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En août 2019, le président Muhammadu

Buhari a ordonné la fermeture des


frontières terrestres avec la République du
Bénin et d'autres pays voisins. La raison
(officielle) de cette décision unilatérale ?
Maudit soit le riz étranger qui inonde les
marchés nigérians !
Le Nigeria rouvre quatre postes-frontières
avec le Bénin, le Cameroun et le Niger
Le Nigeria a rouvert des postes-frontières importants avec le Cameroun, le Bénin et le Niger
mercredi 16 décembre. Les autorités d’Abuja l’ont annoncé durant l’après-midi. Le Nigeria
avait fermé ses frontières en août 2019, officiellement pour stopper la contrebande et
encourager la production locale.

C’est le ministre des Affaires étrangères qui a fait cette annonce, avec effet immédiat, très vite
relayée par la présidence depuis Abuja. Le poste-frontière de Sèmè-Kraké, entre le Nigeria
et le Bénin, qui est aussi le plus important du pays, a bien été rouvert en fin d’après-midi.
C’est le cas aussi de Mfun, à la frontière avec le Cameroun, et au nord de Maigatari et Illela,
deux entrées vers le Niger.

Riz et volailles toujours interdits


Les autres frontières rouvriront d’ici la fin de l’année, explique notre correspondante à Lagos,
Liza Fabbian. En 2019, le président Muhammadu Buhari a décrété la fermeture unilatérale
des frontières terrestres du Nigeria aux importations. Une manière de limiter la contrebande et
les trafics, et d'accélérer la production nationale. Mais un an et demi plus tard, le géant
nigérian est entré en récession, et les prix de la nourriture ne cessent d’augmenter.

Cette fois, les importations ne sont plus totalement bloquées, même si le Nigeria maintient
une interdiction d’importation sur un certain nombre de produits. La ministre des Finances,
Zainab Ahmed, précise que ce sera notamment le riz et la volaille. Cette réouverture partielle
des frontières devrait donc permettre de contrôler un peu l’inflation, alors que la production
agricole reste toujours désespérément faible au Nigeria en raison notamment de l’insécurité.

Cette décision de fermeture avait été vivement critiquée par les chefs d'État de la région. Cette
réouverture des frontières, tant attendue par les hommes d'affaires, intervient un mois après
que le gouvernement nigérian a ratifié son adhésion à la Zone de libre-échange continentale
africaine (Zlecaf).
► À lire aussi : Invité Afrique - Zlecaf: « Les petits pays sont les gagnants de zone de
libre-échange »

Joie à la frontière béninoise


À Krakré, du côté de la frontière béninoise, des centaines de camions ont été bloqués et les
affaires paralysées pendant un an et demi. Suite à l'annonce nigériane, c’est donc un réel
soulagement, raconte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan. Voitures, motos et
piétons franchissent la frontière pour s’assurer que les barrières sont effectivement levées.

Des cris de joie et des coups de klaxon retentissent… Sur le parc autos et motos, chez les
cambistes, dans les bars et les échoppes, on observe des scènes de célébrations. Chacun avec
son téléphone portable immortalise le moment. Une revendeuse de produits divers raconte sa
joie alors que les affaires reprennent : « Je suis tellement heureuse. Je suis incapable de vous
décrire ma joie. Nous, qui avons perdu beaucoup d’argent, Dieu va nous ouvrir d’autres
voies de prospérité ».

Voyageurs en voiture ou à moto étaient nombreux à entrer au Nigeria après l’ouverture. En


revanche, aucun camion n’est encore passé. Les propriétaires doivent accomplir des
formalités douanières et s’assurer qu’ils ne transportent pas des produits de la contrebande.

Le Nigeria en récession pour la deuxième


fois en quatre ans
Le secteur pétrolier n'est pas le seul affecté. Tous les secteurs d'activité sont touchés. Cela
pourrait pousser les autorités à rouvrir les frontières terrestres fermées depuis 14 mois.

Des vendeuses de marchandises dans la rue à Lagos, capitale économique du Nigeria.

La fermeture des frontières terrestres nigérianes depuis plus d'un an serait à l'origine de la
deuxième récession que vit le Nigeria à en croire les propos du sénateur nigérian Francis
Fadounsi, président du comité en charge du commerce et des investissements au Sénat. 

"Toutes les frontières qui généraient des recettes avec les véhicules d'occasion ainsi que le
riz ne font plus entrer de revenus. La fermeture des frontières a laissé libre cours à la
contrebande. Et si rien n'est fait, de récession on passera à dépression", a notamment
prévenu le sénateur.
 
Le Nigeria regorge les plus grandes industries du pétrole du continent.

A ce rythme, l'économie du pays pourrait s'effondrer, selon l'économiste Paul Alaje. Celui-ci


exhorte les autorités à diversifier l’économie au-delà du pétrole pour soutenir l'économie. 

"Pourquoi la Chine épicentre de la Covid-19 n’est pas entrée en récession ? C'est seulement
parce que la Chine a diversifié son économie. Le Nigeria n'a pas diversifié son économie !
Savez-vous que le Nigeria peut sortir de la récession du jour au lendemain si le prix du baril
atteint les 80 dollars américains ? Mais une baisse des prix affectera négativement le pays.
Le Nigeria a maintenant l‘opportunité de repositionner son économie, et même si le reste de
l’Afrique devrait entrer en récession, le Nigeria pourrait résister", pense Paul Alaje.

Fermeture des frontières terrestres


Austin Nwosu, entrepreneur nigérian dansle domaine agroalimentaire, a subi les effets
néfastes de la fermeture des frontières.

Il lance un appel aux autorités pour la réouverture des frontières dans un bref délai.

"Depuis que cette opération a débuté, les transactions commerciales ont été affectées. Bon
nombre de nos véhicules sont toujours stationnés aux frontières, accumulant les frais de
stationnement et autres, les denrées périssables aussi. Tout est bloqué. Cela entrave le
protocole de libre circulation de la Cédéao. Je plaide pour que le gouvernement nigérian
nous aide", insiste Austin Nwosu. 

Au Nigeria, même le secteur culturel ou encore le secteur de l’éducation sont touchés par la
pandémie de Coronavirus. 

A lire aussi : Le calvaire des commerçants sur la route Abuja-Kaduna

Frontière Nigeria-Bénin fermée: une année


difficile pour les camionneurs
Publié le : 20/08/2020 - 15:23Modifié le : 21/08/2020 - 09:20
Le poste de Sèmè-Kraké s'est vidé à la frontière entre le Bénin et le Nigeria. Il y reste tout de
même quelques camions coincés. RFI/Jean-Luc Aplogan
Texte par : RFI
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5 mn

Cela fait un an que le Nigeria a décidé de fermer ses frontières avec le Bénin et ses voisins
pour lutter contre l’insécurité et la contrebande. Plus d’un millier de camionneurs se sont
retrouvés bloqués. Beaucoup sont repartis et ont trouvé un autre chemin pour convoyer leurs
marchandises.

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Avec notre envoyé spécial à la frontière bénino-nigériane, Jean-Luc Aplogan

Sèmè-Kraké, poste frontalier bénino-nigerian, est la principale porte d’entrée et de sortie des
voyageurs, des camions et des marchandises. Le parc de camions à l’intérieur du poste de
contrôle juxtaposé n’est plus encombré. Lucien Gohoungo, représentant des camionneurs
fait un point statistique : « Il y en avait au moins 700. Un an après, il ne reste plus que 50
camions semi-remorques. Ils ont trouvé un autre chemin. Ils font entrer leurs marchandises
par le port »

Au lieu de rester éternellement bloqués, avec un chargement qui pourrit sous le soleil et la
pluie et une facture de stationnement qui gonfle, les routiers ont fait le choix de faire entrer
leurs marchandises au Nigeria par la mer. C’est ainsi depuis le 7 novembre 2019 : la nouvelle
route est maintenant le port de Cotonou.

Des camionneurs restent coincés

Les camionneurs qui trainent encore à la frontière sont ceux qui ont été abandonnés par les
propriétaires des marchandises qu’ils transportent, il leur faut de l’argent pour régler les taxes
de stationnement…C’est le cas de ce routier : « Voici mon camion. Rien ne va. Je suis ici
depuis 9 mois. Je n’ai plus aucun espoir ».

Il passe ses journées sous son camion ou sous une paillote avec ses collègues. Le représentant
des camionneurs n’est jamais loin, il nourrit toujours des espoirs pour la réouverture : « On
attend, un jour Dieu va rentrer dans leur cœur et la fin va arriver. »

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Les commerçants locaux aussi touchés

Même situation compliqué auprès des cambistes où les voyageurs achètent des devises pour
leurs affaires. Dans leurs bureaux de fortune, composés de tables, de bancs et de calculette, on
y brasse normalement jour et nuit beaucoup d’argent. Mais depuis un an c’est le calme plat, la
mévente totale.
Ce cambiste exerce depuis 40 ans à Sèmè-Kraké et ilraconte sa détresse : « Les affaires ne
marchent pas du tout. Même pour manger c’est difficile. Regardez, je mange du pain et des
arachides. Ce n’est pas ce qui faisait mes repas. Avant tu pouvais faire du change jusqu’à
10 millions par jour, aujourd’hui tu n’atteins même pas 100 000 CFA. »

Hugues Hounga, voisin du vétéran, nous a rejoints à la vue du micro. Il dit vivre la même
chose et que le secteur est sérieusement touché : « Tout est paralysé, tout le monde a perdu,
énormément d’ailleurs. Beaucoup sont découragés, certains sont à la maison, d’autres ont
changé d’activité. »

À proximité de ces bureaux de change, propriétaires d’échoppes, vendeurs de carburant de la


contrebande, vendeuse de fruits et légumes se plaignent aussi de la situation.Ils sont tous
surpris que le Nigeria maintienne cette décision depuis un an. Et ils ne comprennent pas
pourquoi les autorités béninoises sont si discrètes sur le sujet. « Que le président Talon nous
dise au moins ce qu’il entreprend dans les coulisses », plaide une vendeuse de tomates et
d’ananas.

Frontière bénino-nigériane: «La fermeture


a aussi puni le Togo et le Ghana»
Publié le : 24/08/2020 - 08:11Modifié le : 24/08/2020 - 16:44

Audio 04:55

Le poste de Sèmè-Kraké à la frontière entre le Bénin et le Nigeria. AFP/Pius Utomi Ekpei


Par : Vincent Dublange
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10 mn

Cela fait un an que le Nigeria a fermé sa frontière terrestre avec le Bénin. Abuja souhaitait
ainsi mettre un terme à la contrebande de produits depuis son voisin de l'ouest, notamment de
riz. Le Bénin en importe d'Asie et des commerçants le revendent, faisant concurrence au riz
nigérian, plus cher. Pape Ibrahima Kane, chercheur sénégalais, répond aux questions de
Vincent Dublange.

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Un an après la fermeture par le Nigeria de sa frontière avec le Bénin, est-ce que les
présidents Patrice Talon et Muhammadu Buhari se parlent ?

Pape Ibrahima Kane : Oui. Ils se voient. Ils se sont parlé à plusieurs reprises, la dernière
occasion étant la vidéoconférence sur le Mali qui a eu lieu jeudi.

Comment expliquer que rien ne semble changer au poste-frontière au Sud, proche de


Porto-Novo ?
Rien ne semble changer à ce poste-frontière particulier, mais beaucoup de choses ont évolué
dans les relations entre les deux pays. Si vous vous souvenez, quand la crise a éclaté, la
Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) a mis en place une petite
équipe chargée d’aller recueillir des informations auprès des deux pays et de proposer des
solutions. A ma connaissance, pratiquement toutes les mesures qui avaient été demandées au
Bénin ont été appliquées, notamment la fermeture de ces structures qui facilitaient un peu le
trafic entre les deux pays, le fait que le Bénin soit un peu plus regardant sur les marchandises
qui sont supposées entrer directement au Nigéria, mais qui restent souvent à Cotonou. Et de
son côté aussi, on avait demandé au Nigéria d’être un tout petit peu plus flexible sur l’entrée
des marchandises qui étaient destinées au Nigéria. Et chacun des pays avait commencé, ça je
peux l’affirmer, à mettre en œuvre ces mesures. Ce qui a malheureusement tout bloqué, c’est
la crise du Covid. Et aujourd’hui, pratiquement tous les Etats de la Cédéao ont pris des
mesures de fermeture de leurs frontières.

Y a-t-il eu quand même une certaine reprise ces dernières semaines des échanges sur
certains postes-frontières ?

Oui, il y a eu une reprise, mais le volume du trafic est assez maigre, parce que les contrôles
sont maintenant beaucoup plus rigoureux et ensuite, les Etats doivent échanger de la
documentation. Cela ne se fait plus comme avant et cela entraîne des lourdeurs dans les
procédures douanières qui doivent avoir lieu entre les deux pays. Je vous signale que ce qui
rend aussi cette situation un peu difficile, c’est l’existence de plusieurs régimes commerciaux.
Le Bénin appartient à l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et à la
Cédéao. Parfois, des produits peuvent entrer dans le cadre du régime UEMOA, et pour
ressortir du Bénin dans le cadre de Cédéao.

Est-ce que l’entrée en vigueur prochaine de la zone de libre-échange de l’Union africaine


ne va pas de toute façon forcer un petit peu la main à tout le monde et empêcher ces
velléités protectionnistes ?

La Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine) laisse encore une marge de manœuvre
aux Etats. Comme le Nigéria a été l’un des derniers pays à apposer sa signature au texte, cela
veut dire que le Nigéria sera encore très regardant sur la manière dont ses voisins vont
appliquer les règles. Puis, si l’application par ses voisins de cette règle-là n’est pas à son
avantage, vu la taille de l’économie nigériane, je crois que ce pays peut mettre en branle les
règles qui lui permettent de parfois s’opposer à ça. Mais, l’avantage de la Zleca, c’est qu’il y
aura moins de contraintes aux frontières parce qu’on va maintenant arriver à une sorte de
digitalisation de toutes les règles de procédure douanière. Cela va permettre aux autorités
nigérianes, avant même l’arrivée des produits, de savoir ceux qui entrent et ceux qui sortent.

Donc, contrôler la contrebande ?


Exactement. Et c’est cela que la Zleca peut aider à résoudre puisque maintenant, n’entrera sur
le territoire nigérian que la marchandise qui a été listée depuis le point de départ. Cela va
peut-être faire baisser la tension entre les deux pays.

Peut-on mesurer les conséquences économiques ?

C’est énorme pour un pays comme le Bénin qui vit en grande partie des activités de son port.
Et en plus de cela, cette zone frontalière est aussi importante parce qu’une grande partie de la
consommation de pétrole, d’essence du Bénin passe par ce point-là. Donc, l’impact
économique de la fermeture est réel sur le pays. Maintenant, la question est de savoir
comment on va faire pour éviter à l’avenir la survenance de tel fait, et surtout qu’un pays, fut-
il le plus important de la région, puisse dicter d’une certaine manière sa loi aux petits pays de
la région. La fermeture de la frontière n’a pas simplement puni le Bénin, ça a puni le Togo et,
dans une moindre mesure, le Ghana. Cela, aucun citoyen de la sous-région ne peut l’accepter.

Muhammadu-Buhari @ Google
Afrique - Economie

Fermeture des frontières nigérianes: Buhari


annonce une bonne nouvelle aux pays
frontaliers
Par Casimir Vodjo le 9 Déc 2020 à 20:10

Le président nigérian Muhammadu Buhari a annoncé ce


mardi, la réouverture des frontières nigérianes fermées
depuis août 2019.
Au cours de sa réunion cruciale sur la sécurité tenue mardi avec les 36 gouverneurs des Etats
de la fédération à la State House à Abuja, le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, a
déclaré que le gouvernement fédéral envisageait de rouvrir les frontières du pays «dès que
possible».

A lire Aussi: Liberté religieuse: le torchon brûle entre les Etats-Unis et le Nigéria

«Lors de ma réunion avec les gouverneurs des États aujourd’hui, j’ai expliqué que la
fermeture des frontières terrestres du Nigeria était en partie une tentative de contrôler la
contrebande d’armes et de drogues. Maintenant que le message est entré avec nos voisins,
nous envisageons de rouvrir les frontières dès que possible », a tweeté le chef de l’Etat
nigérian.

Au plan sécuritaire, Buhari a invité les autorités locales à travailler en synergie avec l’autorité
fédérale et les forces de l’ordre, notamment pour la collecte des renseignements, afin de
parvenir à éradiquer l’insécurité persistante. «Nous investissons massivement dans les armes
et l’équipement de nos militaires. Ils ont déjà reçu des voitures blindées, d’autres
équipements et des aéronefs, et d’autres vont arriver. Nous continuerons de leur apporter
tout le soutien dont ils ont besoin pour combattre les criminels. Nous devons et allons
sécuriser le Nigéria. », a rassuré Buhari.

A lire Aussi: Nigéria : réunion cruciale de Muhammadu Buhari et les 36 gouverneurs


sur la sécurité

« Pourquoi le Nigeria est perdant dans la


fermeture de ses frontières avec ses voisins »
TRIBUNE. Pour l'analyste Sophonie Koboude, en plus de
peser sur l'économie régionale, la fermeture des frontières
ne réglera pas à elle seule la situation.
Par Sophonie Koboude*

Publié le 19/10/2020 à 14:17 | Le Point.fr

Le Nigéria, la plus grande économie d’Afrique, a fermé ses frontières terrestres l’année dernière et
imposé des contrôles à l’importation de riz, dans le but de stimuler la production locale et de réduire
sa facture annuelle d’importation. © BENSON IBEABUCHI / AFP

En août 2019, le président Muhammadu Buhari a ordonné la fermeture des frontières


terrestres avec la République du Bénin et d'autres pays voisins. La raison (officielle) de cette
décision unilatérale ? Maudit soit le riz étranger qui inonde les marchés nigérians ! Maudite
soit la contrebande qui fait perdre des recettes au Nigeria ! Maudit soit le commerce
« illicite » qui amenuise les débouchés des producteurs nigérians ! Il s'agit, pour le
gouvernement fédéral nigérian, d'interdire certains produits de réexportation et réduire les
activités de contrebande.
Autosuffisance alimentaire : pourquoi et comment le Nigeria compte relever le défi

Une politique protectionniste qui vise l'autosuffisance alimentaire…

En effet, depuis les années 1970 avec le programme « Feed the Nation », le Nigeria veut
réaliser son désir d'autosuffisance alimentaire. Les presque 200 millions d'habitants du
Nigeria pourront, un jour, ne se nourrir qu'avec des produits locaux : telle est la volonté
profonde des dirigeants nigérians. Pour ce faire, ces derniers n'hésitent pas à employer des
mesures fiscales, douanières ou politiques pour « favoriser » la production locale. Par
exemple, en raison du vaste programme de développement du riz local, le Nigeria a fermé ses
frontières au riz en provenance de l'Asie via le Bénin. Avec cet acte, le président nigérian a
organisé l'appauvrissement de son peuple et a pénalisé trois fois le pouvoir d'achat des
Nigérians.

… Loin d'atteindre tous ces objectifs

Premièrement, les Nigérians voient leur pouvoir d'achat baisser car ils doivent payer
désormais le riz plus cher. En effet, le prix du riz a considérablement augmenté. Un sac de
50 kg coûte désormais environ 22 000 nairas (soit 60 dollars) alors qu'il coûtait environ 9 000
nairas (24 dollars). Le consommateur nigérian a perdu environ 13 000 nairas en pouvoir
d'achat.

Deuxièmement, le consommateur, ayant perdu 13 000 nairas, ne peut plus en disposer pour
s'acheter une chemise, des draps ou tout autre produit de consommation. Quid des fabricants
nigérians de chemise, de draps, etc. ? Faut-il faire une loi pour interdire aussi l'importation de
chemises et de draps ? Voilà comment en voulant protéger le producteur de riz nigérian, on
appauvrit le fabricant nigérian de chemise ou de draps. Le salaire minimum au Nigeria est
fixé à 18 000 nairas (49 dollars). Pour un Nigérian gagnant le salaire minimum, il devait
travailler un demi-mois pour pouvoir se payer un sac de 50 kg de riz. Maintenant, avec la
décision de son président, il doit consacrer plus d'un mois de labeur pour se payer la même
masse de riz. Double labeur pour une jouissance identique !

Troisièmement, le consommateur n'a plus le choix. Il est condamné à acheter un seul type de
riz. Il n'a plus le privilège de l'abondance des choses. Il n'a plus la liberté de choisir. Il ne peut
plus bénéficier de gains de pouvoir d'achat, fruit de la concurrence internationale. En disant,
vive le riz nigérian, nous disons, implicitement, vive l'appauvrissement des Nigérians ! Même
pour le producteur nigérian, la décision de fermeture des frontières est une mauvaise décision
à long terme. Comme les débouchés économiques lui sont garantis, il n'est plus exposé à la
concurrence par les prix, et n'est donc plus incité à innover pour produire plus efficacement au
moyen du perfectionnement de ses facteurs de production. Sa capacité d'exportation future
s'en trouve menacée.

L'économie régionale en première ligne

Les conséquences économiques de cette décision outrepassent le seul cas du Nigeria. Le


Bénin et les autres pays voisins s(er)ont aussi impactés. Mais, les peuples s'organisent pour
pallier cette planification de pénurie grâce à la contrebande, cette activité même qu'on voulait
réduire. Par ailleurs, en raison de son poids économique au sein de la Cedeao, le Nigeria doit
donner le bon exemple pour influencer positivement les autres pays de la communauté. Avec
ces décisions unilatérales, c'est l'influence extérieure nigériane qui est entamée.
Entre appauvrissement et abondance de biens, qu'est-ce qui vaut mieux pour le peuple
nigérian ? Abondance ! Abondance ! s'écrieront les décideurs nigérians. Mais leur décision
provoque des effets contraires à leur désir. « En économie politique, il y a beaucoup à
apprendre et peu à faire », disait l'économiste Jeremy Bentham. Que cette pensée ne s'éloigne
point de l'esprit des décideurs afin qu'ils la méditent jour et nuit.

Nigeria : Buhari explique pourquoi il a


décidé de fermer temporairement des
postes-frontières avec le Bénin et le Niger
Par Aboubacar Yacouba Barma  |  30/08/2019, 14:17 | 560 mots Lecture 3 min.





(Crédits : Reuters) Les chefs d'Etat du Nigeria et du Bénin se sont entretenus, mercredi dernier à
Yokohama au Japon, en marge de la 7e édition de la TICAD. L'occasion pour Muhammadu Buhari
d'expliquer à Patrice Talon, les raisons qui ont poussé le Nigeria à fermer provisoirement et
partiellement ses frontières avec le Bénin.

On en sait désormais un peu plus sur les raisons qui ont poussé les autorités nigérianes à
fermer provisoirement et partiellement plusieurs points de passage frontalier avec le Bénin,
depuis le mardi 20 août. En marge de la 7e édition de la TICAD qui se tient du 28 au 30 Aoùt
à Yokohama au Japon, le président Buhari et son homologue du Bénin, Patrice Talon, se sont
entretenus mercredi dans la ville côtière pour évoquer la question.
Contrairement aux spéculations qui ont été diffusées depuis la fermeture notamment du
stratégique poste frontalier de Séwé, le président nigérian a indiqué que cette décision fait
suite aux activités massives de contrebande, en particulier de riz, qui ont lieu sur ce corridor.
Selon Buhari, ces importations massives et frauduleuses depuis le Bénin ont de répercussions
négatives sur le programme d'autosuffisance en matière de production de riz que son pays a
atteint grâce à la stratégie mise en œuvre ces dernières années par le gouvernement fédéral.

«Aujourd'hui que nos populations rurales sont retournées dans leurs fermes agricoles pour
rehausser notre production, ce qui a permis à notre pays d'économiser d'énormes sommes
d'argent qui auraient autrement été dépensées pour importer du riz en utilisant nos rares
réserves étrangères, nous ne pouvons pas permettre la contrebande de ces produits agricoles
dans des proportions aussi alarmantes», a expliqué Muhammadu Buhari à Patrice Talon.

Le président nigérian a expliqué que cette décision de fermeture partielle et temporaire de


frontière entre les deux pays vise à permettre aux forces de sécurité nigérianes «de développer
une stratégie sur la façon d'endiguer l'exportation frauduleuse des produits agricoles à
travers la frontière nigériane».

Lire aussi : Le Nigéria menace de fermer sa frontière avec le Bénin pour stopper la
contrebande de riz

Le Niger également concerné


Selon la présidence nigériane, le président béninois a plaidé auprès de Buhari un réexamen de
cette décision, surtout au regard de ses répercussions sur l'économie du pays. En retour, le
président Buhari a indiqué qu'il avait pris note et qu'il réexaminera la réouverture dans «un
avenir proche». Toutefois, il a annoncé que les autorités du Bénin et du Niger doivent prendre
«des mesures strictes et complètes pour réduire le niveau de contrebande à travers leurs
frontières». A ce sujet, Muhammadu Buhari a annoncé la tenue prochaine d'une rencontre au
sommet avec ses homologues bénin et nigérien pour discuter du sujet.

Le Nigeria a mis en garde et à plusieurs reprises ses voisins de fermer la frontière en raison de
la contrebande de riz en destination du Nigeria. Cette fois, et sans avertir officiellement les
autorités des deux pays, il est passé à l'action, car plusieurs postes frontaliers du Niger ont
aussi été touchés par cette fermeture temporaire et provisoire, ce qui a provoqué une flambée
des prix de plusieurs produits de première nécessité dans les deux voisins du géant africain.
Une mauvaise passe pour les économies du Niger et du Bénin qui dépendent en grande partie
des exportations vers le marché nigérian.

Le Nigéria a décidé de fermer ses frontières terrestres pour lutter contre la contrebande
4 novembre 2019

La fermeture de la frontière nigériane commence à étouffer les économies du Niger, du Bénin


ou encore du Ghana. Une décision qui passe mal dans les pays membres de la CEDEAO.

Quel doit être le rôle de Cédéao, (Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest.)?

El Hadj Alioune Diouf, Professeur d'économie internationale répond aux questions de


Maimouna Diallo
Fermeture des frontières : l’ambassadeur
du Nigeria au Bénin convoqué par Cotonou
18 novembre 2019 à 10h05 | Par Jeune Afrique avec AFP
Mis à jour le 18 novembre 2019 à 10h28

L’ambassadeur du Nigeria à Cotonou a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères
du Bénin à la suite d’attaques contre des commerçants béninois à la frontière entre les deux
pays.

« Le fait pour moi de convoquer l’ambassadeur du Nigeria est l’expression du


mécontentement du Bénin », a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Aurélien
Agbénonci. Vendredi dernier, des hommes en armes venus du Nigeria voisin ont fait irruption
à la frontière entre les deux pays, à la hauteur des localités de Adja-Ouèrè et Pobè pour
vandaliser des magasins de commerçants béninois, selon des habitants.

« Des militaires et douaniers nigérians ont défoncé les grilles de sécurité de ma boutique
située au quartier Adéromou », a témoigné Antoine Bamigbola, commerçant béninois. « Ils
ont emporté 350 sacs de riz de 50 kg, 850 000 nairas (la monnaie du Nigeria très utilisée à la
frontière, soit 2 200 euros), et quatre portables », a-t-il précisé. D’autres magasins de riz
appartenant à des Béninois à la frontière ont subi le même sort, selon les autorités locales.
« Ils étaient armés jusqu’aux dents et ont tenu tout le monde en respect », raconte un autre
témoin selon lequel les assaillants étaient plus de 30 et disposaient de plusieurs pick-up.

Dialogue
Selon la Banque mondiale, l’économie béninoise est fortement tributaire du commerce de
transit avec le Nigeria qui représente environ 20% de son PIB. Le Nigeria a fermé ses
frontières terrestres avec le Bénin, sans avertissement, depuis le 21 août et accuse ce pays de
faire entrer sur son territoire du riz importé, portant un coup à la production locale.
Les présidents Patrice Talon et Muhamadu Buhari se sont rencontrés fin août à la Conférence
internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique(Ticad) et ont échangé sur le sujet,
sans qu’il y ait amélioration. La semaine dernière, des délégations ministérielles des deux
pays et du Niger voisin se sont rencontrés à Abuja pour tenter de trouver une solution à la
crise.

Au Bénin, l’économie souffre de la


fermeture de la frontière avec le Nigeria
Depuis le 20 août, les autorités d’Abuja ont décidé de bloquer l’entrée de toute marchandise
par la route, officiellement pour lutter contre la contrebande.

Par Dylan Gamba(Bénin, envoyé spécial)

Publié le 06 décembre 2019 à 19h00

Temps de Lecture 4 min.

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Le poste-frontière de Sèmè-Kraké, principal point de passage au sud du Bénin vers le Nigeria, en


juillet 2019. Afolabi Sotunde / REUTERS

Olman patiente à l’ombre de son camion. En cette matinée de fin novembre, la chaleur est
déjà étouffante. Le jeune homme de 23 ans, originaire du Ghana, achemine des produits
cosmétiques à destination de Lagos, la capitale économique nigériane. Mais comme des
milliers d’autres chauffeurs, il est bloqué à Sèmè-Kraké, le principal point de passage au sud
du Bénin vers le Nigeria. « Nous attendons depuis plus de trois mois et nous ne savons pas
quand nous allons pouvoir passer  », rapporte-t-il.

Le 20 août, les autorités nigérianes ont décidé de fermer les frontières terrestres et d’interdire
toute importation ou exportation de marchandises par la route avec les pays voisins (Bénin,
Niger, Tchad et Cameroun). Une mesure qui vise officiellement à lutter contre la contrebande,
alors que les marchands frontaliers sont accusés d’acheminer au Nigeria des milliers de tonnes
de riz par an et de s’y approvisionner en carburant, illégalement.

Lire aussi « En fermant la frontière, le Nigeria a renforcé la contrebande  »


Or le géant d’Afrique de l’Ouest souhaite diversifier son économie, encore très dépendante de
l’exportation des hydrocarbures, en développant notamment la culture du riz. « Mais le
Bénin, qui en importe massivement de Thaïlande, le réexporte vers le Nigeria à des prix très
bas  », explique Gilles Yabi, économiste et spécialiste de l’Afrique de l’Ouest au Whati, un
groupe de réflexion établi à Dakar (Sénégal). Viande surgelée, vêtements ou voitures arrivent
aussi au port béninois de Cotonou, où ils sont taxés avant de voyager vers Lagos, à une
centaine de kilomètres plus à l’est.

La décision du Nigeria, première puissance économique du continent avec 190 millions


d’habitants, de fermer ses frontières sans concertation avec les pays membres de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a de lourdes
conséquences sur l’ensemble de la région. Et les pays limitrophes sont les plus touchés,
comme le Bénin qui partage plus de 700 kilomètres de frontière avec le Nigeria.

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