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Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

ECONOMIE PUBLIQUE ET FINANCIERE

ELEMENTS DE COURS
Pr Abdoulaye Cheikh DIAGNE

Economie Publique et Financière Dr Abdoulaye Cheikh Diagne


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PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE

CHAPITRE 1 : Les approches doctrinales


Introduction

Section 1 : L’approche classique (19e siècle)

Section 2 :L’Etat et la pensée socialiste

Section 3 : L’approche de Keynes

CHAPITRE 2 : les fondements théoriques de l’interventionnisme

Introduction

Section 1 : L’approche de Musgrave

Section 2 : Le problème des débouchés

Section 3 : Le problème du chômage

Section 4 : L’inflation

CHAPITRE 3 : Les objectifs politiques

Introduction

Section 1 : Les motivations des hommes politiques

Sections 2 : Le marché politique

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CHAPITRE 4 : Les politiques économiques et leurs instruments

Introduction

A. LA POLITIQUE ECONOMIQUE

Section 1 : La politique conjoncturelle

Section 2 : La politique structurelle

B. LES INSTRUMENTS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

Section 1 : La politique monétaire

Section 2 : La politique de change

Section 3 : La politique budgétaire

Section 4 : la politique des revenus et des prix

CHAPITRE 5 : La maitrise des dépenses et des recettes publiques

INTRODUCTION

Section 1 : Les contraintes politiques

Section 2 : Les contraintes économiques et financières

Section 3 : Les déterminants de l’action budgétaire et l’évaluation du

Poids des administrations publiques.

CONCLUSION

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L’ECONOMIE PUBLIQUE ET FINANCIERE

Introduction
L’intervention institutionnelle en tant que tel dans le domaine économique est
concomitante à la naissance et au développement des Etats. Nous pouvons
donc dire que déjà les empires féodaux du 15e siècle consacraient cette
pratique à la dimension de la sphère économique de l’époque. Cependant
l’ampleur des interventions publiques dans le domaine économique au 20e
siècle est sans précédant. Désormais cette action ne se limitait plus à la
conjoncture : (promouvoir la croissance et chercher à atteindre certains
objectifs sociaux). Elle vise en plus à modifier les structures de l’économie -
(c’est en cela que l’on dit souvent que la politique économique et financière
est une technique récente). En effet elle porte sur le choix ou plutôt les
compromis entre des objectifs parfois complémentaires et souvent divergents.
La réalisation des objectifs nécessite la mise en application d’instruments de
politiques économiques. Avec la mondialisation des économies, les politiques
économiques et financières conçues dans le cadre nationale vont imposer une
plus grande coopération des Etats en matière de politique économique et
financière, c'est-à-dire s’intéresser aux problèmes d’affectation de ressources
de redistribution des revenus de maintien du plein emploi de la stabilité du
niveau des prix et de la garantie de la croissance économique.

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CHAPITRE 1 : LES APPROCHES DOCTRINALES

Introduction

Section 1 : L’approche classique (19e siècle)

Pour les classiques dont la logique repose sur la loi des débouchés ou loi de
J.B.Say tout ce qui est produit peut être vendu à un prix raisonnable. Donc il
ne peut y avoir de surproduction généralisée et durable. L’Etat stationnaire s’il
est concevable sera contourné grâce au progrès technique. Pour eux il existe
comme un ordre naturel que l’on peut aussi appeler la loi du marché qui, si
elle est assuré permet de réaliser l’équilibre général et cela de manière
spontanée. Et pour que la loi du marché puisse être protégée, il faut éviter
l’intervention de l’Etat dans le domaine économique. Cela vaut aussi pour les
relations économiques internationales. Les interventions de l’Etat sont donc
nuisibles.

L’action de l’Etat doit se limiter à la défense des institutions nécessaires au


développement de la libre concurrence (contrat individuel et propriété privée)
et cela par la prise en charge des services publics non rentables financièrement
(justice, sécurité infrastructure)

Pour A. Smith, la société est essentiellement un échange de services entre les


individus et l’ordre social repose sur la tendance à admirer les riches et les
puissants et donc à leur obéir. Donc la société n’est pas parfaite du fait de
l’opposition entre justice sociale et l’ordre économique réalisé à travers les
intérêts individuels. Cependant pour A . Smith la liberté dans la poursuite de
l’accumulation de la richesse est la condition de tout progrès économique et
les injustices qui peuvent en découler ne sont pas aussi inacceptables qu’on
pourrait le croire. La liberté et la division du travail sont les conditions
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suffisantes à la création de la richesse. L’abstention de l’Etat est exigée au nom
de la justice et de l’égalité c’est un moindre mal. Ricardo dans ses
développements souligne que le libre échange (le laissé faire) est toujours
avantageux pour les pays qui le pratiquent.

Section 2 : L’Etat et la pensée socialiste

a) Le socialisme associationniste

Depuis les temps anciens (renaissance) des hommes se sont constitués de


petits groupes séparés du plus grand nombre afin de mener une vie plus
parfaite au nom d’un christianisme épuré. Cet idéal de vie est réapparu au
début du 19e siècle avec des penseurs ou promoteur de la conception
naturaliste de l’homme. Ils sont représentés par Charles Fourier en France et
Robert Owen en Angleterre. Pour eux les passions humaines sont
fondamentalement bonnes et la science de l’homme repose sur la théorie des
attractions et répulsion passionnées. Les lois de l’attraction passionnée sont
conformes à celles de l’attraction matérielle présentée par Newton. Ce qui fait
qu’il y’a unité du système de mouvement pour le monde matériel et le monde
spirituel. L’Etat social qui permet aux tendances naturelles de s’exercer
librement c’est l’harmonie qui est caractérisée par la généralisation du
phalanstère (association de travail et de vie formée par un nombre déterminé
de personnes). Au-delà du phalanstère le mouvement coopératif à partir de
1817 à pour objectif de supprimer la propriété privée. Les associationnistes
ignorent l’Etat. Pour eux, la nation doit être constituée de la juxtaposition de
phalanstères s’administrant eux même.

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b) Le socialisme technocratique

Ce courant de pensée est surtout représenté par Saint-Simon (1760-1825) qui


pensait que la société doit être fondée sur le pouvoir des prêtres et des chefs.
Dans le même temps il pensait que l’ancienne religion et l’ancien pouvoir
politique sont révolus et que par conséquent il faut trouver des fondements
aux nouveaux pouvoirs ce qui passe par la science et l’industrie. Par
conséquent les nouveaux chefs seront les industriels, et les savants les
nouveaux prêtres. Saint Simon refuse l’idée selon laquelle l’égoïsme des
individus peut contribuer à l’ordre social. Ce qu’il veut lui réaliser c’est la
fraternité universelle des hommes. Ce socialisme doit être fondé sur une étude
scientifique de l’histoire que Saint Simon l’appelle l’industrialisme qu’il
distingue de libéralisme. Ce système Saint Simonien est organisé sur la base de
l’obligation et de l’organisation du travail (socialisme) au service de
l’amélioration de l’existence morale et physique de la classe la plus faible.

L’industrie doit s’organiser par elle-même loin des interventions de l’Etat, le


but ultime étant le remplacement du gouvernement des hommes par
l’administration de choses. On retrouve ici l’idée du dépolissement de l’Etat le
pouvoir politique revenant aux industriels

c) La philosophie politique de Hegel

Hegel (1770-1831) est considéré comme le plus grand philosophe depuis


Aristote. Il est important parce qu’il a renouvelé la philosophie en créant une
nouvelle méthode d’analyse : la méthode dialectique.

La philosophie métaphysique et Kantienne considérait que la loi de la


contradiction était le principe auquel était soumise la pensée logique. (Si une

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chose possédait une qualité, elle ne pouvait pas posséder son contraire). Telle
est la base de la constitution des sciences exactes.

Pour Hegel il faut arrêter de considérer la loi de la contradiction comme le


principe suprême de la logique et considéré au contraire que le monde dans
son essence est une unité entre des opposés.

Exemple : L’homme est la première réalité pour lui-même : chercher à se


comprendre se heurte à une contradiction ; l’homme est à la fois pensée
supranaturelle et corps naturel.

Pour contourner cette contradiction les métaphysiciens comme Fichte


considéraient que la nature est une création du moi qui lui représente l’absolu.

S’il existe quelque chose en dehors de l’absolu, c’est que l’absolu est limité ce
qui entraine qu’il n’existe pas d’absolu.

La seule démarche acceptable selon Hegel est la démarche dialectique selon


laquelle pour comprendre une réalité il ne faut pas chercher à éluder les
contradictions mais les considérer comme essentielles et permanentes.

Ainsi, comprendre l’homme ce n’est pas chercher à établir une priorité de la


conscience sur la nature et inversement, c’est considérer que la conscience
n’existe que si son opposé le corps, la nature est en face d’elle et inversement.
Autrement dit, il n’y a pas de conscience pure il n’y a que des consciences
incarnées tout comme il n’y a de nature que pour la conscience. Cette nouvelle
conception traite la question importante de la liberté.

La liberté est ce qui caractérise la rationalité, elle est ce qui en soi supprime
toute limitation. Mais dans une communauté de vie avec autrui elle doit être

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abandonnée pour rendre possible la liberté de tous les êtres raisonnable. La
liberté doit se supprimer elle-même pour être liberté.

L’idéal des libéraux d’une société fonctionnant entièrement sans autorité grâce
aux lois économiques est inacceptable puisque niant l’Etat ils suppriment la
véritable liberté et traitent l’homme comme un être naturel quelconque.

Or la liberté humaine existe par la création d’institutions sociales et par la


prise de conscience du fait que ces institutions sont la propre création de
l’homme. Ce dernier mène dans la société rationnelle une vie politique libre
parce que l’Etat n’est rien d’autre que l’esprit humain devenu objectif.
L’économie politique montre que l’excès de richesse de la société civile
cohabite avec la grande misère. C’est pourquoi l’Etat doit crée les institutions
qui permettent de dépasser les contradictions de la société civile sans se
substituer aux lois du marché.

d) La pensée de Marx

Dans la phénoménologie de l’esprit, Hegel écrit qu’il est vain de penser que la
société dans son développement puisse atteindre un stade ou les hommes
soient libres totalement.

En effet les structures sociales sont toujours aliénantes en elles mêmes et


l’individu doit toujours faire l’effort pour prendre conscience de sa fonction
dans la société et devenir ainsi libre. Cette attitude de Hegel vis-à-vis de
l’action politique est-elle défaitiste? C’est ce que pense Karl Marx

Marx, pour montrer que l’aliénation n’est pas immuable, va développer sa


critique de la propriété privée et préconiser sa suppression car son institution
entraine la déshumanisation de l’homme et son aliénation.

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Les conflits nés de cette aliénation ne peuvent être résolus par l’Etat qui est
lui-même le résultat de cette aliénation. C'est-à-dire une force organisée par
les propriétaires pour défendre leurs intérêts. L’Etat n’est pas une réalité
spirituelle dans laquelle les individus puissent se reconnaitre comme membre
d’une même communauté humaine. Par conséquent la propriété privée tout
comme l’Etat doivent être supprimés.

Section3 : l’Approche de Keynes

L’idée des théoriciens classiques et néo-classique selon laquelle une crise de


surproduction généralisée et durable était impossible est profondément
remise en cause par la grande crise économique de 1929. En effet cette crise a
touché tous les pays industrialisés avec comme conséquences des réductions
d’environ 60% du commerce international, de 75% de la valeur des actions en
bourse et de 30% des prix accompagnés par des chômeurs qui se comptaient
par millions. L’impuissance du secteur privé devant cette situation a entrainé
l’intervention de l’Etat. Cette intervention était guidée par les enseignements
de J.M.Keynes. Ce dernier analysait la crise économique comme une situation
caractérisée par une offre globale de produits et services supérieure à la
demande solvable. Les pouvoirs publics vont donc chercher à agir sur l’offre
pour la ramener au niveau de la demande, ou réduire la demande où encore
en réduisant les prix. En résumé, pour Keynes la problématique de la crise se
trouve dans la faiblesse de la demande effective c'est-à-dire la demande
anticipée de biens et service des entrepreneurs. La faiblesse de cette demande
et son corollaire les faibles perspectives de rentabilité poussent les
entrepreneurs à ne pas investir ce qui entraine la récession et le chômage.
Mais pour Keynes cette spirale de la crise économique n’est pas inéluctable car
l’Etat peut y remédier. Les thèses Keynésiennes ont abouti à une politique

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économique et financière dynamique qui a encore de nombreuses applications
dans les économies modernes.

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CHAPITRE 2 : les fondements théoriques de l’interventionnisme

Introduction

Le capitalisme moderne est un système économique mixte. La richesse crée à


pour origine et destination les consommateurs, les investisseurs privés et les
entreprises privées. Une part importante du produit national est consacrée à la
satisfaction des besoins publics tout comme une part des revenus privés
provient du budget de l’Etat. Tout cela montre que l’économie publique joue
un rôle important dans l’économie du marché. Et elle joue ce rôle en
déterminant des objectifs et instruments de politique économique.

La logique interventionniste est largement initiée pas Keynes qui part d’un
postulat inverse de celui des économistes libéraux à savoir que la libre
négociation des prix ne garantit pas l’équilibre automatique sur tous les
marchés. Dans le CT les prix et les salaires sont rigides et s’adaptent moins vite
que les quantités échangées. Le résultat essentiel est que les différents
problèmes économiques ne sont pas temporaires et ne seront pas surmontés
rapidement par un ajustement de prix. Ils sont au contraire des déséquilibres
persistants qui justifient l’intervention correctrice de l’Etat. Les quatre
principaux problèmes de l’économie nationale sont : (les débouchés, le plein
emploi, la monnaie, l’inflation et l’équilibre extérieur)

Section 1 : l’approche de Musgrave

Les finances publiques portent sur tous les problèmes de recettes et de


dépenses de l’Etat. Les problèmes fondamentaux de l’économie portent sur
l’affection des ressources, la redistribution des revenus, le maintien du plein
emploi, la stabilisation du niveau des prix et enfin la garantie de la croissance.
Donc, parler de politique économique et financière c’est réfléchir sur les
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aspects de l’économie publique qui prennent naissance dans les opérations du
budget de l’Etat.

1. L’objectif d’affection des ressources :

Cet objectif vise à assurer les ajustements nécessaires dans l’affectation des
ressources issues du fonctionnement du marché. Dans une économie libérale
le mécanisme des prix oriente l’affectation des ressources dans un sens
optimale si certaines conditions sont remplies. Dans un tel cas, l’intervention
de l’Etat n’est pas nécessaire. Si par contre l’orientation optimale n’est pas
assurée par les prix, l’Etat peut intervenir.

 Exemple
 1iér exemple : lorsque dans une économie l’organisation de
l’industrie est caractérisée par des barrières à l’entrée c'est-à-
dire la limitation du libre accès d’une entreprise dans un
secteur industriel. Dans un tel cas, l’affectation des ressources
est différente de celle qui est obtenue en régime de
concurrence pure et parfaite parce que nous sommes en
régime monopoliste. Les prix ne pouvant plus assurer
l’ajustement l’intervention de l’Etat est nécessaire à travers la
réglementation de la concurrence (législation sur l’organisation
de l’industrie, contrôle des politiques de prix et de production
des entreprises.)
 2iéme exemple
 Autre exemple : lorsque dans une industrie il y’a un problème
d’indivisibilité des facteurs, cela peut conduire à une
affectation non optimale des ressources. Le même résultat est

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obtenu dans le cas de processus de production à des couts
décroissants.
En effet, les phénomènes d’indivisibilité et de couts
décroissants peuvent conduire à une situation de monopole.
Or pour déterminer la production de manière optimale, il faut
égaliser la recette moyenne au cout marginal. Mais dans le cas
de couts décroissants ou ne peut pas s’attendre à ce que
l’entreprise face une politique pareille. Tout simplement parce
que égaliser sa recette moyenne et son cout marginal
équivaudrait à une perte pour elle. Pour que l’entreprise puisse
faire une telle politique il faut qu’elle bénéficie de subventions
affectées par l’Etat à travers sa politique budgétaire.
 3iéme Exemple: les économies et les déséconomies externes résultent
des activités d’entreprises ou de consommateurs (externalités). La
construction d’un établissement couteux peut accroitre la valeur des
propriétés voisines, l’installation du chemin de fer peut favoriser le
développement d’une région vierge. Ces installations peuvent ne pas
être rentables du point de vue privé et l’être du point de vue collectif.
Dans le même ordre d’idée se classe la pollution d’une entreprise et
ses nuisances qui représentent un cout pour la collectivité (avantages
privés différents des avantages collectifs).

L’Etat par des politiques de subventions ou de pénalités peut agir sur


l’Entreprise.

A travers tous ces exemples nous avons montré que le mécanisme des prix
entraine à des degrés divers vers une inefficacité de l’affectation des
ressources. Selon la nature et le degré de l’inefficacité une action correctrice

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peut être envisagée mais elle doit restée marginale par rapport aux
mécanismes du marché, les inefficacités prenant leurs sources accessoirement
dans la satisfaction des besoins privés. Mais il existe des situations ou les
mécanismes du marché sont inopérants, c’est le cas des besoins publics qui
recouvrent deux types de besoins : les besoins collectifs et les besoins
tutélaires.

 Les besoins collectifs

L’échange sur le marché suppose da détention de titre de propriété sur les


biens que l’on veut échanger. Si le consommateur veut disposer d’un bien il
doit accepter de payer en contre partie un prix sinon y renoncer (c’est le
principe d’exclusion).

Les biens collectifs n’obéissent pas à ce mécanisme. La satisfaction du


consommateur ne dépend pas de sa contribution individuelle.

Exemple : une campagne sanitaire : Améliorer l’hygiène de tous

: Dépenses pour le système juridique : Sécurité pour tous

Les avantages issus de ces opérations intéressent tous ceux qui vivent dans
l’endroit ou elles sont réalisées. Certains consommateurs en profitent plus que
d’autres mais chacun sait que cela ne dépend pas de sa contribution
particulière. Donc on ne peut pas compter sur une contribution volontaire de
chaque individu d’où la nécessité de l’intervention autoritaire de l’Etat (impôt)

Puisque l’individu peut obtenir sans payer les services qui satisfont les besoins
collectifs le consommateur individuel n’a pas besoin de révéler par ses offres
sur le marché ses préférences en besoin collectifs. (Il évite de provoquer
l’impôt correspondant).

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Le mécanisme du marché étant incapable de révéler les préférences en besoins
collectifs. Par quels mécanismes l’Etat doit intervenir pour déterminer les
ressources qui doivent être dégagées pour satisfaire de tels besoins?

Pour cela il faut remplacer le mécanisme du marché par un processus


politique. C'est-à-dire qu’il faut conduire les consommateurs à donner leur
adhésion à la décision du groupe.

 e) Les besoins tutélaires

Ils peuvent être satisfaits par le marché dans la limite de leur demande. Mais
on peut leur reconnaitre suffisamment de valeur pour que leur satisfaction soit
assurée par le budget de l’Etat de manière qu’ils dépassent largement l’offre
du marché.

Exemples : Repas fournis par l’Etat dans les écoles, les logements
subventionnés, l’instruction gratuite.

Les besoins tutélaires sont les besoins publics pour lesquels le principe
d’exclusion est respecté.

Les besoins collectifs relève du domaine de la souveraineté du consommateur


tout comme la satisfaction du besoin privé. La levée de l’impot réduit la
demande privée et dégage des ressources. En dépensant ces sommes on
transfert ces ressources d’un usage privé à un usage public.

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2 : L’objectif de répartition des ressources

Cette fonction de répartition est de plus en plus présente à travers le


processus financier de l’Etat. La répartition de la richesse et des revenus dans
une économie de marché dépend de plusieurs facteurs : l’instruction, le talent,
la mobilité sociale, les structures de marché. Ce qui aboutit à une répartition
qui peut sembler égalitaire pour certain et inégalitaire pour d’autres.

Selon les classes sociales, les philosophies sociales les conceptions de l’égalité
ou de l’inégalité ne sont pas toutes semblables. Cependant il existe des
situations sur lesquelles toutes les catégories sociales sont d’accord. (Exemple
la pauvreté extrême). Ce sont ces déséquilibres qui justifient l’intervention de
l’Etat, pour réguler la répartition à travers certains mécanismes : le système
d’imposition, la législation sur le salaire minimum, le soutien des prix pour
certaines récoltes, les droits de douane, la législation sur le libre échange.
Contrairement aux dépenses et aux impôts du secteur d’affectation qui
enlèvent des ressources à la satisfaction privée pour les consacrer à la
satisfaction des besoins publics, les impôts et transferts du secteur de
répartition ont pour but de retirer à un individu la disposition de ressources qui
sont mises à la disposition d’un autre individu. La répartition des revenus obéis
à une philosophie politique qui repose sur la pensée démocratique qui
présuppose l’égalité politique et économique.

Mais cette notion d’égalité peut être sujette à différentes interprétations :

1) Elle peut être interprétée comme une égalité réelle de bien-être


économique à tout moment
2) Elle peut reposer sur le concept d’égalité des chances

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3) Elle peut être interprétée comme l’égalité maximum pour tous les
membres de la société.

Si l’on résonne en terme de bien-être, cela n’entraine pas nécessairement


l’égalité dans la répartition des ressources ce qui peut entrainer une
répartition inégale, en plus on ne peut pas raisonnablement comparer le bien-
être d’individus différents.

Si c’est la notion d’égalité des chances, on peut la comprendre au sens de


possibilités égales (d’instruction, de travail offert selon les capacités réelles de
l’individu et non selon ses relations) tout cela implique la mobilité sur l’échelle
des revenus.

La recherche d’un état satisfaisant de répartition conduit à des problèmes


éthiques, socio politiques et économiques complexes au delà des problèmes
techniques.

Section 2 : le problème des débouchés

Selon la loi des débouchés, il existe toujours une demande suffisante pour les
biens et services produits. Puisque la dépense globale d’un pays est égale au
revenu national qui est lui-même équivalent à la production.

 Premier objection à la loi des débouchés

Même si la valeur totale de l’offre est égale à la valeur de la demande la


structure par produit de l’offre est celle de la demande ne sont pas
nécessairement identique car on peut constater une surproduction temporaire
dans certains secteurs et une sous-production (pénuries) dans d’autres
secteurs. A chaque recul de la production la demande de travail se réduit et le
chômage apparait.

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Le déséquilibre qui était partiel se transforme en déséquilibre général.

 Deuxième objection à la loi des débouchés

Une partie des revenus distribués n’est pas dépensée en biens de


consommation mais épargnée. Une partie de cette épargne finance des
investissements l’autre partie peut être thésaurisée (conservée sous forme
liquide).

Dans ce cas la dépense globale peut être inférieure à la production. Pour la


théorie classique de la monnaie cette objection ne tient pas parce que la
monnaie ne sert qu’à faciliter les échanges elle ne peut être ni désirée ni
détenue pour elle-même.

Dans l’optique Keynésienne comme dans la réalité la monnaie joue aussi le


rôle de réserve de valeur. Donc une part importante du Revenu national peut
se trouver détenue sous forme de monnaie non dépensée ce qui pose un
problème de débouchés. (Cette objection est relative de nos jours parce que
l’argent thésaurisé est dans des comptes bancaires que les banques peuveut
prêter).

 Troisième objection à la loi des débouchés :

Même si la totalité de l’épargne est utilisée à des dépenses d’investissement. Il


faut que la répartition de la production entre biens d’investissement et biens
de consommation décidée par les producteurs corresponde à la répartition des
Revenus des ménages entre consommation et épargne.

Hors dans la réalité on peut manquer d’épargne par rapport aux besoins
d’investissement des entreprises et Inversement les ménages peuvent choisir

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une épargne forte par rapport à la demande d’investissement et donc une
consommation faible pour écouler tous les biens produits.

Pour les libéraux ce problème peut être réglé par les fluctuations des taux
d’intérêt qui sont censés assurer l’équilibre entre épargne et investissement.
Cette conception est contestée par Keynes. Car dans la réalité les taux d’intérêt
ne sont pas le principal déterminant de la répartition du Revenu entre épargne
et consommation. En effet la majorité des ménages déterminent d’abord leur
consommation en fonction de leurs revenus courants ou anticipés. Ils
cherchent en priorité à atteindre un certain degré de satisfaction en
consacrant une fraction relativement stables de leur Revenu à la
consommation (fraction appelée propension à consommer). Donc l’épargne
est un résidu et elle dépend plutôt du Revenu que du taux d’intérêt. Par
conséquent si la consommation est insuffisante (et l’épargne trop abondante)
pour écouler la production on ne peut compter comme le prétendent les
libéraux sur la baisse des taux d’intérêt.

En conclusion sur la question des débouchés les mécanismes d’ajustement par


les variations des prix ou des taux d’intérêt ne jouent pas.

Section 3 : Le problème du chômage

Pour les classiques et néo-classiques le chômage n’est pas le signe d’une


inefficacité fondamentale des mécanismes de l’économie de marché, mais
plutôt un signe de manque de liberté. Car ce sont les rigidités institutionnelles
des salaires qui entravent le fonctionnement du marché du travail. Dans la
réalité on remarque que soit les baisses de salaires ne se produisent pas ou si
elles se produisent n’entrainent pas de réduction du chômage. D’ailleurs la

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rigidité des salaires ne reflète pas uniquement des réglementations et des
institutions qu’il suffit de supprimer pour rétablir la flexibilité salariale.

Il s’y ajoute que l’analyse économique moderne montre que les employeurs
eux même ont intérêt à rendre les salaires assez largement indépendants des
fluctuations de la conjoncture. En effet le fait de pratiquer des conditions
d’emploi et de rémunération stables par rapport à la conjoncture permet de
recruter des travailleurs de qualité à moindre cout (théorie des contrats
implicites).

En période de récession les employeurs évitent autant que possible de


remettre en cause les contrats de travail de leurs salariés expérimentés pour
éviter les départs qui entrainent la perte des investissements passés de
l’Entreprise en capital humain. (Théorie du capital humain)

Enfin la (théorie du salaire d’efficience) montre que dans bien des cas la
productivité du salarié est affectée par les variations de salaire. En offrant sa
force de travail, l’employé met à la disposition de l’employeur non seulement
une partie de son temps de travail, mais aussi un certain degré d’application
dans son travail. Donc son effort dépendra pour une part de son sentiment
d’être bien payé par son employeur. Donc la rigidité des salaires peut refléter
le choix rationnel des employeurs et non des blocages institutionnels et
réglementaires.

Section 4 : L’inflation

Pour que les prix augmentent il faut que les agents puissent dépenser un
nombre plus important d’unités monétaires. Donc on peut admettre avec les
monétaristes que l’inflation est un phénomène monétaire. Mais cela

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n’implique pas que l’origine de l’inflation soit de nature monétaire, les prix
augmentent parce que le demande globale est supérieure à l’offre globale

 Les sources de l’inflation sont multiples :


1) Pression de la demande (croissance des exportations, croissance
des dépenses publiques, décroissance de l’épargne, croissance du
crédit)
2) Recul de l’offre (croissance des couts de production entrainée par
un choc pétrolier, une croissance des salaires ou des taxes sur les
produits)
3) Déséquilibre structurel entre l’offre et la demande
(l’investissement est une dépense immédiate qui alimente la
dépense alors que l’offre de biens supplémentaires est décalée
dans le temps.)
4) Déséquilibre structurel entre l’offre et la demande lié au
développement des services publics non marchands (distribution
immédiate de revenus qui alimentent la dépense sans
développement de l’offre de marchandises).
5) Inflation structurelle par les couts liée aux désaccords entre
employeurs et employés sur le partage de revenus entre le travail
et le capital. (désaccord qui entraine des revendications de
hausses de salaires suivies de par des croissances de prix qui
entrainent de nouvelles revendications de hausses de salaires.)
6) Inflation structurelle par les couts liée à une atténuation de la
concurrence/ (les entreprises répercutent systématiquement la
croissance des couts sur les prix plutôt que de baisser d’autres
couts ou améliorer la productivité).

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L’expansion monétaire peut stimuler la production et l’emploi et sa restriction
peut avoir l’effet inverse. Car les entreprises réagissent souvent au recul de la
demande par une réduction de la production et de l’emploi plutôt que par des
baisses de prix. Le contrôle de la masse monétaire s’il permet en général de
juguler la croissance des prix ne résous pas les déséquilibres réels qui sont à
l’origine des pressions inflationnistes et il a un cout, certain en termes
d’activité et de chômage.

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CHAPITRE 3 : les objectifs politiques

Introduction

La conception traditionnelle de la politique économique repose sur trois


hypothèses :

1) Une combinaison particulière des objectifs suffit à assurer le bien être de


la population.
2) Les décideurs politiques sont guidés par la seule recherche de l’intérêt
général.
3) Les décideurs politiques essayent d’Appliquer au mieux les résultats de
l’analyse Economique.

Si tel est le cas le problème de la politique économique se ramène à un simple


débat technique c'est-à-dire quels sont les instruments les plus efficaces pour
atteindre les quatre cibles (croissance-emploi-stabilité de prix équilibre
externe).

Cette vision habituelle de la politique économique et financière est remise en


cause par l’école des choix publics à partir des années 1960 avec des
théoriciens comme James Buchanan, Gordon Tullock (1962) et Mancur Olson
(1965)

L’école des choix publics applique les méthodes de raisonnement économique


à l’étude des choix politiques. Or le point de départ de toute analyse
économique des comportements repose sur l’hypothèse que les décideurs
cherchent à satisfaire leurs besoins propres, ce qui n’est pas compatible avec
les objectifs habituels de la politique Economique. Cela veut dire que les
différents choix possibles de politique Economique n’ont en effet pas les

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mêmes résultats négatifs sur chaque individu ou groupes d’individus.
Autrement dit, toute décision publique transforme la répartition des avantages
et des inconvénients que chaque groupe d’individus retire ou subit du fait de
sa participation à l’activité de la nation.

On est là au cœur du débat politique que l’on peut centrer sur quatre
questions :

1) Qu’est ce qui est bon pour la collectivité ?


2) A qui doivent profiter en priorité les interventions de l’Etat ?
3) Qui doit supporter les couts des interventions de l’Etat ?
4) Comment faire la part entre la liberté d’action des individus et les
interventions de l’Etat ?

La définition des bonnes politiques économiques résulte du débat politique et


débouche sur des décisions d’hommes politiques. On ne peut pas demander à
l’économiste de pratiquer les bonnes politiques économiques car le problème
fondamental n’est pas d’appliquer au mieux les résultats de la politique
économique.

Section 1 : Les motivations des hommes politiques

L’idée que les hommes politiques sont mus par l’intérêt général se heurte à
une impossibilité technique et une objection méthodologique.

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 L’impossibilité d’identification des préférences collectives.

Si les hommes politiques recherchent l’intérêt général encore faut il qu’ils


sachent qu’elles sont les préférences des individus et que ces dernières
indiquent des choix collectifs cohérents.

En démocratie on essaye de résoudre cette question par les consultations et


votes auxquels sont conviés régulièrement les citoyens. On considère alors que
l’intérêt général se confond avec intérêt de la majorité. Ce qui est contesté. La
difficulté de confondre l’intérêt général et l’intérêt de la majorité est exprimée
dans ce que l’on appelle le paradoxe de Condorcet que l’on présente de ma
manière suivante :

Trois (3) individus sont consultés sur leurs préférences entre trois (3) situations
A, B et C chacun exprime un classement cohérent dans le tableau suivant :

Choix par ordre de préférence

1iér individu A préféré à B préféré à C

2iéme individu B préféré à C préféré à A

3iéme individu C préféré à A préféré à B

La règle majoritaire débouche sur des choix collectifs incohérents.

On constate que la majorité préfère A à B et B à C (par deux voix contre une).

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Si les décideurs politiques ne tiennent compte que de cela ils peuvent être
amenés à considérer que A est supérieur à C du point de vue de la majorité ce
qui n’est pas exact car une majorité préfère C à A.

Le Prix Nobel Arrow J.K à généralisé ce résultat. Il montre qu’il n’existe aucune
procédure non dictatoriale de révélation des préférences individuelles
susceptibles de garantir la cohérence des choix collectifs. Cette démonstration
est connue sous le nom de théorème d’impossibilité d’Arrow 1951.

La démocratie directe si elle veut consulter chaque citoyen sur chaque


question alourdirait le cout de la démocratie et cela inutilement car cela ne
permettrait pas de définir clairement l’intérêt général. C’est pourquoi elle
laisse la place à la démocratie représentative ou les citoyens ne se prononcent
plus sur chaque question mais sur un programme général et sur des hommes
chargés de les représenter ou de les diriger pendant quelques années.

Cela entraine le développement d’une profession chargée de définir et


appliquer les programmes politiques : les hommes politiques. L’impossibilité
de définir de manière incontestable l’intérêt général laisse une marge de
manœuvre aux hommes politiques et puisqu’ils ne sont soumis à la sanction
des électeurs qu’à intervalle de temps plus ou moins long, ils peuvent alors
faire jouer un rôle important à leurs objectifs personnels.

Si les hommes politiques ne sont pas plus altruistes que les autres, il est
raisonnable de supposer que la politique devrait logiquement attirer les
personnes particulièrement motivées par la lutte pour le pouvoir, son
exercice, la popularité ou la reconnaissance de leur rôle dans l’histoire. Cela
n’exclut pas qu’il existe des hommes politiques parfaitement désintéressés qui
ne sont pas motivés par le pouvoir. Mais les politiques économiques sont

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mises en œuvre par des hommes qui accèdent au pouvoir et ce dernier est
exercé par ceux qui sont les plus efficaces dans la conquête et le maintien au
pouvoir. On peut donc dire qu’il existe un marché politique qui assure la
sélection parmi les prétendants au pouvoir. La vision économique de la vie
politique part du postulat fondamental de l’analyse économique : Tous les
comportements sont déterminés par la recherche du maximum de satisfaction
personnelle des décideurs. Il existe d’autres visions comme la vision idéaliste
qui considère que les hommes politiques cherchent à appliquer des idées et La
vision marxiste qui considère que les hommes politiques représentent une
classe sociale. La vision économiste n’exclut d’ailleurs pas la possibilité pour
des hommes politiques de défendre des idées ou des intérêts particuliers mais
les considère comme des objectifs intermédiaires. La vision économique de la
politique est un instrument pour comprendre les décisions politiques.

Section 2 : Le marché politique

Le marché politique est le lieu ou les décisions sont d’une manière ou d’une
autre le résultat d’une interaction entre les demandes des individus des
groupes de pression et les offres des leaders et des partis politiques.

a. L’offre politique :

Elle est le fait des hommes politiques qui sont associés dans des entreprises ou
firmes politiques, appelées communément les partis ou mouvements
politiques qui ont deux (2) objectifs principaux :

1) Maximiser leur part de marché (% d’opinion favorables, % de sièges


obtenus aux élections).
2) La conquête du pouvoir ou le maintien au pouvoir.

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Ces deux (2) objectifs ne sont pas toujours compatibles et leur hiérarchie varie
selon les circonstances.

Exemple : Un président trop âgé pour se représenter ou dont le mandat n’est


pas renouvelable peut ne plus travailler pour la conquête du pouvoir et
privilégier sa popularité et son image dans l’histoire.

Autre exemple : Un parti peut craindre le pouvoir s’il risque de le conquérir ou


d’y participer à un moment où le pays est confronté à des difficultés
insurmontables auxquelles il ne tient pas à être associé.

A l’instar des problèmes qui peuvent apparaitre dans les grandes firmes ou
entreprises, des divergences d’intérêts peuvent exister entre les firmes
politiques et leurs patrons. Les leaders utilisent les partis comme instrument
de leurs ambitions personnelles alors que les militants voient dans les leaders
un instrument au service du parti.

Il existe donc un marché politique interne ou les hommes politiques tentent


de conquérir et exercer le pouvoir (dans les partis) et un marché politique
externe ou les hommes politiques luttent pour le pouvoir.

b. La demande politique :

Les individus et les organisations ont tous des souhaits quant aux décisions
publiques. Ils sont demandeurs soit de mesures répondant à leur vision de
l’intérêt particulier soit de mesures conformes à leur vision de l’intérêt
général. Ils peuvent exprimer cette demande par le sens de leur vote, par des
manifestations collectives en faveur de telle ou telle proposition, par des
grèves, par des rencontres avec les élus etc.

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 Les groupes de pression :
Lorsqu’il existe des intérêts communs entre un nombre important
d’individus, alors la demande politique est exprimée à travers un groupe de
pression qui tente de centraliser et homogénéiser les demandes
individuelles pour en augmenter l’influence auprès des décideurs. (syndicat,
Association etc.). Dans une certaine mesure les groupes de pression à partir
d’une certaine taille créent un marché politique secondaire, car certains
individus se spécialisent dans la conquête et l’exercice du pouvoir au sein
des organisations syndicales et associations.
 L’ignorance rationnelle :
L’école des choix publics considère que l’individu ne connait pas avec
précision quelles politiques sont les plus à même de répondre à sa
demande. Car cela supposerait qu’il connaisse avec précision plusieurs
dossiers et problèmes complexes.
Cela suppose aussi de la part du citoyen un investissement qu’il n’est pas
en général prêt à consentir. Tout cela fait qu’en matière de choix
politique une certaine ignorance est rationnelle.
 L’équilibre du marché politique.
Les décisions publiques reflètent un équilibre entre l’offre et la demande
politique.
Le fonctionnement du marché politique est constitué par un processus
permanent de circulation de l’information sur les interventions de l’Etat.
Plus la concurrence entre les programmes politiques, les connaissances
des citoyens sur le fonctionnement de la société et la libre circulation de
l’information politique sont développées plus les gouvernements sont
contraints d’adapter leurs actions dans un sens conforme aux intérêts du
plus grand nombre. Mais concrètement nous savons que la concurrence
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sur le marché politique peut être limitée par le poids des grands partis,
par le mode de sanction majoritaire et surtout par l’ignorance
rationnelle qui donne une grande marge de manœuvre aux
gouvernements qui sont par la suite peu enclin à améliorer l’information
de l’opinion publique.
Finalement pour l’école des choix publics des politiques efficaces au sens
économique du terme peuvent être inefficaces politiquement parce que
l’opinion ne partage pas encore la même information que les
économistes.

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CHAPITRE 4 : Les Politiques Economiques et leurs instruments

Introduction

A) La politique économique :

La politique économique peut se définir comme l’ensemble des mesures prises


par l’Etat pour agir sur la conjoncture ou modifier les structures de l’économie.
Par conséquent on peut distinguer la politique économique de type
conjoncturelle et la politique économique de type structurelle.
SECTION1 : La politique conjoncturelle
C’est une politique de court terme qui cherche à agir sur les principales
variables macroéconomiques que sont la croissance de la production, la
variation des prix, les soldes extérieurs et les soldes publics.
Les résultats de cette politique sont représentés et évalués grâce au <<carré
magique>> de Kaldor dont les quatre paramètres principaux présentés sur un
même graphique sont :
-la situation extérieure
-la situation budgétaire
-le taux d’inflation
-le taux de chômage.
La politique conjoncturelle traditionnelle peut être soit une politique de
relance soit une politique de rigueur.
 La politique de relance
Elle a pour objectif de relancer la production et l’emploi. Dans ce cadre les
pouvoirs publics utilisent des politiques monétaires et budgétaires expansives
en vu d’accroitre la demande. Ils peuvent aussi augmenter les revenus faibles,
les prestations sociales et créer des emplois publics.

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Cette augmentation de la demande est censée grâce à l’effet du multiplicateur
entrainer une augmentation plus que proportionnelle de la production
nationale. Cette politique peut avoir deux effets pervers à savoir :
1) La forte ouverture sur l’extérieur d’une économie adoptant une telle
politique peut entrainer la dégradation de la balance des paiements courants
du fait que la croissance de la demande stimule les importations et la baisse
des taux d’intérêts provoque une sortie de capitaux.
2) Si l’économie est proche de la saturation de ses capacités de production,
l’offre ne peut augmenter à court terme ce qui favorise l’inflation sans
augmentation de PIB.
 La politique de rigueur
Cette politique a pour objectif prioritaire la lutte contre l’inflation et
l’amélioration des soldes extérieurs et publics. Pour cela elle va rechercher
l’équilibre budgétaire, favoriser les politiques monétaires restrictives et des
politiques de ralentissement de la croissance des revenus tout ceci pour freiner
la demande.
L’inflation recule (désinflation) et les comptes extérieurs peuvent s’améliorer.
Cette politique peut avoir comme effet pervers de provoquer une récession de
la demande suivie d’un fort ralentissement de la croissance qui entraine une
hausse du chômage.

 Les nouvelles orientations de la politique conjoncturelle et la


mondialisation

 Les Nouvelles orientations :

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La stagflation (chômage et inflation en même temps) qui a marqué les années
1970 a remis en cause la symétrie entre l’inflation et le chômage et du même
cout a rendu moins efficaces les politiques conjoncturelles traditionnelles. Dès
le début des années 1980 une gestion restrictive de l’économie domine. Elle a
pour objectif de lutter contre l’inflation par la hausse des taux d’intérêts, de
rechercher l’équilibre budgétaire, de modérer la demande, de restaurer les
profits pour favoriser l’investissement. Cette politique restrictive même si elle
ressemble à la politique de rigueur s’en distingue pour trois raisons :
-c’est une politique de LT
-elle est mise en œuvre dans un contexte de chômage
-elle est d’inspiration libérale et non keynésienne.
C’est pourquoi désormais plutôt que d’utiliser les termes de politique
conjoncturelle ou politique de rigueur on parle de politiques discrétionnaires
(court terme) et politiques de règle (long terme).

 La Coordination des politiques conjoncturelles :


L’interdépendance des économies avec la mondialisation rend les transferts
d’impacts importants entre pays.
En effet la politique de relance qui cherche à l’augmenter la demande et
baisser les taux d’intérêts dans le contexte de la mondialisation fait que la
baisse des taux d’intérêts renforce l’inflation qui réduit la compétitivité ce qui
provoque la fuite de capitaux.
Par conséquent la forte insertion d’un pays dans la mondialisation des
échanges commande pour plus d’efficacité qu’il se concerte (difficile) avec ses
partenaires de zone économique.
Mais dans ces espaces économiques et monétaires les marges de manœuvre
des Etats sont moins importantes du fait du rôle accru de la banque centrale
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Page 34
(contrainte) dans la politique monétaire, mais aussi de l’effet des critères de
convergence, des pactes de stabilité et de croissance qui limitent les déficits
publics.

SECTION 2 : La politique structurelle


Avant les années 1980 la politique structurelle était marquée par
l’interventionnisme de l’Etat et après cette date c’est le désengagement de
l’Etat qui est marquant.
 la politique structurelle avant 1980
Elle est marquée par deux choses, la, planification et la politique industrielle.
Dans le cadre de la planification l’Etat après concertation avec les partenaires
sociaux fixait des objectifs à atteindre et proposait les mesures à prendre grâce
aux simulations des modèles économétriques. Seul le secteur public était tenu
de respecter ces recommandations.
Le secteur privé restant libre de ses décisions, même si des incitations fiscales
ont été utilisées pour orienter ses choix.
Dans le cadre de la politique industrielle l’action des pouvoirs publics vise à
structurer le système productif et pour cela ils peuvent utiliser différentes
procédures :
- Orienter l’industrie à l’aide des marchés publics
- Mettre en place des législations contraignantes pour les entreprises
(dans le domaine de la concurrence ou des investissements)
- L’Etat prend en charge une partie des dépenses de recherche-
développement.
La politique industrielle s’est développée à partir de deux orientations
(aujourd’hui décriées) :

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- La politique des créneaux (spécialisation dans des produits ou groupes
de produits porteurs)
- La politique de filière (maîtriser une filière par une intégration verticale)

 La politique structurelle depuis 1980


A partir de cette date la politique structurelle cherche à rétablir les
mécanismes du marché en favorisant le désengagement de l’Etat, la
privatisation, la dérèglementation (la suppression des monopoles,
l’assouplissement du droit du travail, la libéralisation des prix, la suppression
de l’encadrement du crédit).

B) Les instruments de politique économique


Section 1 : La politique monétaire :

Les pouvoirs publics utilisent la politique monétaire pour contrôler la création


monétaire et les taux d’intérêt. Cette politique est déterminée soit par le
gouvernement soit par la banque centrale. La création monétaire est soumise
à deux contraintes à savoir :

 L’existence d’une demande de monnaie par les agents non financiers.


 La nécessité de faire face aux retraits des clients en billets.

 Les banques créent de la monnaie par rapport aux besoins de liquidité


des agents non financiers. Elles créent de la monnaie scripturale (par
écriture dans les comptes) en contrepartie de trois grands types de
créances : crédits à l’économie (aux ménages et aux entreprises)
créances sur le trésor public, créance sur l’étranger (avoirs libellés en
devises).

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 Les clients des banques peuvent avoir une préférence pour les billets or
les banques commerciales ne peuvent émettre des billets. Elles ce les
procurent en effectuant des retraits sur leur compte à la banque
centrale ou leur caisse, cela ne dépend pas simplement du bon vouloir
des banques.

Quand une banque ne dispose pas d’un crédit suffisant à la banque centrale
pour satisfaire ses besoins en monnaie banque centrale, elle peut emprunter
sur le marché monétaire auprès des banques qui disposent d’un compte
créditeur à la banque centrale. On dit qu’elle va se refinancer sur le marché
monétaire qui est constitué par un réseau de télécommunication animé
quotidiennement par des intermédiaires spécialisés (les courtiers) qui
confrontent les offres et les demandes de liquidité à court terme. La libre
négociation détermine le taux d’intérêt (prix de loyer de l’argent). La banque
centrale intervient aussi sur la liquidité des banques par les réserves
obligatoires.

Section 2 : La politique de change

Il existe un certain nombre de facteurs objectifs qui peuvent entrainer une


dépréciation ou une appréciation de la monnaie à savoir :

La compétitivité et les échanges commerciaux, les taux d’intérêt, le taux


d’inflation, auxquels il faut ajouter la spéculation.

 Une forte compétitivité internationale


Tend à améliorer le solde des échanges et donc à apprécier la monnaie.
 Les taux d’intérêt
Si un pays offre des taux d’intérêt plus rémunérateurs que ceux offerts
sur la place financière, il attire à lui les capitaux ce qui entraine un
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excédent de la balance des capitaux ce qui se traduit par une forte
demande internationale pour la monnaie nationale et donc une
appréciation du taux de change.

 Le taux d’inflation :
Lorsqu’un pays a un taux d’inflation plus faible que celui de ses
partenaires commerciaux, le pouvoir d’achat relatif de sa monnaie
s’améliore. Les étrangers ont intérêt à convertir leurs capitaux dans
cette monnaie pour effectuer leurs achats dans ce pays car les produits
étrangers sont de moins en moins compétitifs par rapport aux produits
de ce pays.
 La spéculation :
Elle consiste à faire des prévisions sur l’évolution future des marchés et
à prendre des décisions de placement qui maximisent les profits dans le
cas ou les prévisions se réalisent.
Exemple : les agents qui prévoient une dépréciation du francs CFA par
rapport au Dollar vont vendre du CFA contre du dollar. Ils espèrent ainsi
acheter des Dollar à bas prix pour les revendre plus tard au prix fort et
réaliser une plus-value. Donc la spéculation constitue un des facteurs
déterminants des mouvements de capitaux C T et détermine en partie
l’équilibre de la balance des paiements et le niveau des taux de change.
La spéculation est souvent amplifiée par le phénomène de mimétisme
qui caractérise le marché.
Exemple : il suffit d’annoncer une politique capable d’entrainer
l’inflation et accroitre des importations pour que les agents anticipent
une future dépréciation de la monnaie et ils vont vendre massivement
cette dernière, entrainant sa dépréciation effective bien avant que le
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taux d’inflation et les importations n’aient varié. Autrement dit, il y’a
une différence entre la croissance des taux effectifs des fondamentaux
de l’économie (inflation, croissance, taux d’intérêt) et les taux
d’équilibre théorique c’est ce que l’on nomme une bulle spéculative.

Section 3 : Politique budgétaire


Longtemps cantonnée dans le financement des activités de l’Etat, le
budget a acquis une véritable dimension régulatrice de l’activité
économique à partir de la 2iéme guerre mondiale. Avec les théories
Keynésiennes sur les vertus de la politique de relance. Ce grand apport
réside dans la mise en évidence d’un effet multiplicateur des dépenses
publiques sur la croissance : une croissance des dépenses publiques non
seulement complète la demande privée mais représente aussi un
surcroit de revenus pour les producteurs qui eux même seront à l’origine
de nouvelles dépenses et ainsi de suite. L’importance de l’effet
multiplicateur dépend de la part du revenu que les ménages consacrent
à la consommation. Cet effet multiplicateur va dépendre aussi du mode
de financement retenu par l’Etat pour l’impulsion initiale.
Si ce financement provient de prélèvements fiscaux nouveaux le
théorème de Haavelmo dit que l’effet multiplicateur se limite à
l’impulsion initiale. Donc pour assurer en effet maximum il vaut mieux
recourir au déficit budgétaire. Au delà de l’effet multiplicateur des
dépenses publiques, on a un effet contra-cyclique. En effet lorsque
l’économie est en croissance les recettes fiscales augmentent du fait de
la hausse de la consommation qui augmente la TVA collectée mais aussi
de l’impôt sur les revenus et les bénéfices. A l’inverse, en période de
récession les recettes diminuent alors que les dépenses sociales en
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Page 39
particulier augmentent entrainant une atténuation des fluctuations
cycliques de l’activité économique c’est ce que l’on appelle les
stabilisateurs automatiques.

a) L’efficacité de la politique budgétaire


Elle va faire l’objet de plusieurs critiques théoriques surtout avec la fin
de la longue période de croissance du début des années 1970.
1) Premier critique : L’effet d’éviction

La croissance des dépenses publiques dans l’optique Keynésienne venait


principalement combler l’insuffisance de la demande privée, en cas de sous-
emploi des facteurs de production. Paradoxalement, l’application de la
politique budgétaire volontariste s’est surtout faite après guerre. C'est-à-dire
dans une période sans chômage et marquée par des efforts de reconstruction.
Hors la croissance des dépenses publiques à pu avoir dans ce cadre un effet
d’éviction des investissements privés.

2) Deuxième critique : la contrainte extérieure

L’ouverture croissante de l’économie nationale affecte l’impact expansionniste


de la relance budgetaire. En effet une partie de la demande supplémentaire
générée par l’augmentation des dépenses publiques va s’adresser à des
producteurs étrangers.

3) Troisième critique : comportement du consommateur et effet


inflationniste.

Les effets vertueux de la politique budgétaire repose en grand partie sur le


comportement du consommateur, les monétaristes vont remettre en cause
l’hypothèse Keynésienne sur le comportement des agents .Keynes supposait
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Page 40
que les agents étaient victimes de l’illusion monétaire et établissaient leurs
consommation en fonction de leur revenu disponible. Compte non tenu de
l’inflation et de son évolution sur le long terme.

Milton Friedmann rejette cette vision en pensant que les agents fixent leur
consommation en fonction de leur revenu permanant, c'est-à-dire de leur
revenu moyen anticipé sur toute la vie. Donc pour Friedmann une relance
budgétaire ne pourra exercer un effet stimulant sur la consommation qu’à
condition que les agents anticipent une hausse durable de leurs revenus. Or si
cette illusion peut fonctionner dans le C T les agents se rendront compte que
cette augmentation de leur revenus est temporaire et qu’elle sera financée par
une hausse des impôts : Donc au final l’impulsion budgétaire se traduira par
une croissance de l’inflation. Suite au développement de Friedmann
l’économiste Robert LUCAS va développer la théorie des anticipations
rationnelles qui va même réfuter l’effet à CT d’une relance budgétaire car
selon lui les agents vont interpréter immédiatement la hausse des dépenses
publiques comme devant conduire à une hausse des prélèvements. Au-delà du
comportement des agents, l’école des choix publics a remis en cause la
politique budgétaire conduite par les hommes politiques qui sont soucieux
davantage de se faire réélire que d’agir pour le bien public. Il faut mettre en
place des mesures discrétionnaires qui reposent sur quatre (4) règles :

1) La règle d’or selon laquelle le déficit public ne doit pas


dépasser le niveau des investissements publics, c'est-à-dire que
l’investissement peut être financé par l’emprunt mais pas les
dépenses courantes.
2) La règle de comportement quant à l’usage des excédents
budgétaires provenant d’une amélioration de la conjoncture,

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par exemple par la fixation d’un % des recettes
supplémentaires destinées à la résorption de la dette.
3) L’Instauration de fonds conjoncturels. Il s’agit d’accumuler les
excédents en période d’expansion en prévision des creux de
cycle pour renforcer l’impact des stabilisateurs automatiques.
4) Définition d’une trajectoire d’endettement à l’horizon d’au
moins trois ans.

b) Les effets de La politique budgétaire


 Les effets directs

L’Etat constitue le 1e producteur et le 1e employeur. Ses choix en matière de


services publics (justice, police, santé, éducation, défense, sécurité sociale
etc.) et d’infrastructure (routes, ports, etc) agissent sur le PIB.

L’Etat agit aussi sur l’emploi à travers le recrutement et la formation. Cette


influence de l’Etat est amplifiée par l’existence d’entreprises publiques
importantes. Donc l’Etat peut influencer l’activité économique par le
recrutement de fonctionnaires, des commandes de matériels civils ou
militaires, par des travaux publics.

 Les effets indirects

L’Etat peut influencer indirectement l’activité économique en agissant sur la


demande de consommation et d’investissement des agents privés. En effet
il peut augmenter le niveau du revenu disponible des ménages en réduisant
les impôts ou en augmentant les prestations sociales (allocations familiales,
pensions de retraite, revenu minimum) le pouvoir d’achat et l’incitation à la
demande de certains produits peuvent être affectées par la variation des

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Page 42
taxes et impôts indirects qui font partie des prix du marché (TVA ; DD, taxes
sur le carburant, etc.) ou par la fixation des tarifs publics (énergie) l’Etat
peut aussi agir sur le revenu d’exploitation ou l’épargne des entreprises en
utilisant :

 Les Subventions d’exploitations (aides financières et CT pour soutenir


la production)
 Les Subventions d’équipement (aides financières pour la réalisation
d’un investissement)
 La Bonification de taux d’intérêt (prise en charge par l’Etat d’une
partie des intérêts dus par les entreprises pour la réalisation
d’investissements.)
 Les Impôts sur le bénéfice et le capital (règles de l’amortissement
comptable)
 La Fiscalité de différentes sources de revenus (le travail, intérêt
dividende, plus-value etc.) agit sur les incitations des agents à
travailler et à épargner et sur la façon d’utiliser l’épargne.

Toutes ces interventions peuvent être globales mais elles sont souvent
sélectives.

c) Les nouvelles justifications de la politique budgétaire :

Si la justification de la politique budgétaire a été fortement remise en cause


par l’école néo-classique ce sont paradoxalement les héritiers de cette école
qui vont fournir les arguments pour sa défense.

L’origine de la réhabilitation de la politique budgétaire se trouve dans la


volonté d’enrichissement de l’explication du mécanisme de la croissance
notamment dans le modèle de SOLOW. Ce modèle considérait que le principal
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Page 43
facteur de la croissance est un facteur exogène non lié à la productivité du
travail et du capital et ce facteur c’est le progrès technique. Cette éxogéneité
de la croissance n’était pas satisfaisante parce qu’elle reposait sur un facteur
incontrôlable et aléatoire. C’est en cherchant à endogéneiser le progrès
technique dans le modèle explicatif de la croissance (ce qui a fait que ce
courant de pensée est appelé : « les théories de la croissance endogène ») que
des théoriciens comme BARRO et LUCAS vont montrer l’intérêt des dépenses
publiques. En effet les théoriciens de la croissance endogène considèrent qu’à
coté des facteurs travail et capital il y’a un nouveau facteur de production
expliquant la croissance économique à long terme. BARRO l’appelle
infrastructures collectives (les routes les réseaux de télécommunications etc.)

LUCAS l’appel le stock de connaissances accumulées (niveau d’éducation et de


formation de la main d’œuvre).

Tout ces facteurs explicatifs partagent la caractéristique de biens publics et


donc nécessitent l’intervention publique (financement). Cette vision des
dépenses publiques justifie la prise en compte des investissements publics
dans la définition des critères du pacte de stabilité de la croissance.

SECTION 4 : La politique des revenus et des prix


 L’intervention de l’Etat sur la formation et la répartition des revenus. :
Dans ce domaine l’Etat peut avoir deux objectifs.
Premièrement un objectif de justice sociale (lutte contre la pauvreté et
réduction des inégalités)
Deuxièment un objectif économique (relancer la demande ou essayer de la
maintenir à un niveau plus élevé que celui d’offrirais le libre fonctionnement
du marché.

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Page 44
Pour réaliser ces objectifs l’Etat peut utiliser différents moyens :
- La détermination des salaires ou l’intervention de l’Etat dans les
négociations salariales
- En influant sur les revenus de la propriété par le truchement des taux
d’intérêts ou le contrôle des loyers
- Intervention sur le revenu disponible des ménages par l’intermédiaire
des allocations sociales.
Depuis les années 1980 c’est plutôt la flexibilité des revenus qui est la règle
(flexibilité du temps de travail, désindexation des salaires dans les pays
développés).
Cependant les politiques de revenus demeurent mais essentiellement pour des
raisons sociales.
L’intervention de l’Etat sur la fixation des prix :
Cette intervention peut être de type structurel : prix administrés
-les prix administrés sont impérativement fixés par l’Etat pour des raisons
sociales (alimentation, loyer) ou de couts économiques (prix de transport)
Cette intervention peut être de type conjoncturel : blocage des prix
- Ce blocage des prix associé à celui des salaires vise à réduire
l’inflation et soulager les coûts salariaux.
Depuis 1980 la liberté des prix est devenue la règle car le blocage des prix a
des effets pervers importants.
Il peut masquer les déséquilibres inflationnistes sans enrayer leurs causes, il
peut mettre en danger les entreprises qui ne peuvent plus répercuter la hausse
des coûts sur leurs prix. En fin en cas de libération des prix un effet de
rattrapage ce fait toujours.

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CHAPITRE 5 : la maitrise des dépenses et des recettes publiques

Introduction

Les premières contraintes qui pèsent sur l’utilisation des dépenses et des
recettes publiques sont d’ordre politique. Il s’y ajoute que le poids des
contraintes financières limite la marge de manœuvre de la politique
économique.

Section 1 : les contraintes politiques:

 Un processus législatif

Contrairement aux instruments de la politique monétaire qui relèvent en


général de simples décisions administratives ou gouvernementales, le budget
de l’Etat est soumis au vote d’une loi par l’assemblée nationale après une
longue préparation par l’administration (arbitrage ministères).

 La pression du marché politique

L’opinion publique est souvent plus sensible aux décisions budgétaires qu’aux
décisions monétaires parce qu’elle comprend mieux la responsabilité du
gouvernement au niveau des dépenses publiques et des impôts qu’au niveau
des taux d’intérêt d’où sa forte pression sur le marché politique lorsqu’il s’agit
de décisions budgétaires. Cette pression s’exprime sous la forme du dilemme
suivant : Plusieurs agents souhaitent une augmentation des dépenses dans
certains secteurs ce qui implique l’augmentation des recettes publiques, mais
personne ne désire augmenter sa contribution au budget de l’Etat, ce qui
limite la marge de manœuvre du gouvernement et entraine une faible
réversibilité des mesures budgétaires (difficile de revenir sur des acquis) et

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pourtant la politique conjoncturelle rend nécessaire le recours à des mesures
temporaires. Aux contraintes politiques internes s’ajoutent les contraintes de
politiques internationales (accords de partenariat et accords de convergence
des politiques économiques).

Section 2 : les contraintes économiques et financières

Une part importante des dépenses publiques de l’année ne sont pas nouvelles,
elles correspondent au fonctionnement courant des administrations et aux
mesures anciennes de politique économique (reconduction). Donc la marge de
manœuvre du gouvernement est faible.

Du coté des recettes l’Etat à souvent un besoin de financement. Il existe trois


moyens pour le combler : l’augmentation des impôts, la création de monnaie,
l’emprunt auprès des épargnants.

 Pour ce qui est des impôts l’opinion publique et les économistes


considèrent qu’on est proche du taux maximum ce qui entraine une
marge de manœuvre faible pour l’Etat. En période de récession il y’a un
tassement des recettes et une augmentation des dépenses ce qui
entraine une augmentation du déficit budgétaire. Pour le combler il
reste à l’Etat soit la création de monnaie soit l’emprunt.
 Pour ce qui est de la création de monnaie contrairement à l’idée
répandue il ne suffit pas à l’Etat de faire fonctionner la planche à billets
pour financer son déficit.la seule possibilité de création de monnaie
directe du gouvernement consiste à demander à la banque centrale de
créer directement de la monnaie en créditant le compte du
trésor public, ce qui peut être limité par la loi et le statut d’autonomie
éventuelle de la banque centrale. Le gouvernement à plutôt recours à

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une 2éme possibilité qui correspond à une création monétaire indirecte.
Elle consiste pour lui à émettre des bons du trésor à CT (des titres
d’emprunts de 2 à 7ans) et les proposer aux banques. Donc l’Etat
emprunte de l’argent aux banques comme n’importe quel agent. Une
partie de ces bons peut être financée par la création monétaire. Mais
cette dernière est inflationniste, car l’essentiel de l’acticité de l’Etat
consiste à produire des services collectifs non marchands qui donc ne
viennent pas augmenter l’offre globale de biens et services sur le
marché intérieur ce qui entraine un déséquilibre entre la masse
monétaire en circulation et la quantité de biens et services disponible ce
qui alimente l’inflation. Si le gouvernement veut financer son déficit sans
augmenter l’inflation la seule possibilité qui lui reste est l’emprunt à LT
(sur le marché financier) qui fait appel à l’épargne publique. Ce type
d’emprunt n’est pas inflationniste puisqu’il puise dans l’épargne
disponible et donc absorbe de la monnaie déjà en circulation. Mais
l’endettement n’est pas sans limite puisqu’il constitue une ressource
financière mais non une recette publique.

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Section 3 : Les Déterminants de l’action budgétaire et l’évaluation du poids
de l’administration publique.

L’intervention économique de l’Etat est focalisée sur l’action budgétaire dont


les composantes sont les dépenses et les recettes publiques.

 Les Déterminants des dépenses publiques

De manière générale les dépenses publiques ont augmenté de manière


spectaculaire au 20e siècle. Cette augmentation est conforme à la loi d’Adolphe
Wagner (1835-1917) qui montre que les dépenses publiques augmentent plus
vite que la production. Ce qui s’explique par la prise en charge par l’Etat des
dépenses d’infrastructure, des dépenses croissantes en matière d’éducation
etc.

Ces dépenses qui sont présentées dans la loi de finances sont évaluées
indirectement à partir des comptes des administrations publiques (APU). On
peut les regroupées en quatre (4) rubriques :

 Les dépenses de fonctionnements c'est-à-dire les consommations


intermédiaires (CI), les rémunérations des salariés (salaires et cotisation
sociales des fonctionnaires et agents publics).
 Les impôts sur la production et les impôts courants sur le revenu et le
patrimoine.
 Les intérêts (charge de la dette) prestations et autres transferts
(prestations salariales, transferts sociaux en nature, subventions,
transfert en capital).
 L’investissement.

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Les dépenses publiques peuvent aussi être présentées de façon plus
fonctionnelle, ce qui nous donne deux rubriques :

 Les achats publics (consommations intermédiaires, formation brute de


capital fixe : investissement et demande de biens et services aux
entreprises).
 Les transferts vers les ménages (salaires et prestation) vers les
entreprises (subventions et aides).

Les dépenses publiques sont liées aux évolutions du revenu national, ce qui fait
qu’elles sont en partie endogènes.

En réalité, cela dépend des différentes catégories de dépenses. En effet si l’on


considère les achats publics ils sont en général exogènes c’est pourquoi leur
fonction G est considérée comme autonome, ainsi

G=Go qui est indépendante du revenu Y

Par contre si l’on considère les rémunérations des fonctionnaires elles sont
plus liées au niveau de l’emploi public qu’au niveau du revenu national donc
elles sont considérées comme exogènes.

Enfin les prestations sociales peuvent être liées négativement au niveau du


revenu comme les allocations chômage ou les subventions aux entreprises qui
augmentent lorsque le revenu national diminue.

Mais peuvent être liées positivement comme les retraites qui dépendent de la
conjoncture.

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 Les déterminants des recettes publiques :

De manière habituelle les recettes sont considérées comme endogènes. En


effet dans le long terme elles évoluent en fonction des modifications des taux
d’impositions et de l’assiette d’imposition. Dans le court terme elles sont
fonction de la conjoncture comme les impôts directs qui sont liés au revenu et
les impôts indirects (TVA) qui sont liés aux dépenses.

Cependant certaines ressources comme la redevance télévision sont


autonomes. En conclusion la fonction de recettes s’écrit comme suit :

T=tY+To ou t est taux marginal d’imposition telque t compris entre 0 et 1


et To représente la composante autonome.

 Les critères d’évaluation du poids des administrations publiques.


1) Le taux de prélèvement obligatoires effectifs (TPE)

TPE= (impôts + cotisations sociales effectives)


PIB
2) Le taux de prélèvements effectifs nets des transferts (TPN)
Il s’agit ici de ne pas tenir compte des dépenses de redistribution c'est-
à-dire les subventions d’exploitation, les prestations sociales en espèces
Les transferts courants en capital reçus des administrations nets de ce
qu’elles reçoivent.
TPN= (impôts +cotisations nettes)
PIB

Ces taux ne renseignent que de manière partielle sur l’impact économique des
administrations. C’est pourquoi un troisième indicateur catégoriel est établi il
peut mesurer la charge fiscale moyenne réelle imposée aux différents types de
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revenus ou d’activités économiques (Tii du travail), (Tii de la consommation),
(Tii du capital).

C’est ce qui donne les taux d’imposition implicites (Tii) qui peuvent être
calculés pour le travail, le capital, la consommation etc.).

Ce taux est exprimé par le rapport des revenus fiscaux cumulés, en


pourcentage de la base d’imposition du domaine considéré.

Tii = (revenus fiscaux cumulés du domaine considéré)

Base d’imposition du domaine considéré

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