centrée à l’origine du domaine d’étude,
origine O au centre de la conique S (point stationnaire). Ce nou- le point où la réponse étudiée est optimale. Cela revient à chercher,
veau repère est désigné par (SWj). On réalise, ensuite, une rotation pour chaque valeur de R choisie (variant de 0 jusqu’à la limite du
de ce repère (SWj) d’un angle q pour le faire coı̈ncider avec le domaine), les niveaux optimums des variables sous la contrainte :
repère (SZj) (figure 1). k
& L’opération de translation (désignée par « transformation T ») ∑ X j2 = R 2 (13)
j=1
permet d’éliminer les termes linéaires bjXj du modèle. L’expression
du modèle mathématique est alors :
L’ensemble des points obtenus constitue le chemin optimal
k −1 k k (courbe en pointillés représentée sur la figure 2).
yˆ = yˆ s + ∑ ∑ α jmWj Wm + ∑ λ j Wj2 (10) Les logiciels spécifiques des plans d’expériences présentent les
j=1 m = 2 j=1
m> j résultats sous forme de graphes indiquant, à chaque distance du
centre du domaine, la valeur optimale de la réponse étudiée
& La rotation des axes (désignée par « transformation R ») permet (figure 3a), ainsi que les niveaux optimums à attribuer aux facteurs
d’éliminer les termes rectangles ajmWjWm et, partant, d’obtenir (figure 3b).
l’équation de la forme canonique du modèle mathématique :
k
1.1.4.3 Courbes d’isoréponses et surfaces de réponses
yˆ = yˆ s + ∑ λ jZ j2 (11) L’exploitation du modèle validé est aussi réalisée graphiquement
j=1 en traçant en 2D les courbes joignant les points où la réponse cal-
culée a la même valeur (courbes d’isoréponses).
avec ŷ s valeur de la réponse calculée au point stationnaire S Pour ce faire, on choisit, à chaque fois, deux variables à étudier,
les niveaux des autres variables étant fixés (par exemple, à leur
valeur moyenne). En ajoutant une troisième dimension au graphe
X2 W2 des courbes d’isoréponses, pour indiquer les valeurs de la réponse,
Z2
on obtient une surface de réponse illustrant l’évolution de la
Z1
W2M
réponse en fonction des niveaux des deux facteurs choisis.
M
X2M
Z1M
X2 Chemin optimal
Z2M
q (variation des
S W1M W1 coordonnées
de l’optimum
en fonction de
sa distance du
R centre)
O X1M X1 X1
(OXj) : Repère initial
S : Point stationnaire, centre de la conique
(SZ j) : Repère formé par les axes de symétrie de la conique
(SWj) : Repère d’origine S obtenu par translation de (OXj)
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
mQTRY
Réponse
d i (en %)
5,4
100
Minimisation
4,6
50
Q
3,8
0 ymin ycible yi
Maximisation
3
a recherche d’une maximisation de la réponse
d i (en %)
X 50
1,00 1
Minimisation
3
Distance
3 d i (en %)
1,00 0,50 0 0,50 1,00
2 100
1 Distance
– 0,50 Maximisation
50
2
– 1,00
Figure 3 – Analyse du chemin optimal de la réponse « vitesse c recherche d’une valeur cible de la réponse
de dissolution » de la couche d’oxyde
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
mQTRY
Réponse 11 12
N exp X1 X2 X3 mesurée y
(en Hv) 8
Q
1 -1 -1 0 1 346 1 3
13 - 15
2 1 -1 0 1 484 X2
2 4
3 -1 1 0 1 490 5
9
4 1 1 0 1 259 10
6
5 -1 0 -1 1 216
X1
6 1 0 -1 974
Figure 5 – Lieu géométrique des points expérimentaux d’un plan
7 -1 0 1 1 122 de Box-Behnken à trois facteurs
8 1 0 1 1 248
Tableau 2 – Facteurs étudiés et leurs niveaux
9 0 -1 -1 1 014
Variables Pas de
10 0 1 -1 1 108 Facteurs Centre
codées variation
11 0 -1 1 1 174 X1 U1 : courant d’arc (en A) 600 50
12 0 1 1 1 089 U2 : débit d’alimentation
X2 25 5
en poudre (en g.min-1)
13 0 0 0 1 396
U3 : débit du gaz primaire
14 0 0 0 1 438 X3 55 5
(en L.min-1)
15 0 0 0 1 482
matrice d’expériences relative au plan de Box-Behnken à trois fac-
teurs est représentée sur le tableau 1. Les auteurs ont réalisé trois
Ces plans possèdent la propriété de séquentialité. C’est-à-dire expériences au centre du domaine afin d’estimer la variance due à
qu’ils permettent d’entreprendre l’étude de k facteurs, en se l’erreur expérimentale.
réservant la possibilité d’en ajouter de nouveaux, sans perdre À l’instar du plan de criblage, les performances du procédé sont
le bénéfice des essais déjà effectués. évaluées par la mesure de la microdureté du dépôt.
Il reste cependant nécessaire d’attribuer aux facteurs à intro-
duire leur niveau moyen, et ce dès la première étape. 1.2.2.2 Résultats et discussion
De plus, et selon le nombre de facteurs d’études, les plans de Les réponses mesurées sont consignées dans la dernière
Box-Behnken vérifient certaines propriétés. Ainsi, le critère de colonne du tableau 1. Elles ont permis d’ajuster le modèle mathé-
presque orthogonalité ([4] [6] [7] [9]) est assuré pour les plans matique du second degré postulé par la méthode des moindres car-
à trois et quatre facteurs en réalisant quatre et douze points au
rés, soit :
centre du domaine d’étude, respectivement.
ŷ = 1 438,67 − 26,13X 1 − 9,00X 2 + 40,13X 3 − 92,25X 1X 2 + 92,00X 1X 3 − 44,75X 2X 3
(15)
1.2.2 Étude d’un cas − 0,08X 12 − 43,83X 22 − 298,58X 32
SV
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mQTSP
et Jean-Claude CATONNÉ
Professeur Honoraire du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), consultant
en traitement de surfaces
SW
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mQTSP
électrochimique H + + e − = 21 H2
Si l’électrode est convenablement choisie (matériau inattaquable, Il faut bien sûr respecter le système d’unités des concentrations
à conduction électronique), la valeur de la différence de potentiel qui peut être exprimé sous plusieurs formes : molarité, molalité ou
fraction molaires.
(d.d.p.), qui s’établit à l’interface électrode-solution, est remar-
quable. Pour un système réversible, on démontre en effet que Le potentiel standard E est une fonction de la température. Le
cette valeur est à la fois qualitative (par la nature de l’équilibre) et potentiel d’équilibre électrochimique, Eeq, évoluera donc avec cette
quantitative (par l’activité des espèces). variable, sous l’effet de deux contributions, celle de E et celle du
terme de proportionnalité relatif à l’expression logarithmique.
& La mesure directe de cette valeur n’est toutefois pas possible, La notion d’équilibre s’étend à tous les systèmes oxydo-réduc-
puisqu’au sens électrique du phénomène, nous avons affaire à teurs. Dans l’état thermodynamique standard, la température est
une demi-pile. prise à 25 C (298 K), tandis que l’activité de chaque soluté est
Pour quantifier la valeur, il faut tout d’abord associer une élec- considérée unitaire. Dans le cas où d’autres phases que la solution
trode de référence à l’électrode indicatrice. Ensuite, il suffit de aqueuse se trouvent impliquées dans l’équilibre, il faut considérer
mesurer la force électromotrice (f.é.m.) de la pile ainsi constituée. comme une constante l’activité de chacune d’entre elles.
Par définition, la valeur de cette f.é.m. est le potentiel électrochi- & En traitements de surface par voie humide, les milieux électroly-
mique (d’équilibre) du couple oxydo-réducteur. On l’exprime en tiques utilisés contiennent fréquemment un complexant (ou
volts, par rapport à l’électrode de référence considérée. ligand), noté L, qui conduit à la formation d’un complexe avec
Sur le plan thermodynamique, c’est l’électrode standard à hydro- l’espèce métallique présente en solution.
gène (ESH) qui a été choisie comme référence dans l’échelle des Pour un couple oxydant/réducteur Mn+/M où M est le métal et
potentiels, à toutes températures. Mn+, le cation associé, la présence d’un ligand Ly- dans le milieu
SX
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mQTSP
conduit à la formation d’un ou plusieurs complexes stables, de for- & La voie chimique consiste à assurer l’échange électronique
mule générale [MLz] (où z est un nombre entier), induisant la for- en associant au couple Ox1/Red1 étudié un couple antagoniste
mation d’un autre couple oxydant/réducteur dans lequel la forme Ox2/Red2.
oxydée est la forme complexée. On définit alors un potentiel stan- Dans l’état standard, on peut ainsi effectuer :
dard « conditionnel », appelé potentiel standard apparent du cou-
– soit la réduction de Ox1, par action du réactif Red2 ;
ple redox [MLz]/M, qu’il est courant de noter E . Cette notion
– soit l’oxydation de Red1, par action du réactif Ox2, dans des
s’applique également lorsqu’un paramètre tel que le pH ou une
réactions inverses aux précédentes.
réaction chimique concomitante à la réaction électrochimique telle
que la précipitation intervient. & La voie électrochimique consiste à assurer l’échange électro-
Nota : dans la notation conventionnelle d’un complexe, l’atome central est indiqué en
premier puis, dans l’ordre, les ligands négatifs, neutres et positifs ; la formule est placée
entre crochets [ ].
nique à l’interface d’une électrode appropriée, qu’il faudra alors
polariser, pour qu’elle se comporte :
– soit comme une cathode, pour la réduction de Ox1 selon :
Q
Un équilibre d’oxydo-réduction, qui est la somme de l’équilibre
Mn+ + ne- = M et de l’équilibre de complexation M + zL = MLz, Ox 1 + ne − = Red1
s’établit.
L’équation de Nernst permet alors de quantifier l’effet de la pré- ce qui nécessite d’appliquer à l’électrode un potentiel de travail
sence du complexant : inférieur au potentiel d’équilibre du couple rédox ;
– soit comme une anode, pour l’oxydation de Red1 selon :
° RT RT RT ⎡⎣[MLz ]⎤⎦
E = EM /M + ln ⎡M n + ⎤⎦ = EM
°
/M − ln βz + ln Red1 = Ox1 + ne −
nF ⎣
n+ n+
nF nF [L ]z
° RT ⎡⎣[MLz ]⎤⎦ ce qui nécessite d’appliquer à l’électrode un potentiel de travail
= E[′MLn ] /M + ln supérieur au potentiel d’équilibre du couple rédox.
nF [L ]z
° ° RT & Par exemple, si l’on considère un mélange Fe3+/Fe2+ dans son
avec E[′MLn ] /M = EMn+ /M − ln βz potentiel standard apparent (ou
nF état standard d’équilibre, on pourra :
(n)
conditionnel) du couple M /M en présence du ligand L, réduire le fer ferrique :
bn constante globale (cumulative) de complexa-
– par voie chimique, à l’aide de réactifs dont la valeur du poten-
tion [K 110] [5] [6].
tiel standard est inférieure à 0,771 V/ESH (système Zn2+/Zn, par
exemple Eo = – 0,763 V/ENH),
– par voie électrochimique, si on polarise l’électrode inatta-
quable, immergée dans la solution, à un potentiel inférieur à
0,771 V/ESH ;
2. Sens d’évolution oxyder le fer ferreux :
d’un équilibre – par voie chimique, à l’aide de réactifs dont la valeur du poten-
tiel standard est supérieure à 0,771 V/ENH (système Cl2/Cl–, par
électrochimique – exemple : Eo = 1,358 V/ESH),
– par voie électrochimique, si on polarise l’électrode inatta-
Conséquences pratiques quable, immergée dans la solution, à un potentiel supérieur à
0,771 V/ESH.
Les conditions requises sont d’ordre thermodynamique. Elles ne
préjugent pas de la vitesse avec laquelle la réaction pourrait se faire
L’équilibre électrochimique d’un système est susceptible de se (cinétique).
rompre, lorsque deux conditions sont simultanément remplies : Ces notions s’appliquent dans de multiples exemples. Elles
sa composition lui permet d’évoluer dans l’un des deux sens concernent donc de nombreux secteurs d’applications, parmi
conventionnels suivants : lesquels :
– réduction de Ox selon : – les générateurs électrochimiques ;
– les phénomènes de corrosion ;
Ox + ne − = Red – les problèmes d’anti-corrosion : traitement de surface des
métaux par exemple et plus spécifiquement l’élaboration de co-
– oxydation de Red selon : dépôts ou alliages binaires, ternaires… par voie électrolytique.
L’intérêt de tableaux analogues à ceux présentés dans cet article
Red = Ox + ne − est donc évident.
SY
Q
TP
Traitements de surface des métaux : contexte et gestion
environnementale
(Réf. Internet 42502)
Traitement des eaux résiduaires dans les ateliers de traitement de surface. M1800 43
Réglementation et gestion des rinçages
Traitement des eaux résiduaires dans les ateliers de traitement de surface M1801 45
Recyclage, récupération et valorisation des eluents dans les ateliers de traitement de M1810 49
surface
Traitement de surface. Eluents et réglementation M1815 53
Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 57
Complémentarité des outils scientiiques pour évaluer la toxicité de rejets industriels RE184 63
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TQ
R
TR
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mQXPP
AOX et le tributylphosphate).
La règlementation relative aux consommations spécifiques et l’obligation
d’obtenir une qualité de rinçage adéquate imposent d’avoir des chaı̂nes com-
prenant une configuration de rinçages associant, le plus souvent, rinçages sta-
tiques et dynamiques. Les relations liant les débits et les concentrations des
solutions de traitement sont établies en écrivant des bilans de matière sur dif-
férentes parties de la chaı̂ne.
Le respect de la règlementation relative aux limites d’émission en concentra-
tion nécessite de traiter les effluents selon un protocole plus ou moins com-
plexe ou de travailler en « zéro rejet ».
Les différentes étapes et techniques pour mener à bien ces opérations sont
présentées dans le dossier [M 1 801] « Traitement physico-chimique en continu
et zéro rejet ».
TS
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mQXPP
TRAITEMENT DES EAUX RÉSIDUAIRES DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENT DE SURFACE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Cr III 2 2 Si F > 4
1.2 Principaux constituants des eaux
de rinçage de décapage Cu 2 2 Si F > 4
Elles sont fixées par l’arrêté ministériel du 30 juin 2006 au titre de AOX 5 5 Si F > 10
la rubrique 2565 de la nomenclature des installations classées.
Tributylphospha-
Tout déversement d’eaux résiduaires en nappe souterraine, ou à 4 4 Si F > 8
te
l’intérieur de périmètres de protection de gites conchylicoles ou de
périmètres proches de captages d’eau potable, est interdit.
Les rejets sont effectués après un traitement approprié des De même, les rejets dans les réseaux d’égouts, appelés « rejets
effluents afin que les valeurs limites d’émission soient respectées raccordés », ne peuvent être acceptés que si le réseau et la sta-
(tableau 1). tion d’épuration sont aptes à recevoir et traiter correctement
l’effluent.
Les rejets, dits « directs », ne sont autorisés dans les milieux Si ces conditions ne peuvent être remplies, l’arrêté préfectoral
récepteurs que si, en aval du point de rejet, la qualité des d’autorisation peut être plus sévère que l’arrêté ministériel et
eaux reste équivalente à celle imposée au milieu par l’objectif rendre les contraintes plus astreignantes au niveau des flux
de qualité. des concentrations en polluants et des débits d’effluents.
TT
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mQXPQ
R
1. Traitement « classique » physico-chimique en continu .......... M 1 801 – 2
1.1 Stockage ............................................................................................. — 2
1.2 Prétraitements .................................................................................... — 3
1.3 Neutralisation/précipitation – Coagulation – Floculation.................. — 7
1.4 Séparation solide/liquide – Affinage du rejet – Traitement
des boues ........................................................................................... — 10
1.5 Traitement des boues ......................................................................... — 10
2. Contrôles .......................................................................................... — 11
3. Défauts et insuffisances du traitement classique ................... — 11
4. Le zéro rejet liquide ........................................................................ — 12
4.1 Principe du zéro rejet liquide ............................................................. — 12
4.2 Gestion des rinçages .......................................................................... — 12
4.3 Réalisation avec la technique de l’évapoconcentration .................... — 13
4.4 Réalisation avec la technique d’osmose inverse............................... — 15
4.5 Réalisation par la technique d’échanges d’ions ................................ — 16
4.6 Difficultés du zéro rejet pour de très gros ateliers............................ — 17
5. Conclusion........................................................................................ — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 1 801
réseaux d’égouts.
Les différentes étapes du traitement : stockage, prétraitements, précipitation-
neutralisation, séparation liquide-liquide, post-traitements, déshydratation des
boues, sont passées en revue. Même si ce traitement est bien conduit, l’effluent
rejeté présente encore une toxicité pouvant être nocive pour les milieux récep-
teurs et le bon fonctionnement des stations d’épuration, et certains polluants
salins et organiques ne sont pas, ou très peu, éliminés.
Compte tenu des contraintes environnementales renforcées et de plus en plus
difficiles à satisfaire par la voie classique, sans traitements complémentaires
nécessitant des investissements onéreux, les industriels sont incités de travail-
ler en « zéro rejet liquide ». Les principales techniques déjà utilisées pour réali-
ser un zéro-rejet et les difficultés rencontrées sont présentées ici.
TU
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mQXPQ
TRAITEMENT DES EAUX RÉSIDUAIRES DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENTS DE SURFACE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
R
– la floculation si nécessaire ;
– la séparation solide/liquide ;
– le traitement des boues ; Le stockage des différents effluents permet d’alimenter les divers
– les traitements éventuels d’affinage des liquides ; réacteurs de manière plus régulière en débit et en composition et,
– les contrôles sur l’effluent. ainsi, de faciliter les traitements.
Déchromatation Déshuilage
Précipitation
Floculation
Liquide
TV
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mQXPQ
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TRAITEMENT DES EAUX RÉSIDUAIRES DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENTS DE SURFACE
1.2 Prétraitements & Par centrifugation, les émulsions sont déstabilisées sous l’effet
d’une forte force centrifuge (cf. figure 5).
Les effluents de dégraissage se composant généralement de
1.2.1 Déshuilage des rinçages de dégraissages deux phases liquides (aqueuse et huileuse) et d’une phase solide,
Cette opération est indispensable car la présence d’huile peut les appareillages les plus adaptés sont des séparateurs à disques
perturber le traitement physico-chimique. Lors de la séparation dont les chambres de séparation (bols) tournent à grande vitesse,
solide/liquide, les gouttelettes d’huile peuvent s’adsorber sur des 4 500 à 7 000 tours/minute, créant des accélérations de 11 000 g
(ou plus). Ces machines peuvent être à embouchure, pour extraire
particules solides de faible densité et la sédimentation de ces der-
en continu des solides, ou à éjection, si l’extraction est intermit-
nières est ralentie.
tente. Le bol séparateur possède un empilement de disques coni-
Cette opération est également bénéfique car des matières organi- ques espacés. L’effluent est introduit axialement. Les particules soli-
ques sont éliminées et la demande chimique en oxygène est ainsi des sont plaquées sur la paroi du bol, et sont évacuées par les
réduite. embouchures latérales. L’huile remonte entre les disques et est
R
extraite par les tubulures les moins excentrées.
La technique de séparation huile/eau dépend du comportement
des sphérules d’huile dans l’effluent (cf. figure 2) : Il existe aussi des machines à rétention des solides, mais l’extrac-
tion est manuelle et se fait uniquement à l’arrêt.
– si elles se rassemblent en surface pour former une suspension,
un écrémeur de surface, généralement un déshuileur statique gra- & Par ultrafiltration, les impuretés huileuses des rinçages peuvent
vitaire, est utilisé pour soutirer un mélange huile/eau. Il existe des être totalement éliminées. Le principe fait que (cf. figure 6) la filtra-
déshuileurs travaillant sous pression, en dépression ou à pression tion est réalisée en mode tangentiel, c’est-à-dire que la solution
atmosphérique (cf. figures 3 et 4) ; arrive parallèlement à la membrane. La vitesse de circulation du
– si, au contraire, les sphérules forment une émulsion stable, les fluide doit être suffisante pour éviter les colmatages et minimiser
techniques les plus employées sont la centrifugation et les phénomènes de polarisation.
l’ultrafiltration.
Sous l’effet de la pression transmembranaire (P1 - P2), différence
de pression de part et d’autre de la membrane, une partie du sol-
vant, ainsi que les ions et les petites molécules, dont les dimen-
sions sont plus petites que les diamètres des pores, passent à tra-
vers la membrane et constitue le perméat. Les sphérules d’huile de
plus grande dimension sont par contre arrêtées et restent avec la
solution qui n’a pas traversé la membrane et forme le concentrat
(ou le rétentat).
Suspension simple Émulsion stable Suspension + émulsion
Pour obtenir de bons résultats, c’est-à-dire un perméat exempt
d’huile et un concentrat de faible volume, le choix des membranes
Figure 2 – Différents aspects de l’effluent de dégraissage
et l’optimisation des conditions de travail sont primordiaux et
demandent d’effectuer au préalable des essais sur installation pilote.
Huile
Alimentation
Effluent Effluent deshuilé en bain pollué
Boues
Sortie huile
Huile Sortie bain
épuré
Chambre à boue
de
Effluent
Solution huileuse Rétentat
séparation à traiter P1
gravitaire Membrane
Perméat
P2
Eau Sortie
Entrée
TW
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TRAITEMENT DES EAUX RÉSIDUAIRES DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENTS DE SURFACE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Les membranes doivent avoir les propriétés suivantes : – une pression de travail assez élevée (1,5 bar < PT < 5 bar) pour
– une porosité adaptée pour arrêter en totalité les sphérules d’huile ; obtenir des débits de perméat importants (les débits sont propor-
– une nature et une bonne résistance chimique, compatibles avec tionnels à la pression transmembranaire) ;
l’effluent et les solutions de lavage (les membranes sont minérales – un facteur de concentration volumique, appelé FCV (rapport du
et constituées par des oxydes métalliques) ; débit à traiter sur le débit de rétentat) important (> 10) ;
– une surface suffisante pour traiter les volumes d’effluent. Celle- – des lavages fréquents et longs.
ci étant importante, les membranes sont regroupées dans des L’installation est à simple étage ou à multi-étages et fonctionne à
modules tubulaires ou multicanaux. Les débits de perméat sont simple passage ou à recirculation (cf. figure 7).
de l’ordre de 200 L.h–1 par mètre carré de surface de membrane.
Les conditions de travail à respecter sont : 1.2.2 Déchromatation
– une vitesse de circulation des fluides en mode tangentiel suffi- La déchromatation est le traitement qui permet de réduire le
sante (4 à 6 m.s–1) pour éviter le colmatage par les matières en chrome VI en chrome III. Le plus souvent, la réduction est réalisée
Simple passage
Effluent huileux
Concentrat
Perméat
a ultrafiltration à simple étage et simple passage
Perméat
Perméat
b ultrafiltration à multiples étages et simple passage
Recirculation
Effluent huileux
Concentrat
Perméat
c uItrafiItration à simple étage et recirculation
Perméat
Perméat
TX
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mQXQP
R
1. Maintenance des bains .................................................................. M 1 810 – 2
1.1 Bains de dépôts .................................................................................. — 2
1.2 Bains de dégraissage alcalins ............................................................ — 2
1.3 Bains de décapage ............................................................................. — 2
2. Remontée des bains statiques dans les bains de traitement . — 3
3. Concentration des bains rinçage ................................................. — 3
3.1 Bains statiques ................................................................................... — 3
3.2 Bain statique et bain de rinçage simultanés ..................................... — 3
3.3 Évapo-concentration .......................................................................... — 4
3.4 Concentration par osmose inverse .................................................... — 6
3.5 Concentration par électrodialyse ....................................................... — 7
3.6 Choix d’une technique de concentration ........................................... — 8
4. Récupération – Épuration .............................................................. — 9
4.1 Électrolyse simple .............................................................................. — 9
4.2 Électrolyse à diaphragme................................................................... — 10
4.3 Électro-électrodialyse ou électrolyse à membrane ........................... — 11
4.4 Électrodialyse à deux et trois compartiments ................................... — 11
4.5 Dialyse diffusionnelle ......................................................................... — 12
4.6 Ultrafiltration ...................................................................................... — 12
4.7 Récupération par cémentation ........................................................... — 13
4.8 Résines échangeuses d’ions .............................................................. — 13
4.9 Cristallisation ...................................................................................... — 15
4.10 Utilisation de l’adsorption sur charbon actif ..................................... — 16
5. Conclusion........................................................................................ — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 1 810
TY
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RECYCLAGE, RÉCUPÉRATION ET VALORISATION DES EFFLUENTS DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENT DE SURFACE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
UP
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mQXQP
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RECYCLAGE, RÉCUPÉRATION ET VALORISATION DES EFFLUENTS DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENT DE SURFACE
La régénération du bain se fait en évitant l’accumulation des – diminuer les volumes à stocker ;
cations cuivre qui sont récupérés électrolytiquement ou par électro- – réduire les volumes à transporter, si les traitements de valorisa-
lyse membranaire. tion et d’élimination sont réalisés à l’extérieur de l’entreprise en
R
centre agréé ;
– avoir une concentration adaptée en cas de « remontée » dans
& À la cathode, les ions cuivre sont réduits en cuivre métallique les bains de traitement ;
selon : – faciliter les traitements internes ultérieurs de valorisation avec
des appareillages de taille réduite.
Cu2+ + 2e− → Cu
& À l’anode, il y a dégagement d’oxygène et acidification du La concentration est qualifiée de « globale » lorsque tous les
milieu : constituants sont concentrés de manière identique. Elle est dite
« sélective » dans le cas inverse.
1
H2O → 2H+ + O + 2e−
2 2
Exemples
La concentration d’une solution sans constituant volatil et thermo-
2. Remontée des bains sensible est globale si l’on ne va pas jusqu’à la cristallisation, ou que
l’on ne provoque pas de réactions de précipitation.
statiques dans les bains Une concentration par osmose inverse d’une solution contenant
des matières minérales et organiques est dite sélective car la réten-
de traitement tion des deux types de soluté par la membrane est différente.
E (C = 0) Solution diluée
Rinçage
(1)
Figure 2 – Principe de la remontée en bain éco Figure 3 – Concentration d’un bain statique
UQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
mQXQP
RECYCLAGE, RÉCUPÉRATION ET VALORISATION DES EFFLUENTS DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENT DE SURFACE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Pompe à
Bain de Bain Rinçage Rinçage anneau liquide
traitement statique courant 1 courant 2
Distillat
Compresseur
Solution Unité de Solution
concentrée concentration épurée
Évaporateur
Stockage
Condensat
Exemple
Cas des chaı̂nes pour lesquelles les concentrats sont « remontés »
dans les bains de traitement et les diluats réutilisés comme eau de Solution à Concentrat
rinçage. concentrer
L’évapo-concentration consiste à éliminer une fraction plus ou La basse pression est assurée par un système à vide comprenant
moins importante de solvant par évaporation. une pompe à anneau liquide, ou un éjecteur, et un circuit d’eau de
& Les vapeurs ou distillats, après condensation à la sortie de refroidissement fermé. Les pressions utiles sont de l’ordre de 0,05 à
l’appareillage, constituent les condensats. Ceux-ci peuvent contenir 0,1 bar absolu.
certaines impuretés dépendant de la nature des constituants de la Le fluide caloporteur, surchauffé sous forme gazeuse, cède sa
solution initiale. Ces impuretés sont des constituants plus volatils chaleur latente de condensation lors de sa traversée d’un échan-
que le solvant ou entrainables par les vapeurs. geur inférieur. À sa sortie, il passe dans un aérocondenseur pour
La solution débarrassée d’une partie de solvant est appelée être totalement sous forme liquide et refroidi. La solution à concen-
« concentrat ». trer est ainsi portée à sa température d’ébullition et une partie du
solvant est évaporée.
& La température d’ébullition diminue avec la pression et aug-
mente avec la concentration en solutés. Pour une même pression, Les vapeurs de solvants arrivent à la partie supérieure de l’éva-
l’écart de température d’ébullition du solvant pur et de la solution porateur et au contact d’un échangeur. Elles se condensent en don-
constitue ce qu’on appelle le « retard d’ébulliométrie ». nant un distillat qui est évacué à l’extérieur par l’intermédiaire
d’une pompe.
& La concentration est effectuée à la pression atmosphérique, ou à
pression réduite, en continu ou en discontinu. En changeant d’état, elles cèdent à leur tour leur chaleur latente
de condensation au fluide caloporteur qui repasse sous forme
En continu, l’évaporateur est alimenté constamment en solu- vapeur.
tion à traiter. Lorsque le régime permanent, ou stationnaire, est
atteint, la température d’ébullition reste constante ; le concentrat À la sortie de l’échangeur supérieur, les vapeurs du fluide calo-
et les condensats ont des débits et une composition invariables, à porteur sont surpressées, avant d’entrer dans l’échangeur inférieur.
condition que le débit et la composition de la solution de départ ne L’économie d’énergie réalisée grâce à la pompe à chaleur est
changent pas. importante car la consommation pour évaporer un litre d’eau
varie, suivant le type d’appareillage, entre 0,1 et 0,25 kWh, au lieu
de 0,65 kWh nécessaire sans pompe.
Le rapport de débit de la solution initiale sur le débit du
concentrat s’appelle le facteur de concentration volumique Les éléments de l’appareillage en contact avec la solution sont
(FCV). Il est défini comme le rapport du volume de la solution fabriqués avec des matériaux résistants à l’action corrosive de
initiale sur le volume de la solution finale. constituants tels que les chlorures, les acides présents dans cer-
tains bains de traitements.
En discontinu, un volume de solution est introduit, au départ, Les matériaux utilisés sont des aciers-inox (316 L, SAF, Sanicro)
dans le bouilleur de l’appareillage. Pendant toute l’opération, seul des Hastelloy ou des matières synthétiques (PP, PVDF…).
un distillat en sort et la température d’ébullition augmente. À la
fin, il reste un concentrat dans le bouilleur. Suivant les volumes à traiter, plusieurs types d’évaporateur sont
disponibles sur le marché :
& Les évaporateurs, utilisés en traitement de surface, sont des éva-
– échangeur de chaleur à double parois ( ≃ 10 à 200 l/h de distil-
porateurs avec pompe à chaleur (PAC) ou avec compression méca-
lat). Ils sont sensibles à l’encrassement, difficiles à nettoyer, et
nique de la vapeur (CMV).
l’échange de chaleur est assez médiocre. Ils sont munis d’un
racleur pour pallier à cet inconvénient ;
3.3.1 Évaporateur sous vide avec pompe à chaleur – évaporateur à circulation forcée avec échangeur tubulaire
(PAC) externe ( ≃ 30 à 2 500 l/h de distillat). Le concentrat est soutiré de
La solution à concentrer est introduite dans la chambre d’ébulli- la chambre d’ébullition de l’évaporateur et injecté à grande vitesse
tion de l’évaporateur et maintenue par régulation à un niveau tel dans l’échangeur tubulaire, ce qui provoque un auto-nettoyage des
que l’échangeur inférieur est totalement recouvert (figure 5). surfaces en contact avec la solution (figure 6).
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Traitement de surface
Effluents et réglementation
par Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE/Management du risque
Auditrice IRCA
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Des valeurs limites de rejet en concentration, débit et flux sont définies en fonc-
tion des valeurs limites nationales, de la sensibilité du milieu récepteur (objectif
de qualité) et de la nature des activités (substances, process,…).
Pour les activités de traitement de surface soumises au régime de la Déclara-
tion ou à celui de l’Autorisation, les valeurs limites sont imposées par la Régle-
mentation des Installations classées pour la protection de l’environnement
(ICPE). Pour rappel, la réglementation ICPE est une réglementation dite « inté-
grée » puisqu’elle reprend l’ensemble des prescriptions réglementaires définies
dans les différents textes environnementaux par thème (ex : nomenclature eau,
réglementation déchets,…).
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d’eau et de métaux sous forme d’hydroxyde et les résines échan-
1. Activités de traitement geuses d’ions utilisées dans le traitement des eaux de rinçage
de surface et rejets (régénérables, non régénérables, et résines à usage unique).
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Les installations sont inscrites dans la nomenclature et doivent 1992 modifiant la nomenclature) entre l’ancienne nomenclature et
obtenir une autorisation préfectorale, ou être déclarées, avant leur la nouvelle et que, d’autre part, sont encore en vigueur quelques
mise en service, suivant la gravité des dangers, ou des inconvé- anciennes rubriques comportant entre 1 et 3 chiffres datant de la
nients, qu’elles peuvent présenter. L’ensemble de la nomenclature précédente codification (telle que la n 167 pour le traitement des
ICPE est consultable sur le site, de l’Inéris (voir Pour en savoir plus). déchets provenant d’Installations classées).
& Nomenclature ICPE
La nomenclature ICPE est l’outil de gestion qui permet à tout Aux régimes classiques (déclaration, autorisation,…), a été
exploitant d’installations, quel que soit le domaine d’activité ajouté un régime d’enregistrement de certaines ICPE depuis
(santé, industrie, agroalimentaire,…), de vérifier si ses installations l’adoption de l’ordonnance n 2009-663 du 11 juin 2009 (publiée
sont inscrites dans cette nomenclature et donc d’identifier ses obli- au Journal officiel du 12 juin). À la suite de cette réforme, une
gations réglementaires pour l’exploitation de certaines installations grande partie des 54 000 installations, actuellement soumises à
considérées comme danger ou inconvénient potentiels. Consulter autorisation, devraient être soumises à une procédure d’autori-
l’article [G 1 016]. sation simplifiée.
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Centre d’Ingénierie en Traitements et Revêtements de surface Avancés (CITRA),
Limoges, France
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
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Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des symboles et
des sigles utilisés.
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX
NF ISO 15392
Développement durable dans la construction
ISO/TS 21929-2:2015
Génie civil
ISO/TS 12720:2014
NF ISO 16745-1:2017
Développement durable dans les bâtiments et ouvrages
de génie civil
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NF EN ISO 14001:2015 Systèmes de management environnemental
NF EN ISO 14040:2006
Tous types d’organisations Management environnemental – Analyse du cycle de vie
ISO 14044:2006
Définition
des objectifs
Applications directes :
Définition du champ
de l’étude • Développement et amélioration de produits
Interprétation
• Planification stratégique
des résultats
• Mise en place des politiques publiques
• Marketing
Analyse
• Autres…
de l’inventaire
Evaluation de l’impact
leurs profits grâce à cette démarche, ont constaté que la marge 1.2.1 Affichage environnemental des produits
réalisée sur les produits éco-conçus avait dépassé celle des d’usage courant
produits traditionnels.
Suite au Grenelle de l’environnement, et face à l’objectif ambi-
Bien que de nombreux industriels se disent intéressés par les
tieux de fournir au consommateur une indication du “prix écolo-
questions relatives aux études ACV et à l’éco-conception de leurs
gique” des produits, l’ADEME s’est tournée vers l’AFNOR pour
produits, la complexité des logiciels d’ACV, et surtout l’accès sou-
élaborer un cadre documentaire commun, la plateforme
vent payant aux données d’inventaire, ne contribuent pas à popula-
ADEME/AFNOR. Le travail de cette plateforme peut être résumé
riser l’ACV, qui reste trop souvent une affaire de spécialistes.
en disant qu’elle traite de la partie volontaire d’une démarche
Néanmoins, les pouvoirs publics, bien conscients de l’impor- réglementaire définie par la loi dite Grenelle I (n 2009-967 du
tance de ces questions, cherchent à démocratiser l’utilisation de 3 août 2009). L’article 54 de cette loi mentionne le droit du
l’ACV, principalement pour l’éco-conception de produits. Les tables consommateur à disposer d’une information environnementale
rondes du Grenelle de l’environnement (24 et 25 juin 2007) ont « sincère, objective et complète » concernant les produits qu’il
ainsi eu le mérite d’étendre le champ de préoccupation environne- utilise. Cette nécessité d’informer le consommateur passe par
mentale à la consommation, donnant une vision plus large, qui ne un affichage environnemental dont les informations présentées
doit plus être confinée aux problèmes liés à l’énergie, au transport sont en réalité les résultats d’ACV ou de méthodes d’analyse
ou aux déchets. monocritère telles que le bilan carbone.
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Pour qui ?
La Base IMPACTS‚ est la base de données d’inventaire de
cycle de vie officielle du programme d’affichage environne- Sur un procédé, Sur quoi ?
un produit, ACV Périmètre restreint
mental français pour les produits de grande consommation. Avec ou étendu ?
Les données d’inventaire génériques de cette base sont tradui- un service ? quelles limites ?
R
décrites en détails dans l’ILCD Handbook [2]. Améliorer un procédé, effectuer
des comparaisons, communiquer ?
1.2.2 Positionnement de l’industrie
des Traitements et Revêtement de Surface
(TRS) Figure 3 – Pistes de réflexion pour la définition des objectifs et du
champ de l’étude
La réalisation de toute étude ACV, qu’elle concerne un produit,
un service ou un procédé, passe par la réalisation d’un inventaire
des consommations et émissions associées. Le travail colossal
Exemple 2 :
que cela représente fait que la réussite d’une ACV dépend avant
Deux types d’ampoules sont comparées, les ampoules LED et les
tout de l’accessibilité des données. Bien que les opérations de trai-
ampoules à incandescence. L’unité fonctionnelle d’une ampoule
tement de surface ne représentent qu’une étape parmi des dizaines
peut être définie ainsi : « Émettre une puissance lumineuse équiva-
d’autres dans la vie du produit final, l’impact environnemental des
lent à 300 lumens pendant 1 000 heures ».
procédés de TRS ne peut être considéré comme négligeable. Dans
Dans le choix de l’UF, chaque terme est important. Ainsi, il faut
ce sens, la qualité des informations fournies par le sous-traitant
bien préciser « émettre », car la puissance émise est différente de
aura a priori une incidence forte sur la validité de l’étude ACV [3].
celle consommée. De même, la durée d’éclairage est à préciser, car
Exemple 1 : la durée de vie de l’ampoule a un impact sur la production de
Un fabricant d’équipements industriels réalise la sous-traitance déchets.
des opérations de peinture de chariots de manutention. Il sou-
haite réaliser une étude ACV de ses produits, mais il ne sait pas par Dans le cas du domaine des TRS, l’unité fonctionnelle doit être
quel procédé les chariots sont peints. Il devra se rapprocher de son choisie pour permettre de comparer des procédés entre eux.
sous-traitant pour savoir si la peinture est appliquée par thermola- Si une UF faisant intervenir la surface traitée est la manière la plus
quage ou par enduction classique. L’utilisation de solvants dans le évidente de raisonner, elle n’est pas la seule. En effet, dans certains
cas d’une enduction classique entraı̂nant des dégagements de COV, cas comme les revêtements sous vide, le volume apparent, la taille
contrairement au thermolaquage, l’impact environnemental de ces et la forme des pièces sont au moins aussi importants que la sur-
deux procédés sera très différent. face traitée, car on cherche à optimiser le procédé en remplissant
au maximum l’enceinte sous vide.
L’épaisseur déposée n’est pas toujours intégrée à l’UF, car on pri-
vilégie plutôt la performance du revêtement. Ainsi, deux revête-
2. Définition des objectifs ments anticorrosion d’épaisseur différentes peuvent apporter la
même tenue au brouillard salin, donc être comparables vis-à-vis
et du champ de l’étude de ce test (tableau 2).
Cependant, dans d’autres cas, c’est l’épaisseur de revêtement qui
importe comme dans l’exemple 3.
La définition des objectifs d’une étude ACV est une étape à ne
pas négliger, car c’est le point de départ de toute étude qui condi- Exemple 3 :
tionne le champ d’application de celle-ci. Définir les objectifs Un revêtement d’alumine est déposé sur une surface d’acier ino-
implique de se poser les bonnes questions (figure 3). xydable. L’épaisseur désirée est de 100 mm minimum, car la rigidité
Ces réflexions ont par ailleurs pour but de définir trois notions diélectrique du matériau, exprimée en V.cm-1, est la propriété à
capitales : considérer dans l’UF.
– l’Unité Fonctionnelle (UF),
– les frontières du système, Il n’y a donc pas d’UF universelle en ACV, même dans le cas par-
– les limites de l’étude. ticulier du domaine des TRS. Au contraire, le choix de l’UF doit être
motivé par une réflexion tenant compte des objectifs de l’étude.
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX
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heures de fonctionnement » Nitruration
Frontières
Frontières
du produit
du procédé
Rejets
Matières dans l’air,
premières l’eau, etc.
Procédés de Transport
Pièce à Pièce
fabrication Procédé de TRS du produit
traiter traitée
Utilisation
du produit
Fin de vie
du produit
Déchets
finaux
cycle de vie global du produit. La figure 4 illustre ces deux Nota : Les bases de données telles que Ecoinvent, utilisées par les logiciels d’ACV,
fournissent des informations assez exhaustives. Cependant, le choix est souvent laissé à
approches. l’utilisateur d’ignorer les processus d’infrastructure, permettant ainsi plusieurs niveaux
Ainsi, réaliser l’étude ACV d’un procédé de TRS sous-entend de réflexion.
d’ignorer la pièce à traiter, les matériaux qui la constituent, les pro-
cédés de mise en forme et le transport jusqu’au site de traitement.
Un procédé de traitement peut aussi être considéré comme une
succession d’étapes élémentaires avec ses consommations, émis-
sions et déchets (figure 5).
3. Réalisation de l’inventaire,
Il faut toutefois préciser que les processus considérés à la figure 5 éléments à prendre
sont suffisants pour réaliser des études ACV simplifiées, mais qu’il est
possible de pousser la réflexion beaucoup plus loin. En effet, la réali-
en compte
sation d’une ACV dite « complète » pourrait inclure, par exemple :
– la durée de vie des équipements et outils,
– l’impact de la surface au sol utilisée, La famille des procédés de traitement de surface est vaste.
– le nombre de personnes employées pour ce procédé. L’objectif de cette partie n’est pas de donner une liste exhaustive
de l’ensemble des consommations, émissions et déchets géné-
Néanmoins, pour des raisons d’interprétation des résultats, et aussi rés par chaque procédé, mais de fournir aux industriels une
en raison de la difficulté de tenir compte d’autant de paramètres, le base de réflexion permettant de réaliser un inventaire le plus
périmètre d’étude est souvent restreint aux processus principaux. complet possible.
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RECHERCHE
Points clés
Domaine : Analyse chimique et écotoxicologie
Degré de diffusion de la technologie : Émergence
Technologies impliquées : Instrumentation scientifique, outils écotoxicologiques
Domaines d’application : Analyse de l’eau, traitement de l’eau, biologie de l’eau,
bioessais
Principaux acteurs français :
– Industriels : Groupe CARSO http://www.groupe.carso.com, EUROFINS http://
www.eurofins.fr/environnement/
Autres acteurs dans le monde :
Centre Ecotox (Suisse) http://www.centreecotox.ch
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RECHERCHE
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RECHERCHE
minières, industries du bois, industries du verre, usines d’inciné- Aujourd’hui, outre le renforcement de la réglementation qui
ration, laboratoires pharmaceutiques, stations d’épuration urbai- impose de continuer à améliorer le fonctionnement des sta-
nes, industries chimiques, industries nucléaires, filières de récu- tions de traitement des eaux usées pour tendre vers le
pération et recyclage, etc. « rejet zéro », les industriels doivent également prendre en
compte la toxicité de leurs rejets actuels en veillant à préser-
ver la qualité environnementale. Une des voies efficaces pour
Qu’est-ce qu’une substance dangereuse ? y parvenir consiste à coupler les approches relevant de la chi-
Une substance est classée dangereuse selon trois critères : mie [P 4 220] [TR 450] et de la biologie de l’eau [P 3 820].
R
i) elle provoque une intoxication des organismes affectés
en perturbant certaines fonctions vitales pouvant aller jus- 2.3 La problématique métaux dans les rejets
qu’à la mort, ii) elle a des effets s’exprimant à de très fai- de la filière traitement de surface
bles concentrations (de l’ordre du mg.L-1), et iii) elle est
toxique, persistante et bio-accumulable. De par leur fonctionnalité et leur adaptabilité, les traitements
de surface (TS) sont omniprésents dans de nombreux secteurs
industriels. En effet, de très nombreux domaines d’applications
sont concernés, de l’automobile jusqu’au bâtiment, en passant
En Europe, les métaux font partie des substances chimi-
par l’aéronautique, l’horlogerie, la bijouterie ou encore les loisirs.
ques les plus surveillées. Sur la quarantaine de métaux du
D’autres secteurs sont également importants, comme le secteur
tableau périodique, douze font l’objet d’un suivi particulier :
militaire, l’industrie papetière, les travaux publics, le textile, la
il s’agit des éléments aluminium, arsenic, cadmium,
parfumerie ou tout simplement les conserves.
chrome, nickel, cuivre, étain, fer, manganèse, mercure,
plomb et zinc. Les principales fonctions auxquelles les TS doivent répondre
sont par exemple i) l’amélioration de l’aspect externe (rugosité,
couleur, brillance…), ii) la maîtrise des performances des pièces
2.2 Décontamination des eaux usées (résistance à la corrosion, anti-usure…), iii) la modification de
industrielles leurs propriétés mécaniques et physiques (amélioration du frot-
tement, isolation électrique, conductibilité thermique, modifica-
Toute installation classée pour l’environnement (ICPE) doit tion des propriétés optiques, soudabilité…) ou encore iv) l’aug-
respecter un cahier des charges qui encadre de manière précise mentation de la durée de vie et de la fiabilité des produits.
et stricte les possibilités de libération de ses rejets dans le
milieu aquatique. En effet, pour pouvoir être rejetés dans l’envi- Pour atteindre ces fonctions, la filière TS utilise d’impor-
ronnement, les eaux usées (effluents) issues des procédés tants volumes d’eau et de produits chimiques dans ses
industriels doivent, une fois traitées (on parle alors de « rejets »), procédés de fabrication et est considérée comme l’une des
satisfaire de nombreux critères de qualité visant notamment à industries les plus polluantes en matière de rejets d’eaux usées.
maintenir leurs concentrations en contaminants/polluants en Le principal problème environnemental est celui de la forte
deçà de valeurs seuils, inscrites dans un arrêté préfectoral charge polluante, surtout métallique, des eaux issues de ses
d’exploitation [1]. activités. Or, ces eaux sont connues pour être complexes
(présence à la fois de contaminants sous formes dissoutes et
Pour respecter les exigences environnementales, les effluents particulaires) et difficiles à traiter car elles contiennent égale-
industriels, en particulier ceux contenant un « cocktail » de ment des substances de nature diverse et de concentrations
métaux, font donc l’objet de traitements de décontamination, fortement variables, susceptibles d’interagir entre elles [4].
préalablement à leur rejet, afin d’abattre les concentrations des Ces substances proviennent non seulement des pièces à traiter
substances (SP, SDP) potentiellement dangereuses pour l’envi- mais également des formulations chimiques utilisées dans les
ronnement et la santé humaine. procédés.
La filière TS est un secteur en pleine mutation, soumis
Les effluents et les rejets de traitement de surface sont actuellement à des bouleversements importants, notamment
polycontaminés notamment par un ensemble (un « cock- dans le domaine de l’environnement, en raison de normes de
tail ») de métaux. Dans le secteur industriel, on parle plus en plus strictes : prise en compte de nouvelles substances
d’« effluents polymétalliques ». Leur forme est principale- autres que les métaux, suppression des procédés au chrome VI,
ment inorganique. toxicité des rejets, etc. Les politiques européennes visent, en
effet, à tendre vers le rejet « zéro pollution » [1]. Les problé-
matiques principales concernent non seulement la réduction ou
Cependant, il est connu que la composition chimique des l’élimination de certaines substances cibles, comme les métaux
effluents polymétalliques est complexe et surtout variable en rai- et des micropolluants organiques (chloroforme, hydrocarbures
son des variations de l’activité de l’entreprise productrice [2]. aromatiques polycycliques, etc.), mais également la réduction
Ceci rend délicate et difficile l’épuration (décontamination ou des flux des rejets et des volumes d’eau utilisés, le recyclage
dépollution) de ces effluents malgré la mise en œuvre de techno- des eaux et la diminution de l’impact environnemental des
logies de traitements de plus en plus performantes. La méthode rejets (protection des cours d’eau récepteurs).
de traitement utilisée pour éliminer des métaux est la voie phy-
sico-chimique par insolubilisation chimique. En règle générale,
cette étape d’épuration n’est jamais complète et, bien qu’ils res- 3. Évaluation de la toxicité de rejets
pectent les seuils réglementaires en vigueur, les rejets libérés industriels
dans les cours d’eaux ne sont pas totalement dépourvus de
substances chimiques. Ils sont souvent contaminés, c’est-à-dire Différentes méthodes d’évaluation de la qualité chimique
qu’ils renferment des quantités non naturelles de diverses subs- et biologique des eaux sont couramment utilisées [1] [4].
tances. Ces rejets peuvent engendrer des effets néfastes sur le Ces méthodes reposent essentiellement sur plusieurs types
milieu et les organismes vivants : il s’agit alors d’une pollution, d’approches : (i) des analyses chimiques ont pour objectif de
qui peut prendre différentes formes – pollution dissoute, pollu- déterminer la composition qualitative et quantitative des
tion particulaire et/ou coloration des eaux. effluents avant et après traitement ; (ii) les données analytiques
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