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C'est la rentrée

Cartable nouveau,
Joli manteau.
Livres, cahiers
Et beau plumier ...
Cloche a sonné,
Un gros baiser,
Il faut y aller :
C'est la rentrée !
De Christian Merveille
La blanche école où je vivrai
La blanche école où je vivrai
N'aura pas de roses rouges
Mais seulement devant le seuil
Un bouquet d'enfants qui bougent
On entendra sous les fenêtres
Le chant du coq et du roulier;
Un oiseau naîtra de la plume
Tremblante au bord de l'encrier
Tout sera joie! Les têtes blondes
S'allumeront dans le soleil,
Et les enfants feront des rondes
Pour tenter les gamins du ciel.
De René Guy Cadou
Les écoliers
Sur la route couleur de sable,
En capuchon noir et pointu,
Le 'moyen', le 'bon', le 'passable'
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.

Ils ont dans leurs plumiers des gommes


Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.

Ils ont la ruse et la paresse


Mais l'innocence et la fraîcheur
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur,
Et des vraies fleurs pour leur maîtresse.

Puis les voilà tous à s'asseoir.


Dans l'école crépie de lune
On les enferme jusqu'au soir,
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
De Maurice Fombeure
Le cancre
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le cœur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

De Jacques Prévert
L’école
L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Au dedans, c'était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.
On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu'aujourd'hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j'en suis.
Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n'en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l'or en miroirs.
Sur les tableaux d'un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l'aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.
L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Ah ! que n'y suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes.

De Maurice Carême
Notre école
Notre école se trouve au ciel.
Nous nous asseyons près des anges.
Comme des oiseaux sur les branches.
Nos cahiers d'ailleurs ont des ailes.

A midi juste, on y mange,


Avec du vin de tourterelle,
Des gaufres glacées à l'orange
Les assiettes sont en dentelle.

Pas de leçon, pas de devoirs


Nous jouons quelque fois, le soir
Au loto avec les étoiles.

Jamais nous ne rêvons la nuit


Dans notre petit lit de toile
L'école est notre paradis.

De Maurice Carême
Trois escargots
J'ai rencontré trois escargots
Qui s'en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?
De Maurice Carême
L’écolière
Bon Dieu ! que de choses à faire !
Enlève tes souliers crottés,
Pends donc ton écharpe au vestiaire,
Lave tes mains pour le goûter,

Revois tes règles de grammaire.


Ton problème, est-il résolu ?
Et la carte de l'Angleterre,
Dis, quand la dessineras-tu ?

Aurai-je le temps de bercer


Un tout petit peu ma poupée,
De rêver, assise par terre,
Devant mes châteaux de nuées ?
Bon Dieu ! que de choses à faire !

De Maurice Carême
L’école
Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds
-points, des rues
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s’affolent,
Un grand magasin, une école,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour.
Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat
Est là.

De Jacques Charpentreau
Locataires
J'ai dans mon cartable
(C'est épouvantable !)
Un alligator
Qui s'appelle Hector.

J'ai dans ma valise


(Ça me terrorise !)
Un éléphant blanc
Du nom de Roland.

J'ai dans mon armoire


(Mon Dieu, quelle histoire !)
Un diplodocus
Nommé Spartacus.

Mais pour moi le pire,


C'est sous mon chapeau
D'avoir un vampire
Logé dans ma peau.

De Jean -Luc Moreau


Les crayons
Mais à quoi jouent les crayons
pendant les récréations ?
Le rouge dessine une souris,
le vert un soleil,
Le bleu dessine un radis,
le gris une groseille.
Le noir, qui n'a pas d'idée,
fait des gros pâtés.
Voilà les jeux des crayons
pendant les récréations.

De Corinne Albaut
Le cartable rêveur
Pendant que tu étais
Sur la plage, cet été,
Ou bien dans la forêt,
As-tu imaginé
Que ton cartable rêvait ?
Il rêvait d'avaler
Des crayons, des cahiers,
Puis d'aller comme on vole,
Sur le chemin de l'école.

De Carl Norac
Mon cartable a mille odeurs
Mon cartable a mille odeurs.
Mon cartable sent la pomme,
Le livre, l’encre, la gomme,
Et les crayons de couleur.
Mon cartable sent l’orange,
Le buisson et le nougat.
Il sent tout ce que l'on mange
Et ce qu'on ne mange pas
(...)
Les longs cheveux de ma mère
Et les joues de mon papa,
Les matins dans la lumière,
La rose et le chocolat.

De Pierre Gamara
Je voudrais dans mon cartable
Je voulais dans mon cartable
Emporter mes châteaux de sable,
Mon cerf-volant, des coquillages
Et le portique de la plage.
Maman m’a dit :
“Ce n’est pas permis
Et puis tout ça
Ça ne rentre pas !”
Alors j’ai pris un beau stylo,
Pour le goûter quelques gâteaux
Et que des choses raisonnables.
Plus trois petits grains de sable !

De Pierre Ruaud
Automne
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,


Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

O temps charmant des brumes douces,


Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
De René-Guy Cadou
Jour pluvieux d'automne
Une feuille rousse
que le grand vent pousse
dans le ciel gris-bleu,
l'arbre nu qui tremble
et dans le bois semble
un homme frileux,

une gouttelette
comme une fléchette
qui tape au carreau,
une fleur jaunie
qui traîne sans vie
dans la flaque d'eau,

sur toutes les choses


des notes moroses,
des pleurs, des frissons,
des pas qui résonnent :
c'est déjà l'automne
qui marche en sifflant sa triste chanson.
De Michel Beau
L’acacia
Le vent
Passait, pleurant.
L’acacia dit :
Vent d’automne
Au front gris,
Tu t’ennuies :
Je te donne
Mes feuilles.
Prends, cueille
Et va jouer au volant*
Avec ton amie
La pluie.
Le printemps,
En son temps,
M’en fera de plus jolies !
De Marie-Magdeleine Carbet
Un arbre
Un arbre tremble sous le vent,
Les volets claquent.
Comme il a plu, l'eau fait des flaques.
Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse
Et, brusquement, il pleut à verse.

De Francis Carco
L’écureuil et la feuille
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.

Une feuille morte descend,


Doucement portée par le vent.

Et le vent balance la feuille


Juste au-dessus de l'écureuil ;

Le vent attend, pour la poser


Légèrement sur la bruyère,

Que l'écureuil soit remonté


Sur le chêne de la clairière

Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.

De Maurice Carême
Automne
Quand les bois ont les cheveux courts,
La lune ceint son abat-jour
De brume pâle

Et le vent vole et le vent court


En tournoyant comme un vautour
Sous les étoiles.

Pourquoi mon coeur es-tu si lourd


Quand les bois ont les cheveux courts ?

Rivé aux cailloux de la cour


Le lierre étreint dans ses doigts gourds
Une hirondelle.

Entends-tu dans le petit jour,


Le gel affûter ses tambours
Et ses chandelles ?

Quand les bois ont les cheveux courts


Pourquoi mon coeur es-tu si lourd ?

De Pierre Coran
Villanelle
Une feuille d'or,
une feuille rousse,
un frisson de mousse,
sous le vent du nord.

Quatre feuilles rousses,


quatre feuilles d'or,
le soleil s'endort
dans la brume douce.

Mille feuilles rousses,


que le vent retrousse.
Mille feuilles d'or
sous mes arbres morts.
De Alain Debroise
L'automne
On voit tout le temps, en automne
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou ;
C'est un petit arbre tout rouge,

Un, d'une autre couleur encor,


Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.

Nous aimons bien cette saison,


Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.

De Lucie Delarue-Mardrus
Feuille rousse, feuille folle
Feuille rousse, feuille folle
Tourne, tourne, tourne et vole !
Tu voltiges au vent léger
Comme un oiseau apeuré.

Feuille rousse, feuille folle !


Sur le chemin de l’école,
J’ai rempli tout mon panier
Des jolies feuilles du sentier.

Feuille rousse, feuille folle !


Dans le vent qui vole, vole,
J’ai cueilli pour mon cahier la feuille qui dansait.

De Luce Fillol
Silence d'automne
C'est le silence de l'automne
Où vibre un soleil, monotone
Dans la profondeur des cieux blancs ...
Voici qu'à l'approche du givre
Les grands bois s'arrêtent de vivre
Et retiennent leurs cœurs tremblants.

Vois, le ciel vibre, monotone ;


C'est le silence de l'automne.

O forêt ! qu'ils sont loin les oiseaux d'autrefois


Et les murmures d'or des guêpes dans les bois !
Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne !
Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne,
Combien s'est ralenti le cœurs fougueux des bois
Et comme il bat, à coups dolents et monotones
Dans le silence de l'automne !

De Fernand Gregh
Le rouge-gorge
Le rouge-gorge est au verger ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur ;
Il ne pèse pas plus que plume
Et le vent le balance à son gré
Comme une fleur ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes.

Oiseau, bel oiseau d'automne,


Voici l'oseille qui rougit
Dans l'herbe,
Et la feuille du poirier jaune ;
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe
Avant l'hiver gris.

De Tristan Klingsor
Automne
Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles

L'automne tenait l'archet


Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes

Et l'oiseau pleurait tout seul


Fleurissant le sombre ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau

Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.

De Raïssa Maritain
La feuille des forêts
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise
Là-bas, par les guérets,
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Va-t-elle revenir
Verdir la même tige ?

L'eau claire des ruisseaux


Qui passe claire et vive
A l'ombre des berceaux,
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive,
Va-t-elle retourner
Baigner la même rive ?

De Jean Moréas
Petite pomme
La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encore cueillie.
Les autres pommes sont parties,
Petite pomme est sans amie.

Comme il fait froid dans cet automne !


Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.

Je n'en puis plus viens me cueillir,


Tu viens me cueillir Isabelle ?
Comme c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle.

Prends-moi doucement dans ta main,


Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain.

De Géo Norge
Le jour et la nuit
Quand on se dit « bonjour »,
Que les enfants courent
Vers l’école pour
Jouer dans la cour,
C’est le jour.

Quand la lune luit,


Que les chats sont gris,
Qu’on est dans le lit
Au calme et sans bruit,
C’est la nuit.

De Corinne Albaut
La chanson du rayon de lune
Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Sais-tu d'où je viens ? Regarde là-haut.
Ma mère est brillante, et la nuit est brune.
Je rampe sous l'arbre et glisse sur l'eau ;
Je m'étends sur l'herbe et cours sur la dune ;
Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,
Comme un maraudeur qui cherche fortune.
Je n'ai jamais froid ; je n'ai jamais chaud.
[…]
De Guy de Maupassant
Ecoute
Ecoute les bruits de la nuit
Derrière les fenêtres closes.
On dirait que c'est peu de choses,
Un pas s'en vient, un pas s'enfuit.
Le dernier autobus qui passe,
Quelqu'un qui chante quelque part,
Un avion au fond de l'espace,
Un voisin qui rentre bien tard.
Un chien aboie. Un matou miaule,
On entend glisser un vélo.
La nuit est pleine de paroles
Qui viennent de l'air et de l'eau.

De Pierre Gamarra
Le ver luisant
Ver luisant tu luis à minuit,
Tu t’allumes sous les étoiles
Et, quand tout dort, tu t’introduis
Dans la lune et ronge sa moelle.

La lune, nid des vers luisants,


Dans le ciel continue sa route.
Elle sème sur les enfants,
Sur tous les beaux enfants dormant,
Rêve sur rêve, goutte à goutte.

De Robert Desnos
Le rêve de la lune
Si la lune brille
Quand tu dors,
C’est pour planter
Des milliers de soleils pour demain.
Si tout devient silence
Quand tu dors,
C’est pour préparer
Le chant des milliers d’oiseaux
Et dorer les ailes des libellules.
Si la lune tombe dans tes bras
Quand tu dors,
C’est pour rêver avec toi
Des milliers d’étoiles.

De Marie Botturi
Je n’ai pas de réveil
Je n’ai pas de réveil
Sur ma table de nuit
Et pourtant, je m’éveille
Dès que le matin luit.

Avant d’ouvrir les yeux,


Je sais s’il fait soleil
Et si le ciel est bleu
Ou moins bleu que la veille.

Je n’ai pas de réveil


Sur ma table de nuit
Mais j’ai dans les oreilles
Mieux qu’une sonnerie.

J’ai tant de chants d’oiseaux,


Le matin, dans mon être,
Que mon cœur fait le beau
Quand j’ouvre la fenêtre.

De Pierre Coran
Le jour, la nuit
C’est le soleil
Qui me réveille,
Vive le soleil !
Il monte dans le ciel
Jusqu’à midi…
Et redescend
Tout l’après-midi.
On dit qu’il va se coucher
De l’autre côté…
Moi je sais déjà
Qu’il ne se couche pas :
Le soleil éclaire
L’autre côté de la Terre.
Là-bas c’est le jour,
Ici c’est la nuit…
Bonne nuit !

Anonyme
Soyez poli
Il faut être poli avec la Terre
Et avec le Soleil
Il faut les remercier le matin en se réveillant
Il faut les remercier pour la chaleur
Pour les arbres
Pour les fruits
Pour tout ce qui est bon à manger
Pour tout ce qui est beau à regarder […]

Le Soleil aime la Terre


La Terre aime le Soleil
Et elle tourne
Pour se faire admirer
Et le Soleil la trouve belle
Et il brille sur elle
Et quand il est fatigué
Il va se coucher
Et la lune se lève […].

De Jacques Prévert
Le jour et la nuit
Il était une fois le jour et la nuit.
Le jour aimait la nuit, la nuit aimait le jour.
Lui, tête ronde, cheveux d’or, tout rayonnant de lumière.
Elle, teint pâle, belle et mystérieuse
Portant une robe noire toute parsemée d’étoiles.
Les hommes sur la Terre se demandaient sans cesse,
Pourquoi le temps s’écoulait si vite.
C’est parce que le jour courait pour revoir la nuit,
La nuit courait pour revoir le jour.
Ils ne pouvaient pas vivre l’un sans l’autre,
Car ils s’aimaient beaucoup.
Leurs vies étaient liées à jamais.

Anonyme
Soleils couchants
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.

La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s’oublie
Aux soleils couchants.

Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À de grands soleils
Couchants sur les grèves.

De Paul Verlaine
La lune
Ah ! Quel dommage !
La lune fond.
Il n'est plus rond
Son gai visage.

Quelle souris
En maraudage
La prend, la nuit,
Pour un fromage ?

Elle maigrit
Que c'est pitié :
Plus qu'un quartier
Qui s'amincit...

Mais sans souci


Presque au cercueil
La lune rit
Avec un œil..

De Maurice Carême
Nuit de neige
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas


Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

De Guy de Maupassant
La neige
La neige nous met en rêve
Sur de vastes plaines
Sans traces ni couleur.

Veille mon cœur,


La neige nous met en selle
Sur des coursiers d'écume.

Sonne l'enfance couronnée


La neige nous sacre en haute mer,
Plein songe, toutes voiles dehors.

La neige nous met en magie,


Blancheur étale, plumes gonflées
Où perce l'œil rouge de cet oiseau.

Mon cœur ;
Trait de feu sous des plumes de gel,
File le sang qui s'émerveille.

D’Anne Hébert
La neige tombe
Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant,
Ô pâquerettes! une à une
Toutes blanches dans la nuit brune !
Qui donc là-haut plume la lune ?

Ô frais duvet ! flocons flottants !


Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant.
La neige tombe, monotone,
Monotonement, par les cieux ;

Dans le silence qui chantonne,


La neige tombe monotone,
Elle file, tisse, ourle et festonne
Un suaire silencieux.
La neige tombe, monotone,
Monotonement par les cieux.

De Jean Richepin
Mon hiver
Mon hiver est parfumé
De cendres, de feux de cheminées.
D’encens et de lavande,
Pour tous mes enrhumés...

Mon hiver est beau


De blanc et de glace
De givre sur les arbres,
De palais transparents.

Mon hiver je l’entends


Grincer dans les branches,
Craquer sous mes pas
Souffler dans les ruelles...

Je colle mon nez à la vitre


Mon hiver est buée
A nouveau il m’invite,
A me recroqueviller.

De Veronik Leray
Le printemps reviendra
Hé oui, je sais bien qu’il fait froid,
Que le ciel est tout de travers;
Je sais que ni la primevère
Ni l’agneau ne sont encor là.

La terre tourne ; il reviendra,


Le printemps, sur son cheval vert.
Que ferait le bois sans pivert,
Le petit jardin sans lilas ?

Oui, tout passe, même l’hiver,


Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l’air…

De Maurice Carême
On dirait que l’hiver tombe
On dirait que l’hiver tombe ;
Tous les toits sont déjà gris ;
Il pleut deux ou trois colombes,
Et c’est aussitôt la nuit.
Un seul arbre, comme un clou,
Tient le jardin bien au sol.
Les ombres font sur les joues
Comme des oiseaux qui volent.
L’air est plein d’étoiles blanches,
La Noël est pour lundi.
Qu’il sera long le dimanche
Que nous passerons ici !

De Maurice Carême
Bonjour monsieur l’Hiver
- Hé ! bonjour monsieur l’Hiver !
Ça faisait longtemps…
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.

- Les montagnes t’espéraient ;


Les sapins pleuraient ;
Les marmottes s’indignaient ;
Reviendra-t-il jamais ?

- Mes patins s’ennuyaient ;


Mes petits skis aussi ;
On était tous inquiets ;
Reviendra-t-il jamais ?

- Hé ! bonjour monsieur l’Hiver !


Ça faisait longtemps …
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.

De Patrick Bousquet
Chanson pour les enfants l’hiver
Dans la nuit de l'hiver
Galope un grand homme blanc.
C'est un bonhomme de neige

Avec une pipe en bois,


Un grand bonhomme de neige
Poursuivi par le froid.

Il arrive au village.
Voyant de la lumière
Le voilà rassuré.

Dans une petite maison


Il entre sans frapper,
Et pour se réchauffer,
S'assoit sur le poêle rouge,

Et d'un coup disparaît


Ne laissant que sa pipe
Au milieu d'une flaque d'eau,
Ne laissant que sa pipe
Et puis son vieux chapeau.

De Jacques Prévert
Le bonhomme de neige
Au nord de la Norvège
Vit un bonhomme de neige
Il n’a pas peur de fondre
Là -bas, la neige tombe

Pendant de très longs mois,


Il y fait toujours froid.

Et le bonhomme de neige,
Bien assis sur son siège,
Regarde les flocons
Voler en tourbillons.

Sais-tu ce que j’en pense ?


Il a bien de la chance
Pour un bonhomme de neige
D’habiter la Norvège.

De Corinne Albaut
Le bonhomme de neige
Savez-vous qui est né
Ce matin dans le pré ?
Un gros bonhomme tout blanc !

Il est très souriant


Avec son ventre rond
Ses yeux noirs de charbon
Son balai menaçant
Et son chapeau melon.

Le soleil a brillé,
À midi dans le pré,
Je n’ai rien retrouvé …
Le bonhomme a filé !

De Jason Emond
Blanche saison
Le mois de janvier est arrivé,
Annonçant ainsi la nouvelle année !
Depuis quelques jours déjà,
La neige tient compagnie au froid.

La ville revêt son manteau blanc,


On ne distingue plus rien à présent.
L’hiver est maintenant bien installé.
Vive les bons feux de cheminée !

De Karine Persillet
L’hiver est là !
L’automne a laissé sa place à l’hiver,
Partout plus une trace de vert.
Les feuilles ont complètement disparu,
Laissant les branches entièrement nues.

Les montagnes se parent de blanc.


Les flocons de neige tombent doucement.
La nature semble s’être endormie,
L’écho résonne au moindre bruit.

Le froid s’étend dans la vallée,


Le soleil brille sur les sommets.
Echarpes, gants, bonnets sont de sortie
Mais quel plaisir de rester au lit !

De Karine Persillet
Vive la galette !
Toute ronde et toute dorée,
Elle est la star du mois de janvier.
En Provence, c’est une brioche sucrée
De fruits confits bien décorée.

Mais, le plus souvent, on la connaît


Dans sa belle robe de pâte feuilletée.
Chaude lorsqu’elle sort du four
Avec délices on la savoure !

Mais cette demoiselle a deux secrets


Que tous les gourmands espèrent dévoiler.
Dans la délicieuse crème très appréciée
Se cachent une fève et un petit sujet.

Lorsqu’on découvre l’un des deux


Cette galette fait des heureux !
Une couronne vient alors parer
Les rois et reines de la journée !

De Karine Persillet
Je te protège
Lorsque le crépuscule envahit mon atmosphère
Lorsque le vent de la haine souffle sur mon univers
Lorsque des vers de sang coulent sur ma lumière
Alors…

Je lève ma plume, de rimes et de chair


Gladiateur des lettres, je croise le fer
Pour atteindre mon équinoxe littéraire
Alors…

Je te protège, Liberté, pour te respirer


Je te protège, Liberté, pour t’embrasser
Je te protège… pour te sublimer !

De Régis Pontfort
J’écris ton nom
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues


Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom […]

Sur les champs sur l’horizon


Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore


Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom […]

Liberté
De Paul Eluard
Liberté
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l'instant,
la jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
De Maurice Carême
La liberté
La Liberté,
Ce n'est pas partir, c'est revenir,
Et agir,
Ce n'est pas prendre, c'est comprendre,
Et apprendre,
Ce n'est pas savoir, c'est vouloir,
Et pouvoir […]

La Liberté,
Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser,
Et remercier,
Ce n’est pas un cadeau, c'est un flambeau,
Et un fardeau,
Ce n'est pas la faiblesse, c'est la sagesse,
Et la noblesse,
Ce n'est pas un avoir, c'est un devoir,
Et un espoir,
Ce n'est pas discourir, c'est obtenir,
Et maintenir.

Ce n'est pas facile,


C'est si fragile,
La Liberté.

De Jacques Prévost
Il était une fois
Il était un grand nombre de fois
Un homme qui aimait une femme
Il était un grand nombre de fois
Une femme qui aimait un homme
Il était un grand nombre de fois
Une femme et un homme
Qui n'aimaient pas celui et
celle qui les aimaient

Il était une fois


Une seule fois peut-être
Une femme et un homme
qui s'aimaient.

De Robert Desnos
Le loup
Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il met ses bottes noires…
Qui a peur du loup ?
Pas nous !

Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il prend son mouchoir…
Qui a peur du loup,
Pas nous !

Du fond du couloir
Le loup vient nous voir
A pas de loup noir…
Qui a peur du loup ?
C’est nous !
Sauvons-nous !
De Marie Tenaille
Le loup vexé
Un loup sous la pluie
Sous la pluie qui mouille,
Loup sans parapluie
Pauvre loup gribouille.

Est-ce qu’un loup nage ?


Entre chien et loup,
Sous l’averse en rage,
Un hurluberloup ?

Le loup est vexé


Parce qu’on prétend
Que par mauvais temps
Un loup sous la pluie sent le chien mouillé.

De Claude Roy
En rêve
En rêve, j'ai trouvé
- Le joli, joli rêve ! -
En rêve, j'ai trouvé
La clochette enchantée
Qui dit la vérité.

En rêve, j'ai trouvé


- Etait-ce bien un rêve ? -
En rêve, j'ai trouvé
Les miettes semées
par le petit Poucet !

En rêve, j'ai trouvé


- L'étrange, étrange rêve !
-En rêve, j'ai trouvé
La citrouille si grosse
qui se change en carrosse !

Dans mon plus joli rêve,


Au pied d'un blanc perron,
J'ai trouvé, Cendrillon,
ta pantoufle de vair…

De Madeleine Ley
La prisonnière
Plaignez la pauvre prisonnière
Au fond de son cachot maudit !
Sans feu, sans coussin, sans lumière...
Ah ! Maman me l’avait bien dit !

Il fallait aller chez grand-mère


Sans m’amuser au bois joli,
Sans parler comme une commère
Avec l’inconnu trop poli.

Ma promenade buissonnière
Ne m’a pas du tout réussi :
Maintenant je suis prisonnière
Dans le grand ventre noir du loup.

Je suis seule, sans allumettes,


Chaperon rouge bien puni :
Je n’ai plus qu’un bout de galette,
Et mon pot de beurre est fini !

De Jacques Charpentreau
L’aurore en chaperon rose
L'aurore en chaperon rose
brin de lune sur les talons
s'en allait offrir à la ronde
sa galette et ses chansons.

Mais le loup profile son ombre


avalant galette en premier.
Sauve-toi Chaperon rose
car c'est toi qu'il va croquer.

Matin gris matin mouillé


Que cette histoire est décevante
il faudra la recommencer
heureusement la terre est ronde
demain c'est le loup -peut-être-
le loup qui sera mangé.
D’André Hyvernaud
Le petit chaperon rouge
Fort gentille, elle est coiffée
D'un mignon coquelicot.
On croirait voir une fée
Qui trottine en fins sabots.

« Où vas-tu, Chaperon rouge,


Gazouillant comme un oiseau ? »
« Je m'en vais bien loin, seulette,
Sous l'ombrage murmurant,
Et je porte une galette
A ma bonne mère-grand. »

De Maurice Bouchor
Le petit chaperon rouge
Chaperon rouge est en voyage,
Ont dit les noisetiers tout bas.
Loup aux aguets sous le feuillage,
N'attendez plus au coin du bois.

Plus ne cherra la bobinette


Lorsque, d'une main qui tremblait,
Elle tirait la chevillette
En tendant déjà son bouquet.

Mère-grand n'est plus au village.


On l'a conduite à l'hôpital
Où la fièvre, dans un mirage,
Lui montre son clocher natal.

Et chaperon rouge regrette,


Le nez sur la vitre du train,
Les papillons bleus, les fleurettes
Et le loup qui parlait si bien.

De Maurice Carême
Au temps des fées
Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux temps des Fées,
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets,
Sous des branches, parmi les rumeurs étouffées,
Sans rien savoir, sans croire à rien, libres et gais,
Nourris de clair de lune et buvant la rosée,
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets,
Aux temps des Fées.

Nous aurions su dormir sous deux feuilles croisées


Chanter avec la source et rire avec le vent,
Nourris de clair de lune et buvant la rosée,
Suivre la libellule et la brise en maraude,
Chanter avec la source et rire avec le vent.

Peut-être Mab, un jour, nous eût changés en fleurs


Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux temps des Fées,
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets,
Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux temps des Fées.

De Edmond Haraucourt
Une fée
Ah! c'est une fée
Toute jeune encor’.
Ah! c'est une fée
De lune coiffée.

A sa robe verte
Un papillon d'or,
A sa robe verte
A peine entrouverte.

Elle va légère
Au son du hautbois
Elle va légère
Comme une bergère.

Elle suit la ronde


Des dames du bois,
Elle suit la ronde
Qui va par le monde.

De Gabriel Vicaire
Rires de fées
Dans la clairière, entre les hêtres roux,
Un petit lac donne des rendez-vous.
Une biche y passe à petits pas légers,
Le cèpe y naît, l'écureuil y surgit.
Le hérisson y roule son défi.
Ces doigts futés qui courent dans mon cou,
Ces rires clairs venus on ne sait d'où,
Ce vent narquois, et soudain, étonnée,
La biche, là, devant moi qui m'étonne,
N'est-ce pas vous, mes moqueuses, les fées ?

De Pierre Moussarie
Sur le chemin
Sur le chemin qui mène à la maison,
J'ai rencontré un écureuil mignon
Et un lapin aux jolis yeux tout ronds.

Sur le chemin qui mène à la maison,


J'ai rencontré un petit hérisson
Qui s'amusait avec un papillon.

Sur le chemin qui mène au village,


J'ai rencontré un canard pas très sage
Qui poursuivait une petite oie sauvage.

Sur le chemin qui mène au grand bois,


J'ai rencontré un méchant loup ma foi
Qui m'a dit : rentre vite chez toi !

Anonyme
Le petit poucet
Le petit Poucet
A semé
Tant de cailloux
Un peu partout
Des gris, des bleus,
Des sans-couleur,
Des pailletés,
Des pour toute heure,
Qu’on en a fait
La Voie lactée

Anonyme
Conte revu et corrigé
Le grand méchant loup
Louche
Est-ce une mouche en l’air
Ou une mèche lourde ?

Le grand méchant loup


Lèche
Et mâche sans relâche
Est-ce du chou mol et cher
Ou de la chair de moule ?

Le grand méchant loup


Dans son chalet se douche
Et ce grand mou léchant
Se mouche
En se séchant

Loup-garou déluré
Loup-ragout gai-luron
Le petit Chaperon
Saura te dévorer.

Anonyme
Vite à l’école
Allez, on se lève!
Dit la maman chêne
À son jeune gland.
C’est le mois d’avril,
La forêt fourmille
Et sent le printemps.
Cours vite à l’école
De monsieur Eole,
Le maître du vent.
Et surtout sois sage,
Apprends bien les pages
Des quatre saisons.

De Gérard Bochelier
Une histoire à suivre
Après tout ce blanc, vient le vert,
Le printemps vient après l’hiver.
Après le grand froid le soleil,
Après la neige vient le nid,
Après le noir vient le réveil,
L’histoire n’est jamais finie
Après tout ce blanc, vient le vert,
Le printemps vient après l’hiver,
Et après la pluie le beau temps.

De Claude Roy
Giboulées
La pluie éparpille un bouquet
De perles tièdes et légères.
On entend chanter les bergères
Et les oiseaux dans les bosquets.
Le soleil joue à cache-cache
Avec les gros nuages gris.
Les moutons blancs, les veaux, les vaches,
Dans les prés semblent tout surpris.
Et voici que parmi l’ondée,
Comme au fond d’un vrai pastel,
On voit monter, arche irisée,
Le pont joyeux de l’arc en ciel.

De Raymond Richard
Le vent de mars
Le vent de Mars est insouciant :
Il joue aux billes avec les gouttes
Parfois même il les sèche toutes
Sans savoir que c’est du diamant.
Le vent de Mars est insouciant :
Quand il bouscule les jonquilles
Comme s’il s’agissait de quilles
Il gâche l’or qui est dedans.

De Jean Orizet
Poésie du Poisson d’Avril
J'ai vu 3 chats bleus, à la queue leu-leu
Marchant sur un fil .....Poisson d'avril !
J'ai vu un chameau faire du vélo
Tout autour d'une île.....Poisson d'avril !
J'ai vu un gros ver en hélicoptère
Traversant la ville.....Poisson d'avril !
J'ai vu une vache avec des moustaches
Et de très longs cils.....Poisson d'avril !
J'ai vu 10 corbeaux assis sur le dos
D'un vieux crocodile.....Poisson d'avril !

De Paul Géraldy
Le bourgeon
Comme un diable au fond de sa boite,
Le bourgeon s’est tenu cache.
Mais dans sa prison trop étroite,
Il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d’aile.
Il a soif de grand jour et d’air.
Il voudrait savoir les nouvelles
Il fait craquer son corset vert.
Puis d’un geste brusque, il déchire
Son habit étroit et trop court.
Enfin, se dit-il, je respire,
Je vis, je suis libre. Bonjour !

De Paul Géraldy
J’ai crié « Avril »
J'ai crié. " Avril ! " A travers la pluie,
Le soleil a ri.
J'ai crié. " Avril ! "
Et des hirondelles
Ont bleui le ciel.
J'ai crié. " Avril ! "
Et le vert des prés
S’’est tout étoilé.
J'ai crie. " Avril !
Veux
-tu me donner
Un beau fiancé ? "
Mais, turlututu,
Il n 'a rien répondu

De Maurice Carème
L’hirondelle et le poète
"Bonjour, bonjour"
dit l'hirondelle
qui revient nicher
sous mon toit.
"J'ai du printemps
au bout des ailes
et t'apporte
des fleurs nouvelles ;
je te suis fidèle"
"Merci, merci,
dit le poète,
de revenir auprès de moi
de l'autre bout de la planète."
et j'avais du bleu plein la tête
car l'hirondelle c'était toi.

De Michel Beau
C’est le printemps
Les arbres bourgeonnent,
les oiseaux chantonnent,
c’est le printemps !
Le ruisseau s’écoule,
les pigeons roucoulent,
c’est le printemps !
Les papillons volent,
les chapeaux s’envolent,
c’est le printemps,
et tout l’monde est content !

Anonyme
Ils sont fous ces poissons !
On a vu des poissons pas sages
Se balancer sur des nuages.
On en a vu des farfelus
Danser le rock dans les rues.
On raconte que certains poissons
Ont pris le train et l’avion,
Tandis que d’autres discutaient
Devant le banc du poissonnier.
Mais le plus surprenant,
C’est que certains poissons
Etaient accrochés aux blousons
Ou aux manteaux des passants !
Le premier avril,
La vérité souvent ne tient qu’à un fil !

Anonyme
Poisson d’Avril
J’ai vu un poisson
Sur ton dos.
Ce n’était pas
Un poisson rouge,
Ce n’était pas
Un poisson lune,
Ce n’était pas
Un poisson-chat.
Non,
Bien accroché
A son fil,
C’était juste
Un poisson d’avril !

Anonyme
Monsieur Printemps
Le mois de mars a un secret
Que je vais vous raconter.
Il nous prépare doucement
L’arrivée de monsieur Printemps.
Monsieur Hiver n’est plus le roi,
Dame Nature reprend ses droits.
Les fleurs apparaissent dans les champs
Pour saluer monsieur Printemps.
Le soleil réchauffe de ses rayons
Les ailes fragiles des papillons.
Tout reprend vie lentement
Grâce au bienveillant monsieur Printemps.

De Karine Persillet
Renaissance
Papillons de toutes les couleurs,
Déployez vos ailes de nacre
Car l’air est empreint de douceur
Grâce au printemps dont c’est le sacre !
Fleurs aux beaux pétales colorés,
Laissez planer vos doux parfums
Car cet hiver blanc s’en est allé
Après de longs mois, enfin !
Arbres aux longues branches nues,
Parez-vous de vos habits fleuris
Car à présent le moment est venu
De profiter d’une nouvelle vie.
Insectes, oiseaux et autres petites bêtes,
Réveillez-vous d’un lourd sommeil
Car le printemps est à la fête
Sous l’œil bienveillant du soleil.

De Karine Persillet
Petite fleur
Bonjour, bonjour, petite fleur !
A présent n’aie plus peur
Du froid, de la neige et du gel,
Et rejoins les hirondelles.
Elles volent en liberté
Car le printemps est annoncé.
Toute la nature est en émoi,
Enfin, le beau temps est là !
De légers parfums apparaissent
Aussi doux qu’une caresse.
Le ciel se teinte d’un bleu azur,
L’air, tout à coup, nous semble pur.
Bonjour, bonjour, petite fleur !
Dévoile aujourd’hui tes belles couleurs
C’est le moment tant attendu
Car le printemps est revenu.

De Karine Persillet
Printemps
Pour l’arrivée du printemps
Rien de mieux qu’un joli chant !
Il est gai, léger et entrainant
Nous l’apprenons en sifflotant
Toujours heureux, toujours contents.
Et dans le ciel bleu piqueté de blanc
Mille hirondelles planent au vent
Pour célébrer ce grand moment
Sous l’œil amusé des enfants.

De Karine Persillet
Avril
Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.


– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

De Gérard de Nerval
Avril, dont l’odeur nous augure
Avril, dont l’odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure.

Ah, verse le myrte à Myrtil,


L’iris à Desdémone :
Pour moi d’une rose anémone
S’ouvre le noir pistil.

De Paul-Jean Toulet
Oiseau de printemps
Joli Chardonneret tu es sorti de l’ombre
Posé sur la rambarde pour venir me chanter
Une ode à la Nature, au Soleil, au Printemps
Tu es venu me dire que l’Amour est devant

Saute, vrille, vole


Et mange toutes les graines que je t’ai données
Reviens sur mon balcon, recommence ton chant
Qui m’envahit toute entière
Ces matins des beaux jours

Joli Chardonneret je te veux sur ma route


dans ma jolie campagne
au pied de mon balcon

De Elodie Santos
Pluie de Printemps
Pluie de Printemps tombe du ciel
parfumée au Soleil qui vient pointer son nez
Les plantes sourient à la lueur du jour
Et viennent offrir leur cœur à ses gouttes semées

Pluie de printemps plus belle que l’Automne


Vient rafraîchir les cœurs, vient inonder les cours
Et bientôt donne tout ce qu’attend la Nature
L’Eau si précieuse et pure pour tout recommencer

De Elodie Santos
Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.

De Victor Hugo
Printemps
Printemps qui vient fleurir le temps
arrive un jour sans qu’on le voit venir
Printemps qui vient comme le vent
souffler sur l’hiver et le faire partir
Printemps qui vient renaître à nouveau
nous caresser la peau et nous faire sourire
Printemps qui vient avec la Douceur
accueillir le Soleil qu’on avait oublié
Printemps qui vient nous réchauffer
arroser les jardins, faire jaillir les fleurs
Printemps qui vient nous dire Je t’aime
Afin qu’on puisse tout recommencer

De Elodie Santos
Deux petits éléphants
C'était deux petits éléphants,
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu'ils mangeaient de la tomate,
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d'oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait :
Ils redevenaient d'un blanc frais.
Mais on les gava, près d'Angkor,
Pour le mariage d'un raja,
D'un grand sachet de poudre d'or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,
D'un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.

De Maurice Carême
Avec l'encre couleur du temps...
J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours
et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
et le jour près de s'éteindre.
J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps remuait...
J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...
Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
de n'être pas consolées.
J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée
et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,
et le soleil qui se couche sur les plus longues journées,
et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées...

De Germaine Beaumont
La grille est toute blanche
La grille est toute blanche
Et le perron tout rose.
Un vent clair y balance
Un rosier plein de roses.
Et les pigeons sont blancs
Sur les ardoises bleues,
Un peu moins bleues pourtant
Que le bleu doux des cieux.
Le chèvrefeuille est jaune
Qui monte autour de l'aune,
Jaune aussi, le vieux faune
Mais près de l'arrosoir
Vert, vert à n'y pas croire,
Le chat, lui, est tout noir.

De Maurice Carême
Un peintre
Les blancs nuages
Dans le ciel bleu
Les bords sableux
Du blond rivage
Les rayons d'or
Le sombre orage
Le vert feuillage
Où l'oiseau dort.
La belle rose
Charmant décor
Où l'ombre encor'
Tremble et se pose.
Le ru d'argent
Vif ou morose
Qui court ... arrose
Les prés changeants.
D'une main sûre
Depuis longtemps
Monsieur printemps
Peint la nature.

De Michel Beau
Mon âne blanc
Oh que c'est drôle
Aujourd'hui mon âne blanc
Est devenu transparent
Oh' que c'est drôle
Aujourd'hui mon âne blanc
Est devenu transparent
Au travers de son corps
Je vois la nuit qui s'endort
Les oiseaux qui s'abandonnent
Le grand sapin qui frissonne
Oh que c'est drôle
Aujourd'hui mon âne blanc
Est devenu transparent
Sous le soleil orangé
Les champs qui se courent après
Les enfants rouge vert et bleu
Qui dansent qui dansent qui dansent
Oh que c'est drôle
Aujourd'hui mon âne blanc
Est devenu transparent

Anonyme
Les toits bleus
Les toits bleus
dansent
dans le ciel gris

Les fumées
font des nuages
bleus
des nuages
gris

Un pigeon
bleu
bavarde
avec un moineau
gris

Dans le petit
matin bleu
dans le petit
matin gris.

De Anne-Marie Chapouton
La vitre bleue
Sur la vitre bleue
Des fenêtres blanches,
Le ciel s'endimanche
Même quand il pleut.

Au gré des saisons,


La vitre protège
Tant de papillons
D'été ou de neige

Que la nuit aidant,


Parfois il me semble
Que le verre en tremble
Sans le moindre vent.

Quand le jour se lève


Dans la vitre bleue,
Le rêve s'achève,
Je cligne des yeux.

Au bout de la nuit,
Le soleil prend feu.
Et la maison bruit
Sous la vitre bleue.

De Pierre Coran
Le miroir
Dans un miroir
Est né un oiseau
Un oiseau tout bleu
Avec des plumes vertes.
Un oiseau tout jaune
Avec des plumes rouges.
Un oiseau tout violet
Avec des plumes oranges.
Cet oiseau est né
Dans le miroir d'une mare
Où l'arc en ciel prenait son bain.

De Michel Cordeobeuf
L’arbre
Perdu au milieu de la ville,
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les parkings, c’est pour stationner,


Les camions pour embouteiller,
Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les télés, c’est pour regarder,


Les transistors pour écouter,
Les murs pour la publicité,
Les magasins pour acheter.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? […]

Il suffit de demander
À l’oiseau qui chante à la cime

De Jacques Charpentreau
Pauvres champignons
Quand je vais dans la forêt
Je regarde les champignons
L’amanite elle a la grippe
La coulemelle n’est pas très très belle
La morille est mangée de chenilles
Le bolet n’est pas frais, frais, frais
La girolle fait un peu la folle
La langue de bœuf n’a plus le foie neuf
Le lactaire est très en colère
La clavaire ça c’est son affaire
Le cèpe de son côté perd la tête
Moi, je préfère les champignons de Paris
Eux, au moins, n’ont pas de maladies.

De Pascale Pautrat
Vent léger
Qui passe sur mon nez
Caresse ma joue
Joue dans mes cheveux
Frôle mes yeux ?
Le vent malicieux !

Qui chuchote à mon oreille


Agite les feuilles
Souffle sur le gazon
Pousse mon ballon ?
Le vent vagabond !

Qui touche ma main


File entre mes doigts
Sans que je le vois ?
Le vent coquin !

Où est-il passé ?
Léger, léger…
Il s’est envolé
Et revient me chatouiller !

De Marie Tenaille
Les quatre éléments
L’air c’est rafraichissant
Le feu c’est dévorant
La terre c’est tournant
L’eau – c’est tout différent.

L’air c’est toujours du vent


Le feu c’est toujours bougeant
La terre c’est toujours vivant
L’eau – c’est tout différent.

L’air c’est toujours changeant


Le feu c’est toujours mangeant
La terre c’est toujours germant
L’eau – c’est tout différent.

Et combien davantage encore ces drôles d’hommes


espèces de vivants
qui ne se croient jamais dans leur vrai élément

De Claude Roy
Tu dis…
Tu dis sable
et déjà
la mer est à tes pieds

Tu dis forêt
et déjà
les arbres te tendent leurs bras

Tu dis colline
et déjà
le sentier court avec toi vers le sommet

Tu dis nuages
et déjà
un cumulus t’offre la promesse du voyage

Tu dis poème
et déjà
les mots volent et dansent comme des étincelles dans la cheminée.

De Joseph-Paul Schneider
Le hérisson
Bien que je sois très pacifique
Ce que je pique et pique et pique,
Se lamentait le hérisson.
Je n’ai pas un seul compagnon.
Je suis pareil à un buisson,
Un tout petit buisson d’épines
Qui marcherait sur des chaussons.
J’envie la taupe, ma cousine,
Douce comme un gant de velours
Emergeant soudain des labours.
Il faut toujours que tu te plaignes,
Me reproche la musaraigne.
Certes, je sais me mettre en boule
Ainsi qu’une grosse châtaigne,
Mais c’est surtout lorsque je roule
Plein de piquants, sous un buisson,
Que je pique, et pique et repique,
Moi qui suis si, si pacifique,
Se lamentait le hérisson.

De Maurice Carême
La fourmi
Une fourmi de dix-huit mètres
avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi traînant un char


plein de pingouins et de canards
ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi parlant français


parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas
eh ! et pourquoi pas !

De Robert Desnos
La girafe
La girafe et la girouette,
Vent du sud et vent de l'est,
Tendent leur cou vers l'alouette,
Vent du nord et vent de l'ouest.
Toutes deux vivent près du ciel,
Vent du sud et vent de l'est,
A la hauteur des hirondelles,
Vent du nord et vent de l'ouest.
Et l'hirondelle pirouette,
Vent du sud et vent de l'est,
En été sur les girouettes,
Vent du nord et vent de l'ouest.
L'hirondelle, fait, des paraphes,
Vent du sud et vent de l'est,
Tout l'hiver autour des girafes,
Vent du nord et vent de l'ouest.

De Robert Desnos
Les hiboux
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d'or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c'était chez les fous.

De Robert Desnos
Le zèbre
Broutant dans les hautes herbes
Un zèbre
Rêvait d’une veste en soie
A pois
Il n’est pas de très bon ton
Dit-on
De mêler pois et rayures
Pour sûr
Et puis porter une veste
Du reste
Par-dessus un pyjama
Jamais
Surtout sans nœud papillon
Voyons.

De Pierre Lebigre
Le pélican
Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-Orient,
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un œuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

De Robert Desnos
Le tamanoir
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Ciel bleu, ciel gris, ciel blanc, ciel noir.
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Œil bleu, œil gris, œil blanc, œil noir.
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Vin bleu, vin gris, vin blanc, vin noir.

Je n’ai pas vu le tamanoir !


Il est rentré dans son manoir
Et puis avec son éteignoir
Il a coiffé tous les bougeoirs.
Il fait tout noir.

De Robert Desnos
Les larmes du crocodile
Si vous passez au bord du Nil
Où le délicat crocodile
Croque en pleurant la tendre Odile,
Emportez un mouchoir de fil.

Essuyez les pleurs du reptile


Perlant aux pointes de ses cils,
Et consolez le crocodile :
C'est un animal très civil.

Sur les bords du Nil en exil,


Pourquoi ce saurien pleure-t-il ?
C'est qu'il a les larmes faciles
Le crocodile qui croque Odile.

De Jacques Charpentreau
Le petit cygne
Avez-vous vu le berceau blanc
Du petit cygne sur l'étang,
Berceau de vair, berceau de plumes
Que l'eau berce comme la lune ;
Oui, ce berceau qui se balance
Blanc sur des palmes de silence,
Et qui avance, et qui recule
Sur l'eau couleur de renoncule,
Et qui flotte sur des étoiles
En dérivant comme des voiles.
L'avez-vous vu ce berceau blanc
Et le petit cygne dedans,
Bercé, balancé, avançant
Les yeux mi-clos, le bec au vent,
Heureux, heureux comme un enfant
Sur le dos blanc de sa maman.

De Maurice Carême
Je voyage
Je m’ennuie ici, j’ai décidé de voyager
Je prends mes valises et mon short kaki.

Me voilà dans l’avion pour l’Australie.


Que les kangourous sautent haut !

Je prends mes valises et ma lampe électrique.


Me voilà dans le bateau pour l’Amérique.
Que les bisons sont bougons !

Je prends mes valises et mes bougies.


Me voilà dans le train pour l’Asie.

Que les tigres sont méchants !


Je prends mes jambes à mon cou
Me voilà en camion pour Tombouctou.

De Fabienne Berthomier
L’air en conserve
Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !

Respirez à fond ! Quelle force !


La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,

Les arômes de la forêt...


Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais..

De Jacques Charpentreau
L’été
C'est une fête en vérité,
Fête où vient le chardon, ce rustre ;
Dans le grand palais de l'été
Les astres allument le lustre.

On fait les foins. Bientôt les blés.


Le faucheur dort sous la cépée ;
Et tous les souffles sont mêlés
D'une senteur d'herbe coupée.

De Victor Hugo
Aube
Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté.
Le ciel d'aube est d'un bleu suave et velouté.

C'est le premier oiseau qui s'éveille et qui chante.


Écoute ! les jardins sont frémissants d'attente.

Écoute ! un autre nid s'éveille, un autre nid,


Et c'est un pépiement éperdu qui jaillit.

Qui chanta le premier ? Nul ne sait. C'est l'aurore.


Comme un abricot mûr le ciel pâli se dore.

Qui chanta le premier ? Qu'importe ! On a chanté.


Et c'est un beau matin de l'immortel été.

De Cécile Périn
C’est l’été !
Trois petits moustiques
M'ont piqué :
Un sur le front
Un sur le nez
et le troisième
Au bout du pied !

Trois petits boutons


Ont poussé :
Un sur le front
Un sur le nez
et le troisième
Au bout du pied !

Me voilà tout défiguré,


C'est l'été !

Anonyme
L’été
Silence
silence
l’été
se balance
où l’oiseau
se tait

l’herbe
séchée
tremble
dans l’air
brûlé

silence
silence
l’été
chante
dans
les blés.

De Maurice Carême
Trois cerises rouges
Trois cerises rouges
Tout en haut d'un cerisier
Se balancent
Se balancent...
Je ne peux pas les attraper...

Trois groseilles rouges


Pendues à leur groseillier
Se balancent
Se balancent...
Le pinson les a gobées...

Trois petites fraises rouges


Bien cachées sous les fraisiers....
Pas de chance
Pas de chance !
L'escargot les a sucées !

Trois framboises rouges


Dressées sur leur framboisier
Je m'avance
Je m'élance...
C'est moi qui les ai mangées !

D’Elisabeth Ayanidès
Les papillons
De toutes les belles choses
Qui vous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ?
- Moi, les roses;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert;
- Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons;
- Moi, le rossignol qui chante;
- Et moi, les beaux papillons.
Le papillon, fleur sans tige
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau.

De Gérard de Nerval
Offrande
Au creux d’un coquillage
Que vienne l’heure claire
Je cueillerai la mer
Et je te l’offrirai.
Y dansera le ciel
Que vienne l’heure belle.
Y dansera le ciel
Et un vol d’hirondelle
Et un bout de nuage
Confondant les images
En l’aurore nouvelle
Dans un reflet moiré
Dans un peu de marée
Dans un rien de mirage
Au fond d’un coquillage.
Et te les offrirai.

D’Esther Granek
Iles
Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu’à vous.

De Blaise Cendrars
La mer
La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée,
Qui l’a remontera ?
La mer s’est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.

De Jacques Charpentreau
Oiseaux de mer
Mouettes, gris et goélands,
Mêlent leurs cris et leurs élans.
Leur vol fou qui passe et repasse,
Tend comme un filet dans l'espace.
Mouettes, goélands et gris,
Mêlent leurs élans et leurs cris.
Holà ! Ho ! du cœur à l'ouvrage !
La mer grossit.
Proche est l'orage.
Mouettes, goélands et gris,
Mêlent leurs élans et leurs cris.

De Jean Richepin

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