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LE
RISQUE CHIMIQUE
Concepts • Méthodes • Pratiques
LE RISQUE CHIMIQUE
N. MARGOSSIAN
Le règlement REACH :
La réglementation européenne
sur les produits chimiques
288 p.
N. MARGOSSIAN
Aide-mémoire du risque chimique
2e edition, 296 p.
E. KOLLER
Dictionnaire encyclopédique du génie des procédés
520 p.
Guy Gautret de la Moricière
LE RISQUE CHIMIQUE
Concepts • Méthodes • Pratiques
© Dunod, Paris, 2008
ISBN 978-2-10-053565-1
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos VII
1 • Introduction 1
1.1 L’importance du risque chimique 1
1.2 Le principe de prévention 3
1.3 La méthode proposée 4
V
4.4 Choix des mesures 214
4.5 Application de la méthodologie aux autres risques 227
8 • Annexes 315
Annexe 1 – Code du travail – Phrases de risque « R » 315
Annexe 2 – Code du travail – Phrases « S » 320
Annexe 3 – ADR – Signification des numéros d’identification du danger 324
Annexe 4 – Niveaux de danger des agents chimiques 328
Annexe 5 – SGH – Classification 330
Annexe 6 – SGH – Classement des mentions de danger selon le niveau de danger 336
Annexe 7 – REACH – Catégories de produits soumis à restriction 340
Annexe 8 – Code du travail – Valeurs limites d’exposition professionnelle
contraignantes 345
Annexe 9 – Code du travail – Valeurs limites d’exposition professionnelle indicatives 351
Annexe 10 – Sécurité sociale – Tableau des maladies professionnelles 355
Annexe 11 – INRS – Liste des guides de ventilation 359
Annexe 12 – Code de l’environnement – Propriétés qui rendent les déchets dangereux 360
VI
AVANT-PROPOS
Toute étude de risque n’a pour finalité que d’éviter les dommages aux personnes,
aux biens et à l’environnement. En particulier, les accidents et maladies professionnels
ne doivent pas être considérés comme une charge parmi d’autres, mais bien comme
un dysfonctionnement. Cet ouvrage se veut un moyen d’acquérir une véritable
efficacité dans la prévention des dommages d’origine chimique, à l’instar de ceux
que l’on propose dans l’amélioration de la qualité ou de la productivité. Il est donc
d’abord destiné aux chefs d’entreprises et à l’encadrement, mais aussi aux fonc-
tionnels d’hygiène et de sécurité et à toute personne confrontée aux risques chimi-
ques dans une démarche de prévention. Les dernières évolutions de la législation
française, qui transcrivent les directives européennes, mettent en avant la démarche
d’évaluation des risques avant toute mise en œuvre de mesures de prévention.
L’application de cette démarche au risque chimique a souvent rebuté les entreprises
et les services, en raison de son apparente complexité.
Le risque chimique présente en effet des particularités qui justifient une approche et
une recherche d’informations différentes par rapport aux autres risques. La première
partie de ce guide s’attache à identifier ces particularités, pour ensuite proposer
une méthode d’analyse adaptée, découlant d’un modèle original et universel du
risque chimique. La deuxième partie est consacrée à la recherche et à la mise en
place des mesures de prévention correspondantes, en s’appuyant largement sur des
cas concrets.
La mise en pratique efficace de cette méthode nécessite une organisation analogue
à un projet, avec ses acteurs, ses étapes et ses moyens. Elle est détaillée dans la troi-
sième partie, qui évoquera notamment la présélection des postes à plus grand risque.
Comme tout outil d’une certaine technicité, cet ouvrage doit faire l’objet d’une
appropriation par ses utilisateurs, ce qui signifie que les responsables doivent en
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
VII
1 • INTRODUCTION
1
1 • Introduction 1.1 L’importance du risque chimique
Statistiques de la CNAMTSa
Ils sont finalement assez rares, du moins en proportion. L’exploitation de ces statisti-
ques n’est guère possible puisque 77 % des causes sont codées « non précisé » ou
« non classé ».
Les résultats sur les maladies professionnelles reconnues sont rattachés à des
tableaux1.
– Sur les 112 tableaux en vigueur, 78 ont un agent causal chimique, mais seuls 60
sont encore utilisés.
– Une pathologie représente près de 70 % du total tous tableaux ; c’est celle des
affections périarticulaires (tableau n˚ 57).
– Un agent causal représente près de 80 % du total chimique ; c’est l’amiante
(tableaux n˚ 30 et 30 bis).
– Le reste des MP concerne les allergies de contact ou respiratoires et les poussières
de silice, ciment et bois pour environ 15 %, suivies par 50 tableaux différents
qui ne représentent que 5 % des MP.
Dans le domaine de la vie courante, les statistiques disponibles ne sont pas si précises.
Mais l’ampleur de ces accidents, survenant au domicile, au cours de sports ou de
loisirs et dans le cadre scolaire, est sans commune mesure avec celle du domaine
professionnel, puisqu’en 1998 on a dénombré plus de 18 000 accidents mortels,
qui se répartissent ainsi :
Tranche d’âge (ans) <1 1-14 15-24 25-44 45-64 65-74 75 et + Total
2
1 • Introduction 1.2 Le principe de prévention
Tranche d’âge (ans) <1 1-14 15-24 25-44 45-64 65-74 75 et + Total
Si l’on suppose qu’une partie des feux est due à des produits inflammables, les
accidents d’origine chimique peuvent donc être estimés aux environs d’un millier,
sachant qu’une partie importante des intoxications est d’origine médicamenteuse.
Les accidents du domaine environnemental sont difficiles à répertorier, car leur
définition reste assez floue. On peut néanmoins tenter une approche statistique
grossière qui révèle que les sinistres importants, c’est-à-dire impliquant des morts,
sont de l’ordre de la dizaine par an sur les quinze dernières années. Par contre, leur
origine est majoritairement chimique et ces accidents se produisent soit dans des
installations classées, soit au cours de transports de matières dangereuses.
En conclusion de cette synthèse sur les dommages chimiques, il ressort que leur
fréquence n’a rien d’alarmant par rapport aux autres types de dommages, mais qu’ils
sont d’une gravité supérieure à la moyenne. Sachant qu’il est relativement facile de
les éviter presque totalement, comme le démontre cet ouvrage, leur prévention
s’impose finalement comme un devoir urgent.
Celui de la santé humaine n’en est qu’un cas particulier. Depuis la création de
l’Assurance maladie en 1945, la protection sociale a été appliquée au monde du
travail en distinguant deux domaines dès le départ : les accidents du travail et les
maladies « professionnelles ». L’accident du travail est défini comme une atteinte à
la santé ayant un caractère brusque et soudain. La maladie professionnelle est une
affection résultant d’une exposition répétée à des activités ou substances nocives.
Il s’agit de définitions administratives dont les modalités pratiques répondent à
certains critères, précisés dans le code de Sécurité sociale. Il faut rappeler que la
réparation et la prévention des atteintes à la santé font partie des missions de la
Sécurité sociale. Mais ces notions restent parfaitement valides dans le domaine de
3
1 • Introduction 1.3 La méthode proposée
la vie privée. Il s’avère que dans l’élaboration d’une théorie du risque chimique,
cette distinction des deux types de dommages est fondamentale et sert de fil
conducteur dans le développement de la méthodologie proposée.
Le second concept fondamental est que, si l’on rencontre, heureusement, des
risques sans dommages, il n’existe pas de dommage survenu sans risque préalable.
Cette évidence est fondamentale pour la prévention, bien qu’elle ne soit pas
admise par tous. En effet, elle s’oppose au principe de fatalité, qui nous dit qu’il
n’y a parfois rien à faire. Mais si l’on admet qu’il n’y a pas de dommage sans risque
préalable, on comprend que la suppression d’un risque entraîne l’impossibilité du
dommage correspondant. Faire de la prévention, c’est réduire les risques, car en
pratique, la suppression totale d’un risque est impossible, même si sa réduction
peut être parfois presque totale. Ce point résume toute la stratégie de prévention
qui sera développée dans cet ouvrage.
Nous avons dit qu’il n’y a pas de dommage sans risque préalable. En étudiant des
centaines de cas d’accidents ou de pathologies d’origine chimique, nous avons
constaté, au milieu d’innombrables facteurs, des constantes dans les circonstances
qui ont contribué à l’apparition du dommage. Nous les appelons composantes du
risque, car leur présence est à la fois nécessaire et suffisante.
Comme le montrent aussi les études de cas, notamment par la méthode de l’arbre
des causes, les dommages de nature accidentelle et de nature progressive conduisant à
une pathologie n’apparaissent pas dans les mêmes circonstances, de sorte que les
composantes identifiées ci-dessus sont différentes et propres à chacun des processus.
Par la suite, nous appellerons ces processus « accidentel » et « chronique », ce dernier
terme faisant référence au vocabulaire médical.
L’expérience et l’intuition montrent que le risque peut être quantifié, sans que la
cotation, ou estimation selon le vocabulaire normatif, qui en résulte ait les caracté-
ristiques d’une « grandeur » mathématique. Cette estimation ne vaut en fait que
par l’usage que l’on en fait pour la prévention. Nous avons identifié quels en sont
les paramètres déterminants, toujours en distinguant les deux processus.
4
1 • Introduction 1.3 La méthode proposée
C’est la mise au point du double modèle d’apparition des dommages qui a fondé
notre méthodologie dans tous ses aspects. Elle est inspirée, nous le rappelons, par
l’étude des données disponibles sur les accidents et les maladies professionnelles, et
vise à déboucher sur des pratiques utiles pour atteindre l’objectif d’un meilleur
niveau dans la santé et la sécurité des personnes, ainsi que dans la protection de
l’environnement. Le cheminement global de cette méthodologie est le suivant :
1) La première étape est un inventaire complet des agents chimiques présents et
de leurs dangers, inventaire qui permettra en outre, une fois réalisé, d’obtenir une
1. Guide de prévention du risque chimique, DTE 175, caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France.
Ce document est téléchargeable sur le site www.cramif.fr.
5
1 • Introduction 1.3 La méthode proposée
présélection rapide des postes à plus grand risque, sachant que ce point n’est qu’une
étape et non un objectif final.
2) Ensuite, il faut observer et noter :
• les dangers présents ;
• l’activité humaine réelle.
3) Cela dans le but de repérer systématiquement les composantes du risque présent
selon les deux processus de la modélisation, qui est expliquée au paragraphe 2.2.1.
Le repérage de ces composantes doit se faire en fonction du travail réel observé, et
non de l’écrit ou du prescrit.
4) L’estimation du risque, c’est-à-dire l’attribution d’un niveau d’importance, se
fait après inventaire complet des risques, afin qu’elle soit de nature relative et non
absolue. Elle conduit à une fixation des priorités, nécessaire pour pouvoir planifier
les actions de prévention.
5) La recherche des mesures de prévention devient ensuite très simple, puisqu’elle
consiste à trouver des actions possibles sur les composantes identifiées dans
l’évaluation des risques. On constate rapidement que le respect de cette règle,
reposant sur un raisonnement logique, génère des hypothèses que la simple intui-
tion est loin d’imaginer. Une fois inventoriées, il ne reste qu’à les choisir et les
mettre en place.
6) Il est ensuite facile d’évaluer le gain obtenu par les mesures mises en place, en
réitérant l’estimation des risques du 4˚.
L’universalité de cette démarche apparaîtra dans les applications que nous décrirons
dans des domaines variés.
6
1 • Introduction 1.3 La méthode proposée
expositions puissent être estimées importantes, si tel était le cas. Nous savons que
la réalité, que seul connaît l’utilisateur final, est bien différente ! Toutefois, il est
précisé au point 16 de ladite annexe que « le présent règlement fixe les devoirs et les
obligations des fabricants, des importateurs et des utilisateurs en aval des substances
telles quelles et des substances contenues dans des préparations ou des articles. »
Il nous semble très regrettable que le REACH n’ait pas mieux séparé les rôles, à
savoir les dangers pour les fabricants ou importateurs et les risques pour les utilisa-
teurs « en aval ». D’ailleurs un fabricant n’est-il pas nécessairement un utilisateur ?
7
1 • Introduction 1.3 La méthode proposée
Il semble même que la confusion entre danger et risque soit encore présente dans
certaines expressions du document, par exemple le point 3 du premier article :
« Le présent règlement repose sur le principe qu’il incombe aux fabricants, aux impor-
tateurs et aux utilisateurs en aval de veiller à fabriquer, mettre sur le marché ou utiliser
des substances qui n’ont pas d’effets nocifs pour la santé humaine ou l’environnement.
Ses dispositions reposent sur le principe de précaution. »
L’effet nocif d’une substance, c’est la définition du danger. Comment une subs-
tance chimique pourrait n’avoir aucun danger ? Le principe de précaution serait-il
d’interdire toute utilisation de produit chimique ? Notons que les définitions de
danger et de risque ne figurent pas dans l’article 3. Ce sont donc celles de la direc-
tive 98/24 qui restent valides.
Cette évolution réglementaire renforce le besoin d’une méthodologie précise et
fiable dans le domaine du risque chimique et nous conforte dans notre entreprise
d’établir des fondamentaux sur la théorie et la pratique du risque chimique.
8
2 • THÉORIE DU RISQUE CHIMIQUE
1. La directive 98/24 est une directive européenne du 7 avril 1998 concernant la protection de la santé
et de la sécurité des travailleurs contre les risques liés à des agents chimiques sur le lieu de travail.
9
2 • Théorie du risque chimique 2.1 Notions générales
Appréciation
du risque Estimation des risques chimiques
NON
Réduction du risque
10
2 • Théorie du risque chimique 2.1 Notions générales
Le danger d’un agent chimique est défini par le type de dommage qu’il peut
causer. La directive 98/24 définit le danger comme une « propriété intrinsèque
d’un agent chimique susceptible d’avoir un effet nuisible ». Il est important de
retenir que le danger est propre à l’agent chimique, indépendamment de ses
conditions d’utilisation. Les dommages possibles sont très variés ; nous les détaille-
rons par la suite. La classification, et en particulier l’étiquetage réglementaire, ne
vise principalement qu’à informer sur les dangers des produits chimiques.
Le terme d’agent chimique plutôt que de produit est plus large, puisqu’il inclut les
substances, les préparations et les produits générés par l’activité, tels que poussière,
vapeur, fumée, déchet. Ce changement d’appellation, fixée par la réglementation,
est loin d’être anodin quand on sait l’importance de ces agents dans la genèse de
nombre de maladies professionnelles (poussières d’amiante ou de bois, fumées de
soudures ou de combustion, etc.).
Le risque chimique est celui qu’engendre l’utilisation ou le contact avec un ou
plusieurs produits chimiques. La directive 98/24 le définit comme « la probabilité
que le potentiel de nuisance soit atteint dans les conditions d’utilisation et/ou
d’exposition ». En tant que tel, il peut être estimé pour situer son importance.
Nous avons vu que ce risque peut prendre une forme progressive ou accidentelle.
La première regroupe les atteintes lentes à la santé (irritation, cancer…), la seconde
les effets soudains et rapides, soit par action directe, comme avec les intoxications
aiguës, soit par action indirecte, en raison des propriétés physico-chimiques des
produits (inflammabilité, explosivité…). Cette distinction se retrouve d’ailleurs
dans la partie du code de la Sécurité sociale qui traite des risques professionnels,
comprenant les accidents et les maladies professionnelles, qui font l’objet de
mesures réglementaires spécifiques. Le risque d’incendie ou d’explosion en fait donc
entièrement partie, alors qu’il est souvent considéré à part dans l’organisation de la
sécurité ou dans certains ouvrages. Le risque chimique est souvent compris comme
risque toxique, qui n’en est en fait qu’un aspect.
Cette distinction entre danger et risque sur laquelle nous insistons est fondamentale
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
dans la gestion du risque chimique, comme dans les autres risques. Ainsi il peut y
avoir un risque relativement faible avec un produit très dangereux et, inversement,
l’utilisation d’un produit de danger modeste peut générer un risque élevé. Pourtant,
même les personnes familières du domaine de la sécurité commettent souvent la
confusion, en parlant de risque des produits, sans avoir abordé l’activité des personnes
les utilisant. À ce sujet, il faut saluer le remplacement de l’expression « phrase de
risque » utilisée dans la réglementation française par l’expression « mention de
danger » introduite par le nouveau SGH (Système Général Harmonisé). Nous
verrons que le règlement REACH n’a malheureusement pas levé toute ambiguïté
sur ce sujet.
11
2 • Théorie du risque chimique 2.2 Caractéristiques du risque chimique
exposition
zone dangereuse
zone de présence
quantité
absorbée
dommage
12
2 • Théorie du risque chimique 2.2 Caractéristiques du risque chimique
qu’après survenue de cet événement, qui peut être un scénario complexe, partant
d’un événement déclencheur suivi d’un enchaînement de faits conduisant à un
dommage final. On retrouve en fait la logique de la construction d’un arbre des
causes, après un accident. Ce processus peut être représenté par le schéma suivant :
situation dangereuse
zone dangereuse
dommage
Pour bien comprendre ce terme de situation dangereuse, qui est moins évident que
celui d’exposition, prenons exemple. Une personne travaille sous une canalisation
contenant un liquide corrosif : c’est typiquement une situation dangereuse, parce
qu’une menace plane. Un chariot automoteur passant à proximité accroche la
canalisation en manœuvrant. La contrainte subie par celle-ci modifie le serrage d’un
joint entre deux brides, justement situé au-dessus du poste de travail. Le liquide
corrosif fuit aussitôt et tombe sur la tête de la personne, occasionnant une brûlure
chimique. Ce petit scénario constitue l’événement dangereux, dont le fait déclencheur
est le choc entre le chariot et le tuyau. La survenue d’un tel accident nécessite bien
les deux conditions : la situation dangereuse et l’événement dangereux.
Dans les deux processus, le dommage peut être finalement évité ou réduit après le
déclenchement de l’exposition ou de l’événement dangereux, si certains facteurs
matériels ou humains sont présents. En processus chronique, c’est essentiellement
un bon état de santé qui peut retarder l’apparition des pathologies. En processus
accidentel, une alarme, un dispositif de protection automatique, une protection
individuelle, l’habileté des opérateurs ou leur condition physique leur permettent
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2 • Théorie du risque chimique 2.2 Caractéristiques du risque chimique
l’on peut alors classer ce processus dans n’importe lequel des deux schémas sans
que cela nuise à l’efficacité de la méthode.
Danger Danger
Situation dangereuse
Exposition
Événement dangereux
Dommage Dommage
14
2 • Théorie du risque chimique 2.2 Caractéristiques du risque chimique
d’un événement dangereux. Un dommage est direct quand il est provoqué par
l’entrée en contact de l’agent chimique avec le corps humain. C’est le cas des
brûlures chimiques et des intoxications aiguës. Il est indirect si l’agent chimique
provoque le déclenchement d’autres types de dommages. C’est le cas des brûlures
thermiques et blessures provoquées par un incendie ou une explosion. Dans les
accidents graves, les dommages sont très souvent directs et indirects, notamment
en cas de réaction incontrôlée. Il faut bien comprendre que l’existence d’une
situation dangereuse ne suffit pas pour que le dommage se produise. Elle peut
donc durer très longtemps, ce qui conduit parfois à douter de sa réalité. Elle ne
peut être mise en évidence que par l’hypothèse de l’événement dangereux. En
résumé, cela correspond au risque d’accident.
– Un événement dangereux est un enchaînement de faits, partant d’un déclen-
cheur et aboutissant au dommage, suivant un scénario parfois complexe, tel que
la méthode de l’arbre des causes le met en évidence. Le déclencheur peut être
d’origine technique (rupture de canalisation, panne électrique, dérive d’une
régulation…) ou humaine (erreur de produit lors d’un chargement…). Chaque
déclencheur possible génère un scénario différent, avec un dommage différent.
C’est pourquoi il y a autant de situations dangereuses que d’événements dangereux
différents.
Cette double nature du risque chimique a été peu mise en évidence dans les études
publiées dans ce domaine. Le terme d’exposition servait en fait à couvrir l’ensemble
des mécanismes menant aux dommages. En pratique, le risque chimique a été
depuis longtemps réservé à deux catégories d’intervenants. D’une part la médecine
du travail et la toxicologie, s’intéressant essentiellement aux effets directs sur la
santé, d’autre part les services de sécurité ou d’intervention, spécialisés dans les
incendies et explosions. Seuls les accidents graves donnaient l’occasion d’une
intervention commune de ces deux services. Cette répartition des missions, qui a
pour conséquence une différence de culture et donc de méthode, a probablement
gêné l’émergence d’une approche globale de ce risque particulier, telle que nous
voulons le proposer.
15
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
m L’étiquetage
1. L’étiquetage est précisé dans les annexes II, III et IV de l’arrêté du 20 avril 1994 modifié.
16
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Un agent chimique peut présenter plusieurs dangers et son étiquette doit indiquer
toutes les phrases de risque correspondantes. Mais elle fournit d’autres informations,
comme le résume le schéma suivant.
Solvex S.A.
avenue des tuyaux
234 100 Flaconville
Tél. 98 76 54 32 10
Acétone
R11 – Facilement inflammable
R36 – Irritant pour les yeux
R66 – L’exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau
R67 – L’inhalation de vapeurs peut provoquer somnolence et vertiges
200-662-2 – Étiquetage CE
Nous ne parlons ici que des informations qui concernent les dangers : les symboles
et les phrases de risque. Les premiers sont des pictogrammes accompagnés d’une
lettre et les secondes sont codifiées par un R suivi d’un ou plusieurs nombres.
Les symboles de danger sont un premier niveau d’information, de nature pure-
ment visuelle, destiné directement à l’opérateur qui se saisit de l’emballage. Ils sont
au nombre de 10 (avec celui de l’environnement) ; en voici la liste :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Figure 2.5
17
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
En fait, ils n’utilisent que 7 pictogrammes distincts, sur fond orange. Ils sont
censés évoquer un danger particulier pour inciter à la prudence. On peut toutefois
s’interroger sur l’aptitude de certains d’entre eux à suggérer réellement le danger.
Nous faisons notamment allusion aux symboles nocif, irritant ou comburant.
Les phrases de risque précisent le type et la gravité du dommage susceptible de
survenir. Elles précisent aussi la voie de pénétration principale de l’agent. Quand
cela est nécessaire, elles combinent des numéros de danger et de voie. C’est donc
sur elles que doit s’appuyer un inventaire des dangers présents, d’autant plus que
certains dangers particuliers exprimés par des phrases de risque n’ont pas de symbole
de danger spécifique.
Inflammables R10
L’exploitation des phrases de risque pour distinguer les dangers n’est pas aisée, car
elles mélangent des notions d’effets, de voies, de modes d’intoxication, de symp-
tômes et de gravité. Voici quelques exemples.
Parmi les 66 phrases simples :
18
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Phrase S Libellé
à les recouper avec d’autres sources, comme celles qui sont décrites ci-après. S’agissant
des substances, la source la plus fiable reste le site officiel de l’Union européenne1,
en consultant la liste des substances dangereuses dans l’annexe I issue de la dernière
« adaptation au progrès technique » (ATP) de la directive de base2. Il est préférable
d’interroger la liste par le numéro CAS, par exemple, car les noms chimiques sont
trop sujets à variation. À ce jour, la liste comporte près de 8 000 produits.
1. http://ecb.jrc.it/classification-labelling/
2. http://ecb.jrc.it/documents/Classification-Labelling/DIRECTIVE_67-548-EEC/
ANNEX_I_OF_DIRECTIVE_67-548-EEC/Annex_I_of_Directive_67548EEC. doc. La dernière
ATP, la 29e, date de 2004. La 30e ATP est en cours d’adoption.
19
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Cette fiche prévue par le Code du travail1 doit être réalisée et mise à jour par le
distributeur de produits chimiques dès la première livraison d’un produit. L’ache-
teur doit vérifier la réception de cette fiche et faire en sorte qu’elle soit à la disposi-
tion de tout utilisateur du produit. En particulier, le médecin du travail doit
disposer d’une collection complète et à jour. Les réseaux informatiques généralisés
dans les entreprises permettent d’ailleurs une consultation facile par tout le
monde. À défaut, il est presque toujours possible de les retrouver sur Internet2.
La réglementation fixe un contenu précis à ces fiches, qui doivent comporter
16 rubriques :
– 1) identification de la substance/préparation et de la société/l’entreprise ;
– 2) identification des dangers ;
– 3) composition/informations sur les composants ;
– 4) premiers secours ;
– 5) mesures de lutte contre l’incendie ;
– 6) mesures à prendre en cas de dispersion accidentelle ;
– 7) manipulation et stockage ;
– 8) contrôle de l’exposition/protection individuelle ;
– 9) propriétés physiques et chimiques ;
– 10) stabilité et réactivité ;
– 11) informations toxicologiques ;
– 12) informations écologiques ;
– 13) considérations relatives à l’élimination ;
– 14) informations relatives au transport ;
– 15) informations relatives à la réglementation ;
– 16) autres informations.
Une grande partie de ces rubriques apporte des informations utilisables pour iden-
tifier et quantifier les dangers, les autres contribuant davantage au choix des mesures
de protection et d’intervention.
1) Identification de la substance ou préparation
Une erreur sur l’identité d’un produit peut être lourde de conséquences sur les mesures
de prévention à prendre. Les dénominations chimiques, quoique normalisées, sont
en effet très variables et une erreur d’isomère, par exemple, est vite commise. Il est
donc préférable d’utiliser les numéros d’identification figurant à la rubrique 3.
2) Identification des dangers
C’est ici qu’apparaît la classification du produit, et toute autre information sur un
danger particulier qui aurait pu se manifester. Pour les substances, il faut indiquer,
quand ils existent, le numéro CAS (Chemicals Abstracts System), beaucoup plus
1. L’article R. 4411-73 indique que le fabricant ou l’importateur d’une substance ou préparation dange-
reuse fournit au destinataire une fiche de données de sécurité conforme aux exigences prévues par le
règlement (CE) 1907/2006 (REACH).
2. Outre les sites des fournisseurs, on peut consulter www.quickfds.com.
20
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
21
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Les données concernant les dangers ont bien d’autres sources. Autant que possible,
il faut faire l’effort de réaliser une petite bibliographie sur les produits utilisés pour
la première fois. Elle peut être simple et rapide sur Internet, et procurer en outre
des informations techniques toujours précieuses. Deux documents sont à
consulter en priorité :
– Les fiches toxicologiques de l’INRS, qui contiennent beaucoup d’informations
sur des substances dangereuses, mais qui sont en nombre limité.
– La dernière ATP de la directive 67/548, qui permet d’anticiper sur les futures
évolutions de la classification. À ce jour, la 30e est toujours en cours d’adoption
et le projet de 31e est déjà publié sur le site de l’Union européenne.
– La notice technique du fournisseur, de contenu très variable, mais mentionnant
au besoin les précautions d’emploi.
1. La dernière version est du 1er janvier 2007. Elle est téléchargeable à l’adresse http://www.unece.org/
trans/danger/publi/adr/adr2007/07ContentsE.html
22
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Classe 2 Gaz
Classe 4.3 Matières qui, au contact de l’eau, dégagent des gaz inflammables
A Asphyxiant
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O Comburant
F Inflammable
T Toxique
C Corrosif
R Auto-réactif
S Auto-échauffant
23
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Par exemple : méthanol : FT1, acétone : F1, acide acétique : CF1, acide nitrique :
CO1, hydroxyde de sodium : C6, nitrite de sodium : OT2, chlorure mercurique :
T5. Le chiffre qui suit les lettres est fonction de l’état physique et de la nature
organique ou pas.
Le numéro ONU est une sorte d’immatriculation des matières, des objets ou de
familles de matières ou d’objets, la règle étant d’attribuer toujours le numéro le
plus spécifique. Par exemple : acétone : 1090, acétate d’amyle : 1104, dioxyde de
plomb : 1872, adhésifs : 1133, produits pour parfumerie : 1266, nitrates inorga-
niques : 1477, liquide inflammable : 1993. L’intérêt de ce numéro est de retrouver
facilement toutes les propriétés d’un produit à l’aide des tableaux de l’ADR1.
Le groupe d’emballage précise l’importance du danger. Il ne concerne qu’une
partie des classes de danger et ne comporte que trois niveaux, au plus, selon les
définitions suivantes :
24
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
EXEMPLES :
44 : matière solide inflammable qui, à une température élevée, se trouve à l’état fondu
606 : matière infectieuse
33 : liquide très inflammable (point d’éclair inférieur à 23 ˚C)
Il est intéressant de noter que ce numéro d’identification est une forme condensée et
simplifiée de l’ensemble « classe de danger + code de classification ». Il comporte
même une échelle, sommaire, d’importance des dangers, par le jeu du doublement
de chiffre. En pratique, il suffit de se reporter au tableau A du chapitre 3.2. du
règlement ADR. Les matières et les objets y sont répertoriés, classés par numéro
ONU croissant. Il sera plus facile de consulter d’abord le tableau B pour trouver la
matière ou l’objet, puis de se reporter au tableau A avec le numéro ONU pour
retrouver la classe de danger en colonne n˚ 3a, le code de classification en colonne
n˚ 3b, le groupe d’emballage en colonne n˚ 4 quand il existe, et le numéro d’iden-
tification de danger en colonne 20.
La détermination des classes de dangers et des groupes d’emballages des matières
sans numéro ONU peut être assez complexe, car elle fait appel à des données
physiques, chimiques et toxicologiques, puis éventuellement à quelques calculs
dans le cas des mélanges. Dans tous les cas où plusieurs choix de rubrique sont
possibles, priorité doit être donnée à la rubrique la plus spécifique possible. C’est
pourquoi la définition de la plupart des rubriques collectives se termine par
l’expression « NSA », c’est-à-dire « non spécifié par ailleurs ».
En conclusion, c’est le numéro d’identification de danger qui présente le plus
d’intérêt pour, justement, identifier et coter les dangers, avec l’avantage d’une
forme très condensée et très logique. Cependant, ils n’apportent pas beaucoup
plus d’informations que les phrases de risque et surtout aucune information sur les
voies d’expositions possibles. Par contre, la classification transport mérite d’être
consultée sur les dangers physico-chimiques, c’est-à-dire les familles de dangers IE
et Re (Voir paragraphe 2.3.6).
m Classes de dangers
Le SGH instaure 27 classes de dangers, réparties en trois grandes familles. Les dangers
physico-chimiques (16 classes) sont en grande partie issus de la réglementation
transport. Les dangers pour la santé (10 classes) distinguent bien le chronique de
l’aigu. Les dangers pour l’environnement se limitent à une classe1.
25
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Dangers pour
4.1 danger pour le milieu aquatique
l’environnement
26
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
m Catégories de dangers
Chaque classe est subdivisée en catégories de dangers qui expriment le niveau de
danger du produit. Le nombre de catégories varie de 1 à 6 selon les classes. Sans
entrer dans le détail des critères d’attribution, qui occupe la majeure partie de ce
règlement1, le tableau suivant donne une idée de la diversité de ces critères.
Classe Nombre
de de Critères généraux
danger catégories
1. Le texte des différents chapitres de ce règlement est téléchargeable à partir de l’adresse Internet :
http://www.unece.org/trans/danger/publi/ghs/ghs_rev01/01files_f.html
27
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Classe Nombre
de de Critères généraux
danger catégories
3.4 1 Sans objet. Pour les mélanges, concentration des composants actifs.
3.5 3 Le choix des 3 catégories (1A, 1B, 2) est fait à partir d’études disponibles
chez l’homme et l’animal, à dire d’expert. Pour les mélanges, on tient
3.6 3
compte de la concentration des composants actifs.
3.7 4 Une catégorie spéciale vise les effets via l’allaitement.
28
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
m Étiquetage
Les règles d’étiquetage se trouvent détaillées dans les annexes du règlement SGH.
En résumé, une étiquette doit comporter les éléments suivants :
Mention d’avertissement :
Il s’agit d’un mot, soit « DANGER » pour un danger principal, soit « ATTENTION »
pour les dangers moins graves, ou aucun mot. La mention danger sera attribuée
par exemple aux catégories 1, mais une catégorie 2 pourra mentionner « danger »
ou « attention » selon la classe considérée.
Mention de danger :
Une mention de danger est une phrase qui, attribuée à une classe de dangers ou à
une catégorie de dangers, décrit la nature du danger que présente un produit
chimique et, lorsqu’il y a lieu, le degré de ce danger. Les mentions de danger
rappellent évidemment les phrases de risque de la réglementation travail, qui sont
repérées par des codes R suivis d’un nombre. De même, les mentions de danger
sont repérées par des codes, dont la liste a été établie par un amendement au SGH
du 24 janvier 20071. Les 71 codes se répartissent comme suit :
– Dangers physiques : 29 codes
– Dangers pour la santé : 35 codes
– Dangers pour l’environnement : 7 codes
La liste complète des codes de mentions de dangers est reproduite en annexe 5. Ils
sont destinés à être utilisés à des fins de référence. Ils ne font pas partie du texte
de la mention de danger et ne devraient pas être utilisés en lieu et place de celui-ci.
Un code alphanumérique unique est affecté à chaque mention de danger ; ce code
est constitué d’une lettre et de trois chiffres, comme suit :
– la lettre « H » (pour « hazard statement ») ;
– un chiffre désignant le type de danger auquel la mention de danger est affectée
en suivant la numérotation des différentes parties du SGH, comme suit :
• « 2 » pour les dangers physiques ;
• « 3 » pour les dangers pour la santé ;
• « 4 » pour les dangers pour l’environnement ;
– deux chiffres correspondant à la numérotation séquentielle des dangers liés aux
propriétés intrinsèques de la matière, comme l’explosibilité (codes 200 à 210),
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
1. Amendements au Système Général Harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques (an-
nexe 3, section1), disponible sur http://www.unece.org/trans/doc/2007/ac10/ST-SG-AC10-34a3f.pdf.
29
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Figure 2.7
30
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Figure 2.8
31
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
toxicité systémique sur organes cibles. Toutefois, les règles qui protègent les infor-
mations commerciales confidentielles sont prioritaires par rapport à celles qui
concernent l’identité chimique.
Identité du fournisseur :
Le nom, l’adresse et le numéro de téléphone du fabricant ou du fournisseur du
produit devraient figurer sur l’étiquette.
32
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
concentration est appelée concentration prédite sans effet (PNEC, pour Predicted No
Effect Concentration). Sur la base des informations disponibles, la PNEC est établie
pour chaque milieu environnemental. Elle peut être calculée par l’application d’un
facteur d’évaluation approprié aux valeurs des effets (par exemple CL50 ou NOEC).
Un facteur d’évaluation exprime l’écart entre les valeurs d’effets établies pour un
nombre limité d’espèces, à partir d’essais de laboratoire, d’une part, et de la PNEC
identifiée pour le milieu environnemental, d’autre part. S’il n’est pas possible
d’établir la PNEC, cette impossibilité est clairement indiquée et dûment justifiée.
Ainsi, le règlement REACH crée l’obligation de fixer des valeurs limites d’exposition
aussi bien pour l’homme que pour l’environnement, sauf impossibilité démontrée.
Nous verrons que cela facilite grandement la fixation de niveaux de danger.
33
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Pour les substances les plus courantes mises sur le marché, il existe des valeurs limites
d’exposition professionnelle (VLEP), réparties en deux catégories réglementaires.
Les valeurs contraignantes sont à respecter strictement et les valeurs indicatives ne
constituent qu’un objectif de prévention. Elles permettent toutes deux de bien
situer le niveau de danger, car plus cette valeur limite est basse, plus la substance
est dangereuse. Les VLEP sont définies soit par une moyenne sur 8 heures de
travail, c’est la VME, soit par valeur limite sur 15 minutes, c’est la VLE. Une liste
complète figure dans la brochure de l’INRS ED 9841. Cependant, l’actualité
réglementaire évolue vite ; elle vient de s’enrichir d’un décret2 pour les valeurs
1. Valeurs limites d’exposition professionnelle aux agents chimiques en France, ED 984, INRS.
2. Décret n˚ 2007-1539 du 26 octobre 2007 fixant des valeurs limites d’exposition professionnelle contrai-
gnantes pour certains agents chimiques (JO du 28 octobre 2007).
34
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Valeurs limites
Indice
de toxicité
Gaz – vapeurs (ppm) Aérosols (mg/m3)
B 10 à 10 0,1 à 1
C 100 à 500 1 à 10
1 > 100
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
2 10 à 100
3 1 à 10
4 0,1 à 1
5 < 0,1
1. Arrêté du 26 octobre 2007 modifiant l’arrêté du 30 juin 2004 modifié, établissant la liste des valeurs
limites d’exposition professionnelle indicatives (JO du 28 octobre 2007).
2. Méthodologie d’évaluation simplifiée du risque chimique, ND 2233, 2005, INRS.
35
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
C’est ce tableau qui a permis d’établir les niveaux de danger des agents chimiques
non étiquetables, parce que générés par l’activité et non mis sur le marché. Notons
que ce tableau pourrait être remplacé par la fonction (continue) :
Classe = log (1 000/VLEP) + 1
Encore faut-il disposer de VLEP. On en compte environ 520 aujourd’hui, indica-
tives ou réglementaires, que l’on peut retrouver dans la brochure de l’INRS déjà
citée. Cependant, dans le cas d’une substance sans VLEP mais dont la CL50 est
connue, il est possible d’évaluer une sorte de VLEP théorique. Pour plus de détails, se
référer à notre précédent ouvrage sur le sujet1.
Dans le domaine des principes actifs pharmaceutiques, il n’existe pas de VLEP
officielle, mais une autre valeur repère est généralement disponible : c’est le
« NOAEL » ou dose sans effets indésirables observés. Il est utilisé pour déterminer
une VLEP pratique selon la formule :
VLEP = NOAEL (mg/kg) ¥ Pc/k
Pc est le poids corporel et k un facteur de sécurité pouvant varier de 100 à 10 000
en fonction de la nature du produit et des effets attendus ou constatés en phase
clinique. Une publication de la CRAMIF2, fruit d’un accord avec l’industrie phar-
maceutique, propose une échelle de danger basée sur des plages de VLEP :
5 <1
4 1 à 10
3 10 à 100
2 100 à 1 000
1 1 000 à 5 000
Cette échelle des VLEP, qui n’est qu’une recommandation, repose sur des plages
de concentration exprimées en microgrammes par m3, ce qui révèle le haut niveau
d’activité des principes actifs pharmaceutiques en général.
La source d’information la plus simple sur le danger des produits les plus courants
reste la classification réglementaire. En effet, l’attribution d’une classe suit une procé-
dure officielle, s’appuyant sur les travaux scientifiques disponibles et notamment
36
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
des valeurs de DL50 et CL50. La correspondance avec les phrases de risque et les
symboles de dangers se fait, en simplifiant, selon le tableau suivant :
Mais si des effets irréversibles (autres que CMR) peuvent être provoqués par une
seule exposition, les toxiques sont étiquetés R39/23 et/ou 24, 25, et les très toxi-
ques R39/26 et/ou 27, 28. L’ensemble de ces numéros de phrases avec toutes leurs
combinaisons représente 35 phrases de risque sur les 121 disponibles aujourd’hui.
Le fait que ces phrases soient attribuées sur des critères relevant de la toxicité aiguë
n’enlève rien de leur pertinence en toxicité chronique. Mais les données toxicologi-
ques disponibles permettent aussi d’attribuer des phrases de risque qui relèvent spécifi-
quement de la toxicité chronique. Dans ce cas, il n’y a pas de critères chiffrés pour fixer
le niveau du danger. Un certain nombre de phrases sont ainsi affectées à des produits
pour des effets très divers, mais consécutifs à des expositions répétées ou prolongées.
Le tableau ci-après répertorie ces phrases en distinguant la famille des CMR.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Différentes études ont proposé des échelles de danger en fonction de toutes les
phrases de risque que nous venons de parcourir et qui concernent les effets directs
sur la santé humaine. On peut citer un document de l’UIC1, une publication de la
CRAMIF2, une recommandation de la CNAMTS3, mais le document que nous
1. Prévention des risques professionnels liés aux agents chimiques, document DT 80 de décembre 2004,
diffusion interne à l’Union des Industries chimiques, syndicat professionnel.
2. Guide de prévention du risque chimique, brochure DTE 175, 2003, caisse régionale d’assurance maladie
d’Île-de-France.
3. Évaluation du risque chimique, recommandation n˚ R 409, adopté par le Comité technique national
de la chimie, du caoutchouc et de la plasturgie le 23/06/04.
37
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Phrase
Libellé Remarques
de risque
Cancérogènes catégories 1 et 2,
R45 Peut provoquer le cancer
liquides et gaz
38
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
avons choisi comme référence est la note documentaire de l’INRS de 2005, réfé-
rencée ND 22331. En effet, cette note propose un tableau permettant aussi la
cotation du danger de certaines matières non soumises à étiquetage, mais soit
affectées d’une VLEP, soit connues pour leurs effets négatifs sur la santé. En fait,
cette cotation est une application de la relation citée plus haut. Voici un extrait de
ce tableau, qui parle de classe de danger plutôt que de niveau, ce qui peut créer
une confusion sur le sens de l’échelle.
Classe de Picto-
Phrases de risque
danger gramme
1 Aucune aucun
R15/29
R23 R24 R25 R23/24 R23/25 R23/24/25 R24/25
R29 R31 R35
R39/23 R39/24 R39/25 R39/23/24 R39/23/25 R39/24/25 R39/23/24/25
4 T - toxique
R41 R45 R46
R48 R48/23 R48/24 R48/25 R48/23/24 R48/23/25 R48/24/25 R48/23/24/25
R49
R60 R61
Nous attirons l’attention sur le fait que les produits dits CMR, donc de catégories 1
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
39
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Or ces agents présentent, pour la plupart, des dangers évidents, puisque certains
disposent de VLEP. Il a été décidé par les trois organismes compétents, à savoir l’INRS,
la CNAMTS et la CRAMIF, de créer une cotation des dangers de cette catégorie
d’agents les plus fréquents. Le tableau, qui a réuni un consensus de ces organismes
et des partenaires sociaux, figure dans les trois publications déjà citées1.
Niveau
Nature de l’agent chimique
de danger
5 Néant
Ce tableau ne comporte en fait que trois niveaux. Bien entendu, toutes les poussières
et vapeurs issues d’agents chimiques étiquetables sont classées comme leur source.
Dans le règlement du Transport des matières dangereuses, c’est le groupe
d’emballage qui fixe le niveau de danger. Si l’on examine l’ensemble des critères
fixés pour l’attribution d’un groupe d’emballage, on remarque qu’ils appartien-
nent au domaine soit de l’incendie-explosion, soit de l’atteinte aiguë à la santé,
c’est-à-dire qu’ils ont toujours un caractère accidentel. En conséquence, nous n’en
parlerons que dans le prochain paragraphe.
Dans le SGH, le libellé des classes de risques permet de repérer les dangers qui
jouent un rôle dans le processus chronique. Ils appartiennent évidemment au
chapitre 3, dédié aux dangers pour la santé. C’est le cas de 7 classes sur les 10, si
l’on exclut celles qui évoquent un risque accidentel :
– 3.1 : toxicité aiguë
– 3.8 : toxicité systémique pour certains organes cibles, exposition unique
– 3.10 : danger par aspiration
Pour connaître les niveaux de danger correspondants, il nous faut prendre en
compte les catégories de dangers, dont le nombre varie de 1 à 5 selon les classes.
Les critères d’attribution sont spécifiques aux classes (voir paragraphe 2.3.3). Nous
en prenons deux exemples :
40
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Il faudra éviter toute confusion avec le classement du CIRC1, dont le code des
trois premiers groupes lui ressemble :
– Groupe 1 : Cancérogènes pour l’homme
– Groupe 2A : Probablement cancérogènes pour l’homme
– Groupe 2B : Peut-être cancérogènes pour l’homme
Ce qui conduit à établir le tableau de comparaison suivant :
UE 1 2 3
SGH 1A 1B 2
CIRC 1 2A 2B
Niveau de danger 4 4 3
1. Centre International de Recherche sur le Cancer, la liste des substances et procédés classés est disponible sur
http://monographs.iarc.fr/indexfr.php
41
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Critères complémentaires
Caté-
Critères généraux Valeurs indi-
gorie
Voie d’exposition Unité catives (dose/
concentration)
mg/kg de poids
Orale (rat) 10
corporel/jour
Substances ayant produit
des effets toxiques notables Cutanée
chez les êtres humains ou mg/kg pc/jour 20
(rat ou lapin)
dont on peut supposer,
d’après des données Inhalation (rat)
ppm/6 h/jour 50
1 provenant d’études sur des gaz
animaux, qu’elles risquent
d’être toxiques de façon Inhalation (rat) mg/litre/6 h/
0,2
significative pour les êtres vapeur jour
humains à la suite
d’expositions répétées. Inhalation (rat)
mg/litre/6 h/
poussières/ 0,02
jour
brouillard/fumées
Cutanée
mg/kg pc/jour 20-200
(rat ou lapin)
Substances pour lesquelles
des études sur animaux Inhalation (rat)
ppm/6 h/jour 50-250
permettent de supposer gaz
2 qu’elles risquent de porter
préjudice à la santé Inhalation (rat) mg/litre/6 h/
0,2-1,0
humaine à la suite vapeur jour
d’expositions répétées.
Inhalation (rat)
poussières/ mg/litre/6 h/
0,02-0,2
brouillard/ jour
émanations
42
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
43
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
NOTE :
Indiquer la voie d’exposition s’il est formellement prouvé qu’aucune autre voie d’exposition ne
conduit au même danger.
Remarques :
– Les mentions de danger sont moins nombreuses que ne l’étaient les phrases de
risque.
– Peu de bonnes correspondances existent entre les deux systèmes.
– Le qualificatif de nocif (correspondant aux phrases R20, R21, R22) n’est pas
repris.
– La différence de niveau de danger entre H372 et H373 porte sur le degré de
certitude sur les effets, comme pour les CMR, et non sur la gravité des effets.
Comme nous l’avons dit pour les phrases de risque, les produits affectés d’une
mention de danger visant la toxicité aiguë peuvent très bien avoir un effet sensible
en exposition chronique. En conséquence, le tableau ci-dessus doit être complété
par celui qui figure dans le paragraphe du risque accidentel. En pratique, il sera
plus simple de se reporter à l’annexe 4, qui regroupe tous les dangers pour la santé,
classés par niveau.
En matière de classification, le règlement REACH se réfère à la directive 67/548.
Il suffit alors d’utiliser les niveaux de danger établis selon le Code du travail (annexe 6).
Si, pour plus de précision, on souhaite s’appuyer sur des VLEP en utilisant le tableau
de la note documentaire de l’INRS1 (voir paragraphe 2.3.5), ce sont les DNEL
qu’il faudra exploiter, quand elles seront disponibles.
44
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Il faut remarquer que quatre de ces phrases, à savoir R15/29, R29, R31 et R32,
comportent une information toxicologique. Elles interviennent donc aussi dans la
fixation du niveau de gravité des dommages possibles.
Mais d’autres types de dangers sont aussi révélateurs d’une certaine réactivité. Il y a
d’abord tous les produits avec un caractère explosif :
R3 Grand risque d’explosion par le choc, la friction, le feu ou autres sources d’ignition.
45
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
R10 Inflammable.
Rappelons que l’attribution des phrases R10, R11 et R12 répond à des critères
techniques précis, utilisant le point d’éclair (Pe) et le point d’ébullition (Eb) :
46
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
R11 F 0 ˚C £ Pe £ 21 ˚C
R12 F+ Pe < 0 ˚C et Eb £ 35 ˚C
R1 R2 R3 R4 R5 R6
5
R32
2 R10
1 aucune
Ce classement est aussi celui adopté par l’UIC et la CRAM d’Île-de-France, à une
nuance près, dans les documents déjà cités. Il est intégré dans l’annexe 4.
Nous avons vu que le niveau de danger de type accidentel est donné par le groupe
d’emballage. Il comporte trois niveaux au maximum, en fonction de la classe de
danger. Les niveaux sont fixés selon la définition très générale suivante :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Donc un ordre inverse de celui des niveaux définis précédemment. Les critères
d’attribution sont très variables selon les classes et toutes les classes ne sont pas
sujettes à affectation de groupe. Le tableau suivant résume ces critères dans les
grandes lignes :
47
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Niveaux
Classe Critères
de danger
1 et 2 Pas de groupes
Fonction du point d’éclair et du point d’ébullition et des risques
3 I, II et III
subsidiaires.
F II et III Selon les tests de réaction au feu.
4.1 Fonction de la « quantité maximale admissible dans un emballage »,
SR 7 types
selon les procédures du manuel d’épreuves et de critères.
4.2 I, II et III Aptitude à l’auto-inflammation, selon la température et le volume.
Aptitude au dégagement de gaz inflammable en présence d’eau,
4.3 I, II et III
selon le débit du dégagement.
Fonction de la vitesse de combustion d’un mélange avec de la
5.1 I, II et III
cellulose, selon les procédures du manuel d’épreuves et de critères.
Fonction de la « quantité maximale autorisée par colis »,
5.2 7 types
selon les procédures du manuel d’épreuves et de critères.
Fonction d’une part du degré de toxicité, lui-même établi à partir
des indicateurs de toxicité par inhalation ou contact cutané que sont
la CL50 et la DL50, selon les procédures du manuel d’épreuves et de
critères, et d’autre part de la « volatilité » de la matière, quand
6.1 I, II et III elle existe. La volatilité n’est en fait que la concentration de vapeurs
dans l’air à l’équilibre.
Pour les mélanges, on utilise une CL50 théorique du mélange obtenue
par calcul. À défaut de CL50, on peut recourir à des essais
toxicologiques simplifiés sur l’animal.
6.2 et 7 Pas de groupes
Fonction du degré de corrosivité, déterminé par l’expérience acquise
ou par des tests sur l’homme observant le délai d’apparition
8 I, II et III
d’atteintes cutanées après application de la matière. Pour le groupe
III, on tient aussi compte de l’attaque d’une surface métallique.
9 II et III Sans critères précisés.
NOTE :
Pour un liquide ayant un (des) risque(s) subsidiaire(s), il faut prendre en compte le groupe
d’emballage défini conformément au tableau ci-dessus et le groupe d’emballage lié à la gravité du
(des) risque(s) subsidiaire(s) ; le classement et le groupe d’emballage découlent alors des dispositions
du tableau d’ordre de prépondérance des dangers du 2.1.3.10.
48
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
I – £ 35 ˚C
II < 23 ˚C > 35 ˚C
III ≥ 23 ˚C et £ 61 ˚C > 35 ˚C
Groupe
Vapeurs Critères
d’emballage
NOTE :
Ces critères de toxicité à l’inhalation de vapeurs ont pour base les données sur la CL50 pour une
exposition d’une heure, et ces renseignements doivent être utilisés lorsqu’ils sont disponibles.
Cependant, lorsque seules les données sur la CL50 pour une exposition de 4 heures aux vapeurs
sont disponibles, les valeurs correspondantes peuvent être multipliées par deux et le résultat subs-
titué aux critères ci-dessus, c’est-à-dire que la double valeur de la CL50 (4 heures) est considérée
comme l’équivalent de la valeur de la CL50 (1 heure).
Pour comparer, il faut ramener les CL50 (4 heures) indiquées dans le Code du
travail à leur équivalent (1 heure). D’autre part, il faut ramener les concentrations
en mg/l à leur équivalent en ml/m3, ce qui dépend évidemment de la masse
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Masse molaire = 50 CL50 (1 h) < 20 000 CL50 (1h) < 2 000 CL50 (1 h) < 500
Masse molaire = 200 CL50 (1 h) < 5 000 CL50 (1 h) < 500 CL50 (1 h) < 125
49
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Les différences sont sensibles, sans même tenir compte de la volatilité, mais les
groupes I et II ont des critères plus sévères que ceux du Code du travail qui leur
correspondent.
En conclusion, il ne nous semble pas réaliste de pouvoir tirer une échelle de
niveaux à partir de cette réglementation, mais une consultation du classement sera
toujours utile pour affiner, au cas par cas, le choix final adopté pour l’estimation
du risque accidentel.
Les dangers correspondant à des risques accidentels sont soit dans le tableau des
dangers physiques, soit dans celui des dangers pour la santé, quand ils sont suscep-
tibles d’être impliqués dans des expositions massives.
Pour le premier groupe, il y a 16 classes de dangers, dont le nombre de catégories varie
de 1 à 7. Trois familles de dangers physico-chimiques peuvent être identifiées :
Les explosifs :
Ils sont réunis dans la classe 2.1. Si l’on élimine les explosifs par destination et les
matières pyrotechniques, il n’y a que 5 catégories, avec 7 mentions de danger en
ajoutant le H240 (risque d’explosion en cas d’échauffement) et le H280 (contient
un gaz sous pression ; peut exploser sous l’effet de la chaleur), que nous répartirons
logiquement sur les niveaux de danger de 3 à 5, sachant qu’on ne les rencontrera
normalement que dans la chimie fine ou des établissements faisant l’objet de régle-
mentations spécifiques, notamment Seveso II.
Les réactifs :
Sous cette appellation, nous réunissons les matières autoréactives et auto-échauf-
fantes (classes 2.8 et 2.11), les comburants (classes 2.4, 2.13, 2.14 et 2.15) et les
corrosifs (classe 2.16). Cet ensemble est reconnaissable par 9 mentions de danger,
à placer sur 3 niveaux de danger.
Les inflammables :
C’est le groupe le plus fourni, avec les classes 2.2, 2.3, 2.6, 2.7, 2.9, 2.10 et 2.12.
Ce type de danger est beaucoup plus détaillé ici que dans le Code du travail,
notamment en ce qui concerne les gaz, du fait que les dangers physiques provien-
nent en grande partie du règlement du Transport des matières dangereuses. Il
existe un choix de 12 codes de mention de danger, que l’on répartit en 3 niveaux,
sauf pour les liquides pour lesquels existent 4 catégories de dangers :
Critères de classification des liquides inflammables (classe 2.6)
Catégorie Critères
50
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Catégorie
Voie
d’exposition
1 2 3 4 5
NOTE :
a) La concentration des gaz est exprimée en parties par million de volume (ppmV).
b) Les critères pour la catégorie 5 sont destinés à l’identification de substances dont la toxicité
aiguë est relativement faible mais qui peuvent, sous certaines conditions, être dangereuses pour des
populations vulnérables. Les DL50 orale et cutanée de ces substances se situent dans l’intervalle
2 000-5 000 mg/kg ou, par inhalation, à des doses équivalentes.
Nous voyons que les seuils sont différents de ceux qu’utilise la classification actuelle.
Par exemple, pour l’ingestion, la limite de DL50 pour « très toxique » (R28) est de
25 mg/kg, soit entre les catégories 1 et 2, et la limite pour « toxique » (R25) est
de 200 mg/kg, soit entre les catégories 2 et 3.
51
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
où :
Ci : est la concentration du composant i ;
n : est le nombre de composants et i va de 1 à n ;
ETAi : est l’estimation de toxicité aiguë du composant i.
En conclusion, pour fixer une échelle de danger de toxicité aiguë, on peut proposer
une répartition des codes de danger correspondant aux 5 classes citées plus haut
sur quatre niveaux :
Équivalence Niveau
Cat. de
Code Mentions de danger pour la santé Code de
danger
du travail danger
R28
H300 Mortel en cas d’ingestion 1, 2 5
R39/28
R25
H301 Toxique en cas d’ingestion 3 4
R39/25
52
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Équivalence Niveau
Cat. de
Code Mentions de danger pour la santé Code de
danger
du travail danger
R22
H302 Nocif en cas d’ingestion 4 3
R68/22
R27
H310 Mortel par contact cutané 1, 2 5
R39/27
R24
H311 Toxique par contact cutané 3 4
R39/24
R21
H312 Nocif par contact cutané 4 3
R68/21
R26
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
R23
H331 Toxique par inhalation 3 4
R39/23
R20
H332 Nocif par inhalation 4 3
R68/20
53
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Équivalence Niveau
Cat. de
Code Mentions de danger pour la santé Code de
danger
du travail danger
Cette liste est évidemment indicative, car tout agent chimique présent en quantité
ou concentration importante, quel que soit son étiquetage, peut générer un risque
d’accident. C’est pourquoi, dans l’estimation de la gravité et de la probabilité d’un
risque accidentel lié à une exposition massive, on s’appuiera sur la liste complète
figurant dans l’annexe 6.
54
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Remarques :
– Ce classement est conforme aux règles d’estimation du risque accidentel énon-
cées au paragraphe 2.5.5.
– Les contacts cutanés et oculaires ne sont pas distingués, parce qu’ils répondent
au même processus d’apparition. Seuls les effets sont distincts.
– Le classement CMR, qui s’applique aux cancérogènes, mutagènes et reprotoxi-
ques, mais seulement de catégories 1 et 2 selon l’Union européenne, n’est intro-
duit que pour des contraintes réglementaires, car, dans l’étude des dangers, il est
redondant avec les deux précédents.
– Le danger de toxicité par ingestion est atypique par rapport aux autres ; il fera
l’objet d’une approche particulière.
– Ces cinq codes ont une certaine ressemblance avec les sept groupes de danger de
l’ADR (voir paragraphe 2.3.2).
Il aurait été intéressant de trouver des symboles de danger correspondants à
chacune de ces familles. Mais ces symboles n’indiquent que partiellement les voies
d’exposition ou les propriétés physico-chimiques. Il faut passer par les phrases de
risque pour arriver à affecter chaque danger à une ou plusieurs familles. Le tableau
suivant permet ce passage, sachant que, pour simplifier, nous avons éliminé les dangers
pour l’environnement.
Famille de danger
Phrase
IE Re In Co Tg CMR
R1
R2
R3
R4
R5
R6
R7
R8
R9
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
R10
R11
R12
R14
R15
R16
R17
R18
55
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Famille de danger
Phrase
IE Re In Co Tg CMR
R19
R20
R21
R22
R23
R24
R25
R26
R27
R28
R29
R30
R31
R32
R33
R34
R35
R36
R37
R38
R39
R40
R41
R42
R43
R44
R45
R46
R48
R49
R60
R61
R62
56
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Famille de danger
Phrase
IE Re In Co Tg CMR
R63
R64
R65
R66
R67
R68
Chaque fois que la phrase R ne précise pas la voie, c’est que les trois peuvent être
concernées. Ce tableau n’utilise que les phrases simples, mais s’applique sans diffi-
culté aux phrases combinées. Par exemple :
R20/21 In + Co
R39/23/25 In + Tg
R36/38 Co
R42/43 In + Co
R48/21 Co
R68/20 In
Les substances et préparations classées ont le plus souvent plusieurs phrases de risque,
ce qui a pour effet de cumuler les familles de dangers. En voici des exemples :
Acétone 11-36-66-67 IE + Co + In
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Méthanol 11-23/24/25-39/23/24/25 IE + Co + In + Tg
57
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
En pratique, il est beaucoup plus simple d’envisager les 4 familles de dangers clas-
siques automatiquement pour chaque phase de travail : In, Co, IE, Re, et de véri-
fier ensuite par les phrases R du produit si elles sont toutes réellement concernées.
C’est plus rapide et plus sûr. En effet, le classement réglementaire des produits
n’est qu’une indication générale, car les modes d’exposition réels peuvent conduire
à des classements différents. Ainsi, une présence d’acide sulfurique induit le seul
danger R35, donc la famille Co, mais en cas d’une possibilité de formation
d’aérosol, il faut ajouter la famille In. Ce phénomène est bien connu, par exemple,
dans l’activité de traitement de surface. L’expérience montre d’ailleurs que dans la
grande majorité des situations de travail, les dangers In et Co sont présents simul-
tanément. La pénétration percutanée est en effet souvent sous-estimée, même en
présence de vapeurs.
Cette simplification est un des points clés de notre méthode, parce qu’elle
permet une certaine indépendance vis-à-vis de l’étiquetage, quelle que soit la régle-
mentation concernée. En effet, le risque est caractérisé seulement par une exposi-
tion ou une situation dangereuse. Le « déchiffrage » de la classification, avec ce
qu’elle comporte d’incohérence et de lacunes dans la pratique, n’intervient ensuite
que pour l’estimation.
Avec l’application du SGH, la définition des familles de dangers se fera très simple-
ment, car les classes de dangers sont justement organisées selon ces mêmes familles.
Cela conduit au tableau de correspondance suivant :
Famille de danger
Classe Danger
IE Re In Co Tg CMR
58
2 • Théorie du risque chimique 2.3 Le danger chimique
Famille de danger
Classe Danger
IE Re In Co Tg CMR
3.6 Cancérogénicité
La classe 4.1 concernant l’environnement ne figure pas ici. Elle fait l’objet d’une
approche spécifique traitée au paragraphe 5.4.
Lorsque l’étiquetage selon le SGH sera effectif, il sera plus simple de partir des
codes de danger en « H », comme on le fait aujourd’hui pour les phrases de risque.
Nous avons vu que la notion d’agent chimique fait aussi appel à des produits
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
générés par l’activité et non soumis à la classification, tels que poussières et fumées.
Nous ne pourrons pas nous appuyer sur des phrases de risque mais nous devons
leur affecter des familles de dangers.
EXEMPLES :
Fumées de soudure In
Poussières de bois In + Re
Poussières de plomb In + Tg
Fibres d’amiante In
59
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
60
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
1. Concernant l’exposition aux principes actifs, voir la brochure CRAMIF, réf. DTE 145.
61
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
On peut aussi citer les orifices de récipients, les bords de cuves, les tuyaux mobiles,
les outils de travail ou de maintenance en zone d’activité chimique, etc. Le contact
est parfois la conséquence d’un mode opératoire inadapté ou d’opérations effec-
tuées dans la précipitation telles que la saisie manuelle de pièces sortant d’un bain
ou fraîchement revêtues d’un produit.
À l’inverse, un nuage de vapeurs ou de poussières n’a pas de frontière nette. Cette
frontière ne peut être définie que par une concentration limite. En effet, la zone de
présence de beaucoup de molécules dans l’air est quasiment infinie. Nous les croyons
absentes, alors qu’elles sont seulement présentes à des concentrations infimes,
souvent inaccessibles aux moyens d’analyse disponibles. Qui pourrait prétendre
aujourd’hui ne pas être exposé à des hydrocarbures cancérogènes ou, plus banalement,
à du monoxyde de carbone ? Il nous faut donc nous tourner vers les VLEP pour
pouvoir définir une zone dangereuse, à l’intérieur de laquelle la concentration atmo-
sphérique en agent chimique dépasse la VLEP, du moins quand elle est connue.
200 ppm
500 ppm
solvant
C’est une définition théorique, car, en pratique, il est rarement possible de tracer
cette limite. Cela supposerait de placer des capteurs adéquats dans tout l’environ-
nement concerné et de suivre leur indication en temps réel. Cette zone dangereuse
devient possible à identifier lorsqu’elle coïncide avec un espace fermé, dont la
concentration en polluant est critique en tout point.
Concernant les poussières, ou aérosols solides, il faut tenir compte de la granulo-
métrie, c’est-à-dire la dimension des particules en suspension dans l’air. En effet, la
stabilité du nuage formé est inversement proportionnelle à cette dimension. Il
s’agit du diamètre moyen des particules, sachant que celles-ci ne sont ni sphériques,
ni d’un diamètre constant. Un nuage de grosses particules retombera assez rapide-
ment, alors que pour des particules très fines, de l’ordre du micron, le nuage se
maintiendra des heures, voire des jours, tant qu’il ne sera pas éliminé.
62
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
2.4.2 Dommages
Les dommages sur la santé humaine causés par des expositions chroniques sont
très variés et dépendent évidemment de l’agent chimique, mais aussi de la voie de
pénétration. Ainsi, lorsqu’il y a contact cutané ou oculaire, le premier type de
dommage est local, c’est-à-dire qu’il se produit à la surface de la peau, de l’œil ou
de la muqueuse touchée par le produit. Les effets possibles sont les suivants :
– irritation ;
– dermite et dermatose ;
– eczémas ;
– ulcération ;
– cancers.
Ces effets peuvent être immédiats, comme l’irritation, ou différés sur de longues
périodes, comme le cancer. Hormis ce dernier cas, ils sont rapidement visibles et
perceptibles et servent donc d’alarme. Cependant, la peau présente toujours une
perméabilité chimique qui permet aux agents de pénétrer dans son épaisseur, puis
de passer dans la circulation sanguine. Cette pénétration percutanée a une certaine
cinétique qui dépend de nombreux facteurs, tels que les propriétés chimiques de
l’agent, sa concentration et sa température, la partie du corps touchée, l’état de la
peau et la réceptivité particulière de l’individu. Un produit lipophile, c’est-à-dire
soluble dans les graisses, passera plus facilement. C’est le cas de la plupart des subs-
tances organiques, et spécialement celles qui se partagent bien entre l’eau et les
graisses, comme les alcools et les éthers de glycol. Il est souvent possible de
contrôler cette pénétration percutanée par des analyses de sang appropriées. Elle a
été longtemps sous-estimée, ce qui incitait à ne pratiquer ce type d’analyse qu’en
cas d’exposition à des substances non volatiles.
L’inhalation d’agents chimiques provoque aussi un contact avec les muqueuses de
l’appareil respiratoire supérieur qui conduit aux pathologies décrites ci-dessus,
mais plus spécifiquement des trachéites et des bronchites, éventuellement de l’asthme.
Sachant que les muqueuses sont beaucoup plus sensibles que la peau, à niveau de
danger égal, les dommages sont plus graves. Ainsi, des inhalations de vapeurs
corrosives, acides ou basiques, qui n’auraient qu’un effet modéré sur la peau, peuvent
provoquer d’abord de la toux, puis une insuffisance respiratoire, avec un risque
d’effets irréversibles.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Mais la voie respiratoire se distingue par le fait que les agents chimiques sont
conduits, plus ou moins partiellement, au contact des alvéoles pulmonaires. La
membrane de ces alvéoles est particulièrement perméable aux substances chimi-
ques, car leur fonction est d’assurer les échanges gazeux avec le sang. Cette sensibi-
lité est d’ailleurs démontrée dans la pratique de l’anesthésie par voie respiratoire,
laquelle peut être obtenue en quelques secondes par inhalation d’un gaz approprié.
L’inhalation des produits pulvérulents suit un mode d’action un peu différent.
Dans les voies supérieures, il se produit d’abord un dépôt qui peut générer des
réactions de toux, d’expectoration et de charge nasale. Ensuite, les effets locaux
habituels apparaissent, toujours en fonction des propriétés physico-chimiques
des agents inhalés. Certaines substances corrosives, comme le trioxyde de chrome,
63
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
1. On peut consulter le document de l’INRS : « Biotox, guide biotoxicologique pour les médecins du
travail. », ED 791.
64
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
1. Code de Sécurité sociale, articles L. 461-1 à L. 461-8 et R. 461-1 à R. 461-8. Les détails des tableaux
sont rassemblés dans la brochure de l’INRS, réf. ED 835.
65
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
La dose cumulée reçue est assez simple à concevoir ; elle est significative de
l’importance de l’exposition, quelle que soit la voie de pénétration. En théorie,
une dose reçue est le produit d’une durée d’exposition par un débit d’absorption,
supposé constant, d’un agent chimique. Une durée cumulée est le produit d’une
durée d’exposition élémentaire par la fréquence de cette exposition, toutes deux
supposées aussi constantes. En réalité, les mécanismes d’élimination font qu’une
exposition de deux heures n’est pas équivalente à deux expositions d’une heure,
surtout si elles sont assez espacées. D’autre part, ni les débits d’absorption, ni les
durées d’exposition ne sont constants. Mais cette approximation ne remet pas en
cause la validité de l’estimation.
Le débit d’absorption est une fonction de la concentration de l’agent chimique,
avec d’autres facteurs physiques et biologiques. Dans le cas le plus simple, et le
plus fréquent, de l’exposition par inhalation, il est possible de relier l’exposition à
ces paramètres par la fonction :
Di = 0,06 ¥ k ¥ Tc ¥ Ca ¥ Dr
Di : dose inhalée pour une période donnée (en mg) ;
k : taux d’absorption de l’agent chimique ;
Tc : durée cumulée d’exposition pour la période (en heures) ;
Ca : concentration atmosphérique au niveau des voies respiratoires (en mg/m3) ;
Dr : débit respiratoire à considérer (en l/min).
EXEMPLE :
Une personne inhale de l’acétate d’éthyle 4 heures par jour, à la concentration atmosphérique de
700 mg/m3, soit la moitié de la VME, avec un débit respiratoire de 25 l/min (travail moyen). Si le
taux d’absorption est de 100 %, elle absorbe donc 1 ¥ 4 ¥ 700 ¥ 25 ¥ 0,06 = 4 200 mg par jour.
En pratique, il ne serait pas réaliste de vouloir calculer une dose cumulée quotidienne,
tant il y a de variables. Ainsi, même la concentration atmosphérique est assez diffi-
cile à déterminer, car elle varie dans le temps et l’espace. La représentativité des
prélèvements atmosphériques est d’ailleurs un objet de débats classique dans ce
domaine. Mais si le but de l’estimation est strictement une comparaison, une
grandeur relative est suffisante. Il suffit donc d’utiliser une valeur théorique n’utili-
sant que les deux variables les plus accessibles, durée (Tc) et concentration (Ca),
pour classer les expositions par niveaux relatifs. D’où l’indice d’exposition respiratoire
quotidienne :
Ierq = Tc ¥ Ca
Cet indice n’est valide que pour comparer, rappelons-le, des expositions respira-
toires successives dans l’espace ou dans le temps, quand on dispose des valeurs de
la concentration atmosphérique. C’est pourquoi il est préférable de se fixer un indice
d’exposition respiratoire (Ir) égal au produit durée cumulée (Tc) par un coefficient
d’exposition respiratoire (R) qui exprime la variable concentration atmosphérique
en relatif, sur une échelle préétablie :
Ir = Tc ¥ R
66
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
la fréquence et parfois la concentration, des mesures sont possibles. Dans tous les
cas, les coefficients R et C sont fixés par estimation avec une échelle. Les chiffres
obtenus permettent alors d’accéder aux indices d’exposition Ir et Ic par les
formules citées plus haut. Ces indices sont ensuite classés pour déterminer le
niveau d’exposition sur l’échelle choisie, qui peut aller de 3 échelons au minimum
jusqu’à 7, voire 10 si le nombre de risques le justifie.
En effet, pour éviter l’accumulation de risques dans un même niveau, il faut
proportionner l’échelle au nombre de risques étudiés. Signalons au passage que le
choix du terme « niveau » plutôt que « classe » ou « cote », « catégorie », « indice »,
etc., permet de comprendre, sans confusion possible, que le plus important corres-
pond au plus grand chiffre. Il existe malheureusement beaucoup de classements
67
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
inverses dans lesquels le 1 (voire le 0 !) signifie le plus grave, les deux exemples les
plus simples étant la cotation des zones à risque d’explosion et les catégories de
substances CMR.
Enfin, niveaux de danger et d’exposition peuvent être à leur tour combinés avec une
addition, une multiplication, voire des fonctions exponentielles ou polynomiales,
selon ce qu’auront décidé les personnes impliquées dans la démarche. Il est aussi
possible d’utiliser simplement une matrice de combinaison, telle que celle qui suit1,
limitée à trois niveaux :
Niveau d’exposition
élevé 2 3 3
Niveau
moyen 1 2 3
de danger
faible 1 1 2
1. Cette grille figure notamment dans la recommandation R409 de la CNAMTS et la brochure DTE 175
de la CRAMIF.
68
2 • Théorie du risque chimique 2.4 Processus chronique
Mode opératoire
Agent chimique
Niveau d’exposition
Importance du risque
69
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
70
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
EXEMPLE 1 :
La défaillance d’un raccord de tuyauterie provoque une fuite soudaine et importante d’une cuve de
stockage intermédiaire d’une solution alcoolique sur le sol d’un atelier de chimie. Le liquide se
propage jusqu’à un caniveau à ciel ouvert. Ce caniveau traverse plusieurs ateliers contigus. Dans le
dernier atelier dans lequel passe le caniveau, des travaux de soudure sur tuyauterie sont en cours.
L’absence de tout liquide inflammable avait été vérifiée au préalable. Cependant, la solution alcoo-
lique suivant le caniveau arrive dans cet atelier en émettant des vapeurs. Une explosion se produit
alors, avant que les personnes présentes aient pu prendre conscience du risque.
1. Une surverse est un « trop-plein », c’est-à-dire une tuyauterie par laquelle s’écoule le contenu d’une
cuve dès que le niveau devient critique, pour conduire l’excédent vers la capacité de rétention.
71
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
fallu que quelques secondes supplémentaires de contact avec les yeux pour qu’il perde la vue.
L’enquête a montré que le tracé de la tuyauterie comportait un point bas non vidangeable et que le
raccord à réparer était justement « en charge » dans cette partie pleine de soude.
La situation dangereuse est créée par toute présence de produit dangereux dans un
équipement, surtout sous pression, si faible soit-elle. L’événement dangereux est
l’intervention sur cet équipement. La réaction qui vient à l’esprit après l’exposé de
cet accident est, qu’en dehors du non-respect de règles de prudence lors d’une
intervention, la principale cause réside dans une mauvaise conception de la tuyau-
terie. Cela est vrai, bien sûr, mais seule l’évocation précoce des événements dange-
reux possibles peut conduire à la bonne conception d’un équipement, c’est-à-dire
assurant la sécurité indépendamment des consignes imposées aux intervenants. Ce
principe est un autre point clé de la méthodologie développée dans cet ouvrage.
m Typologie
Famille
Scénario type Dommage final
de danger
6 anoxie asphyxie
72
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
En réalité, tous ces scénarios peuvent être imbriqués. Ainsi une réaction dange-
reuse peut conduire à une exposition massive, laquelle peut conduire à une explosion,
laquelle peut conduire à une anoxie, etc. La logique incite à partir de l’événement
déclencheur. Il peut être à l’origine de plusieurs scénarios différents et donc de
dommages différents. Ces scénarios d’accident apparaissent clairement lorsque
l’on pratique la méthode de l’arbre des causes pour expliquer des accidents survenus.
Alors que cette méthode part du dommage pour remonter aux facteurs premiers,
comme exposé au paragraphe 2.5.4, il est plus efficace de partir des déclencheurs
pour arriver aux dommages. Cette autre méthode est d’ailleurs appelée l’arbre des
défaillances et a sa place parmi tous les outils de prédiction, dont certains sont
décrits au paragraphe 3.2.4.
Le tableau suivant propose une liste, seulement indicative, de faits déclencheurs
d’événements dangereux, avec leur conséquence immédiate, sachant qu’on peut
ensuite les combiner à volonté pour construire des scénarios possibles.
Émission massive de
Combustion en espace confiné Intoxication respiratoire
monoxyde de carbone
Décomposition thermique
Émission massive de vapeurs Intoxication respiratoire
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Erreur sur identité d’un produit Réaction chimique dangereuse Émission massive de vapeurs
73
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Ouverture intempestive
Émissions massives diverses Contact cutané massif
de robinet ou vanne
Interprétation erronée
Erreur sur le choix
d’une consigne ou d’un mode Réaction chimique dangereuse
d’une commande
opératoire
Rupture d’emballage de
Émission massive de poussières Explosion
pulvérulent
74
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Ainsi, l’un des six scénarios types, correspondant aux 5 familles de dangers, se
retrouve toujours après un fait déclencheur. Il est intéressant de bien comprendre
leur mécanisme.
m Expositions massives
Une exposition massive ne diffère d’une exposition chronique que par son inten-
sité. Elle consiste donc en un contact, par voie cutanée, oculaire, respiratoire ou
digestive, dont les paramètres relèvent du processus accidentel, c’est-à-dire un effet
immédiat ou presque. Ces paramètres sont d’abord un volume d’agent chimique
généralement important et une concentration élevée. Ce qui se traduit, pour le
contact cutané, par une grande surface atteinte, voire l’ensemble du corps, ou une
lésion grave, telle qu’une atteinte profonde de la peau, des muqueuses ou des yeux,
qui peut être irréversible. Ce scénario est possible dès que des quantités de
plusieurs litres sont manipulées et dès que le procédé comporte des passages de
produits à l’air libre. En effet, on observe par exemple ce type d’accident au cours
de transferts, par débordement, par renversement de récipient, par chute d’emballage
en manutention mécanique, etc.
Il y a aussi tous les incidents propres aux interventions de maintenance et surtout
de dépannage, donc accomplis dans l’urgence. On peut être surpris par des projec-
tions lors d’ouverture ou de démontage d’équipements divers, tels que vannes,
pompes, filtres, etc. Les débranchements soudains de raccords de tuyauterie sont
aussi assez fréquents, surtout avec les tuyaux souples fixés par un collier à vis. En
général, la présence de pression dans une canalisation ou un récipient est un
facteur de risque de projection. La chute de personnes dans des cuves est très rare,
mais doit toujours être envisagée.
Pour la voie respiratoire, l’exposition est massive si les concentrations atmosphériques
de vapeurs ou de poussières sont largement au-dessus des VLEP. Les effets sont
alors rapidement perceptibles. Une émission massive est relativement probable dès
qu’on travaille en espace confiné, ce qui ne veut pas forcément dire exigu, mais
seulement pas ou peu ventilé. Dans ce cas, toute émission de vapeurs par un
liquide s’évaporant reste dans le volume du local. Pour se faire une idée, prenons
l’hypothèse d’un local fermé de 20 m2, soit environ 50 m3, dans lequel se vapori-
sent 2 litres de dichlorométhane, situation imaginable chez un artisan. Le volume
occupé par les vapeurs sera d’environ 2 (litres) ¥ 1 328 (densité g/l) ¥ 24 (litres par
mole) / 85 (masse molaire) = 750 litres, soit une concentration moyenne de
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
1,5 %. Cela représente 15 000 ppm, soit 300 fois la VME de 50 ppm.
Voici un exemple d’accident qui met en évidence la grande volatilité de ce solvant
chloré1 :
EXEMPLE :
« La victime, un cadre technique de 39 ans, décapait, par trempage dans une cuve, une porte inté-
rieure bois. La dimension de la cuve était de : L 3 000 ¥ l 1 000 ¥ h 700 mm. La hauteur du bain
de décapant à base de chlorure de méthylène avec un additif, hydroxyde de potassium/alcool
méthylique, était de 100 mm, la porte étant disposée manuellement à plat au fond du bain. Cette
cuve n’était pas équipée de dispositif de ventilation. La victime travaillait avec une collègue dans
75
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
l’atelier de décapage. Vers 9 h, la collègue a quitté l’atelier. À son retour, vers 10 h, elle a trouvé la
victime inconsciente au-dessus du bain et l’a mise au sol. La collègue est allée prévenir les secours et
a rencontré un autre salarié qui rentrait d’un rendez-vous chez un client. Ce dernier a appelé les
pompiers, qui ont fait appel au SAMU. Les raisons précises de l’intervention de la victime au-
dessus du bain ne sont pas connues en l’absence de témoin. La victime ne portait pas d’équipement
de protection individuelle, et notamment de masque de protection respiratoire. Lors de cette inter-
vention, la victime a perdu connaissance. Étant affalée au-dessus du bain, et en l’absence de
collègue à proximité, elle a continué à respirer les vapeurs pendant une durée maximale estimée à
une heure. Les symptômes de mort cérébrale ont été détectés par le SAMU. Le décès clinique a été
prononcé à l’hôpital, 4 jours plus tard. »
Tous ces scénarios impliquent des vapeurs ou des gaz survenant dans l’espace de
travail habituel. Le schéma inverse existe, à savoir l’intrusion d’une personne dans
un espace dans lequel existe déjà une concentration critique de gaz ou de vapeurs
dangereux. Cette situation dangereuse est typique, par exemple, des égouts et des
76
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
stations d’épuration. Le danger est dans ces cas représenté par le sulfure d’hydro-
gène, généré par la fermentation anaérobie des matières organiques. Ce gaz est très
toxique et mortel à de faibles concentrations, la VLE étant de 10 ppm. Ce phéno-
mène est bien connu des professionnels de ces activités. D’ailleurs, la conduite des
stations d’épuration est organisée pour éviter tout dégagement de ce gaz. C’est ici
qu’intervient le rôle de l’événement dangereux, qui fait que ce gaz apparaît là où
on ne l’attend pas.
Ainsi un récit d’accident révèle que par suite d’un bouchage, le flux d’eaux usées a
été interrompu dans un canal à ciel ouvert, passant dans un bâtiment abritant des
grilles. Le temps d’interruption du flux a permis le déclenchement de la fermentation
et, quand l’opérateur de maintenance a pénétré dans ce bâtiment, sans précaution
particulière, comme il le faisait habituellement, il a été surpris par la présence de
gaz et n’a pas eu le temps de s’échapper. Plusieurs accidents mortels ont été
rapportés dans ces conditions.
Ce risque est assez pernicieux, car il est difficile d’évaluer intuitivement l’impor-
tance d’une émission accidentelle, quelle qu’elle soit. Comme pour les émissions
chroniques, les personnes se fient spontanément à leur odorat. On sait combien
cet indicateur est trompeur, en raison de la variabilité du coefficient d’olfaction
des substances, comme de la sensibilité olfactive des personnes, sans parler de
l’effet d’accoutumance.
Les expositions massives par voie digestive ne suivent en fait que deux scénarios
classiques, en dehors d’un acte volontaire. Le premier est celui de la réutilisation
d’un emballage alimentaire, souvent une bouteille d’eau minérale, pour stocker un
réactif. Ce geste est généré par le besoin d’une préparation temporaire, consistant
soit à dissoudre un solide soit à diluer un liquide. Les utilisateurs ne disposent pas
toujours des moyens nécessaires à un réétiquetage correct. Même un simple marquage
est négligé, parce que le préparateur de ce réactif s’estime suffisamment informé.
Cette partie du scénario génère la situation dangereuse. L’événement dangereux
viendra d’une modification de la situation, par exemple le déplacement de la
bouteille vers un autre local ou la présence d’une personne non avertie qui croira à
une boisson normale. Ce cas est relativement fréquent, et pas seulement dans le
domaine professionnel, comme en attestent les statistiques des services d’urgence.
Le deuxième scénario d’intoxication digestive est plus rare. Il consiste en une
contamination d’aliment par un produit toxique, à l’insu du consommateur. Ce
type d’accident ne survient qu’en situation dangereuse particulière, créée par la
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77
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
toujours de rapport direct avec le danger des réactifs. Ce type de danger est de
deux natures possibles.
La première est celle de l’énergie dégagée par la réaction. Toute réaction chimique,
selon qu’elle est endothermique ou exothermique, consomme ou dégage de l’énergie
selon des règles que nous n’aborderons pas ici. Pour certaines, l’énergie dégagée est
très importante, capable de provoquer de grandes élévations de température. Le
milieu réactionnel peut ainsi être porté à ébullition, avec de nombreuses consé-
quences dommageables : vaporisation des réactifs, qui peuvent être toxiques ou
corrosifs, projection des mêmes réactifs et des produits de réaction, surpression du
contenant, déformation, voire rupture, etc. Si cette réaction se produit dans un
solvant volatil, même moyennement, des risques supplémentaires apparaissent :
inhalation massive, atmosphère explosive, etc. Comme la réaction est incontrôlée
ou imprévue, les moyens de refroidissement et de captage sont souvent insuffisants
ou même absents. Ces réactions sont en outre très rapides, puisque soumises à une
auto-accélération par la température. Il est possible, pour des experts, de calculer la
chaleur d’une réaction à partir des enthalpies de formation1, disponibles dans les
ouvrages spécialisés.
Le second type de danger est présenté par la nature volatile des produits de réaction.
En effet, si le schéma réactionnel conduit à la formation d’une substance qui est
gazeuse dans les conditions normales, celle-ci va « se dégager », c’est-à-dire sortir
du lieu réactionnel pour se répandre dans l’atmosphère environnante. On est alors
ramené au cas d’une exposition respiratoire massive. Si cette substance formée est
en outre inflammable s’ajoute le risque d’atmosphère explosive. La substance
dégagée peut ne pas être toxique mais sa présence va générer automatiquement un
appauvrissement de l’atmosphère en oxygène, du moins en espace plus ou moins
confiné. Le cas le plus typique est celui du dioxyde de carbone, susceptible d’être
généré par tous les carbonates.
Le tableau suivant présente les couples de produits chimiques les plus fréquents
parmi ceux qui sont susceptibles d’être à l’origine d’une réaction dangereuse.
Plusieurs remarques s’imposent pour l’exploitation judicieuse de ce tableau :
– La vitesse et l’énergie de réaction sont directement proportionnelles à la concen-
tration des réactifs. Ainsi, une réaction entre acides et bases dilués à quelques
pourcents ne dégage qu’une chaleur à peine perceptible.
– Les dangers d’exothermie et de dégagement sont souvent simultanés.
– Certaines réactions ont besoin d’une énergie dite « d’activation » pour démarrer.
Celle-ci est fournie soit par un catalyseur, c’est-à-dire une substance particulière
capable d’agir en très petite quantité, soit par une simple élévation de température.
– La formation de produits volatils n’est pas empêchée par la dilution des réactifs,
elle est seulement ralentie.
– Certaines réactions avec dégagement de gaz passent d’abord par une neutralisation,
c’est-à-dire un basculement de pH du milieu. Le dégagement ne se produit pas
avant ce basculement. Prenons le cas des cyanures alcalins. Si l’on verse une
1. C’est la loi de Hess : l’enthalpie de réaction d’une réaction chimique est égale à la somme des enthalpies
de formation des produits, diminuée de la somme des enthalpies de formation des réactifs, en tenant
compte de la stœchiométrie de la réaction.
78
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Bases Forte
Cyanure F+ ; T+ ; N
Cyanures Moyenne
d’hydrogène R12-26-50/53
Hypochlorites T;N
Moyenne Chlore
(dont eau de Javel) R23-36/37/38-50
Acides
T
Bisulfites Moyenne Dioxyde de soufre
R23-34
Sulfure F+ ; T+ ; N
Sulfures Moyenne
d’hydrogène R12-26-50
Eau Forte
Acide
sulfurique Chlorures Chlorure T;C
Moyenne
Acide chlorhydrique d’hydrogène R23-35
T+
Métaux Moyenne Vapeurs nitreuses
Acide R26-34
nitrique
Solvants Forte
F+
Métaux légers Moyenne Hydrogène
R12
Bases
fortes
T;N
Sels d’ammonium Moyenne Ammoniac
R10-23-34-50
Oxydants
Solvants Forte
forts
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Cette liste n’est qu’un petit extrait de toutes les combinaisons possibles, mais elle
cible les produits que l’on peut rencontrer dans des industries diverses, hors chimie.
Le cas de l’industrie chimique est traité au paragraphe 5.2. On peut rechercher
l’existence de tels couples dans la bibliographie, sachant que l’INRS a édité un
ouvrage de référence en la matière, contenant plus de 4 000 combinaisons1.
79
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
D’autre part, la rubrique n˚ 10 des fiches de données de sécurité est censée signaler
les réactions dangereuses possibles.
Sans entrer dans les principes du mécanisme réactionnel, quelques indices permet-
tent de prévoir une réaction dangereuse, indices qui transparaissent dans le précé-
dent tableau.
– Les acides forts réagissent toujours sur les bases fortes avec une exothermie
importante.
– Les acides forts sont capables de réagir sur beaucoup de sels et de métaux, avec
souvent un dégagement important.
– Les bases fortes réagissent sur les métaux légers et les sels d’ammonium, avec
dégagement.
– Les oxydants peuvent réagir violemment avec les réducteurs (dont les inflam-
mables).
Les exemples présentés dans le tableau ci-après illustrent les termes chimiques
employés, avec les phrases de risque qui permettent de les repérer, sans perdre de
vue l’importance de la concentration dans le niveau de danger.
L’interprétation de ce tableau demande de la prudence. En particulier, aucune
absence de risque ne peut en être déduite. Ainsi, deux membres d’une même caté-
gorie peuvent très bien réagir vivement entre eux. Beaucoup de substances appar-
tiennent en fait à plusieurs de ces catégories, sachant toutefois qu’elles ne peuvent
être à la fois acides et basiques, ou oxydantes et réductrices (sauf exception). Nous
attirons l’attention sur les acides nitrique et chromique, qui doivent être surveillés
avec vigilance, puisqu’ils sont à la fois acides forts et oxydants forts.
EXEMPLES :
Réaction incontrôlée
Le plus célèbre exemple de réaction incontrôlée est sans doute celui survenu à Seveso, qui a eu les
conséquences que l’on sait sur la réglementation des installations classées. Rappelons toutefois les
faits précis.
Une entreprise chimique italienne fabriquait du 2,4,5-trichlorophénol. Le 10 juillet 1976, la
production est arrêtée pour le week-end ; 6 h 30 plus tôt, en fin de poste, le cycle de production du
trichlorophénol est arrêté alors que seuls 15 % (au lieu de 50 %) du solvant (éthylène glycol) sont
distillés. L’agitation est stoppée et le vide cassé. Aucun ajout d’eau n’est effectué. L’unité est laissée
sans surveillance pour le week-end. À 12 h 37, sous l’effet de l’augmentation de la température et
de la pression dans le réacteur, le disque de sécurité taré à 3,8 bars se rompt et une partie du
contenu est projetée à l’extérieur. L’échauffement de la surface du mélange réactionnel au repos a
initié la réaction secondaire exothermique de formation de la dioxine (la 2,3,7,8-tétrachlorodi-
benzo-p-dioxine). L’évaluation de la quantité de dioxine émise varie de 200 g à 40 kg. Cette émis-
sion a été responsable de l’apparition de pathologies, notamment d’acné, dans tous les environs,
mais aucun décès ni augmentation du nombre des cancers n’ont été constatés.
En analysant le déroulement de cet accident, on reconnaît la situation dangereuse dans le type de
réaction conduite, et l’événement dangereux dans le retard pris dans la production, ayant conduit à
arrêter le process avant sa fin normale, qui incluait le refroidissement complet du réacteur.
Réaction imprévue
Dans une usine de traitement de surface, on procédait au chromage de pièces par immersion dans
une solution concentrée d’acide chromique. Le dépôt de chrome métallique se fait par réaction
électrochimique, qui est exothermique. Dans le cas évoqué, la température devait être maintenue à
un niveau modéré. La cuve comportait donc un circuit de refroidissement, utilisant comme fluide
80
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Sulfurique
Chlorhydrique
Nitrique
Acides forts R35
Chromique
Phosphorique
Acétique
Sulfures
Cyanures
Sels sensibles Carbonates R31, R32
Sulfites
Hypochlorites
Soude
Potasse
Bases fortes R35
Chaux (vive)
Ammoniaque
Aluminium
Métaux légers
Magnésium
Nitrates
Chlorates
Peroxydes
Oxydants Oxygène R7, R8, R9
Ozone
Trioxyde de chrome
Acide nitrique
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Alcools
Cétones
Hydrocarbures insaturés
Sulfites, nitrites R10, R11, R12,
Réducteurs
Amines R15, R17, R19
Hydrures
Cellulose
Charbon
81
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
frigorigène du glycol légèrement dilué. Telle était la situation dangereuse. Une fuite s’est produite
dans la paroi de la cuve, sans doute par usure. Elle a donc permis à la solution chromique de se
mélanger au glycol dans le circuit de refroidissement. Il s’est ensuivi une violente réaction d’oxydation,
très exothermique, provoquant un éclatement localisé du circuit avec projection de liquide corrosif.
C’est l’événement dangereux qui a conduit aux dommages.
Il existe en outre des réactions qui ne nécessitent pas de second composé pour se
produire. C’est le cas des décompositions et des polymérisations, qui peuvent être
aussi exothermiques et génératrices de gaz et vapeurs.
Les décompositions sont en quelque sorte des réactions internes à la molécule.
Une molécule affectée d’une certaine instabilité peut se décomposer sous l’effet
d’un apport d’énergie parfois minime. Cette instabilité provoque une rupture des
liaisons internes et leur réarrangement, en formant des composés plus simples et
plus stables. Parmi ceux-ci on trouve souvent des produits volatils, quand ce n’est
pas en totalité. Le volume alors dégagé par ces composés, majoré par la chaleur de
réaction, est tel que son expansion brutale crée une explosion.
Ces produits instables appartiennent à la catégorie des explosifs, normalement classés
comme tels avec le symbole et le pictogramme correspondants. Il faut distinguer
les explosifs par destination, faisant l’objet d’une réglementation particulière, tant
pour leur fabrication que pour leur utilisation civile ou militaire, des explosifs
occasionnels, c’est-à-dire ceux qui sont utilisés pour leurs autres propriétés. Cette
catégorie comporte par exemple des engrais azotés et des désherbants. Mais beau-
coup de substances utilisées en chimie fine, plus ou moins isolées, rentrent aussi
dans cette catégorie, qui doit être envisagée dans toute analyse de risque chimique.
Une décomposition n’est pas toujours le fait d’un produit instable. Elle peut être
provoquée, pour n’importe quelle substance, par une importante élévation de tempé-
rature. On peut d’ailleurs parfois trouver la température de décomposition dans
les données techniques d’une substance. Celle-ci peut être atteinte par exemple au
cours d’une réaction incontrôlée, mais le plus souvent à l’occasion d’un incendie.
Une décomposition thermique génère de nombreux gaz et vapeurs, souvent très
toxiques, tels que de l’oxyde de carbone, du cyanure d’hydrogène, du cyanogène,
du chlorure d’hydrogène, des oxydes d’azote, etc.
Les réactions de polymérisation sont à la base de la fabrication des polymères en
général et des matières plastiques en particulier. Bien que le réactif de départ soit
unique, la réaction se fait ici de molécule à molécule, c’est-à-dire « en chaîne ».
Bien sûr, le réactif de départ, appelé monomère, n’est jamais le seul présent dans le
milieu réactionnel, qui peut contenir des catalyseurs, initiateurs, inhibiteurs, plas-
tifiants, colorants, etc. Cette réaction est généralement très exothermique et
conduite sur des grandes quantités. Il existe donc un risque d’emballement dans ce
type de réaction. Mais il existe aussi un risque de polymérisation spontanée en
travaillant sur certaines molécules qui possèdent cette propriété de par leur struc-
ture chimique, qui présente généralement des doubles liaisons réactives. On
comprend que le risque est aggravé par le fait que cette polymérisation imprévue
ne se produit pas dans un équipement prévu à cet effet.
On appelle aussi polymérisation des réactions en chaîne se faisant avec deux réactifs, ou
plus. Ces réactifs, parfois nommés résine et durcisseur dans le commerce, possèdent
une double fonction dans leur structure leur permettant de se lier ensemble. Les
82
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
risques présentés par ces réactions sont identiques à ceux des polymérisations vraies,
autant pour les réactions incontrôlées que pour les imprévues. Parmi les nombreuses
molécules susceptibles d’une polymérisation spontanée, on peut citer :
– styrène, butadiène, isoprène, chloroprène ;
– esters acryliques, méthacryliques, cyanoacryliques ;
– acrylonitrile, acroléine ;
– acétate de vinyle, vinylpyridine ;
– époxydes.
Le démarrage d’une polymérisation, prévu ou non, n’est pas toujours facile. Il est
initié par une énergie interne fournie de différentes façons. C’est le plus souvent
un catalyseur, soit un générateur des radicaux libres, tel qu’un peroxyde, soit ionique,
tel qu’un acide ou un composé métallique. C’est parfois simplement la lumière,
mais plus encore le rayonnement ultraviolet. De même, il est possible de ralentir
ou de bloquer une polymérisation avec les additifs adéquats. La connaissance de
ces données est évidemment indispensable pour assurer la prévention de ce type
d’événement dangereux, que l’on observe par exemple à l’occasion du stockage de
ces produits.
Cet inventaire, qui ne peut être exhaustif, montre la diversité des sources d’exposition
massive pouvant survenir et décrit autant de situations dangereuses. Beaucoup
d’autres scénarios de réactions chimiques ayant provoqué des sinistres peuvent être
consultés dans la base de données ARIA1.
m Incendies et explosions
Les incendies et les explosions ne sont que des réactions chimiques particulières, à
savoir des combustions, si l’on exclut les explosions d’explosifs évoqués précédemment.
La réaction de combustion demande deux réactifs, dont l’un est un combustible et
l’autre l’oxygène. Elle s’entretient d’elle-même, parce que très exothermique, après
son amorçage que l’on appelle ignition. Cette propriété explique la règle fameuse
du triangle du feu, qui dit que pour qu’il y ait incendie il faut que soient réunis : le
combustible, l’oxygène et la source d’ignition. Nous verrons que ce schéma simpliste
est très efficace au moment de la recherche de mesures de prévention. Pour rester
dans le cadre de l’ouvrage, les combustibles envisagés se limitent aux seuls produits
chimiques.
La situation dangereuse propre au risque incendie est constituée presque toujours
par la présence simultanée du combustible et de l’oxygène. En dehors des situa-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
tions rares où de l’oxygène pur est employé, c’est toujours l’air qui est la source
d’oxygène. Les produits chimiques étant le plus souvent combustibles, surtout
quand ils sont organiques, cette situation dangereuse est omniprésente. Toutefois,
l’évaluation du risque telle qu’elle est développée au paragraphe 2.5.5 montre
83
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
qu’une probabilité significative d’incendie n’est présente qu’avec des produits inflam-
mables. Rappelons que l’inflammabilité peut être caractérisée par le point d’éclair,
mais sa limite inférieure est variable selon les réglementations. Aujourd’hui en Europe,
sont inflammables les substances et préparations dotées des phrases de risque R10,
R11 et R12, mais aussi R17, R18 et R30. Lorsque le SGH sera appliqué, les codes
« H » correspondants à cette catégorie seront plus nombreux parce que dépendants
de l’état physique des produits (voir annexe 5).
L’événement dangereux est l’apparition d’une source d’ignition, que ce soit une
étincelle, une flamme nue, ou un point chaud. Précisons que l’ignition ne peut
avoir lieu qu’en phase vapeur. Cela nécessite que la source d’ignition rencontre des
vapeurs au-dessus du liquide inflammable et cela explique pourquoi l’inflammabi-
lité est une fonction directe de la volatilité. Quant au point chaud, il doit être à
une température minimum correspondant au point d’auto-inflammation du produit
inflammable. Nous verrons au paragraphe 3.2.3 toutes les sources d’ignition que
l’on peut rencontrer en pratique. Voici un exemple de ce type de scénario1 :
« La victime est un homme de 45 ans, conducteur en second sur rotative. Au moment de la reprise
de poste après une vingtaine d’heures d’arrêt, il a été constaté au sous-sol un épanchement de
toluène dans la fosse du porte-bobines d’une rotative (machine à l’arrêt) en héliogravure, par suite
du débordement du bac tampon d’un encrier situé à proximité. La victime et ses collègues, au
cours de l’intervention de traitement de la fuite, ont fait usage de sciure de bois contenue dans des
sacs en plastique pour éponger le produit ; un incendie s’est déclaré et ils ont été intoxiqués par les
fumées (intoxication des poumons et du sang). Parmi les causes de cet accident, il est à noter : une
fuite de robinet(s) non décelée lors de l’arrêt machine ; une concentration en gaz atteignant le seuil
d’inflammabilité ; un début d’incendie dû sans doute à un phénomène d’électricité statique ; un
défaut d’organisation dans l’intervention de traitement du problème d’épanchement d’un produit
très inflammable. »
Un incendie, même à ses débuts, n’est souvent que la première étape d’un scénario
conduisant à un sinistre très grave, lorsqu’il se produit dans un environnement
chimique. Cela parce que tous les inflammables présents à proximité sont rapidement
mis à feu, puis les combustibles grâce à la chaleur dégagée. Ensuite ce sont les
structures porteuses qui sont affaiblies et s’effondrent, provoquant des ruptures de
contenants et de canalisations. Les substances ainsi libérées s’enflamment à leur
tour ou génèrent des réactions dangereuses, improbables au départ, et des explosions.
Cet effet d’auto-aggravation est appelé parfois « effet dominos ». On comprend
pourquoi les services de sécurité dans les entreprises et les assureurs se focalisent
sur le risque incendie. Nous verrons dans le chapitre 4 que la véritable prévention
des incendies est plus économique que le déploiement d’importants moyens de
lutte contre le feu. De nombreux ouvrages traitent du risque incendie en général2.
Le risque d’explosion est très lié au risque incendie, car les facteurs de départ sont
les mêmes : présence d’inflammables ou de combustibles et occurrence d’une source
d’ignition. Mais une explosion demande des conditions supplémentaires pour
survenir. Il s’agit principalement de l’atmosphère explosive. En effet, une explosion
84
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Eb PE
LIE LSE
Substance (point (point d’éclair
(en %) (en %)
d’ébullition en ˚C) en ˚C)
85
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Eb PE
LIE LSE
Substance (point (point d’éclair
(en %) (en %)
d’ébullition en ˚C) en ˚C)
Dioxanne 101 12 2 22
Acétonitrile 82 2 3 16
Acrylonitrile 77 0 3 17
Éthanol 78 12 3,3 19
Acétaldéhyde 21 –37 4 60
Hydrogène –252 — 4 75
Bromoéthane 38 — 6,7 11
Méthanol 64 11 6,7 36
86
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Eb PE
LIE LSE
Substance (point (point d’éclair
(en %) (en %)
d’ébullition en ˚C) en ˚C)
Formaldéhyde –19 — 7 73
Dichlorométhane 40 — 13 22
Ammoniac –33 — 15 28
100 1 000
50 100
10 10
5 2,5
1 0,1
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Anhydride phtalique 15
Hexaméthylènetriamine 15
Polystyrène 15
Stéarate de zinc 20
Polyéthylène 20
Résine époxydique 20
Amidon 25
Caoutchouc 25
Polycarbonate 25
Magnésium 30
Nylon 30
Polyuréthanne (mousse) 30
Soufre 35
Dextrine 40
Acétate de cellulose 40
Sucre 45
Aspirine 50
cellulose 55
Charbon 55
Viscose 55
Carboxyméthylcellulose 60
Vitamine C 70
Étain 190
Zinc 460
88
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Pour que l’explosion puisse avoir lieu, il faut d’abord qu’un nuage de poussière se
forme. Si la granulométrie comporte suffisamment de particules fines (< 100
microns), il est très probable qu’une partie du nuage atteindra la LIE. Voyons
comment se forment les nuages de poussières.
Pour qu’il y ait poussières, il faut au préalable une présence de produit pulvérulent.
La plupart des produits chimiques solides sont disponibles sous forme de poudre,
qu’ils soient cristallisés ou amorphes. Une poudre, tant soit peu mise en mouvement,
produit de la poussière d’autant plus stable qu’elle est fine. Hors mise en œuvre des
produits utilisés, la présence de poussières peut venir de la mise en forme pulvérulente
volontaire, c’est-à-dire tout ce qui relève du broyage, du concassage, de l’atomisation,
etc. Cette mise en forme est par contre non désirée dans le traitement mécanique
des matériaux, tel que le sciage, le perçage, le ponçage, etc. La formation d’aérosol
solide peut être le but recherché dans certaines opérations. Il s’agit par exemple de
traitements de surface tels que les dépôts par procédé électrostatique ou le sablage.
Le transport pneumatique est aussi largement utilisé dans le transfert de grandes
quantités de produits chimiques, alimentaires ou agricoles. Enfin, il ne faut pas
perdre de vue le domaine des déchets, dont une grande partie se présente sous
forme pulvérulente, l’exemple le plus banal étant celui du bois. Parmi les opéra-
tions produisant des émissions de poussières de déchets, citons la maintenance des
gaines de ventilation, des filtres, le balayage et tous les nettoyages d’équipements
en général qui contiennent des dépôts pulvérulents.
La source d’ignition d’une explosion, qui est l’événement déclencheur, demande
en général moins d’énergie que pour un incendie. Ainsi, les étincelles générées par
des décharges d’électricité statique sont suffisantes comme source d’ignition des
atmosphères explosives. Dans l’utilisation des produits chimiques, il existe de
nombreuses sources d’électricité statique. En dehors des sources classiques, telles
que le frottement de matériaux non conducteurs, il faut citer en particulier la
circulation des liquides ou solides pulvérulents dans des canalisations non conduc-
trices. Nous renvoyons nos lecteurs à des ouvrages spécialisés pour approfondir ce
sujet1. Rappelons, si cela est nécessaire, que des puissances caloriques et mécani-
ques considérables se développent lors d’une explosion.
Voici deux exemples d’explosion d’aérosols2 :
EXEMPLE 1 :
Le salarié, âgé de 23 ans, ouvrier d’exécution, était occupé avec un autre salarié à vider les filtres, en
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
forme de chaussette, qui sont en bout du système d’aspiration des poussières de sucre de l’atelier de
fabrication de dragées. Pour cela, ils ouvrent successivement les extrémités des filtres pour en évider
les contenus de résidus de sucre et les recycler dans le processus de fabrication. Le système d’aspira-
tion est remis en marche sans raison de service et un nuage de poussière de sucre se répand dans
cette partie de l’atelier. Quelques moments après, une explosion se produit, mettant le feu, brûlant
sur tout le corps le salarié qui est tué sur le coup et blessant légèrement l’autre. À partir d’environ
3 mètres du filtre qui était ouvert se trouvent des appareils de fabrication de dragées avec des
rampes de chauffage à gaz qui fonctionnent durant le nettoyage des filtres.
1. Nous conseillons par exemple deux brochures de l’INRS : Les mélanges explosifs. Gaz et vapeurs (ED 911)
et Les mélanges explosifs. 2. Poussières combustibles (ED 944).
2. Extraits de la base EPICEA de l’INRS.
89
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
EXEMPLE 2 :
La victime, un ouvrier spécialisé âgé de 28 ans, travaillait sur une chaîne d’encollage automatique
de 1986, lorsqu’une décharge d’électricité statique au niveau du convoyeur a provoqué l’inflamma-
tion du nuage de colle pulvérisée par le pistolet de la chaîne d’encollage. L’explosion produite a
désolidarisé les tuyaux souples d’alimentation des pistolets, qui se sont mis à projeter le feu en
fouettant dans l’air. L’ensemble de l’installation s’est enflammé, notamment le fût de 200 kg de
colle en réserve dans l’atelier. Par suite de l’incendie, et de la dégradation du stock de mousse poly-
uréthanne présent dans l’atelier, une importante fumée toxique s’y est dissipée. Deux salariés,
coincés au fond de l’atelier, ont dû relever le rideau métallique pour sortir du bâtiment. Ce maintien
dans une atmosphère dangereuse a entraîné l’intoxication des deux salariés, dont la victime, qui
ont dû être hospitalisés et gardés en observation.
m Sous-oxygénation
90
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
est injecté par le haut et le bas de la cuve pour la purger. La victime et son collègue auraient recom-
mencé à bouger avant l’arrivée des pompiers. La victime a repris connaissance en sortant de la cuve,
le collègue seulement à l’hôpital. Une canne est à disposition pour retirer les objets de la cuve mais
n’a pas été utilisée. Des masques filtrant l’ammoniac sont également à disposition mais n’ont pas
été utilisés et n’étaient pas adaptés à la situation.
91
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
2.5.3 Dommages
Ceux-ci peuvent être inventoriés par la synthèse suivante, établie après consultation
des bases de données sur les accidents du travail :
Effets réversibles :
Le premier stade de l’atteinte à la peau se manifeste par des rougeurs, des irritations,
l’apparition de boutons et d’eczéma. Ces effets cessent après suppression de l’expo-
sition et élimination de l’agent.
Brûlure chimique :
En fonction de la corrosivité de l’agent chimique et de la durée du contact, des
dégradations de l’épiderme et du derme peuvent intervenir. Elles peuvent laisser
des séquelles visibles. Notons qu’une simple goutte de produit corrosif peut provo-
quer des graves atteintes à l’œil. Des substances possèdent un effet corrosif renforcé
par une capacité accrue à la pénétration percutanée. Parmi celles-ci, citons le
brome, l’acide monochloracétique et l’acide fluorhydrique, capables de ronger la
peau assez profondément. L’acide fluorhydrique, dont l’utilisation se rencontre dans
beaucoup de domaines, est un toxique insidieux, car même quand les dommages
cutanés sont relativement modérés, les effets sur le métabolisme du calcium osseux
sont redoutables et même mortels.
Effets toxiques généraux :
Une forte exposition cutanée à un solvant, en particulier halogéné, provoque, en
plus des dommages cutanés, des effets similaires à une intoxication respiratoire,
en raison du passage rapide dans le sang par voie percutanée.
L’intoxication aiguë commence par de simples malaises, tels que nausées, vertiges,
céphalées, troubles de la vue et de l’équilibre. Elle peut aller jusqu’à la suffocation,
perte de connaissance et mort. Les mécanismes de l’intoxication sont différents
selon les substances, selon qu’elles agissent sur le système nerveux central, comme
beaucoup de solvants, ou sur le métabolisme sanguin, comme pour les « poisons » tels
que le cyanure d’hydrogène ou le monoxyde de carbone. Quant au sulfure d’hydro-
gène (H2S), une rapide perte de connaissance intervient à partir de 500 ppm, suivie
d’un coma parfois convulsif accompagné de troubles respiratoires (dyspnée et
cyanose), d’un œdème pulmonaire, de troubles du rythme cardiaque et de modifi-
cations tensionnelles. Aux concentrations supérieures à 1 000 ppm, le décès survient
de façon très rapide, en quelques minutes.
92
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Pour fixer les idées, reprenons l’exemple du paragraphe 2.5.2 qui montrait que deux
litres de dichlorométhane évaporés dans un local de 20 m2 générait une concentration
de 15 000 ppm. On sait que des troubles graves interviennent avec cette substance
sur l’homme dès 2 000 ppm et que la concentration létale (CL50) par inhalation
pour les souris est de 24 850 ppm en 30 min.
De même, un effet narcotique, comme en présentent nombre de solvants, peut se
manifester très rapidement en fonction de la concentration. Il est alors responsable
d’autres types d’accidents : chutes, blessures, accidents de circulation, etc. Ces
accidents ne sont pas toujours mis en relation avec l’exposition aux solvants,
surtout s’ils se produisent après le temps de travail.
Un incendie produit d’abord beaucoup de chaleur, donc les personnes qui n’ont
pu s’échapper sont victimes de brûlures thermiques de toutes gravités. Il génère
ensuite beaucoup de gaz et de vapeurs qui peuvent être toxiques. Il consomme
aussi de l’oxygène, créant ainsi un risque d’anoxie. Enfin, les fumées abondantes
sont à l’origine d’irritation des yeux et des voies respiratoires, pouvant aller jusqu’à
une suffocation.
Une explosion cause toujours de graves dommages humains et aux installations.
Le premier effet est le souffle, qui projette objets et personnes à proximité. Mais
lorsqu’elle se produit dans un récipient, elle provoque sa rupture brutale en
envoyant des projectiles, qui peuvent être lourds et acérés, à de grandes distances.
Elle s’accompagne généralement d’une expansion de flammes et de gaz brûlants,
produisant eux-mêmes des brûlures et des départs d’incendies, voire d’autres
explosions. Comme dans les incendies, le risque d’intoxication aiguë s’ajoute à
tous ces effets.
Une ingestion accidentelle de produit chimique est souvent d’un volume non
négligeable, plusieurs centilitres, en raison de l’effet de surprise. La voie digestive
est d’abord sensible au contact direct des produits avalés. On peut avoir, selon les
propriétés des produits en cause, des irritations et des brûlures, rapidement très
graves en raison de la sensibilité des muqueuses. Ensuite peuvent suivre des effets
d’intoxication générale par assimilation au niveau de l’estomac et de l’intestin.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Certains toxiques agissent à des doses si faibles qu’une simple contamination des
aliments peut provoquer une intoxication.
93
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
m La méthode
Cause C de
rang 2
Cause A de
rang 1
Cause D de
rang 2
Dommage final
Cause E de
rang 2
Cause B de
rang 1
Cause F de
rang 2
94
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Cette description courte de la méthode montre bien sa simplicité, qui en fait son
universalité, car elle n’est évidemment pas réservée au risque chimique, ni même
aux accidents, mais applicable à tout dysfonctionnement. L’efficacité de la méthode
tient à ce que les conclusions sont logiques et non pas intuitives, comme dans beau-
coup de décisions. Inversement, elle conduit automatiquement à une pluralité de
causes, excluant ainsi le réflexe simpliste de la cause unique des faits. Cependant,
elle n’a pas le succès escompté, car elle est souvent mal appliquée. Il existe en effet
trois points clés qu’il ne faut absolument pas négliger pour en tirer le meilleur parti.
– La méthode est rigoureusement factuelle, c’est-à-dire que l’arbre doit être cons-
truit à partir de faits établis, à ne pas confondre avec des opinions ou des juge-
ments, du type « il était trop… il semblait…, il aurait dû…, etc. ». Il faut dire
« la température était de l’ordre de 120 ˚C et la consigne était de 90 ˚C » au lieu
de « la température était trop élevée ». Avant de construire un arbre des causes,
il faut d’abord recueillir le maximum de faits avec précision, en s’attachant à
repérer les écarts et les états inhabituels.
– Il faut éviter toute négation suggérant un écart, comme « il ne portait pas son
casque » ou « il n’y avait pas d’extincteur ». Ces formulations induisent une
mesure de prévention, qui n’est pas forcément judicieuse. D’autre part, cette méthode
ne doit pas servir à identifier des fautes, mais seulement des problèmes. Ainsi, la
vraie cause d’une brûlure aux mains est le contact avec un produit qui fuit, par
exemple, mais pas l’absence de gants, car l’état standard d’un individu implique
les mains nues. Le port de gant n’est alors qu’une des possibilités de solution,
qu’il ne faut pas mettre en avant. De même, plutôt que de dire « il n’y avait pas
de couvercle sur la cuve », il vaut mieux dire soit « des vapeurs sortaient par
l’ouverture de la cuve », soit « le couvercle avait été déposé », ces deux faits étant
plus précis. Dans la pratique, c’est certainement la règle la moins respectée.
– L’arbre des causes et l’enquête qui précède doivent être élaborés par une équipe
pluridisciplinaire, animée par un garant de la méthode. Cette démarche collective
est indispensable pour obtenir un consensus sur les mesures à prendre, qui seront
d’autant mieux appliquées. Cela facilite en outre le respect des deux règles
précédentes.
Étude de cas 1 :
Relation des faits :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
95
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
porte
bisulfite
NaOH javel HCl
.
chaux
vannes
station
camion d’épuration
bureaux
ventilation
air comprimé
cuve
mobile
cuve HCl
camion
96
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
acide sur
erreur au confiance au de l’acide a été
le bordereau
chargement chauffeur commandé
de livraison
délai de détection
introduction
de l’incident
d’hypochlorite
dans l’acide
quantité versée
importante incident de
dépotage
émission massive
de chlore cuve de stockage vérification
dans la station du niveau
couvercle soulevé
intoxication au chlore
Figure 2.15
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
97
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Étude de cas 2 :
Relation des faits :
Dans un laboratoire de recherche, une technicienne chimiste doit lancer une réac-
tion dont l’un des réactifs est le carbonate de diméthyle. Elle va chercher le flacon
au local de stockage et s’apprête à l’ouvrir sur la paillasse, à l’intérieur de la sorbonne où
est monté son appareil. Elle dévisse le bouchon du flacon et, à cet instant, un petit
jet de liquide s’échappe de l’ouverture et atteint un œil de la technicienne. Elle
cherche aussitôt un lave-œil, qu’elle va trouver au bout de deux minutes. Elle aura
une légère lésion oculaire, mais sans séquelles après les soins dispensés.
Recueil d’informations complémentaires après enquête :
Le flacon était en surpression.
La technicienne avait oublié de remettre ses lunettes de protection, car elle sortait
d’une réunion.
Le réactif était en stock depuis 3 ans.
Le flacon était entamé.
Le lave-œil était placé dans le couloir menant au laboratoire.
Le carbonate de diméthyle se décompose en présence d’eau en méthanol et dioxyde
de carbone.
L’étiquette du flacon mentionnait les informations de sécurité suivantes :
R11 : Facilement inflammable
R36/38 : Irritant pour les yeux et la peau
S9 : Conserver le récipient dans un endroit bien ventilé
S16 : Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles. Ne pas fumer.
Produit
hydrolysable Mode
avec formation opératoire
de gaz
Pression Produit irritant
Prise interne
d’humidité 1
Besoin pour
la réaction Contact
Ouverture oculaire 4
rapide du
flacon
Flacon bouché
et étiqueté
98
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
évent
condenseur
Disque
de rupture
Imide Borohydrure
+ activateur + CHCl 3
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Réacteur
Pompe doseuse
99
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
Emballement de la réaction 3
Auto-ignition du diborane
Ignition de l’hydrogène
Surpression
Pilotage à vue 6
Fuite au couvercle
100
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
m Conclusion
Chaque arbre montré ici est issu du travail collectif d’un groupe particulier. Tout
autre groupe aurait abouti à un arbre différent. Mais la logique de la méthode fait
que l’on arrive toujours aux mêmes conclusions et aux mêmes choix de principe
des mesures de prévention, du moins si on l’applique avec rigueur.
Ces exemples montrent bien la multiplicité des causes de tout accident ou inci-
dent, ce qui ouvre un choix de mesures de prévention beaucoup plus large que
celui qui résulte de la seule intuition. Dès que l’on remonte un peu dans la hiérar-
chie des causes, elles deviennent principalement du type organisationnel. En final,
c’est le management qui est en cause. Ce point est fondamental et le nier
condamne à terme toute démarche de prévention à l’échec.
L’estimation du risque accidentel est une étape de l’analyse encore plus indispen-
sable que dans le processus chronique, en raison du nombre d’événements
dangereux que l’on est amené à envisager. Elle s’appuie toujours sur deux variables,
la gravité et la probabilité du dommage, qui dépendent elles-mêmes de beau-
coup de facteurs, différents selon la nature du dommage. Rappelons que cette
règle est commune à tous les types de risques accidentels. La norme ISO 141211,
qui vise les accidents sur équipements de travail, cite les facteurs déterminants
(chapitre 7.2) :
1. Norme ISO 14121-1-2007 - Sécurité des machines – Principes pour l’appréciation du risque.
101
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
LE LA LA
RISQUE GRAVITÉ PROBABILITÉ D’OCCURRENCE
de ce dommage
Cela peut très bien s’appliquer au risque chimique, mais en tenant compte de ses
spécificités, notamment la nature des dommages. Nous allons examiner comment
gravité et probabilité se déterminent en l’occurrence.
m Niveau de gravité
Les dommages peuvent se situer sur une échelle de gravité assez classique quand ils
sont corporels :
– 1 = Dommage réversible ;
– 2 = Dommage irréversible avec incapacité légère ;
– 3 = Dommage irréversible avec incapacité lourde ;
– 4 = Décès.
Le niveau de gravité concerne le dommage envisagé. Il est assez difficile à fixer sans
respecter des règles de raisonnement. En effet, on peut observer que tout peut
arriver dans un accident, de l’absence totale de dommage jusqu’au décès. Cela est
dû au fait qu’il existe un lien étroit entre la gravité et la probabilité, selon une
variation classique que le schéma suivant synthétise :
10
6
probabilité
0
0 2 4 6 8 10
gravité
102
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
!0
9
Importance du risque
8
7
Probabilité
0
0 2 4 6 8 10
Gravité
103
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
m Niveau de probabilité
Brûlure chimique P = P1 ¥ P2 ¥ P3 ¥ P4
104
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
soit par la vue directe du dysfonctionnement, soit par des avertisseurs ou signaux
installés dans ce but.
Ajoutons à ceux-ci les facteurs plus spécifiques du risque chimique :
– la quantité de produit mis en œuvre, qui agit aussi sur la probabilité en facilitant
l’atteinte d’une concentration critique, que ce soit une VLEP ou une LIE ;
– la distance homme-produit ;
– le confinement du poste pour l’intoxication aiguë ;
– la pression des produits liquides ou gazeux ;
– la volatilité et le point d’éclair pour le risque incendie/explosion ;
– le degré d’ouverture de l’installation, c’est-à-dire l’importance des surfaces de
produit à l’air libre.
En particulier, la probabilité d’une explosion est elle-même estimée à partir de
certains facteurs, tels que :
– le volume possible de l’atmosphère explosible ;
– la concentration probable des vapeurs dans l’air ;
– l’inflammabilité du produit (en fonction de son point d’éclair) ;
– la présence possible de sources d’ignition.
L’exemple suivant illustre l’influence de l’inflammabilité sur la probabilité d’une
explosion1 :
« La victime est métallier dans une entreprise de métallerie-serrurerie. Lors d’un essai de pulvérisa-
tion après une opération de rinçage d’un pistolet d’application de peinture électrostatique, une
explosion s’est produite, brûlant gravement l’opérateur au visage. L’opérateur a semble-t-il oublié
de couper le boîtier électrostatique, et effectué le rinçage de l’installation en rejetant le solvant
directement dans un fût. Lorsqu’il a rétabli l’air comprimé, le fonctionnement du dispositif élec-
trostatique s’est rétabli automatiquement. Le solvant utilisé a un point d’éclair de 6 ˚C au lieu des
30 ˚C préconisés par le fabricant du pistolet ; la moindre étincelle au niveau du bouchon du fût
peut provoquer une explosion à température ambiante. »
105
2 • Théorie du risque chimique 2.5 Processus accidentel
– le défaut d’information ;
– l’absence de mode opératoire écrit et disponible ;
– le manque de planification des tâches ;
– les défaillances de système de communication (technique ou humain) ;
– la surcharge mentale.
Ces facteurs sont bien apparus dans les exemples d’arbres des causes du para-
graphe 2.5.4. La détermination du niveau de probabilité reste, elle aussi, très
intuitive, mais le résultat est valide si l’on respecte une certaine logique, qui prend
en compte un scénario précis, ainsi que les facteurs qui peuvent accroître ou réduire
le niveau de probabilité.
m Estimation finale du risque accidentel
L’évaluation du risque accidentel se termine en situant son importance, qui est donc
une combinaison des niveaux de gravité et de probabilité, en suivant une règle
similaire à celle qui est utilisée pour le risque d’exposition chronique. La matrice
de combinaison, à 3, 4 ou 5 niveaux d’entrée, est un des moyens les plus pratiqués
pour cette cotation. En voici un exemple :
élevé 2 3 3
Niveau de gravité
moyen 1 2 3
du dommage
faible 1 1 2
106
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
Mais comment bien estimer la probabilité d’un dommage, puisque c’est un para-
mètre déterminant ? La réponse est dans la « loi des grands nombres », qui veut
que la fréquence statistique d’un dommage particulier observée dans un très grand
nombre d’événements mesure précisément sa probabilité de survenue. Encore
faut-il disposer de ces statistiques. Elles existent dans beaucoup de domaines, tels
que les transports, la santé publique, les accidents du travail, les accidents de la vie
privée, etc. Cela permet d’affirmer par exemple qu’en Europe occidentale, la
probabilité d’accident grave dans la production d’énergie est largement supérieure
avec les combustibles liquides ou gazeux que par technique nucléaire.
Le schéma suivant résume la procédure complète de cotation du risque chimique
accidentel.
Importance du risque
judicieux des risques par importance, le but final étant d’établir un plan d’action
qui traitera tous les risques répertoriés.
107
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
des postes de travail et la démarche se termine par une évaluation des risques,
selon des méthodes très variables.
Le risque incendie-explosion est souvent traité dans une démarche distincte, quand
il n’est pas inclus dans le risque chimique. Il nous est apparu que l’ensemble de ces
méthodes souffre d’une vision limitative du risque chimique, qui ne prend que
partiellement en compte le processus accidentel. Cette lacune a des conséquences
évidentes sur le choix des mesures de prévention censées couvrir tous les risques
présents. Elle est pourtant assez fréquente, puisqu’on la retrouve dans la méthode
INRS (ND 2233), qui d’ailleurs l’annonce clairement, mais aussi dans le système
REACH. En effet, le règlement européen CE/1907/2006 n’a pas clairement envisagé
le processus accidentel, en dehors du risque incendie-explosion et des réactions
chimiques dangereuses.
Dans son annexe I qui décrit les mesures de sécurité chimique incombant aux
fabricants et utilisateurs, il est dit qu’un « scénario d’exposition » décrit la manière
dont la substance est fabriquée ou utilisée, ainsi que les recommandations destinées
aux utilisateurs en aval.
On pourrait imaginer que les accidents du type expositions massives sont inclus
dans les scénarios d’exposition. Mais il est précisé plus loin :
« En particulier, un scénario d’exposition comprend, le cas échéant, une description des
éléments suivants :
Conditions d’exploitation :
– les processus intervenant, y compris la forme physique sous laquelle la substance est
fabriquée, transformée et/ou utilisée ;
– les activités effectuées par les travailleurs dans le cadre des processus, ainsi que la
durée et la fréquence de leur exposition à la substance ;
– les activités des consommateurs, ainsi que la durée et la fréquence de leur exposition
à la substance ;
– la durée et la fréquence des émissions de la substance vers les différents milieux envi-
ronnementaux et les systèmes de traitement des eaux usées, ainsi que le facteur de
dilution dans ce milieu récepteur de l’environnement. »
La référence constante à la durée et à la fréquence montre bien que les rédacteurs
parlent d’exposition chronique. Cela est confirmé par le passage suivant :
« L’estimation de l’exposition comporte trois éléments :
1) l’estimation des émissions ;
2) l’évaluation du devenir chimique et des voies de transfert ;
3) l’estimation des niveaux d’exposition.
Lors de l’estimation des émissions, il est tenu compte des émissions qui se produisent
durant tous les stades pertinents du cycle de vie de la substance et découlent de la fabri-
cation et des utilisations identifiées. Les étapes du cycle de vie découlant de la fabrica-
tion de la substance couvrent, le cas échéant, l’étape de gestion des déchets. Les étapes du
cycle de vie découlant des utilisations identifiées couvrent, le cas échéant, la durée de vie
utile des articles et l’étape de gestion des déchets. L’estimation des émissions est réalisée
en admettant que les mesures de gestion des risques et les conditions d’exploitation
décrites dans le scénario d’exposition ont été mises en œuvre.
108
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
Une autre caractéristique des différentes méthodes disponibles réside dans la manière
dont est estimé le risque. Dans la grande majorité des cas, l’estimation repose
essentiellement sur le niveau de danger de l’agent chimique, ce qui est contraire à
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
la définition même du risque et peut conduire à des erreurs graves. Quand l’esti-
mation va plus loin en prenant en compte les conditions de mise en œuvre de
l’agent chimique, elle le fait à partir d’éléments de l’environnement de travail tels
que la volatilité d’un produit, l’ouverture d’un récipient, la signalisation, un local
de stockage, ou la manipulation de produits. Cela est logique et simple parce que
concret. C’est pourquoi on retrouve ce principe notamment dans les logiciels
développés pour l’évaluation des risques chimiques1.
1. Dans le secteur du bâtiment, l’OPPBTP (Office paritaire de prévention du bâtiment et des travaux
publics) propose le logiciel LARA pour les risques chimiques.
109
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
Nous allons examiner plus particulièrement trois méthodologies issues des orga-
nismes de la Sécurité sociale chargés de la prévention des risques professionnels.
L’INRS, dont la sécurité et la santé au travail sont la raison d’être, a été un des premiers
à élaborer un outil d’évaluation des risques pour les produits chimiques, en 20001.
Cet outil a évolué par la suite pour aboutir à la « Méthodologie d’évaluation
simplifiée du risque chimique », souvent citée. Elle est caractérisée par l’utilisation
de scores qui quantifient les différentes composantes du risque. Elle propose par
exemple pour l’exposition par inhalation de tenir compte d’un score de volatilité,
d’un score de procédé et d’un score de protection collective. L’attribution des deux
derniers scores se fait par comparaison du poste de travail avec l’un des quatre
postes types décrits. Il est vrai que la différence avec notre méthodologie, qui
s’appuie uniquement sur des grandeurs (durée, fréquence, concentration, probabilité,
gravité), n’est qu’apparente, car les grandeurs que nous estimons sont bien la résultante
de la présence de tous les éléments de l’environnement de travail. Cependant, la
relation de cause à effet n’est pas toujours garantie. Pour bien expliquer le problème
que nous soulevons ici, nous proposons deux exemples.
Supposons un procédé de fabrication d’un produit chimique dans une installation
totalement close. Les méthodes évoquées ci-dessus attribuent à cette situation un
facteur d’exposition négligeable et concluent donc à un risque faible. Mais un incident
intervenant sur une telle installation, lorsque cela n’est pas prévu, les intervenants
sont souvent amenés à ouvrir le système. L’exemple le plus banal est le bouchage
d’une tuyauterie, ou la fuite d’une vanne ou d’une pompe. L’erreur d’estimation
existe même dans le mode chronique, par exemple en cas d’ouverture de couvercle
pour un contrôle visuel, non prévu par le mode opératoire.
De même, un poste de travail sujet à émanations et équipé d’un captage enveloppant
sera probablement classé comme peu exposant. Mais cette estimation suppose que
la ventilation soit toujours en service, ce qui ne peut être garanti. L’expérience montre
que les ventilations n’ayant qu’un caractère préventif sont assez souvent arrêtées,
par exemple en raison du bruit généré. Notre méthode aurait d’ailleurs prévu à ce
poste un risque accidentel de défaut de ventilation, d’origine technique ou humaine.
Ce qui montre encore que les deux processus du risque chimique sont indissociables
à tout instant.
La méthode de l’INRS a été déclinée par la CRAM Midi-Pyrénées de façon plus
conviviale, sous le nom de méthode OSER2, ce qui est bénéfique au développement
de la prévention, notamment dans les très petites entreprises. Mais cette méthode
comporte la même lacune sur le risque accidentel, ce qui est loin d’être négligeable.
On retrouve cette impasse dans la méthode OPER@ (Outil de Première Évalua-
tion du Risque chimique par l’Analyse de l’activité) développée par la CRAM de
Bourgogne-Franche-Comté. Son objectif est de quantifier chaque risque, puis de
chercher à réduire la cotation obtenue en agissant sur ses paramètres. Le niveau de
gravité du risque chimique est calculé par la formule :
GR = (A/B + C) ¥ D
110
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
dans laquelle :
A est la somme des valeurs attribuées à chaque phrase R de catégorie A, c’est-à-
dire celles relatives aux dangers atténuables pour lesquels une protection effi-
cace peut être mise en place (exemple : port de gants et de lunettes pour la manipu-
lation de l’hydroxyde de sodium – soude caustique – à 5 %).
B représente la minoration de A qui peut être obtenue si tous les conseils de
prudence mentionnés sur l’étiquette ou la fiche de données de sécurité sont
respectés.
C est la somme des valeurs attribuées à chaque phrase R de catégorie C, c’est-à-
dire celles relatives aux dangers non atténuables pour lesquels aucune protection
n’est totalement efficace. Ces phrases R caractérisent les effets CMR (cancéro-
gène, mutagène, reprotoxique) des produits.
Le facteur D permet de prendre en compte l’exposition de l’opérateur en fonction
des critères suivants :
– la nature de la ventilation ;
– le degré d’automatisation de l’opération réalisée ;
– les risques d’asphyxie, de brûlure, d’incendie ou d’explosion, d’effets sur la santé.
Cette méthode a l’avantage d’être simple et rapide, avec sa contrepartie en approxi-
mations. Pour entrer dans les détails de son fonctionnement, il suffit de l’essayer
sur le site de la CRAM1. Elle a suscité de notre part les remarques suivantes :
– Le facteur A introduit bien le niveau de danger du produit chimique. Par contre,
la notion de danger « atténuable » est incompatible avec sa définition officielle.
– Le facteur B est une bonne exploitation de l’étiquetage, mais sa réalité montre
qu’il est plutôt rare que les phrases S soient les mesures nécessaires et suffisantes
pour réduire le risque, qui, rappelons-le, dépend beaucoup de facteurs inconnus
des rédacteurs de l’étiquette.
– Le facteur C a le mérite de pointer les CMR et d’inciter ainsi à leur substitu-
tion. Il est toutefois dommage de ne pas en faire autant des produits non CMR
mais classés très toxiques, qui, eux, peuvent entraîner la mort en quelques
minutes.
– Le facteur D est sans doute une intégration partielle du processus accidentel,
bien que le terme d’intoxication aiguë ne figure pas.
Nous citerons pour finir une méthode qui possède un certain caractère officiel,
puisqu’elle est publiée par la CNAMTS sous forme d’une recommandation2 ; elle
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
111
2 • Théorie du risque chimique 2.6 Caractéristiques des méthodes existantes
112
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
Pour illustrer cet aspect du choix de la méthode, prenons celle qui est proposée par
la CRAM Midi-Pyrénées et reprise par d’autres, sous le nom de méthode GERC1.
Cette méthode, très simple et facilement accessible aux très petites entreprises,
consiste à remplir un tableau renseignant sur les tâches, les produits et leurs
dangers, en mettant en évidence les CMR. Il faut ensuite inscrire les quantités
consommées annuellement, les durées d’exposition et les mesures de prévention
« complémentaires ». La seule méthodologie proposée consiste à choisir ces
mesures dans une liste de type hiérarchisée, en insistant sur la nécessité de se faire
aider par le médecin du travail. Cette méthode peut évidemment bien fonctionner
mais, comme les autres déjà citées, elle ignore toujours le risque accidentel. En
conséquence, on peut être incité à substituer un produit dangereux par un moins
dangereux, en oubliant un risque de projection ou d’explosion lié au process,
qu’une solution du type système clos aurait pu éviter.
Si le choix des mesures de prévention n’est pas le résultat d’un raisonnement
logique mais plutôt le fruit de diverses intuitions, liées à la « culture sécurité » des
intervenants, on aboutit à une accumulation de solutions de « premier niveau »,
telles que des ventilations ou des protections individuelles. En effet, la substitu-
tion, mise en exergue par la campagne CMR, n’est que rarement techniquement
possible. Ces solutions entraînent généralement des contraintes pour le personnel,
aboutissant à terme à une attitude dubitative, voire réticente, envers toute
démarche de prévention.
Nous ne rejetons pas toutes ces méthodes, malgré leurs limites. Nous pensons au
contraire que la simplicité, du moins pour certaines, est un atout pour leur diffu-
sion et, à terme, pour une progression de l’esprit de prévention. Cette progression
sera aussi facilitée par un recours croissant à des logiciels spécialisés.
risque chimique.
1. Grille d’Évaluation du Risque Chimique pour les TPE, disponible sur http://www.cram-mp.fr/entre-
prises/evaluation-gerc.htm.
113
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
en quantité supérieure à une tonne par an. Cet enregistrement est assorti de l’obli-
gation de fournir un dossier technique contenant (article 10) principalement :
Des informations :
– l’identité du ou des fabricants ou importateurs,
– l’identité de la substance,
– des informations sur la fabrication et les utilisations de la substance,
– la classification et l’étiquetage,
– des conseils d’utilisation de la substance,
– des résumés d’études,
– des propositions d’essais,
– des informations concernant l’exposition, pour les substances en quantités
comprises entre 1 et 10 tonnes ;
Un rapport sur la sécurité chimique.
m Évaluation
Le rapport sur la sécurité chimique contient une évaluation, qui est effectuée
conformément aux paragraphes 2 à 7 du règlement et à l’annexe I, soit pour chaque
substance, telle quelle ou contenue dans une préparation ou dans un article, soit
pour un groupe de substances. Elle est effectuée et un rapport est établi conformé-
ment à l’article 14, c’est-à-dire, pour toutes les substances enregistrées en quantités
égales ou supérieures à 10 tonnes par an, sans préjudice de l’article 4 de la directive
98/24/CE qui stipule que tout employeur doit évaluer les risques pour la sécurité
et la santé des travailleurs résultant de la présence d’agents chimiques. Elle ne doit
pas être effectuée pour une substance présente dans une préparation si la concen-
tration de la substance est inférieure au plus faible des différents niveaux prévus
dans les directives 1999/45/CE, 67/548/CEE et le titre XI du règlement.
Cette évaluation comprend les étapes suivantes :
a) une évaluation des dangers pour la santé humaine ;
b) une évaluation des dangers physico-chimiques ;
c) une évaluation des dangers pour l’environnement ;
d) une évaluation des caractères persistants, bioaccumulables et toxiques (PBT) et
des caractères très persistants et très bioaccumulables (vPvB).
Si, à la suite des étapes a) à d), le déclarant conclut que la substance répond aux
critères de classification d’une substance ou d’une préparation comme dangereuse
conformément aux directives 67/548/CEE et 1999/45/CE, ou si la substance est
évaluée comme étant PBT ou vPvB, l’évaluation de la sécurité chimique comporte
les étapes supplémentaires suivantes :
a) une évaluation de l’exposition, qui comprend la production de scénarios d’exposi-
tion et une estimation de l’exposition ;
b) la caractérisation des risques.
Tout déclarant identifie et applique les mesures appropriées en vue d’une maîtrise
valable des risques identifiés dans l’évaluation de la sécurité chimique et, le cas échéant,
recommande ces mesures dans les fiches de données de sécurité.
114
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
m Autorisation
Une autre particularité du REACH est d’exiger une autorisation pour utiliser ou
mettre sur le marché des substances ou préparations dites préoccupantes. Celles-ci
doivent figurer dans l’annexe XIV, vide pour le moment, qui doit être remplie avant
juin 2009. L’autorisation n’est octroyée par l’agence désignée que si toutes les mesures
de maîtrise des risques mentionnées dans le rapport sur la sécurité sont prises.
Mais l’article 57 précise que si des substances appartenant aux catégories suivantes :
– CMR selon la directive 67/548, c’est-à-dire les cancérogènes 1 et 2, les muta-
gènes 1 et 2, les toxiques pour la reproduction 1 et 2,
– PBT et vPvB (selon l’annexe XIII),
sont incluses dans l’annexe XIV, il faudra en outre démontrer que « les avantages
socio-économiques l’emportent sur les risques qu’entraîne l’utilisation de la subs-
tance pour la santé humaine ou l’environnement, et qu’il n’existe pas de subs-
tances ou de technologies de remplacement appropriées. »
S’il s’avère que certaines substances ou préparations présentent des risques inac-
ceptables (article 68) ou qui ne sont pas valablement maîtrisés (article 69),
l’agence désignée peut aller jusqu’à interdire, partiellement ou totalement, leur
mise sur le marché et leur utilisation. Elles sont alors inscrites à l’annexe XVII, qui
en comprend déjà 52 (liste en annexe 7). La plupart de ces restrictions concernent
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
115
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
m Évaluation de l’exposition
116
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
• les voies d’exposition probables et le potentiel d’absorption par des êtres humains.
Nous remarquons la redondance particulière qui affecte la durée et la fréquence
d’exposition, puisque cette expression est mentionnée une fois dans les conditions
d’exploitation et trois fois dans l’estimation de l’exposition.
m Caractérisation des risques
La caractérisation des risques consiste en :
1) une comparaison entre :
– d’une part, l’exposition de chaque population humaine dont on sait qu’elle est
ou qu’elle sera probablement exposée,
117
2 • Théorie du risque chimique 2.7 La contribution du règlement REACH
m Aspects méthodologiques
118
2 • Théorie du risque chimique 2.8 Le principe de précaution
119
2 • Théorie du risque chimique 2.8 Le principe de précaution
120
2 • Théorie du risque chimique 2.8 Le principe de précaution
réalisée soit par le rapprochement structure/activité, soit par des tests toxicologiques
de base, souvent par les deux. Cela revient à procéder à un classement de substance,
en interne, qui permet alors d’appliquer la méthode générale. Mais si ce classement
n’était toutefois pas possible, par exemple pour des raisons de délai, il convient sans
hésitation d’affecter le niveau de danger maximum à ladite substance et de continuer
l’évaluation des risques, sachant que ce cas de figure ne devrait être qu’exceptionnel.
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121
3 • PRATIQUE DE L’ANALYSE
DES RISQUES CHIMIQUES
123
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
son propre classement de risques, qui fera l’objet d’un plan de prévention autonome.
Seul le niveau de danger des agents chimiques est une valeur absolue, puisqu’il se
réfère à une échelle fixée au départ, sauf évolution du classement réglementaire.
124
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
surtout retenir les gestes exposants, comme un simple essuyage avec un chiffon. À
l’issue du repérage, on peut supprimer les phases qui ne mettent aucun risque en
évidence. Toutes les tâches et leur phasage doivent faire l’objet d’un enregistre-
ment, suivi d’une observation in situ pour vérifier. On connaît les écarts possibles
entre le « prescrit » et le réel… Les outils informatiques habituels permettent de
réaliser facilement cet enregistrement.
EXEMPLE DE LISTE DES PHASES POUR UNE TÂCHE :
Tâche : Réalisation d’un mélange
Phases :
Vérification du mélangeur
Chargement d’un solvant S
Pesée du produit A
Pesée du produit B
Introduction du produit A dans le mélangeur
Introduction du produit B dans le mélangeur
Surveillance du mélange
Vidange du mélangeur
Nettoyage du mélangeur
Remarque : Ces phases sont réalisées successivement par un même opérateur. Elles peuvent être
communes à plusieurs procédés.
Ensuite il faut recommencer avec tous les opérateurs de l’ensemble défini. Lorsque
plusieurs opérateurs ont la même activité, comme des caristes, il n’est pas néces-
saire de recommencer à zéro, mais il faut bien repérer les différences qui peuvent
exister, comme le trajet suivi ou la façon de charger, etc. L’important est de ne pas
oublier d’opérateurs, ce qui est facile avec un support préétabli, en suivant l’orga-
nisation décrite au chapitre 7. Cette démarche a l’avantage de conduire en même
temps à une meilleure vision globale des emplois, sans compter l’intérêt pour le
médecin du travail, qui pourra facilement connaître toutes les expositions des salariés.
L’observation d’une tâche peut révéler que d’autres opérateurs, voisins ou « de
passage », sont soumis aux mêmes risques. Il n’est pas rare qu’un employé adminis-
tratif ou commercial, voire un client, soit victime d’un accident à l’occasion d’une
visite dans un atelier. Il faudra en prendre note pour pouvoir recouper ces risques
avec l’observation de l’activité de ces opérateurs quand elle sera réalisée à son tour.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
125
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
Un des points critiques du phasage est de prendre en compte les variantes possi-
bles du procédé, qu’elles soient prévues ou dictées par un dysfonctionnement.
L’étude des accidents montre bien l’importance des écarts de mode opératoire
dans leur apparition. Notons que le fait de pointer soigneusement toutes les inter-
ventions humaines dans un procédé est riche en enseignements, qui peuvent
conduire à rechercher des gains de productivité apportant souvent eux-mêmes des
gains de sécurité.
Une troisième méthode consiste à suivre un agent chimique tout au long de sa
« vie » dans l’entreprise, depuis son entrée jusqu’à sa disparition ou son élimina-
tion, pour repérer toutes les situations de travail dans lesquelles il est présent
(exemple ci-après). Cette méthode est souvent considérée comme la plus difficile,
mais elle est probablement la plus riche en informations méconnues, notamment
sur les phases d’arrivée dans l’entreprise et celles de son élimination. Un produit
donné peut être utilisé par plusieurs opérateurs, et dans plusieurs procédés. Cette
méthode permet en outre de dresser un bilan matière de chaque produit, ce qui
conduit généralement à des découvertes ou, du moins, à de fortes interrogations.
C’est un véritable outil de gestion, qui s’avère très utile dans la prise en charge des
problèmes d’environnement.
Le bilan matière peut être conduit pour une période ou un cycle de production. Il
commence par le pointage des entrées pour en connaître le poids total. Encore
faut-il avoir une maîtrise complète des entrées et sorties, c’est-à-dire un passage
obligé, généralement le service achats. Toutefois, certains produits entrent sans
opération d’achat, parce qu’ils sont livrés avec du matériel, par exemple. Ensuite il
faut suivre toutes les utilisations possibles du produit et finir par le pointage des
sorties. Il faut distinguer deux façons d’utiliser un produit chimique.
126
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
Suivi :
Livré en fûts de 200 litres ; une livraison par mois de trois fûts en moyenne.
Les fûts sont placés dans le local de stockage.
En fonction des demandes, un fût est transféré auprès d’une des trois machines à dégraisser, pour
faire le plein.
Les baisses de niveau proviennent essentiellement de l’évaporation.
Un fût du stockage est utilisé pour remplir des bidons de 5 litres qui servent à l’atelier d’entretien.
Le solvant ne se retrouve que sur des chiffons. Il disparaît soit par évaporation, soit par imprégnation
des chiffons.
À l’issue de chaque vidange de machine, le produit souillé est filtré, puis remis dans un fût spécial,
qui est expédié pour destruction dès qu’il est plein, soit une fois par mois en moyenne.
Les boues de filtration, imprégnées de solvant à environ 30 %, sont stockées en fût et livrées pour
destruction. On en récolte environ 100 kg par mois.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Bilan :
30 boues de filtration
127
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
Le schéma suivant visualise les données du tableau précédent. Il met bien en évidence la quantité de
solvant qui disparaît par évaporation, ce qui surprend souvent.
D1 300 L
l
250 L
environ-
600 L nement
D2
150 L
filtre
stockage
D3
100 L
Boues
30 kg
Bidons de 5 L
Machines à Déchets
dégraisser
Entretien 170 L
100 L
Figure 3.1 – Exemple de bilan matière sur un mois
Un tel bilan suscite en général une bonne motivation sur les questions de santé aussi bien que d’envi-
ronnement. Ainsi, dans cet exemple, 400 litres de perchloréthylène sont perdus par mois par
évaporation. Cette perte pose trois problèmes : ils ont été achetés pour rien, ils ont été partiellement
respirés et ils ont pollué l’environnement. La remise en cause de ces utilisations vient alors d’elle-
même.
La méthode des bilans matière nécessite la collaboration de services très divers, tels
que les achats, la logistique, la production, les services sécurité/environnement, et bien
d’autres encore dans des structures plus complexes. Elle ouvre la porte à l’inventaire
des dangers et prépare à l’analyse des risques.
128
3 • Pratique de l’analyse 3.1 Les méthodes
des risques chimiques de repérage des risques
stockage
process 1
process 2
process n
élimination
Opérateur n
Le tableau suivant synthétise ce que les trois méthodes apportent comme informations
spécifiques.
Type d’approche
Caractéristique
Activité Procédé Produit
ges et rattrapages
et les déchets
Exigence de précision
Connaissance
S’inscrit dans une démarche
Intérêt pour Gestion du temps de des pertes
d’assurance qualité
l’entreprise travail Gestion claire des
Peut conduire à des gains de
matières premières
productivité
Aide pour la protection
Intérêt pour
Identification claire Niveau de risque comparé des de l’environnement
l’évaluation
des risques procédés Présélection des plus
des risques
grands risques
129
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
Que l’on suive l’approche opérateur, procédé ou produit, on doit retrouver les
mêmes actions élémentaires, grâce au croisement indiqué précédemment et à un
repérage méticuleux. Si plusieurs agents sont présents dans une action, il faut créer
autant d’actions distinctes, car les risques générés sont en principe distincts. Ainsi,
si on ajoute 3 produits successivement dans une cuve, il faut noter trois actions.
Par contre, s’il s’agit d’un ajout unique des trois produits ensemble, ils sont consi-
dérés comme formant une préparation, avec ses dangers propres, et l’on peut donc
noter une seule action pour cela.
Une fois l’inventaire des actions ou des phases élémentaires réalisé, il ne reste plus
qu’à passer à l’identification des risques.
130
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
3.2.1 Expositions
La recherche des expositions ne s’applique, par définition, qu’au fonctionnement
habituel de l’entreprise. Elle s’appuie sur des situations de travail « standard », même
si elles peuvent être exceptionnelles, dans le sens non planifiées. Par contre, on ne
tient pas compte des activités issues d’un dysfonctionnement, qu’il soit technique
ou humain, puisque c’est le domaine des situations dangereuses, traitées par
ailleurs. Les caractéristiques d’une exposition doivent être notées. Il s’agit des points
suivants :
m Phase de travail
Il s’agit de suivre le phasage qui a été réalisé dans l’étape de repérage précédente.
Normalement il ne devrait y avoir qu’un seul agent chimique concerné, faute de
quoi il vaudrait mieux subdiviser la phase.
Les formes classiques sont : gaz, liquide, poudre, vapeurs, poussières, aérosol.
Rappelons que la différence entre gaz et vapeurs ne tient qu’à l’état physique de la
substance dans les conditions normales de pression et de température. Ainsi, le
propane est un gaz, même si on peut le liquéfier par pression, mais le méthanol est
un liquide émettant des vapeurs. En pratique, les vapeurs possèdent toutes les
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
propriétés des gaz. À ces formes s’ajoutent les fumées, qui sont en général un
mélange de gaz, de vapeurs et de particules ultrafines. Il y a aussi l’état pâteux, qui
est intermédiaire entre les liquides et les solides. Un brouillard n’est qu’un aérosol
liquide. Ainsi, la vapeur d’eau, normalement invisible, est en fait visible parce qu’elle
se forme souvent sous forme d’aérosol (brouillard).
m Mode de dispersion
131
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
cation d’une machine tournante. De même, la formation d’une poussière peut avoir
pour origine un ponçage ou un broyage. Mais le mode de dispersion le plus banal
est l’évaporation naturelle d’un produit volatil à partir d’un récipient ouvert. On
devine bien l’utilité de ces précisions dans la recherche des mesures de prévention.
m Zone de dispersion
Chaque voie de pénétration constitue un risque distinct, même dans une même phase
opératoire. La connaissance des dangers des agents chimiques utilisés est une indi-
cation sur les expositions à rechercher, comme nous le verrons dans le paragraphe
sur les dangers. En effet, les mesures de prévention pourront être très différentes
pour une inhalation et un contact cutané. L’attention se porte volontiers en priorité sur
l’exposition respiratoire. Sa perception par l’odorat y est pour quelque chose. Les
poussières sont aussi un phénomène très visible, du moins pour des concentra-
tions importantes. Mais il est établi que la perception sensorielle est trompeuse et
doit être remplacée par une approche raisonnée s’appuyant sur une observation
132
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
133
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
134
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
Les murs et portes d’un espace de travail constituent le plus souvent une barrière
naturelle suffisante pour arrêter les effets des événements dangereux. Par contraste,
c’est l’intérieur du local qui constitue la zone dangereuse. En pratique, l’atelier doit
être considéré comme tel dès qu’un produit dangereux est utilisé à l’intérieur, à
défaut d’équipements de protection particuliers déjà mis en place. Cette surface
peut toutefois être réduite en cas de très petite quantité de produit.
m Quantité stockée
EXEMPLE :
Un atelier de 100 m2 contient 1 fût de solvants de 200 kg. Sa masse moléculaire est de 106. Le
local a une hauteur de 4 m.
Vv = 25 ¥ 200/106 = 47 m3
Le volume du local étant de 400 m3, les vapeurs en occuperaient 12 %, c’est-à-dire qu’on se trouve
largement dans la zone d’explosivité.
Il est intéressant de noter que la zone dangereuse coïncide avec celle que l’on doit
déclarer dans le cadre de la réglementation du risque explosion et qui exige une
signalisation spécifique.
135
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
m Paramètres chimiques
Le risque de réaction dangereuse doit toujours être envisagé. Nous parlons bien
des réactions imprévues, ou incontrôlées. Les prévoir consiste en fait à repérer des
couples de produits fortement réactifs, de préférence au moment de l’inventaire
des produits présents dans un certain espace, en s’aidant des informations figurant
au paragraphe 2.5.2.
Une fois qu’un couple est identifié, encore faut-il que la rencontre des produits
protagonistes soit possible. La proximité est la principale condition pour créer une
situation dangereuse, mais elle n’est pas toujours indispensable. C’est l’événement
dangereux qui définira cette possibilité.
m Paramètres physiques
La zone dangereuse est aussi fonction de paramètres tels que la pression, la tempé-
rature des agents chimiques et leur situation dans l’espace. Il est certain qu’un
produit stocké ou utilisé en hauteur crée une menace plus étendue que s’il était au
sol, de même que des contenants ou des tuyaux créent une zone de risque dont
l’étendue est fonction de la pression interne.
Peut-on s’appuyer sur la classification des agents chimiques utilisés ? Un produit
toxique suggère évidemment un risque d’intoxication aiguë, un produit corrosif
un risque de brûlure cutanée, et un comburant un risque de réaction dangereuse.
Mais le risque d’exposition massive est présent quel que soit le danger. Par contre,
le risque d’incendie ou d’explosion n’existe qu’en présence d’un inflammable et, de
façon plus restreinte, d’un combustible.
136
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, mais constitue déjà une bonne base
pour trouver l’essentiel des risques. Plus on remonte dans l’enchaînement des faits,
plus les options se multiplient. Ainsi, si l’on cherche les causes possibles d’une
fuite, on peut trouver une douzaine de faits possibles. Le fait que les événements
déclencheurs soient quasi innombrables conduit à s’en tenir, par exemple, aux
deux dernières causes avant le dommage, en supposant que le déclencheur arrivera
toujours. Cela est d’autant plus difficile quand le poste de travail ne comporte
aucune utilisation d’agent chimique et que c’est une formation inattendue d’agent
chimique dangereux qui est l’événement déclencheur. L’exemple qui illustre le mieux
cette éventualité a été décrit au paragraphe 2.5.2. Il s’agissait de la formation de
sulfure d’hydrogène dans une station d’épuration des eaux, provoquée par l’arrêt
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
137
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
L’AMDE est une méthode inductive dont l’objectif principal consiste à évaluer la
fréquence et les conséquences de la défaillance d’un élément, appelée « événement
redouté ». Elle va donc jusqu’à l’estimation du risque. Elle est spécifiée dans la
norme CEI 812 : 1985 – Techniques d’analyse de la fiabilité des systèmes – Procédure
d’analyse des modes de défaillances et de leurs effets (AMDE).
L’APR est une méthode générale utilisée au stade de la conception d’un équipe-
ment, d’une installation ou d’un projet, en particulier dans l’industrie chimique.
Elle nécessite dans un premier temps d’identifier les éléments dangereux, qui
peuvent être des produits chimiques, des fluides, des équipements, des opérations.
L’APR cherche ensuite à identifier toutes les situations dangereuses générées par
ces éléments, en imaginant des enchaînements de faits, pour en déduire in fine des
mesures de prévention. Elle comporte donc des points communs évidents avec la
méthode développée dans cet ouvrage.
1. Pour en savoir plus, voir la note documentaire ND 1675 de l’INRS sur le site www.hst.fr, ou la synthèse
faite sur le site www.previnfo.net.
138
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
La méthode MOSAR est une démarche qui comporte dix étapes. Le système à
analyser (procédé, installation, etc.) est considéré comme formé de sous-systèmes
en interaction. Une grille est utilisée pour identifier les phénomènes dangereux, les
situations dangereuses et les événements dangereux.
L’adéquation des mesures de sécurité est étudiée à l’aide d’une deuxième grille,
puis d’une troisième grille prenant en compte leur interdépendance. Ceci conduit à la
construction de scénarios d’accidents. Les scénarios sont classés, par consensus,
dans une grille de gravité.
Une grille de correspondance, établie elle aussi par consensus, relie la grille de
gravité aux objectifs à atteindre par les mesures de sécurité et spécifie le niveau de
performance des mesures techniques et organisationnelles.
Les mesures de sécurité sont alors intégrées aux arbres logiques et les risques résiduels
sont analysés au travers d’une grille d’acceptabilité définie par consensus.
L’ADD est une méthode déductive menée à partir d’un événement jugé indési-
rable qui permet à son utilisateur de trouver tous les chemins critiques conduisant
à cet événement. Les événements dangereux ou sommets sont tout d’abord identifiés.
On représente ensuite toutes les combinaisons de défaillances élémentaires qui
pourraient se traduire par un événement indésirable sous la forme logique d’un
arbre des défaillances, similaire à l’arbre des causes décrit par ailleurs. La méthode
est spécifiée dans la norme CEI 61025 : 1990 – Analyse par arbre de panne (AAP).
Cette méthode a été conçue pour les risques liés au process. Elle est donc bien adaptée
à l’industrie chimique, en particulier pour le risque de réaction incontrôlée. Son
principe est de choisir un système, de lister tous ses paramètres influents et d’examiner
tous leurs écarts possibles. Les paramètres du système sont typiquement :
– température ;
– pression ;
– poids, volume ;
– débit ;
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
– niveau ;
– concentration ;
– durée ;
– pH ;
– état d’un organe (marche/arrêt, ouvert/fermé).
Les écarts possibles de ces paramètres sont passés en revue à l’aide de mots guides
tels que :
– trop de ;
– pas assez de ;
139
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
– non fait ;
– en plus de ;
– en partie ;
– inverse ;
– autre ;
– avant, après ;
– …
Ce qui génère des hypothèses telles que : température trop haute, pas assez de
poids A, ouverture non faite, volume en partie dévié, marche à l’envers, fermeture
avant la fin, etc. Pour chacun de ces écarts, il faut indiquer une cause et des consé-
quences. On en déduit quels moyens de détection et quelles mesures correctrices
seront opportuns, en s’aidant d’un tableau comme celui-ci :
Système
« Que se passe-t-il si » est une méthode inductive. Pour les procédés relativement
simples, le mode opératoire est passé en revue. À chaque étape, on se demande ce
qui se passe si tel dysfonctionnement se produit et on répond en décrivant les
effets des défaillances de matériel ou des erreurs de procédure sur l’apparition de
dommages.
Pour les procédés plus complexes, la méthode utilise une « check-list » pour
balayer tous les dysfonctionnements et divise le travail de façon à confier l’étude
de certaines phases aux personnes qui ont la plus grande expérience ou habileté à
évaluer ces aspects. Elle est assez voisine de la méthode HAZOP, mais exige une
certaine compétence des personnes qui la pratiquent.
Toutes ces méthodes sont en fait très voisines. Ce qui est important à retenir, c’est
l’intérêt d’une double approche, déductive partant des dommages, et inductive
partant des déclencheurs pour un inventaire plus complet des événements dange-
reux envisageables.
140
3 • Pratique de l’analyse 3.2 Identification des risques
des risques chimiques
Incendie-explosion IE
Réactivité Re
Soit 8 risques par action. En réalité, cela revient à préciser la voie avec le type, sauf
pour l’incendie-explosion et la réactivité, qui s’ajoutent pour le risque accidentel.
On peut donc, par commodité, utiliser la liste de codes suivante :
C-In
C-Co
C-Tg
A-In
A-Co
A-Tg
A-IE
A-Re
Dans la pratique, après élimination des risques négligeables, il ne reste que 4 à 5 risques,
selon qu’il y a des inflammables ou pas. Pour chacun de ces risques élémentaires, il
reste à enregistrer tous les paramètres que nous appellerons qualitatifs et qui figurent
dans le tableau suivant :
141
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
142
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Niveau Phrases
ND VLEP ou DL50
de danger de risque
Durée
Indice
Fréquence
d’exposition
respiratoire Ir
Coefficient d’exposition R
Chronique
(métrologie ou estimation)
Niveau
NE
d’exposition
Durée
Indice
Fréquence
d’exposition
cutanée Ic
Coefficient d’exposition C (surface
de contact, concentration)
ND
Quantité
Niveau de Dommage le
NG
Gravité plus probable
Proximité
Nombre de personnes
Conception
Nombre de
Maintenance
déclencheurs
Facteurs humains
potentiels
Zone atex
Accidentel Nombre
d’étapes Complexité de l’environnement
du scénario
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Niveau de
NP Étendue
Probabilité Conception
de la zone
Propriétés du produit
dangereuse
Protection
Possibilité
Surveillance
d’évitement
Formation/information
143
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
de critères. Nous pensons qu’il est illusoire d’utiliser plus de 10 niveaux. Le choix
du nombre pair ou impair n’est pas anodin, puisque l’impair fixe un niveau juste
au milieu de l’échelle. Les partisans du nombre impair disent qu’il est plus facile
de se référer à une moyenne, et ses opposants disent qu’il ne faut pas être tenté de
s’y réfugier… L’étendue de l’échelle peut aussi varier selon le paramètre que l’on
cote, en fonction du nombre de variables dont il dépend.
2) Toute notre méthodologie d’estimation repose sur le caractère relatif de la cota-
tion. Cela veut dire concrètement que chaque paramètre est situé par rapport au
plus haut et au plus bas. Il est donc primordial d’examiner d’abord tous les
niveaux d’un paramètre donné pour l’ensemble des risques, puis d’affecter le plus
haut niveau, puis le plus bas, et enfin de coter tous les autres par rapport à ces deux
extrêmes. C’est pour cela qu’on ne peut coter les risques qu’une fois leur identifi-
cation terminée sur l’ensemble. Une cotation des risques réalisée au fur et à mesure
de l’identification perd tout caractère relatif et n’atteint pas son but. Dans les autres
méthodes que nous avons étudiées, ce point capital n’a jamais été mentionné.
3) La cotation peut être numérique ou pas. Dans le premier cas, on accède à la
cotation finale par une fonction mathématique, souvent l’addition ou le produit
des cotations des paramètres influents. Dans le cas contraire, la cotation se fait par
lettres ou par mots, et les combinaisons se font par matrice, qu’on appelle aussi
grille ou tableau, comme celles qui figurent aux paragraphes 2.4.4 et 2.5.5. Cette
option permet plus facilement de « doser » l’influence de chaque paramètre sur la
cotation finale.
La cotation des risques engage à terme ses auteurs sur une stratégie de prévention.
Pour éviter les tensions et désaccords ultérieurs, il est important que les trois règles
ci-dessus soient établies de façon collective et consensuelle.
C’est le plus facile puisqu’il existe des échelles de cotation, d’ailleurs absolues, à
partir des phrases de risque, comme cela est expliqué en détail au paragraphe 2.3.5.
Rappelons qu’il ne faut considérer que les phrases se rapportant à la famille de
danger correspondant au risque estimé. S’il y a plusieurs phrases, on retiendra le
plus haut niveau de danger obtenu. Pour illustrer ce point clé de la méthodologie,
prenons l’exemple des risques liés à l’utilisation d’une préparation affectée de la
classification suivante :
R23, R37/38, R60, R10.
La règle énoncée ci-dessus conduit à l’analyse de risque suivante :
144
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Incendie-
3 IE R10 Inflammable 2 2
explosion
La synthèse des niveaux, affectés d’une part aux phrases de risque de tous types
pour la réglementation actuelle, et d’autre part aux agents chimiques générés par
l’activité et non étiquetables, figure dans l’annexe 4.
Cette cotation est un minimum et peut être avantageusement complétée par des
phrases de risque affectées pour la circonstance. Par exemple : gaz de combustion,
R26, fumées de soudure inox, R23, R49, ce qui entraîne une nouvelle cotation
aux niveaux 5 et 4.
Ces tableaux, qui affichent cinq niveaux – mais il n’y en a que quatre réels –, sont
une référence permettant le consensus. Il est parfaitement admissible que des
modifications y soient apportées d’un commun accord, en fonction d’une expé-
rience ou d’une connaissance particulière des personnes concernées. Dans tous les
cas, il est préférable de déterminer le niveau de danger en accord avec le médecin
du travail.
Nous prendrons un exemple très simple pour illustrer ce point. Les effets de l’éthanol
(alcool éthylique) sur la santé ne sont plus à démontrer. Or sa classification se
limite strictement à R11, facilement inflammable. Ce produit est pourtant un solvant
industriel. Peut-on imaginer, en conséquence de son étiquetage, de négliger
l’exposition chronique aux vapeurs ?
Ce classement de niveau permet en outre une approche conforme à la réglementa-
tion qui prévoit des mesures spéciales pour certains produits dangereux (plomb,
amiante, etc.) ou catégories de produits (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
la reproduction).
145
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
La métrologie des agents chimiques susceptibles d’entrer en contact avec les personnes
n’est pas une technique d’accès facile. Il faut d’abord que l’agent chimique visé soit
mesurable. Ensuite, la technique est très différente selon qu’il s’agit d’une exposition
respiratoire ou cutanée. Pour la première, elle consiste à mesurer la concentration
d’une substance, ou d’une poussière, dans l’atmosphère de travail. Les pollutions
atmosphériques sont souvent des mélanges complexes. La mesure ne porte alors
que sur un ou deux composants du mélange. Quand l’ensemble des mesures est
réalisé sur le domaine de l’étude, on peut attribuer les coefficients d’exposition
respiratoire R, comme indiqué.
La métrologie concernant l’exposition cutanée est plus complexe. Elle consiste à
procéder à des prélèvements surfaciques, du type frottis, sur une surface donnée.
Elle peut être pratiquée sur la peau, mais aussi sur les objets, reflétant dans ce cas la
quantité qui se dépose. Dans le cas d’une préparation ou d’une dilution, il faut
tenir compte de la concentration du produit actif. Pour les concentrations surfaciques,
il existe peu de valeurs de références et aucune VLEP. Mais cela reste une indica-
tion précieuse pour procéder à des comparaisons dans l’espace et dans le temps.
En pratique, on en déduira le coefficient d’exposition cutanée C, en intégrant
l’importance de la surface de peau en contact.
Le dosage d’indicateurs biologiques d’exposition (IBE)1 dans les urines et le sang,
déjà évoqués au paragraphe 2.4.2, constitue un troisième type de métrologie, tout
aussi intéressant pour mettre en évidence une exposition déjà réalisée. La biomé-
trologie a l’avantage de rendre compte de la dose réellement absorbée par l’orga-
nisme. L’expérience a montré que le recours à cette technique peut remettre en
cause les estimations intuitives initiales, d’autant qu’elle est indépendante du
mode de contamination. Cette observation a été faite notamment avec le plomb et
certaines amines aromatiques. Elle a aussi des inconvénients, comme la contrainte
des analyses pour le personnel et le fait qu’elle ne soit qu’une méthode a posteriori.
Une métrologie doit évidemment être représentative de l’exposition pondérée, ce
qui suppose des séries de mesures pour pouvoir faire un minimum de statistiques,
surtout si les modes opératoires varient souvent. Pour ces diverses raisons, elle
n’apporte souvent qu’une information semi-quantitative, c’est-à-dire un ordre de
grandeur. Mais c’est souvent largement suffisant quand on procède par comparaisons.
m Expositions multiples
Un poste de travail peut induire une exposition à deux, ou plus, agents chimiques,
parce qu’ils sont présents simultanément dans l’atmosphère de travail ou parce
qu’ils sont manipulés simultanément. Comment traiter ce cas ? On peut assimiler
l’exposition multiple à une exposition simple à une préparation qui contiendrait
les différents agents présents. Pour analyser les risques qui en résultent, il faut
reconstituer la classification de cette préparation théorique. Cela est difficile parce
que la composition nous échappe dans ce cas. Il suffit alors, pour rester prudent,
1. Pour en savoir plus, consulter BIOTOX, Guide biotoxicologique pour les médecins du travail, INRS, ED 791,
2007.
146
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
d’additionner les phrases de risque de tous les composants, tout en éliminant les
redondances ou les dangers de niveau inférieur, comme dans l’exemple suivant,
qui pourrait se trouver dans une combustion de déchets :
Xylène R10-20/21-38
R23-21-35-61-33-40-62
Acide chlorhydrique R23-35
R10
Poussières de chromate de plomb R61-33-40-62
Si l’on veut estimer une exposition multiple par métrologie, il faut mesurer les
concentrations de tous les composants. Rappelons qu’il n’existe pas de VLEP pour
les mélanges, mais l’INRS a établi une règle qui considère que chaque substance
d’un mélange contribue à l’exposition. La valeur limite du mélange est obtenue
par le biais du rapport des concentrations atmosphériques (Cn) aux VLEP corres-
pondantes (VLn), selon la formule :
C1 C2 Cn
--------- - + … + ---------
- + --------- -≤1
VL 1 VL 2 VL n
EXEMPLE :
Exposition simultanée à l’éthanol (600 ppm), au xylène (25 ppm) et à l’ammoniac (2 ppm). Les
VME correspondantes sont 1 000 ppm, 50 ppm et 10 ppm. La convention d’additivité donne :
------------- + 25
600 2
- = 1,3
------ + -----
1 000 50 10
La valeur limite est donc dépassée, alors qu’aucun des composants ne dépasse sa propre valeur
limite.
m Facteurs d’exposition
Dans la majorité des cas, le coefficient d’exposition R sera le résultat d’une estima-
tion sans métrologie. Comme toute estimation, elle doit être le résultat d’une
approche collective, qui permet de synthétiser les avis, et relative, qui ne vise qu’à
situer les valeurs entre les extrêmes. Elle repose dans tous les cas sur l’observation
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
147
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Captage
Partiel Moyenne Aucune Faible
enveloppant
148
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Ventilation
Tout ouvert Faible Séchage de pièces Moyen
générale
Ventilation
Partiel Moyenne Pulvérisation Élevé
générale
Expositions cutanées :
Déplacement
Tout ouvert Poudre fine Aucune Moyen
de récipient
Transvasement de
Tout ouvert Moyenne Aucune Élevé
poudres
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Nettoyage manuel
Tout ouvert Forte Aucune Très élevé
au solvant
149
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Coefficients Niveau
Durée Fréquence Indice
Action d’exposition d’exposition
(min) (par jour) Ir
estimés (1 à 7) (1 à 5)
Pesée 20 4 3 240 4
Chargement 5 4 2 40 1
Déchargement 10 4 7 280 5
Transfert 5 4 1 20 1
Broyage 15 2 3 90 2
Conditionnement 10 2 2 40 1
Nuage toxique
5 Mort collective
Explosion
Émanation toxique
4 Mort individuelle
Anoxie
Perte de la vue
Lésion grave avec incapacité
3 Brûlure au 3e degré
permanente
Insuffisance respiratoire sévère
Intoxication temporaire
2 Lésion grave réversible
Brûlure chimique limitée
Migraine
1 Pathologie légère
Irritation
Dans beaucoup de cas, une échelle à trois niveaux suffit. Le tableau du para-
graphe 3.3.1 indique quels sont les paramètres influant sur le niveau de gravité.
Le premier paramètre est le niveau de danger de l’agent chimique. Lorsqu’il est
classé très toxique, et en général de niveau de danger égal à 5, le décès doit être
systématiquement envisagé. Mais l’inverse n’est pas juste, parce que la concentration
150
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
intervient. Ainsi, une exposition à des vapeurs de substance classée irritante (R38,
ND = 2) peut être fatale si la concentration atteint 5 % dans l’air. De même, une
substance classée 4 parce qu’appartenant aux CMR ne générera pas nécessaire-
ment de risque mortel à une exposition massive de 5 000 ppm. C’est pourquoi
chaque cas doit être examiné avec toutes les informations de toxicologie aiguë
disponibles. La même prudence doit être observée pour un scénario de réaction
dangereuse, parce que l’étiquetage ne rend que grossièrement compte de la réactivité.
La gravité d’un incendie ou d’une explosion ne dépend pas beaucoup du niveau de
danger, parce que les dommages sont toujours indirects. L’agent chimique ne joue
que le rôle d’initiateur et n’intervient que rarement sur les dommages finaux. Par
contre, le nombre de personnes exposées est un critère important pour la gravité,
puisque le rayon d’action de ces deux sinistres est très souvent très large et la zone
dangereuse inclut des postes de travail initialement sans rapport avec le poste que
l’on estime.
La proximité des personnes avec le point de départ du phénomène accidentel est
l’un des facteurs les plus influents. Dans les scénarios de projection, d’épandage,
de combustion soudaine et d’explosion, le facteur distance est déterminant. C’est
même un point d’appui majeur de la prévention, car il existe toujours une distance
qui place les personnes hors d’atteinte des événements dangereux. C’est pourquoi
il est utile d’estimer l’étendue de la zone dangereuse pour situer le dommage possible
lié à la proximité.
La quantité d’agent chimique présente est un autre facteur déterminant sur le niveau
de gravité. Elle l’est d’abord de façon évidente pour les expositions massives, car les
pics de concentration atmosphérique et les surfaces de contact cutané sont propor-
tionnels à la quantité impliquée dans le scénario d’accident. Pour les réactions
dangereuses, les incendies et les explosions, l’ampleur des dommages est quasiment
exponentielle par rapport aux quantités mises en jeu. C’est aussi un aspect qui
guide les choix de mesures de prévention.
151
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
pratique. Pour fixer les idées, voici quelques définitions de probabilité proposées
par la norme ISO 14121 :
Probabilité Définition
10 –1 Fréquent et attendu
10 –2 Possible
10 –3 Inhabituel
10 – 4 Isolé, rare
10 – 5 Envisageable à la limite
EXEMPLE CHIFFRÉ :
Un tuyau de produit corrosif a un raccord dont la fréquence de fuite est estimée à 1 jour sur cent.
Un opérateur est présent sous ce tuyau 1 heure sur huit par jour. La probabilité qu’il reçoive du
produit est de 1/100 ¥ 1/8 = 1/800. S’il y avait deux raccords, la probabilité serait de 1/400.
Les scénarios peuvent prendre la forme d’un arbre des défaillances quand on envi-
sage plusieurs précurseurs à un événement, ou plusieurs événements pour un
précurseur. Le schéma suivant en est un exemple typique :
E1
E6
E2 E4 E5
E7 E8
E3 dommage
E9
1. C’est du moins une approximation valable quand les probabilités sont faibles. Le calcul exact est fourni
par le théorème de Poincarré : si A ou B provoque E, alors PE = PA + PB – PA ¥ PB.
152
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Émission de vapeurs ou de poussières Mélange avec l’air LIE < C < LSE
Explosion
ou l’aérosol. La probabilité de l’atmosphère explosive est dans la plupart des cas voisine
de celle de l’émission de vapeurs ou d’aérosols, car la présence d’air et l’atteinte de
la concentration critique sont presque inévitables en dehors de toute mesure de
prévention. Or, la réglementation du travail demande, pour la prévention des
explosions, de définir les zones à risque en fonction des définitions suivantes1 :
– Zone 0 (vapeurs) ou 20 (poussières) : Emplacement où une atmosphère explosive
est présente en permanence, pendant de longues périodes ou fréquemment.
1. Arrêté du 8 juillet 2003 relatif à la protection des travailleurs susceptibles d’être exposés à une atmo-
sphère explosive.
153
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
Une fois les quatre paramètres fondamentaux fixés, il ne reste plus qu’à les
combiner pour obtenir la cotation finale de chaque risque sur l’échelle définie.
Pour cela, il faut appliquer la règle de combinaison que l’on s’est choisie, parmi
toutes les variantes décrites au paragraphe 2.4.4, à savoir :
– fonctions mathématiques : addition, multiplication, polynôme, etc. ;
– matrice de combinaison.
Les variantes permettent par exemple de privilégier l’influence du danger dans le
risque chronique ou celle de la gravité dans le risque accidentel. Pour mieux
observer l’influence de la formule sur la cotation finale, nous présentons différents
tableaux de combinaisons obtenus à partir d’une échelle de 1 à 5 pour les paramètres
et montrant la progression du niveau de risque.
154
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
NE/NP
1 2 3 4 5
1 2 3 4 5 6
NR = ND + NE (ou NG + NP)
2 3 4 5 6 7
Le résultat va de 2 à 10 ; il est symétrique.
ND/NG
3 4 5 6 7 8
4 5 6 7 8 9
5 6 7 8 9 10
NE/NP
1 2 3 4 5
1 1 2 3 4 5
NR = ND ¥ NE (NR = NG ¥ NP)
2 2 4 6 8 10
Le résultat va de 1 à 25 ; il est symétrique.
ND/NG
3 3 6 9 12 15
4 4 8 12 16 20
5 5 10 15 20 25
NE/NP
1 2 3 4 5
1 3 4 5 6 7
ND ¥ 2 + NE (ou NG ¥ 2 + NP)
Le résultat va de 3 à 15 ; il est 2 5 6 7 8 9
dissymétrique en faveur du ND/NG. ND/NG
3 7 8 9 10 11
4 9 10 11 12 13
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
5 11 12 13 14 15
L’inconvénient de ces formules est qu’elles génèrent des échelles finales très éten-
dues, avec une discontinuité, alors que le classement des risques paraît plus
compréhensible dans une échelle du même ordre que celle des paramètres et sans
discontinuité. On peut se rapprocher de cet objectif en prenant la racine carrée
(arrondie à 1 décimale) des fonctions qui utilisent un produit. Ainsi les deux
dernières formules deviendraient :
155
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
NE/NP
1 2 3 4 5
NE/NP
1 2 3 4 5
Pour ne garder que les avantages des différentes formules, et en particulier éviter
les cotations décimales, il ne reste plus que la matrice de combinaison, comme
celle qui suit :
NE/NP
1 2 3 4 5
4 4 4 5 5 6
5 5 5 6 6 7
156
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
m Risque chronique
Agent Xylène
Phrases R R20
Danger
Forme Vapeurs
ND 3
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Durée 15 min
Concentration 30 ppm
NE 2
157
3 • Pratique de l’analyse 3.3 Estimation des risques
des risques chimiques
m Risque accidentel
Agent Xylène
Phrases R10
Danger
Forme Vapeurs
NP 1
Il n’est pas rare que plusieurs événements dangereux concourent au même type de
risque, au même moment. Dans l’exemple précédent, pour le même risque « A-IE »,
on aurait pu inscrire pour l’événement dangereux : « étincelle électrostatique pendant
le chargement de l’étuve ». Il faut alors enregistrer autant de risques distincts que
d’événements dangereux différents, puisque l’estimation et les mesures de prévention
peuvent être différentes.
Ainsi, la réalisation d’un inventaire rationnel des risques conduit à créer pour chacun
d’eux une fiche signalétique comprenant une quinzaine de rubriques. En outre,
pour une action élémentaire ou une phase d’un procédé, on peut trouver couram-
ment 4 à 5 risques chimiques distincts, dans la mesure où un agent chimique est
présent. Cela fait, en théorie, une soixantaine de rubriques à renseigner par action
158
3 • Pratique de l’analyse 3.4 Fixation des priorités d’action
des risques chimiques
ou phase, sachant qu’il faut procéder en deux fois, une première pour l’identifica-
tion, et une seconde pour l’estimation. Dans la pratique, il se trouve que beaucoup
de données se répètent, d’où l’intérêt d’automatiser partiellement leur saisie avec un
outil informatique.
Plus une action ou une phase présente de risques, plus son niveau de risque est
élevé, et plus la priorité de correction est élevée, ce qui est bien le but recherché. Il
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
est alors possible de procéder à un classement final de toutes les actions ou phases
d’un système étudié par cote de risque décroissante, fixant les priorités du plan de
prévention qui reste à établir. L’ensemble du classement gagnera en clarté si l’on
adopte des classes de risques, par exemple de A à F, regroupant des actions présentant
un risque coté dans une des fourchettes préalablement établies. Ce classement peut
être présenté comme l’illustre le cas fictif présenté dans le tableau ci-après.
Le codage des actions qui rappelle l’opération dont elles font partie d’une part, et
des risques d’autre part (par exemple, C21 ou A32), permet d’accéder facilement
aux précisions utiles en cas de besoin. Ce principe sera exploité dans l’étude de cas
du chapitre 6.
159
3 • Pratique de l’analyse 3.4 Fixation des priorités d’action
des risques chimiques
In C25 3 In A27 2
P2-3 11
Co C26 1 IE A28 5
A
In C51 4 Re A53 3
R1-4 10
Co C52 3
In C13 2 IE A15 4
M3-5 8
Co C14 2
In C45 4
R1-2 Co C46 3 8
B
Tg C47 1
Co C8 3 Re A10 2
M2-1 7
Tg C9 2
1. L’article R. 4121-1 du Code du travail demande à l’employeur de transcrire et de mettre à jour les ré-
sultats de l’évaluation des risques dans un document unique comportant « un inventaire des risques
identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement ».
160
4 • PRATIQUE DE LA PRÉVENTION DES RISQUES
Danger Danger
Situation dangereuse
Exposition
Événement dangereux
Dommage Dommage
– la situation dangereuse ;
– l’événement dangereux ;
– l’exposition ;
– le dommage.
Cette liste constitue les objectifs de prévention. Il est important de s’y référer dans
toutes les solutions proposées pour ne pas perdre de vue leur hiérarchie d’efficacité.
Elle résume en fait les principes généraux de prévention figurant dans la réglemen-
tation1, mais en plus concis et plus structuré.
161
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
162
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
avait augmenté, comme l’attestent les nombreux accidents qui ont suivi ce genre
de substitution.
Il existe aussi une forme de suppression peu souvent évoquée, malgré son intérêt, c’est
celle de l’action exposante et non de l’agent chimique. En effet, un danger ne génère
de risque qu’à l’occasion d’une action humaine ou d’une phase de procédé exposant
à un effet chronique ou accidentel. Par une adaptation du procédé, il est parfois
possible de supprimer complètement cette phase, sans supprimer l’agent chimique.
On obtient ainsi une suppression de risque équivalente à celle de l’agent chimique.
Enfin, les déchets représentent un cas particulier, car il est possible dans certains cas
de réduire leur niveau de danger par un traitement physique ou chimique approprié.
Cette opération est appelée détoxication et fait l’objet du paragraphe 5.4.5.
par des grilles. Dans ce cas, la situation dangereuse reste à l’intérieur des grilles.
Nous avons vu que l’atmosphère explosive est un cas particulier de situation dange-
reuse. Sa suppression exige donc d’empêcher l’explosivité. On peut soit éliminer
le combustible par une substitution, soit éliminer l’oxygène par un inertage, soit
éliminer la concentration critique par dilution des vapeurs ou des poussières, en
ventilant au point d’émission. Par contre, le confinement n’est pas une bonne
solution dans la mesure où il n’empêche pas l’explosion à l’intérieur. Il n’est une
solution que si l’on est certain que l’explosion ne produira aucun dégât ou
dommage à l’extérieur. Ce principe est exploité dans la conception du matériel dit
« anti-déflagrant ».
163
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
164
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
Le troisième scénario est celui des mélanges de déchets chimiques dans un récipient
commun. Il s’avère que ce que l’on appelle trop vite « déchet » reste souvent un
réactif, capable de provoquer des réactions violentes avec émanations toxiques,
quelquefois longtemps après le mélange. La prévention de tels mélanges dangereux
est d’abord de considérer ces résidus comme tous les agents chimiques, c’est-à-dire
qu’ils seront placés séparément en stockage provisoire, dans des récipients adaptés
et pourvus d’un étiquetage réglementaire. Ensuite, il convient, dans la mesure du
possible, d’éliminer leur réactivité, ou leur toxicité, par un traitement chimique.
Après quoi ils pourront être regroupés dans des récipients communs, par famille
de produits compatibles entre eux.
réaliser un captage efficace, c’est pourquoi cela exige une compétence particulière,
qui n’est souvent pas aussi bien maîtrisée qu’il le faudrait. Pour diverses raisons, un
captage ne peut être total et son efficacité doit être évaluée avant de le sélectionner.
En pratique, c’est une des mesures les plus répandues pour l’exposition respiratoire,
en dépit des contraintes qu’elle induit.
Les poussières présentent une nuisance supérieure aux vapeurs en ce sens qu’elles
finissent, si elles ne sont pas captées, par se déposer dans l’environnement, dans un
espace qui est d’autant plus étendu qu’elles sont fines. Une fois déposées, elles sont
difficiles à éliminer puisqu’il faut les remettre en suspension, à l’aide d’un aspirateur
par exemple. Toutefois, l’humidification permet de les agglomérer et de supprimer
toute volatilité. C’est donc un moyen très efficace pour éviter ou réduire leur
165
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
166
4 • Pratique de la prévention 4.2 Recherche des mesures possibles
des risques
167
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
4.3.1 La substitution
La substitution d’un agent chimique par un produit ou un procédé moins dangereux
doit être tentée systématiquement au début de la recherche des mesures de prévention.
Pour cela, il faut suivre un cheminement logique, car il est rare qu’un produit ait
un remplaçant équivalent. La première étape est d’estimer les risques qu’il génère
selon la procédure établie. Ensuite il faut définir précisément les fonctions qu’il
remplit. Voici une liste indicative de propriétés attachées à un produit chimique :
– structure à inclure dans une synthèse chimique ;
– réactivité spécifique pour une réaction chimique ;
– solvant spécifique d’une réaction chimique ;
– élément chimique nécessaire ;
– effet tampon sur le pH ;
– potentiel redox ;
– pouvoir solvant d’autres composés ou matières ;
– aptitude à dissoudre un dépôt ;
– aptitude à décaper un support ;
– aptitude à dégraisser une famille de produits ;
– pouvoir gélifiant ;
– facilité d’évaporation ;
– pouvoir abrasif ;
– pouvoir lubrifiant ;
– aptitude à ne pas attaquer un support ;
– stabilité à la température ;
– viscosité particulière ;
168
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
– pouvoir antioxydant ;
– pouvoir oxydant ;
– combustible spécifique ;
– non-inflammabilité ;
– pénétration percutanée ;
– générateur d’odeur spécifique ;
– générateur de goût ;
– colorant solide, liquide ;
– antibactérien ;
– ….
Des centaines d’autres propriétés pourraient être décrites. Généralement, un
produit est utilisé pour plusieurs de ses propriétés, c’est pourquoi son remplace-
ment n’est souvent possible que par plusieurs autres produits, qui seront employés
soit en mélange, soit successivement. Dans presque tous les cas, la substitution
conduit à une modification de procédé ou de conception. Ce constat vaut par exemple
pour l’amiante, dont les diverses propriétés lui conféraient un large champ d’appli-
cations : résistance aux hautes températures, pouvoir isolant, structure fibreuse
intéressante en matériaux composites, etc. Toutes les solutions de substitution qui
sont apparues pour ce matériau ne reprennent souvent qu’une seule propriété.
Il faut ensuite jeter un regard critique sur les fonctions réellement indispensables,
ce qui nécessite d’examiner l’amont et l’aval de l’utilisation du produit. Une fois
bien cernées les propriétés à rechercher, ce qu’on appelle aussi analyse de la valeur,
il est possible de trouver nombre d’hypothèses de remplacement respectant ce
cahier des charges. Ces hypothèses sont alors soumises à expérimentation et validées
ou pas. Une ou plusieurs solutions peuvent alors se faire jour. La dernière étape est
de refaire l’estimation des risques liés à la solution envisagée et de la comparer avec
l’initiale.
Toutefois, il ne faut jamais renoncer prématurément à une solution, tant que l’on
n’a pas une vision globale du problème. L’expérience montre qu’un risque de niveau
équivalent, voire plus élevé, mais d’un type différent, peut être beaucoup plus facile à
maîtriser, ce qui conduit bien, in fine, à un risque résiduel nettement plus faible.
Attention, l’inverse est aussi vrai ! Ainsi, remplacer un produit solvanté par un produit
aqueux permet, certes, de supprimer les émissions de vapeurs et le risque incendie-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
explosion, mais il génère des effluents liquides très polluants dont le traitement
peut s’avérer problématique, aussi bien sur le plan environnemental que sanitaire.
169
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
B Sac plastique 50 kg 30 kg
Les différents seaux étaient ensuite versés dans le mélangeur. Cette opération était répétée 10 fois
par campagne de fabrication, pour consommer un fût entier de produit C. Les actions de peser et
de verser les seaux étaient très exposantes, malgré un captage localisé. Ayant renoncé à l’idée de
renforcer le captage des poussières, en raison des inconvénients inhérents à cette technique, l’entre-
prise s’est donné le temps de revoir le process, pourtant très simple.
Avec les conseils d’un fournisseur de mélangeurs, elle est arrivée à la conclusion qu’il fallait un
mélangeur plus grand pour ne faire qu’un mélange avec le contenu du fût de produit C. À cette
condition, les 30 pesées étaient réduites à une seule. L’entreprise a effectivement installé un mélan-
geur de 500 kg de capacité, et a réalisé un seul mélange par campagne, en remplissant directement
le mélangeur avec :
– 1 fût de produit C, soit 120 kg ;
– 6 sacs de produit B, soit 300 kg ;
– 1 fût de produit A, soit 100 kg ;
– 1 ajout de 10 kg de produit A, prélevé et pesé.
La tentation de supprimer la dernière pesée était forte, ce qui fut fait après validation de la nouvelle
composition. À l’occasion du changement de mélangeur, un équipement de captage de poussières
performant a été intégré, pour la phase de remplissage.
170
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
banal est celui du ciment. Il faut alors se demander s’il n’est pas possible d’incor-
porer l’eau plus tôt dans le procédé, ce qui supprime radicalement les poussières.
Cette idée est déjà exploitée dans la distribution au grand public, puisque l’on
trouve toutes sortes de joints, enduits, colles « prêts à l’emploi », qui contiennent
l’eau indispensable à leur application. C’est aussi un moyen de traiter les émissions
de poussières générées par des opérations mécaniques telles que ponçage, sciage ou
tronçonnage de pierre. Ce principe général de travail « à l’humide » est illustré par
l’exemple suivant.
EXEMPLE 2 :
Il s’agit de la suite de l’exemple 1, puisque la sortie du mélange pulvérulent du mélangeur et son
conditionnement en fûts restaient une source d’émission importante de poussières toxiques. En
prenant conscience que ce mélange était en fait utilisé sous forme de pâte, préparée par ajout d’un
peu d’eau juste avant l’emploi, l’entreprise a essayé d’ajouter l’eau au moment du mélange de
poudres, donc directement dans le mélangeur. L’incertitude portait sur la stabilité physique et
chimique de la pâte. Cette stabilité s’étant avérée très satisfaisante, le procédé a donc été aménagé
dans ce but. À l’usage, il s’est finalement montré porteur d’améliorations considérables. En effet,
outre le gain sur la santé, la sécurité et l’environnement, le mélange à l’état humide s’est révélé plus
homogène et le conditionnement plus aisé, avec une pesée automatique, et un produit fini prêt à
l’emploi.
4.3.3 L’éloignement
Tout risque naît du recoupement de l’activité humaine avec une zone dangereuse
créée par un agent chimique. Le bon sens veut qu’il suffise d’éviter ce recoupement
pour supprimer le risque. C’est moins simple en pratique puisqu’il faut d’abord
pouvoir estimer, même grossièrement, cette zone dangereuse. Plusieurs cas de figure
sont à distinguer. En présence d’une dispersion d’agent chimique, sous forme
vapeurs, poussières ou aérosol, qu’elle soit chronique ou accidentelle, il n’est pas
raisonnable de vouloir se tenir à une distance suffisante pour éviter tout contact.
Cela rendrait le travail impossible et ne résoudrait pas le problème de la pollution
environnementale. Il y a heureusement d’autres solutions plus simples.
L’éloignement comme mesure de prévention s’applique de préférence à toute
menace de projection, solide ou liquide. Si cette menace est bien localisée, il est
aussi plus facile d’avoir recours au confinement. Mais quand le point de départ des
projections est imprévisible ou multiple, l’éloignement est une réponse très sûre.
C’est donc une mesure quasi obligatoire en présence d’un risque d’incendie ou
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171
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
employés, notamment leur résistance au feu, jouent un rôle tout aussi déterminant sur
l’importation ou l’exportation d’un feu. La documentation1 et la réglementation2
sont abondantes sur ce sujet.
Le risque d’explosion impose tout autant l’obligation d’éloignement du local, mais
avec plus de sévérité, comme le suggèrent la soudaineté et la portée du phéno-
mène. D’ailleurs, la gravité du dommage exclut que l’éloignement soit la seule
mesure de prévention. Les autres mesures sont présentées au paragraphe 4.3.8.
Le risque de projection, en particulier de liquide, est en général davantage ignoré,
parce que les dommages ne sont pas souvent très graves, alors qu’ils sont assez
fréquents. Les projections sont de deux types. Le premier type regroupe toutes les
sorties de liquides poussés par une pression. La simple pression hydrostatique est
déjà suffisante pour provoquer des petits jets pouvant atteindre un visage. Même
un goutte-à-goutte provenant d’une fuite en hauteur peut causer des brûlures
chimiques. La mesure la plus simple est donc d’éloigner les récipients et canalisations
en charge de tout poste de travail ou de toute circulation quand le mode opératoire
ne l’exige pas. Mais il n’est pas évident de savoir quelle distance est suffisante pour
être hors de portée d’une fuite.
La portée d’un jet de liquide sortant d’un orifice est régie par des lois hydro-
dynamiques, en particulier la loi de Bernoulli, qui donne la vitesse d’écoulement
en fonction de la pression et de la section du trou :
V = k 2gh
V = vitesse en m/s ;
k = coefficient fonction de la forme du trou et de la viscosité ; il varie de 0,5 à 1 ;
g = accélération de la pesanteur = 10 m/s2 ;
h = pression intérieure exprimée en hauteur d’eau (m).
À sa sortie, le jet décrit en théorie une parabole avant d’atteindre le sol à une
certaine distance de son point de départ, qui ne dépend que de sa vitesse initiale et
de sa hauteur au-dessus du sol. Il est intéressant de connaître cette distance théorique,
qui constituera un maximum. Pour que le calcul reste simple, il faut supposer un
orifice horizontal sur une paroi verticale d’un récipient rempli d’eau. Les courbes
décrites par le jet dépendent de la hauteur du point de fuite, comme le montre le
diagramme présenté dans la figure 4.1.
Ce qui nous intéresse, c’est la distance du point d’impact au sol du jet par rapport
à la cuve. La formule qui donne cette distance théorique est :
d = 2 h(H – h)
d = distance du point de chute au pied de la cuve ;
h = hauteur du point de fuite ;
H = hauteur du liquide dans la cuve.
1. L’INRS propose un document synthétique permettant de trouver d’autres références : Incendie et lieux
de travail, ED 5005. Autres brochures plus complètes : Incendie et lieux de travail. Prévention et lutte
contre le feu (ED 990)
2. Voir le document INRS TJ 20 : Prévention des incendies sur les lieux de travail.
172
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
10,00
8,00
6,00
Hauteur
4,00
2,00
0,00
0,00 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00
Longueur
niveau du liquide
H/2
d=H
Cette valeur reste théorique, car un orifice de fuite a une forme complexe de nature à
diminuer la distance, mais celle-ci peut augmenter si le jet est incliné vers le haut.
Ces éléments font que l’on peut garder comme distance de sécurité la hauteur du
liquide par rapport au sol. Nous verrons que cette règle a des conséquences impor-
tantes dans le cas du stockage et de la conception des capacités de rétention en
particulier. Pour illustrer la sévérité de ce principe, il faut réaliser qu’une fuite
provenant d’un récipient ou d’une canalisation située à 6 mètres au-dessus d’un
niveau de travail et en charge d’un mètre a une portée maximum au sol de 5 mètres.
En outre, ces calculs ne valent que pour des pressions hydrostatiques. Mais si les
173
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
équipements sont pressurisés, pour diverses raisons, notamment à cause d’un pompage,
la portée des fuites peut être considérablement augmentée. Comme en général
l’espace est compté, c’est vers d’autres mesures qu’il faut alors se tourner.
4.3.4 Le confinement
Le confinement est la mesure fondamentale de tout risque chimique, le but ultime
à atteindre dans toutes les situations. En dehors des produits dont la présence est
naturelle dans l’environnement, comme l’air, l’eau, les aliments, la terre (et encore
avec certaines restrictions), tout agent chimique doit être contenu dans une enve-
loppe étanche, que ce soit pour le stockage ou l’utilisation. Dans ce dernier cas,
on parle plutôt de système clos. Il est évident qu’un agent chimique isolé de
l’espace de vie ou de travail ne peut entrer en contact avec le corps humain, que
ce soit de façon chronique ou accidentelle. Toutefois, pour le risque d’explosion
ou de réaction dangereuse, le confinement n’est une réponse valable qu’avec des
précautions particulières concernant la résistance et le dimensionnement de l’enceinte
de confinement.
Pour être efficace, un confinement doit être complet, car la moindre ouverture peut
être la source d’expositions chroniques ou massives. Cette ouverture, qui interrompt
la protection, est soit spatiale (par exemple les orifices de remplissage ou de vidange),
soit temporaire (par exemple pour les emballages ou les couvercles de cuves). Ces
ouvertures partielles sont difficiles à éviter, rendant finalement le confinement complet
assez rare malgré sa simplicité de principe. Comment pratiquer de la peinture ou
du nettoyage en système clos ? L’expérience montre qu’une installation doit être
conçue dans cet objectif pour respecter la continuité du confinement. C’est souvent
le cas des installations industrielles, dans lesquelles le confinement est une retombée
de l’objectif de production en grandes quantités avec un personnel restreint.
Heureusement, il existe de nombreuses solutions de confinement pour de petites
installations. La meilleure illustration en est les machines à laver de tous types, de
la machine domestique jusqu’à l’industrielle. Cet exemple montre que le confine-
ment total n’est possible qu’avec l’aide apportée par l’automatisation. Grâce à la
banalisation de l’électronique et de l’informatique, l’automatisation est accessible à
des équipements de technologie sommaire, ou à faible taux d’utilisation. Ainsi,
dans le champ du risque chimique, il existe une offre variée de matériel de pesée et
de volumétrie électronique. Pour les transferts, il existe des solutions mécaniques
aussi développées pour les solides que pour les liquides. Souvent, l’équipement
idoine n’est pas disponible sur le marché, mais peut être construit spécialement
par un assemblage d’éléments disponibles. Un système clos appliqué à un équipe-
ment de production ne peut jouer son rôle de prévention que s’il a été conçu pour
cela. Tout « bricolage » est à proscrire en dehors du cadre de la mise au point. En
effet, son efficacité amène les opérateurs à placer vite une telle confiance dans le
système que leur prudence s’en trouve relâchée.
On peut distinguer trois niveaux de systèmes clos. Le premier est constitué par
l’enveloppe de l’équipement lui-même, qui doit donc contenir tous les accessoires
nécessaires, amont et aval. C’est par exemple le cas des machines à dégraisser modernes
et de tous les équipements assurant des opérations répétitives. Les laboratoires
174
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
d’analyse offrent ainsi un large marché aux automates dans les domaines chimique
et biologique. Le deuxième niveau est une enceinte construite autour et au plus
près d’un équipement qui n’est qu’imparfaitement clos. Cette solution se rencontre
par exemple pour des broyeurs ou des essoreuses. Enfin, le troisième niveau est
constitué par un local entier contenant un ensemble d’équipements. Évidemment,
un tel local est normalement inoccupé et toutes les commandes et contrôles sont
renvoyés à l’extérieur. L’industrie chimique et pharmaceutique utilise couramment
ce principe (voir paragraphe 5.2.2), qui devrait être adopté dans bien d’autres
activités.
En réalité, ce n’est pas le manque de solutions techniques qui freine le recours au
confinement, mais la modification des habitudes et de l’organisation du travail que
cela entraîne. L’expérience montre en effet que le passage à une mécanisation des
manipulations, voire leur automatisation, remet en cause les modes opératoires.
Reprenons l’exemple de l’introduction d’une machine à dégraisser. Pour que le
dégraissage se passe bien, il faut que le matériel à dégraisser ait une forme et une
matière adaptées. Il faut aussi procéder par lot, selon un cycle imposé, et anticiper
l’amont et l’aval, par exemple mise en panier et sortie. Le changement est souvent
assez profond pour créer des résistances et des échecs.
Un confinement réussi passe par une observation détaillée des modes opératoires
et de l’analyse des modes de défaillance. La plupart des ruptures de confinement
attribuables à l’homme s’expliquent par le besoin de faire face à un geste imprévu,
parce qu’il échappait à l’attention avant. Il peut s’agir d’un réglage mécanique,
d’un contrôle visuel, d’un remplacement de pièce d’usure, etc. Une bonne solution
est de pratiquer des ouvertures restreintes dans l’enveloppe, permettant d’exécuter
ces gestes puis de refermer sans difficulté. Cet exemple démontre que l’ergonomie
ne peut jamais être écartée d’une mesure de prévention efficace.
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175
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Il est en tout cas recommandé de procéder par étapes et de ne pas forcément viser
le confinement total. La règle de l’ergonomie optimale doit toujours présider aux
choix des solutions. Cela conduit parfois à opter pour une association de phases
confinées et de phases ouvertes, choisies en fonction de l’estimation des risques
présentés. Cela démontre encore l’importance de l’estimation des risques dans
l’orientation des mesures de prévention. Ainsi, des applications de peinture ou de
colle pourront rester manuelles, moyennant d’autres mesures de protection, alors
que la préparation des produits et le séchage des pièces seront confinés.
Un autre obstacle au confinement, donc à la mécanisation et à l’automatisation,
provient du fait que les opérations concernées sont relativement rares ou en petite
série. Il est vrai que cette option nécessite la plupart du temps un investissement
conséquent, qui appelle un amortissement suffisant. L’erreur est de rapporter
uniquement l’amortissement sur la quantité, sans intégrer la qualité et la productivité.
En effet, il est un domaine dans lequel la supériorité de la machine sur l’homme
s’affirme, c’est celui de la reproductibilité et de la disponibilité. Ces points sont
fréquemment à l’origine de gains aussi bien de qualité que de productivité. Nous
pouvons citer le cas d’une ligne de chromage électrolytique qui s’est avérée globa-
lement rentable après sa totale automatisation, malgré une utilisation limitée à
quelques pièces par jour. Au départ, c’est le confinement complet qui était visé, en
raison de l’évolution de la réglementation, puis, à l’usage, la qualité et les délais de
livraison ont été considérablement améliorés.
En conclusion, le confinement est la meilleure façon de réduire, voire de supprimer,
les expositions chroniques et les situations dangereuses, après la réduction du
niveau de danger et avant le captage des émissions, qui est encore, avec les protec-
tions individuelles, la solution privilégiée aussi bien par les utilisateurs de produits
chimiques que par les conseillers en prévention.
176
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Sans captage
aspiration
mique, ce qui relève d’une certaine compétence, plus importante que ce que l’intui-
tion pourrait laisser penser. Nombre d’organismes spécialisés ont conduit des études
dans ce domaine, afin d’établir des règles pratiques pour la conception des systèmes
de captage à l’air. En particulier, l’INRS a investi des moyens importants sur ce
thème et propose de nombreuses brochures spécialisées dans des activités particu-
lières. L’annexe 11 fournit la liste de celles qui sont disponibles à ce jour. Elles ne
font que décliner à des situations particulières des principes généraux de ventilation,
exposés dans le premier des « Guides pratiques ». Voici ces neufs principes :
– envelopper au maximum la zone de production de polluants ;
– capter au plus près de la zone d’émission ;
177
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
– placer le dispositif d’aspiration de manière que l’opérateur ne soit pas entre celui-ci
et la source de pollution ;
– utiliser les mouvements naturels des polluants ;
– induire une vitesse d’air suffisante ;
– répartir uniformément les vitesses d’air au niveau de la zone de captage ;
– compenser les sorties d’air par des entrées d’air correspondantes ;
– éviter les courants d’air et les sensations d’inconfort thermique ;
– rejeter l’air pollué en dehors des zones d’entrée d’air neuf.
Il est intéressant non pas d’expliquer à nouveau en détail ces neuf principes, mais
de revenir sur leur fondement. Pour ce faire, nous nous référons aux travaux de
Pouyès, ancien ingénieur-conseil à la CRAM d’Auvergne, qui ont démontré expé-
rimentalement que la vitesse de diffusion d’une particule ou d’une molécule par
rapport à l’air ne dépasse jamais 0,4 m/s. Tout captage doit alors générer une
vitesse minimum d’air de cette valeur pour pouvoir entraîner complètement les
polluants. Toute la difficulté de conception d’un bon captage réside dans l’obtention
de cette vitesse d’air en tout point de la zone de diffusion.
Un orifice d’aspiration, comme l’extrémité d’une gaine, génère une vitesse d’air v0
liée au débit D par la simple relation :
v0 = D/s
s étant la section de la gaine. Mais, dès que l’on s’éloigne du plan de l’orifice, la
section de passage de l’air s’élargit et la vitesse chute rapidement1.
0
% du diamètre
100 %
60 %
50
30 %
15 %
100
7,5 %
Si l’espace est libre autour de l’orifice, on obtient une vitesse v1 inférieure à une
distance d1 de l’orifice. v1 décroît alors comme le carré de d1, puisque la section de
passage de l’air est théoriquement une surface sphérique.
v d 2
Nous observons que ----2 = ⎛ ----1-⎞ .
v1 ⎝ d 2⎠
1. D’après DALLAVALLE J.M., Exhaust hoods, 2e éd., New York, Industrial Press, 1952.
178
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
v2 v1
d1 v0
d2
Cette loi aéraulique montre qu’un simple orifice n’est efficace qu’à très faible distance
et pour une source ponctuelle et à débit modéré. Pour éviter d’avoir recours à des
débits importants (voir paragraphe suivant), il faut limiter la section de passage de
l’air entraîné, c’est-à-dire canaliser le flux dans la zone utile. Un simple calcul
montre l’intérêt de ce principe :
Supposons qu’un orifice d’aspiration, de diamètre 10 cm, génère une vitesse d’air
de 10 m/s sur son plan. À une distance de 30 cm de l’orifice, la vitesse n’est plus
que d’environ 0,08 m/s.
Si l’aspiration est raccordée à une gaine de 0,5 m de diamètre, la vitesse d’air à la
même distance de l’orifice est d’environ 0,4 m/s, soit 5 fois supérieure. En outre,
cette vitesse est indépendante de la distance à l’orifice, tant qu’on est à l’intérieur de la
canalisation. C’est cette propriété qui est exploitée avec les captages enveloppants
et toutes les enceintes ventilées, autant de dispositifs largement proposés dans les
différents guides pratiques de ventilation de l’INRS.
v1 = v0 /120
v1= v0/25
3d v0
d
3d v0
5d
0,3 m. Il faut toutefois bien noter que les 0,4 m/s représentent une vitesse absolue
par rapport à l’aspiration, ce qui veut dire que s’il existe un courant, naturel ou
artificiel, de l’air pollué, il est nécessaire soit de le neutraliser, soit de l’intégrer dans
le calcul. Une exigence qualitative s’ajoute à ces chiffres, c’est la stabilité du vecteur
vitesse, en intensité comme en direction, l’idéal étant d’arriver à un flux laminaire.
Comme cela est pratiquement impossible, la perte d’efficacité liée aux turbulences
inévitables dans un poste de travail doit être compensée par des vitesses un peu
supérieures, de l’ordre de 0,5 à 0,7 m/s.
Deux catégories d’enceintes ventilées se rencontrent en pratique. La première
regroupe les enceintes qui laissent l’opérateur à l’extérieur. La seconde concerne les
enceintes qui le contiennent et que l’on appelle plutôt cabines ventilées.
179
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
m Enceintes ventilées
C’est sans doute le système de ventilation le plus répandu, illustré par la « sorbonne »
de laboratoire, dont le schéma suit :
vers ventilateur
écran mobile
180
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Une enceinte ventilée ne doit être conçue qu’après observation attentive des
modes opératoires. En effet, l’une des raisons qui expliquent des échecs dans
l’utilisation de ce type de protection est la gêne provoqué par l’enceinte elle-
même. Cela se traduit par une difficulté d’introduire et de manipuler des pièces
un peu encombrantes, ou des emballages, ou des outils, voire une difficulté
d’examiner correctement le travail. Pour illustrer ce type d’écueil, on peut citer le
cas du polissage de pièces chromées, plus précisément des pare-chocs d’automo-
biles, pour lequel il n’a jamais été possible de réaliser un vrai captage envelop-
pant. Ce cas montre encore qu’une bonne solution demande souvent de revoir
complètement les modes opératoires et l’organisation du travail, ce qui ne va pas
sans problèmes humains.
Une autre caractéristique de l’enceinte ventilée est qu’elle est aussi, par conception,
une forme de confinement, avec tous les avantages décrits au paragraphe précé-
dent. Elle peut en effet être presque totalement close et la frontière avec le système
clos n’est pas évidente. La ventilation d’une telle enceinte devient insignifiante,
puisqu’elle ne dépend que de la section libre de passage de l’air. Toutefois, l’ouver-
ture est généralement variable, en raison de la nécessité d’ouvrir un capot, un
écran ou un couvercle pour certaines phases. Pour assurer la continuité de la
protection par une vitesse d’air minimale, il faut alors disposer d’un débit variable,
par asservissement à l’ouverture du système, ce qui n’est pas simple.
Le principe de l’enceinte ventilée est très souple et peut prendre des formes parti-
culières pour certaines situations illustrées par les deux exemples suivants.
Table aspirante :
Lorsque les objets à traiter avec des produits chimiques sont de forme plate, on
peut utiliser des tables aspirantes, dont la conception est très simple :
aspiration
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181
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Trémie aspirante :
Un problème récurent dans la manipulation des produits chimiques pulvérulents
est leur facilité à émettre un nuage de poussières dès qu’on les transfère d’un emballage
à un récipient ou à un autre emballage. Cette phase de travail est l’une des plus
émissives en raison de deux phénomènes : d’une part, la chute des particules dans de
l’air immobile tend à les disperser en suspension, d’autre part, le volume d’air déplacé
par le remplissage du récipient provoque un courant en sens inverse de la chute des
particules, ce qui amplifie la mise en suspension. Cette observation a conduit Pouyès
à imaginer un dispositif dans lequel un courant d’air est créé dans le sens de la
chute des particules, pendant que l’air déplacé est extrait sans rencontrer les parti-
cules. C’est le fameux « anneau de Pouyès », qui a conquis l’industrie chimique.
produit
gaine annulaire
trémie
aspiration
air chassé
Ce dispositif, qui connaît nombre de variantes, est relativement peu onéreux tout en
étant d’une efficacité surprenante. Il peut être démontable et nettoyable facilement.
Séchoirs et étuves :
Le séchage des produits et matières est aussi un domaine d’application privilégié
des enceintes ventilées. Tout séchage libère des vapeurs organiques ou minérales, que
l’on laisse souvent se diluer dans l’air ambiant chaque fois que la nuisance olfactive
paraît supportable. Pourtant, la pollution de l’environnement et l’exposition chro-
nique qui en résultent sont bien réelles. Le principe du séchoir ou d’une étuve
répond à la définition d’une enceinte ventilée, en accélérant le séchage naturel par
la double action du renouvellement de l’air au contact du produit et de la tempé-
rature éventuelle. Il s’agit en fait de déplacer l’équilibre qui tend à s’établir entre la
pression de vapeur saturante et l’évaporation. Les séchoirs et étuves présentent
deux avantages majeurs. D’une part, ils peuvent être facilement clos et ne demandent
ainsi qu’un faible débit d’air. D’autre part, les vapeurs émises sont bien canalisées
et peuvent facilement faire l’objet d’un traitement approprié. Dans l’industrie
chimique, le séchage peut être poussé en mettant le séchoir sous vide et le produit
en mouvement, comme dans le schéma suivant.
182
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
aspiration
chargement
filtre
moteur
mobile d’agitation
déchargement
Tunnels de séchage :
Cependant, les séchoirs ne sont généralement que des systèmes à confinement
temporaire, les émissions à l’air libre ayant lieu juste en amont, au chargement du
produit humide, et en aval, au déchargement du produit sec, du moins quand il
est pulvérulent. C’est pourquoi ils doivent être couplés avec des postes de chargement
et de déchargement ventilés. Autre solution plus performante : l’enceinte ventilée
en fonctionnement continu, qui permet un confinement quasi total. Pour mieux
comprendre ce principe, nous décrivons ci-après un exemple pris dans l’activité de
la sérigraphie, connue pour ses nombreuses sources d’émission de vapeurs organiques.
Rappelons que ce procédé d’impression consiste à déposer de l’encre solvantée, via
un écran semi-perméable, sur un support plat. Les supports imprimés doivent
ensuite perdre tout le solvant contenu dans l’encre. Il existe pour cette opération
des séchoirs en continu, constitués d’une bande transporteuse passant dans un
tunnel ventilé et éventuellement chauffé. La conception du poste de travail suit le
schéma suivant :
dépôt des
feuilles aspiration
imprimées
cabine ventilée
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sortie
tunnel de feuilles
séchage sèches
machine à
sérigraphier
183
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Compte tenu des temps de séchage, le tunnel peut être assez long, ce qui exige un local
de dimensions appropriées.
m Cabines ventilées
L’application d’une peinture ou d’un vernis sur un objet, à la brosse et surtout par
pulvérisation, impose l’usage d’une enceinte ventilée pour capter les vapeurs et
aérosols émis. La première solution à examiner dans ce cas est la robotisation de
l’opération, car cette technique est maintenant abordable, même pour de petites
productions. Elle permet un confinement complet et un minimum de renouvelle-
ment d’air à l’intérieur, renouvellement toutefois nécessaire pour éviter une atmos-
phère explosive. Si la robotisation n’est pas possible, une cabine ouverte permet de
faire ce travail, tant que les objets ne sont pas trop encombrants. On retrouve le
principe de la sorbonne présenté précédemment, aménagé pour recevoir des aérosols.
Un plateau tournant permet d’atteindre toutes les faces de l’objet. Les aérosols sont
arrêtés sur le filtre, qu’il faut donc changer régulièrement.
aspiration
plateau tournant
Le débit d’air est toujours calculé sur la base de 0,5 m/s au niveau du plan frontal.
Lorsque les objets sont de grandes dimensions, tels que les véhicules, l’huisserie,
etc., l’opérateur doit se trouver à l’intérieur de l’enceinte ventilée pour pouvoir
accomplir normalement sa tâche. Il s’agit alors d’une cabine ventilée qui répond à
certaines exigences de conception. Si l’opérateur n’a pas à se déplacer, une cabine à
flux horizontal suffit, construite sur les mêmes bases que celle citée plus haut.
Toutefois, il faut veiller à ce que l’opérateur ne se trouve jamais dans le flux pollué,
entre l’objet et la paroi aspirante. Sa conception étant assez simple, elle peut être
rendue mobile pour être disponible sur un chantier.
Lorsque des déplacements sont nécessaires autour de l’objet à peindre, il faut utiliser
une cabine à flux vertical. Cette cabine est totalement close, l’air arrivant par le
plafond et repartant par le sol, au travers de larges surfaces filtrées. C’est la cabine de
peinture, largement utilisée par les carrossiers automobiles. Avec ce dispositif du
184
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
flux d’air de haut en bas, l’opérateur est protégé des émissions en tout point de la
cabine, tant qu’elles ne sont pas produites trop haut.
plafond soufflant
sol aspirant
Pour ces cabines, une vitesse d’air d’environ 0,4 m/s, bien répartie, est correcte.
L’air chargé d’aérosols est purifié soit par filtre sec, soit par rideau d’eau. D’autres
dispositifs de sécurité assurent la protection en cas de panne et la prévention des
atmosphères explosives. Il est facile de calculer que de telles cabines exigent des
débits d’air considérables. Par exemple, une cabine de 4 m ¥ 6 m demande un débit
d’environ 34 000 m3/h, qu’il faut éventuellement chauffer1.
Cette solution est applicable pour tous types d’objets encombrants et pour les
émissions de poussières. Elle peut être utilisée par exemple pour la peinture électro-
statique en poudre et pour la taille ou la sculpture de pierre. Ces applications
demandent un savoir-faire propre aux constructeurs spécialisés2.
m Outils aspirants
Dans la liste des sources d’émission de poussières, les outils électroportatifs occupent
une place importante. Il s’agit principalement des ponceuses de tous types, des
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
meuleuses, des perceuses et perforateurs, des scies, des burineurs, etc. Comme ils
sont souvent employés sur des chantiers mobiles, il est difficile de les utiliser dans
une enceinte ventilée. Toutefois, cette difficulté est plutôt surestimée par les
professionnels, car il serait parfois possible d’adapter de petites enceintes mobiles
qui suivent l’outil. Avec une demande suffisante, ce type d’équipement progresserait
sûrement. À défaut, on voit plutôt se développer des outils aspirants, c’est-à-dire
munis d’un petit capteur enveloppant le point d’impact, avec une intégration plus
ou moins réussie.
185
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Figure 4.16 – Ponceuse aspirante (Photo : Facom) – Meuleuse aspirante (Photo : Dynabrade)
– Scie aspirante (Photo : Makita).
m La problématique de la ventilation
Tous les systèmes de captage des gaz, vapeurs, poussières et aérosols permettent de
bien soustraire les personnes aux expositions correspondantes et, dans une certaine
mesure, de réduire les risques d’expositions massives et d’incendie-explosion. Encore
faut-il qu’ils soient réalisés dans les règles de l’art et maintenus dans leurs perfor-
mances nominales. C’est pourquoi le captage est sans doute la mesure de prévention
la plus répandue pour le risque chimique. Pourtant, le recours à la ventilation n’est
en fait qu’un déplacement de problème, puisque les polluants captés sont transportés
pour être soit récupérés, soit rejetés dans l’atmosphère. Dans le premier cas, ils se
retrouvent sur un filtre ou un support chimique ou physique, qui deviennent de
nouveaux déchets. Dans le second cas, ils rejoignent l’environnement et participent à
sa pollution. En outre, si les polluants captés sont des aérosols ou des poussières, ils
donneront lieu à des dépôts sur leur parcours, ce qui pose à nouveau des problèmes
de maintenance et de pollution. Cela dit, si l’installation a bien été conçue en intégrant
ce problème, la maintenance et la récupération peuvent devenir faciles et ne pas
présenter de risque sensible.
m Les nuisances
186
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Le bruit :
Le bruit aérodynamique de l’air est fonction de plusieurs paramètres, dont les
principaux sont la vitesse de l’air, la forme et le nombre des capteurs, le type de
gaine, le type de ventilateur et l’implantation du réseau. Une installation de
captage, même modeste, peut générer un bruit propre à rendre le travail très
pénible, sachant qu’elle doit normalement fonctionner pendant toute la durée du
travail. L’expérience montre que les opérateurs sont tentés d’arrêter la ventilation,
voire de ne pas la mettre en marche, alors qu’elle les protège d’une exposition. Il
existe des règles de l’art qui contribuent à minimiser le bruit aéraulique. En voici
quelques-unes :
– faible vitesse d’air dans les gaines. Dans la zone à protéger, la vitesse est nécessai-
rement de 0,5 m/s, mais dans les gaines, elle est forcément très supérieure. Il
faut éviter de dépasser 10 m/s, sachant que c’est la section des gaines qui est le
paramètre limitant ;
– orifices d’aspiration avec angles arrondis, de façon à éviter les effets de sifflets, ce
qui n’est pas souvent possible ;
– ventilateur de type centrifuge, placé loin des postes de travail ;
– gaines lisses et coudes à grands rayons, en matériaux résilients ;
– gaines et ventilateur placés dans une enceinte phoniquement isolante, l’idéal étant
de placer le ventilateur et ses annexes dans un local séparé.
L’encombrement :
L’enceinte enveloppant la zone dangereuse constitue déjà une limitation de l’espace
de travail. Nous avons vu qu’elle pouvait constituer un véritable obstacle pour
manipuler des objets encombrants. Ensuite, le circuit de gaines génère un autre
encombrement important. Il l’est d’autant plus que les sections de gaines sont de
préférence élevées, pour limiter le bruit. Ce problème est résolu en général à la
conception d’un local, en prévoyant un faux plafond ou un faux plancher de
dimensions suffisantes. Il faut savoir qu’en présence de polluants chimiques, il y a
des règles de compatibilité à respecter, qui peuvent conduire à multiplier les circuits
de gaines indépendants. Enfin, un ventilateur performant est toujours volumineux,
car une basse vitesse de rotation est préférable, sans compter les annexes comme
les filtres, les réducteurs, les conduits d’évacuation, etc.
La nature des polluants peut nécessiter un traitement d’épuration qui demande une
installation elle-même très encombrante, comme tout circuit aéraulique. L’épuration
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
187
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
8m
entrées
d’air 3m
de 8 m 2 rejet d’air
possible à
4 000 m3/h
Pour des débits relatifs plus élevés, il faut installer un système de compensation
mécanique, c’est-à-dire utilisant un ventilateur, pour faire entrer de l’air à un débit
voisin de celui du rejet à l’extérieur. En outre, le jet d’air produit par un ventilateur
est trop directionnel, ce qui engendre une gêne pour le personnel et des perturbations
dans l’élimination des polluants. C’est pourquoi le ventilateur doit souffler à travers
un système de répartition de l’air sur une surface suffisante pour réduire sa vitesse à
moins de 0,1 m/s. Cette répartition peut être réalisée soit par des caissons équipés
188
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
de filtres, soit par une multiplication des bouches d’air, soit encore par une gaine
soufflante en textile poreux.
Même bien réparti, l’air qui vient de l’extérieur a la température de l’extérieur. En
saison froide, son effet de refroidissement des locaux est difficilement combattu
par le chauffage existant. La sensation de froid est renforcée par le courant d’air
généré, même faible. D’où la nécessité de réchauffer l’air entrant par tout dispo-
sitif adéquat. Notons que le réchauffage de l’air de compensation contribue encore
à l’encombrement créé par la ventilation. Par contre, il peut très bien venir en
complément, voire en remplacement du système principal de chauffage des locaux.
Mieux encore, si la compensation est équipée d’une source de froid, elle peut
rafraîchir l’air entrant en saison chaude, constituant ainsi une vraie climatisation.
Mais tout cela a un coût.
Le coût de fonctionnement :
Outre l’investissement, une installation de captage des émissions sur plusieurs
postes, telle que figurant sur le schéma suivant, a un coût de fonctionnement non
négligeable. Il comprend tout ou partie des éléments suivants :
– l’électricité pour le fonctionnement des ventilateurs ;
– l’énergie de chauffage de l’air entrant ;
– les consommables, tels que filtres, produits d’épuration ;
– la main-d’œuvre de maintenance ;
– le supplément de produits volatils consommés ;
– le traitement de l’air rejeté ;
– l’élimination des déchets.
Les deux premiers postes représentent la plus grosse part. Sans pouvoir donner de
valeurs tant il y a d’options possibles, ce coût est directement proportionnel au débit
d’air global. Il peut toutefois être minimisé en adoptant les précautions suivantes :
– choisir des ventilateurs à haut rendement et concevoir un circuit de ventilation
à faible perte de charge (longueur, section, coudes, etc.) ;
– recycler la chaleur de l’air sortant dans l’air rentrant par le biais d’un échangeur
air/air ; calorifuger toutes les gaines (ce qui réduit aussi le bruit) ; le recyclage de
l’air lui-même ne serait acceptable qu’avec une épuration complète et sans
défaillance possible ;
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
m Schéma général
Le poste épuration fait appel à des compétences spécialisées. Nous en donnons des
éléments de compréhension au paragraphe 5.4.5. Il doit être intégré dans tout
projet de ventilation, car il est devenu inévitable et gagne en efficacité et en coût à
être inclus au départ de l’étude.
189
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
gaine de soufflage
gaine d’aspiration
épuration
postes
à capter
190
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
privilégier les plus toxiques ou les plus sensibles. Il n’existe pas de technique de
dosage pour tous les produits, mais au moins pour les plus dangereux. Pour le
risque d’asphyxie, il suffit de vérifier le taux d’oxygène. Pour le risque d’explosion,
il suffit de tester la teneur en vapeurs combustibles. Mais on peut aussi cibler un
inflammable particulier quand il est le seul possible.
La deuxième question revient à choisir entre une mesure discontinue et une mesure
continue. La première comporte généralement un prélèvement d’atmosphère, qui
peut être manuel ou automatique, suivi d’un dosage plus ou moins complexe, car
les techniques d’analyse peuvent être chimiques, physiques ou les deux. Le délai de
réponse peut varier de quelques minutes à quelques jours. Les mesures continues
sont obtenues avec des appareils utilisant le signal d’un capteur spécifique. Elles
ont le gros avantage que représente une information immédiate, qui permet par
exemple, après comparaison de la mesure avec une valeur de consigne, de déclencher
une alarme et, mieux encore, des actions correctrices, comme un arrêt de processus,
une ventilation de secours, un inertage, etc. Leur principal inconvénient réside
dans leur fiabilité incertaine. C’est pourquoi une mesure par capteur exige des
étalonnages et des tests réguliers.
Dans l’hypothèse d’une exposition chronique, une surveillance discontinue est géné-
ralement suffisante, mais elle doit néanmoins être périodique, spécialement pour
les produits classés CMR. Si le risque est de nature accidentelle, un contrôle continu
s’impose. Ce contrôle doit même être redondant dans les espaces confinés. On
trouve facilement sur le marché des détecteurs performants, par exemple pour l’oxyde
de carbone, le cyanure et le sulfure d’hydrogène, le chlore, la teneur en oxygène,
l’explosivité, etc. Ces appareils existent aussi pour la plupart en version portable.
L’emplacement du point de mesure est choisi, en tout bon sens, dans l’espace où il
peut y avoir une présence humaine, régulière ou occasionnelle. Toutefois, pour
anticiper sur l’apparition d’une situation dangereuse, les prélèvements ou les capteurs
gagneront à être placés à la source probable d’une émission dangereuse. Par exemple
à proximité immédiate des contenants de produits toxiques ou de précurseurs
d’émanations toxiques, comme l’eau de javel, ou dans des espaces confinés où la
présence humaine est improbable, comme une capacité de rétention, ou derrière
un filtre à poussières. Concernant les poussières, le choix est plus restreint, car s’il
existe bien des techniques de mesure discontinue sélectives, les mesures continues
ne sont pas sélectives, du moins pour les plus répandues. C’est principalement
l’opacimétrie qui répond, partiellement, au besoin de surveillance de pollution solide.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
191
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
le risque chimique parce qu’il est à la fois très probable et très grave. Il est probable,
parce que les produits inflammables, ou même combustibles, sont d’un usage très
répandu dans l’industrie, l’artisanat et les services. Ils sont principalement repré-
sentés par la famille des solvants et celle des gaz combustibles. Dès qu’ils sont
présents à l’air libre, la formation d’atmosphère explosive est systématique. Seule
son étendue va beaucoup varier avec les circonstances. Quant à la gravité d’une
éventuelle explosion, elle n’est plus à démontrer.
La prévention va consister à appliquer le schéma habituel : supprimer d’abord le
danger, puis la situation dangereuse, puis l’événement dangereux, puis le dommage.
La situation dangereuse est la présence humaine à proximité d’une atmosphère
explosive (atex). L’événement dangereux est le déclenchement de l’explosion, c’est-
à-dire l’ignition. Le dommage est un ensemble d’atteintes à la santé résultant d’effets
mécaniques, thermiques et toxiques. Ce schéma permet d’aborder la prévention
avec une garantie d’efficacité, selon le logigramme suivant :
combustible
air
5. captage homme
4. récipient clos
6. pas d’aérosol
7. matériel Ex
1. éloignement
atex
explosion
8. atténuation
accident
192
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
et recommandable mais, si elle élimine le risque d’accident corporel, elle n’élimine pas
celui d’accident matériel, qui est souvent grave. C’est pourquoi elle n’a pas priorité
sur les mesures visant à supprimer l’atmosphère explosive. Le principe d’éloignement
s’impose toutefois en complément de ces dernières dès que le risque atteint un
niveau important, comme on peut le rencontrer dans l’industrie chimique.
2) La suppression de l’atmosphère explosive s’obtient par action sur l’une des
conditions de sa formation. La première condition à supprimer est la présence d’un
inflammable ou d’un combustible, ce qui revient à pratiquer une substitution,
principe décrit au paragraphe 4.3.1. Pour ce faire, les critères principaux à prendre en
compte sont le point d’éclair pour les liquides et l’ensemble concentration, tempé-
rature et énergie minimales d’inflammation en nuage, mais aussi granulométrie,
pour les solides pulvérulents.
3) La deuxième condition est la présence de comburant, en fait l’oxygène de l’air.
La solution est de substituer l’oxygène par un gaz inerte. Les moins chers sont le
dioxyde de carbone et l’azote, ce dernier étant préféré en raison de sa totale inertie
chimique. Il est disponible soit comprimé en bouteilles métalliques pour de petites
quantités, soit à l’état liquéfié, dans des bonbonnes ou des cuves cryogéniques, pour
de plus grandes quantités. On peut aussi utiliser l’argon ou l’hélium. Évidemment,
cette substitution, qu’on appelle inertage, ne peut se faire qu’à l’intérieur d’un
confinement, généralement une cuve ou un réacteur, mais aussi sur des équipements
comme les broyeurs et les sécheurs.
4) Une variante de ce principe consiste à laisser les vapeurs du liquide saturer
l’atmosphère du récipient. Il suffit que le récipient soit bien fermé, ce qui est le
cas, en fait très courant, de tous les emballages unitaires de liquides inflammables.
L’équilibre qui s’établit grâce à la pression de vapeur fait que la concentration est
toujours nettement au-dessus de la LSE. Le risque d’explosion n’est alors réelle-
ment présent qu’au moment de la vidange.
La suppression d’oxygène n’a pas besoin d’être totale. Il existe une concentration
maximale d’oxygène en dessous de laquelle l’explosion d’une vapeur ou d’un aérosol solide
est impossible1. En pratique, une valeur de 8 % couvre tous les produits, exceptés
les métaux légers (Al, Mg…) pour lesquels il faut descendre à moins de 2 %.
L’inertage est réalisé d’abord par une purge initiale du contenant, qui consiste soit à
balayer l’intérieur par un courant de gaz inerte, soit à alterner des mises sous vide
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
et des remplissages au gaz. Ces deux façons de procéder ont leurs avantages et leurs
inconvénients. L’inertage doit ensuite être maintenu, pour faire face à la respiration du
récipient, c’est-à-dire la variation du volume gazeux engendrée par les mouvements
de remplissage et de vidange. Des dispositifs automatiques d’alimentation en gaz,
fonctionnant sur de faibles variations de pression, assurent cette continuité. Il est
ensuite impératif de n’interrompre l’inertage qu’après élimination totale du combus-
tible dans l’enceinte protégée. Enfin, le risque d’anoxie créé par tout gaz inerte doit
être pris en compte aussi bien à la conception qu’à l’exploitation de l’installation.
1. On peut se référer aux brochures INRS sur les mélanges explosifs : Gaz et vapeurs (ED 911) et Poussières
combustibles (ED 944).
193
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
194
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Sulfure de carbone 90
Acétaldéhyde 175
Dioxanne 180
Benzaldéhyde 190
Cyclohexane 245
Butane 287
Tétrahydrofuranne 320
Éthanol 363
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Méthyl-éthyl-cétone 404
Trichloréthylène 410
Formol 424
Acétone 465
195
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Nitrobenzène 480
Toluène 480
Styrène 490
Hydrogène 500
Xylènes 525
Dichlorométhane 556
Aniline 615
Dichlorobenzène 645
Phénol 715
G pour gaz
CE εx II 1 G D pour poussières
catégorie
groupe hors Mines 1 pour zone 0 ou 20
2 pour zone 1 ou 21
3 pour zone 2 ou 22
Figure 4.20
Ce n’est pas le cas du marquage fixé par la norme NF EN 500141, qui prend aussi
en compte le type de protection utilisé et la classe de température maximum de
surface. Il y a 8 types de protections normalisées :
196
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Encapsulage m 50028
Classe TMS
T1 450 ˚C
T2 300 ˚C
T3 200 ˚C
T4 135 ˚C
T5 100 ˚C
T6 85 ˚C
En outre, le groupe II est divisé en trois sous-groupes pour tenir compte des points
d’éclair :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
197
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Ce marquage est repéré par le sigle « EEx » et peut présenter une assez grande
complexité, comme le montre l’exemple suivant :
D’autres sources d’étincelles existent dans les installations. Tout défaut électrique
tendant à créer un potentiel anormal peut être à l’origine d’une décharge avec
étincelle, c’est pourquoi les installations électriques doivent être conformes aux
règles en vigueur et vérifiées régulièrement. L’électricité statique représente quant à
elle une menace redoutable, en tant que source d’ignition insidieuse. Elle apparaît
principalement lors de frottements avec des matériaux isolants, en particulier dans
les liquides isolants qui s’écoulent. Les principales mesures à prendre sont :
– la mise en place de liaisons équipotentielles, avec mise à la terre, entre les équipe-
ments et les contenants mobiles ;
198
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
avec les produits appliqués. Les exemples de contamination cutanée, dont ceux
donnés au paragraphe 3.2.1, mettent en cause des outils comme :
– les pelles, godets, « mains », utilisés pour prélever et verser des produits pulvé-
rulents ;
– les pinceaux, brosses, rouleaux, utilisés pour appliquer un produit liquide ou
nettoyer une surface ;
– les chiffons, éponges, tampons, utilisés soit pour nettoyer ou essuyer, soit pour
appliquer des produits en surface ;
– les petits récipients (< 1 litre) de toutes formes, utilisés pour prélever ou verser
de petites quantités de liquide ;
199
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
S’il n’existe pas de solution de ce type, il reste à améliorer les outils existants,
toujours dans le but de rendre les contacts moins probables. Souvent, la créativité
des utilisateurs directs apporte de très bonnes solutions, mais encore faut-il l’envisager
et la susciter. Il suffit parfois d’allonger la longueur d’un manche, ou d’adapter un
écran protecteur, pour supprimer presque tous les petits contacts ordinaires sur un
pinceau, un rouleau, une pelle, une spatule, etc.
200
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
201
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Ce qui est également important, c’est que le matériel ait une conception facilitant
la maintenance, comme le changement de filtre ou de joints. Le problème des
canalisations difficiles, voire impossibles, à vider est récurrent. Elles doivent, sauf
nécessité du process, comporter des sections isolables par des vannes, être démon-
tables par des raccords et surtout vidangeables complètement par des purges.
Autant que possible, il doit être prévu de laver et de rincer les contenants et les
canalisations par l’installation elle-même, c’est-à-dire sans démontage ni interven-
tion manuelle. Ce principe a été utilisé avec bonheur dans les rotatives de l’impri-
merie, ce qui remplace des opérations, très exposantes, de nettoyage de cylindres
au solvant.
La maintenance d’installations chimiques ne doit pas constituer un déplacement
de risque. C’est ce qu’on observe en particulier dans la maintenance des pompes et
des filtres, car ils sont souvent difficiles à vider complètement, surtout s’ils ont
contenu des produits très visqueux ou s’ils retiennent des dépôts solides. Il faut
que le poste de maintenance de ce type de matériel soit conçu en conséquence.
La qualité de la maintenance joue un rôle déterminant dans les conditions de
travail, comme d’ailleurs pour tous les types de risques. C’est elle qui garantit la
propreté d’un atelier, car les produits chimiques ont un impact puissant sur l’envi-
ronnement intérieur. S’ils ne sont pas rigoureusement confinés dans leurs récipients et
canalisations, ils sont responsables de souillures, de corrosions et d’odeurs. Ces
trois désordres forgent l’image particulièrement négative de nombre d’ateliers, petits
ou grands, et qui décourage vite de nouveaux embauchés. Cette image est malheu-
reusement considérée comme inévitable par certains employés et employeurs.
202
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Figure 4.24 – Pièce faciale filtrante – Demi-masque – Masque complet (Photos : 3M).
Couleur
Type Polluants visés
de bande
Plusieurs types d’adsorbants peuvent être réunis dans une même cartouche, le
marquage en faisant état, mais cette facilité apparente est obtenue aux dépens de
l’autonomie, qui diminue pour chacune des couches.
203
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Le grand problème posé par cette catégorie d’EPR est de connaître leur auto-
nomie. La durée de port possible est en effet limitée par le claquage, c’est-à-dire la
saturation commençante du filtre en polluant. Ce temps de claquage dépend du
volume et de la qualité de l’adsorbant, ainsi que de la nature chimique du
polluant. Les cartouches portent ainsi le numéro correspondant à leur classe de
capacité, de 1 à 3, associé à la lettre de type (ex. : A2, B3, etc.). En outre, le temps
de claquage pour une cartouche donnée varie avec les conditions d’utilisation :
– Une concentration élevée du polluant ne permet pas à l’adsorption de se faire
totalement. C’est pourquoi chaque classe a une concentration maximum d’usage.
– Une température ambiante élevée limite la quantité adsorbable, parce que
l’adsorption est réversible.
– Un débit respiratoire élevé réduit la capacité, parce que l’adsorption demande
un temps de contact minimum. Il varie de 20 à 120 l/min selon l’effort.
– Une humidité de l’air importante entre en compétition avec les molécules de
polluants.
Tous ces facteurs rendent la prévision de l’autonomie très difficile. Elle n’est sûre-
ment pas déterminée par la perception d’un début d’odeur, tant ce critère est aléa-
toire et dangereux. Le claquage arrive d’ailleurs assez brutalement, comme le
montre la courbe de saturation d’une cartouche de charbon actif.
100 %
concentration
aval/amont du
polluant
VLE
0%
Temps de claquage
204
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
A1 70 1 000
A2 cyclohexane 35 5 000 10
A3 65 8 000
B1 40 1 000
sulfure
B2 40 5 000 10
d’hydrogène
B3 60 10 000
E1 20 1 000
dioxyde
E2 20 5 000 5
de soufre
E3 30 10 000
K1 50 1 000
K2 ammoniac 40 5 000 25
K3 60 10 000
205
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Figure 4.26 – Masque complet à ventilation assistée – Casque à visière pour ventilation assistée
– Cagoule pour ventilation assistée (Photos : 3M).
cagoule
air propre
réglage
de débit épurateur
ceinture
compresseur à vis
chaud/froid
L’air respiré doit effectivement être exempt de tout aérosol solide ou liquide et
réchauffé ou refroidi, selon la température ambiante et l’effort fourni. De
petits dispositifs autonomes portés à la ceinture assurent cette fonction (figure
4.28).
Des variantes de ce système existent, selon que l’air est à débit continu, à la
demande ou à pression positive garantie. Il faut évidemment veiller à ce que l’air
prélevé ne soit pas pollué, même de façon inattendue, par exemple avec un rejet de
gaz d’échappement de moteur thermique. Les avantages considérables de l’adduc-
tion d’air sont la suppression des limites d’autonomie et une qualité d’air respiré
indépendante des performances du média filtrant. Elle pose néanmoins quelques
problèmes d’utilisation :
– équipements annexes (compresseur, épurateur, tuyaux) à acquérir, installer,
entretenir, déplacer ;
206
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Figure 4.28 – Épurateur (Photo : Tricolor Industries) – Régulateur de débit (Photo : 3M)
– Réchauffeur/refroidisseur (Photo : 3M).
207
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
C’est typiquement un équipement de secours, par exemple pour un incendie, une fuite
massive ou une asphyxie. Il est primordial de rappeler qu’en cas de sous-oxygénation,
seuls les EPR isolants assurent une protection, car des erreurs fatales se produisent
encore en utilisant des EPR filtrants dans l’urgence.
Choix et port des EPR :
Aucun EPR n’étant universel, le choix va s’effectuer en confrontant les caractéristiques
de l’appareil avec les conditions de travail envisagées. Trois critères principaux sont
déterminants.
L’efficacité de protection : la meilleure est celle des EPR isolants, dans la mesure
où leur étanchéité est satisfaisante. Celle-ci sera très bonne avec un masque total,
alors qu’elle dépendra du débit d’air (160 l/min minimum) ou de la surpression
avec la forme cagoule. C’est la seule solution acceptable en cas de sous-oxygénation
ou de présence de produits gazeux très toxiques, tels que l’oxyde de carbone, les
cyanures et sulfures d’hydrogène, le chlore, le phosgène, etc.
Pour les gaz et vapeurs sans danger exceptionnel (niveaux 1 à 4), les EPR filtrants
à cartouche de type TH et TM sont suffisants, à condition de bien les adapter à la
nature du polluant.
Pour les poussières, les EPR filtrants de type THP et TMP peuvent assurer une bonne
protection contre la plupart des polluants. Pour les plus dangereux, et notamment
l’amiante, un appareil de type TM3P est acceptable en cas d’impossibilité d’utiliser
un EPR isolant. Les pièces faciales filtrantes (FFP) sont réservées à des pollutions
légères en concentration comme en niveau de danger.
Le facteur de protection d’un EPR permet de situer son efficacité. Il exprime le
rapport de la concentration en polluant environnant sur celle qui est respirée. Cela
signifie qu’il est global, intégrant l’efficacité propre du filtre et l’étanchéité de la pièce
faciale. Le tableau suivant fournit quelques valeurs, déterminées statistiquement :
ventilation libre 10 à 20
ventilation assistée 50
Supposons une pollution au xylène et un EPR de type TMA à ventilation assistée. La VME étant
de 50 ppm, la concentration maximale admissible est de 50 ¥ 50 = 2 500 ppm dans l’environne-
ment. Pour de l’amiante avec un EPR à adduction d’air à pression positive, on obtient une limite
de 200 fibres/cm3.
208
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
tration maximum peut être approchée par la métrologie, par l’historique et par
un calcul théorique. L’EPR isolant s’impose aussi pour un travail dépassant 90 min.
– Est-il possible d’utiliser l’adduction d’air ? Il faut examiner la mobilité néces-
saire et la possibilité d’aménager le poste en conséquence. Cette solution
s’impose en cas d’effort important et prolongé.
– L’opération dure-t-elle plus de 30 min environ ? Si l’on n’a pas adopté l’adduc-
tion d’air, il faut une ventilation assistée pour tout travail de plus de 30 min, ou
moins si l’effort est important. D’autre part, les cartouches pour gaz et vapeurs
1. Pour approfondir ce sujet, voir la brochure INRS ED 780, Les appareils de protection respiratoire.
209
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
devront être de classe 2 minimum ou de classe 3 au-delà de 90 min (ce qui est
peu raisonnable…).
– Quelle est la composition chimique du polluant ? La réponse est indispensable
pour choisir le type de cartouche (poussières ou A, B, E, K, etc.).
La réponse à ces questions nécessite de connaître au préalable la nature et la
concentration probable des polluants, le niveau d’effort et la durée de l’activité
envisagée. En dehors du cas des EPR isolants à adduction d’air, qui représentent
un idéal, les autres types ne doivent être utilisés en définitive que pour des opéra-
tions courtes ou exceptionnelles. Ces opérations relèvent de deux cas de figure :
– une exposition chronique, c’est-à-dire planifiée, y compris dans l’urgence ;
– une exposition accidentelle que l’on a envisagée dans l’analyse des risques, malgré
la protection collective, ou plutôt en cas de défaillance d’une protection collective.
C’est le principe de redondance, qui s’impose dans tous les risques de haut niveau.
Comme exemple on peut citer le déchargement d’un véhicule citerne contenant
de l’ammoniac liquéfié.
Quel que soit le choix d’un EPR, celui-ci ne peut pas être utilisé avec toute son
efficacité sans une formation des utilisateurs, qui pourront ainsi être associés au
choix, informés sur les limites et sur la maintenance nécessaire.
Les mains sont le point de contact le plus fréquent avec les agents chimiques. Le
moyen de prévention classique est le port de gants, qu’il faut choisir en fonction
de la résistance recherchée. Selon les circonstances, il faut une résistance chimique,
mécanique ou microbiologique. Le marquage réglementaire permet d’avoir cette
information. Pour la résistance chimique, les polymères utilisés ont des compatibilités
limitées, comme le montre le tableau suivant1 :
Famille Multi-
Latex Nitrile Néoprène PVC PVA Butyle Fluorés
de produits couches
Acides carboxyliques
Aldéhydes
Alcools primaires
Cétones
Hydrocarbures aliphatiques
Hydrocarb. aromatiques
Hydrocarbures chlorés
Solutions aqueuses
1. Extrait du document INRS ED 112, « Des gants contre les risques chimiques ».
210
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Type Caractéristiques
1. D’après le document INRS ED 127, « Quels vêtements de protection contre les risques chimiques ? ».
211
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Il existe aussi des combinaisons à usage unique, pour des expositions modérées.
Lorsque le risque se limite à un contact avec un objet souillé, la solution du tablier
étanche en élastomère est intéressante, car elle n’affecte pas la mobilité ni la trans-
piration. Tous ces vêtements font l’objet d’une normalisation fournie. Voici quelques
illustrations de vêtements de protection :
Les équipements qui ne présentent pas d’inconfort peuvent être portés en continu
mais, dès qu’il y a une contrainte sensible, il faut restreindre leur usage aux situations
courtes et exceptionnelles, en recherchant toujours une protection collective en prio-
rité. La maintenance des moyens de protection contre les contacts est une condition
de leur efficacité. Ils doivent être vérifiés avant chaque utilisation, nettoyés et rangés
après, dans un endroit propre. Ceux qui sont jetables ne doivent pas être conservés.
4.3.12 La formation et l’information
Il a souvent été dit que le succès de toute mesure de prévention n’est garanti et
pérenne qu’avec l’adhésion des personnes concernées, comme cela est le cas des
démarches qualité. L’adhésion n’est possible qu’avec un minimum de connais-
sances spécifiques. C’est le but de la formation, initiale et continue. Mais la mise
en pratique des connaissances nécessite des informations particulières, dont la
fourniture doit être organisée. Quelle que soit la structure, ces deux actions du
management sont indissociables. Concernant le risque chimique, l’ensemble des
connaissances présentes dans cet ouvrage permettent de définir les objectifs possibles
de formation et d’information.
m La formation au risque chimique
Le but final d’une formation au risque est d’obtenir pour soi et pour les autres un bon
niveau de santé, la sécurité et la protection de l’environnement. Mais la formation
utile dépend beaucoup du domaine d’action de chacun, même si des notions
générales sont indispensables à tout le monde. Nous proposons ici un contenu
minimum de formation pour quelques grands domaines d’action.
212
4 • Pratique de la prévention 4.3 Les familles de mesures
des risques
Notions générales :
– signification précise et commune à certains termes omniprésents : produit chimique,
danger, risque, dommage, estimation, prévention, protection, ergonomie, environ-
nement, pollution ;
– effets des produits chimiques sur l’homme et l’environnement ;
– mécanismes d’apparition des dommages ;
– estimation des risques ;
– prévention des dommages.
Utilisateurs de produits chimiques :
– notions générales ;
– l’étiquetage et les dangers ;
– la prévention et la protection ;
– les protections individuelles et les moyens de secours.
Concepteurs de procédés et d’équipements :
– notions générales ;
– les méthodes d’analyse ;
– la logique de prévention ;
– les familles de mesures ;
– le choix des mesures.
Administratifs, commerciaux et gestionnaires :
– notions générales ;
– réglementation ;
– formation et information ;
– organisation des flux.
D’autres domaines peuvent exister dans la grande diversité des organisations, mais
une démarche de prévention, chimique ou pas, intéresse toute l’organisation sous
des aspects divers. Il est évident par exemple que les acheteurs jouent un rôle
important dans la chaîne de décisions qui influe sur le niveau de tel ou tel risque.
m L’information chimique
tout au long des chapitres de cet ouvrage. En fonction du domaine d’action de chaque
personne confrontée au risque chimique et après sa formation adéquate, les infor-
mations utiles sont tout ou partie de la liste suivante :
– inventaire des agents chimiques présents, avec les données techniques et concernant
la santé, la sécurité et l’environnement. Cet inventaire peut être imprimé, ou
disponible sur un support informatique, de préférence en réseau, afin de garantir
à tous la même information mise à jour.
– étiquetage réglementaire de tous les emballages de produits ;
– fiches de données de sécurité, mises à jour ; elles peuvent être incluses dans
l’inventaire informatique ;
213
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
– modes opératoires écrits, indiquant notamment les zones de sécurité, les dérives
possibles, les actions correctives recommandées, etc. ;
– procédures concernant les mouvements de produits, les interventions de main-
tenance, les vérifications de matériel, l’organisation des secours, etc. ;
– documents de référence tels que schémas fonctionnels, de canalisations, de stockage,
de ventilation, de rétentions, etc. ;
– marquage des équipements en contact avec des produits chimiques, indiquant,
au minimum, la signalisation réglementaire, mais aussi toute information de
sécurité utile (volume, pression, température, état de fonctionnement, etc.) ;
– autant que nécessaire, toutes les données techniques et administratives utiles à
la maîtrise des risques (quantités, conditionnements, fréquences, circuits, main-
tenance, historique et analyse d’incidents, etc.).
Cette somme d’informations, dont l’importance est fonction de la taille et de l’activité
de l’entreprise ou du service, doit être organisée comme un élément du management.
Formation et information sont souvent le maillon faible de la démarche santé-
sécurité-environnement, en raison de la confiance qu’inspirent traditionnellement
les mesures techniques.
214
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
de la raison qui l’a fait naître. Entrent par exemple dans cette catégorie une suppression
de produit dangereux, un suivi informatique du circuit produits, une signalétique
particulière au stockage, un cursus de formation interne, etc. Ces mesures sont
généralement difficiles à mettre en place, en raison des changements d’habitudes
qu’elles entraînent. Par contre, une fois rodées, elles font progresser dans plusieurs
domaines à la fois, compte tenu de leur champ d’application souvent très large.
Les mesures individuelles :
Certaines mesures ne portent que sur l’individu. Il s’agit typiquement des protec-
tions individuelles, mais aussi du suivi médical, de la formation et des consignes et
procédures. Ce dernier point est important à analyser, car il est souvent compris
comme une mesure collective. Pourtant, l’exécution réelle d’une consigne ou
d’une procédure dépend totalement de la liberté de chaque individu. On ne peut
qu’améliorer sa probabilité d’application par un certain nombre de facteurs tels
que la formation, l’information, les conditions de travail, les relations interperson-
nelles, le climat social, etc. Les mesures individuelles ont donc la moins bonne
fiabilité des trois types. Dans le cas des protections individuelles, cette difficulté est
d’ailleurs souvent liée aux contraintes physiques qu’elles induisent, en particulier
les EPR et les gants ; c’est pourquoi il est primordial de les choisir à bon escient,
moyennant quoi elles ont le grand avantage d’être disponibles sans délai, utilisables
presque partout et peu coûteuses.
Une dernière catégorie, intermédiaire entre les domaines organisationnel, technique
et individuel, regroupe les moyens de secours qui tendent à réduire la gravité des
dommages, tels que les extincteurs, les douches, le secourisme, etc.
215
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
à la terre. Il faudra alors bien inscrire « et » dans le rapport. Après cela, il reste
toujours des choix à faire entre plusieurs mesures.
Le choix final résulte d’une prise en compte de la performance globale de la mesure,
qui repose sur quelques paramètres importants, que l’on retrouve exprimés avec
des variantes dans les différentes méthodes proposées. En voici une synthèse :
216
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
au niveau du risque qu’elle vise. Plus précisément, c’est l’efficacité minimum qui est
invoquée, car il est normal et même recommandable de viser la plus forte efficacité
disponible indépendamment du niveau de risque, quand la mesure ne pose pas de
problème trop difficile. Mais une mesure efficace n’est pas forcément fiable, comme
expliqué au paragraphe précédent. Pour un risque de haut niveau, il faut une grande
fiabilité. Le gain de fiabilité s’obtient d’abord en travaillant sur la mesure, mais
mieux encore en combinant plusieurs mesures différentes visant le même risque.
C’est le principe de redondance. C’est par exemple la combinaison captage localisé
et EPR, ou inertage et matériel atex, ou transfert par pompe et confinement.
La redondance nécessaire se déduit d’une part du niveau de danger d’agent chimique,
d’autre part de l’AMDE des mesures principales envisagées. Cela peut conduire à
217
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
Le Code du travail, qui vient d’être réorganisé et codifié1, mais à droit constant,
consacre sa quatrième partie à la santé et à la sécurité au travail. Tous les articles sont
répartis dans une organisation en six livres, puis en titres, en chapitres, en sections,
et éventuellement en sous-sections. Voici le plan de la partie réglementaire2, limité
aux titres :
1. Ordonnance n˚ 2007-329 du 12 mars 2007 relative au Code du travail, annexe I (partie législative),
JO du 13 mars 2007.
2. Annexe au décret n˚ 2008-244 du 7 mars 2008 relatif au Code du travail (partie réglementaire), JO
du 12 mars 2008.
218
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
Dispositions relati-
VIII R. 4822-1
ves à l’Outre-mer
219
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
Notre attention se porte ici sur les articles qui précisent la logique de la démarche
de prévention. Cela commence par les « principes généraux de prévention »
exposés par l’article L. 4121-2, dont les prescriptions sont :
1) éviter les risques ;
2) évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
3) combattre les risques à la source ;
4) adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des
postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail
et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail
cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ;
5) tenir compte de l’état d’évolution de la technique ;
6) remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins
dangereux ;
7) planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique,
l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des
facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est défini
à l’article L. 1152-1 ;
8) prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les
mesures de protection individuelle ;
9) donner les instructions appropriées aux travailleurs.
Ces neuf principes sont évidemment pertinents, mais il leur manque manifeste-
ment un fil conducteur. Ils précisent surtout que tous les domaines sont
concernés : la technique, l’organisation, la conception, l’individu, l’environne-
ment de travail, mais ne fournissent aucune méthodologie.
L’article suivant, R. 4121-3, donne un début de méthode :
« L’employeur, compte tenu de la nature des activités de l’établissement, évalue les
risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, y compris dans le choix des procédés
de fabrication, des équipements de travail, des substances ou préparations chimiques,
dans l’aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations et
dans la définition des postes de travail.
À la suite de cette évaluation, l’employeur met en œuvre les actions de prévention ainsi
que les méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de
protection de la santé et de la sécurité des travailleurs. Il intègre ces actions et ces
méthodes dans l’ensemble des activités de l’établissement et à tous les niveaux de
l’encadrement. »
On y retrouve bien les deux étapes fondamentales : évaluation, prévention, et les
différentes cibles de l’action : produits, équipements et procédés.
La prévention du risque chimique occupe tout le chapitre II, qui est divisé en
4 sections.
220
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
221
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
222
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
La réduction de l’exposition, qui est le dernier recours, fait l’objet d’un développement
dans l’article R. 4412-70. Voici en résumé les treize mesures indiquées dans cet article :
– limitation des quantités d’agents ;
– limitation du nombre de travailleurs exposés ;
– réduction du dégagement d’agents ;
– évacuation des agents par humidification ou captage, dans le respect des VLEP ;
– détection précoce en cas d’accident ;
– procédures et méthodes appropriées ;
– protections collectives et individuelles ;
– hygiène des locaux ;
– information des travailleurs ;
– signalisation des dangers ;
– dispositifs d’urgence pour les accidents ;
– stockages hermétiques ;
– évacuation sûre des déchets.
Il est précisé que l’employeur prend aussi des mesures pour les autres risques éven-
tuels et les activités d’entretien et de maintenance. Ces mesures sont complétées
par d’autres mesures de nature organisationnelle, déjà mentionnées, mais en les
renforçant : le contrôle des VLEP, les mesures à prendre en cas d’accident, la
formation et l’information des travailleurs.
Le Code du travail réserve une section entière au risque d’exposition à l’amiante,
qui entre dans la catégorie des CMR, mais fait l’objet de prescriptions particulières
(R. 4412-94 à 4412-124).
La dernière section est en fait consacrée aux valeurs limites d’exposition, qu’elles
soient contraignantes (R. 4412-149), indicatives (R. 4412-150), sachant que ces
dernières ne figurent que dans un arrêté, biologiques (R. 4412-152) ou spécifiques
à certains agents : silice, plomb, benzène, chrome (R. 4412-154 à R. 4412-164). Il
faut toutefois signaler que certaines VLEP sont indiquées dans d’autres parties du
code : les poussières à l’article R. 4222-10 et l’amiante à l’article R. 4412-104.
À première vue, tout ce qui concerne le risque chimique est regroupé dans le livre
IV, titre I. En réalité, il existe des articles tout aussi pertinents à d’autres endroits :
Livre II, titre II, chapitre II : Aération, assainissement :
Ce chapitre comporte 7 sections, de rédaction ancienne et néanmoins très impor-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
223
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
224
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
m Réglementation européenne
225
4 • Pratique de la prévention 4.4 Choix des mesures
des risques
m Méthodologie et réglementation
L’examen des textes codifiés, en particulier pour le risque chimique, montre que le
suivi de la méthodologie proposée dans cet ouvrage couvre largement les exigences
du Code du travail. Elle permet même d’aller plus loin sur des points importants :
– L’action sur le danger, correspondant à la substitution des agents dangereux, est
pour nous un passage obligé, quel que soit le niveau de danger, dans la limite de
la faisabilité technique. Elle n’est donc pas réservée aux CMR.
– Le recours au confinement, autrement nommé système clos, est tout aussi systé-
matique dans notre méthode.
– Le risque accidentel, qui n’est évoqué que fortuitement dans le code (en dehors
de la sous-section des explosions, qui est exemplaire), mérite à notre avis une
méthodologie développée et globale. En outre, on peut regretter la séparation
des textes sur l’incendie et l’explosion d’une part et sur les expositions accidentelles
d’autre part.
– L’évaluation des risques, dont le code donne seulement quelques pistes pour sa
mise en pratique, fait l’objet dans notre ouvrage d’une approche rationnelle et
quantifiée autant que possible.
– Le niveau minimum de prévention exigible n’est pas lié, selon nous, à des caté-
gories d’agents tels que CMR, amiante, plomb, etc., mais uniquement au niveau
de danger issu de la classification. Ce principe nous paraît plus puissant, car il
permet de bien traiter des risques liés à des catégories très dangereuses mais peu
ou pas citées dans la partie prévention du code, comme les agents classés très
toxiques, les agents très réactifs, les agents générés par l’activité, les déchets et
tous ceux que l’on découvrira, notamment grâce à REACH.
– Il est important, notamment pour la bonne compréhension des mesures de
prévention par les personnes concernées, d’utiliser les termes de danger et risque
dans le respect de leur définition normalisée, ce qui n’est pas toujours le cas
dans le Code du travail.
En conclusion, si l’application de la méthodologie couvre et dépasse les exigences
de résultat du Code du travail, il reste des mesures typiquement réglementaires
qu’il faut appliquer en plus. Par exemple, des mesures s’imposent quelle que soit la
protection mise en place, comme la surveillance médicale renforcée, la fiche
d’exposition, l’information du CHSCT, l’interdiction de certaines catégories de
travailleurs, etc.
226
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Toutes les caractéristiques de ces risques peuvent être retrouvées dans la base de
données adéquate. Mais tout autre repérage, même sans signification codée, peut
convenir dans la mesure où il est possible d’accéder à toutes les données s’y rapportant.
Tout risque possède en outre une classe de priorité (voir paragraphe 3.4) permettant
l’exécution du plan de prévention.
Les risques sont ensuite repris un par un au cours de l’étape de recherche et de
choix des mesures de prévention. Après incorporation des éventuelles mesures
réglementaires et des arbitrages stratégiques, la liste définitive des mesures retenues
doit être enregistrée. Il suffit d’ajouter à la liste des risques dûment identifiés les
informations suivantes :
– L’objectif de prévention, à choisir dans la liste suivante : agent chimique, expo-
sition, situation dangereuse, événement dangereux, dommage. Il est utile de le
rappeler, pour montrer le niveau d’action, qui pourrait être révisé avec le temps.
– La ou les mesures numérotées, en résumé. Il faut s’efforcer d’en noter au moins
une par objectif. Elles peuvent se compléter ou n’être que des options, à lever
après études complémentaires.
– Le délai prévu de mise en place, important quand plusieurs mesures doivent se
succéder.
Cette liste est une base de réflexion pour ceux qui feront les choix définitifs. Il sera
utile de la conserver après que les choix auront été faits et enregistrés. Cet enregis-
trement clôture l’application complète de la méthodologie. Bien entendu, l’action
ne s’arrête pas là mais entre dans le fonctionnement normal de toute structure qui
a pris une décision.
très général et demande une formation adaptée pour bien en exploiter les prin-
cipes. Nous montrons simplement ici comment décliner cette méthodologie dans
les grandes familles de risques.
Il faut d’abord reprendre les définitions de base, afin qu’elles conviennent à tous
les types de risques, exceptés ceux de l’environnement, qui font l’objet du para-
graphe 5.4.
1. Ce document, élaboré par le service Études du département Risques professionnels de la CRAMIF, est
disponible sur le site www.cramif.fr, sous la référence DTE 167.
227
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Expression Définition
Zone dangereuse Espace dans lequel une personne peut subir un dommage
Nous voyons que le danger est devenu phénomène dangereux pour rendre
compte de tous les types de risques, conformément aux définitions de la norme
ISO 12100.
Courant traversant
Électrisation,
Électricité le corps par différence Non décrits
électrocution
de potentiel
228
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Brûlures graves
Lasers Non décrits
Perte de la vue
Brûlures superficielles
Rayon- Ultraviolets Brûlures graves
Cancers
nements
Électromagnétiques Échauffement des tissus Non décrits
Brûlures superficielles
Brûlures graves
Ionisants Stérilité masculine
Décès
Cancers
Inconfort
Chaleur Coup de chaleur
Épuisement
Inconfort Hypothermie
Froid
Conditions Engourdissement aiguë
climatiques
Humidité Inconfort
Inconfort
Vent Chute
Difficultés d’équilibre
229
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Public : 1 mSv/an
Dose équivalente et efficace :
Ionisants Professionnel : 6 ou
Sievert (Sv)
20 mSv/an, selon catégorie
Il est alors facile de procéder à l’identification puis à l’estimation des risques selon
les règles utilisées pour le risque chimique. La recherche des mesures de prévention
et de protection suit aussi le même schéma. En voici quelques exemples :
– Travailler sur une machine émettant un bruit de 92 dB pendant 4 heures par jour
est une exposition chronique de haut niveau, que l’on peut éviter soit en changeant
de machine, soit en confinant celle-ci dans une enceinte insonorisante, soit en
portant une protection auditive, du moins dans l’attente.
– Conduire un chariot élévateur sur un sol détérioré pendant 2 heures par jour est
une exposition chronique aux vibrations de niveau moyen, que l’on peut éviter
soit en robotisant les transferts concernés, soit en rendant le sol parfaitement
lisse, soit en améliorant la suspension du siège.
– Travailler sur des fils conducteurs électriques nus sous tension (BT) est une
situation dangereuse, dont l’événement dangereux serait un contact avec la main
par inadvertance. L’accident peut être évité soit en supprimant la tension élec-
trique, soit en plaçant un protecteur isolant, soit par une formation spécialisée,
soit en utilisant des gants isolants.
– Travailler sur un laser de classe 4 est une situation dangereuse que l’on peut éviter
soit par le confinement dans une enceinte de protection, avec télécommande,
soit par capotage du laser, soit par port de lunettes spéciales.
230
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Le risque mécanique ne doit pas être confondu avec le risque « machine », qui
comporte presque tous les autres risques. Sa particularité est d’être essentiellement
accidentel, en conduisant à des dommages du type blessures et contusions.
Phénomène
Effet chronique Effet accidentel
dangereux
Écrasement
Rapprochement
Cisaillement
Il faut remarquer que tous les phénomènes dangereux inventoriés dans ce risque
ont l’énergie mécanique pour origine. Elle peut être cinétique ou potentielle,
comme dans le cas d’un ressort comprimé. La chute de hauteur occupe une place à
part, puisque l’énergie potentielle qui la conditionne est la gravité (ou « pesan-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
teur »). Ce risque, qui fait l’objet d’une attention particulière dans les activités de
la construction d’ouvrages, est en réalité présent dans tous les domaines, profes-
sionnels ou de la vie courante. La prévention du risque mécanique se focalise sur la
suppression du phénomène dangereux, de la situation dangereuse et des événe-
ments dangereux. Elle a été largement étudiée et fait l’objet d’une réglementation
abondante.
Le risque de circulation en véhicule motorisé rentre dans la catégorie des risques
mécaniques dus à un déplacement rapide. Il est pourtant suffisamment atypique
pour qu’il constitue un domaine d’étude spécialisé. C’est d’ailleurs le risque le plus
meurtrier, tous types confondus. Cela est dû à deux particularités : le nombre de
231
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
personnes exposées, et le fait qu’il s’agisse d’une situation du domaine privé. Nous
n’en parlerons que pour mettre en évidence les composantes habituelles du risque :
– Le phénomène dangereux est le déplacement rapide d’une machine contenant
des personnes par rapport à des obstacles fixes ou mobiles (incluant les autres
véhicules).
– L’exposition chronique concerne le bruit, la posture, les vibrations, avec un niveau
de plus en plus faible grâce aux progrès techniques.
– La situation dangereuse est permanente, dès lors qu’une personne est à l’intérieur
d’un véhicule en déplacement.
– Les événements dangereux possibles sont innombrables et constituent tout ce qui a
été inventorié comme causes d’accidents « de la route ». Les études officielles les
classent généralement par origine : le comportement, le véhicule, l’infrastructure
et l’environnement.
– Le dommage est constitué des conséquences matérielles et corporelles. Il comporte
des paramètres aggravants, comme des caractéristiques du véhicule et de l’environ-
nement, la vitesse et l’état de santé des personnes transportées.
Lombalgie aiguë
Fatigue physique Traumatisme musculaire
Effort important
Troubles musculo-squelettiques (TMS) ou articulaire
Choc contre un objet
Traumatisme musculaire
Amplitude articulaire Troubles musculo-squelettiques (TMS)
ou articulaire
Pour ce risque, l’accent est traditionnellement mis sur l’aspect chronique, et en parti-
culier les TMS, dont le nombre de déclarations en maladie professionnelle ne cesse
d’augmenter. Les TMS ont d’autres facteurs de risque, notamment des nuisances
physiques et des aspects psychosociaux (stress). La suppression des phénomènes
dangereux, que l’on appelle facteurs de risque par ailleurs, fait largement appel à la
232
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Micro-organismes
Maladies
Bactéries monocellulaires de 1 à 10
infectieuses
microns.
Maladies
Endoparasites Protozoaires et helminthes (vers).
parasitaires
La distinction des effets chroniques et accidentels paraît ici assez artificielle, mais
elle s’applique en fait au mode de contamination. Le niveau de danger est déter-
miné par le classement selon les groupes réglementaires suivants :
233
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
Fatigue nerveuse
Troubles du sommeil
Dépression
Surcharge de missions Irritabilité
Troubles organiques
Stress
Addictions
Fatigue nerveuse
Troubles du sommeil Perte de contrôle dans l’action
Stress Troubles organiques
Pression relationnelle
Perte de motivation Dépression
Irritabilité Actes de violence
Addictions
Troubles du sommeil
Facteurs d’inquiétude Perte de motivation Troubles organiques
Addictions
1. Lire à ce sujet l’excellent rapport sur « La détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux
au travail » de Philippe Nasse et Patrick Légeron, remis en mars 2008 à Xavier Bertrand, ministre du
Travail, des Relations sociales et de la Solidarité.
234
4 • Pratique de la prévention 4.5 Application de la méthodologie
des risques aux autres risques
ou un milieu. L’événement dangereux est constitué ici d’un fait, d’un acte, d’une
décision, vécus comme une agression. Quant à la prévention, la suppression du
phénomène dangereux est transposable par exemple par des mesures d’éloignement
ou de changement d’organisation, la réduction de l’exposition par une meilleure
maîtrise des objectifs et des moyens, la protection contre les événements dangereux
par des médiations, de la formation relationnelle, etc.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
235
5 • APPLICATIONS PARTICULIÈRES
5.1 Stockage
5.1.1 Risques
Le stockage des agents chimiques présente des risques spécifiques du fait de leur
accumulation en un lieu donné, lieu qui n’est pas toujours identifié comme un poste
de travail. L’étude des dommages survenus dans des installations de stockage plus ou
moins organisées montre que le risque chronique n’est présent que par dysfonction-
nement. En effet, le fonctionnement normal suppose que tous les emballages sont
clos et étanches. Dans ces conditions, idéales, il n’y aucun accès possible à un agent
chimique dans l’environnement de travail. Dans la pratique, on observe des expo-
sitions tant respiratoires que cutanées liées à la présence d’agents chimiques hors
de leur emballage. Ces dysfonctionnements doivent être la cible des mesures de
prévention, c’est pourquoi il importe de les analyser au préalable. Pour cela, il faut
distinguer les deux grands types de stockages que l’on rencontre partout où sont
utilisés les produits chimiques.
Le type de stockage le plus répandu est celui des emballages unitaires, c’est-à-dire
une quantité finie de produit contenue dans une enveloppe fermée et apte à être
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Il n’est pas rare que des emballages soient déjà souillés à la livraison. Ce sont les restes
de l’opération de remplissage, mais aussi l’effet des sollicitations du transport.
237
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
Ces traces sont principalement observées sur les sacs de pulvérulents de qualité
ordinaire, généralement en papier. Ce type d’emballage, obtenu par collage, n’est
jamais parfaitement étanche.
m Petites fuites
Il arrive que pour des besoins liés à la production – stockage momentané, prélèvements
fréquents, nécessité d’observer le produit, etc. – l’emballage d’un produit plus ou
moins volatil soit laissé ouvert. Il s’ensuit une volatilisation lente mais continue.
Cette pratique peut être le résultat d’une négligence, ou de la perte du bouchon ou
du couvercle.
m Transvasements
Les transvasements pour remplir de plus petits emballages ou des récipients destinés
aux transports internes (bidons, seaux…) sont d’une pratique courante dans les
locaux de stockage, pratique pourtant étrangère à la fonction normale d’un local
de stockage. En effet, tout transvasement, même s’il se produit sans incident, est
une source d’émission de vapeurs ou de poussières, avec une intensité qui va dépendre
en premier lieu de la volatilité du produit, mais aussi des conditions opératoires,
telles que l’ouverture des récipients, la hauteur de chute, etc.
Le stockage en vrac est utilisé pour des quantités importantes, généralement de
plus d’une tonne. Le principe du vrac consiste à utiliser un contenant fixe, le
contenu étant transféré par des tuyaux en fonction des besoins. Le remplissage du
contenant fixe est fait soit à partir d’une citerne mobile, c’est ce qu’on appelle une
opération de déchargement, soit à partir d’un autre équipement fixe. Le charge-
ment inverse, c’est-à-dire le remplissage d’une citerne mobile à partir d’un contenant
fixe est appelé chargement. Les dysfonctionnements observés sont en partie simi-
laires à ceux des emballages unitaires : souillures consécutives à de petites fuites
et à des cuves restant ouvertes. Il faut en ajouter deux, plus spécifiques de ce type
de stockage.
238
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
m Respiration de cuves
m Opérations de dépotage
239
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
être détruits, ainsi que les structures qui les supportent. C’est pourquoi un tel stoc-
kage demande des mesures renforcées et redondantes.
Les émanations et les projections ont parmi leurs causes les plus fréquentes :
– bris d’emballages à la suite de chutes, de dégradations ou de mauvaises condi-
tions de stockage ;
– incidents de dépotage pour le stockage en vrac ;
– réactions dangereuses consécutives à des fuites simultanées ou successives
d’agents chimiques incompatibles, ou même d’erreurs de livraison.
Chacun de ces événements est lui-même le résultat de dysfonctionnements dont
l’origine tient souvent à l’organisation et la gestion du stockage, à la conception du
local, des équipements, et aux procédures d’utilisation des agents chimiques.
5.1.2 Prévention
Si l’on s’aperçoit qu’un stockage existant présente des risques, il est toujours
possible de prendre quelques mesures conservatrices, mais seulement en attendant
une refonte bien préparée. La sécurité d’un stockage tient beaucoup à son organi-
sation, plus qu’à des équipements ou des consignes. Il faut commencer, comme
pour tout problème d’organisation, par une analyse des besoins. Celle-ci consiste à
répondre aux questions suivantes :
– Quels produits doit-on stocker ?
– Quelles sont les quantités maximales à stocker ?
– Quels sont les emballages les mieux adaptés ?
– Quelles sont les fréquences d’utilisation ?
– Quels sont les points d’utilisation ?
– Quels sont les dangers particuliers des produits à stocker ?
– Quel budget d’investissement et de fonctionnement peut être dégagé ?
En fonction des réponses apportées, un certain espace disponible sera dédié au
stockage, comportant au minimum un local central, mais aussi, suivant les
besoins, des locaux secondaires. Ceux-ci sont utiles soit pour des raisons techni-
ques, parce qu’il faut des équipements spéciaux, soit pour des raisons logistiques,
parce qu’il est nécessaire qu’ils soient proches des utilisateurs, par exemple. Toutes
les recommandations qui suivent s’appliquent indifféremment aux locaux
centraux ou secondaires.
Produits incompatibles :
La première règle pour organiser un stockage consiste à ne laisser ensemble que les
produits qui ne présentent pas de potentiel de réactions dangereuses entre eux. On
peut s’appuyer sur les symboles de danger, mais les familles de compatibilité ne
leur correspondent pas toujours exactement. Des regroupements sont possibles
entre des classes de dangers différentes et, inversement, des exclusions peuvent être
nécessaires à l’intérieur d’une même classe de danger. Ces décisions ne peuvent être
prises qu’avec un minimum de connaissances chimiques et après consultation de
toutes les données disponibles dans ce domaine : phrases de risque de l’étiquetage,
240
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
de les maintenir en fusion ou, tout du moins, avec une viscosité suffisante pour
être utilisés. Si le volume est modeste, une étuve de capacité adéquate suffira. Si le
volume est important, il faut un local équipé d’un chauffage régulé et contrôlable
de l’extérieur. Il faut aussi rappeler que les mesures particulières de stockage font
l’objet de la rubrique n˚ 7 des fiches de données de sécurité.
Produits inflammables :
L’incendie restant le risque majeur de tout stockage, des mesures renforcées
doivent être prises pour les produits inflammables. Lorsque que le stockage relève de
la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE),
des mesures particulières s’imposent, en fonction des quantités entreposées.
241
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
10 m
242
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
1. Pour approfondir ce thème, on peut consulter les nombreux ouvrages édités par l’INRS, dont les
principaux sont :
Évaluation du risque incendie dans l’entreprise. Guide méthodologique. ED 970.
Signalisation de santé et de sécurité au travail. Réglementation. ED 777,
Consignes de sécurité incendie. Éléments de rédaction et de mise en œuvre dans un établissement. ED 929,
Prévention des incendies sur les lieux de travail. Aide-mémoire juridique. TJ 20,
Incendie et lieu de travail. Le point des connaissances sur. ED 5005
Les extincteurs d’incendie portatifs et mobiles. ED 802
Incendie et lieux de travail. ED 789
243
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
alors rechercher le meilleur compromis entre les deux approches, sachant que les
moyens informatiques facilitent beaucoup la gestion des stockages complexes.
Les séparations des familles de produits ainsi constituées peuvent être légères ou
complètes. Si le risque est relativement faible, des séparations par limites tracées au
sol, dans un même local, sont suffisantes, dès lors qu’un certain espace est respecté
entre les zones. À défaut d’espace, il faut installer des cloisons, plus ou moins résis-
tantes en fonction des conditions d’exploitation. Si la séparation doit être complète,
comme dans le cas des produits inflammables, il faut aménager un local indépen-
dant et bien fermé. Si la séparation n’est dictée que par la nécessité d’un contrôle
d’accès, comme dans le cas des produits toxiques, elle peut être réalisée avec un
grillage, qui a l’avantage de permettre un contrôle visuel sans nécessité d’ouvrir.
Une fois établie la liste des zones séparées de stockage, il reste à les placer au
mieux, dans un souci de préserver l’accessibilité et de limiter les déplacements.
L’exemple suivant illustre quelques-uns des principes évoqués dans ce paragraphe :
comburants
petits conditionnements poste de transvasement
toxiques
bases
liquides acides
inflammables
bases
solides
244
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
débuts d’incendie, grâce à des détecteurs judicieusement placés. Ces mesures tech-
niques sont à compléter par des mesures organisationnelles, telles que l’interdiction
de fumer, des procédures d’intervention de maintenance, la vérification périodique
des installations électriques, le contrôle rigoureux des entrées et sorties de produits
et de personnes.
Le stockage en vrac se rencontre aussi à l’intérieur des locaux, pour diverses raisons,
telles que le manque de surface en extérieur, la sensibilité du produit, ou tout simple-
ment son volume modéré (quelques m3). Cette solution n’est pas recommandable,
mais elle est tolérable sous les conditions suivantes :
– Les cuves sont en rétention maçonnée facilement inspectable et nettoyable.
245
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
trop-plein
Indication de niveau
246
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
Le rôle d’une capacité de rétention est d’une part d’empêcher qu’une fuite de
liquide dangereux rejoigne l’environnement, en particulier le milieu aquatique, et
d’autre part de limiter les conséquences internes sur les risques d’exposition et
d’accident, notamment de mélanges dangereux. Chaque local de stockage doit être
en rétention, ce qui signifie que le sol et le bas des murs font office de rétention, la
capacité étant ainsi constituée dans le local même ou déportée. On appelle capa-
cité déportée un volume placé en contrebas de la rétention et capable de contenir
les fuites par écoulement, tel que le montre le schéma suivant.
cuve de stockage
capacité de retention
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
L’étanchéité au niveau des accès au local nécessite que les seuils soient surélevés,
le franchissement se faisant à l’aide de marches ou de rampes dès que l’on doit
utiliser un équipement roulant pour le transport des produits. Dans la mesure où
247
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
tous les produits stockés dans un local appartiennent à la même famille de compa-
tibilité, il suffira de les déposer directement sur le sol ou sur un support adéquat.
Le volume de la capacité de rétention est fixé par la réglementation des ICPE1 :
soit le volume du plus grand contenant, soit la moitié de la somme des volumes
stockés, en prenant la plus grande de ces deux valeurs. Toutefois, si les emballages
unitaires ne dépassent pas 250 litres et que leur contenu n’est pas inflammable, le
volume de rétention peut être limité à 20 % du volume total. Cette disposition
vise les installations soumises à autorisation, c’est-à-dire dépassant les volumes de
stockage minimum fixés. Mais le Code du travail donne un objectif global2 :
« L’employeur prend les mesures techniques et définit les mesures d’organisation du
travail appropriées pour assurer la protection des travailleurs contre les dangers décou-
lant des propriétés chimiques et physico-chimiques des agents chimiques. Ces mesures
portent, notamment, sur le stockage, la manutention et l’isolement des agents chimi-
ques incompatibles. À cet effet, l’employeur prend les mesures appropriées pour empê-
cher […] les risques de débordement ou d’éclaboussures, ainsi que de déversement par
rupture des parois des cuves, bassins, réservoirs et récipients de toute nature contenant
des produits susceptibles de provoquer des brûlures d’origine thermique ou chimique. »
Aucun volume minimum n’est mentionné, c’est pourquoi la règle de calcul des
volumes de rétention doit être toujours appliquée, quels que soient les volumes
concernés. Il est cependant toujours avantageux de créer des subdivisions de la
rétention au sol, sur des rayonnages, à l’intérieur d’une armoire, etc. Dans ce cas,
les rétentions placées à l’intérieur sont dites secondaires par rapport à la surface en
rétention du local, dite principale. Elles prennent souvent la forme d’un bac ou d’un
plateau. La rétention principale peut être aussi entièrement couverte par assemblage
d’éléments constituant chacun une rétention secondaire. Cette dernière formule
est très souple parce qu’évolutive et rapide à mettre en place.
muret
Les rétentions secondaires sont très efficaces pour limiter le périmètre de fuite, car
leur surface est bien inférieure à la rétention principale. Elles ne concernent donc
qu’un ou quelques contenants, ce qui présente l’énorme avantage de réduire la
248
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
tiroir bac
acides
grilles
d’aération
bases
oxydants
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
solvants
rétention principale
Dans le cas du stockage en vrac, la hauteur des équipements fait que des fuites
peuvent très bien sortir de la rétention, même si elle a le volume adéquat, comme
cela est démontré au paragraphe 4.3.3. Pour éviter les dommages consécutifs à une
249
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
telle éventualité, spécialement pour les produits corrosifs, on peut soit respecter la
bonne distance entre le muret de rétention et la cuve, comme indiqué dans le para-
graphe cité, soit rehausser le muret par un écran anti-projection, comme indiqué sur
le schéma suivant.
niveau
maxi
45˚
écran
rétention secondaire
pompe
On notera aussi sur ce schéma la volonté de ramener dans la rétention toute fuite
provenant des équipements annexes de la cuve : raccords, vannes, pompes, etc.
250
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
palettiers
allée de secours
aire départ
quai
aire arrivée
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
portes circulation
pare- chariots
flammes circulation
piétons
bureaux
251
5 • Applications particulières 5.1 Stockage
Le sol doit répondre à plusieurs critères de qualité. Le premier est une bonne planéité,
pour éviter tout choc ou vibration sur le chariot. Le second est la nettoyabilité, car
la propreté permanente des sols constitue un moyen de prévention contre les
risques d’accident et de pollution aérienne. Un revêtement synthétique est facile à
nettoyer et permet la matérialisation multicolore des surfaces dédiées et des allées
de circulation.
Un stockage bien conçu doit faire l’objet d’une gestion tendant à supprimer les risques
d’origine organisationnelle. Pour ce faire, il convient de :
Réduire les quantités au strict nécessaire :
Pour réduire les quantités stockées, il faut régulièrement analyser ses besoins, et
fixer le stock en fonction de la consommation, des emballages, des prix, des délais
de livraison, etc. Il faut aussi ne pas attendre pour éliminer les stocks « morts », en
l’absence de toute probabilité de réemploi. Une attribution de date de péremption
devrait être systématiquement appliquée à tous les produits, avec les alertes corres-
pondantes gérées par l’informatique. Pour éviter d’atteindre ces dates de péremption
par inadvertance, la règle du « premier entré – premier sorti » doit s’imposer.
Centraliser le stockage :
Il est important d’avoir un passage obligé unique pour tout produit entrant, quelle
que soit sa destination. Cela permet d’enregistrer les produits dans la base de
données avec toutes les informations de sécurité, de gérer le stock et de repérer les
utilisations multiples dans une usine ou une grande structure. C’est aussi un outil
pour tenter de diminuer le nombre de références commandées et simplifier ainsi le
stockage. Cet enregistrement unique est en outre le point de départ de la méthode
d’inventaire des risques par produit, la troisième citée dans le paragraphe 3.1.2.
Adapter la nature des emballages au mode d’utilisation (volume et fréquence) :
Le choix du type d’emballage pour les produits chimiques est un point clé de la
prévention, souvent oublié. Le choix est souvent fait en fonction du prix, alors que les
économies réalisées sont sans commune mesure avec le coût des dysfonctionnements
qu’un mauvais choix peut engendrer. Le premier des choix doit se faire entre les
emballages unitaires et le vrac. Lorsque les quantités consommées sont très faibles,
ou au contraire très importantes, le choix s’impose de lui-même. Dans les quantités
intermédiaires, par exemple entre 100 kg et 10 tonnes par mois, les deux modes
sont possibles. L’emballage unitaire est pratiquement obligatoire pour les solides. Il
convient bien aux utilisations peu fréquentes, ou avec des produits délicats ou très
dangereux. Jusqu’à 30 kg, ils sont faciles à manipuler, mais au-delà, ils exigent des
moyens de manutentions mécaniques et de soutirage. Le vrac a l’avantage d’éviter
toute manutention, y compris dans les utilisations très fréquentes, de bien se prêter aux
automatismes, et l’inconvénient de demander des investissements. C’est en outre
un moyen d’approvisionnement peu flexible. Des opérations de sous-conditionne-
ment fréquentes sont le signe d’une erreur de choix de conditionnement. D’autres
critères interviennent, comme la disponibilité, les moyens de livraison, la qualité,
la stabilité, etc. ; seule une approche globale conduira au meilleur choix.
252
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
253
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
254
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
Il existe encore, notamment dans la petite industrie chimique, des procédés où les
produits ont l’occasion de passer à l’air libre et donc de créer des expositions, prin-
cipalement respiratoires. Certains solvants, mais aussi des acides et des bases volatils,
ont de fortes pressions de vapeur capables de produire des concentrations atmo-
sphériques élevées en peu de temps. Des produits dangereux peuvent aussi être
générés par le procédé lui-même. Lorsqu’il s’agit de vapeurs ou de gaz, le risque
induit est assez élevé. Certaines réactions chimiques génèrent des produits à haut
niveau de danger, tel du cyanure d’hydrogène, du monoxyde de carbone, de
l’hydrogène, etc.
Ce problème gagne à être résolu au niveau du procédé, avant d’envisager des modi-
fications d’installation ou des systèmes de captage. Cette dernière solution vient
souvent en premier, alors que nous avons vu les inconvénients qu’elle entraîne
(voir paragraphe 4.3.6). Il est vrai que les phénomènes d’émission de vapeurs ou
de poussières ne se découvrent dans toute leur ampleur qu’au stade industriel et
sont souvent sous-estimés au stade de la recherche ou du développement.
Néanmoins, de petites émissions de vapeurs, de poussières ou d’aérosols peuvent
faire l’objet d’un captage à la source, en respectant bien les règles de l’art en la
matière. Les systèmes plus ou moins mécanisés de transfert des produits liquides
ou solides réduisent grandement les émissions, ce qui limite les débits de captage
exigibles. Le niveau de danger des produits manipulés peut conduire à une protec-
tion respiratoire redondante, telle que masque à cartouche, ou mieux, cagoule à
adduction d’air.
EXEMPLE DE RÉDUCTION D’EXPOSITION PAR LE PROCESS :
Cet exemple réel illustre bien ce point important de la démarche de prévention. Dans les années 1970,
une petite entreprise fabriquait du glycocolle, ou acide amino-acétique, à partir d’acide mono-
chloracétique par la réaction suivante :
Cl-CH2-CO2H + 2 NH3 = NH2-CH2-CO2H + NH4Cl
Cette réaction très simple est catalysée par de l’hexaméthylène-tétramine (HMT) et utilise de
l’ammoniac à l’état liquide, en excès. Quand la réaction, conduite par batch, est terminée, le milieu
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
réactionnel est introduit dans une grande quantité de méthanol qui provoque la précipitation du
glycocolle. Le chlorure d’ammonium formé reste en grande partie soluble dans le mélange hydro-
alcoolique. Mais ce mélange relargue alors tout l’ammoniac excédentaire qui restait soluble dans le
milieu réactionnel. Ce dégagement massif d’un gaz très volatil créait une pollution importante et
difficile à maîtriser de l’atmosphère de travail, malgré les différents captages de vapeurs mis en place.
Cette pollution diffuse se poursuivait au moment de l’essorage du glycocolle et de son séchage.
Face à ce problème, la première solution tentée a été de renforcer les moyens de captage. Compte
tenu de l’ensemble des difficultés que cette solution générait, l’entreprise s’est tournée vers une
révision du process. Après étude au service développement, il s’est avéré qu’une simple neutralisation
du mélange final à l’acide chlorhydrique supprimait tout dégagement d’ammoniac, sans nuire aux
résultats. Il a donc été installé un circuit d’introduction d’acide chlorhydrique en solution concentrée,
au moyen d’une pompe doseuse pilotée par un pH-mètre. Les conditions de travail de l’atelier ont
255
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
Il arrive que la manipulation des produits se fasse à l’air libre, ce qui rend possible
le contact direct avec les personnes. C’est notamment le cas à l’entrée et à la sortie
d’un système clos. Mais les installations de production sont parfois largement
ouvertes. En effet, une solution de prévention est toujours un compromis entre
l’efficacité de protection et le coût des moyens nécessaires. Ainsi, pour un produit
à faible valeur ajoutée, ou en très faible tonnage, ou utilisé rarement, il peut être
financièrement difficile de concevoir un système clos. Cela est particulièrement
vrai pour les produits pulvérulents ou visqueux, en raison de leur relative inapti-
tude à l’écoulement, ce qui rend les systèmes clos difficiles à concevoir pour de
petites quantités.
Pour éviter les contacts cutanés, il faut des outils, manuels ou mécaniques, éloi-
gnant l’opérateur du produit. Citons toutes sortes de pelles, raclettes, récipients
verseurs, généralement bien conçus pour cet usage. Au-delà, il existe pour les fûts
des systèmes de transfert de produit par aspiration ou par pompe, fixe ou mobile, ou
des installations de transport pneumatique. En fonction du danger, il faut compléter
la protection par le port de gants, de visières, de vêtements protecteurs, etc.
Une des phases opératoire les plus exposantes dans l’industrie chimique est le
transfert des produits pulvérulents. C’est une opération nécessitée, par exemple,
par le chargement des cuves et des réacteurs, des mélangeurs, et par le déchargement
des appareils de séchage, etc. Les émissions de poussières sont aussi présentes lors
des pesées, mais plus modérément.
Pour éviter la double exposition respiratoire et cutanée qui en résulte, il faut se
tourner à nouveau vers le principe du système clos, parce qu’il ne nécessite pas de
ventilation. En partant du fait que la grande majorité des pulvérulents sont condi-
tionnés en sacs, en fûts ou en conteneurs (souples ou rigides), la solution est de
mettre en place une interface entre le conditionnement et l’installation fixe qui
permette au produit de passer de son emballage au système en restant à l’intérieur
d’une enceinte. Les poussières ne se mettent en suspension que si une poudre se
déplace dans l’air. Il en résulte les règles suivantes, valables pour les sacs et les fûts :
– ouvrir l’emballage au repos ;
– placer l’emballage dans une enceinte de transfert ;
– refermer l’enceinte de façon étanche.
Ou :
– fixer une enceinte sur l’emballage de façon étanche ;
– assurer une jonction étanche avec le système ;
– provoquer le glissement du pulvérulent dans le système ;
– refermer le système et retirer l’emballage vide après une légère ventilation pour
éliminer les poussières restant dans l’enceinte de transfert.
256
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
vannes
enceinte étanche réacteur
fût
Dans le cas des sacs, il existe même des dispositifs pour couper le sac après sa mise
en place dans l’enceinte. On voit bien que ce système permet de travailler avec des
produits relativement dangereux en gardant des niveaux d’exposition négligeables.
De plus, le transfert peut être plus facilement réalisé sous atmosphère contrôlée,
en particulier inerte. Cette technique est encore meilleure si l’on utilise la variante
suivante.
Le pulvérulent est souvent chargé pour être mis en solution ou en suspension dans
un récipient agité. Il est parfois possible, si la nature du solvant le permet (notamment
avec l’eau), d’utiliser ce solvant pour entraîner la poudre vers la cuve, sous forme
de solution ou de suspension. Cela peut se faire directement dans l’emballage, s’il
s’y prête, ou dans une enceinte du type évoqué plus haut. Cette solution s’avère
alors plus aisée à réaliser.
Dès que les consommations sont importantes, elles se font à partir de conteneurs
et surtout de stockage en vrac. Dans ce cas, il faut un dispositif fixe de transfert des
poudres entre le stockage et le point d’utilisation. Un grand nombre de solutions tech-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
niques existent, telles que les convoyeurs à bande, à vis sans fin, à godets, et le transport
pneumatique avec toutes ses variantes. Le choix du type de transfert est délicat,
parce qu’il dépend beaucoup des caractéristiques physico-chimiques du produit.
Du point de vue sécurité, il faudra un examen sérieux du risque d’explosion.
Heureusement, la plupart de ces équipements peuvent être clos et même étanches.
Le point critique des systèmes de transfert des produits pulvérulents réside dans les
opérations de maintenance. Elles peuvent être fréquentes, motivées d’une part par
de l’entretien préventif ou des incidents techniques, d’autre part par la nécessité d’un
nettoyage approfondi exigé en cas de changement de produit transporté. C’est géné-
ralement l’occasion de fortes expositions, compte tenu de la quantité de produit
restant piégé par l’installation. Cela veut dire qu’il faut toujours se pencher sur
257
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
1. Risques d’exposition aux principes actifs pharmaceutiques et médicaments, note technique n˚ 21, caisse
régionale d’assurance maladie d’Île-de-France.
2. On peut consulter en particulier : La prévention du risque toxique lié à la fabrication des médicaments,
DMT (dossier médico-technique) 75 TC 69.
258
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
prévention, à savoir une AMDE approfondie des installations, dont il sera possible
de déduire :
– quels dispositifs d’élimination des produits contenus sont à intégrer dans les
équipements ;
– comment organiser les interventions en toute sécurité.
Nous rappelons à cette occasion que le captage des poussières, s’il paraît simple et
efficace, repousse en fait le problème au niveau du système de ventilation et filtration.
5.2.2 Accidents
En plus des risques classiques d’exposition massive et d’incendie-explosion, l’industrie
chimique doit faire face au risque d’accident de process. Il consiste en une perte de
contrôle du procédé, avec ou sans emballement de réaction, pouvant conduire à
une ouverture imprévue du système suivie de projections, d’émanations massives
et d’explosions. En fait, on reste dans le cadre de deux types classiques d’accidents
chimiques, la particularité venant du déclencheur, qui se situe dans la maîtrise du
process. La démarche de prévention intègre donc cet aspect.
La méthodologie dit qu’il faut d’abord utiliser des produits moins dangereux. Mais
ici la liste des dangers à prendre en compte est plus large que dans le cadre de la
prévention des expositions. Il faut ajouter les dangers d’inflammabilité, de réactivité,
d’instabilité et de toxicité aiguë. Pour certains intermédiaires, les données risquent
de manquer pour situer ces dangers. Pour les dangers physico-chimiques, il est
relativement aisé de réaliser des tests en laboratoire plus ou moins normalisés, le
but étant d’avoir une information suffisante pour prendre une décision. Ces tests
doivent conduire à un étiquetage, ou à un ré-étiquetage, de tous les produits, même
temporairement isolés. Certains ouvrages1 fournissent des outils pour y parvenir.
Notons qu’il n’existe pas de phrase de risque générale « forte réactivité », mais il
n’est pas interdit d’en créer une en « interne ».
m Le confinement
La phase suivante consiste à éviter les situations dangereuses. Cela revient à conce-
voir les installations de façon à rendre improbable la présence humaine en zone
dangereuse. Ce principe est à la base de la conception de l’espace de production
par cercles concentriques à risque décroissant, alors que la présence humaine décroît
en sens inverse, selon le schéma suivant :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Risque faible
Risque
négligeable Présence occasionnelle
259
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
260
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
Ces facteurs, très classiques, suggèrent globalement que l’analyse de risque sur cette réaction n’avait
pas été faite au préalable. En particulier, les propriétés du borohydrure de sodium conduisent à
imaginer facilement ce type de dérive de réaction. Une telle analyse aurait permis de mettre en
place les quelques mesures correspondantes qui auraient rendu l’accident impossible :
• La conduite de la réaction est à réserver à une personne expérimentée, qui peut toutefois très
bien encadrer un débutant dans le poste.
• Un débit précisé dans un mode opératoire doit faire l’objet d’une mesure en continu, et non pas
reposer sur un repère de réglage de la pompe.
• Des capteurs de pression et de température doivent être placés dans le réacteur et dans les
conduites de vapeurs, afin d’alerter précocement de tout début de dérive.
• Des soupapes tarées de décharge de pression sont installées pour éviter une rupture trop rapide
du disque, du moins quand une possibilité de dégagement gazeux existe.
• Un inertage à pression positive maintenue évite toute formation d’atmosphère explosive.
• Les réactions dangereuses sont réalisées en espace confiné et leur pilotage est assuré à distance à
partir d’un local protégé.
Une seule de ces mesures aurait empêché l’accident de se produire et l’ensemble des six mesures
empêcherait tout autre accident.
Cette analyse préalable permet de concevoir le montage destiné aux essais qui va
intégrer des mesures pour tous les événements dangereux envisageables. Ces mesures
s’inspirent des principes de confinement et de pilotage à distance, qui sont utilisables
depuis le laboratoire grâce aux dernières technologies disponibles. Ce point est une
occasion de remettre en cause le recours systématique au verre comme matériau de
base du matériel de chimie, du laboratoire jusqu’aux équipements industriels,
notamment dans la chimie fine. Son succès repose sur deux avantages, la résistance
chimique et thermique et la transparence, en négligeant son principal inconvénient :
1. Chemical Thermodynamic and Energy Hazard Evaluation, diffusée par l’ASTM (American Society of
Testing Materials), www.astm.org.
261
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
1. http://aria.ecologie.gouv.fr/barpi_stats. gnc
262
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
m Le pilotage à distance
Confiner la zone dangereuse suppose que les commandes et les mesures indispen-
sables soient réalisées à distance. Les technologies correspondantes sont très évoluées
tout en étant facilement disponibles. Les obstacles au développement de ce principe
sont plutôt d’ordre comportemental, car les chimistes utilisent beaucoup l’infor-
mation visuelle pour piloter les réactions. Mais une fois mis au point et stabilisé,
un mode opératoire est parfaitement reproductible, à condition de connaître tous
les paramètres influents. Il ne reste ensuite qu’à choisir les bons capteurs et les bons
actionneurs pour piloter les réactions sans être au contact du matériel, sachant que
la vision peut même être substituée au besoin par de la vidéo.
Les avantages du pilotage à distance sont nombreux. L’électronique offre des possi-
bilités de surveillance continue des paramètres invisibles, tels que la viscosité du
milieu, son pH, son absorption en ultraviolet, sa résistivité, etc. Cette richesse de
mesures fait que le pilotage à distance des réactions apporte, outre la sécurité en cas
d’incident, une meilleure maîtrise du procédé et donc une parfaite reproductibilité.
Des réactions peuvent être totalement gérées par un automate. Ainsi, que le process
soit continu ou discontinu, le pilotage à distance autorise le système clos, objectif
final de la sécurité avec des agents chimiques dangereux. Enfin, si malgré tout le risque
incendie et explosion demeure, il est possible de prévoir de l’inertage ou des moyens
d’extinction massifs dans un local où aucune présence humaine n’est tolérée en
fonctionnement. Les avantages sont tellement importants que ce principe mérite
d’être déjà appliqué au stade des études en laboratoire et du développement.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
263
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
d’un batch à l’autre. La précipitation très épaisse du phosphate d’alumine rendait son homogénéité
aléatoire sur des batch de plusieurs tonnes.
Des études, provoquées par le développement de ce principe actif, ont conduit à revoir complète-
ment le procédé dans le but de le rendre continu. Pour cela, il fallait évidemment des réactifs
uniquement liquides. Il n’a pas été difficile de trouver du sulfate d’alumine en solution, puisqu’il
est produit principalement sous cette forme. Quant au phosphate trisodique, il a été tout simple-
ment remplacé par ses précurseurs, à savoir de l’acide phosphorique et de la lessive de soude, tous
deux concentrés. Le mélange des trois produits, selon un mode opératoire plus difficile à mettre au
point qu’il ne paraît, donne effectivement un phosphate d’alumine de très bonne qualité. Le
passage au continu était dès lors possible, moyennant le développement d’un réacteur continu de
forme annulaire, équipé des systèmes de contrôle-commande adéquats. Entrent simultanément
dans ce réacteur d’une part un mélange d’acide phosphorique et de sulfate d’alumine, d’autre part
la solution de soude. Il en sort en continu une suspension de phosphate d’alumine, que l’on envoie
sur un filtre continu. Le mélange initial acide est bien sûr préparé par batch de grand volume, ce
qui permet de déterminer un numéro de lot pour le produit final formulé, indispensable pour le
suivi qualité. Cette installation mono-produit est complètement close, et n’est arrêtée et ouverte
que pour la maintenance annuelle.
phosphate d’alumine
acide phosphorique
+ sulfate d’alumine Réacteur en boucle
soude
Le gain réalisé en matière de prévention est considérable, aussi bien pour les expositions que pour
les accidents. Comme c’est souvent le cas avec ce système, un gain de qualité et de régularité a aussi
été observé, sans parler de l’amélioration des conditions de travail, puisque toute manutention a
pratiquement disparu, du moins au stade de la production chimique.
Les établissements de production chimique, et ils ne sont pas les seuls, se caractérisent
par la quantité, la diversité et le niveau de danger des produits qu’ils sont amenés à
stocker, en amont comme en aval de la fabrication. Cette situation dangereuse
exceptionnelle appelle des mesures renforcées de prévention. La première, qui
applique le principe d’éloignement, consiste à constituer un parc de stockage pour
les emballages unitaires et un autre pour le vrac. Selon les dimensions utiles et la
nature des produits, ces parcs peuvent être plus ou moins abrités des intempéries.
Situés à une distance de sécurité des ateliers, ils leur sont reliés par un rack de tuyau-
teries, conçu pour faciliter la maintenance. Ils sont agencés par famille de compa-
tibilité et la signalisation en est particulièrement soignée, tant pour l’identification
264
5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
des produits que pour les dangers associés. Les rétentions sont réalisées pour bien
protéger de tous les risques de projection, comme détaillé au paragraphe 5.1.2.
De telles installations de stockage supposent des mouvements de véhicules fréquents :
des véhicules routiers en amont et des chariots élévateurs en aval. Le croisement de
ces deux groupes de véhicules doit être impossible en fonctionnement normal.
Pour les emballages unitaires, les aires de manœuvre sont largement dimensionnées,
notamment pour pouvoir réaliser des rampes de franchissement des murets de
rétention avec une pente modérée. Le schéma suivant montre certaines des recom-
mandations évoquées.
sprinkler luminaire
portes
pare-flammes
Les emballages unitaires peuvent aussi être stockés à l’air libre, lorsqu’ils résistent
bien aux intempéries. Les aires de stockage de ce type sont très simples ; elles
doivent simplement être en rétention, avec les rampes de franchissement.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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5 • Applications particulières 5.2 Industrie chimique et pharmaceutique
L’inconvénient de cette formule est que les rétentions se remplissent en cas de pluie.
La solution qui consiste à équiper les points bas d’une vanne de vidange n’est pas à
retenir, en raison de la possibilité d’oubli de fermeture. Il est préférable d’équiper
les puisards d’une tubulure d’aspiration permettant à une pompe mobile de procéder
à la vidange autant que de besoin. Une meilleure solution est de couvrir toutes les
aires de stockage, en constituant des cellules spécialisées, accessibles par une rampe.
Pour gagner en capacité de rétention, il est aussi préférable de placer les emballages
sur un caillebotis recouvrant la rétention.
Le parc à citernes est également conçu pour faciliter les approvisionnements et les
interventions de secours. En particulier, il dispose d’aires de déchargement (ou
dépotage) en rétention, comme le montre le schéma suivant :
auvent
passerelle
266
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
Le dépotage de liquides dangereux est toujours une opération à risque élevé d’incendie
et de projections. Ce poste doit être équipé en conséquence, avec une signalisation
évitant les erreurs de branchement des tuyaux et un dispositif de recueil des égout-
tures. Toutes les mesures de suppression des sources d’ignition sont primordiales
compte tenu des quantités en cause, et en particulier les dispositifs de mise à la
terre des citernes. Pour les substances les plus inflammables, il est recommandé de
les stocker dans des cuves enterrées.
Le niveau réel de liquide dans les citernes est une autre source d’erreurs conduisant à
des débordements, dont les effets nuisibles sont nombreux. D’où les recommandations
suivantes :
– une indication de niveau bien visible depuis le poste de dépotage ;
– une indication de niveau redondante fonctionnant de façon autonome : soit à
flotteur et contrepoids, mais l’information est alors inversée, soit à tube de niveau,
mais elle est moins visible et plus fragile ;
– un tube de trop-plein bien dimensionné pour conduire l’excédent éventuel au
fond de la rétention.
Les citernes de stockage demandent parfois des interventions à l’intérieur, ce qui
présente plusieurs risques évidents. Une mesure efficace consiste à prévoir sur les
citernes, outre le trou d’homme classique, une trappe de visite dans le bas, à hauteur
d’homme, comme les cuves de vinification en possèdent. Cette ouverture ainsi
placée facilite grandement la ventilation, la pénétration, la sortie d’urgence, l’inter-
vention de secours, l’introduction d’outillage, etc. La réticence vis-à-vis de ce dispositif
est motivée par la crainte de fuites, mais ce n’est pas un problème insurmontable.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
267
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
mais toujours présente qu’une mesure idéale mais souvent absente. Deux grandes
familles d’activités relèvent du traitement des surfaces.
268
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
le nettoyage du matériel plus difficile et une pollution préoccupante des eaux utilisées
pour le nettoyage et parfois pour le captage des aérosols en cabine. Comme toujours,
une recherche de substituant doit faire l’objet d’un bilan avantages/inconvénients,
qui n’est valable qu’au cas par cas. Ainsi, un produit solvanté pourra être préféré si,
dans certaines conditions, les risques peuvent être parfaitement maîtrisés et au
final être inférieurs à ceux d’un produit hydrodiluable. Pour illustrer ce point, citons
le cas du remplacement de l’application d’un produit hydrodiluable sur un chantier
de pose de panneaux de parement par la pose de panneaux pré-peints en atelier
spécialisé, mais avec un produit solvanté.
Après la substitution vient la réduction des expositions. Cette solution s’impose
quand le produit dangereux n’est pas appliqué, mais généré par l’activité. Dans ce
domaine, on trouve essentiellement les poussières. Il faut d’abord essayer de supprimer
le phénomène d’émission, qui est presque toujours lié à une action mécanique sur
un matériau dur, la vitesse de l’outil étant à l’origine de la projection des parti-
cules. La solution à envisager consiste à réduire au maximum les vitesses des outils.
Cela est parfois possible, pour tronçonner, percer, lisser, retirer une couche, etc.,
grâce à des outils spéciaux travaillant à basse vitesse, connus des professionnels.
D’autres fois, il est possible de travailler « à l’humide ». Cela veut dire humidifier au
préalable le matériau travaillé, ou envoyer un brouillard d’eau sur la zone d’émission
des poussières. Cette technique est très utilisée en démolition et en retrait de maté-
riaux contenant de l’amiante. Elle n’est pas parfaite et induit d’autres problèmes
liés aux boues formées.
À défaut d’une telle solution, il faut s’efforcer de tenir l’opérateur hors de la zone
de présence des poussières. Deux possibilités s’offrent alors :
– Si l’émission des poussières est localisée sur l’outil employé, il faut essayer de la
capter à la source. On peut utiliser un outil aspirant, décrit précédemment. Il existe
des ponceuses, des perceuses, ou des scies de ce type. Leur efficacité et leur ergo-
nomie ne sont pas encore arrivées à un niveau satisfaisant, à en juger par la réticence
des utilisateurs professionnels. Nous croyons pourtant que c’est un marché d’avenir.
– Si l’émission est plus ou moins diffuse, on ne peut que la confiner dans un certain
espace, dans lequel l’opérateur ne devra pas pénétrer. Il lui faut donc des moyens
électromécaniques plus ou moins télécommandés. On peut illustrer ce principe
par l’utilisation d’une enceinte mobile à appliquer contre une façade pour la
sabler, ou celle d’un engin télécommandé dans un chantier de démolition.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Le principe du captage des poussières dans une enceinte ventilée est assez bien
répandu dans les établissements fixes, y compris ceux qui relèvent du secteur bâti-
ment, comme certains tailleurs de pierres. Nous pensons donc qu’il existe une
« troisième voie » pour le problème de l’exposition sur les chantiers temporaires.
Lorsqu’il s’agit, par exemple, d’éléments à découper relativement manipulables,
comme en couverture, en revêtement ou en parement, les opérations de découpe
peuvent très bien se faire dans un local mobile préfabriqué, équipé dans les règles
de l’art, et placé à proximité immédiate du lieu de pose. Nul doute que les conditions
de travail ainsi améliorées auront des conséquences sur la qualité du travail, voire
sa productivité. Il est même possible que les découpes soit prévisibles et planifiables,
269
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
270
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
Chlorhydrique
Niveau de danger réduit
Acides Sulfurique Corrosif R35 4
par la dilution
Nitrique
R : 49-61-20/
Sulfate de Toxique Nouveau classement
Sels de nickel 22-38-42/43- 4
nickel CMR dans la 30e ATP
48/23-68-
Inflammable R10
Hydrocarbures White-spirit 3
Nocif R65
Très volatils
Tétrachloréthy-
Solvants chlorés Nocif R40 3 Le trichloréthylène
lène
est classé CMR (R45)
271
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
Elles sont activées par une agitation, surtout quand elle est réalisée par un bullage
d’air comprimé, par l’électrolyse, par la sortie des pièces du bain, par les courants d’air.
Elles sont réduites par la dilution des produits en solution et par la couverture éven-
tuelle des bains.
La première exposition est respiratoire, qu’il s’agisse de vapeurs minérales ou orga-
niques, de gaz, généralement sous-produits de réactions parasites, ou d’aérosols
produits par l’agitation, l’électrolyse ou les mouvements de pièces. La seconde
exposition est cutanée, issue de contacts non maîtrisés avec des produits, des
pièces et du matériel souillé. Ce procédé, dans sa conception traditionnelle, s’avère
effectivement très polluant pour l’environnement immédiat.
Les risques accidentels sont très présents du fait de l’accumulation de substances
réactives avec assez peu de confinement en général. On retrouve donc principalement
des risques de projections et d’émanations massives provoquées par des mélanges
dangereux, pour ne parler que des risques chimiques. Le risque incendie est peu
présent, du moins pendant la présence humaine, mais il est à l’origine de gros dégâts
matériels pendant les absences d’activité.
Cette activité génère en outre des effluents liquides et gazeux très nuisibles
pour l’environnement. La réglementation est d’ailleurs très contraignante dans cette
activité1. La plupart des établissements concernés assurent leur propre détoxication
d’effluents. Le traitement des effluents liquides relève de techniques physico-chimiques
assez complexes qui demandent en fait des stations d’épuration qui ont tous les
caractères d’un atelier de chimie. Cette activité connexe génère à son tour des risques
chimiques importants, d’autant plus que la compétence des personnes employées
est souvent inadaptée à la chimie pure. D’ailleurs, les accidents les plus graves
enregistrés, dont des mortels, se sont produits dans des stations de détoxication.
Une grande partie des risques chimiques présents appellent les mêmes mesures que
dans l’industrie chimique. Il s’agit principalement des risques liés aux dépotages de
réactifs en vrac, à la manipulation des produits pour préparer ou recharger les bains, à
la gestion du stockage et à la conduite de la station d’épuration2. La spécificité apparaît
dans le traitement en bains, parce qu’on est en présence d’un système largement
ouvert et avec des mouvements de pièces qui posent un problème inhabituel.
Dans un premier temps, il est toujours utile d’agir sur le niveau de danger, c’est-à-
dire par substitution. Compte tenu des effets recherchés, les possibilités de substi-
tution, qui ont été souvent explorées, sont assez limitées. Les acides et bases concentrés
ne sont pas remplaçables par des produits moins dangereux. Les métaux dangereux
qui servent aux dépôts (chrome, nickel) ne le sont pas non plus par définition.
Pour le chrome, seule la valence 6 est dangereuse, mais les essais de substitution par
du chrome 3 ne donnent pas encore satisfaction. Par contre, les chromates inter-
venant dans des actions de conversion laissent espérer des substitutions possibles.
1. L’arrêté du 26 septembre 1985, qui régissait jusqu’à présent les installations de traitement de surface,
a été révisé. Ces activités autorisées sous la rubrique ICPE 2565 doivent désormais respecter l’arrêté du
30 juin 2006.
2. Voir la brochure INRS Ateliers de traitement de surface – Prévention des risques chimiques, ED 827.
272
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
Les cyanures sont déjà remplacés dans toutes leurs grandes applications, notam-
ment pour le zincage. Ils restent toutefois indispensables dans les dépôts de
métaux précieux (or et argent), qui représentent de petites productions.
En définitive, pour le chrome 6 comme pour les autres produits dangereux, la solution
passe logiquement par l’approche du système clos. Compte tenu du mouvement
des pièces, on ne peut concevoir qu’un système presque clos, ce qui est déjà beaucoup
plus performant que la protection par aspirations latérales, qui s’est répandue dans
les ateliers depuis des années. Or, la campagne de lutte contre les CMR, lancée par
les pouvoirs publics, devrait générer de nouvelles solutions, plus conformes à la
méthodologie et aux textes réglementaires.
Pourtant, la solution technique qui permet le passage d’objets sans rompre le
confinement est connue depuis longtemps : c’est le principe du sas. Appliqué aux
cuves de traitement de surface, il devient une enceinte mobile qui les prolonge au
moment de l’entrée ou de la sortie des pièces, qui restent alors confinées. En
dehors de ces mouvements, les cuves doivent évidemment rester fermées et ne s’ouvrir
qu’en présence de l’enceinte mobile. Ce principe a été décrit dans le guide de
ventilation que l’INRS a élaboré pour l’activité du traitement de surface1. Voici le
schéma correspondant :
entrée d’air
cadre porte-pièces
aspiration
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
273
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
Figure 5.20 – Schéma montrant la jonction entre l’enceinte mobile et les cuves avec couvercles
Ces deux contraintes techniques, qui impliquent l’utilisation d’un automate, ont
certainement freiné son développement. Un tel équipement n’a été mis en place que
sur quelques unités importantes. Pourtant, ce concept réunit les avantages suivants :
– L’ensemble cuves et pièces traitées est presque totalement confiné et en dépression.
Cela est donc conforme à la réglementation concernant les CMR.
– À la sortie des pièces, l’enceinte permet de procéder à l’égouttage, sous courant
descendant et avec un rinçage éventuel par pulvérisation.
– Les pièces se déplacent de cuve en cuve sans sortir de l’enceinte.
– Quand l’enceinte quitte une cuve, celle-ci est déjà refermée et ventilée.
– Le débit de ventilation requis pour chaque cuve est égal au dixième de celui
requis pour la même cuve ouverte avec aspiration bilatérale.
– Les bains sont eux-mêmes protégés de toute introduction accidentelle d’un corps
ou produit étranger.
– Le personnel est à l’abri de toute exposition respiratoire ou cutanée.
Bien sûr, un tel équipement doit être prévu dès la conception d’un atelier et ne
peut s’adapter qu’exceptionnellement à une ligne de cuves existante. On peut
penser qu’il n’est pas compatible avec de petites productions très flexibles. C’est
une idée fausse, car la flexibilité est apportée par l’automate, qui ajoute une grande
274
5 • Applications particulières 5.3 Traitements de surface
reproductibilité des résultats. Nous l’avons déjà dit, un progrès technique impose
toujours une modification de l’organisation du travail.
Une solution comparable est possible pour de petites unités, à condition que les
émanations de tous les bains d’une ligne soient compatibles entre elles. Il s’agit du
confinement par tunnel. Dans ce cas, l’enceinte enveloppe toute la ligne des cuves,
qui sont équipées d’aspirations latérales, ou même, plus simplement, d’un ou deux
points d’aspiration. L’entrée d’air se fait alors par les extrémités du tunnel, selon le
schéma suivant :
aspiration
Le tunnel permet tout aussi bien de limiter les débits de ventilation et de protéger
le personnel. Des ouvertures sont possibles le long de la ligne pour les diverses
interventions nécessaires.
Ces deux systèmes ne dispensent pas de la maintenance des bains, c’est-à-dire les
apports de produits chimiques, les remplacements et déplacements de bains et
l’élimination de ceux qui sont usagés. La prévention des risques importants qui
sont liés à cette activité doit s’inspirer de celle que l’on pratique dans l’industrie
chimique. Cela veut dire concrètement :
– Tous les transferts se font par pompes et canalisations fixes.
– Les mises en solution se font hors cuves, dans un récipient spécialement équipé
dans ce but, avant le transfert de la solution préparée.
– Les traitements physiques du bain, tels que chauffage, refroidissement, filtration,
se font autant que possible à l’extérieur de la cuve par circulation dérivée.
Les dégraissages de pièces par solvants, qu’ils soient chlorés ou inflammables, deman-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
dent le même type d’équipement. Les cuves sont closes, les mouvements de pièces
sont mécanisés, les vapeurs sont piégées par condensation et l’ensemble est maintenu
en dépression.
Quant à la station d’épuration, c’est un atelier de chimie et il doit être traité inté-
gralement comme tel. Il est vrai que le respect scrupuleux de ce principe alourdit
encore l’investissement déjà très lourd d’une station physico-chimique pour des
ateliers de traitement de surface de taille majoritairement réduite. C’est pourquoi
la solution qui nous paraît la plus rationnelle est de sous-traiter cette activité soit à
des entreprises spécialisées, mais avec l’inconvénient d’un transport de matières
dangereuses, soit à des unités de traitement communes à un groupement d’entre-
prises.
275
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
m Réglementation européenne
276
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
R53 Peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique.
R58 Peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement.
N - Dangereux pour
l’environnement
Figure 5.22
que la toxicité pour le milieu aquatique, dans la classe 4.1. Celle-ci comporte deux
sous-classes, l’une pour la toxicité chronique et l’autre pour la toxicité aiguë. Les
éléments qui déterminent le classement sont les suivants :
– toxicité aiguë pour le milieu aquatique ;
– bioaccumulation potentielle ou réelle ;
– dégradation (biologique ou non biologique) des composés organiques ;
– toxicité chronique pour le milieu aquatique.
En fonction des différents tests, il est possible de déterminer la catégorie de danger
qui reflète son niveau. Le nombre de catégories n’est pas le même pour les deux
sous-classes. Voici le tableau qui résume les règles d’étiquetage :
277
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Toxicité AIGUË
Mention Très toxique pour les Toxique pour les Nocif pour les
de danger organismes aquatiques organismes aquatiques organismes aquatiques
Toxicité CHRONIQUE
Très toxique pour Toxique pour les Nocif pour les or-
Peut être nocif à
les organismes organismes aquati- ganismes aquati-
Mention long terme pour
aquatiques, en- ques, entraîne des ques, entraîne des
de danger les organismes
traîne des effets né- effets néfastes à effets néfastes à
aquatiques
fastes à long terme long terme long terme
Le SGH est très précis sur les critères de classement dans les différentes catégories
et propose un organigramme de décision complet en fonction des résultats de tests
ou autres données. La codification des dangers est elle-même bien détaillée,
comme le montre ce tableau, extrait de l’annexe 5 :
Catégorie
Code Mentions de danger pour les dangers pour l’environnement
de danger
278
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Catégorie
Code Mentions de danger pour les dangers pour l’environnement
de danger
H413 Peut être nocif à long terme pour les organismes aquatiques 4
m Code de l’environnement
Code Danger
H1 Explosif
H2 Comburant
H3-B Inflammable
H4 Irritant
H5 Nocif
H6 Toxique
H7 Cancérogène
H8 Corrosif
H9 Infectieux
H11 Mutagène
H14 Écotoxique
279
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
péenne, complétés par quatre nouveaux. Il faut noter que les termes « irritant »,
« nocif », « toxique », « cancérogène », « mutagène », « toxique pour la reproduction »
et « infectieux » ne sont adaptés théoriquement qu’à l’espèce humaine, alors que la
cible est bien plus large.
En conclusion, la connaissance du danger pour l’environnement, qui est la première
étape de l’analyse de ce risque, peut s’appuyer sur l’étiquetage européen. Mais cet
étiquettage n’est pas disponible pour tous les rejets et effluents, puisqu’ils prennent
en général naissance dans l’activité. Une démarche de classement volontaire s’impose
donc, qui peut être relativement facile avec un historique précis de la formation de
ces rejets et effluents.
1. À ce sujet, voir l’arrêté du 29 mai 2000 : il a pour objectif de réduire les émissions de composants
organiques volatils (COV) dans l’atmosphère.
280
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Cela peut être une grosse fuite d’eau accidentelle entrant en contact avec des produits,
ou un phénomène naturel comme de la pluie ou une inondation, ou enfin l’eau
utilisée pour l’extinction d’un incendie. Tous ces événements sont évidemment au
cœur de l’étude de danger exigée pour les installations classées.
Ce sont les mêmes scénarios qui conduisent à des pollutions accidentelles du sol.
Pour qu’elles soient possibles, il faut que la surface du sol soit à l’air libre, ou qu’il
y ait des failles dans le revêtement du sol. En fait, les trois milieux sont encore
atteints simultanément dans beaucoup de scénarios.
Les dommages peuvent être des atteintes directes à la santé humaine, en particulier
dans le cas d’une émission atmosphérique massive de produits toxiques. La catastrophe
chimique qui est sans doute la plus grave connue à ce jour est celle de l’explosion
281
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
282
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Phrase de risque
Durée d’émission Débit d’émission
Niveau de danger
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Niveau de pollution
Importance du risque
283
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
m Risque accidentel
284
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
doit être adaptée à la granulométrie des particules. Cette dernière est très variable,
comme le montrent les exemples suivants :
Ciment 2 à 100
Bois 1 à 1 000
285
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Il existe de nombreux procédés pour retenir les poussières émises dans l’air. Le tableau
suivant résume les principales technologies disponibles :
Filtres à manches
Très simple, décolmatage possible en continu
Filtres à poches
Les filtres les plus performants combinent plusieurs de ces procédés. Les médias
filtrants sont aussi très variés, selon la granulométrie concernée, la nature chimique
et la température, avec une évolution vers les non-tissés et les fibres synthétiques
modernes comme l’aramide ou le PTFE1. Le principal problème que posent ces
équipements est l’élimination des produits arrêtés, que ce soit par décolmatage
automatique, purge continue ou échange de bloc filtrant. Ces opérations peuvent
générer des expositions importantes. Pour les prévenir, l’installation doit satisfaire
quelques conditions :
– contrôler aussi bien le colmatage qu’une fuite du média filtrant, par un dispositif
de surveillance et d’alarme ;
– répondre aux exigences des atmosphères explosives, si c’est le cas ;
– posséder un système de décharge et de conditionnement des déchets en confi-
nement continu.
En définitive, le dépoussiérage est une épuration efficace sans grande difficulté,
mais il demande des installations coûteuses. Il conduit donc à des déchets solides,
qu’il est parfois possible de recycler.
Épuration des COV :
Le piégeage des COV contenus dans l’air de captage ou dans les évents de certains
appareils peut faire appel à des techniques très diverses du domaine physique et
chimique. En dehors du problème de l’investissement, la difficulté principale rencon-
trée pour l’application de la plupart des techniques disponibles est la concentration en
polluant. En effet, une grande dilution (quelques ppm) fait chuter le rendement de
l’épuration, c’est-à-dire le rapport entre la quantité retenue et celle qui entre dans
l’épurateur. La première mesure à prendre est donc de limiter le débit de captage au
minimum, pour favoriser une concentration plus élevée en polluants. C’est une
1. Pour en savoir plus, consulter le rapport du CETIAT de juillet 2003, disponible sur le site de l’ADEME :
www2.ademe. fr.
286
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
< 10 % 10 à 20 % 20 à 50 %
287
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Les très petites installations utilisent des filtres à charbon jetables, ce qui n’est ni
fiable, ni économique, ni écologique. La bonne utilisation suppose la régénération
par cycle, qui est assez simple, puisqu’elle se fait par passage d’air chaud ou de
vapeur d’eau au travers de la colonne d’adsorption, de préférence à contre-courant.
Il suffit d’avoir une batterie de deux colonnes, l’une fonctionnant en épuration
pendant que l’autre est en régénération.
air propre
vapeur d’eau
récupération
air chargé des polluants
Évidemment, la régénération libère un air très chargé en polluant, qu’il faudra traiter
à nouveau. Mais comme le polluant relargué est en forte concentration, il est alors
très facile de lui appliquer l’une des techniques suivantes.
Une deuxième technique d’épuration importante est l’absorption dans un liquide.
Elle utilise la solubilité du polluant dans un liquide choisi dans ce but. Dans le cas
des COV, on utilise un solvant lourd, souvent une huile pétrolière. Pour bien fonc-
tionner, l’absorption demande un contact intime avec le liquide, que l’on obtient avec
des colonnes spécifiques, appelées laveurs, qui fonctionnent avec un garnissage.
air lavé
garnissage
Figure 5.25 – Colonne
de lavage de gaz
air chargé
liquide de lavage
288
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
L’intérêt de ce choix est de pouvoir récupérer le solvant dissout par simple distilla-
tion de l’huile chargée. Ce système peut fonctionner en circuit fermé et fournit le
solvant à l’état liquide et pratiquement pur. Un mélange de vapeurs redonne le même
mélange à l’état liquide. Cela permet un recyclage quasi total de solvant volatil, les
inconvénients étant, en dehors de l’investissement, une consommation d’énergie
importante et une certaine technicité.
La version la plus courante de cette technique est le piégeage des vapeurs minérales,
et de certaines vapeurs organiques, par dissolution dans l’eau. Cette technique est
assez économique, puisqu’elle utilise l’eau ou une solution aqueuse comme liquide
absorbant et qu’elle s’accommode d’une grande quantité de polluants. Parmi tous
ceux qui sont piégeables, citons :
– acides et bases volatils (acide chlorhydrique, nitrique, acétique, ammoniac et
certaines amines) ;
– produits toxiques (cyanure et sulfure d’hydrogène, chlore) ;
– aérosols (cyanures alcalins, bases et acides concentrés, chromates, etc.) ;
– toutes poussières toxiques ou réactives.
Ces laveurs fonctionnent avec un garnissage ou une aspersion. Le liquide d’absorption
tourne en circuit fermé et doit être renouvelé, soit totalement par périodes, soit
partiellement par prélèvements. Le liquide ainsi saturé constitue un nouveau déchet
qui est soit retraité, soit éliminé comme tel.
Les vapeurs émises par la respiration des cuves de stockage peuvent être facilement
piégées de cette façon, en utilisant un dispositif très simple, sans circuit de ventilation,
comme le montre le schéma suivant :
Évent
Cuve de
stockage Laveur de gaz
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
289
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
une paroi froide. Elle demande par contre une certaine concentration en COV
pour bien fonctionner, de l’ordre de 1 % minimum. En fonction du point de rosée du
composé à condenser, le refroidissement du condenseur peut être assuré par de
l’air, de l’eau ou un fluide frigorigène à basse température. Le solvant condensé est
ainsi prêt à être recyclé dans le process, ou réutilisé par ailleurs. Cette technique est
assez simple, excepté pour des solvants à bas point d’ébullition, qui demandent
deux étages de condensation. Elle peut compléter une première récupération, en
particulier une adsorption.
Une quatrième technique, en fait une élimination, est apportée par la combustion.
Elle peut prendre divers chemins. La combustion est directe si le polluant est
combustible et suffisamment concentré. Il constitue alors un apport d’énergie, exploi-
table dans une chaudière spécialisée. Cela est facile après une adsorption ou une
condensation. Mais si le polluant n’est pas combustible ou trop dilué, il peut être
injecté dans une chaudière fonctionnant avec son combustible normal. Dans ces deux
cas, il faut tenir compte de la composition particulière des gaz de combustion et
prévoir éventuellement leur lavage. C’est ce qui fait la difficulté de l’élimination des
solvants halogénés, qui doivent faire l’objet d’une ségrégation avant traitement.
La combustion peut aussi se produire sans flamme. Il existe des catalyseurs de
combustion, fixés sur un support réfractaire, qui provoquent une réaction auto-
entretenue avec l’oxygène de l’air et permettent au besoin la récupération des calories
dégagées. Cette technique est aussi utilisable en aval d’une autre. On peut résumer
tous les couplages possibles des différentes techniques par le diagramme suivant :
absorption
adsorption
condensation
combustion
rejets
recyclage gazeux
déchets
solides ou
liquides
Les procédés biologiques sont basés sur la transformation des molécules par des
organismes microbiologiques en sous-produits sans toxicité pour l’homme ou
l’environnement. C’est le principe utilisé dans les stations d’épuration biologiques,
290
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
pour les effluents aqueux, mais appliqué à des effluents gazeux. Le traitement
biologique est basé sur une réaction d’oxydation exothermique des composés en
présence d’oxygène et de micro-organismes ; cette réaction conduit à la formation
de biomasse, d’eau et de produits minéraux :
Les déchets chimiques sont à considérer comme des agents chimiques et doivent
être traités comme tels. Ils appartiennent à deux catégories : d’une part les produits
liquides ou solides, tels que les solvants usagés, les produits périmés, les gâteaux de
filtration, les résidus de distillation, les eaux de décantation ou de lavage, ou les
produits issus de décapage, d’autre part les objets souillés comme les emballages
vides, les chiffons d’essuyage, les filtres, joints et tuyaux imprégnés, les vêtements
et protections jetables, etc. Le premier réflexe est souvent de les confier à des entreprises
spécialisées, qui vont les détoxiquer pour pouvoir les éliminer en déchets banals.
Cette solution présente des inconvénients sérieux. En voici quelques-uns :
– coût de traitement, puisque c’est en fait une sous-traitance ;
– procédure de transport de matières dangereuses ;
– stockage préalable, pour grouper les envois ;
– masquage des faiblesses du procédé générateur de déchets.
Ces considérations incitent à favoriser la détoxication des déchets par le producteur,
dès la production, autrement dit « à la source ». Même si c’est parfois impossible,
il faut l’envisager systématiquement, car, faite à la source, la détoxication est souvent
assez facile.
Pour bien la réaliser, il convient de commencer par l’identification des dangers,
comme pour tout produit chimique. Il faut donc procéder à un étiquetage de tous
les déchets, stockés dans un emballage adéquat. Les informations nécessaires se
trouvent souvent dans le mode d’obtention. Ainsi, un solvant classé R10 et R37,
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
souillé par quelques pour cents de trichloréthylène, sera étiqueté R10, R37 et R45.
Les emballages vides et les produits périmés ou non conformes sont, eux, déjà
étiquetés. Les emballages des produits solides et pâteux doivent faciliter leur trans-
fert et leur traitement ultérieur. L’étiquetage doit aussi mentionner l’opération
dont ils sont issus. Les objets imprégnés portent l’étiquetage des produits d’impré-
gnation. Le premier effet positif de cet étiquetage est de pouvoir stocker les déchets
en respectant les règles de séparation adéquates (voir paragraphe 5.1.2).
La détoxication va consister à réduire le niveau de danger au plus bas possible, par
un traitement chimique ou physique approprié. Il n’est pas possible de présenter
ici tout l’éventail de ces traitements, qui relèvent de la compétence d’un chimiste.
Nous en donnons quelques pistes :
291
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
Chromates
Oxydant Réduction par bisulfite
Chlorates
Acide chlorhydrique
Corrosif Neutralisation
Soude
Toxique Isocyanates
Hydrolyse par acide ou base fort
Phosgène
Pentachlorure de phosphore
Réactif fort Réaction contrôlée sur produit adéquat
Sodium
Il n’est pas toujours possible de réduire le danger des polluants. C’est le cas des gaz
de combustion, même si l’on peut au moins filtrer les particules, ou piéger certains
oxydes, sur des installations lourdes. C’est aussi le cas des métaux lourds (plomb,
mercure, cadmium), dont le danger est inhérent à l’élément chimique. Il existe
d’ailleurs de nombreux éléments plus ou moins toxiques susceptibles d’être présents
dans des préparations ou des réactifs, comme le chrome, l’arsenic, l’antimoine, le
béryllium, le cobalt, etc. Pour ces polluants, on peut seulement réduire le niveau de
pollution au plus bas que le permet la technique. Toutes les améliorations de procédés
déjà évoquées peuvent contribuer à cette réduction, en particulier la récupération
et le recyclage des polluants les plus dangereux. Pour la fourniture d’énergie thermique
ou mécanique, il est préférable d’utiliser l’électricité plutôt que les combustibles.
Notons que la solution consistant à diluer les effluents dans un grand flux d’air ou
d’eau ne réduit pas la quantité totale émise. Mais il est vrai qu’une concentration
réduite peut limiter l’impact final sur l’environnement.
292
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
m Pollution accidentelle
Une pollution accidentelle de l’environnement est un sinistre. Les plus graves ont
été tellement médiatisés qu’ils ont provoqué une abondante réglementation. C’est
en effet l’aspect accidentel qui inspire en majorité tous les textes concernant les
installations classées, et en particulier celles qui relèvent du classement Seveso.
Sans aborder le vaste domaine de cette réglementation, il est intéressant d’examiner
ce qu’apporte l’application de la méthodologie. Elle conduit à agir sur la situation
dangereuse, puis sur les événements dangereux et enfin sur le dommage.
Il s’agit d’éviter la proximité de la réserve d’agents chimiques avec les milieux cibles.
Comme on ne peut pas s’éloigner de l’air, de l’eau ou du sol, il faut introduire des
obstacles dans leur direction. Pour l’air, on peut en théorie placer une installation
entièrement dans une enveloppe étanche, de façon à contenir toute émission
massive, en attendant son traitement. C’est le principe de l’enveloppe de confinement,
utilisée dans l’industrie nucléaire. Cela n’est envisageable que si le risque pour les
personnes présentes dans l’installation n’est pas aggravé. Mais cela est possible
pour des installations automatisées, ou à l’intérieur desquelles a été prévu un moyen
d’isolement des personnes en toute sécurité.
Pour les effluents liquides, les capacités de rétention sont, depuis longtemps, la
meilleure solution. Pour augmenter leur efficacité, il faut multiplier les rétentions
de façon concentrique. Cela veut dire placer un contenant ou un équipement dans
sa propre rétention, qui est elle-même placée dans une plus grande rétention et
ainsi de suite. Une dernière rétention devrait contenir tout l’établissement, ce qui
s’avère utile en présence d’un déversement d’une grande quantité d’eau, à la suite
d’un orage ou d’une intervention de lutte contre le feu. Les capacités de rétention
ont en outre l’avantage d’éviter les pollutions du sol.
d’apporter les solutions, point par point. Les mesures de prévention seront
d’ailleurs assez peu différentes de celles qui sont retenues pour la santé et sécurité
humaine. Parmi les plus importantes, on peut citer toutes les mesures de préven-
tion des explosions, de maintenance préventive, de formation et d’information du
personnel. Rappelons que le sinistre de Seveso était parti d’un refroidissement de
réacteur insuffisant en fin de semaine, du fait de retards causés par des incidents
techniques.
Les grands sinistres sont heureusement rares. En revanche, il se produit une grande
quantité d’incidents dont les conséquences restent limitées, comme en témoigne la
base ARIA. Pour citer un type classique d’incident, il faut parler du risque particulier
qui pèse sur les livraisons en vrac de solutions aqueuses concentrées. Les réactifs les
293
5 • Applications particulières 5.4 Protection de l’environnement
294
6 • ÉTUDE DE CAS
L’étude de cas présentée ici est reconstituée à partir de situations réelles, pour illus-
trer l’application de la méthodologie exposée. Elle est volontairement limitée à
une petite activité afin de ne pas alourdir la démonstration.
295
6 • Étude de cas 6.2 Analyse des risques
Contient du xylène
R10 – Inflammable
R20/21 – Nocif par inhalation et contact cutané
R38 – Irritant pour la peau
C’est donc la classification du mélange, qui sera constante tout au long de l’opération.
Seul le xylène porte les dangers R10 et R20.
Famille Risque
Action Agent Forme Proximité Dommage
de danger n˚
P1 et P2 Mélange et remplissage
Irritation
peinture C-Co liquide à la main, partiellement 2
cutanée
protégée
Irritation
P4 peinture C-Co liquide Nettoyage à main nue 3
cutanée
296
6 • Étude de cas 6.2 Analyse des risques
Famille Risque
Action Agent Forme Situation Événement Dommage
de danger n˚
Atmosphère
Étincelle électrique, Lésions,
xylène A-IE vapeurs explosive 4
explosion décès
présente
Renversement de
Manipulation Intoxication
xylène A-In vapeurs bidon, évaporation 5
P1 de bidon aiguë
de 10 l.
et P2
Renversement de
bidon, évaporation
Manipulation Lésions,
xylène A-IE vapeurs de 10 l., étincelle 6
de bidon décès
dans atelier voisin,
explosion
danger (1 à 3) (1 à 3)
1 In 3 4 4 1 16 1 1
2 Co 3 4 4 1 16 1 1
3 Co 3 10 4 2 80 2 2
Le niveau d’exposition ne peut être attribué qu’une fois tous les indices d’exposition
connus. Le classement du risque ne diffère pas, dans ce cas, du niveau d’exposition,
puisque le niveau de danger est constant.
297
6 • Étude de cas 6.2 Analyse des risques
m Risques accidentels
4 IE 2 2 3
5 In 1 3 2
6 IE 3 2 3
7 IE 2 1 1
Le tableau est apparemment plus simple, mais il ne montre pas les paramètres qui
aident à fixer les niveaux de gravité et de probabilité. Ceux-ci sont toujours attribués en
relatif, c’est-à-dire que l’on attribue d’abord les cotes maximum et minimum, puis
toutes les autres.
Il en résulte un classement des risques par priorité pour aborder la phase prévention :
Risque Famille
Priorité Action Action visée
n˚ de danger
On aurait pu aussi classer les actions par leur cote de risque total :
P1 + P2 1-2-4-5-6 1 + 1 + 3 + 2 + 3 = 10
P4 3 2
P3 7 1
298
6 • Étude de cas 6.3 Mesures de prévention
Famille
Risque Objectif de
de Action visée Mesure possible
n˚ prévention
danger
Dommage Néant
Machine à laver
Nettoyage
3 C-Co Exposition
du pot
Port de gants
299
6 • Étude de cas 6.3 Mesures de prévention
Famille
Risque Objectif de
de Action visée Mesure possible
n˚ prévention
danger
Robot de peinturage
2 C-Co Remplissage pot Exposition
Remplissage par pompe
Fiabilisation de l’alimentation
électrique
Pulvérisation
7 A-IE
en cabine Asservissement du pistolet
Événement
à la ventilation
Vêtements et tuyaux
antistatiques
Panneau de décompression
Dommage
sur la cabine
300
6 • Étude de cas 6.4 Conclusion
Les autres mesures ne sont citées qu’une fois. L’examen de ce tableau conduit faci-
lement à la solution idéale, c’est-à-dire le meilleur compromis entre l’efficacité et
la faisabilité. Ce compromis serait :
– formation au risque (facilitera l’adoption des autres mesures) ;
– utiliser des panneaux pré-peints chaque fois que possible (c’est déjà le cas) ;
– installer un poste de préparation isolé avec captage des vapeurs (en rétention) ;
– installer une machine à laver les pots ;
– installer un mélangeur-doseur mécanisé et clos (fonctionne quelle que soit la
peinture) ;
– passer progressivement à la peinture hydrodiluable (90 % à terme).
Notons qu’arrivé au stade n˚ 5, les risques couverts seraient : 1-3-4-5-6, donc la
totalité de ceux qui sont estimés en niveaux 2 et 3. Un tel plan de prévention,
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
reposant sur une analyse rationnelle des risques et un choix calculé des mesures, a
toutes les chances d’être adopté et appliqué par tous les acteurs de l’entreprise.
6.4 Conclusion
Cette étude de cas, qui ne porte que sur une opération simple, avec peu d’actions
et peu d’agents chimiques, se révèle finalement déjà délicate à mener à bien. Cela
démontre l’importance d’une organisation rigoureuse pour bien respecter la métho-
dologie dans des situations plus complexes, que l’on trouve même dans de petites
entreprises, surtout si l’on intègre la protection de l’environnement. Il existe beaucoup
301
6 • Étude de cas 6.4 Conclusion
d’autres méthodes, qui attirent par leur simplicité et leur rapidité, mais peut-on se
contenter d’un résultat approximatif en matière de protection de la santé et de
l’environnement ? L’application de normes ISO 9000 et ISO 14000 a aussi montré
que la qualité est toujours le fruit d’un investissement lourd, comme tous ceux qui
garantissent l’avenir de l’entreprise.
302
7 • ORGANISATION DE LA DÉMARCHE
303
7 • Organisation de la démarche 7.2 Mise en place des moyens
1. Ces cinq principes ont été publiés par l’INRS sous la référence ED 886 (Évaluation des risques profes-
sionnels – Principes et pratiques recommandés par la CNAMTS, les CRAM, les CGSS et l’INRS).
304
7 • Organisation de la démarche 7.3 Recensement des agents chimiques
305
7 • Organisation de la démarche 7.3 Recensement des agents chimiques
306
7 • Organisation de la démarche 7.4 Repérage des urgences
Parmi les 16 rubriques qui la composent, 11 ont un intérêt particulier dans notre
démarche :
– 1) identification ;
– 2) dangers ;
– 3) composition ;
– 7) précautions (stockage, emploi, manipulation) ;
– 8) VLEP et protections individuelles ;
– 9) propriétés physico-chimiques ;
– 10) stabilité et réactivité ;
– 11) toxicologie ;
– 12) informations écologiques ;
– 15) réglementation ;
– 16) autres informations.
Une autre source très riche d’informations est constituée par les fiches toxicologiques
de l’INRS, maintenant disponibles sur le site Internet. Malheureusement, elles ne
concernent qu’un nombre limité de substances. Les fournisseurs de produits chimi-
ques proposent souvent en plus des FDS des dossiers plus ou moins complets sur
leurs produits. Il existe en outre beaucoup d’ouvrages spécialisés dans les données
de sécurité qui permettent de recouper les informations. Mais le plus simple est
encore de se référer à la liste officielle de classement des substances, par accès au
site de l’UE1, qui en comporte aujourd’hui près de 3 500.
La base des agents chimiques, si elle est bien organisée, permet de rendre toutes ces
informations accessibles rapidement et de faciliter ainsi la progression du projet.
Elle sera mise à jour au fur et à mesure que de nouvelles informations paraissent.
estimation rapide. Une telle méthode existe ; elle est basée sur le « potentiel de risque »
de chaque agent chimique.
Le potentiel de risque associé à un agent chimique exprime sa capacité théorique à
générer une situation à risque. En effet, il a été observé que les risques chroniques
ou accidentels les plus élevés étaient souvent en rapport avec le niveau de danger, la
quantité consommée et la fréquence de mise en œuvre de l’agent chimique. D’où
l’idée d’un potentiel de risque fonction de ces trois paramètres, issue des travaux de
l’INRS2. Son intérêt réside dans un repérage rapide de situations à risque important,
1. http://ecb.jrc.it/classification-labelling/
2. Note documentaire de l’INRS : Méthodologie d’évaluation simplifiée du risque chimique, ND 2233.
307
7 • Organisation de la démarche 7.4 Repérage des urgences
avant de procéder aux études de terrain. Pour calculer le potentiel de risque, il faut
suivre le mode opératoire suivant, qui est une variante simplifiée de celui de l’INRS :
– 1) déterminer le niveau de danger ND de chaque agent ;
– 2) classer les produits par quantité consommée décroissante, et leur attribuer le
rang R1 ;
– 3) classer les produits par fréquence de mise en œuvre décroissante, et leur attri-
buer le rang R2 ;
100
– 4) calculer un indice d’utilisation selon la formule : i = ------------------- .
R1 × R2
– 5) classer les indices d’utilisation par valeur décroissante et leur attribuer un
niveau de mise en œuvre NO de 1 à 5 ;
– 6) combiner ce niveau de mise en œuvre avec le niveau de danger du produit
selon la formule : potentiel de risque = (niveau de danger) ¥ 2 + (niveau de mise
en œuvre). Cette formule privilégie le danger par rapport à l’exposition.
EXEMPLE :
Une entreprise a relevé les informations suivantes concernant ses agents chimiques consommés :
Soude 20 R35 10
Poussières de bois 50 2
Fumées de soudure 2 10
308
7 • Organisation de la démarche 7.4 Repérage des urgences
Soude R35 4
Quantités consommées :
Consommation
Agent chimique R1
annuelle (kg)
Xylène 200 2
Acétonitrile 50 5
Poussières de bois 50 5
Soude 20 7
Fumées de soudure 2 8
Nombre de mises
Agent chimique R2
en œuvre par mois
Acétonitrile 80 1
Peinture solvantée 20 2
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Xylène 20 2
Bicarbonate de sodium 20 2
Soude 10 5
Fumées de soudure 10 5
Poussières de bois 2 7
309
7 • Organisation de la démarche 7.4 Repérage des urgences
Xylène 25,0 4
Acétonitrile 20,0 4
Soude 2,9 1
Potentiel de risque :
Agent chimique ND NO PR
Acétonitrile 4 4 12
Peinture solvantée 3 5 11
Xylène 3 4 10
Soude 4 1 9
Poussières de bois 4 1 9
Fumées de soudure 3 1 7
Bicarbonate de sodium 1 3 5
Ce tableau indique clairement l’ordre à suivre pour conduire les analyses de risque, sachant qu’elles
peuvent, une fois réalisées, montrer des urgences différentes. Cet exemple est très simple, mais on
imagine l’intérêt de la méthode sur une liste de plusieurs centaines de produits. Le calcul peut être
automatisé, la seule difficulté, s’il en est, étant de recueillir les données nécessaires.
À partir de la liste de tous les agents chimiques par potentiel de risque décroissant,
il est facile de déterminer l’ordre des unités de travail ou des procédés dans lequel
on conduira le processus complet d’évaluation des risques. Si un potentiel de
risque devait se détacher nettement, il faudrait le traiter immédiatement. Bien
entendu, le potentiel de risque n’indique qu’une probabilité de risque élevé, qu’un
examen rapide peut fort bien invalider. C’est pourquoi ce choix des priorités
tiendra aussi compte de la connaissance de terrain des participants.
310
7 • Organisation de la démarche 7.5 Application de la méthode
risques est essentielle. Cela nécessite la rédaction de cahiers des charges, réalisés
avec les apports de compétences internes ou externes utiles et incluant des objectifs
de résultats. Les travaux sont ensuite suivis avec des outils appropriés et les réajus-
tements éventuellement nécessaires réalisés. La réception des travaux doit se faire
par toutes les parties prenantes.
Une fois les mesures de prévention rendues opérationnelles, un temps d’observation
est défini, au terme duquel une validation est opérée sur des critères techniques,
organisationnels et humains, répondant notamment aux exigences citées au para-
graphe 4.4.2. En particulier, on pourra réaliser de nouveaux prélèvements, diffé-
rents types de métrologie (ventilation, bruit…), ainsi que de nouvelles observations
des situations de travail pour détecter tout éventuel déplacement de risque. En cas
311
7 • Organisation de la démarche 7.6 Adaptation au domaine
d’activité de l’entreprise
312
7 • Organisation de la démarche 7.6 Adaptation au domaine
d’activité de l’entreprise
On peut se limiter aux activités les plus fréquentes. On peut aussi supposer, a
priori, une exposition pour tout produit utilisé. On peut lister les situations
dangereuses à partir d’une liste type. Et surtout, on peut décliner la méthodologie
mentalement, ou oralement en réunion, pour ne transcrire que ses conclusions. Ces
simplifications aident à franchir le pas, ce qui est positif. Mais elles aboutissent
souvent à un rapport assez formel, pour ne pas dire réglementaire, et qui risque
d’être voué à l’oubli.
En conclusion, la clé de l’efficacité n’est pas la simplicité d’une méthode en quatre
pages, pour limiter le temps passé à l’appliquer, mais la clarté et la cohérence des
concepts. C’est pourquoi nous espérons que ce livre rendra service à toutes les
entreprises et tous les organismes, grands et petits, tentés de faire un enjeu de la
protection de la santé humaine et de l’environnement.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
313
8 • ANNEXES
R3 Grand risque d’explosion par le choc, la friction, le feu ou d’autres sources d’ignition.
R10 Inflammable.
R14/15 Réagit violemment au contact de l’eau en dégageant des gaz extrêmement inflammables.
315
8 • Annexes Annexe 1 – Code du travail –
Phrases de risque « R »
R20/21/22 Nocif par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion.
R23/24/25 Toxique par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion.
R26/27/28 Très toxique par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion.
316
8 • Annexes Annexe 1 – Code du travail –
Phrases de risque « R »
Toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation et par contact
R39/23/24
avec la peau.
R39/23/24/ Toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation, par contact
25 avec la peau et par ingestion.
R39/23/25 Toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation et par ingestion.
R39/24 Toxique : danger d’effets irréversibles très graves par contact avec la peau.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Toxique : danger d’effets irréversibles très graves par contact avec la peau
R39/24/25
et par ingestion.
R39/26 Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation.
Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation et par contact
R39/26/27
avec la peau.
R39/26/27/ Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation, par contact
28 avec la peau et par ingestion.
317
8 • Annexes Annexe 1 – Code du travail –
Phrases de risque « R »
R39/26/28 Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par inhalation et par ingestion.
R39/27 Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par contact avec la peau.
Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par contact avec la peau
R39/27/28
et par ingestion.
R39/28 Très toxique : danger d’effets irréversibles très graves par ingestion.
R42/43 Peut entraîner une sensibilisation par inhalation et contact avec la peau.
R48/20 Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par inhalation.
Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par inhalation
R48/20/21
et par contact avec la peau.
R48/20/21/ Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par inhalation,
22 contact avec la peau et ingestion.
Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par inhalation
R48/20/22
et par ingestion.
Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par contact
R48/21
avec la peau.
Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par contact
R48/21/22
avec la peau et par ingestion.
R48/22 Nocif : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par ingestion.
318
8 • Annexes Annexe 1 – Code du travail –
Phrases de risque « R »
R48/23/24/ Toxique : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée
25 par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion.
Toxique : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par contact
R48/24
avec la peau.
Toxique : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par contact
R48/24/25
avec la peau et par ingestion.
Toxique : risque d’effets graves pour la santé en cas d’exposition prolongée par
R48/25
ingestion.
R65 Nocif : peut provoquer une atteinte des poumons en cas d’ingestion.
R68/20/21 Nocif : possibilité d’effets irréversibles par inhalation et par contact avec la peau.
R68/20/21/ Nocif : possibilité d’effets irréversibles par inhalation, par contact avec la peau
22 et par ingestion.
R68/21/22 Nocif : possibilité d’effets irréversibles par contact avec la peau et par ingestion.
319
8 • Annexes Annexe 2 – Code du travail –
Phrases « S »
S13 Conserver à l’écart des aliments et boissons y compris ceux pour animaux.
En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau
S26
et consulter un spécialiste.
320
8 • Annexes Annexe 2 – Code du travail –
Phrases « S »
Pour nettoyer le sol ou les objets souillés par ce produit, utiliser… (à préciser par le
S40
fabricant).
S44 En cas de malaise, consulter un médecin (si possible lui montrer l’étiquette).
montrer l’étiquette).
321
8 • Annexes Annexe 2 – Code du travail –
Phrases « S »
S52 Ne pas utiliser sur de grandes surfaces dans des locaux habités.
Éliminer ce produit et son récipient dans un centre de collecte des déchets dangereux
S56
ou spéciaux.
S57 Utiliser un récipient approprié pour éviter toute contamination du milieu ambiant.
Phrases combinées
Conserver dans un endroit frais et bien ventilé à l’écart des… (matières incompatibles
S3/9/14
à indiquer par le fabricant).
Conserver uniquement dans le récipient d’origine dans un endroit frais bien ventilé
S3/9/14/49
à l’écart des… (matières incompatibles à indiquer par le fabricant).
S3/9/49 Conserver uniquement dans le récipient d’origine dans un endroit frais et bien ventilé.
322
8 • Annexes Annexe 2 – Code du travail –
Phrases « S »
Ne pas jeter les résidus à l’égout, éliminer ce produit et son récipient dans un centre
S29/56
de collecte des déchets dangereux ou spéciaux.
S37/39 Porter des gants appropriés et un appareil de protection des yeux/du visage.
323
8 • Annexes Annexe 3 – ADR – Signification des numéros
d’identification du danger
23 gaz inflammable
26 gaz toxique
323 matière liquide inflammable réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
matière liquide inflammable réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant des gaz
X323
inflammables
X338 matière liquide très inflammable et corrosive, réagissant dangereusement avec l’eau
339 matière liquide très inflammable, pouvant produire spontanément une réaction violente
324
8 • Annexes Annexe 3 – ADR – Signification des numéros
d’identification du danger
362 matière liquide inflammable, toxique, réagissant avec l’eau en émettant des gaz inflammables
matière liquide inflammable, corrosive, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
382
inflammables
423 matière solide réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
matière solide inflammable, réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant des gaz
X423
inflammables.
44 matière solide inflammable qui, à une température élevée, se trouve à l’état fondu
446 matière solide inflammable et toxique qui, à une température élevée, se trouve à l’état fondu
462 matière solide toxique, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
X462 matière solide, réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant des gaz toxiques
482 matière solide corrosive, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
X482 matière solide, réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant des gaz corrosifs
325
8 • Annexes Annexe 3 – ADR – Signification des numéros
d’identification du danger
matière très comburante (favorise l’incendie) pouvant produire spontanément une réaction
559
violente
623 matière toxique liquide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
matière toxique et inflammable (point d’éclair égal ou inférieur à 61 ˚C), pouvant produire
639
spontanément une réaction violente
642 matière toxique solide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
663 matière très toxique et inflammable (point d’éclair égal ou inférieur à 61 ˚C)
669 matière très toxique, pouvant produire spontanément une réaction violente
70 matière radioactive
326
8 • Annexes Annexe 3 – ADR – Signification des numéros
d’identification du danger
823 matière corrosive liquide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
842 matière corrosive solide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
883 matière très corrosive et inflammable (point d’éclair de 23 ˚C à 61 ˚C, valeur limites comprises)
327
8 • Annexes Annexe 4 – Niveaux de danger
des agents chimiques
Niveau
de Phrases de risque
danger
R15/29
R23 R24 R25 R23/24 R23/25 R23/24/25 R24/25
R29 R31 R35
R39/23 R39/24 R39/25 R39/23/24 R39/23/25 R39/24/25 R7 R12 R14 14/15 R15 R15/29
R39/23/24/25
4 R16 R17 R19 R29 R31
R41 R45 R46
R35 R41
R48 R48/23 R48/24 R48/25 R48/23/24 R48/23/25 R48/24/25
R48/23/24/25
R49
R60 R61
1 aucune aucune
328
8 • Annexes Annexe 4 – Niveaux de danger
des agents chimiques
Pour les agents chimiques générés par l’activité et non étiquetables, il y a lieu
d’utiliser le tableau suivant :
Niveau
Nature de l’agent chimique
de danger
329
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
H201 Explosif ; danger d’explosion en masse Explosives (chapitre 2.1) Division 1.1
Matières autoréactives
Risque d’explosion en cas
H240 (chapitre 2.8) et peroxydes Type A
d’échauffement
organiques (chapitre 2.15)
330
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
Liquides comburants
(chapitre 2.13)
H272 Peut aggraver un incendie ; comburant 2, 3
Matières solides comburantes
(chapitre 2.14)
Gaz liquéfié
331
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
Tableau A 3.1.2 – Codes des mentions de danger pour les dangers pour la santé
H303 Peut être nocif en cas d’ingestion Toxicité aiguë – orale (chapitre 3.1) 5
H310 Mortel par contact cutané Toxicité aiguë – cutanée (chapitre 3.1) 1, 2
H311 Toxique par contact cutané Toxicité aiguë – cutanée (chapitre 3.1) 3
H312 Nocif par contact cutané Toxicité aiguë – cutanée (chapitre 3.1) 4
H313 Peut être nocif par contact cutané Toxicité aiguë – cutanée (chapitre 3.1) 5
Corrosion cutanée/irritation
H315 Provoque une irritation cutanée 2
cutanée (chapitre 3.2)
Corrosion cutanée/irritation
H316 Provoque une légère irritation cutanée 3
cutanée (chapitre 3.2)
Sensibilisation cutanée
H317 Peut provoquer une allergie cutanée 1
(chapitre 3.4)
332
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
333
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
334
8 • Annexes Annexe 5 – SGH – Classification
335
8 • Annexes Annexe 6 – SGH – Classement des mentions
selon le niveau de danger
Niveau Cat. de
Code Mentions de danger pour la santé Chapitre
danger danger
Catég.
H362 Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel 3.7
suppl.
336
8 • Annexes Annexe 6 – SGH – Classement des mentions
selon le niveau de danger
Niveau Cat. de
Code Mentions de danger pour la santé Chapitre
danger danger
337
8 • Annexes Annexe 6 – SGH – Classement des mentions
selon le niveau de danger
Dangers physiques
Niveau Catégorie
Code Mentions de danger physique Chapitre
de danger de danger
Types C, D,
H242 Risque d’incendie en cas d’échauffement 2.8 ; 2.17
E, F
Gaz
Contient un gaz sous pression ; peut exploser sous comprimé
H280 2.5
l’effet de la chaleur Gaz liquéfié
Gaz dissous
338
8 • Annexes Annexe 6 – SGH – Classement des mentions
selon le niveau de danger
Niveau Catégorie
Code Mentions de danger physique Chapitre
de danger de danger
Explosif
Hors sujet H200 Explosif instable 2.1
instable
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
339
8 • Annexes Annexe 7 – REACH – Catégories de produits
soumis à restriction
1 Polychloroterphényles (PCT)
5 Benzène 71-43-2
6 Fibres d’amiante
o-nitrobenzaldéhyde 552-89-06
Poudre de bois
Bromacétate de butyle
340
8 • Annexes Annexe 7 – REACH – Catégories de produits
soumis à restriction
Carbonates de plomb :
Sulfates de plomb
18 Composés du mercure
19 Composés de l’arsenic
20 Composés organostanniques
Di-µ-oxo-di-
nbutylstanniohydroxyborane ; 401-040-5
21 75113-37-0
hydrogénoborate de dibutylétain (ELINCS)
C8H19BO3Sn (DBB)
Mono-
24 méthyltétrachlorodiphénylméthane 76253-60-6
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Mono-méthyldichlorodiphénylméthane
25 inconnu
Nom commercial : Ugilec 121, Ugilec 21
Mono-méthyldibromodiphénylméthane
bromobenzylbromotoluène, mélange
26 99688-47-8
d’isomères
Nom commercial : DBBT
341
8 • Annexes Annexe 7 – REACH – Catégories de produits
soumis à restriction
342
8 • Annexes Annexe 7 – REACH – Catégories de produits
soumis à restriction
43 Colorants azoïques
343
8 • Annexes Annexe 7 – REACH – Catégories de produits
soumis à restriction
48 Toluène 108-88-3
49 Trichlorobenzène 120-82-1
Hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP)
28553-12-0 249-079-5
di- « isononyl » phtalate (DINP) et 68515- et 271-
52 48-0 090-9
26761-40-0 247-977-1
di- « isodecyl » phtalate (DIDP) et 68515- et 271-
49-1 091-4
344
8 • Annexes Annexe 8 – Code du travail – Valeurs limites
d’exposition professionnelle contraignantes
345
VALEUR LIMITE d’exposition VALEUR LIMITE d’exposition
346
professionnelle professionnelle
Numéro Numéro
DÉNOMINATION OBSERVATIONS
CE (1) CAS (2) 8 h (3) Court terme (4)
mg/m3 (5) ppm (6) Fibres par cm3 mg/m3 ppm Fibres par cm3
0,1
Fibres céramiques réfractaires (0,5 fibres par
classées cancérogènes. cm3 jusqu’au
30 juin 2009)
(7) La mention « peau » accompagnant la limite d’exposition professionnelle indique la possibilité d’une pénétration cutanée importante.
347
VALEUR LIMITE d’exposition VALEUR LIMITE d’exposition
348
professionnelle professionnelle
Numéro Numéro
DÉNOMINATION OBSERVATIONS
CE (1) CAS (2) 8 h (3) Court terme (4)
mg/m3 (5) ppm (6) Fibres par cm3 mg/m3 ppm Fibres par cm3
(2-méthoxyméthyléthoxy)-
252-104-2 34590-94-8 308 50 Peau (7)
propanol
1-méthoxypropane-
203-539-1 107-98-2 188 50 375 100 Peau (7)
2-ol
Limite pondé-
Plomb métallique et ses composés 0,1 rale définie en
plomb métal (Pb)
0,05
tridymite)
(7) La mention « peau » accompagnant la limite d’exposition professionnelle indique la possibilité d’une pénétration cutanée importante.
349
350
VALEUR LIMITE d’exposition VALEUR LIMITE d’exposition
professionnelle professionnelle
Numéro Numéro
DÉNOMINATION OBSERVATIONS
CE (1) CAS (2) 8 h (3) Court terme (4)
mg/m3 (5) ppm (6) Fibres par cm3 mg/m3 ppm Fibres par cm3
1,3,5-triméthylbenzène
203-604-4 108-67-8 100 20 250 50
(mésitylène).
Xylène : mélange d’isomères 215-535-7 1330-20-7 221 50 442 100 Peau (7)
Arrêté du 30 juin 2004, modifié par les arrêtés du 9 février 2006 et du 26 octobre
2007.
351
352
VALEUR LIMITE d’exposition professionnelle
Numéro CAS
DÉNOMINATION Numéro CE (1) 8 heures (3) Court terme (4) OBSERVATIONS
(2)
mg/m3 (5) ppm (6) mg/m3 ppm
(7) La mention « peau » accompagnant la limite d’exposition professionnelle indique la possibilité d’une pénétration cutanée importante.
353
354
VALEUR LIMITE d’exposition professionnelle
Numéro CAS
DÉNOMINATION Numéro CE (1) 8 heures (3) Court terme (4) OBSERVATIONS
(2)
mg/m3 (5) ppm (6) mg/m3 ppm
RG 12
1,2-dichloropropane ; trichloroéthylène ; tétrachloroéthylène ; dichloro-acétylène ;
trichlorofluorométhane ; 1,1,2,2-tétrachloro-1,2-difluoroéthane ; 1,1,1,2-tétrachloro-
2,2-difluoroéthane ; 1,1,2-trichloro-1,2,2-trifluoroéthane ; 1,1,1-trichloro-2,2,2-
trifluoroéthane ; 1,1-dichloro-2,2,2-trifluoroéthane ; 1,2-dichloro-1,1-difluoroéthane ;
1,1-dichloro-1-fluoroéthane
355
8 • Annexes Annexe 10 – Sécurité sociale – Tableau
des maladies professionnelles
Affections provoquées par les amines aromatiques, leurs sels et leurs dérivés notamment
RG 15
hydroxylés, halogénés, nitrés, nitrosés et sulfonés
Affections de mécanisme allergique provoquées par les amines aromatiques, leurs sels,
RG 15BIS leurs dérivés notamment hydroxylés, halogénés, nitrés, nitrosés, sulfonés et les produits
qui en contiennent à l’état libre
Lésions prolifératives de la vessie provoquées par les amines aromatiques et leurs sels
RG 15TER
et la N-nitroso-dibutylamine et ses sels
Affections cancéreuses provoquées par les goudrons de houille, les huiles de houille
(comprenant les fractions de distillation dites phénoliques, naphtaléniques,
RG 16BIS
acénaphténiques, anthracéniques et chryséniques), les brais de houille et les suies
de combustion du charbon
RG 22 Sulfocarbonisme professionnel
356
8 • Annexes Annexe 10 – Sécurité sociale – Tableau
des maladies professionnelles
Affections cutanées cancéreuses provoquées par les dérivés suivants du pétrole : extraits
RG 36BIS aromatiques, huiles minérales utilisées à haute température dans les opérations
d’usinage et de traitement des métaux, suies de combustion des produits pétroliers
RG 37 Affections cutanées professionnelles causées par les oxydes et les sels de nickel
RG 37BIS Affections respiratoires causées par les oxydes et les sels de nickel
RG 37TER Cancers provoqués par les opérations de grillage des mattes de nickel
357
8 • Annexes Annexe 10 – Sécurité sociale – Tableau
des maladies professionnelles
Affections provoquées par le chlorure de sodium dans les mines de sel et leurs
RG 78
dépendances
358
8 • Annexes Annexe 11 – INRS – Liste
des guides de ventilation
Dernière
Référence
N° Titre année
ED
d’édition
* Aide-mémoire technique
359
8 • Annexes Annexe 12 – Code de l’environnement – Propriétés
qui rendent les déchets dangereux
Substances et préparations :
– à l’état liquide (y compris les liquides extrêmement inflammables),
dont le point d’éclair est inférieur à 21 ˚C ;
ou
– pouvant s’échauffer au point de s’enflammer à l’air à température
ambiante sans apport d’énergie ;
ou
Facilement
H3-A – à l’état solide, qui peuvent s’enflammer facilement par une brève action
inflammable
d’une source d’inflammation et qui continuent à brûler ou à se consumer
après l’éloignement de la source d’inflammation ;
ou
– à l’état gazeux, qui sont inflammables à l’air à une pression normale, ;
ou
– qui, au contact de l’eau ou de l’air humide, produisent des gaz facilement
inflammables en quantités dangereuses.
360
8 • Annexes Annexe 12 – Code de l’environnement – Propriétés
qui rendent les déchets dangereux
Générateur
Substances et préparations qui, au contact de l’eau, de l’air ou d’un acide,
H12 potentiel
dégagent un gaz toxique ou très toxique.
de gaz toxique
361
Agitation et mélange Index
INDEX
363
Agitation et mélange Index
I O
identification des risques 130 organe cible 64
importance du risque 69, 107, 283 outils aspirants 185
incendies 83
indicateurs biologiques 64, 146 P
indice d’exposition 65, 145 pathologie 12
industrie chimique 253 PBT 32, 115
information 212, 246, 304 peinture 268, 295
ingestion 133, 137 péremption 252
inhalation 63, 92, 133, 137 phasage
intermédiaires de synthèse 254, 306 d’un procédé 126
inventaire 305 des tâches 124
phase exposante 169
J phrases de risque 17, 39, 55, 306
jet de liquide 172 pictogrammes 18, 29
piégeage des vapeurs 289
L PNEC 21, 33, 118, 283
limite inférieure d’explosivité (LIE) 85 pollution 276
accidentelle 281, 293
M chronique 280, 284
polymérisation 82
maintenance préventive 201 potentiel de risque 307
maîtrise des procédés 260 poudres 256
maladie professionnelle 14 poussières 62, 89, 165, 194, 269
matériel atex 198 prévention intrinsèque 217
matrice de combinaison 154 principes
mention actifs 258
d’avertissement 29 de précaution 119
de danger 29 généraux de prévention 220
mesures priorités d’action 159
individuelles 215 probabilité 104
organisationnelles 214 procédés continus 262
techniques 214 process chimique 100
méthode de l’INRS 110 processus
métrologie 146 accidentel 13
modélisation 12 chronique 12
produits incompatibles 240
N protection
niveau collective 134
d’exposition 149 individuelle 202
364
Agitation et mélange Index
365
TECHNIQUE ET INGÉNIERIE GESTION INDUSTRIELLE
Série Chimie
CONCEPTION
MÉCANIQUE ET MATÉRIAUX