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L'IMPÔT, L'ENDETTEMENT OU L'AUSTÉRITÉ ?

LES ÉCONOMISTES
FRANÇAIS ET LES FINANCES PUBLIQUES APRÈS LA GUERRE DE
1870-1871

Claire Silvant

Altern. économiques | « L'Économie politique »

2014/1 n° 61 | pages 39 à 52
ISSN 1293-6146
ISBN 9782352400936
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L’Economie politique

Maîtriser la dette publique :


Trimestriel - janvier 2014

les leçons de l’histoire


p. 39

L’impôt, l’endettement
ou l’austérité ?
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Les économistes français
et les finances publiques
après la guerre de 1870-1871
Claire Silvant, maître de conférences à l’université Lumière
Lyon 2, chercheuse à Triangle (UMR 5206, ENS Lyon, IEP Lyon
et université Lumière Lyon 2).

P
AR QUEL MOYEN PEUT-ON PARVENIR À SORTIR D’UNE CRISE DE
finances publiques et remettre l’économie dans une
trajectoire d’expansion ? Telle est la question que se
sont posée, ces dernières années, les gouvernements
des pays européens – en particulier en France –, confrontés à une
progression forte de leur endettement, à un ralentissement de leur
croissance économique et à des doutes grandissants sur la mon-
naie unique. Après la guerre de 1870-1871, la France s’est trouvée
dans une situation qui fait écho, à bien des égards, aux difficultés
qu’elle rencontre aujourd’hui : finances publiques dégradées,
menaces sur son système monétaire, hausse du poids de la dette
et aspiration – du moins d’une partie des experts – à une réforme
fiscale d’ampleur. Les objets de discussion de la communauté des
économistes à cette époque rappellent avec beaucoup d’acuité les
réflexions d’aujourd’hui : des difficultés de financement peuvent- ›››

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p. 40 elles perturber durablement le fonctionnement du système moné-


taire ? Peut-on et doit-on endiguer l’augmentation des dépenses
publiques ? Comment financer le recours massif à l’endettement
sans mettre en péril les perspectives de croissance ?

L’étude de l’après-guerre 1870-1871, tant du point de vue


de l’histoire des faits économiques que de celui de l’histoire
de la pensée économique, est particulièrement pertinente pour
éclairer certains enjeux de la situation actuelle. Dans toute la
seconde moitié du XIXe siècle, ce sont les économistes de l’école
libérale qui sont dominants sur un plan institutionnel et intel-
lectuel en France. Si leur importance semble déclinante à l’orée
du XXe siècle, ils n’en restent pas moins à la tête d’importantes
publications économiques (le Journal des économistes, la mai-
son d’édition Guillaumin) et de cercles de réflexion influents
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(notamment la Société d’économie politique de Paris). Ils sont
encore souvent proches des lieux d’exercice du pouvoir – quand
ils n’occupent pas eux-mêmes de hautes fonctions politiques.
Cette école de pensée, sans véritable chef de file ni postérité
mais rassemblant les plus grandes figures françaises de la pen-
[1] On peut citer, de sée économique de l’époque [1], se perçoit comme le groupe des
manière non exhaustive,
les économistes suivants :
successeurs de Jean-Baptiste Say et développe une doctrine que
Frédéric Bastiat (1801- l’on peut qualifier, pour la majorité de ses membres, d’ortho-
1850), Henri Baudrillart
(1821-1892), Michel doxe. Les difficultés financières et économiques du début de
Chevalier (1806-1879), la décennie 1870 ont été discutées par ces économistes sous
Jean-Gustave Courcelle-
Seneuil (1813-1892), l’angle de deux questions principales : celle, d’une part, de
Joseph Garnier (1813-1881),
Paul Leroy-Beaulieu (1843-
l’impossible défense du système monétaire bimétallique – fondé
1916), Gustave de Molinari sur l’or et l’argent –, pourtant en vigueur depuis le début du
(1819-1912), Hippolyte
Passy (1793-1880), Gustave siècle ; et celle, d’autre part, de l’arbitrage entre les différents
du Puynode (1817-1898) modes de financement public.
ou encore Louis Wolowski
(1810-1876).
Commençons tout d’abord par brosser un bref tableau de
la situation économique de la France d’après-guerre, suite à sa
défaite face à la Prusse, afin de mieux cerner le contexte et les
enjeux des débats monétaires, financiers et fiscaux qui se sont
tenus au sein de l’école libérale française.

Les difficultés financières de l’après-guerre 1870-1871


Après la signature du traité de Francfort en mai 1871, la France
se trouve dans une situation économique et financière délicate.
Elle sort d’une défaite militaire face à la Prusse qui lui a été coû-
teuse à plusieurs égards. Le conflit en lui-même a généré des
dépenses publiques conséquentes, tant du point de vue des

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opérations militaires que du paiement des indemnités d’occu- p. 41
pation (dépenses estimées au total à 3 ou 4 milliards de francs),
qui ont sévèrement entaillé le budget de l’Etat. Mais les coûts du
conflit s’avèrent encore plus élevés dans l’après-guerre. Outre les
nombreuses pertes humaines et matérielles, la France défaite se
trouve amputée des trois départements de l’Alsace-Moselle, avec
leurs 2 millions d’habitants et leurs nombreuses activités indus-
trielles (textile, métallurgie, mines). Elle doit surtout faire face à
l’obligation de payer au vainqueur une indemnité de guerre de
plus de 5 milliards de francs-or et au maintien d’une occupation
partielle de son territoire jusqu’au paiement intégral de cette
somme. Le relèvement national exige ainsi un effort financier
exceptionnel dans l’immédiat après-guerre, le coût total de la
guerre perdue étant évalué à 9 milliards de francs.
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La guerre franco-prussienne a été largement financée par
emprunt et les conséquences de la guerre vont l’être de la même
façon. Léon Say, petit-fils de Jean-Baptiste Say, ministre des
Finances du gouvernement d’après-guerre du président Adolphe
Thiers, fait le choix de l’endettement pour couvrir l’indemnité de
guerre et lance deux grands emprunts publics, rapportant 2,2 mil-
liards de francs en juin 1871 et 3,5 milliards en juillet 1872. Contre
toute attente, l’appel à souscription est une grande réussite. Le
financement des dépenses d’après-guerre sera complété, de
manière indirecte, par l’augmentation de la pression fiscale mise
en œuvre par les successeurs de Léon Say. Les citoyens français
ont ainsi connu une hausse sensible des impôts entre 1870
et 1873 d’un montant total de 700 millions de francs, impôts
qui ont financé les intérêts engendrés par l’accroissement de la
dette publique [Hautcœur, 2007 ; Fontvieille, 1997]. Ce sont prin-
cipalement les contributions indirectes qui ont été relevées, les
hausses d’impôts portant sur des biens de consommation aussi
différents que le tabac, les alcools, le papier, le café, le sucre,
les chevaux ou encore les transports à petite vitesse, ou prenant
la forme de taxes somptuaires, destinées à frapper certaines
consommations de luxe. Ce choix de politique fiscale procède
d’un certain immobilisme, dans la mesure où il consiste à aug-
menter les taux de prélèvement des instruments fiscaux existants
et à créer des impôts indirects supplémentaires, plutôt qu’à réfor-
mer le système fiscal dans son ensemble. Ce choix s’explique par
le conservatisme des parlementaires du début des années 1870,
mais également par le fait que les gouvernants de l’époque consi-
dèrent l’augmentation des dépenses comme transitoire – ce qui ›››

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p. 42 s’avérera a posteriori être une erreur, les dépenses publiques ne


cessant d’augmenter dans les décennies suivantes.

Quelles ont été les conséquences, en termes d’équilibres


financiers, des événements politiques et militaires que nous
venons de décrire ? La réussite des programmes d’emprunts
menés par Léon Say ne doit pas occulter l’émergence de deux
objets d’inquiétude pour les économistes libéraux, observateurs
de la situation. La première crainte concerne l’augmentation
importante des dépenses publiques : la dépense totale de l’Etat
a en effet plus que doublé entre la fin des années 1860 et les
premières années de la décennie 1870, se stabilisant à environ
3 milliards de francs annuels [Fontvieille, 1997]. Au contraire,
les recettes fiscales n’ont crû que pour faire face au versement
des intérêts de la dette, répondant à la volonté des gouvernants
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conservateurs de respecter un budget d’équilibre. La seconde
source d’inquiétude est la croissance très forte de l’endettement,
qui double en France entre 1865 et 1874, situation jugée inquié-
tante par rapport aux autres grandes puissances de l’époque.

Ce constat n’est pas sans rappeler la situation connue, depuis


le déclenchement de la crise de 2007, par un grand nombre de
pays qui ont commencé par financer l’après-crise via un recours
massif à l’endettement plutôt qu’au travers de l’augmentation
de la pression fiscale. Nous nous penchons à présent sur une
première conséquence indirecte de ces difficultés de finances
publiques françaises : la perturbation durable du système moné-
taire qu’elle a générée.

Problèmes de finances publiques et perturbations


du système monétaire
L’après-guerre de 1870-1871 est particulièrement intéressante
au regard des difficultés rencontrées dans la période récente
par la zone euro, dans le sens où ce sont – entre autres éléments
d’expli­cation – des difficultés financières qui ont contribué à
mettre en péril le système monétaire existant, le bimétallisme.
Ce dernier avait pourtant fait preuve d’une grande stabilité en
France dans la première moitié du XIXe  siècle et avait même
essaimé dans plusieurs pays européens, jusqu’à la constitu-
tion, au milieu des années 1860, d’une union monétaire. Si les
problèmes de finances publiques ne sont évidemment pas le
seul déclencheur des difficultés du système monétaire, ils ont
néanmoins joué un rôle non négligeable.

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La France dispose ainsi, depuis 1803, d’un système moné- p. 43
taire bimétallique. Ce régime monétaire est caractérisé par le
fait que deux métaux (l’or et l’argent) y ont simultanément le
statut de monnaie légale et par l’existence d’une parité offi-
cielle entre l’un et l’autre (l’or se voyant attribuer, par la loi,
une valeur quinze fois et demie plus élevée que l’argent, à
poids identique). Les difficultés commencent à poindre dans
les années 1850 et 1860, lorsque les découvertes par à-coups
de mines de métaux précieux (d’or d’abord, en Californie et en
Australie ; d’argent ensuite, dans le Nevada) viennent pertur-
ber l’équilibre entre le métal jaune et le métal blanc. La France
parvient en 1865 à constituer autour d’elle – fait remarquable
du point de vue de l’histoire de la construction européenne –
une union monétaire, appelée « Union monétaire latine », en
rassemblant à ses côtés la Belgique, la Suisse, l’Italie puis
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la Grèce (en 1868). L’Union latine repose sur l’harmonisa-
tion du poids et des dimensions
des pièces des différents pays, et La réussite des programmes d’emprunts
prévoit la circulation de ces der- menés par Léon Say ne doit pas occulter
nières indistinctement dans cha- l’émergence de deux objets d’inquiétude
cun d’eux. La création de l’Union pour les économistes libéraux :
latine a fait l’objet de réticences l’augmentation importante des dépenses
très fortes de la part de la majorité publiques et de la dette.
des économistes libéraux, qui lui
préfèrent un système d’étalon-or calqué sur le modèle anglais.
L’objectif de cette Union, outre l’enjeu politique de la diffusion
internationale du modèle monétaire français, était surtout de
stabiliser, grâce à une coordination multilatérale, le rapport
entre l’or et l’argent, ce dernier subissant, dès les années 1860,
une tendance à la dépréciation relative sous l’effet du ralen-
tissement des découvertes d’or et des découvertes de gise-
ments d’argent. Nous allons montrer que cette tendance à la
dépréciation de l’argent vis-à-vis de l’or sera accentuée par les
tensions financières des années 1870, menant au final à l’échec
de l’Union latine.

En quoi le versement de l’indemnité de guerre et les problé-


matiques de finances publiques ont-ils pu avoir une incidence
sur le devenir de cette union monétaire et finir par provoquer
sa chute ? Il faut, pour le comprendre, revenir sur les conditions
financières de la victoire allemande de 1871, et les replacer dans
le contexte monétaire international. Une conférence moné-
taire se tient en 1867, à l’occasion de laquelle les grands pays ›››

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p. 44 industriels prennent acte d’une tendance mondiale à l’adoption


généralisée de l’étalon-or et à l’abandon du bimétallisme et de
l’étalon-argent. L’Allemagne puis les Etats-Unis font le choix de
l’étalon-or et de la démonétisation de l’argent dès le début des
années 1870, et sont imités par un grand nombre de pays les
années suivantes. Quelles sont les conséquences de ce change-
ment pour la France ? L’enjeu est double : perdante du conflit,
elle se voit réclamer une indemnité de guerre sous la forme
de francs-or ; le paiement se fait essentiellement sous forme
métallique, ce qui va faciliter le passage de l’Allemagne à l’éta-
lon-or. L’économiste français Henri Cernuschi décrit cette opéra-
tion avec beaucoup de clairvoyance : « Il a fallu [à l’Allemagne]
d’immenses succès militaires, et sans l’or puisé en France, jamais
[elle] n’aurait pu décréter la démonétisation de l’argent. Oui, il
a fallu que la France fût vaincue et rançonnée sans mesure pour
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que l’Allemagne cédât aux sollicitations des partisans de l’étalon
unique » [Société d’économie politique, 1873b, p. 131].

Dans le même temps, le mouvement international d’aban-


don de la monnaie d’argent amplifie encore sa tendance à la
dépréciation. L’Union latine est contrainte de suspendre la
frappe des pièces d’argent en 1873, et met officiellement fin au
bimétallisme en 1878. Ainsi, la démonétisation de l’argent par
l’Allemagne, facilitée par l’aspiration de l’or français, est l’un
des éléments déclencheurs de l’abandon progressif du bimétal-
lisme en Europe et de l’adoption du Gold Standard, de l’étalon-
or. De ce point de vue, les économistes libéraux français voient
leurs aspirations satisfaites.

Par conséquent, si le paiement de l’indemnité de guerre


n’est bien sûr pas l’unique cause de l’échec de l’Union latine,
il est certain que les difficultés naissantes de l’Union ont été
fortement amplifiées par la situation des finances publiques au
début des années 1870. L’étude de cette crise nous permet de
comprendre, en résonance avec les lourdes difficultés qu’a ren-
contrées la zone euro, comment une crise – devant n’être que
temporaire – de finances publiques, en déclenchant d’autres
perturbations, peut remettre en cause in fine la pérennité d’une
union monétaire. Voyons maintenant en quoi les difficultés
financières et les expédients mis en place par les gouvernants
d’après-guerre ont suscité de nouveaux débats au sein de
l’école libérale, concernant la dépense publique et ses modes
de financement.

L’Economie politique n° 61
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L’Etat économe et les finances publiques p. 45
L’urgence de la situation financière de la France dans le début
des années 1870 provoque un regain de discussions, au sein de
la communauté des économistes, sur la question du finance-
ment de cette dépense publique extraordinaire. On s’interroge,
parmi les libéraux, sur les moyens d’adapter les recettes de
l’Etat à cette dépense supplémentaire conséquente, et sur la
pertinence de procéder à des augmentations d’impôts ou au
contraire de recourir massivement à l’emprunt. Doit-on trouver
des expédients temporaires ou envisager une réforme plus vaste
de la fiscalité ?

Avant toute chose, il nous faut préciser la conception de


l’intervention publique développée par les économistes libéraux
français. Ces derniers sont, dans leur ensemble, les héritiers de
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la conception minimaliste de l’Etat qu’avait développée Jean-­
Baptiste Say au début du siècle. A leurs yeux, l’intervention
de l’Etat ne doit jamais menacer la propriété privée, la liberté
du travail et la liberté des échanges. Elle ne doit pas chercher
à corriger les inégalités économiques et sociales, et ne peut
s’exercer légitimement que lorsque les initiatives individuelles
sont insuffisantes ou défaillantes, comme pour la réalisation de
travaux publics ou le maintien de la justice, de la sécurité interne
(police) et externe (armée). On retrouve également chez un grand
nombre de ces auteurs – mais pas chez tous – une méfiance à
l’égard de la « bureaucratie » des administrations et une sus-
picion d’inefficacité attribuée à la dépense publique. On l’aura
compris, les économistes libéraux défendent une conception de
l’Etat associée à des dépenses minimales, conception qui n’est
en rien modifiée par le contexte d’après-guerre.

Cette conception de l’Etat « à bon marché » s’appuie donc


sur la nécessité de la modération des dépenses publiques, y
compris en période de crise. Avec notre langage contemporain,
nous pourrions qualifier la politique défendue par les libéraux de
politique « d’austérité ». La première solution qu’ils envisagent
au problème de financement exposé plus haut est en effet une
réduction des dépenses. En témoignent plusieurs discussions
à la Société d’économie politique en 1872 et 1873, où les éco-
nomistes défendent avec vigueur la réduction de la dépense
publique (réduction des frais de représentation, suppression
de la garde impériale, etc.), celle-ci devant permettre de ne pas
recourir à une augmentation des recettes. Par exemple, l’ingé- ›››

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p. 46 nieur Léon, contributeur régulier du Journal des économistes,


fait parvenir, sur l’année 1872, une dizaine de lettres dénonçant
chacune l’absence de lucidité du gouvernement, qui préfère lan-
cer de grands emprunts plutôt que de chercher dans son budget
– notamment militaire – des sources d’économies. Toutefois,
l’austérité n’est pas toujours possible ; comment œuvrer, dès
lors, pour faire face à une dépense exceptionnelle comme celle
qu’a connue le gouvernement d’après-guerre ?

L’emprunt public est la seconde solution envisagée pour


financer le déficit de l’Etat. Il existe pourtant une réticence
ancienne des économistes libéraux vis-à-vis de l’endettement,
réticence que l’on trouve déjà chez Jean-Baptiste Say : « La
somme empruntée [par l’Etat] est une valeur consommée et per-
due, et le revenu public se trouve grevé des intérêts de ce capital.
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(…) L’Etat se trouve affaibli en ce que le capital prêté au gouverne-
ment, ayant été détruit par la consommation que le gouvernement
en a faite, ne donnera plus à personne le profit, ou, si l’on veut,
l’intérêt qu’il pouvait rapporter en sa qualité de fonds productif.
Avec quoi l’Etat paie-t-il donc l’intérêt de sa dette ? Avec la portion
d’un autre revenu qu’il transporte d’un contribuable au rentier »
[Say, 1803, livre III, p. 540].

L’école libérale reprend à son compte cette méfiance


en décrivant l’emprunt public comme un mode de finance-
ment qui doit rester ponctuel et qui ne peut répondre qu’à
trois situations à caractère exceptionnel  : le financement
de dépenses de guerre, la mise en œuvre de travaux publics
intéressant les générations futures et, enfin, l’obligation de
rembourser des dettes excessives accumulées par le passé
et dont le règlement instantané occasionnerait de trop lourds
sacrifices budgétaires. En témoigne la note sur les « Emprunts
publics » du Dictionnaire de l’économie politique, considéré
comme le bréviaire de la pensée économique dominant à
l’époque : « Quand un Etat se trouve en face d’une guerre, ou
engagé dans de grandes entreprises de travaux publics, ou
contraint de régler des dettes antérieures trop importantes,
le rendement des impôts ne lui fournirait pas un capital suf-
fisant, et surtout ne le lui fournirait pas assez promptement.
L’Etat, placé dans une des trois conditions susdites, demande
le capital dont il a besoin à l’épargne, et s’engage à payer aux
prêteurs un intérêt annuel à un taux et à des conditions déter-
minés » [Coquelin et Guillaumin, 1852-1853, p. 803].

L’Economie politique n° 61
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Dans le cas qui nous occupe, les deux emprunts publics lan- p. 47
cés en 1871 et 1872 par Léon Say sont donc accueillis avec une
relative bienveillance par les économistes libéraux, l’homme
politique étant d’ailleurs un collaborateur régulier des activités
de la Société d’économie politique et du Journal des écono-
mistes. Comme l’emprunt public se limite, selon eux, à des cas
de figure tout à fait exceptionnels et ne peut être systémati-
quement utilisé pour faire face à l’augmentation des dépenses
qui se produit dans l’après-guerre, les économistes de l’école
libérale vont être amenés à s’interroger sur la pertinence de la
fiscalité française de leur temps.

Nouveaux enjeux et nouveaux débats sur la fiscalité


La communauté des économistes n’a cessé, tout au long du
XIXe  siècle, de débattre de l’impôt. Elle s’interroge notamment
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sur la base qu’il conviendrait de taxer (le revenu, le capital
ou la consommation) et sur la manière dont il serait juste de
prélever l’impôt (proportionnellement ou progressivement) [2]. [2] La proportionnalité
de l’impôt est caractérisée
Les problèmes financiers des années 1870 et l’avènement de la par le prélèvement d’un
Troisième République vont renouveler ces débats et faire émerger pourcentage identique
du revenu de chacun,
de nouveaux enjeux. La situation particulière de l’après-crise quel que soit le montant
donne en effet lieu à une vive critique de la fiscalité existante, qui de ses revenus. L’impôt
est dit progressif quand
se caractérise par une combinaison complexe d’impôts directs le pourcentage prélevé
sur le revenu augmente
(issus de la Révolution) et de taxes indirectes qui se sont super- à mesure que le revenu
posés au cours du siècle ; elle s’est également accompagnée lui-même augmente.

d’une aspiration à une réforme fiscale d’ampleur.

De la même façon, on peut entendre dans la période actuelle,


en France, des voix s’élever pour appeler à une réforme de la
fiscalité, le système fiscal français étant accusé d’être régressif
et inefficace. Dans la lignée de l’ouvrage de référence de Piketty,
Saez et Landais (2011), des économistes appellent de leurs vœux
une remise à plat de l’imposition dans le sens d’une plus grande
proportionnalité et d’une simplicité du prélèvement (notamment
grâce au prélèvement à la source). La nécessité de cette réforme
semble particulièrement criante dans une période de sortie de
crise, où les coûts de cette dernière (coût social, coût des plans
de relance, coût de l’endettement supplémentaire) ont été finan-
cés par les contributions des citoyens.

Les années 1870 voient le débat sur la proportionnalité et


la progressivité de l’impôt relancé. Avec l’instauration de la
­Troisième République et la montée en puissance des mouve- ›››

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p. 48 ments radicaux et socialistes, qui bataillent pour l’adoption d’un


impôt progressif, les économistes libéraux font de la défense de
l’impôt proportionnel leur cheval de bataille.

En premier lieu, précisons que les libéraux, en écho à leur


conception minimaliste des dépenses publiques, adhèrent
sans surprise à l’idée de Jean-Baptiste Say selon laquelle « les
meilleurs impôts, ou plutôt les moins mauvais, sont les plus
modérés quant à leur quotité » [1803, livre III, p. 507] ; l’Etat doit
se montrer économe tant dans sa manière de percevoir l’impôt
que de dépenser. Reprenant à leur compte le principe d’Adam
Smith selon lequel « les sujets de tout Etat devraient contribuer
au soutien du gouvernement en proportion du revenu dont ils
jouissent » [1776, p. 929], les libéraux, à de rares exceptions
(Garnier, Royer, Fauveau), vont associer la proportionnalité
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de l’impôt à l’idée de justice fiscale et se livrer à une critique
virulente de l’impôt progressif. Ils jugent la progressivité des
prélèvements nuisible sur un plan économique, dans le sens
où elle perturbe la distribution « naturelle » des richesses et
modifie l’ordre « naturel » entre les classes sociales, à l’inverse
de l’impôt proportionnel qui respecte cet ordre naturel. La
progressivité est, selon ces écono-
Les libéraux adhèrent sans surprise mistes libéraux conservateurs, por-
à l’idée de Jean-Baptiste Say selon teuse de dangers bien plus graves :
laquelle l’Etat doit se montrer économe elle s’apparente à une menace
tant dans sa manière de percevoir l’impôt socialiste, qui risque de mener
que de dépenser. à une « spoliation légale », pour
reprendre l’expression de Frédéric
Bastiat [1850] ; ils la jugent également entachée d’arbitraire,
dans la mesure où la progressivité repose sur la définition dis-
crétionnaire de tranches de revenus associées à des taux de
prélèvement différents.

Outre la question de la progressivité, l’autre débat qui


anime la communauté des économistes dans les années 1870
porte sur la réforme de la fiscalité et sur la pertinence de l’adop-
tion d’un impôt sur le revenu. Ils font du système fiscal français
et des mesures d’augmentation des impôts indirects prises au
début de la décennie une critique sévère. Ils reprochent aux taxes
sur la consommation et autres droits indirects leur caractère
régressif, dans la mesure où ils affectent plus que proportion-
nellement les ménages à revenus modestes. Ils les accusent
également d’entraîner des effets de distorsion, dans le sens où

L’Economie politique n° 61
L’Economie politique

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la taxation va occasionner une modification des choix de consom- p. 49
mation et de production.

L’impôt unique sur le revenu semble à une majorité de ces


économistes être l’impôt le plus efficace, le moins perturbateur
et le plus juste. D’ailleurs, le principe de l’impôt unique avait
déjà été vigoureusement défendu, un siècle auparavant, par
des économistes de l’école physiocrate, tels que Quesnay et
Lemercier de la Rivière, école dont les économistes libéraux
du XIXe siècle se prévalent souvent. L’école libérale rassemble
une grande majorité d’économistes favorables à l’impôt sur le
revenu (Garnier, Passy, Parieu, Puynode, Wolowski, temporai-
rement Leroy-Beaulieu). Cet impôt est le seul à être compatible
avec leur conception de la justice. Il est celui qui va permettre
de mettre en œuvre la proportionnalité dont on a vu plus haut
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qu’elle constituait le point cardinal des libéraux : « Que l’impôt
sur le revenu soit de tous les impôts celui qui se proportionne
le plus exactement aux ressources réelles des personnes, et par
conséquent l’impôt le plus conforme aux exigences de l’équité
sociale, cela ne fait pas de doute » [Passy, Société d’économie
politique, 1873a, p. 120].

Notons toutefois que certains économistes s’exprimant à la


Société d’économie politique s’opposent à l’impôt sur le revenu
pour des raisons pragmatiques, qui sont également celles qui
étaient invoquées par Thiers pour inciter l’Assemblée à rejeter
les projets de réforme fiscale qui étaient proposés dans ce sens.
Ils craignent en effet l’utilisation politique qui pourrait être faite
de l’adoption d’un impôt sur le revenu par des gouvernements
interventionnistes ; ils dénoncent le caractère inquisitoire de
la déclaration et du contrôle fiscaux ; et ils mettent en avant
la complexité opérationnelle du prélèvement dans un pays
caractérisé par un grand nombre de petits propriétaires, dotés
de fortunes très morcelées.

Ces arguments seront balayés par les grandes figures de


l’école libérale, qui critiquent l’opportunisme de l’Assemblée
qui a rejeté de nombreux projets de réforme ; ils sont nombreux
à se rallier à la proposition de Passy consistant à évaluer le
revenu par rapport à la valeur locative des logements occupés,
de sorte d’éviter l’inquisition fiscale et les difficultés posées par
l’évaluation des revenus des particuliers. L’adoption de l’impôt
sur le revenu irait, selon eux, dans le « sens de l’histoire », les ›››

Janvier-février-mars 2014
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les leçons de l’histoire
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p. 50 autres grandes puissances adoptant dans les années 1870 des


systèmes fiscaux de ce type ; elle répondrait à une aspiration
démocratique : « Le rôle des gouvernements est de reconnaître
et de contrôler les tendances de l’opinion publique et de les
satisfaire. Or, n’est-il pas certain que le besoin d’une certaine
innovation dans les impôts est aujourd’hui universellement
senti ? » [Parieu, 1872, p. 340].

Ainsi, si l’idée de l’impôt sur le revenu a été défendue de


longue date par les économistes libéraux, ces derniers resteront
réfractaires à l’impôt progressif jusqu’à son adoption au début du
XXe siècle et seront la cause principale du retard pris par la France
pour procéder à une réforme fiscale d’ampleur. Ce ne sera que
dans les années 1890, dans un contexte international où tous les
grands pays adoptent des impôts progressifs, que s’intensifieront
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en France les discussions et les projets de changement radical en
matière de fiscalité, venant essentiellement des radicaux et des
socialistes. Le premier pas sera franchi en adoptant un impôt
progressif sur les droits de succession en 1901, puis un impôt sur
le revenu de compromis en 1914, dans un climat de défiance forte
des économistes libéraux [Delalande, 2011]. La crise de finances
publiques du début des années 1870 aurait pu se traduire par
une grande réforme fiscale permettant de mettre un terme aux
difficultés de financement rencontrées par les gouvernements. Le
conservatisme des économistes et d’une grande partie des élites
politiques vis-à-vis de l’impôt progressif sur le revenu aura différé
d’autant la réforme fiscale et probablement contribué à affaiblir
durablement l’économie française.

Les finances publiques et la « longue stagnation »


Ainsi, la situation de la France dans l’après-guerre de 1870-1871
nous offre-t-elle l’illustration de la manière dont une crise de
finances publiques peut provoquer une perturbation durable
du système monétaire et donner lieu à des débats virulents sur
la fiscalité, débouchant toutefois sur une réforme très tardive.

La période coïncide avec le début de ce que les historiens


[3] Selon Breton, Broder ont nommé la « longue stagnation »  [3], période de récession
et Lutfalla, dans leur
ouvrage éponyme (1997) économique durable, de diminution des prix et des taux d’inté-
qui fait référence rêt s’étirant sur le dernier quart du XIXe  siècle. Evidemment,
sur cette question,
la « longue stagnation » le conflit franco-prussien et ses conséquences financières ne
a débuté en 1873 et s’est
achevée en 1897.
sont pas les seuls responsables des difficultés qui apparaî-
tront sur les trois décennies suivantes. En revanche, la gestion

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financière de l’après-guerre peut probablement être incriminée p. 51
à plusieurs niveaux.

Si l’évolution de la dette publique en elle-même est jugée


sans conséquences par les économistes de l’époque (l’endet-
tement ayant été, nous l’avons vu, réalisé pour des motifs qu’ils
considéraient comme légitimes), elle a néanmoins probablement
provoqué un effet d’éviction, l’épargne disponible se tournant
davantage vers l’acquisition de titres de la dette publique que
vers le financement de l’investissement privé. Malgré la tenta-
tive de relance opérée par le plan Freycinet, cet effet d’éviction
pourrait être l’une des causes du sous-investissement en France,
l’investissement ayant été deux fois plus faible et ayant connu
une croissance trois fois moins élevée en France qu’en Allemagne
sur la décennie 1870 [Broder, 1997]. Le sous-investissement, en
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partie dû à la situation financière de la France, serait une des
causes de la période de dépression traversée par le pays à la fin
du XIXe siècle.

D’autre part, les historiens considèrent que la longue stagna-


tion française est le produit d’un marché domestique stagnant
et d’une insuffisance des débouchés, dans un contexte de crise
agricole prononcée [Breton, Broder et Lutfalla, 1997]. On peut
légitimement s’interroger sur la responsabilité d’une fiscalité
archaïque, affectant fortement la consommation, dans la fai-
blesse de la demande domestique. On peut tout aussi légitime-
ment craindre que la crise actuelle, sans une prise en compte
– même tardive – des aspirations démocratiques en matière de
fiscalité, s’accompagne des mêmes dangers politiques que ceux
qu’a connus la France de la fin du XIXe siècle avec le développe-
ment des mouvements boulangistes et anarchistes. ■

Bibliographie

Bastiat, Frédéric, 1850, La loi, La longue stagnation. L’autre


Paris, Guillaumin. grande dépression 1873-1897,
Paris, Economica.
Breton, Yves, et Lutfalla,
Michel, 1991, L’économie Breton, Yves, et Lutfalla,
politique en France au XIXe siècle, Michel, 1997, « Les économistes
Paris, Economica. français et la longue
stagnation », in Y. Breton,
Breton, Yves, Broder, Albert, A. Broder et M. Lutfalla, op. cit.,
et Lutfalla, Michel, 1997, pp. 347-382.
›››

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les leçons de l’histoire
Claire Silvant

p. 52 Bibliographie
Broder, Albert, 1997, « La longue et Jean-Yves Grenier (dir.),
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et M. Lutfalla, op. cit., pp. 9-58. économique et financière
de la France, ministère
Coquelin, Charles, et Guillaumin, de l’Economie, des Finances
Gilbert-Urbain, 1852-1853, et de l’Industrie, pp. 423-444.
« Emprunts publics », Dictionnaire
de l’économie politique, vol. I, Parieu, F. Esquirou de, 1872,
Paris, Guillaumin, pp. 803-813. « La réforme de l’impôt devant
l’Assemblée nationale », Journal
Delalande, Nicolas, 2011, Les des économistes, juin, pp. 335-346.
batailles de l’impôt. Consentement
et résistances de 1789 à nos jours, Piketty, Thomas, Landais, Camille,
Paris, Seuil. et Saez, Emmanuel, 2011, Pour
une révolution fiscale. Un impôt
Fontvieille, Louis, 1997, « Les sur le revenu pour le XXIe siècle,
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finances publiques pendant la Paris, Seuil.
longue stagnation », in Y. Breton,
A. Broder et M. Lutfalla, op. cit., Say, Jean-Baptiste, 1803, Traité
pp. 325-343. d’économie politique ou simple
exposition de la manière dont
Garnier, Joseph, 1872, « Mesures se forment, se distribuent
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à la catastrophe de 1870-1871 », 6e édition, Paris, Guillaumin, 1841.
Journal des économistes, 3e série,
26(77), mai, pp. 286-294. Silvant, Claire, 2010, « Fiscalité
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Garrigues, Jean, 1989, « Léon Say : du XIXe siècle français », Revue
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le long du XIXe siècle français », l’or et l’argent », Journal des
in Jean Andreau, Gérard Beaur économistes, juillet, pp. 126-149.

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