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ADRAO
1999
L'ADRAO exhorte les lecteurs à faire un bon usage de cet ouvrage. Une citation correcte est requise.
Cette publication est aussi disponible en anglais, sous le titre : WARDA Annual Report 1999.
Couverture : Une paysanne avec sa récolte de la variété Sahel 108, périmètre de N'Diaye, delta du
fleuve Sénégal, Sénégal. Sahel 108 a été sélectionnée par l’ADRAO et homologuée au Sénégal en
1994.
Bilan et perspectives 5
Annexes 51
Etats financiers 55
Conseil d’administration 59
Activités de formation 62
Publications 65
Sigles et abréviations 70
ETTE ANNÉE qui clôture les « mille neuf cents » a été une année de grande activité pour tous ceux qui sont impliqués dans
C le travail de l’ADRAO. Plusieurs projets majeurs étaient ou arrivaient au terme de leur première phase et de nouveaux projets
et orientations émergeaient. C’est le début d’une période passionnante et laborieuse de l’histoire de l’ADRAO et celle-ci va nous
conduire dans le nouveau millénaire avec de meilleures perspectives pour la tant attendue révolution verte du riz en Afrique de
l’Ouest et du Centre.
Pour montrer la croissance de nos activités et celles de nos partenaires, nous initions une nouvelle rubrique dans notre rapport
annuel : L’année en revue. Cette annexe est une chronique des événements et elle illustre l’envergure des thèmes de recherche-
développement couverts par l’Association.
L’événement le plus important, du point de vue de la gestion, a peut-être été la quatrième Revue externe des programmes et de
la gestion (REPG) de l’ADRAO. Le panel de revue comprenait six membres et un consultant. Il était présidé par Mandivamba Rukundi
du Zimbabwe, Directeur des programmes de la Fondation W.K. Kellogg et avait en son sein des expertises en gestion de la recherche
agricole internationale, en politiques alimentaires et agricoles ainsi qu’en économie de l’irrigation. Le panel a apporté une forte note
d’expérience internationale dans la revue critique des programmes et de la gestion de l’ADRAO, car la plupart des membres ont
servi dans des revues externes d’autres centres du Groupe consultatif. Le processus de revue comportait une série d’interactions
avec le personnel, la Direction et le Conseil d’administration ainsi que des visites de programmes nationaux sélectionnés et des
stations de recherche de l’ADRAO au Sénégal et au Nigéria.
Le rapport de la revue, atteste du progrès de l’ADRAO dans la recherche et la gestion au cours des six dernières années (depuis
la troisième revue externe), et le travail d’hybridation interspécifique qui a conduit au développement des riz interspécifiques ou
NERICA a été vivement salué. Deux extraits du rapport méritent d’être cités.
« L’ADRAO est à la croisée des chemins à un niveau où une percée scientifique peut générer une forte
augmentation de la production dans beaucoup de pays en développement où les petits riziculteurs restent à la traîne
du progrès technologique. La différence fondamentale c’est que l’ADRAO est maintenant en train de développer
des technologies adaptées à l’environnement africain, sans le modifier pour qu’il convienne à la technologie. »
« L’ADRAO est bien partie pour opérer une révolution verte à base riz en Afrique de l’Ouest et du Centre. Le panel
l’encourage dans sa voie de focaliser l’impact de son travail sur la vie des populations, en mettant plus de riz dans
l’assiette des pauvres ne mangeant pas à leur faim et plus d’argent dans leurs poches. »
Cependant, une contrainte majeure identifiée dans l’impact général des produits de notre recherche était le manque d’incitations
économiques pour une adoption large et massive, en raison (a) de la faiblesse du transfert de technologies et des systèmes de
livraison, particulièrement pour ce qui est des semences et (b) des politiques agricoles inappropriées : il est indispensable d’avoir
des politiques qui encouragent la compétitivité de la production rizicole locale contre des importations fortement subventionnées
et bon marché. Ceci est vraiment crucial en Afrique de l’Ouest, où nourriture rime de plus en plus avec riz pour plus de 240 millions
de personnes et où la demande augmente à un taux annuel de 6 % occasionnant des importations de plus de 3,2 millions de tonnes
pour un montant faramineux de 1 milliard de $ EU par an. L’ADRAO est donc confrontée à un défi majeur et elle a un rôle central
dans l’amélioration des capacités nationales aussi bien individuelles qu’institutionnelles, dans l’analyse et la formulation de
politiques en vue de relever les défis de la sécurité alimentaire du 21e siècle.
Cette année, on a observé un flux d’arrivées de personnel au-dessus de la moyenne, en particulier, dans le cadre du récent système
des postes de responsabilité intermédiaire intervenu en 1998 et 1999. Les nouveaux visages de 1999 sont : Frank Abamu (agronome/
modélisation des cultures), Mark Abekoe (agronome/sols, chercheur visiteur du Ghana), Antoinette Baroan (gestion du personnel),
Olivier Briët (médecin entomologiste, DGIS), Mory Cissé (responsable achats et approvisionnements), Gilbert Kato (responsable
transports), Mohamed Kebbeh (agro-économiste, chercheur visiteur de la Gambie), Rebecca Kent (malherbologiste, DFID), Adrian
Labor (responsable, technologie de l’information et de la communication, CRDI), Frédéric Lançon (économiste, analyse des
politiques), Marie-Noëlle Ndjiondjop (biologie moléculaire), Francis Nwilene (entomologiste), Takeshi Sakurai (agro-économiste,
JIRCAS), Fassouma Sanogo (traducteur), Olusegun Olubowale (comptable principal), Gaston Sangaré (gestion de la ferme), Nko
Umoren (auditrice interne) et Norberte Zézé (assistante aux relations publiques).
Comme nous aimons à le rappeler, le partenariat est le modus operandi de l’ADRAO. En décembre, nous avions abrité un atelier
international sur le thème ‘Partenariats efficaces et durables dans un système de recherche globale : cas de l’Afrique subsaharienne’
que nous avions co-parrainé et coordonné avec le centre frère du Groupe consultatif, International Service for National
Agricultural Research (ISNAR), en collaboration avec Organizational Change Program (OCP) et avec un appui significatif
d’autres organisations internationales de recherche agricole. L’atelier a renforcé la compréhension mutuelle des succès et échecs
des partenariats CIRA-SNRA en Afrique subsaharienne et a noté que la transparence, la confiance et une juste attribution des
réalisations et des opportunités financières constituent d’importants gages de succès. Le partage de ces expériences de partenariat
passées doit guider ceux en charge d’identifier de nouveaux partenariats globaux novateurs.
Comme indiqué dans le rapport de l’année dernière, 1999 a vu la fusion des groupes d’action de l’ADRAO avec le Réseau riz
de la Conférence des responsables de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre (CORAF-WECARD) et la formation
du Réseau ouest et centre africain du riz (ROCARIZ). Le rôle du ROCARIZ est de servir de liaison entre les acteurs de la filière riz
de la région afin de générer des technologies rizicoles améliorées et adaptées et de veiller à une adoption vaste et réussie. Son but
est de renforcer la capacité et la compétence de la recherche agricole nationale et des services de vulgarisation en vue d’une
planification coordonnée de la recherche, une génération de technologies ainsi qu’une évaluation et un transfert aux utilisateurs
finaux. Au point ultime, ce travail – comme toutes les activités de l’ADRAO – vise la réduction de la pauvreté et de la malnutrition
à travers une amélioration de la production rizicole et un développement des marchés. Une stratégie de cinq ans a été élaborée et
son financement a été accepté par l’USAID.
La première phase de notre projet porte-drapeau, le Projet d’hybridation interspécifique (PHI) tirait à sa fin (il a officiellement
pris fin en début 2000). Ses principaux donateurs : le Programme des Nations Unies pour le développement – Coopération technique
entre pays en développement (PNUD/CTPD) et le Ministère des affaires étrangères du Japon (MAE), ont évalué le progrès réalisé
au cours de la première phase de trois ans et ont conclu que :
« L’équipe recommande fortement … de consolider le financement et d’identifier des “ champions ” qui vont aider
l’ADRAO à transférer cette révolution naissante du stade de la recherche-développement à la production, à la
commercialisation, puis vers les ménages consommateurs. Autrement, la communauté internationale et les amis de
l’Afrique laisseraient échapper une chance en or de transformer enfin ce continent demandeur d’aide alimentaire en
un continent excédentaire en riz. »
Le système semencier communautaire (CBSS) est devenu une composante majeure du PHI depuis son introduction à
l’ADRAO en 1998 (voir « Des semences produites par les agriculteurs pour les agriculteurs », Rapport annuel de l’ADRAO 1998,
page 40). Nous avions introduit cette formule parce que le système formel de production de semences certifiées des variétés
cultivées est très faible dans la plupart des pays de la région. Le CBSS permet aux paysans de produire « des semences de qualité
acceptable », pour eux-mêmes et pour leurs voisins dans la perspective du nouveau riz africain (NERICA) en cette période de forte
demande ; cependant, même avec cette initiative, on n’arrive pas à satisfaire la demande comme l’a relevé l’équipe :
« L’équipe pense fermement que la participation des paysans aux stades initiaux du développement des
technologies du projet PHI à travers des approches comme “ les jardins variétaux au village ”, les essais de sélection
variétale participative (PVS) et le CBSS, a été efficace et a produit les résultats positifs de large et immédiate
acceptation des NERICA pour les zones de plateau. Deux variétés en Côte d’Ivoire et trois en Guinée sont non
seulement cultivées par beaucoup de paysans, mais la demande de semences excède de loin l’offre […] L’accès à
des semences adéquates de NERICA est la contrainte majeure à une adoption plus massive de la nouvelle
technologie [...] La demande de semences par les participants au PVS, CBSS, leurs voisins ou les paysans qui ont
simplement pris part à des journées portes ouvertes, a toujours été le premier des besoins en intrants exprimés
durant les visites de l’équipe en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Nigéria. Bien que l’actuel CBSS soit une bonne
initiative pour laquelle elle salue l’ADRAO, ce système ne constitue pas une source adéquate de semences.
L’ADRAO et ses partenaires du CBSS devront inclure des producteurs de semences contractuels et des compagnies
semencières privées. »
Ainsi, ce n’est pas seulement la Revue externe des programmes et de la gestion, mais aussi la revue des donateurs du PHI qui
reconnaissent la valeur des NERICA et des technologies associées. A travers leurs commentaires, plusieurs responsables
expérimentés en matière de recherche-développement reconnaissent que nous sommes au seuil d’une révolution verte à base riz
en Afrique de l’Ouest et du Centre. Le financement de la seconde phase du PHI est assuré et nous en appelons aux gouvernements,
aux décideurs politiques et aux investisseurs du secteur privé de nos Etats membres pour qu’ils mettent en place un environnement
adéquat (politique, socio-politique, financier) afin de faire de cela une réalité.
A la lumière de cette perspective, nous prenons l’opportunité de jeter un coup d’œil rétrospectif sur cette percée du
développement des NERICA avec des remerciements particuliers aux donateurs qui ont permis le succès de la phase I (page 9).
Les effets du PHI ont été d’une portée considérable et ont eu plusieurs retombées, parmi lesquelles la mise en place d’infra-
structures de biologie moléculaire au siège de l’ADRAO. Ce sujet est traité dans le second point saillant des activités cette année
(page 16).
La dégradation des sols est un problème potentiel majeur dans plusieurs systèmes de production à travers le monde. Cette année,
nous mettons en exergue la recherche financée par le Royaume-Uni sur les systèmes irrigués au Sahel (page 30) et les problèmes
d’acidité des sols dans la zone forestière humide (page 23).
Le Consortium santé humaine abrité par l’ADRAO est un autre projet qui tire à sa fin en cette année 2000. En guise d’illustration
du fait que la recherche ne constitue pas toujours une réponse aux maux de la planète, nous mettons l’accent sur les difficultés
associées aux perceptions locales de la schistosomiase, maladie potentiellement dangereuse (page 38). Le consortium est en train
de finaliser la publication de ses recherches en 2000, mais l’ADRAO continue d’attacher un intérêt particulier aux questions de santé
puisqu’elle commence à examiner les avantages nutritionnels des variétés NERICA au niveau communautaire.
Le profil de pays donateur, cette année, fait la lumière sur nos relations complexes avec les collègues et institutions du
Royaume-Uni. Nous apprécions particulièrement le solide appui que nous apporte le Royaume-Uni en ce moment de réductions
générales des contributions à usage non restreint aux centres GC.
A présent permettez-nous de partager avec vous la vision de l’ADRAO, au moment où nous entrons dans le troisième millénaire.
De notre point de vue, l’ADRAO doit jouer un triple rôle de centre d’excellence dynamique, d’institution régionale modèle et
de noyau ou pivot d’un système de diffusion de technologies efficaces et de connaissances. A court terme, notre priorité en tant
que centre d’excellence sera de favoriser et de maintenir un environnement propice de soutien à tout le personnel pour que chacun
contribue à une recherche excellente, effective et efficace : la recherche est notre raison d’être. Le rôle central et de leadership pour
l’ADRAO en ce troisième millénaire est d’être une institution régionale servant de pivot à des systèmes basés sur la science et
les technologies. Un système institutionnel englobera un vaste partenariat (modus operandi de l’ADRAO) entre tous les acteurs
et parties prenantes, à l’inverse du concept de centre isolé. L’élément final de notre triple rôle est de servir de pivot à un système
efficace basé sur la connaissance et les technologies. Ceci s’appuiera sur la réussite de nos groupes d’action, les approches de
centre ouvert et de recherche participative en vue d’outiller et de responsabiliser les paysans. Il constituera un cadre durable de
réponse aux défis actuels et à venir, avec l’objectif de fournir un flux constant de nouvelles technologies (biens publics
internationaux) aux paysans. Ce triple rôle de l’ADRAO représente un système dynamique interactif ayant pour objectif ultime de
contribuer à l’allègement de la pauvreté et à la sécurité alimentaire dans la sous-région.
Il n’est donc pas surprenant que cette vision développée en 1999 cadre parfaitement avec la stratégie pour l’Afrique
subsaharienne récemment développée par le GCRAI en collaboration étroite avec les centres du Groupe consultatif, des
organisations sous-régionales et tous les partenaires SNRA.
Nous espérons qu’en lisant les différents points de ce rapport, vous aurez le même plaisir que nous avons eu à vous les
présenter.
’ANNÉE 1999 à l’ADRAO a été marquée par un intense programme d’activités de revue et de planification. D’abord, en début
L 1999, l’ADRAO a réexaminé son processus de revue et de planification des programmes dans le but d’évaluer la performance
des plans de travail annuels et la pertinence continue des priorités et stratégies du programme pluriannuel présentées dans le
Plan à moyen terme (PMT) de trois ans en cours. Puis, en juin 1999, la stratégie et la gestion des programmes de l’ADRAO ont fait
l’objet d’une Revue externe des programmes commanditée par le Centre (CCER). Ensuite, en prélude à la quatrième Revue
externe des programmes et de la gestion (REPG), dont la phase initiale avait eu lieu en novembre 1999 et la phase principale en
février 2000, l’ADRAO a inventorié en détails et documenté les réalisations de ses programmes depuis la troisième REPG. Les
détails et le résultat de la quatrième REPG ainsi que les réponses apportées par l’ADRAO seront publiés dans le rapport annuel
2000.
L’exercice annuel de revue et de planification des programmes de 1999 a servi à évaluer de manière critique les propositions du
programme pluriannuel de l’ADRAO présentées dans son PMT 1998-2000 et à formuler un PMT significativement revu pour la
période 2000-2002. Tel qu’élaboré ci-dessous, le PMT révisé a un mandat opérationnel plus pointu et un cadre de programme
dynamique et robuste répondant effectivement aux défis régionaux de démographie galopante et de pauvreté, de demande
croissante de nourriture (particulièrement du riz), de risques de dégradation de l’environnement, de faiblesse des capacités
nationales de recherche-développement et d’inadéquation de la base de capital social pour le développement. Le PMT 2000-2002
prend en compte le potentiel agricole de la région et s’appuie sur des réalisations scientifiques significatives de l’ADRAO depuis
1991, l’avantage de son partenariat spécial avec les SNRA et son concept de « centre ouvert ».
En gros, l’ADRAO continue de renforcer son rôle de centre-pivot régional pour les systèmes à base riz, en axant essentiellement
ses investissements sur les problèmes spécifiques à l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La vision programmatique de l’ADRAO est
de créer un programme de recherche régional en vue de promouvoir un changement technique et économique respectueux de
l’environnement dans le secteur riz, au niveau national et local. Ce changement doit conduire à une amélioration équitable de la
sécurité alimentaire pour les pauvres et une réduction durable de la pauvreté rurale. La réponse programmatique de l’ADRAO reflète
son mandat opérationnel qui vise à assurer le maintien de son excellence scientifique en : (i) amélioration génétique du riz ; (ii)
génération, évaluation et diffusion de technologies pour les systèmes à base riz ; et (iii) leadership pour les activités éco-régionales
de bas-fonds.
L’ADRAO va poursuivre sa recherche stratégique et appliquée en vue de générer des technologies d’une nécessité urgente pour
la région. Pendant la période du PMT 2000-2002, la stratégie de recherche de résultats sera mise en œuvre de manière plus effective
à travers le renforcement d’une recherche rizicole orientée vers le développement et un travail collaboratif d’évaluation et de
transfert de technologies soutenu par des activités complémentaires d’information et de formation. Dans ce cadre et conformément
à des initiatives déjà prises en 1998, l’ADRAO restera ouverte à la participation des chercheurs travaillant sur le riz en Afrique
orientale, centrale et australe (ECSA), à travers ces groupes d’action. Elle répond ainsi à une demande directe de la région ECSA
et veille à ce que le reste de l’Afrique bénéficie du grand potentiel de retombées de sa recherche. Elle va également renforcer sa
recherche écorégionale sur les systèmes d’exploitation des bas-fonds à travers le Consortium bas-fonds (CBF). Le CBF s’est érigé
en un véhicule testé et prouvé d’évaluation et de livraison des technologies générées par l’ADRAO et d’autres pour l’amélioration
de la productivité dans les systèmes de bas-fonds. Pour le PMT 2000-2002, le CBF mettra l’accent sur la gestion intégrée des
ressources naturelles en vue de soutenir l’intensification et la diversification d’une exploitation durable des terres.
Tirant des leçons de plusieurs décennies de recherche agricole en Afrique, les programmes de recherche de l’ADRAO sont
en rupture avec la structure du programme agro-climatique qui a caractérisé l’Association avant 1997 et vont au-delà de celle
proposée dans le PMT 1998-2000. La structure révisée proposée pour le PMT 2000-2002 permet la consolidation des activités
et consiste en deux programmes de génération de technologies, le Programme riz pluvial (Programme 1) et le Programme riz
irrigué (Programme 2) ; un Programme d’appui aux politiques (Programme 3) ; et un Programme 4 élargi et renforcé prenant la
nouvelle appellation de Programme développement de systèmes et transfert de technologies. Une description complète des
programmes avec leurs buts, objectifs, résultats et points de repère est contenue dans le PMT.
Nous pensons que la nouvelle structure des programmes constitue une fondation solide pour le prochain millénaire et permet
à l’ADRAO de : (a) répartir de manière logique les activités de recherche tout au long du Continuum recherche-développement ;
(b) reconnaître explicitement les systèmes de production ciblés pour la génération et le développement de technologies ainsi que
leur diffusion ; (c) réaliser une intégration plus étroite des activités de recherche éco-régionale du CBF avec la recherche stratégique
de l’ADRAO sur la génération de technologies et de connaissances pour les systèmes de bas-fonds ; (d) créer des liens forts entre
programmes pour s’assurer que le travail global est de la plus haute pertinence, d’une grande valeur scientifique et économique
et qu’elle bénéficie d’une gestion efficace.
Cette structure concorde parfaitement avec les quatre piliers de la stratégie du GCRAI pour l’Afrique subsaharienne et offre
une plate-forme solide pour répondre aux défis de recherche-développement en agriculture dans la région.
Le panel du CCER sur la stratégie et la gestion des programmes a été présidé par le Dr Bernard Tinkler de l’université d’Oxford.
Le panel a conclu que : « L’ADRAO est maintenant un membre actif et respecté de la communauté de recherche rizicole d’Afrique
de l’Ouest. Sa recherche appliquée produit de nouvelles technologies qui sont en train d’être utilisées à un taux croissant. Certaines
de ces technologies sont des adaptations de principes bien connus comme dans les sols à problèmes de salinité et d’alcalinité du
Sénégal et du Mali. D’autres sont des prolongements de son amélioration variétale pour le rendement et contre les ravageurs, les
maladies et les contraintes de sol en Afrique de l’Ouest. La plus importante est la production d’hybrides interspécifiques (les
nouveaux riz pour l’Afrique), qui promettent beaucoup dans plusieurs écosystèmes. Sans doute, qu’elle génère maintenant un
impact à un rythme accru […] L’ADRAO a été traitée de manière relativement généreuse au regard de la quantité [de riz] produite
dans la région de son mandat. L’augmentation de la demande de riz et cette perspective de développements véritablement importants
de la recherche montrent que ceci était mérité et à bon escient. »
Au-delà des réalisations présentées dans ce rapport annuel, il y en a beaucoup d’autres qui méritent d’être mentionnées. Le
nouveau type de riz interspécifique – dénommé « Nouveau riz pour l'Afrique » ou NERICA – a été homologué et activement
diffusé. On a achevé la mise en place du réseau régional de l’ADRAO pour l’amélioration participative du riz – un processus qui
a commencé en 1998, associant des partenaires de tous les 17 pays membres. Le développement d’outils de décision pour
intensifier la gestion intégrée des éléments nutritifs, de l’eau et des ravageurs dans les agro-écosystèmes rizicoles irrigués du Sahel
a également bien progressé. La recherche en formulation de politiques pour une compétitivité de la production rizicole a été renforcée
avec l’étude du rôle des services financiers ruraux dans l’adoption de la technologie rizicole et la gestion des ressources. La seconde
phase du Consortium bas-fonds a été initiée avec plus de membres et un programme de recherche plus étoffé. Le transfert de toutes
les responsabilités en matière de gestion des ressources génétiques du riz en Afrique, de l’IITA à l’ADRAO, a finalement été
achevé et une unité de ressources génétiques du riz a été mise en place.
Dans les années 1980, l’ADRAO a réussi à améliorer la productivité du riz de mangrove avec un impact considérable. Dans les
années 1990, l’ADRAO a fait de grands progrès dans l’augmentation de la productivité et du rendement du riz irrigué dans le Sahel,
où des rendements de 4 à 6 t/ha sont tout à fait normaux. Maintenant, le cadre est en place pour une révolution verte dans le riz
irrigué et le riz pluvial à travers la région du mandat de l’ADRAO, dans la première décennie du nouveau millénaire.
La gestion de la continuité et du changement est au cœur du processus programmatique de l’ADRAO, afin que les efforts à court
terme soient en conformité avec les objectifs à long terme. Cet esprit est bien illustré dans les articles qui suivent. Dans le rapport
annuel 1998, je disais : « Nous demeurons confiants et sommes convaincus que la qualité des performances de l’ADRAO se
maintiendra au plus haut niveau l’année prochaine et les années qui suivront. » En 1999, engagés et avec une qualification
appropriée, les chercheurs et le personnel d’appui de l’ADRAO travaillant main dans la main avec les collaborateurs nationaux et
internationaux, ont certainement tenu cette promesse. Je suis confiant que l’ADRAO restera un investissement à haut rendement
dans le système du GCRAI.
OMME NOTRE projet porte-drapeau d’hybridation interspécifique arrive au terme de sa première phase, nous
C jetons un coup d’œil sur notre point de départ et où nous en sommes, tout en rendant hommage à ceux qui nous
ont ouvert la voie.
Le Projet d’hybridation interspécifique (PHI) a commencé en poursuit Jones. « Les seules variétés suffisamment tolérantes au
1997 avec l’appui du gouvernement japonais, de la Fondation sel pour y pousser étaient des glaberrima. » Dans les années
Rockefeller et du Programme des Nations Unies pour le qui ont conduit à ses tentatives novatrices d’hybridation des
développement (PNUD). Il s’est fondé sur la percée majeure de deux espèces de riz, Jones a aussi noté que dans les environ-
l’ADRAO, réalisée en 1994, de produire des descendances nements marginaux des plateaux, c’était encore les glaberrima
fertiles à partir de croisements entre le riz indigène africain qui poussaient et non les sativa asiatiques. « Il semblait donc,
(Oryza glaberrima) et le riz asiatique (O. sativa). Aujourd’hui, que les glaberrima avaient des gènes de résistance ou de
le nouveau type de riz, dénommé « Nouveau riz pour tolérance aux contraintes locales comme l’acidité des sols, la
l’Afrique » ou NERICA, est cultivé dans au moins quelques toxicité ferreuse et la pyriculariose, gènes que l’on ne trouvait
champs dans chaque pays de la région du mandat de l’ADRAO pas chez les sativa. »
et le cadre est ainsi établi pour une révolution verte à base riz
en Afrique subsaharienne.
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engagées dans la recherche sur l’hybridation interspécifique : le représentant aux deux réunions et le second l’aurait fait s’il n’y
Centre international d’agriculture tropicale (CIAT, Colombie), avait pas eu des problèmes de logistique pour le voyage. Les
l’université Cornell (Etats-Unis d’Amérique), l’Institut inter- réunions ont porté sur des présentations de la recherche
national de recherche sur le riz (IRRI) et l’Institut français de agricole nationale et des services de vulgarisation de Côte
recherche scientifique pour le développement en coopération d’Ivoire et de Guinée ainsi que des paysans de Côte d’Ivoire.
(ORSTOM, France), ainsi que sept programmes nationaux Mme Delphine Koudou a été ovationnée à la réunion à mi-
d’Afrique de l’Ouest en vue de faire l’état d’avancement dans parcours – c’est elle qui a prêté son image pour représenter
le domaine de l’amélioration variétale interspécifique du riz Bintou en médaillon (voir ci-dessous) !
et d’identifier les problèmes majeurs à résoudre. L’atelier a été
suivi d’une réunion de planification stratégique financée par Sélection variétale participative
MOFA. Le résultat de ces deux réunions a été que le gouverne-
La caractéristique majeure du projet PHI fortement encouragée
ment japonais (à travers MOFA) et l’organe de Coopération
par les donateurs, c’est l’utilisation de la sélection variétale
technique entre les pays en développement (CTPD) du PNUD participative ou PVS comme double mécanisme d’obtention
acceptaient de financer la recherche en cours ; ainsi naissait la
d’un feedback sur les préférences des paysans en matière de
recherche conjointe Afrique/Asie en hybridation interspécifi-
nouvelles variétés de riz et de transfert de technologies. Les
que entre les espèces de riz africain et asiatique (Oryza glaber-
mécanismes conventionnels d’homologation variétale nécessi-
rima et O. sativa).
tent plusieurs années de tests en station et aux champs avant
Le projet MOFA/PNUD-CTPD (connu sous le sigle PHI)
l’homologation, puis il faut souvent plusieurs années pour
a été mis en place pour trois ans, 1997/98 à 1999/2000 avec
produire suffisamment de semences à fournir aux paysans.
un financement de 450 000 $ EU par an et un supplément de
L’ADRAO et ses partenaires voulaient désespérément que les
474 000 $ EU du budget à usage non restreint de l’ADRAO sur
nouveaux riz parviennent aux paysans le plus tôt possible. Elle
la période des trois ans.
a donc organisé en mars-avril 1996 une réunion des acteurs de
la filière riz : chercheurs des programmes nationaux, vulgarisa-
Rigueur dans les rapports d’activités teurs, paysans et organisations non gouvernementales, en vue
Nos amis du Japon et du PNUD étaient soucieux de s’assurer que de discuter des stratégies pour que les nouveaux riz parviennent
nous tirions le maximum de notre nouvelle connaissance et de aux paysans. Sachant que la recherche participative a servi de
nos ressources. Ainsi, des réunions d’évaluation ont été tenues catalyseur à l’adoption agricole en Inde et au Népal à un coût
à mi-parcours (novembre-décembre 1998) et vers la fin de la relativement faible et qu’elle a été adaptée aux paysans pour la
première phase (novembre 1999). Ceci a été une bonne chose sélection des haricots au Rwanda, les délégués
pour les chercheurs qui tendaient à être un peu laxistes dans la ont opté pour l’approche PVS.
préparation des rapports ; l’état d’avancement du projet PHI La première PVS adoptée par l’ADRAO a
était bien documenté avec des rapports informels chaque année été un programme de trois ans. Au cours de la
(1997, 1998 et 1999) pour les réunions d’évaluation, des rapports première année, l’ADRAO et les agents des
sur les réunions elles-mêmes et une publication formelle des services de vulgarisation mettent en place un
points saillants de la recherche annuelle dans Focus : « jardin variétal » dans un village cible, souvent
Interspecifics (points saillants 1998) et Rice Interspecific dans le champ d’un paysan bien en vue ou
Hybridization Project Research Highlights 1999. ayant le sens de l’innovation. Le « jardin varié-
Les réunions d’évaluation ont rassemblé les chercheurs et tal » comprend une parcelle de démonstration
des membres du Conseil d’administration de l’ADRAO, des avec entre 60 et 100 variétés de riz, pas seule-
représentants des institutions collaboratrices et des principaux ment des interspécifiques, mais aussi des
donateurs ; en plus, la Banque mondiale et l’USAID ont montré sativas modernes améliorés, des variétés loca-
un grand intérêt pour ces travaux ; le premier en envoyant un les et régionales bien connues et quelques
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plateaux dans laquelle les NERICA et autres technologies voulons maintenant c’est un mouvement d’enchaînement où
associées jouent un rôle vital ; une intensification et diversifi- les gains de productivité généreront des revenus, où ces revenus
cation des bas-fonds pluviaux, en particulier les fonds de seront investis en intrants et où ces intrants entraîneront des
vallées ; une maximisation de l’efficacité d’utilisation des res- gains de productivité encore plus importants. Et ainsi, nous
sources dans les systèmes irrigués. Maintenant, nous avons le pourrions vraiment avoir des perspectives de sortir les rizicul-
matériel végétal, notamment les NERICA, résistants ou tolérants teurs de subsistance du piège de la pauvreté ».
à la plupart des contraintes de la région, survivant et produisant Avec ce type de perspective, il n’est pas surprenant que la
avec un minimum d’intrants tout en ayant une réponse abon- phase II du projet PHI attire plus de donateurs que tout autre
dante lorsque ces intrants sont disponibles. Ce que nous projet de l’Association.
Juste une partie du vaste réseau que constitue l’équipe du PHI : l’ADRAO, les
chercheurs collaborateurs, les représentants des donateurs et le personnel
d’appui ayant pris part à l’évaluation à mi-parcours du projet en 1998
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Perspective historique
Au début des années 1990, les sélectionneurs riz de l’ADRAO
se sont rendu compte que tout au long des trois à quatre
dernières décennies, les efforts de sélection conventionnelle
n’ont permis aucun impact significatif, notamment, dans les
écologies pluviales. C’est à ce moment que l’idée de créer des
hybrides interspécifiques issues des riz africain (Oryza glaber-
rima) et asiatique (O. sativa ) avait été avancée en vue d’une
utilisation des gènes pour une adaptation locale dans les espèces
africaines (voir « Nouveau riz pour l’Afrique… avec le coup de
pouce de nos amis », dans ce même rapport annuel). Cependant,
il est vite devenu clair qu’il y avait des problèmes pour « fixer »
(stabiliser) la descendance de ces croisements et que quelque
chose manquait.
« Au début des années 1990, nous n’avions pas pensé à
adopter la biologie moléculaire à l’ADRAO », explique le La culture d’anthères : là où tout a commencé à l’ADRAO
16
17
Figure 1. Carte du lien génétique entre Oryza glaberrima et O. sativa avec les sous-espèces japonica représentées en cercles et les
sous-espèces indica en forme de puce telle que développée à l’Université Cornell. Le bleu représente les marqueurs de polymor-
phisme et le blanc ceux de monomorphisme.
18
C’est une bonne nouvelle : elle peut permettre de trouver des (ancien agent de l’ADRAO) à l’université Cornell. Entre temps,
marqueurs « informatifs » associés aux caractéristiques qui des études préliminaires ont été menées par Cadalen sur un
nous intéressent sur le génome O. glaberrima (par exemple, la sous-ensemble de 83 des 200 O. glaberrima de Mandé, au cours
capacité de suppression des adventices, la résistance au RYMV, d’une seconde visite à Cornell, de mars à mai 1999. Cadalen a
la tolérance à la sécheresse. Et ceci, à son tour offre la possibilité identifié 155 allèles sur 30 marqueurs microsatellites, ce qui
d’utiliser les microsatellites dans la sélection assistée par donnait une moyenne de 6,13 allèles par locus – chiffre similaire
marqueurs. Dans ce type de sélection, une procédure simple à celui d’un ensemble de 13 O. sativa (6,63 allèles par locus).
peut déterminer la présence ou l’absence du gène souhaité dans Mais, les glaberrima ont fait montre d’une variation plus large
une petite quantité d’ADN extrait d’un matériel végétal jeune ou au sein des loci par rapport au nombre d’allèles, comme l’illustrent
de première génération, sans avoir à faire un criblage à grande six marqueurs ayant 11-25 allèles, alors qu’à l’autre extrémité, 11
échelle au champ, qui serait extensif et coûteux pour voir quels marqueurs avaient entre 1 et 3 allèles. Une fois encore, les
sont les plants qui héritent des caractéristiques requises. Ce test microsatellites montrent beaucoup plus de polymorphisme au
précoce minimise aussi l’effet environnemental non désiré qui sein des glaberrima que toute autre étude antérieure par
pourrait résulter du criblage au champ. marqueurs.
La première étude sur la diversité des allèles de O. glaberrima
a été menée sur des croisements entre quatre variétés. Des
combinaisons en pairs ont montré de faibles niveaux de Partenariats
polymorphisme (entre 15 et 28 %), mais une comparaison entre Comme pour beaucoup d’activités de l’ADRAO, la clé du
les quatre variétés a montré que 46 % des 77 microsatellites succès du travail de biologie moléculaire est le partenariat
étudiés étaient en fait polymorphiques (avec au moins un institué et maintenu avec les autres institutions. Nous avons
parent montrant un allèle différent par rapport aux 3 autres). déjà mis en exergue le rôle crucial du laboratoire de Susan
Ceci a confirmé que les microsatellites constituaient un bon McCouch à l’université Cornell dans la formation du
choix de marqueurs pour l’étude de la diversité au sein de O. personnel, l’octroi d’expertise technique sous la forme de
glaberrima. conseil pour la mise en place initiale des infrastructures à
Le travail détaillé sur la diversité des allèles au sein de O. l’ADRAO et l’accueil de l’étude sur la diversité des allèles O.
glaberrima a été le thème de recherche PhD de Sémon Mandé glaberrima (thèse de recherche de Sémon Mandé).
Figure 2. Profil de la diversité allélique du microsatellite RM 333 : 11 allèles détectés sur 83 accessions d’Oryza glaberrima.
19
Le Centre japonais de recherche internationale pour les Le laboratoire de l’ADRAO tire un bénéfice direct du
sciences agricoles (JIRCAS) a détaché le physiologiste Satoshi travail réalisé à l’IRD, puisque c’est Marie-Noëlle Ndjiondjop
Tobita auprès du laboratoire de biologie moléculaire de qui assume présentement les fonctions de spécialiste en biologie
l’ADRAO, dans le cadre du projet PHI, en janvier 1998. Il doit moléculaire à l’ADRAO.
examiner les aspects physiologiques de la carte génétique. Il
explique : « Nous avions besoin de toute une équipe pour L’avenir
enclencher le travail de sélection à l’aide de marqueurs : le Ainsi, qu’en est-il de l’avenir ? Et, Ndjiondjop prend le relais :
chercheur en biologie moléculaire, le sélectionneur, et un « Le travail de cartographie génétique se poursuit avec la
physiologiste. Lorsque nous avons commencé à identifier des génération “d’une population cartographique” issue d’un
marqueurs pour la résistance aux maladies, nous avions aussi croisement interspécifique. Ceci est essentiel pour l’identification
eu besoin d’un phytopathologiste. » Dans la sélection assistée des marqueurs associés aux QTL. La stérilité des hybrides de
par marqueurs, nous identifions des marqueurs étroitement première génération constitue un problème majeur : elle nous
associés au gène d’une caractéristique qui nous intéresse, cette laisse très peu de graines pour travailler. Beaucoup de
identification est appelée : « l’étiquetage des gènes. » Dans le rétrocroisements sont nécessaires pour relever la fertilité à un
projet IHP, ce sont des microsatellites qui sont utilisés en vue seuil utile. Donc, nous travaillons encore sur un programme de
d’étiqueter des gènes pour des caractéristiques telles que la croisements interspécifiques de base (bien entendu, en
tolérance à la sécheresse, la résistance au RYMV et la croissance utilisant les mêmes variétés parentales) et de rétrocroisements,
de la plante. On pense que chacune de ces caractéristiques car il nous faut générer environ 300 descendances à partir de la
ciblées est gouvernée par plusieurs gènes qui ont un effet première génération de rétrocroisements, d’ici la fin de l’an
additif au sein de la plante. Ainsi, les allèles concernés sont 2000 ». La culture d’anthères sera appliquée pour fixer les lignées
après le second rétrocroisement. C’est ces plants à générer par
quantitatifs – c’est à dire chacun d’eux fournit un certain niveau
culture d’anthères qui seront utilisés pour le travail de
de la caractéristique – ce sont des loci de caractères quantitatifs
cartographie.
(QTL). Les microsatellites associés à ces QTL forment donc la
« Présentement, nous utilisons les meilleures lignées
base de l’outil de sélection.
NERICA sélectionnées et caractérisées par les chercheurs de
L’autre partenaire principal dans la recherche en biologie
l’ADRAO pour une “classification graphique des géno-
moléculaire au sein du projet PHI est l’Institut de recherche pour types” », continue Ndjiondjop. Des microsatellites sont utilisés
le développement (IRD), France. Marie-Noëlle Ndjiondjop a fait pour déterminer la fréquence des allèles O. glaberrima au sein
sa recherche de PhD à l’IRD, en mettant l’accent sur la résistance des lignées NERICA. « Des collègues de l’IRD nous ont
au virus du RYMV. On a trouvé une forte résistance au RYMV spécialement demandé de faire une rapide “classification
conférée par un gène unique aussi bien dans O. glaberrima que graphique des génotypes” d’une lignée NERICA particulière
O. sativa. Les marqueurs moléculaires associés à cette résistance qui est résistante aux nématodes. » Sachant que la résistance
ont été identifiés et localisés sur le chromosome n° 4. Ces aux nématodes vient du parent glaberrima, les chercheurs de
marqueurs vont maintenant être utilisés dans un programme de l’IRD essaient de rétrécir le champ de recherche du gène de
sélection assistée par marqueurs pour transférer cette résistance résistance en effectuant seulement des recherches sur les par-
dans des variétés populaires de riz de bas-fonds d’Afrique de ties du génome NERICA provenant du parent glaberrima.
l’Ouest. Un autre travail à l’IRD a permis de produire, en 1999, Le phytopathologiste de l’ADRAO, Yacouba Séré est
une carte de lien génétique d’un croisement interspécifique. Elle enthousiaste à l’idée d’un progrès dans la lutte génétique
montre une très bonne compatibilité avec les cartes existantes contre la panachure jaune (RYMV). « Avec le marqueur
réalisées sur O. sativa. Une contribution importante de cette moléculaire identifié à l’IRD, nous sommes sur la voie de générer
nouvelle carte a été la localisation d’un gène majeur de stérilité du “matériel de jonction” », il poursuit en expliquant « le matériel
au sein d’O. glaberrima sur le chromosome 6 dont on connaissait de jonction » c’est des descendances interspécifiques portant
l’existence mais pas la localisation. le gène de résistance à RYMV à partir du parent glaberrima. Elles
20
21
En Afrique de l’Ouest et du Centre, près de 70 % du riz de plateau plateau sont aussi tolérantes aux sols acides parce que les
se cultive dans la zone forestière humide. Mais, la productivité sélectionneurs ont capitalisé sur le travail des paysans et les
du riz sur ces plateaux, tournant autour d’une tonne par hectare, plantes sont spécifiquement sélectionnées en sols de plateau
est probablement la plus faible de tous les écosystèmes de acides. Il est reconnu dans la recherche agricole et beaucoup de
production rizicole en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces sols milieux paysans que l’azote constitue presque toujours un
de plateau sont acides et l’infertilité due à cette acidité est le facteur limitant dans la production agricole, mais dans la zone
problème principal. Les composantes acides contenues dans le forestière humide d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le niveau
sol (aluminium et oxydes de fer) entrent en réaction avec le de phosphore du sol est si faible que les cultures ne peuvent pas
phosphore et les plantes en sont ainsi privées. Comme le répondre à une addition d’engrais azoté uniquement. Mais, une
phosphore est un élément vital pour la croissance des plantes, fois le problème de phosphore réglé, la culture a une bonne
cette carence effective dans le sol a un impact direct sur le réponse à l’engrais azoté, que l’on doit donc toujours avoir à
rendement de la culture. côté pour une bonne gestion des cultures.
Le chimiste des sols de l’ADRAO, Kanwar Sahrawat « Déjà vers le début des années 1970, on savait que la carence
poursuit : « En examinant les sols d’Afrique de l’Ouest sur un en phosphore constituait un problème dans les sols tropicaux
axe Nord-Sud, on remarque que plus on va vers le Sud, plus la acides », explique Sahrawat. « Mais, les sols acides sont
pluviométrie est forte et plus l’acidité des sols est importante. également souvent déficitaires en d’autres éléments nutritifs,
En même temps, on constate une réduction du phosphore dans calcium et magnésium. » Ainsi, dans une expérience précédente,
le sol, à tel point que la carence en phosphore devient le l’ADRAO a exploré les effets de l’application de ces éléments
problème d’élément nutritif le plus sérieux pour la croissance nutritifs (en conjonction avec l’azote) dans différentes
des cultures dans la zone forestière humide. » L’acidité est un combinaisons pour voir quel rôle ils jouent dans la réduction de
problème en lui-même, parce qu’elle empêche les variétés non l’infertilité due à l’acidité du sol. Les résultats ont été concluants :
tolérantes d’avoir un quelconque rendement. Les variétés l’addition de phosphore uniquement ou en combinaison avec le
paysannes (connues sous le nom de races locales) sont tolérantes calcium, le magnésium ou les deux en même temps, a augmenté
à l’acidité parce qu’elles ont été sélectionnées pendant plusieurs aussi bien le rendement en grains qu’en paille du riz de plateau.
générations dans des sols acides. Les variétés améliorées de L’application de calcium, de magnésium, ou des deux, sans
23
Tableau 1. Effets de la fertilisation au calcium, au magnésium et au phosphate sur le rendement (t/ha) de la variété de riz WAB 56-50,
Ulfisol, Man, Côte d’Ivoire, 1994.
24
et a permis de calibrer le rendement en grains (sous forme de (Figure 3). Ainsi, une relation a été établie entre le phosphore
rendement en grains relatif, un pourcentage du rendement disponible dans le sol et le rendement relatif, mais aussi (à travers
maximal obtenu) comparativement au phosphore disponible. la quantité absorbée par la plante) entre ce phosphore et le
Les résultats ont établi un « seuil critique » de phosphore rendement en grains réel. Ceci veut dire que le test de sol peut
disponible (pour les variétés testées) de 12,5 à 15 mg de phos- servir d’indicateur direct du rendement potentiel de la culture et
phore par kilogramme de sol. Lorsqu’un test de sol donne un du besoin en engrais phosphaté.
niveau de phosphore disponible en dessous de ce seuil critique,
le paysan doit appliquer de l’engrais phosphaté. Vers un prix abordable pour le phosphate
« La quantité de phosphore effectivement accumulée par les Un problème sérieux avec ce besoin en phosphore est le coût de
plants de riz est un autre indicateur potentiellement plus précis du l’engrais phosphaté commercial (phosphate super triple, TSP).
rendement en grains, » explique Sahrawat. « Nous avons donc, L’expérience qui a confirmé le phosphore comme élément nutritif
conduit une série d’expériences pour mettre en relation la teneur limitant, a utilisé 50 kg de phosphate par hectare et d’autres
en phosphore des plants et le rendement final en grains et pour expériences ont même donné une meilleure réponse avec des
mesurer le phosphore disponible dans le sol. » Pour le test des taux de fertilisation plus élevés (par exemple 90 kg P/ha).
plants, les parties aériennes en entier (c’est-à-dire, toute la partie L’engrais se vend par sac de 50 kg de TSP, mais le TSP ne
du plant au-dessus du sol) ont été collectées au stade de tallage représente que 20 % de phosphore, ainsi donc, 50 kg de phos-
maximal, c’est-à-dire au moment où les plantes sont au maximum phore sont équivalents à 5 sacs de TSP ! A 10.500 FCFA le sac
de leur croissance végétative, juste avant la production des de TSP est un investissement tout simplement hors de portée
fleurs et des grains. Comme pour le sol, la teneur en phosphore des agriculteurs de subsistance !
des plants a été testée en laboratoire. Là encore, les résultats « Et pour compliquer le problème de coût, il faut ajouter que
étaient positifs, démontrant une relation linéaire entre le phos- le TSP n’est réellement efficace dans le sol que pendant une ou
phore absorbé par la culture (mesuré au stade de tallage maximal) deux saisons. Nos expériences de test du sol pour la disponibilité
et le rendement en grains final et également entre le prélèvement en phosphore ont montré une réponse significative de rendement
de phosphore de la plante et le phosphore disponible dans le sol au TSP appliqué en première année, par la culture de la deuxième
2,0
Y = 0,232 X + 0,649
1,8 r = 0,810 Y = 0,236 X + 0,293
Absorption totale de P (kg/ha)
r = 0,826
1,6
Rendement grain (t/ha)
1,4
1,2
1,0
0,6
1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5
Figure 3. Relation entre le rendement en grains et l’absorption totale de P par la plante (a) et entre l’absorption totale de P par la
plante et le P extractible du sol (b) pour quatre variétés de riz de plateau
25
année, mais seulement comme une fraction de la “réponse du phosphate naturel sur le rendement du riz. Ce phosphate
immédiate” », explique Sahrawat. Vers la quatrième année, naturel provenait de six différentes sources : du Burkina Faso,
l’effet résiduel du TSP appliqué est négligeable, sauf pour les du Mali, du Niger, du Sénégal (deux sources) et du Togo. « Le
parcelles ayant reçu des doses très élevées (Figure 4). « Avec rendement des parcelles recevant du TSP a significativement
ces faits à l’esprit, nous avons commencé à explorer des sources dépassé celui des parcelles recevant du phosphate naturel.
alternatives de phosphate potentiellement abordables pour la Cependant, le phosphate naturel du Mali a eu de bons résultats
riziculture. » et a montré un bon potentiel comme substitut au TSP, qui est
Et c’est au tour de Diatta de prendre le relais : « Nous avions trop cher », explique Sahrawat. L’année suivante (1998), un essai
connaissance des travaux sur les cultures exigeantes en phos- a été initié à Man, Côte d’Ivoire, en vue de comparer les effets
phore dans les zones de forêt humide, de savane et du Sahel : résiduels d’une application unique de phosphate naturel avec
arachide, maïs, mil et sorgho, comportant l’utilisation du phos- ceux d’une application annuelle de TSP. Cette année-là, le
phate naturel local. Ces cultures ont eu une bonne réponse à phosphate naturel du Mali a eu une aussi bonne performance
l’application du phosphate naturel comme engrais. » Une bonne que le TSP (Figure 5). Au cours de la seconde année (1999), tous
partie de ce travail prometteur a été menée par le Centre interna- les traitements de phosphate naturel ont donné des réponses en
tional de développement des engrais (IFDC), dont le siège est rendement de riz significativement plus élevé par rapport à la
en Alabama, Etats-Unis, avec une division africaine basée à première année : une démonstration claire de l’effet résiduel.
Lomé, Togo. Il existe des gisements de phosphate naturel dans Et Sitapha Diatta d’expliquer : « Le phosphate naturel est
les zones de savane sèche et du Sahel en Afrique de l’Ouest et relativement insoluble, nous ne sommes donc pas surpris que,
l’IFDC a caractérisé beaucoup de ces gisements par rapport à généralement, la première année, les rendements des parcelles
leur réactivité et solubilité dans les sols acides. En 1997, l’ADRAO fertilisées au phosphate naturel n’aient pas la même perfor-
a initié des essais en vue de comparer les effets du TSP à ceux mance que celles fertilisées au TSP qui, lui, est soluble. Mais,
Figure 4. Effets résiduels de l’engrais phosphate super triple après une application unique en 1993 sur le rendement de
deux cultivars de riz de plateau en sol acide, Man, Côte d’Ivoire
La réponse de rendement en grains est le rendement additionnel obtenu sur le témoin n’ayant pas reçu d’engrais P.
WAB 56-125 a démontré des effets dominants du temps qu’il a fait au cours de la saison, effets déjà constatés sur
d’autres cultivars
26
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3 t/ha dans un sol non fertilisé, à Man. L’un de ceux-ci est possibilités, mais il nous reste encore quelques années pour
programmé pour être le premier NERICA officiellement pouvoir faire des recommandations aux paysans ». Les
homologué dans la région : NERICA 1 [=WAB 450-I-B-P-38-HB] résultats des essais en cours, qui pourraient être disponibles
en Côte d’Ivoire en 2000. dès la fin 2000, devraient déterminer une fois pour toute la
« Ce que nous voulons vraiment, c’est encourager les paysans viabilité agronomique du phosphate naturel comme engrais de
sur la voie du développement », explique Monty Jones. « Tout riziculture de plateau, puis nous devons explorer plus
d’abord, nous avons besoin d’une variété tolérante à l’acidité sérieusement les aspects socioéconomiques. Le phosphate
et à la carence en phosphore qui augmente les rendements des naturel est disponible en grandes quantités dans le Nord du
paysans et donc leurs revenus. Mais, après cela nous voulons Sahel et les zones de savane sèche de la région, mais il en faut
les encourager vers l’étape suivante : l’application d’engrais. pour la zone forestière humide. A ce jour, le phosphate naturel
Ainsi, nous voulons des variétés qui donnent bien sans intrants, du Mali n’a pas été exploité de manière commerciale comme
mais qui répondraient également bien aux intrants lorsque la engrais, il y a donc des questions de logistique en suspens. Le
situation financière des paysans peut le leur permettre. » En phosphate naturel peut-il être conditionné, à partir du gisement,
conséquence, l’ADRAO est aussi en train de tester la réponse en un produit facilement transportable et immédiatement utilisable
à l’application de phosphore des NERICA tolérants à l’acidité. aux champs ?
En 1999, toujours à Man, quatre NERICA ont été testés pour leur Le seul phosphate naturel disponible dans le commerce en
réponse à l’application de phosphore aussi bien sous forme de Côte d’Ivoire vient du Sénégal et il est distribué par une société
TSP que de phosphate naturel du Mali. Et voici la bonne basée à Abidjan, heureusement un centre approprié pour la
nouvelle : tous les quatre NERICA ont une réponse positive à distribution en zone forestière humide. Les autres phosphates
l’application du phosphate naturel et l’un d’entre eux a même naturels utilisés dans les expériences de l’ADRAO ont été
donné une réponse linéaire à une application jusqu’à 450 kg transportés à partir de leurs sources. « Dans nos expériences »,
P/ha (Figure 6). En plus, les rendements de ces NERICA étaient explique Diatta, « nous avons utilisé du phosphate naturel en
supérieurs à ceux du témoin traditionnel à tous les niveaux de 0 poudre. Mais, ceci a plusieurs désavantages. Il occupe beaucoup
à 450 kg P/ha. de place et est donc difficile à transporter. Et, peut-être le point
le plus important : son application exige beaucoup de travail.
Questions en suspens Avec l’application manuelle, le paysan se retrouve tout couvert
Il est clair que nous sommes en train de développer une approche de poussière, il est donc peut-être mieux de mélanger d’abord la
à trois dimensions par rapport au problème d’infertilité inhérent poudre avec de la terre humide. La fertilisation d’un hectare peut
à l’acidité du sol en riziculture de plateau dans la zone forestière prendre toute une journée, et encore nous ne parlons pas d’un
humide. Nous développons des variétés tolérantes aussi bien événement annuel ! Nous pensons qu’il est possible de formuler
à l’acidité du sol qu’à la carence en phosphore, mais qui seraient le phosphate naturel en granules ». Ainsi, son transport et son
aussi en mesure de répondre à l’addition de phosphore une fois application seraient plus faciles. Une fois la formulation
que les paysans pourraient se le permettre. Puis, nous travaillons appropriée obtenue, c’est le coût du transport qui déterminera
vers une stratégie d’engrais phosphaté à long terme associant la viabilité de l’utilisation du produit telle que proposée. Si le coût
le phosphate naturel local, probablement avec l’utilisation du de transport est trop élevé, les paysans de la zone forestière
TSP au cours de la première année de culture du riz. Après cela, humide ne pourront pas se permettre le phosphate naturel et ne
nous serions en position de raffiner les recommandations sur l’utiliseront donc pas. Nous pensons que l’engrais de phos-
l’engrais azoté en vue d’améliorer encore le rapport bénéfice – phate naturel fabriqué et distribué dans la région coûtera moins
coût de la riziculture de plateau. cher que les engrais importés comme le TSP. Celui-ci coûte très
« Nous sommes bien avancés », explique avec enthousiasme cher et il faut chercher un mécanisme pour mettre le produit du
Sahrawat, « mais il nous reste encore du chemin à faire. Jusque phosphate naturel à la disposition des petits agriculteurs à un
là, tout ce travail a été un exercice académique pour explorer les prix abordable.
28
à la réalisation de ce travail.
Les premiers essais aux champs avec le phosphate
O. glaberrima ∞ sativa hybride
Y3 = -0,007x2 + 4,93x 887, r2 = 0,97 naturel auront lieu sur trois sites en Côte d’Ivoire (forêt
humide et savane), en 2000. Ils viendront en appoint au
programme d’amélioration variétale participative en cours
Oryza sativa
Y1 = -0,005x2 + 3,38x _ 653, r2 = 0,86
(« Nouveau riz pour l’Afrique… avec le coup de pouce de nos
amis » dans ce rapport) et impliqueront 25 paysans dans chaque
site.
Une voie d’avenir potentielle serait d’adjoindre au
« paquet » notre travail agronomique sur les jachères
légumineuses. L’utilisation de légumineuses à la place de
jachères traditionnelles a le double avantage de réduire les
Taux d'apport de phosphate naturel du Mali (kg/ha) populations d’adventices et de ne pas épuiser les réserves
d’azote du sol. En fait, lorsque des légumineuses sont utilisées
Figure 6. Réponse de deux NERICA et d’un témoin au phosphate
naturel du Mali en sol acide de forêt humide comme culture de couverture et que toute la plante est retournée
au sol à travers le labour, les légumineuses restituent
effectivement l’azote du sol et réduisent le besoin d’engrais
Perspectives d’avenir azoté (Rapport annuel de l’ADRAO 1998, pages 36-37). « Rien
« Nos études sont loin d’être terminées, il nous reste à examiner que l’azote, contenu dans les feuilles, peut améliorer le statut du
l’absorption par la plante du phosphore de l’engrais de phos- sol en azote », explique Diatta. Il examine donc la possibilité de
phate naturel de la même manière que nous avons calibré le commencer au cours de la saison 2001, des essais de rotation
rendement par rapport à l’absorption de TSP par la plante. Une avec le niébé dont les graines pourront être récoltées et servir
autre voie serait l’analyse par isotope P-32 pour déterminer le de nourriture.
29
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31
32
Figure 8. Diagramme de toposéquence montrant la performance des paysans (% d’abandons, rendements Tp et T0) en fonction de la
position topographique et de la profondeur du sol
33
dans le sol adjacent. Dans les sols peu profonds, l’alcalinité est
nettement plus proche des racines des plantes et il en résulte des Recommandations pour l’amélioration de la
problèmes de carence en phosphate qui diminuent les rendements production de riz à Foum Gleita
du riz.
Malgré tout cela, cependant, très peu de sols à Foum Gleita D’un certain point de vue, l’ADRAO a maintenant fait son
travail pour les services de vulgarisation et les paysans de
mériteraient le qualificatif de « sols dégradés » selon les échelles Foum Gleita. Tout ce qui leur reste à faire pour améliorer leur
internationalement reconnues. Lors d’un atelier de fin de saison système de production, c’est de mettre en œuvre les recom-
dans le but de partager les résultats de la recherche avec les mandations pratiques suivantes, mais ils rencontrent encore
de nombreuses contraintes dont certaines ne sont pas sous
paysans, les chercheurs de l’ADRAO ont mis l’accent sur leur contrôle.
l’importance de l’amélioration des pratiques paysannes comme I Les plantules ne doivent pas être laissées trop longtemps
la voie pour une augmentation de la production rizicole (voir en pépinière, mais plutôt repiquées pendant qu’elles
sont jeunes et vigoureuses.
encadré). I Les champs doivent être labourés avant le repiquage.
I Le repiquage exige une meilleure gestion, particulière-
ment en termes d’espacement des plants et de mise en
L’évolution des perceptions et leurs sol.
fondements scientifiques et socio- I Les engrais nécessitent une gestion plus prudente, on
doit appliquer du phosphate ; la période et le dosage
économiques de l’azote doivent être mieux contrôlés, une améliora-
Au cours de la saison sèche 1999, les agents de la SONADER tion minimale est possible dans la production des sols à
problèmes sans addition de phosphate (voir le chapitre
ont encore fait une évaluation des pratiques paysannes et ont sur les problèmes de disponibilité en phosphate) ; une
en plus demandé aux paysans de classer les contraintes à la fois ce problème résolu, une gestion appropriée de
production par ordre d’importance. En général, les paysans ne l’azote peut encore augmenter les rendements, comme
cela aura déjà été le cas sur les ‘bons’ sols.
perçoivent plus la salinité comme un problème, bien que le jeu I Les champs doivent être drainés avant la récolte et
de la moyenne des différents types de sol masque les points de celle-ci doit avoir lieu aussitôt après la maturité et dans
un délai court.
vue de ceux travaillant sur des sols à problème, qui, eux, I L’adoption de nouvelles variétés pourrait encore aug-
perçoivent la salinité comme un problème. Après les dégâts des menter les rendements de 10–25 %.
oiseaux, la disponibilité des engrais est la contrainte majeure à
la production. Ceci est bien connu à l’ADRAO, car l’engrais
phosphaté est rarement disponible pour les paysans en
Mauritanie, peut-être parce que, ne faisant pas partie des bonnes
vieilles recommandations d’engrais de « couverture », les
paysans ne pouvaient jamais obtenir de crédit à la banque pour
en acheter.
Les paysans proclament qu’ils sont conscients que leurs
pratiques de production ne sont pas optimales, mais en attribuent
les causes à des facteurs externes comme la non-disponibilité de
crédit (pour l’achat d’intrants : semences, engrais), d’engrais
phosphaté et de main-d’œuvre et justifient ainsi leur incapacité
à entreprendre les diverses activités à temps (semis, repiquage,
fertilisation).
Les chercheurs mettent une grande partie du problème sur
le compte des pratiques de gestion sous-optimales et
reconnaissent l’importance des facteurs externes tels que la
Comparaison de la pratique paysanne (premier plan) avec des
disponibilité et le prix des intrants. Mais, ils mettent aussi les essais de démonstration de la gestion améliorée : les paysans
faibles rendements sur le compte des paysans eux-mêmes et la étaient clairement en dessous des rendements potentiels
34
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Foum Gleita ne constitue que la moitié du projet ADRAO — DFID sur la dégradation des sols. L’autre moitié est basée dans la vallée
du Sourou, au Burkina Faso. Soma Etienne Barro, chercheur en sciences du sol, basé à Farako-Bâ, une station de l’Institut de
l’environnement et des recherches agricoles (INERA), est le point focal du projet au Burkina. « Le premier programme rizicole a débuté
dans la vallée du Sourou en 1985 », explique Barro, « avec l’exploitation d’une surface de 50 ha ». L’INERA s’est engagé en 1995-96,
lorsque le service local de vulgarisation (Autorité de mise en valeur de la vallée de Sourou, AMVS) l’a contacté ainsi que l’ADRAO,
parce que les paysans se plaignaient de problèmes de salinité et abandonnaient les parcelles, un air déjà entendu ? A cette époque,
quelque 3000 ha étaient sous irrigation et la majorité des parcelles abandonnées se trouvaient dans les anciens périmètres. Dans la
vallée du Sourou, cependant, la mauvaise performance du riz était associée au fait qu’il y avait des poches de mauvaise
performance dans les parcelles et des nodules de calcaire (calcite) dans le sol. Barro poursuit : « Bien avant le Projet DFID, nous étions
en contact avec Marco Wopereis de l’ADRAO ». Ensemble, il a été décidé de suivre les pratiques paysannes et l’INERA a fait les
premiers pas ; la vallée du Sourou est loin de la station du Sahel de l’ADRAO, même en empruntant un vol pour arriver au Burkina.
« Nous avons identifié une grande diversité dans les pratiques paysannes, très peu de paysans observent les recommandations
locales et tous sont en dessous du seuil optimal. Nous pensions que cela suffisait à expliquer en partie la perte de rendement observé
dans les parcelles, mais les paysans n’étaient pas d’accord avec nous : aussi bien sur la classification de leurs pratiques comme ‘sous
optimales’ que sur le fait que nous pensions qu’ils contribuaient à la perte de rendement », dit Barro.
Au début du projet, les chercheurs ont examiné les poches de faible productivité dans les parcelles. Ils ont trouvé que certaines
avaient de fortes concentrations de calcaire et d’autres des problèmes de drainage. « Au
cours d’une visite, les paysans nous ont demandé de trouver une solution », poursuit Barro,
mais, « nous avions voulu connaître leur expérience à eux ». Ils ont indiqué qu’ils avaient un
répit partiel en appliquant de la matière organique dans les parcelles, mais cela ne durait
qu’une saison ; ils avaient également un répit de courte durée en enlevant les nodules de
calcaire. Les objectifs du projet à Sourou sont effectivement les mêmes qu’à Foum Gleita.
« Mais, sur la base de ce que rapportaient les paysans, nous avions décidé de conduire une
série d’essais de matière organique », indique Barro. Nous avons testé les effets du fumier, du
compost et de la paille aussi bien sur le rendement du riz que sur la chimie du sol. Et le fumier,
et le compost ont amélioré les rendements, mais la paille n’a virtuellement eu aucun effet. « Il
y a deux explications possibles pour l’effet du fumier et du compost. Premièrement, ils peuvent
altérer la chimie du sol, permettant ainsi le rassemblement des carbonates, de sorte à ce qu’il
n’y ait plus de problème d’alcalinité. Ou, secundo, ils fournissent tout simplement des éléments
nutritifs pour les plantes. » Une analyse des échantillons de plantes et du sol est en cours, mais
: « Nous pensons qu’il y a peut-être un problème de carence en éléments nutritifs, probablement
le zinc ou le phosphate. » Piet van Asten penche pour la première option : « Il est peu probable
que le phosphate constitue un problème, car tous les riziculteurs burkinabé appliquent des
quantités adéquates d’engrais phosphaté à leurs cultures, et je pense que c’est le zinc qui
constitue ici le facteur limitant. »
L’autre travail préliminaire a consisté à chercher et interpréter les vieilles cartes des sols de
la vallée pour d’éventuels indices, échantillonner l’eau d’irrigation des canaux et des puits
pour analyses, échantillonner les sols des poches productives et improductives dans les
parcelles et mener des tests de salinité rapides EM38. Jusqu’à présent le problème de salinité
n’apparaît pas clairement. Mais, l’eau et le sol sont légèrement alcalins, ce qui suggère un
problème similaire à celui de Foum Gleita et la possibilité d’une dégradation des sols à long
terme. « Si c’est un problème de carence en éléments nutritifs », dit Barro, « est-ce qu’il n’y en
a pas suffisamment dans le sol ou bien est-ce que ces éléments nutritifs sont bloqués par Il est fréquent de trouver des poches
l’alcalinité, par exemple » ? improductives à travers les champs paysans
Des échantillons de profils du sol (pour évaluer les changements dans le sol avec la dans la vallée du Sourou. Elles peuvent être
profondeur) ont montré des concentrations accrues de nodules de calcaire au-delà de 30 associées à des dépôts de calcaire et/ou à
des problèmes de drainage. La forte
cm. Ces nodules sont durs au centre et tendres sur le pourtour — mais il n’est pas encore clair productivité à proximité des diguettes est
s’ils se dissolvent dans le sol pour dégager des carbonates et augmenter l’alcalinité ou si ce l’indication d’un éventuel problème
sont des dépôts de précipitations de calcite à partir du sol. d’éléments nutritifs : les plantes proches des
Il y a bien d’autres problèmes avec les sols de la vallée du Sourou : les nématodes, par diguettes souffrent moins de la compétition
exemple, mais ils ne semblent pas avoir une relation avec les poches improductives. Les pour les éléments nutritifs
paysans se plaignent aussi de l’abondance des vers de terre qui accumulent le sol autour des
plants de riz et réduisent le tallage. Une enquête pathologique a montré beaucoup de maladies de plantes, mais, une fois encore,
rien qui soit spécifiquement associé aux poches.
Des essais d’omission d’éléments nutritifs vont commencer en 2000, pendant au moins deux saisons, pour examiner particulière-
ment le rôle des engrais de phosphate et de zinc, mais aussi le traitement au nématicide. Le suivi des pratiques paysannes va se
poursuivre et la situation des vers de terres sera suivie et évaluée. « Peut-être que l’année prochaine, nous commencerons le test des
bilans hydriques et de sel, ainsi que l’installation de piézomètres pour suivre les changements dans la profondeur de l’eau
souterraine », a conclu Barro.
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La maladie
La schistosomiase, également connue sous le nom de bilharziose
est la seconde maladie parasitique la plus fréquente au monde, Les hôtes alternatifs de la
après le paludisme. On estime que quelque 200 millions de schistosomiase sont de petits
mollusques aquatiques
personnes vivant dans 76 pays en développement sont infectés vivant dans l’eau stagnante
à travers le monde. Environ deux tiers de ceux-ci en montrent les ou à faible courant
symptômes et environ 10 % (c’est-à-dire environ 20 millions de parsemée de végétation
abondante (ci-dessous)
personnes) en souffrent de manière sérieuse et débilitante, 80 %
des cas interviennent en Afrique.
Les organismes responsables de la maladie se développent
alternativement chez l’homme et les mollusques aquatiques.
Des parasites infectant les mollusques sont excrétés dans les
fèces et l’urine humains et des parasites infectant l’homme sont
libérés en millions à partir des mollusques infectés. Ainsi, la
maladie prévaut là où les populations sont en contact fréquent
avec de l’eau infestée de mollusques. Les mollusques vivent aux
alentours des rives couvertes de végétation des lacs et des
fleuves à faible débit. Il n’est donc pas surprenant, que l’on se
soit longtemps inquiété du rôle de l’agriculture, en général, et de
la riziculture irriguée, en particulier, dans l’augmentation de
l’incidence de la schistosomiase.
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où les chemins traversent les cours d’eau et les rivières à faible système de riziculture et la prévalence de la maladie (voir Tableau
débit. C’est là où il y a le plus de contact entre les populations 2). Les périmètres irrigués mis en place au début des années 1970
et les sources d’eau. En gros, environ 70 % de la population semblent ne pas avoir d’effet sur le poids de la maladie dans les
est affectée avec de fortes concentrations de vers chez les communautés. Aussi bien dans les zones de monoculture que
individus infectés, mais il est difficile de montrer un effet de double culture, la prévalence de la schistosomiase est faible
quelconque de la riziculture de bas-fonds humides dans
l’augmentation de la prévalence de la maladie. Les champs de riz
en eux-mêmes n’ont pas de végétation flottante où peuvent
vivre des mollusques, mais les infrastructures d’irrigation
peuvent être un habitat approprié pour les mollusques. Nous
avons trouvé de grandes différences dans les taux de prévalence
chez les écoliers d’un village à un autre, aussi bien au sein qu’à
travers les systèmes de riziculture : par exemple, 0-51 % pour
Schistosoma haematobium et 4-77 % pour S. mansoni (voir
Tableau 2), mais ceci ne pouvait ni être lié à la surface des
périmètres villageois de riziculture dans les fonds de vallée, ni
au système de culture (une ou deux cultures par an).
La situation dans la savane est en contraste frappant avec
celle de ses habitats où les communautés sont de loin plus
conservatrices dans leurs habitudes de toilettes. Ainsi, bien
qu’il y ait plus d’eau que dans le Sahel, le seul groupe majeur à
risques c’est les enfants qui s’amusent à nager dans ces cours
d’eau. Nous avons encore observé de grands écarts dans les
Les divertissements dans l’eau engendrent un grand risque
taux de prévalence de la maladie entre des villages de milieux d’infection par la schistosomiase, particulièrement, chez les
similaires, ce qui montre l’absence d’un lien simple entre le enfants
Tableau 2. Prévalence de la schistosomiase chez les écoliers de la zone forestière et de la savane en Côte d’Ivoire.
* R0 = villages sans riziculture ; R1 = village avec une culture annuelle de riz dans des bas-fonds sans maîtrise ou avec maîtrise partielle de l’eau ; R2 = villages situés dans des bas-
fonds avec maîtrise partielle ou entière de l’eau permettant deux cultures de riz ou plus par an
Les données individuelles des villages ont fait l’objet d’une transformation angulaire, du test ANOVA à un sens et du test posthoc de Scheffé pour des comparaisons multiples.
(1) Pour les 2 zones, il n’y avait pas de différence significative entre les systèmes culturaux en ce qui concerne S. haematobium. (2) Pour les 2 zones, la prévalence de S. mansoni
en R0 était significativement (∝ = 0,05) plus faible qu’en R1 et R2
41
Schistosomiase
S. haematobium
S. mansoni
La hauteur des rectangles
représente l'abondance relative
Pas de schistosomiase
et il y a un petit nombre de parasites chez les individus infectés. infestée essentiellement à travers l’hygiène et l’éducation
A l’inverse, les populations ayant accès aux retenues d’eau sanitaire. La lutte chimique contre les mollusques est difficile et
des barrages tendent à être fortement infectés – par exemple, coûteuse. En Afrique de l’Est, il a été découvert une plante qui,
environ 80 % des enfants autour du lac qui fournit de l’eau de une fois écrasée ou pilée, libère un produit chimique toxique pour
boisson à la ville ivoirienne de Katiola souffrent de la maladie les mollusques ; mais le produit est aussi toxique pour les
causée par S. haematobium. poissons et lorsqu’il y a eu des tentatives de son introduction
pour lutter contre les mollusques, elle a été plutôt utilisée pour
Efforts pour lutter contre la maladie la pêche !
Dans le passé, les efforts de lutte contre la maladie se sont La schistosomiase s’est avérée facile à combattre avec des
concentrés à réduire le contact entre les populations et l’eau médicaments modernes très efficaces. Une dose suffit et a un
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minimum d’effets secondaires. Ainsi, il semble plus simple de problème, c’est la perception que les communautés locales ont
gérer la maladie à travers un programme sanitaire basé sur le des maladies.
diagnostic et le traitement, bien que la ré-infection soit fréquente La perception des communautés rurales de production rizicole
chez les groupes à hauts risques. Les campagnes de lutte dans dans la forêt humide et la savane d’Afrique de l’Ouest et du
les écoles, en particulier, ont connu un certain succès – là où Centre est que toutes les maladies sont déjà à l’intérieur du
elles ont été maintenues. corps. Elles pensent que c’est le ‘comportement à risque’ qui fait
Une autre pratique potentiellement utile pour éviter la que les maladies se manifestent et non pas que ce comportement
maladie est tout simplement le port de bottes. Les schistosomes augmente la probabilité d’une infection par un microbe externe
ne sont pas les seules menaces dans les bas-fonds humides, les (la compréhension scientifique). En plus, ce n’est que dans les
paysans (et autres riverains) sont aussi sous la menace des zones à forts taux d’infection de parasites que les gens identifient
sangsues, de mollusques plus grands et d’autres animaux effectivement la schistosomiase comme une maladie spécifique.
connus sous le nom de « serpent à deux têtes ». Les bottes La schistosomiase intestinale est souvent associée à la dysenterie
protègent contre tous ces dangers. Les travailleurs migrants qui et la schistosomiase urinaire aux maladies sexuellement
optent pour le port des bottes le font pour éviter toutes ces transmissibles chez les adolescents et les adultes. Même dans
menaces. Mais, dans les communautés paysannes sans les zones où la maladie est identifiée en tant que telle et qu’on
ressources, les bottes sont considérées comme un outil de la reconnaît comme associée aux bas-fonds (les régions où il y
travail et un outil qui coûte cher ; ainsi comme les dépenses sont a eu de grandes campagnes de sensibilisation), les gens
contrôlées par le chef de ménage, ce serait vraisemblablement l’attribuent au fait de boire de l’eau impropre plutôt qu’au fait de
lui seulement (ou exceptionnellement elle) qui en possèderait et se tenir ou de travailler dans l’eau. Ainsi, le ‘comportement à
le reste de la famille serait encore en situation de risque. Aussi risque’ proviendrait du contact avec l’eau, mais on n’accorde
bien en savane qu’en forêt, alors que les hommes sont ceux qui pas d’importance ou très peu aux mesures de prophylaxie comme
possèdent et portent des bottes, la majeure partie du travail de le port de bottes ou l’utilisation de toilettes même dans des
bas-fonds est faite par les femmes qui n’ont pas accès aux bottes régions où la maladie est bien connue.
(avec l’exception notable des migrants des pays sahéliens où En plus, la schistosomiase n’est tout simplement pas perçue
les hommes sont fortement impliqués dans l’agriculture de comme une menace à la vie ou même pas comme une maladie
bas-fonds).
En plus de la collecte d’informations de base, le Consortium
santé humaine a aussi examiné les voies de contrôler l’expansion
de la maladie. Il est parti de l’hypothèse que dans les grandes
zones d’irrigation comme l’Office du Niger couvrant quelque
70.000 ha, il doit être possible d’identifier les types de végétations
responsables du maintien des mollusques dans les zones de
contact et de contrôler le vecteur par la destruction de cette
végétation. Une fois qu’il est possible d’identifier ces blocs de
végétation, une série d’expériences de désherbage serait
nécessaire pour tester l’hypothèse ; mais le travail n’a jamais
atteint ce stade…
43
La schistosomiase intestinale
La schistosomiase intestinale se manifeste initialement par
une dysenterie douloureuse avec rejet de sang, ce qui
conduit le patient (ou sa famille) à chercher des soins
médicaux et un traitement curatif rapide. Les vers migrent à
travers le système veineux jusqu’au foie où l’inflammation
causée par les œufs provoque un granulome, qui, au fil du
temps, va détruire les tissus normaux du foie et causer une
cirrhose. La cirrhose du foie est fatale elle aussi ; mais, dans
la plupart des cas, la maladie est traitée dès le début de la
diarrhée ou de la dysenterie ou bien, les gens meurent
d’autres causes avant que les effets de la défaillance du foie
ou de la cirrhose ne deviennent manifestes.
Leçons retenues
Le travail du Consortium santé humaine sur la schistosomiase
Urine avec du sang (à gauche en comparaison à l’urine
normale, à droite) — souvent le seul symptôme de la a clairement montré que les perceptions communautaires
schistosomiase peuvent avoir un effet marqué sur la réussite des interventions
44
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Très tôt, le Royaume-Uni a instauré des liens d’aide- Afrique de l’Ouest ; étudier le rôle de l’écologie des déprédateurs,
développement avec les pays membres du Commonwealth ; des hôtes alternatifs et des pratiques culturales dans les
puis ces liens ont été étendus aux pays hors Commonwealth de dynamiques de populations ; identifier les ennemis naturels
l’Afrique subsaharienne et aux agences multilatérales comme (prédateurs, parasites) de la cécidomyie et leur importance dans
l’ADRAO. la régulation naturelle des populations de déprédateurs ;
développer des variétés de riz résistantes ayant des
caractéristiques agronomiques appréciées et une bonne qualité
Détachement d’experts
En 1993, le Department for International Development (DFID,
auparavant Overseas Development Administration, ODA) a
détaché des chercheurs d’institutions du Royaume-Uni auprès
de l’ADRAO pour travailler sur des projets mis en œuvre
conjointement. Charles Williams, entomologiste du Centre for
Agriculture and Biosciences International (CABI) a été
détaché à la station de l’ADRAO, au Nigéria, basée à l’Institut
international d’agriculture tropicale (IITA), Ibadan. Le projet sur
la cécidomyie africaine du riz financé par ODA a réuni des
expertises de Institute of Biological Control et Institute of
Entomology du CABI, du personnel de l’ADRAO, des membres
des Groupes d’action ADRAO/SNRA sur la gestion intégrée
des déprédateurs (IPM) et la sélection du riz de bas-fonds ainsi
que d’autres chercheurs des SNRA d’Afrique de l’Ouest et du
Centre, alors que l’IITA a assuré un appui en infrastructures et
administration. Le travail visait à : évaluer la répartition et Sur une variété de riz sensible, la cécidomyie africaine du riz peut
l’importance économique de la cécidomyie africaine du riz en causer une perte totale de rendement
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intégrée des adventices. Ce projet associe une autre institution cartographier les gènes de résistance naturelle aux nématodes
du Royaume-Uni – le Centre for Arid Zone Studies de l’université et au RYMV, ainsi que les gènes de compétitivité contre les
du pays de Galles. Il est prévu d’intégrer le priming dans les adventices. Avec le succès rapide de la recherche transgénique
essais de sélection variétale menés à travers la région du mandat pour la résistance au RYMV, nous envisageons d’entrer en
de l’ADRAO. rapport avec l’université de Leeds pour étudier la possibilité
En 1999, un projet d’une durée de trois ans appelé « riz d’une résistance transgénique aux nématodes.
sauvage » a été initié. Il est basé à l’ADRAO avec des essais en
milieu paysan au Ghana et au Mali. Deux espèces de riz
Gatsby Foundation
sauvage posent problème aux paysans dans plusieurs régions
« Travailler avec le Royaume-Uni ne concerne pas seulement
en Afrique : Oryza longistaminata (pérenne) et O. berthii
l’aide et le financement direct du gouvernement », indique le
(annuelle). L’un des principaux problèmes, c’est qu’au cours
Directeur général de l’ADRAO, Kanayo Nwanze, « un autre
des premières étapes de la croissance, les espèces sauvages
aspect important en est le développement de nos relations avec
ressemblent beaucoup aux espèces cultivées. Le projet vise à
Gatsby Foundation ». En tant qu’institution philanthropique,
développer une gamme de mesures de lutte pour une approche
Gatsby Foundation est un soutien idéal pour la recherche et le
intégrée : son équipe comprend aussi bien des chercheurs en
développement agricoles. En 1997, Gatsby a contribué aux
biologie qu’en sciences sociales. Il comporte aussi des activités
efforts de l’ADRAO pour construire une infrastructure de
de terrain en Tanzanie et les études en serres sont conduites à
quarantaine, à son siège de M’bé, dans le cadre de son mandat
la station de recherche de Long Ashton au Royaume-Uni.
de bio-sécurité dans la région. On s’attend à un renforcement de
ce soutien en 2000.
Travail en réseau Gatsby a aussi montré de l’intérêt pour l’aspect sélection
L’ADRAO se voit, de plus en plus, comme un trait d’union entre variétale participative du Projet d’hybridation interspécifique et
les institutions dites de recherche avancée et les services a accepté de financer les activités PVS au Ghana et au Nigéria
nationaux de recherche et de vulgarisation de la région. Notre pour trois ans, à partir de 2000 ( « Nouveau riz pour l’Afrique…
but est de veiller à ce que les ressources de chaque partenaire avec un coup de pouce de nos amis » dans ce rapport).
soient utilisées de la manière la plus efficace et de tout rassembler
au bénéfice de toutes les parties et de notre clientèle ultime : les
ménages paysans sans grandes ressources en Afrique de Formation
l’Ouest et du Centre. Un ensemble d’opportunités de formation a été mis en place à
L’équipe de l’ADRAO continue à bénéficier de l’expertise du travers la collaboration entre le Royaume-Uni et l’ADRAO.
Royaume-Uni dans le domaine des déprédateurs et des mala- Entre 1977 et 1987, quatre chercheurs de la région ont été
dies. La collaboration en cours dans la recherche sur la pyricu- parrainés par ODA pour mener des travaux de maîtrise à
lariose associe NRI, CABI et Commonwealth Mycological l’université de Reading en collaboration avec la station de
Institute pendant que l’analyse moléculaire et l’identification recherche de Rokupr (faisant alors partie de l’ADRAO).
des types pathogènes sont menées par HRI. NRI reste toujours DFID parraine actuellement trois étudiants Postgraduate à
associé au travail sur le RYMV, examinant notamment la trans- l’ADRAO : Tien Hoang (Hollandais) faisant un Msc sur la
mission du virus par les insectes. Un projet initial de tolérance à la salinité en riziculture irriguée à l’université de
développement d’une résistance transgénique du riz au Wageningen, Daba Ndour (Sénégalaise) faisant des travaux de
RYMV a été obtenu grâce à un effort de collaboration entre doctorat sur la sélection du riz irrigué à l’université Cheick Anta
Sainsbury Laboratory (section de l’University of East Anglia) Diop de Dakar et Jill Cairns (Ecossaise) faisant des travaux de
et l’ADRAO. Mais, le dernier projet de ce type est en train d’être PhD sur la génétique du riz à l’université d’Aberdeen.
mené en collaboration avec John Innes Centre où des En outre, il est prévu que deux cadres de l’ADRAO
collègues entreprennent de faire la caractérisation moléculaire entreprennent en 2000, des études de PhD à l’université East
du virus en vue de développer une résistance transgénique Anglia dans le cadre du programme de recherche RYMV
au RYMV. John Innes Centre utilise aussi les NERICA pour ADRAO/John Innes Centre.
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Un récent développement inhabituel est le cas de Cary Clark Afrique et nous a encouragé en intensifiant son soutien à nos
(Américaine) qui finance elle-même son travail de recherche de activités, en ces moments difficiles. Nous les en remercions et
PhD sur la gestion des ressources communautaires et les leur témoignons de notre reconnaissance, tout en espérant une
systèmes de crédit à l’université de Reading. collaboration fructueuse et soutenue à travers ce nouveau
millénaire.
L’influence britannique : présidence du
Conseil et autres membres du personnel
En 1997, Lindsay Innes du Scottish Crop Research Institute a Leçon de géographie politique : qu’est-ce que le
été élu au Conseil d’administration de l’ADRAO. Ses qualités Royaume-Uni ?
de clairvoyance et de leadership ont ensuite conduit à son
élection à la présidence du Conseil d’administration à partir de « Une chose qui crée la confusion chez les gens », dit Guy
2000. Manners, le « très anglais » responsable de l’information de
l’ADRAO, « c’est la relation entre la Grande Bretagne, le
Entre 1996 et 1997, Andrew Urquhart, de nationalité Royaume-Uni et les entités qui les composent ».
britannique, a servi à l’ADRAO en qualité de responsable Voici un guide simple pour comprendre la complexité
intérimaire des finances et du personnel. Puis, en 1998, deux politique et géographique de ces îles au large de la côte
Nord-Ouest de l’Europe continentale :
autres Britanniques ont été recrutés comme cadres du I Grande Bretagne = Angleterre, Ecosse et Pays de Galles
personnel principal de l’ADRAO : Amir Kassam, comme (politiquement)
Directeur général adjoint chargé des programmes et Guy I Royaume-Uni = Grande Bretagne et Irlande du Nord
(politiquement)
Manners comme responsable de l’Information. I Iles Britanniques = Royaume-Uni, République irlandaise
et toutes les îles associées ou (à l’origine) Grande Breta-
gne et Irlande (géographiquement)
Un engagement de plus en plus fort « Ce qui crée la plus grande confusion », poursuit Guy,
A un moment où beaucoup de nations donatrices semblent se « c’est qu’on s’attend généralement à ce que ceux d’entre
nous qui venons du Royaume-Uni se présentent comme des
désintéresser de la recherche agricole internationale, il est Britanniques ! Je n’ai jamais compris ça ! Je suis anglais,
heureux de constater la foi et la confiance que le Royaume-Uni britannique et citoyen du Royaume-Uni. Personnellement, je
place en l’ADRAO. DFID, en particulier, a reconnu l’intérêt de préfère dire que je suis anglais ».
confier à l’ADRAO, les activités de recherche sur le riz en
50
’ANNÉE 1999 a été une année très active pour l’ADRAO et ses nombreux partenaires. Avec plusieurs projets
L majeurs étant ou arrivant au terme de leur première phase et de nouveaux projets et orientations qui émergeaient,
c’est un moment de revue et de planification. Elle a marqué le début d’une période passionnante et active dans l’histoire
de l’ADRAO.
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riz-adventices a eu lieu au siège de l’ADRAO du 22 au 30 mars. tive du riz, qui a suivi, a initié les équipes des sept autres pays
Il a été conduit par le Department of Theoretical Production restants de l’ADRAO en techniques PVS et ainsi, tous les 17
Ecology de l’université de Wageningen, Pays-Bas et a concerné Etats membres ont maintenant reçu une formation en PVS.
essentiellement le personnel de recherche de l’ADRAO, même L’atelier de présentation de rapports et de planification a été
si 5 agents des SNRA y ont participé. retenu comme événement annuel, car de plus en plus, les
donateurs soutiennent cette initiative de recherche en matière
Un autre événement de sensibilisation du public a eu lieu du de transfert de technologies.
25 mars au 4 avril : Carnaval de Bouaké. Environ 2 à 3000
personnes ont pu visiter le stand de l’ADRAO sur l’une des En mai, ce fut notre équipe des finances qui a été passée au
grandes voies de la cité hôte de l’ADRAO. microscope par la Revue externe commanditée par le Centre. Le
panel de revue a fait 23 recommandations et a conclu qu’un
Le Consortium bas-fonds (CBF) était aussi en phase de mécanisme pour améliorer de façon significative les rapports
transition en 1999, puisque c’était la fin de la phase I et la mise financiers, est en place.
en place d’un nouveau statut pour la préparation de la phase II.
Les responsables des institutions membres du CBF ont eu une L’année a également été cruciale pour le Consortium santé
réunion les 13 et 14 avril, immédiatement suivie de l’Atelier humaine puisque le projet arrivait à son terme et a atteint ses
annuel de planification jusqu’au 16 avril. Un accord de collabo- objectifs (ou, pour le cas de la schistosomiase, a montré que
ration a été signé par les responsables des institutions et un certaines voies de recherche sont vouées à être improductives
comité de gestion du consortium a été mis en place. Le cadre était – voir « La perception est conforme à la réalité » dans ce rapport).
ainsi en place pour faire le point sur les activités de la phase I Le Consortium est une initiative conjointe entre des agences de
(principalement certains travaux inachevés de caractérisation recherche et de vulgarisation en Côte d’Ivoire et au Mali,
l’ADRAO et le panel d’experts sur la gestion de l’environnement
agro-écologique dans plusieurs pays) en 1999-2000 et démarrer
pour la lutte vectorielle de l’Organisation mondiale de la santé
la phase II en 2000 avec de nouveaux points saillants et de
(OMS/PEEM). Le Comité consultatif scientifique du Consor-
nouvelles activités, tout en s’appuyant sur les leçons de la
tium, présidé par l’OMS/PEEM, a eu une rencontre avec le
phase I et d’autres initiatives sur les bas-fonds et le transfert de
CRDI (représentant les donateurs), à Bouaké, du 24 au 26 mai,
technologies. Le CBF est maintenant une composante intégrale pour leur réunion annuelle afin de discuter des résultats et de
de la structure de recherche de l’ADRAO, constituant un projet planifier les activités jusqu’à la fin du projet, en 2000.
Développement de systèmes dans les bas-fonds et transfert de Malheureusement, en l’absence de financement pour une
technologies dans le Programme développement de systèmes et seconde phase, la fin de ce projet sera aussi la fin des activités
transfert de technologies, plutôt qu’une entité à part ayant peu du Consortium basé à l’ADRAO.
d’interactions avec le programme général de l’ADRAO.
En juin, ce fut au tour du personnel de recherche de l’ADRAO
Capitalisant sur le succès de la sélection variétale participa- de faire l’objet d’une évaluation par une Revue externe
tive (PVS) dans plusieurs pays jusqu’en 1998, l’ADRAO a commanditée par le Centre. La revue présidée par le Dr Bernard
organisé deux ateliers du 19 au 28 avril 1999. Le premier : Atelier Tinkler a, en général, été positive et a donné un précieux
de présentation de rapports et de planification sur le thème feedback sur des questions comme l’équilibre entre la recherche
« Analyse de la population paysanne et amélioration variétale adaptative et la recherche stratégique. La revue a été programmée
du riz avec la participation des agriculteurs », a rassemblé les en vue de servir de feedback et d’intrant à la Revue externe des
équipes PVS de 10 pays (dont la plupart avaient été formées en programmes et de la gestion qui a débuté vers la fin de l’année.
1998) pour qu’elles fassent part de leurs expériences, échangent
des idées et planifient des activités pour la campagne 1999. « L’été » est toujours une période calme dans les centres
L’atelier de formation sur l’amélioration variétale participa- internationaux puisque beaucoup de responsables prennent
52
leurs congés annuels pour se reposer auprès de leurs familles. La phase initiale de la quatrième revue externe des
Mais, « l’automne » a fait sa rentrée avec les 16 et 17 septembre, programmes et de la gestion (REPG) de l’ADRAO a eu lieu du
la vingt-deuxième session ordinaire du Conseil des 20 au 30 novembre avec des présentations générales devant le
Ministres, où les ministres de l’agriculture des Etats membres Panel (présidé par le Dr Mandi Rukundi du Zimbabwe) et des
se sont rencontrés pour discuter des progrès de l’ADRAO et discussions préliminaires sur des questions intéressant les
faire des recommandations pour l’avenir. Cette année, la membres du Panel. Ceci avait pour objet de planter le décor pour
réunion est entrée dans l’histoire, en étant le premier forum la phase principale en début 2000. Le rapport de la REPG a été
international à se tenir au Libéria depuis le début de la guerre présenté à la réunion à mi-parcours du GCRAI à Dresde, en mai
civile dans ce pays. Huit pays membres ont été représentés 2000. Les défis qui se posent à l’ADRAO à l’aube de ce nouveau
dont cinq au niveau ministériel. Malgré l’absence de quorum, millénaire et l’évaluation générale du Panel de revue sont
neuf résolutions et deux motions de remerciements ont été présentés dans le message du Directeur général et du Président
préparées pour soumission et approbation à la plénière du du Conseil d’administration (page 1).
Conseil.
Lors de la réunion de novembre du Conseil d’administration,
Crop Science Society of America (CSSA) a offert au GCRAI le nouveau centre de l’Information et de la Documentation
l’opportunité de présenter des séminaires et un stand (IDC) et l’extension des bâtiments de recherche ont été inaugurés.
d’exposition lors de ses réunions annuelles, en commençant Le coût des bâtiments d’un montant de 1 677 084 $ EU a été
par l’IRRI et l’ADRAO en octobre-novembre 1999, à Salt Lake supporté par les Etats membres de l’ADRAO, ce qui atteste de
City, Utah, Etats-Unis. Nous avons, bien entendu, sauté sur leur soutien politique et de l’appropriation de l’Association.
l’occasion pour parler de notre travail devant l’élite des Cette réunion a été aussi une étape remarquable du fait qu’elle
chercheurs en sciences agricoles des Etats-Unis. Trois était la dernière à laquelle prenait part le Président Just Faaland
présentations ont été faites par le personnel de l’ADRAO. Ces de la Norvège. Le Dr Faaland a servi en qualité de Président
présentations et l’exposition ont été bien accueillies. pendant six ans et a prolongé son mandat à une septième année
pour permettre une bonne continuité et une transition
Un autre événement important pour le Consortium santé harmonieuse pendant l’année de la REPG. Le professeur Lind-
humaine a été l’Atelier analytique sur la santé de l’écosystème say Innes d’Ecosse (Royaume-Uni) a été élu Président entrant
tenu du 6 au 24 novembre. La réunion partagée entre Abidjan et pour compter de juin 2000, date de la prochaine réunion du
le siège de l’ADRAO, s’est appesantie sur l’Atlas du risque de Conseil d’administration.
la malaria en Afrique (ARMA), Afrique de l’Ouest : rôle des
zones humides et des points d’eau. Les résultats combinés de L’évaluation finale de la Phase I du Projet d’hybridation
plusieurs groupes de recherche ont été rassemblés pour interspécifique a eu lieu les 29 et 30 novembre, avec des
développer la première carte du risque de la malaria en Afrique, représentants du PNUD/CTPD, de la Banque mondiale, du
maintenant disponible sur Internet. ministère japonais des Affaires étrangères, de l’ambassade
du Japon à Abidjan, de la JIRCAS, ainsi que des représentants
Le Salon international de l’agriculture et des ressources des partenaires de la recherche venant de l’IRRI, de l’IRD, de
animales (SARA), un forum biennal régional pour la promotion l’université Cornell, de Yunnan Academy of Agricultural
des produits agricoles aussi bien à caractère commercial que Sciences (Chine) et de la Guinée. (« Nouveau riz pour
non lucratif, a été organisé à Abidjan du 12 au 19 novembre. l’Afrique… avec un coup de pouce de nos amis » dans ce
L’ADRAO y a eu aussi un stand et les cadres ont tour à tour rapport.)
discuté de notre travail avec le public, des producteurs
commerciaux et des hauts responsables venus de toute la En décembre, l’ADRAO a abrité un Atelier international
région – les visiteurs ont été estimés à 8 000. sur un partenariat efficace et durable dans un système de
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recherche globale : cas de l’Afrique subsaharienne. L’atelier a l’année 2000 et au-delà. Les événements relatés dans ce docu-
été organisé et coordonné par l’ADRAO et ISNAR en collabo- ment ne sont que les premiers signes de l’énergie et de
ration avec Organizational Change Program (OCP) et avec un l’enthousiasme renouvelés de l’ADRAO pour le travail qu’elle
appui significatif des autres centres du Groupe consultatif, de a devant elle ; ils fournissent aussi une plate-forme sur laquelle
Global Forum for Agricultural Research (GFAR) et du Centre peuvent se baser les réunions à venir en 2000 : la première revue
technique pour la coopération agricole et rurale (CTA). Trentre- régionale de la recherche rizicole (ROCARIZ), le premier atelier
neuf participants ont représenté 27 organisations et 18 pays. INGER-Afrique sous les auspices de l’ADRAO, la troisième
série des ateliers PRIGA/PVS, la seconde réunion biennale du
Les activités de 1999 ont mis en place le processus pour que Comité des experts nationaux et la plate-forme collaborative des
l’ADRAO initie un programme complet et passionnant pour universités.
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Etats financiers
1. Bilan au 31 décembre 1999 (en dollars des Etats-Unis)
IMMOBILISATIONS
Fonciers et installations 19 768 974 18 936 253
Moins : amortissements cumulés (5 415 464) (4 941 190)
Total immobilisations nettes 14 353 510 13 995 063
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2. Etat des revenus et des dépenses par origine des fonds pour l’exercice clos au 31 décembre 1998 et 1999 (en dollars des
Etats-Unis)
Fonds à usage Total
non restreint restreint 1999 1998
REVENUS
Dons et subventions 6 511 825 2 557 817 9 069 642 8 077 201
Contributions des Etats membres 83 924 83 924 762 497
Autres revenus 399 778 399 778 305 974
TOTAL REVENUS 6 995 527 2 557 817 9 553 344 9 145 672
DEPENSES DE FONCTIONNEMENT
Programmes de recherche 3 048 070 2 482 766 5 530 836 5 901 627
Dépenses administratives et générales 3 298 922 3 298 922 2 931 510
Amortissement 735 660 735 660 625 600
Dépenses brutes de fonctionnement 7 082 652 2 482 766 9 565 418 9 458 737
DEPENSES NETTES DE FONCTIONNEMENT 6 82