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Cuq Édouard. Note complémentaire sur la loi romaine contre la piraterie. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 68ᵉ année, N. 4, 1924. pp. 284-294;
doi : https://doi.org/10.3406/crai.1924.75012
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1924_num_68_4_75012
COMMUNICATION
II
1. P. l. Manilia, 19.
Ί\ΌΤΕ SUR LA LOI ROMAINE CONTRE LA PIRATERIE 287
C'est d'abord la distinction des citoyens romains et des
alliés latins d'Italie : τ.ο'κϊτχι Ρωμαίοι a[û;x;j.a-/cij τε έκ της
Ιταλίας Λατίνοι, alors que la loi Plautia Papiria, de l'année 89,
a étendu la cité romaine aux habitants des cités fédérées,
domiciliés en Italie. C'est ensuite la mention du roi de
Cyrène parmi les alliés du peuple romain : [~ρος τον βασ'.-
λέα τον έν Κιφηντ, βασιλύεοντα, alors que d'après Appien, la
Cyrénaïque est devenue une province romaine en 74.
Mais le premier fait n'est pas exact dans sa généralité.
La loi Plautia Papiria a subordonné la concession de la
cité romaine aux alliés Latins d'Italie à une triple condition :
qu ils soient inscrits dans une cité fédérée, qu'ils aient été
domiciliés en Italie lors du vote de la loi, qu'ils aient fait
une déclaration au Préteur dans les 60 jours Κ Cette dernière
formalité ne fut pas remplie par bon nombre de Latins,
notamment les Lucaniens et les Samnites2. D'autres Latins,
par l'effet de la loi Cornelia de civitate de l'an 8i , perdirent
la cité romaine qu'ils avaient acquise '■' . Rien d'étonnant que
la tdistinction des citoyens romains et des alliés Latins
d'Italie ait subsisté pendant un certain temps après l'année
89 et qu'elle se retrouve dans une loi de l'an 67. D'après
Velleius Paterculus, elle n'a été effacée que paulatim 4.
Le second fait, rapporté par Appien 5, laisse place à un
doute. Diodore cite la Cyrénaïque parmi les pays soumis
par Pompée à la domination romaine, après son expédition
victorieuse contre les pirates, donc en 66 6. Et alors de
deux choses l'une : ou Diodore s'est trompé, ou il faut
admettre que, dans l'intervalle qui sépare les années 74 et
66, la royauté a été restaurée à Cyrène, et que le pays n'a
1. Cicéron, p. Archia, 3.
2. Appien, B. civ., I, 53.
3. Ibid., I, 100.
i. Hisi. II, 16.
5. Debell. civ., I, 111
6. XL, 19.
288 NOTE SUR LA LOI HUMAINE CONTRE LA P1HATERIE
été définitivement soumis à Rome qu'à cette dernière date.
On récuse ordinairement le témoignage de Diodore pour
deux raisons : 1° parce que la loi, gravée sur le monument
de Paul-Emile, doit être du sixième consulat de Marius,
mentionné dans la ligne 20 (pierre B). Mais il faudrait être
certain que la loi ne contient aucune disposition qui nous
oblige à en reculer la date. Or je montrerai tout à l'heure
que, cette certitude, nous ne l'avons pas, surtout depuis
que M. Gaston Colin a réussi à déchiffrer une clause, dont
il n'a pas d'ailleurs tenu compte dans son commentaire ;
2° parce qu'on suppose que les Romains, en décidant la
création d'une province, ont toujours pris immédiatement
les mesures nécessaires pour y établir leur autorité. Mais ce
que l'on sait sur la situation de la Gyrénaïque pendant la
période intermédiaire (a. 74-67), et même depuis que le roi
Ptolémée Apion a légué son royaume au peuple romain, est
peu favorable à cette manière de voir.
D'après l'epitome de Tite-Live ', le Sénat en 96 a
commencé par déclarer libres toutes les villes du royaume ; il
a cherché à briser l'unité du pays. Le résultat ne s'est pas
fait attendre : dix ans plus tard, Lucullus, envoyé en Afrique
pour y chercher des navires, trouva la Cyrénaïque troublée
par les agissements des tyrans. A la demande des habitants,
il rétablit l'ordre dans le pays et leur donna une
constitution °-. Ce ne fut pas pour longtemps. A l'époque où Mithri-
date était roi de Pont (entre 88 et 63), un tyran, dit Plu-
tarque, régnait à Cyrène ; il y avait massacré un grand
nombre d'habitants :\ Bref, la Cyrénaïque était le plus
souvent en état d'anarchie.
On conçoit aisément que les Romains aient en 74, résolu
;
lettres aux peuples f amis et alliés j. » II est difficile de croire
que les amis de Marius, résolus à lui préparer un grand
commandement en Asie, aient fait voter une loi applicable
aux gomrerneurs autres que les consuls, mais qui cependant
ne sera pas appliquée à Marius et à son collègue s'ils
obtiennent l'un la province d'Asie, l'autre la Macédoine.
M. Th. Reinach évite cette contradiction en supposant une
erreur commise par le graveur ; mais corriger un texte pour
l'expliquer, c'est un procédé qui, d'après M. Th. Reinach
lui-même, est peu recommandable.
D'autre part, les intentions que Ion prête aux amis de
Marius et qui les auraient déterminés à proposer la loi, sont
une simple hypothèse. Aucun texte n'y faitallusion, de l'aveu
même de M. Gaston Colin.
Il y a plus. La conjecture d'après laquelle la loi
remonterait à 104, souffre une grave objection : elle ne tient aucun
compte de deux passages de la loi.
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