Vous êtes sur la page 1sur 6

Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

Chapitre 2. Principes physiques de séchage thermique


2.1 Transfert de chaleur en séchage thermique
En séchage thermique, la vaporisation est souvent effectuée en utilisant une source d’énergie extérieure
au produit. Le séchage fait alors appel aux trois modes de transfert de chaleur : convection ; conduction ;
rayonnement qui peuvent être utilisés séparément ou combinés entre eux.
Le séchage thermique par entrainement est particulièrement régi par un transfert de chaleur par
convection forcée, Il consiste à mettre en contact un gaz (généralement de l’air) s’écoulant en régime
turbulent autour du corps à sécher qui peut se présenter sous forme de particules, de gouttelettes, de
films ou de plaques. Le flux de chaleur échangée s’exprime alors par la loi de Newton :
𝜙 = ℎ𝑆(𝑇𝑎 − 𝑇𝑠 )
Dans cette équation, S représente la surface effective de transfert de chaleur, sa détermination reste une
tâche délicate compte tenu de l’hétérogénéité des particules du solide à sécher, la distribution de taille
dans la population, la variation de la taille des particules en fonction du temps durant le séchage… C’est
pourquoi, on a souvent recours à des analyses granulométriques préalables de la population de solide à
sécher, ainsi qu’à des approximations permettant d’approcher de manière raisonnable la valeur de S.
h représente le coefficient de convection entre l’air et le solide à sécher, il est déterminé à partir du
nombre de Nusselt conformément à l’équation :
ℎ𝑑𝑝
𝑁𝑢 =
𝜆
Le nombre de Nusselt est un nombre adimensionnel lié à son tour à deux autres nombres, Prandtl et
Reynolds, par des corrélations de la forme :

𝑁𝑢 = 𝐶𝑅𝑒 𝑎 𝑃𝑟 𝑏
Il est aussi important de noter que le gradient de température entre l’air de séchage et le solide à sécher
est censé varier en fonction du temps lors du séchage, cependant, il est parfois accepté de considérer ce
gradient constant
Remarque : La vaporisation du solvant contenu dans un produit à sécher peut être effectuée par
abaissement de la pression dans l’enceinte contenant le produit, il s’agit alors d’un séchage sous vide

2.2 Transfert de matière en séchage thermique


2.2.1 Définition du transfert de matière
Le transfert de matière consiste en la migration de composés à l'intérieur d'une phase ou entre des phases.
Cette migration résulte d'un changement dans l'équilibre d'un système causé par une/des différences de
potentiel(s) : différence de concentration d'une espèce d'un point à un autre, différence de température
et/ou différence de pression.

2.2.2 Modes de transfert de matière


Il existe deux modes principaux de transfert de matière : diffusion et convection.
La diffusion est un processus lent, les molécules migrent dans un solide ou dans un fluide considéré
comme immobile (écoulement laminaire). La convection, par contre, est un processus rapide, les
molécules sont entraînées dans un courant de fluide.
Dans le cas du séchage thermique des produits à structure continue, le transfert de l’eau de la surface du
produit à sécher vers l’air est décrit par une diffusion de Fick.

1
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020
Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

2.2.3 Cinétique de transfert de matière


La cinétique de transfert de l’eau est exprimée dans ce cas par la seconde loi de Fick :
𝑑𝑚𝐻2 𝑂 𝑑𝑐𝐻2 𝑂
= −𝐷𝑆
𝑑𝑡 𝑑𝑥
𝐷 est le coefficient de diffusion de l’eau au sein de la matière à sécher (m2.s-1)
𝑑𝑐𝐻2 𝑂
𝑑𝑥
est le gradient de concentration de l’eau en supposant une diffusion unidimensionnelle.

2.3 Isothermes d’adsorption de de désorption de l’eau


2.3.1 Définitions
Sorption

La sorption est le processus par lequel des molécules de gaz ou de liquide sont adsorbées (adhèrent à sa
surface) ou absorbées (s'incorporent dans la totalité de son volume) sur ou dans un matériau solide avec
lequel elles sont mises en contact, ce dernier est appelée adsorbant.

Adsorption
l’adsorption est un phénomène de surface par lequel des atomes, des ions ou des molécules de gaz ou
de liquide (adsorbats) se fixent sur une surface solide (adsorbant) en faisant intervenir des interactions
de Van der Waals, des interactions dipolaires (physisorption) ou des liaisons chimiques covalentes ou
ioniques (chimisorption)
Désorption
La désorption est la transformation inverse de la sorption, par laquelle les molécules sorbées se détachent
du substrat. Ce phénomène comprend donc le détachement des molécules adsorbées sur une surface,
notamment sous l’action de l’élévation de la température ou de la baisse de pression.
Remarque : en séchage thermique, si l’on admet qu’il n’y a pas de réaction chimique entre le solide et
l’eau (vapeur ou liquide) avec laquelle il est mis en contact, l’eau est fixée au sein du milieu poreux par
adsorption physique ou capillarité.

2.3.2 Isothermes d’adsorption/désorption


Un solide imprégné d’eau se distingue par la force des liaisons fixant l’eau à sa surface. Cette force se
mesure par deux propriétés :

L’humidité relative d’équilibre 𝑯𝑹:


𝑷𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒗𝒂𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒅′ 𝒆𝒂𝒖 𝒂𝒖𝒕𝒐𝒖𝒓 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆 à 𝒍𝒂 𝒕𝒆𝒎𝒑é𝒓𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑻
𝑯𝑹 = 𝟏𝟎𝟎%
𝑷𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆 𝒗𝒂𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒔𝒂𝒕𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆 à 𝒍𝒂 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒆𝒓𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑻

L’activité de l’eau 𝒂:
𝑷𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒗𝒂𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒅′ 𝒆𝒂𝒖 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆 à 𝒍𝒂 𝒕𝒆𝒎𝒑é𝒓𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑻
𝒂=
𝑷𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆 𝒗𝒂𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒔𝒂𝒕𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆 à 𝒍𝒂 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒆𝒓𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑻

Ces deux propriétés sont d'autant plus faibles que les forces de liaisons sont intenses, et inversement.
Dans une opération de séchage thermique industriel, il est nécessaire d’évaluer l’une ou l’autre des deux
propriétés afin de respecter certaines conditions de conservation du solide à sécher et éviter le risque de
détérioration physico-chimique et le risque de prolifération des
micro-organismes. Figure 0-1 Schéma d'un solide
imprégné d'eau

2
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020
Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

Si on s’intéresse, à une température T donnée, à la variation de la teneur en eau d’un solide en fonction
de l’activité de l’eau ou de l’humidité relative de l’eau, la courbe obtenue représente :
Une isotherme d'adsorption : si elle a été déterminée expérimentalement en partant d'un produit sec.
Une isotherme de désorption : si elle a été déterminée expérimentalement en partant d'un produit saturé
en eau.
Les deux courbes sont en général différentes (particulièrement pour 0.6 < 𝑎 < 1) car le phénomène
n'est pas réversible. Des modifications de structure et de porosité ont lieu lors du séchage (désorption)
ou de l'humidification (adsorption). On observe donc entre ces deux courbes le phénomène d'hystérésis.
Ainsi, pour une teneur en eau 𝑋 donnée, l'équilibre de la désorption s'établit pour des valeurs plus faibles
d’activité de l’eau (ou d’humidité relative d’équilibre) que l'équilibre de l'adsorption.

Figure 0-2 Isothermes d’adsorption et de désorption

En séchage, on s'intéresse particulièrement à la courbe de désorption. Cette courbe peut être divisée en
3 zones dans le sens de la désorption :

 Zone 1 ( 𝑎 > 0.6) : Dans cette zone, l’eau est présente à l'état liquide dans les pores du matériau.
 Zone 2 (0.2 < 𝑎 < 0.6) : dans cette zone, l’eau concernée est liée par capillarité, des molécules
d’hydrogène formées sont adsorbées sur une couche d’eau initiale. L’isotherme de désorption est
linéaire.
 Zone 3 (0 < 𝑎 < 0.2) : dans cette zone, il s’agit de l’eau qui se présente sous forme d'une
monocouche moléculaire lié à la surface externe et les pores du solide par des forces de Van der
Waals.
Remarque importante : L’isotherme d’adsorption/désorption permet de définir les caractéristiques de
l’air en équilibre avec le produit à sécher à un moment donné du séchage. En portant ces caractéristiques
sur le diagramme de l’air humide, on obtiendra un point représentatif du produit, ce qui permet d’estimer
la quantité d’air nécessaire pour sécher un produit.

2.3.3 Cinétique de désorption


La cinétique de désorption de l’eau adsorbée sur un solide peut être décrite par l’équation de Polanyi
Wigner :

3
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020
Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

𝑑𝑚𝑎𝑑
= −𝑘𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑑 𝑥
𝑑𝑡
𝑘𝑑𝑒𝑠 est la constante cinétique de désorption exprimée conformément à la loi d’Arrhenius
𝑛𝑎𝑑 représente la quantité d’eau adsorbée sur le solide
𝑥 représente l’ordre de la cinétique de désorption (0, 1 ou 2)

2.4 Cinétique de séchage thermique


2.4.1 Notion de phénomène limitant
La vitesse à laquelle s'effectue le séchage est liée à l'allure de la désorption et des transferts internes et
externes de matière et de chaleur. A ces phénomènes physiques correspondent des mécanismes que l'on
peut considérer comme disposés en parallèle ou en série. Dans ce dernier cas, le mécanisme le plus lent
constitue l'étape limitante et détermine par conséquent la vitesse du procédé.

2.4.2 Courbes de séchage thermique


La cinétique de séchage thermique peut être modélisée graphiquement de trois manières :

 En portant la teneur en eau du solide à sécher X en fonction du temps durant l’opération de


séchage
 En portant la dérivée temporelle de la teneur en eau en valeur absolue, notée dX/dt, en fonction
du temps pendant l’opération de séchage. Cette représentation est couramment utilisée.
 En portant la dérivée temporelle de la teneur en eau en valeur absolue, notée dX/dt, en fonction
de la teneur en eau. Cette représentation est la moins utilisée.

Figure 0-3 Teneur en eau X en Figure 0-4 Dérivée temporelle de la teneur Figure 0-5 Dérivée temporelle de
fonction du temps en eau dX/dt en fonction du temps la teneur en eau dX/dt en
fonction de la teneur en ea

a. Phase AB (phase de mise en température d en température du solide)


Cette phase est caractérisée par une courte durée et une faible décroissance de la teneur en eau du solide.
b. Phase BC (phase à vitesse de séchage constante)
Durant cette phase, le séchage est comparable à une évaporation d’eau superficielle, qui s’explique par
la présence d’eau en quantité importante à la surface du solide. Durant cette phase, la température du
solide est constante et égale à la température humide et la pellicule d’air entourant le solide est saturée
en vapeur d’eau. La vitesse de séchage correspond à la vitesse de transfert de chaleur qui a lieu de l’air
de séchage vers le solide à sécher et à la vitesse de transfert de matière qui s’opère à la même valeur
dans le sens inverse. Soit en se basant sur le transfert de chaleur convectif :
dX hS(Ta − Th )
=
dt ms Lv

4
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020
Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

Ou de manière équivalente conformément à la loi de Hertz Knudsen, relative au transfert de matière


entre phase :
dX K G S(Psat − PV )
=
dt ms
Où :
P𝑠𝑎𝑡 est la pression de vapeur saturante à la température humide
𝑃𝑉 est la pression partielle de l’eau dans l’air
𝐾𝐺 est le coefficient global de transfert de matière (s.m-1) qui se définit par :
DG P
KG =
R H2 O ms T(P − ̅̅̅
PV )

Avec :
T est la température de l’air de séchage
P est la pression dans l’enceinte de séchage
̅̅̅
PV est la pression partielle moyenne en vapeur d’eau dans l’air de séchage durant l’opération
R H2 O est la constante des gaz parfaits relative à l’eau, sa valeur est 462 J.kg-1.K-1

DG est le coefficient d’échange par TM à travers la couche limite (m.s-1), il est déterminé en faisant
intervenir le nombre de Sherwood qui se définit par :
DG d𝑝 P
𝑆ℎ =
DV (P − ̅̅̅
PV )
D’où :
Dv Sh
KG =
R H2 O d𝑝 T

Avec Dv la diffusivité de la vapeur d’eau dans le gaz de séchage (m2.s-1)


Par ailleurs, e nombre de Sherwood est lié par des corrélations aux nombres de Reynolds et Schmidt :

𝑆ℎ = 2 + C𝑅𝑒 1/2 𝑆𝑐1/3


𝐶 est une constante qui vaut 0.6 pour une sphère unique, 1.6 pour un lit fluidisé et 1.8 pour un lit fixe.
On définit les nombres de Reynolds (pour le solide humide) et Schmidt par :
ρ𝑔 d𝑝 u
𝑅𝑒 =
𝜇𝑔
𝜇𝑔
𝑆𝑐 =
ρ𝑔 𝐷𝑣

5
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020
Séchage thermique-3ème année-Génie Mécanique-Energétique et Développement Durable

c. Phase CD (phase à vitesse de séchage décroissante)


Durant cette phase, l’air constituant une pellicule entourant le solide n’est plus saturé en vapeur d’eau.
Les molécules d’eau ont un chemin plus long à parcourir avant d’arriver à la surface du solide, ce qui
ralentit la cinétique de séchage. Ceci s’explique selon la structure du solide à sécher par :
La théorie diffusionnelle : Pour les solides à structure continue
La diffusion a lieu à travers une couche limite gazeuse ou toute la résistance au transfert est concentrée,
cette diffusion obéit à la seconde loi de Fick, soit :
𝑑𝑚𝐻2 𝑂 𝑑𝑐𝐻2 𝑂
= −𝐷𝑆
𝑑𝑡 𝑑𝑥
Cette équation admet une solution numérique approximative de la forme :
2
−𝛾𝜋 𝐷𝑒𝑓𝑓 𝑡
𝑋(𝑡) − 𝑋é𝑞
=𝑒 𝑙2
𝑋𝑐𝑟 − 𝑋é𝑞

Avec :
𝑋𝑐𝑟 la teneur en eau critique, a tteinte à la fin de la phase à vitesse constante
𝑋é𝑞 la teneur en eau à l’équilibre, atteinte après un temps de séchage théoriquement infini
6 8
𝛄 est un coefficient de forme, il vaut pour une sphère et pour une plaque ou un lit
𝜋2 𝜋2

𝐷𝑒𝑓𝑓 est le coefficient de diffusion effectif des molécules d’eau dans le solide (m2.s-1)

𝑙 est la longueur caractéristique, elle équivaut au rayon dans le cas d’une sphère et à l’épaisseur dans le
cas d’une plaque.

La théorie capillaire : Pour les corps à structure poreuse


Cette théorie stipule que les liaisons de nature capillaire liant les molécules d’eau aux pores doivent se
rompre pour que le séchage puisse avoir lieu, la cinétique de séchage est alors décrite par l’équation :
𝑑𝑋
= 𝐾(𝑋 − 𝑋é𝑞 )
𝑑𝑡
Cette équation admet pour solution :
𝑋(𝑡) − 𝑋é𝑞
= 𝑒 −𝐾𝑡
𝑋𝑐𝑟 − 𝑋é𝑞

Où 𝐾 est un coefficient à déterminer à partir des données de la phase à vitesse constante. En effet, on a :
𝑑𝑋 hS(Ta − Th )
(𝑡𝑐𝑟 ) = 𝐾(𝑋𝑐𝑟 − 𝑋é𝑞 ) =
𝑑𝑡 ms Lv

6
Dr. KERBOUA-Ecole Supérieure de Technologies Industrielles-2019/2020

Vous aimerez peut-être aussi