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talus
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1. Introduction
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1.2. Objectifs et intérêt du sujet
Le principal objectif poursuivi dans ce travail est de mettre à la disposition des ingénieurs
de l’ACGT une procédure de calcul fiabiliste pour la vérification de la stabilité des talus en
terre en vue d’améliorer le niveau de sécurité des personnes et des infrastructures tant
publiques que privées.
Pour renforcer la compréhension de ladite démarche, un exemple numérique sera
développé et présenté dans ce travail en utilisant le logiciel UQLab dont nous détenons la
licence version académique.
L’Agence Congolaise des Grands Travaux ayant notamment pour mission l’assistance à la
maitrise d’ouvrage et le conseil auprès du Ministère de tutelle pourra ainsi fournir aux
décideurs politiques, avec une expertise pointue, des informations utiles sur l’état des
ouvrages pour aider le gouvernement à faire une programmation budgétaire rationnelle des
projets de réhabilitation des infrastructures économiques du pays.
2. Analyse de la stabilité des pentes ou des talus
2.1. Introduction
Les pentes en terres et en roches sont omniprésentes dans la nature et dans les structures
artificielles. Les autoroutes, les barrages, les digues, les canaux et les stocks de matériaux
sont construits en donnant un profil incliné aux faces latérales du sol, car la construction de
talus est généralement moins coûteuse que la construction de murs de soutènement. Les
forces naturelles (vent, eau, neige, etc.) modifient la topographie de la terre et d'autres
planètes, créant souvent des pentes instables. Les défaillances des pentes naturelles
(glissements de terrain) et des pentes artificielles ont causé beaucoup de morts et de
destructions, des pertes économiques et des dommages environnementaux. C’est pourquoi
il est important de prévenir de tels désastres.
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Figure 2.1b : Rupture d’une pente le long d’une route
Le présent chapitre est consacré à un bref aperçu sur les mécanismes de rupture et les
causes d’instabilité des pentes ou des talus. Ensuite il sera abordé les notions théoriques sur
le calcul de stabilité des pentes où il sera épinglé la mise en équation des conditions
d’équilibre d’un talus par l’intermédiaire d’un coefficient de sécurité dont l’expression est
tributaire du mode de rupture étudié.
Les ruptures de pente dépendent du type de sol, de la stratification du sol, des eaux
souterraines, des infiltrations et de la géométrie de la pente. Nous présenterons quelques
types de ruptures de pente qui sont courants dans les sols :
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plusieurs directions (figure 2.2e). Des glissements en écoulement peuvent se
produire dans des sols secs et humides.
(4) Ecoulement de blocs : Des glissements de blocs ou de coins se produisent
lorsqu'une masse de sol est brisée le long des discontinuités et des zones faibles
par les forces émanant des sols adjacents. La masse brisée se déplace sous forme
de blocs et de coins le long de la pente (figure 2.2f).
(a) Erosion
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L'eau et le vent érodent continuellement les pentes naturelles et artificielles. L'érosion
modifie la géométrie de la pente (figure 2.3a), entraînant finalement une rupture de pente
ou, plus précisément, un glissement de terrain. Les rivières et les ruisseaux parcourent
continuellement leurs berges, sapant leurs pentes naturelles ou artificielles (figure 2.3b).
Les tremblements de terre induisent des forces dynamiques (figure 2.3d), en particulier
des forces de cisaillement dynamiques qui réduisent la résistance au cisaillement et la
rigidité du sol. Les pressions interstitielles dans les sols à grains grossiers saturés pourraient
atteindre une valeur égale à la contrainte moyenne totale et faire en sorte que ces sols se
comportent comme des fluides visqueux - un phénomène connu sous le nom de
liquéfaction dynamique.
Les charges placées sur la crête d'une pente (le haut de la pente) s'ajoutent à la charge
gravitationnelle et peuvent provoquer une rupture de pente (figure 2.3f). Une charge
placée au pied du talus, appelée butée, augmentera la stabilité de la pente. Les butées sont
souvent utilisées pour corriger les pentes à problèmes.
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Figure 2.3 : Quelques causes de rupture de pentes
La détermination du niveau de stabilité des pentes est basée sur l’expression d’un
coefficient de sécurité F. Ce dernier permet de couvrir un certain nombre d’incertitudes
liées aux paramètres d’entrée pour le calcul et de traduire le niveau de sécurité envisagé au
regard de l’ampleur des risques identifiés.
De manière générale, ce coefficient de sécurité est défini comme suit :
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Nous pouvons citer entre autres les approches suivantes : méthode classique pour les cas de
rupture plane, les méthodes de Féllenius, de Bishop, de Janbu, Spencer, de Sarma.
Dans le cas de ce travail et pour faciliter la compréhension, il ne sera développé que le cas
des ruptures planes rencontré lorsque le massif est constitué de plusieurs couches de
caractéristiques physico-chimiques et mécaniques très différentes, ou lorsque la longueur
de la surface de glissement potentielle est très grande par rapport à l’épaisseur du terrain.
Le coefficient de sécurité est donné par l’expression suivante :
(1)
Avec :
c’ : cohésion effective
L : longueur du talus
ߙ : pente du talus
W : poids des terres en mouvement
U : résultante des pressions interstitielles éventuelles
߮′ : angle de frottement interne effectif
L’évaluation quantitative du risque d’instabilité des pentes peut s’effectuer en suivant les
mêmes approches probabilistes utilisées pour les éléments structuraux des constructions en
béton ou acier. La forme quasi-linéaire des fonctions d’état limite se rapportant aux
conditions d’équilibre des pentes conduit à l’idée que les résultats issus d’une analyse de
type FORM seraient dans une grande mesure très acceptables.
Toutefois dans le cadre de ce travail, nous allons présenter des résultats déterminés sur
base d’autres types d’analyse tels que SORM et Monte Carlo pour permettre de se rendre
compte du niveau d’écarts qui en résulterait.
3.2. Exemple numérique : Cas de la rupture plane d’une pente saturée d’eau
Le modèle à pente infinie que nous allons traiter dans ce point est une fonction d’état
limite à six variables aléatoires pour le calcul de fiabilité envisagé. Ce modèle est utilisé en
géotechnique pour quantifier la stabilité d'un sol en pente sous l'influence de l'infiltration
d'eau.
La fonction d'état limite du modèle à pente infinie met en jeu la force de résistance R due
au frottement et la charge S due à la nappe phréatique souterraine. L'expression analytique
de la fonction est donnée comme suit:
Avec :
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Figure 3.1 : illustration du modèle de la pente infinie
Notez que la hauteur du substrat rocheux de la nappe phréatique h est limitée par la
profondeur du sol au-dessus du substratum rocheux H. De plus, h ne peut prendre que des
valeurs positives. Par conséquent, h est modélisé à l'aide d'une variable aléatoire uniforme
telle que h = H.Uh, où Uh est une variable aléatoire uniforme.
Les poids volumiques humide et saturé du sol ne sont pas indépendants, car ils sont liés au
poids spécifique des grains du sol Gs et au rapport des vides e. Les incertitudes sur les
variables γ et γsat sont caractérisées par la modélisation de Gs et e comme deux variables
aléatoires uniformes indépendantes. Les poids volumiques humide et saturé du sol sont
calculés en utilisant respectivement les formules suivantes :
Les paramètres pour les six variables aléatoires sus évoquées sont repris dans le tableau ci-
dessous :
Hmin=2,
1 H Uniforme Hauteur du sol au-dessus de la roche [m]
Hmax=8
Uh,min=0,
2 Uh Uniforme Hauteur relative de la nappe d’eau [−]
Uh,max=1
µϕ=0.6109,
3 ϕ Log normal Angle de frottement interne [−]
σϕ=0.0489
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No Variable Distribution Paramètres Description
µθ=0.3491,
4 θ Log normal Inclinaison de la pente [−]
σθ=0.0175
Gs,min=2.5,
5 Gs Uniforme Poids spécifique du sol [−]
Gs,max=2.7
emin=0.3,
6 e Uniforme Indice de vide du sol [−]
emax=0.6
Considérant que tous les ingrédients sont réunis, le calcul probabiliste est effectué avec le
logiciel UQLab. Les résultats se présentent comme suit :
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Figure 3.3 : Nombre d’itérations de béta pour l’analyse Monte Carlo
Il sied de noter qu’une comparaison faite à quelques valeurs de référence présentées dans la
littérature nous conduit à considérer que les résultats trouvés avec UQLab sont correctes :
Méthodes N Pf Source
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4. Conclusion
Les problèmes d’instabilité des pentes figurent parmi les enjeux les plus importants qui
intéressent au plus haut point les ingénieurs géotechniciens au regard des conséquences
fâcheuses qui peuvent en découler, aussi bien sur les vies humaines que sur les
infrastructures socioéconomiques d’un état.
De nos jours, avec l’évolution significative des méthodes de conception et de calcul dans le
génie civil, toutes les volontés semblent s’accorder sur l’adoption d’une approche de calcul
fiabiliste, qualifiée de méthodes de calcul avancées susceptibles de prendre en compte un
grand nombre d’incertitudes dans une matrice des opérations probabilistes pour apporter
des réponses suffisamment sûres sur la sécurité structurale des ouvrages.
Dans ce travail, il a été présenté de manière résumée la classification de la variabilité des
propriétés géotechniques du sol qui peut être utilisée dans le cas d’un calcul fiabilité de la
stabilité des talus. Il a été argumenté, sur base des informations recueillies dans la
littérature, que les méthodes de calcul approché FORM et SORM ainsi que celles basées
sur la simulation de Monte Carlo sont aussi valables pour l’étude de la géotechnique.
Un cas d’illustration a été présenté sur l’étude de la stabilité d’un talus naturel en pente
saturé d’eau. Le calcul de la probabilité de rupture a été exécuté avec le logiciel UQLab
pour les méthodes FORM, SORM et Monte Carlo.
Nous estimons que ce travail apporte des atouts cognitifs majeurs à l’ACGT dans la gestion
des risques inhérents à l’instabilité des infrastructures, notamment les routes, dont elle a la
charge de conception et de supervision des travaux en vue de garantir tant la sécurité des
usagers que les investissements financiers engagés et de prévenir les catastrophes
socioéconomiques suite aux ruptures des talus.
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Références bibliographiques
1. M.BUDHU, Soil Mechanics and foundations, 3ème édition, Université d’Arizona, John Wiley
& Sons Inc., 2010.
2. M. KHEMISSA, Méthodes d’analyse de la stabilité et techniques de stabilisation des
pentes, JNGG, Lyon,2006.
3. Kevin BABAKA. Analyse de la performance structurale: Méthodes FORM et SORM.
Présentation-Jeudi Technique-ACGT. Février 2019.
4. K.PHOON, Reliability-based design in Geotechnical Engineering: Computations and
Applications, Taylor & Francis Group, 2008.
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A1 : Détails sur le script de l’analyse fiabiliste par FORM/SORM
%% 1 - INITIALIZE UQLAB
%
clearvars
rng(100,'twister')
uqlab
%% 2 - COMPUTATIONAL MODEL
%
ModelOpts.Name = 'infiteSlopeModel';
ModelOpts.mFile = 'uq_infiniteSlope';
myModel = uq_createModel(ModelOpts);
myInput = uq_createInput(InputOpts);
>> FORMOpts.Type='Reliability';
FORMOpts.Method='FORM';
FORMAnalysis=uq_createAnalysis(FORMOpts);
>> SORMOpts.Type='Reliability';
SORMOpts.Method='SORM';
SORMAnalysis=uq_createAnalysis(SORMOpts);
>> uq_print(SORMAnalysis);uq_display(SORMAnalysis)
0
-------------------------------------------
FORM/SORM
-------------------------------------------
Pf 7.6915e-02
BetaHL 1.4261
PfFORM 7.6915e-02
PfSORM 5.7854e-02
PfSORMBreitung 6.1331e-02
ModelEvaluations 157
-------------------------------------------
Variables H U phi theta Gs e
-------------------------------------------
Monte Carlo simulation
-------------------------------------------
Pf 5.8180e-02
Beta 1.5702
CoV 0.0127
ModelEvaluations 100000
PfCI [5.6729e-02 5.963084e-02]
BetaCI [1.5579e+00 1.582838e+00]
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