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FINANCE : LE TEMPS LONG DE LA RÉFORME

Christian Chavagneux

Altern. économiques | « L'Économie politique »

2010/4 n° 48 | pages 5 à 6
ISSN 1293-6146
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2010-4-page-5.htm
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Editorial
par Christian Chavagneux

p.  rédacteur en chef
de L'Economie politique

Finance : le temps long


de la réforme
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F
ace à une crise financière d’ampleur historique, comme
l’a été celle des subprimes, la demande sociale pour
une réglementation des banques, des marchés finan-
ciers et des paradis fiscaux s’exprime avec force. Les
dirigeants politiques, qui le sentent bien, ne sont pas avares de
promesses en la matière. Rappelons-nous le discours de Toulon du
président de la République, en septembre 2008 : « L’autorégula-
tion pour régler tous les problèmes, c’est fini. Le laisser-faire, c’est
fini. Le marché tout-puissant qui a toujours raison, c’est fini. »
A la fin 2010, trois années après le début de la crise et
deux ans après la faillite de Lehman Brothers, son moment le
plus dramatique, où en est-on en matière de réglementation
financière ? La liste des propositions émanant des régulateurs
est impressionnante : nouvelles contraintes de capital pour les
banques, qui devront également réduire leur dépendance aux
financements de court terme et payer beaucoup plus (en termes
de capital supplémentaire ou de taxes) si elles veulent s’engager
dans des activités risquées ; enregistrement obligatoire pour
les transactions jusqu’ici opaques sur les marchés de produits
dérivés et intermédiation par le recours à des chambres de com-
pensation, coûteuse pour les spéculateurs ; nouvel objectif fixé
aux banques centrales de lutter contre l’instabilité financière et
obligation de rendre des comptes sur le sujet ; suivi des enga-
gements pris par les paradis fiscaux et publication des premiers ›››

Octobre-novembre-décembre 2010
L’Economie politique
Trimestriel-octobre 2010
Finance : le temps long
de la réforme

p.  rapports pointant les progrès ou l’absence de progrès en matière


d’échange d’informations internationales, etc.
On pourrait ainsi continuer à mettre sur la table la liste de
tout ce que la crise a poussé les régulateurs à faire : les autorités
publiques ne sont clairement pas en reste en matière d’inno-
vations réglementaires financières. Et pourtant, il y a de quoi
être déçu. En Europe, la Commission espère que les nouvelles
règles seront opérationnelles au mieux en 2013. Les banques
ont jusqu’à 2019 pour respecter les nouvelles contraintes. Le
Forum mondial sur l’échange d’informations fiscales va mener
la revue des pratiques fiscales de ses 95 pays membres jusqu’à
la fin 2012 et laissera ensuite à chaque pays le soin, individuel-
lement ou collectivement, de prendre des sanctions éventuelles
contre les territoires non coopératifs, sans que l’on sache très
bien ce qui sera fait ou pas. Résultat, selon un sondage CCFD-
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Terre solidaire d’octobre 2010, 84 % des Français pensent que
la lutte contre les paradis fiscaux n’est pas efficace.
Alors, réelles avancées ou grands discours ? Pour certains,
la réponse est déjà tranchée : d’un côté, les régulateurs et les
dirigeants politiques qui, à les entendre, ont déjà changé le
monde ; de l’autre, les pessimistes, les éternels insatisfaits, les
contestataires professionnels et la foule des commentateurs qui
tirent gloriole de dénoncer les « G vains ». Entre les deux, ceux
qui veulent juger sur pièces : un nouveau cadre réglementaire est
en train de se mettre en place qui ne croit plus à l’autorégulation
des marchés et fait de la stabilité financière un objectif ­politique ;
ce nouveau cadre va encore prendre quelques années pour être
complètement en place et on ne pourra examiner qu’alors sa
réelle pertinence.
Une attente frustrante par rapport au choc subi depuis 2007.
Mais si l’histoire des crises peut nous enseigner une chose, c’est
que la finance ne se change pas d’un claquement de doigts. Au
XVIIIe siècle, les crises financières n’ont pas abouti à des trans-
formations radicales de ses activités. Après la panique bancaire
américaine de 1907, il a fallu six ans pour que le pays se décide
à créer une banque centrale au pouvoir limité. Après la crise de
1929, il a fallu quatre ans pour réguler les banques et plus de
quinze ans, après une guerre, pour que les pays coopèrent en la
matière. Au regard de cette histoire, la réaction de nos régula-
teurs apparaît rapide sur la définition de nouveaux principes et
lente dans leur mise en œuvre. Aussi insatisfaisant que cela soit,
il nous faut encore attendre avant de les juger. ■

L’Economie politique n° 48

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