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PREAMBULE

A u-delà de sa place politique et plus récemment encore de son positionnement dans le


débat climatique mondial, la ressource en eau reste un enjeu majeur de la majorité des acteurs
de sa gestion tant sur les volets techniques, économiques que sociaux.
En Algérie, la gestion des ressources en eaux a évolué en dents de scie tant sur sa
disponibilité, sa distribution, son prix, sa technologie et son mangement. Le récent partenariat
entre l’Algérienne Des Eaux (ADE), l’Office National de l’Assainissement (ONA) et le
Groupe Suez, le modèle français de référence régionale, a donné naissance à une entreprise
mixte (SEAL) et à l’émergence d’une véritable compétence nationale dans la production et la
distribution de l’eau potable aux normes et aux standards internationaux. S’ajoutent à cette
maîtrise de gestion, les lourds investissements réalisés dans le dessalement d’eau de mer.
Malgré tous ces efforts et toutes ces réalisations, l’eau, facteur clé économique, en particulier
pour ces trois secteurs fondamentaux que sont l’agriculture, la populations et l’industrie, en
attendant les besoins d’un tourisme à venir, demeure un sujet de tension et de rivalités
débouchant ici et là à des émeutes populaires et à des drames humains. La diversité des usages
de l’eau et son accélération liée à une croissance démographique, provoquent des manques
dus à des problèmes techniques et accentués par le déficit pluviométrique ; ce qui exige en
conséquence une augmentation de l’offre par la construction de barrages, retenues et autres
pompages ainsi qu’une maîtrise de toute la chaîne technique de sa distribution sans compter
toute la panoplie d’une gestion moderne par les Nouvelles technologies de l’Information
(NTIC)…
Les politiques adoptées ces vingt dernières années, en termes de construction de barrages, de
dessalement de l’eau de mer, restent insuffisantes (Allal et al. 2012). Une gestion non adaptée
et insuffisamment planifiée s’est greffée et a produit des tensions difficilement maîtrisables
dans la distribution de l’eau potable (Bessedik, 2007 & 2011). Par ailleurs, les pertes d’eau
dans les réseaux ont dépassés les 55% (ADE, 2012). Ces déperditions sont dues à plusieurs
facteurs, entre autres, la vétusté des conduites, une conception non adaptée au relief, des
piquages illicites dus aux constructions illicites et anarchiques, une insuffisance de matériels
adaptés (détection et réparation des fuites).
De toute cette problématique nous nous sommes appliqués à en étudier un aspect qui nous
semble crucial, celui du thème « Diagnostic du Système de Transfert de l’eau potable »
associé au couloir nord de la branche Ouest de Tipaza à partir du barrage de Keff-Eddir.
Ce mémoire de master se décline en deux phases. Il expose, dans un premier temps, la
présentation de la région concernée en observant ses aspects géographiques et ses potentiels
hydrographiques. Dans la seconde étape, il est établi un Etat des Lieux aux fins de proposer,
en substance, le dimensionnement d’un système d’alimentation en eau potable.

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METHODOLOGIE
Articulée en trois volets, la méthode utilise un triptyque dont les attributs sont interdépendants
entre eux. Elle se décline ainsi :
- Une phase de revue et d’analyse documentaires.
- Une phase d’enquête sur le terrain pour la collecte de données complémentaires.
- Une phase d’élaboration du rapport d’étude incluant l’analyse des informations collectées.
La recherche documentaire :
Elle est de deux types : une revue des connaissances bibliographiques relatives à La zone
d’étude et à la collecte des données relatives à l’adduction d’eau potable. L’observation porte
également sur les différentes études effectuées en Algérie pour des projets similaires comme
celles qui ont traité les problèmes liés à l’alimentation en eau de centres socioéconomiques
comparables à cette zone.
La recherche documentaire s’est appuyée aussi sur les résultats de consultations de Sites Web
consacrés à ce sujet.
Sorties terrain et collecte des données complémentaires :
L’observation de terrain et le recueil d’informations se sont organisés en visites de sites et en
sondages individuels :
- Entretien avec le personnel et les responsables des Agences en charge de la gestion de l’eau
- Entretien avec des chefs de projets similaires et des équipes des bureaux d’études.
- visite des sites et appréciation des technologies avec les utilisateurs concernés.
La conception in situ et en binôme
C’est le palier structurant de notre exposé incluant des confrontations d’idées et de points de
vue, d’analyse des informations recueillies conjuguées aux résultats de nos recherches
documentaires et rapportées aux conclusions de nos enquêtes, observations de terrain.
Il en est ressorti que pour une optimisation des ouvrages hydrauliques, il est primordial d’en
étudier les constitutifs et d’en projeter les besoins. Ainsi, nous avons procédé à :
- Un diagnostic de la situation actuelle.
- Une évaluation des besoins en eau à l’horizon 2050.
- Une identification de la ressource en eau pouvant couvrir la demande
-Un dimensionnement des différents ouvrages, équipements et réseaux hydrauliques
constituant le système.
- Une évaluation du coût global du projet retenu et désigné ci-haut

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I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE :
Le plan national de développement et de l’approvisionnement en eau potable avait inscrit,
pour la branche Ouest de Tipaza, l’Etude et la Réalisation d’un système d’AEP. Ce projet est
fondamental dans un contexte où l’arrivée de l’adduction d’eau potable constitue souvent une
véritable révolution. L’objectif étant l’amélioration des conditions d’alimentation en eau
potable des populations de cette région, il n’en est pas moins porteur de meilleures conditions
de vie sanitaire et hygiénique. .
Ce projet fait partie d’une vaste étude réalisée par le Ministère des Ressources en Eau dont
l’objectif à l’horizon 2030 consiste à augmenter de moitié l’offre en ressources d’eau pour
toutes les populations n’ayant pas accès ou peu à l’eau potable.
Le projet insiste sur l’objectif majeur consistant à fournir les meilleures conditions de vie des
populations de la région, notamment à travers la réalisation de cet AEP, à réduire la pauvreté
en milieu rural en permettant à certains de cultiver des potagers et particulièrement de
l’accompagner d’un prix adapté aux maigres revenus qui leur sont connus.
L’objectif spécifique est de faire l’étude d’avant-projet sommaire (APS) des travaux et de
rédiger un rapport incluant l’ensemble des caractéristiques techniques des ouvrages et des
équipements auxquels il était demandé de fournir une estimation financière du coût global des
travaux de réalisation.
Selon les informations recueillies et les échanges avec des chefs de projets similaires, les
données d’exploitations des AEPS existants indiquent que ces derniers ont été
surdimensionnés car certains facteurs-clés ont été imparfaitement évalués : les
consommations journalières relevées sont généralement en-dessous de celles utilisées pour les
études. Les systèmes classiques en usage pour évaluer les demandes en eau dans les projets
d’AEPS ont tendance à les surestimer ce qui entraine une démesure des ouvrages, des
équipements et réseaux hydrauliques d’où ce surdimensionnement qui impactera les coûts
d’investissements vers la hausse et subséquemment un prix élevé du mètre cube de l’eau.
L’adoption systématique des mêmes méthodes pour la détermination de la consommation
d’eau nécessaire à l’évaluation d’un projet d’AEP a entrainé des surcoûts et des charges
d’exploitation lourdes. Notre questionnement s’approprie cette problématique pour analyser
ces méthodes et dégager une piste d’optimisation d’un dimensionnement adapté du réseau.
Ce chapitre est un aperçu général de la zone d’étude considérée. Il sera question, d’abord, de
sa situation géographique et de ses caractéristiques spécifiques pour, ensuite, présenter le
barrage l’objet de l’étude, le barrage de Keff-Eddir.
1. Situation géographique :
La zone d’étude est composée de dix (10) agglomérations qui sont d’Est en Ouest : Cherchell,
Sidi-Ghiles, Sidi-Semiane, Hadjret-Ennos, Messelmoun, Gouraya, Aghbal, Larhat et Damous.

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Cette zone, située à environ 70 kilomètres à l’ouest de la ville d’Alger, autrement dit au Nord-
Est et Sud-Est du barrage de Kef-Eddir, localise l’axe du barrage sur l’Oued Damous dans la
Wilaya de Tipaza.

2. Etude topographique :
La topographie du terrain joue un rôle très important dans les écoulements gravitaires et
impose le plus souvent un tracé du réseau qui doit suivre le cheminement naturel du terrain.
En plus de ces écoulements sous pression, la topographie est déterminante en ce sens qu’elle
permet d’avoir une idée sur l’emplacement du réservoir en fonction de la charge requise.
Cependant, en terrain plat, il est parfois fait recours à des stations de relevage dans le réseau
pour palier le phénomène d’approfondissement éventuel des canalisations. Le relief et le sens
d’écoulement sont aussi des éléments topographiques et morphologiques nécessaires à
l’analyse hydrologique des bassins versants.
3. Situation socio-économique :
Les principales activités exercées dans la zone affectée concernent principalement
l’agriculture et l’élevage. Le commerce n’est qu’un appoint progressant à un rythme lent mais
que les perspectives d’un développement du tourisme pourraient en multiplier les effets et
l’accroissement des besoins en ressources d’eau.
4. Hydrographie :
La wilaya de Tipaza dispose d'un réseau hydraulique important :

 Oued Mazafran.
 Oued El Hachem.
 Oued Djer.
 Oued Damous.

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5. Le climat :
Cette zone est caractérisée par un climat tempéré méditerranéen divisé en deux saisons : un
hiver doux et pluvieux d’Octobre à Mars et un été chaud et sec d’Avril à Septembre ; la saison
sèche est caractérisée par une longue période de sécheresse qui peut durer de trois à quatre
mois.
Les vents ont des fréquences différentes durant l'année. Les plus dominantes soufflent en
direction du Sud et de l’Ouest ; il y a lieu d’indiquer que la région, contrairement à d’autres en
Algérie, est épargnée des ravages en Hiver du vent Sirocco l'hiver. Par contre, les gelées sont
fortement perceptibles car influencées par l'altitude.
Les précipitations moyennes enregistrées par la station de Merad font ressortir une
pluviométrie moyenne annuelle de 600 mm durant les années consécutives 1978-2004.
Les températures varient entre 33 °C pour les mois chauds de l'été (juillet, août), à 5,7 °C pour
les mois les plus froids (décembre à février).

6. Relief :
Le territoire de la wilaya de Tipaza couvre une superficie de 1 707 km2 qui se répartit en :

 Montagnes : 336 km2 ;
 Collines et piémonts : 577 km2 ;
 Plaines : 611 km2 ;
 Autres : 183 km2.
Au nord-ouest de la Wilaya, la chaine de montagnes comprend l'Atlas blidien et laisse la place
à deux importants ensembles :

 Les Monts du Dahra et du Zaccar ;


 Le Mont du Chenoua.
Au nord-est, la Mitidja s'étend essentiellement sur la wilaya de Blida et se trouve limitée au
niveau de la wilaya de Tipasa par le bourrelet constitué du Sahel (Altitude Moyenne 230 m).
Au nord du Sahel, un cordon littoral présente un rétrécissement et une élévation graduelle
d'Est en Ouest jusqu'à disparition par endroits à Tipasa et dans les Dairas de Cherchell et Sidi
Amar où le relief très accidenté autour du mont du Chenoua présente des escarpements
importants en bordure de la mer.

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7. Géologie
Selon la carte géomorphologique du Tipaza suivante :

Les feuilles cartographiées de Tipaza comprenant plusieurs régions naturelles correspondant à


des zones stratigraphiques du Nord au Sud :
La formation géologique dominante de la région est la marne argileuse grise foncée avec
localement des lits calcareux donnant un aspect plus massif au rocher en affleurement et la
terminaison de la zone des massifs anciens de kabyles qui est composé par des roches
métamorphiques, de schistes, de poudingues et de grés primaires surmontés par les grès
rouges et les cargneules.
Cette zone est limitée, au sud, comprend :
Des régions arises, rocailleuses, impropre à la culture.
Des forets importants et des terrains cultivés uniquement par des indigènes.

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II. Barrage de Kef-Eddir :
1. Situation de l’aménagement :
Le barrage de Kef-Eddir est situé à l'ouest de la ville d'Alger sur l’Oued Damous, à environ 8
km au sud de la ville homonyme et près du village Ben Mileuk dans la wilaya de Tipaza. Le
site du barrage est accessible à partir des routes de chemin de wilaya W-4 ou N65.
2. Destination de l’aménagement :
Le barrage de Kef Eddir est destiné à satisfaire les besoins en eau pour l’irrigation de
l'immense vallée agricole constituée par le croissant fertile des vallées de Damous, Larhat, de
la bande agricole côtière de Gouraya, d’Oued Sebt et de Messelmoun.
Le volume que régularise annuellement le barrage est de 57,4 hmᶟ. La réserve alimentera
toute la région et les wilayas environnantes avec plus de 21 millions de m3/an pour les
besoins de l’AEP et 17 millions de mètres cubes/an pour les besoins touristiques et ceux de
l’agriculture de la wilaya de Tipaza.
3. Apport de solides :
En recoupant diverses méthodes d’estimation et tenant compte des caractéristiques physiques
du bassin versant de l’Oued Damous, une estimation du volume des apports solides a été
établi.
À titre indicatif, les taux d’abrasion généralement considérés dans l’étude de barrages en
Algérie varient de 130 à 2 300 t/km2 /an.
Le taux de charriage dans le transport solide global est de l’ordre de 10 à 15 % dans les
formations érodables.
Au site de l’aménagement Kef Eddir, les valeurs obtenues sont les suivantes :
 Taux d’abrasion : 1 667 t/km2 /an = 1 111 m 3 /km2 /an
 Volume d’envasement après 50 ans = 27 hm3

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