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2011/3 n° 51 | pages 50 à 69
ISSN 1293-6146
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2011-3-page-50.htm
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un hétérodoxe rejeté
Léon Walras :
p. 50
Autobiographie
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J
E suis né LE 16 décEmbrE 1834, d’AnToinE-AugusTE WALrAs
(de Montpellier) et de Louise Aline de Sainte-Beuve
(d’Evreux), à Evreux, département de l’Eure, France [1].
Mes premières années se sont passées à Paris (1836-
1839), à Lille (1839-1840) et à Caen (1840-1850).
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L’Economie politique
un hétérodoxe rejeté
Léon Walras :
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Je me présentai alors à l’Ecole des Mines de Paris et y fus reçu p. 51
élève externe en 1854. Mais me trouvant dépourvu de toutes
espèces de goût pour les détails techniques de l’art de l’ingé-
nieur, j’abandonnai peu à peu les cours de l’Ecole et revins avec
ardeur aux études littéraires en vue de compléter mes connais-
sances en philosophie, en histoire, en critique de la littérature et
de l’art, en économie politique et en science sociale.
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des propriétaires, et n’ayant pas été autorisé à fonder un journal p. 53
d’économie politique, je dus quitter la partie et accepter en 1862,
au secrétariat du Chemin de fer du Nord, un emploi qui me fut
offert par l’intervention de M. du Ronceray, chef du contentieux,
beau-frère de M. Victor Bonnet.
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sous le coup d’un décret du gouvernement de la Défense natio- p. 55
nale qui mobilisait en principe les hommes mariés jusqu’à l’âge
de 40 ans. Le concours était ouvert et le jury nommé : j’avais
exposé mes titres et envoyé mes ouvrages. Ce jury se composait
de sept membres : trois personnes notables du pays et quatre
professeurs d’économie politique. Les premiers m’étaient favo-
rables ; des quatre professeurs, trois m’étaient nettement oppo-
sés. Le quatrième, qui était le professeur Dameth, de Genève,
déclara qu’il ne partageait pas plus mes idées que ses collègues,
mais que, pourtant, il jugeait de l’intérêt de la science que ces
idées, évidemment sincères et sérieuses, fussent professées,
et que, par ce motif, il me donnait sa voix. La nomination fut
faite. En même temps, le décret de
mobilisation était rapporté. Accom-
pagné de deux membres du conseil L’idée de créer l’économique
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cette richesse entre les individus et l’Etat et qui recourt au prin- p. 57
cipe de la justice, et non pas, comme le font l’école de Le Play et
nos facultés de droit, l’étude des institutions patronales et phi-
lanthropiques, de la coopération et de l’assurance, tous sujets
très intéressants d’économie politique appliquée dépendant du
principe de la charité, de la fraternité, de l’association libre tout
au plus, de l’utilité sociale, et dont la substitution aux questions
de la propriété et de l’impôt dans l’économie sociale, faite à un
point de vue conservateur ou radical, n’a qu’un but : rendre plus
tolérable le sort des prolétaires afin de permettre aux bourgeois
et paysans propriétaires de jouir tranquillement, au meilleur
marché possible, de leurs revenus, traitements et rentes.
Fatigué avant l’âge, plus encore par la lutte que par le tra-
vail, je pris ma retraite en 1892. J’eus, peu après, la satisfaction
d’être nommé professeur honoraire de l’université de Lausanne.
Je me suis servi principalement, pour publier mes mémoires
successifs, de la Société vaudoise des sciences naturelles, qui
a entendu et fait imprimer mes communications parmi celles
de sa section mathématique. Les sociétés suivantes m’avaient
spontanément appelé dans leur sein : l’Institut international de
statistique, dont le siège est à Rome, comme membre associé
en 1886 et comme membre titulaire en 1887 ; la Société royale
des sciences de Liège, comme membre correspondant en 1887 ;
l’American Economic Association, comme membre honoraire ›››
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Les lois sont changées chez nous, mais combien peu les
mœurs ! En 1884, en possession du principe de ma théorie
appliquée de la monnaie, je fais inscrire cette question : « D’un
système de monnaie d’or avec billon d’argent régulateur » à
l’ordre du jour permanent de la Société d’économie politique
de Paris, dont j’étais membre depuis vingt-quatre ans. A Pâques
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de 1885, voulant profiter des vacances pour aller soutenir la p. 59
discussion de ma question, je demande sa mise à l’ordre du jour
de la séance du 5 avril. Mais alors se produit cette perpétuelle
intrusion de la politique dans la science qui est l’essence du
régime officiel. Le président de la Société, ancien ministre des
Finances qui, en cette qualité, a fait, en 1878-1879, un billon des
écus d’argent en en supprimant la frappe libre, prétend « ne pas
laisser discuter la valeur de l’encaisse de la Banque de France » et
montre un tel mauvais vouloir que je renonce à mon projet. Je me
tourne d’un autre côté et trouve quelqu’un pour présenter mon
système à la Société de statistique.
Malheureusement, le président de
la Société d’économie politique est J’en étais là à la fin de 1892,
aussi président de la Société de sta- me disant que ma carrière avait été
tistique, et la présentation tourne celle d’un homme qui s’est trompé
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fois, d’équations d’échange et de satisfaction maxima et qui p. 61
parut en décembre sous le titre de : « Note sur l’équation du
taux du revenu net », dans le Bulletin de l’Institut des actuaires
français, lequel m’avait élu membre correspondant en 1893 ;
et une théorie de la valeur de la monnaie déduite, elle aussi
rationnellement, pour la première fois, d’équations d’échange
et de satisfaction maxima et qui avait été communiquée en
1899 sous le titre d’« Equations de la circulation » à la Société
vaudoise des sciences naturelles, laquelle m’élut, à cette occa-
sion, membre émérite. Cette 4e édition des Eléments d’économie
politique pure, avec les deux volumes des Etudes d’économie
sociale et des Etudes d’économie politique appliquée, peut, je
crois, donner une idée suffisante de ma doctrine économique et
sociale. J’ai fait, en 1902, les dernières et définitives corrections
à ces trois volumes pour lesquels j’ai les empreintes en vue du
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L’affaire Aupetit
Il semble tout d’abord que ces efforts dussent avoir un certain
résultat. En mai 1901, au moment où je m’installais à Clarens, je
reçus une lettre de M. Albert Aupetit m’envoyant son adhésion à
ma théorie avec une thèse de doctorat ès sciences économiques
par lui soutenue devant la faculté de droit de Paris et intitulée :
« Essai sur la théorie générale de la monnaie » au chapitre 1er
de laquelle les conditions mathématiques de l’équilibre éco-
nomique étaient parfaitement résumées. Je tenais enfin mon
premier disciple français. En septembre suivant, comme l’expres-
sion mathématique de l’utilité qui forme la base de ma théorie
avait été déclarée, l’année précédente, inacceptable à l’Institut
des actuaires français, je soumis la question à M. Henri Poincaré,
qui me répondit explicitement qu’une grandeur non mesurable
pouvait parfaitement devenir l’objet d’une spéculation mathéma-
tique dans certaines conditions que, selon lui, j’avais observées.
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la méthode dans la science économique et plus particulière- p. 63
ment sur l’économie politique mathématique. Il est vraiment
honteux de penser qu’en France, dans le pays qui occupe un
rang prééminent dans les sciences mathématiques et qui, avec
Cournot, a inauguré l’économie politique mathématique, on ne
compte pas un seul enseignement sur cette matière, ni même
probablement un seul professeur qui fût en mesure de le donner !
Et, par une singulière ironie, il se trouve que cet enseignement
a été brillamment représenté à Lausanne pendant vingt ans par
un Français, mais qui est connu dans le monde entier comme un
Suisse ! M. Walras. » Enfin, M. Gide était membre du jury pour
l’agrégation des sciences économiques à laquelle M. Aupetit
s’était déjà présenté en 1901 et à laquelle je savais qu’il se
présenterait de nouveau au prochain concours.
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par M. Levasseur, sollicitant ma collaboration (21 octobre) et une p. 65
de M. Xavier Léon, directeur de la Revue de métaphysique et de
morale, me la demandant pour son numéro consacré à Cournot
qu’il préparait (31 octobre). Je dus répondre négativement à ces
deux demandes en raison de mon état de santé cérébral et ner-
veux. M. Aupetit fit à ma place l’article sur Cournot économiste
mathématicien et le fit très bien ; ce que je constatai dans un
article « Cournot et l’économique mathématique », que j’envoyai
à la Gazette de Lausanne qui le publia le 13 juillet 1905 [...].
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çais, lequel contenait un article du professeur Vito Volterra, de p. 67
Turin, intitulé : « Les mathématiques dans les sciences biolo-
giques et sociales », complètement favorable à notre méthode.
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