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Abstract
SUMMARY. — A propos of a recent work on Fermat by M. S. Mahoney, the author, after giving several details about the works
of 16th and 17th century mathematicians (Clavius and Albert Girard in particular), stresses Fermaťs « adégalité » and the
different meanings Fermat gives to that term. He then shows the fundamental use made by Fermat in the calculus of
infinitesimals of the concept of « affinité », long before Euler introduced that word into mathematics. Finally, he clears up several
questions relating especially, to « Cavalieri's principle. »
Résumé
RÉSUMÉ. — A propos d'un ouvrage récent de M. S. Mahoney sur Fermat, l'auteur, après avoir donné quelques précisions sur
les œuvres de mathématiciens des XVIe et XVIIe siècles (en particulier Clavius et Albert Girard), insiste sur « l'adégalité » de
Fermat et les diverses significations que celui-ci lui donne. Il montre ensuite l'usage fondamental qu'il fait en calcul infinitésimal
de l'affinité, bien avant qu'Euler n'ait introduit ce vocable en géométrie. Il soulève enfin quelques questions relatives, en
particulier, au « principe de Cavalieri ».
Itard Jean. A propos d'un livre sur Pierre Fermat. In: Revue d'histoire des sciences, tome 27, n°4, 1974. pp. 335-346;
doi : https://doi.org/10.3406/rhs.1974.1105
https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1974_num_27_4_1105
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•
Son Algebra est donc délibérément un traité élémentaire, sans
aucune ambition scientifique, et qui n'apporte aucun éclairage sur
la science qui se fait. Il se refuse absolument à sortir des sentiers
battus. Il ne saurait donc servir de modèle ni au jeune Descartes,
ni au jeune Fermat, ni à aucun autre. On peut d'ailleurs comparer
le travail de Clavius au « Sommaire de l'Algèbre » que, depuis 1615,
Denis Henrion a souvent annexé à ses éditions d'Euclide. Ces
éditions sont simplement des traductions françaises des Eléments
obtenues à partir du latin de Clavius. Sans suivre ici le Père Jésuite,
Henrion présente dans ce sommaire, un état de l'Algèbre figé et
obsolète.
h' Algebra de Clavius est cependant une excellente introduction
à l'analyse diophantienne élémentaire et a pu, à ce titre, rendre de
bons services dans la formation première de jeunes mathématiciens.
On ne saurait en dire plus.
Dans sa recherche des origines de la pensée mathématique de
Fermat, recherche à certains égards bien difficile, M. Mahoney
semble avoir fabriqué de toutes pièces un rôle de mentor dont il
investit Jean de Beaugrand. Il eut été préférable de regarder de
plus près certains disciples de Viète dont l'œuvre est suffisamment
connue pour être plus sérieusement analysée. Arrêtons-nous
simplement à Albert Girard (1595 ?-1632). Ce mathématicien lorrain qui
a travaillé aux Pays-Bas est d'ailleurs ignoré de Fermat. On ne
peut donc parler d'influence directe des deux auteurs l'un sur l'autre,
mais la comparaison de leurs travaux révèle l'existence d'un milieu
commun, d'un climat, qui imprègne leurs travaux. Peu prolixe,
Girard ne nous a laissé que quelques écrits, rédigés dans un style
des plus concis. Mais dans sa Trigonométrie de 1626 il parle des
« Porismes d'Euclide, qui sont perdus, lesquels j'espère de mettre
bien tost en lumière, les ayant restitués il y a quelques années
en ça ». Il promet aussi, toujours en 1626, de faire voir des études
inspirées par Pappus : « Lieux plans et solides, inclinaisons,
déterminaisons et autres traitez de l'Analytique selon mon petit
pouvoir. » C'est une partie importante du programme que s'était fixé
Fermat.
En 1629, dans YInvention nouvelle en Valgebre Girard donne
determinaison : il faut icy que le cube du 1/3 du nombre des 1 ne soit moindre au quarré
de la moitié du 0, autrement l'équation est absurde et inepte. »
folio D recto : « limiter et déterminer les équations ».
folio D2 recto : « Reigle pour résoudre l'équation des 1 3 esgale à 1 + 0 lorsque le
cube du tiers du nombre de 1 est majeur au quarré de la moitié des 0 par l'aide des
tables de Sinus ».
folio D3 verso : « déterminaison manifeste ».
folio F3 recto : « II y a de la déterminaison aux équations... »
« Soit 1 2 esgale à 6 1 — 10 (impossible d'estre esgal)
(Nous indiquons par un caractère gras des nombres, nos exposants, que Girard
entoure d'un cercle.)
J. ITARD. —• A PROPOS D'UN LIVRE SUR FERMAT 339
m + 1
ou
1-Х m
(*) Nous venons de faire plusieurs fois allusion à l'œuvre de Viète. Rappelons les
travaux de M. Jean Grisard, et citons sa conférence du Palais de la Découverte,
3 octobre 1970 « La vie de François Viète et quelques aspects de son œuvre », et sa thèse
de troisième cycle, soutenue le 26 janvier 1970, « François Viète ». Un exemplaire en est
déposé au Centre Alexandre Koyré.
J. I.