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Louise-Amélie Cougnon
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
© Klincksieck | Téléchargé le 18/01/2021 sur www.cairn.info (IP: 105.156.85.195)
Le corpus de sms francophones sur lequel est fondée notre étude recouvre
cinq zones 2 géographiques : la Belgique francophone (30 000 sms), La
Réunion (12 000 sms), la Suisse (4 000 sms), le Québec (5 000 sms) et les
Hautes-Alpes et l’Isère (9 000 sms, en cours de collecte).
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2. Nous appelons « zone » un espace géographique qui ne coïncide pas toujours avec les fron-
tières territoriales d’un pays.
3. Pour plus d’information, visiter : www.sms4science.org.
4. Il s’agit plus précisément du Cental (Centre de traitement automatique du langage :
www.uclouvain.be/cental).
5. Belgique, Chypre, Espagne, Grèce, Italie, France, Canada, Roumanie, Royaume-Uni et
Suisse.
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Le but du projet sms4science peut se résumer en deux points majeurs :
obtenir des données « véritables » (c’est-à-dire des copies de messages
échangés entre usagers du sms et non rédigés dans le but de participer à une
enquête) et « objectives » en obtenant des corpus comparables (issus d’une
méthodologie identique), en assurant une couverture de la population assez
large (par des ciblages hétérogènes) et en utilisant l’informatique (pour la
collecte, le stockage et le recopiage des données).
6. Certains messages sont transcrits en graphie standard en note de bas de page pour des raisons
évidentes de compréhension. Transcription (1) : Quand on va à Bruxelles, on commence la chasse
au trésor… On fera des paris et tout. Tu verras, on va se marrer. Je sais que concernant les mecs,
tu gagneras toujours mais bon… Schnoufette, je te veux forte, indépendante, faut les manipuler à
ton avantage les mecs ! Personne mérite une seule de tes larmes et moi que j’ai déconné, je ferais
tout ce qui faut pour retrouver ma place dans ton cœur.
7. C’est-à-dire réduite à l’initiale (Panckhurst, 2008).
8. Un sous-type qui entraîne conséquemment la suppression des marques de flexion et qui per-
met plus difficilement la distinction entre stratégie d’abréviation et faute d’orthographe.
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(lut pour salut) 9. Le troisième phénomène propre à l’eSMS est la syncope.
On retiendra les sous-catégories suivantes : la syncope simple (aple pour
appelle), l’effacement du schwa à l’intérieur du mot (ramner pour ramener),
la réduction de certains digrammes ou trigrammes (sel pour seul) ainsi que
les squelettes consonantiques 10 (prbl pour problème). La phonétisation 11 est
également un phénomène très récurrent dans nos corpus. On présentera la
phonétisation par la lettre (r pour air), la phonétisation par le chiffre ou par
le nombre (2mande pour demande, 10cute pour discute), la phonétisation
par le signe (pl@ pour plate) et la phonétisation par des graphies supposées
plus proches du phonétisme réel, plus proche d’un accent régional ou d’un
« style sms » (koi pour quoi).
Une tendance graphique inhérente à l’eSMS et peu courante dans d’autres
types d’écrit est la casse fonctionnelle : en effet, contrairement aux conven-
tions traditionnelles associées à l’usage de la casse (début de phrase, distinc-
tion adjectif/substantif, unicité/pluralité, noms propres, etc.), la majuscule
revêt d’autres fonctions dans les sms. Retenons les deux fonctions majeures :
1. le marquage d’une séparation entre des mots agglutinés (fonction
typographique) ;
(2) 2m1PaDCiné,GPréfèrPaséMySwaréDsTèBra.. 12
2. la prosodie 13 (fonction expressive).
(3) C salima!dsl pr hier,ms j avai plu de crèdi!je te rép du num de
mon pèr,dc ne rep JAMAI sur ce num!TOUJOUR SUR LE
MIEN.stp!14
Enfin, on note dans l’eSMS la chute massive de l’accentuation, qu’elle
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9. Un phénomène qui marque plus souvent un effet de style qu’une volonté réelle d’abréger.
10. Il s’agit de l’abréviation d’un mot quasiment charpenté autour de ses consonnes (Prochasson
et al., 2007) ; ce type d’abréviation met en avant la plus forte valeur informative des consonnes.
11. Anis (2002 : 60) la nomme « graphie à connotation oralisante ».
12. Transcription (2) : Demain pas de ciné, je préfère passer my swarée dans tes bras…
13. L’étude des phénomènes de l’accentuation et de l’intonation (variations de hauteur, de durée
et d’intensité)
14. Transcription (3) : C’est Salima ! Désolée pour hier, j’avais plus de crédit ! Je te réponds du
numéro de mon père, donc ne réponds JAMAIS sur ce numéro ! TOUJOURS SUR LE MIEN. S’il te
plaît !
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retiendrons toute une série de digrammes et de trigrammes qui sont très
majoritairement maintenus 15. Il semblerait par exemple qu’on ne remplace
pas un en par un an 16 bien que e soit plus difficile à encoder que a. De la
même façon, il y a une tendance manifeste à garder les consonnes doubles,
surtout lorsque la simplification de celles-ci entraîne une altération de la
valeur phonique. On aura par exemple :
(5) ele vient demain
mais
(6) c’est sa famille
Ce bref panorama des tendances graphiques dans les sms a permis de
montrer qu’il n’existait pas réellement de « cacophonie orthographique »,
mais bien des règles propres à la CéMO, conscientes ou inconscientes, appli-
cables ou non. Observons le message suivant :
(7) Salut Sandrine, comment te portes-tu en ce jour de debauche de
cours et de fusoir… J’espère ke tu ne t’es pas laissee depravee par
le week-end !
Il est dès lors tout à fait possible d’interpréter debauche comme un phé-
nomène de chute de l’accentuation et ke comme une phonétisation par une
graphie « style sms ». Par contre, il est plus difficile d’expliquer laissee et
depravee, étant donné qu’ils n’entrent dans aucune des catégories énumérées
et ne participent pas à un abrègement du message.
Nous venons de montrer que la variation de la graphie dans les sms servait
notamment à abréger un message afin que l’acte de communication écrite
devienne plus court, plus rapide et moins cher. Ceci répond donc à la fois
à la célèbre loi du moindre effort (Bauche, 1920) et à une adaptation aux
exigences de l’environnement car, comme l’a très bien expliqué Éco (2002) :
« nous vivons à une époque où le diminutif, le bref et le simple ont une
valeur inestimable dans la communication ».
Pourtant, malgré l’exigence de notre époque en matière d’efficacité com-
municationnelle, on note un certain nombre d’autres facteurs qui condi-
tionnent l’eSMS et ne répondent pas à cette exigence. Ainsi, les auteurs de
messages désirent, par exemple, marquer leur appartenance géographique
et renforcer une complicité avec leur interlocuteur de même appartenance.
18. Voir une analyse plus détaillée des traits spécifiques de Belgique dans Cougnon (2008).
19. Pour une lecture plus aisée, les exemples sont donnés en transcription standardisée, exception
faite de la partie sur laquelle porte l’analyse (en gras) qui est laissée en version brute.
20. Défini ici comme une réduction du nombre de caractères.
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2. La simplification des groupes de consonnes finales :
– [tR] en [t] :
(16) Mon amour j’ai même pas démarré la journée j’ai déjà hâte
qu’elle se termine pour et avec toi
L’élision participe à l’abrègement du message. Cependant, nous trouvons
des particularités de l’île de la Réunion dont l’emploi allonge le message.
Ainsi, la Réunion a donné naissance à :
3. Une variété locale de l’acronyme lol (« laughing out loud ») et de la forme
française standard mdr (« mort de rire »), plus importante en termes de
nombre de caractères que ses variantes : atpr (« à terre pour rire »).
(17) Ah oui quoi, j’ai sursauté au plafond ! atpr
Cette caractéristique, plutôt lexicale, reste néanmoins un exemple perti-
nent de tendances morphologiques dues à la volonté de marquer une identité
et non de s’écarter inconsciemment des standards de l’orthographe.
Au Québec, la présence de traits phonétiques régionaux est très mani-
feste. On recensera d’abord les variétés régionales dont l’emploi, comparé
à celui de la variété standard, abrège le message. Quelques exemples de ce
recensement :
1. La simplification de la diphtongue [yi] en [i]
– Puis, en pis (très récurrent dans notre corpus) :
(18) La dernière fois qu’on s’est parlés, c’était pour le hors-glace, pis
tu ne m’as jamais rappelé
2. L’affaiblissement de la consonne liquide [l]
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Un papier portant sur les rapports entre sms et orthographe gagne à exa-
miner également les liens entre sms et rectifications orthographiques. En
l’honneur des 20 ans des Rectifications de l’orthographe 24, nous avons
récemment pris l’initiative d’étudier les phénomènes des Rectifications au
sein de nos corpus.
Une présentation portant à la fois sur l’eSMS et les réformes de l’ortho-
graphe peut paraître inadéquate, en ce que l’on aurait tendance à confondre
rectifications orthographiques (pensées, justifiées, argumentées) et liberté
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21. Ceci est peut être dû à la taille restreinte du corpus suisse francophone (approximativement
4 000 messages), mais nous en doutons étant donné la petitesse du corpus québécois (5 000) qui
montre lui, pourtant, un très grand nombre de traits régionaux. Pour information, notons que le cor-
pus suisse présente toutefois un très grand nombre d’alternances codiques qui feront l’objet d’une
recherche future.
22. Présentée par Detey et al. (2010) comme propres aux cantons de Valais et de Berne.
23. Cette occurrence pourrait aussi être interprétée comme une faute de frappe (méthode de saisie
multi-pressions). Le fait que les lettres v et w ne se trouvent pas sur la même touche ni ne néces-
sitent le même nombre de pressions sur des touches différentes, nous éloigne pourtant de cette
hypothèse.
24. Colloque international « 20e anniversaire des Rectifications de l’orthographe de 1990 :
enseignement, recherche et réforme, quelles convergences ? ». Campus CNRS de Villejuif – 6 et
7 décembre 2010.
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production est donc un bon indicateur des phénomènes souvent rencontrés
dans la rédaction journalière.
L’analyse réalisée sur nos quatre corpus 25 montre deux phénomènes récur-
rents cités dans les Rectifications : la syncope de l’accent circonflexe sur i et
u et la soudure des mots composés avec trait d’union. Ces deux phénomènes
répondent parfaitement à la logique de simplification de l’eSMS, telle qu’elle
a été présentée précédemment : faire court et encoder facilement, tout en
restant compréhensible.
La syncope de l’accent circonflexe, phénomène le plus largement repré-
senté dans nos corpus, répond à une facilité d’encodage (les lettres accen-
tuées 26, comme nous l’avons dit, demandent plus de pressions dans la
méthode multi-pressions que les lettres non accentuées) ainsi qu’à un gain
d’espace, étant donné qu’une lettre accentuée par un accent circonflexe coûte
de l’espace à l’usager du sms 27. La syncope de l’accent apparaît dans 99 %
des cas pour û et 97 % pour î. Les unités lexicales les plus concernées sont
sûrement, boîte, plaît, paraître et dîner. Retenons toutefois que la syncope de
l’accent circonflexe ne se cantonne pas aux seules lettres i et u et qu’elle a
justement lieu, quelle que soit la lettre qu’elle accentue.
La soudure des mots composés avec trait d’union permet elle aussi un gain
en termes de caractères : l’agglutination à la place du blanc typographique ou
du tiret abrège le message d’un caractère. Dans le corpus, les unités lexicales
les plus concernées par ce phénomène sont week-end, pique-nique, porte-
monnaie et strip-tease. Si l’on prend le mot week-end seul, le phénomène
est plus qu’intéressant. En effet, bien que l’on s’attende à voir apparaître la
forme abrégée w-e qui permet un gain d’espace considérable, 62 % 28 des sms
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25. Grâce à un outil d’analyse automatique développé par Richard Beaufort, que nous remercions
vivement.
26. On notera qu’une exception dans ce domaine est le recours au « é universel » ; dans ce cas les
auteurs introduisent une difficulté d’encodage (le e accentué) pour abréger les ai, ez, er, etc.
27. D’un point de vue technique, l’utilisation de caractères spéciaux (accents circonflexes,
cédilles, etc.) force l’utilisation d’un encodage sur 16 bits, ce qui, sur de nombreux téléphones,
réduit à 70 caractères la taille d’un sms simple au lieu de 160 (encodage sur 7 bits).
28. Calcul basé sur le corpus belge uniquement.
29. Notons qu’il est difficile de conclure quant à cet emploi puisqu’il peut s’agir du résultat d’une
méconnaissance des règles tout comme d’une application des Rectifications orthographiques.
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Un nombre important de formes concernées par les Rectifications mon-
trent, dans le contexte de l’eSMS, une adaptation contextuelle qui ne per-
met pas de les rapprocher de ces Rectifications. C’est le cas de la règle du
tréma, dans les formes finales en -gue(s), se mettant dorénavant sur le -u. En
contexte sms, on aura, comme pour l’accent circonflexe, une simple syncope
du tréma. De la même façon, la règle du trait d’union imposé entre tous les
numéraux composés exprimant un nombre entier n’apparaît pas dans le cor-
pus ; nous aurions pu nous attendre à la simple suppression des traits, favori-
sant une soudure, mais la réalité montre surtout des nombres représentés en
chiffres arabes, ce qui permet une économie de caractères plus importante.
Pour clore ce panorama des liens entre orthographe et sms, nous pré-
sentons une ultime source d’information que nous possédons grâce à notre
méthode de collecte originale 30. En effet, au moment de collecter les infor-
mations sociolinguistiques des auteurs des messages, nous avons eu l’idée de
proposer dans le formulaire un espace de commentaire libre. Contrairement
aux attentes, cet espace de discours libre s’est révélé très populaire et le sujet
de l’orthographe a été abordé spontanément et avec engouement. Ces com-
mentaires offrent une source d’information très précieuse sur les représenta-
tions linguistiques31 des usagers.
Une première série de commentaires concerne la volonté des usagers
d’abréger (pour diverses raisons) leurs messages et leur conscience des
erreurs qu’ils commettent à cette fin.
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30. Pour obtenir plus de détails concernant cette méthode, voir par exemple Cougnon et François
(2011).
31. Compris comme « les savoirs sociaux partagés dont les locuteurs disposent quant à leur
langue » (Petitjean, 2009), ou, plus précisément, quant à leurs pratiques.
32. Nous transmettons ces commentaires en version brute, c’est-à-dire sans en corriger la gra-
phie, puisque nous pensons que chaque faute fait sens dans ce contexte.
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(31) j’essaye d’écrire le plus brièvement possible, mais en restant
compréhensible pour tous. Pas trop de language sms pour ne pas
oublier l’orthographe correcte des mots!
(32) De manière rapide, avec le moins de lettres possibles, mais
compréhensible pour mes contacts.
Dans la pratique du sms, il semble d’ailleurs y avoir une véritable logique
d’adaptabilité du langage en fonction du destinataire, que l’auteur situe sur
un continuum compréhension/incompréhension de l’eSMS, et de la relation
que ce destinataire entretient avec l’auteur du message (relation située sur un
continuum proximité/distance).
(33) J’ecris mes textos de maniere abregee mais ca depend aussi du
destinataire. En general je sais "qui" comprendra "quoi".
(34) En général, français classique avec quelques abbréviations, ceci
varie en fonction du destinataire (s’il comprend le langage sms
ou pas) et du contenu (j’utilise plus d’abbréviations si le contenu
contient plus d’informations).
(35) Pour les amis plus proches je me permets d’écrire avec le langa-
gue texto et de mélanger plusieurs langues mais avec les connais-
sances je m’efforce d’écrire dans un francais (ou anglais tout
dépendamment du destinataire) convenable (sans être parfait).
Une troisième série de commentaires libres comprend quelques représen-
tations relatives à ce qui est linguistiquement « bon » ou « mauvais » dans la
pratique du sms. Les auteurs qualifient généralement le français en termes de
« bon », « correct » ou « normal » et offrent un témoignage pertinent, surtout
lorsqu’on le confronte aux productions effectives de ces même auteurs.
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33. Cet usager a pourtant écrit des sms aussi abrégés que le suivant : BB tu me mank grav G tro
envi 2te voir detr ds T bra 2tembraC mon coeur tu é tt pr mwa jveu fér ma vi av toi. Transcription :
Bébé tu me manques grave j’ai trop envie de te voir d’être dans tes bras de t’embrasser mon cœur
tu es tout pour moi je veux faire ma vie avec toi.
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(40) Je me fais une fierté d’utiliser un français correct dans mes textos
et je sensibilise aussi mes interlocuteurs. 34
(41) Sauf en cas de réelle urgence, je tiens absolument à écrire en
français et sans fautes d’orthographe.
(42) J’écris de la façon la plus complète possible. Je soigne ma langue.
(43) Je déteste le language texto.
La classe de thématiques la plus fréquemment abordée dans la zone de
commentaire libre de notre enquête (c’est-à-dire la volonté d’abréger et
conscience des erreurs ; cf. exemples (28), (29) et (30)) révèle une forme
explicite d’insécurité linguistique chez ces usagers du sms. Comme l’ex-
plique Klinkenberg (2007) : « Il y a insécurité dès que le locuteur a d’une
part une représentation nette des variétés légitimes de la langue (norme éva-
luative) mais que, d’autre part, il a conscience de ce que ses propres pra-
tiques langagières (norme objective) ne sont pas conformes à cette norme
évaluative ». L’auteur précise que ce sont des « groupes qui ont à la fois des
pratiques peu conformes et une conscience aiguë de la norme ». Il est inté-
ressant de rappeler que les craintes par rapport à la pratique du sms concer-
nent justement la méconnaissance progressive des règles et des normes de la
langue. Or, si les usagers ont conscience de la distance qui les sépare d’une
norme, c’est qu’ils ont pleinement connaissance de cette norme.
6. CONCLUSIONS
34. Cet usager a notamment rédigé ce message : okaaay… J’ai LA photo qui va te faire chier….
Check ben ça. Transcription : ok… J’ai LA photo qui va te faire chier… Check bien ça.
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exemple, qu’une volonté de marquer l’appartenance géographique pouvait
encourager un locuteur à choisir une variante plus longue que la variante
standard.
En ce qui concerne la perte des règles, l’analyse sociolinguistique réalisée
sur le corpus amène à penser que la majorité des usagers a, au contraire,
pleinement connaissance de la norme dont elle s’écarte. Sous l’effet d’un
contexte « relâché », d’une complicité voulue avec l’interlocuteur, d’un
désir d’abréger l’acte de communication ou de répondre à une « mode », elle
jongle avec de nouvelles règles graphiques qu’elle semble maîtriser, comme
un nouveau sous-langage, en plus des règles traditionnelles.
Louise-Amélie COUGNON
UCL, Institut Langage et Communication, Cental
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES