1
INTRODUCTION GENERALE
Le concept de l’aménagement du territoire s’est imposé en langue française
dans les années 1960 grâce à des auteurs tels que Lajugie (1964), Gottmann (1966),
Labasse (1966) ou Rochefort et al. (1970). Il se définit d’abord par sa finalité que l’on
peut, comme Piveteau (1979) assimiler à une réponse à des contradictions spatiales,
contradictions qui ont cru avec le temps en raison de la multiplication des
dysfonctionnements, des déséquilibres spatiaux et des destructions (notamment de
l’environnement écologique et du patrimoine). Il s’explique aussi par le changement
d’attitude des pouvoirs publics et par les nouvelles compétences de ces derniers en
matière de gestion de l’espace.
Les géographes tels que Brunet et al., (1998) définissent ce concept comme l’action
volontaire et réfléchie d’une collectivité sur son territoire, soit au niveau local
(aménagement urbain, rural, local), soit au niveau régional (grands aménagements
régionaux, irrigations), soit au niveau national (aménagement du territoire). Pour eux,
le territoire est une maille de la gestion de l’espace, un espace approprié avec
sentiment ou conscience de son appropriation et relevant d’un Etat.
2
essentiels et de la lutte contre la pauvreté. Mais alors, elles sont souvent peu
expérimentées et peu préparées à la gestion de la ville. Cette nouvelle configuration
conduit les bailleurs de fonds à faire évoluer leurs modes d’intervention 1. Ainsi, les
politiques d’aménagement du territoire doivent être fondées sur la réciprocité 2,
doivent être un instrument de compétitivité nationale de l’économie, doivent être
placées au cœur des priorités, et doivent promouvoir le développement endogène et
des modes d’urbanisation modernes.
1
Il s’agit en particulier de passer de financements jusqu’ici principalement attribués à l’Etat (financement
souverain) à des financements attribués aux communes directement (financement sous-souverain) ou par le
biais d’institutions spécialisées. L’enjeu est également de faciliter l’accès des municipalités au marché
financier, grâce à la mise en place de mécanismes spécifiques (émission des titres, emprunts obligataires).
2
La réciprocité est le fait de fonder une pratique sur le principe d’équilibre, le principe d’harmonie.
3
les initiatives locales des acteurs économiques et sociaux. Cette démarche doit
favoriser la rencontre entre un processus ascendant global, complexe, nourri de la
mobilisation de ses acteurs locaux et un processus descendant qui équilibre et qui
intègre au nom de l’équité républicaine. in fine, il est le lieu d’ancrage de nos
institutions locales, reste le domaine de l’action exclusive de l’État qui dispose à
travers « la compétence de la compétence » de degrés de liberté non affectés par les
effets de la mondialisation. Ces libertés lui permettent toutes les initiatives pour
améliorer l’efficacité économique tout autant que démocratique du système
d’administration publique (Lipietz, 2001).
PROBLEMATIQUE.
L’aménagement du territoire est un art au service de la puissance publique, qui
vise à travers une planification physique pertinente, à favoriser la réduction autant
que faire se peut des disparités inter ou intra régionales. Il est l’une des missions
régaliennes de l’État, qui cherche à atteindre les objectifs de cohésion territoriale et la
solidarité nationale de manière à créer des synergies entre le développement
économique et la protection de l’environnement. Cela passe par la réalisation du
souci du « détenteur de la compétence de la compétence » de créer des conditions de
vie décente dans un cadre décent, de permettre l’accès égal à tous les points du
territoire à ses populations. En bref, les politiques d’aménagement du territoire visent
à maîtriser la croissance urbaine tout en garantissant le bien-être des populations.
Le Cameroun est marqué par deux faits incontestables. D’un côté, l’Etat essaye
depuis l’indépendance de maîtriser la croissance urbaine en mettant sur pied plusieurs
instruments3 en matière d’aménagement du territoire, de l’autre côté, la croissance
urbaine explose4 entraînant avec qu’elle de nombreux problèmes parmi lesquels le
désordre et l’anarchie urbaine.
OBJECTIFS
L’objectif principal de ce travail est de connaitre le sens de la causalité entre
l’aménagement du territoire et la croissance urbaine au Cameroun. Plus précisément,
nous voulons savoir si les politiques publiques en matière d’aménagement du
territoire sont justifiées ou expliquées par la croissance urbaine ou bien c’est la mise
en place de ces politiques qui sont à l’origine de cette croissance urbaine.
HYPOTHESES
Nos objectifs nous amènent à la formulation des hypothèses suivantes :
5
METHODOLOGIE
Notre analyse se fera grâce à la recherche documentaire et l’analyse
économétrique. A partir des données de l’INS et de la Banque Mondiale, nous
effectuerons des tests de corrélation et de causalité au sens de Granger afin de savoir
si d’une part, il existe une relation entre les politiques d’aménagement du territoire et
la croissance urbaine et d’autre part le sens de cette relation et donc de la causalité
entre ces deux variables.
INTERET
Les résultats de notre analyse permettront aux autorités de mettre en place des
politiques urbaines efficaces qui prennent en compte la dynamique urbaine et les
moyens dont disposent les acteurs concernés.
PLAN DU TRAVAIL
Notre travail s’organise autour de deux grandes parties :
6
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES LIENS ENTRE
L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LA CROISSANCE
URBAINE
INTRODUCTION
L’objectif de cette partie est de présenter les liens éventuels entre
l’aménagement du territoire et la croissance urbaine. La méthodologie déployée est la
recherche documentaire.
7
CHAPITRE I : LA CROISSANCE URBAINE, UNE
CONSEQUENCE DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L’objectif de ce chapitre est d’analyser l’influence de l’aménagement du
territoire sur la croissance urbaine. La littérature laisse penser que cette influence peut
être positive ou négative. Notre chapitre s’organise autour de deux principales
sections :
8
A.1. Dépenses publiques et croissance urbaine
BUDGET
D’INVESTISSEMENT
S PUBLICS
BUDGET D’INVESTISSEMENTS
COURANTS
CAPITAL PUBLIC
INFRASTRUCTUR
ES PUBLIQUES
SERVICES PUBLICS
TARIFICATION
SERVICES PUBLICS UNIFORMISEE
GRATUITS
Meade (1952) considère que le capital public a deux rôles dans la sphère
économique : il peut être un facteur de production non-rémunéré mais, aussi, une
variable d’environnement qui contribue à augmenter la productivité du capital privé
et du travail. Ceci peut être traduit en termes d’externalités. Les services publics sont
à la base de deux grandes catégories d'externalités technologiques.
9
Ils sont tout d’abord source d’externalités technologiques directes. Ils sont en effet
des facteurs de production non-rémunérés (Barro, 1990) ou rémunérés à un taux
inférieur à leur productivité marginale. Les services tels l’utilisation de réseaux
électriques ou de canalisations rentrent dans la fonction de production des entreprises
sans engendrer de coût supplémentaire.
Outre cette externalité directe, les services publics engendrent des externalités
technologiques indirectes. L’existence de services de transport et communication,
même s’ils sont payants, améliore la circulation des sources de progrès technique
comme les innovations, la connaissance. Les produits joints de la production
circuleront plus rapidement entre les agents, si les infrastructures sont développées.
Les infrastructures de transport et communication constituent un support de
transmission des externalités directes procurées par le capital humain, les
innovations, le progrès technique. Elles favorisent donc les externalités de "spillover"
(Artus et Kaabi, 1993) et développent les organisations de type réseaux.
Que l’externalité soit directe ou indirecte, les services publics sont complémentaires
aux facteurs privés. Ils accroissent en effet la productivité du capital privé et du
travail, et améliorent les combinaisons productives. Ils peuvent accroître le nombre
de combinaisons productives possibles et modifier les complémentarités et/ou
substitutions existant entre les autres facteurs. Par exemple, dans l'analyse de la
croissance de Kaldor (1959), la substitution entre travail et capital n'est pas élevée
pour un processus donné mais varie avec les infrastructures qui transforment ce
processus de production.
L'offre publique de services aux entreprises permet également d'obtenir des gains par
l’allongement du détour de production. Cet allongement stimule la division du travail
et la spécialisation des tâches (Kaldor, 1970). Il s'agit également d'effets que les
agents ne contrôlent pas individuellement et qui vont pourtant accroître leur utilité
future, en transformant la structure des coûts de production. Ces effets peuvent être
décrits en termes d'externalités pécuniaires (Charlot, 1996).
10
De même, les théories économiques modernes ont élargi le paradigme de la
croissance de façon à rendre endogène la capacité d’innovation. Cette action s’est
faite par la mise en exergue de la relation entre la croissance et les composantes
institutionnelles au travers de la motivation à investir dans l’innovation (Aghion,
2002). Ainsi, une meilleure protection des droits de propriété intellectuelle, un
contexte entrepreneurial favorable aux activités innovantes et une plus grande
efficacité institutionnelle de la recherche sont perçus comme étant de nature à
stimuler la croissance.
Cette approche offre un solide cadre théorique permettant d’expliquer les différences
institutionnelles entre les pays faisant l’expérience d’une croissance économique
soutenue et ceux qui stagnent. Les premiers sont ceux où le système juridique et le
système d’éducation permettent aux entrepreneurs de profiter de la diffusion des
connaissances, faisant ainsi évoluer le pays vers la frontière technologique. Par
contre, les pays manifestant une forte instabilité dans les règles du jeu économique
dissuadent les élites d’investir dans des activités innovantes et les orientent vers la
lutte pour la capture de la rente publique (“rent-seeking”). Cette lutte se fait alors au
détriment de la rente d’innovation (Baumol, 2002).
11
La théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie a été popularisée par
John Maynard Keynes dans les années 30. Elle montre qu’on peut stimuler la
croissance économique par la consommation, l’investissement ou les dépenses
publiques.
- sur l'investissement : en réduisant les taux d'intérêt, l'État va réduire le coût des
emprunts pour les ménages et le coût de financement des investissements pour les
entreprises.
Dans les faits, l’action de l’État se traduira par une politique budgétaire expansive.
L'impact sur l'économie sera plus que proportionnel, c’est ce que l’on appelle l’"effet
multiplicateur".
La théorie de la base exportatrice est une transposition territoriale des modèles post-
keynésiens de croissance par la demande. Les activités d’exportation sont l’élément
principal de la dynamique économique régionale, alors que la croissance des
branches productrices des biens et services pour le marché local dépend des revenus
distribués par le secteur d’exportation. L’approche en termes de clusters 5 lui est
associée et est devenue un élément incontournable des doctrines de développement
régional, malgré sa fragilité aussi bien théorique qu’empirique. C’est le bon mélange
des clusters, aussi bien dans leur nombre, et leur importance que dans leur variété qui
fait la richesse d’un territoire.
5
Un cluster est une concentration géographique d’entreprises et d’organismes divers (associations, banques,
sociétés de conseil, infrastructures de formation,…) se rattachant à une activité. Il permet donc à chacun de
ses membres de bénéficier d’économies d’échelles en gardant la souplesse d’une PME (Porte 2001). Les
clusters peuvent être décrits et analysés de trois manières complémentaires qui se réfèrent chacune à un «
type idéal » correspondant à une perspective particulière de l’agglomération (Gordon et Mc Cann, 2000) :
• le modèle traditionnel du « complexe industriel », concentration géographique d’activités reliées dans une
même chaîne de valeur, autour, en général, d’une ou plusieurs grandes entreprises directrices (automobile,
aéronautique, chimie, ..) ;
• l’agglomération d’entreprises - le plus souvent des PME -, relevant de la même activité, induite par la
division du travail et les avantages liés à la spécialisation locale d’inputs humains, physiques ou immatériels,
l’ensemble étant le fruit d’arbitrages entre coûts de transaction et économies d’échelle ;
• le modèle du tissu économique et social, des réseaux sociaux, formels ou informels, qui contribuent à
renforcer la confiance et à faciliter la circulation des connaissances dans une aire géographique déterminée,
la proximité géographique restant un facteur de réduction des incertitudes et des coûts de transactions dans
les activités innovantes.
12
La théorie de la base inverse la théorie traditionnelle faisant dépendre la croissance
des variables internes telles la croissance démographique ou l’accumulation du
capital. Cette théorie avait l’intuition majeure de faire dépendre la croissance de petits
ensembles territoriaux aux variables exogènes en l’occurrence les exportations.
Selon cette théorie, la croissance urbaine est due principalement à des facteurs
extérieurs à la ville, en particulier par la demande d’exportations. Sa formulation la
plus simple part d’un constat clair : « seuls les ensembles économiques de grande
dimension, sont maîtres de leur développement au point que celui-ci dépend de
variables internes, de proportions qui leurs sont propres. Si l’on considère des «
morceaux d’espace » infranationaux incomplets, spécialisés, ils ne peuvent plus tirer
de leurs efforts ni de leurs aptitudes propres les moyens de leur croissance. Celle-ci
dépend des signaux venus de l’extérieur». Cette théorie d’inspiration mercantiliste,
keynésienne et même néoclassique (le modèle de l’échange international) a inspiré un
grand nombre de travaux (Hoyt, 1954 ; North, 1955). La théorie a des racines
mercantilistes puisqu’elle repose sur le rôle primordial des échanges commerciaux de
la ville avec le monde extérieur; son appartenance au keynésianisme est apparente : la
théorie permet la définition du coefficient multiplicateur. Quant à la filiation
néoclassique; on peut établir le coefficient de localisation à partir de la notion
d’intensité relative d’une activité dans l’espace.
Des auteurs comme Czamanski (1964) ont essayé d’aboutir à un schéma dynamique
qui développe les propos de la théorie ; ils ont proposé que le processus de
développement urbain se succède selon des phases au cours desquelles certaines
activités auront un rôle moteur de la croissance et des phases où ces mêmes activités
seront liées par d’autres. Ces auteurs proposent d’expliquer les différentes étapes de
la croissance urbaine selon un schéma d’ensemble qui n’est pas sans rappeler celui de
Walt Rostow (1963) pour le développement économique général.
13
A.2. Le foncier, la différenciation urbaine et la croissance urbaine
Malthus (1815) et Smith (1776) considèrent que la rente foncière est un don
gratuit de la nature récupérée par les propriétaires fonciers en vertu de leur pouvoir
monopole de détention de la terre. La terre constitue un capital, voire une valeur
refuge sur laquelle investissent les urbains au profit de leurs enfants ou pour accroître
leur propre richesse (pratiques spéculatives). Ces dynamiques – anciennes –
s’accélèrent aujourd’hui en raison de l’augmentation très importante de la valeur des
parcelles, notamment en milieu péri-urbain où les champs se transforment en terrains
à bâtir. Cette évolution s’accompagne de pratiques clientélistes : les élites
économiques ou politiques nationales et locales utilisent le foncier comme moyen de
rétribution et de consolidation de leur base sociale et de leur clientèle politique
(Mansion et Broutin, 2012).
Différents travaux ont été menés à partir du modèle d’Alonso (1964) aux Etats-Unis
et en France. Selon ces travaux, pour minimiser les dépenses de transport et accroître
ainsi la surface de son logement, un individu recherchera une localisation proche du
centre. Le prix de l’unité de sol central s’élèvera, ce qui dissuadera certains de s’y
rapprocher. Finalement, le prix du sol décroîtra du centre vers la périphérie
parallèlement à la croissance des dépenses de transport. Un double arbitrage
intervient donc : entre dépenses de transport et de logement ; entre prix de l’unité
d’espace et quantité d’espace.
Dans le même ordre d’idée, l’importance du modèle élaboré par Mayer (2001) est
qu’au lieu de partir du centre pour expliquer la décroissance des prix du sol plus on
s’approche de la périphérie; « c’est l’évolution du prix du sol périurbain qui se
transmet en ville : la hausse des prix fonciers urbains dépend de la hausse du prix du
sol aux limites de l’urbanisation ».
14
En ce qui concerne la différenciation du territoire, les stratégies de différenciation
horizontale ou verticale des territoires sont des réponses pertinentes pour mobiliser et
valoriser les atouts particuliers de chaque région dans un pays. Les autorités
publiques de différents territoires ont intégré, du moins partiellement, avec la
mondialisation, les enjeux de la concurrence internationale. Elles ont aussi intégré le
fait que la compétitivité territoriale peut se gagner avec des spécialisations adaptées.
Cependant, une très forte concentration spatiale peut renforcer l’effet de concurrence
dans les régions centre et peut conduire à une délocalisation d’activités vers les
périphéries. Cette tendance se confirme d’autant plus que les facteurs qui favorisent
la localisation tels que l’infrastructure, la main-d’œuvre bon marché ou la demande
des biens produits existent aussi bien au centre qu’aux régions périphériques. La
mutation des espaces urbains est le résultat direct de la mobilité des activités. Les
activités pour se localiser « sont amenées à retenir l’emplacement urbain le mieux
adapté à leurs besoins ou celui qui leur est imposé par les contraintes auxquelles elles
font face » (Aydalot, 1985).
La théorie part d’un constat selon lequel la vie économique résulte de l’action
spécifique d’unités économiques et non pas de l’action des agents isolés en situation
de concurrence. Ainsi, la croissance n’est pas une progression linéaire mais plutôt un
16
processus qui se propage dans le déséquilibre sous l’impact de l’action de certains
agents que Perroux nomme « Unités Motrices». C’est la localisation des activités
motrices qui donne à la théorie des pôles de croissance son contenu spatial. Les
activités additionnelles dépendantes des activités motrices ne se dispersent pas sur
tout le territoire, mais au contraire elles manifestent un comportement de
regroupement aux alentours de la production dominante. Selon la théorie, il y a
polarisation lorsque les activités additionnelles se multiplient et que les bénéfices de
la croissance du pôle se diffusent à son arrière-pays. Ainsi, Perroux présente une
théorie qui explique la concentration spatiale de la croissance.
17
forte probabilité de trouver un emploi permettant de valoriser au mieux leurs
compétences lorsque le marché du travail présente une taille suffisante (Kim, 1989 ;
Hamilton et al., 2000 ; Zenou, 2009). De nouveau, le niveau moyen de productivité
s’accroît avec le nombre de firmes et de travailleurs installés au sein du même
territoire (Prager et Thisse, 2009).
L’image 1 présente les avantages dont dispose un territoire qui, grâce à la mise
sur pied des infrastructures, met en œuvre la multimodalité, intégrant ainsi l’ensemble
18
des moyens de communication et créant au passage une mine d’emplois. La mise sur
pied de la multimodalité passe par l’intégration de l’ensemble des inter- modalités
existantes sur le territoire. Ce schéma montre ainsi que ce sont les politiques en
matière d’aménagement qui doivent précéder la croissance urbaine afin de pouvoir la
contrôler et l’orienter.
En France, par exemple, les décideurs ont pris conscience que le développement des
services collectifs avait de l’influence sur l’évolution des activités économiques. Le
développement urbain n’était plus condamné à suivre le développement économique,
mais pouvait espérer l’orienter. Les villes commencent à se mettre ouvertement en
concurrence. Les maires consacrent de plus en plus de temps à la promotion
économique de leur Cité (Oblet, 2003).
Néanmoins, l’attractivité d’une ville repose à terme sur son urbanité, c'est-à-dire la
capacité de faire d’une ville un lieu qui favorise les échanges et les rencontres entre
les agents économiques qui en dépendent.
B. Théories marxistes
Les théories marxistes regroupent entre autre les travaux de Marx et ceux des
néo-marxistes.
D’un autre côté, Marx a mis en évidence le lien entre l’espace et les stratégies du
capital. Ce dernier, en cherchant le profit dépasse l’espace lorsqu’il atteint un degré
d’accumulation supranational, impérial. D’autres travaux qui ont inspiré Marx, ont
essayé d’étudier les problèmes de la « ville socialiste». Leurs apports ont enrichi la
pensée marxiste et ont permis l’émergence de plusieurs théories basées sur l’étude de
l’espace. La théorie de la rente est l’une de ces théories. Elle essaie d’expliquer les
fluctuations des prix du sol urbain et du prix du logement. En général, l’analyse
marxiste considère l’espace comme rapport social ; l’espace est le produit de
l’histoire du développement du capitalisme. «L’espace prend forme dans les villes,
lieux par excellence de la lutte des classes, point de jonction de la production des
marchandises et de la reproduction de la force du travail » (Aydalot, 1985).
Pour les marxistes, les villes, qui sont les résultats des politiques d’aménagement du
territoire, sont des « bombes à retardement ». Elles créent des fractures sociales
22
obligeant une partie de la population urbaine à se soumettre à une autre. Cela justifie
le fait que la majorité des révolutions a eu pour point de départ les villes.
23
CHAPITRE II : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CAUSE DE
L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L’objectif de ce chapitre est d’analyser l’influence de la croissance urbaine sur
l’aménagement du territoire. La littérature fait ressortir cette influence, mais aussi des
travaux empiriques qui la mettent en exergue. Notre chapitre s’organise autour de
deux principales sections :
A. La théorie du développement
La théorie ci-dessus s’intéresse à la croissance démographique mais aussi au
foncier urbain.
24
indispensables, mais ne sont pas immédiatement productifs. Ainsi, on constate bien
qu’il existe une relation importante entre la croissance démographique et le
développement économique surtout pour un pays en développement.
Les résultats décevants des plans de développement peuvent être attribués en grande
partie à l’expansion rapide de la population. D’après certains spécialistes, un taux
d’accroissement démographique élevé tend à baisser le taux d’épargne et des
investissements, à ralentir la croissance économique, aggraver le chômage et à
alourdir les dépenses de formation (scolaire, professionnelle…).
Dans une économie nationale sous la loi de l’offre, les économies locales et
régionales sont encore largement dépendantes des lois de la demande keynésienne.
C’est le revenu des résidents, qui est redistribué via l’échange marchand vers le
secteur domestique. Ce revenu permet de fixer le niveau final d’emploi. Il est aussi le
revenu de cohésion spatiale et territoriale. Développer le territoire, faire de l’«
aménagement du territoire » comme on le dit, vise ce même objectif de cohésion par
le revenu et l’emploi (Davezies, 2001).
25
crues. Celles-ci deviennent d’autant plus dangereuses du fait de l’augmentation du
nombre de logements construits dans des zones inondables (Laugier, 2012).
26
Dans le court terme, une moindre croissance démographique diminuerait l’inégalité
de la répartition des revenus, dans le cas toutefois où les politiques de population
seraient orientées vers les groupes à revenu le plus faible. Dans le long terme,
l’avantage potentiel résulterait de l’accroissement du prix du facteur travail
relativement aux autres facteurs de production. Bien que la plupart des problèmes liés
au développement urbain (pression sur les services et ralentissement du
développement du secteur moderne) aient été amplifiés par la forte croissance
démographique, le ralentissement de cette croissance ne les réglera
vraisemblablement pas.
«La revue de la recherche postérieure à 1986, bien que ne suggérant pas de distances
radicales par rapport aux résultats du rapport de la NAS 6 de (1986), conduit à une
conclusion quelque peu appuyée concernant les effets négatifs de la croissance
démographique sur les potentialités de développement des pays en développement»
(ONU, 1993)
Cassen et al. (1994) identifient, dans un certain nombre de travaux récents, une
perception nouvelle des conséquences de la croissance démographique, moins
neutraliste et insistant sur un certain nombre de mécanismes négatifs :
Le consensus qui semble caractériser les années quatre-vingt-dix, tel qu’il émane des
débats et des travaux de la Conférence Mondiale sur la Population et le
Développement du Caire de 1994, s’organise donc autour de plusieurs traits
caractéristiques. Ces traits sont fédérés par l’idée dominante selon laquelle la
croissance démographique est un obstacle majeur à un développement soutenu
(Amalric et Banuri, 1994).
6
National Academy of Sciences
27
B.2. Apport de la théorie de la modernisation
Une branche de la théorie de la modernisation affirme que la croissance
démographique est un problème à tous les niveaux d’agrégation. Au niveau local, le
problème est défini, comme il l’est par les analyses qui alimentent le nouveau
consensus des années quatre-vingt-dix, en termes de santé des femmes et des enfants,
de capacités parentales à pourvoir aux besoins de base de leur progéniture. Pour
l’ouvrage collectif édité par Cassen (1994), elle est un problème en termes
d’externalités.
28
Ainsi, la croissance du PIB par tête a aussi un impact positif et significatif sur
l’urbanisation et peut exercer en conséquence un effet de « boule de neige ».
L’accumulation capitalistique dans les zone urbaines contribue au développement
d’un marché final et intermédiaire, donc au développement d’activités induites et
complémentaires (effets de revenu et de demande). Cette accumulation peut générer
des économies d’échelle internes et des économies externes d’agglomération (effets
de productivité) (Catin, 1995).
Munell (1992) trouve que le capital public a un effet significatif et positif sur la
croissance de l’emploi. Artus (1991) montre que le niveau des dépenses publiques a
un effet sur la Recherche-Développement et sur le taux de croissance du PIB, en
France.
Declercq (1996) conclut, après une étude par branches sectorielles portant sur la
période 1952-1989, que « le capital public a un impact sur l’évolution du coût
variable des entreprises des branches marchandes non financières de l’économie
française». Les dépenses publiques sont donc des instruments de politique
économique importants. Pour un pays en développement, un niveau
30
d’investissements trop faible peut accentuer les écarts initiaux de revenu entre
l’économie et le reste du monde et créer des effets d’hystérésis7.
Les services publics peuvent constituer des avantages comparatifs à part entière et
permettre à la région d’attirer de nouvelles activités. Les services et infrastructures
publics jouent sur la croissance régionale de deux façons : ils produisent des
externalités technologiques et pécuniaires et engendrent une croissance nette et ils
créent des avantages comparatifs qui vont attirer les agents dans la région et amplifier
les économies d’échelle. Ainsi, les infrastructures et services publics peuvent être un
catalyseur de développement. Ils permettent, dans un premier temps, aux entreprises
localisées sur place d'obtenir des gains de productivité, puis ces bénéfices vont attirer
d'autres firmes dans la région et générer une activité économique importante, donnant
lieu à de fortes possibilités de division des tâches, de circulation de la connaissance et
de technologies. Cette interdépendance conduit à un processus de développement
auto-entretenu et cumulatif. Murphy et al., (1989) préconisent une injection exogène
de capital public pour lancer ce processus cumulatif.
D’autres travaux empiriques ont traité de ces questions. Duffy-Deno et Eberts (1991)
montrent que les investissements et le stock d’infrastructures publiques ont un effet
positif significatif sur le revenu individuel par tête dans 28 unités urbaines de 1980 à
1984. De même, Ralle (1991) montre sur la période 1970-1989 que le capital public
accroît la productivité du secteur privé dans les régions françaises. Des auteurs tels
Eberts et Fogarty (1987) ou Munell (1990) testent la relation entre capital ou
investissements publics et investissements privés et constatent une influence positive
du capital public sur les investissements privés.
Hansen (1965) a construit une typologie des régions allant dans ce sens. Pour lui, il
existe trois types de régions :
- Les régions pauvres, où le niveau de vie est faible : ce sont généralement des
régions agricoles peu développées ou possédant une industrie déclinante. Ces régions
sont peu attractives pour les entreprises et les investissements publics ont peu d'effets
sur leur dynamisme.
Les tests effectués par Williams et Mullen (1992) sur 48 États américains, pour les
années 1970, 1980 et 1986, nuancent l’hypothèse d’Hansen : les investissements
publics en infrastructures routières ont un effet stimulant sur l’ensemble des régions,
même les plus « en retard ».
Le jeu des répartitions d’activités entre les régions dépend des caractéristiques
initiales de chacune, en particulier de leur position, les unes par rapport aux autres. La
32
croissance de la région peut être reliée positivement avec le stock d’infrastructures de
transport et communication qu’elle possède si les gains nets qu’elle tire de ces
infrastructures sont supérieurs à ceux que les autres régions en tirent. La plupart des
modèles s’intéressent à ces gains en termes de baisse de coûts de transport des biens
(Martin et Rogers, 1995) et de leurs conséquences sur la répartition des entreprises.
Or, si le déploiement des infrastructures de transport et communication a des effets
directs sur le coût de transport des biens, il en a aussi sur la circulation des personnes
et de l’information. Il est donc simplificateur de restreindre l’impact des
infrastructures de la région à une baisse des coûts de transport.
En premier lieu, la région est ouverte sur le reste du monde. Les facteurs de
production peuvent quitter la région ou affluer des autres régions. Les barrières
culturelles et institutionnelles étant plus limitées, la région peut entrer dans un
processus cumulatif de croissance qui peut être impulsé par les dotations initiales ou
par des facteurs exogènes tels les externalités générées par la proximité de régions
riches (Kubo, 1995) ou celles générées par des investissements publics importants
(Murphy et al., 1989).
Dans une étude s'intéressant aux effets des travaux publics sur la croissance du
revenu réel dans 195 petites municipalités du Missouri, les auteurs ont estimé que les
investissements de travaux publics contribuaient à 30 % de l'augmentation du revenu
réel entre 1963 et 1966. La construction d'autoroutes, de ports maritimes,
d'établissements d'enseignement professionnel et de structures récréatives
participeraient le plus à la croissance du revenu (Charlot, 1996).
33
Au total, c’est d’abord le montant des ressources publiques consacrées aux
infrastructures de transport et la qualité de la gestion des modes de transport qui
contribuent à l’efficacité économique de la ville (Perrot, 2004). Dans l’ensemble, les
infrastructures de transport comme les autres services publics sont une condition
majeure du développement et du bien-être des populations (Prager et Thisse, 2009).
Dans un contexte de forte natalité, c’est au contraire l’absence d’exode rural qui peut
expliquer l’urbanisation. Les habitants se déplacent peu et viennent constituer de
petites concentrations urbaines, sans forcément émigrer dans la capitale ou les
grandes villes. L’urbanisation prend alors la forme d’une prolifération de petites et
moyennes agglomérations comme c’est le cas au Nigeria. L’accroissement très rapide
de la population engendre une pression importante sur les terres en milieu rural
comme urbain. La croissance horizontale des grandes métropoles et l’émergence des
villes secondaires entraînent une compétition importante sur le foncier situé à la
périphérie des villes (Mansion et Broutin, 2012).
D’après le CERED, la population du Maroc augmente de 450 mille personnes par an.
Cette croissance importante de la population par rapport aux ressources disponibles
constitue une entrave au progrès et un obstacle à l’amélioration du niveau de vie.
34
Ceci parce que l’économie n’est pas suffisamment développée pour faire face au
problème d’alimentation, de logement, de santé, d’éducation, et d’emploi de la
population.
Dans le même ordre d’idée, une étude réalisée sur l’agglomération rennaise a montré
que les coûts d’aménagement diminuent avec l’augmentation de la densité. D’autres
études ont démontré le surcoût de l’étalement urbain sur les réseaux d’infrastructures
(électricité, eau potable, eaux usées, voirie). Au niveau des ménages, l’étalement
urbain a d’abord un coût dans les déplacements (frais d’automobile notamment, prix
du carburant en augmentation). De plus, les prêts immobiliers constituent une part
importante de leur endettement.
De même, les faits décrits par les données des enquêtes ECAM, montrent au
Cameroun, l’impact négatif qu’une croissance démographique forte peut avoir sur les
conditions de vie des populations, en affectant le taux de croissance du PIB par tête.
Une croissance démographique relativement élevée peut également avoir un impact
négatif sur les conditions de vie des ménages à travers la pression qu’elle peut
exercer sur les infrastructures de base existantes liée à l’augmentation de leur
demande. (UNFPA, 2013)
35
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au terme de cette partie, il était question d’analyser les liens entre
l’aménagement du territoire et la croissance urbaine. Nous avons vu que la mise en
œuvre des politiques publiques en matière d’aménagement du territoire était un
préalable pour assurer la croissance économique d’un territoire ; nous avons aussi vu
que la croissance démographique incontrôlée pouvait être un handicap pour les
politiques d’aménagement du territoire.
Au final, la croissance urbaine cause sans aucun doute la mise en œuvre des
politiques publiques d’aménagement du territoire et par conséquent, cause
l’aménagement du territoire.
36
DEUXIEME PARTIE : VERIFICATION EMPIRIQUE DU LIEN DE
CAUSALITE ENTRE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET
LA CROISSANCE URBAINE AU CAMEROUN
INTRODUCTION
L’objectif de cette partie est de faire une vérification empirique des liens de
corrélation ou de causalité entre l’aménagement du territoire et la croissance urbaine
dans le cadre du Cameroun. La méthodologie déployée est la recherche documentaire
et l’analyse économétrique.
- Le deuxième fait une analyse économétrique sur les potentiels liens entre
l’aménagement du territoire et la croissance urbaine dans le contexte
camerounais.
37
CHAPITRE III : LES PRATIQUES DE L’AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE AU CAMEROUN.
L’objectif de ce chapitre est double : présenter les politiques et pratiques
d’aménagement du territoire au Cameroun, d’une part, d’autre part, les éléments
caractéristiques de la croissance urbaine dans ce pays. Le chapitre s’organise alors
autour de deux sections
8
Le Cameroun est marqué par un taux de croissance démographique de 2.5% et un taux d’urbanisation au-
dessus de 52%,
38
Graphique 1A : Évolution du BIP de la POPTOTAL et de la POPURB entre
1986 et 2015.
Ces deux graphiques montrent une tendance croissante des trois variables. La
population totale et la population urbaine présentent une forte croissance, ce qui
confirme le fait que la population camerounaise a beaucoup évolué ces dernières
décennies tout comme la population urbaine dont la croissance a été fortement
39
influencée par l’exode rurale. On note également que le BIP croit mais à un rythme
beaucoup plus lent. Cependant, la tendance croissante de la population et du BIP
cache une réalité que le graphique ne permet pas de voir, celle du lien de corrélation
négative entre la croissance démographique et la croissance du BIP. Cela explique la
carence des logements sociaux au Cameroun, vu les ressources limités dont dispose
l’État à travers la SIC et le CFC pour financer ce secteur.
Le désordre urbain ;
-Le bidonville stricto-sensu : Ce type de quartier précaire concentre toutes les formes
d'exclusions, c'est-à-dire une exclusion sociale, une exclusion urbaine et une
exclusion foncière. Les populations qui y vivent subissent les contraintes d'une
double précarité; celle physique des abris de fortune mais aussi celle juridique des
statuts d'occupation. Ce qui caractérise ce type de quartiers tient à plusieurs facteurs.
Le premier d'entre eux est l'installation sur les zones à risque, c'est-à-dire que ces
quartiers s'installent souvent sur les plus mauvais terrains des villes.
La seconde caractéristique tient à la nature des matériaux utilisés pour les
constructions. Il s'agit souvent de matériaux de récupération, qu'il s'agisse de tôle, de
toile ou de bois, qui sont utilisés pour la confection des habitations précaires. La
troisième caractéristique est l'absence d'équipement et d'infrastructure de base.
41
-Les quartiers irréguliers déjà consolidés ou en voie de l'être : Il s'agit souvent de
quartiers anciens, qui finissent par être tolérés parce qu'ils connaissent une
consolidation de leur bâtit en dur et font l'objet d'une amélioration d'un niveau
d'équipement. Les autorités finissent en effet, même si c'est timidement, à y consentir
quelques investissements ne serait-ce que pour assurer la sécurité des biens et des
personnes. Parce qu'ils sont anciens, ces quartiers atteignent également un niveau de
mixité sociale par l'arrivée progressive de populations diversifiées.
- une population urbaine en croissance, mal servie par le système des transports ;
L’engorgement des routes est un problème dans toutes les villes. Les causes en sont
la mauvaise gestion du flux de la circulation, l’absence d’aires de stationnement et la
médiocre application des règles. Le développement anarchique des villes les a
rendues incapables de faire face à l’augmentation du nombre des véhicules. Moins de
la moitié des routes sont revêtues, ce qui réduit l’accessibilité des autobus aux
faubourgs éloignés et quartiers périphériques densément peuplés. Les routes revêtues
représentent juste le tiers de la moyenne correspondant aux villes dans le monde en
développement. Dans toutes les villes, le réseau routier est inférieur aux normes. La
capacité est insuffisante, il n’y a ni bandes d’urgence ni voies de service, le
revêtement est dégradé et l’éclairage des rues réduit au minimum.
43
Le mauvais état des routes limite la vitesse des véhicules, réduit considérablement la
productivité du parc d’autobus et alourdit les coûts d’entretien des véhicules. Il
favorise également l’utilisation des minibus, taxis et motocyclettes qui présentent une
plus grande maniabilité que les grands autobus mais ne sont pas aussi efficaces en
tant que moyen de transport public urbain.
La plupart des routes ont été construites lorsque les villes n’avaient qu’un seul centre,
et avant la rapide croissance de formes personnalisées de transport motorisé. Le
réseau routier primaire part en étoile du centre-ville vers les zones environnantes et
manque de liaisons orbitales ou circulaires.
La majorité des routes n’ont qu’une seule bande de circulation dans chaque direction.
Lorsqu’elles sont plus larges, une des voies est souvent occupée par les piétons et les
véhicules en stationnement. Les carrefours sont peu espacés et mal conçus pour
changer de direction.
En plus de ces défauts généraux, peu d’attention a été accordée à d’autres facteurs qui
facilitent les opérations des systèmes de transport public. Les voies réservées aux
autobus sont rares ou carrément inexistantes. Les arrêts d’autobus, les abribus et
autres aménagements destinés aux passagers sont rares et en mauvais état. Les
terminaux d’autobus sont légèrement plus grands que les aires de stationnement
surencombrées, sans aménagements pour les passagers.
La plupart des villes ignorent les besoins des piétons. Une grande partie du réseau
routier manque de trottoirs, les piétons et véhicules motorisés doivent partager le
même espace. Lorsqu’ils existent, les trottoirs sont mal entretenus, comportent des
caniveaux à ciel ouvert, et sont grignotés par les propriétés qu’ils bordent. Il n’y a ni
passages pour piétons ni ponts, sauf dans les centres villes. À cause de la mauvaise
gestion de la circulation, les accidents sont fréquents. Les piétons représentent le gros
des victimes d’accidents mortels.
L’effet net de cette confusion généralisée des rôles se traduit par une mauvaise
responsabilisation, un manque de coordination et la dilution à tous les niveaux de
l’engagement vis-à-vis de la mise en œuvre de stratégies de transport au service des
besoins de la population.
En bref, « on constate une réglementation inefficace et une absence presque totale de
planification intégrée, ce qui explique le désordre urbain permanent » (Kumar et
Barrett, 2008).
45
Ce scénario est un scénario tendanciel, puisqu’il appelle pour l’essentiel
l’approfondissement de mécanisme déjà à l’œuvre. La globalisation accentue la
primauté de l’économie sur les autres dimensions de la vie collective.
La géographie liée à ce scénario correspond donc à une structure avec des pôles
économiques et technologiques (villes, pôles d’activités, entreprises) connectés entre
eux à l’échelle nationale ou régionale sur la base de projets partagés, mais sans effet
de diffusion ni de contagion sur les autres régions.
Les manifestations les plus critiques de cette fracture territoriale résident, d’une part,
dans certaines parties des périphéries des villes et, d’autre part, dans certains espaces
ruraux désertifiés, mais la fragilisation pourrait également gagner de nombreuses
villes petites et moyennes à l’économie largement tributaire des transferts sociaux.
Dans ce scénario, ce ne sont plus des forces économiques qui jouent leur carte en
participant à la constitution de véritables « villes-État », mais des pouvoirs locaux
assis sur des régions ou des communautés, qui tendent à se construire sur des
logiques identitaires et communautaristes.
46
Ce scénario peut notamment naître d’une période de trop long atermoiement de l’État
pour trancher sur la question des articulations et des priorités entre les différentes
entités territoriales, dont la plupart constituent davantage un reflet de l’histoire
qu’une vision de l’avenir.
Le mode d’intervention privilégié des pouvoirs publics demeure de type allocatif. Les
objectifs consistent à mieux intégrer les espaces périphériques ou délaissés, à limiter
le développement anarchique des flux, à parfaire le traitement social des territoires.
Dans cette nouvelle donne, le niveau régional apparaîtrait comme le plus à même de
valoriser les réseaux de croissance et de solidarité, rendant possible une
différenciation des politiques publiques permettant de prendre en compte la diversité
des territoires, la variété de l’armature urbaine, notamment au niveau des villes
moyennes et petites, de leurs profils, de leur spécialisation. (Guigou, 2001)
Cette vision pousse à réfléchir sur la structure de l’État, laquelle structure doit
favoriser l’action publique et la structuration de l’économie.
Plus de 100 000
habitants
Plus de 10 000
habitants
10
Selon le MINHDU, la réalisation de la vision 2035 passe par la rationalisation de l’occupation de l’espace
urbain, l’amélioration du cadre et des conditions de vie des populations, la maîtrise de la croissance urbaine à
57.4% en 2020, l’entretien et/ou la mise en place des infrastructures urbaines, la maîtrise de la gestion
foncière en milieu urbain, la mise en réseau des villes , l’aménagement de nouvelles trames foncière.
48
Source : traitement de l’auteur.
- Le déguerpissement.
Jusqu'en 1960, la pauvreté se concentrait dans les espaces très circonscrits des
villes. Les quartiers précaires étaient alors considérés comme la manifestation d'une
transition urbaine, et devaient rapidement disparaître. Et lorsqu'on s'est aperçu qu'il
ne s'agissait pas d'un phénomène passager, des réponses ont été apportées souvent
49
sous la forme de déguerpissement, une façon d'affirmer l'autorité de la puissance
publique.
Les déguerpissements ont en effet montré leurs limites. Ils induisaient des coûts
élevés sur les plans social, économique et sécuritaire, et étaient souvent à l'origine de
troubles sociaux. C'est ce qui explique qu'à la fin des années 60 des courants de
pensée se sont affirmés. John Turner en était la figure emblématique pour soutenir
une approche qui privilégie, plutôt que la démolition, l'amélioration de
l'environnement des pauvres et leur implication directe dans les projets qui les
concernent.
- La réhabilitation/restructuration.
50
forme d'accompagnement et de soutien des populations à se réinstaller dans le
nouveau quartier.
Cette approche est celle encouragée par les bailleurs des fonds parmi lesquels la
Banque Mondiale. Pour elle en effet, les interventions n'ont de sens que si elles
permettent de rendre les villes plus compétitives et d'améliorer les conditions de vie
des plus pauvres. Autrement dit, il s'agit de cibler les actions dont la mise en œuvre
permettra d'accroître la compétitivité des villes, de dégager des ressources
durables, qui donneront les moyens d'équiper les quartiers précaires et de les intégrer
dans les structures des villes. Toujours pour la Banque Mondiale, la forte
concentration des populations, dans les grandes villes du Sud, est inéluctable et peut
constituer une chance de développement pour les pays, même si elle se fait, dans un
premier temps, de façon désordonnée et incontrôlée.
Nombreuses
insuffisances dans la Faible respect des textes,
gestion des communes, éclatement des compétences,
tant au plan Insuffisances diverses au
absence d’approche concertée
organisationnel que niveau des OSC
financier Forte résistance de la
plupart des administrations
Faible ancrage des notions
Capacités des services de à déconcentrer leurs
d’imputabilité et de
l’Etat limitées, en raison activités
transparence, du fait à la fois des
d’une insuffisance Insuffisance des moyens insuffisances d’un cadre formel,
qualitative et quantitative financiers et humains des mais aussi du non-respect des
des ressources humaines communes dispositions en vigueur tant par
les CTD que par les services de
l’Etat
55
La mobilité urbaine est réduite, notamment du fait de l’insuffisance
quantitative et qualitative d’un réseau viaire adapté au transport collectif et
semi-collectif ;
Les données statistiques disponibles sur les questions urbaines sont très
globales et insuffisantes pour permettre de bien cerner les problématiques du
sous-secteur.
Somme toute, il était question dans ce chapitre de présenter les politiques et les
pratiques d’aménagement du territoire au Cameroun, d’une part, d’autre part, les
éléments caractéristiques de la croissance urbaine dans ce pays. Il ressort de cette
analyse que, malgré les efforts consentis par les dirigeants, l’urbanisation n’est pas
maitrisée et, au lieu de constituer le levier de la croissance économique, elle s’est
traduite par l’expansion anarchique de l’habitat, l’insuffisance des infrastructures et
services urbains de base.
Ainsi, l’ampleur des problèmes urbains demande une réflexion plus poussée afin
d’apporter des solutions adaptées pour faire face aux désordres urbains. Cela est
d’autant plus vrai que les mesures mises en œuvre interviennent dans un contexte où
11
DECLARATION DE S. E. JEAN CLAUDE MBWENTCHOU, MINISTRE DE L’HABITAT ET DU
DEVELOPPEMENT URBAIN DU CAMEROUN, Quito, Equateur, 18 octobre 2016
56
le laxisme des dirigeants a déjà permis à l’anarchie de précéder la planification
urbaine.
57
CHAPITRE IV : RESULTATS DE LA VERIFICATION
EMPIRIQUE ET RECOMMANDATIONS
L’objectif de ce chapitre est de présenter les résultats de la vérification
empirique et de faire des recommandations à l’intention des pouvoirs publics. Notre
chapitre s’organise autour de deux principales sections :
- La première présente la méthodologie dont nous avons fait usage ainsi que les
résultats ;
multiple
H1 : les xit sont observées sans erreur
H2 : E(εit) =0
H3 : E(εit2) = σε (homoscédasticité )
H4 : E(εt, εt’) =0, si t≠t’(erreurs indépendantes)
H5 : cov(xit, εt’) =0
H6 : absence de colinéarité entre les variables explicatives
H7 : X’X/n tend vers une matrice finie non singulière
H8 : n> k+1, le nombre d’observations est supérieur au nombre de séries explicatives (Bourbonnais, 2009)
58
Où αo est le terme constant, εit est le terme d’erreur (iid); i Є [1, 30] et t Є
[1986,2015], α1t et α2t les pentes liées aux variables respectives.
Où βo est le terme constant, υit est le terme d’erreur (iid) ; i Є [1, 30] et t Є
[1986,2015], β1t et β2t les pentes liées aux variables respectives.
Suivant les théories relatives aux potentiels économiques et sociaux qu’offrent les
investissements publics, on s’attend à une valeur positive de α 1 traduisant la
corrélation positive entre le Budget d’Investissement Public et le Produit Intérieur, et
une valeur négative de α2 traduisant la corrélation négative entre Budget
d’Investissement Public et la Population Totale du Cameroun.
Etant donné que nous étudions des phénomènes dynamiques, il nous est paru évident
de retenir plutôt le logarithme népérien des valeurs des variables supra au lieu des
valeurs brutes, vu que la dérivée du logarithme donne immédiatement le taux de
croissance de la variable. Ainsi, nous aurons comme variables : LBIP, LPIB,
LPOPTOTAL et LPOPURB. Le tableau 2 en annexe donne les valeurs de ces
variables.
59
LPIB : Logarithme népérien du Produit Intérieur Brut,
Afin d’arriver à un modèle significatif qui, non seulement nous permettra de faire
notre vérification mais qui rend compte également de l’évolution socio-économique
du Cameroun pendant les périodes de crise et en dehors des périodes de crise, notre
analyse s’est focalisée sur les trois décennies qui partent de 1986 à 2015.
Ces données ont été obtenues à partir des données de l’INS, des lois de finance sur les
années considérées et les données de la Banque Mondiale. Le tableau 1 en annexe
présente ces différentes données.
13
Selon le diagnostic du sous-secteur urbain au Cameroun effectué par le MINHDU en 2013, les villes ont
contribué au PIB national pour 65,5% en moyenne sur la période 2003-2007
60
B.2. Méthode d’estimation
Notre analyse fait des régressions linéaires multiples avec la méthode des
MCO, ainsi qu’un test de causalité au sens de Granger.
C. Les résultats
L’estimation des modèles permet d’arriver à des résultats dont l’analyse permet
de prendre une position claire par rapport aux hypothèses émises.
61
Tableau 4 : régression du deuxième modèle dans Eviews.
Dependent Variable: LBIP
Method: Least Squares
Sample: 1986 2015
Included observations: 30
White Heteroskedasticity-Consistent Standard Errors & Covariance
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
LPIB 1.360392 0.134827 10.08992 0.0000
LPOPURB -0.957616 0.250229 -3.826957 0.0007
C 2.460929 1.466592 1.677992 0.1049
R-squared 0.828233 Mean dependent var 5.773603
Adjusted R-squared 0.815510 S.D. dependent var 0.613579
S.E. of regression 0.263547 Akaike info criterion 0.265466
Sum squared resid 1.875333 Schwarz criterion 0.405586
Log likelihood -0.981992 F-statistic 65.09485
Durbin-Watson stat 0.887289 Prob (F-statistic) 0.000000
Source : traitement de l’auteur dans le logiciel Eviews.
Tableau 5 : Sens de causalité entre les variables LBIP, LPIB et LPOPTOTAL.
Pairwise Granger Causality Tests
Sample: 1986 2015
Lags: 2
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
LPIB does not Granger Cause LBIP 28 5.63216 0.01021
LBIP does not Granger Cause LPIB 1.45800 0.25342
LPOPTOTAL does not Granger Cause LBIP 28 6.07809 0.00760
LBIP does not Granger Cause LPOPTOTAL 1.65334 0.21336
62
Source : traitement de l’auteur dans le logiciel Eviews.
Tableau 6 : Sens de causalité entre les variables LBIP, LPIB et LPOPURB.
Sample: 1986 2015
Lags: 2
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
LPIB does not Granger Cause LBIP 28 5.63216 0.01021
LBIP does not Granger Cause LPIB 1.45800 0.25342
LPOPURB does not Granger Cause LBIP 28 8.49956 0.00172
- α1
63
La statistique de Student liée à α1, t1 = 7.746948 est supérieure à la statistique de
Student tabulée t0.05(27) =2.052, ce qui signifie que le paramètre α1 est
significativement différent de 0.
Suivant le test des hypothèses : Ho’ : α1 <0 contre H1’ : α1 >0, nous avons :
- α2
Suivant le test des hypothèses : H0 : α2 = 0 contre H1 : α2 ≠0, nous avons :
Suivant le test des hypothèses : H0’ : α2 <0 contre H1’ : α2 >0, nous avons :
- β1
Suivant le test des hypothèses : H0 : β1 =0 contre H1 : β1 ≠0, nous avons :
64
La statistique de Student liée à β1, t1 = 10.08992 est supérieure à la statistique de
Student tabulée t0.05(27) = 2.052, ce qui signifie que le paramètre β1 est
significativement différent de 0.
Suivant le test des hypothèses : H0’ : β1<0 contre H1’ : β1 >0, nous avons :
- β2
Suivant le test des hypothèses : H0 : β2 < 0 contre H1 : β2 > 0, nous avons :
La lecture des résultats relatifs aux tests de causalité au sens de Granger permet
d’apprécier le sens de ces causalités.
Nous avons :
Ainsi, LPIB cause LBIP au sens de Granger, ce qui nous amène à dire que le PIB est
la cause du BIP.
65
Suivant le test des hypothèses :
Nous avons :
Nous avons :
Nous avons :
Nous avons :
Ceci signifie que LPOPURB cause sans aucun doute LBIP au sens de Granger.
Nous avons :
Les résultats obtenus ainsi que les enseignements tirés de la revue de la littérature
nous amènent à formuler quelques recommandations de politiques économiques ou
urbaines, à l’attention des dirigeants politiques ainsi que des chercheurs.
En ce qui concerne les transports urbains, l’amélioration du transport urbain dans les
villes dépendra d’une stratégie de mesures coordonnées visant l’aménagement des
infrastructures, la gestion de la circulation, la qualité des services et le développement
du réseau. Parmi les mesures à court terme figurent l’augmentation du financement
des routes, l’application des réglementations existantes, le contrôle de la surcharge et
le renforcement des contrôles techniques. Les mesures à moyen terme incluent la
réhabilitation des routes, l’amélioration de la gestion de la circulation, la définition et
mise en application de normes pour le service (tarifs, horaires), la conception d’une
nouvelle structure d’itinéraires et la rationalisation du service à travers une
concurrence contrôlée.
L’objectif à long terme est de consolider les gains dans tous ces domaines grâce à la
création d’une régie métropolitaine du transport ayant autorité sur les infrastructures
et les véhicules. Pour être compétente, cette régie doit coordonner la planification du
transport, l’aménagement des infrastructures et la réglementation des services. Son
68
budget doit être suffisant pour attirer et retenir le personnel qualifié, et ne doit pas
faire l’objet de changements arbitraires lorsque le département d’appui est sous
pression. Les coûts pour les utilisateurs – en particulier les permis d’exploitation ou
les frais de franchise perçus sur les opérateurs – constituent l’option de financement
privilégiée. Ils ne doivent pas être onéreux ni avoir un effet important sur les tarifs.
Toutefois, pour exploiter leur potentiel, les villes doivent réparer leurs chaussées,
améliorer leurs pratiques de gestion de la circulation et assurer la viabilité
économique des services des grands véhicules à travers le recouvrement des coûts à
l’aide soit de boîtes de perception soit de subventions prévisibles.
Ainsi, la loi portant urbanisme au Cameroun ainsi que ses décrets d’application
devraient évoluer, afin d’intégrer les nouvelles donnes que sont la restructuration in
situ, et l’approche devra être celle d’économie sociale et solidaire, où « les trois pieds
de la marmite »14 doivent jouer chacun son rôle. Les dirigeants devraient trouver des
stratégies de communication afin d’informer la masse populaire sur la nécessité de
connaître l’ensemble des lois relatives à la planification urbaine, l’ensemble des
documents de planification urbaine ainsi que leur respect. Il est coûteux pour les
pouvoirs publics de mettre sur pied des opérations de restructuration/réhabilitation ;
les mesures préventives qui passent par l’acquisition des documents de planification
urbaine par chaque CTD et leur respect et mise en application par l’ensemble de la
population sont prioritaires et l’Etat devrait travailler sans relâche dans ce sens.
14
Secteur public, secteur privé, société civile.
70
- Le Schéma National d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire ;
- Les Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire ;
- Les Schémas Sectoriaux ;
- Les Plans Locaux d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire ;
- Les Contrats Plans,
Afin que les documents de planification urbaine que sont le PDU, le POS, le PSU et
le PS puissent s’incorporer à ces schémas et que le territoire camerounais arrive
effectivement à une intégration comme celle décrite par le modèle du polycentrisme
maillé.
71
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.
Au terme de cette partie, il était question de faire une vérification empirique
des liens de corrélation ou de causalité entre l’aménagement du territoire et la
croissance urbaine dans le cadre du Cameroun. Nous avons pu mettre en exergue les
caractéristiques de la croissance urbaine dans les établissements urbains du
Cameroun ; nous avons aussi effectué une analyse économétrique sur les potentiels
liens entre l’aménagement du territoire et la croissance urbaine dans le contexte
camerounais.
Nos résultats, lesquels ont confirmé nos hypothèses, nous ont montré clairement que,
non seulement, il existe un lien entre l’aménagement du territoire et la croissance
urbaine, mais aussi, la croissance urbaine cause l’aménagement du territoire. Ces
résultats sont vrais en ce qui concerne la population urbaine mais aussi en ce qui
concerne la population totale du Cameroun.
72
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre analyse, il était question de mettre en exergue la relation
entre l’aménagement du territoire et la croissance urbaine d’une part, et d’autre part,
le sens de cette relation. Nous avons vu aussi bien dans notre analyse théorique que
dans notre analyse empirique que l’aménagement du territoire influence positivement
la croissance économique urbaine, et que la croissance démographique urbaine
influence négativement l’aménagement du territoire.
Il est apparu très clair qu’il existe un lien entre l’aménagement du territoire et la
croissance urbaine, mais aussi que, la croissance urbaine cause l’aménagement du
territoire. Ce résultat est vrai en ce qui concerne la population urbaine mais aussi en
ce qui concerne la population totale du Cameroun.
Sa mise en œuvre obéit à une double approche, selon que celle-ci se fait ex-ante au
processus d’urbanisation, ce qui nécessite une planification rigoureuse, ou selon que
celle-ci se fait ex-post à l’urbanisation anarchique, ce qui nécessite des mesures
concertées dans une approche d’économie sociale et solidaire pour plus d’efficacités.
Ce n’est que lorsque les pouvoirs publics seront à mesure de prévoir avec exactitude
l’évolution des variables macroéconomiques ainsi que les solutions à apporter à ces
dernières en cas de chocs exogène ou endogène que le Cameroun dira qu’il contrôle
sa croissance urbaine.
Cela est possible dans la mesure où le Cameroun dispose des ressources importantes
pour faire face aux problèmes urbains. Le retard résiderait dans l’incapacité des
dirigeants qui n’arrivent pas à faire des stratégies élaborées des réalités concrètes,
73
mais aussi de la tournure de l’économie mondiale. Cela pourrait aussi être lié aux
risques de déstabilisation liés aux conflits armés.
Malgré tout, une chose incontestable est le fait qu’au Cameroun, il n’existe
malheureusement aucune ville fonctionnelle. Il existe plusieurs villes légales qui
jusqu’ici n’arrivent pas à assurer les trois principales fonctions d’une véritable ville.
Cette analyse bien qu’étant non exhaustive, nous pousse à nous intéresser au lien de
causalité qui pourrait exister entre l’aménagement du territoire et la croissance
urbaine à l’échelle de la sous-région d’Afrique centrale, mais aussi à nous interroger
sur les stratégies à mettre en œuvre pour arriver à une intégration territoriale et
économique des pays de la zone CEMAC.
BIBLIOGRAPHIE
Agence Française de Développement (2005), Financer les investissements des
villes des pays en développement, Lyon, France.
74
Aydalot, P. (1985), « Economie Régionale et Urbaine », Economica, Paris.
Banque Mondiale (2014). cahiers économiques du Cameroun : réexaminer les
sources de la croissance.
75
Lajugie, J. (1964), Développement économique régional et aménagement du
territoire. Sirey, Paris.
Merlin, P. et Choay, F. (1996), Dictionnaire de l'urbanisme et de
l'aménagement. PUF, Paris.
Thèses :
Articles et revues :
76
ANNEXES
Mansion et Broutain (2012), Quelles politiques foncières en Afrique
subsaharienne? Défis, acteurs et initiatives contemporaines, revue Grain de sel
no 57.
Textes de loi :
ANNXES
Tableau 1 : Données socio-économiques sur le Cameroun
PIB en Population en Population urbaine
Année BIP en milliards milliards millions en millions
1986 310,00 3416,00 10197,9 2906,4
1987 340,00 3189,00 10493,7 3966,6
77
1988 250,00 3093,00 10920,9 5329,4
1989 225,00 3014,00 11226,6 5478,6
1990 175,00 3005,00 11541,0 5632,0
1991 186,00 3319,00 11864,1 5789,7
1992 166,00 3230,00 12196,3 5951,8
1993 136,00 3049,00 12537,8 6118,5
1994 136,00 2799,00 12888,9 6289,8
1995 184,00 3264,00 13249,8 6465,9
1996 286,00 4008,00 13620,8 6646,9
1997 147,00 4291,00 14002,1 6833,0
1998 166,00 4590,00 14394,2 7024,4
1999 229,00 4875,00 14797,3 7221,1
2000 295,00 5194,00 15211,6 7423,2
2001 339,00 7104,00 15637,5 7631,1
2002 294,00 7005,00 16075,3 7844,8
2003 264,00 7330,00 16525,5 8064,4
2004 271,00 7741,00 16988,2 8290,2
2005 289,00 8119,00 17620,0 8522,4
2006 348,00 8984,00 17252,3 8971,2
2007 496,00 9230,00 17735,7 9222,6
2008 574,41 10443,83 18214,6 9471,6
2009 640,34 11040,35 18706,4 9727,3
2010 421,19 11699,69 19406,1 10091,2
2011 677,20 20124,09 20124,1 10464,5
2012 792,20 13389,20 20687,6 10757,5
2013 957,00 14346,80 21266,8 11058,7
2014 1000,00 15193,26 21862,3 11368,4
2015 1150,00 16074,48 22474,4 11686,7
79
Section I : L’influence positive de l’aménagement du territoire sur la croissance
urbaine..................................................................................................................….7
B. Théories marxistes............................................................................................20
A. La théorie du développement............................................................................23
80
Section II : Lien empirique entre la croissance urbaine et l’aménagement du territoire.
.................................................................................................................................27
Section I : Les caractéristiques de la croissance urbaine dans les villes camerounaises
.................................................................................................................................38
C. Les résultats.......................................................................................................61
CONCLUSION GENERALE.................................................................................75
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................77
82
ANNXES.................................................................................................................80
SIGNES ET ABREVIATIONS...............................................................................85
83
SIGNES ET ABREVIATIONS
AFD : Agence Française de Développement
AMA: Capital avancé Marchandise Argent
BEAC : Banque des États d’Afrique Centrale
BIP: Budget d’Investissements Publics
CEMAC: Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CERED: Centre de Recherche pour le Développement
CFC: Crédit Foncier du Cameroun
CTD: Collectivité territorial Décentralisée
CP: Contrats Plans
DF: Documentation Française
DSCE: Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
DSRP: Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté
DSRPU: Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté Urbaine
ECAM: Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
INS : Institut National de la Statistique
MAETUR: Mission d’Aménagement et d’Équipement des Terrains Urbains et
Ruraux
MAM : Marchandise Argent Marché
MINHDU : Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain
NAS: National Academic of Sciences
OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Économique
ODD: Objectifs pour le Développement Durable
OMD: Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
ONU-HABITAT : Organisation des Nations Unies pour l’Habitat
PDU : Plan Directeur d’Urbanisme
PIB : Produit Intérieur Brut
PLADDT : Plans Locaux d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire
PME : Petite et Moyenne Entreprise
POS : Plan d’Occupation des Sols
PPP : Partenariats Publics-Privés
PS : Plans de Secteur
PSU : Plan Sommaire d’Urbanisme
PUD : Plans d’Urbanisme Directeurs
R& D : Recherche et Développement
SDAU : Schéma Directeur d’Aménagement Urbain
84
SNADDT : Schéma National d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire
SRADDT : Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement Durable du
Territoire
SS : Schémas Sectoriaux
UNFPA: United Nations Population Fund
85
LISTE DES GRAPHIQUES, SCHEMAS ET FIGURES
Image 1 : Infrastructures et transports.....................................................................18
Tableau 5 : Sens de causalité entre les variables LBIP, LPIB et LPOPTOTAL.....62
Tableau 6 : Sens de causalité entre les variables LBIP, LPIB et LPOPURB..........63
86