RENCONT~RE DE FERNA,NDEL • 21 H fernandel • suite ~FEY. f91l
Refrains, rires et grimaces
Le 26 février 1971 mou- rait Fernand Contandin. Le monde l'a pleuré sous le nom de Fernandel. C'est à l'homme géné- reux, discret, autant qu'à l'acteur qui nous a tant fait "rire que la télé- vision re nd hommage ' Ce n'•est pas un hasard si Fernandel passe du comique troupier à l'ém~ tion retenue, nuancée et prodigieuse de vérité d'Angèle de Pagnol. Il_ fait rire de ses disgrâces physiques ·dans A1i-Baba. !Photo Y. Beaug1e·r.l • Je ne pourrais mépriser sans me renier tous ces petits Fer- Dllll, 12 0 Ô nande·! qui 10nt fl<üt mes joies de gos<se et ,d',a dolescent. Je revois traditionnel, i,1 TELEMJM _- -- est 'le produit rl'est pas un comique de quel~ encore 'l'e petit cinéma de quar- d'ùne sélec-tion natu,rell'l'e à fin- que Wtleur qui ne sache en tier où on les donnait régulière- térieur d'un très riche vivier. Le même temps émouvoi;r, c'est tel~ ment ap·rès la guerre. J'en'tends musi~c-halil et le théâtre de pro- lement p!lus faci'le. Entre les encore tous 'les refra~ns, rie v,ince étai·e nt vivant's à cette épo- gros ef·f.ets d' Ignac-e et l'émotion gmnd orchestre interv.e nant que. C'est devant 'l e publi-c sou- rete~ue d'Ang~le, _de !'lais o~ d;_ e brusquement au beau mi'lieu du verain que se sont fonmés ceux La FiJ/e du pu-1~at1er 111 y a dlffê- f,nm, et tui, regard à ·la caméra, que ·'les g·en's du peuplle appel- ~ence de degre non de na'ture. mâ·c hoire en avant, entamant à l~nt respeotueus•ement les ".ar- Ce qui me ~rappe dans tous 'les be~les dents sa chansonnette : que troupier sont une revan-che tl·stes ••. Fernand~! se soUV'Jent fi,Jms de Fernandell, c'est son " BAR-NA-BE »OU bi·en " Sim- sur la nature. des _caf·conc d Ey~a:gues, de autorité de comédien, autorité p'l'et , : (On m'appel.fe Simplet, Pe_rtu~s et de la banlieue ma~- qui deviendra ce~llle du person- l'innocent du village), ou encore " Quand je S·UPs né, dit-itl, ma sel'llai'Se, et des sc~nes de N1- nage de Don camHio. On ne " La .caissière du grand café >> : mère en a eu les sang,s retour- mes, ~ayon~e. \~rpl•gnan, Men- peut pas rêver précision plus fENe est belle ~ eUe est mignon- nés, elle n'avait jamais vu un ton . C~t la qu ri se . •~égagera déci~slve de l'attitude, du gel'l're ne, c' est une bien joUe person- coganis aussi raté ! J'étais noir, p:rogre,~slvement ~e 1 mi:lue~·ce ou du regard. Il s'est constitué ne.) comme une esque, la bouche de Polm, l·e c~mJque troupier, un vér·i,taiJie vocabu'laire d'ex- Je ne slJiis pas .Je seu'l à me plus large que ma figure ... Elle pour trouver son styile personnel. pression's. O'bs~erver 'la simple souvenir. Ces refrains, ces gri- aurait accouché de Nosferatu Je manière dont ·ill arrondit son maces et ces trires sont gravés vampire ou dé Quasimodo que pouce et son index et les que'l: en oous. Quel Français ne S'e. ça n'aurait pas été pire. » Qui peut le plus ques moulinets du g.es-te qu1 souvient de Femande:l sur sa ta- FemaiTde11 se serv,ira de ses dis- peut Je moins précèdent chez lui la parole et bl·e de · suppl;ce dans François grâ·ces 'P'hysiques poUir faire ri- nous ;pl'lélparent à l'écouter. Toull: t' et de la chèvre qui lui 'lé- re et ses premiers échf;lcs pro- se dét·a che : chaque sourire, \ Lorsqu'N débute en 1928 à Bo- chait les pieds ? Bref, il fait par- fessionnels - i'l a été renvoyé chaque nuance de regard, cha- bino, ,i'l est fin prêt. Lorsque tie de notre oatrrrrioihe et de de neuf banques à MarseHie :__ que memlbre d·e phrase. D'où Marcell Pagnol! vient le trouver notre · " culture » popu~aire, font penser aux su•jets de ses l'extraordina!i,re· éttroaôité de son en 1934 pour lui proposer le qu'on le veli~~le ou noo. fi'~ms futui"S. Iii sera « Je hussard jeu, que l'on peu~ décomposer r()!le de SatlJimin dans Angèle, il qui aurait avalé son cheval » et est dans sa Jto·ge d'és Fo'li·es-Ber- en . tp'hases ,paflfailt ement nettes uri hussard qui aurait le maladroit absolu à qui f'ien stri~crement ne réussit. gères. et parf.ai1ement enchaînées. avalé son cheval On s'·ex~asiera un peu trop fa- Sous l~es appa~ences de la fan- Mais i'l v a d'aubres disgrâciés cilemel'lt sur sa métamonphose. tais-ie outrancière ou de l'huma- En 1910, . M. Contand'i'n père, et d'autres maladroits qui ne de- Le oom ique troupier vUilga:ire et nité profonde, il y a le 111rai ~é chanteur de variétés 1u~i~même, viennent pas Fernandel. Comme le grand bêta du Rosier .de Ma- ni'e de Fernra nde'l, coméd1en pmjette son tHs Femand d'un Haimu, Gabin et ceux qui. ont dame Husson ne som pas deve- frontail comme les scu'ltp'tures de ooup de pied au derrière sur \1raiment compté dans l'es gran- nus par enoha!ntement le cam~ haüt,e . ép~oqu,e, com$dien dir·ect, une scène d'e patronage. Fer- des années du cinéma français dien sensi'b'le, nuancé e1 prodi- tranché, toiJt d'instinct, semble- nandel ne débutera réellement gieux de vérité quHltpparait dans t-il. mais qui ddit tout à un sens qu'en 1922 à I'Eildorado de N'ic~. TOURNEZ LA. PAGE S.V.P. la premièr-e scène d'Angèle. Pa- a!igu·de la styilisation. Ses premi,e rs succès de com1- gnol ne s'y est pas trompé. Qui peut le piUis peut le moins. 1'1 Olaùde-Jean PHIUPPE • 17 18